Les anciens scandinaves conduisaient leurs poëtes à la guerre. […] un cavalier espagnol vêtu à l’ancienne mode. du même. […] Autre petit morceau de la même école flamande ; mais je suis bien fâché contre ce mot de pastiche qui marque du mépris et qui peut décourager les artistes de l’imitation des meilleurs maîtres anciens.
… — Il m’a toujours semblé que c’est par ce côté de souvenirs que les anciens confrères de l’Oratoire et M. […] Mercier, autre incorrigible, ancien adversaire de Daunou sur Boileau, maintenant son compagnon d’infortune, ne le faisait plus que sourire. […] L’ancien garde des Archives impériales n’était pas juste pour Napoléon. […] Joly, un de ses anciens élèves de Montmorency : « Après tout, c’est peut-être ce que nous pouvons avoir de mieux. » Il était maté alors et comme rallié. […] S’il n’a en rien reculé les anciennes limites, il a, mieux que personne, creusé le champ et mis en valeur sur ce terrain étroit, les moindres parcelles.
Le même amateur des anciens ajoute : « Il me serait facile de nommer beaucoup d’anciens, comme Aristophane, Plaute, Sénèque le tragique, Lucain et Ovide même, dont on se passe volontiers357. » Parmi les poètes français, il admire froidement Corneille, Molière, Racine même, sans les goûter. […] Le goût des anciens et le goût des modernes était le même au fond. […] Sans parler des littératures anciennes et étrangères qui sont devenues moins absurdes à leurs yeux, ils ont fait des progrès dans l’intelligence de Igor propre littérature. […] Dictionnaire philosophique ; article Anciens et Modernes. […] Dictionnaire philosophique ; article Anciens et Modernes.
L’étude rationnelle d’une telle opposition démontre clairement qu’elle ne pouvait se borner à la théologie ancienne, et qu’elle a dû s’étendre ensuite au Monothéisme lui-même, quoique son énergie dût décroître avec sa nécessité, à mesure que l’esprit théologique continuait à déchoir par suite du même prodige spontané. […] On conçoit, en effet, que la nature absolue des anciennes doctrines, soit théologiques, soit métaphysiques, déterminait nécessairement chacune d’elles à devenir négative envers toutes les autres, sous peine de dégénérer elle-même en un absurde éclectisme. […] C’est évidemment la marche continue des connaissances positives qui a inspiré, il y a deux siècles, dans la célèbre formule philosophique de Pascal, la première notion rationnelle du progrès humain, nécessairement étrangère à toute l’ancienne philosophie. […] S’adressant à des populations plus avancées, il a livré à la raison publique une foule de prescriptions spéciales que les anciens sages avaient cru ne pouvoir jamais se passer des injonctions religieuses, comme le pensent encore les docteurs polythéistes de l’Inde, par exemple quant à la plupart des pratiques hygiéniques. […] Si l’idée de société semble encore une abstraction de notre intelligence, c’est surtout en vertu de l’ancien régime philosophique ; car, à vrai dire, c’est à l’idée d’individu qu’appartient un tel caractère, du moins chez notre espèce.
L’In exitu, arrangé par Rameau, est d’un caractère moins ancien ; il est peut-être du temps de l’Ut queant laxis, c’est-à-dire, du siècle de Charlemagne. […] Si l’on en croit une ancienne tradition, le chant qui délivre les morts, comme l’appelle un de nos meilleurs poètes, est celui-là même que l’on chantait aux pompes funèbres des Athéniens, vers le temps de Périclès.
Je me serais si bien battu avec ces anciennes armes. […] On voit bien que c’était l’ancien temps. […] Un ancien disait qu’elles sont les (seules) bonnes. […] On les regarde de bonne heure comme anciens. […] Ni de l’ancien régime royaliste, ni de l’ancien régime républicain.
— Un homme d’esprit classique, mais qui l’est véritablement, et comme on l’était dans l’ancienne littérature, ayant lu la tragédie de Lucrèce, m’en faisait hier de grandes critiques ; il s’étonnait qu’on eût fait à cette pièce la réputation d’être classique comme on l’entendait de son temps ; il m’en citait des vers étranges selon lui, et d’autres qui sentent leur latinisme comme si l’auteur fût resté à moitié chemin en traduisant. […] A toutes ces critiques je répondais peu ; il y avait du vrai dans ces objections ; ce que j’aurais pu surtout répondre à l’avantage de ce classique moderne, de ce néoclassique opposé à l’ancien classique tout francisé et plus effacé, je ne l’osais trop par condescendance, et parce qu’il aurait fallu dire qu’il y avait là derrière un nouveau Malherbe nommé André Chénier.
. — Il est si rare de rencontrer le véritable amour du cœur, que je hasarderais de dire que les anciens n’ont pas eu l’idée complète de cette affection. […] Racine, ce peintre de l’amour, dans ses tragédies, sublimes à tant d’autres égards, mêle souvent aux mouvements de la passion des expressions recherchées qu’on ne peut reprocher qu’à son siècle : ce défaut ne se trouve point dans la tragédie de Phèdre ; mais les beautés empruntées des anciens, les beautés de verve poétique, en excitant le plus vif enthousiasme, ne produisent pas cet attendrissement profond qui naît de la ressemblance la plus parfaite avec les sentiments qu’on peut éprouver.
Les Anciens prononçoient, au moins leurs vers, de façon qu’ils pouvoient mesurer par des battemens la durée des syllabes. […] Les anciens Grammairiens latins n’avoient pas restraint le nom d’accent à ces trois signes. […] Cet accident d’être simple ou d’être composé a été appellé par les anciens Grammairiens la figure. […] Ainsi nous croyons que l’on doit conserver ces anciennes dénominations, pourvû que l’on explique les différens usages particuliers de chaque cas. […] M. l’abbé Gedoyn observe (dissertation des anciens & des modernes, p. 94.
Dans la poésie, on se moque de la tradition, on parodie les anciens. […] En effet, tous les écrivains qui comptent au dix-huitième siècle ont été des novateurs, tous ont travaillé plus ou moins à la ruine de l’ancien régime. […] La littérature classique a été frappée mortellement avec l’ancien régime. […] Parfois les auteurs flagellent les anciens, qui n’en peuvent mais, de coups vigoureux qui ricochent sur les modernes. […] écrira plus tard Victor Hugo, le démolisseur en chef de l’ancien régime littéraire.
Les anciens monumens, que Tacite résume, nous montrent les différentes peuplades germaniques répandues sur la surface d’un vaste territoire qu’elles occupent plutôt qu’elles ne le fertilisent. […] même dans cette poésie plus artificielle se retrouve ce charme de rêveries mélancoliques inconnu à l’Espagne et à l’Italie, et ce parfum de mysticité dans la religion et dans l’amour qui rappelle l’ancienne Allemagne. […] Il payait les premiers, mais il les livrait aux sarcasmes de Lamettrie et du marquis d’Argens ; et l’ancienne théologie recula devant l’esprit de la philosophie nouvelle. […] On peut dire que Hume est le fantôme perpétuel de Kant : dès que le philosophe allemand est tenté de faire un pas en arrière dans l’ancienne route, Hume lui apparaît et l’en détourne, et tout l’effort de Kant est de placer la philosophie entre l’ancien dogmatisme et le sensualisme de Locke et de Condillac, à l’abri des attaques du scepticisme de Hume. […] La physique ancienne n’était qu’un amas d’hypothèses.
Delacroix est décidément le peintre le plus original des temps anciens et des temps modernes. […] Franchement — malgré tout le plaisir qu’on a à lire dans les œuvres d’un artiste les diverses transformations de son art et les préoccupations successives de son esprit, nous regrettons un peu l’ancien Decamps. […] Voilà les dernières ruines de l’ancien romantisme — voilà ce que c’est que de venir dans un temps où il est reçu de croire que l’inspiration suffit et remplace le reste ; — voilà l’abîme où mène la course désordonnée de Mazeppa. — C’est M. […] Joseph Fay a envoyé six dessins représentant la vie des anciens Germains ; — ce sont les cartons d’une frise exécutée à fresque à la grande salle des réunions du conseil municipal de l’hôtel de ville d’Ebersfeld, en Prusse. […] Cette année, on dirait qu’il a colorié sur papyrus des motifs de sculpture égyptienne ou d’anciennes mosaïques (les Pharaons).
Nous avons honoré, pour l’avoir vu de près, un ancien membre des assemblées publiques, cet homme de conscience et qui eut le courage de sa conscience le jour du vote dans le procès de Louis XVI, l’intègre et respectable Daunou. […] cette doctrine (la doctrine ancienne et non actuelle de l’école de Montpellier) est exaltée, préconisée, par contraste avec les abjectes théories de la Faculté de Paris. […] Mais quel chemin a-t-on donc fait depuis M. de Tracy, membre honoré de l’ancien Sénat, pour qu’on en soit à discuter dans cette enceinte sur ces questions, comme si nous étions un concile philosophique ou théologique ? […] Ce serait pour un moraliste, pour un nouveau La Bruyère ou pour un nouveau Molière, un bien beau sujet et plus vaste qu’aucun de ceux qu’a pu offrir une cour ou une classe restreinte de la société en ce temps-là, sous l’ancien régime. […] Et au même moment, dans une lettre adressée au plus compromettant, au plus brouillon des prélats de France, il trouve moyen d’insulter un de vos ministres il prétend vous imposer sa destitution : ce qui ne s’était jamais vu de mémoire de roi dans l’ancienne France, durant les siècles de la religion gallicane.
Sous le nom de mystères on représentait généralement les récits de l’Ancien et du Nouveau Testament, les vies des prophètes et des apôtres, celles des saints. […] Ce qui prouve à quel point l’art dramatique avait besoin de l’antiquité païenne, c’est l’oubli profond où sont tombés les ouvrages composés depuis lors par quelques superstitieux de l’ancienne mode, derniers représentants de ce qu’ils appelaient le théâtre national. […] Le seul plaisir qu’on y pût prendre, celui d’y retrouver l’imitation des formes du théâtre ancien, ne pouvait guère toucher le public. […] Tantôt Corneille commente en homme de génie les règles de la critique ancienne ; tantôt il en établit lui-même de nouvelles, tirées d’une connaissance encore plus profonde de l’homme. […] Ce grand homme s’était fait une idée du poème dramatique d’après deux sortes de modèles bien différents : les anciens, dont il dissertait plus qu’il ne les lisait, et les Espagnols, qui lui avaient inspiré le Cid.
quelle haute pensée a eu la société ancienne de le vouloir défendre à sa noblesse ! […] À la longue, la figure de l’ancien ministre de la guerre, cette figure qui semble la figure d’un puritain d’un roman de Walter Scott, s’allonge, s’assombrit, et le nouveau dîneur a l’air de trouver qu’on cause chez nous, trop longtemps de la même chose. […] Oui, les corps pour lesquels on a une religion, on leur voudrait le néant de cendre des anciens. […] * * * — Un monsieur rencontre une ancienne connaissance, qu’il sait depuis longtemps dans la débine : — « Eh bien, comment ça va-t-il ? […] je suis heureuse dans le moment, j’ai un vieux très riche… figure-toi que c’est un ancien ébéniste… il vient tous les lundis chez moi… me fait déshabiller toute nue, et se met à vernir mes meubles… Moi, je le suis en le tapotant, et en lui disant : « Comme tu vernis bien !
Mais quel emploi Wagner fit-il de ces anciens matériaux ? […] Ces deux recueils sont aussi connus sous le nom d’ancienne et de nouvelle Eddas. […] La direction Stoumon et Calabresi, à qui l’on devait la dernière reprise de Lohengrin, loin de s’aventurer à monter de nouvelles œuvres, ne songe même pas à reprendre les anciennes. […] Ce coup imprévu au lendemain d’une telle apothéose, ne pouvait manquer de susciter des sympathies parmi les admirateurs intimes du maître et les anciens hôtes de la Wahnfried. […] Les résultats de la science, qui ont renversé les anciennes notions sur les choses, ont rempli notre âme d’inquiétude ; la Musique seule peut donner une réponse aux mystérieuses énigmes qui nous agitent.
M. de Thonnerins vient d’apprendre les projets de son ancienne maîtresse ; or il est l’ami de la famille de M. de Nanjac, et il menace Suzanne de tout révéler, si elle ne renonce pas, d’elle-même, à cette intrigue scandaleuse. […] Retournez le titre d’un des chapitres de la Notre-Dame de Paris, de Victor Hugo, Golpes para Besos : toute la conduite d’Olivier de Jalin envers son ancienne maîtresse est dans ces trois mots. […] Que ceux qui ne l’ont jamais aimée lui lancent des pierres pour l’empêcher d’aborder, ils sont, à la rigueur, dans leur droit ; mais un ancien amant n’a que celui de regarder du rivage, immobile et les bras croisés. […] Au dénouement, il lui tend un piège bassement combiné, et plus digne d’un Scapin de l’ancien répertoire que d’un gentleman de la vie moderne. […] Cependant, sur les instances de René, la comtesse vient de renvoyer le Scapin d’ancien répertoire qui lui servait d’intendant, et de prendre à sa place M. de Roncourt, un vieux gentilhomme ruiné par l’héritage de son frère, — cent mille écus de dettes qu’il a héroïquement endossés.
Ce sera même une succession d’événements, car ces rapports annuels de 1846 à 1856, « que les conseils bienveillants de quelques amis des lettres ont engagé l’auteur à réimprimer », comme il nous le dit dans sa préface, ont tous plus ou moins produit leur effet à leur date quand ils furent lus en séance publique d’Académie, — ce genre de solennité dont nous sommes friands encore par un reste de nos anciennes mœurs. […] — que Villemain est un grand improvisateur ; mais c’est là encore un de ces doux mensonges de l’opinion sur le compte de son ancien et bien-aimé baby, une de ces assertions qui ne supportent pas le regard. […] Certes, nous ne pouvions pas demander une si grande chose à Villemain, mais, nous le lui dirions à lui-même, nous le croyions réservé à une moins triste fin que cette extinction de son ancien talent dans la littérature fusionniste et les fautes de français ! […] La statuaire, cet art suprême des Anciens, avec sa nudité impassible et ses impudiques perfections, réprouvées par toute société spirituelle, est moins morte que la poésie de Pindare ; car la statuaire c’est de la nature humaine prise, il est vrai, et divinisée par son côté inférieur, mais c’est de la nature humaine, tandis qu’il n’y a plus que du convenu et de l’officiel dans les vers mythologiques de Pindare en l’honneur, qu’on me passe le mot, de boxeurs ou de basques grecs. […] Le professeur d’art oratoire, le rhéteur, l’ancien ministre du Juste Milieu qu’avait été quelques instants Villemain, trouvaient leur compte à cela… Seulement, il aurait fallu un esprit plus puissant que celui de Villemain pour mener à bien pareille œuvre.
Il vaudrait mieux qu’ils étudiassent la science des anciens dans Hippocrate, Galien et Fernel… Toujours l’érudition et l’autorité plutôt que l’expérience21. […] Le second en date des plus anciens registres concernant l’histoire de la Faculté a été recouvré sous son gouvernement, et, dans une note de sa main qu’on lit en tête, il le constate avec satisfaction22. […] Il y avait, malgré ses indignations, des jours où, comme il le dit en son langage plein des anciens, « il était heureux de tout côté » (ab omni parte beatus). […] Talon quelque reconnaissance particulière à cause des conclusions prises dans son ancien procès : mais que j’aime cet éloge : « Le plus beau sens commun qui ait jamais été dans le Palais ! […] Diafoirus dit en parlant de son fils : « Mais sur toute chose, ce qui me plaît en lui, et en quoi il suit mon exemple, c’est qu’il s’attache aveuglément aux opinions de nos anciens, et que jamais il n’a voulu comprendre ni écouter les raisons et les expériences des prétendues découvertes de notre siècle touchant la circulation du sang, et autres opinions de même farine. » Les créations comiques de Molière sont immortelles en ce qu’elles ont pied à tout moment dans la réalité.
La naissance de Rodrigue était honorable, et il sortait d’une ancienne famille castillane fort considérée ; un de ses ancêtres, Laïn Calvo, avait autrefois reçu de ses concitoyens une haute mission de confiance, étant l’un des deux juges que les Castillans avaient chargés, en 924, de terminer leurs différends à l’amiable. […] Alphonse, qui en voulait à Rodrigue et lui gardait rancune de cette ancienne perfidie qui lui avait coûté deux royaumes, et du serment humiliant qu’il lui avait imposé au moment de sa restauration sur le trône, prêta l’oreille à l’accusation et bannit Rodrigue de ses États. […] Le plus ancien monument poétique à son sujet et qui date du xiie siècle, la Chronique rimée, nous montre le premier essai et comme la première ébauche grossière de ce roman du Cid. […] Le Poème ou la chanson de geste du Cid, publiée pour la première fois en 1779 par Sanchez, dans son recueil des plus anciens monuments espagnols, et dont, on doit à M. […] Pour un marc que vous dépenserez j’en donnerai quatre au monastère. » Les adieux qu’il échange avec Chimène, lorsqu’elle vient à lui avec ses deux filles, rappellent les scènes analogues les plus touchantes des anciens et pieux héros : « Voici que doña Chimène arrive là avec ses filles.
Le pays de Vaud, pour m’y borner en ce moment, eut pourtant un développement ancien, suivi, tantôt plus particulier et plus propre, tantôt plus dépendant du nôtre, et réfléchissant, depuis deux siècles, la littérature française centrale, mais, dans tous les cas, resté beaucoup plus distinct que celui d’une province en France. […] Frédéric-César La Harpe, ancien précepteur de l’empereur Alexandre et noble citoyen, protégea heureusement, M. […] Monnard, dans lequel il discute les avantages qu’il y aurait à étudier et à analyser la langue et la littérature maternelles comme on étudie les langues anciennes, est tout d’abord propre à faire ressortir les qualités de grammairien analytique et de rhéteur, de Quintilieu et de Rollin accompli, que possède M. […] Daunou pour l’ancienne école, après M. […] L’ancienne et précédente culture française, ou plutôt la production et végétation française sans culture régulière, était, au déclin du moyen âge et au xvie siècle, comme un grand champ libre, soit en France, soit aux pays environnants (Savoie, Vaud, Liége, etc.), et donnait pêlemêle toutes sortes d’herbes, de fleurs, même de longs foins et de folles avoines.
On n’y comprenait plus rien, on n’en discutait que plus fort ; toute l’ancienne idée si grave qu’on avait eue de l’apologiste chrétien achevait de se confondre et de disparaître. […] Il n’y avait plus en effet de texte imprimé qui offrît une base fixe à l’examen ; les anciennes éditions étaient toutes suspectes à bon droit, et, à vrai dire, avilies, par le fait des inexactitudes qu’on y avait dénoncées ; la nouvelle édition, dont le Mémoire de M. […] Villemain, sut à merveille concilier (et c’est là son honneur) les principales traditions de l’ancienne critique avec plusieurs des résultats de la nouvelle, et fondre tout cela sur un tissu historique plein de brillant et de charme. […] Tu n’as plus ton chasseur, ton fidèle serviteur… Et le dialogue continue sur ce ton ; Thésée s’y mêle, et la déesse réconcilie le père désolé avec son fils : « Je ne connais point, dit M e Schlegel, de scène plus touchante dans aucune tragédie ancienne ou moderne. » Au moment où elle profère les nobles et clémentes paroles, Diane, qui s’aperçoit qu’Hippolyte va trépasser, termine ainsi : « … Et toi, Hippolyte, je t’exhorte à ne point détester ton père ; c’est ta destinée qui t’a fait périr. […] Diane montre pour les maux des humains toute la pitié qui est compatible avec son essence divine ; mais il y a néanmoins dans ses paroles je ne sais quelle empreinte d’une sérénité céleste… Il faudra bien convenir ici que les Anciens ont quelquefois deviné les sentiments chrétiens, c’est-à-dire ce qu’il y a de plus aimant, de plus pur et de plus sublime dans l’âme. » En adhérant aux observations exquises de l’excellent critique, j’avouerai pourtant qu’une chose m’a frappé, au contraire, en lisant ce morceau, en assistant à cette intervention compatissante de la plus chaste des divinités : c’est combien on est loin encore du christianisme, je veux dire du Dieu fait homme et mort pour tous.
Bien loin de finir avec l’ancien régime, elle est le moule d’où sortent tous les discours, tous les écrits, jusqu’aux phrases et au vocabulaire de la Révolution. […] Sauf chez La Fontaine, un génie spontané et isolé qui rouvre les sources anciennes, sauf chez La Bruyère, un chercheur hardi qui ouvre une source nouvelle, sauf chez Voltaire, un démon incarné qui, dans ses écrits anonymes ou pseudonymes, lâche la bride aux violences et à la crudité de sa verve358, les mots propres tombent en désuétude. […] C’est un palais ou un temple quelconque, où, pour effacer toute empreinte historique et personnelle, une convention uniforme importe des façons et des costumes qui ne sont ni français ni étrangers, ni anciens ni modernes371. […] Le Grec ancien, le chrétien des premiers siècles, le conquérant germain, l’homme féodal, l’Arabe de Mahomet, l’Allemand, l’Anglais de la Renaissance, le puritain apparaissent dans leurs livres à peu près comme dans leurs estampes et leurs frontispices, avec quelques différences de costume, mais avec les mêmes corps, les mêmes visages et la même physionomie, atténués, effacés, décents, accommodés aux bienséances. […] Dans le plus beau roman du dix-septième siècle, la Princesse de Clèves, le nombre des mots est réduit au minimum Le Dictionnaire de l’ancienne Académie française contient 29 712 mots ; le Thesaurus grec de H.
Il mena une vaste enquête qui aboutit à classer, à trier, parmi l’immense et confus apport de ces cent années qui avaient trouvé le nouveau monde et ressaisi l’ancien, ce qui pouvait être utile, à Montaigne sans doute d’abord, mais du même coup à ses concitoyens, et à tous les hommes qui auraient la tête faite comme lui : tout ce qu’il garda fut soigneusement expertisé, « contre-rôlé », ajusté, adapté, pour l’usage de l’intelligence. […] Le fameux passage des « pertes triomphantes à l’envi des victoires », des « quatre victoires sœurs, les plus belles que le soleil aye vu de ses yeux », est au chapitre des Cannibales : et les six ou sept pages les plus exquises que Montaigne ait écrites sur les anciens et sur la langue française, s’accrochent, Dieu sait comme, à une citation de Lucrèce, dans un chapitre intitulé Sur des Vers de Virgile, tout juste au milieu des plus scabreuses réflexions que Montaigne nous ait défilées. […] Il a recueilli de ses conversations, des relations des voyageurs, de tous les écrits des anciens, le plus volumineux dossier des contradictions humaines. […] Par sa raison individuelle, à l’aide de son expérience personnelle, confrontant l’Amérique et la Grèce, il trouve le principe fondamental de la littérature classique : il s’assure que les anciens ont parlé selon la vérité, selon la nature, et voilà leur autorité fondée en raison. […] Il admire les anciens pour leur justesse vigoureuse, il blâme les modernes de trop d’esprit et d’affectation : un siècle et demi plus tard, Fénelon n’aura pas autre chose à dire.
Vue de génie et témoignage de candeur chrétienne, d’autant plus méritoire que le paganisme était encore debout, que ses apologistes lui rapportaient les gloires de l’ancienne Rome et que le dessein du livre de saint Augustin est d’élever la cité de Dieu sur les ruines de la plus grande des cités terrestres ! […] Mais cette préférence ne me gâte ni le plaisir que j’ai à apprendre dans Montesquieu des choses si considérables avec si peu d’efforts, ni les nouveautés de cette étude du cœur humain transportée de l’homme aux sociétés, et de l’individu aux nations, ni les beautés de ces portraits des grands personnages historiques, tirés de la demi-obscurité où les avait laissés l’art ancien, et qui nous font lire dans ces âmes profondes avec l’œil de Montesquieu ; ni tout cet esprit des Lettres persanes, assaisonnant les vérités les plus élevées ; ni cette langue si neuve, qui a gardé la justesse et la propriété de l’ancienne, et qui la rajeunit sans y mettre de fard. Je ne parlerais même pas de quelques fleurs mêlées parmi toutes ces beautés, si Montesquieu n’eût reproché à Tite-Live d’en jeter sur « les énormes colosses de l’antiquité. » Il faut le noter, non pour trouver un si grand esprit en faute, mais comme un avis donné aux plus habiles, de prendre garde si ce ne sont pas leurs propres défauts qu’ils reprochent aux autres, et de parler avec ménagement des anciens. […] C’est son penchant le plus ancien, son habitude ; c’est ce sujet de prédilection auquel un grand esprit travaille, même avant d’en avoir tracé le plan et trouvé le titre ; où va tout ce qu’il pense de plus solide et de plus constant, tout ce qu’il y a de l’homme mûr dans le jeune homme. […] Ils conduisent la société nouvelle à travers les ruines de l’ancienne, et ils en sont tout le gouvernement.
Quand on voit d’Alembert, dans l’enthousiasme du commencement, déclarer que si les anciens avaient exécuté une Encyclopédie, et que le manuscrit en eût échappé seul aux flammes qui consumèrent la bibliothèque d’Alexandrie, il nous eût consolés de la perte des autres, cet excès de confiance ne choque point ; mais on est fort loin de le partager. […] Il y a une belle description de tempête au moment même des premiers troubles des deux amants ; mais elle est moins belle comme peinture de phénomènes inconnus à l’ancien monde, que par l’à-propos des images de destruction qu’elle mêle à nos pressentiments sur la destinée de ces deux jeunes cœurs, où gronde l’orage des passions humaines. […] Des chrétiens comme des anciens que fit la vogue du Génie du Christianisme, plus d’un a cessé de l’être ; et je sais qu’en pareil cas ceux qui secouent le charme font plus de pas en arrière qu’ils n’en avaient fait en avant. […] Les choses anciennes ont tant besoin de protection dans notre pays, qu’elles ne doivent pas dédaigner même celle des nouveautés. […] On en a déjà fait des livres, et comme s’il s’agissait d’un ancien, juger Chateaubriand est une partie notable de la littérature de notre temps, et un titre d’honneur pour des écrivains illustres129.
Dans ces catacombes de l’état civil, rôde et furette, avec l’air du génie du lieu, flairant les actes, découvrant les vieilles naissances et les vieilles morts, comme on trouve les sources avec une espèce divination, un vieux bonhomme au teint gris sale, de la couleur de ces vieux livres, grand, fort, cassé et voûté : il ressemble à une figure du Temps, dans un ancien tableau. […] Une bonne chose au fond que cette habitude ancienne de la transmission des portraits de famille : c’était un enchaînement de la race. […] Comme nous lui parlions de son portrait du roi Louis-Philippe, il nous dit qu’il sait que le général Dumas envoya, au mois d’août 1848, une lettre du Roi à M. de Montalivet, où Louis-Philippe écrivait à l’Assemblée pour garder ses biens, comme le plus ancien général datant de la Révolution. […] Puis, à propos de l’Académie, qualifiée la plus ancienne, Louis-Philippe dit que ce n’était pas elle, mais l’Académie della Crusca, et donna la date de sa fondation. […] ” » Là-dessus il nous parle de Sœur Philomène, disant que seules ont de la valeur, les œuvres venant de l’étude de la nature, qu’il a un goût très médiocre pour la fantaisie pure, qu’il prend peu de plaisir aux jolis contes d’Hamilton ; qu’au reste, cet idéal dont on parle tant, il n’est pas bien sûr que les anciens s’en soient préoccupés, qu’il croit au contraire que leurs œuvres étaient des œuvres de réalité, — que peut-être seulement ils travaillaient d’après une réalité plus belle que la nôtre.
Les Poëtes modernes, les françois sur-tout, ont composé des chansons plus délicates, plus ingénieuses que celles de Pétrarque ; mais on les loue moins, parce qu’elles sont moins anciennes. […] Les fleurs des anciens semblent fauées, lorsqu’elles sont cueillies par des mains mal habiles. […] On ne place point Ovide parmi les Poëmes épiques, parce que ses métamorphoses, toutes consacrées qu’elles sont par la religion des Anciens, ne font pas un tout, ne font pas un ouvrage régulier. […] Quoique la scène soit en Arcadie, l’auteur fait ses personnages trop savans & trop instruits des grands systêmes de l’ancienne Philosophie. […] Milton en ce point & en plusieurs autres, est autant au-dessus des anciens Poëtes, que notre Religion est au-dessus des fables payennes.
Mais, à cette heure, comment quitter encore ce sublime Eschyle, d’une âme si haute, d’une imagination si forte, d’un langage si magnifique, grand jusqu’à l’excès, dit un ancien, et offrant le passage du cantique céleste et de la prophétie à l’entretien des hommes ? […] Hermann démontre qu’il ne s’agit dans ces listes que des représentations de l’ancien et du nouveau répertoire, c’est-à-dire des acteurs et des chanteurs appliqués aux œuvres de l’ancien théâtre, puis des poëtes, acteurs et chanteurs des pièces nouvelles, comme on continuait d’en faire et d’en jouer, d’après l’ancien modèle plus ou moins altéré. […] C’est en dire assez sur la flamme de passions diverses, depuis le patriotisme et la pitié jusqu’à la fureur, dont cette poésie lyrique de la tragédie grecque agita l’ancien monde. […] « Il n’y avait pas, en effet, une race d’immortels, avant que l’Amour eût tout rapproché, et que des uns mêlés avec les autres fussent nés le Ciel, l’Océan, la Terre et la race incorruptible des dieux immortels ainsi nous sommes les plus anciens de tous les êtres divins. » Ce qui suit cette étrange cosmogonie, ce qui s’y mêle d’allégories fantasques et de parodies bouffonnes, ne pourrait parfois se traduire ; mais il suffisait de retrouver ici, au début solennel de ce cantique, la majesté des hymnes grecs, dans ce hardi langage où le moqueur public d’Athènes, maître de tous les tons de la lyre, se joue des caprices de son génie et des perfections de sa langue, tour à tour sublime et bouffon, grave et licencieux, mais toujours poëte et s’égalant aux plus grands poëtes, soit qu’il les raille, soit qu’il les imite.
Reinhold Dezeimeris, fils de l’ancien bibliothécaire de l’École de médecine de Paris, a trouvé la conjecture de M. […] Il juge très bien, à première vue, du changement de configuration du sol, et de l’ensevelissement de l’ancienne Rome : la forme des montagnes et des pentes n’est plus du tout la même, et il tenait pour certain « qu’en plusieurs endroits nous marchions sur la tête des vieux murs et sur le faîte des maisons tout entières. » La liberté de vie à Rome lui paraît bien différente de celle de Venise : la sûreté y manque. […] Montaigne a les sens excellents ; il voit les choses telles qu’elles sont, ni plus ni moins, et ne les complique en rien d’abord, ni par l’imagination ni par la réflexion. — Ce même jour où il a vu passer le Pape, il prend de la térébenthine : sa santé va de front avec sa curiosité. — On exécute un bandit ; il assiste à ce spectacle, en relève toutes les circonstances, et l’ancien conseiller au Parlement de Bordeaux ne manque pas de faire la comparaison avec ce qui se pratique en France. […] Cependant la Rome ancienne ne l’absorbe pas tellement qu’il n’aille voir jusqu’au dernier jour tout ce qui se peut voir. […] Il respecte tant l’ancienne Rome qu’il se complaît à la parodie même qu’on en fait, pourvu qu’elle soit sérieuse et sans rire ; il reçoit ses lettres de citoyen au nom du Sénat et du Peuple : « C’est un titre vain, dit-il ; tant y a que j’ai reçu beaucoup de plaisir de l’avoir obtenu. » Voilà un aimable philosophe qui paye ouvertement son tribut à l’illusion et à la vanité humaine.
Le plus ancien des poëmes après l’Iliade, l’Odyssée, n’est-elle pas aussi le plus intéressant et le plus pathétique des romans ? […] Que de lettres historiques, par exemple, prêtées en ces siècles alexandrins, à des anciens, à des hommes célèbres qui ne les ont jamais écrites ! […] Qu’on me laisse un moment parler de ce roman ancien, le seul ou presque le seul que nous ait légué la littérature latine (car le livre de Pétrone n’est pas un roman proprement dit), qu’on m’en laisse parler comme je le ferais de tel ou tel de nos romans modernes. : il les vaut bien. […] Les Anciens n’avaient aucune méthode régulière scientifique, aucun procédé à la Descartes, à la Galilée, à la Bacon, institué et transmis par une élite éclairée, incorruptible : les Académies des sciences n’existaient pas. […] Il ne tarde pas à engager l’affaire qui marche vivement ; et ici se trouvent des scènes d’amour telles que les Anciens osaient les peindre ; les savants et les critiques érudits modernes qui ont à en parler font d’ordinaire les dégoûtés en public, et ils s’en donnent à lèche-doigt dans le cabinet.
Cet homme au parler si pur était né non à Chambéry, comme on l’a cru d’abord, mais à Meximieux, dans l’ancien Bugey, province de Savoie. […] Il n’est nullement d’avis d’épurer, de retrancher sans motif, de faire le dégoûté à tout propos ; si vous lui demandez ce qu’il préfère, il vous le dira nettement et en fera même une de ses règles : « Un mot ancien, qui est encore dans la vigueur de l’usage, est incomparablement meilleur à écrire qu’un tout nouveau qui signifie la même chose. Ces mots qui sont de l’usage ancien et moderne tout ensemble sont beaucoup plus nobles et plus graves que ceux de la nouvelle marque. » La Cour, au sens où l’entendait Vaugelas, n’était donc nullement un simple lieu de cérémonie et d’étiquette, une glacière polie, mais une école vivante, animée, la haute et libre société du temps. […] Si chacun s’émancipait de son côté, on ferait bientôt retomber la langue dans l’ancienne barbarie. […] Attaqué comme puriste et éplucheur de mots, même avant la publication de son livre (car ces Remarques si longtemps préparées avaient transpiré à l’avance), Vaugelas ne se trouve nullement désarmé en face de ces intrépides et perpétuels citateurs des anciens.
Don Quichotte, après avoir écouté tous les détails sur la vocation obstinée du jeune homme, dont le seul crime est de trop aimer Homère et Virgile, et de vouloir converser tout le jour avec Horace, Tibulle et autres Anciens, répond aux craintes du père par un discours d’une merveilleuse sagesse, et qui, pour la grâce comme pour la modération, pourrait être tout entier (sauf quelques mots) d’un de ces aimables vieillards de Térence : « Les enfants, lui dit-il, sont une portion des entrailles de leurs parents ; il faut donc les aimer, qu’ils soient bons ou mauvais, comme on aime les âmes qui nous donnent la vie. […] Après tout, même dans ses malheurs et ses guignons récents, s’il se reportait en esprit à ses anciennes infortunes et à cette horrible captivité en Alger, Cervantes avait la ressource de se dire comme Ulysse : « Courage, mon cœur, tu en as vu de pires, le jour où l’infâme Cyclope te dévorait tous tes braves compagnons, et où, la prudence et l’audace aidant, tu l’échappas belle… » J’ai connu des cœurs philosophes auxquels le souvenir des maux et des périls passés ne laissait pas d’être une consolation dans les ennuis du présent. […] Cette ancienne romance, qui fut célèbre dans son temps, et qui commence par : Déjà le pied à l’étrier, me revient à la mémoire, hélas ! […] Il attiédit la verve de Cervantes ; un comique large et franc devient partout mince et discret. » Il fait regretter l’ancien traducteur. […] De tous les morceaux de l’ancienne critique, le plus vrai et le plus juste sur les mérites de Don Quichotte est peut-être encore certain article de M. de Feletz. — Aujourd’hui tout cela est dépassé, sinon surpassé.
Ses deux grands ouvrages, la Démocratie en Amérique (1835-39), l’Ancien Régime et la Révolution (1850), sont vraiment en notre siècle les chefs-d’œuvre de la philosophie historique. […] L’autre œuvre de Tocqueville, l’Ancien Régime et la Révolution, a pour base une idée d’historien. […] Ayant ainsi rendu compte de la destruction des institutions féodales et monarchiques, Tocqueville avait projeté de montrer comment la France nouvelle s’était reconstruite des débris de l’ancienne : c’est à peu près le vaste dessein que Taine a réalisé dans ses Origines de lu France contemporaine. […] Michelet, désormais, se voue à la prédication démocratique ; et pour commencer, laissant là l’histoire de l’ancienne France, il court à la Révolution. […] Alexis de Tocqueville (1805-1859). magistrat, député, ministre en 1849 sous la présidence de Louis Bonaparte. — Éditions : La Démocratie en Amérique, lre partie. 1835, in-8 ; 2e partie. 1839. in-8 ; 16e éd., 3 vol. in-8, 1874 ; l’Ancien Régime et la Révolution, 1850, in-8 ; 8e éd., 1877 ; Correspondance et œuvres inédites, 2 vol. in-8, 1860.
La Perse conquise par les Arabes se revêtait subitement d’une civilisation nouvelle, mais elle ne dépouillait pas tout à fait l’ancienne. […] Or, pour se concilier cette classe composée des plus anciennes familles de Perse, les princes de nouvelle formation ne trouvèrent rien de mieux que de réchauffer et de favoriser le culte des vieilles traditions historiques et nationales, les souvenirs des dynasties antérieures et des héros. […] Il voyait que le monde s’était repris d’amour pour les histoires des anciens héros. […] C’est alors qu’il ouït parler du sultan Mahmoud, qui, dans sa cour de Ghaznin, s’entourait d’une pléiade de poètes, mettait au concours les histoires des anciens rois, et désirait un homme capable de les orner et de les embellir sans les altérer. […] Dans les premiers instants, le chef religieux de la ville refusa de lire les prières d’usage sur sa tombe, sous prétexte de cet ancien soupçon d’hérésie, et par crainte sans doute de déplaire au sultan.
Je me suis donc borné à parler de maint auteur ancien et moderne à tort et à travers, sans m’attaquer aux critiques mêmes de ma plus étroite connaissance. […] Je lui ai entendu rendre cette justice par d’anciens jouteurs. […] Quand il a écrit sur les modernes, c’est que ceux-ci le ramenaient encore à ses chers et incomparables anciens. […] Mais il y a jusque dans sa solidité un certain montant qui était étranger à l’ancienne critique, et qui est bien du journaliste moderne.
Il se frappait la poitrine au souvenir de l’ancien Jérôme, et ce qui s’en entendait encore n’était plus que le cri du lion, affaibli par l’immensité du désert. […] Étudiez beaucoup les Anciens. […] Non qu’il n’y ait eu des Anciens qui aient eu eux-mêmes cette méthode d’examen et d’analyse, la seule vraie, la seule capable de mener à bien l’esprit humain dans la voie du progrès et des connaissances positives ; excellent Plutarque, ce ne furent jamais toi ni tes pareils, avec ces traditions de bonhomie crédule qu’on vient nous vanter un peu tard et qui auraient éternisé le Paganisme ! ce fut le grand Aristote d’abord, Démocrite avant lui et bien d’autres sans doute ; mais tout cela disparut et s’abîma avec l’ancien monde, s’égara avant sa fin même, ne se légua nullement au nouveau, et il fallut tout recommencer.
. — Ailleurs, plus à l’est de l’Europe, il était témoin d’un état d’organisation que nous appelons arriéré, et qui reproduisait assez fidèlement sous ses yeux l’ancien état féodal, mais qui lui expliquait aussi les ressources et les racines profondes de ce régime disparu. […] Homme de progrès, n’ayant pas, comme certains philosophes opiniâtres, d’attache et de parti pris pour un ancien régime, par cela même qu’il est ancien, il s’est pourtant demandé, en terminant cette série d’études comparatives, comment il se faisait que le dégagement de l’individualité et du libre arbitre, la plus grande disposition de soi-même et le choix dans le travail n’amenaient pas toujours (tant s’en faut !) […] En conséquence, il s’est demandé s’il n’y avait pas quelque remède, un moyen terme à proposer entre le retour impossible à l’ancien régime et le morcellement moderne indéfini.
C’est dans le premier genre, c’est par la description animée des objets extérieurs que les Grecs ont excellé dans la plus ancienne époque de leur littérature. […] Les anciens étaient animés par une imagination enthousiaste, dont la méditation n’avait point analysé les impressions. […] L’esprit qui les conçoit est sans cesse ramené vers elles ; et il serait impossible aux modernes de faire abstraction de tout ce qu’ils savent, pour peindre les objets comme les anciens les ont considérés. […] La vie des hommes célèbres était plus glorieuse chez les anciens ; celle des hommes obscurs est plus heureuse chez les modernes.
À Lyon, d’abord, où il y avait une nombreuse et opulente colonie italienne, les comédiens d’Italie étaient accourus d’ancienne date ; tous les historiens décrivent notamment la magnifique représentation de La Calandra, qui eut lieu devant Henri II et Catherine de Médicis, en 1548. […] Liste des canevas de Dominique analysés par Gueulette dans l’Histoire de l’ancien théâtre italien, et appartenant à la période antérieure à 1668 : 1. […] Un certain nombre d’autres pièces sont indiquées par Louis Riccoboni, dans la liste qu’il a placée en tête du Nouveau Théâtre italien, comme étant « très anciennes ». […] Voici un trait de lui qui n’est que plaisant et spirituel : il appartient à la période de 1683 à 1697, où Mezzetin jouait à Paris ; il est ainsi raconté dans l’Histoire de l’ancien Théâtre italien : « Mezzetin avait dédié une pièce à M. le duc de Saint-Aignan, qui payait généreusement les dédicaces.
Depuis que la nation juive s’était prise avec une sorte de désespoir à réfléchir sur sa destinée, l’imagination du peuple s’était reportée avec beaucoup de complaisance vers les anciens prophètes. […] La vie anachorétique, si opposée à l’esprit de l’ancien peuple juif, et avec laquelle les vœux dans le genre de ceux des Nazirs et des Réchabites n’avaient aucun rapport, faisait de toutes parts invasion en Judée. […] La croyance à ces résurrections était fort répandue 297 ; on pensait que Dieu allait susciter de leurs tombeaux quelques-uns des anciens prophètes pour servir de guides à Israël vers sa destinée finale 298. […] Comme les anciens prophètes juifs, il était, au plus haut degré, frondeur des puissances établies 319.
Généreux comme un prince, courtois comme un gentilhomme de l’ancien régime, il a vécu et il mourra dans l’impénitence finale de l’amour des femmes. […] Au second plan, apparaît aussi une ancienne maîtresse d’André, mademoiselle Albertine de la Borde ; et c’est un type frappé comme par un balancier monétaire, à l’une des effigies courantes de l’époque, que celui de cette courtisane commerciale, qui tient son boudoir comme un comptoir, et prête le plaisir à la petite semaine. […] Ce M. de Tournas est un ancien petit viveur décavé, réduit à une mendicité déguisée. […] car les cinquante printemps de l’ancien beau reculent devant les quarante hivers de l’estimable matrone.
On en est venu, tous les morceaux principaux de l’ancienne littérature ayant déjà trouvé maître, à s’attacher aux moindres miettes, aux moindres noms. […] Dans cette mêlée injurieuse des temps, combien est-il de ces anciens poëtes, Panyasis que les critiques plaçaient très-haut à la suite d’Homère, Varius qu’on ne séparait pas de Virgile, Philétas que Théocrite désespérait jamais d’égaler, Euphorion avec son Gallus, combien, et des meilleurs et des plus charmants, qui ont ainsi succombé sans retour, et n’ont laissé qu’un nom que les érudits seuls remuent encore parfois aujourd’hui ! […] — Mais non ; il est et il demeure bien résolu que de nouvelles conditions de stabilité ont été introduites dans le monde ; les ruines brusques et violentes n’appartiennent qu’à l’histoire ancienne ; dupes, entraînés et turbulents jusqu’à ce jour, les hommes ont, de ce matin, cessé de l’être.
Ces règles, d’ailleurs, Hipparque, Ptolémée, Copernic, Kepler les ont discernées l’une après l’autre, et, enfin, il est inutile de rappeler que c’est Newton qui a énoncé la plus ancienne, la plus précise, la plus simple, la plus générale de toutes les lois naturelles. […] Comment l’ordre de l’univers était-il compris par les anciens ; par exemple par Pythagore, Platon ou Aristote ? […] Les anciens croyaient que tout était fait pour l’homme, et il faut croire que cette illusion est bien tenace, puisqu’il faut sans cesse la combattre.
Lessing savait bien ce que Voltaire ne savait qu’à peu près ou mal… Linguiste immense, fort dans les langues anciennes, dont Voltaire avait seulement éraflé le dictionnaire, Lessing lisait dans leur propre langue tous les théâtres de l’Europe moderne, et encore par là il tenait Voltaire, ce menteur et ce pickpocket de Voltaire, qui aurait si bien escroqué la gloire d’autrui, si on l’eût laissé faire. […] Un homme dont il parle dans sa Dramaturgie avec le sentiment du respect le plus profond, mais de l’apparition duquel dans l’histoire littéraire il n’a pas tiré les conséquences qu’il aurait fallu, aurait dû lui apprendre que l’ancien monde dramatique était clos et forclos, et qu’il sortirait de cet homme-prodige une théorie qui ne serait même plus une théorie et qui emporterait les théories anciennes, comme des pailles dans un ouragan !
N’importe le sujet qu’il traite, il a le mot inattendu et final qui coupe et renoue et que les Anciens aimaient tant, ce dard d’abeille qu’on laisse dans la dernière strophe, — lethalis arundo ! […] C’est un manteau poudreux fait de loques anciennes, Troué d’accrocs, cousu de reprises, d’ennui, Qu’on ne prend pas usé sur l’épaule d’autrui, Mais qu’il faut user sur les siennes ! […] Celui qui gît sur cette couche N’a pas dit ce qu’il éprouvait, Mais l’arrêt ancien qui le touche Depuis longtemps il le savait !
D’ailleurs deux traditions fameuses de l’antiquité grecque et latine prouvent que les peuples commençaient souvent les guerres (duella chez les anciens Latins), en décidant par un duel la querelle particulière des principaux intéressés ; je parle du combat de Ménélas contre Pâris, et des trois Horaces contre les trois Curiaces (Voy. […] Des jugements divins resta ce qu’on appelait la religion des paroles, religio verborum ; généralement les choses divines sont exprimées par des formules consacrées dans lesquelles on ne peut changer une lettre ; aussi dans les anciennes formules de la jurisprudence romaine, imitée des formules sacrées, on disait : une virgule de moins, la cause est perdue ; qui cadit virgulâ, caussâ cadit. […] On ne pouvait jusqu’ici ajouter foi à cette vérité tant que l’on attribuait aux premiers peuples ce parfait héroïsme imaginé par les philosophes ; préjugé qui résultait d’une opinion exagérée que l’on s’était formée de la sagesse des anciens.