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592. (1874) Premiers lundis. Tome II « Charles de Bernard. Le nœud Gordien. — Gerfaut. »

S’il le veut, il y a en lui l’étoffe d’un romancier actuel, fécond et vrai ; son mauvais goût (car il en a) n’est que dans le détail ; ainsi, il reproduit trop par moments le jargon psychologique du maître ; il a des redoublements de bel esprit dans ses analyses, des drôleries et trivialités métaphoriques dans ses portraits, qui déplaisent au passage, mais sans avoir le temps de rebuter ; il a une multitude d’allusions dont un trop grand nombre, pour ceux qui ne vivent pas tout à fait de cette vie du jour, sont déjà subtiles et obscures.

593. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre IX. De l’esprit général de la littérature chez les modernes » pp. 215-227

Mais quelle supériorité les philosophes de nos jours n’ont-ils pas dans les sciences, dans la méthode et l’analyse, la généralisation des idées et l’enchaînement des résultats !

594. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre VII. Éducation de la sensibilité »

Il était impossible de lire distraitement même un roman, de tourner les pages avec une langueur somnolente, en sautant tout ce qui prend l’air sérieux : dans ces formidables romans en dix tomes, diffus, interminables, bourrés de conversations et de dissertations, débordant de distinctions et d’analyses, l’histoire, les faits étaient peu de chose, et s’ils offraient à la curiosité frivole l’attrait de l’actualité et des allusions, c’était par les caractères finement dessinés, dont il fallait regarder de près les ressemblances.

595. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Contes de Noël »

Ce détail, insignifiant au premier abord, devient éminemment significatif quand on l’examine de près et qu’on applique à cet examen les procédés les plus récents de l’analyse psychologique. » L’auteur arrive alors à son sujet.

596. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préface des « Feuilles d’automne » (1831) »

C’est le passage de l’unité religieuse et politique à la liberté de conscience et de cité, de l’orthodoxie au schisme, de la discipline à l’examen, de la grande synthèse sacerdotale qui a fait le moyen-âge à l’analyse philosophique qui va le dissoudre ; c’est tout cela ; et c’est aussi le tournant, magnifique et éblouissant de perspectives sans nombre, de l’art gothique à l’art classique.

597. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre I. Les travaux contemporains »

Le second volume surtout intéressera les philosophes par des analyses psychologiques fines et neuves sur les sens, l’imagination, les rêves, les hallucinations.

598. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre VIII. La mécanique cérébrale »

La vraie science du cerveau devrait donc comprendre, outre la description anatomique de cet organe, une analyse de ses opérations, et nous faire voir comment ces opérations sont liées au résultat final, qui est la pensée.

599. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La défection de Marmont »

Il ne s’est pas laissé troubler une seule fois par les nuances, les finesses et les analyses !

600. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Μ. Jules Levallois » pp. 191-201

Jules Levallois le sent bien, du reste, et serait effroyablement embarrassé si on lui demandait, à lui, cet observateur, ce solitaire et cet ermite, l’analyse de l’éducation morale donnée à l’homme par la Nature, et les moyens dont elle se sert pour doubler ou tripler cette liberté qui vient en pleine terre, comme une plante, et qui n’a autour de soi que des êtres muets, indifférents à ses efforts, à son développement et à ses mérites.

601. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — II »

Aujourd’hui comme jadis, ma règle morale, c’est le stoïcisme de Marc-Aurèle, et ma méthode, c’est l’analyse scientifique ; mais ce serait un trait de jacobinisme de vouloir imposer par le raisonnement mon état d’esprit à ceux qui ne l’ont pas atteint.

602. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre VII. D’Isocrate et de ses éloges. »

ou bien un philosophe qui était tout à la fois physicien, géomètre, naturaliste, politique, dialecticien, qui avait porté l’analyse dans toutes les opérations de l’esprit, assigné l’origine et la marche de nos idées, cherché dans les passions humaines toutes les règles de l’éloquence et du goût, et en qui le concours et l’union de toutes ces connaissances devaient former un esprit vaste et une imagination qui agrandissait tous les arts en réfléchissant leur lumière les uns sur les autres, ne devait-il pas en effet avoir moins d’estime pour un orateur qui avait plus d’harmonie que d’idées, et pour un maître d’éloquence qui savait mieux les règles de l’art, que l’origine et le fondement des arts même et des règles ?

603. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre IV. Le mécanisme cinématographique de la pensée  et l’illusion mécanistique. »

Il suit de cette double analyse que l’idée du néant absolu, entendu au sens d’une abolition de tout, est une idée destructive d’elle-même, une pseudo-idée, un simple mot. […] Cette longue analyse était nécessaire pour montrer qu’une réalité qui se suffit à elle-même n’est pas nécessairement une réalité étrangère à la durée. […] Pourtant chacune de ces qualités se résout, à l’analyse, en un nombre énorme de mouvements élémentaires. […] C’est dire qu’on aboutit à la philosophie des Idées quand on applique le mécanisme cinématographique de l’intelligence à l’analyse du réel. […] L’analyse que nous donnons ici de l’idée de néant (pp. 275 à 298) a déjà paru dans la Revue philosophique (novembre 1906).

604. (1902) Le chemin de velours. Nouvelles dissociations d’idées

Dans les résidus laissés par l’analyse de l’idée d’immortalité, on trouvera l’idée de gloire à l’état brillant de paillette. […] Il est impossible d’accomplir une sérieuse analyse si l’on admet dans son raisonnement des expressions comme « culture moyenne ». […] Le langage est une fonction la grammaire est l’analyse de cette fonction. […] Avec ce vocable ridicule, voilà la naissance de l’analyse. […] Ayant entendu cela, elle repasse l’analyse du Cid, dictée par son professeur pour le brevet, et elle fait une réponse qui attire l’attention et peut-être décide de son mariage.

605. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIe entretien. Littérature politique. Machiavel » pp. 241-320

La pudeur moderne nous interdirait d’en faire seulement l’analyse ; mais les mœurs italiennes du temps étaient si peu scrupuleuses en matière de décence et de religion que cette facétie comique eut un succès classique et prolongé à Florence, et que le pape Léon X, dans ses voyages en Toscane pour revoir sa famille, fit représenter devant lui deux fois la Mandragore pour amuser le sacré collège. […] XIV En quelques lignes voici l’analyse de ce livre. […] XVI Une analyse historique profonde, lucide et pénétrante de la conduite du pape Alexandre VI et de César Borgia, son fils, pour se créer une vaste domination en Italie, est présentée ici non comme modèle, mais comme exemple, à Laurent de Médicis, dans le livre du Prince : là est le venin.

606. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 14 mars 1885. »

Les gens épris du théâtre et de la musique connaîtront alors la puissance de son génie ; ils verront que l’œuvre wagnérienne est exclusivement une analyse psychique exprimée par des procédés nouveaux, parfaits ; et la différence alors sera manifeste à tous, entre ce drame profond, logique, vivant, et les vides sonorités conservatoriennes des compositeurs qui injurient Wagner, et profitent du wagnérisme qu’on suppose à leurs œuvres. […] J’en voudrais ici décrire le spectacle et traduire l’impression plutôt qu’en tracer l’analyse rigide. […] La Revue de Bayreuth (Bayreuther Blaetter) Analyse du numéro de février 1885 1° H. de Wolzogenal : — Conférence faite à Vienne le 13 février 1884. — L’auteur suit le développement de Wagner : d’abord révolutionnaire des conditions sociales et artistiques de son temps ; puis réformateur de l’art ; enfin régénérateur d’une culture idéale.

607. (1856) Cours familier de littérature. I « Ve entretien. [Le poème et drame de Sacountala] » pp. 321-398

[Le poème et drame de Sacountala] I Commençons cet entretien par l’analyse d’un petit drame philosophique et moral, jeté comme une arabesque sur les pages de ce vaste poème du Mahabarata, épisode qui ne dépasse pas les limites de quelques minutes d’attention, et qui ressemble plus à un apologue humain qu’à un chant épique. […] Donnons d’abord ici l’analyse abrégée de ce délicieux et naïf épisode extrait du Mahabarata, et écrit avec une force et une simplicité plus antiques que le drame lui-même. […] Mais l’analyse et les citations de ce drame suffiront pour donner une idée du degré de perfection auquel, dans ces temps que nous appelons primitifs, et chez ces peuples inconnus avant l’époque historique de notre Europe, l’art théâtral était parvenu.

608. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre V. Le souvenir du présent et la fausse reconnaissance »

Il arrivera précisément ce qui arrive dans les cas où, après bien des années, nous voyons de nouveau des lieux ou des objets, nous entendons de nouveau des mélodies, que nous avons jadis connus mais que nous avons depuis longtemps oubliés… Or si, dans ces derniers cas, nous avons appris à interpréter la plus faible poussée des associations comme le signe d’expériences antérieures se rapportant aux mêmes objets que ceux d’à présent, on devine que, dans les autres cas aussi, dans les cas où, par suite d’une diminution de l’énergie psychique, l’entourage habituel déploie une efficacité associative très diminuée, nous aurons cette impression qu’en lui se répètent, identiquement, des événements personnels et des situations tirées du fond d’un passé nébuleux 51 » Enfin, dans un travail approfondi qui contient, sous forme d’auto-observation, une des plus pénétrantes analyses qu’on ait données de la fausse reconnaissance 52. […] Pour peu qu’il s’analyse lui-même, il se comparera à l’acteur qui joue automatiquement son rôle, s’écoutant et se regardant jouer. […] L’élan de conscience, qui manifeste l’élan de vie, échappe à l’analyse par sa simplicité.

609. (1857) Causeries du samedi. Deuxième série des Causeries littéraires pp. 1-402

La critique, cette partie de la littérature si bien appropriée à notre temps parce qu’elle repose sur l’analyse et que l’analyse est le triomphe des sociétés vieillies, la critique a fait, de nos jours, des progrès remarquables. […] Il a pour chacun, en passant, un de ces traits caractéristiques qui prouvent une incroyable puissance d’analyse, et qui vous dessinent un homme de la tête aux pieds, sans qu’il soit possible de s’y tromper. […] Ce cours, si familier qu’on le suppose, ne saurait exister sans un peu de critique, d’analyse, d’étude des ouvrages d’autrui, et c’est là ce qui manque le plus à l’illustre écrivain. […] Il n’enseigne pas, il n’analyse pas, il se souvient ; et ces souvenirs s’épanchent avec cette abondance semblable aux confidences excessives des cœurs délaissés. […] Il est tout simple qu’en présence de ces impiétés, de ces orgies d’analyse, bien des âmes pieuses se réfugient au fond des sanctuaires, y emportent leurs textes sacrés et les y cachent sous un triple voile.

610. (1885) L’Art romantique

Vous n’attendez pas, monsieur, que je fasse ici une analyse détaillée des œuvres de Delacroix. […] Et l’analyse du sujet, quand vous vous approchez, n’enlèvera rien et n’ajoutera rien à ce plaisir primitif, dont la source est ailleurs et loin de toute pensée secrète. […] (Description minutieuse de chacune des six planches qui composent le poëme et la traduction exacte des légendes en vers qui les accompagnent. — Analyse du mérite artistique de M.  […] (Analyse du calendrier emblématique de Chenavard. — Que tel art appartient à tel âge de l’humanité comme telle passion à tel âge de l’homme. […] Analyse au point de vue de l’art pur de quelques-uns de ses cartons exposés en 1855.)

611. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

Le plan de mes leçons est plus simple, mes analyses sont plus rapides et plus vivantes, j’ai eu le courage de jeter toutes mes notes, afin de monter en chaire avec une entière liberté d’esprit et de regarder les gens en face, et il se trouve naturellement que je dis mieux ce que je veux dire et suis mieux compris. […] Généralisant son point de vue, y rattachant le résultat de ses précédentes études sur Dante et Pétrarque, il s’était arrêté à l’idée de réunir sous ce titre : Des Confessions poétiques, une suite d’analyses dans lesquelles il aurait présenté les modifications du sentiment personnel se produisant aux différents siècles. […] C’eût été le point culminant de son œuvre, et ces deux chapitres étaient faits dans son esprit : il arrivait ensuite à Rousseau, signalait l’écueil de ces sortes d’apologies autobiographiques auxquelles son école s’est complue, poursuivant son analyse chez Goethe, chez Chateaubriand et jusqu’à ces récentes publications auxquelles les noms d’Alfred de Musset et de George Sand ont donné un dernier et si contagieux attrait. […] C’est grâce à ces petites leçons que Gandar dut de pouvoir écrire un livre sur Bossuet, au milieu des fatigues que lui imposait son cours : Bossuet avait fourni durant toute une année le thème principal de son enseignement, et de plus, dans sa petite leçon, Gandar avait pu procéder à l’analyse détaillée de quelques-uns des sermons du grand orateur.

612. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers » pp. 81-176

XV L’analyse que M. Thiers daigne faire de la constitution de Sieyès est pleine de sens politique et d’expérience anticipée, mais elle est un peu trop étendue ; on n’analyse pas le néant, on souffle sur le rêve, et tout est dit. Cette analyse, cependant, a ce mérite d’être une excellente leçon de politique réelle en opposition avec la politique géométrique et scolastique d’un de ces illuminés du Contrat social qui croient pouvoir appliquer les lois de la mécanique aux intérêts moraux et aux passions des peuples. […] Les négociations avec l’Autriche, celles avec la Prusse ; les premières agaceries diplomatiques de Bonaparte à Paul Ier, empereur de Russie ; le coup d’œil sur l’état intérieur et scandaleux de la cour de Madrid, livrée à un favori, Godoy, tracé d’une main qui charge les couleurs afin d’atténuer d’avance les torts du cabinet des Tuileries envers les Bourbons d’Espagne ; les négociations avec le Saint-Siège, préludes de négociations plus graves pour le Concordat ; la rupture des conférences par l’Autriche, les préparatifs de guerre repris des deux côtés avec une égale vigueur ; le tableau de la prospérité croissante de la France en dix mois d’un gouvernement personnifié dans un jeune dictateur ; l’analyse savante et pénétrante de la situation des différents clergés, séparés en sectes par les serments ou les refus de serments constitutionnels ; la rentrée rapide des émigrés, la statistique profondément étudiée des partis dans l’opinion et dans les assemblées ; les portraits de M. de Lafayette, de Fouché, de M. de Talleyrand, de Carnot, de Berthier, portraits finis et fermes, sans minutie comme sans recherche, où l’on voit que l’historien s’oublie lui-même pour ne penser qu’à son modèle, remplissent ce volume.

613. (1884) Les problèmes de l’esthétique contemporaine pp. -257

Passons, avec les partisans de l’évolution, à l’analyse du plaisir esthétique proprement dit. […] Ils ne s’intéressent pas à l’analyse des caractères. […] Il ne saurait être résolu que par une analyse vraiment scientifique du vers. […] Les poètes et les esthéticiens modernes s’appuient sur une analyse inexacte du vers même de V.  […] V. plus loin notre analyse des sensations du tact, du goût, etc.

614. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

Quand ce ne serait que pour mieux distinguer entre eux les termes du bel air ou du bon usage, ne faut-il pas qu’on analyse les notions qu’ils expriment, ou, pour mieux dire encore, qu’on les « anatomise » ? […] À la faveur de la préciosité, la propriété de l’expression et la finesse de l’analyse s’introduisent donc ensemble dans le discours. […] Enfermé, lui aussi, dans son « poële de Hollande », armé de son cartésianisme, ce que Bayle ose le premier soumettre à l’analyse de sa critique dissolvante, c’est la religion, c’est la morale ; et d’abord vous diriez qu’il ne critique et qu’il ne doute que pour le seul plaisir de douter ou de critiquer. […] Analyse de l’Augustinus. — Les cinq propositions [Cf. l’abbé Fuzet, Les Jansénistes et leur dernier historien ; et sur le fond de la question de la grâce, C.  […] Bayle, 1730, dans les dernières éditions du Dictionnaire ; et au tome XVI de l’édition Beuchot ; — abbé Marsy, Analyse raisonnée des œuvres de Bayle, 1755 ; — Sainte-Beuve, Portraits littéraires, t. 

615. (1892) Sur Goethe : études critiques de littérature allemande

L’analyse de ce caractère est bien subtile et bien pénétrante. […] On retrouve chez tous la même inquiétude, la même violence de passion, la même analyse dévorante du cœur humain. […] De ce fonds principal, la bonté, se détachent toutes les autres vertus ; on nous épargnera d’en faire ici l’analyse ou l’énumération. […] Mme la baronne de Carlowitz vient de publier une rapide analyse des Mémoires de Goethe. […] Sa méthode est toute française : beaucoup d’analyse et peu de synthèse, des anecdotes familières mêlées aux jugements de la critique, des peintures de mœurs avec des biographies, des récits, et seulement ce qu’il faut de système pour que l’esprit du lecteur ne se promène pas à l’aventure, sans savoir où il arrivera.

616. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « La poésie »

Pour chacun de ces genres, il commence par l’Antiquité, analyse quelques-uns des chefs-d’œuvre, marque les transformations que le genre (si genre il y a) a subies à travers les temps et les lieux, en passant de la Grèce à Rome, puis dans le moyen âge et chez les nations modernes jusqu’à nos jours.

617. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre VI. De la littérature latine sous le règne d’Auguste » pp. 164-175

C’est l’homme tel qu’on le voit, tel qu’il se montre ; ce sont les fortes couleurs, les beaux contrastes du vice et de la vertu ; mais on ne trouve dans l’histoire ancienne, ni l’analyse philosophique des impressions morales, ni l’observation approfondie des caractères, ni les symptômes inaperçus des affections de l’âme.

618. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Vigny, Alfred de (1797-1863) »

Comment l’affection, le mal sacré de l’art, la science successive de la vie, ont-elles, par degrés, amené en lui cette transformation, ou du moins cette alliance du poète au savant, de celui qui chante à celui qui analyse ?

619. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XII. Lo Ipocrito et Le Tartuffe » pp. 209-224

Une analyse succincte fera ressortir les rapports et les différences qui existent entre les deux œuvres.

620. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Jules Laforgue » pp. 36-47

« Puis un roman, tout d’analyses et de notules psychologiques.

621. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — M. de Voltaire, et l’abbé Desfontaines. » pp. 59-72

On ne connoissoit guères avant lui ce genre de critique qui, sans donner dans la sécheresse de la froide analyse ni dans le dégoût de l’érudition, ne prend de celle-ci que ce qu’elle a d’agréable.

622. (1762) Réflexions sur l’ode

Le premier est de prétendre surpasser les anciens en apercevant leurs fautes : il y a loin du goût qui analyse avec justesse, au génie qui produit avec chaleur ; le plus grand tort de La Motte n’est pas d’avoir critiqué l’Iliade, c’est d’en avoir fait une.

623. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Taine »

Toutes ces constructions de sensations, toutes ces reviviscences d’images, toutes ces études d’hallucination, toutes ces dentelles d’analyses physiologiques faites au microscope, tous ces fils de la Vierge qu’on nous montre entre l’index et le pouce, toutes ces bluettes, en fin, qu’on veut nous donner et qu’on nous donne, c’est pour que nous ne puissions apercevoir du premier regard le but où l’on veut nous conduire, et ce but, c’est de réduire les plus grandes et les plus vivantes choses qu’il y ait dans le cœur et la tête de l’homme : Dieu, l’âme et le devoir, à n’être qu’une vile sensation, un ridicule bruit de sonnette dont on tire le cordon, en attendant qu’avec ce cordon on puisse les étrangler.

624. (1925) Portraits et souvenirs

  C’est par la justesse de l’observation, par l’exactitude des analyses, par le choix ingénieux des sujets que valent si différemment les livres qui composent l’œuvre romanesque de Lucien Muhlfeld. […] Mais bientôt le poète curieux et novateur qui était en Laurent Evrard se changeait en un conteur et un romancier chez qui se révélaient des dons surprenants d’analyse et d’observation, en même temps qu’un sens très aigu et très neuf du mystère. […] Ce goût, très marqué chez Laurent Evrard, a pour conséquence une prédilection à mettre en scène des personnages un peu exceptionnels qui, par une certaine bizarrerie d’âme, se prêtent favorablement au genre d’analyse où excelle l’auteur de la Nuit. […] Mais cette sensibilité si moderne, il la traduit par le moyen d’une langue élégante et forte, sans contorsion et sans grossissement, exacte et souple dans l’analyse, juste et claire dans la description et qui, sans surcharge de couleur et d’expression fait songer à ces paysages de la Touraine d’où M.  […] Barrès, tout romantique qu’il fût d’instinct et de tendances, avait dans l’esprit un goût d’analyse, un don de clairvoyance, un désir de logique qui contrebalançaient ses qualités de lyrisme aigu et de pittoresque ardent.

625. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. BALLANCHE. » pp. 1-51

Damiron, à côté d’une analyse parfaitement nette et logique des idées de M. […] Ballanche n’a été conduit là, au moins à ce qu’il me semble, que par suite d’une erreur de goût qui l’a porté à convertir et à traduire en poésie une opinion créée par la réflexion et l’analyse. » Nous croyons qu’il ressort de la biographie psychologique de M. Ballanche, telle que nous avons essayé de la tracer, que ce n’est point par voie d’analyse ou de logique qu’il a composé l’ensemble de son système.

626. (1890) L’avenir de la science « III » pp. 129-135

La critique n’a guère été conçue jusqu’ici que comme une épreuve dissolvante, une analyse détruisant la vie ; d’un point de vue plus avancé on comprendra que la haute critique n’est possible qu’à la condition du jeu complet de la nature humaine et que, réciproquement, le haut amour et la grande admiration ne sont possibles qu’à la condition de la critique. […] Voir encore la fine analyse psychologique que M.  […] Une rigoureuse analyse psychologique classerait l’instinct religieux inné chez les femmes dans la même catégorie que l’instinct sexuel.

627. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres de Virgile »

Dübner qui, poussant plus loin l’analyse, prétend trouver dans la suite des strophes de Thyrsis des exemples caractérisés de méchant naturel, d’exagération, d’incohérence et de mauvais goût, que l’harmonie du rythme et l’élégance de la forme déguisent à peine. […] Il faudrait joindre son analyse à une réimpression de cette Églogue.

628. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. VINET. » pp. 1-32

Ces morceaux sont accompagnés fréquemment d’analyses, toujours de notes, quelquefois de petites notices sur les auteurs, dans lesquelles, en peu de lignes d’une concision excellente, tout point essentiel est rendu frappant, tout point en réserve est touché. […] Et combien il est ingénieux et vif à animer l’analyse la plus abstraite de la grammaire !

629. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Racine — I »

Il faut donc qu’ils aient une bonté médiocre, c’est-à-dire une vertu capable de faiblesse, et qu’ils tombent dans le malheur par quelque faute qui les fasse plaindre sans les faire détester. » J’insiste sur ce point, parce que la grande innovation de Racine et sa plus incontestable originalité dramatique consistent précisément dans cette réduction des personnages héroïques à des proportions plus humaines, plus naturelles, et dans cette analyse délicate des plus secrètes nuances du sentiment et de la passion. […] Cette pensée secrète qui le travaillait perce déjà dans la préface de Phèdre, et dut le soutenir, plus qu’on ne croit, dans l’analyse profonde qu’il fit de cette douleur vertueuse d’une âme qui maudit le mal et s’y livre.

630. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « L’abbé Prévost »

La littérature anglaise y est jugée fort au long dans la personne des plus célèbres écrivains ; on y lit des notices détaillées sur Roscommon, Rochester, Dennys, Wicherley, Savage ; des analyses intelligentes et copieuses de Shakspeare ; une traduction du Marc-Antoine de Dryden, et d’une comédie de Steele. […] Antérieur par sa manière au règne de l’analyse et de la philosophie, il ne copie pourtant pas, en l’affaiblissant, quelque genre illustré par un formidable prédécesseur ; son genre est une invention aussi originale que naturelle, et dans cet entre-deux des groupes imposants de l’un et de l’autre siècle, la gloire qu’il se développe ne rappelle que lui.

631. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Introduction »

Le premier volume est divisé en trois sections ; la première traite successivement de l’influence de chaque passion sur le bonheur de l’homme ; la seconde analyse le rapport de quelques affections de l’âme avec la passion ou avec la raison ; la troisième offre le tableau des ressources qu’on trouve en soi, de celles qui sont indépendantes du sort, et surtout de la volonté des autres hommes. […] Dans l’analyse des diverses affections morales de l’homme, il se rencontrera quelquefois des allusions à la révolution de France ; nos souvenirs sont tous empreints de ce terrible événement : d’ailleurs, j’ai voulu que cette première partie fut utile à la seconde, que l’examen des hommes un à un put préparer au calcul, des effets de leur réunion en masse ; j’ai espéré, je le répète, qu’en travaillant à l’indépendance morale de l’homme, on rendrait sa liberté politique plus facile, puisque chaque restriction qu’il faut imposer à cette liberté, est toujours commandée par l’effervescence de telle ou telle passion.

632. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis »

Cette passion devint le sujet habituel de ses vers, et il nous reste de lui un nombre considérable de sonnets de canzoni, et d’autres compositions poétiques, dans lesquels, à l’exemple de Pétrarque, tantôt il célèbre la beauté de sa maîtresse et les qualités de son esprit en général, tantôt il s’arrête sur une des perfections particulières de sa figure ou de son âme, d’autres fois il s’attache à décrire les effets de sa passion ; il les peint et les analyse avec toute la finesse et toute la grâce possibles, jointes à une grande perfection de poésie et quelquefois même à une philosophie profonde. […] Cela lui donne occasion de développer les dogmes philosophiques de Platon ; et après avoir soigneusement examiné la valeur réelle de tous les biens d’un ordre inférieur, de tous les avantages purement matériels et temporels, il conclut que ce n’est ni dans la condition brillante et élevée de l’un, ni dans l’état humble et obscur de l’autre, qu’il faut chercher le véritable et solide bonheur ; mais qu’on ne saurait le trouver, en dernière analyse, que dans la connaissance et l’amour de la première cause, de l’Être suprême et infini.

633. (1892) Boileau « Chapitre IV. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » » pp. 89-120

Ils lisent dans la facture de l’œuvre la pensée de l’artiste, et par leur analyse minutieuse des procédés d’exécution, ils atteignent les sources mêmes de l’originalité créatrice. […] La réalité détermine et limite la conception poétique, et dans cette doctrine, comme dans tout art naturaliste, l’imagination n’est qu’une opération de synthèse qui rétablit en formes concrètes et vivantes les réalités dissoutes et détruites par l’analyse.

634. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. Le théâtre romantique »

L’objet de Vigny n’est pas une étude de caractère, une analyse de sentiments : c’est de manifester une idée philosophique. « J’ai voulu montrer l’homme spiritualiste étouffé par une société matérialiste, où le calculateur avare exploite sans pitié l’intelligence et le travail. » Chatterton est le symbole (le mot est de Vigny) du poète. […] Son théâtre est exquis par la fine notation d’états sentimentaux très originaux et très précis : il s’analyse lui-même sous ses noms divers avec une acuité poignante.

635. (1921) Enquête sur la critique (Les Marges)

Un critique, différent pour chaque rubrique, donnerait des analyses sérieuses des livres qui lui paraissent les plus importants, et remettrait à un critique qui lui serait adjoint, et qu’il aurait choisi, le reste des livres concernant cette rubrique et dont ce lieutenant donnerait un bref compte rendu. […] Il faudrait maintenant reprendre cette analyse historique où Gourmont l’a laissée, car il s’est tout de même passé certaines choses depuis cette époque symboliste qui paraît déjà vieille.

636. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. John Stuart Mill — Chapitre II : La Psychologie. »

La seconde des qualités fondamentales du corps est l’étendue ; notion qui a été longtemps considérée comme irréductible par l’École intuitive de Reid et de Stewart, mais dont l’analyse psychologique de l’École expérimentale s’est efforcée d’expliquer l’origine. […] Tandis que certains logiciens y voient le type universel du raisonnement, et pensent que tout procédé discursif se réduit en dernière analyse à tirer les idées les unes des autres, M. 

637. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre VI. Le Bovarysme essentiel de l’humanité »

On ne voit pas que ce corps, différencié dans l’espace d’une série d’autres corps auxquels il s’appareille par des ressemblances spécifiques, n’est, quand on l’analyse isolément, qu’un composé de parties à l’infini. […] Enfin, se fractionnant et se transposant, elle fait éclore ces sciences d’observations, les dernières venues, la psychologie, qui analyse et classe les états de conscience, la physiologie du cerveau et des centres nerveux, qui étudie, selon les procédés des sciences naturelles, les organes de la pensée.

638. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre III : Examen de la doctrine de Tocqueville »

Si nous essayons de résumer cette analyse de l’œuvre accomplie par M. de Tocqueville comme publiciste et comme philosophe, nous reconnaissons qu’il a rendu à la politique un incontestable service en lui restituant son caractère de science, qu’elle avait perdu presque entièrement dans notre siècle. […] Tocqueville a eu le goût des faits politiques dans un temps où la plupart des esprits n’aimaient que les systèmes politiques : il apportait à la recherche et à l’analyse des institutions la même ardeur et la même passion qu’Augustin Thierry et M. 

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