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1745. (1921) Esquisses critiques. Première série

Bien que son jugement soit pénétrant et solide, sa critique essentiellement subjective se présente principalement en effusions sentimentales, en images lyriques — surtout quand il admire — qui s’adressent au cœur plutôt qu’ils ne persuadent l’intelligence. […] Il fallut admirer cette architecture ou plutôt cette charpente romanesque, la sûreté de main avec laquelle étaient disposés les ressorts de la composition, leur force et leur mise en œuvre. […] De sorte que si, par quelque suite inimaginable de circonstances, quelqu’un de leurs modèles disparaissait ou se trouvait oublié, on pourrait alors admirer chez eux, comme leur appartenant en propre, un esprit varié, une curieuse imagination dramatique ; leur gaucherie et la difficulté de leur dramaturgie sembleraient un effort ingénieux vers une affabulation plus simple, et c’est précisément ce que l’on songe à relever en eux par où ils plairaient davantage.

1746. (1893) Alfred de Musset

Mais tu sais qu’elles ne vont pas encore jusqu’à me faire aimer Racine (janvier 1830). » En attendant que ses réflexions portassent leurs fruits, bons ou mauvais, il écrivait rapidement les Contes d’Espagne et d’Italie, et ses amis n’y remarquaient qu’un heureux crescendo d’impertinence pour tout ce que le bourgeois encroûté de préjugés classiques se faisait un devoir de respecter et d’admirer. […] Chaque jour je m’attache à lui ; chaque jour je vois s’effacer en lui les petites choses qui me faisaient souffrir ; chaque jour je vois luire et briller les belles choses que j’admirais. […] On ne l’a point admiré, on l’a aimé ; c’était plus qu’un poète, c’était un homme.

1747. (1932) Les idées politiques de la France

Il faut admirer ce parallélisme et cette solidarité des deux corporations. […] Jaurès, qui l’eût admiré, eût retrouvé avec ce titre l’atmosphère de sa jeunesse philosophique et normalienne : il s’agit, en effet, pour la pensée socialiste de dépasser Marx au sens exact ou il s’agissait pour un philosophe, formé par Lachelier ou Boutroux, de dépasser Kant. […] Un socialisme souple a pris la place du socialisme doctrinaire encore florissant et admire au début du siècle.

1748. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 5482-9849

On pourroit donner pour exemple du style doux, qui n’est pas le doucereux, & qui est moins agréable que le style fleuri, ces vers d’un autre opéra : Plus j’observe ces lieux, & plus je les admire ; Ce fleuve coule lentement, Et s’éloigne à regret d’un séjour si charmant. […] Rollin qui répete tous les contes de cette espece, admire la science de l’oracle, & la véracité d’Apollon, ainsi que la pudeur de la femme du roi Candaule ; & à ce sujet, il propose à la police d’empêcher les jeunes gens de se baigner dans la riviere. […] L’homme est tellement machine, que le vin donne quelquefois cette imagination, que l’oisiveté anéantit ; il y a là de quoi s’humilier, mais de quoi admirer.

1749. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « PARNY. » pp. 423-470

Quoi qu’il en soit, et quoique lui-même il ait trop négligé de nous faire admirer en ses vers cette charmante solitude, dont il a parlé en un endroit assez légèrement164, c’est là, c’est à l’entrée que la nature plaça son nid mélodieux, et jeune, de retour dans l’île à l’âge de vingt ans, surtout vers la fin de son séjour, aux heures inquiètes où l’infidélité d’Éléonore le désolait, il dut quelquefois promener vers ces sentiers écartés ses rêves, ses attentes ou ses désespoirs de poëte et d’amant165.

1750. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIe entretien. Littérature politique. Machiavel » pp. 241-320

Ces sublimes écrits ne le tiraient pas de la misère : les Médicis continuaient à le craindre ; Léon X admirait mais ne récompensait pas ses travaux.

1751. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (2e partie). Littérature de l’Allemagne. » pp. 289-364

Humboldt, qui la reconnaît et qui l’admire, conjecture qu’elle est le reflet d’astres innombrables et lumineux noyés dans les espaces les plus rapprochés du soleil.

1752. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre III. La poésie romantique »

Rien ne blesse Lamartine : il aime, il admire, il croit ; tout est harmonie et beauté756.

1753. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre II. Le rôle de la morale » pp. 28-80

Mais ce que l’on admire en ces cas-là, ce n’est pas réellement l’individu lui-même, c’est ce qu’il y a, encore et toujours, de social en lui, c’est sa lutte contre une société criminelle ou trompée au nom d’une autre société supposée meilleure.

1754. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 14 mars 1885. »

Le grand public français, qui, depuis long temps, admire l’œuvre du Maître, est, enfin, parvenu à la comprendre.

1755. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 novembre 1885. »

Rassemblant en vertu de cette affirmation, la poésie, la musique, la mimique, et cette partie de l’art pictural qui s’exerce dans la beauté des décors et la noblesse des costumes, elle a conduit le maître à produire des œuvres grandioses et neuves que sont contraints d’admirer tous ceux que le haut art enthousiasme.

1756. (1914) Boulevard et coulisses

Nous admirions des écrivains comme Barbey d’Aurevilly et Jules Vallès, qui gagnaient à peine leur vie, et nous n’aurions pas songé une minute à les plaindre.

1757. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre III. Poëtes françois. » pp. 142-215

de Voltaire, n’est point digne d’admirer Moliere.

1758. (1855) Préface des Chants modernes pp. 1-39

Les jours sont passés où l’on pouvait admirer cette devise qui a sa grandeur : Credo quia absurdum !

1759. (1870) La science et la conscience « Chapitre I : La physiologie »

Littré cite des vers de Schiller sur la beauté, don de la nature, tant admirée et aimée des êtres humains.

1760. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre III. La Révolution. »

Voici d’abord Tillotson, le plus autorisé de tous, sorte de Père de l’Église, tellement admiré que Dryden déclare avoir appris de lui l’art de bien écrire, et que ses sermons, seule propriété qu’il laisse à sa veuve, sont achetés par un libraire deux mille cinq cents livres sterling. […] Il reste à demi barbare, empâté dans l’exagération et la violence ; mais sa fougue est si soutenue, sa conviction si forte, son émotion si chaleureuse et si surabondante, qu’on se laisse aller, qu’on oublie toute répugnance, qu’on ne voit plus dans ses irrégularités et ses débordements que les effusions d’un grand cœur et d’un profond esprit trop ouverts et trop pleins, et qu’on admire avec une sorte de vénération inconnue cet épanchement extraordinaire, impétueux comme un torrent, large comme une mer, où ondoie l’inépuisable variété des couleurs et des formes sous le soleil d’une imagination magnifique qui communique à cette houle limoneuse toute la splendeur de ses rayons.

1761. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff » pp. 237-315

Parcourons-le et citons-le à grandes pages, le roman de mœurs ne peut pas se comprendre ou s’admirer autrement. […] On se souvenait des facultés de travail du robuste muet ; on lui donna une faux, et il se mit à l’ouvrage comme par le passé, et il faucha de telle sorte que tous ses compagnons l’admiraient.

1762. (1865) La crise philosophique. MM. Taine, Renan, Littré, Vacherot

De là ce singulier rêve, que l’on a admiré dans la Vie de Jésus, d’une résurrection possible de toutes les consciences dans une conscience finale, terminaison étrange de cette cosmogonie arbitraire, dénouement fantastique de cette merveilleuse féerie que l’univers joue devant nous, et dont nous sommes nous-mêmes les spectateurs et les acteurs. […] Il y a des esprits qui n’ont pas le goût de la métaphysique ; qu’ils s’en abstiennent, rien de mieux : ils seront plus utiles en faisant autre chose ; mais que, mesurant les destinées de l’esprit humain d’après leurs goûts et leurs inclinations, ils veuillent supprimer toute recherche dont ils ne sont point eux-mêmes curieux, c’est là une vue si aveugle et si étroite, qu’on ne peut trop en admirer la naïveté et l’impuissance.

1763. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « L’obligation morale »

Maintenant, l’impulsion deviendrait manifestement attraction si le respect « de soi » était celui d’une personnalité admirée et vénérée dont on porterait en soi l’image et avec laquelle on aspirerait à se confondre, comme la copie avec le modèle. […] Avant de répondre à cette question, admirons la vertu magique du langage, je veux dire le pouvoir qu’un mot confère à une idée nouvelle, quand il s’étend à elle après s’être appliqué à un objet préexistant, de modifier celui-ci et d’influencer le passé rétroactivement.

1764. (1923) Paul Valéry

Mon regard épelait mille petites figures, tombait sur une tête triste, ouvrait sur des bras, sur des gens, et enfin se brûlait. » Ce « morceau nu de femme » qui brillait dans la vapeur, Flaubert et Goncourt eussent fort admiré cela, mais ils l’eussent mis à la fin, en valeur, pour arrêter le regard. […] Admire comme elle vibre, Et, comme une lente fibre Qui divise le moment, Départage sans mystère L’attirance de la terre Et le poids du firmament.

1765. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Deuxième série

Le déiste pur, qui croit en Dieu sans croire à un autre monde, s’étonne que Dieu ait rendu si malaisé à ses enfants le séjour d’ici-bas, admire qu’il ait mis en nos cœurs tant dépassions funestes comme pour le plaisir de les voir agir, et peut en arriver à se dire. […] Il est le père des collectivistes, en ce que les résultats, séduisants pour la plupart, qu’il voyait au bout de son système, les collectivistes les souhaitent, les admirent, font remarquer comme ils sont beaux, et proposent tous les moyens possibles d’y atteindre, sauf, il est vrai, celui de Fourier. […] Lisez ses traités contre les protestants et vous admirerez avec quelle force de raisonnement il prouve qu’on doit se soumettre sans balancer aux décisions des pasteurs de l’Église qui sont faites sous l’autorité de leurs chefs, parce que l’Église seule peut nous ouvrir un sentier de lumière à travers le labyrinthe des opinions humaines. […] Buffon seul, avec le plus grand soin, et la plus vive insistance, nullement chrétien, mais très décidément spiritualiste en cela, avait creusé à nouveau le fossé jusqu’à en faire un abîme, et replacé l’homme sur un piédestal, que, non sans emphase, il fait admirer, et qu’il ne semble jamais trouver assez haut. — Vico, là-bas, dans sa solitude, avait, par une suite naturelle de ses idées générales, dit quelques mots dans le même sens que Buffon. — De Bonald chargeait dans la même direction avec la rectitude violente, la fougue, la « suite enragée » et l’absolue ignorance des nuances et des détours, qu’on lui connaît.

1766. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7172-17709

Je ne prétends pas dire que le poëte ait eu explicitement cette intention : mais il est certain que le fondement des beautés qu’on admire avec enthousiasme dans le procumbit humi bos, n’a pas plus de solidité ; peut-être même en a-t-il moins.

1767. (1891) Impressions de théâtre. Cinquième série

Edouard Rod, « Ibsen comprend la nécessité historique de l’avènement du christianisme sans l’admirer ni l’aimer, sans cesser d’aspirer à un troisième règne qu’il ne définit pas, mais qui serait la réconciliation entre la théorie de la jouissance, fond des croyances païennes, et celle de la renonciation, base des doctrines nouvelles. » Le volume est orné d’un portrait d’Ibsen. […] Et alors je ne cesse point d’estimer ni même d’admirer ces étrangers, et je les remercie du petit frisson de plaisir et d’enthousiasme qu’ils m’ont donné ; mais ils ne m’en font plus tant accroire. […] Je n’ai jamais pu ni haïr Péponnet ni admirer les deux rapins des Faux Bonshommes autant que le voudrait Théodore Barrière. […] Par suite, les étrangers nous laissent mieux rêver et inventer autour d’eux ; nous leur apportons beaucoup plus de nous-mêmes et, à cause de cela, nous les admirons et les aimons davantage. […] De savoir au juste si j’admire dans son théâtre ce qu’il y a mis ou ce que les plus subtils de mes compatriotes m’y ont fait voir, la question est évidemment insoluble.

1768. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Saint-Arnaud. Ses lettres publiées par sa famille, et autres lettres inédites » pp. 412-452

Il y a eu de nos jours, et dans un intervalle de peu d’années, trois belles morts, trois morts généreuses, égales à tout ce qu’on peut admirer en ce genre dans le passé, et qui laissent ceux qui ont succombé dans une attitude historique suprême, plus grands qu’il ne leur avait été donné de paraître jusque-là dans leur vie ; la mort de M. 

1769. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre III. Services locaux que doivent les privilégiés. »

(Lettre du bailli du 25 septembre 1760) : « Je suis à Harcourt où j’admire la bonne et honnête grandeur du maître.

1770. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre (2e partie) » pp. 5-80

En système comme en politique il ne sut pas assez douter : l’excès de la foi mène au fanatisme ; mais, tel qu’il fut, on ne pourra s’empêcher d’admirer et d’aimer en lui le plus vertueux, le plus convaincu, le plus éloquent, le plus original, le plus aimable des explorateurs d’idées.

1771. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIe entretien. L’Imitation de Jésus-Christ » pp. 97-176

La nature cherche à savoir les secrets et à entendre des nouvelles ; elle aime à se produire au dehors et à s’assurer de beaucoup de choses par le témoignage des sens ; elle désire d’être connue et de faire des choses qui puissent lui attirer des louanges et de l’admiration : mais la grâce ne se soucie point d’apprendre des choses nouvelles ou curieuses, parce que tout cela vient de la corruption du vieil homme ; n’y ayant rien de nouveau ni de durable sur la terre ; elle enseigne donc à réprimer les sens, à éviter la vaine complaisance et l’ostentation, à cacher avec humilité tout ce qui pourrait être loué et admiré, et à rechercher en toutes choses et dans toutes les sciences l’utilité qui en peut revenir, ainsi que l’honneur et la gloire de Dieu ; elle ne veut point qu’on parle avantageusement d’elle ni de ce qui la touche ; mais elle souhaite que Dieu soit béni dans tous ses dons, comme celui qui les répand tous par pure charité.

1772. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre neuvième »

Il n’y a plus là de ces acteurs favoris auxquels le poète donnait tous les bons mots à dire, qui parlent plus que ne veut l’action, qui se moquent d’autrui et d’eux-mêmes, qui font penser à l’esprit du poète et admirer celui qui les souffle.

1773. (1890) L’avenir de la science « III » pp. 129-135

J’aime et j’admire le grand scepticisme désespérant, dont l’expression a enrichi la littérature moderne de tant d’œuvres admirables.

1774. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VIII. La littérature et la vie politique » pp. 191-229

Pour admirer un ouragan, pour en sentir l’épouvantable et sublime majesté, il ne faut pas être livré soi-même à sa fureur, forcé de combattre les vagues sans relâche, en danger de périr à chaque instant.

1775. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1884 » pp. 286-347

Mais en même temps je soutiens que le plus admiré de tous les croquetons de Meissonier, tout grand dessinateur incontestable qu’il est, ne pourrait tenir, à côté d’un dessin de Gabriel de Saint-Aubin, par exemple la vignette de L’Intérêt personnel, que justement je regardais chez moi ce matin.

1776. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Charles Dickens »

Il n’admire ni la force de l’esprit qu’il ne comprend pas, ni la force de la volonté, la belle dureté de caractère, l’invincible ténacité de desseins dont ses compatriotes eussent dû cependant lui présenter d’impérieux exemples.

1777. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Gustave Flaubert. Étude analytique » pp. 2-68

Or que l’on se rappelle que Flaubert vécut au déclin du romantisme, qu’il put absorber et absorba en effet l’énorme vocabulaire du plus grand génie verbal de tous les temps, qu’il admira Hugo avec la ferveur d’un disciple et d’un semblable2.

1778. (1857) Cours familier de littérature. III « XIVe entretien. Racine. — Athalie (suite) » pp. 81-159

Sa vue a ranimé mes esprits abattus ; Mais lorsque, revenant de mon trouble funeste, J’admirais sa douceur, son air noble et modeste, J’ai senti tout à coup un homicide acier Que le traître en mon sein a plongé tout entier… De tant d’objets divers le bizarre assemblage Peut-être du hasard vous paraît un ouvrage.

1779. (1840) Kant et sa philosophie. Revue des Deux Mondes

Leibnitz, dont on ne peut trop admirer le génie, Leibnitz lui-même est un disciple de Descartes, disciple, il est vrai, qui a surpassé son maître, mais qui, malheureusement entraîné par une curiosité universelle, la passion de toutes les gloires et les distractions de la vie politique, n’a jeté que d’admirables vues, sans fonder un système net et précis.

1780. (1884) L’art de la mise en scène. Essai d’esthétique théâtrale

Depuis que mon attention s’est arrêtée sur la mise en scène, j’ai pu admirer la science et le goût qui président à la composition artistique des décorations, à la recherche des effets pittoresques ou grandioses, au choix étudié des costumes, à la juste somptuosité des ameublements, à l’instruction orchestrique de la figuration et à la merveilleuse précision des jeux de scène. […] Elle s’admire dans les œuvres qui flattent ses goûts, comme le fat devant un miroir qui reflète son air à la mode. […] N’est-ce pas, en effet, ce défaut, joint à l’abus du pittoresque et de l’antithèse, qui déjà, du vivant même de Victor Hugo, nuit à l’œuvre dramatique du poète, en dépit de l’imagination poétique qu’on admire dans Hernani, cette œuvre rayonnante de jeunesse et de passion, en dépit de la perfection littéraire à laquelle atteint le style de Ruy Blas. […] Or la veille du jour où vous avez vu Bertrand et Raton, vous aviez pu voir Pot-Bouille à l’Ambigu et admirer le magasin des Vabre avec son élégant escalier en spirale, avec ses commis, ses acheteuses qu’un équipage réel attend à la porte ; et le lendemain vous avez peut-être vu La Charbonnière à la Gaîté.

1781. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre premier. Nature et réducteurs de l’image » pp. 75-128

Lorsque Beethoven, devenu tout à fait sourd, composa plusieurs de ses grandes œuvres, les combinaisons de sons et de timbres que nous admirons en elles aujourd’hui lui étaient présentes.

1782. (1858) Cours familier de littérature. V « XXXe entretien. La musique de Mozart (2e partie) » pp. 361-440

Bien que la Faustine fût véritablement d’une beauté accomplie et assez orgueilleuse pour savoir parfaitement combien elle était admirée, elle ne put s’empêcher de s’écrier : C’est vrai, c’est vrai, elle est encore plus belle que moi !

1783. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque » pp. 2-79

II Jamais l’œuvre et l’écrivain ne sont plus indissolublement unis que dans les vers de Pétrarque, en sorte qu’il est impossible d’admirer la poésie sans raconter le poète : cela est naturel, car le sujet de Pétrarque c’est lui-même ; ce qu’il chante c’est ce qu’il sent.

1784. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLe entretien. Littérature villageoise. Apparition d’un poème épique en Provence » pp. 233-312

Mireille admire, raille, refuse, et s’enfuit.

1785. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Troisième partie de Goethe. — Schiller » pp. 313-392

Ou ne sait lequel admirer le plus, ou du maître sans ombrage ou du disciple sans rivalité.

1786. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIe entretien. Cicéron » pp. 81-159

Cicéron cède à demi à tant de caresses ; il revient à Rome, il y reprend son rôle de défenseur des citoyens ; il invoque, dans des harangues trop adulatrices, la magnanimité de César pour les vaincus de Pharsale ; il admire l’homme dans César, tout en détestant le tyran.

1787. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (3e partie) et Adolphe Dumas » pp. 65-144

Femme, c’est ainsi que je te contemple, t’admire et que j’ai tremblé de toucher tes genoux, car j’éprouve des douleurs cruelles.

1788. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIIe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin » pp. 225-319

J’admire son discours de vendredi sur la Prière, qui est vraiment un cantique. » Le 18 mars.

1789. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (3e partie) » pp. 193-271

C’est bien assez de la dédaigner, en n’en profitant pas ; il n’y a pas de cœur, même le plus endurci, qui ne doive l’admirer, et remercier le législateur suprême de tant de bienveillance à côté de tant de pouvoir.

1790. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (2e partie) » pp. 81-159

Les objurgations en vinrent à un tel point qu’il fallut toute la fermeté de ce caractère que l’Europe a depuis, et à son étonnement, admiré dans le Pape, pour le faire résister non moins aux efforts de la France afin de m’éloigner de ses côtés, qu’à mes prières elles-mêmes.

1791. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (2e partie) » pp. 161-239

Lisez cette description langoureuse des amours et des chants de l’oiseau moqueur : Quand le chant d’amour de l’oiseau moqueur perce les feuillages du magnolia de la Louisiane au vaste tronc et à l’immense coupole de verdure, l’Européen qui se rappelle l’hymne nocturne du rossignol tapi sous l’ombre des chênes ressent un secret mépris pour ce qu’il admirait autrefois.

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