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1074. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIe entretien. Molière et Shakespeare »

Ici, le mystère extérieur ; là, le mystère intérieur. […] La voix est près de manquer au corbeau lui-même, dont les croassements annoncent l’entrée fatale de Duncan dans l’intérieur de mes murailles. — Venez, venez, esprits qui excitez les pensées homicides ; dépouillez-moi de mon sexe en cet instant, et remplissez-moi du sommet de la tête jusqu’à la plante des pieds, remplissez-moi de la plus atroce cruauté.

1075. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Edmond et Jules de Goncourt »

Ainsi un homme qui marche à l’intérieur d’une maison, si nous regardons du dehors, apparaît successivement à chaque fenêtre, et dans les intervalles nous échappe. […] Plusieurs de leurs tableaux sont d’une tristesse qui prend aux nerfs, qui fait mal, et d’autant plus qu’elle sort des choses et non plus, comme dans l’ancien roman dit idéaliste, d’une situation morale, généralement d’une lutte intérieure entre des sentiments contraires, exposée sous forme d’effusion solitaire ou de dialogues.

1076. (1831) Discours aux artistes. De la poésie de notre époque pp. 60-88

Il n’a donc pas d’autre moyen de réaliser le produit de sa vie intérieure que de l’incarner dans ce qui existe déjà. […] Ou l’homme exprimera directement, mais très imparfaitement, par le langage abstrait, le résultat de sa vie intérieure ; Ou il ira puiser dans le monde extérieur, à la source commune des impressions, dans l’océan de vie où tous nous sommes plongés, des images capables de donner par elles-mêmes les sensations, les sentiments, et jusqu’aux jugements qu’il veut exprimer.

1077. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre cinquième. De l’influence de certaines institutions sur le perfectionnement de l’esprit français et sur la langue. »

Il en est du traité de Nicole comme de certaines vertus modestes : on les ignore, parce qu’elles ne sont pas actives, et parce que leur perfection, tout intérieure, consiste moins à agir qu’à s’abstenir. […] La raison voulait cet ordre : car la grammaire, qui traite des signes et de la forme de nos pensées, n’est-elle pas la clef même avec laquelle nous pénétrons dans l’intérieur de notre esprit ?

1078. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XII : Distribution géographique (suite) »

Chaque souche, c’est-à-dire chaque individu, tendit par cela même à faire race, et par suite espèce ; de sorte qu’il en dut résulter une différenciation infinie mais peu importante des formes extérieures ou plutôt des groupements, avec une grande ressemblance intérieure et essentielle, et, par le fait, une grande identité d’habitudes sous des conditions de vie par tout le monde uniformes. […] Les organismes fixés au sol durent se diviser en zoophytes et en phytozoaires, les uns destinés à devenir plus tard de vraies plantes et les autres de vrais animaux ; tandis que d’autre côté les formes libres ou flottantes revêtirent successivement, et peut-être dans une période relativement courte pour de si grands changements, les quatre types principaux du règne animal, c’est-à-dire les rayonnés mous et gélatineux ou pierreux et testacés, ensuite les mollusques, puis les articulés qui donnèrent en se divisant les crustacés, les arachnides et les insectes, et, enfin, les types vertébrés qui, au lieu de se former une carapace, un test, ou une coquille, se sécrétèrent peu à peu un squelette intérieur.

1079. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — II. (Suite.) » pp. 463-478

Celui-ci, conseiller privé de la régence de Saverne, chef du conseil et secrétaire du cardinal (on lui donne alternativement tous ces titres), appliquait en effet ses connaissances précises à l’administration de ce petit État, en même temps qu’il charmait par son esprit l’intérieur du palais.

1080. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Mémoires du duc de Luynes sur la Cour de Louis XV, publiés par MM. L. Dussieux et E. Soulié. » pp. 369-384

. — Ce sont ces graves événements de l’intérieur des cabinets et des petits appartements, dont les premiers volumes du duc de Luynes nous donnent le fil continu et comme le canevas tout uni : il n’y a plus qu’à broder là-dessus des fleurs, si l’on veut, et à semer des couleurs.

1081. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) «  Œuvres et correspondance inédites de M. de Tocqueville — II » pp. 107-121

Je vous avais porté dans l’intérieur du cabinet comme au dehors jusqu’ici à outrance, il faut que je m’en confesse.

1082. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Lettres de Madame de Sévigné »

D’autres fois le sentiment intérieur, l’analyse morale s’en mêle : c’est un peu plus subtil, mais toujours aussi abondant.

1083. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Mélanges scientifiques et littéraires, (suite et fin.) »

Il était fier, et avec raison, de cette découverte : « Auparavant, disait-il, les chimistes ressemblaient à des architectes qui, pour connaître un édifice, auraient commencé par le démolir et auraient prétendu ensuite juger de sa structure intérieure d’après la nature, le nombre et le poids des matériaux bruts, au lieu que maintenant, dans bien des cas, on peut saisir la constitution intime des corps sans les endommager, et distinguer les propriétés essentielles des particules mêmes en situation. » — Se plaignant que les chimistes tardassent trop à user de ce nouveau moyen d’investigation délicate : « Les chimistes ne sont que des cuisiniers, disait-il encore ; ils ne savent pas tirer parti de l’admirable instrument que je leur ai mis entre les mains. » Mais, enfin, il y eut de jeunes et habiles chimistes qui en essayèrent et qui donnèrent à M. 

1084. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite et fin.) »

Le bon Eckermann, qui avait peur que la conversation ne changeât de cours, essaya de la ramener en disant : « Je crois cependant que c’est surtout quand Napoléon était jeune, et tant que sa force grandissait, qu’il a joui de cette perpétuelle illumination intérieure : alors une protection divine semblait veiller sur lui ; à son coté restait fidèlement la fortune ; mais plus tard… —  Que voulez-vous ?

1085. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Mémoire de Foucault. Intendant sous Louis XIV »

Foucault, de cinq ans environ plus jeune que Louis XIV, fut un des agents secondaires, mais actifs et vigoureux, de l’administration de ce monarque à l’intérieur, un des préfets, comme nous dirions, qui le servirent avec le plus de zèle pour rétablissement de l’unité en tout, de l’uniformité et de la discipline.

1086. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Feuillet ne se fait pas faute de nous offrir de ces intérieurs de vieillards, comme dans le Village ; il triomphe de la difficulté, et il ne craint pas, tant il y met de soin et de coquetterie, que ces vieilles amours nous paraissent sentir le rance), deux vieilles gens donc, Mme d’Ermel, femme de soixante-deux ans, et le docteur Jacobus, Hollandais, qui en a soixante-dix, jouent tous les soirs une partie de dames que le vieux médecin vient faire chez sa voisine à la campagne.

1087. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Souvenirs d’un diplomate. La Pologne (1811-1813), par le baron Bignon. »

Mais il est curieux d’entrevoir l’intérieur des coulisses d’alors : l’abbé de Pradt, évidemment, causait beaucoup avec M. de Senfft, et pendant ce séjour même de Bayonne où il servait la politique de Napoléon, il la dénigrait et parlait contre dans le tête-à-tête ; l’ancien émigré, l’ancien constituant, le futur auteur de l’Ambassade de Varsovie, reparaissaient ou se révélaient en lui, et bouillonnaient, pétillaient, s’entrechoquaient pêle-mêle dans les apartés où il laissait son masque de courtisan.

1088. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Souvenirs d’un diplomate. La Pologne (1811-1813), par le baron Bignon. (Suite et fin.) »

M. de Senfft désirait in petto un rétablissement complet de la Pologne, mais sans le concours de la France, par un soulèvement spontané des anciennes provinces polonaises, à la faveur de la guerre que la Russie soutenait alors contre les Turcs, avec je ne sais quels efforts combinés de l’Autriche, de la Suède, d’une partie de l’Allemagne du centre, et avec l’assentiment de l’Angleterre, — tout un rêve : il dut contenir de telles pensées dans son for le plus intérieur, et les quelques Polonais auxquels il crut pouvoir s’en ouvrir en confidence, n’étaient pas en position d’y aider.

1089. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « La civilisation et la démocratie française. Deux conférences par M. Ch. Duveyrier »

Mille écluses maîtriseraient et distribueraient l’inondation sur toutes les parties du territoire ; les huit ou dix milliards de toises cubes d’eau qui se perdent chaque année dans la mer, seraient réparties dans toutes les parties basses du désert, dans le lac Mœris, le lac Maréotis et le Fleuve sans eau, jusqu’aux Oasis et beaucoup plus loin du côté de l’ouest, — du côté de l’est, dans les Lacs Amers et toutes les parties basses de l’Isthme de Suez et des déserts entre la mer Rouge et le Nil ; un grand nombre de pompes à feu, de moulins à vent, élèveraient les eaux dans des châteaux d’eau, d’où elles seraient tirées pour l’arrosage ; de nombreuses émigrations, arrivées du fond de l’Afrique, de l’Arabie, de la Syrie, de la Grèce, de la France, de l’Italie, de la Pologne, de l’Allemagne, quadrupleraient sa population ; le commerce des Indes aurait repris son ancienne route par la force irrésistible du niveau… » Le mot de civilisation ne s’est pas rencontré encore ; il n’échappe qu’à la fin et aux dernières lignes, comme le résumé de tout le tableau ; il introduit avec lui et implique l’idée morale, qui a pu paraître jusque-là assez absente : « Après cinquante ans de possession, la civilisation se serait répandue dans l’intérieur de l’Afrique par le Sennaar, l’Abyssinie, le Darfour, le Fezzan ; plusieurs grandes nations seraient appelées à jouir des bienfaits des arts, des sciences, de la religion du vrai Dieu ; car c’est par l’Égypte que les peuples du centre de l’Afrique doivent recevoir la lumière et le bonheur ! 

1090. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine »

Il n’y est tenu aucun compte de l’élément intérieur, du ressort principal qui explique les actions et toute la conduite de Racine dans ses dernières années, de son inspiration religieuse véritable, de son âme en un mot : et c’est elle qu’un ami du dedans va nous découvrir dans toute sa sincérité.

1091. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. BRIZEUX (Les Ternaires, livre lyrique.) » pp. 256-275

Les Ternaires appartiennent assez véritablement par leur caractère à une troisième époque de la vie intérieure du poëte.

1092. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVII. De la littérature allemande » pp. 339-365

Les hommes éclairés, en Allemagne, n’existent que pour l’étude, et leur esprit se soutient en lui-même par une sorte d’activité intérieure, plus continuelle et plus vive que celle des Anglais.

1093. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre II. Le mouvement romantique »

Ces règles étaient de trois sortes : les définitions des genres nettement séparés entre eux et sans communication ; les lois intérieures de chaque genre, qui faisaient prévaloir l’unité du type sur la diversité des tempéraments ; les préceptes du goût, qui limitaient l’artiste dans le choix des objets d’imitation et des procédés d’expression.

1094. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Gaston Paris et la poésie française au moyen âge »

Pour comprendre et pour aimer certains sentiments, il faut du moins en porter les germes en soi, il faut être capable de les ressusciter, fût-ce par jeu, de les éprouver, fût-ce un moment et en sachant bien que c’est une comédie intérieure qu’on se donne et dont on reste détaché.

1095. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIV. La commedia dell’arte au temps de Molière (à partir de 1662) » pp. 265-292

(L’intérieur de la prison.)

1096. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre III. Grands poètes : Verlaine et Mallarmé, Heredia et Leconte de Lisle » pp. 27-48

L’Alexandrin, chez les plus traditionnels, est libéré de toute police intérieure.

1097. (1890) L’avenir de la science « XII »

On a soin qu’elle soit tellement disposée à l’intérieur que l’œil seul se montre à la lucarne.

1098. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXIV. Arrestation et procès de Jésus. »

Indifférent aux querelles intérieures des Juifs, il ne voyait dans tous ces mouvements de sectaires que les effets d’imaginations intempérantes et de cerveaux égarés.

1099. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre II. L’analyse interne d’une œuvre littéraire » pp. 32-46

Quand Théophile Gautier disait : « Je suis un homme pour qui le monde visible existe », — il voulait dire qu’il savait voir et décrire un intérieur, un paysage, un monument.

1100. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Pensées de Pascal. Édition nouvelle avec notes et commentaires, par M. E. Havet. » pp. 523-539

Il ne fait en quelque sorte que promulguer et reconnaître les choses de l’esprit en homme sûr qui n’a pas combattu depuis longtemps les combats intérieurs ; c’est l’homme de toutes les autorités et de toutes les stabilités qui parle, et qui se plaît à considérer partout l’ordre ou à le rétablir aussitôt par sa parole.

1101. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Saint Anselme, par M. de Rémusat. » pp. 362-377

La forme qu’il trouve naturellement pour développer ses idées est celle du retour intérieur et de la méditation, comme d’un homme qui converse avec son esprit, ou qui s’élève de degrés en degrés vers la vision suprême.

1102. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — II. L’histoire de la philosophie au xixe  siècle — Chapitre I : Rapports de cette science avec l’histoire »

A la sèche histoire du moyen âge, à la chronique conteuse et naïve de Joinville et de Froissart ont succédé d’abord les grandes imitations de l’antiquité, à savoir les récits oratoires et politiques ; puis on est arrivé à penser que les événements intérieurs de la vie d’un peuple ont un intérêt non moins grand que les événements plus palpables de la politique et de la guerre.

1103. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Essai, sur, les études en Russie » pp. 419-428

On sent aussi que la vie des membres d’une telle faculté doit être laborieuse, puisqu’indépendamment des soins qu’ils donnent à l’instructin de la jeunesse, ils sont encore les oracles des tribunaux intérieurs et étrangers, et que toutes leurs décisions, devant être motivées, demandent un travail raisonné.

1104. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXIII. Des éloges ou panégyriques adressés à Louis XIV. Jugement sur ce prince. »

Si on porte sa vue sur l’intérieur de l’État, on est frappé d’un grand tableau.

1105. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre VI. Milton. » pp. 411-519

Elle était trop belle, cette cité intérieure, pour qu’il voulût en sortir ; elle était trop solide pour qu’on pût la détruire. […] Comme toutes les puissances destinées à prendre l’empire, l’idée intérieure végète et absorbe à son profit le reste de leur être. […] Mais sa roideur faisait sa force, et la structure intérieure qui fermait son esprit aux enseignements, armait son cœur contre les défaillances. […] Les rêves éblouissants de sa jeunesse et les souvenirs de son âge mûr se rassemblaient en lui, autour des dogmes calvinistes et des visions de saint Jean, pour former l’épopée protestante de la Damnation et de la Grâce, et l’immensité des horizons primitifs, les flamboiements du donjon infernal, les magnificences du parvis céleste ouvraient à « l’œil intérieur » de l’âme des régions inconnues par-delà les spectacles que les yeux de chair avaient perdus.

1106. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) «  Chapitre treizième.  »

Si je compare, à ce point de vue, le bon sens de Bossuet au bon sens de ces grands hommes, je n’y trouve ni l’incertitude systématique qui fait flotter au hasard celui de Montaigne, ni l’orgueil du moi qui réduit au sentiment intérieur celui de Descartes, ni la sublime impuissance où se brise celui de Pascal. […] Ainsi, l’esprit de nouveauté religieuse, son orgueil, sa mobilité, ses contradictions, qui choquent si souvent son bon sens dans la suite de l’établissement du protestantisme, l’ont empêché de voir l’esprit d’indépendance des peuples, non seulement en face de l’étranger, mais, dans l’intérieur, en face du souverain. […] C’est l’image de cette lutte intérieure de nos facultés, dont parle Bossuet dans le traité de la Connaissance de Dieu et de soi-même. […] Il avait d’ailleurs peu de goût pour cet autre ordre de traditions, d’origine plus récente, dont se composait la religion secrète et intérieure des parfaits ; et il avouait volontiers qu’il n’y était venu que fort tard, à l’occasion de certains raffinements de dévotion qui, dans les derniers temps, s’étaient autorisés de leurs expériences.

1107. (1890) Nouvelles questions de critique

Ou du moins, c’est aux accents de Voltaire qu’il a senti pour la première fois vibrer à son oreille la musique intérieure du vers. […] C’est ce rythme-là seul, celui qui dépend de la position des césures et des syllabes toniques dans l’intérieur du vers, que l’on peut dire que le romantisme a renouvelé. […] Il prend conscience de lui-même, de ce qu’il est, de sa nature cachée, de son moi le plus intérieur à propos de l’histoire. […] Un autre genre, en revanche, dont la désorganisation intérieure sous l’influence du romantisme a été presque plus prompte que celle même de la critique, c’est le drame. […] Une pensée musicale est une pensée parlée par un esprit qui a pénétré dans le plus intime de la chose, qui en a découvert le mystère le plus intérieur… La signification de chant va profond ; — ne diriez-vous pas, en vérité, son traducteur et lui, qu’ils parlent décadent ?

1108. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre III. Le lien des caractères généraux ou la raison explicative des choses » pp. 387-464

Nous prenons un point quelconque dans l’intérieur du polygone ; de ce point, nous menons des droites à tous ses angles ; nous remplaçons ainsi le polygone par un groupe de triangles dont le nombre est égal au nombre de ses côtés. […] Le naturaliste, qui en dissèque un, sait d’avance ce qu’il trouvera dans le reste ; d’après l’apparence extérieure, il prédit la structure intérieure et peut dessiner la forme de l’estomac, du cerveau, du cœur, du squelette, avant de les avoir mis à nu. […] Dans les sciences de construction, elle peut toujours aboutir ; aucun obstacle intérieur ne s’oppose à ce que nous dégagions l’intermédiaire ; il est inclus dans la première donnée, telle que notre esprit l’a construite.

1109. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre II. Le Roman (suite). Thackeray. »

Il les assemble en caractères, conçoit la qualité dominante, aperçoit les traces qu’elle laisse sur les autres, note les influences contraires ou concordantes du tempérament, de l’éducation, du métier, et travaille à manifester le monde invisible des inclinations et des dispositions intérieures par le monde visible des paroles et des actions extérieures. […] L’essence de l’homme se trouve cachée bien loin au-dessous de ces étiquettes morales : elles ne désignent que l’effet utile ou nuisible de notre constitution intérieure ; elles ne révèlent pas notre constitution intérieure.

1110. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Saint-Arnaud. Ses lettres publiées par sa famille, et autres lettres inédites » pp. 412-452

La politique intérieure de la France, les fautes des assemblées et celles des dictateurs provisoires sont saisies dans les lettres de Saint-Arnaud avec un bon sens net, qui était assez facile d’ailleurs à qui restait en dehors et loin de la mêlée. […] Il témoigne toujours de la même aversion pour la politique intérieure de la France, triste ménage en effet, et des plus embrouillés alors : « Ce à quoi je dois viser, c’est à une réputation militaire pure de politique.

1111. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque (1re partie) » pp. 145-224

Ce serait donc de ma part une étrange contradiction, ô Athéniens, si, après avoir gardé fidèlement, comme un bon soldat, tous les postes où j’ai été placé par vos généraux, à Potidée, à Amphipolis, à Délium, aujourd’hui que le dieu de l’oracle intérieur m’ordonne de passer mes jours dans la philosophie, la peur de la mort ou de quelque autre danger me faisait abandonner ce poste ; et ce serait bien alors qu’il faudrait me citer devant ce tribunal, comme un impie qui ne reconnaît point de Dieu, qui désobéit à l’oracle, qui se dit sage et qui ne l’est pas ; car craindre la mort, Athéniens, c’est croire connaître ce qu’on ne connaît pas. […] La raison révèle aujourd’hui ce qu’elle révélait hier, car elle est le Verbe intérieur qui parle en nous.

1112. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIIe entretien. Madame de Staël. Suite. »

Écoutons-la raconter cette scène d’intérieur, qui précéda de quelques heures l’exil et les agitations de toute sa vie. […] Le poëte ne fait, pour ainsi dire, que dégager le sentiment prisonnier au fond de l’âme ; le génie poétique est une disposition intérieure de la même nature que celle qui rend capable d’un généreux sacrifice ; c’est rêver l’héroïsme que composer une belle ode.

1113. (1856) Cours familier de littérature. I « IVe entretien. [Philosophie et littérature de l’Inde primitive (suite)]. I » pp. 241-320

Chaque corde de cet instrument, monté par le Créateur, éprouve une vibration et rend un son proportionné à l’émotion que la nature sensible de l’homme imprime à son cœur ou à son esprit, par la commotion plus ou moins forte qu’il reçoit des choses extérieures ou intérieures. […] Mais Nala reste encore méconnaissable à tous les yeux sous la grossière apparence d’un conducteur de chars ; sa beauté tout intérieure est voilée, pour que la honte de sa condition présente n’éclate pas à la cour du roi son beau-père.

1114. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Edgar Poe »

Son procédé est bien plutôt quelque chose de caché, d’intérieur, qui circule dans le tout comme une vie… qui est partout et qui n’est nulle part. […] Et, en effet, la raison a beau se débattre en ricanant, ce mystérieux scarabée, inconnu à toutes les classifications scientifiques, qui, gros comme une noix d’hickory, brille et pèse comme un lingot d’or pur ; cet insecte, peut-être diabolique, qui porte sur le dos et les ailes l’image d’une tête de mort, l’emblème de cette mort qu’il semble donner avec une piqûre ; l’analogie inexplicable de la figure tracée sur ses ailes avec cette autre tête de mort, clouée à la branche sèche du tulipier ; l’état de charme consumant dans lequel Legrand est tombé depuis qu’il a touché le scarabée, cet état qui n’est que le pressentiment, l’annonce intérieure, la soif qui révèle la source d’un trésor caché qu’il finit par découvrir aux pieds même de ce tulipier : tout cela saisit l’esprit, l’attire, le fixe, le harcèle, oh ne sait pourquoi !

1115. (1868) Curiosités esthétiques « I. Salon de 1845 » pp. 1-76

Achille Devéria a puisé, pour notre plaisir, dans son inépuisable fécondité, de ravissantes vignettes, de charmants petits tableaux d’intérieur, de gracieuses scènes de la vie élégante, comme nul keepsake, malgré les prétentions des réputations nouvelles, n’en a depuis édité. […] Isabey Un intérieur d’alchimiste Il y a toujours là-dedans des crocodiles, des oiseaux empaillés, de gros livres de maroquin, du feu dans des fourneaux, et un vieux en robe de chambre, — c’est-à-dire une grande quantité de tons divers.

1116. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire littéraire de la France. Ouvrage commencé par les Bénédictins et continué par des membres de l’Institut. (Tome XII, 1853.) » pp. 273-290

Un simple mot d’un biographe de dom Rivet nous ouvre un jour au passage sur cette vie mortifiée, dont la flamme intérieure nous est inconnue.

1117. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le buste de l’abbé Prévost. » pp. 122-139

Laisné, directeur de la comptabilité au ministère de l’Intérieur, et que je ne puis nommer sans me rappeler notre amitié d’enfance, est un arrière-neveu de l’abbé, par sa mère également.

1118. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — II. (Fin.) » pp. 364-380

En se promenant dans les musées d’anatomie, on voit ainsi des pièces très bien figurées et qui ont forme humaine ; mais, à l’endroit où l’anatomiste a voulu se signaler, la peau est découverte et le réseau intérieur apparaît avec sa fine injection : c’est un peu l’effet que produit l’art habile de Marivaux.

1119. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — I. » pp. 91-108

. — Il observe très bien que de son temps les conditions de la société se sont tellement mêlées et confondues, et avec un frottement si continuel, que ce qu’on appelle les gens du monde n’ont plus ni état ni âge, ni rien qui marque l’individualité de la personne : La vie intérieure et domestique, dit-il, n’a plus été le partage que des états obscurs et des gens sans fortune.

1120. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — I. » pp. 180-197

Sa bouche s’ouvrait largement entre des lèvres fines ; ses lèvres frémissaient souvent sans parler comme sous le vent d’une parole intérieure que la modestie réprimait devant les hommes plus âgés.

1121. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — II. (Fin.) » pp. 427-443

Mais qu’est-ce que ce sentiment intérieur ?

1122. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — I. » pp. 446-462

C’était le moment où de toutes parts on découvrait la Suisse intérieure et pittoresque.

1123. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — I » pp. 1-17

Dangeau possédait cette algèbre rapide qu’on appelle l’esprit du jeu ; il gagnait presque à coup sûr et sans que cette attention intérieure l’empêchât d’être à la conversation et de paraître aimable : tout en combinant et en gagnant, il ne laissait pas de divertir les reines et d’égayer leur perte.

1124. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — II » pp. 76-92

Enfin, il manquait surtout un Virgile, c’est-à-dire ce génie à la fois imitateur, inventif et composite, qui, venu à l’heure de la maturité d’une langue et de la domination universelle d’un peuple, fond et combine toutes choses, souvenirs, traditions et espérances, avec un art intérieur accompli, dans un sentiment présent et élevé.

1125. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Eugénie de Guérin, Reliquiae, publié par Jules Barbey d’Aurevilly et G.-S. Trébutien, Caen, imprimerie de Hardel, 1855, 1 vol. in-18, imprimé à petit nombre ; ne se vend pas. » pp. 331-247

La vie de Guérin, qui fut tout entière dans les luttes et les orages du rêve intérieur, n’est marquée par aucun événement, même littéraire ; il ne pensa jamais à rien publier.

1126. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Guillaume Favre de Genève ou l’étude pour l’étude » pp. 231-248

Et toutefois, après qu’on a bien envié ce bonheur d’une étude libre, ornée, active et oisive, ayant à elle une belle galerie bâtie tout exprès, remplie de livres, décorée de tableaux, de statues, et en vue d’un lac magnifique, on reconnaît tout bas, à la manière même dont il a usé de ses dons et de ses avantages, qu’il y a autre chose à faire encore qu’à jouir ainsi ; que, si noble et utile qu’ait été son exemple parmi ses compatriotes et pour ceux, qui le consultaient de près, il n’a pas donné tout ce qu’il aurait pu, et qu’un peu de contrainte, un peu de nécessité ne nuit pas ; que c’est sous ces rudes conditions seulement que l’homme, moitié de bon gré, moitié à son corps défendant, tire de lui-même, de son foyer et de ses couches intérieures, tout l’art, toute l’industrie dont il est capable, et le peu d’or qu’il doit à tous.

1127. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — I » pp. 107-125

Le règlement qu’il présente à l’adoption de l’archevêque de Tours est plus extérieur qu’intérieur, plus économique que moral ; il ne prétend que remettre le bon ordre administratif et la décence dans la communauté, auprès de laquelle il est destiné à résider le plus habituellement : pas autre chose.

1128. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire de la littérature française à l’étranger pendant le xviiie  siècle, par M. A. Sayous » pp. 130-145

Mais faut-il donc, pour cette république studieuse et intelligente, parce qu’elle est devenue démocratique dans sa forme, dans son ménage intérieur, lui faut-il renoncer à l’idée de voir sortir désormais de son sein des continuateurs et de dignes héritiers de ces hommes qui ont exercé sur leur temps une action si suivie, si salutaire, qui ont rempli dans le monde savant une telle fonction, plus efficace et plus utile encore que brillante ?

1129. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance de Voltaire avec la duchesse de Saxe-Golha et autres lettres de lui inédites, publiées par MM. Évariste, Bavoux et Alphonse François. Œuvres et correspondance inédites de J-J. Rousseau, publiées par M. G. Streckeisen-Moultou. — II » pp. 231-245

À l’instant, toutes les énigmes qui l’avaient si fort inquiété s’éclaircirent à son esprit : le cours des cieux, la magnificence des astres, la parure de la terre, la succession des êtres, les rapports de convenance et d’utilité qu’il remarquait entre eux, le mystère de l’organisation, celui de la pensée, en un mot le jeu de la machine entière, tout devint pour lui possible à concevoir comme l’ouvrage d’un Être puissant directeur de toutes choses ; et s’il lui restait quelques difficultés qu’il ne pût résoudre, leur solution lui paraissant plutôt au-dessus de son entendement que contraire à sa raison, il s’en fiait au sentiment intérieur qui lui parlait avec tant d’énergie en faveur de sa découverte, préférablement à quelques sophismes embarrassante qui ne tiraient leur force que de la faiblesse de son esprit.

1130. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Essai sur l’Histoire générale des sciences pendant la Révolution française. »

Flourens nous exposer avec sa discrétion ingénieuse et sa finesse habituelle les spectacles académiques intérieurs et les luttes d’influence dont il a été témoin.

1131. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’Impératrice Catherine II. Écrits par elle-même. »

ne semble-t-il pas qu’il est déjà condamné devant elle, et que le juge, dans son for intérieur, a prononcé ?

1132. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Halévy, secrétaire perpétuel. »

Rien n’égale, à cet égard, la sincérité du premier jet : je donnerai donc ici les notes mêmes ; c’est tout un portrait d’Halévy, pris sur le vif, saisi dans l’intérieur et dans la familiarité : « Il avait un don naturel d’écrire, cultivé, perfectionné par l’étude, par un goût de lecture qu’il satisfaisait partout, dans son cabinet, pendant l’intervalle des travaux, des conversations d’affaires, dans les voitures publiques, dans les réunions d’amis, dans le monde même.

1133. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Les Saints Évangiles, traduction par Le Maistre de Saci. Paris, Imprimerie Impériale, 1862 »

Un homme estimable et savant, qui a récemment travaillé sur les Évangiles, et qui n’a porté dans cet examen, quoi qu’on en ait dit, aucune idée maligne de négation, aucune arrière-pensée de destruction, qui les a étudiés de bonne foi, d’une manière que je n’ai pas qualité pour juger, mais certainement avec « une science amoureuse de la vérité », a qualifié heureusement en ces termes la mission et le caractère de Jésus, de la personne unique en qui s’est accomplie la conciliation la plus harmonieuse de l’humanité avec Dieu : « Celui qui a dit : Soyez parfaits comme Dieu, et qui l’a dit non pas comme le résultat abstrait d’une recherche métaphysique, mais comme l’expression pure et simple de son état intérieur, comme la leçon que donnent le soleil et la pluie : celui qui a parlé de la sainteté supérieure qu’il exigeait des siens comme d’un “fardeau doux et léger” ; celui qui, révélant à nos yeux une pureté sans tache, a dit que “par elle on voyait Dieu…”, celui qui, enfin, renonçant à la perspective du trône du monde, a senti qu’il y avait plus de bonheur à souffrir en faisant la volonté de Dieu qu’à jouir en s’en séparant… celui-là, c’est Jésus de Nazareth. » Lui seul, et pas un autre au monde42 !

1134. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres choisies de Charles Loyson, publiées par M. Émile Grimaud »

De ce côté et presque du premier jour, sa plume fut celle d’un excellent esprit et d’un bon écrivain : comme ceux qui sont destinés à mourir jeunes et en qui les saisons intérieures anticipent sur l’âge, il eut la maturité précoce.

1135. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. EDGAR QUINET.— Napoléon, poëme. — » pp. 307-326

Le désordre des assonances dans l’ode de Malherbe convient au trouble réel de la poésie lyrique ; mais le vers épique doit avoir une tout autre constitution ; il doit pouvoir atteindre à tous les effets du dithyrambe sans se permettre aucun trouble apparent ; il faut qu’il ressemble à ces héros qui ne portent jamais sur leurs visages la marque des combats intérieurs. » La distinction est bien ingénieusement exprimée ; mais il m’est impossible de voir dans l’ode de Malherbe autre chose qu’un ordre majestueux et harmonieux, un concours d’avance réglé de justes consonnances.

1136. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LE COMTE MOLÉ (Réception à l’Académie.) » pp. 190-210

Un peu plus tard, ayant trouvé un petit emploi qui l’envoyait à une vingtaine de lieues de Paris, il y lut les ouvrages de Richardson ; mais son trouble intérieur, loin de s’en apaiser, s’en accroissait encore.

1137. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre VIII. De l’invasion des peuples du Nord, de l’établissement de la religion chrétienne, et de la renaissance des lettres » pp. 188-214

Les vainqueurs, à la guerre et dans l’intérieur, ont plusieurs caractères de ressemblance avec les hommes du Nord, les vaincus beaucoup d’analogie avec les lumières et les préjugés, les vices et la sociabilité des habitants du Midi.

1138. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Notes sur l’Ancien-Régime »

20° Droit purement honorifique de banc et sépulture au chœur, d’encens et de prière nominale, de litre et ceinture funèbre intérieure et extérieure.

1139. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre quatrième. Les conditions physiques des événements moraux — Chapitre II. Rapports des fonctions des centres nerveux et des événements moraux » pp. 317-336

. — Il n’y en a pas non plus au point de vue de la structure intérieure ni de la composition chimique.

1140. (1899) Le préjugé de la vie de bohème (article de la Revue des Revues) pp. 459-469

Nous l’avons vu expansif, bon garçon, bavard intarissable, racontant au premier venu, devant un bock, ses projets d’art, ses songes, ses émotions, ses amours, galvaudant tout ce que l’homme bien né garde pour lui ou de très rares intimes, étalant son intérieur comme son extérieur : en réalité, sous cette bonhomie ripailleuse, très dénigreur, rongé d’envie, se sachant impuissant, mais retenu dans un monde de ratés par une énorme vanité qui est encore du bourgeoisisme exaspéré, la vanité de serrer des mains célèbres, de figurer parmi les gens de lettres, et de passer pour un martyr de l’idéal.

1141. (1785) De la vie et des poëmes de Dante pp. 19-42

On pourrait conclure de là que l’âme avait deux enveloppes : cachée d’abord dans l’ombre qui avait la figure humaine, elle formait un homme intérieur, sur qui se moulait l’homme extérieur, c’est-à-dire le corps.

1142. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Ducis. » pp. 456-473

La correspondance de Thomas avec Ducis (1778-1785) commence à nous donner jour sur la vie intérieure du tragique plein de bonhomie, que Thomas comparait au père Bridaine : « Vous êtes, lui disait-il, le missionnaire du théâtre ; vous faites la tragédie comme le père Bridaine faisait ses sermons, parlant d’une voix de tonnerre, criant, pleurant, effrayant l’auditoire comme on effraie des enfants par des contes terribles… » Il exprimait assez bien par là ce que son ami avait d’inculte, d’outré et de populaire.

1143. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — II. (Suite.) » pp. 149-166

En même temps qu’il garantissait les édifices du tonnerre, il inventait, pour l’intérieur des maisons, des cheminées commodes, économiques et sans fumée.

1144. (1903) Zola pp. 3-31

Comme chez les romantiques et comme chez Victor Hugo en particulier, les hommes étaient peu vivants et les choses, en revanche, prenaient une âme, devenaient des êtres mythologiques et monstrueux, que ce fût le parc du Paradou, l’alambic de l’Assommoir, l’escalier et la cour intérieure de Pot-Bouille, le grand magasin du Bonheur des Dames, le puits de mine de Germinal, la locomotive de la Bête humaine.

1145. (1913) Le bovarysme « Troisième partie : Le Bovarysme, loi de l’évolution — Chapitre I. Le Bovarysme de l’individu et des collectivités »

Toutefois entre les deux cas extrêmes que l’on vient de signaler, c’est-à-dire dans l’intérieur des limites où la faculté de se concevoir autre trouve à s’exercer et où la vie est possible, il y a place pour bien des nuances.

1146. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse psychologique »

Ce sont là des mots vagues, pouvant s’entendre de mille manières différentes, et qui ont surtout le tort de n’exprimer d’un homme que certaines manifestations extérieures extrêmement complexes, sous lesquelles se cache encore tout un mécanisme intérieur qu’on néglige de nous montrer.

1147. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Du Rameau » pp. 288-298

Et puis ces diables sont de mauvais goût, insupportables de figures et de caractère ; ils forment une guirlande ovale dont l’intérieur est vide, nulle masse d’ombre ni de lumière.

1148. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une croisade universitaire » pp. 107-146

un adjectif se cognait lourdement contre un verbe qui ne le connaissait pas ; — les virgules grimpaient dans l’intérieur des lettres, les points des i chevauchaient sur les c stupéfaits… L’article-Suttières, en désordre, se sauvait à toutes jambes, poursuivi par le feuilIeton-Erckmann, qui l’assourdissait d’apostrophes insensées.

1149. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VII : Théorie de la raison par M. Cousin »

Faute d’analyser les idées, il ne voit pas que l’idée d’un objet infini n’est que l’idée d’un objet fini, jointe à la connaissance de la loi ou cause intérieure qui, en excluant de lui toute limite, le prolonge au-delà des termes que nous apercevons ; et il ne remarque pas que cette loi, étant générale ou abstraite, peut se tirer par abstraction de la moindre partie de cet objet fini.

1150. (1912) Chateaubriand pp. 1-344

Les mœurs, dit-il, sont l’obéissance à ce « sens intérieur » qui nous montre l’honnête et le déshonnête, pour faire celui-là et éviter celui-ci. Mais ce sens intérieur, « qui sait jusqu’à quel point la société l’a altéré ? […] Lorsque, dans l’intérieur du Canada, je gravissais une montagne, mes regards se portaient toujours à l’ouest, sur les déserts infréquentés qui s’étendent dans cette longitude. […] Cela reste d’ailleurs assez superficiel, et il ne paraît pas que Chateaubriand ait quelque part défini un peu profondément en quoi le christianisme a compliqué et enrichi la conscience et la vie intérieure. […] Cette vanité monstrueuse semble bien marquer, chez un homme qui a tant rêvé, un manque étrange de vie intérieure, de réflexion sur soi.

1151. (1864) Corneille, Shakespeare et Goethe : étude sur l’influence anglo-germanique en France au XIXe siècle pp. -311

Corneille semble sans cesse craindre, en nous montrant les combats intérieurs qui se livrent dans l’âme de ses personnages, de les faire descendre du piédestal sur lequel il les élève. […] Mais comme Corneille, sa verve, son génie se déployèrent dans l’intérieur du cadre qui lui était imposé, et jamais au-delà. […] Plusieurs autres causes tout intérieures et spécialement françaises ont concouru à ce grand mouvement littéraire qui a rempli la première moitié de notre siècle. […] Celle-ci consiste à oublier, c’est à dire à se recueillir, à écouter chanter l’oiseau intérieur, à élaborer sa pensée et à l’exprimer par amour pour elle, pour la clarifier, pour la conserver. […] C’est un morceau tiré des Voix intérieures : La vache.

1152. (1895) Nos maîtres : études et portraits littéraires pp. -360

Il nous engage à reprendre, sans cesse, activement, l’œuvre de création intérieure qui est notre tâche éternelle. […] Et ce qu’on appelle la vie intérieure, la pensée, le jugement composé, le raisonnement : c’est un mode nouveau de la vie, issu logiquement de la sensation. […] Âgé lui-même à peine de vingt ans, il enseignait aux jeunes hommes le moyen de parvenir : par la dissimulation des sentiments intérieurs, par l’action incessante, par une sérieuse analyse des âmes voisines. […] De ces articles, que sans doute il ne daigne pas publier en volume, il a extrait seulement ce qui s’élevait au-dessus de l’actualité passagère : et ainsi il nous a donné un petit livre exquis et parfait, un délicieux manuel de la consolation intérieure. […] Cette décroissance de l’originalité intérieure, et ce souci croissant de l’originalité extérieure, ce sont les deux faits qui résument toute l’histoire de l’art contemporain, aussi bien à l’étranger que chez nous.

1153. (1882) Hommes et dieux. Études d’histoire et de littérature

Son royaume n’est pas de ce monde ; il combat pour combattre, en vue d’un idéal tout abstrait et tout intérieur. […] Transfuge de sa propre race et de la cause qu’elle avait d’abord soutenue, la reine mère portait au trône le fils de l’électeur de Bavière ; tandis que Louis XIV, appuyé par une puissante faction intérieure, envoyait au seuil du royaume une armée le réclamer pour son petit-fils. […] C’est ce qu’une expérience continuelle apprend à ceux qui sont initiés dans l’intérieur par la faveur ou par les affaires, et à ceux du dehors assez en confiance avec ces initiés pour qu’ils leur parlent librement. […] En exposant l’intérieur du palais de Charles II, nous avons fait, pour ainsi dire, l’ouverture du corps. […] Borrow rapporte un propos de vieux Gitano qui jette un jour étrange sur l’intérieur de ces têtes obscures. « Je me souviens, — lui dit son guide Antonio, — qu’étant enfant, je me mis un jour à battre un âne.

1154. (1890) Causeries littéraires (1872-1888)

Ils auraient vainement effort d’ailleurs ; on n’éteint pas plus la flamme intérieure du poète éteint une étoile au ciel. […] Il ne traduit que les vibrations intérieures, les impressions du cœur, les émotions de l’âme. […] Dans cet intérieur honnête et paisible, les bruits du dehors ne parviennent pas. […] De bonheur domestique, de vie intérieure, point. […] Tel est l’aimable intérieur que nous montre d’abord M. 

1155. (1903) Hommes et idées du XIXe siècle

Après tant de secousses, de luttes étrangères et civiles, de déchirements intérieurs et de crimes, il n’aspire qu’au repos. […] Il ne se souciera d’observer ni la diversité que la nature met entre les individus, ni la logique intérieure aux passions : c’est lui-même qu’on retrouvera dans tous ses personnages, agissant et dialoguant au gré de sa fantaisie et au mépris du bon sens. […] Dans cette vie d’un homme de science et d’un homme de famille, nous passons d’une expérience de laboratoire à un tableau d’intérieur ; les émotions de l’existence journalière se mêlent aux préoccupations de la recherche scientifique ; les tristesses et les joies du foyer alternent avec la fierté des découvertes : c’est l’image même de la réalité. […] Dans cet intérieur d’artisans, la vie qu’on mène, pauvre et difficile, s’éclaire d’un rayon d’idéal. […] Ce dut être vers la même époque qu’il arrêta la forme et choisit les couleurs de son costume, quoique l’idée ne lui soit venue que bien plus tard d’adopter la limousine pour vêtement d’intérieur.

1156. (1886) Le naturalisme

Cette poésie intérieure n’est pas tarie. […] Vous aurez sous les yeux un livre très intéressant, d’un intérêt délicat, sans aventures ni incidents extraordinaires, sans galants ni amourettes de grilles, attrayant par le seul combat intérieur d’une âme et la vigoureuse étude d’un caractère. […] Quels intérieurs ! […] Les romanciers, quand ils levaient les couvercles des crânes comme Asmodée les toits des maisons, et qu’ils voulaient nous montrer leur activité intérieure, employaient des périphrases et des circonlocutions. […] La Fortune des Rougon avec son amoureux duo d’adolescents ; la Curée avec sa superbe serre d’hiver, ses intérieurs somptueux poétisés par l’art et par le luxe ; Une page d’amour avec ses cinq descriptions de la même ville, vue tantôt aux rougeoiements du crépuscule, tantôt à la lueur de l’aube, descriptions qui sont un pur caprice de compositeur, une série de gammes ascendantes destinées à montrer l’agilité des doigts et la puissance du clavier ; enfin, même Nana et l’Assommoir dans certaines pages, prouvent l’inclination de Zola à faire beau artificieusement en dominant le vulgaire, le laid et l’horrible du sujet.

1157. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Littré. »

Quand on est initié comme je le suis, comme je viens de l’être par toutes sortes de témoignages, à cet intérieur d’honnêteté, de simplicité et de devoir, le cœur se révolte à penser que c’est cet homme-là, la droiture et la vertu même, une âme en qui jamais une idée mauvaise ou douteuse n’a pénétré, que c’est lui qu’on est allé choisir tout exprès pour le dénoncer à tous les pères de famille de France comme un type d’immoralité. — Et cela, parce qu’il pense autrement que vous, partisan littéral de la Genèse, sur l’origine des choses et l’éternité du monde ! […] Il se croit moralement lié envers cet esprit à qui il a dû ce qu’il y a de plus précieux et de plus inestimable pour un homme de pensée, une évolution intérieure.

1158. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Delille »

A l’Académie, dans nos séances intérieures, quand on lit et qu’on discute le Dictionnaire historique de la Langue, s’il arrive à M.  […] A l’Académie, dans nos séances intérieures, quand on lit et qu’on discute le Dictionnaire historique de la Langue, s’il arrive à M. 

1159. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre VI. La poésie. Tennyson. »

Sans doute leur intérieur est déplaisant ; sans cela ils ne l’échangeraient pas contre ces divertissements de commis voyageurs. […] Il a senti, au moins cette fois dans sa vie, cette tempête intérieure de sensations profondes, de rêves gigantesques et de voluptés intenses dont le désir l’a fait vivre et dont le manque l’a fait mourir.

1160. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque » pp. 2-79

« Solitaire et pensif, les lieux les plus déserts je vais mesurant à pas lourds et lents, et je promène attentivement mes regards autour de moi pour éviter la trace de tout être humain sur le sable ; je n’ai pas de plus grande crainte que de rencontrer des personnes qui me connaissent, parce que, sous la fausse sérénité de mon visage et de mes paroles, on peut découvrir trop facilement du dehors la flamme intérieure qui me consume ; en sorte qu’il me semble désormais que les montagnes, les plaines, les rives des fleuves, les fleuves eux-mêmes et les forêts savent ce qui s’agite dans mon âme, fermée aux regards des hommes. […] « Ma maison ressemble à celle de Fabricius ou de Caton ; tout mon intérieur domestique consiste en un chien et en un serviteur ; ce serviteur a sa maison attenante à la mienne ; quand j’ai besoin de lui je l’appelle, quand je n’en ai plus besoin il retourne dans sa chaumière.

1161. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIVe entretien. Littérature, philosophie, et politique de la Chine » pp. 221-315

Réunir en une société régulière une multitude d’êtres épars qui pullulent au hasard sur une terre sans possesseurs légitimes et reconnus ; Combiner assez équitablement tous les intérêts divergents ou contradictoires de cette multitude pour que chacun reconnaisse l’utilité de borner son intérêt propre par l’intérêt d’autrui ; Extraire de toutes ces volontés individuelles une volonté générale et commune qui gouverne cette anarchie ; Proclamer ou écrire cette volonté dominante en lois qui instituent des droits sociaux conformes aux droits naturels, c’est-à-dire aux instincts légitimes de l’homme sortant de la nature pour entrer dans la société ; Sanctifier ces lois par la plus grande masse de justice qu’il soit possible de leur faire exprimer, en sorte que la conscience, cet organe que le Créateur nous a donné pour oracle intérieur, soit forcée de ratifier même contre nos passions la justice de la loi ; Faire régner avec une autorité impartiale et inflexible cette loi sur nos iniquités individuelles, sur nos résistances, nos empiétements, nos répugnances ; lui créer un corps, des membres, une main dans un pouvoir exécuteur et visible chargé de faire aimer, respecter et craindre la loi ; Armer ce pouvoir exécuteur de toute la force nécessaire pour réprimer les atteintes individuelles ou collectives contre la loi, sans l’investir néanmoins de prérogatives assez absolues pour qu’il puisse lui-même se substituer à la loi et faire dégénérer cette volonté d’un seul contre tous en tyrannie ; Échelonner, si l’empire est grand, les corps ou les magistratures, religieuse, civile, judiciaire, administrative, de telle sorte que chaque province, chaque ville, chaque maison, chaque citoyen, trouve à sa portée la souveraineté de l’État prête à lui distribuer sa part d’ordre, de sécurité, de justice, de police, de service public, de vengeance même si un droit est violé dans sa personne ; Faire contribuer dans la proportion de son intérêt et de sa force chacun des membres de la nation aux services onéreux que la nation exige en obéissance, en impôt, en sang, si le salut de la communauté exige le sang de ses enfants ; Créer au sommet de cette hiérarchie d’autorités secondaires une autorité suprême, soit monarchique, c’est-à-dire personnifiée dans un chef héréditaire, soit aristocratique, c’est-à-dire personnifiée dans une caste gouvernementale, soit républicaine, c’est-à-dire personnifiée dans un magistrat temporaire élu et révocable par l’unanimité du peuple : voilà le chef-d’œuvre de cette création d’un gouvernement par l’homme. […] Il s’enferma pendant trois ans dans l’intérieur de sa maison pour pleurer sa mère ; il transporta ensuite ces restes vénérés dans le sépulcre de son père sur une haute montagne ; il enseigna par cet exemple, autant que par ses écrits à ses disciples, que la piété filiale, source de tous les devoirs pendant la vie des parents, était encore la source des bénédictions du ciel et des vertus sociales après leur mort.

1162. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVe entretien » pp. 317-396

L’orateur, le poète, le moraliste, le philosophe s’appuient sur ce livre, et tout ce que nous pouvons dire de plus fort à sa gloire, ajoutent-ils, c’est que, après l’invasion des superstitions indiennes, tartares ou thibétaines en Chine, si l’idolâtrie, qui est la religion des empereurs et du peuple, n’est pas devenue la religion du gouvernement, c’est ce livre de Confucius qui l’a empêché, et si notre religion chrétienne, disent-ils enfin, n’a jamais été attaquée par les savants lettrés du conseil impérial, c’est qu’on a craint de condamner, dans la morale du christianisme, ce qu’on loue et ce qu’on vénère dans le livre de Confucius. » Il commence par des maximes de sagesse que nous traduisons ici du latin, dans lequel les jésuites ont traduit, il y a un siècle, ces passages : « C’est le Tien, Dieu, le Ciel, trois noms signifiant le même grand Être, qui a donné aux hommes l’intelligence du vrai et l’amour du bien, ou la rectitude instinctive de l’esprit et de la conscience, pour qu’ils ne puissent pas dévier impunément de la raison…… En créant les hommes, Dieu leur a donné une règle intérieure droite et inflexible, qu’on appelle conscience : c’est la nature morale ; en Dieu elle est divine, dans l’homme elle est naturelle… « Le Tien (Dieu) pénètre et comprend toutes choses ; il n’a point d’oreilles, et il entend tout ; il n’a point d’yeux, et il voit tout, aussi bien dans le gouvernement de l’empire que dans la vie privée du peuple. […] Dans cette salle de l’intérieur du palais, qui est nommée salle des purifications, il y a un tableau dont l’inscription porte ces quatre caractères : véritable grandeur, brillante gloire.

1163. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIe entretien. Balzac et ses œuvres (1re partie) » pp. 273-352

« Ces yeux interrogeaient et répondaient sans le secours de la parole, voyaient les idées, les sentiments, et lançaient des jets qui semblaient sortir d’un foyer intérieur et renvoyer au jour la lumière au lieu de la recevoir. […] « Passer subitement de l’intérieur d’une maison où il trouvait l’abondance à la solitude d’un grenier où tout bien-être lui manquait, certes la transition était dure !

1164. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXIXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (1re partie) » pp. 241-314

L’intérieur de sa maison me fit une très agréable impression ; sans être riche, tout a beaucoup de noblesse et de simplicité ; quelques plâtres de statues antiques placés dans l’escalier rappellent le goût prononcé de Goethe pour l’art plastique et pour l’antiquité grecque. […] On a trop demandé à mon activité, soit extérieure, soit intérieure.

1165. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre troisième »

Pour lui, l’âme subsiste indépendamment de la sensation ; la pensée intérieure se manifeste toujours, même dans l’homme auquel manquent la vue, l’ouïe et le toucher. […] Les descriptions, soit de paysages, soit d’intérieurs, évitent la topographie comme l’archéologie.

1166. (1890) L’avenir de la science « XV » pp. 296-320

Quand le Condillac catholique, M. de Bonald, conçoit l’homme primitif sur le modèle d’une statue impuissante, sans originalité ni initiative, sur laquelle Dieu plaque, si j’ose le dire, le langage, la morale, la pensée (comme si on pouvait faire comprendre et parler une souche inintelligente en lui parlant, comme si une telle révélation ne supposait la capacité intérieure de comprendre, comme si la faculté de recevoir n’était pas corrélative à celle de produire), il n’a fait que continuer le XVIIIe siècle et nier l’originalité interne de l’esprit. […] Dans l’intérieur de chaque famille, les réformes successives n’ont été que les développements d’un fond identique 140.

1167. (1890) L’avenir de la science « XVII » p. 357

La morale a été conçue jusqu’ici d’une manière fort étroite, comme une obéissance à une loi, comme une lutte intérieure entre des lois opposées 166. […] L’ombre de l’Inquisition effraie jusqu’à nos catholiques, et à l’intérieur nous sommes timides et sans élan, nous nous subjuguons avec une déplorable résignation à l’opinion, à l’habitude, nous y sacrifions notre originalité ; tout ce qui sort de la banalité habituée est déclaré absurde.

1168. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VII, seconde guerre médique. »

Il fallait compter encore les épargnes des cités déposées sous la garde du dieu, dans l’intérieur des chapelles : Delphes était une mine en même temps qu’un musée. […] En même temps l’intérieur du temple retentit de ce cri que poussaient les dieux combattant sous les murs de Troie, et qu’Homère compare aux hurlements de dix mille guerriers rassemblés.

1169. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1864 » pp. 173-235

Un apaisement de l’esprit, une satisfaction intérieure. […] Jeudi 28 Un long moment, nous regardons, à travers la clôture de planches, la démolition de la maison de Gavarni, son pauvre atelier éventré… Gavarni s’est campé dans la petite maison à côté, en un pauvre intérieur, dans l’arrière-boutique d’un épicier de banlieue, où un teinturier occupe le devant.

1170. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre II. Les génies »

Un déluge intérieur d’idées ténébreuses submerge la pensée ; la conscience noyée ne peut plus faire signé à l’âme ivrogne. […] Ici le mystère extérieur ; là, le mystère intérieur.

1171. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIe entretien » pp. 5-85

La puissance intérieure de la France était centuplée ; sa puissance militaire était reconstituée depuis cinq mois d’une réorganisation énergique de ses armées ; la France n’avait pas besoin de cent mille hommes en faction sur les Alpes ou en Algérie pour se préserver des communistes qui lui font horreur : l’Italie en avait besoin pour rester l’Italie. […] Ces hommes sont la vibration vivante et notée de tous les sens de cette terre de sensations, sensations qu’aucune autre langue ne peut rendre en paroles, tant ces lyrismes intérieurs dépassent les langues parlées !

1172. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gabrielle d’Estrées. Portraits des personnages français les plus illustres du XVIe siècle, recueil publié avec notices par M. Niel. » pp. 394-412

Niel, bibliothécaire au ministère de l’Intérieur et amateur éclairé des arts et de l’histoire, publie depuis 1848 une suite de portraits ou crayons des personnages célèbres du xvie  siècle, rois, reines, maîtresses de rois, le tout formant déjà plus d’un volume in-folio.

1173. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — II. (Fin.) » pp. 20-37

Les Sermons de Massillon ne sont pas de ces ouvrages qui s’analysent : on ne les réduit pas à plaisir, on ne coupe point à volonté dans ces beaux ensembles de mœurs traités si largement, dans ces vastes descriptions intérieures où rien de successif n’est oublié : on pourrait tout au plus en présenter des morceaux étendus et des lambeaux.

1174. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — II. (Fin.) » pp. 62-79

L’un de ces voyageurs, et qui était plus homme d’esprit qu’autre chose, nous l’a très bien peinte dans ces dernières années de sa vie ; on a par lui cet intérieur au naturel : Cette princesse, dit le baron de Poellnitz, était très affable, accordant cependant assez difficilement sa protection.

1175. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — II. (Fin.) » pp. 36-54

Il l’exhorte à mourir « à ses goûts d’esprit, à ses curiosités et à ses recherches philosophiques, à sa sagesse intempérante, à ses arrangements étudiés, à ses méthodes de persuasion pour le prochain » ; à ne pas être un affairé d’esprit à tout propos et hors de propos, un ardélion de la vie intérieure.

1176. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Chateaubriand. Anniversaire du Génie du christianisme. » pp. 74-90

Revenant en souvenir sur cette époque de sa vie dans ses Mémoires d’outre-tombe et sur cette disposition intérieure où il était après la publication de l’Essai, il ne s’en rendait plus un compte bien exact quand il disait : Je m’exagérais ma faute ; l’Essai n’était pas un livre impie, mais un livre de doute et de douleur.

1177. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — II » pp. 18-35

C’est vers le temps où il accomplissait ou croyait accomplir cette destruction de l’hérésie à l’intérieur, que Louis XIV, incommodé depuis assez longtemps d’une tumeur à laquelle on avait d’abord appliqué inutilement la pierre, se fit faire ce qu’on appelait un peu fastueusement la grande opération.

1178. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — II » pp. 254-269

La véritable est celle qui ne s’applique point extérieurement et machinalement à l’esprit, qui ne lui impose pas des formes une fois trouvées, et par lesquelles on se croit dispensé du ressort intérieur et de l’invention naturelle.

1179. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Préface pour les Maximes de La Rochefoucauld, (Édition elzévirienne de P. Jannet) 1853. » pp. 404-421

Ils ont leur homme intérieur qu’ils croient connaître et qu’ils préconisent, et ils ne voient pas les hommes comme ils sont.

1180. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — II » pp. 39-56

Je vous demande donc, mon très cher père, si l’on conserve dans Saint-Victor la même mortification intérieure et extérieure, telle qu’elle était dans son origine… Je vous demande encore si les frères de Saint-Victor, c’est ainsi qu’on les appelait, allaient à la campagne chez leurs amis, chez leurs parents, passer des trois semaines entières et des mois entiers ; s’ils allaient par la ville rendre des visites ; s’il en recevaient de toutes personnes et de tout sexe ; s’ils changeaient d’habits, s’ils en prenaient de plus propres et de plus mondains quand ils sortaient pour se montrer en public ; s’ils affectaient de ces airs libres et dégagés, pour ne pas dire licencieux, qui sont si contraires à la tristesse sainte de la modestie religieuse ; s’ils parlaient indifféremment et sans scrupule dans les lieux réguliers ; s’ils s’entretenaient de contes, d’affaires, d’histoires du monde, de plaisanteries, de nouvelles, qui sont choses qui doivent être entièrement bannies des cloîtres.

1181. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — I » pp. 57-75

Une surdité qui lui survient et qui l’afflige dès la jeunesse lui est un premier temps d’arrêt, un premier rappel intérieur qui le sollicite à la retraite.

1182. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Sénecé ou un poète agréable. » pp. 280-297

Travail, art, nature, foyer intérieur, sentiment, éclat et flamme, c’est de tous ces éléments combinés et pressés, que se compose à des degrés différents et variés à l’infini ce charme que la muse seule possède, dont elle seule livre le secret au petit nombre, et qui fait que l’agrément du premier jour est aussi l’agrément qui ne périt pas.

1183. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — I » pp. 298-315

Timoléon, pour toutes les cités de l’île, c’était le sauveur, le réparateur par excellence ; aucune n’aurait cru sa réforme intérieure et ses institutions agréées et bénies des dieux, si Timoléon n’y avait mis la main.

1184. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — II » pp. 435-454

C’est alors qu’il trouva dans l’amitié un refuge, et que par elle il fut ramené aux lettres, à la philosophie, au rajeunissement intérieur.

1185. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Lammenais » pp. 22-43

Le Lamennais des Paroles d’un Croyant sortit un jour de cette lutte intérieure et de cette poignante agonie ; il brisa soudainement avec son passé.

1186. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Des prochaines élections de l’Académie. »

Et voilà pourquoi j’ai dit à tout le monde bien des choses que j’aurais mieux aimé pouvoir développer à l’intérieur devant quelques-uns.

1187. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Le Poëme des champs par M. Calemard de Lafayette. »

Je donne ces deux sonnets dans leur élévation modeste et leur suavité tout intérieure, accompagnée d’une certaine gaucherie dans l’expression.

1188. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Lettres inédites de Jean Racine et de Louis Racine, (précédées de Notices) » pp. 56-75

La distraction peut être une piquante chose, ou excusable du moins, quand elle est jointe au génie d’un La Fontaine ; mais être ou paraître distrait et absent, quand on n’a nul génie pour excuse et qu’on n’a pas de fée intérieure qui vous ravisse, c’est trop peu.

1189. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite) »

On a trop demandé à mon activité soit extérieure, soit intérieure. — À mes rêveries et à mes créations poétiques je dois mon vrai bonheur ; mais combien de troubles, de limites, d’obstacles n’ai-je pas rencontrés dans les circonstances extérieures !

1190. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français »

Magnin, qu’on a chanté dans un grand nombre d’églises et dans certaines processions, aux xiie et xiiie  siècles, des hymnes et cantiques en langue vulgaire, à la gloire des saints du lieu, ou bien encore la veille ou le jour des grandes fêtes ; si les exemples de ces chants particuliers qui n’étaient pas en latin, et qu’on tolérait malgré les canons, sont nombreux et irrécusables, on n’a pas jusqu’ici d’exemple avéré d’un mystère tout en français représenté dans l’intérieur d’une église.

1191. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. »

Cette ressource a disparu pour la France ; et l’Ordonnance de dissolution du 5 septembre a plus fait sans doute qu’elle ne croyait faire. » Cette vue, on peut l’affirmer hardiment et d’après l’expérience, est fausse : il n’est pas exact de dire que l’état de mécontents, d’inactifs et d’émigrés à l’intérieur, entretenu et prolongé durant dix et quinze ans, ait jamais pu être une bonne préparation pour l’intelligence et le maniement des affaires publiques.

1192. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis du Belloy (suite et fin.) »

Il a enfoncé une porte, forcé un intérieur, enlevé une femme… ; il n’est bruit que de cela.

1193. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

Chacun, dans les résumés et les récapitulations qu’il donne de sa vie passée, s’arrange sans doute pour faire le moins de mea culpa possible et pour se rendre justice par les meilleurs côtés ; mais, quand on y regarde avec lui, on ne peut s’empêcher d’être en cela de l’avis de M. de Girardin sur lui-même : parmi les députés de la Chambre de 1846, il fut l’un de ceux qui se laissèrent le moins abuser par le spectacle des luttes oratoires, et qui, ne se réglant en rien sur le thermomètre intérieur de la Chambre, restèrent le plus exactement en rapport avec l’air extérieur : il fut, de tous les conservateurs de la veille, celui qui, avec M. 

1194. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. »

Mais que celui qui, pendant la durée de l’orage, n’a été froissé par aucune secousse douloureuse, qui n’a sacrifié à aucune passion, n’a épousé aucun parti, n’a éprouvé aucun sentiment de haine ou de ressentiment, dont l’opinion a toujours été calme, l’esprit toujours froid, le jugement toujours impartial ; que celui qui peut dire avec Tacite, non dans une épigraphe pompeusement inscrite sur le frontispice de son livre, mais dans l’intérieur de sa conscience : Mihi Galba, Otho, Vitellius, nec amicitia, nec odio cogniti, que celui-là écrive pour nos contemporains l’histoire de la Révolution.

1195. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DIX ANS APRÈS EN LITTÉRATURE. » pp. 472-494

On dirait que le tempérament littéraire de l’époque sommeille, attend, se refait sourdement, qu’il passe par l’un de ces lents efforts de recomposition intérieure dans lequel il y a lieu d’agir, et plus lieu assurément qu’à aucun des instants qui ont couru durant ces dix dernières années.

1196. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Mathurin Regnier et André Chénier »

Mais là où Regnier surtout excelle, c’est dans la connaissance de la vie, dans l’expression des mœurs et des personnages, dans la peinture des intérieurs ; ses satires sont une galerie d’admirables portraits flamands.

1197. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Réception de M. le Cte Alfred de Vigny à l’Académie française. M. Étienne. »

Ils sont aussi déraisonnables qu’un architecte qui, voulant changer une prison en maison de plaisance, se bornerait à refaire la façade de l’édifice, et qui conserverait les cachots dans l’intérieur du bâtiment. » Ne dirait-on pas que quelques années auparavant, au plus beau temps de son crédit et de sa faveur, quand il siégeait en son cabinet du ministère, M. 

1198. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre V. De la littérature latine, pendant que la république romaine durait encore » pp. 135-163

Excepté Xénophon, qui avait été lui-même acteur dans l’histoire militaire qu’il raconte, mais qui néanmoins n’a jamais eu de pouvoir dans l’intérieur de la république, aucun des hommes d’état d’Athènes ne fut en même temps célèbre par ses talents littéraires ; aucun, comme Cicéron et César, ne crut ajouter par ses écrits à son existence politique.

1199. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre I. François Rabelais »

Ou plutôt écartons les mots qui immobilisent l’être, fût-ce pour un moment : d’un bout à l’autre de ses quatre livres, grouillent des formes vivantes, agissantes, gesticulantes, parlantes, chacune selon l’impulsion de son appétit intérieur : les unes fugitives, à peine entrevues dans la cohue qui les presse, d’autres dominantes et débordantes à qui ni la durée ni l’espace ne sont mesurés : toutes aussi sérieusement, profondément, objectivement vivantes et individuelles et qui ne sauraient s’effacer ni se confondre, Janotus de Bragmardo, Bridoye, Dindenaut, ou bien Pantagruel, Frère Jean des Entommeures, Panurge.

1200. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre premier. La contradiction de l’homme » pp. 1-27

Elle est la cause non point unique, mais prépondérante sans doute, de nos luttes intérieures et de nos hésitations.

1201. (1890) L’avenir de la science « V »

Philosopher est le mot sous lequel j’aimerais le mieux à résumer ma vie ; pourtant, ce mot n’exprimant dans l’usage vulgaire qu’une forme encore partielle de la vie intérieure, et n’impliquant d’ailleurs que le fait subjectif du penseur solitaire, il faut, quand on se transporte au point de vue de l’humanité, employer le mot plus objectif de savoir.

1202. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre V. La littérature et le milieu terrestre et cosmique » pp. 139-154

J’oserai ajouter qu’il existe un accord curieux, très explicable d’ailleurs, entre ce qu’on aime dans le monde extérieur et ce qu’on préfère dans le monde intérieur.

1203. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VI. Pour clientèle catholique »

D’autres fois, notre psychologue prend n’importe quelle anecdote insignifiante et s’efforce de nous intéresser au mécanisme intérieur des personnages.

1204. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires de Philippe de Commynes, nouvelle édition publiée par Mlle Dupont. (3 vol. in-8º.) » pp. 241-259

Commynes loue fort son maître de l’unité qu’il voulait établir dans son royaume, de l’unité dans les poids et mesures, de l’unité dans les coutumes et de l’espèce de Code civil qu’il projetait ; ajoutez-y encore le projet d’abolir les péages à l’intérieur, et d’établir pour le commerce la libre circulation, en rejetant les douanes à la frontière.

1205. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Mme de Genlis. (Collection Didier.) » pp. 19-37

Il y avait comme plusieurs personnes en Mme de Genlis ; mais, dès qu’elle tenait la plume, le ton de la personne intérieure et qui dominait toutes les autres, le ton du rôle principal prenait le dessus, et elle ne pouvait s’empêcher d’écrire ce qu’il faut toujours répéter de la religion, des principes et des mœurs quand on enseigne.

1206. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. de Lamartine. (Les deux premiers volumes. — Pagnerre.) » pp. 389-408

J’allais oublier un portrait de l’impératrice Marie-Louise, qui est toute une réhabilitation et une révélation : elle y est peinte touchante, poétique, une Tyrolienne sentimentale, le regard plein de rêves, d’horizons intérieurs et mystérieux.

1207. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « L’abbé Gerbet. » pp. 378-396

Puis-je, sans indiscrétion, pénétrer dans l’agrément de cet intérieur et y ouvrir un jour, du moins pour ce qu’il a de littéraire et d’ingénieux ?

1208. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Regnard. » pp. 1-19

Durant les relâches forcées qu’il fait dans quelque île de la Baltique, il raconte qu’il allait tous les jours passer quelques heures sur des rochers escarpés où la hauteur des précipices et la vue de la mer n’entretenaient pas mal ses rêveries : Ce fut, dit-il, dans ces conversations intérieures que je m’ouvris tout entier à moi-même, et que j’allai chercher dans les replis de mon cœur les sentiments les plus cachés et les déguisements les plus secrets, pour me mettre la vérité devant les yeux sans fard, telle qu’elle était en effet.

1209. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Les Faux Démétrius. Épisode de l’histoire de Russie, par M. Mérimée » pp. 371-388

Ne leur demandez point d’ailleurs cette continuité dans les caractères, cette suite dans l’action et dans l’expression qui fait la force intérieure de ceux de M. 

1210. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « La Fontaine. » pp. 518-536

Il avait, certes, ses distractions, ses ravissements intérieurs, son doux enthousiasme qui l’enlevait souvent loin des humains ; le jour où il faisait parler dame Belette et où il suivait Jeannot Lapin dans la rosée, ils lui semblaient plus intéressants tous deux à écouter qu’un cercle de beau monde ou même de brillants esprits.

1211. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre III. Zoïle aussi éternel qu’Homère »

Le feu intérieur s’accommode de l’hiver dehors, le glacier ne demande pas mieux que d’être cratère, et il n’y a point pour la lave de plus belle sortie qu’à travers la neige.

1212. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre II : Philosophie politique de Tocqueville »

Dans l’intérieur de la famille, la douceur et la confiance de l’affection remplacent la froide et respectueuse obéissance : moins d’autorité et plus d’amitié.

1213. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — La banqueroute du préraphaélisme »

Milsand, est « un chaos intérieur de vitalités désordonnées et de déraison indomptable.

1214. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XII : Pourquoi l’éclectisme a-t-il réussi ? »

Cette préférence pour la morale a fortifié M. de Biran dans son étrange doctrine des forces, et l’a plongé90 dans sa théorie mystique de la révélation intérieure et de la raison illuminée.

1215. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XIV : De la méthode (Suite) »

Par l’abstraction, on dégage dans les faits extérieurs, les habitudes intérieures, générales et dominantes.

1216. (1900) La culture des idées

Le trait du maître en écritures d’art, même de force, est nécessairement celui qu’il ne fallait pas appuyer ; ou bien, le trait souligne le détail qu’il est d’usage de faire valoir et non celui qui avait frappé l’œil intérieur, inhabile mais sincère, de l’apprenti. […] Ainsi pris à rebours le problème est insoluble ; il peut arriver, puisque tout arrive, que de telles combinaisons de mots soient évocatrices de la vie et même d’une vie déterminée, mais le plus souvent la combinaison restera inerte ; la forêt se pétrifie ; une critique du style devait commencer par une critique de la vision intérieure, par un essai sur la formation des images. […] « La description est la peinture animée des objets. » Il veut dire que, pour décrire, il faut se placer comme un peintre devant le paysage, soit réel, soit intérieur. […] Il y a un mollusque qui ne peut devenir un coquillage qu’en s’attribuant une carapace abandonnée ; le christianisme devint une religion en s’introduisant dans le paganisme mythologique, dont la vieillesse avait affaibli les organes intérieurs. […] La courbe du grand fleuve, jadis océan entre deux mondes, arrête longtemps les Slaves, malgré les complicités qui travaillaient pour eux à l’intérieur du cercle… Et on imaginerait toute une histoire future. — Mais c’est trop facile.)

1217. (1925) Comment on devient écrivain

Arène ne répondit que par un haussement d’épaules, que Fabre n’aperçut pas20. »‌ Il y a dans le travail, refontes et ratures, une vertu intérieure, une ressource de résistance qui n’ont pas échappé à des écrivains comme Malherbe, Boileau, Buffon et Flaubert. […] Henri Berr recommandait aux auteurs « de nous faire connaître par le menu le tempérament, l’origine de leur vocation, la formation intérieure de leurs œuvres, les influences qu’ils ont subies », et il ajoutait judicieusement que cela pouvait rendre possible « la création d’une esthétique expérimentale et historique21 ».‌ […] La mauvaise psychologie n’est qu’un énoncé de motifs, le commentaire des dispositions intérieures d’un personnage, un train-train narratif, un examen sur place d’hypothèses monotones. […] Insensible à l’émotion intérieure de ce style, Flaubert n’en voyait que la simplicité sans effort, qu’il jugeait incurablement banale. […] C’est dans ce creuset que se retrempait sa sensibilité intérieure et où s’affirmait le plus fortement sa maîtrise.

1218. (1859) Moralistes des seizième et dix-septième siècles

C’était d’une autre liberté, tout intérieure et spirituelle, qu’ils étaient préoccupés. […] Il s’aide de ses observations sur lui-même pour pénétrer dans l’intérieur des autres hommes ; il se sert à soi-même de clef. […] L’homme n’a-t-il donc reçu aucun enseignement de la voix intérieure ? […] Et ce n’est pas, dans le principe, œuvre de réflexion, d’enseignement, mais d’illumination intérieure et de résurrection. […] Comment ne pas reconnaître que toute contradiction intérieure cesse, et que l’unité, une glorieuse unité est rentrée dans l’âme par le seul chemin qui lui fut ouvert ?

1219. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

» Il se peut qu’il éprouve contre les vices du temps de ces sourds éclats de colère intérieure à la façon d’un Lesageq et d’un La Bruyère ; mais, lui aussi, il est de son temps. […] Il n’en est que plus remarquable de les voir, eux et les auteurs dramatiques du même groupe, reproduire, non seulement les caractères généraux de Dancourt, mais encore quelques-uns de ses procédés et jusqu’aux formes matérielles de sa phrase ; je dis les formes matérielles, et non les qualités intérieures. […] Ces deux impressions, simultanées et contradictoires, s’expliquent, si l’on observe que Regnard reproduit les procédés de son modèle sans viser à ses qualités intérieures. […] Je ne donne pas ceci, certainement, pour un tableau d’intérieur à la hollandaise. […] C’est un tableau d’intérieur pourtant, l’un des mieux sentis, l’un des plus attrapés qu’on trouve chez aucun poète.

1220. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Jean-Jacques Ampère »

Je dirai seulement de ce tendre intérêt qu’il inspira à Mlle Cuvier, intérêt mystérieux resté bien longtemps secret, et dont il est permis à peine de dévoiler quelque chose aujourd’hui79, que plus tard les voyages d’Ampère en Allemagne, puis dans le Nord, y apportèrent un arrêt et un obstacle, peut-être un brisement et une rupture intérieure : à son retour du Nord, il ne retrouva plus celle qui savait si bien l’écouter ; la noble jeune fille si distinguée, et depuis quelque temps promise à un autre, mourait de consomption avant l’autel. […] Au point de vue biographique, il ne faudrait pas du tout chercher dans ce récit d’Ampère un reflet de ce que j’ai dit de son espèce de veuvage intérieur et de ses agitations sensibles à ce moment. […] Je vous connais jusqu’au fond, et c’est pour cela que j’ai une affection si véritable pour vous ; je juge peut-être mieux l’état de votre âme que vous ne pouvez le juger vous-même ; je sais que, si vous veniez ici, vous y vivriez dans un état d’agitation intérieure et profonde que rien ne pourrait dérober ‘a mes regards.

1221. (1928) Les droits de l’écrivain dans la société contemporaine

Elle est une menace perpétuelle d’inquisition dans sa vie intérieure. […] Et cependant il s’agissait dans ce texte, non pas de pensées intérieures, ni de sentiments profonds, mais de faits d’ordre matériel : l’écrivain Pierre** y rendait compte des résultats de l’enquête qu’il avait poursuivie dans un département, en vue de la candidature à la députation du riche brasseur d’affaires. […] Elle n’atteignait, en aucune façon, la pureté profonde de sa vie intérieure.

1222. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre premier. La Formation de l’Idéal classique (1498-1610) » pp. 40-106

Et quand on ne saurait dire de quelle manière, en quel point précis l’influence a opéré, les effets n’en seraient pas moins certains, mais plus intérieurs et plus profonds seulement. […] S’ils ont en effet essayé de réformer ou de transformer la langue, ce n’est pas en grammairiens ou, comme nous dirions de nos jours, en philologues, mais en artistes, pour la rendre capable de traduire leurs « sublimes et passionnées conceptions », selon l’expression de l’un d’eux, et surtout pour en dégager ce qu’elle contenait de beautés plus intérieures et jusqu’alors inaperçues. […] C’est ainsi que l’enfance du talent ou du génie s’agite confusément, se disperse en apparence ou même se dissipe, mais une force intérieure ne le dirige pas moins, de traverse en traverse, à son but ; et son originalité s’enrichit de la contrariété même de ses expériences.

1223. (1902) Propos littéraires. Première série

Elle n’en a aucune idée, aucune représentation intérieure. […] *** Et nous voici dans un humble petit intérieur féminin. […] Elle était capable de voir par-delà les gestes des personnes et les superficies des êtres humains, de percer l’écorce, et de pénétrer un peu dans l’intérieur d’une âme. […] Mais je ne sais quelle circonstance, extérieure ou intérieure, l’en empêche. […] Barrès n’a eu autant de talent que dans ce journal-là) il nous régale de toute la cuisine intérieure d’un journal parisien en des pages innombrables.

1224. (1932) Le clavecin de Diderot

Quant à la connaissance intime et générale de l’homme, certains ne font profession de lui vouer leurs travaux, leurs existences qu’à seule fin de lui dénier, de l’intérieur, toute chance de progrès. […] Et maintenant, leur suffisance se met à déifier, sous le nom de vie intérieure, une cénesthésieaq qui crie famine. […] Et puisque chacun se croit Phœnix, s’il supplie qu’on brûle, anéantisse le guêpier de ses complexes, c’est dans l’espoir que, des cendres, vont renaître les frelons secrets dont le bourdonnement lui semble la plus belle, la vraie, la seule musique, la musique intérieure. […] On a donné comme le fin du fin, la fin des fins, la vie intérieure, on a conseillé au vivant le silence, l’immobilité.

1225. (1869) Philosophie de l’art en Grèce par H. Taine, leçons professées à l’école des beaux-arts

La mer y entre par une infinité de golfes, d’anfractuosités, de creux, de dentelures ; si vous regardez les vues que rapportent les voyageurs, une fois sur deux, même dans l’intérieur des terres, vous apercevez sa bande bleue, son triangle ou son demi-cercle lumineux à l’horizon. […] Comptez enfin les bas-reliefs, les statues des frontons, des métopes et de la frise, surtout l’effigie colossale de la cella intérieure, toutes les sculptures de marbre, d’ivoire et d’or, tous ces corps héroïques ou divins qui mettent sous les yeux de l’homme les images accomplies de la force virile, de la perfection athlétique, de la vertu militante, de la noblesse simple, de la sérénité inaltérable, et vous aurez une première idée de leur génie et de leur art. […] Au lieu d’un palais comme celui du Corps législatif ou Westminster de Londres avec son aménagement intérieur, ses banquettes, son éclairage, sa bibliothèque, sa buvette, tous ses compartiments et tous ses services, il a une place vide, le Pnyx, et quelques degrés de pierre qui font une tribune à l’orateur. […] Si l’on examine l’âme moderne, on y rencontre des altérations, des disparates, des maladies, et pour ainsi dire des hypertrophies de sentiments et de facultés dont son art est la contre-épreuve. — Au moyen âge, le développement exagéré de l’homme spirituel et intérieur, la recherche du rêve sublime et tendre, le culte de la douleur, le mépris du corps, conduisent l’imagination et la sensibilité surexcitées jusqu’à la vision et l’adoration séraphiques.

1226. (1898) Impressions de théâtre. Dixième série

Ainsi, chose admirable, l’humanité tend à l’extinction de la misère dans la mesure même où elle tend au perfectionnement intérieur, et son salut spirituel et son salut économique ne font plus qu’un aux confins extrêmes de l’idéal. […] Il est vrai aussi que la monotonie du rythme auquel s’asservissent les discours de ces figures immobiles finirait par donner, je ne sais comment, l’impression d’une « vie intérieure » extraordinairement intense — si, résumant leurs conversations, nous ne nous apercevions que toute cette vie intérieure consiste pour chacun d’eux dans l’obsession d’une idée, et que ces êtres n’ont failli nous sembler « profonds » que parce qu’ils sont presque tous des détraqués ou des maniaques. […] Mais voici sur elles les idées de Jean : « … Il m’apparaît confusément que ce sont des êtres instinctifs qui ne savent trop ni quand ils veulent ni ce qu’ils veulent, vagues automates à qui manque toute clairvoyance intérieure et que meuvent tyranniquement leurs désirs, d’ailleurs contradictoires d’heure en heure. […] Et, par surcroît, l’intérieur du vieux ménage provincial est peint, au second acte, de façon vraiment savoureuse. […] Mais il n’aurait toujours pas la paix intérieure.

1227. (1905) Propos littéraires. Troisième série

On sent à chacune de ces pages une immense lassitude vraie, une sorte d’affaissement et de délabrement intérieur, qui n’a rien d’une attitude, qui ne crie pas, qui ne gémit pas, qui pleure à peine, mais dont l’expression, très discrète (le plus souvent), très voilée, rappelle ces regards navrés, vous savez bien, muets et courts, qui vous transpercent. […] Nul n’a eu un goût plus décidé pour la vie intérieure, la méditation, le dialogue de l’homme avec sa conscience, l’interrogation respectueuse et scrupuleuse de l’oracle que chacun de nous porte en soi. […] Enfin l’intelligence du romancier consiste à voir par l’intérieur. […] * * * Voilà où les Goncourt ne sont pas arrivés, et l’observation intérieure des autres ne leur a été donnée qu’à un très faible degré. […] La vie intérieure lui est aussi fermée qu’il est possible.

1228. (1826) Mélanges littéraires pp. 1-457

Depuis ce moment les jésuites furent chargés du soin de continuer les découvertes dans l’intérieur des forêts canadiennes. […] Toutes les grandes découvertes étaient donc faites ou indiquées dans l’intérieur de l’Amérique septentrionale, lorsque les Anglais sont devenus les maîtres du Canada. […] La seconde chaîne commence aux Apalaches, sur le bord oriental du Meschacebé, se prolonge, au nord-est, sous les divers noms d’Alleganys, de Montagnes Bleues, de Montagnes des Lauriers, derrière les Florides, la Virginie, la Nouvelle-Angleterre, et va par l’intérieur de l’Acadie aboutir au golfe Saint-Laurent. […] Tout est machine et ressort, tout est extérieur, tout est fait pour les yeux, dans les tableaux du paganisme ; tout est sentiment et pensée, tout est intérieur, tout est créé pour l’âme dans les peintures de la religion chrétienne. […] On ne peut se faire une juste idée de ces plâtres moulés et découpés à jour, de cette architecture de dentelles, de ces bains, de ces fontaines, de ces jardins intérieurs, où des orangers et des grenadiers sauvages se mêlent à des ruines légères.

1229. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — I. » pp. 495-512

Grâce à lui, on peut suivre le roi saint Louis dans son intérieur, dans ses habitudes de conversation et de propos, aussi bien que dans ses exploits et dans ses guerres.

1230. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Bourdaloue. — I. » pp. 262-280

Jusque-là, n’admirez-vous pas cette vie constante, unie, enfermée, toute à l’acquisition des connaissances sacrées, toute à l’éducation et à la formation intérieure du talent naturel ?

1231. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Bourdaloue. — II. (Fin.) » pp. 281-300

Toute cette maladie nouvelle et qui n’est que plus subtile et plus intérieure en ce qu’elle se croit une guérison, est développée par Bourdaloue dans une description admirable, et il offre en quelque sorte un miroir dans lequel ceux qu’il a en vue ne peuvent s’empêcher d’être reconnus et devaient eux-mêmes se reconnaître, Il rappelle excellemment « à ces sages dévots, à ces dévots superbes qui se sont évanouis dans leurs pensées », que la vraie austérité du christianisme consiste à être abaissé, à être oublié (Ama nesciri) : Car voilà, s’écrie-t-il, ce qui est insupportable à la nature : On ne pensera plus à moi, on ne parlera plus de moi ; je n’aurai plus que Dieu pour témoin de ma conduite, et les hommes ne sauront plus, ni qui je suis, ni ce que je fais.

1232. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) «  Œuvres de Chapelle et de Bachaumont  » pp. 36-55

[NdA] Il est rare que dans un groupe, dans un parti philosophique, politique ou autre, il n’y ait pas quelque esprit sensé, parmi les adhérents mêmes, qui fasse tôt ou tard les objections : ainsi Mélanchthon parmi les luthériens, Nicole parmi les jansénistes, le président Jeannin parmi les ligueurs ; ainsi, dans le cas présent, Bernier panai les gassendistes : tous ces hommes, et d’autres que nous ignorons, savaient très bien les côtés faibles, et disaient à l’intérieur bien de bonnes raisons et des vérités à l’oreille de leurs amis.

1233. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Instruction générale sur l’exécution du plan d’études des lycées, adressée à MM. les recteurs, par M. Fortoul, ministre de l’Instruction publique » pp. 271-288

Je sais bien que Socrate, en son temps, se détournait des sophistes, des prétendus sages qui raisonnaient à perte de vue sur le principe des choses, sur les vents, les eaux, les saisons ; Socrate avait raison de se passer de la mauvaise physique de son temps, de ses hypothèses ambitieuses et prématurées, pour ne s’occuper que de l’homme intérieur et lui prêcher le fameux « Connais-toi toi-même ». « C’est une grande simplesse, a dit Montaigne tout socratique en ce point, d’apprendre à nos enfants “Quid moveant Pisces…”, la science des astres et le mouvement de la huitième sphère, avant les leurs propres. » À cela je répondrai encore que Montaigne n’avait pas tort de préférer de beaucoup l’étude morale à celle d’une astronomie compliquée et en partie fausse.

1234. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — I » pp. 395-413

Elle n’a pas seulement parlé de ses parents très à la légère et au naturel, elle s’en est pris à tout ce qui l’entourait de sots et d’ennuyeux ; elle a trahi le secret de l’intérieur des petites principautés.

1235. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — I » pp. 249-267

Pourtant, on a beau être savant et d’une pénétrante intelligence, comme on est jeune, comme on a soi-même ses excès intérieurs de force et de désirs, comme on a ses convoitises et ses faiblesses cachées, il y a des illusions aussi que peuvent faire ces œuvres toutes modernes du dehors et qui s’adressent à la curiosité la plus récente ; on les voit comme les premières jeunes femmes brillantes qu’on rencontre et à qui l’on croit plus de beauté qu’elles n’en ont ; on leur suppose parfois un sens, une profondeur qu’elles n’ont pas, on leur applique des procédés de jugement disproportionnés, et on les agrandit en les transformant.

1236. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. »

Ici nous sommes au centre même du mouvement intérieur, et, selon l’expression ingénieuse du meilleur des juges46, nous sommes comme au dedans d’une montre dont nous voyons s’engrener et marcher les rouages.

1237. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. (Suite et fin) »

Boileau (et je ne parle pas ici du poète louant en public, mais de l’homme de sens s’épanchant dans la familiarité), Boileau était d’un tout autre avis ; il entrait, nous assure-t-on, dans une espèce d’enthousiasme lorsqu’il parlait de Louis XIV, et l’on a recueilli de ses lèvres ces propres paroles, qui renferment un si bel éloge sous forme littéraire : « C’est, disait-il, un prince qui ne parle jamais sans avoir pensé ; il construit admirablement tout ce qu’il dit ; ses moindres reparties sentent le souverain ; et quand il est dans son domestique, il semble recevoir la loi plutôt que la donner. » Ce dernier trait se rapporte à la facilité de vivre du roi dans son intérieur et à son égalité d’humeur avec tout ce qui l’entourait.

1238. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Charles-Quint après son abdication, au monastère de Saint-Just »

Il dissimula même très bien aux yeux de tous sa reprise ou son redoublement d’action consultative dans les négociations du dehors ; surtout il ne voulut jamais paraître se mêler en rien des affaires de l’intérieur du royaume ; et le solitaire, quoique très visité des reines, ses sœurs, et des plus hauts personnages, le demi-saint, comme rappelle Brantôme, conserva jusqu’au bout son air de réserve et son attitude d’auguste reclus.

1239. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire. »

Et en général, toutes ces lettres de Ducis sont la poésie même de la vie intérieure, du foyer ou de la charmille.

1240. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Les quatre moments religieux au XIXe siècle, (suite et fin.) »

On se souvient encore des acclamations qui accompagnèrent la promulgation de cet acte éminent en sociabilité autant que hardi de la part de celui qui osa le tenter : acclamations qui, interprètes sincères de l’opinion publique, étouffèrent les cris des mécontents et les fureurs concenirées que le rétablissement de la religion fit naître dans quelques cœurs. » La suite, on le sait trop, répondit mal à de si heureux débuts, et sans même que les événements politiques survenus peu après en Italie eussent besoin d’y mêler leur complication, il y avait dans la seule situation intérieure bien des germes de difficultés futures.

1241. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet »

Le tableau qu’il exposa en 1822 et qui représente l’Intérieur de son atelier donnerait, je crois, une idée un peu fausse si on le prenait au pied de la lettre et si on ne voyait Horace Vernet que dans cette heure de spirituelle ivresse, dans cette débauche de gaieté perpétuelle.

1242. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. (suite) »

Le fait est que Michel, malgré ses instants de joie et de triomphe, ne l’a point complètement soumise et domptée ; il n’a pu parvenir à la réduire dans son orgueil, dans son raffinement d’esprit ; il ne lui a pas donné le sentiment qu’elle était vaincue : et la conscience qu’il a de ce peu de succès intérieur le décourage à son tour et le refroidit.

1243. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Le maréchal de Villars. »

C’est par ce jeu prudent et serré, et par l’habileté de ses manœuvres, qu’il parvint à couvrir Arras, cette capitale de l’Artois, sur laquelle l’ennemi avait d’abord jeté ses vues et qui lui aurait ouvert l’entrée dans l’intérieur du royaume.

1244. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite et fin.) »

. — Oui, ce sont bien là les intérieurs garnis, à hauteur d’homme, de carreaux de faïence formant des mosaïques comme dans les salles de l’Alhambra, les fines nattes de jonc, les tapis de Kabylie, les piles de coussins et les belles femmes aux sourcils rejoints par le furmeh, aux paupières bleuies de kh’ol, aux joues blanches avivées d’une couche de fard, qui, nonchalamment accoudées, fument le narguilhé ou prennent le café que leur offre, dans une petite tasse à soucoupe de filigrane, une négresse au large rire blanc. » C’est sur cet admirable petit tableau que finissait le premier article57.

1245. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

C’est la vie la plus favorable à la pratique de la vertu, au soutien de tous les penchants, de tous les goûts qui assurent le bonheur social et le bonheur individuel dans cet état de société ; je sens ce qu’elle vaut, je m’applaudis d’en jouir… » Voilà la vie de Mme Roland pendant des années et son intérieur moral, calme, contenu, sain et purifiant ; voilà les tableaux dignes de sa première vie, ceux qu’on ne saurait trop rappeler à son sujet et que je regretterais de voir ternir ; car ils donnent l’expression vraie et fidèle.

1246. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite et fin.) »

Dans l’intérieur de l’Hôtel de Ville, j’ai été personnellement très bien reçue.

1247. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Mlle Eugénie de Guérin et madame de Gasparin, (Suite et fin.) »

Aussi, Eugénie de Guérin et elle, quand elles sont tristes, elles n’ont pas la tristesse elle-même semblable : l’une, tout heureuse qu’elle est, a la tristesse plus rude, poignante, froissante, violente, qui se proclame sur les toits, — qui crie « comme une aigle », — une tristesse ardente, de cœur et d’âme, je le veux, mais aussi de tête, tout d’un coup relevée de joies puissantes et vigoureuses : l’autre, plus atteinte au cœur, a la tristesse plus vraie, plus douce et résignée, continue, non intermittente, calme, profonde et intérieure ; elle est plus une colombe blessée.

1248. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire de la Grèce, par M. Grote »

Un savant français des plus érudits, mais de plus de savoir encore que de discernement, d’Ansse de Villoison, avait découvert en 1781, dans la Bibliothèque de Saint-Marc à Venise, et il avait publié en 1788 un texte de l’Iliade avec un immense cortège de scolies grammaticales qui initiaient les doctes lecteurs à tout le travail intérieur et, pour ainsi dire, à la cuisine des critiques d’Alexandrie ; on assistait à leurs dissidences, à leurs doutes touchant l’authenticité de tel ou tel vers ; on était introduit dans le cabinet même et le laboratoire d’Aristarque.

1249. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par le chevalier d’Arneth »

Dans une lettre qui a pour objet les lectures de Mme la dauphine, et où il montre la difficulté de lui en faire de suivies, il entre dans un détail minutieux qui révèle les assujettissements de cet intérieur et l’espionnage des mille argus : « Il est bien certain qu’indépendamment de la satisfaction que Mme la dauphine désirerait donner à l’impératrice sur cet objet (les lectures), elle y gagnerait beaucoup pour elle-même.

1250. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DISCOURS DE RÉCEPTION A L’ACADÉMIE FRANÇAISE, Prononcé le 27 février 1845, en venant prendre séance à la place de M. Casimir Delavigne. » pp. 169-192

L’analyse intérieure de son procédé, de sa tactique savante en cette seconde phase, serait curieuse à suivre de près : nous nous tenons aux simples aspects.

1251. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SÉVIGNÉ » pp. 2-21

L’Europe, au sortir des troubles religieux et à travers les phases de la guerre de Trente ans, enfantait laborieusement un ordre politique nouveau ; la France à l’intérieur épuisait son reste de discordes civiles.

1252. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « CHRISTEL » pp. 515-533

Comment se fuir elle-même, s’isoler contre l’incendie intérieur qui s’acharnait ?

1253. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre II. Les privilèges. »

Pitt, les Prussiens sous Frédéric II, sans séditions ni troubles intérieurs : voilà certes une merveille, et, pour qu’un peuple demeure indépendant, il faut que tous les jours il soit prêt à la faire.

1254. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXVIIIe entretien. Tacite (1re partie) » pp. 57-103

Il laisse transpirer, plutôt qu’il ne le témoigne, son mépris intérieur contre un peuple assez vil pour regretter son tyran : « La vile multitude, dit-il, celle qui assiège le cirque et les théâtres gratuits, et la lie des esclaves, et tous ceux qui, ayant dévoré leur patrimoine, vivaient des honteuses munificences de Néron, se montraient tristes et avides de nouvelles.

1255. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 193-236

Les sentinelles me laissèrent librement passer la grille de l’arsenal et entrer dans la cour intérieure des galériens.

1256. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre II. Littérature dramatique — Chapitre I. Le théâtre avant le quinzième siècle »

Des scènes décousues qui défilent devant nous comme une collection d’images sous les yeux d’un enfant, nulle préoccupation des caractères, des sentiments et de la vie intérieure, une stricte déclaration des pensées précisément nécessaires pour rendre les actes intelligibles dans leur suite, mais non pas dans leur production, un courant facile et plat de style où sont semés des îlots de rondels, motets et chansons, certains raffinements d’art, et point de poésie : voilà ces Miracles de Notre-Dame.

1257. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. L’Histoire »

Le problème historique se posa pour lui comme une résurrection de la vie intégrale, dans ses organismes intérieurs et profonds.

1258. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Alphonse Daudet, l’Immortel. »

Même il y a, dans les rencontres de ce père et de ce fils, qui n’ont pas une idée en commun, un dramatique froid navrant qui serre le cœur (et qui serait peut-être doublé si l’auteur semblait moins persuadé qu’Astier-Réhu n’est qu’une horrible vieille bête)… Mais enfin cette unité secrète, intérieure du livre, M. 

1259. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IV. Précieuses et pédantes »

Je trouve même supérieurs à tous les harmonieux, ceux qui ont une unité réelle dont le principe est intérieur.

1260. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre V »

Ce faux tableau de l’intérieur d’un journal est d’ailleurs plus naïf encore que cruel.

1261. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Pensées, essais, maximes, et correspondance de M. Joubert. (2 vol.) » pp. 159-178

Il demandait un agrément vif et doux, une certaine joie intérieure, perpétuelle, donnant au mouvement et à la forme l’aisance et la souplesse, à l’expression la clarté, la lumière et la transparence.

1262. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Campagnes d’Égypte et de Syrie, mémoires dictés par Napoléon. (2 vol. in-8º avec Atlas. — 1847.) » pp. 179-198

Il renonça donc sans hésiter à l’Égypte, et n’eut que le temps, à la veille de son brusque départ, de dicter pour Kléber trois mémoires, où il exposait ses vues sur la politique intérieure à suivre et sur les dispositions militaires à prendre.

1263. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. » pp. 432-452

C’est surtout en lisant la première partie, si pleine d’intérêt, ces scènes d’intérieur, d’enfance et de première jeunesse, où les impressions, idéalisées sans doute, ne sont pas sophistiquées encore et sont restées sincères, c’est à ce début qu’on sent combien un récit plus simple, plus suivi, moins saccadé, portant avec soi les passages naturellement élevés et touchants, serait d’un grand charme.

1264. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Étienne Pasquier. (L’Interprétation des Institutes de Justinien, ouvrage inédit, 1847. — Œuvres choisies, 1849.) » pp. 249-269

Une lettre admirable de lui, et qui le peint dans la sérénité de son rajeunissement final, est celle qu’il adresse à Achille de Harlay, retiré également des charges publiques, sur les douceurs de la retraite, sur les charmes d’une étude paisible et variée, désormais toute confinée à l’intérieur du cabinet, et dont on se dit qu’on ne sortira plus : « J’ai d’un côté mes livres, ma plume et mes pensées ; d’un autre, un bon feu tel que pouvoit souhaiter Martial quand, entre les félicités humaines, il y mettoit ces deux mots : focus perennis.

1265. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Histoire du chancelier d’Aguesseau, par M. Boullée. (1848.) » pp. 407-427

On y voit paraître et reluire, après quelques pages de lecture continue, l’image de la vie privée, des vertus domestiques, de la piété et de la pudeur de l’écrivain, ce qu’une de ses petites-filles a si excellemment appelé ses charmes intérieurs.

1266. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Nouveaux documents sur Montaigne, recueillis et publiés par M. le docteur Payen. (1850.) » pp. 76-96

Pourtant daignons réfléchir, et disons-nous qu’en laissant en dehors l’Empire, lequel, à l’intérieur, était une époque de calme et, avant 1812, une époque de prospérité, nous qui nous plaignons si haut, nous avons vécu paisiblement depuis 1815 jusqu’en 1830, quinze longues années ; que les trois journées de Juillet n’ont fait qu’inaugurer un autre ordre de choses qui, durant dix-huit autres années, a garanti la paix et la prospérité industrielle ; en total trente-deux années de calme.

1267. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le président de Brosses. Sa vie, par M. Th. Foisset, 1842 ; ses Lettres sur l’Italie, publiées par M. Colomb, 1836. » pp. 85-104

De telles conceptions pourtant sur les origines et la fabrique intérieure des choses et sur les méthodes humaines naturelles, témoignent d’un esprit qui, de bonne heure, selon l’expression de Buffon, s’était trouvé porté au plus haut point de la métaphysique des sciences, et en avait occupé les sommets : de là sa vue s’étendait sur l’ensemble, et les détails se rangeaient à ses yeux sous de certaines lois.

1268. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — I. » pp. 186-205

Si l’on avait conservé les lettres ou plutôt les gazettes que l’abbé Barthélemy écrivait de Chanteloup à Mme Du Deffand, et où il rendait compte du mouvement de société jour par jour, on aurait de vrais mémoires sur un intérieur du grand monde au xviiie  siècle.

1269. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — II. (Fin.) » pp. 246-265

Il vivait dans une sorte de solitude, avec ses confidents ; il dormait peu ; et, dans ses nuits sans sommeil, avec cette organisation que nous lui savons, toute desséchée par l’ardeur intérieure et comme amincie par la souffrance, il n’avait pour contentement austère, ainsi qu’il l’a dit quelque part d’une manière sublime, que de voir tant d’honnêtes gens dormir sans crainte à l’ombre de ses veilles.

1270. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — II. (Fin.) » pp. 476-495

Il ne se trompe que sur un point, sur la qualité de poète qu’il s’attribue ; mais il y a dans ce premier étonnement d’être devenu capitaine quelque chose d’imprévu et de piquant, et qui jette de la lumière sur le procédé de formation et sur la nature intérieure de Frédéric.

1271. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1873 » pp. 74-101

Et voilà Daudet, Lépine, le musicien, et Morny lui-même, avec sa calotte, et sous la grande robe de chambre, dans laquelle il singeait le cardinal-ministre : les voilà tous les trois tressautant sur des tabourets, en faisant de grands zim boum, zim badaboum, pendant que l’Intérieur et la Police se morfondaient.

1272. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1880 » pp. 100-128

Il s’échoue dans un fauteuil, en se plaignant geignardement, et un peu à la manière d’un enfant, de maux de reins, de gravelle, de palpitations de cœur, puis il parle de la mort de sa mère, du trou que cela fait dans leur intérieur, et il en parle avec un attendrissement concentré.

1273. (1767) Salon de 1767 « Adressé à mon ami Mr Grimm » pp. 52-65

Ne convenez-vous pas encore que les parties molles intérieures de l’animal, les premières dévelopées, disposent de la forme des parties dures ?

1274. (1911) Jugements de valeur et jugements de réalité

Ce qui a de la valeur est bon à quelque titre ; ce qui est bon est désirable ; tout désir est un état intérieur.

1275. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VI. Daniel Stern »

Nul mouvement intérieur n’anime sa phrase et ne la secoue et ne lui imprime ces sinuosités et ces raccourcis qui font du style une peinture.

1276. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « IX. Mémoires de Saint-Simon » pp. 213-237

Il ne rappelle point enfin, et peut-être ne le sait-il pas, que la santé de Louis XV enfant étant faible, Dubois avait établi un système de gouvernement qui réglait la politique étrangère pour le cas où le roi mourrait, et toute l’administration intérieure pour le cas contraire.

1277. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Macaulay »

Intérieur et extérieur, également embrassés, de l’ouvrage qu’il veut faire connaître, influences subies ou repoussées, époques reproduites à grands traits, individualités pénétrées, manière toute-puissante et presque magique de grouper les faits dans laquelle il est passé maître, vues ingénieuses et profondes, preuves historiques resplendissant d’exemples à l’appui de ses opinions, et, quand il n’est pas dans la vérité absolue, mirages historiques si bien faits que les plus savants peuvent y être pris, voilà les forces vives du genre de critique qui est la gloire de Macaulay !

1278. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Brizeux. Œuvres Complètes »

Dans des poésies du genre de celles de Brizeux, précisément, la couleur locale devrait avoir un profond, un bistré, un ton d’or noir, qui eût rappelé l’intérieur enfumé de ces fermes et de ces cabanes, qu’il n’aurait jamais dû quitter, et à la porte desquelles il aurait pu un jour trouver la gloire que Burns y trouva, l’heureux homme !

1279. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre IV. L’unification des sociétés »

« Un corps unique, et placé au centre du royaume, qui réglemente l’administration publique dans tout le pays ; le même ministre dirigeant presque toutes les affaires intérieures ; dans chaque province, un seul agent qui en conduit tout le détail ; point de corps administratifs secondaires ou des corps qui ne peuvent agir sans qu’on les autorise d’abord à se mouvoir ; des tribunaux exceptionnels qui jugent les affaires où l’administration est intéressée et couvrent tous ses agents.

1280. (1836) Portraits littéraires. Tome II pp. 1-523

Quand je saurais jour par jour toute la vie intérieure et personnelle d’Alfred de Vigny, je me garderais bien de la publier ; ce serait, à mon avis, une indiscrétion sans profit pour le public, pour le poète ou le biographe. […] Au mouvement, au mécanisme intérieur de la phraséologie française, il a rendu ces périodes amples et flottantes que le dix-huitième siècle dédaignait, qui avaient été s’effaçant de plus en plus sous les petits mots, les petits traits, les petites railleries de madame Geoffrin. […] Si, au lieu du spectacle extérieur et puéril du crime aux prises avec la destinée, il eût cherché le spectacle intérieur et sérieux de la conscience humaine, il aurait rencontré, dans cette étude difficile, d’utiles obstacles. […] Ici encore, comme dans le morceau sur Voltaire, c’est une amplification ingénieuse, élégante, qui révèle dans l’auteur l’habitude familière des ressources intérieures de notre idiome. […] Pourtant cette érudition mondaine compose volontiers avec le décorateur, et depuis le jour où l’on nous a donné, pour un palais de l’île de Chypre, l’intérieur de la cathédrale de Sienne, il n’y a plus de transaction impossible.

1281. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Troisième série

Pendant ces quarante-six ans elle a été conservatrice : elle n’a pas fait une révolution, pas une, l’Empire s’étant écroulé de lui-même sans coup subir à l’intérieur ; elle a étouffé les révolutions que les minorités ont voulu faire, avec une décision, une volonté et une force coercitive inattendues ; elle est même trop rebelle peut-être aux progrès, aux tentatives un peu pénibles de changement ; il n’y a pas d’instrument conservateur plus solide et plus formidable que le suffrage universel. […] Sa vraie devise a été : régularité, uniformité ; plus de douanes intérieures, plus de législations différentes, plus de pays d’Etat d’un côté et pays d’élection de l’autre, plus de justices particulières, plus de droits particuliers ou locaux. […] Il était homme d’intérieur et de silence. […] … on durcit à de certaines places ; on pourrit à d’autres ; on ne mûrit pas. » Ces manies funestes, ces vices et leurs conséquences naturelles : ne pas mûrir, ne pas fournir l’évolution régulière, « vivre au gré d’une âme inquiète » et quelquefois désemparée, ne pas trouver l’équilibre intérieur, sentir en soi une âme durcie en certaines places et d’une faiblesse incurable à d’autres places, machine délicate dont une partie est usée et l’autre rouillée ; tout cela, Sainte-Beuve l’a senti et n’est pas sans en avoir souffert, même en son talent. […] « Entrer en son auteur, s’y installer, le produire sous ses aspects divers, le faire vivre, se mouvoir et parler, comme il a dû faire ; le suivre en son intérieur et dans ses mœurs domestiques aussi avant que l’on peut ; le rattacher par tous les côtés à cette terre, à ces habitudes de chaque jour dont les grands hommes ne dépendent pas moins que les autres… », voilà ce que Sainte-Beuve trouve utile, fécond, solide et ce qu’il pratiquera toute sa vie.

1282. (1893) Impressions de théâtre. Septième série

» Pour moi, je n’ai nulle envie de railler ; je soupçonne ce pimpant professeur de rhétorique d’avoir eu une vie intérieure. […] Et la Paix des neiges, cet « intérieur » d’un mandarin qui se console de l’hiver en regardant les paysages de ses potiches : Au fond du cabinet de soie, Dans le pavillon de l’étang, « Pi-pi po-po !  […] Sans doute, il n’ignorera point qu’il n’a pu se faire recevoir chez le prince qu’en triomphant d’un préjugé très fort ; mais ce préjugé, il ne le reconnaîtra que pour le plus sot des préjugés en effet, et jamais, même dans son for intérieur, il n’admettra aucune des raisons qui le justifient. […] De très bonne foi, à une règle littérale préservatrice de l’ordre extérieur des sociétés, et qui ne saurait prévoir les exceptions, il sacrifiait la règle intérieure, humaine et non plus sociale, mais dont, au reste, les prescriptions les plus hardies en apparence se retrouvent finalement plus conformes à l’intérêt général que les préceptes de la loi pharisaïque. […] … Compromettre ma paix intérieure si chèrement achetée !

1283. (1898) Essai sur Goethe

Cette méthode l’a conduit à « une merveilleuse parenté avec chaque objet de la nature », à « un accent intérieur, une parfaite harmonie avec l’ensemble ». […] Nul ne fut plus « compréhensif » que Goethe, nul ne le fut moins que Chateaubriand, qui possédait, en revanche, au plus haut degré, cette résonance intérieure, cette sonorité d’âme que l’autre s’agitait pour tirer de soi. […] Ils lui valurent d’être poursuivi par la ligue souabe (ligue des princes, prélats et villes impériales qui s’efforçaient de maintenir la paix intérieure en lieu et place de l’Empereur, lequel avait trop d’autres soucis pour se livrer à cette difficile besogne et manquait d’ailleurs des moyens nécessaires). — Mis en jugement et condamné, Goetz passa deux ans en prison. […] Par vous, j’ai appris à contempler les diverses phases de l’homme intérieur ; vous m’avez donné une seconde jeunesse, vous m’avez fait redevenir poète au moment où j’avais presque entièrement cessé de l’être. » Il n’a d’ailleurs pas moins de sollicitude pour le travail de son émule qu’il n’en attend de celui-ci. […] Je me suis chargée de l’intérieur, toi des affaires du dehors et de l’ensemble.

1284. (1907) Propos littéraires. Quatrième série

« Il faudra développer une sorte de christianisme intérieur. […] J’entends, moi, sa voix intérieure ; mais je ne répondis point. […] Le premier est histoire des rapports entre la France et la Savoie, 1690 environ à 1715 environ ; et le second est l’histoire intérieure de Versailles entre les mêmes dates. […] On s’est soumis à la force intérieure qui pouvait défendre, par terreur de la force étrangère qui pouvait attaquer. […] Avoir toujours les yeux fixés sur l’étranger, quoi que nous fassions, même en politique tout intérieure.

1285. (1856) Réalisme, numéros 1-2 pp. 1-32

que devient la forme devant la sensation de la lumière, et devant le sentiment intérieur ? […] C’est cette physionomie saillante produite par le costume et le genre de vie qu’exige chaque profession qui frappe plus vivement le public, qui résume le plus nettement et le plus simplement pour lui l’existence et l’homme. — Il y a peu de subtilité à accuser les grandes passions, les idées constantes, les désirs, toutes choses larges, visibles, perpétuellement renouvelées et mises en action, dont chacun se rend compte par lui-même et par les autres, tandis que les recherches sur les petits mouvements intérieurs, sur les finesses infinies des sensations, sur les troubles et les aspirations qui ne sont pas dirigés vers un but clair, défini, carré, en un mot, sont imperceptibles et par conséquent peu intéressantes pour la presque totalité des lecteurs chez qui elles ne réveillent aucune idée importante, Elles manquent de points d’appui et sont très douteuses même pour l’écrivain qui s’y livre. […] J’entrevois, sans savoir au juste, jusqu’où on pourrait aller et quels détails pourraient me solliciter plus spécialement, des séries vastes sur les gens du monde, les prêtres, les soldats, les paysans, les ouvriers, les juges, les marchands ; en reprenant ces séries de toutes les façons, par exemple en ouvrant une suite de scènes de mariage, de baptême, de communion, ou bien d’intérieurs de famille ; des naissances, des successions, etc., surtout des scènes qui se passent souvent et qui expriment bien la vie générale d’un pays. […] D’autres demandent quelle est d’ailleurs la manière d’être réaliste, puisqu’il y a deux manières de peindre ; la peinture de l’être extérieur, et la peinture de l’être intérieur, qui forment deux voies séparées. […] Du reste je n’aime pas les livres sans préface, ils ont l’air insolents et dédaigneux ; l’homme qui au contraire fait une préface me paraît poli et plein d’égards ; il trouve que le lecteur est digne de quelques confidences et il lui dit ses tendances, son état intérieur, ses espérances, ses innovations, de manière à se faire valoir le plus possible, et cela a de bon qu’en rapprochant de ces professions de foi les œuvres qui doivent les justifier, on voit je ne sais combien de mensonges, d’illusions, de maladresses et de ridicules dans ces esprits de littérateurs.

1286. (1899) Arabesques pp. 1-223

Firmin Verdier : « Ce serait une vainc dépense d’énergie que de poursuivre en nous je ne sais quel idéal intérieur qui se séparerait avec insolence de la vie sociale. » M.  […] Mais si l’âpre volupté de proclamer la justice et le bon droit envers et contre tous, si la conviction d’agir pour le bien commun nous trempent l’âme au point qu’elle supporte joyeusement les injures, les calomnies et le silence autour de nos œuvres, si nous prouvons enfin que nous sommes des hommes libres, alors nul déboire ne pourra nous abattre, notre vie intérieure sera pleine de lumière et l’approbation de notre conscience doublera notre énergie. […] « Je m’ennuie à crever… J’ai l’ennui de moi-même, indépendant de toute localité, de tout intérieur, de toute lecture… De moi-même, ah ! […] La vie intérieure se nourrit des germes apportés naguère par les images que suscita la forêt splendide. […] Ce sombre témoin des tortures du monde intérieur semblait y rêver encore, sans faire la moindre attention à ce qui l’environnait, sans se laisser jamais distraire de sa mélancolie sauvage. — Quelles furent donc les révolutions souterraines de la terre, quelles incalculables forces se combattirent dans son sein pour que cette masse soulevant les monts, perçant les rocs, fendant les bancs de marbre, jaillit jusqu’à la surface ?

1287. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1871 » pp. 180-366

À la tombe de mon frère, à Montmartre, la fusillade et la canonnade semblent toutes proches et comme dans l’intérieur de Paris. […] L’anéantissement que produit un obus dans un intérieur, j’en trouve deux épouvantables exemples. […] Un jeune garde national meurt d’une blessure presque imperceptible à la poitrine, mais que l’on suppose avoir amené les plus graves désordres à l’intérieur. […] Là-dessus, quelqu’un raconte, que se trouvant au ministère de l’Intérieur, le jour où devaient être signées les conditions de la capitulation de Paris, il attendait avec un ou deux confrères, à l’effet d’avoir des renseignements pour son journal. […] Je fais tout cela sans illusion, bien persuadé, que le jour, où mon intérieur sera créé, de suite la mort me déménagera et que si par hasard la mort est moins pressée que je ne le suppose, il surgira un inconvénient terrible qui me chassera de la maison.

1288. (1929) Critique et conférences (Œuvres posthumes III)

L’ange prit pitié du bon gros juge et du suppléant si vénérable et engagea leurs anges gardiens à plus énergiquement désormais intervenir dans leur for intérieur pour qu’à l’avenir ils missent plus de jugeotte dans leurs jugements et ne se laissassent plus monter le coup par les hésitations d’un plaignant trop gentil et la mauvaise foi d’un méchant croquant. […] Il laisse aussi un considérable recueil de vers, la Cité intérieure, qui va paraître dans quelques mois où presque tout, sinon tout, est de premier ordre et ce sera l’avis du monde lettré, j’en réponds, — et des Contes philosophiques, dont quelques-uns insérés dans différentes revues, nous promettent une belle œuvre sévère. […] Ils n’ont, leur divination confuse l’indiquerait, pas encore perdu le sixième sens intérieur ». […] L’intérieur est plus strictement administratif quant aux corridors, etc., et à leur aménagement ; mais il faut constater et reconnaître qu’ils prennent tout de même du pittoresque et point peu, dans l’apparition, par intervalles on dirait savamment ménagés, de gendarmes véritablement très terribles, en dépit de leur jeunesse, souvent imberbe, et en vertu du bonnet à poils et de la longue capote gris foncé qui les assimilent, dans la pénombre, à de vagues grenadiers de quasi vieilles gardes légendaires. […] À sa particularité… À l’intérieur étaient suspendus des armes, des casaques et différents objets de curiosité, mais la principale attraction, la perle du musée, c’était le squelette parfaitement conservé d’une belle baleine, qui emplissait toute la longueur et presque la hauteur et la largeur de la grotte.

1289. (1881) Le roman expérimental

J’ai dit qu’il insistait sur l’existence d’un milieu intérieur chez l’être vivant. […] La complexité due à l’existence d’un milieu organique intérieur est la seule raison des grandes difficultés que nous rencontrons dans la détermination expérimentale des phénomènes de la vie et dans l’application des moyens capables de la modifier. » Et il part de là pour établir qu’il y a des lois fixes pour les éléments physiologiques plongés dans le milieu intérieur, comme il y a des lois fixes pour les éléments chimiques qui baignent dans le milieu extérieur. […] Pour le physiologiste, le milieu extérieur et le milieu intérieur sont purement chimiques et physiques, ce qui lui permet d’en trouver les lois aisément. […] Derrière ces grands mots, que d’intérieurs malpropres le père partageant ses maîtresses avec le fils, la mère s’oubliant entre les bras des amis de la maison. […] Du moment où les lectrices distinguées d’un journal ont eu sous les yeux ce tableau d’intérieur, je demande à ce qu’on donne vos Sœurs Vatard en prix dans les pensionnats de jeunes filles.

1290. (1889) Les artistes littéraires : études sur le XIXe siècle

Certains chapitres, cités parmi les plus brillants, sont de pures reproductions de paysages, d’intérieurs ou de scènes pittoresques, auxquelles ne manquent ni les jeux d’ombre et de lumière, ni la vivacité du coloris, ni souvent même la notation des voix et des sonorités indéfinissables qui émanent des foules ou des choses. […] Ses Conseils aux jeunes littérateurs 101 ne roulent que sur des questions de ménage, d’organisation intérieure, et distillent une sagesse presque répugnante ; on souffre de voir l’auteur des Fleurs du Mal préconiser la poésie comme un des genres qui rapportent le plus, et qui donnent des intérêts, tardifs souvent, en revanche très gros. […] Dès lors, que l’on conçoive un état d’agitation incessante et indéterminée, coupée d’heures de spleen et de découragement, tandis que les facultés cérébrales s’usent jusqu’à se briser sous le poids de ce labeur stérile, on se sera représenté ce que fut, dans sa triste vérité, la vie intérieure de Charles Baudelaire. […] C’était dans un portrait, dans la peinture d’un paysage, d’une ville ou d’un intérieur, dans l’expression d’une idée, d’une sensation ou d’un sentiment qu’il devait réunir ces notes violemment heurtées d’où jaillit chez le lecteur la curiosité et qui forcent son attention à s’émouvoir. […] Un formidable bouleversement intérieur la menace jusqu’en ses fondations lorsque s’ouvre le volume : révolte d’une armée de quarante mille mercenaires, venus de partout et prêts à tout, contre une population de trafiquants égoïstes et envieux, attachés à leur luxe et âpres au gain, entretenant des soldats pour défendre leurs intérêts et refusant la solde promise quand le péril a disparu.

1291. (1889) La bataille littéraire. Première série (1875-1878) pp. -312

Même la campagne entrait avec le soleil ; à une des fenêtres, un gros sorbier se haussait, jetait des branches par les carreaux cassés, allongeant ses bourgeons comme pour regarder à l’intérieur, et, par les fentes de la grande porte, on voyait les herbes du perron, qui menaçaient d’envahir la nef. […] — Il fit crier sa guitare, et les bandits à l’intérieur passèrent à un nouveau couplet. […] De temps en temps, des claquements de fermeture dans les murs intérieurs du Palais de Justice remuaient toutes les immobilités, faisaient tourner les yeux de tout le monde du côté de la petite porte, par où devait rentrer l’accusée, et les regards s’arrêtaient un moment sur son chapeau, qui pendait attaché, avec une épingle, au bout de rubans flasques. […] Dans sa bouche desséchée sa langue cherche de la salive qui n’y est plus, pendant qu’un larmoiement intérieur lui fait la narine humide. […] Comme nous l’avons dit plus haut, Élisa a assassiné un homme : celui-ci était un soldat, qui, malgré l’abjecte condition de cette fille, se laissait être son amant ; après une scène terrible, un dimanche dans un cimetière, Élisa, devenue folle de colère en quelques secondes, tue le misérable à coups de couteau : folie singulière et constatée qui fait commettre un crime à un être malgré sa protestation intérieure : — « Mais retiens-moi donc ! 

1292. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

C’est l’identification de la sensibilité intérieure qui fait trouver la similitude d’expressions ; mais la ressemblance, en général, s’arrête à ce contour extérieur. Les pastiches sont presque toujours froids, quelque illusion que donne la forme ; l’étincelle intérieure manque, l’inspiration personnelle fait défaut, on piétine sur place. […] La véhémence et l’émotion dépendent du resserrement, de l’énergie intérieure, du développement sobre. « La véritable éloquence, a dit Pascal, se moque de l’éloquence. » On n’imitera donc l’amplification de Cicéron qu’avec une extrême réserve. […] Je n’étais pas entièrement satisfait ; je cherchais toujours, j’espérais trouver un guide plus en rapport avec mon sentiment intérieur, lors qu’enfin Tacite, que j’avais seul oublié, me revint à la mémoire. […] Jamais je n’achevais la seconde page sans que les coups de pinceau si profondément révélateurs du cœur de l’homme en action, de ses mouvements intérieurs et extérieurs, des faits et de leur mobile, me frappant d’une admiration génératrice, ne me fissent ardemment saisir la plume103 ».

1293. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome I pp. 5-537

Elle développe nos idées spéculatives, nos mouvements les plus cachés, les plus internes ; et, tandis que le pinceau détermine avec choix nos surfaces et le dehors des choses, la littérature perce le fond, arrache à la nature mieux sondée ce qu’elle a de plus secret, pénètre jusqu’aux plus tortueux dédales de l’intelligence, développe les derniers plis du cœur humain, l’interroge, le fouille, et, l’ouvrant tout entier à notre œil, étale et anatomise, pour ainsi dire, au grand jour, l’intérieur même de l’homme et les mystères qui sans elle resteraient ensevelis au-dedans de lui. […] Au-dessus de toutes les envies, toujours inaccessible aux amorces du luxe et des faux plaisirs, toujours inaltérable aux froissements, vivant en soi, il habitera seul pour mieux penser au bien des hommes, ou saura méditer au milieu du monde dans la solitude intérieure que gardera toujours son âme. […] Sans doute il faut attribuer ces variétés à l’étendue des cirques où se jouaient les tragédies grecques, à l’usage des masques immobiles que portaient les comédiens, à l’éloignement du point de vue offert en perspective à la foule environnante : elle n’eût pu saisir les nuances fines de sentiments et de détails, ni les complications d’intrigues démêlées par de subtils développements, ni les altérations multipliées des visages de nos Lekain et de nos Talma, images vivantes des plus sublimes transports de l’esprit, des plus intérieures pensées de l’âme, et des troubles les plus profonds du cœur humain. […] Le fiat de Moïse nous frappe, mais la raison ne saurait suivre les travaux de la divinité, qui ébranle sans efforts et sans instruments des millions de mondes. » Cette citation nous rend sensible que l’idée abstraite d’un Dieu est toujours rapetissée par les artifices de l’imagination : elle s’agrandit au contraire en nous par le sentiment intérieur ; l’expression en demeure tacite, et, ne donnant nulle prise aux paroles, elle échappe aux termes et aux figures du style : « De la foi d’un chrétien les mystères terribles « D’ornements égayés ne sont point susceptibles. […] (B) Votre mémoire, Monsieur, ne vous rappelle donc pas qu’Eschyle s’est affranchi des unités dans la tragédie des Euménides, dont la première partie se passe au portique et dans l’intérieur du temple de Delphes, et la seconde dans le sanctuaire du temple de Minerve, où les furies poursuivent Oreste jusqu’au milieu d’Athènes ?

1294. (1930) Le roman français pp. 1-197

Le personnage est vu par l’extérieur, non par l’intérieur. […] Il y introduit seulement on ne sait quelle dignité, on ne sait quelle noblesse intérieure qu’il n’a pas l’air de chercher : c’est le réalisme d’un brave homme — et d’un artiste qui ne veut rien dire qui ne soit la vérité. […] Olive Schreiner, la romancière sud-africaine, a là-dessus une phrase profonde : « La vie a des apparences extérieures volontiers aimables — et un sens intérieur qui est tragique. » Estaunié poursuit ce sens intérieur des choses. […] Rien de plus douloureux pour un adolescent ou un jeune homme qui prend la vie au sérieux — et Gide prend tout au sérieux : c’est une de ses différences avec Proust — mais rien aussi de plus fécond littérairement : plus la pensée et la sensibilité sont obligées de réagir sur les contraintes qui lui sont opposées, plus la vie intérieure devient forte, plus la vision est neuve et l’expression vigoureuse, violente même, mais d’une violence qui demeure pour ainsi dire interne : imaginez quelqu’un qui sait devoir manifester les révoltes les plus brûlantes, mais sans faire un geste. […] Mais la vérité intérieure et suprême, c’est que le roman, avant tout, c’est des hommes et des femmes, éternels dans leurs passions toujours les mêmes, quoique vivant dans des conditions changées, et réagissant les unes sur les autres.

1295. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. THIERS. » pp. 62-124

Vers le même temps où se mettait en marche ce jeune esprit, assurément le moins rêveur, un autre grand talent se déclarait aussi, qui semblait, au contraire, appelé à donner à la moderne rêverie et au monde intérieur son expression la plus suave et la plus ample, la plus enchanteresse et la plus harmonieusement sensible. […] Ce premier volume comprend quatre livres, car l’ouvrage est divisé en livres dont chacun porte un nom, le nom du fait dominant ; ainsi le premier livre a pour titre Constitution de l’an VIII ; le second Administration intérieure ; le troisième Ulm et Gênes ; le quatrième Marengo, etc.

1296. (1858) Cours familier de littérature. V « XXIXe entretien. La musique de Mozart » pp. 281-360

Tout y respire le calme, le recueillement, la religion, l’amour contenu, le silence propice au chant intérieur que l’homme musical écoute en lui. […] La verve, sorte d’ivresse gaie du génie, n’est pas nécessaire aux autres arts, par exemple aux poètes, parce qu’ils se nourrissent plutôt de réflexion et de mélancolie ; mais elle est indispensable aux musiciens, parce que leur âme est une perpétuelle explosion du chant émané en cascades de sons de leur mélodie intérieure.

1297. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIVe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (2e partie) » pp. 97-191

Quand l’âme a su donner à cette interrogation intérieure l’attention et la persévérance qu’exigent de si délicates études, elle se discerne elle-même avec une évidence que rien n’égale. […] Le philosophe n’a plus, comme le vulgaire, qu’à interroger sa conscience ; il y trouve la voix intérieure qui parlait si haut à Socrate, et que tout homme porte en lui, si d’ailleurs tout homme ne sait pas l’entendre aussi bien, et la suivre aussi docilement.

1298. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXXXIXe entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

Ceux qui étaient dehors voulaient pénétrer à l’intérieur, où étaient leurs amis. […] Ainsi faisait à l’intérieur, Volkêr du pays burgonde.

1299. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 octobre 1885. »

À inspirer cette double conversion, prodigieuse, quelles circonstances furent, quels mouvements intérieurs des pensées ? […] Néanmoins on pourrait, et cela pour de puissants motifs intérieurs, regarder le socialisme contemporain comme très digne d’être pris en considération par notre société civile, aussitôt qu’il formerait une alliance étroite avec les trois associations mentionnées plus haut, celle des végétariens, celle pour la protection des animaux et la société de tempérance.

1300. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre V : Lois de la variabilité »

Comme on trouve en abondance une espèce aveugle de Bathyscia à l’ombre des rochers qui environnent l’entrée des cavernes, on peut croire que la perte de la vue chez l’espèce qui en habite l’intérieur n’a point pour cause l’obscurité de sa demeure, et il semble tout naturel qu’un insecte déjà aveugle se soit accoutumé aisément à vivre dans une caverne82. […] N’est-il pas plus naturel de supposer que l’espèce aveugle de Bathyscia qui vit au dehors des cavernes descend de l’espèce aveugle qui en habite l’intérieur ; et que si la sélection naturelle a pu réussir à adapter celle-ci à ses conditions de vie, elle n’a pas encore eu le temps ou l’occasion d’agir sur l’autre pour lui rendre graduellement la vue ?

1301. (1753) Essai sur la société des gens de lettres et des grands

C’est pour cette raison que plus la valeur d’un ouvrage est intrinsèque et indépendante de l’opinion, moins on s’empresse de lui concilier le suffrage d’autrui ; de là vient cette satisfaction intérieure si pure et si complète que procure l’étude de la géométrie ; les progrès qu’on fait dans cette science, le degré auquel on y excelle, tout cela se toise, pour ainsi dire, à la rigueur, comme les objets dont elle s’occupe. […] Tous les hommes, quoi qu’en dise l’imbécillité, la flatterie ou l’orgueil, sont égaux par le droit de la nature : le principe de cette égalité se trouve dans le besoin qu’ils ont les uns des autres, et dans la nécessité ou ils sont de vivre en société ; mais l’égalité naturelle est en quelque manière détruite par une inégalité de convention, qui, en distinguant les rangs, prescrit à chacun un certain ordre de devoirs extérieurs ; je dis extérieurs ; car les devoirs intérieurs et réels sont d’ailleurs parfaitement égaux pour tous, quoique d’une espèce différente.

1302. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre I. De l’intensité des états psychologiques »

La joie intérieure n’est pas plus que la passion un fait psychologique isolé qui occuperait d’abord un coin de l’âme et gagnerait peu à peu de la place. […] Ainsi, il y a plusieurs formes caractéristiques de la joie purement intérieure, autant d’étapes successives qui correspondent à des modifications qualitatives de la masse de nos états psychologiques.

1303. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — II. (Fin.) » pp. 452-472

» Il reconnaissait trop tard cette vérité, « qu’à mesure que nous descendons la vallée de la vie, nos infirmités demandent quelques-uns des soins et la société intérieure d’une femme ».

1304. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — II. (Fin.) » pp. 513-532

« Saint Louis, dit Tillemont, était blond et avait le visage beau comme ceux de la maison de Hainaut, dont il était sorti par sa grand-mère Isabelle, mère de Louis VIII. » Pour achever de comprendre ce genre de beauté noble et attrayante, d’une douce fierté, cette trempe royale et chrétienne tout ensemble, je crois qu’on y peut introduire quelque chose de l’idée d’un saint François de Sales avec moins de riant, avec plus de gravité de ton et de relief chevaleresque, avec le casque d’or et le glaive nu aux jours de bataille : mais c’était également une de ces natures en qui le feu intérieur reluit et qui se consument d’elles-mêmes de bonne heure par trop de zèle et de charité.

1305. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — I. » pp. 301-321

Dans l’intervalle, et pendant le séjour qu’il fit en Lombardie, à Milan, à Brescia, à Bergame, à cet âge de moins de vingt ans ; au milieu de ces émotions de la gloire et de la jeunesse, de ces enchantements du climat, du plaisir et de la beauté, il acheva son éducation véritable, et il prit la forme intérieure qu’il ne fera plus que développer et mûrir depuis : il eut son idéal de beaux-arts, de nature, il eut sa patrie d’élection.

1306. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Le président Hénault. Ses Mémoires écrits par lui-même, recueillis et mis en ordre par son arrière-neveu M. le baron de Vigan. » pp. 215-235

Je ne puis vous exprimer quel effet m’ont fait ces pièces… » Voltaire eut toute une discussion avec le président au sujet de ce François II : « Je voudrais que, quand il se portera bien, disait-il, et qu’il n’aura rien à faire, il remaniât un peu cet ouvrage, qu’il pressât le dialogue, qu’il y jetât plus de terreur et de pitié, etc. » Bons conseils à suivre lorsque le démon intérieur s’en mêle.

1307. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Une petite guerre sur la tombe de Voitture, (pour faire suite à l’article précédent) » pp. 210-230

Il ne courait risque, après tout, d’y recueillir lui-même que des louanges ; c’était du moins ce que la voix intérieure lui disait.

1308. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — II » pp. 316-336

Tandis que Richelieu, déjà fort de la confiance de Louis XIII, préparait son grand dessein européen, l’abaissement de l’Espagne et de la maison d’Autriche, pour lequel il comptait se servir d’une nouvelle alliance étroite avec l’Angleterre, il se voit donc arrêté tout court par cette levée de boucliers à l’intérieur, qui coupe en deux le royaume : Cette révolte, dit-il énergiquement, venait si à contretemps au roi en cette saison où il avait tant d’affaires au dehors, que la plupart de ceux de son conseil étaient si éperdus, que tantôt ils voulaient qu’on fît une paix honteuse avec l’Espagne, tantôt qu’on accordât aux huguenots plus qu’ils ne demandaient.

1309. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — II » pp. 375-394

Je n’ai pas la prétention de résumer en si peu de mots toute cette féerie de Rheinsberg, cette existence à la Conti que le prince Henri mènera pendant plus de trente ans, et qui eut ses péripéties intérieures, ses orages même, ses nuances et ses déclins de saison.

1310. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Mémoires ou journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guetté. Tomes iii et iv· » pp. 285-303

Pendant les derniers dix-huit mois de la vie de Bossuet, l’abbé Le Dieu nous tient au courant, beaucoup plus que nous ne voudrions, de ses griefs, des mille tracasseries et des misères de cet intérieur où l’illustre prélat était de plus en plus enchaîné par sa maladie.

1311. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers. »

Dutens lui représenta qu’étant né en France de parents protestants qui l’avaient élevé dans leur religion, il n’avait pu regarder ce pays comme sa patrie, puisque le gouvernement même du royaume avait pour maxime que l’on ne connaissait point de protestants en France (et c’est ce qu’un ministre des Affaires intérieures lui dit un jour à lui-même).

1312. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers (suite et fin.) »

Quand notre visite eut assez duré, elle et moi nous le quittâmes, et nous étions déjà dans le passage intérieur du Temple, lorsque tout d’un coup nous entendîmes un bruit comme un tonnerre : c’était Johnson, qui, à ce qu’il paraît, après un instant de réflexion, s’était mis en tête qu’il devait faire les honneurs de sa résidence littéraire à une dame étrangère de qualité, et qui, tout empressé de se montrer galant, se précipitait du haut en bas de l’escalier dans une violente agitation.

1313. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. (suite et fin). »

Le Jansénisme, apaisé en apparence depuis la Paix de l’Église (1669), s’aigrissait sous cette surface dormante et restait une des graves difficultés intérieures du règne.

1314. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid(suite et fin.)  »

Tout le drame se passe et est ramené au sein de la substance intérieure « dont toute l’essence ou la nature n’est que de penser, et qui, pour être, n’a besoin d’aucun lien et ne dépend d’aucune chose matérielle. » C’est ce que dit Descartes ; c’est à peu près ce que pratique Corneille.

1315. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite et fin.) »

Je crois que bien des gens seraient surpris s’ils connaissaient jusqu’où va mon intérieur sur ce sujet ; j’ai bien fait des réflexions en ma vie sur les révolutions qui peuvent arriver aux hommes, et particulièrement à ceux qui sont honorés d’être en place ; j’y ai trouvé quelque appui et quelque consolation dans l’étourdissement où ce coup m’a mis.

1316. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

. — Cher monsieur, c’est à moi à vous remercier de m’avoir procuré l’occasion et les moyens de présenter ainsi l’intérieur de cette charmante et pathétique figure.

1317. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [III] »

Dès le 29 juin 1810, le prince Berthier prévenait le ministre Clarke que « par décision de la veille l’Empereur avait accordé à M. l’adjudant-commandant (Berthier a effacé de sa main le titre de colonel) baron de Jomini un congé de six mois pour soigner sa santé dans ses foyers. » C’est de là, de la ville d’Aarau, que Jomini adressait à cet ami, le baron Monnier, les lettres suivantes où ses fluctuations et son orage intérieurs apparaissent à nu : « Aarau, 15 octobre 1810.

1318. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. (Les Pleurs, poésies nouvelles. — Une Raillerie de l’Amour, roman.) » pp. 91-114

. — Enfin on refusa la succession dans la peur de vendre notre âme, et nous restâmes dans une misère qui s’accrut de mois eu mois, jusqu’à causer un déchirement d’intérieur où j’ai puisé toutes les tristesses de mon caractère.

1319. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN DERNIER MOT sur BENJAMIN CONSTANT. » pp. 275-299

» Prolonger de telles situations, les créer par amusement, tout en se flattant d’avoir trois cœurs, c’est le sûr moyen de n’en avoir bientôt plus un ; à un tel régime la sensibilité véritable s’épuise, la volonté se ruine et s’use, l’être moral intérieur arrive vite à un complet délabrement.

1320. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « DU ROMAN INTIME ou MADEMOISELLE DE LIRON » pp. 22-41

Dans la première, une femme de qualité établie à Lausanne, la mère de la jolie Cécile dont nous avons cité le portrait, écrit à une amie qui habite la France les détails de sa vie ordinaire, le petit monde qu’elle voit, les prétendants de sa fille et les préférences de cette chère enfant qu’elle adore ; le tout dans un détail infini et avec un pinceau facile qui met en lumière chaque visage de cet intérieur.

1321. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre V. Des ouvrages d’imagination » pp. 480-512

Au dehors, tout est vu, tout est jugé ; l’être moral, dans ses mouvements intérieurs, reste seul encore un objet de surprise, peut seul causer une impression forte.

1322. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIIIe entretien. Chateaubriand, (suite) »

La Providence semble ainsi réserver à ses favoris deux femmes providentielles : l’une, à l’entrée de la vie pour les enivrer d’un premier amour ; l’autre, au déclin des jours pour faire respecter l’intérieur.

1323. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre V. Transition vers la littérature classique — Chapitre I. La littérature sous Henri IV »

On n’a qu’un très petit nombre de ses sermons : c’en est assez, avec ses Entretiens spirituels qu’on a recueillis, pour nous faire juger cette éloquence solide et insinuante, qui semble une causerie aisée, soudaine, enlevée jusqu’au pathétique par une émotion intérieure : c’est parfois un commentaire chaleureux de quelque texte sacré, parfois une libre instruction sans ordre apparent, ou divisée sans subtilité.

1324. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jules de Glouvet »

Dans le Marinier, les détails abondent sur la vie du fleuve, sur la manœuvre des bateaux, sur leur disposition intérieure, etc. : a-t-on la sensation de la Loire ?

1325. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Paul Bourget  »

Il a même habité l’Espagne et le Maroc, et je vous demande un peu ce que le Maroc pouvait lui dire, à lui le méditatif, l’homme du songe intérieur !

1326. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Victor Duruy » pp. 67-94

Le pessimisme est excellent pour soi, pour la vie et le perfectionnement intérieurs, — à moins qu’au contraire (cela s’est vu) il ne devienne une excuse à la corruption et à la lâcheté.

1327. (1890) La fin d’un art. Conclusions esthétiques sur le théâtre pp. 7-26

Bien qu’il ne soit pas malaisé de montrer, dans les drames religieux de l’Inde ancienne, l’image d’une vie tout intérieure mais que des cultes pieux faisaient sociale ; dans les tragi-comédies du moyen âge espagnol, la double expression du mélange trouble, d’un obscurantisme fanatique et d’une nature lumineuse ; dans les licencieuses fantaisies du théâtre italien plus moderne, la mise en scène d’une société brillante et dissolue ; — mieux vaut rappeler, pour convaincre par des exemples tout à fait décisifs, les deux peuples dont la vie sociale fut le plus harmonieuse, et la vie théâtrale le plus artistique, la Grèce et la France.

1328. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XX. La fin du théâtre » pp. 241-268

Bien qu’il ne soit pas malaisé de montrer, dans les drames religieux de l’Inde ancienne, l’image d’une vie tout intérieure, mais que des cultes pieux faisaient sociale ; dans les tragi-comédies du moyen âge espagnol, la double expression du mélange trouble, d’un obscurantisme fanatique et d’une nature lumineuse ; dans les licencieuses fantaisies du théâtre italien plus moderne, la mise en scène d’une société brillante et dissolue ; — mieux vaut rappeler, pour convaincre par des exemples tout à fait décisifs, les deux peuples dont la vie sociale fut le plus harmonieuse, et la vie théâtrale le plus artistique, la Grèce et la France.

1329. (1887) Discours et conférences « Réponse au discours de M. Louis Pasteur »

Une voix est en nous, que seules les bonnes et grandes âmes savent entendre, et cette voix nous crie sans cesse : « La vérité et le bien sont la fin de ta vie ; sacrifie tout le reste à ce but » ; et quand, suivant l’appel de cette sirène intérieure, qui dit avoir les promesses de vie, nous sommes arrivés au terme où devrait être la récompense, ah !

1330. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre VIII. La question de gout ce qui reste en dehors de la science » pp. 84-103

A cette formule, autour de laquelle nous n’avons cessé de tourner : Il y a pour une œuvre littéraire (à ne considérer que ses qualités intérieures) cinq ordres différents de beauté ; elle est supérieure, si elle possède à un degré très élevé une des qualités essentielles à l’un de ces ordres ou, à un degré suffisamment élevé, la plupart des qualités qu’il comporte.

1331. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVII. Rapports d’une littérature avec les littératures étrangères et avec son propre passé » pp. 444-461

Il sied encore de regarder dans l’intérieur même de la France les provinces où subsiste une autre langue que celle de la capitale ; à certains moments les patois, ces parents pauvres, prêtent des mots à la sœur plus riche et plus brillante qui les éclipse ; la Bretagne, demeurée fidèle à l’idiome des ancêtres, fut au moyen âge un des chemins par lesquels ont pénétré dans nos romans les vieilles légendes celtiques ; en notre siècle, la résurrection d’une poésie en langue d’oc n’a pas été sans effet sur l’inspiration des poètes du Midi qui ont écrit en français.

1332. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Herbert Spencer — Chapitre I : La loi d’évolution »

En même temps se sont produites des différences dans la densité et la température, entre l’extérieur et l’intérieur de la masse, puis dans les vitesses du mouvement de rotation, qui variaient selon la distance au centre.

1333. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. Tome IXe. » pp. 138-158

Rien n’égale en beauté, comme création de génie majestueuse et bienfaisante, l’œuvre pacifique du Consulat, le Code civil, le Concordat, l’administration intérieure organisée dans toutes ses branches, la restauration du pouvoir dans tous les ordres ; c’est un monde qui renaît après le chaos.

1334. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) «  Mémoires et correspondance de Mme d’Épinay .  » pp. 187-207

On y verra à nu ce qu’était l’intérieur d’un riche mariage dans ce monde de condition et de haute finance au milieu du xviiie  siècle18.

1335. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame Geoffrin. » pp. 309-329

Elle m’obligeait à lui rendre compte de tous mes mouvements et de tous mes sentiments, et elle les rectifiait avec tant de douceur et de grâce, que je ne lui ai jamais rien caché de ce que je pensais et sentais : mon intérieur lui était aussi visible que mon extérieur.

1336. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Procès de Jeanne d’arc, publiés pour la première fois par M. J. Quicherat. (6 vol. in-8º.) » pp. 399-420

Ces colloques mystérieux et solitaires, ces luttes intérieures durèrent bien deux ou trois ans : chaque écho des malheurs publics redoublait l’angoisse.

1337. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Fontenelle, par M. Flourens. (1 vol. in-18. — 1847.) » pp. 314-335

Fontenelle, de bonne heure, marqua tous les défauts d’une nature privée d’idéal et de flamme, et qui n’avait ni ciel à l’horizon ni foyer intérieur ; mais il eut aussi toutes les qualités compatibles avec ces sortes de natures purement intellectuelles.

1338. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Essai sur Amyot, par M. A. de Blignières. (1 vol. — 1851.) » pp. 450-470

On nous le peint encore dans les années paisibles de son épiscopat, aimant la musique, faisant volontiers sa partie dans son intérieur avec ses chanoines et ses chantres avant ses repas : « Il se plaisait même à jouer des instruments, et souvent, avant le dîner, il touchait d’un clavecin, pour se mettre à table l’esprit plus dégagé après ses études sérieuses. » Ce goût du bon évêque alla jusqu’à entraîner des abus, et il s’introduisit dans sa cathédrale des nouveautés de chant qui scandalisèrent les classiques, les amateurs zélés de l’ancien plain-chant grégorien.

1339. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Mémoires du cardinal de Retz. (Collection Michaud et Poujoulat, édition Champollion.) 1837 » pp. 40-61

Il ne prit pas garde que ce repos des premières années de la régence n’était pas la santé véritable ; au lieu de ménager les moyens et d’aviser au lendemain par des remèdes, il continua dans les errements qui aggravaient le désordre et la souffrance à l’intérieur : « Le mal s’aigrit, dit Retz ; la tête s’éveilla ; Paris se sentit, il poussa des soupirs ; l’on n’en fit point de cas : il tomba en frénésie.

1340. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Œuvres de Louis XIV. (6 vol. in-8º. — 1808.) » pp. 313-333

Louis XIV a lui-même exposé la première idée qu’il se fit des choses, et cette première éducation intérieure qui s’opéra graduellement dans son esprit, ses premiers doutes en vue des difficultés, ses raisons d’attendre et de différer ; car « préférant, comme il faisait, à toutes choses et à la vie même une haute réputation, s’il pouvait l’acquérir », il comprenait en même temps « que ses premières démarches ou en jetteraient les fondements, ou lui en feraient perdre pour jamais jusqu’à l’espérance » ; de sorte que le seul et même désir de la gloire, qui le poussait, le retenait presque également : Je ne laissais pas cependant de m’exercer et de m’éprouver en secret et sans confident, dit-il, raisonnant seul et en moi-même sur tous les événements qui se présentaient ; plein d’espérance et de joie quand je découvrais quelquefois que mes premières pensées étaient les mêmes où s’arrêtaient à la fin les gens habiles et consommés, persuadé au fond que je n’avais point été mis et conservé sur le trône avec une aussi grande passion de bien faire sans en devoir trouver les moyensm.

1341. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — I. » pp. 1-22

Pendant l’armistice qui partage en deux cette campagne et dans les semaines qui précèdent la bataille de Leipzig, Marmont est continuellement rapproché de Napoléon, qui l’appelle, le consulte, admet la discussion sur les plans à suivre et passe outre, emporté par un mouvement plus fort d’impatience ardente et de passion : Son esprit supérieur lui a certainement alors montré les avantages d’un système de temporisation, mais un foyer intérieur le brûlait ; un instinct aveugle l’entraînait quelquefois contre l’évidence, parlait plus haut et commandait.

1342. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Michaud, de l’Académie française. » pp. 20-40

Il s’était logé à Passy dans une maison agréable, entourée d’un jardin ; il s’était uni depuis des années à une jeune, à une belle et aimable personne qui animait son intérieur et réjouissait son regard.

1343. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — I. » pp. 127-148

Une chaleur intérieure de sentiment anime sa prudence ; un rayon de soleil éclaire et égaie sa probité.

1344. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — I. » pp. 329-349

« Il était né penseur, et les pensées d’autrui ne pouvaient se mêler avec les siennes. » Ce qu’il devait être un jour, ce n’était que par un long travail intérieur qu’il était destiné à le devenir.

1345. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — I. » pp. 455-475

On me laisse peu de repos, mais l’intérieur est tranquille, et je puis vous assurer que je n’ai jamais été plus philosophe qu’en cette occasion-ci.

1346. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre quatrième. L’expression de la vie individuelle et sociale dans l’art. »

Les lois qui dominent les rapports des représentations forment une sorte de science de la perspective intérieure.

1347. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Émile Zola » pp. 70-104

Zola, comme tous les écrivains peu aptes à imaginer le mécanisme intérieur de la machine humaine, et comme aucun des romanciers psychologues, montre les actes de ses personnages de préférence à leurs raisonnements, les effets plutôt que les causes.

1348. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Doyen » pp. 178-191

J’oubliais de dire que la partie la plus enfoncée montre l’intérieur d’une ville et quelques édifices particuliers.

1349. (1856) Articles du Figaro (1855-1856) pp. 2-6

Si les Fleurs du Mal ont été réellement écrites pour servir de traduction à certaines douleurs morales, j’estime que ces douleurs sont purement imaginaires, car elles n’ont rien de commun avec les grandes plaies intérieures qui dévorent l’homme moderne. […] Ses yeux, petits en apparence, effraieraient par leur profondeur, si le rideau de ses longs cils n’en tempérait la flamme intérieure. […] Enault a le secret de nous captiver par ses descriptions de monuments ou ses peintures d’intérieur ; — car il s’est initié aux mystères les plus intimes de la vie orientale, et l’on voit bien, malgré les préjugés, à la façon savante dont il parle des femmes turques, que ces pudeurs farouches et voilées ne l’ont point traité de Turc à More. […] En un clin d’œil, cette personnalité doucereuse se hérisse d’aspérités menaçantes ; l’esprit de secte met toutes sortes d’angles à cette figure pâlotte qui s’allonge en rictus sarcastique où se trahissent les bouillonnements intérieurs d’une colère sacrée.

1350. (1888) Impressions de théâtre. Deuxième série

Quelle illumination intérieure et quelles larmes ! […] Voici l’intérieur des deux demoiselles Habert : « Nous entrâmes dans une maison où tout me parut étoffé et dont l’arrangement et les meubles étaient dans le goût des habits de nos dévotes. […] En somme, le poète du bon sens, l’auteur de Lucrèce, a été infiniment plus « romantique » dans sa vie privée et dans son for intérieur que l’auteur de Ruy Blas. […] Après quelques instants de lutte intérieure : « Sauve les Flandres, dit-il à Karloo, et je te pardonnerai. […] Le décor représente la cour intérieure d’un gai couvent de camaldules.

1351. (1907) Jean-Jacques Rousseau pp. 1-357

Je l’exécutai courageusement, avec quelques soupirs, je l’avoue, mais aussi avec cette satisfaction intérieure… de me dire : Je mérite ma propre estime, je sais préférer mon devoir à mon plaisir. […] C’est que sa réforme n’est point intérieure, ou du moins ne l’est pas encore. […] On dirait qu’il va devenir capable de « vie intérieure ». […] Il n’était pas modeste, il se connaissait lui-même très incomplètement, mais il avait fini par être sincère dans son projet de réforme et de perfectionnement intérieur. […] Il y a là tout un tableau d’intérieur charmant et cordial, un joli coin de roman bourgeois, — et qui était neuf alors.

1352. (1892) Essais sur la littérature contemporaine

Sully Prudhomme, et son premier titre de poète, que d’avoir enfoncé plus avant que personne dans ce domaine de la vie intérieure. […] Et c’est ce que je veux dire en disant que, si le « christianisme » de Vinet est la règle intérieure de ses jugements littéraires, on peut juger pourtant comme lui, — sans être « chrétien ». […] Un autre nous décrit le régime intérieur de l’École polytechnique ou de l’École des mines : je suppose donc qu’il en sort, et quelques pères de famille le liront sans doute avec curiosité. […] On voudra qu’il soit œuvre d’art autant ou plus que d’observation ; et le premier caractère de l’œuvre d’art, c’est de se distinguer de la nature par la précision de son contour, l’équilibre de ses parties, la logique intérieure de son développement. […] Quant à la signification plus intérieure de l’œuvre, et quant à la pensée qui circule sous ces formes magnifiques, je ne crois pas que M. 

1353. (1933) De mon temps…

Les vivants et les morts y mêlaient leurs voix auxquelles une voix inspirée prêtait ses accents, mais un instant vint où la voix merveilleuse se fit plus intime et plus intérieure. […] Je revois, sur une grande photographie d’intérieur que m’a donnée le regretté poète Auguste Dorchain, son plafond aux moulures prétentieuses, sa glace banalement encadrée, ses deux fenêtres aux lourds rideaux drapés. […] Que de visites dans les musées, que d’arrêts devant les primitifs, dont la vue le plongeait en une sorte d’exaltation intérieure !

1354. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — III. (Fin.) » pp. 371-393

Cette vie qu’on menait au Bois-Roussel a été décrite assez vivement et avec assez de relief par un témoin ou du moins par le fils d’un voisin de terre66 ; ces sortes de descriptions d’intérieur sont trop délicates pour pouvoir être reprises à distance par ceux qui n’en ont pas vu de leurs yeux quelque chose.

1355. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Étienne de La Boétie. L’ami de Montaigne. » pp. 140-161

Cet attrait intérieur qui les porta ainsi tout d’abord à une mutuelle rencontre était bien celui d’esprit à esprit, d’âme à âme.

1356. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — I. » pp. 342-363

Sort-il du spectacle un jour de première représentation, il s’amuse à regarder passer le monde, les jolies femmes qui font les coquettes, les laides qui n’ont pas moins de prétention et qui trouvent moyen de faire concurrence aux jolies, les jeunes gens aussi, qui font les beaux ; il s’amuse à interpréter ce que signifient toutes ces mines qu’il voit à ces visages, ces grands airs et ces maintiens complaisants ; il leur fait tenir de petits discours intérieurs bien précieux, bien vaniteux, qu’il déduit par le menu : Ce petit discours que je fais tenir à nos jeunes gens, on le regardera, dit-il, comme une plaisanterie de ma part.

1357. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — II. (Fin.) » pp. 109-130

Il veut que les causes aient été purement et simplement politiques : On pourrait comparer, dit-il, la Constitution de la France à un vaste édifice dont on a laissé tous les abords ouverts : peu importe qu’on soit entré par une porte ou par une autre pour en dévaster l’intérieur ; on y aurait toujours pénétré du moment où la surveillance en avait été abandonnée à des gardiens négligents ou infidèles. — Un homme est-il assassiné chez lui par un voleur, dit-il encore, le principe de ce crime est l’avidité des richesses ; la cause de l’événement, le voleur ; et si la porte de la maison se trouve ouverte, elle a été l’occasion favorable à l’assassin.

1358. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — I. » pp. 235-256

Tout en admettant sans contrôle et sans critique le merveilleux qui faisait le fond et l’attrait de ce genre d’opérations, Saint-Martin, plus tourné au moral, ne se livrait pas sans réserve à des procédés où la curiosité s’irritait sans cesse et où le cœur profitait si peu ; et lorsqu’en 1792, à Strasbourg, il lui fut donné auprès d’une amie, Mme Boechlin, de connaître les ouvrages allemands de Jacob Boehm, qu’il appelle le Prince des philosophes divins, il crut pouvoir renoncer absolument à toute cette physique périlleuse et pleine de pièges, pour ne plus cultiver que la méditation intérieure.

1359. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — II » pp. 112-130

Dans le monde, dans les lettres, depuis Fontenelle, La Motte, Marivaux, Duclos, Maupertuis, jusqu’à Voltaire lui-même ; depuis les Richelieu, les d’Ayen, les Duras, les Forcalquier, les Maurepas, jusqu’à M. de Choiseul, c’était un genre que la finesse, surtout la finesse caustique, l’épigramme continuelle, l’ironie, épouvantail du simple et du bien, ennemie mortelle du grand ; « et la politesse semblait ne réprimer toute violence extérieure que pour faire germer davantage la noirceur intérieure ».

1360. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — III » pp. 81-102

Il était très bon connaisseur en telle matière, et savait à quoi l’on pouvait appliquer chacun, et aussi que chacun n’est pas toujours le même ; il a de curieuses paroles à ce sujet, et qui montrent qu’il y a un moraliste caché intérieur dans tous les chefs qui ont le don du commandement : Ce que je connais tous les jours dans la pratique des hommes, écrit-il à Chamillart, c’est que l’on ne les connaît point.

1361. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — II » pp. 150-171

Il oubliait que le nombre et la mesure plaisent naturellement aux hommes, que la cadence est aussi un rythme intérieur de la pensée ; que le chant, dans quelques organisations prédestinées, est un don facile, involontaire, une source qui jaillit d’elle-même et se renouvelle sans cesse : Je chantais, mes amis, comme l’homme respire, Comme l’oiseau gémit, comme le vent soupire,     Comme l’eau murmure en coulant.

1362. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe, et d’Eckermann »

Il remarque tout dès le seuil, comme en entrant dans un temple, — l’intérieur du vestibule qui, sans être riche, a beaucoup de noblesse et de simplicité, quelques plâtres de statues antiques placées sur l’escalier, et qui annoncent le goût prononcé du maître du logis pour l’art plastique et pour l’antiquité grecque.

1363. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. »

Un souffle de Fragonard, de Watteau, l’a inspiré à son tour, ou plutôt il n’a obéi qu’à la fée intérieure.

1364. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid (suite.) »

On était moins pittoresque parmi nous du temps de Corneille ; on mettait en première ligne l’analyse morale intérieure.

1365. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Joséphine de Saxe dauphine de France. (Suite et fin.) »

Le dauphin se concentrait dans son intérieur.

1366. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. » p. 232

L’une, la noble châtelaine du Cayla, sous son beau ciel du Midi, dans des lieux aimés, dans une médiocrité ou une pauvreté rurale qui est encore de l’abondance, avec tous les choix et toutes les élégances d’un intérieur de vierge ; l’autre dans la poussière et la boue des cités, sur les grands chemins, toujours en quête du gîte, montant des cinq étages, se heurtant à tous les angles, le cœur en lambeaux, et s’écriant par comparaison : « Où sont les paisibles tristesses de la province ? 

1367. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SCRIBE (Le Verre d’eau.) » pp. 118-145

On a essayé d’indiquer quelque chose de ce mécanisme intérieur à propos de la Calomnie, où il est surtout apparent.

1368. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. J. J. AMPÈRE. » pp. 358-386

On ne s’étonnera donc pas qu’à propos du livre, et pour le mieux expliquer à notre gré, nous parlions aussi de l’homme même, des origines et des accroissements intérieurs de cet esprit si original et si vif.

1369. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « HISTOIRE DE LA ROYAUTÉ considérée DANS SES ORIGINES JUSQU’AU XIe SIÈCLE PAR M. LE COMTE A. DE SAINT-PRIEST. 1842. » pp. 1-30

Brunehaut, pour triompher des difficultés intérieures et se donner un point d’appui au dehors, tend la main au pape saint Grégoire, qui reprenait, de son côté, l’œuvre d’agrandissement du saint-siége.

1370. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Pierre Corneille »

Pierre Corneille En fait de critique et d’histoire littéraire, il n’est point, ce me semble, de lecture plus récréante, plus délectable, et à la fois plus féconde en enseignements de toute espèce, que les biographies bien faites des grands hommes : non pas ces biographies minces et sèches, ces notices exiguës et précieuses, où l’écrivain a la pensée de briller, et dont chaque paragraphe est effilé en épigramme ; mais de larges, copieuses, et parfois même diffuses histoires de l’homme et de ses œuvres : entrer en son auteur, s’y installer, le produire sous ses aspects divers ; le faire vivre, se mouvoir et parler, comme il a dû faire ; le suivre en son intérieur et dans ses mœurs domestiques aussi avant que l’on peut ; le rattacher par tous les côtés à cette terre, à cette existence réelle, à ces habitudes de chaque jour, dont les grands hommes ne dépendent pas moins que nous autres, fond véritable sur lequel ils ont pied, d’où ils partent pour s’élever quelque temps, et où ils retombent sans cesse.

1371. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Madame de Krüdner et ce qu’en aurait dit Saint-Évremond. Vie de madame de Krüdner, par M. Charles Eynard »

Eynard (qu’il y prenne garde) ouvre, sur l’intérieur de Mme de Krüdner, tout un jour profond qu’il suffit de prolonger désormais pour donner raison à plus d’un sceptique.

1372. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (6e partie) » pp. 129-176

La beauté de la princesse transfigurée par la paix intérieure, son innocence de tout ce qui avait dépopularisé la cour, sa jeunesse sacrifiée à l’amitié qu’elle portait à son frère, son dévouement volontaire au cachot et à l’échafaud de sa famille, en faisaient la plus pure victime de la royauté.

1373. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIe Entretien. Chateaubriand »

Je n’éprouvais aucun besoin de sortir ; ma respiration était tout intérieure ; je passais le jour à attendre le soir.

1374. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre I. Renaissance et Réforme avant 1535 — Chapitre II. Clément Marot »

Il est visible que dans l’Heptaméron l’intérêt ne va pas surtout aux actions, mais aux mobiles, aux antécédents intérieurs des actions.

1375. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre II. Boileau Despréaux »

La rue grouillante et bruyante, un intérieur, un dîner, une procession, des chantres à la taverne, des profils de poètes, de médecins, de chanoines, un jardin de banlieue, et une face bâillante de jardinier, voilà la nature, vulgaire et bornée, que Boileau rend avec une franchise, parfois une crudité singulière.

1376. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre IV. Le patriarche de Ferney »

Il manqua de gravité, de décence, de respect d’autrui et de soi-même : qui donc en ce siècle avait souci d’embellir son être intérieur ?

1377. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Anatole France »

Ces créatures irréfléchies auront toujours beaucoup d’attrait pour les hommes voués à la vie intérieure.

1378. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre quatrième »

Il ne s’agit pas ici de la poésie telle que des théories récentes l’ont idéalisée, inspiration distincte de l’art, d’écrire en vers, chant intérieur que le poète se chante à lui-même, etc., images décevantes, à la suite desquelles on est allé jusqu’à l’excès d’ôter le nom de poète à Molière et à La Fontaine.

1379. (1890) L’avenir de la science « II »

Il y a dans cette ardeur spontanée de quelques hommes qui, sans antécédent traditionnel ni motif officiel, par la simple impulsion intérieure de leur nature, abordent l’éternel problème sous sa forme véritable, une ingénuité, une vérité inappréciables aux yeux du psychologue.

1380. (1890) L’avenir de la science « XIX » p. 421

De même ceux que leur excellence intérieure rend susceptibles, irritables, jaloux d’une dignité extérieure proportionnée à leur valeur, n’ont point encore dépassé un certain niveau, ni compris la vraie royauté des hommes de l’esprit.

1381. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVIII. Formule générale et tableau d’une époque » pp. 463-482

La vie intérieure est également laissée dans l’ombre, et j’entends par là aussi bien la vie du cœur que la vie domestique, l’expression des sentiments en chaque individu aussi bien que dans l’intimité du. foyer.

1382. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre IV, Eschyle. »

Malgré son art admirable et son profond renouvellement intérieur, sa tragédie est, pour ainsi dire, d’ordre cyclopéen.

1383. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Huet, évêque d’Avranches, par M. Christian Bartholmèss. (1850.) » pp. 163-186

» Un siècle après, parlant des discussions intérieures de la deuxième classe de l’Institut (Académie française), Morellet écrira à Suard : « Avez-vous vu un Colin plus Colin que ce Collin (Collin d’Harleville) ?

1384. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chansons de Béranger. (Édition nouvelle.) » pp. 286-308

M. de Pontmartin s’est quelquefois souvenu de ces anciennes relations ; j’ai été étonné pourtant que l’écrivain homme du monde et de bonne compagnie se fût permis, à d’autres fois, de juger si lestement et si souverainement de mes pensées et de mes sentiments intérieurs, comme lorsqu’il a écrit que « je n’avais jamais rien aimé et jamais cru à rien ».

1385. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Broglie. » pp. 376-398

L’Empereur aurait assez aimé sans doute à compter un de Broglie dans ses armées, à pouvoir citer ce nom historique dans ses bulletins, et il se peut qu’il le lui ait fait entendre ; mais M. de Broglie fut de bonne heure de ceux qui ont l’oreille sourde à la séduction, de ceux qui suivent leur idée et ne se laissent pas dévoyer de leur vocation intérieure.

1386. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « L’abbé Galiani. » pp. 421-442

Ainsi, au moral, nos illusions intérieures sur la liberté, sur la cause première, ont engendré la religion, la morale, le droit, toutes choses utiles, naturelles à l’homme, et même vraies si l’on veut, mais d’une vérité purement relative et toute subordonnée à la configuration, à l’illusion première.

1387. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Mme de Caylus et de ce qu’on appelle Urbanité. » pp. 56-77

Elle fut bientôt de toutes les familiarités et de tous les intérieurs, et sa faveur apparente était assez complète, vers 1710, pour lui mériter de méchants couplets satiriques que les curieux peuvent chercher dans le Recueil de Maurepas.

1388. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame Émile de Girardin. (Poésies. — Élégies. — Napoline. — Cléopâtre. — Lettres parisiennes, etc., etc.) » pp. 384-406

On sent que, dès l’origine, la source intérieure, intime, n’est pas très abondante, et que cette chevalerie de tête et de cœur, dont le poète s’exalte un moment, ne saurait longtemps tenir devant l’esprit qui est tout à côté dans la même personne, et qui va tout déjouer.

1389. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — II. (Lettres écrites du donjon de Vincennes.) » pp. 29-50

Il écrivait au jour le jour, par besoin, par nécessité, s’aidant de tous les moyens à sa portée : « Il semble que ma fatale destinée soit d’être toujours obligé de tout faire en vingt-quatre heures. » Pourtant, à travers les inégalités et les obstacles, sa puissante nature intérieure suivait sa pente et poussait sa voie.

1390. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits du comte Joseph de Maistre. (1851, 2 vol. in-8º.) » pp. 192-216

Son ton, en écrivant ces lignes, pouvait paraître tranchant, sa modestie intérieure était réelle.

1391. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires de Marmontel. » pp. 515-538

Je ne sais pas de plus joli tableau d’intérieur que celui qu’il trace de cette famille patriarcale et de ses joies du coin du feu : Ajoutez au ménage trois sœurs de mon aïeule, et la sœur de ma mère, cette tante qui m’est restée ; c’était au milieu de ces femmes et d’un essaim d’enfants, que mon père se trouvait seul : avec très peu de bien tout cela subsistait.

1392. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Rivarol. » pp. 62-84

dira-t-il encore avec un accent bien senti et qui ne se peut méconnaître ; les objections contre l’existence de Dieu sont épuisées, et ses preuves augmentent tous les jours : elles croissent et marchent sur trois ordres : dans l’intérieur des corps, toutes les substances et leurs affinités ; dans les cieux, tous les globes et les lois de l’attraction ; au milieu, la nature, animée de toutes ses pompes.

1393. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le comte-pacha de Bonneval. » pp. 499-522

Bonneval, se voyant au pied du mur et prêt à être livré à ses ennemis, avait chargé son domestique de lui amener un Turc instruit pour lui expliquer ce qu’il avait à faire et la sainte formule qui devait le protéger : Lamira (c’était le domestique), m’ayant lu cet écrit, me dit : « Monsieur le comte, ces Turcs ne sont pas si sots qu’on le dit à Vienne, à Rome et à Paris… » Je lui répondis que je sentais un mouvement de grâce turque intérieur, et que ce mouvement consistait dans la ferme espérance de donner sur les oreilles au prince Eugène, quand je commanderais quelques bataillons turcs.

1394. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — II. (Fin.) » pp. 411-433

Il peut y avoir du rapport pour le fond du dogme entre le Destin des Grecs et celui des Peaux-Rouges d’Amérique ; mais, certes, de ces chœurs harmonieux de Sophocle il sort, il s’élève une moralité magnifique et sublime qui repousse tout rapprochement et qui ne permet une comparaison si étroite qu’à des esprits athées en littérature : j’appelle ainsi des esprits qui ôtent toujours à toutes choses la beauté intérieure, le mens divinior, le charme qui les revêt intimement et qui, en partie, les constitue.

1395. (1899) Esthétique de la langue française « Le cliché  »

Dans l’autre cas, au contraire, le paysage écrit n’est pas une description, mais une construction de logique élémentaire ; les mots échouent à prendre des postures nouvelles, qu’aucune réalité intérieure ne détermine ; ils se présentent nécessairement dans l’ordre familier où la mémoire les a reçus : ainsi depuis cinq siècles les poètes français inférieurs chantent, avec les mêmes phrases nulles, le printemps virgilien.

1396. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre I. Shakespeare — Son génie »

Le for intérieur de l’homme appartient à Shakespeare.

1397. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre I. Après la mort — Shakespeare — L’Angleterre »

                 « Le ministre secrétaire d’État au département de l’intérieur, La Bourdonnaye. » (Tome XI.

1398. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Première partie. Écoles et manifestes » pp. 13-41

Il nous apprit surtout à discipliner les forces et les élans de la cité intérieure.

1399. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vien » pp. 74-89

Voici donc le chemin de cette composition, la religion, l’ange, le saint, les femmes qui sont à ses piés, les auditeurs qui sont sur le fond, ceux qui sont à gauche aussi sur le fond, les deux grandes figures de femmes qui sont debout, le vieillard incliné à leurs piés, et les deux figures, l’une d’homme et l’autre de femme vues par le dos et placées tout à fait sur le devant, ce chemin descendant mollement et serpentant largement depuis la religion jusqu’au fond de la composition à gauche où il se replie pour former circulairement et à distance, autour du saint une espèce d’enceinte qui s’interrompt à la femme placée sur le devant, les bras dirigés vers le saint, et découvre toute l’étendue intérieure de la scène, ligne de liaison allant clairement, nettement, facilement chercher les objets principaux de la composition dont elle ne néglige que les fabriques de la droite et du fond, et les vieillards indiscrets interrompant le saint, conversant entre eux et disputant à l’écart.

1400. (1860) Ceci n’est pas un livre « Hors barrières » pp. 241-298

On aurait dit un intérieur de… Allons, bon !

1401. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Révolution française »

Telle est, ramassée en quelques mots, cette Histoire des Causes de la Révolution qui vient l’éclairer par en-dessous, qui nous la montre sous le vrai jour de ses événements intérieurs, et non à la lumière trompeuse et rétrospective des nôtres.

1402. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « V. M. Amédée Thierry » pp. 111-139

Ce que pensait Attila, le rôle des dieux qui tombaient, celui du Dieu qui s’élevait, la défiance créée entre Rome et Constantinople par l’érection de cette dernière en siège de l’Empire, le travail intérieur du Christianisme parmi ces peuples, à la faveur d’une mission qui courait comme la foudre, soit souterrainement, soit en plein jour, rien de tout cela, qui était l’important dans une telle histoire, ne se trouve dans l’ouvrage de M. 

1403. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pommier. L’Enfer, — Colifichets. Jeux de rimes. »

Il a interprété l’effrayante tradition avec le genre de talent dont il est doué, et ce talent est plus extérieur qu’intérieur, il est vrai, mais cette tradition, du moins, il ne l’a pas faussée, calomniée ou abolie.

1404. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — La rentrée dans l’ordre »

Elle empoisonne de scrupule et d’angoisse toute sensibilité naturelle : ainsi elle s’assujettit ceux des siens qui n’ont pas voulu complètement mourir de la mort intérieure, en leur faisant un supplice de vivre.

1405. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Première partie — Chapitre II. Réalité des idées égalitaires »

D’ailleurs, à l’intérieur même de cette église, est-il vrai que nous rencontrons notre idée des droits propres à l’individu ?

1406. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVIII. Des obstacles qui avaient retardé l’éloquence parmi nous ; de sa renaissance, de sa marche et de ses progrès. »

De ce mélange de chocs et de réflexions, de grands intérêts et de sentiments que ces intérêts font naître, se forme peu à peu chez un peuple un assemblage d’idées, qui tantôt se développent rapidement, et tantôt germent avec lenteur ; mais rien ne contribue tant à cette activité générale des esprits que les troubles civils et les agitations intérieures d’un pays : c’est alors que la nature est dans toute sa force, ou qu’elle tend à y parvenir ; alors elle a l’énergie des grandes passions, qui ne peuvent naître que dans l’état violent des sociétés, et elle n’est point assujettie à ce frein que les sociétés reçoivent des lois, et qui, pour le bien général, comprimant tout, affaiblit tout.

1407. (1894) La bataille littéraire. Septième série (1893) pp. -307

Eh bien, y a-t-il quelque chose de nouveau dans votre intérieur ? […] Il retourna chez lui maussade, rudoya ses filles, mit la femme de confiance à la porte, parce qu’elle s’était permis une observation, et eut l’ennui d’entendre cette subalterne, qui connaissait les dessous de son intérieur, lui verser, en un langage effroyable, toutes les immondices cachées de sa vie conjugale. […] La véritable vertu est abstraite ; si elle se manifeste pour obéir à autre chose qu’à l’injonction intérieure, elle est diminuée. […] Flourens, armé de documents irréfutables, a consacrés aux grands travaux accomplis par le Tsar dans son Empire, réorganisation de son immense armée, création de gigantesques lignes de chemins de fer, amélioration du système financier, etc., etc., toutes révolutions pacifiques intérieures qui ont eu pour effet de concentrer les forces autrefois éparses de la Russie. […] Il prit par la main ces amis fidèles, et, laissant là les amphores de vin à demi vidées, les roses effeuillées, les lyres et les flûtes renversées pêle-mêle sur des coupes encore pleines, Platon les conduisit dans la cour intérieure de la maison.

1408. (1890) Impressions de théâtre. Quatrième série

Il était assez peu chrétien, il avait assez le culte à la fois instinctif et réfléchi de la « nature » pour aller jusque-là et pour se l’avouer, du moins dans son for intérieur… J’attends que M.  […] D’ailleurs, le métier de Desgenais ne lui permet guère la réflexion ; le journalisme est peu favorable au développement de la vie intérieure, par qui seule la pensée peut devenir originale et forte. […] Mais sans doute le pauvre Barrière, qui fut, je le soupçonne, une intelligence un peu superficielle et qui manqua tout à fait de « vie intérieure », ne pouvait guère concevoir la vertu sans attitudes ni gestes. […] Ainsi un homme qui marche à l’intérieur d’une maison, si nous regardons du dehors, apparaît successivement à chaque fenêtre, et dans les intervalles nous échappe. […] Mais ici, sur les bords du Volga, les gens ont encore une vie intérieure et spirituelle.

1409. (1895) Le mal d’écrire et le roman contemporain

Ce que nous sentons le mieux, c’est leur flamme intérieure. » M.  […] Je crois que l’avenir de la critique est surtout dans la recherche toujours plus étroite, plus assidue, plus intérieure des ouvrages de l’esprit. […] La poésie a ses envolées et ses ascensions ; mais elle vit aussi de pénétrations et de confidences, de rêves tranquilles et de sérénité intérieure. […] Tu parus et tout mon intérieur rentra dans l’ordre. […] Vous ne trouverez jamais chez lui cette puissance condensée, ce son intérieur, cette intensité d’accent qui démontrent que l’âme et le cœur ne font qu’un avec le sujet.

1410. (1923) Nouvelles études et autres figures

Il le peint comme un lieu contigu à l’Enfer, et séparé, extérieur à la terre, alors que l’Enfer est intérieur. « Il y a deux géhennes, dit une tradition musulmane, l’une qu’on appelle intérieure, l’autre extérieure. […] — la dernière pièce des Voix Intérieures (1837), adressée à sa muse : Va cependant ! […] C’était la Gascogne sans l’humeur gasconne, un Midi d’apparence froide, dont la passion intérieure se condense en austérité.

1411. (1902) La poésie nouvelle

Il eut la passion de la vie intérieure, du repliement sur soi-même. […] …‌ Mais, plus sérieusement, dans une note qu’il écrivait pour lui-même et qu’ont publiée les Entretiens25 , il décrit ainsi sa « rage de vouloir se connaître, de plonger sous sa culture consciente vers l’Afrique intérieure de notre inconscient domaine : c’étaient des épiements pas à pas, en écartant les branches, les broussailles des taillis, sans bruit pour ne pas effaroucher ces lapins qui jouent au clair de lune, se croyant seuls… Il avait enregistré quelques menues fleurs, rapporté, plongeur, quelques échantillons secs… Surtout il était revenu de ces explorations intimes avec le sentiment d’un mystère définitif, la certitude que l’essentiel de la vie psychique est noyé dans les profondeurs obscures de l’inconscient. […] Parfois, il met une muette à la sixième ou à la septième syllabe de l’alexandrin ; ailleurs, il ne compte pour rien, à l’intérieur d’un vers, une muette suivie d’une consonne :‌ Des nuits, ô Lune d’Immaculée conception36 (p. 160).‌ […] …‌ C’est encore une idée morale qui anime le drame du Cloître83 , si poignant et d’une telle force de tragique intérieur. […] Inquiétant témoin, qui la trouble et qui la tourmente et dont elle voudrait parfois étouffer le reproche :‌ Ce frère intérieur accroupi dans ma vie,‌ qu’il se taise à mes jours du désir de mes songes !‌

1412. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIe entretien. Épopée. Homère. — L’Iliade » pp. 65-160

En face et dans l’intérieur des vastes cours s’ouvraient douze autres appartements, aussi contigus, aussi lambrissés de marbre éclatant, destinés aux filles du roi et où reposaient les gendres de Priam auprès de leurs épouses. […] C’était un autre luxe, mais c’était un luxe où l’art n’était pas moins associé à l’ornementation intérieure qu’il l’est de nos jours.

1413. (1879) À propos de « l’Assommoir »

Ce peintre vigoureux des couches les plusboueuses de notre société, cet homme, prompt à l’attaque comme à la riposte, qui déchaîne tant de haines, est un bon bourgeois, vit tranquille et ne quitte guère son petit intérieur. […] On les voit avancer d’abord, faire de petites économies, se créer un gentil intérieur.

1414. (1902) Les poètes et leur poète. L’Ermitage pp. 81-146

— Par la quantité, le poids, Victor Hugo, incontestablement, c’est le Phare, mais « le phare de l’océan du non-sens » (Nietzsche) ; le « Monument » à l’intérieur duquel on ne trouve rien : en somme, parmi les gens du xixe  siècle au service de la poésie, une prodigieuse bonne à tout faire qui a fait le plus gros de l’ouvrage, mais l’ouvrage le plus gros — cela dit avec une grande admiration. […] Pour moi, Vigny fut celui qui s’harmonise toujours à ma vie intérieure, à toutes les heures, devant tous les paysages.

1415. (1880) Goethe et Diderot « Gœthe »

Ce qu’on trouverait peut-être de mieux dans ce Voyage en Suisse, c’est quelques intérieurs d’auberge ; seulement on se demande ce que ces intérieurs seraient devenus sous la plume de Walter Scott, avec sa sublime bonhomie.

1416. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre III. De l’organisation des états de conscience. La liberté »

Notre vie intérieure dépendra bien encore de nous jusqu’à un certain point ; mais, pour un observateur placé au dehors, rien ne distinguera notre activité, d’un automatisme absolu. […] Une voix intérieure, à peine perceptible, murmure : « Pourquoi cette délibération ?

1417. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 11-15754

Nous avons été touchés du beau & du bon avant que d’entendre & de faire les mots de beauté & de bonté ; & les hommes ont été pénétrés de la réalité des choses, & ont senti une persuasion intérieure avant que d’introduire le mot de vérité. […] Une analogie tirée de la ressemblance extérieure des objets, pour en conclurre leur ressemblance intérieure, n’est pas une regle infaillible : elle n’est pas universellement vraie, elle ne l’est que ut plurimùm ; ainsi l’on en tire moins une pleine certitude, qu’une grande probabilité. […] Ces apparences sont destinées à nous servir d’étiquette pour suppléer à la foiblesse de nos sens, qui ne pénetrent pas jusqu’à l’intérieur des objets : mais quelquefois nous nous méprenons à ces étiquettes. […] Comme nous ne pouvons pénétrer par nos sens jusqu’à l’intérieur des objets, l’analogie est pour nous ce qu’est le témoignage des autres, quand ils nous parlent d’objets que nous n’avons ni vûs, ni entendus. […] Ce qui prouve en passant, que le témoignage, quand il est revêtu de certaines conditions, est le plus souvent une marque de la vérité ; ainsi que l’analogie tirée de la ressemblance extérieure des objets, pour en conclurre leur ressemblance intérieure, en est le plus souvent une regle certaine.

1418. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre III. La Révolution. »

Ces intérieurs de prison et de mauvais lieu, ces tripots, cette odeur de gin, ces marchandages d’entremetteuses et ces comptes de filous, rien ne dégoûte les dames, qui applaudissent dans leurs loges. […] L’Anglais, naturellement sérieux, méditatif et triste, n’est point porté à regarder la vie comme un jeu ou comme un plaisir ; il a les yeux habituellement tournés non vers le dehors et la nature riante, mais vers le dedans et vers les événements de l’âme ; il s’examine lui-même, il descend incessamment dans son intérieur, il se confine dans le monde moral et finit par ne plus voir d’autre beauté que celle qui peut y luire ; il pose la justice en reine unique et absolue de la vie humaine, et conçoit le projet d’ordonner toutes ses actions d’après un code rigide. […] Mais ce qui le distinguait entre tous les autres, c’était une large intelligence compréhensive qui, exercée par des études et des compositions philosophiques868, saisissait les ensembles, et, par-delà les textes, les constitutions et les chiffres, apercevait la direction invisible des événements et l’esprit intime des choses, en couvrant de son dédain « ces prétendus hommes d’État, troupeau profane de manœuvres vulgaires, qui nient l’existence de tout ce qui n’est point grossier et matériel, et qui, bien loin d’être capables de diriger le grand mouvement d’un empire, ne sont pas dignes de tourner une roue dans la machine. » Par-dessus tant de dons, il avait une de ces imaginations fécondantes et précises qui croient que la connaissance achevée est une vue intérieure, qui ne quittent point un sujet sans l’avoir revêtu de ses couleurs et de ses formes ; et qui, traversant les statistiques et le fatras des documents arides, recomposent et reconstruisent devant les yeux du lecteur un pays lointain et une nation étrangère avec ses monuments, ses costumes, ses paysages et tout le détail mouvant des physionomies et des mœurs.

1419. (1910) Muses d’aujourd’hui. Essai de physiologie poétique

C’est dans ce rayon lumineux qu’elles vivent et qu’elles chantent, éblouies de leur propre clarté intérieure. […] Dans ses deux premiers recueils : la Guirlande des jours et les Accords, Elsa Koeberlé a mêlé et comme accroché les rythmes de son chant intérieur aux branches et aux aspects de ses paysages familiers. […] Et je trouve vraiment belle cette orgueilleuse acceptation : l’amour est un reflet dont nous illuminons les êtres ; nous pouvons, en retournant vers nous-mêmes ce projecteur, éclairer nos paysages intérieurs.

1420. (1898) XIII Idylles diaboliques pp. 1-243

Cet autre qui tient un livre ouvert sur ses genoux regarde sans la voir l’ombre des feuillages aller et venir sur le sol ; il écoute les dialogues de l’onde et du feu intérieur. […] Mais ceux de ton espèce que ce labeur, déjà méritoire, ne satisfait pas complètement, ceux qui aspirent à mettre leur existence intérieure en harmonie avec le mouvement des mondes, ceux qui découvrent enfin que toutes choses ont lieu de la même façon et pour les mêmes raisons sur le plan matériel, sur le plan moral et sur le plan intellectuel, ceux-là me forcent à devenir une part de leur être. […] UN COUP DE DÉS JAMAIS (il baisse un peu la voix) quand bien même lancé dans des circonstances éternelles (un silence) du fond d’un naufrage soit (il baisse encore la voix) que l’abîme blanchi étale furieux sous une inclinaison plane désespérément d’aile la sienne par avance retombée d’un mal à dresser le vol et couvrant les jaillissements coupant au ras les bonds très à l’intérieur résume l’ombre enfouie dans la transparence par cette voile alternative jusqu’adapter à l’envergure sa béante profondeur en tant que la coque d’un bâtiment penché de l’un ou l’autre bord le maître hors d’anciens calculs où la manœuvre avec l’âge oubliée surgi inférant jadis il empoignait la barre de cette conflagration à ses pieds de l’horizon unanime que se prépare s’agite et mêle au poing qui l’étreindrait comme on menace un destin et les vents le nombre unique qui ne peut pas en être un autre esprit pour le lancer dans la tempête en reployer l’âpre division et passer fier hésite tout chenu cadavre par le bras écarté du secret qu’il détient plutôt que de jouer en maniaque2… MAÎTRE PHANTASM, abasourdi. […] Tu peux être assuré qu’autrement je ne mettrais pas les pieds chez vous, — non que vous me fassiez peur : je vous ai infligé assez de raclées pour ne pas craindre vos malices, seulement l’intérieur de votre ménagerie est tellement monotone à fréquenter — je ne crains pas ton démenti sur ce point — que je ne m’y risque jamais qu’appelé… (Il lui tend un papier.)

1421. (1882) Types littéraires et fantaisies esthétiques pp. 3-340

Comme tout cet intérieur bourgeois décrit par Goethe est plein d’idéal ! […] Il y a chez nous tous, comme chez Werther, une contradiction entre notre vie intérieure et notre vie extérieure ; nos aspirations morales sont singulièrement hardies, élevées et nobles ; mais notre vie extérieure, nos manières et nos mœurs ont forcément quelque chose de vulgaire et de gauche qui causera toujours je ne sais quel dépit amer et quelle honte à une âme bien née. […] Au lieu d’aller de l’intérieur à l’extérieur, leur poésie va de l’extérieur à l’intérieur. […] Si la physionomie extérieure est différente, la structure intérieure est la même. […] Cette antithèse pleine de périls, Goethe sut l’abolir, ou plutôt il sut changer en un noble état de paix l’état de guerre intérieur et d’anarchie passionnée dont elle le menaçait.

1422. (1894) La bataille littéraire. Cinquième série (1889-1890) pp. 1-349

Elle portait dans sa poche une mignonne boîte à poudre de riz en ivoire, grosse comme une noix, dont le couvercle intérieur enfermait un imperceptible miroir, et souvent, tout en marchant, elle la tenait ouverte dans sa main et la levait vers ses yeux. […] Elle s’assit dans l’intérieur du salon, près d’une fenêtre ouverte, et le suivit de l’œil dans le jardin. — Il s’y promena longtemps, à pas lents. […] Les uns laissent pendre leurs bras, les autres les tordent ; quelques-uns joignent les mains ; Il est certain qu’une expression de terreur et d’angoisse est sur toutes ces faces qui ont vu l’intérieur du sépulcre. […] Le maréchal ouvrira de nouvelles routes du littoral à l’intérieur, et je prendrai part à cette opération, que je crois utile pour la colonie, et qu’il eût faite sans moi. […] De la rue Caumartin, où j’avais pris gîte, dans un hôtel quelconque, à la rue de Grenelle-Saint-Germain, où le ministère de l’intérieur était encore je croisai, notamment, sur la place de la Concorde, des corps de troupes en mouvement.

1423. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

Un seul trait étrange en ce masque si intellectualisé : le poète de l’Après-midi d’un faune avait les oreilles légèrement pointues  et cette particularité aiguisait l’aspect général d’une note curieuse de subtile alacrité… Jouvence : c’est ce qui émanait de tout Mallarmé, mais subtile, pondérée d’espoir et d’assurance tout intérieurs irradié autour de sa personne, au charme persuasif. […] Et la tête s’immobilisait ainsi, parfois — comme en une atmosphère de rêve, méditative, les paupières un instant baissées sur la genèse du rêve intérieur… Mais il est un Mallarmé à la campagne, en tenue de canotier, que l’on ne connaît guère, ou pas. […] Sans voir nécessaire l’allitération continue qu’il propose, nous comprenons que Gustave Kahn veut simplement scander le plus souple, le plus onduleux possible  Il « apparente » ensuite les vers entre eux « par la construction logique de la strophe se constituant d’après les mesures intérieures et extérieures du vers qui, dans cette strophe, contient la pensée principal ou le point essentiel de la pensée »  « L’importance de cette technique nouvelle sera de permettre à tout vrai poète, disait-il, de concevoir en lui son vers ou plutôt sa strophe originale, et d’écrire individuellement son rythme. » Gustave Kahn ne devait exposer complètement cette théorie dite ensuite du « Vers libre » qu’en tête de la réédition de ses Premiers Poèmes, en 1897. […] Et n’est-ce point extraordinaire encore, lorsque l’on considère l’art de méditation et de re-création intérieures auquel il parviendra en sa période de suprême personnalité ? […] Nous ne savons don rien de sûr de la pensée intérieure de « l’Œuvre rêvée ».

1424. (1896) Les époques du théâtre français (1636-1850) (2e éd.)

Mais, au contraire, ce qu’il y a de nouveau dans le Cid, c’est que, pour la première fois, — et comme qui dirait par un « renversement du pour au contre », — les causes de l’action et l’action même y sont transportées du dehors au dedans ; et le drame, par conséquent, s’y déroule dans l’intérieur ou dans l’âme des personnages. […] Pareillement, ce sont les résolutions intérieures des personnages qui font s’engager, varier, et avancer l’action. […] Nous n’avons plus ici besoin, pour faire avancer l’action, d’événements qui lui communiquent une impulsion du dehors, mais un mouvement tout intérieur s’y accélère, d’acte en acte, ou de scène en scène, sous la loi de sa nécessité propre. […] Oui, les sens ici participent à la satisfaction de l’esprit ; ou plutôt encore, âme et sens, cœur et corps, nous vibrons tout entiers à l’unisson des sentiments du poète et de son héroïne… Mais, Messieurs, je veux parler de qualités encore plus intérieures ou plus secrètes ; et d’abord, de la netteté, de la précision singulière avec laquelle ce style, sans avoir l’air presque d’y toucher, dessine jusqu’aux attitudes et jusqu’aux moindres gestes des personnages ? […] Et elle n’a pas surtout empêché la comédie de suivre son évolution intérieure, et de développer après Molière le contenu de sa définition.

1425. (1910) Études littéraires : dix-huitième siècle

Autant, dans la fureur des partis excités créant une instabilité extrême dans la vie nationale et comme un étourdissement dans les esprits, il se produit vite ce qu’on a spirituellement appelé une « émigration à l’intérieur », c’est-à-dire le ferme dessein chez beaucoup d’hommes de réflexion et d’étude de ne plus s’occuper du pays où ils sont nés, et en réalité de n’en plus être ; — autant, et pour les mêmes causes, dans un état social où le citoyen ne participe en aucune façon à la chose publique, et au lieu d’être un citoyen, n’est, à vrai dire, qu’un tributaire, l’idée de patrie s’efface, quitte à ne se réveiller, plus tard, que sous la rude secousse de l’invasion. […] Par lui les intérieurs sont troublés, les familles désunies, robe, finances et ministères en émoi ; par lui on meurt, on épouse, on s’enrichit, on entre en place, on parvient à tout. […] Il a montré l’impôt mal réparti, iniquement perçu, le commerce gêné par-des douanes intérieures absurdes et oppressives, la justice trop chère, trop ignorante, trop frivole et capable trop souvent d’épouvantables erreurs. […] Je vois une autre évolution de Voltaire, celle-là intérieure (ou à peu près), intime, et qu’il doit à lui-même, au développement naturel de ses instincts. […] S’il s’était borné à répéter : « Ne brûlez pas les sorciers ; ne pendez pas les protestants ; n’enterrez pas les morts dans les églises ; ne rouez pas les blasphémateurs ; ne questionnez pas par la torture ; n’ayez pas de douanes intérieures ; n’ayez pas vingt législations dans un seul royaume ; ne donnez pas les charges de magistrature à la seule fortune sans mérite ; n’ayez pas une instruction criminelle secrète, à chausse-trapes et à parti pris68 ; ne pratiquez pas la confiscation qui ruine les enfants pour les crimes des pères ; ne prodiguez pas la peine de mort (il a même plaidé une ou deux fois pour l’abolition) ; ne tuez pas un déserteur en temps de paix, une fille séduite qui a laissé mourir son enfant, une servante qui vole douze serviettes ; soyez très propres ; faites des bains pour le peuple ; n’ayez pas la petite vérole ; inoculez-vous » ; — s’il s’était borné à répéter cela toute sa vie avec sa verve et son esprit et son feu d’artifice perpétuel, et à faire une centaine de jolis contes, je l’aimerais mieux.

1426. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — II. (Suite.) » pp. 346-370

Conseiller d’État et président de la section de l’intérieur depuis le 25 décembre 1799 jusqu’au 14 septembre 1802, ayant pris la plus grande part aux lois et aux projets administratifs qui s’y discutaient chaque jour, chargé en outre de missions et de directions importantes dans cet intervalle, il apprécia surtout le caractère et le génie civil du premier consul, et il a exprimé à cet égard son sentiment dans des notes éparses et vives, qui font le pendant et le contraste le plus parfait à la page que j’ai précédemment citée de lui sur la démocratie.

1427. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « De la tradition en littérature et dans quel sens il la faut entendre. Leçon d’ouverture à l’École normale » pp. 356-382

On ne s’est pas borné aux figures historiques, à proprement parler, on a voulu descendre dans le for intérieur, dans le foyer privé des hommes les plus éloquents par la plume ou la parole, et en examinant leurs papiers, leurs lettres autographes, les éditions premières de leurs œuvres, les témoignages de leurs alentours, les journaux des secrétaires qui les avaient le mieux connus, on s’est fait d’eux des idées un peu différentes, et certainement plus précises que celles que donnait la seule lecture de leurs œuvres publiques.

1428. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « M. Boissonade. »

Avant d’être à Passy, où il se montra sur la fin peut-être un peu plus accessible, il habita plus d’un lieu, et notamment à Nogent-sur-Marne ; là, personne ne peut se vanter d’avoir pénétré dans son intérieur.

1429. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Appendice. Discours sur les prix de vertu »

Quoi de plus touchant (et, en parlant ainsi, j’ai présentes à l’esprit des images vivantes) que de voir dans un intérieur simple, modeste, ce travail intellectuel de l’homme, ce recueillement et ce silence de la pensée respecté, compris par la femme qui quelquefois même, dans un coin du cabinet et l’aiguille à la main, y assiste !

1430. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville (suite et fin.) »

Louis de Kergorlay, sa disposition intérieure, son hésitation entre plusieurs projets et le plan final auquel il s’arrête, est, pour moi, des plus essentielles : elle dispenserait, au besoin, de tout autre document sur Tocqueville ; elle est le portrait le plus parfait, le miroir fidèle de son esprit : « … Au milieu de toutes ces belles choses, lui dit-il (15 décembre 1850), je ne tarderais cependant pas à m’ennuyer si je ne parvenais à me créer une forte occupation d’esprit.

1431. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [IV] »

De là l’anxiété de Ney, ses velléités d’aller en avant, de mettre en mouvement le gros de ses forces, et les objections, les résistances de Jomini, qui alla, dit-il, « jusqu’à refuser de signer l’ordre d’un faux mouvement, et jusqu’à rédiger les lettres de manière à devoir être signées par le maréchal lui-même, contre l’usage adopté dans son état-major. » Ce sont là des secrets d’intérieur, et il en est à la guerre comme partout.

1432. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SUE (Jean Cavalier). » pp. 87-117

L’intérieur politique du règne est là ; on y suit et on y admire cette constante application aux affaires, du sein des pompes et des plaisirs.

1433. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. NISARD. » pp. 328-357

Nisard admire cette manière auguste de reculer le trône intérieur de la majesté divine assez loin des regards de l’homme pour que celui-ci ne s’en exagère pas le voisinage.

1434. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « UNE RUELLE POÉTIQUE SOUS LOUIS XIV » pp. 358-381

Une certaine conscience intérieure, au milieu de tous leurs succès de société, semble avoir averti les poëtes et beaux-esprits de ce bord, qu’ils n’étaient pas à leur vraie place dans le siècle, que leur moment était passé ou n’était pas venu, que d’autres, véritablement grands, régnaient, qu’ils étaient évincés, en un mot.

1435. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre I »

On compte qu’il y en a quarante ou cinquante sur le carreau ; la révolte n’était pas encore finie hier matin. » Dix ans plus tard, le mal est pire614. « De ma campagne, à dix lieues de Paris, je retrouve le spectacle de la misère et des plaintes continuelles bien redoublées ; qu’est-ce donc dans nos misérables provinces de l’intérieur du royaume ?

1436. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis »

Laurent fonda Livourne et la marine toscane, et mit sous les auspices de la religion le commerce de son pays ; il plaça sur la flotte douze jeunes gens des premières familles de Florence, et séduisit les grands seigneurs ottomans par la magnificence de ses présents : l’Égypte et ses trésors s’ouvrirent ainsi devant lui ; il prit à bail toutes les mines d’Italie et s’empara ainsi, en bénéfice, de tous les immenses revenus intérieurs.

1437. (1892) Boileau « Chapitre IV. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » » pp. 89-120

Et d’abord, sans y songer, sans en faire une règle expresse, moins par une disposition particulière de son goût que par l’impossibilité de penser autrement en son temps, il ne semble pas supposer que le modèle imité par le poète puisse être autre chose que l’homme ; je veux dire l’homme intérieur et moral.

1438. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre II. Les romans bretons »

Cette race rêveuse, passionnée, capable de fougueuse exaltation et d’infinie désespérance, avait produit très anciennement une très abondante poésie : elle était la poésie même, par l’intensité de la vie intérieure, par sa puissance d’absorption passive si prodigieusement supérieure à sa capacité d’action expansive.

1439. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre III. Littérature didactique et morale »

Ne semble-t-il pas ainsi instituer en face du vicaire de Jésus-Christ, qui siège à Rome, un autre vicaire divin qui réside en chacun de nous, et dont les commandements intérieurs pourront faire échec aux commandements de l’Église romaine ?

1440. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre II. Littérature dramatique — Chapitre II. Le théâtre du quinzième siècle (1450-1550) »

Entre la fin de la guerre de Cent Ans et le commencement des guerres de religion s’étend une période de paix intérieure, où, sous la domination protectrice d’une royauté qui se fait absolue, la bourgeoisie, moins opprimée, moins inquiète, plus riche, s’attache avec passion aux représentations dramatiques.

1441. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre IV. La fin de l’âge classique — Chapitre II. La Bruyère et Fénelon »

Aussi, tout naturellement, les princes que Fénelon voulut rendre odieux au duc de Bourgogne, pour le détourner de les imiter, eurent-ils tous quelques traits du grand roi : les ennemis intérieurs et extérieurs de Louis XIV eurent raison d’en être frappés.

1442. (1894) Propos de littérature « Chapitre V » pp. 111-140

Que le second de ces deux modes soit plus subjectif que le premier, il est superflu de le démontrer et cette constatation a de quoi nous suffire ; mais bien qu’il se rattache étroitement à l’harmonie, le symbole lui-même me paraît plus que l’allégorie faire rayonner l’intérieure lumière.

1443. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre X. La littérature et la vie de famille » pp. 251-271

Ce n’est pas en vain que soixante ans de paix et de sécurité intérieures ont passé sur la France et que la bourgeoisie a conquis au soleil une place plus importante.

1444. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIII. La littérature et la morale » pp. 314-335

Mme de Pompadour, malgré un court accès de repentance intéressée, n’éprouve aucun besoin d’aller chercher la paix intérieure et le pardon dans un cloître.

1445. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. John Stuart Mill — Chapitre II : La Psychologie. »

Dans ce groupe de possibilités permanentes de sensation que nous appelons objet, la possibilité permanente de sensations tactiles et musculaires forme un groupe dans le groupe, une sorte de noyau intérieur, conçu comme plus fondamental que le reste, et dont toutes les autres possibilités de sensation renfermées dans le groupe semblent dépendre.

1446. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XV »

Le dieu paraît, et c’est un passant aussi étranger à cette querelle d’intérieur qu’il le serait à une rixe de rue.

1447. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préface des « Derniers Jours d’un condamné » (1832) »

Jouvenel des Ursins se croyait un juge ; Élie de Thorrette se croyait un juge ; Laubardemont, La Reynie et Laffemas eux-mêmes se croyaient des juges ; vous, dans votre for intérieur, vous n’êtes pas bien sûrs de ne pas être des assassins !

1448. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre III. L’histoire réelle — Chacun remis à sa place »

Elle a, impertubablement, avec un front de fille publique, nié l’affreux casque brise-crâne à pointe intérieure destiné par l’archiduc d’Autriche à Tavoyer Gundoldingen ; aujourd’hui, cet engin est pendu à un clou dans l’hôtel de ville de Lucerne.

1449. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre III : Examen de la doctrine de Tocqueville »

L’un aimait à se replier sur lui-même et à surprendre dans l’intimité de la conscience les différences les plus subtiles des faits intérieurs ; l’autre portait un regard non moins attentif sur les faits du dehors : il les démêlait avec le même plaisir, avec la même finesse, avec la même sincérité.

1450. (1856) Les lettres et l’homme de lettres au XIXe siècle pp. -30

Il faudrait moins écrire et réfléchir davantage ; il faudrait fortifier en nous, par la vie intérieure, la pensée, source de tout vrai talent.

1451. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vi »

Peu avant sa mort, relisant son ouvrage la Paix intérieure, il écrit en marge : « Ô alouettes de ces matins, chères alouettes françaises, inspirez-moi mieux. » A ce cri, je le comprends : il s’arrache aux partis, ce plébéien que la campagne vivifie, ce fils d’une race de paysans et de soldats, cet ouvrier qui s’acharne sur ses carnets pour faire du bel ouvrage, pour créer, pour saisir une vérité.

1452. (1868) Curiosités esthétiques « IV. Exposition universelle 1855 — Beaux-arts » pp. 211-244

Leur pâleur est comme une révélation des batailles intérieures.

1453. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre III. La complication des sociétés »

Si la société est tranchée en sections de même nature, à l’intérieur desquelles presque tous les besoins des individus qu’elles enrégimentent peuvent être satisfaits, alors il n’y a pas de raisons pour que les individus s’affilient à plusieurs groupes à la fois.

1454. (1894) Études littéraires : seizième siècle

Le christianisme a laissé en eux quelques traces, mais si légères qu’elles ne semblent que des habitudes de geste et de langage, et ne semblent nullement intéresser leur vie intérieure. […] Commynes est dedans, à l’intérieur même de ces choses-là ; il y est mêlé intimement, il les fait ; mais il est assez froid pour les observer cependant, et il les observe comme du centre. […] Il aimait l’un, il était indulgent à l’autre ; l’un était son ami intérieur, l’autre son bouffon intime ; il se plaisait à l’un et s’amusait à l’autre, et ce n’est pas à Rabelais qu’il faut demander de faire le sacrifice de ses parties inférieures. […] La vie pratique, et ce n’est pas un mal, est loin d’être modelée sur la vie intérieure. Où l’on voit la vie intérieure de Rabelais, c’est à ses propos, à ses réflexions, à ses dissertations et à ses rêveries ; où l’on voit le reste, c’est à ce que font ses personnages, qui, comme je l’ai montré, ne sont que lui-même.

1455. (1893) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Première série

Aussi le but du langage littéraire n’est-il point de déverser tel quel notre flot intérieur : serait-ce donc de l’adultérer ? […] Le christianisme ne saurait se défendre longtemps s’il accepte la discussion sur le terrain scientifique et rationnel ; il reste inexpugnable lorsqu’il se renferme dans son for intérieur, qui est l’âme. […] L’incomparable beauté morale de certaines vies chrétiennes dont j’ai eu le spectacle autour de moi ne m’est explicable que par une révélation intérieure si puissante que les démonstrations négatives les plus fortes et les plus claires ne pouvaient rien contre son évidence. […] Si j’avais conservé la foi de mon enfance, cette satisfaction intérieure pourrait me suffire et mon bonheur présent serait l’avant-goût de mon bonheur éternel : l’espérance du ciel s’est dérobée à ma vue et le néant me fait horreur ; ce vaste gouffre de la société et de l’humanité, où l’on me conseille d’abîmer ma propre personne, m’épouvante comme un autre nom du néant. […] S’il écrira du tout, s’il écrira en prose ou en vers, cela dépendra d’accidents : peut-être de ce qu’il a eu un maître à chanter… Mais la faculté qui le rend capable de discerner le cœur intérieur des choses et l’harmonie qui habite là, n’est pas le résultat d’habitudes ou d’accidents, mais le don de la Nature elle-même, le premier équipement pour un Homme héroïque de quelque sorte qu’il soit.

1456. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

Krantz considère comme propre ou, mieux encore, comme intérieure à l’art classique. […] Car les épisodes ne sortent pas les uns des autres, et la succession n’en est réglée par aucune logique intérieure, puisque l’assemblage des matériaux a précédé tout motif de les assembler, et que le choix ne s’exerce sur eux en vertu d’aucune intention ou idée préconçue. […] C’est cet Être, leur dis-je, qui a fait tout ce que vos yeux vous font voir… Ils écoutaient mes discours avec un sentiment intérieur qui leur faisait connaître que j’avais raison. […] Il entend par côté moral certaines faces qui répondent aux ressorts intérieurs des actions et qui peuvent conduire, par cette porte, à la connaissance des motifs et des sentiments. » C’est de Richardson que cette idée lui vient, et c’est quelque chose qui date encore de Richardson dans le roman. […] Pareillement, selon Rousseau, nous ne manquons pas de raisons de nous plaindre, et, si nous en manquions, il se chargerait de nous en fournir ; mais c’est de nous que nous viennent tant de maux, non pas de la nature, encore moins de la Providence, de nous et du vice intérieur de l’organisation sociale.

1457. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

Cette tendance intérieure de la littérature à se rendre plutôt l’interprète des « idées communes » ou générales que des opinions particulières, et qu’on a déjà vue poindre chez quelques écrivains de l’âge précédent, ce sont nos précieuses qui l’ont développée, fortifiée et consolidée. […] Par d’autres chemins que les siens on semblait tendre à cette unité, ou, pour dire quelque chose de plus, à cette homogénéité qui était le principal ou l’unique objet de sa politique intérieure. […] Elle le devient, d’une autre manière, en développant dès lors, de son propre fond, et comme à l’abri de toute action du dehors, des qualités plus intérieures, assez difficiles à définir, et dont la nationalité se reconnaît à ce signe que les étrangers ou ne les voient pas, ou ne les sentent point. […] Ubicini, nº 9] ; — l’Ode sur la convalescence du roi et la Renommée aux Muses. — Qu’aucune de ces pièces ne semblait présager un poète dramatique ; — et qu’en d’autres temps Racine peut-être n’eût été qu’un élégiaque ; — ou un romancier. — Compatriote, ami de jeunesse, et allié de La Fontaine [par Mlle Héricart, femme de La Fontaine], il eût même versé comme lui dans la préciosité, si ce n’avaient été l’amour des comédiens ; — les réunions du Mouton blanc ; — la soif d’une réputation que le théâtre donnait plus bruyante alors qu’aucun genre littéraire ; — les facilités que lui offrit l’amitié de Molière ; — et une ardeur intérieure de passion ou de génie qui ne pouvait se contenter de sentir modérément [Cf.  […] Ravaisson, Archives de la Bastille]. — Le motif le plus intérieur de la conversion de Racine a été l’horreur de ses propres fictions ; — et c’est pour cela qu’à partir du jour où il a eu quitté le théâtre, il ne s’est même plus soucié des rééditions de ses propres pièces ; — et qu’il s’est renfermé dans ses fonctions d’historiographe et ses devoirs de père de famille.

1458. (1884) L’art de la mise en scène. Essai d’esthétique théâtrale

Dans le premier cas, le monde intérieur de l’âme nous enveloppe en quelque sorte tout entier et nous protège contre toute influence étrangère ; dans le second, le monde extérieur nous sollicite avec l’extrême diversité des sensations qui nous attendent de tous les côtés. […] L’intérieur d’un jeune homme riche variera selon le monde au milieu duquel il vit, monde de cheval ou de galanterie. […] L’impression de l’intérieur du vieil instituteur alsacien est très vive ; rien n’y manque de ce qui peut nous raconter l’histoire de sa vie de famille et de travail, depuis le berceau jusqu’à la bibliothèque et aux collections de papillons. […] On aperçoit l’intérieur du temple et les lévites armés s’avancent sur la scène. […] Dans le Pavé de Paris , joué à la Porte-Saint-Martin, un tableau représentait l’intérieur d’un tunnel.

1459. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIVe entretien. Alfred de Vigny (1re partie) » pp. 225-319

On voyait qu’il y avait, non pas effort, mais attention continue dans les nerfs et dans les muscles qui formaient l’encadrement des regards ; bien que cette attention intérieure et tournée en dedans produisît involontairement une certaine tension des paupières qui rétrécissait le globe de l’œil, la couleur bleu de mer, de ce liquide qu’aucune ombre ne tachait, et la franchise amicale de son coup d’œil qui ne cherchait jamais à pénétrer dans le regard d’autrui, mais qui s’étalait jusqu’au fond de l’âme chez lui, inspirait à l’instant confiance absolue dans cet homme. […] Là, dans l’intérieur de sa tête brûlée, se forme et s’accroît quelque chose de pareil à un volcan.

1460. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxiiie entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff »

Je promenai mes regards dans la chambre : le spectacle qu’elle offrait m’affecta profondément : rien de plus triste que l’intérieur d’une isba de paysan pendant la nuit. […] Je me mis de nouveau à examiner l’intérieur de l’isba ; il me parut encore plus triste qu’avant.

1461. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIe entretien. Sur le caractère et les œuvres de Béranger » pp. 253-364

Jamais peut-être, dans aucun esprit supérieur de nos jours, ce travail intérieur du temps, qui tue les illusions, qui convertit les faiblesses, qui fait éclore les vérités du sein de l’expérience et qui régénère les vertus naturelles dans les résipiscences d’esprit ; jamais, disons-nous, ce travail de vivre pour s’améliorer ne fut aussi sensible et aussi réussi que dans Béranger. […] Son regard reprit en me voyant toute sa lumière intérieure, et sa bouche même un doux sourire. — « C’est un adieu », me dit-il en me tendant sa grosse main et en serrant fortement la mienne. — « Oui », lui dis-je, « mais ce n’est pas un long adieu : je reviendrai plusieurs fois à Paris dans le cours de l’automne ; en attendant, ne m’écrivez pas, mais faites-moi souvent donner de vos nouvelles par M. 

1462. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Troisième partie. Dictionnaire » pp. 243-306

. — Sonnets intérieurs, édition de l’auteur, in-16 carré, 1902. — Vers la Vie, poésies, Le Beffroi, Lille, 1904, in-16-carré. — Sonnets d’Italie, Le Beffroi, 1905 éd. in-32 de luxe) […] du Mercure de France, 1902, in-18. — Le Cœur Solitaire, nouv. édition refondue, Soc. du Mercure de France, in-18. — L’Homme Intérieur, poèmes, Soc. du Mercure de France, in-18, 1905.

1463. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VI : Difficultés de la théorie »

Chez beaucoup de crustacés, on observe deux cornées, l’extérieure unie, l’intérieure à facettes, et dans la substance desquelles, dit Milne Edwards, « des renflements lenticulaires paraissent s’être développés. » Quelquefois même ces lentilles peuvent se détacher dans une couche distincte de la cornée. […] Or leur organisation intérieure devant être intermédiaire entre celle des poissons et celle d’autres ordres plus élevés, les débris épars de leur squelette seraient classés par les zoologistes, tantôt dans l’une de ces classes, tantôt dans l’autre, selon leurs affinités mixtes, jusqu’à ce qu’on retrouvât leur squelette entier, pourvu de ses nageoires et de ses ailes membraneuses, ce qui ne peut se présenter que très rarement, nous venons de le voir.

1464. (1885) L’Art romantique

« Dans une pareille méthode, qui est essentiellement logique, tous les personnages, leur disposition relative, le paysage ou l’intérieur qui leur sert de fond ou d’horizon, leurs vêtements, tout enfin doit servir à illuminer l’idée générale et porter sa couleur originelle, sa livrée, pour ainsi dire. […] Observez, je vous prie, que la couleur générale des tableaux de Delacroix participe aussi de la couleur propre aux paysages et aux intérieurs orientaux, et qu’elle produit une impression analogue à celle ressentie dans ces pays intertropicaux, où une immense diffusion de lumière crée pour un œil sensible, malgré l’intensité des tons locaux, un résultat général quasi crépusculaire. […] Mais ce qu’elle aime surtout, c’est, debout sur les rivages parfumés de la mer Intérieure, nous raconter avec sa parole d’or « cette gloire qui fut la Grèce et cette grandeur qui fut Rome » ; et alors elle est bien « la vraie Psyché qui revient de la vraie Terre-Sainte !  […] Un jour je vis au Salon de l’exposition annuelle deux soldats en contemplation perplexe devant un intérieur de cuisine : « Mais où donc est Napoléon ?  […] Vous dites de l’un : c’est un poëte d’intérieurs, ou de famille ; de l’autre, c’est un poëte de l’amour, et de l’autre, c’est un poëte de la gloire.

1465. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

C’est dans le nouvel intérieur de la Faustin que nous le rencontrerons, dans sa lutte contre lord Annandale qui veut la faire renoncer au théâtre par jalousie envers et contre tous, dans le sacrifice — vraisemblable à notre avis, quoi qu’on en ait dit, parce qu’il n’est qu’un caprice de plus, — qu’elle fait, à son amour, de sa gloire en plein épanouissement, sacrifice bientôt regretté dans les languitudes d’une saison passée au bord du lac de Constance. […] Jugez-en plutôt par cette description de l’intérieur de Bonne-Ame, la sœur de la Faustin et la maîtresse de Carsonac, un écrivain dramatique quelconque. […] Oui, sans doute, il lui arrivait quelquefois… C’est si triste de vivre seul, de n’avoir personne à qui dire sa joie ou son chagrin de la journée, si triste, un intérieur sans femme… Sylvanire s’en irait un jour ou l’autre ; et puis elle ne remplaçait pas une mère aux enfants. […] L’Intérieur de vieille fille figurerait fort bien dans les Intimes de François Coppée : Une odeur de vieux-neuf y flotte vaguement. […] Entre les Premières Rimes et le Carquois, Frédéric Bataille a cessé d’être un pieux huguenot : une révolution intérieure a renversé en lui l’autel des premières croyances et des illusions mystiques.

1466. (1930) Les livres du Temps. Troisième série pp. 1-288

ce n’est pas une femme d’intérieur. […] Il fait oxyton la particule τε, qui devrait au moins être baryton dans l’intérieur d’une phrase, mais qui est enclitique et ne prend aucun accent, ni aigu ni grave. […] Leur politique intérieure fut tyrannique, mais provisoirement excusée par l’état de crise, comme la dictature sous la République romaine. […] Il apercevra pour la première fois l’intérieur des surfaces planes que des lignes suffisaient à lui rendre invisibles. […] « Nul lieu n’est plus propice que celui-là au détachement de soi et à la paix intérieure, dit M. 

1467. (1881) Études sur la littérature française moderne et contemporaine

Dans le bois dit Leichtenholtz, le voyageur a fait arrêter, est descendu tenant un jonc d’Espagne à la main et s’est enfoncé dans l’intérieur du bois, faisant dire au déposant, par son domestique, de continuer son chemin. […] Lucien Paté, dans l’étendue modeste de ses productions, ne manque pas de feu intérieur et d’une certaine ampleur de forme. […] Sully Prudhomme, sont poètes toujours, et dont la poésie n’est que le prolongement et l’expansion de leur vie intérieure ? […] Je ne donnerais pas six mois de son avenir intérieur. […] Il se séparait en cela de Virieu, qui était partisan de l’abstention, de l’émigration à l’intérieur.

1468. (1888) Impressions de théâtre. Première série

Comme Racine étudie exclusivement le mécanisme des sentiments et des passions et qu’il élimine, soit de parti pris, soit par manque de le sentir, presque tout le pittoresque de la vie humaine, sa « couleur locale » reste tout intérieure, toute psychologique, et est, par suite, moins saisissante. […] Les quelques hommes qui vivent encore, richement vêtus en mignons de Henri III, s’avancent avec précaution ; car la croûte du globe, rongée par l’incendie intérieur, n’a plus que l’épaisseur d’une feuille de papier. […] Vacquerie exprime la sublimité morale, le plus haut stoïcisme, le plus bel Idéal que puisse embrasser, du moins par le désir, une âme de nos jours, une âme qui, tard venue, a pu emprunter à la fois à la sagesse antique, au christianisme et à la Révolution ses principes de noblesse intérieure. […] Les propos d’ivrogne de Mitritch achèvent l’œuvre intérieure. […] Poète et législateur, Orphée passait, en outre, pour le fondateur de la religion la plus pure, la plus noble, la plus « intérieure » et la plus sanctifiante que l’antiquité ait connue.

1469. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

Il y a même eu des sentiments entièrement nouveaux : la haine de la nature, l’amour de la contrition, Dieu, des luttes intérieures qu’on ne connaissait pas auparavant, un approfondissement de la tristesse, un enrichissement de la sensibilité… Pour nous en tenir aujourd’hui à la comédie, celle du moyen âge a ce caractère particulier, qu’elle est essentiellement « pessimiste ». « Toute comédie est médisante, dit M.  […] Il dit à sa mère, sans l’ombre d’hésitation ni de combat intérieur : … Je vous plains, mère, et je vous pardonne, Et, un peu plus loin : Autant que je te plains, ma mère, je t’adore ! […] Il me plairait que le combat intérieur de Carlos ne se réduisît pas aux trente ou quarante vers de son monologue. […] 2e Action épisodique. — C’est la trahison du connétable de Bourbon, et surtout les troubles et combats intérieurs qui précèdent cette trahison. […] Et il a le feu intérieur, une conviction de tous les diables.

1470. (1836) Portraits littéraires. Tome I pp. 1-388

Car ce que nous poursuivons sans relâche dans la lecture et l’étude des écrivains tels que Mackenzie, c’est, avant tout, la volonté qui a dû préexister à l’inspiration, l’idée fatale, irrésistible qui les amène sur le trépied, la lumière intérieure qui a dû luire au-dedans de leur conscience, avant que leur front ne resplendît et que la parole ne découlât de leurs lèvres ardentes. […] L’amour, tant que la vie intérieure et sociale n’en est pas troublée, mérite à peine d’être nommé. […] Que si l’on veut pénétrer sérieusement le caractère intérieur des poésies de Joseph Delorme, on s’aperçoit bien vite que l’auteur a surtout cherché à traduire, sous une forme naïve et harmonieuse, le journal de ses impressions personnelles. […] Mais il y a lieu, je crois, à faire quelques remarques techniques sur la trame intérieure du langage appliqué au récit et en particulier au roman. […] Ne faut-il pas réserver les similitudes pour la peinture du paysage, les symboles pour la révélation du monde intérieur, qui, sans le secours de la poésie, ne pourrait jamais s’éclairer que d’un jour incomplet ?

1471. (1914) L’évolution des genres dans l’histoire de la littérature. Leçons professées à l’École normale supérieure

Enfin, pour dernier exemple, je prendrai L’Histoire du roman français ; et, si je ne me trompe, vous verrez là, comment, quand le temps en est venu, un Genre se forme du débris de plusieurs autres ; comment, et de lui-même, il se conforme à ce que j’appellerai l’idée intérieure de sa définition ; et comment, après beaucoup d’essais et de tâtonnements, en arrivant à la conscience de son objet, il arrive en même temps à la plénitude et à la perfection de ses moyens. […] Car c’est surtout par là qu’il pèche ; et l’on pourrait presque dire de lui que ses plus beaux vers sont beaux comme de la belle prose, n’était une certaine ampleur de mouvement, et comme une certaine ardeur d’inspiration intérieure, qui sont bien, elles, des qualités poétiques, et même vraiment lyriques. […] Ou, en d’autres termes encore — et pour mieux indiquer à la fois ce que sa réforme avait d’étroit et d’utile, de fâcheux et d’urgent, de regrettable et de nécessaire, — Malherbe est venu substituer le premier aux qualités intérieures de sensibilité, de fantaisie, d’imagination, qui faisaient l’essence de la poésie, selon Ronsard et ses disciples, les qualités extérieures ou formelles : d’ordre, de clarté, de logique, de précision, de régularité, de mesure, qui allaient devenir, pour un siècle ou deux, non pas toutes les qualités, mais les qualités les plus apparentes, et comme telles les plus universelles de notre littérature. […] J’ajouterai que, dans les dernières années du xviiie  siècle, une raison puissante, secrète, et intérieure, équilibra l’influence de ce naturalisme, surtout au point de vue littéraire, et vint en entraver le développement. « Ce n’est peut-être sans une raison profonde, a dit quelqu’un, qu’au moment où le catholicisme a reçu son premier grand ébranlement, au xvie  siècle, l’humanisme a pris naissance, comme par une sorte de contrepoids. […] Ce sont les cours de Villemain qui paraissent lui avoir indiqué sa véritable voie, en lui procurant en même temps les moyens d’y pousser plus avant que Villemain lui-même ; et les linéaments de la critique biographique, encore un peu brouillés, comme je vous l’ai dit, dans l’œuvre de Villemain, se dessinent avec netteté dans un article sur Pierre Corneille, daté de 1828 : En fait de critique et d’histoire littéraire, il n’est point, ce me semble, de lecture plus récréante, plus délectable, et à la fois plus féconde en enseignements de toute espèce que les biographies bien faites des grands hommes : non pas les biographies minces et sèches, les notices exiguës et précieuses, où l’écrivain a la pensée de briller, et dont chaque paragraphe est aiguisé en épigramme — il songe peut-être à Villemain lui-même, et certainement à Suard, à d’Alembert, à Fontenelle, — mais de larges, copieuses, diffuses histoires de l’homme et de ses œuvres : entrer en son auteur, s’y installer, le produire sous ses aspects divers ; le faire vivre/se mouvoir et parler, comme il a dû faire ; le suivre en son intérieur et dans ses mœurs domestiques aussi avant que l’on peut ; le rattacher par tous côtés à cette terre, à cette existence réelle, à ces habitudes de chaque jour dont les grands hommes ne dépendent pas moins que nous autres.

1472. (1902) La politique comparée de Montesquieu, Rousseau et Voltaire

Rousseau abonde en railleries contre la théorie de la séparation des pouvoirs : « … Nos politiques, ne pouvant diviser la souveraineté dans son principe, la divisent dans son objet ; ils la divisent en force et en volonté, en puissance législative et en puissance exécutive, en droits d’impôt, de justice et de guerre ; en administration intérieure et en pouvoir de traiter avec l’étranger : tantôt ils confondent toutes ces parties et tantôt ils les séparent. […] Aussi ditil très nettement sur les rapports de l’Etat despotique avec la richesse nationale : « Quant à l’Etat despotique il est inutile d’en parler : dans une nation qui est dans la servitude on travaille plus à conserver qu’à acquérir ; dans une nation libre on travaille plus à acquérir qu’à conserver. » Et encore : « Le mal presque incurable est lorsque la dépopulation vient de longue main par un vice intérieur et un mauvais gouvernement. […] Il concilie toutes choses et combine en lui toutes les supériorités. «  Il a tous les avantages intérieurs du gouvernement républicain et la force extérieure du monarchique. » Cette sorte de république, capable de résister à la force extérieure, peut se maintenir dans sa grandeur sans que l’intérieur se corrompe. « La forme de cette société prévient tous les inconvénients.  » — Aussi bien, sans compter que « ce furent ces associations qui firent fleurir si longtemps le corps de la Grèce », ce fut par elles aussi « que les Romains attaquèrent l’Univers » et ce fut par elles aussi « que l’Univers se défendit contre eux ; car lorsque Rome fut arrivée au comble de la puissance, ce fut par des associations derrière le Danube et le Rhin que les Barbares purent lui résister. » Montesquieu a expliqué très bien et les avantages du fédéralisme et comment plusieurs nations passent de l’état dispersé à l’état fédéraliste et forment une confédération ; mais il n’a pas envisagé le cas où une nation centralisée passe ou veut passer à l’état fédéraliste et comment ce passage peut se faire.

1473. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre IV. Shakspeare. » pp. 164-280

J’en sais un qui dit des calembredaines quand il se sent mourir ou qu’il a envie de se tuer ; c’est la roue intérieure qui continue à tourner, même à vide, et que l’homme a besoin de voir toujours tourner, même lorsqu’elle le déchire en passant ; ses pantalonnades sont une échappée ; vous le trouverez, ce gamin intarissable, ce polichinelle ironique, au tombeau d’Ophélie, auprès du lit de mort de Cléopatre, aux funérailles de Juliette. […] Du milieu de sa conception complexe et de sa demi-vision colorée, il arrache un fragment, quelque fibre palpitante, et vous le montre ; à vous, sur ce débris, de deviner le reste ; derrière le mot il y a tout un tableau, une attitude, un long raisonnement en raccourci, un amas d’idées fourmillantes ; vous les connaissez, ces sortes de mots abréviatifs et pleins : ce sont ceux que l’on crie dans la fougue de l’invention ou dans l’accès de la passion, termes d’argot et de mode qui font appel aux souvenirs locaux et à l’expérience personnelle220, petites phrases hachées et incorrectes qui expriment par leur irrégularité la brusquerie et les cassures du sentiment intérieur, mots triviaux, figures excessives221. […] Ici, le troupeau des brutes, des radoteurs et des commères, composés d’imagination machinale ; plus loin, la compagnie des gens d’esprit agités par l’imagination gaie et folle ; là-bas, le charmant essaim de jeunes femmes que soulève si haut l’imagination délicate et qu’emporte si loin l’amour abandonné ; ailleurs, la bande des scélérats endurcis par des passions sans frein, animés par une verve d’artiste ; au centre, le lamentable cortége des grands personnages dont le cerveau exalté s’emplit de visions douloureuses ou criminelles, et qu’un destin intérieur pousse vers le meurtre, vers la folie ou vers la mort.

1474. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite et fin). »

Grandjean, chef de division à l’Intérieur, accompagné de son fils… Il y avait en outre une dame que je ne connais pas.

1475. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Appendice. »

Dourdain, homme modeste, instruit, ancien barbiste, ancien secrétaire du vieux et respectable comte de Ségur, et qui, placé à la recommandation de son fils, le général Philippe de Ségur, dans les bureaux du ministère de l’intérieur, a toujours et obstinément refusé tout avancement.

1476. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [III] »

Je ne voudrais plus y joindre, pour nous donner l’entier spectacle de l’âme et des dispositions intérieures du pauvre et triste poète, dans les derniers mois de sa vie, qu’une autre lettre française de lui adressée à un ami (le même Morel probablement), sur la mort du feu roi et le département de Madame de Savoie.

1477. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DES MÉMOIRES DE MIRABEAU ET DE L’ÉTUDE DE M. VICTOR HUGO a ce sujet. » pp. 273-306

C’est que presque toujours les personnages qu’on s’est habitué à considérer d’après des types fantastiques et de convention, ou d’après les statues historiques qu’on leur a dressées, s’y montrent à nous sous un autre jour plus intérieur et souvent satisfaisant, meilleurs d’ordinaire que leur renommée, bons, ou tâchant par moments de l’être, avec leurs doutes, leurs variations, leurs infirmités, étant des nôtres à beaucoup d’égards, et, comme tels, des moules à imperfections et à sentiments contraires et sincères.

1478. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre III »

Mme Vigée-Lebrun, I, 269, 231 (Intérieur de deux fermiers généraux, M. de Verdun à Colombes, M. de Saint-James à Neuilly). — Le type supérieur du bourgeois, du négociant, a déjà été mis au théâtre par Sedaine ( le Philosophe sans le savoir ).

1479. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXIXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (2e partie) » pp. 5-63

Était-ce la peine d’aller surprendre les faiblesses, les douleurs, les confidences de leur intérieur pour les étaler ensuite en style qui appelait le sourire devant leurs ennemis ?

1480. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIVe entretien. Mélanges »

Le silence et l’abstention m’étaient d’autant plus commandés, que je passais alors (ce qui était faux) pour avoir conclu avec Ledru-Rollin un traité secret d’action commune pour nous partager le gouvernement de la république sous le titre de deux consuls, l’un de l’extérieur, l’autre de l’intérieur, s’entendant ensemble pour administrer les ressorts de l’État.

1481. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Les affaires intérieures appelaient aussi sa prudence.

1482. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVe entretien. Chateaubriand, (suite) »

C’est l’inspiration, l’inspiration qui est à la langue ce que l’explosion est à la pensée, c’est-à-dire la force et la soudaineté intérieure du sentiment qui le fait jaillir en feu et en flamme dans une harmonie divine qui subjugue à la fois du même coup l’auditeur et le poëte.

1483. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre IV. Racine »

L’orageuse beauté de Phèdre résulte de ce que sa volonté tient à peu près en balance son amour ; une lutte intérieure la déchire, tellement que tout le drame est dans ce seul rôle.

1484. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre premier »

Il n’est que l’écho intelligent de la foule ; et s’il ne veut pas nous trouver sourds et indifférents, il faut qu’au lieu de nous étonner de ses vues particulières, il nous fasse voir notre intérieur, comme dit Montaigne, et qu’il nous avertisse de nous-mêmes.

1485. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre VI. Premiers pas hors de Saint-Sulpice  (1882) »

Toutes les fois que j’ai voulu acheter un coin de terre quelconque, une voix intérieure m’en a empêché.

1486. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 août 1885. »

— Il avait compris que l’œuvre d’art doit être complète et vraie, c’est à dire le drame, mais un drame d’art complet, non de musique seule, et un drame d’action vraie, non de virtuosité conventionnelle ; il avait compris, encore, que cette œuvre d’art, complète et vraie, n’est point une frivole distraction, qu’elle est la création suprême de l’esprit, et que cette création, faite, d’abord, par l’auteur, et devant être, en suite, refaite, entièrement, par les auditeurs, peut par eux être connue, seulement dans l’oubli des soucis temporels et dans la paix, non troublée, de la contemplation intérieure, aux jours, très rares, de la sérénité ; enfin, il avait compris que l’art, demeurant complet et vrai, doit, aussi, donner à l’homme une révélation religieuse de la Réalité transcendante, être un culte offert à l’intelligence du Peuple, — de ce peuple idéal, qui est la Communion universelle des Voyants.

1487. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « II »

La révélation matérielle, visible, acquiert le maximum de localisation objective et de vie, de présence extérieure ; d’autre part, la révélation intrasensorielle et subjective devient complètement intérieure.

1488. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XII, les sept chefs devant Thèbes. »

Aujourd’hui encore, telle paysanne ignorante des montagnes du Pinde ou de la Phocide improvise sur son frère ou sur son mari mort des adieux sublimes que lui souffle une voix intérieure, et qu’elle aura oubliés demain.

1489. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Chamfort. » pp. 539-566

Soutenant que son ami, malgré ses souffrances, est « un des êtres les plus vivaces qui existent » : « La ténuité de votre charpente, lui dit-il, la délicatesse de vos traits, et la douceur résignée et même un peu triste de votre physionomie, lorsqu’elle est calme et que votre tête ou votre âme ne sont point en mouvement, alarmeront et induiront toujours en erreur vos amis sur votre force. » Et il en conclut que chez lui, loin que ce soit la lame qui use le fourreau, c’est l’âme, le vis ignea qui entretient la machine : « Comment son feu intérieur ne le consume-t-il pas ?

1490. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1858 » pp. 225-262

Mais encore ceci, le mariage vu dans les intérieurs, m’apparaît comme un concubinage affiché et s’étalant dans une impudeur glorieuse.

1491. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre II : Examen critique des méditations chrétiennes de M. Guizot »

En montrant et surtout en faisant sentir que la religion apporte une consolation dans les chagrins, une force dans le combat des passions que la philosophie ne donne qu’à très-peu d’âmes, on se placerait, je crois, sur un terrain inexpugnable, sur le terrain de l’expérience intérieure, où chacun est seul juge de ce qu’il éprouve.

1492. (1898) Les personnages de roman pp. 39-76

Qui pourrait ne pas trouver qu’il est beau d’étudier une intelligence aux prises avec les problèmes les plus vivants qui soient ; la dépense prodigieuse d’énergie que suppose une affaire prospère ; la lutte contre la concurrence, et les angoisses, et l’orgueil des triomphes rapides ; l’obéissance d’un personnel nombreux aux ordres d’un seul homme ; ces milliers d’industries, qui sont autant de petits États dans l’État, ayant chacun sa politique extérieure et intérieure, sa dynastie, ses drames ?

1493. (1897) Un peintre écrivain : Fromentin pp. 1-37

Chacun se représenterait parfaitement aujourd’hui Pierre Loti paysagiste, Paul Bourget peintre d’intérieur et de portraits, Daudet aquarelliste, Paul Arène, ou tel autre, pastelliste.

1494. (1773) Discours sur l’origine, les progrès et le genre des romans pp. -

Nourries dans l’intérieur de leur ville, occupées de soins peu laborieux, nées sans doute avec cette souplesse d’esprit qui semble avoir toujours été le partage de leur sexe, elles avoient bien de l’avantage sur des hommes qui ne savoient que se battre ou cultiver la terre.

1495. (1896) Essai sur le naturisme pp. 13-150

Il voulut que la flamme intérieure qui l’embrasait, que la phosphorescence immense des couchants incendiât sa phrase du bruissement des étincelles, de mots-brasiers, que l’organisme vibrant de sa Parole battît et fût scandé aux pulsations de sa fièvre, haletât selon son souffle. […] Il y a, entre les lignes, une continuelle évocation, un mirage qui lève devant le lecteur la réalité des images… Les moindres détails s’animent comme d’un tremblement intérieur.

1496. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1892 » pp. 3-94

Maintenant l’impression là-dedans, c’est un sentiment d’abomination pour ce bourgeois de Louis-Philippe, qui, avec son Musée, ses peintures au rabais, a tué la belle antiquaillerie de cette demeure de la monarchie française, aux xviie et xviiie  siècles, et n’a pas craint de faire la nuit avec un grand vilain tableau moderne, fermant la fenêtre de la salle de bain de Mme Adélaïde, qui est peut-être le plus riche spécimen de la décoration intérieure, au xviiie  siècle. […] Le ménage Forain m’entraîne voir son petit intérieur, ingénieusement machiné avec un atelier en haut, où Forain travaille : atelier communiquant par une baie avec le grand salon au-dessous.

1497. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre II. Vérification de la loi par l’examen de la littérature française » pp. 34-154

La guerre sourde avec Corneille est bien connue, elle n’est qu’un symptôme ; il y a plus que la rivalité de deux auteurs, il y a l’opposition de deux systèmes : le roman (action compliquée, extérieure) et le drame (action simple, intérieure). […] Comédie larmoyante ou tragédie du genre Mahomet ou Brutus, tout s’adresse, on le sent bien, à un grand public, dont ces œuvres disent le conflit intérieur, les confuses aspirations.

1498. (1894) La bataille littéraire. Sixième série (1891-1892) pp. 1-368

Le héros a remis des meubles de toutes sortes dans son salon qui a, à la fois, un caractère de fumoir, de boudoir et d’oratoire : — Mon intention a été de réagir, dans cet intérieur, contre la monotonie si fatigante des sièges, contre l’usage de ne trouver partout de n’offrir jamais que de quoi s’asseoir. […] S’il avait refusé la couronne, c’était la République proclamée, c’est-à-dire à l’intérieur l’anarchie et la fin de la liberté, à l’extérieur, une coalition de l’Europe inquiète et hostile, bientôt la guerre, et peut-être l’invasion ! […] Ce qui est du moins certain, c’est que, de tout temps, avant d’être une règle de conduite intérieure pour lui, la religion a été pour Louis XIV une affaire d’État. […] Quel sera le développement du germe intérieur de l’empereur Guillaume II ?

1499. (1924) Critiques et romanciers

tout ce que les hommes se disent entre eux se ressemble ; les idées qu’ils échangent sont presque toujours les mêmes dans toutes leurs conversations ; mais, dans l’intérieur de toutes ces machines isolées, quels replis, quels compartiments secrets ! […] Paul Bourget ne lave point la vaisselle comme Gautier, Barbey ou saint Bonaventure, s’il méprise de s’attaquer aux personnes qui sont, dans la littérature, les ennemis de l’intérieur, il pose avec une admirable netteté les principes en vertu desquels on devra séparer les bons et les mauvais écrivains. […] Pour les imaginer, ces détails, et en équilibrer la mise en mouvement, il faut une vision intérieure d’une précision d’appareil photographique et désencombrée de tous les détails inutiles, un esprit d’une impeccable sûreté qui ne retient, des physionomies, des attitudes, des paroles, que le significatif. » Et il y a, sans la vertu de « présence », de très belles œuvres, mais dénuées d’une des qualités qui font le roman. […] Journal réactionnaire et journal d’opposition ; mais, à quelques années d’intervalle, Capus ne se rappelle pas quel était le gouvernement à qui les Grimaces faisaient de l’opposition : cependant, il avait la rubrique de la politique intérieure et des débats parlementaires. […] Dans la cuisine des Cloportes, il y a une vieille horloge peinte en rouge qui laisse « voir derrière son verre sans tache, le va-et-vient de son balancier de cuivre, ses plombs, ses chaînes, tout l’intérieur de son ventre ».

1500. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Charles Magnin ou un érudit écrivain. »

Il y avait alors, non loin de lui, des savants, des convertis aussi dans leur genre, qui faisaient de leur religion grand bruit et qui embouchaient la trompette à la porte du temple : lui, il était le plus éloigné d’en agir de la sorte, il ne puisait dans sa foi que des motifs de consolation intérieure.

1501. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite et fin.) »

M. de Lancy, que nous avons connu administrateur de la bibliothèque Sainte-Geneviève et qui avait autrefois rempli un poste assez important au ministère de l’intérieur, aimait à raconter des anecdotes qu’il savait d’original, notamment celle-ci : Un jour un des hauts personnages qui avait dû financer avec M. de Talleyrand, et qui tenait à savoir pourtant si son argent n’était pas resté en chemin, et s’il était bien arrivé à son adresse, exigea un signe, une marque qui l’en assurât.

1502. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE KRÜDNER » pp. 382-410

Une bienveillance précieuse nous permet de reproduire quelques lignes qui peignent cette situation intérieure : « J’ai vu hier Mme de Krüdner, écrivait Benjamin Constant212, d’abord avec du monde, ensuite seule pendant plusieurs heures.

1503. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « George Farcy »

Une grande timidité, beaucoup de réserve, une sorte de sauvagerie ; une douceur habituelle qu’interrompait parfois quelque chose de nerveux, de pétulant, de fugitif ; le commerce très-agréable et assez prompt, l’intimité très-difficile et jamais absolue ; une répugnance marquée à vous entretenir de lui-même, de sa propre vie, de ses propres sensations, à remonter en causant et à se complaire familièrement dans ses souvenirs, comme si, lui, il n’avait pas de souvenirs, comme s’il n’avait jamais été apprivoisé au sein de la famille, comme s’il n’y avait rien eu d’aimé et de choyé, de doré et de fleuri dans son enfance ; une ardeur inquiète, déjà fatiguée, se manifestant par du mouvement plutôt que par des rayons ; l’instinct voyageur à un haut degré ; l’humeur libre, franche, indépendante, élancée, un peu fauve, comme qui dirait d’un chamois ou d’un oiseau73 ; mais avec cela un cœur d’homme ouvert à l’attendrissement et capable au besoin de stoïcisme : un front pudique comme celui d’une jeune fille, et d’abord rougissant aisément ; l’adoration du beau, de l’honnête ; l’indignation généreuse contre le mal ; sa narine s’enflant alors et sa lèvre se relevant, pleine de dédain ; puis un coup d’œil rapide et sûr, une parole droite et concise, un nerf philosophique très-perfectionné : tel nous apparaît Farcy au sortir de l’École normale ; il avait donc, du sein de sa vie monotone, beaucoup senti déjà et beaucoup vu ; il s’était donné à lui-même, à côté de l’éducation classique qu’il avait reçue, une éducation morale plus intérieure et toute solitaire.

1504. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre IV. Services généraux que doivent les privilégiés. »

Louis XV conduit les siennes encore plus mal qu’il ne les entreprend132, et Louis XVI, dans toute sa politique extérieure, trouve pour entrave le rets conjugal  À l’intérieur, il vit comme les autres seigneurs, mais plus grandement, puisqu’il est le plus grand seigneur de France ; je décrirai son train tout à l’heure, et l’on verra plus tard par quelles exactions ce faste est défrayé.

1505. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIe entretien. La passion désintéressée du beau dans la littérature et dans l’art. Phidias, par Louis de Ronchaud (1re partie) » pp. 177-240

XXVII Les diverses terrasses sur lesquelles le donjon grisâtre est élevé ou auxquelles il est adossé, ou dont il est flanqué d’un côté, donnent des places diverses aux chambres : de plain-pied d’un côté, avec les jardins, on est de l’autre au premier étage ; cette disposition de terrain sur les pentes de montagnes donne du mouvement, du pittoresque, des escaliers, des paliers, des rampes extérieures et intérieures aux maisons ; elles semblent, comme un manteau pétrifié, suivre en rampant dans leur inflexion au sol les ondulations de la roche ou du gazon qui les porte.

1506. (1892) Boileau « Chapitre I. L’homme » pp. 5-43

Sa force éclate sous la délicatesse dont il essaye de la revêtir, d’autant plus artificielle et compassée que l’être intérieur se laisse plus malaisément contenir.

1507. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série «  Leconte de Lisle  »

Peut-être aussi qu’à y regarder de près, rien n’égale le tragique rentré, l’amertume intérieure que ce genre de protestation fait deviner.

1508. (1920) Enquête : Pourquoi aucun des grands poètes de langue française n’est-il du Midi ? (Les Marges)

Elles ont moins de propension au « rêve intérieur ».

1509. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIV. La littérature et la science » pp. 336-362

Elle suscite parfois dans l’homme un trouble, un tumulte, qui met aux prises une moitié de lui-même avec l’autre moitié ; elle entrechoque la raison et le sentiment ; elle déchaîne ainsi une lutte douloureuse, une sorte de tempête intérieure où la pensée erre ballottée, comme une barque fragile, au gré des souffles contraires.

1510. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 février 1886. »

Il faut donc, pour que la musique réponde à son but en provoquant dans notre âme des émotions, que les auditeurs aient déjà une habitude, et la même chez tous, d’associer à certains signes musicaux certaines émotions intérieures.

1511. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 avril 1886. »

Mais on peut concevoir comme concret et vivant l’homme idéal : il est un être indépendant et moral, le but de notre développement intellectuel, le résultat — aujourd’hui rêvé seulement — de tout notre progrès intérieur.

1512. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juillet 1886. »

La fable mise en scène n’est que l’expression d’un état intérieur traduit en faits visibles.

1513. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VI »

C’est l’antagonisme intérieur qui divise tant de familles et qui souvent les déchire.

1514. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre X »

Le veau d’or a grandi démesurément depuis quelque temps ; il est devenu je ne sais quel monstrueux taureau de Phalaris plein de cris, de tortures et de convulsions intérieures.

1515. (1856) Cours familier de littérature. II « IXe entretien. Suite de l’aperçu préliminaire sur la prétendue décadence de la littérature française » pp. 161-216

Il nous importerait peu à nous aujourd’hui que la Russie modifiât les conditions civiles entre sa noblesse, sa bourgeoisie, ses serfs ; que l’Angleterre rétrécît ou relâchât ses liens civils avec l’Irlande, les Indes et ses colonies ; que l’Autriche modifiât ses rapports intérieurs avec les États fédératifs de Hongrie ou de Bohême ; que la Suisse ou les États-Unis introduisissent plus ou moins l’aristocratie helvétique ou de démocratie américaine dans leurs républiques.

1516. (1857) Cours familier de littérature. III « XVe entretien. Épisode » pp. 161-239

Ce chant intérieur tombait peu à peu en approchant davantage.

1517. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Division dramatique. » pp. 64-109

L’étonnement qu’il montre en entrant dans l’intérieur du sérail, fait voir qu’il s’est passé quelque chose d’important dans son absence, et qu’il ne peut savoir.

1518. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre II : Règles relatives à l’observation des faits sociaux »

Intérieurs par définition, il semble qu’on ne puisse les traiter comme extérieurs qu’en faisant violence à leur nature Il faut non seulement un effort d’abstraction, mais tout un ensemble de procédés et d’artifices pour arriver à les considérer de ce biais.

1519. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Émile Zola »

Nous n’aurions pas eu l’intérieur de ce Ventre de Paris, avec toutes les industries qui en sont comme le système intestinal.

1520. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vii »

Sa joie intérieure est si forte qu’elle tient en échec les plus violentes misères du dehors.‌

1521. (1896) Impressions de théâtre. Neuvième série

Je regrette seulement que le débat intérieur d’Edouard, immédiatement avant l’acte, soit un peu étranglé. […] Nous comprendrions un peu de laisser-aller professionnel, une involontaire liberté de langage et d’allures qui feraient un piquant contraste avec la décence un peu prude de cet intérieur familial. […] Et il n’a pas de conscience, parce qu’il n’a pas où la loger : pas de for intérieur, pas de « centre » ; il n’est jamais rentré chez soi. […] Les deux personnages du drame (car il n’y en a que deux), appartiennent à la fois, par leur allure extérieure, par une certaine outrance de langage, par le caractère exceptionnel de leur état civil, ou de leur condition sociale, ou de leurs qualités soit physiques, soit morales, bref, par ce qu’ils ont de « panache », à l’auteur de Monte-Cristo, et, par la vérité, par la logique secrète de leurs mouvements intérieurs et de leurs actes, à l’auteur du Demi-Monde. […] Messager totalement inconscient de ce qu’on lui fait faire : je vous assure que l’on voit de ces inconsciences chez les personnes qui ont peu pratiqué la vie intérieure.

1522. (1914) En lisant Molière. L’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

Il avait des « goûts d’artiste », comme nous disons maintenant, l’amour des beaux ameublements, des œuvres d’art, d’un intérieur riche et un peu fastueux ; ces goûts étaient assez rares, à cette époque, dans la bourgeoisie. […] Seulement il n’en est pas au premier choc, il en est au centième et il s’est habitué à en prendre son parti, à ne jamais s’en fâcher, et il est devenu le misanthrope intérieur tandis qu’Alceste est encore le misanthrope déployé. […] Ouvrez-les : c’est le Combat spirituel, le Chrétien intérieur et l’Année sainte ; d’autres livres sont sous la clef. […] Un regard de pitié jeté sur les turbulents et un regard au ciel comme pour implorer grâce pour eux, serait très bien ; ce serait pour l’assistance, ce serait dans le rôle ; mais la méditation intérieure, où il se félicite d’être meilleur que d’autres, ne fait rien pour le rôle et suppose une vie intérieure ; or il n’a pas de vie intérieure et il joue toujours un personnage : « Il évite une église déserte et solitaire, où il pourrait entendre deux messes de suite, le sermon, vêpres et compiles, tout cela entre Dieu et lui et sans que personne lui en sût gré : il aime la paroisse ; il fréquente les temples où se fait un grand concours ; on n’y manque point son coup, on y est vu. […] La littérature et le bel esprit lui déplaisent parce qu’elle est avant tout femme d’intérieur et femme qui veut avoir des enfants.

1523. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Lamartine »

Deschanel ; mais le souffle intérieur le pousse : ces petites feuilles volantes, crayonnées en marchant dans le sentier pierreux qui monte de Milly au sommet du Craz, — péchés de jeunesse, à ce qu’il croit, — lui donnent l’absolution de Saül et de Clovis, et l’envoient tout droit à un ciel nouveau, qu’il rencontre, comme Christophe Colomb l’Amérique, sans s’en douter. » Revenons à la légende  Lamartine chante. […] Je veux vous mettre sous les yeux  et si vous la connaissez déjà, vous en serez quitte pour la relire  une curieuse lettre de Lamartine à son ami Aymon de Virieu, où il apparaît  et bien d’autres endroits de sa correspondance nous le confirment  que ce poète, d’un lyrisme si épandu, n’en eut pas moins une très forte vie intérieure et que son christianisme somptueux ne s’exhalait pas tout en paroles. […] Pour cela, enchâssons-nous dans l’ordre établi avant nous tout autour de nous ; appuyons-nous sur les sentiers qu’ont suivis nos pères ; et, s’ils ne nous suffisent pas totalement, implorons de Dieu lui-même la force et la nourriture qui nous conviennent spécialement ; faisons-lui, pour l’amour de lui, le sacrifice de quelques répugnances de l’esprit, pour qu’il nous fasse trouver la paix de l’âme et la vérité intérieure, qu’il nous donnera à la juste dose que nous pouvons supporter ici-bas… » Peu de temps après son mariage, il écrivait : « J’aime décidément ma femme, à force de l’estimer et de l’admirer.

1524. (1856) À travers la critique. Figaro pp. 4-2

L’autel est garni de ses divinités, la porte du temple est tirée et verrouillée avec soin, et fussiez-vous un homme de génie, que, sans vouloir seulement l’entrebâiller, le grand prêtre du lieu vous répondrait brutalement de l’intérieur : « Passez votre chemin, mon paradis est fait !  […] Du reste ne s’en faisant pas accroire dans son for intérieur, et ne tenant à la considération, — ou plutôt aux apparences extérieures de la considération, — que parce qu’elles étaient, à son point de vue, les instruments de travail de son industrie. […] la citation du Dante sert d’épigraphe à une brochure qu’on vend dans l’intérieur du théâtre et qui est la traduction de l’œuvre de M. 

1525. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

Il voudrait aussi bien traduire la vie extérieure des naturalistes que la vie intérieure du psychologue, et le masque conventionnel, avec ses influences de l’école du bon sens. […] Mallarmé mis à part, surtout, en ceci : car c’est, lui, un homme d’intérieur, absolument digne de nos respects.) […] — Leur existence démontre ce que je vous disais : le public ne se satisfait plus de l’éternelle description des extériorités ; il veut qu’on ouvre son joujou pour lui en montrer l’intérieur. […] Les ombres de Platon me semblent des lanternes vénitiennes dont il faut savoir soulever le papier pour entrevoir la flamme intérieure. […] Bourget, qui, avec beaucoup de talent, a le parti-pris de ne s’inquiéter que des mobiles intérieurs de l’être, et qui tombe, de cette façon, dans l’excès contraire au naturalisme.

1526. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Camille Jordan, et Madame de Staël »

Mon intention est qu’on laisse une liberté entière à la presse, qu’on n’y mette aucune gêne, qu’on se contente d’arrêter les ouvrages obscènes ou tendant à semer des troubles dans l’intérieur. […] 2° l’ouvrage a-t-il pour but de réveiller les passions, de former des factions ou de semer des troubles dans l’intérieur ?

1527. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

Les tours et les flèches des églises gothiques me semblaient emporter dans les cieux la prière des fidèles, pendant qu’à l’intérieur l’enceinte fermée de toutes parts, le silence, la paix, l’ombre mystérieuse des vitraux, me montraient l’image même de l’âme pieuse et recueillie406. […] Le roi, les reines, les dames, les courtisans prirent leurs places, les violons jouèrent, la toile se reploya, et, sous les yeux de cette cour voluptueuse et brillante, apparut l’intérieur de la maison d’Orgon et Tartuffe.

1528. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLe entretien. L’homme de lettres »

Dans l’autre portion, je compris toute la partie intérieure qui s’étend le long de la rivière des Lataniers jusqu’à l’ouverture où nous sommes, d’où cette rivière commence à couler entre deux collines jusqu’à la mer. […] On n’apercevait dans ce jour ténébreux que la pointe du rivage où nous étions, et quelques pitons des montagnes de l’intérieur de l’île, qui apparaissaient de temps en temps au milieu des nuages qui circulaient autour.

1529. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

Renan est le pur intellectuel, à qui cette petite vie intérieure, ces méditations intimes, cette âme (au sens des confesseurs et des mystiques) et ce vague à l’âme semblent de simples sornettes, comme les fameuses « vapeurs » féminines. […] Dans l’intérieur de cet infini se meuvent d’innombrables êtres ou phénomènes finis, et M.  […] Elle n’ouvre même pas sa « chambre intérieure », le secret de son amour, à l’époux qu’elle craindrait d’enlever au service de la patrie en le retenant auprès d’elle. […] André Suarès pourra revenir à sa forte et dure vie intérieure. […] De même la paix intérieure, qui semble un demi-sommeil et presque une image de la mort, est alternativement convoitée ou maudite et déclarée pire que les pires douleurs.

1530. (1897) Aspects pp. -215

… Si du moins je pouvais profiter de son absence pour m’échapper de cet intérieur qui commence à exhaler un relent d’esthétiques refroidies. […] Rebutés par les grossiers procès-verbaux des naturalistes, las des jongleries chatoyantes où se dépensaient les Parnassiens, les nouveaux-venus rêvaient un art synthétique au moyen duquel toute la vie intérieure s’exprimerait en symboles. […] Mais heureusement, durant toute cette longue servitude, pas une minute l’homme intérieur ne fléchit en lui. […] C’est elle qui chante aux Védas et au Ramayana ; c’est elle qui chante en Grèce ; c’est elle qui tenta déjà de chanter chez nous et qui fut toujours étouffée par cette morne religion qu’enfanta le sombre génie sémitique ; c’est elle qui ressuscite aujourd’hui et qui chantera triomphalement demain… Plutôt que de s’astreindre un traité où ses propositions se fussent déduites en théorèmes, M. de Bouhélier nous raconte sa vie intérieure. […] Pourtant, à l’intérieur, la cuisine est toute vermeille où flambe et pétille un feu de bûches.

1531. (1898) Ceux qu’on lit : 1896 pp. 3-361

L’empereur de Russie, très coulant sur la question de la Pologne, ajoute : « Dans l’intérieur de chaque pays l’armée serait remplacée par une milice, continuellement exercée, mais seulement en vue de la défense commune de l’Europe contre des incursions asiatiques possibles. […] » Les douanes intérieures, c’est-à-dire entre les États confédérés, seraient abolies, et il entrerait dans les attributions du Suprême Conseil et du Conseil fédéral européen de créer pour l’Europe l’harmonie économique, soit en corrigeant, par des émigrations à l’intérieur, scientifiquement réglées, la trop grande densité de certaines populations, soit en répartissent les industries sur les territoires qui y seraient le plus propices, en sorte que la concurrence ruineuse d’aujourd’hui serait remplacée par une féconde coopération. » Autant de rêves, bien entendu, mais qui n’a pas le droit et un peu le devoir d’en faire en présence des hautes et inquiétantes questions qui se posent en ce moment sur tant de points de l’Europe ? […] Affaires de Pologne, de Danemark, de Mexique et d’Allemagne, élections de Paris et faiblesses à l’intérieur, tout cet ensemble de fautes avait besoin d’être expliqué. […] De là, nous apercevions, blottis contre le talus intérieur du parapet, une vingtaine de soldats prussiens attendant une occasion pour tomber à l’improviste sur nos travailleurs.

1532. (1905) Promenades philosophiques. Première série

Ceux qui sont vrais aujourd’hui seront faux demain, parce que leur exactitude est en rapport non pas avec une réalité immuable, extérieure à nous, mais avec une réalité intérieure, mobile et changeante comme la psychologie humaine. […] D’ailleurs, cette qualification de connu convient peu à l’objet perçu, attendu qu’il a une face intérieure, inaccessible de prime abord à nos sens ; s’il s’agit d’un être vivant, — et plus cet être est intelligent et complexe, — il faut exercer toutes sortes de facultés et se livrer à de minutieuses analyses pour n’arriver encore qu’à une intimité à peu près illusoire. […] Les mouches cependant les surpassent en inconscience topographique ; pour les mouches, l’intérieur tout entier du cube d’une chambre est un plan parfait ; c’est le ruban de route. […] Sans doute on le vit bien supérieur à ceux qui régnent aujourd’hui ; mais ce fut d’une supériorité cachée et tout intérieure. […] Il écrit doi à l’intérieur du vers : « Qui tient ma vie en ses dois enfermée ».

1533. (1892) Sur Goethe : études critiques de littérature allemande

s’écriait-il, si vous étiez en état de comprendre l’idéal, vous sauriez enfin respecter comme il convient la vérité, la réalité, la raison. » Tandis que ces idées le préoccupaient, trois ouvrages parurent coup sur coup en France et en Allemagne, qui concordaient merveilleusement avec le travail intérieur de son esprit : d’abord, en France, Paul et Virginie (1788) et la Chaumière indienne (1791) ; puis, en Allemagne, la Louise de Voss (Kœnigsberg, 1795). […] Comment échapper à cette terrible alternative, ou de sacrifier le repos intérieur en se mêlant à l’agitation du siècle, ou de n’en rien connaître et de chercher le bonheur au sein de l’ignorance et de l’isolement, si toutefois l’isolement et l’ignorance ne sont pas plus propres à préparer de lâches victimes et d’aveugles instruments qu’à former des égoïstes paisibles ! […] On ne veut point croire à des mouvements tumultueux avec un sang-froid aussi inaltérable ; on ne comprend point les secousses intérieures de l’âme, quand au-dehors le regard reste aussi limpide et aussi net. […] Mais Substance a, au contraire, le sens très sûr et l’esprit vif ; il débite des allégories d’une sagesse transperçante ; il est bon, pleinement dévoué — d’un dévouement intérieur et idéal, il est vrai — à ceux qui l’entourent, et avec, tout cela, il se conduit comme un égoïste obtus ! […] Elle ne put que lui adresser un regard, un seul regard, exprimant si bien la complète mortification intérieure, si plein d’un repentir et d’une humilité célestes, si suppliant dans sa douceur qu’il eût attendri le cœur d’un scélérat et ému une statue ; mais le regard du saint conseiller ne rendit que rudesse, orgueil et mépris.

1534. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « L’abbé Fléchier » pp. 383-416

On y trouvera l’exposé le plus exact, et puisé aux meilleures sources, de l’état intérieur de la France dans ces premières années du gouvernement de Louis XIV.

1535. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. » pp. 124-157

Mais quelle différence, me disais-je, entre les douleurs de l’une et celles de l’autre : l’une, la noble châtelaine du Cayla, sous son beau ciel du Midi, dans des lieux aimés, dans une médiocrité ou une pauvreté rurale qui est encore de l’abondance, avec tous les choix et toutes les élégances d’un intérieur de vierge : l’autre, dans la poussière et la boue des cités, sur les grands chemins, toujours en quête du gîte, montant des cinq étages, se heurtant à tous les angles, le cœur en lambeaux et s’écriant par comparaison : « Où sont les paisibles tristesses de la province ? 

1536. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LEBRUN (Reprise de Marie Stuart.) » pp. 146-189

Mais, répondait-on, toute la pièce se passe dans l’intérieur du château de Fotheringay ; on ne sort pas de l’enceinte.

1537. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « MÉLEAGRE. » pp. 407-444

L’Anthologie et les poëtes qu’elle rassemble sont en quelque sorte ce chemin de traverse qui ferait parcourir l’ancienne Grèce dans bien des cantons intérieurs, imprévus.

1538. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIIe entretien. Poésie lyrique. David (2e partie) » pp. 157-220

Saül est inquiet de sa destinée en présence de l’armée ennemie qui envahit les vallées intérieures de son royaume ; il tremble pour son peuple et pour sa couronne ; il se demande si son Dieu ne l’a pas abandonné.

1539. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXVIIIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 65-128

— Émiette, lui dis-je, tous les matins, un peu de la mie de ton pain de prison, et répands ces miettes, toutes fraîches, sur le bord intérieur du mur à hauteur d’appui où tu t’accoudes quelquefois pour regarder couler l’heure au soleil ; petit à petit, la plus hardie viendra becqueter entre les barreaux, puis jusque dans ta main ; tu lui caresseras les plumes sans la retenir, et tu la laisseras librement s’envoler, revenir et s’envoler encore ; bientôt elle aura pour toi l’amitié que toutes les bêtes ont naturellement pour l’homme qui ne leur fait point de mal, tu la prendras dans ton sein, elle becquettera jusqu’à tes lèvres, elle se laissera faire tout ce que tu voudras d’elle ; moi, de mon côté, je vais en prendre une sur la margelle du puits et l’emporter sous ma chemise, dans mon sein, là-haut, dans ma chambre ; je l’empêcherai seulement une heure ou deux de s’envoler, je lui donnerai des graines douces et du maïs sucré sur le bord de ma fenêtre, et je la lâcherai ensuite pour qu’elle rejoigne ses compagnes dans la cour ; tu la reconnaîtras au bout de fil bleu que j’aurai noué à ses jambes roses, et c’est celle-là que tu apprivoiseras de préférence en faisant peur aux autres ; au bout de deux ou trois jours, tu verras qu’elle viendra à tout moment te visiter, et qu’à tout moment aussi elle remontera de la lucarne à ma tour, pour redescendre encore de ma tour à ton cachot.

1540. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIIe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

S’il y a à dire, c’est plutôt à l’esprit d’unité intérieure et à l’enchaînement des idées.

1541. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre II. Le quinzième siècle (1420-1515) »

Engagé dans la voie honteuse, le tumulte des jouissances et des périls, les pensées pressantes de l’action quotidienne n’ont pas éteint en lui la vie intérieure : il s’abandonne, mais il se voit, et il se juge.

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