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1496. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XXI. Le littérateur chez les peintres » pp. 269-282

Ladite chronique, outre le plaisir qu’elle procure à ceux qui en sont l’objet et l’intérêt qu’elle gardera pour la science archéologique venir, peut encore avoir son prix, précisément comme chronique.

1497. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XVI. Miracles. »

Jésus, pas plus que ses compatriotes, n’avait l’idée d’une science médicale rationnelle ; il croyait avec tout le monde que la guérison devait s’opérer par des pratiques religieuses, et une telle croyance était parfaitement conséquente.

1498. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre VII » pp. 56-69

Il croit que ce mot, chez les Romains, s’entendait principalement de la science de la conversation et du don de plaire en bonne compagnie ; que les Grecs ont abusé de cette connaissance, et que les seuls Romains, même en Italie, en ont connu le vrai et le légitime usage.

1499. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 326-344

Revenez ensuite au Texte, & vous apprendrez que Maurice écartoit les barrieres du préjugé pour reculer les limites de son art, qu'après avoir trouvé le bien il cherchoit le mieux, qu'il s'élançoit au delà du cercle étroit des événemens, & créoit des combinaisons nouvelles, imaginoit des dangers pour trouver des ressources, étudioit sur-tout la science de fixer la valeur variable & incertaine du Soldat, & de lui donner le plus grand degré d'activité possible.

1500. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre V, la Perse et la Grèce »

Les philosophes qui ont fondé la science, en soulevant le masque mythologique qui recouvrait la nature, Thalès et Anaximandre, Xénophane et Pythagore enseignaient tous dans la Grande Grèce et l’Asie Mineure.

1501. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — II. La versification, et la rime. » pp. 257-274

La Mothe, au jugement d’un de nos écrivains également versé dans la littérature & dans les sciences abstraites, n’eut d’autre tort que celui d’écrire contre la poësie en écrivant contre les vers dans les pièces de théâtre.

1502. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXIII. Henry Gréville »

Mais on y chercherait en vain l’unité rayonnante, la science de la composition, les passions et leurs déchirements, la profondeur des analyses, l’originalité dans les descriptions, les événements et les caractères, tout ce qu’on exigerait dans des romans écrits par des hommes.

1503. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Madame de Maintenon » pp. 27-40

Si la science a quelquefois recherché les formes de l’arbre dans son germe, il semble qu’on puisse s’expliquer, par cette organisation de Saint-Cyr, la destinée et l’influence de toutes ces femmes qui allaient devenir la tige en fleurs de la société de leur pays et de l’Europe.

1504. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVI. M. E. Forgues. Correspondance de Nelson, chez Charpentier » pp. 341-353

Ont-ils compris la spontanéité de ce génie qui n’eut guère qu’une manœuvre en tout, — couper la ligne de l’ennemi au risque de se faire écraser, — mais qui n’avait besoin d’aucune autre pour être le roi de la mer ; qui pouvait se passer de tout, de réflexion, d’expérience et de science, et n’en pas moins être ce qu’il fut, parce qu’il avait le plus brave, le plus pur et le plus puissant du génie militaire, qui est d’aller, même contre toute raison, toujours en avant !

1505. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Nelson »

Ont-ils compris la spontanéité de ce génie qui n’eut guère qu’une manœuvre en tout, — couper la ligne de l’ennemi au risque de se faire écraser, — mais qui n’avait besoin d’aucune autre pour être le roi de la mer, qui pouvait se passer de tout : de réflexion, d’expérience et de science, et n’en pas moins être ce qu’il fut, parce qu’il avait le plus brave, le plus pur et le plus puissant du génie militaire, qui est d’aller, même contre toute raison, toujours en avant !

1506. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Léon Aubineau. La Vie du bienheureux mendiant et pèlerin Benoît-Joseph Labre » pp. 361-375

Tout homme qui pense, — tout moraliste, — tout physiologiste, — se sentira saisi d‘une ardente curiosité devant le phénomène de cette existence mise en dehors de l’humanité par l’énergique volonté et la passion religieuse d’un homme, et voudra la scruter et s’en rendre compte philosophiquement… Voilà pour la science et pour la pensée !

1507. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Le Docteur Favrot »

Et lui, l’homme de science, qui connaît mieux que personne l’incomplet et le hasardé de ces solutions piètrement administratives, il s’en contente à peu de chose près, au lieu d’en démontrer hardiment et rigoureusement l’insuffisance.

1508. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. J. Autran. Laboureurs et Soldats, — Milianah. »

Vous qui savez les lois, vous nanti de science, Venez guider un peu l’humble inexpérience !

1509. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Charles Baudelaire. Les Fleurs du mal. »

La littérature satanique, qui date d’assez loin déjà, mais qui avait un côté romanesque et faux, n’a produit que des contes pour faire frémir ou des bégaiements d’enfançon, en comparaison de ces réalités effrayantes et de ces poésies nettement articulées où l’érudition du mal en toutes choses se mêle à la science du mot et du rythme.

1510. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Ferdinand Fabre »

Chaste et régulier dans ses mœurs, mais orgueilleux, — et la chasteté qui s’emmanche dans l’orgueil est terrible, car elle se fait payer par l’orgueil des sensualités qu’elle repousse, — l’abbé Capdepont dit « Tigrane » est, de plus, une espèce de Macbeth ecclésiastique, à qui les trois Sorcières qui sont en lui : la Puissance du génie, l’Autorité du caractère, et la Science, moins affirmatives que les Sorcières de Macbeth, ne lui disent pas : Tu seras Roi !

1511. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre xi‌ »

Joseph Bédier, l’éminent maître dont la science et la délicatesse m’aidaient à comprendre la réalité héroïque d’aujourd’hui comme la légende épique d’autrefois.‌

1512. (1896) Le livre des masques

Quand, par la Science même, cette science élémentaire leur eut été enlevée, les uns se réjouirent, se croyant allégés d’un fardeau ; les autres se lamentèrent, sentant bien que par-dessus tous les autres fardeaux de leurs épaules on en avait jeté un, à lui tout seul plus lourd que le reste : le fardeau du Doute. […] Villiers fut de son temps au point que tous ses chefs-d’œuvre sont des rêves solidement basés sur la science et sur la métaphysique modernes, comme l’Ève future, comme Tribulat Bonbomet, cette énorme, admirable et tragique bouffonnerie, où vinrent converger, pour en faire la création peut-être la plus originale du siècle, tous les dons du rêveur, de l’ironiste et du philosophe. […] Son génie naturel fait de sensibilité, d’ironie, d’imagination et de clairvoyance, il avait voulu le nourrir de connaissances positives, de toutes les philosophies, de toutes les littératures, de toutes les images de nature et d’art ; et même les dernières vues de la science semblent lui avoir été familières. […] Il abuse un peu de son pouvoir, donnant à tels mots des significations trop d’à côté, pliant les phrases à une syntaxe trop sommaire, mais ce sont de mauvaises habitudes qui ne lui sont pas exclusivement personnelles ; il n’emprunte à nul sa science du rythme et sa maîtrise à manier le vers rénové.

1513. (1868) Curiosités esthétiques « V. Salon de 1859 » pp. 245-358

Il faut donc qu’elle rentre dans son véritable devoir, qui est d’être la servante des sciences et des arts, mais la très-humble servante, comme l’imprimerie et la sténographie, qui n’ont ni créé ni suppléé la littérature. […] Est-il permis de supposer qu’un peuple dont les yeux s’accoutument à considérer les résultats d’une science matérielle comme les produits du beau n’a pas singulièrement, au bout d’un certain temps, diminué la faculté de juger et de sentir ce qu’il y a de plus éthéré et de plus immatériel ? […] Il étonne lentement, je le veux bien, il enchante peu à peu ; mais il faut savoir pénétrer dans sa science, car, chez lui, il n’y a pas de papillotage, mais partout une infaillible rigueur d’harmonie. […] Vous traversez une grande ville vieillie dans la civilisation, une de celles qui contiennent les archives les plus importantes de la vie universelle, et vos yeux sont tirés en haut, sursùm, ad sidera  ; car sur les places publiques, aux angles des carrefours, des personnages immobiles, plus grands que ceux qui passent à leurs pieds, vous racontent dans un langage muet les pompeuses légendes de la gloire, de la guerre, de la science et du martyre. […] Nous savons aimer l’art mystérieux et sacerdotal de l’Egypte et de Ninive, l’art de la Grèce, charmant et raisonnable à la fois, l’art de Michel-Ange, précis comme une science, prodigieux comme le rêve, l’habileté du dix-huitième siècle, qui est la fougue dans la vérité ; mais dans ces différents modes de la sculpture il y a la puissance d’expression et la richesse de sentiment, résultat inévitable d’une imagination profonde qui chez nous maintenant fait trop souvent défaut.

1514. (1848) Études sur la littérature française au XIXe siècle. Tome III. Sainte-Beuve, Edgar Quinet, Michelet, etc.

Je vois d’ici plus d’un sourire, et j’entends plus d’une bouche murmurer : Burrhus, je vous croirai quand… Mais, croyez-moi, l’amour est une autre science. Il ne s’agit pas ici de la science de l’amour ; et dans cette affaire, d’ailleurs, j’ai pour moi le pénitent. […] J’espère que la division est facile à retenir, et vous verrez qu’il est vraiment fort commode de posséder ainsi à chaque heure tous les secrets de la vie, tous les mystères de l’âme et du ciel, toute la science du cœur et de la nature, sur un bout de papier grand au plus comme une recette contre la migraine. — Si vous ne raillez pas, dit Ahasvérus, cette idée est désespérante. […] Hors du principe de l’obéissance à Dieu, talent, science, industrie, prospérité publique, gloire nationale, tout n’est qu’un jeu, un vrai jeu d’enfants. […] On peut, sans doute, refuser de la poser ; mais une fois posée, comment faire pour qu’elle ne renferme pas toutes les questions humaines que, depuis des siècles, posent à l’envi l’une de l’autre la conscience et la science ?

1515. (1864) Le roman contemporain

On pourra bien reprendre dans cet agréable livre un trop grand luxe de science géologique, et l’abus des tableaux de paysages, mais le drame est intéressant, les caractères sont finement touchés, et le sentiment général du livre est honnête et pur. […] Ce n’est donc pas nécessairement l’ignorance qui est la mère du crime, de même que la science n’est pas nécessairement la mère de la vertu. […] « Le tyran de l’homme, c’est l’ignorance ; l’ignorance a engendré la royauté qui est l’autorité prise dans le faux, tandis que la science est l’autorité prise dans le vrai. L’homme ne doit être gouverné que par la science. […] La science seule doit gouverner, selon vous.

1516. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

Mais nulle part, que l’on sache, dans aucun art, dans aucune science, dans aucun ordre de choses, ni simplicité, ni régularité, ni symétrie ne sont synonymes ou mesure de perfection. […] Au milieu, pour l’ébahissement du populaire accouru, le serpent, ingénieusement fabrique, artificiose compositus , s’enroulait autour de l’arbre de la science du bien et du mal. […] Molinier nous vient de l’École des Chartes : c’est louer d’un seul mot, j’imagine, l’étendue, la solidité de sa science paléographique ; et il ne saurait nuire d’être un peu paléographe pour déchiffrer l’écriture de Pascal. […] Le goût de la science et de la philosophie se répand, le siècle entier tourne à la physique, et les marquises donnent à la géométrie tout ce que les pompons et l’amour leur laissent de loisir ? […] Il n’y a pas de causes pour la science, il n’y a que des conditions.

1517. (1939) Réflexions sur la critique (2e éd.) pp. 7-263

Il faut l’admirer d’avoir su ne pas rire quand la philosophie, la science, le désir de savoir, la curiosité du vrai, recevaient des coups de bâton sur les tréteaux. […] Renan, assez malin, lorsqu’il voulut publier, de son vivant, la principale de ses œuvres de jeunesse, l’Avenir de la Science, l’appela son vieux Pourana. […] M. de Gourmont, lui, dit avec beaucoup de bon sens : « Buffon faisait de la science. […] Dans l’intérieur de ses limites, un peu étroites, cette prose est d’une délicatesse de rythmes, d’une science et d’une variété de coupe incomparables. […] Tous ceux qui s’occupent de Constant sont aujourd’hui tributaires de la science et du labeur de M. 

1518. (1925) Feux tournants. Nouveaux portraits contemporains

Mais, en définitive, la critique moderne est, à ses yeux, analogue à la médecine, un art individuel qui se fonde sur une science d’observations personnelles. […] Léon Bérard était très vaste : il ne se contenta point d’augmenter le temps dévolu aux humanités sacrifiées par la réforme de 1902, il sauvegarda les sciences, mit les programmes au fait des découvertes les plus récentes, et cela sans jamais porter aucune atteinte à l’enseignement des langues vivantes. […] Ingres, qui défend l’art de la convention et de l’artifice, qui rendit à la peinture le naturel et la simplicité ; Forain, qui sait choisir et abréger les mots de ses légendes et les jours de ses victimes ; M. et Mme Curie, honneur de la science française ; Mme Bartet avec Bérénice. […] Et ne peut-on pas, plus aisément, distinguer dans ce condisciple de Drieu aux Sciences politiques, dont la sainteté ne doit être suspectée, un anarchiste cultivé à la merci des plus médiocres ? […] Quant au major Parker, qui prend ses repas au même mess que le colonel écossais et que l’interprète Aurelle-Maurois qui, à l’heure auguste du gramophone et sous les bombardements, écrit des « à la manière de » Toulet, ce sont les Perses qui ont toute sa tendresse parce qu’ils n’apprenaient que trois sciences : monter à cheval, tirer à l’arc et ne pas mentir.

1519. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre IV. Des Livres nécessaires pour l’étude de l’Histoire. » pp. 87-211

Il s’est appliqué sur-tout à remarquer les commencemens de certains usages, les principes de nos libertés, les vraies sources & les divers fondemens de notre droit public ; l’origine des grandes dignités ; l’institution des Parlemens ; l’établissement des Universités ; la fondation des Ordres Religieux ou Militaires ; enfin tout ce que les arts & les sciences nous fournissent de découvertes utiles à la société. […] Tous les détails principaux, habilement fondus dans la premiere narration, en eussent fait un monument bien autrement digne d’un grand maître que ce recueil d’articles séparés sur les arts, sur les sciences, sur les affaires ecclésiastiques, &c. […] “Le morceau tant annoncé des arts & des sciences, n’est point ce que j’attendois, dit M. […] Par rapport aux François, on trouve à se satisfaire dans le Dictionnaire historique des mœurs, usages & coutumes des françois, contenant aussi les établissemens, fondations, époques, anecdotes, progrès dans les sciences, dans les arts, & les faits les plus remarquables & intéressans arrivés depuis l’origine de la Monarchie jusqu’à nos jours, à Paris, chez Vincent, rue St.

1520. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Les articles sur Rousseau sont contenus dans les numéros de juillet et août 1855 de la Revue complémentaire des sciences appliquées à la médecine et pharmacie, à l’agriculture, aux arts et à l’industrie, publiée par F.

1521. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Note »

le voilà à même de pratiquer et de professer ces sciences faciles. » « — Ce n’est pas en lui-même ni dans son bon sens personnel que Lamartine puise ce qui lui reste de bon aujourd’hui : il le doit à ses habitudes antérieures, au milieu social d’où il est sorti, à une certaine atmosphère d’homme comme il faut dont il ne pourra jamais se défaire.

1522. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre IX et dernier. Conclusion » pp. 586-601

Les sciences physiques ayant pour but une utilité immédiate, aucun gouvernement ne veut ni ne peut les interdire ; et comment l’étude de la nature ne bannirait-elle pas la croyance de certains dogmes ?

1523. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Richepin, Jean (1849-1926) »

C’est une ironie de philosophe qui inspire Pied, valet de Faust, enseignant au savant docteur les sciences de l’ignorance et de la nature.

1524. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 10, continuation des preuves qui montrent que les anciens écrivoient en notes la déclamation » pp. 154-173

Il y a même de bonnes raisons pour croire que la premiere cause du changement qui survint dans la déclamation théatrale du temps de Ciceron, venoit de ce que les romains, qui depuis cent ans avoient beaucoup de commerce avec la Gréce où ils alloient même étudier les arts et les sciences, changerent alors leur maniere de prononcer.

1525. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre IV. Mme Émile de Girardin »

Comme il eût partagé, pour les rubans, son goût idolâtre, car jamais nulle femme n’eut l’amour et la science des rubans autant que Mme de Girardin, et c’est sa gloire, une gloire qui ressemble à un arc-en-ciel !

1526. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XVII. Le Retour du Christ. Appel aux femmes ! »

Ordinairement, quand il parle des femmes, la science et le mépris qui se combinent dans son langage l’empêchent d’avoir peur des mots qu’il emploie.

1527. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Ch.-L. Livet »

Elle se croyait ni plus ni moins qu’un homme… parce qu’elle s’était durcie dans la science, dans l’implacable pureté du cœur.

1528. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes de la Révolution » pp. 73-87

, et qui commence ainsi : « Ne cherchez point le prêtre dans les sciences ou les lettres, etc., etc. », il écrit avec aplomb que le prêtre « peut garder les petites facultés d’intrigue et de manège, mais les grandes facultés viriles, surtout l’invention, ne se développent jamais dans cet état maladif… Depuis cent cinquante ans surtout, il s’est énervé et n’a plus rien produit ».

1529. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Si j’avais une fille à marier ! » pp. 215-228

Cela n’est pas, comme vous voyez, très saisissant ni très original, mais, en revanche, c’est un peu grossier, non pas dans les mots, mais dans le fond des choses ; car la science, encore plus que le latin, brave l’honnêteté et s’en croit le droit.

1530. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Charles d’Héricault » pp. 291-304

Il a mieux aimé faire de la science, et il a écrit une histoire plus profondément psychologique que toutes celles qui ont été publiées avant la sienne sur la Terreur et sur Robespierre, ces deux vaincus de Thermidor.

1531. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « MM. Delondre et Caro. Feuchtersleben et ses critiques. — L’Hygiène de l’âme » pp. 329-343

C’est sur ce principe que « l’idée est la mère du fait », que le baron de Feuchtersleben aurait bâti son système, s’il avait su bâtir ; car ce principe, que l’Allemagne a depuis vingt ans appliqué aux sciences, aux religions, à l’art, à l’histoire, l’avait pénétré, et il aurait pu l’appliquer à son ordre de connaissances et d’études, à la condition de posséder la vigueur de déduction que doivent avoir tous les grands esprits secondaires qui viennent après les inventeurs.

1532. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Maynard »

L’abbé Maynard vient de publier sur saint Vincent de Paul un immense travail, qui n’est pas seulement de l’hagiographie, mais de l’histoire, de l’histoire comme il en faut aux esprits de cette génération, qui ne comprend plus rien aux œuvres naïves, et dont on doit plier l’orgueil incrédule et chicanier sous la science, la critique et les faits.

1533. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Victor Cousin »

D’éducation incorrigible, d’impression première plus forte que lui, Cousin est écossais, cartésien, leibnitzien, éclectique enfin, mais antiscientifique, n’ayant point de science philosophique mais une littérature philosophique, et c’est la raison pour laquelle il a une peur bleue de Hegel dès qu’il cesse de l’aimer, ce bel esprit philosophique à l’imagination infidèle !

1534. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Guizot »

Guizot, qui, dans les citations dont est fait son saint Louis, avait oublié les Établissements de Beugnot, a oublié dans son Calvin un livre, catholique il est vrai, mais capital par la science, le renseignement, la sagacité, le talent : le livre d’Audin, auteur aussi d’une vie superbe de Luther.

1535. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Maurice de Guérin »

je crains fort, pour mon compte, que les amis de Guérin, qui avaient pris pour lui faire trompette un hautbois tortueux aussi peu sûr de ses sons, ne se repentent maintenant d’un choix déterminé par le nom seul de l’instrumentiste ; mais ce que je sais de science certaine, c’est que Guérin n’avait nul besoin que l’auteur des Consolations, qui n’est nullement celui des affirmations et des certitudes, affirmât, sous réserve de s’abuser, un genre de génie que Guérin était bien de force à affirmer tout seul, et que l’auteur des Portraits contemporains ajoutât au mou de ses affirmations le mou de sa manière, en donnant, pour éclairer son œuvre, ce médaillon, vaporeux et gris, d’une biographie, qui, cependant, n’est pas sans charme (le charme du sujet), mais dans lequel je ne trouve que le profil fuyant et énervé de cette individualité poétique, — plus poétique que son talent même !

1536. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Gustave Rousselot  »

— le sol crevassé de ce temps ; enivré par les sciences modernes qui l’ont frappé de leurs vertiges ; optimiste furieux qui mord l’histoire du passé comme un tigre, — du passé dont, malgré la noblesse de son espèce, il s’abaisse à être le chacal, — orgueilleux comme Nabuchodonosor lui-même, ce petit !

1537. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Jules de Gères »

Cette abeille picore les fleurs de la science.

1538. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Auguste Barbier »

Mais, pour cela, il faut tout autre chose que du génie… Il faut cette science, cette connaissance, cette expérience, qu’on appellera du nom qu’on voudra, mais, que vulgairement on nomme : du métier.

1539. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Laurent Pichat »

C’est la foi niaise à une science qui n’est pas encore, mais qui se fait, — le têtard de la sublime grenouille future, — foi badaude de bedeau scientifique, plus crédule, à lui seul, que tous nos bedeaux catholiques, à nous !

1540. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XIX. Panégyriques ou éloges composés par l’empereur Julien. »

Cette femme, une des plus belles de son siècle, aima les sciences, non par ostentation, mais par goût.

1541. (1911) Psychologie de l’invention (2e éd.) pp. 1-184

Je crois au contraire que le génie, abstraitement considéré comme il doit l’être par la science, se révèle partout le même en son fond, variable pour la forme et l’intensité, se soumettant des matières différentes, mais présentant toujours les mêmes caractères généraux essentiels. […] On peut puiser à volonté dans la science ou dans l’art et nous reconnaîtrons de plus en plus cette vérité que l’invention du poète et de l’artiste ne diffère pas, au fond, de celle du philosophe ou du savant. […] Invention, imitation et routine L’invention ne produit pas toujours une œuvre d’art ou de science. […] Pourtant qui pourrait dire où commencent la science et l’art ? Il y a sans doute quelque art dans la plus informe ébauche d’un manouvrier, quelque science, dans une observation d’imbécile, et quelque philosophie dans les réflexions d’un nigaud prétentieux.

1542. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome II pp. 5-461

J’affirmais donc avec raison que les leçons répétées sur les sciences, sur les belles-lettres, et sur les arts, ne servaient pas moins à former les professeurs que les personnes à qui leurs observations sont communiquées. […] En ceci Rabelais ne ment point : son livre est un puits de science et d’érudition recueillies aux meilleures sources. […] Ce simple fait sert de toile au tableau de tous les ridicules des bureaux de science et de littérature auxquels le poète oppose la force du naturel et du bon sens. […] Elle fronde la science aussi bien qu’elle, tout estimable qu’elle est, dès que la morgue intolérante, la gravité empesée, et les décisions tranchantes, la font dégénérer en pédagogie. […] Il railla les pédants, sans railler la science ni l’esprit.

1543. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 3665-7857

Critique dans les Sciences. […] Mais suivant cette méthode les sciences auront peu de critiques. […] Par-là il imposeroit silence à ceux qui ne font que grossir le volume de la science sans en augmenter le thrésor. […] Cette réduction seroit encore plus considérable dans les sciences abstraites, que dans la science des faits. […] Les Poëtes feignent que les Sciences s’assemblerent un jour par l’ordre de Minerve pour définir l’homme.

1544. (1894) La bataille littéraire. Cinquième série (1889-1890) pp. 1-349

La question de l’atavisme, qui a déjà beaucoup fait parler la science, fait présentement beaucoup écrire les romanciers. […] Tout converge vers un point inconnu de nos pères : la science de la vente. » Les naturalistes, on le voit, ne sont pas bien traités dans cette préface, mais les déliquescents le sont plus mal, et c’est Lamennais qui est chargé de punir certaines coteries de petits auteurs qui sont venus secouer leurs sottises sur ce magnifique idiome qui s’appelle la langue française. […] Camille Flammarion, d’Uranie, ce livre étrange et captivant qui, sous une forme légère, nous donne le résumé de toutes les conclusions de la science et de la philosophie modernes. […] Là où jusqu’à présent la science n’a vu que le vide et la mort, sa logique très serrée nous montre partout la chose créée et la vie pour l’éternité. […] Dans ce cas, le réveil ne peut être redoutable : il doit être plutôt enchanteur, toute existence dans la nature ayant sa raison d’être et toute créature, la plus infime comme la plus noble, trouvant son bonheur dans l’exercice de ses facultés. » Je passe sur le séjour dans Mars que la science a pénétré récemment ; là M. 

1545. (1923) Paul Valéry

Ou, sur un autre registre, songeons à ces racines faites de consonnes, simples directions de la voix, imprononçables par elles-mêmes, et auxquelles les linguistes ramènent la presque totalité des mots sanscrits ou grecs : paradis d’une langue, comme les mouvements abstraits de cette mécanique que Léonard appelait le paradis des sciences, et comme ces actions dont parle Valéry, « qui se ralentissent en œuvres distinctes. » Avec la pratique de la langue et des livres de philosophie, qu’un accident de carrière, aussi vraisemblable que ceux qui advinrent en effet, aurait pu lui donner, Valéry se transporterait ici dans le monde de la relation pure, familière à un lecteur de l’Analytique transcendentale, de Renouvier et d’Hamelin. […] Vous semblez, dit l’auteur à Teste, c’est-à-dire à sa propre image, à l’une de ses images possibles, « surveiller quelque expérience créée aux confins de toutes les sciences. » En principe aux confins des sciences, en réalité aux confins des arts, en pratique aux confins de la poésie. […] Nous n’en retenons que les rapports, et, comme enfermés dans le jour limpide, nous bâtissons, pareils à Orphée, au moyen de la parole, des temples de sagesse et de science qui peuvent suffire a tous les êtres raisonnables. […] Le Socrate d’Eupalinos estime que de tous les Socrates abandonnés par lui sur sa route et devenus Idées, le plus digne de regrets c’est l’architecte qu’il aurait pu être : « Si donc l’univers est à l’effet de quelque acte, cet acte résultant lui-même d’un Être, et d’un besoin, d’une pensée, d’une science qui appartiennent à cet Être, c’est par un acte seulement que tu peux rejoindre le grand dessein, et te proposer l’imitation de ce qui a fait toutes choses.

1546. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VII. Les poëtes. » pp. 172-231

À voir ces mots si choisis, ces arrangements exquis de syllabes mélodieuses, cette science des coupes et des rejets, ce style si coulant, si pur, ces gracieuses images que la diction rendait encore plus gracieuses, et toute cette guirlande artificielle et nuancée de fleurs qui se disaient champêtres, on pensait aux premières églogues de Virgile. […] Ce musicien consommé, qui débute par un traité d’harmonie, que va-t-il faire de son mécanisme incomparable et de sa science de professeur ? […] L’artifice n’y est point aussi choquant qu’ailleurs ; un poëme, je me trompe, un traité comme le sien sur la critique, sur l’homme et le gouvernement de la Providence, sur le ressort premier du caractère des hommes, a le droit d’être écrit avec réflexion ; c’est une étude, et presque un morceau de science ; on peut, on doit même en peser tous les mots, en vérifier toutes les liaisons ; l’art et l’attention n’y sont pas superflus, mais nécessaires ; il s’agit de préceptes exacts et de raisonnements serrés.

1547. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (3e partie) » pp. 5-96

. — Ainsi tous les esprits dévoués à la science, à l’art, seront reçus comme hôtes à la table que garnissent richement les œuvres de Goethe, et dans leurs créations se reconnaîtra l’influence de cette source commune de lumière et de vie à laquelle ils auront puisé !  […] La comparaison du peuple allemand avec les autres peuples éveille des sentiments douloureux auxquels j’ai cherché à échapper par tous les moyens possibles ; j’ai trouvé dans la science et dans l’art les ailes qui peuvent nous emporter loin de ces misères, car la science et l’art appartiennent au monde tout entier, et devant eux tombent les frontières des nationalités ; mais la consolation qu’ils donnent est cependant une triste consolation et ne remplace pas les sentiments de fierté que l’on éprouve quand on sait que l’on appartient à un peuple grand, fort, estimé et redouté.

1548. (1899) Les industriels du roman populaire, suivi de : L’état actuel du roman populaire (enquête) [articles de la Revue des Revues] pp. 1-403

Un moyen comme un autre, direz-vous, de vulgariser la science. […] On vulgarise la science, on vulgarise l’histoire, on doit également vulgariser la littérature, c’est-à-dire répandre dans les foules les idées maîtresses dont s’éclairent quelques livres d’élite peu accessibles au peuple. […] Son but ne doit-il pas être de communiquer au public ce qu’il croit juste, bon, vrai, comme de lui inculquer les nouvelles découvertes de la science, de la philosophie, ou tout simplement de l’hygiène ?

1549. (1856) Jonathan Swift, sa vie et ses œuvres pp. 5-62

J’ai évité de le répandre sous cette forme, me défiant d’une traduction incomplète et imparfaite, et craignant de demander aux personnes qui veulent bien s’occuper de mes écrits un jugement prématurée Mais, peu de temps après, j’ai lu cet essai, sous sa première forme, à l’Académie des sciences morales et politiques ; il, y fut écouté avec une attention bienveillante qui m’encourage et dont je m’honore. […] Laputa est le théâtre décourageant et ridicule de nos sciences, de nos inventions, de nos efforts pour rendre le séjour de la terre plus supportable, et abaisse les plus nobles occupations de l’esprit humain. […] Prendre au sérieux le monde et les grandeurs du monde, la vie et les occupations de la vie, la science, la politique, les passions, les plaisirs ; se plaire dans cette mêlée, désirer et craindre avec emportement, voilà un des penchants de l’âme humaine, une des habitudes de sa pensée, et le mouvement perpétuel du monde en découle.

1550. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre quatrième. L’idée du temps, sa genèse et son action »

Le point de vue géométrique et statique est incomplet et infidèle dans la psychologie comme dans les autres sciences : il y faut ajouter le point de vue dynamique. […] Prétendre que, pour avoir des représentations quelconques, il faut avoir cette intuition pure du temps, même à l’état obscur, c’est transporter notre science actuelle dans l’ignorance primitive. […] Dire que nous imposons nos farines à l’Univers n’avance à rien, car rien n’oblige la matière de l’Univers à se mouler si docilement sui nos formes, ni le soleil à s’éclipser pour faire honneur aux formes de notre sensibilité, ni notre corps à mourir et à se décomposer selon les prévisions de la science, uniquement pour se conformer à notre intuition du temps. » Voir notre Introduction à la Genèse de l’idée de temps, p. 11 et suiv.

1551. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIe Entretien. Le 16 juillet 1857, ou œuvres et caractère de Béranger » pp. 161-252

Béranger y avait connu Laujon, Désaugiers, et tous les maîtres de la gaie science. […] Cette intimité confidentielle dans laquelle ils vivent avec les écrivains, les orateurs, les poètes, les savants, initient forcément ces ouvriers de la pensée à la science, à la politique, aux lettres. […] Une foule d’hommes de science ou de style, chez toutes les nations, est sortie des ateliers de la typographie.

1552. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Jocelyn (1836) »

Quant au vicaire (curate), il est admirable et touchant de vérité naïve : sa science dans les classiques grecs ; sa pauvreté, la maladie de sa femme ; ses quatre filles si belles et si pieuses, ses cinq fils qui s’affligent avec lui ; ce mémoire de marchand, entre deux feuillets, qui le vient troubler au milieu du livre grec qu’il commentait dans l’oubli de ses maux ; sa joie simple, triomphante, un matin qu’il a lu au réveil et qu’il annonce à sa famille qu’une société littéraire (il le tient de bonne source) se fonde enfin, pour publier les livres des auteurs pauvres ; toutes ces petites scènes successives composent un ensemble fini qui ne peut être que de Wilkie ou de Crabbe. […] Coleridge, dans sa jeunesse, a fait d’admirables Poëmes méditatifs, dans lesquels la nature anglaise domestique, si verte, si fleurie, si lustrée, décore à ravir, et avec une inépuisable richesse, des sentiments d’effusion religieuse, conjugale ou fraternelle ; soit que le soir dans son verger, entre le jasmin et le myrte, proche du champ de fèves en fleur, il montre à sa douce Sara l’étoile du soir, et se perde un moment, au son de la harpe éolienne, en des élans métaphysiques et mystiques, qu’il humilie bientôt au pied de la foi ; soit qu’il abandonne ensuite ce frais cottage, de nouveau décrit, mais trop délicieux, trop embaumé à son gré pendant que ses frères souffrent (vers l’année 93), et qu’il se replonge vaillamment dans le monde pour combattre le grand combat non sanglant de la science, de la liberté et de la vérité en Christ ; soit qu’envoyant à son frère, le révérend George Coleridge, un volume de ses œuvres, il y touche ses excentricités, ses erreurs, et le félicite d’être rentré de bonne heure au nid natal ; soit qu’un matin, visité par de chers amis, dans un cottage encore, et s’étant foulé, je crois, le pied, sans pouvoir sortir avec eux, du fond de son bosquet de tilleuls où il est retenu prisonnier, il fasse en idée l’excursion champêtre, accompagne de ses rêves aimables Charles surtout, l’ami préféré, et se félicite devant Dieu d’être ainsi privé d’un bien promis, puisque l’âme y gagne à s’élever et qu’elle contemple ; soit enfin que, dans son verger toujours, une nuit d’avril, entre un ami et une femme qu’il appelle notre sœur, il écoute le rossignol et le proclame le plus gai chanteur, et raconte comme quoi il sait, près d’un château inhabité, un bosquet sauvage tout peuplé de rossignols chantant à volée, en chœur, et entrevus dans le feuillage sous la lune, au milieu des vers luisants : Oh !

1553. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LOUISE LABÉ. » pp. 1-38

Je laisse à de plus érudits à rechercher à qui elle en doit l’idée originale, le sujet, à quelle source de moyen âge probablement et de gaye science elle l’a puisé, car je ne saurais lui en attribuer l’invention ; mais elle s’est, à coup sûr, approprié le tout par le par fait développement et le tissu ingénieux des analyses. Dès l’abord, dans la dispute qui s’engage entre Amour et Folie au seuil de l’Olympe, chacun voulant arriver avant l’autre au festin des Dieux, Folie, insultée par Amour qu’elle a coudoyé, et après lui avoir arraché les yeux de colère, s’écrie éloquemment : « Tu as offensé la Royne des hommes, celle qui leur gouverne le cerveau, cœur et esprit ; à l’ombre de laquelle tous se retirent une fois en leur vie, et y demeurent les uns plus, les autres moins, selon leur mérite. » Les plaintes d’Amour et son recours à sa mère après le fatal accident, surtout le petit dialogue familier entre Cupidon et Jupiter, dans lequel l’enfant aveugle fait la leçon au roi des Dieux, sont semés de traits justes et délicats, d’observations senties, qui décèlent un maître dans la science du cœur.

1554. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre IV. Services généraux que doivent les privilégiés. »

« Subdélégués, officiers d’élections, directeurs, receveurs et contrôleurs des vingtièmes, commissaires et collecteurs des tailles, officiers des gabelles, voituriers-buralistes, huissiers, piqueurs des corvées, commis aux aides, au contrôle, aux droits réservés, tous ces hommes de l’impôt, chacun selon son caractère, assujettissent à leur petite autorité et enveloppent de leur science fiscale des contribuables ignorants et inhabiles à reconnaître si on les trompe128. » Une centralisation grossière, sans contrôle, sans publicité, sans uniformité, installe sur tout le territoire une armée de petits pachas qui décident comme juges les contestations qu’ils ont comme parties, règnent par délégation, et, pour autoriser leurs grappillages ou leurs insolences, ont toujours à la bouche le nom du roi, qui est obligé de les laisser faire. — En effet, par sa complication, son irrégularité et sa grandeur, la machine échappe à ses prises. […] De plus, autour de lui, nombre de gens experts, vieux conseillers de famille, rompus aux affaires et dévoués au domaine, bonnes têtes et barbes grises, lui font respectueusement des remontrances quand il dépense trop ; souvent ils l’engagent dans des œuvres utiles, routes, canaux, hôtels d’invalides, écoles militaires, instituts de science, ateliers de charité, limitation de la mainmorte, tolérance des hérétiques, recul des vœux monastiques jusqu’à vingt et un ans, assemblées provinciales, et autres établissements ou réformes par lesquels un domaine féodal se transforme en un domaine moderne.

1555. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIIe entretien » pp. 223-287

J’étais protégé auprès de lui par quelques-uns de ses amis, entre autres par les deux maîtres de notre diplomatie française, M. de Reyneval et M. d’Hauterive, l’un jurisconsulte, l’autre la tradition vivante et la science de notre cabinet national depuis Louis XVI jusqu’à Louis XVIII, en passant par la République, le Directoire et Napoléon. […] Tant de sciences chez elle n’étaient que les jouets de son enfance et les outils de son génie.

1556. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIe entretien. La passion désintéressée du beau dans la littérature et dans l’art. Phidias, par Louis de Ronchaud (1re partie) » pp. 177-240

XXXIII C’est pour cette fouille savante et silencieuse, œuvre de sa vie mystérieusement active, quoique d’une activité sans bruit, comme celle des monastères contemplatifs du mont Athos ou du mont Jura, qu’il s’enferme pendant la moitié des années dans le donjon aux fenêtres fermées de Saint-Lupicin, qu’il voyage modestement le sac sur le dos en Attique, en Thessalie, en Arcadie, en Italie, en Angleterre, qu’il a recueilli et emporté les os de marbre de Phidias, et qu’il vient passer ses mois de loisir et d’hiver à Paris, caché non loin de moi et de ceux qu’il aime, dans une mansarde à grand horizon de l’avenue de Saint-Cloud, près l’arc de l’Étoile, mansarde élégante quoique modeste, véritable cellule d’un chartreux de l’art, toute tapissée de plâtres et de dessins, toute jonchée, sur les tapis, de livres de poésies et de sciences, toute poudreuse de poussière antique des fragments de marbre qu’il a recueillis. […] Louis de Ronchaud ; ouvrez et lisez : jamais la science ne se révéla en plus beau style.

1557. (1920) Enquête : Pourquoi aucun des grands poètes de langue française n’est-il du Midi ? (Les Marges)

Il faut, pour arriver à en faire un instrument lyrique, un travail constant, une science que l’on ne possède jamais assez. […] Il est arrivé au peuple d’oc ce qui serait arrivé à la France tout entière si nous avions été écrasés par les Allemands voici un peu plus d’un lustre : la langue teutonne nous eut été imposée, nous nous serions accoutumés plus ou moins vite à cette contrainte vitale pour des vaincus, mais il est sûr que, de bien longtemps, les poètes d’origine française n’auraient pu rivaliser de talent, de science, — et de gloire, — avec leurs confrères strictement germains.

1558. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre quatrième »

Il savait des mathématiques, de la philosophie, de la médecine, de l’astronomie ; il était orateur, théologien, jurisconsulte ; bref, docte en tous arts et sciences, comme l’était Rabelais. […] Mais, moins heureux que Rabelais, qui, de temps en temps, secoue les liens de l’érudition, se rendant libre de sa mémoire, où étaient entassées et où fermentaient tant de langues et de sciences diverses, et nous donne comme les premières épreuves d’une image parfaite de l’esprit français cultivé par l’antiquité, Ronsard ne s’égara pas d’un pas, comme il s’en vante, des vers repliés de Pindare ; il ne sut pas marcher seul ; et dans tout cet amas de vers où brillent de vives étincelles, il n’y a pas une seule pièce d’un style franc et libre, où la poésie française puisse reconnaître son point de perfection.

1559. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 février 1886. »

Elles ont le même souci de l’action dramatique, le même mépris des virtuosités ; et chez quelques-uns de ces compositeurs on trouve une science de toute la musique, un génie original d’expression qui les rendent vraiment comparables à Wagner. […] Il en résulte que malgré toute leur science leurs orchestrations sont le plus souvent inutiles : savamment disposées, elles montrent d’autant mieux leur inutilité.

1560. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 avril 1886. »

Mais la connaissance de Dieu n’est pas une branche de la science, qui ne conçoit que ce qui est terrestre : la connaissance de Dieu est affaire de foi, et la vraie foi est l’expression nécessaire du degré que l’on a atteint sur le chemin de l’humanité idéale ; la foi ne vit pas non plus dans la tête, mais dans un cœur ; elle appartient absolument à l’essence de l’homme ; c’est son âme conçue dans ce mot, le Christ. […] Or, dans le cœur est enfermé le salutaire sang Aryen, comme dans le sanctuaire du Gral ; tandis que la tête peut concevoir tous les mélanges faux et bizarres, et s’en glorifie même, nommant cela un accroissement de la science.

1561. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juillet 1886. »

M. le roi Louis II de Bavière Roi, le seul vrai roi de ce siècle, salut, Sire, Qui voulûtes mourir vengeant votre raison Des choses de la politique, et du délire De cette science intruse dans la maison,   De cette science assassin de l’Oraison Et du Chant et de l’Art et de toute la Lyre, Et simplement et plein d’orgueil en floraison Tuâtes en mourant, salut, Roi, bravo, Sire !

1562. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VI »

L’insouciance du rêveur, aux prises avec la science pratique du légiste, donne l’intérêt d’un duel inégal à cette scène où la physionomie du notaire commence à se dessiner. […] Que de science réelle jetée dans ce gouffre, avec les tas d’or qu’il réduit en cendres.

1563. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1883 » pp. 236-282

» Il ajoute : « Au fond, on ne le sait pas, mais ce qu’il aimait, c’était la science et la philosophie… Quand Robin a été nommé sénateur, cette nomination lui a fait autant de plaisir que les élections de 76. […] Là-dessus Zola enfourche son dada : « C’est la faute à la science ! 

1564. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « La princesse Mathilde » pp. 389-400

[NdA] C’est La Bruyère qui a fait cette remarque, au chapitre « Des grands » : « Les princes, dit-il, sans autre science, ni autre règle, ont un goût de comparaison ; ils sont nés et élevés au milieu et comme dans le centre des meilleures choses, à quoi ils rapportent ce qu’ils lisent, ce qu’ils voient, et ce qu’ils entendent.

1565. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire de la littérature française, par M. D. Nisard. Tome iv. » pp. 207-218

Le goût n’est pas une doctrine, encore moins une science : c’est le bon sens dans le jugement des livres et des écrivains.

1566. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « VICTORIN FABRE (Œuvres publiées par M. J. Sabbatier. Tome Ier, 1845. » pp. 154-168

Victorin Fabre a laissé un ouvrage inachevé sur les Principes de la société civile ; il en lut à l’Athénée, en 1822, des fragments qui (j’en fus témoin) ne réussirent que très-médiocrement : « Cet ouvrage, s’écrie l’éditeur, est peut-être le plus vaste, le plus gigantesque qui ait jamais été entrepris… Tel qu’il est, il me paraît encore le plus grand monument élevé à la science politique. » Ce sont de telles exagérations enthousiastes qui, jointes aux violences dénigrantes, nous ont donné le courage de dire hautement toute notre pensée sur Victorin Fabre, et d’insister sur le phénomène singulier de son avortement laborieux.

1567. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Appendice sur La Fontaine »

Robert, nous essaierons, en profitant largement de sa science aussi bien que de celle de M.

1568. (1874) Premiers lundis. Tome II « Chronique littéraire »

« Et maintenant, messieurs, vous tous qui êtes qualifiés du nom de philosophes, moralistes, métaphysiciens, politiques et économistes, nous vous interpellons ici directement, et nous vous défions publiquement d’apporter, à l’aide de vos sciences vraies et mensongères, la moindre amélioration au sort de la société et notamment des classes populaires. » Et ailleurs : « Nous dirons à tous les détracteurs du régime sociétaire, que M. 

1569. (1874) Premiers lundis. Tome II « Chronique littéraire »

Le groupe philosophique, poétique et critique, dont les travaux et les productions forment d’habitude ce qu’on pourrait appeler le fonds de la Revue, indépendamment des portions de voyages ou de science où les faits seuls sont admis, ce groupe a une marche commune, rapprochée, sinon concertée, et constitue librement une alliance naturelle.

1570. (1875) Premiers lundis. Tome III « M. Troplong : De la chute de la République romaine »

Mais, malgré ces différences profondes, et qui intéressent surtout notre avenir et notre destinée (car il s’ensuit que la décadence dont on nous menace par analogie n’est nullement nécessaire), malgré cet élément essentiellement nouveau d’une industrie libre marchant au flambeau de la science, et travaillant non pas à corrompre, mais à améliorer la vie, il y a des ressemblances frappantes dans l’ordre politique.

1571. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre IV. L’écrivain (suite) »

Parcourez aujourd’hui la France ; si la Révolution a diminué les différences de fortune, la centralisation a augmenté les différences de culture : une seule cité maîtresse où fourmillent et pullulent les idées engorgées qui s’étouffent et se fécondent infatigablement par le travail et le mélange de toutes les sciences et de toutes les inventions humaines, alentour, des villes de provinces inertes où des employés confinés dans leur bureau et des bourgeois relégués dans leur négoce vont le soir au café pour regarder une partie de billard et remuer des cartes grasses, bâillent sur un vieux journal, songent à dîner et digèrent sur des cancans ; plus bas encore, des paysans qui ont pour bibliothèque un almanach, lequel est de trop bien souvent, puisque la moitié d’entre eux ne sait pas lire, qui votent en moutons, et trouvent que ce vote est une corvée, ignorants, apathiques, incapables d’entendre un mot aux intérêts de l’Etat et de l’Eglise, habitués à laisser leur conscience et leurs affaires aux mains des gens qui ont un habit de drap.

1572. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre II. Le lyrisme bourgeois »

Sa science n’est pas cléricale : il sait le roman de Renart et l’œuvre de G. de Lorris85.

1573. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « José-Maria de Heredia.. »

Chacun d’eux résume à la fois beaucoup de science et beaucoup de rêve.

1574. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Baudelaire, Œuvres posthumes et Correspondances inédites, précédées d’une étude biographique, par Eugène Crépet. »

C’est le chef-d’œuvre de la Volonté (je mets, comme Baudelaire, une majuscule), le dernier mot de l’invention en fait de sentiments, le plus grand plaisir d’orgueil spirituel… Et l’on comprend qu’en ce temps d’industrie, de science positive et de démocratie, le baudelairisme ait dû naître, chez certaines âmes, du regret du passé et de l’exaspération nerveuse, fréquente chez les vieilles races… Maintenant il va sans dire que le baudelairisme est antérieur à Baudelaire.

1575. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Anatole France, le Lys rouge »

Brunetière, non l’infaillibilité de la science, mais le droit illimité de la recherche scientifique et de la libre spéculation.

1576. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XVII. Romans d’histoire, d’aventures et de voyages : Gebhart, Lemaître, Radiot, Élémir Bourges, Loti » pp. 201-217

Mais il fallait la science du pauvre Malon et la grâce de M. 

1577. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VII. Développement des idées de Jésus sur le Royaume de Dieu. »

Nos principes de science positive sont blessés de la part de rêves que renfermait le programme de Jésus.

1578. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXIII » pp. 378-393

Toute la suite de sa vie a montré qu’en cette occasion sa peine la plus sensible fut la perte des espérances qu’elle avait déjà conçues de ramener le roi à une conduite plus conforme aux sentiments de religion et de piété dont elle était pénétrée. » M. de Beausset se fonde sur les Mémoires de Saint-Simon, et il en cite l’extrait suivant : « Bossuet était un homme dont les vertus, la droiture et l’honneur étaient aussi inséparables que la science et la vaste érudition.

1579. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre V. Chanteuses de salons et de cafés-concerts »

Sully-Prudhomme admet trois sources principales d’inspiration : les sentiments les plus intimes du poète, les conquêtes de la science, les questions sociales ; et cette division correspond aux tentatives de Sully-Prudhomme.

1580. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VIII. Quelques étrangères »

L’auteur semble d’abord occupé uniquement de Jude l’autodidacte, de ses efforts malheureux vers la conquête d’une position libérale, de ses efforts à demi heureux vers la conquête de la science désintéressée.

1581. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XIII, les Atrides. »

Aucune complication ne vaut sa simplicité formidable ; l’étreinte du colosse défie toutes les armes aiguisées et raffinées par la science de la scène.

1582. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface des « Burgraves » (1843) »

Il se dit qu’il fallait que dans ce palais lugubre, inexpugnable, joyeux et tout-puissant, peuplé d’hommes de guerre et d’hommes de plaisir, regorgeant de princes et de soldats, on vît errer, entre les orgies des jeunes gens et les sombres rêveries des vieillards, la grande figure de la servitude ; qu’il fallait que cette figure fut une femme, car la femme seule, flétrie dans sa chair comme dans son âme, peut représenter l’esclavage complet ; et qu’enfin il fallait que cette femme, que cette esclave, vieille, livide, enchaînée, sauvage comme la nature qu’elle contemple sans cesse, farouche comme la vengeance qu’elle médite nuit et jour, ayant dans le cœur la passion des ténèbres, c’est-à-dire la haine, et dans l’esprit la science des ténèbres, c’est-à-dire la magie, personnifiât la fatalité.

1583. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre II. Mademoiselle Mars a été toute la comédie de son temps » pp. 93-102

— Et cependant voyez-la sourire encore, entendez-la parler, de cette voix divine qui sait le chemin de tous les cœurs ; voyez-la se parer avec cette science naturelle que tant de femmes ont rêvée !

1584. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre septième. »

Voilà la science et la justice aux ordres du plus fort, comme il arrive, et n’épargnant pas les injures, ce pelé, ce galeux, etc.

1585. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 2, de la musique rithmique » pp. 20-41

Mais comme cela regarde la musique proprement dite, je renvoïerai mon lecteur à ce qu’en a écrit un sçavant homme qui joint à une connoissance profonde de cette science, une grande érudition.

1586. (1860) Ceci n’est pas un livre « Mosaïque » pp. 147-175

Fautes d’impression Je dînais, l’autre jour, en compagnie d’un de ces rares savants — qui aiment la science pour elle-même, et non pas pour ses croix.

1587. (1824) Notice sur la vie et les écrits de Chamfort pp. -

Ses contes, où la science des mœurs était, comme dans la société, revêtue d’expressions spirituellement décentes, devinrent une galerie de portraits frappants de ressemblance ; et dans ses tableaux malins, piquants et variés, le peintre habile eut l’art d’amuser surtout ses modèles.

1588. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre III. Besoin d’institutions nouvelles » pp. 67-85

À présent toute terre est cultivée ; et la science, sortie du sein des cloîtres, du fond des sanctuaires, s’est répandue parmi les peuples.

1589. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXI. Mme André Léo »

Que sont-elles, toutes ces sèches et longues institutrices anglaises, qui sentent leur esclavage et qui tordent leurs malheureuses échines sur le pal qui les embroche, et sur lequel elles tournent, au feu du désir… de n’être plus des institutrices, auprès de cette sybarite de Mme André Léo, qui trouve cette fonction d’institutrice savoureuse et voluptueuse et qui, mêlant l’amour de la science à l’amour chaste de l’amour, crée, dans ses romans, des Abeilards sans catastrophes, lesquels font, en même temps, à leurs maîtresses la classe de l’amour ; puis, après les épousailles, ouvrent une école et sont ensemble pour la vie, conjugalement, institutrices et instituteurs.

1590. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXV. Mme Clarisse Bader »

Même les femmes qui, d’origine, étaient des esprits aimables, en entrant dans la science, entrent dans une gaine… La femme y disparaît pour ne plus montrer que sa tête.

1591. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La Chine »

Mais des documents inconnus sur le Céleste-Empire, et des considérations supérieures à celles que deux siècles d’incertitudes et de travaux poursuivis plus ou moins à tâtons par les Quinze-Vingts de nos Académies des sciences ont mis en circulation dans le monde savant européen, nous en avons vainement cherché la trace.

1592. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Le Sahara algérien et le Grand Désert »

Ce mérite inespéré n’était ni l’observation, ni l’étude, ni le renseignement, ni la science exacte et forte, technique et claire, ni enfin aucune des qualités substantielles qu’on est accoutumé de demander aux écrits d’un homme de guerre, instruit et pénétrant, et qui se trouvaient en lui au plus haut degré de précision et de développement.

1593. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « L’idolâtrie au théâtre »

Entre le tabac, qui narcotise l’esprit des modernes dans des proportions que la science et l’histoire constateront plus tard, et le théâtre, cette passion de gens fatigués et de nation en décadence, l’esprit meurt, la conversation s’éteint.

1594. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Louis Vian » pp. 373-387

En procès, Montesquieu fut plus fort et plus heureux qu’en science.

1595. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Les Césars »

En ce temps-là, par le fait de cette passion qui emportait tout, passion hors de sens pour la Grèce, plus concevable pour Rome (nous dirons tout à l’heure pourquoi), dès qu’il fallait aller au fond des choses la science historique glissait dans l’erreur.

1596. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Jacques Cœur et Charles VII »

De tous les livres d’une époque d’orgueil et d’illusion qui ont des prétentions et des visées immenses, il ne restera peut-être à lire fructueusement dans un siècle que de modestes et courageux travaux d’histoire, dont on parle à peine au milieu du fracas des grandes théories et de l’usurpation des sciences fausses.

1597. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Le roi René »

Mais une conscience, même doublée de science, ne suffisait pas pour écrire l’histoire de cet homme, qui fut un si beau et si héroïque jeune homme, de ce brillant roi de batailles et de pas d’armes qui avait du François Ier avant François Ier, et dont l’Histoire, qui l’a trop bonhomisé, ne se souvient que comme d’un « roi d’intérieur » et d’un vieillard occupé de frivolités littéraires et de bric-à-brac artistique.

1598. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XI. MM. Mignet et Pichot. Charles Quint, son abdication, son séjour et sa mort au monastère de Yuste. — Charles V, chronique de sa vie intérieure dans le cloître de Yuste » pp. 267-281

En effet, de toutes les histoires qui, sans exception, ont plus ou moins besoin d’être refaites en quelques-unes de leurs parties, et dont la science, qui cherche toujours, doit tenir les fouilles éternellement ouvertes dans l’intérêt de la vérité, l’histoire de l’Espagne est peut-être la moins connue, parce qu’elle est la moins pénétrée.

1599. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Funck Brentano. Les Sophistes grecs et les Sophistes contemporains » pp. 401-416

Comme la Médecine, enfin, qui n’est pas une science, quoiqu’elle s’en vante, mais un art, la Philosophie n’est-elle, pour l’auteur des Sophistes contemporains, qu’un empirisme ambitieux, plus ou moins temporairement heureux dans ses expériences, selon la force personnelle et relative du philosophe comme du médecin ?

1600. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Christophe »

L’abbé Christophe est un véritable historien par le renseignement, par la science, par la recherche vigilante de cette pointe écachée, aussi bien dans l’histoire qu’ailleurs, et qui désespérait Pascal.

1601. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Edgar Quinet. L’Enchanteur Merlin »

C’est un Allemand, né en France, dont l’érudition est allemande, la science allemande, et qui a la naïveté allemande de croire nous donner des poèmes épiques en français.

1602. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Agrippa d’Aubigné »

Il avait toutes les passions de son temps, tous les goûts de son temps, toutes les littératures : grecque, latine, hébraïque, de son temps, où les sciences elles-mêmes étaient poussées jusqu’à la fureur.

1603. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Hector de Saint-Maur »

Plus pur et plus heureux, Saint-Maur est, comme son compatriote, le pauvre Hégésippe, du pays où la poésie s’est appelée longtemps : « la gaie science ».

1604. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Arsène Houssaye » pp. 271-286

Et c’est cette ironie, toujours prête et qui passe jusqu’entre les baisers qu’on se donne dans l’œuvre de Houssaye, et on s’y en donne beaucoup, puisque c’est l’histoire des amours, faux ou vrais, du Paris du xixe  siècle ; c’est cette ironie, qui se tortille à travers toutes ces roses et ces camélias comme le serpent de la sagesse et de la science de la vie, qui fait de l’auteur des Grandes Dames, en fin de compte, un moraliste.

1605. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Honoré de Balzac » pp. 1-15

L’ordonnance, l’unité, la science de la composition, n’y sont pas.

1606. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Edmond About » pp. 91-105

La science dit tout, et l’art doit tout peindre, mais c’est dans un but supérieur à l’une ou à l’autre, — dans un but religieux d’enseignement.

1607. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Prosper Mérimée. » pp. 323-336

Mérimée, ni la science des faits et du pays, ni la connaissance de la langue russe, ni l’occasion de l’imitation qui lui est si chère, ni le talent qui se roidit pour être plus ferme, et qui croit se muscler en se faisant maigrir.

1608. (1888) Impressions de théâtre. Deuxième série

Catulle Mendès est, lui, le vrai décadent, le décadent classique, le décadent gréco-latin, plein de science et d’artifice. […] La nature matérielle, la science, la philosophie vous suffisent. […] Même l’Académie de médecine s’est élevée, au nom de la science, contre les atrocités du régime auquel étaient soumis ces doux martyrs. […] Au professeur d’histoire : — Je pioche mes sciences naturelles. Au professeur de sciences : — Je me consacre à la grammaire comparée.

1609. (1882) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Deuxième série pp. 1-334

Elle est uniquement dans cette constatation qu’il y a des bornes à la raison des hommes, et que, si ces bornes reculent à mesure de l’avancement de la science, il est certain qu’elles ne cesseront jamais d’être. […] Malesherbes répondit favorablement, mais, par déférence pour un collègue de l’Académie des sciences, il communiqua l’ouvrage à d’Alembert. […] Adieu, mon ami, je vous écrirai, et j’espère que vous me donnerez quelquefois des nouvelles de votre santé et me direz quelque chose du courant des sciences. […] Il existe une logique formelle, c’est-à-dire des lois générales du raisonnement, qui restent ce qu’elles sont, à quelque catégorie d’objets que le raisonnement s’applique, et dans quelque ordre de sciences que l’activité de la pensée s’exerce. […] Certainement cette peinture psychologique, ou, comme on l’a nommée, philosophique, suppose les plus rares qualités d’esprit et de réflexion, de composition et de science.

1610. (1927) André Gide pp. 8-126

On ne s’invente pas plus une sensibilité qu’une science ou une logique. […] Le premier principe de tout art et de toute science, c’est de chercher le beau et le vrai, pour eux-mêmes, par amour désintéressé, et non pas en les examinant comme un menu de table d’hôte afin d’adopter les plats à notre convenance ; et encore moins faut-il les écarter pour leur substituer on ne sait quelle chimère de notre cru. […] Au surplus je m’accorde souvent avec Gide, par exemple sur le traditionalisme et l’enracinement, qu’il réfute très bien à l’aide des sciences naturelles ; sur la maladresse qu’il y avait — sans parler de l’injustice — à rejeter faussement Goethe et Kant, Wagner et Nietzsche dans le camp pangermaniste ; sur le roman, qu’il ne surfait pas, et même, à peu de chose près, sur la liste des dix meilleurs romans français : la Chartreuse de Parme, les Liaisons dangereuses, la Princesse de Clèves, Manon Lescaut, Dominique, la Cousine Bette, Madame Bovary, Germinal, la Marianne de Marivaux ; au fait, cela n’en fait que neuf… Et Gide ne considère pas, apparemment, Pantagruel ni Candide comme des romans, en quoi il a raison, sans doute. […] Gide commence par déclarer que la science, l’exégèse, la philologie lui importent peu.

1611. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre premier. La Formation de l’Idéal classique (1498-1610) » pp. 40-106

Lorsque deux ou plusieurs éléments sont mis en présence l’un de l’autre, il ne suffit pas (la science elle-même nous l’enseigne) qu’ils aient l’un pour l’autre des affinités électives, et il faut qu’une force nouvelle intervienne du dehors pour opérer ou achever le mystère de leur combinaison. […] Et ce qu’ils ont enfin essayé de ravir à l’antiquité, ce n’est pas sa « science » ou sa « philosophie », c’est son « art » : entendez ici le secret d’éveiller en nous l’impression de volupté presque sensuelle que leur procurait à eux-mêmes la lecture de l’Énéide ou de l’Iliade, celle de Pindare ou celle d’Horace. […] — Pour quelles raisons il ne peut avoir eu que des pressentiments. — Témoignages de Cuvier [Histoire des sciences naturelles] et d’Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire [Histoire des règnes organiques]. — Ses attaques contre les alchimistes. — Importance de la forme qu’il a donnée à son œuvre [Dialogues entre Théorique, ou l’idée a priori, et Pratique, c’est-à-dire l’expérience]. — Il ne semble pas cependant qu’il ait fait aucune découverte importante ; — ni posé aucun principe de méthode ; — ni formé d’ailleurs aucun disciple. — Que son grand mérite est d’être émancipé de la servitude de son temps à l’égard des anciens. […] VI. — Pierre Charron [Paris, 1541 ; † 1603, Paris] 1º Les Sources. — Bayle, dans son Dictionnaire, article Charron ; — Franck, Dictionnaire des sciences philosophiques, article Charron ; — Poirson, Histoire du règne d’Henri IV [V. ci-dessus] ; — Vinet : Moralistes français au xvie  siècle.

1612. (1716) Réflexions sur la critique pp. 1-296

J’ai donc lû tous les livres saints, quoique Me D se plaise à croire que je les ignore : je les ai étudiés comme la science de l’unique nécessaire, comme la source divine de la doctrine et des moeurs, mais nullement comme une poëtique, aliment frivole de l’imagination des hommes. […] Dire qu’il n’y a que l’une au dessus de l’autre, c’est dire qu’il n’y a que la science au dessus du doute, et la lumiere au dessus des ténébres. […] On l’accuse de géometrie, comme si cette science étoit l’ennemie de la justesse et de la raison. […] La plûpart des poëtes s’imaginent que la poësie est le plus grand don du ciel : ils se regardent comme des hommes divins, à qui appartiennent par préférence toute la beauté, tout le feu et toute la sublimité de l’esprit : ils mettent les autres arts dans une subordination injurieuse ; et ils croyent même que les sciences ne demandent que de la mémoire avec un jugement ordinaire. […] Boivin, dont la profonde érudition mérite tant d’égards, et dont je respecte encore plus la probité que la science.

1613. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 11-15754

Science de l’homme, Logique, Art de communiquer, Gramm.) caractere ou figure de la premiere lettre de l’Alphabet, en latin, en françois, & en presque toutes les Langues de l’Europe. […] Il en est de même de tous les noms de Sciences & d’Arts, aussi-bien que des noms des différentes parties de ces Sciences & de ces Arts. […] Les Sciences abstraites, ce sont celles qui ont pour objet des êtres abstraits ; tels sont la Métaphysique & les Mathématiques. […] Les Sciences exactes. […] (Entendement, Science de l’homme, Logique, Art de communiquer, Grammaire.)

1614. (1900) Molière pp. -283

Il n’est pas besoin non plus, à partir de ce mariage, de chercher où Molière puise cette cruelle science de la jalousie et de la passion qui s’abusent elles-mêmes en cherchant à faire croire qu’elles peuvent se vaincre, mais qui ne le peuvent ni ne le veulent. […] Parce que la science n’est dans Philaminte qu’une manière de persécuter son mari. […] L’homme de science et le bourgeois solide, montés en crédit depuis le Consulat, ont apporté parmi nous je ne sais quel sourd contentement de leur science, je ne sais quelle satisfaction intérieure de leur fortune honnêtement faite, qui menace, si nous n’y prenons garde, de nous ramener par des routes nouvelles au pédantisme d’avant Molière. […] J’ai protégé les arts et les sciences ; j’en ai étendu le domaine ; j’ai goûté l’esprit. […] ——— La fidélité des femmes est une question comme la science des médecins, et la sincérité des prêtres d’une religion fausse.

1615. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE VIGNY (Servitude et Grandeur militaires.) » pp. 52-90

Comment l’affection, le mal sacré de l’art, la science successive de la vie et ses mécomptes, ont-ils par degrés amené en lui cette transformation ou du moins ce dédoublement du poëte en savant, de celui qui chante en celui qui analyse ? […] La scène a beau être disposée historiquement avec toute la science et l’application dont le poëte est capable ; ce jour fantastique et prestigieux, qui tombe d’en haut comme dans un souterrain, nous avertit toujours que nous avons affaire à l’idéal amant des régions supérieures.

1616. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « MÉLEAGRE. » pp. 407-444

Je n’exagère rien : des voix éloquentes dans les chaires ont proclamé depuis longtemps la nécessité, l’à-propos de cette connaissance heureuse, et cherchent à en propager l’esprit ; mais en France rien n’est fait tant que le grand public n’est pas saisi des questions et mis à portée des résultats, tant qu’il n’y a pas un pont jeté entre la science de quelques-uns et l’instruction de tous116. […] En soumettant ces idées à ceux qui en sont juges, en ne les jetant ici que comme de simples aperçus, et parce qu’il y a disette, en ce moment, de ce genre d’études au sein de la presse périodique et, comme on disait autrefois, de la littérature vulgaire, notre dessein est surtout de stimuler de jeunes et doctes esprits tels qu’il en est encore beaucoup, de les inviter à tenter une voie qui est demeurée antique et neuve, et à ne pas tant négliger les points par où une science ingénieuse se saurait greffer sur la littérature nationale : à ce prix seul est la circulation et la vie120.

1617. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Charles Labitte »

Si nous nous trouvons un jour réunis tous à Paris, j’espère te le faire connaître. »— Une telle tristesse était certainement disproportionnée aux causes appréciables ; la science elle-même n’aurait pu trouver de quoi justifier ces pressentiments ; c’était la lassitude de la vie qui parlait en lui. […] Si Lucrèce nous rend avec une saveur amère les angoisses des mortels, nul aussi n’a peint plus fermement et plus fièrement que lui la majesté sacrée de la nature, le calme et la sérénité du sage ; à ce titre auguste, le pieux Virgile lui-même, en un passage célèbre, le proclame heureux : Félix qui potuit rerum , etc… Quoi qu’il en soit cependant de l’énigme que le poëte nous propose, et si tant est qu’il y ait vraiment énigme dans son œuvre, c’était aux expressions de trouble et de douleur que s’attachait surtout notre ami ; le livre III, où il est traité à fond de l’âme humaine et de la mort, avait attiré particulièrement son attention ; dans son exemplaire, chaque trait saillant des admirables peintures de la fin est surchargé de coups de crayon et de notes marginales, et il s’arrêtait avec réflexion sur cette dernière et fatale pensée, comme devant l’inévitable perspective : « Que nous ayons vécu peu de jours, ou que nous ayons poussé au-delà d’un siècle, une fois morts, nous n’en sommes pas moins morts pour une éternité ; et celui-là ne sera pas couché moins longtemps désormais, qui a terminé sa vie aujourd’hui même, et celui qui est tombé depuis bien des mois et bien des ans : Mors aeterna tamen nihilominus illa manebit ; Nec minus ille diu jam non erit, ex hodierno Lumine qui finem vitaï fecit, et ille Mensibus atque annis qui multis occidit ante. » Notre ami était donc en train d’attacher ses travaux à des sujets et à des noms déjà éprouvés, et les moins périssables de tous sur cette terre fragile ; il voguait à plein courant dans la vie de l’intelligence ; des pensées plus douces de cœur et d’avenir s’y ajoutaient tout bas, lorsque tout d’un coup il fut saisi d’une indisposition violente, sans siège local bien déterminé, et c’est alors, durant une fièvre orageuse, qu’en deux jours, sans que la science et l’amitié consternées pussent se rendre compte ni avoir prévu, sans aucune cause appréciable suffisante, la vie subitement lui fit faute ; et le vendredi 19 septembre 1845, vers six heures du soir, il était mort quand il ne semblait qu’endormi.

1618. (1875) Premiers lundis. Tome III « Les poètes français »

De même qu’alors chacun, selon le mot du vieil Étienne Pasquier, avait sa maîtresse qu’il célébrait et magnifiait par ses vers, chacun ici avait son auteur qu’il épousait, qu’il poussait de son mieux et faisait valoir avec feu, avec science. […] L’esprit du règne de Charles V, réagissant en littérature et en poésie, avait créé toute une école ayant son cachet à part de science, de prudence, d’enseignement et de conseil.

1619. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre I. Les chansons de geste »

Si extravagantes qu’elles soient, elles sont platement réalistes en un sens : elles sont inconsciemment le plat et réaliste roman d’une société qui manque de science et de sens. […] Elle se mit à lire, et n’ayant plus besoin, des jongleurs, elle donna leur place auprès d’elle aux hérauts, détenteurs de la science du blason, rédacteurs de chroniques, ordonnateurs de jeux et de pompes.

1620. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Paul Verlaine et les poètes « symbolistes » & « décadents ». »

C’est amusant, après cela, de le voir faire l’artiste impeccable, le sculpteur de strophes, le monsieur qui se méfie de l’inspiration  et écrire avec béatitude : À nous qui ciselons les mots comme des coupes, Et qui faisons des vers émus très froidement… Ce qu’il nous faut, à nous, c’est, aux lueurs des lampes, La science conquise et le sommeil dompté. […] Il est si sincère qu’il raille les libres penseurs et les républicains sur le ton d’un curé de village et conclut son invective contre la science comme ferait un rédacteur de l’Univers : Le seul savant, c’est encore Moïse.

1621. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIV » pp. 126-174

Point de roturière, dit Somaise, dans L’Empire des Précieuses, les sciences et la galanterie n’ayant rien que d’illustre et de noble. […] On examine à qui, des sciences ou de la poésie, est due la prééminence.

1622. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre IV. Shakespeare l’ancien »

La foi est une ignorance qui croit en savoir et qui, dans de certains cas, en sait peut-être plus long que la science. […] C’est le mouvement perpétuel trouvé en science sociale.

1623. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre VI. L’effort intellectuel »

Le problème que nous posons ici ne peut être résolu d’une manière satisfaisante dans l’état actuel de la science psychologique. […] ROBERTSON, Reflex Speech, Journal of mental Science, avril 1888 ; FÉRÉ, Le langage réflexe, Revue philosophique, janvier 1896.

1624. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Poésies complètes de Théodore de Banville » pp. 69-85

Il paraît généralement accordé aujourd’hui que l’école moderne a étendu ou renouvelé la poésie dans les divers modes et genres de l’inspiration libre et personnelle ; et, quelque belle part qu’on fasse en cela au génie instinctif de M. de Lamartine, il en reste une très grande aux maîtres plus réfléchis, qui ont donné l’exemple multiplié des formes, des rythmes, des images, de la couleur et du relief, et qui ont su transmettre à d’autres quelque chose de cette science.

1625. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Étude sur la vie et les écrits de l’abbé de Saint-Pierre, par M. Édouard Goumy. L’abbé de Saint-Pierre, sa vie et ses œuvres, par M. de Molinari. — II » pp. 261-274

Il retrouva quelques années après une compagnie plus à son gré dans la société de l’Entresol (1725), vrai berceau d’une Académie des sciences morales et politiques.

1626. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre I. L’esprit gaulois »

Il n’y a pas encore de science des races1, et on se risque beaucoup quand on essaye de se figurer comment le sol et le climat peuvent les façonner.

1627. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre II. Signes de la prochaine transformation »

Un amour profond de la vérité, une noble foi dans la raison et dans la science soutiennent les savants adonnés aux plus âpres études.

1628. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « I. Leçon d’ouverture du Cours d’éloquence française »

Donc, tout en rendant hommage à la science et au talent du candidat, la Faculté ne put s’empêcher de protester contre l’énormité du volume « qui paraît, dit le rapport, quelque peu disproportionné avec l’importance et la nature du sujet ».

1629. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Banville, Théodore de (1823-1891) »

[Rapport sur le progrès des lettres et des sciences, par MM. 

1630. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Baudelaire, Charles (1821-1867) »

Française, elle l’est par la clarté, par la concision, par la netteté si franche des termes qu’elle emploie, par une science de composition, par un amour de l’ordre et de la règle qui, très rigoureusement, procèdent du xviie  siècle ; originale, nui ne le lui a contesté ; ç’a été le grand éloge et le grand reproche que lui ont sans cesse adressés ses amis et ses ennemis ; nouvelle, j’insiste là-dessus ; elle a été, elle est, elle restera étonnamment nouvelle et primesautière ; ceci est sa gloire, la meilleure et la plus vraie, dont rien ne peut la déshériter.

1631. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre IV. Le théâtre des Gelosi » pp. 59-79

Nous pouvons nous former par là une idée de la science des décors et des machines où les Italiens étaient parvenus grâce à Baldassare Peruzzi et à ses élèves ; mais là n’est pas le véritable intérêt du recueil de Flaminio Scala.

1632. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre II. La mesure du temps. »

Il le faut bien car sans cela la science ne pourrait exister.

1633. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre III : Sentiments et Volonté »

Bain ; quand on voit combien la dernière l’emporte en richesse de faits observés, en précision, en exactitude descriptive, on ne peut s’empêcher de concevoir une bonne opinion de la méthode expérimentale en psychologie, — d’une méthode qui, prenant la tache où les devanciers l’ont laissée, profite des résultats acquis, du progrès des années, des découvertes, en ajoute de nouveaux et accroît ainsi la science, au lieu de la recommencer toujours.

1634. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Avertissement sur la seconde édition. » pp. 23-54

Toutes les fois que l’occasion s’est présentée, nous nous sommes fait un devoir de rendre justice aux talens de cette Société Religieuse, si long-temps la dépositaire de la source des Sciences, & de reconnoître ses services, aujourd’hui si méconnus par nos petits Savans.

1635. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 34, que la réputation d’un systême de philosophie peut être détruite, que celle d’un poëme ne sçauroit l’être » pp. 489-511

Il s’ensuit donc que dans les questions de physique et des autres sciences naturelles, les neveux font bien de ne s’en pas tenir aux sentimens de leurs ancêtres.

1636. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 4, de l’art ou de la musique poëtique, de la mélopée. Qu’il y avoit une mélopée qui n’étoit pas un chant musical, quoiqu’elle s’écrivît en notes » pp. 54-83

Ainsi cette division des sons de la voix en son continu et en son mélodique ou en son géné, assujeti à suivre dans sa progression des intervalles reglez, étoit un des premiers principes de la science de la musique.

1637. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VIII. M. de Chalambert. Histoire de la Ligue sous le règne de Henri III et de Henri IV, ou Quinze ans de l’histoire de France » pp. 195-211

Dans l’état de la pensée et des connaissances contemporaines, il faudrait élever contre les anciennes préventions un de ces livres péremptoires, éclairés également par la réflexion et par la science, et qui gardent, en littérature, la solidité d’un édifice, après avoir fait le bruit d’un renversement En d’autres termes, un chef-d’œuvre ne serait pas de trop pour purifier d’une seule fois tous les courants où l’Opinion, cette brebis qui n’est pas sans tache, se désaltère avec moins d’innocence que l’agneau de la Fable, et pour rasseoir dans une limpidité profonde ce cristal de l’Histoire que tous les genres de passion ont remué par la plume de tant d’écrivains et en particulier par celle de Voltaire.

1638. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Gaston Boissier » pp. 33-50

Gaston Boissier a touché, à travers celui qui donnait le nom à son livre, un sujet pour lequel il n’avait pas les mains qu’il fallait, — des mains savantes d’une autre science que la sienne, compétentes, théologiennes.

1639. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « IX. L’abbé Mitraud »

… Tous ces haïsseurs de la vieille Église romaine se sont pris de je ne sais quel goût, — ou plutôt d’un goût que je m’explique très bien, — pour un livre qui a la prétention d’être un livre de science sociale en restant du christianisme.

1640. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’architecture nouvelle »

La science et l’art se combinent, de sorte que l’élément nécessaire à la stabilité de l’édifice contribue en même temps à sa beauté.

1641. (1901) L’imagination de l’artiste pp. 1-286

En descendant au fond de la science, qu’a-t-elle vu, qui lui donne ce regard fixe, regard de sphinx qu’épouvanterait sa propre énigme ? […] Si elle veut symboliser la science chimique, on devra dire qu’il lui manque l’esprit même de la science, c’est-à-dire la précision : ces images éclatantes mais confuses représenteraient plutôt le rêve d’un illuminé, les songes de l’Alchimie. […] Qui sait ce que nous réserve la science ? […] Enfermer une idée nettement préconçue dans une formule précise, c’est le souci de la science. […] Au moment où il compose, il oublie sa science de naturaliste, et l’éducation positive qu’il a reçue.

1642. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

Or, ce qu’on nomme vulgairement esprit, et surtout esprit parisien, a ses lieux communs tout comme la science, tout comme la morale, et pour les reconnaître et leur bâiller au visage, il ne faudrait qu’un peu d’expérience. […] et je suis convaincu que M. de Valvèdre, qui est un savant, aurait compris et ressenti vivement l’outrage ; mais que penser de cette apostrophe pédante dans la bouche de l’homme auquel l’auteur reproche surtout son dédain pour la science ? […] La science du clair-obscur y est poussée aussi loin que possible. […] La question est de savoir s’il est possible d’éviter que ces croyances soient blessées parfois par l’indépendance de la science, et s’il est nécessaire, dans leur intérêt même, de les soustraire à tout contact avec l’esprit de libre investigation. […] Il est bien moins désintéressé quand il s’attaque à la science moderne, qu’il personnifie quelquefois sous le nom de la brute polytechnique, car il est évident qu’il n’a rien de commun avec cette bête-là.

1643. (1880) Une maladie morale : le mal du siècle pp. 7-419

De ces deux hommes, la science guérit le premier ; le second dut son salut à la politique. […] Il rapporte une « conversation entre un jeune mélancolique qui repousse toute science, toute tentative humaine, et un prêtre tolérant qui maintient la science et la croit conciliable avec une religion élevée. » Il prête au jeune homme les pensées les plus désolantes sur la vie, et il montre bien qu’elles lui étaient habituelles à lui-même, quand il ajoute : « Le fond de cette âme n’avait pas échappé à tous. […] Avec le goût des sciences naturelles, il avait celui des lettres, et il s’attacha aux littératures anglaise et allemande. […] Là, le goût de la science l’emporte en lui sur le goût de la poésie. […] Avec les lettres, les sciences, les arts, nous avons encore l’amour, l’amour qui vaut tout cela, cent fois tout cela ! 

1644. (1903) Propos de théâtre. Première série

La doctrine évolutionniste est une lumière dans les sciences naturelles, parce que là on dispose ; d’un nombre très honnête de milliers de siècles. Il est très dangereux, et jusqu’à présent il semble vain de l’appliquer aux sciences morales et littéraires, parce que si l’histoire naturelle est longue, l’histoire humaine est infiniment courte. […] Elle se consolera avec ses livres, et deviendra plus particulièrement femmes de sciences pures et de recherches scientifiques. […] De là aussi ce qu’il y a d’excessif dans ses théories ou dans ses manifestes contre la science et les savants. […] Pour mieux dire, tout entêtée de philosophie, de belles lettres et de belles sciences, elle ne les a pas élevées de tout.

1645. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

Eh bien, c’est quand il a tout fait pour se préparer, quand il s’est amassé des fonds de science et d’érudition considérables dans tous les sens, qu’il a sondé et fouillé les littératures étrangères pour en rapporter des notions précises et tous les termes élevés et lumineux de comparaison, qu’il s’est attaché à diversifier son goût, à l’étendre et à l’éclairer par les connaissances accessoires des beaux-arts étudiés dans leurs chefs-d’œuvre, qu’il n’a négligé ni voyages, ni lectures sur place, ni vérifications de toute nature ; c’est quand il a, pendant des années, travaillé, affermi et assoupli son organe et sa parole de manière à remplir un vaste auditoire, à le tenir attentif, suspendu à ses lèvres, et à l’associer à ses impressions sérieuses, à sa gravité consciencieuse et concentrée, d’où il tirait parfois des sources de chaleur morale et d’admiration émue ; c’est alors, quand tous ces stages et comme ces degrés d’apprentissage sont terminés, quand il se sent prêt et digne de passer maître, quand il a noué sa ceinture, serré et fortifié ses reins pour la grande lutte, pour le vrai début et l’inauguration suprême, c’est alors que le courageux et patient athlète, qui n’avait jamais faibli, qui pour un homme d’étude avait tout l’aspect d’un de ces hommes primitifs du nord, solides et robustes, ἒμπεδος, une tête énorme sur des épaules carrées (et lui-même en plaisantait bien souvent155), c’est alors que du jour au lendemain ce fils prudent du travail et de la sagesse, atteint d’un mal secret sans cause connue, tout d’un coup s’affaisse, pâlit et tombe. […] Dites à M. de Salvandy, si vos retards lui déplaisent, que c’est moi, moi seul, qui, par la brutale franchise de mes conseils et de mes invectives, vous ai contraint à voir Venise et Vérone ; n’y dussiez-vous passer que six heures, il faut les voir.” — Je les verrai… » On a beaucoup médit de M. de Humboldt depuis sa mort ; on lui a rendu la monnaie des épigrammes dont il ne se faisait pas faute envers ses contemporains ; mais, des esprits supérieurs, il convient surtout de ne pas perdre de vue le grand côté, et le côté élevé d’Alexandre de Humboldt, son honneur durable devant la postérité, c’est son amour pour la science, pour l’avancement des connaissances humaines et, par suite, pour la docte et laborieuse jeunesse qu’il estimait capable de les servir ; cet amour et cette flamme, il les conserva dans toute leur vivacité jusqu’à sa dernière heure, et sa conversation avec Gandar nous en est un nouvel et intéressant témoignage. […] À peine ceci est-il écrit que je sens le besoin de m’excuser et que je suis tenté de m’en repentir ; car, je le sais, d’une part le haut enseignement a ses obligations ; le professorat, on l’a dit, celui des Facultés du moins, est « une sorte d’apostolat laïque », il a charge d’esprits et d’âmes ; il est presque tenu à ne jamais sourire ; et, d’autre part, la critique est devenue une science, et des plus complexes ; elle a nécessairement quelque chose d’artificiel ; elle est une construction savante ; l’ordre et la méthode y sont indispensables.

1646. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (1re partie) » pp. 313-408

Si quelque méditation suivie l’occupait, c’était d’ordinaire un problème bien abstrus d’idéologie condillacienne ; car, privé de livres qu’il ne pouvait acheter, sevré du commerce des hommes, d’où il ne rapportait que trouble et regret, Joseph avait cherché un refuge dans cette science des esprits taciturnes et pensifs. […] « Pétrarque, ce grand maître dans la science du cœur et dans le mystère de l’amour, a dit au commencement de son Traité sur la Vie solitaire : « Je crois qu’une belle âme n’a de repos ici-bas à espérer qu’en Dieu, qui est notre fin dernière ; qu’en elle-même et en son travail intérieur ; et qu’en une âme amie, qui soit sa sœur par la ressemblance. » C’est aussi la pensée et le résumé du petit livre que voici : « Lorsque, par un effet des circonstances dures où elle est placée, ou par le développement d’un germe fatal déposé en elle, une âme jeune, ardente, tournée à la rêverie et à la tendresse, subit une de ces profondes maladies morales qui décident de sa destinée ; si elle y survit et en triomphe ; si, la crise passée, la liberté humaine reprend le dessus et recueille ses forces éparses, alors le premier sentiment est celui d’un bien-être intime, délicieux, vivifiant, comme après une angoisse ou une défaillance. […] Et puis ces sciences, ces langues, ces histoires qu’on étudierait, contiennent au gré des âmes délicates et tendres trop peu de suc essentiel sous trop d’écorces et d’enveloppes ; une nourriture exquise et pulpeuse convient mieux aux estomacs débiles.

1647. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quatorzième. »

Vouloir des lois d’un détail infini, attachées à tous les mouvements de l’homme comme les fils à tous les membres de l’automate, élever des murailles d’airain non seulement dans la société entre les diverses classes, mais dans l’homme entre ses diverses facultés ; vouloir la vie, et prescrire l’immobilité ; établir le commerce, et prohiber le luxe ; allumer le flambeau des arts et des sciences, et en empêcher le rayonnement avec la main ; permettre la gloire, et châtier le triomphe : tout cela n’est pas d’un grand législateur, mais d’un rêveur ingénieux et, selon le mot de Louis XIV, d’un bel esprit chimérique. […] Il a toutes les qualités des plus illustres : le goût du vrai, qui perce jusque dans ses erreurs, lesquelles n’en sont le plus souvent que l’excès ; l’amour de la règle, qu’il porte jusque dans les insurrections du sens propre ; l’accord du caractère et des écrits, par où les grands esprits de ce siècle en sont aussi les plus honnêtes gens ; l’éducation par les deux antiquités chrétienne et païenne : par la première, pour la science de l’homme ; par la seconde, pour la méthode et l’art ; enfin, toutes les qualités du langage qui font durer les livres français : la clarté, la précision, la propriété, avec un tour vif et facile, qui paraît comme la physionomie de ce grand homme dans sa ressemblance avec ses illustres contemporains. […] Et pourtant, admirable fruit de la science reçue dans un cœur pur !

1648. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1862 » pp. 3-73

Une épouvante nous a pris du double fond de son âme, de la faculté puissante, de la science, du génie consommé, que tout son être a du mensonge… 23 août Gautier dîne à côté de nous chez Peters. […] Une célébrité médicale que ce Procureur, une de ces lumières de la science de guérir inofficielles et populaires à la façon des rebouteux, un de ces hommes sans études, sans lectures, mais qui semblent nés dans les secrets de la nature, qui soignent par instinct, qui sauvent par illumination, qui ont le miracle en main. […] Et là, dans l’arrière-boutique, en collaboration de son ami, il se livre longuement et compendieusement à la composition d’un de ces lavements, dont la recette est perdue depuis Molière, et rapporte le liniment, où il a mis sa science et son cœur, à la belle au théâtre.

1649. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIIe entretien. Revue littéraire de l’année 1861 en France. M. de Marcellus (1re partie) » pp. 333-411

XI Il était né dans le midi de la France, près de Bordeaux, patrie de l’éloquence des Girondins, de la philosophie sceptique et spéculative de Montaigne, de la science politique de Montesquieu, cet Aristote moderne de la France. […] Il y a dans le désert des hommes tellement instruits par leur observation assidue de la nature, par leur vive intelligence et leur habitude de réfléchir, qu’on ne peut lutter de science avec eux : d’autres, à une grande ignorance, allient un bon sens et une sagacité qui étonnent.

1650. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre II. Attardés et égarés »

Il faut beaucoup d’illusion pour assimiler les coupes de D’Aubigné à celles de Victor Hugo : ce qui est science chez celui-ci, n’est chez l’autre qu’insouciance ; dans les Tragiques, les enjambements, les vers disloqués produisent des effets puissants, quand la pensée y donne lieu, mais ils sont aussi bien employés à ne rien produire du tout ; et du moment qu’ils ne sont pas expressifs, ils sont forcément prosaïques En revanche, que de morceaux sont d’un rare, d’un grand poète, et n’auraient eu besoin presque de rien, ici d’une relouche, là surtout d’un retranchement, pour atteindre à la perfection de leur caractère ! […] Comme ils écrivent pour le monde, pour les femmes, leur public, qui méprise la science des collèges et n’est pas plié à la superstition de l’antiquité, leur inspire une doctrine, qui se trouve être essentiellement excellente : ils prennent des sujets chrétiens, donc modernes, Childebrand, Clovis, saint Louis, Jeanne d’Arc : le plus ancien est pris aux contins de l’antiquité romaine et des temps chrétiens, l’Alaric de Scudéry.

1651. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Lettres de m. l’Abbé Sabatier de Castres ; relatives aux trois siecles de la littérature françoise.ABCD » pp. -641

Si, dans les Sciences, le Grand Homme, est celui-là seul qui a un caractere décidé, des principes fixes, un systême suivi de raison ou d'idées ; qui osera soutenir que M. de Voltaire mérite ce titre ? […] Il excelle dans tant d'autres Sciences !

1652. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1876 » pp. 252-303

Samedi 5 février Amusant bonhomme que ce Cernuschi, avec son baragouin franco-italien, sa faconde gouailleuse, ses drôleries d’imagination, ses paradoxes-vérités appuyés sur une vraie science économique, et enfin son art de faire comprendre des choses abstraites avec la vulgarité des comparaisons. […] Ils auraient mis en commun leur colonne vertébrale, et chercheraient, toute leur vie, un tour impossible, qui serait pour eux, la trouvaille d’un problème de la science.

1653. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VIII : Hybridité »

Les expériences pratiques des horticulteurs, bien que faites sans la précision requise par la science, méritent cependant quelque attention. […] Finalement, si l’on considère dans leur ensemble tous les faits bien établis concernant les croisements des plantes ou des animaux, on en doit conclure que, soit les premiers croisements, soit les produits hybrides, sont très généralement frappés d’une certaine stérilité relative ; mais que cette stérilité ne peut, dans l’état actuel de la science, être considérée comme absolue et universelle.

1654. (1920) Action, n° 3, avril 1920, Extraits

La science moderne — continue-t-il — adopte comme principe absolu la nécessité de baser toute recherche sur un fait donné précis. […] La théologie mystique est la vraie science.

1655. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Edmond et Jules de Goncourt »

La Science, qui est la prétention des vieux peuples, viole ici l’art, sous prétexte de vérité, et elle prouve, par la plume de ceux qui proclament le Naturalisme le dernier mot de la littérature (et il pourrait bien l’être, en effet !) […] C’est la disparition volontaire d’un homme qui marchait au premier rang de l’état-major intellectuel de son siècle, et qui se jette dans le trou de sa décadence, dans ce byzantinisme encore plus honteux que celui de la décrépite Byzance ; car le sien, à Byzance, s’exerçait sur les choses sacrées, sur la théologie, sur la science de Dieu, et le nôtre, à nous, sur quelles chichetés s’exerce-t-il ?

1656. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre I. Du comique en général »

À ce moment apparut dans toute sa netteté la suggestion que les deux artistes avaient graduellement enfoncée dans l’imagination des spectateurs : « Nous allons devenir, nous sommes devenus des mannequins de bois massif. » Un obscur instinct peut faire pressentir ici à des esprits incultes quelques-uns des plus subtils résultats de la science psychologique. […] Perrichon, au moment de monter en wagon, s’assure qu’il n’oublie aucun de ses colis. « Quatre, cinq, six, ma femme sept, ma fille huit et moi neuf. » Il y a une autre pièce où un père vante la science de sa fille en ces termes : « Elle vous dira sans broncher tous les rois de France qui ont eu lieu. » Ce qui ont eu lieu, sans précisément convertir les rois en simples choses, les assimile à des événements impersonnels.

1657. (1856) Mémoires du duc de Saint-Simon pp. 5-63

Le génie suffit à tout et fournit à tout ; la vision de l’artiste est si complète que son œuvre offre des matériaux aux gens de tout métier, de toute vie et de toute science. […] La misère des sciences morales est de ne pouvoir noter ce degré ; la critique, pour définir Saint-Simon, n’a que des adjectifs vagues et des louanges banales ; je ne puis dire combien il sent et combien il souffre ; pour toute échelle, j’ai des exemples et j’en use.

1658. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Bossuet. Œuvres complètes publiées d’après les imprimés et les manuscrits originaux, par M. Lachat »

Toute sa science morale, qui est si grande et si consommée, trouvera en effet à s’y loger et à s’y verser.

1659. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Frochot, Préfet de la Seine, histoire administrative, par M. Louis Passy. »

Et sur Mirabeau, pour nous bien expliquer le culte constant et inviolable qu’il lui voua, remarquons en passant que Frochot, tout exécuteur testamentaire qu’il était, ignora toujours ou du moins put toujours révoquer en doute bien des choses que nous savons aujourd’hui de science certaine et qui déjà avaient fait bruit dans le temps, lorsqu’on découvrit l’armoire de fer.

1660. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « HOMÈRE. (L’Iliade, traduite par M. Eugène Bareste, et illustrée par M.e Lemud.) —  second article  » pp. 342-358

Il ne nous appartient pas d’entrer dans un détail qui exigerait beaucoup trop de science et aussi trop d’appareil.

1661. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VIII. De l’éloquence » pp. 563-585

Elle ne s’exercera plus sur tout ce qui a rapport aux sciences politiques et métaphysiques, sur toutes les idées abstraites de quelque nature qu’elles soient ; mais elle n’en sera que plus honorée : car on ne pourra plus la présenter comme dangereuse, si elle se concentre dans son foyer naturel, dans la puissance des sentiments sur notre âme.

1662. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre V. Subordination et proportion des parties. — Choix et succession des idées »

Au contraire, on sent vite quand l’esprit et la science de l’écrivain débordent son œuvre, et l’on est soi-même sollicité sans cesse en la lisant d’aller au-delà du texte.

1663. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre III. Poésie érudite et artistique (depuis 1550) — Chapitre I. Les théories de la Pléiade »

Mais, non plus que Boileau, ils ne donnent pas tout à la science et au travail : ils exigeaient le don, le génie.

1664. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Les femmes de France : poètes et prosateurs  »

Si je ne me trompe, nous retrouverons quelque chose de cette honnête candeur chez Madeleine de Scudéry, la vierge sage, d’âme héroïque et d’esprit prolixe  Voici Marguerite d’Angoulême, très savante, très entortillée, toute fumeuse de la Renaissance, souriante, gaie et bonne à travers tout cela, avec son grand nez sympathique, le nez de son frère François Ier  Puis, c’est l’autre Marguerite, Marguerite de Valois, point pédante celle-là, dégagée, galante avec une entière sécurité morale, que rien n’étonne, qui raconte si tranquillement la Saint-Barthélémy ; la première femme de son siècle qui écrive avec simplicité ; une inconsciente, un aimable monstre, comme nous dirions, aujourd’hui que nous aimons les mots plus gros que les choses  Je mets ensemble les enamourées, les femmes brûlantes, les Saphos, chacune exhalant sa peine dans la langue de son temps : Louise Labé mettant de l’érudition dans ses sanglots ; Mlle de Lespinasse mêlant aux siens de la sensibilité et de la vertu, Desbordes-Valmore des clairs de lune et des saules-pleureurs… Mlle de Gournay est une antique demoiselle pleine de science, de verdeur et de virilité, une vieille amazone impétueuse que Montaigne, son père adoptif, dut aimer pour sa candeur, une respectable fille qui a l’air d’un bon gendarme quand, dans son style suranné, elle défend contre Malherbe ses « illustres vieux ».

1665. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens II) Henry Fouquier »

Pourtant je le vois comme un Grec un peu amolli, plus près d’Alcibiade que de Socrate, pour qui il a été maintes fois injuste (après d’autres), et plutôt encore comme un Grec d’arrière-saison, contemporain de Théocrite, jouissant de ses dieux sans y croire, mais sans les nier publiquement ; et moins comme un Athénien que comme un Grec des îles, plein de science et de douceur, traînant sa tunique dénouée dans les bosquets de lauriers-roses… Mais ce méridional est un méridional blond.

1666. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gautier, Théophile (1811-1872) »

Si l’on réfléchit qu’à cette merveilleuse faculté Gautier unit une immense intelligence innée de la correspondance et du symbolisme universel, ce répertoire de toute métaphore, on comprendra qu’il puisse sans cesse, sans fatigue comme sans faute, définir l’attitude mystérieuse que les objets de la création tiennent devant le regard de l’homme… Il y a, dans le style de Théophile Gautier, une justesse qui ravit, qui étonne, et qui fait songer à ces miracles produits dans le jeu par une profonde science mathématique… Nos voisins disent : Shakespeare et Goethe !

1667. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Verlaine, Paul (1844-1896) »

Philosophe, mythologue, historien, il reste assez bellement et spontanément poète pour charger de science les grandes ailes tendues de ses strophes et les soulever quand même jusqu’au soleil.

1668. (1766) Le bonheur des gens de lettres : discours [graphies originales] « Le Bonheur des gens de lettres. — Premiere partie. » pp. 12-34

Héraclite céde à son frere le trône d’Ephese, absorbé dans une méditation profonde, il s’enferme dans les tombeaux de ses ancêtres ; c’est dans l’horreur d’un lugubre & majestueux silence qu’il entreprend de percer le voile qui couvre les sciences profondes.

1669. (1766) Le bonheur des gens de lettres : discours [graphies originales] « Le Bonheur des gens de lettres. — Seconde partie. » pp. 35-56

La science est pour l’homme de Lettres un océan immense, où il se plonge avec volupté ; il étend de tout côté la sphere de son bonheur, & devient sensible à des plaisirs qui échapent au reste des hommes.

1670. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre premier. La critique et la vie littéraire » pp. 1-18

Brunetière est sage historien en traitant l’histoire littéraire à la manière de l’histoire sociale, et à la lumière de l’hypothèse évolutionniste, instrument actuel de pénétration et de progrès des sciences historiques, qu’aucune hypothèse préférable n’a jusqu’à cette heure rendue caduque.

1671. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre V. L’antinomie esthétique » pp. 109-129

Il en est de l’art comme de la science et de la philosophie.

1672. (1842) Essai sur Adolphe

S’il avait choisi de bonne heure une route simple et droite ; si, au lieu de promener sa rêverie sur le monde entier qu’il ne peut embrasser, il avait mesuré son regard à son bras ; s’il s’était dit chaque jour en s’éveillant : Voilà ce que je peux, voilà ce que je voudrai ; s’il avait marqué sa place au-dessous de Newton, de Condé ou de Saint-Preux ; s’il avait préféré délibérément la science, l’action ou l’amour ; s’il avait épié d’un œil vigilant le premier éveil de ses facultés, s’il avait démêlé nettement sa destinée, s’il avait marché d’un pas sûr et persévérant vers la paix sereine de l’intelligence, l’énergique ardeur de la volonté ou le bonheur aveugle et crédule, il ne serait pas vain, il ne dédaignerait pas.

1673. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre I : Des sens, des appétits et des instincts. »

Question nullement oiseuse, car le progrès d’une science consiste en partie à ramener les causes particulières et les lois dérivées à une formule qui les contienne.

1674. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Chefs-d’œuvre de la littérature française (Collection Didot). Hamilton. » pp. 92-107

Malgré le pédantisme des fausses sciences et les restes de barbarie, la disposition et le tour particulier à l’esprit français ne laissaient pas de se faire jour, et les natures originales prenaient le dessus.

1675. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre IV. Critique »

L’école, c’est la résultante des pédantismes ; l’école, c’est l’excroissance littéraire du budget ; l’école, c’est le mandarinat intellectuel dominant dans les divers enseignements autorisés et officiels, soit de la presse, soit de l’état, depuis le feuilleton de théâtre de la préfecture jusqu’aux Biographies et Encyclopédies vérifiées, estampillées et colportées, et faites parfois, raffinement, par des républicains agréables à la police ; l’école, c’est l’orthodoxie classique et scolastique à enceinte continue, l’antiquité homérique et virgilienne exploitée par des lettrés fonctionnaires et patentés, une espèce de Chine soi-disant Grèce ; l’école, c’est, résumées dans une concrétion qui fait partie de l’ordre public, toute la science des pédagogues, toute l’histoire des historiographes, toute la poésie des lauréats, toute la philosophie des sophistes, toute la critique des magisters, toute la férule des ignorantins, toute la religion des bigots, toute la pudeur des prudes, toute la métaphysique des ralliés, toute la justice des salariés, toute la vieillesse des petits jeunes gens qui ont subi l’opération, toute la flatterie des courtisans, toute la diatribe des thuriféraires, toute l’indépendance des domestiques, toute la certitude des vues basses et des âmes basses.

1676. (1936) Réflexions sur la littérature « 1. Une thèse sur le symbolisme » pp. 7-17

Peut-être cela tient-il en partie à ce que le dernier mot de Moréas : « les écoles, c’est des bêtises » (il le savait, en ayant fondé deux ou trois) est entré dans la science littéraire ; le « manifeste » paraît bien aujourd’hui un genre mort.

1677. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

Tous les trois ont un mélange d’art d’imagination et de science du réel. […] Ainsi font La Fontaine et Racine, et aussi, un peu, Chénier. — D’autre part, dans tout ce qui, en littérature, n’est pas littérature pure, dans les ouvrages de philosophie, de politique, de sciences sociales, la nature même du sujet vous force bien à ne point être imitateur, et l’originalité de l’esprit retrouve jour Et voilà par où se sauvent et Voltaire et Diderot, et Montesquieu. […] » — Chactas à l’Académie des sciences écoutant la discussion qui s’élève sur la longueur de ses oreilles qui fait de lui une espèce mitoyenne entre l’homme et le singe. — Chactas chez Ninon de Lenclos : « Je veux savoir à mon tour ce que tu as trouvé de plus sensé parmi nous. […] Lui qui se plaît, en prose et en vers, à faire des nomenclatures de noms illustres, il ne cite jamais (ou il cite très indifféremment et au hasard de la rime, sans y insister) les noms des philosophes, des historiens, des hommes de pensée, Descartes, Leibniz, Spinoza, Kant, Montesquieu Le mouvement scientifique lui est inconnu (songez à Lucrèce, à Virgile ; à Gœthe, qui est au courant de toute la science, et la devance). […] Ainsi les deux premiers chants de l’Expiation (Moscou et Waterloo), si on les détache comme un fragment épique ; et ici le procédé est d’une science sûre, d’un art consommé, d’un effet prodigieux.

1678. (1922) Gustave Flaubert

L’étonnement dont il ne revenait pas, c’est un principe de l’art comme un principe de la science. […] Flaubert possède et exprime son Afrique avec science et solidité. […] Flaubert supprime toutes les personnifications abstraites, les Péchés, la Logique, la Science. […] Il ressemble à la Science de 1849, « petit comme un nain, et pourtant, trapu comme un Cabire, contourné, d’aspect misérable. […] Flaubert publiait un peu son vieux Pourana comme Renan quinze ans plus tard publiera l’Avenir de la science.

1679. (1883) Essais sur la littérature anglaise pp. 1-364

Leurs spéculations métaphysiques sont toutes spéciales et sont vigoureuses plus qu’élevées ; elles s’appliquent exclusivement au monde physique comme celles de Bacon, ou au gouvernement politique comme celles de Hobbes, ou à un point fermement circonscrit de la science comme celles de Locke ; mais ce n’est pas dans la métaphysique que leur intelligence triomphe. […] Taine a consacré à ce grand esprit, et dites-moi si les traits essentiels de son génie, c’est-à-dire la sagesse imaginative et la science instinctive, ne sont pas nettement saisis et rendus. […] Nous ignorons la date exacte de la Tempête ; mais cette date, quelle qu’elle soit, ne peut être placée qu’entre les années 1610 et 1613 ; par conséquent, si l’on ne peut affirmer qu’elle est la dernière pièce de Shakespeare, on sait de science certaine qu’elle est une des dernières. […] Il savait de science certaine que, dans les littératures primitives, toutes nos questions alambiquées de moralité ou d’immoralité sont parfaitement inconnues, et que la poésie populaire — la plus vraie de toutes, à l’en croire — se présente simplement comme l’expression musicale des instincts de l’homme, quels qu’ils soient, nobles ou vils, vertueux ou bas. […] Nous avons prononcé tout à l’heure le mot de principes, et en effet le badinage de Sterne pourrait s’enseigner comme une science ou comme un art, en un nombre déterminé de leçons, et il est facile d’en établir la théorie mécanique.

1680. (1914) En lisant Molière. L’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

Et d’où cette belle science enfin peut-elle être venue aux hommes ? […] Encore que je n’entende point du tout « l’éducation inutile où la nature manque », ne sachant pas, ne voyant pas où manque la nature ; encore que je n’estime pas qu’il faille triompher de ce que Nicole déconcerte la science de Monsieur Jourdain, puisqu’on reconnaît que cette science est toute neuve et donc ébranlable à la première atteinte ; et encore que Philaminte ait la bouche fermée, non pas par la force invincible des apophtegmes de Martine, mais par le mépris qu’elle fait d’eux, je trouve qu’il y a dans cette observation, à la prendre en général et non dans son détail, une idée fort considérable sur laquelle il est probable que je reviendrai. […] Vous avez la manie du bel esprit, de la haute science, des académies ; vous voulez briller ; vous voulez qu’on vous connaisse ; vous voulez qu’on vous tympanise aux quatre coins de la ville ; et vous avez le mépris du bon sens qu’il soit dans votre servante ou dans votre mari. […] On dira peut-être plus tard que vous n’êtes point malade imaginaire, que vous êtes vraiment malade, d’une maladie qui tient des vapeurs, de l’état des nerfs, il est possible, je n’entre guère dans ces subtilités de la science ; je vois en vous un simple poltron qui a peur de la mort comme Orgon a peur de l’enfer. […] La femme amateur de sciences existe à peine en 1671, et Philaminte est une femme de sciences.

1681. (1894) La bataille littéraire. Sixième série (1891-1892) pp. 1-368

Maurice Talmeyr a dépeint le rôle que joue à différents échelons de notre société la morphine, cet épouvantable engin de destruction que la science lui avait donné pour, engourdir ses heures de douleur. […] Grave question qui sera peut-être résolue un jour par la science. […] Il discute sur tout, renseigne sur tout, débordant de science et la cachant sous des plaisanteries pour se la faire pardonner par les jaloux de son temps. […] On devinait la cruauté sur celle-là. » Suit le portrait moral de cet homme pour qui la guerre était une science indispensable à la marche de l’humanité, comme il le disait lui-même. […] L’avenir de la science est garanti ; car, dans le grand livre scientifique, tout s’ajoute et rien ne se perd.

1682. (1892) Un Hollandais à Paris en 1891 pp. -305

Rosny continue encore à s’instruire : il apprend toujours ; la science l’attire et il recueille partout de nouveaux matériaux. […] Et pourtant la science n’a étudié exactement ce problème que depuis la publication des premiers livres de Zola. […] ils donnent à cette œuvre le nom de science, et tout au plus est-ce de la casuistique. […] L’intelligence qui bâtit les systèmes et l’expérience qui les éprouve sont du domaine de la science. […] Aussi l’essence de l’art c’est la liberté, tandis que la science cherche la détermination.

1683. (1890) Causeries littéraires (1872-1888)

C’était un professeur qui allait débuter à la Faculté des sciences. […] Un puits de science, Joseph-Victor Leclerc, mais un puits absolument désagréable et pour les candidats et même pour certains collègues. […] Le voici à la Sorbonne, subissant par deux fois les épreuves du baccalauréat ès sciences, car le baccalauréat ès lettres l’effraye. […] Quel beau temps alors, quelle joie pour la science et les fabricants de pâte épilatoire, si, avertis par M.  […] Elle est même avant tout ambitieuse, et son ardeur pour la science est surtout de politique et de calcul.

1684. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre I. Les personnages »

Ses pareils d’Allemagne trouvent aujourd’hui une issue dans la religion, la science ou la musique. […] Il est plus triste encore d’observer ce que devient la science tournée en métier. […] Là-dessus il cita Virgile et Cicéron,          Avec force traits de science.

1685. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1867 » pp. 99-182

En somme, pratique en tout, avec la science de la vie et quelques goûts distingués de l’homme moderne, ayant un pantalon de nuance distinguée, un merveilleux chien d’Écosse, un break de Binder, — enfin entouré de cette espèce d’aristocratie des choses, dont les parvenus d’aujourd’hui arrivent parfois à s’envelopper, sans la mettre en eux. […] cela est horrible… » Puis après un silence : « Voyez-vous, dans notre métier on ne voit plus que la science… la science c’est si beau… Mais il me semble que je ne vivrais plus, si je n’opérais plus… C’est mon absinthe ! 

1686. (1912) Réflexions sur quelques poètes pp. 6-302

Sans doute, au sujet de Sapho, la légende a prévalu définitivement ; et qui sait si elle n’a pas raison, contre la science et l’Iconographie grecque de Visconti ? […] Essayons de la résumer, en un langage rajeuni : Mademoiselle, dit Louise Labé à Clémence, puisque le temps est venu où les sévères lois des hommes n’empêchent plus les femmes de s’appliquer aux sciences et aux arts, il me semble que celles qui en sont capables doivent se mettre à l’œuvre courageusement, afin de montrer aux hommes le tort qu’ils nous faisaient en nous privant du bien et de l’honneur qui pouvaient nous en revenir. […] Animons-nous donc l’une l’autre à acquérir l’honneur que procure l’étude des lettres et des sciences, et de cette façon, outre la bonne renommée que notre sexe recevra, nous aurons valu à la société que les hommes se donneront la peine d’une grande émulation, car ils craindront d’éprouver la honte de se voir surpasser par celles dont ils se sont toujours prétendus supérieurs quasiment sur toute chose. […] C’est à l’un d’eux que Ronsard disait : Tes escrits sont témoins que tu m’as desrobé, Du fardeau du larcin ton dos est tout courbé ; Tu en rougis de honte, et en ta conscience, Père tu me cognois d’une telle science. […] Ami des lettres et des sciences, il a laissé divers traités d’archéologie grecque et romaine.

1687. (1853) Propos de ville et propos de théâtre

Des phénomènes étranges se produisent chaque jour, et jettent la perturbation au sein de l’Académie des sciences. […] Que les deux graves événements redoutés par la science s’accomplissent ou non, l’absence de l’hiver se fait visiblement sentir. […] Ce moyen n’est autre que son perroquet, personnage qui mériterait à lui seul une biographie. — Quelques ignorants prennent ce perroquet pour un oiseau, mais un savant métempsycosiste a découvert que c’était un ancien bénédictin espagnol. — Le fait est que ce merveilleux perroquet est un puits de science : il parle avec une sûreté extraordinaire toutes les langues mortes et vivantes ; il parle même et comprend les langues nouvelles. […] Pour unique mise de fonds, il apporte l’aplomb, qui est l’audace des sots, et la mémoire, qui est la science des ignorants ; non pas, grand Dieu ! […] Pendant une demi-heure, on s’exerce inutilement à une sorte de jeu de patience, dont les membres des voyageurs sont les pièces. — On fait appel à la science

1688. (1929) Critique et conférences (Œuvres posthumes III)

Et pourtant, amère et profonde se manifeste en tout lieu la philosophie de Charles Cros, desservie par un art plutôt sévère, sous son charme incontestable, mais d’autant plus pénétrant… Lisez par exemple ces étranges nouvelles, Correspondance interastrale, et surtout la Science et l’Amour, cruelle satire où toute mesure semble gardée dans la plaisanterie énorme. […] Vérola est l’auteur (non le préconisateur, ainsi qu’il le dit avec une plaisante franchise) d’une nouvelle science de traiter le sonnet. […] À l’âge où l’on se décidait, sérieusement, pour les Lettres ou pour les Sciences, son goût pour le grec et le latin l’emporta sur son amour héréditaire de l’épaulette, car son rêve était d’être officier comme son père. […] On évitait les questions politiques toujours irritantes même entre amis que diviseraient même de simples nuances, à plus forte raison de profondes divergences de vues, et l’on parlait plutôt littérature, science, France surtout ! […] C’est, avec le droit, la puissance De boire, d’aimer, de manger, De travailler, de se loger, De pénétrer dans la science !

1689. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIe entretien. Littérature politique. Machiavel » pp. 241-320

« Pendant quatre heures de temps que dure cet entretien avec les morts, je ne sens plus aucun de mes soucis, j’oublie toutes mes angoisses, je ne crains plus ma pauvreté, je ne m’épouvante plus de la mort ; je me transfigure en eux tout entier, et, comme dit Dante, “qu’aucune science ne mérite ce nom si on ne retient pas ce qu’on a appris”, j’ai noté de ces entretiens avec ces hommes antiques tout ce que j’ai recueilli de capital et de caractéristique dans leur vie et dans leurs pensées, et j’en ai composé un opuscule intitulé des Gouvernements, ouvrage dans lequel je pénètre aussi profondément que je le peux dans les pensées qu’un tel sujet comporte, agitant en moi-même ce que c’est que la souveraineté, de combien d’espèces de souverainetés le monde se compose, comment elles s’acquièrent, comment elles se conservent, pourquoi elles se perdent ; et si jamais quelques-unes de mes rêveries vous ont plu, celle-ci, je le crois, ne devra pas vous déplaire ; et elle pourrait être acceptable surtout à un prince nouveau (allusion aux Médicis, rentrés maîtres de Florence, à qui il espérait plaire par cette haute leçon de gouvernement) : c’est pour cela que l’ai dédiée à la magnificence (majesté) de Julien. […] N’oublions pas cependant que, dans ce temps barbare encore du moyen âge italien, la politique n’était pas une moralité de but et une légitimité des moyens ; la politique n’était qu’une science, et Machiavel voulait surtout se montrer capable : ce n’est que plus tard que la politique, sous la plume de Fénelon, devint une vertu ; sous Bossuet même elle n’était qu’une sainte violence.

1690. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIe entretien. Phidias, par Louis de Ronchaud (2e partie) » pp. 241-331

XVII Voilà un beau livre en effet : un livre où la science et le poète, le technique et l’idéal, la plume et le ciseau, se tiennent, se complètent, s’interprètent l’un l’autre dans cette langue du beau qui est l’idiome connu de tous les arts de l’esprit ; langue sacrée que le génie parle en naissant, et que la vraie critique, à force d’étude, comprend et fait comprendre au vulgaire. […] Devant nous grandissait et se détachait du tertre gris où il est placé, le temple de Thésée, isolé, découvert de toutes parts, debout tout entier sur son piédestal de rochers ; ce temple, après le Parthénon, le plus beau selon la science que la Grèce ait élevé à ses dieux ou à ses héros.

1691. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (3e partie) » pp. 5-79

Certains forçats, rêveurs perpétuels d’évasions, finissent par faire de la force et de l’adresse combinées une véritable science. C’est la science des muscles, toute une statique mystérieuse et quotidiennement pratiquée par les prisonniers, ces éternels envieux des mouches et des oiseaux.

1692. (1856) Cours familier de littérature. I « Ve entretien. [Le poème et drame de Sacountala] » pp. 321-398

M. de Chézy était érudit, je n’étais que poète ; il y a plus de mérite à émouvoir la science que l’imagination. Je ne crus bien moi-même à la réalité des motifs de mon enthousiasme qu’en le voyant répercuté dans le cœur d’un homme de science.

1693. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre V. Des orateurs anciens et Modernes. » pp. 223-293

Le ton touchant de la piété, l’onction, l’abondance, la science des applications, se font bien sentir dans tous ses écrits. […] Mais il est principalement connu par le Dictionnaire moral, ou la Science universelle de la Chaire, en six vol.

1694. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — I. » pp. 131-146

Sa doctrine, sa science, n’était pas des plus approfondies, des plus creusées, mais suffisante et agréable (Doctrina ei non recondita, sed sufficiens et amœna fuit).

1695. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal de Dangeau. tomes III, IV et V » pp. 316-332

On ne paye plus l’Académie des sciences, ni « la petite académie que M. 

1696. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Appendice » pp. 453-463

D’autres enfin n’ont pas eu du tout d’anathème : il ont osé soutenir en moralistes hardis, mais surtout en poètes, qu’il faut dans ce monde nouveau, où la nature domptée par la science devient la première collaboratrice de l’homme, marcher résolûment à la fortune pour en faire un large et magnifique usage, conquérir l’or pour le répandre ensuite d’une main souveraine, pour fertiliser en tous sens et renouveler la face de la terre.

1697. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Fanny. Étude, par M. Ernest Feydeau » pp. 163-178

Antiquaire par la science et l’imagination, auteur d’un travail où, avec une rare vigueur d’analyse, il a restitué et rendu présentes les royales cités, les immenses nécropoles de l’Égypte, M. 

1698. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — I » pp. 146-160

Pour désirer des places, il faut une science approfondie du cœur humain, et une conduite politique à l’avenant ; je dédaigne tant de prudence.

1699. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — III » pp. 174-189

Il n’y avait pas un moment à perdre pour les dispositions : on avait affaire à Souvarof, ce vieil et ardent guerrier, qui « avait l’âme d’un grand capitaine », s’il lui manquait la science et bien des parties du métier.

1700. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite et fin.) »

Il a besoin de clarté, d’idées rassérénantes, et il faut pour cela qu’il se tourne vers ces époques artistiques et littéraires, pendant lesquelles les hommes supérieurs, étant arrivés à un développement parfait, se sentaient bien avec eux-mêmes et pouvaient verser dans les âmes la félicité que leur donnait leur science. » Il fallut Walter Scott, son Ivanhoë et tant de délicieux romans, pour le réconcilier, un moment du moins, avec ces temps anciens et durs : nos essais français en ce genre n’y auraient réussi qu’imparfaitement.

1701. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine »

Il débite la science avec beaucoup de gravité ; il donne ses décisions avec une modestie suffisante, qui impose.

1702. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite et fin.) »

., 1851, tome II, pages 1-38), le jugement définitif que la science militaire et l’histoire ont porté sur cette campagne de 1758, qui a immortalisé dans le plus triste sens le nom du comte de Clermont.

1703. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand »

Plus de soixante ans après, au terme de sa carrière, M. de Talleyrand, adressant à l’Académie des sciences morales et politiques l’Éloge de Reinhard, prenait plaisir à remarquer que l’étude de la théologie, par la force et la souplesse de raisonnement, par la dextérité qu’elle donnait à la pensée, préparait très bien à la diplomatie ; c’en était comme le prélude et l’escrime ; et il citait à l’appui maint exemple illustre de cardinaux et de gens d’Église qui avaient été d’habiles négociateurs.

1704. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Sur la reprise de Bérénice au Théâtre-Français »

Il faut qu’il y ait beaucoup de science dans la contexture de Bérénice pour qu’une action aussi simple puisse suffire à cinq actes, et qu’on ne s’aperçoive du peu d’incidents qu’à la réflexion.

1705. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mémoires de madame de Staal-Delaunay publiés par M. Barrière »

Je sentois cependant que chaque instant l’éloignoit de moi, et ma peine prenoit le même accroissement que la distance qui nous séparait. » Nous surprenons ici le défaut ; cette peine qui croît en raison directe de la distance, c’est plus que du philosophe, c’est bien du géomètre ; et nous concevons que M. de Silly ait pu dire à sa jeune amie dans une lettre qu’elle nous transcrit : « Servez-vous, je vous « prie, des expressions les plus simples, et surtout ne faites « aucun usage de celles qui sont propres aux sciences. » En homme du monde, et plein de tact, il avait mis d’abord le doigt sur le léger travers.

1706. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre IV. Poésie lyrique »

Elle ne fut chez nos trouvères qu’une doctrine apprise, science, comme dit Montaigne, logée au bout de leurs lèvres, vaine et froide idéalité, aristocratique dessin d’une vie élégante, dont l’élégance consiste à exclure les sentiments naturels et à s’abstraire des conditions réelles de la vie.

1707. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre II. Le mouvement romantique »

Psychologie et science, art de penser et art de raisonner, méthode exacte et logique serrée, c’est ce dont il ne s’inquiète guère, et c’était précisément tout ce qui faisait l’intérêt, la valeur, l’originalité du xviiie siècle, la meilleure moitié de ce qui faisait l’intérêt, la valeur, l’originalité du xviie  siècle.

1708. (1894) Propos de littérature « Chapitre III » pp. 50-68

* *   * L’énergie studieuse d’un artiste de la plastique porte sur deux objets principaux : la science des milieux lumineux (« couleur ») et celle des formes y contenues (« lignes »).

1709. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre X. La commedia dell’arte en France pendant la jeunesse de Molière » pp. 160-190

« Première conclusion : Il n’est rien de plus dangereux Que l’étude et que la science, Et rien ne nous rend plus heureux Que la paresse et l’ignorance.

1710. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIV. La commedia dell’arte au temps de Molière (à partir de 1662) » pp. 265-292

Le premier président de Harlay, qui le rencontra souvent à la bibliothèque de Saint-Victor, fut si charmé de sa science et de sa modestie, qu’il l’embrassa et lui demanda son amitié.

1711. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre VII. L’antinomie pédagogique » pp. 135-157

Loin que la pédagogie dépende de la psychologie, c’est elle qui commande cette dernière science et même qui doit créer son objet.

1712. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Pensées de Pascal. Édition nouvelle avec notes et commentaires, par M. E. Havet. » pp. 523-539

Sa jeunesse échappa aux légèretés et aux dérèglements qui sont l’ordinaire écueil : sa nature, à lui, était très capable d’orages ; ces orages, il les eut, il les épuisa dans la sphère de la science, et surtout dans l’ordre des sentiments religieux.

1713. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence de la chaire. » pp. 205-232

Il cite saint Paul, dont toute la science étoit Jésus-Christ, & Jésus-Christ crucifié.

1714. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre douzième. »

Ils étendent partout l’empire des sciences.

1715. (1876) Du patriotisme littéraire pp. 1-25

Bersot, en qualité de président de l’Académie des sciences morales et politiques.

1716. (1936) Réflexions sur la littérature « 6. Cristallisations » pp. 60-71

Trop de philosophes, d’historiens de la philosophie paraissent encore demeurer à un stade de leur science analogue à celui où en étaient je ne dis pas les historiens, mais les auteurs de manuels d’histoire au temps de l’histoire-batailles.

1717. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE STAEL » pp. 81-164

Dans toutes les sciences, dit-elle, on débute par le plus composé pour arriver au plus simple ; en mécanique, on avait les rouages de Marly avant l’usage des pompes. « Sans vouloir faire d’une comparaison une preuve, peut-être, ajoute-t-elle, lorsqu’il y a cent ans, en Angleterre, l’idée de la liberté reparut dans le monde, l’organisation combinée du Gouvernement anglais était le plus haut point de perfection où l’on pût atteindre alors ; mais aujourd’hui des bases plus simples peuvent donner en France, après la Révolution, des résultats pareils à quelques égards, et supérieurs à d’autres. » La France doit donc persister, selon elle, dans cette grande expérience dont le désastre est passé, dont l’espoir est à venir. « Laissez-nous, dit-elle à l’Europe, laissez-nous en France combattre, vaincre, souffrir, mourir dans nos affections, dans nos penchants les plus chers, renaître ensuite, peut-être, pour l’étonnement et l’admiration du monde ! […] Vers la fin de l’introduction, Mme de Staël revient à l’influence des passions individuelles, à cette science du bonheur moral, c’est-à-dire d’un malheur moindre, et elle achève en éloquence attendrissante. […] Leroux (Revue Encyclopédique, mars 1833) a démontrée explicite au sein du dix-septième siècle, par plus d’un passage de Fontenelle et de Perrault, et que le dix-huitième a propagée dans tous les sens, jusqu’à Turgot qui en fit des discours latins en Sorbonne, jusqu’à Condorcet qui s’enflammait pour elle à la veille du poison, cette idée anime énergiquement et dirige Mme de Staël : « Je ne pense pas, dit-elle, que ce grand œuvre de la nature morale ait jamais été abandonné ; dans les périodes lumineuses comme dans les siècles de ténèbres, la marche graduelle de l’esprit humain n’a point été interrompue. » Et plus loin : « En étudiant l’histoire, il me semble qu’on acquiert la conviction que tous les événements principaux tendent au même but : la civilisation universelle… » — J’adopte de toutes mes facultés cette croyance philosophique : un de ses principaux avantages, c’est d’inspirer un grand sentiment d’élévation. » Mme de Staël n’assujettit pas à la loi de perfectibilité les beaux-arts, ceux qui tiennent plus particulièrement à l’imagination ; mais elle croit au progrès, surtout dans les sciences, la philosophie, l’histoire même, et aussi, à certains égards, dans la poésie, qui, de tous les arts, étant celui qui se rattache le plus directement à la pensée, admet chez les modernes un accent plus profond de rêverie, de tristesse, et une analyse des passions inconnue aux anciens : de ce côté se déclare sa prédilection pour Ossian, pour Werther, pour l’Héloïse de Pope, la Julie de Rousseau, et Aménaïde dans Tancrède. […] Dans l’admirable discours qu’elle fait tenir à Jean-Jacques par un solitaire religieux, il est posé que « le génie ne doit servir qu’à manifester la bonté suprême de l’âme. » Elle paraît très-occupée, en plus d’un passage, de combattre l’idée du suicide. « Quand on est très-jeune, dit-elle excellemment, la dégradation de l’être n’ayant en rien commencé, le tombeau ne semble qu’une image poétique, qu’un sommeil, environné de figures à genoux qui nous pleurent ; il n’en est plus ainsi, même dès le milieu de la vie, et l’on apprend alors pourquoi la religion, cette science de l’âme, a mêlé l’horreur du meurtre à l’attentat contre soi-même. » Mme de Staël, dans la période douloureuse où elle était alors, n’abjurait pas l’enthousiasme, et elle termine son livre en le célébrant ; mais elle s’efforce de le régler en présence de Dieu.

1718. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Les sciences et les belles-lettres n’étaient cultivées que par la noblesse et le clergé, ou par ceux qui s’y livraient spécialement ; mais un négociant ne connaissait d’autre lecture que celle de ses registres, d’autre étude que celle de son commerce. […] Les mêmes cours étaient alors suivis par plusieurs enfants qui plus tard se firent un nom dans les sciences et dans les lettres. […] Suivant un docteur contemporain qui trahit plus d’une fois les secrets du métier, le spirituel Guy Patin, Daquin, attaché à la personne du Roi par la faveur de madame de Montespan, et congédié par madame de Maintenon, n’était « qu’un pauvre cancre, race de juif, grand charlatan…, véritablement court de science, mais riche en fourberies chimiques et pharmaceutiques ». […] Ce raisonnement, qui, appliqué à d’autres sciences, pourrait se trouver juste, ne saurait l’être pour la médecine. […] Quand ils se trouvaient ensemble et qu’ils avaient bien parlé de leurs divertissements, si le hasard les faisait tomber sur quelque point de science ou de belles-lettres, ils profitaient de l’occasion : c’était toutefois sans s’arrêter trop longtemps à une même matière ; voltigeant de propos en autre, comme des abeilles qui rencontreraient en leur chemin diverses sortes de fleurs.

1719. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

 » On trouve cela étourdissant et l’on a raison ; mais il l’est tout autant de trouver Polyeucte deux cents ans avant tout le travail du dix-neuvième siècle sur les premiers temps du Christianisme ; et de trouver Hamlet trois cents ans avant la science de l’autosuggestion. […] Sully est assez vif, mais a quelques tendances peut-être à triompher trop vite, l’auteur, se plaçant sur le véritable terrain, c’est-à-dire sur celui de la physiologie-psychologie, étudie scrupuleusement la question du rire, en demandant tous les renseignements possibles, et il a bien raison, à la science des enfants et à la science des sauvages (il doit y avoir des mots grecs pour désigner ces deux branches de l’anthropologie ; mais je les ignore). […] Nous donnerions volontiers au réalisme le simple nom de science des détails. […] C’est bien un progrès comme science du théâtre et de la vie, et pourtant j’aimais mieux Diane [Diane de Lys] et Marguerite [Dame aux Camélias], parce que j’aime les pièces où je pleure. […] Surtout, répondrez-vous peut-être, pour ce qui est de la science du groupe et du don inné de le faire pittoresque, puissant, imposant, esthétique de toute manière.

1720. (1930) Le roman français pp. 1-197

Elle y prend autant d’intérêt — et davantage — que nous, du siècle actuel, à la politique et à la science. […] Heureuse science : c’est à elle que nous devons ce chef-d’œuvre, Crainquebille, où l’agent de police, modeste représentant de la force publique, parle aussi juste, avec une philosophie aussi profonde, que, de ses misères, le pauvre bougre auquel il dresse contravention. […] pourquoi s’est-il mêlé d’écrire des romans, soupirait-il, sans cela il serait à l’Académie des sciences !  […] Pour les « officiels », Rosny, ayant publié des romans, ne sera jamais qu’un amateur en fait de science, et nous repoussons dédaigneusement les amateurs, au contraire de l’Angleterre, qui a su — on en pourrait citer vingt autres exemples — reconnaître le réel mérite d’un John Lubbock, dont elle a fait un baronet, puis un pair du royaume. […] J’allais oublier : la nouvelle génération littéraire nous dit : « Tout est changé dans le monde par la science, les applications de la science à la vie humaine et ce qu’on pourrait appeler la métaphysique nouvelle tirée des dernières déductions de la science. » Ceci est la vérité extérieure dont il faut tenir compte, aussi largement que possible.

1721. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LA FAYETTE » pp. 249-287

Avec cela, Mme de La Fayette avait grand soin (Segrais nous en avertit encore) de ne faire rien paraître de sa science ni de son latin, pour ne pas choquer les autres femmes. […] Il avait peu étudié, nous dit Segrais, mais son sens merveilleux et sa science du monde suppléaient à l’étude.

1722. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre troisième. La connaissance de l’esprit — Chapitre premier. La connaissance de l’esprit » pp. 199-245

— Nous prévoyons que le soleil se lèvera demain, qu’il décrira telle courbe dans le ciel, qu’il se couchera à tel endroit, à telle heure, et même, avec l’aide des sciences, que dans tant d’années, à telle minute, il subira une éclipse de telle grandeur. […] (Max Müller, Science du langage, II, 67, trad.

1723. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque (2e partie) » pp. 81-155

« Il y a longtemps, lui disait ce pape passionné pour les lettres, que je désire voir en vous un homme doué de toutes les vertus et orné de toutes les sciences ; vous ne pouvez l’ignorer, et cependant vous ne venez pas. […] Ils voulaient entraîner Pétrarque dans leur dédain des doctrines révélées, dans leur enthousiasme pour les doctrines scientifiques et rationnelles ; ils demandaient comme Aristote à la science et au raisonnement l’explication des mystères de l’une et l’autre vie.

1724. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (2e partie) » pp. 177-248

Les philosophes, même les plus sublimes, peuvent créer une philosophie, agiter par leur science le siècle qu’ils honorent : ils font penser, ils ne font pas croire. […] Bonaparte, initié par ce grand homme d’État à la diplomatie européenne, prend de son ministre la science des traditions, mais ne suit en rien ses conseils à longue vue.

1725. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (1re partie) » pp. 337-416

Dieu n’a pas voulu que, dans la science expérimentale par excellence, qui est la politique, la société pût réaliser ses rêves et se passer de l’épreuve du temps, de la connaissance des hommes, des leçons de l’histoire et du contrôle des réalités. […] Rousseau, y a-t-il dans tout cela la moindre condition de ce noviciat de raison, de vertu, de science, de voyages à travers le monde, d’études spéciales des institutions sociales, de pratique des choses et des hommes, de nature à former un législateur ?

1726. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VIII. La littérature et la vie politique » pp. 191-229

Comment l’éloquence et la science politiques auraient-elles pu se développer dans de pareilles conditions ? […] Élu membre de l’Académie française, il avait écrit dans son discours de réception cette phrase, en faisant, suivant l’usage, l’éloge de son prédécesseur qui était Marie-Joseph Chénier : « La liberté est si naturellement l’amie des sciences et des lettres qu’elle se réfugie auprès d’elles, lorsqu’elle est bannie, du milieu des peuples. » Il avait eu beau prendre ses précautions, mêler à ses paroles un hommage à César ; quand l’Empereur eut entre les mains le discours qui devait lui être soumis avant d’être prononcé, il entra dans une colère frénétique.

1727. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVI. La littérature et l’éducation publique. Les académies, les cénacles. » pp. 407-442

Querelle grave, qui renaît autour de nous entre ceux qui veulent garder à l’enseignement des collèges la base qui lui fut donnée au temps de Henri IV et ceux qui entendent la changer en faisant une part plus large aux sciences et aux langues vivantes. […] Quelle part y est faite aux sciences, aux lettres, aux arts, aux exercices du corps ?

1728. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juin 1885. »

Qu’il unisse intimement la poésie et la musique, non pour les faire briller l’une par l’autre, mais en vue du drame seul ; qu’il repousse sans faiblesse, poète, tous les agréments littéraires, musicien, toutes les beautés vocales et symphoniques qui seraient de nature à interrompre l’émotion tragique ; qu’il renonce au récitatif, aux ariettes, aux strettes, aux ensembles même, à moins que le drame, à qui tout doit être sacrifié, n’exige l’union des voix diverses ; qu’il rompe le cadre de l’antique mélodie carrée ; que sa mélodie, sans se germaniser, se prolonge infiniment selon le rythme poétique ; que sa musique, en un mot, devienne la parole, mais une parole qui soit la musique pourtant ; et surtout, que l’orchestre mêlant, développant, par toutes les ressources de l’inspiration et de la science, les thèmes représentatifs des passions et des caractères, soit comme une grande cuve où l’on entendra bouillir tous les éléments du drame en fusion, pendant qu’enveloppée de l’atmosphère tragique qui en émane, l’action héroïque et hautaine, complexe, mais logiquement issue d’une seule idée, se hâtera parmi les passions violentes et les incidents inattendus, et les sourires, et les pleurs, vers quelque noble émotion finale ! […] Et, sur le sol d’une histoire falsifiée, d’une science falsifiée, d’une religion falsifiée, le peuple autrichien, que la Nature avait fait d’âme sereine et joyeuse, fut conduit à ce scepticisme, si manifestement frivole, qui devait ruiner et ensevelir, avant tout, l’amour de la vérité, et de l’honneur, et de l’indépendance.

1729. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1884 » pp. 286-347

Un moment, il indique, en quelques mots, comme la chose la plus ordinaire, la tombée à la mer d’un matelot par un gros temps, et l’absolution, donnée du haut du pont, par l’aumônier, à ce malheureux abandonné sur sa bouée… Et comme Daudet lui demande, s’il est d’une famille de marins, il répond le plus simplement du monde, de sa petite voix douce : « Oui, j’ai eu un oncle, mangé sur le radeau de la Méduse. » Lundi 11 février D’où vient que devant un monsieur qui passe dans la rue, un monsieur anonyme et qui n’a pas même une décoration à sa boutonnière, vous avez la perception que ce monsieur a une célébrité, une notoriété, une importance dans les affaires, la science, les lettres, les arts ? […] Et ici, il n’est pas question de gentillesse, il s’agit de science, de maîtrise.

1730. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « III. M. Michelet » pp. 47-96

Arrivé aujourd’hui au commencement du dix-septième, nous le retrouvons tel que nous l’avons connu dans les publications précédentes : historien effaré, qui ne veut pas se donner la peine de faire bien ; qui sait, mais qui met sa haine au-dessus de la science ; coquet dans cette haine comme la femme que nous avons dit qu’il était ; artiste en blessures, travaillant ses assassinats comme des bijoux. […] et qui commence ainsi : « Ne cherchez point le prêtre dans la science et dans les lettres, etc., etc. », il écrit avec aplomb que « le prêtre n’a plus que les petites facultés d’intrigue et de ménage, mais qu’il a perdu les grandes facultés viriles, surtout l’invention, et que depuis cent cinquante ans il s’est énervé et n’a plus rien produit ».

1731. (1739) Vie de Molière

L’esprit de raison s’est introduit dans toutes les sciences, et la politesse dans toutes les conditions. […] Mme Dacier, qui a fait honneur à son sexe par son érudition, et qui lui en eût fait davantage si avec la science des commentateurs elle n’en eût pas eu l’esprit, fit une dissertation pour prouver que l’Amphitryon de Plaute était fort au-dessus du moderne ; mais ayant ouï dire que Molière voulait faire une comédie des Femmes savantes, elle supprima sa dissertation.

1732. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Geoffroy de Villehardouin. — I. » pp. 381-397

Car enfin la langue du Moyen Âge est une langue à part, et si on la comprend en gros tout d’abord, on n’a pas trop de toute la science philologique pour la rendre de près et par le menu.

1733. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — I. » pp. 19-35

Depuis que la nature physique est plus connue et que la science en observe et en expose successivement les lois, il serait à craindre que la pensée de Dieu, même auprès de ceux qui ne cessent de l’admettre et de s’incliner devant elle, ne reculât en quelque sorte aux confins de l’univers et ne s’éloignât trop de l’homme, jusqu’à ne plus être à son usage et à sa portée ; il serait à craindre que ce Dieu, tel qu’on a reproché à Bolingbroke de le vouloir établir, Dieu plus puissant que bon, plus souverainement imposant que présent et que juste, Dieu qu’on admet en un mot, mais qu’on n’adore point et qu’on ne prie point, il serait à craindre que ce Dieu-là ne prît place, et seulement pour la forme, dans les esprits, si la pensée chrétienne ne veillait tout à côté, si le Dieu du Pater ne cessait d’être présent matin et soir à chaque cœur, et si la prière ne maintenait cette communication invisible et continuelle de notre esprit borné avec l’Esprit qui régit tout.

1734. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — I. » pp. 91-108

Quand un plan judicieux, éclairé, approprié à nos mœurs, sera substitué aux formes actuelles, les sciences seules pourront servir d’aliment à l’esprit ; mais l’inertie générale ne permettra pas une grande application.

1735. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — I. » pp. 180-197

Poujoulat écrit dans toute la confiance et la sécurité des convictions françaises, qui ne soupçonnent pas assez la nature et la force des objections mises en avant par une science critique plus indépendante, plus étendue.

1736. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — II. (Fin.) » pp. 427-443

Je crois qu’il est plus facile de trouver chez les artistes des choses faites bien spirituellement et vite, que des idées profondes rendues avec science et sentiment.

1737. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance de Buffon, publiée par M. Nadault de Buffon » pp. 320-337

Daubenton seraient bien aises de vous voir en ce pays-ci (à Paris où elle habitait ; elle était allée faire un voyage en Bourgogne) ; mais vous savez, bonne amie, qu’ils ne sont ni l’un ni l’autre bien ardents sur rien. » C’est dans la même lettre qu’on lit encore : « Dites-moi, jour par jour, bonne amie, votre marche et les lieux que vous habitez ; je donnerais toute ma science pour savoir seulement où vous êtes, et tous mes papiers pour un billet de vous où serait tout ce qui ne s’écrit pas. » Dans cette branche toute particulière et la plus fleurie de la Correspondance, Buffon, qui n’a guère moins de soixante-six ans, paraît un peu amoureux de la jeune dame, si l’on ose bien hasarder (en tout bien, tout honneur) une telle conjecture ; il est galant, il fait l’aimable, il y réussit.

1738. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mémoires pour servir a l’histoire de mon temps. Par M. Guizot »

Molé, avec infiniment moins de talent et de science que messieurs les doctrinaires, était par l’esprit plus homme d’État qu’eux, et avait des parties supérieures pour le gouvernement, l’art de concilier et de gagner, le ménagement des hommes, le sentiment et le tact des situations.

1739. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Essais de politique et de littérature. Par M. Prevost-Paradol. »

Un remarquable mémoire, du Rôle de la Famille dans l’Éducation (1857), couronné par l’Académie des sciences morales et politiques, termine cette suite de noviciats et d’épreuves sans fatigue, que récompensait chaque fois le succès.

1740. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourgogne, par M. Michelet »

Un aperçu piquant qu’on saisit en l’air et qu’on attrape à la volée, une anecdote d’alcôve, n’est point une raison sérieuse, et il faudrait laisser à la porte de la sévère histoire toutes ces sciences conjecturales et qui sont à naître ou à peine nées encore.

1741. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. (Suite.) » pp. 52-72

ni d’émeute, ni de tyran. » D’un tel éloge accordé aux compatriotes d’Hamilcar et d’Hannon par le maître de la science politique dans l’Antiquité, il n’y a, ni de près ni de loin, aucun moyen de conclure à cette scène de forcenés et de sicaires, dans laquelle Hannon hurle, et où chacun, par précaution, a apporté son couteau dans sa manche.

1742. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre. »

Il est impossible d’allier plus d’esprit, plus de modestie et de cette urbanité qui jette sur la science un vernis si aimable.

1743. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite et fin.) »

Il tient le sceptre aujourd’hui dans la patrie de la gaie science et des troubadours57.

1744. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Préface »

Toutes les sciences incertaines et dont les principes peuvent varier selon les circonstances de lieu, de temps, ont ainsi des mots pour généraliser au besoin, d’une manière indécise, quelque chose d’indéterminé.

1745. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Jean-Baptiste Rousseau »

Nul rhythme, nulle science même dans ces petits vers si célèbres, et où fourmillent les banalités de redoutable, formidable, effroyable, de terreur, fureur et horreur.

1746. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre II »

Vous arriverez, par cette gymnastique intellectuelle, à donner à votre esprit une puissance de déduction inconnue à ceux qui restent servilement dans le sillon creusé par leurs maîtres, moins par respect pour ceux qui ont ouvert les portes de la science que par paresse ou insuffisance. » L’emploi véridique de ce procédé, en littérature, suppose donc un certain degré de nescience de la part de l’auteur.

1747. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Notes sur l’Ancien-Régime »

Mon récit paraissait vivement les intéresser, et, s’ils m’interrompaient, c’était pour m’adresser des questions d’une remarquable naïveté et qui prouvaient que, dépourvus de toute notion, même superficielle, sur les sciences et les voyages, ils étaient aussi ignorants sur ces matières que pouvaient l’être de vieux rentiers au Marais. » Note 5.

1748. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre III. Madame de Staël »

Dieu donnait à son esprit l’infini de la science comme à son cœur l’infini de l’amour.

1749. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « La comtesse Diane »

Du triple extrait de sagesse, de science et d’expérience.

1750. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « J.-J. Weiss  »

Et rien ne nous montrerait mieux que cette critique étincelante et décevante la vanité de la critique, si toutefois nous avions l’ingénuité de la considérer comme une science.

1751. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Les deux Tartuffe. » pp. 338-363

Selon divers besoins, il est une science D’étendre les liens de notre conscience, Et de rectifier le mal de l’action Avec la pureté de notre intention, ne peuvent être que d’un terrible pince-sans-rire et d’un railleur raffiné et hardi.

1752. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre V. Premiers aphorismes de Jésus. — Ses idées d’un Dieu Père et d’une religion pure  Premiers disciples. »

Si Dieu, en effet, est un être déterminé hors de nous, la personne qui croit avoir des rapports particuliers avec Dieu est un « visionnaire », et comme les sciences physiques et physiologiques nous ont montré que toute vision surnaturelle est une illusion, le déiste un peu conséquent se trouve dans l’impossibilité de comprendre les grandes croyances du passé.

1753. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — III. (Suite et fin.) » pp. 47-63

Ce Dandolo, homme d’esprit, assez bon chimiste, occupé de sciences, d’améliorations et d’industrie, était une tête très vive, et parlait avec facilité, abondance et feu.

1754. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Les regrets. » pp. 397-413

Les générations ne sont pas à la veille de tomber dans la barbarie parce qu’elles apprendront un peu plus de sciences et un peu moins de lettres proprement dites, parce qu’on saura des mathématiques, de l’astronomie physique, de la botanique et de la chimie, qu’on se rendra mieux compte de cet univers où l’on vit et qu’il était honteux d’ignorer.

1755. (1913) Le bovarysme « Troisième partie : Le Bovarysme, loi de l’évolution — Chapitre I. Le Bovarysme de l’individu et des collectivités »

Cette science nous montre tout d’abord que les organismes sont susceptibles de changements d’autant plus grands qu’ils sont plus proches de leur origine.

1756. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Th. Dostoïewski »

Effrayé de la peur de la vie et souffrant misérablement de son horreur, pénétrant l’homme dans ses dessous farouches et douloureux, pris du triste amour de sa chair souffreteuse, ne voyant en toute transgression que le commencement du châtiment, inquiet, éperdu et aimant, obstinément attaché à débattre et à retourner le problème du mal, du péché et de la peine, interrogeant la science et violenté, dans son âme obscure et slave, par la hautaine impiété de la philosophie évolutionniste, par ces doctrines qui, extraites et résumées du cours des astres, du choc des atomes, du sourd essor de la substance organique, puisent dans leur origine matérielle une inhumaine dureté et font au ciel qu’elles mesurent et dans l’âme qu’elles analysent un épouvantable et clair vide, frémissant du tranquille déni qu’elles opposent au problème final de toute méditation irréaliste — le but et le sens de la vie, — et finalement repoussé par les sèches raisons dont elles interdisent la pitié, l’aide aux faibles, aux malades, aux méchants, par la nécessité de ne point intervenir dans la lutte de tous contre fous, qui est à la fois la loi du monde vivant et la source même de ce qui nous pousse à la violer, — Dostoïewski s’est violemment rejeté en arrière ; sortant de toute église comme de tout enseignement, maudissant toute intelligence, se contraignant à croire ce qui console non sans trembler de la peur tacite d’être déçu, il a rivé ses yeux sur l’Évangile, il s’est prosterné pleurant sur la face pleurante d’un Christ populaire, en une agonie de pitié, de douleur, d’angoisse, d’effroi, de fou désespoir et de tremblante supplication aussi tragique en sa clameur que les affres contenues de Pascal.

1757. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Paragraphe sur la composition ou j’espère que j’en parlerai » pp. 54-69

Mais en laissant aux mots les acceptions reçues, je vois que la peinture de genre a presque toutes les difficultés de la peinture historique ; qu’elle exige autant d’esprit, d’imagination, de poésie même ; égale science du dessin, de la perspective, de la couleur, des ombres, de la lumière, des caractères, des passions, des expressions, des draperies, de la composition ; une imitation plus stricte de la nature, des détails plus soignés ; et que nous montrant des choses plus connues et plus familières, elle a plus de juges et de meilleurs juges.

1758. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 24, des actions allegoriques et des personnages allegoriques par rapport à la peinture » pp. 183-212

Les personnes les mieux informées des particularitez de la vie de Marie De Medicis, comme les plus sçavantes dans la mythologie et dans la science des emblêmes, ne conçoivent pas la moitié des pensées de Rubens.

1759. (1900) Le lecteur de romans pp. 141-164

Observez comme ils s’y emploient : ils l’écartent des compagnies dangereuses ; ils ferment à clef la petite bibliothèque vitrée ; ils s’abstiennent devant lui, non seulement de mots libres, mais de conversations qui pourraient, tout honnêtes qu’elles soient, lui donner trop tôt la science du milieu de la vie ; ils veillent à ne l’initier que peu à peu aux préoccupations, aux passions, au langage même des âges qui ne sont pas venus pour lui.

1760. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre V : M. Cousin historien et biographe »

Ces mots magiques, nul raisonnement, nulle science ne les découvre ; ils sont le langage de l’imagination qui parle à l’imagination ; ils expriment un état extraordinaire de l’âme qui les trouve, et mettent dans un état pareil l’âme qui les écoute ; ils sont la parole du génie ; ils ne sont donnés qu’à l’artiste, et changent la triste langue des analyses et des syllogismes en une sœur de la poésie, de la musique et de la peinture.

1761. (1895) La comédie littéraire. Notes et impressions de littérature pp. 3-379

Écolier : « travaille, petit écolier, car la science est nécessaire, mais ne perds pas l’habitude de prier » ; le Vieux : quand le paysan ne peut plus travailler, il se sent inutile, il se décide à mourir ; En route : le départ du conscrit (nous commençons à retrouver notre Déroulède) ; le Sentier, saynète : Colin et Colette se rencontrent. […] Après quoi, pour calmer ses remords, il se consacre aux sciences hermétiques. […] Il acquit ainsi de vastes connaissances ; son esprit puissant retint et classa toutes les sciences diverses qu’il était obligé de remuer ; et cette encyclopédie, qu’il bâtissait presque à lui seul, se gravait ainsi dans son cerveau. […] Hermann a grandi dans une atmosphère intellectuelle ; il a beaucoup vu, beaucoup réfléchi ; la science a tué en lui l’orgueil, il s’est attristé au spectacle de la condition humaine, il en est arrivé à se convaincre, qu’en dépit de son blason il est l’égal de ses sujets et il se jure de les aider, d’améliorer leur condition, si jamais la fortune lui en donne les moyens… La fortune l’exauce. […] Il n’est que sensitif, inquiet, avide d’inconnu, précocement dégoûté du monde… Aussi s’adonne-t-il avec passion aux sciences occultes, recherche-t-il la société des sârs, des mages, des mérodacks, donne-t-il dans la manie des arts puérilement mystiques : Pendant plusieurs années, tous les adolescents symbolystes, décadents et instrumentistes, tous les pseudomystiques, et les néo-moyenâgeux, tous les inventeurs de frissons nouveaux et de prosodies inaccoutumées, tous les occultistes, les sârs, les rose-croix et les sadiques, et aussi les musiciens pour qui Wagner n’est qu’un précurseur et qui orchestrent « J’ai du bon tabac » avec les bruits de la grève et de la forêt, et encore les peintres esthètes, les peintres bleus et jaunes, ceux qui dessinent très mal de longues âmes encerclées de petits plis et tenant des lis dans leurs mains d’âmes, et pareillement les pointillistes, les tachistes, les luministes, ceux qui voient les paysages comme des envers de tapisseries et qui, sous prétexte que tout dans le monde des couleurs n’est qu’échange de reflets, peignent des cuisses mauves et des seins couleur de soufre, tous les ahuris ou tous les farceurs de la littérature et de l’art, tous les désireurs d’on ne sait quoi eurent leur couvert mis chez le prince Renaud et puisèrent dans sa bourse crédule.

1762. (1926) La poésie de Stéphane Mallarmé. Étude littéraire

C’est d’ailleurs l’attitude naturelle de la science et de la philosophie. […] Un tel ouvrage serait pour ainsi dire le résultat de la vision des poètes devant le à divers règnes que nous avons établis dans la nature pour mettre de l’ordre dans nos recherches, et il participerait des sciences autant que des arts. Il serait non seulement le répertoire des images poétiques réalisées jusqu’à ce jour, mais encore un classement raisonné des formes et de leurs rapports, selon tout ce que la science peut et pourra nous en apprendre… La question de l’unité dans le multiple est la racine de toute philosophie, de tout art, de toute science, de toute critique, et au fond il n’y aqu’un sujet, c’est celui-là60. » Et M.  […] A celle-là le Montreur des choses passées « dans le silence inquiet de tous les yeux suppliant là-bas le soleil qui sous l’eau s’enfonce avec le désespoir d’un cri », apporte avec toute sa beauté, « préservée à travers les âges par la science souveraine », une Femme d’autrefois. A la même époque Villiers donnait à la science souveraine la tâche contraire de construire l’Eve Future.

1763. (1914) Note conjointe sur M. Descartes et la philosophie cartésienne pp. 59-331

Et même une science antique. […] D’autre part on pose, (plus ou moins explicitement), que toute science et connaissance est enregistrement et histoire. Après ça on parle de science et de connaissance du présent. Et on entend la même science et la même connaissance. […] Ce qu’ils nomment le progrès de la science, c’est le progrès de leur propre carrière.

1764. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

Que de poètes, que d’écrivains, et combien de philosophes ont invoqué la science et la piété du docteur Blanche ! […] Vous dites qu’il y a des physiologistes, vous parlez d’une science intitulée la phrénologie, la philosophie, la médecine, l’explication des songes, — que sais-je ? […] À la rigueur, on peut espérer que mademoiselle Cathos, mademoiselle Madelon, mademoiselle Armande elle-même, bien qu’elle soit cruellement gangrenée de science et d’envie, auront fini par se corriger et par épouser quelque honnête homme qui les aura mises à la raison. […] On se rappelle l’admirable scène du troisième acte, quand sont réunis les divers acteurs de ce grand drame, et quand, seule entre ces vanités furieuses, la jeune Henriette tient tête à tous ces forcenés de science et de littérature. […] quelle plus gaie et plus vraie science que celle-là ?

1765. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Madame de Verdelin  »

La femme de Mantinée, Diotime, qui est invoquée dans le Banquet de Platon et qui dit de si belles choses par la bouche de Socrate, est une initiée, une sorte de prêtresse ou de femme docteur ès sciences amoureuses et sacrées, et elle sort des conditions ordinaires. […] Ils commencèrent, à leur tour, à jouir des facilités et des faveurs de la société nouvelle, dès le Moyen-Age florissant, dans cette patrie de la gaie science, dans cette contrée des troubadours.

1766. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre deuxième. La connaissance des corps — Chapitre premier. La perception extérieure et les idées dont se compose l’idée de corps » pp. 69-122

Partant, les trois dimensions, c’est-à-dire le volume ou la grandeur totale d’un objet solide, sont perçues de la même manière… On voit sans difficulté qu’il en est de même pour ce qu’on appellesituation ou emplacement, puisque la situation est déterminée par la distance jointe à la direction, la direction étant elle-même déterminée par la distance aussi bien dans l’observation commune que dans les sciences mathématiques. — Pareillement, la forme est désignée et reconnue grâce aux mêmes sensations d’étendue ou de parcours27. — Ainsi, grâce aux sensations musculaires considérées au point de vue de leur prolongation plus ou moins grande, nous pouvons comparer les différents modes de l’étendue, en d’autres termes des différences de longueur, de surface, de situation et de forme. […] À ce titre, tous les faits ou événements de la nature pourraient se ramener à des mouvements, et nos sciences, ayant toutes pour objet le dégagement des éléments simples, pourraient toutes, comme en effet elles y tendent, se ramener à la mécanique.

1767. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier. — Correspondance de Chateaubriand (3e partie) » pp. 161-240

Indépendamment de Ballanche, d’Ampère, de Sainte-Beuve, de M. de Fresnes, son jeune et spirituel parent, de Brifaut, on y rencontrait Émile Deschamps, l’agrément et la conversation personnifiée dans la science des lettres et dans la bonté fine du cœur. […] Ampère voyage, pareil à l’esprit errant, des déserts d’Amérique aux déserts d’Égypte, sans trouver le repos dans le silence ni l’oubli dans la foule, et rapportant de loin en loin dans sa patrie de la science, de la poésie, de l’histoire, qu’il jette, comme les fleurs de sa vie, sur le cercueil de son amie.

1768. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (2e partie) » pp. 161-239

Comme la science qui nourrit la piété devient vivante et éloquente sans chercher les mots ! […] C’est ainsi que nous comprenons la science.

1769. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre troisième »

La chevalerie, les sciences physiques et naturelles, l’astronomie, la géographie, étaient enseignées didactiquement dans ces poëmes. […] Les secrétaires sont la Science et la Prudence ; le procureur général est l’Éloquence théologique, « aux discours doux et modérés », dit Jean Gerson, qui avait lui-même le secret de ces discours-là.

1770. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VII, seconde guerre médique. »

Même dans la guerre, sa science unique, elle eut toujours la gaucherie de l’athlète avec sa vigueur. […] Sans parler de l’histoire détournée de son cours normal, des législations abolies, des cités extirpées, des démocraties naissantes enchaînées, des marches en avant immobilisées, de Rome, cette seconde floraison de la Grèce, étouffée en germe, tout art idéal, toute poésie vivante, toute science progressive auraient disparu du monde obscurci.

1771. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1872 » pp. 3-70

Mais pour faire ces romans tout unis, ces romans de science humaine, sans plus de gros drame, qu’il n’y en a dans la vie, il ne faut pas en pondre un, tous les ans… Savez-vous qu’il faut des années, des années de vie commune avec les gens qu’on veut peindre, pour que rien ne soit imaginé, qui ne corresponde à leur originalité propre… Oui, des romans comme cela, un romancier ne peut en fabriquer qu’une douzaine, dans sa longue vie, tandis qu’un de ces romans, qu’on fait avec le récit d’une aventure, amplifiée augmentée, chargée, dramatisée, on peut l’écrire en trois mois, ainsi que le fait Feuillet et beaucoup d’autres. […] L’élégante retraite en arrière de ce torse verdâtre, — et comme enduit de décomposition, — en la naissance presque visible, dans son immobilité, du mouvement qui va sonner l’heure ; la tension rigide de cette jambe droite précédant de son pied aux petits osselets décharnés, la marche trop lente du coursier ; l’inclinaison de la tête, semblant un salut ironique de cette tête de mort ; le naturel, la science de cette équitation macabre ; enfin le précieux, le fini, le réalisme même de ce cavalier-cadavre, contrastant avec la grossièreté barbare, l’érupement naïf, le fantastique de ce lion, sculpté d’après un bouquin héraldique, offrent un des échantillons les plus frappants, les plus caractéristiques, les plus réussis de cet art amoureux du néant, de cet art galantin de la mort, qui fut l’art du moyen âge.

1772. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIe entretien » pp. 5-85

Mais voilà l’Amérique du Nord qui y touche par la science, par l’histoire, par la poésie, par le roman, cette poésie domestique. […] Depuis Sannazar à Naples, Dante, Politien, Boccace en Toscane, tout le siècle de Léon X à Rome, tout celui des Médicis à Florence, toute la période des princes littéraires de la maison d’Est, jusqu’à Alfieri à Turin, Goldoni à Venise, Monti, Parini, Beccaria à Milan, la multitude innombrable de noms justement séculaires qui se déroula dans cet entretien, les citations présentes à la mémoire comme si les livres eussent été sous les yeux, les observations fortes et fines, les rivalités balancées, les enthousiasmes raisonnés, la science présente et unanime de tous les monuments de la pensée italienne dans les hommes qui composaient ce cénacle, me jetèrent dans un véritable vertige d’admiration pour ce génie italien que l’on peut fouler aux pieds des armées, mais que l’on ne peut jamais rendre improductif : plante qui végète comme les ronces du Colisée, plus vivace dans les ruines que dans les sillons.

1773. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — II. (Fin.) » pp. 20-37

Aussi, un siècle juste après Massillon, un orateur que je n’irai point jusqu’à lui comparer pour le talent, mais qui a soutenu bien honorablement l’héritage de la parole sacrée, l’abbé Frayssinous, dans ses conférences ouvertes sous l’Empire et depuis, avait à discuter devant d’honnêtes gens, la plupart jeunes, non plus désireux de douter, mais plutôt désireux de croire, les points controversés de la doctrine et de la tradition historique, et il le faisait avec une mesure de science et de raison appropriée à cette situation nouvelle.

1774. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — II. (Fin.) » pp. 62-79

Elle nous le montre libertin, même dans les choses de l’esprit, même dans les choses de science, c’est-à-dire curieux et amoureux de tout ce qu’il voyait, et dégoûté de tout ce qu’il possédait : « Quoiqu’il parle de choses savantes, on voit pourtant bien qu’au lieu de lui faire plaisir, elles l’ennuient.

1775. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — I. » pp. 80-97

Dans la première partie, il avait eu pour guide, comme il le dit lui-même en commençant, la chronique de Jean le Bel, chanoine de Saint-Lambert de Liège (je change à peine quelques mots dans ma citation pour qu’on puisse lire couramment) : On dit, et c’est vrai, que tout édifice est formé et maçonné une pierre après l’autre, et toutes grosses rivières sont faites et rassemblées de plusieurs ruisseaux et fontaines : de même les sciences sont extraites et compilées par plusieurs clercs et savants, et ce que l’un sait l’autre ne le sait pas : pourtant il n’est rien qui ne soit su de loin ou de près.

1776. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Maucroix, l’ami de La Fontaine. Ses Œuvres diverses publiées par M. Louis Paris. » pp. 217-234

Sa manière, qui se rapporte bien à celle des traducteurs de son siècle, qui ont Perrot d’Ablancourt pour chef, est large, facile, coulante, naturelle : « Il n’y a rien de gêné, disait Boileau d’une des traductions de Maucroix ; tout y paraît libre et original. » Maucroix aimait cette habitude et ce train de traduire, même lorsqu’il l’appliquait à des matières assez ingrates : Pour écrire, disait-il, il me faudrait un grand fonds de science et peu de paresse.

1777. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — II » pp. 18-35

Dacier, homme fort fameux par son érudition et ses ouvrages, qui a épousé Mlle Le Fèvre, plus fameuse encore que lui par sa profonde science, avait eu une pension du roi de 500 écus ; ils se sont tous deux convertis depuis quelques mois. » Bien plus, c’étaient M. et Mme Dacier qui avaient décidé la conversion entière de la ville de Castres. — « Dimanche, 17 février. — J’appris que le roi donnait à Foran 1500 francs de pension en faveur de sa conversion, outre celle de 2000 francs que le roi leur donna, à Villette et à lui, il y a quelque temps, comme chefs d’escadre ; ils sont tous deux nouveaux convertis, et le roi répand volontiers ses grâces sur ceux qu’il croit convertis de bonne foi. » — « 10 mars. — Le roi donne au marquis de Villette, cousin-germain de Mme de Maintenon et chef d’escadre, une pension de 3000 fr. ; il s’est converti depuis peu. » Ces sortes de pensions et de faveurs sont à l’infini : elles sont décernées hautement, données de bon cœur et de bonne foi, non pas comme motif de la conversion, mais après la conversion et comme marque de satisfaction du prince pour un retour à la règle.

1778. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — I » pp. 236-253

Un jésuite, homme de grand mérite, le père Buffier, qui, dans son Cours de sciences, a consacré tout un chapitre au livre de Charron, a dit : « Il n’est guère d’ouvrage de morale plus rempli que celui-ci, ni qui contienne plus de choses dans un moindre volume.

1779. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Préface pour les Maximes de La Rochefoucauld, (Édition elzévirienne de P. Jannet) 1853. » pp. 404-421

Les Bourdaloue, les Massillon, se rencontrent avec La Rochefoucauld dans la description du mal et dans la science consommée des motifs.

1780. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — I » pp. 298-315

Il réussit à tous les exercices qui faisaient partie de l’éducation d’un gentilhomme et d’un homme de guerre, et s’appliqua aussi aux choses de l’esprit, notamment à l’histoire, à la géographie, aux mathématiques, qu’il disait être la véritable science d’un prince.

1781. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Madame Bovary par M. Gustave Flaubert. » pp. 346-363

Car en bien des endroits, et sous des formes diverses, je crois reconnaître des signes littéraires nouveaux : science, esprit d’observation, maturité, force, un peu de dureté.

1782. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — II » pp. 435-454

Et cependant, toi, l’ami et l’élève éclairé des sciences ; toi, mon ami, tu cherches avec plus d’ardeur à te faire confondre dans la foule des grands d’un petit État, qu’à obtenir par tes travaux l’estime et l’amitié des véritables grands de la terre !

1783. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Lammenais » pp. 22-43

La science, pour lui, ne venait qu’après, à l’appui de sa foi, de celle qu’il avait pour le moment, et comme pièce de démonstration.

1784. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres publiées par M. de Falloux. »

Mais on l’admire, en mainte rencontre, pour cette science morale dont on lui doit tant de remarques fines et pénétrantes, et qui fait d’elle, à quelques égards, le pendant de l’ingénieux M. 

1785. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Journal de la santé du roi Louis XIV »

Mme de Maintenon le citait pour modèle comme l’opposé du pédant et de ceux qui affectent les termes de science : « On loue souvent, disait-elle, M. 

1786. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Études de politique et de philosophie religieuse, par M. Adolphe Guéroult. »

Un bien-être de plus, un mieux-être que la science, la civilisation, une bonne police, un gouvernement attentif et philanthropique, procurent au grand nombre des gens de travail et aux particuliers, est une liberté de plus, et qui, pour ne pas être écrite sur une Charte ou sur un papier, n’en est pas moins pratique, positive et de réelle jouissance.

1787. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français, et de la question des anciens et des modernes, (suite et fin.) »

Les problèmes en art, en science, en industrie, en tout ce qui est de la guerre ou de la paix, se posent pour nous tout autrement : nous avons l’étendue, la multitude, l’océan, tous les océans devant nous, des nations vastes, le genre humain tout entier : nous sondons l’infini du ciel ; nous avons la clef des choses, nous avons Descartes, et Newton, et Laplace ; nous avons nos calculs et nos méthodes, nos instruments en tout genre, poudre à canon, lunettes, vapeur, analyse chimique, électricité : Prométhée n’a cessé de marcher et de dérober les dieux.

1788. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid. »

., soit devenu nécessaire, et qu’il faille dresser toute cette immensité d’échafaudage pour quatre ou cinq chefs-d’œuvre, les seuls qu’on relise et qui vivront ; mais la science ne fait point de ces partages, dès qu’elle prend les choses en main ; elle établit sa méthode et ne souffre pas de choix ni d’exception.

1789. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. (Suite) »

Dans les célèbres pages des Mémoires de Napoléon (tome VIII), où sont indiquées, parcourues et rapidement relevées au point de vue de la science les quatre-vingt-quatre campagnes faites par les sept plus grands capitaines, le maréchal de Saxe ne trouve point sa place.

1790. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Il semble avoir été écrit en prévision du 18 Fructidor et des déportations prochaines : on n’ose dire pourtant que la Guyane et Sinnamari aient en rien répondu à la description des colonies nouvelles que proposait Talleyrand d’un air de philanthropie, et en considération, disait-il, « de tant d’hommes agités qui ont besoin de projets, de tant d’hommes malheureux qui ont besoin d’espérances. » Il y disait encore, en vrai moraliste politique : « L’art de mettre les hommes à leur place est le premier peut-être dans la science du gouvernement ; mais celui de trouver la place des mécontents est, à coup sûr, le plus difficile, et présenter à leur imagination des lointains, des perspectives où puissent se prendre leurs pensées et leurs désirs est, je crois, une des solutions de cette difficulté sociale. » Oui, mais à condition qu’on n’ira pas éblouir à tout hasard les esprits, les leurrer par de vains mirages, et qu’une politique hypocrite n’aura pas pour objet de se débarrasser, coûte que coûte, des mécontents.

1791. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. PROSPER MÉRIMÉE (Essai sur la Guerre sociale. — Colomba.) » pp. 470-492

J’oserai penser que ses fonctions d’inspecteur général des monuments n’ont été que le prétexte : la science elle-même l’attirait.

1792. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre IV. Le roman »

Le fils de l’écuyer et de la duègne part de la maison paternelle, chargé d’une science qui n’a rien de pratique, curieux et candide, gonflé d’espérances et ivre de liberté.

1793. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre II. L’éloquence politique »

Tout dépend de celui qui s’y assied… Il faut laver son linge en famille. » Remettez tout cela à sa place, écoutez cette sortie si curieusement violente, et vous sentirez quelle science de l’effet il y avait chez cet homme-là.

1794. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jean Richepin »

Je comprends le De natura rerum, ce cri de délivrance, cette protestation enflammée contre d’universelles superstitions, cette première épiphanie de la science naissante.

1795. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires de Philippe de Commynes, nouvelle édition publiée par Mlle Dupont. (3 vol. in-8º.) » pp. 241-259

Dans un temps où tout le monde se croit propre à la politique, il ne serait pas mal d’aller regarder en lui quelles sont les qualités requises chez ceux que la nature a destinés à cette rare science.

1796. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Des lectures publiques du soir, de ce qu’elles sont et de ce qu’elles pourraient être. » pp. 275-293

Ce mode de démonstration appliqué à la littérature suppose tout un art qui se dérobe, et qui n’est au-dessous d’aucune science ni d’aucune supériorité critique, si élevée et si distinguée qu’elle soit ; car il ne s’agit pas ici simplement de se faire petit avec les petits, il faut se faire souple avec les rudes, insinuant avec les robustes, en restant sincère toujours, de cette sincérité qui ne veut que le beau et le bien ; il faut arriver à inoculer une sorte de délicatesse dans le bon sens, en fortifier les parties simples, en rabattre doucement les tendances déclamatoires, plus innées en France qu’on ne le croirait, dégager enfin dans chacun ce je ne sais quoi qui ne demande pas mieux que d’admirer, mais qui n’a jamais trouvé son objet.

1797. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — II. » pp. 494-514

Se considérant comme un simple membre de la grande société européenne tout entière en péril, il était plus libre que Jomini lui-même ne le put être en portant ailleurs l’habileté de sa science militaire et de sa tactique, car, lui Mallet, il n’avait jamais été à proprement parler au service de la France.

1798. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « La reine Marguerite. Ses mémoires et ses lettres. » pp. 182-200

L’esprit y brille, mais l’instruction et la science ne s’y dissimulent point.

1799. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — I. » pp. 201-219

Le procès fut porté à l’Académie des sciences, et Beaumarchais le gagna.

1800. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « La Fontaine. » pp. 518-536

        La bagatelle, la science, Les chimères, le rien, tout est bon ; je soutiens         Qu’il faut de tout aux entretiens :     C’est un parterre où Flore épand ses biens ; Sur différentes fleurs l’abeille s’y repose,         Et fait du miel de toute chose.

1801. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1853 » pp. 31-55

» Gavarni nous dit aujourd’hui : « Chaque jour la science mange du Dieu… N’a-t-on déjà pas mis la foudre du vieux Jupiter en bouteille de Leyde ?

1802. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre III. Zoïle aussi éternel qu’Homère »

Un membre célèbre de l’Académie des sciences, Napoléon Bonaparte, voyant en 1803 dans la bibliothèque de l’Institut, au centre d’une couronne de lauriers, cette inscription : Au grand Voltaire, raya de l’ongle les trois dernières lettres, ne laissant subsister que Au grand Volta.

1803. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre V. Le génie et la folie »

C’est ce qu’il me paraît absolument impossible de découvrir, c’est du moins ce qui demanderait des observations si longues et si délicates, que je ne crois pas que la science puisse encore rien avancer de sérieux sur un pareil sujet.

1804. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre II : Variations des espèces à l’état de nature »

De tels faits sont fort embarrassants pour la science, car ils semblent prouver qu’une telle variabilité est indépendante des conditions extérieures.

1805. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre V. Seconde partie. Des mœurs et des opinions » pp. 114-142

Elles ont aussi successivement pénétré dans le domaine de la poésie, de la littérature, des arts, et même des sciences : madame de Staël vient de leur ouvrir la carrière de la pensée.

1806. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Philarète Chasles » pp. 111-136

Il faudra des curieux et des travailleurs comme il l’était, des espèces de Tallemant des Réaux dans l’avenir, pour pouvoir parler, en science de cause, de cet homme qui fut un très éblouissant feu follet littéraire, lequel, comme les feux follets, errait et ne se fixait pas, et qui a oublié de laisser derrière lui le livre un, profond et complet, qu’il était très capable de faire, — le livre qui eût été un fût de colonne sur sa tombe effacée, et qui en eût marqué la place aux yeux de la Postérité !

1807. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Alfred de Vigny »

Il appela cela s’y abêtir, avec le cynisme de l’homme qui méprise les sciences humaines, et qui les insulte encore en abaissant tout ce qui l’en venge, tout ce qui l’en a consolé !

1808. (1928) Les droits de l’écrivain dans la société contemporaine

Il suffit pourtant que les habitants d’une ville aient un avantage à ne pas faire un détour pour que l’on perce une rue et que l’on n’hésite pas à chasser des propriétaires de leurs demeures et à abattre celles-ci ; mais si toute la civilisation a intérêt à ne plus ignorer telle œuvre d’art ou de science, contre le propriétaire de ce texte inédit, dont il n’est pas l’auteur, personne ne peut rien, on n’ose pas sévir ; ce propriétaire-là, celui-là seul, a le droit de se conduire comme un fou, de déchirer le manuscrit en petits morceaux et de le manger. […] Il tend à instituer une Caisse nationale des Lettres, des Sciences et des Arts et de donner aux écrivains un statut légal. […] 2° De subventionner les institutions créées en faveur des Lettres, des Sciences et des Arts, notamment des théâtres municipaux et des institutions d’éducation populaire.

1809. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1865 » pp. 239-332

* * * — Les ballons, à force de monter, trouvent un ciel noir, où rien ne se voit plus… C’est à ce ciel que la science finira par arriver. […] 11 mars Les études télescopiques ou microscopiques de ce temps-ci : le creusement de l’infiniment grand ou de l’infiniment petit, la science de l’étoile ou du microzoaire, aboutissent pour moi au même infini de tristesse. […] On cause de l’espace et du temps, et j’entends la voix de Berthelot, un grand et brillant imaginateur d’hypothèses, jeter ces paroles dans la conversation générale : « Tout corps, tout mouvement exerçant une action chimique sur les corps organiques avec lesquels il s’est trouvé, une seconde, en contact, tout, — depuis que le monde est, — existe et sommeille, conservé, photographié en milliards de clichés naturels : et peut-être est-ce là, la seule marque de notre passage dans cette éternité-ci… Qui sait si, un jour, la science, avec ses progrès, ne retrouvera pas le portrait d’Alexandre sur un rocher, où se sera posée un moment son ombre ? 

1810. (1885) Le romantisme des classiques (4e éd.)

Me voici donc revenu vraiment dans mon pays, au pays des lettres et des sciences, et dans leur acropole, sur la montagne sainte, au milieu de cette jeunesse des écoles dont j’ai fait partie, soit comme élève, soit comme maître, et à laquelle il me semble, malgré tant d’années écoulées, que j’appartiens encore, du moins par les idées et par le cœur. […] C’est l’expérience humaine, c’est la science de la vie ; c’est, en un mot, la morale, dans son sens courant le plus étendu. […] presque tous les écrivains du xviie  siècle sont maîtres en cette science ; presque tous, au fond, sont des moralistes ; non seulement ceux, soit sacrés, soit profanes, qui le sont par profession ou par dessein : tels que les prédicateurs, Bossuet, Bourdaloue, Massillon ; ou les autres, plus ou moins du monde, Pascal, Nicole, La Rochefoucauld, La Bruyère ; mais ceux même qui n’y songeaient pas ou ne paraissaient pas y songer, auteurs dramatiques, romanciers, historiens, écrivains de mémoires ou de simples correspondances tous et toutes se plaisent et excellent à observer, à peindre les mœurs, les caractères, le jeu des passions, s’y mettant tout entiers, eux et leurs souvenirs, et ceux de leurs amis. […] La gloire a des trésors qu’on ne peut épuiser : Et, plus elle en prodigue à nous favoriser Plus elle en garde encore où chacun peut prétendre, Puis il vient à la fameuse question des trois unités, dont tout retentissait alors, et déclare que, pour lui, « loin de s’en rendre l’esclave, il les élargit ou les resserre selon le besoin du sujet… Savoir les règles, ajoute-t-il finement, ou entendre le secret de les apprivoiser adroitement avec notre théâtre, ce sont deux sciences bien différentes ; et peut-être que, pour faire maintenant réussir une pièce, ce n’est pas assez d’avoir étudié dans les livres d’Aristote et d’Horace… Mon avis est celui de Térence : « Puisque nous faisons des poèmes pour être représentés, notre premier but doit être de plaire à la Cour et au Peuple… Il faut, s’il se peut, y ajouter les règles, afin de ne déplaire pas aux savants et recevoir un applaudissement universel. […] Le public aussi conservait encore les impressions de la politique italienne et des mystères de la diplomatie espagnole, comme de quelque science occulte.

1811. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. de Fontanes »

Jamais chef de parti ne fut moins propre à son métier. » Toutes ces relations précoces, ces comparaisons multipliées et contradictoires expliquent bien et préparent la modération de Fontanes dans ses jugements, sa science de la vie, son insouciance de l’opinion, et ne rendent que plus remarquable le maintien de ses affections religieuses. […] Il n’existe en effet qu’une seule science : C’est des mots discordants la bizarre alliance, Des tropes entassés le chaos monstrueux. […] Pour revenir au Mémorial, l’ensemble de la rédaction de Fontanes dans cette feuille nous montre un esprit dès lors aussi mûr en tout que distingué, qui ne reviendra plus sur ses impressions, et qui, dans la science de la vie, est maître de ses résultats. […] Qu’on lise son ode sur la Vieillesse  : il y a exprimé le sentiment d’une calme et fructueuse abondance dans une strophe toute pleine et comme toute savoureuse de cette douce maturité : Le temps, mieux que la science, Nous instruit par ses leçons ; Aux champs de l’expérience J’ai fait de riches moissons ; Comme une plante tardive, Le bonheur ne se cultive Qu’en la saison du bon sens : Et, sous une main discrète, Il croîtra dans la retraite Que j’ornai pour mes vieux ans.

1812. (1887) Essais sur l’école romantique

Mais l’imagination et la science étant données, il serait bien étrange que tout ce mouvement poétique s’évanouît en fumée, et n’apparût un jour à la critique que comme une obscure réaction de quelques pygmées contre la foi littéraire du xixe  siècle. […] Claude Frollo, dont j’ai parlé, et qui joue un des principaux rôles dans ce roman, est un prêtre fou de sciences occultes, et dont l’amour fait un scélérat. […] Victor Hugo ; des mots empruntés aux sciences spéciales, aux professions mécaniques ; une langue tirée des laboratoires de chimie et des échoppes de l’artisan, langue qui, pour vouloir tout peindre, substitue des images aux réalités, des couleurs aux pensées ; langue bariolée, éblouissante, qu’on voit avec les yeux du corps ; une palette versée sur une toile, mais non pas un tableau. […] Il y a des enfants qui sont devenus hommes de génie au prix où il est donné à l’homme de l’être, c’est-à-dire après avoir beaucoup vécu de la vie de tout le monde ; car le génie, c’est la science de la vie de tout le monde. […] Il y a là un instinct supérieur du langage français, et quelquefois une science de la valeur des mots qu’apprécient beaucoup mieux les juges les plus sévères du jeune écrivain que ses plus ardents admirateurs.

1813. (1890) Le massacre des amazones pp. 2-265

Madeleine Lépine me paraît chercher surtout l’effet spirituel ou tragique, tandis que Jean Bertheroy veut plutôt nous éblouir de sa science. […] J’aime encore chez elle cette belle science de l’anachronisme que Charles Maurras admira jadis en son poète préféré. […] La science des classes est nécessairement une science morte, qui empoisonne esprit d’examen et originalité. […] Le 31 janvier 1893, elle avoue, à propos de l’art : « Peut-être, comme la science, est-il d’un domaine trop lointain pour nos habitudes d’observation immédiate. » Mais il serait juste, proclame-t-elle, de faire dans la vie une place plus large à la femme et de mieux « employer ce don naturel d’inertie et de passivité qui, si puissamment, fit de notre cramponnante espèce le frein, le régulateur de l’impatiente activité masculine, excitée à certaines heures de l’histoire par des fièvres artificielles ou excessives. » Il y a peut-être une vérité dans cette phrase belge. […] Blanche Galien professe la science culinaire et Marie Quinton, la Belle Meunière de Boulanger, nous apprend l’art de faire cuire les vieux coqs dans du vin.

1814. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — III. (Fin.) » pp. 175-194

En matière de finances, de même que plus tard en artillerie et dans l’art des sièges, ne demandez pas à Rosny des inventions qui changent la science et la fassent avancer : il n’a pas de ces grandes vues générales, et souvent simples dans leur principe ; mais des inventions et des industries de détail, il en est plein ; il a toutes sortes d’expédients pour tirer parti des circonstances et pour rétablir les choses sur le meilleur pied et le plus solide.

1815. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Bourdaloue. — I. » pp. 262-280

Il a dit tout ce qu’il savait, il a dit les remèdes ; il a eu de bonne heure cette science prudente qui est le don de quelques-uns, et que la pratique du christianisme est incomparable pour aiguiser et développer ; il l’a continuellement distribuée et versée à tous par l’organe d’un puissant et infatigable talent.

1816. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — II. (Suite.) » pp. 434-453

Daru s’empresse de recommander à la protection spéciale de l’autorité militaire les établissements des arts et des sciences, l’Académie, la Bibliothèque, le Musée, le Jardin des plantes ; mais cela est tout simple : voici un petit fait singulier et plus remarquable, qui rentre tout à fait dans la curiosité d’un Pline l’Ancien.

1817. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « De la poésie de la nature. De la poésie du foyer et de la famille » pp. 121-138

adieu les desseins virils et les graves poursuites de la science !

1818. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — I » pp. 93-111

Vers 1725, il s’était formé à Paris, chez l’abbé Alary, de l’Académie française, une conférence politique qui se tenait tous les samedis ; et comme l’abbé demeurait à un entresol, place Vendôme, dans la maison du président Hénault, la société avait pris nom l’Entresol C’était à la fois un essai de club à l’anglaise et un berceau d’Académie des sciences morales et politiques.

1819. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — I » pp. 395-413

Il avait compté d’abord mener ces choses de la science et ce personnel du bel esprit avec une précision presque administrative.

1820. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Les frères Le Nain, peintres sous Louis XIII, par M. Champfleury »

Les collections en grand, et faites par des curieux, gens de savoir et de goût, ne sont autre, chose que les éléments de la science même, les données positives qui permettent, là où il y avait lacune, de combler les vides, d’asseoir des conjectures, d’établir des suites et des lois.

1821. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire. »

Lui-même, il l’a reconnu avec naïveté, il n’est qu’un shakespearien de hasard et de rencontre : il y va de confiance et à l’aveugle ; l’étude directe et la science lui manquent ; il n’a pas la première clef, la plus indispensable, pour s’initier au génie du poète auquel il semble pourtant s’être voué par culte.

1822. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. (suite) »

Avec les lettres, les sciences, les arts, nous avons encore l’amour, l’amour qui vaut tout cela, cent fois tout cela !

1823. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni (suite et fin.) »

Quand il revint en France, sur la fin de l’été de 1851, il était riche d’observations, plein de sujets, plus que jamais rompu à la science du dessinateur, capable d’oser et d’entreprendre en dehors même du champ aimable et si varié qu’on lui avait reconnu jusque là pour son domaine.

1824. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite et fin.) »

Mais je ne puis nommer tous ceux qui ont marqué depuis quinze ans et plus dans cette voie, et je n’ai point qualité pour les ranger : deux, entre autres, ont été signalés hors ligne, et ici même56, pour leur science intelligente et leur universalité : Charles Blanc et Théophile Gautier.

1825. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite et fin.) »

Notez que le prix dont il s’agit, dans les termes posés par le testateur, n’implique que des conditions de science et de talent.

1826. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat. »

Ce guerrier, si véritablement guerrier par le courage, par l’esprit de discipline, par l’entente des opérations et la science consommée du détail, n’était pas nécessairement destiné à l’être.

1827. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre (suite et fin) »

. — Un contrôle d’un tout autre ordre et qui se rapporte à l’histoire la plus sévère, à la science même, nous est fourni par la Relation de la Guerre de Succession, que le général Jomini a ajoutée à celle de la Guerre de Sept ans, dans la 4e édition de son Traité des grandes Opérations militaires.

1828. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE DURAS » pp. 62-80

Elle lisait peu, mais les bons livres en divers genres, de science quelquefois, ou autres ; les poëtes anglais lui étaient familiers, et quelques vers d’eux la faisaient rêver.

1829. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre XI. L’antinomie sociologique » pp. 223-252

Renan, L’Avenir de la science, préface, p. xvi.

1830. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le père Lacordaire orateur. » pp. 221-240

Je laisse à cette grande renommée d’Érasme la gloire de la science et de l’esprit, mais je ne cesserai jamais de revendiquer sous ce nom le droit du bon sens fin et mitigé, de la raison qui regarde, qui observe, qui choisit, qui ne veut point paraître croire plus qu’elle ne croit ; en un mot, je ne cesserai jamais, en face des philosophies altières et devant la foi même armée du talent, de stipuler le droit, je ne dis pas des tièdes, mais des neutres.

1831. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Discours sur l’histoire de la révolution d’Angleterre, par M. Guizot (1850) » pp. 311-331

C’est la noble science de Machiavel et de Montesquieu, quand ils ont traité, tous les deux, des Romains.

1832. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « La Mare au diable, La Petite Fadette, François le Champi, par George Sand. (1846-1850.) » pp. 351-370

Tout ce joli parler est déduit ici au long avec une vérité de nature qui, poussée à ce degré, est plus que la science des mères, et qui est le don unique du génie.

1833. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits de Fénelon. (1850.) » pp. 1-21

Nous avons eu, depuis lors, de frappants modèles de cet antique étudié et refait avec passion et avec science.

1834. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mme du Châtelet. Suite de Voltaire à Cirey. » pp. 266-285

Elle aimait les sciences exactes et s’y sentait poussée par une véritable vocation.

1835. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Balzac. » pp. 443-463

M. de Balzac avait la prétention de la science, mais ce qu’il avait surtout en effet, c’était une sorte d’intuition physiologique.

1836. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Confessions de J.-J. Rousseau. (Bibliothèque Charpentier.) » pp. 78-97

La prose de Buffon, dans les premiers volumes de l’Histoire naturelle, lui offrait quelque image de ce qu’il désirait, une image plus majestueuse que vive, un peu hors de portée, et trop enchaînée à des sujets de science.

1837. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Frédéric le Grand littérateur. » pp. 185-205

On peut sourire aujourd’hui de cette première lettre toute gauche encore et plus qu’à demi tudesque, dans laquelle Frédéric mêle son admiration pour Wolff à celle qu’il a pour Voltaire, et où il parle à celui-ci au nom de la douceur et du support « que vous marquez, lui dit-il, pour tous ceux qui se vouent aux arts et aux sciences ».

1838. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Florian. (Fables illustrées.) » pp. 229-248

. — « Oui, monsieur, lui dis-je, je sais l’Iliade et le blason. » — Lope se mit à rire, et me raconta la fable du marchand, du gentilhomme, du pâtre et du fils de roi ; cette fable et la manière charmante dont elle fut racontée me persuadèrent que le blason n’était pas la plus utile des sciences, et je résolus d’apprendre autre chose.

1839. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « De la poésie et des poètes en 1852. » pp. 380-400

Il y a quelques années, à Lyon, on a vu se produire un poète éminent, noble, harmonieux, solitaire, sentant et aimant profondément la nature, et agitant avec sincérité en lui les problèmes de la destinée humaine et l’énigme du siècle, cette lutte, qui est celle de toutes les âmes supérieures, entre la science et les croyances, entre les anciennes illusions perdues et les idées nouvelles encore flottantes.

1840. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — I. » pp. 84-104

Il les justifie du reproche de vouloir matérialiser la société ; il y montre les travailleurs comme n’étant pas simplement une classe dans la société, mais la société même : « Le travail, dit-il, dont l’ingénieux Franklin fit toute la science du bonhomme Richard, sera le dernier réformateur de la vieille Europe.

1841. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — I. » pp. 322-340

La science et l’éloquence sont peut-être incompatibles… Ici l’on saisit le témoignage net et hardi de ce goût pur qui ne transige pas, de ce goût exclusif comme tous les goûts très sincères et très sentis.

1842. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — II. (Suite et fin.) » pp. 436-455

Il commençait par donner l’histoire de son fraisier, et chacun qui en pouvait répéter autant sur sa fenêtre, était gagné à une science si accessible.

1843. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — I. » pp. 186-205

La partie sérieuse du mérite de l’abbé Barthélemy comme antiquaire, et avant son Voyage d’Anacharsis, échappe à mon appréciation : ce qu’on peut dire en général, c’est qu’il a rendu surtout de vrais services dans la science des médailles, et qu’il a contribué à la tirer de l’état de simple curiosité pour en faire un des appuis suivis et réguliers de l’histoire.

1844. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — II. (Fin.) » pp. 246-265

Pendant que Richelieu exprimait ces prévisions et ces craintes, Descartes préparait le libre accès de tous les esprits non seulement aux lettres, mais aux sciences, et enseignait le doute méthodique.

1845. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Saint François de Sales. Son portrait littéraire au tome Ier de l’Histoire de la littérature française à l’étranger par M. Sayous. 1853. » pp. 266-286

Ces âmes fines, qui ont reçu en don le maniement des cœurs, auraient peu à faire pour devenir de parfaits instruments de politique ; ce qu’on peut leur demander, c’est de ne jamais se servir de leur science qu’à bonne fin, et c’est ce que fit saint François de Sales en toute sa vie.

1846. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Marguerite, reine de Navarre. Ses Nouvelles publiées par M. Le Roux de Lincy, 1853. » pp. 434-454

Montaigne relève ce propos et se demande à quoi pouvait servir, en un tel moment, cette idée de protection et de faveur divine : « Ce n’est pas par cette preuve seulement, ajoute-t-il, qu’on pourrait vérifier que les femmes ne sont guère propres à traiter les matières de la théologie. » Aussi n’était-ce pas une théologienne que Marguerite : c’était une personne de piété réelle et de cœur, de science et d’humanité, et qui mêlait à une vie grave un heureux enjouement d’humeur, faisant de tout cela un ensemble très sincère et qui nous étonne un peu aujourd’hui.

1847. (1899) Esthétique de la langue française « Le vers libre  »

Il ne suffit pas d’avoir de bons sentiments, un cœur doux et d’aimer bien sa tendre amie, pour écrire de bons vers libres ; il faut aussi beaucoup de talent et même beaucoup de science.

1848. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 38, que les peintres du temps de Raphaël n’avoient point d’avantage sur ceux d’aujourd’hui. Des peintres de l’antiquité » pp. 351-386

Les romains dans le siecle de leur splendeur, qui fut celui d’Auguste, ne disputerent aux illustres de la Grece que la science du gouvernement.

1849. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une préface abandonnée » pp. 31-76

C’est que la science de la vie leur a laissé à tous trois le regret et le culte des illusions parties.

1850. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre III. Personnages merveilleux des contes indigènes »

Le grigri de science (Mâdiou le charitable).

1851. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Xavier Aubryet » pp. 117-145

Goethe, ce naturaliste en critique, avant d’être en sciences naturelles ce qu’il avait été en critique littéraire, Goethe, ce dieu des arides et des impuissants, a été invoqué en France par des critiques qui ont pourtant le tempérament esthétique, voluptueux et sanguin, mais qui n’ont pas plus de critérium que n’en avait Goethe : sceptiques comme lui avec tout excepté avec eux-mêmes, qu’ils croient organisés pour retentir au contact le plus frêle du beau, comme les harpes éoliennes aux plus légers, aux plus immatériels souffles qui passent.

1852. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « J. de Maistre » pp. 81-108

car l’inspiration et la Science ne vont pas d’ordinaire par les mêmes chemins… ces fragments sont d’autant plus curieux qu’ils remontent à une époque éloignée, où le génie de Joseph de Maistre en était encore à ses premières élaborations.

1853. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre IV. L’unification des sociétés »

V. un article de Burgess (Political science Quarterly), cité par Boutmy (Droit constitutionnel, p. 300-330).

1854. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XV. »

Ajoutez encore les inventeurs de la science et des grâces ; ajoutez les amis des Muses, entre lesquels Homère, unique souverain, est endormi du même sommeil que les autres.

1855. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

Il y a aussi trop de science, trop d’érudition ; ce n’est plus la simplicité éloquente de Mireille. […] En outre, un savant mémoire lu à l’Académie des sciences et lettres de Montpellier, par le Premier Président Aragon, est venu, au dernier moment, compléter les sources de notre article, jusque-là rédigé d’après des documents étrangers. […] Marcelino Menendez Pelayo est un érudit et un poète, qui nous rappelle aussi bien Ozanam, dont il a la foi éclairée, que Chénier à qui il a ravi cette fleur de science et de goût, cet atticisme délicat qui s’est évaporé dans nos mêlées romantiques et réalistes. […] Pour lui, les Arabes furent le canal qui transporta dans l’Europe occidentale la science grecque, reçue par eux en dépôt des interprètes persans ou syriens. […] On n’en est plus aujourd’hui à confondre un fou et un poète et à croire qu’un lettré de talent doit ignorer la science des chiffres, rouler sa bosse dans la pire bohème, et, ce qui est plus triste encore pour l’infortuné, crevailler de faim la moitié de sa vie.

1856. (1888) Impressions de théâtre. Première série

Je voudrais voir jouer Andromaque par des femmes et des hommes parfaitement beaux et qui auraient la science et l’intelligence des Olympiens. […] Bien entendu, il n’est pas ici question de science musicale. — Et M.  […] Or, tandis que nous écoutons son œuvre, la distance où nous en sommes et notre science accrue nous y font trouver des grâces singulières que peut-être Shakespeare n’y soupçonnait pas, et nous pouvons dire que nous y ajoutons notre âme à nous. […] Est-il bien vrai que ces choses soient réglées comme un papier de musique, qu’il y ait une science certaine, et pour toujours établie, des « passions de l’amour », de leurs démarches, et de leurs transformations selon les circonstances ? […] Il n’a pas cru que sa très haute situation dans la science et dans la littérature, la gravité et le caractère officiel de ses fonctions, l’obligeassent à ignorer que la femme existe, et qu’elle occupe une assez grande place dans la vie des hommes.

1857. (1893) Impressions de théâtre. Septième série

Assurément, du fond de son immortalité, le vieux maître a dû approuver ces obsèques, car il a toujours jugé excellent que la science fût publiquement honorée ; mais il n’a pas dû les aimer. […] C’est ainsi : il paraîtrait moins sceptique, s’il n’avait confessé quelquefois le désir de croire à quelque chose en dehors des données de la science. […] Ce qui a trompé, d’une part, les bedeaux de la science et, de l’autre, les entrepreneurs de notre rénovation morale, et, par surcroît, les gens du monde, c’est l’ironie de Renan, — et c’est la richesse même de sa complexion intellectuelle. […] … Et puis il ne serait pas mauvais d’avoir lu son œuvre entière, y compris l’Avenir de la science, les Etudes d’Histoire religieuse, les Essais de morale et de critique et les Questions contemporaines. […] Comparez à cela, pour l’emportement, certaines pages de Maupassant, Vénus rustique ou Marroca, et, pour la science des choses et le raffinement pervers, pour la virtuosité du style, les audacieuses fantaisies de Catulle Mendès.

1858. (1836) Portraits littéraires. Tome I pp. 1-388

À l’en croire, il n’a voulu composer ni un livre d’enseignement, ni un poème ; il ne prétend ni à la science ni à l’inspiration. […] C’est un dialogue de l’homme avec Dieu et la nature, dont chaque verset domine la science humaine, dont l’espérance et la prière sont les thèmes éternels ; c’est une mélodie qui ne s’enseigne nulle part, et dont chaque note jaillit avec les sanglots. […] La poésie pas plus que la science ne peut échapper à l’empire de la logique. […] S’il procède avec une austérité continue, c’est qu’il a subi depuis un an une métamorphose irrésistible ; c’est que livré à lui-même, loin du monde qu’il a toujours mal connu, en société de ses livres chéris qu’il devait bientôt épuiser, las de mordre au fruit de la science, il est monté jusqu’à Dieu pour lui demander compte de sa misère et de son impuissance ; c’est qu’il s’est réfugié dans les mystiques entretiens pour échapper au doute qui le rongeait. […] Croyez-vous que l’ivresse et l’oubli, l’exaltation et l’épuisement, l’entraînement et la prostration suffisent à réaliser l’amour tel que l’ont conçu, tel que l’ont éprouvé Pétrarque et saint Augustin, ces deux grands maîtres dans la science d’aimer ?

1859. (1890) La bataille littéraire. Troisième série (1883-1886) pp. 1-343

Sa science judiciaire n’a pourtant pas refroidi ses élans d’écrivain, et le Père est certainement un des événements littéraires de cette semaine. […] La science ne doit pas devancer les mœurs. […] C’est que non seulement l’aventure, mais la science et la philosophie sont si habilement mêlées à ses récits qu’un livre de Jules Verne est toujours le livre de tout le monde. […] Le soir de la mort d’Aliette, Tallevaut découvre le crime, il devine la criminelle et va droit à elle ; Sabine lui répond en lui récitant les leçons qu’elle a apprises, tant et si bien que la matière continuant son œuvre, ce pauvre petit grand cerveau, plein de science, ne peut supporter une goutte de sang de plus. […] C’est celle que nous avons déjà indiquée, à propos de la science, et qui naît tout naturellement des données mêmes du savoir positif et de ses prévisions sur la fragilité de cette combinaison purement mécanique qui a formé l’univers.

1860. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7172-17709

Ce seroit apparemment par une raison contraire qu’ils auroient rapporté au genre féminin les noms abstraits des passions, des vertus, des vices, des maladies, des sciences, &c. […] On y verra que l’on peut quelquefois à peu de frais répandre la lumiere sur les élémens des Sciences & des Arts. […] C’est la science de la parole prononcée ou écrite. […] La Grammaire générale est donc la science raisonnée des principes immuables & généraux de la parole prononcée ou écrite dans toutes les langues. […] Malgré cette distinction de la science grammaticale & de l’art grammatical, nous ne prétendons pas insinuer que l’on doive ou que l’on puisse même en séparer l’étude.

1861. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Quelques « billets du matin. » »

Vous seul peut-être avez un génie assez souple, une science assez vaste, assez d’aisance à manier les idées générales pour tenter d’établir le bilan de nos gains et de nos pertes pendant cette période si intéressante de l’histoire du monde, et pour dire ce que nous avons fait et où nous en sommes. […] Il y a vu le triomphe de la science, de 89, de la démocratie, la fin de la souffrance et de la misère, la fraternité universelle… C’est là un sentiment tout à fait respectable. […] Partout, les infâmes musées anatomiques, les chevaux de bois mus par la vapeur et les manèges de vélocipèdes, d’aérostats et de transatlantiques nous rappellent, jusque dans ce lieu qui devrait être consacré aux divertissements naïfs, que nous sommes dans le siècle de la science et de l’industrie. […] Moi, quand par hasard j’avais des élèves un peu plus malins que leurs camarades, je tâchais tout bonnement de leur enseigner ce que je savais moi-même : un peu de géographie, les grands faits et les anecdotes de l’histoire de France, le dessin linéaire et les tout premiers rudiments de la physique, de la chimie et des sciences naturelles. […] Ces merveilles de la civilisation industrielle, ces machines ingénieuses, mues par la vapeur, à la fois servantes des hommes et mangeuses de vies humaines, ces recherches de commodité et de confort, ces mille inventions d’un luxe minutieux et tourmenté, ces œuvres d’art où cherchent à s’exprimer des âmes fines, inquiètes et tristes, tout cela suppose un long passé de science et d’art, tout cela est l’effort ou l’amusement d’une humanité entrée déjà dans son arrière-saison.

1862. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre II. Les Normands. » pp. 72-164

Henri Beauclerc, fils du conquérant, fut instruit dans les sciences ; Henri II et ses trois fils l’étaient aussi ; l’aîné, Richard Cœur de Lion, fut poëte. […] Sans doute cette science est la scolastique, et ces terribles in-folio tuent plus d’esprits qu’ils n’en nourrissent ; mais on commence comme on peut, et le syllogisme, même latin, même théologique, est encore un exercice d’intelligence et une preuve d’esprit. […] Ni la morale publique ni la science publique n’ont gagné quelque chose à ces trois siècles de culture.

1863. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1894 » pp. 185-293

Dimanche 18 février C’est vraiment extraordinaire chez Schwob cette science universelle qui va de Tacite à Wittemann : des auteurs les plus anciens aux auteurs les plus modernes, et les plus exotiques. […] Mardi 28 août Un jour arrivera-t-il, où la science pourra traduire les tentatives parlantes de l’animal, voulant dire à l’homme, ses sensations, ses besoins, ses désirs, et ne pouvant les exprimer ? […] Sur la paroi de gauche, sont exposés : Le Chat malade de Watteau, cette spirituelle eau-forte de Liotard, avec seulement quelques rentraitures de burin : eau-forte mettant en scène l’« Alarme d’Iris » et contre l’opulent sein de la grasse fillette, la tête rebiffée de Minet, auquel un médecin ridicule du théâtre italien tâte le pouls ; — les deux bandes du Spectacle des Tuileries, ces deux eaux-fortes où Gabriel de Saint-Aubin montre toute sa science du dessin, dans la représentation microscopique des promeneurs et des promeneuses de la grande allée, en 1762 ; — le Sunset in Tipperary (le Coucher du Soleil en Irlande), l’estampe que je regarde comme une des plus remarquables eaux-fortes modernes, et où Seymour Haden, qui retrouva le noir velouté de Rembrandt, a pour ainsi dire, imprimé, sur une feuille de papier, la mélancolie du crépuscule.

1864. (1882) Types littéraires et fantaisies esthétiques pp. 3-340

Il a fallu pour les tonner des combinaisons toutes particulières de la vie, des rencontres imprévues, des chocs d’atomes moraux uniques, et que toute la science du monde ne pourrait pas retrouver. […] Tel système qu’il proscrivait absolument d’une province, il l’acceptait dans une autre, comme par exemple cette méthode si célèbre et si longtemps triomphante des causes finales qu’il repoussait de la science et qu’il acceptait comme utile et même comme vraie dans la sphère du pur sentiment religieux. […] Il y a longtemps que la fameuse méthode d’autorité a été abolie dans les sciences et la philosophie ; mais il est une province de l’activité humaine où elle conserve toujours son empire : je veux dire les voyages. […] Malheureusement, Sterne n’était pas un homme de génie ; il a ignoré lui-même la découverte qu’il avait faite, il a exploité cette science des petits secrets du cœur humain non comme un philosophe ou un grand artiste, mais comme un sceptique et un charlatan spirituel. […] « Je ne sais, mais il me semble quelquefois que la science du cœur humain est encore aujourd’hui dans l’état où était la philosophie au temps de la scolastique.

1865. (1878) Nos gens de lettres : leur caractère et leurs œuvres pp. -316

. — Science et fantaisies mêlées. — Le Compendium de la Férocité. — Les Impassibles. — Vaudeville égyptien et roman carthaginois. — Rapports entre M.  […] Ils ont les sciences naturelles pour s’amuser ; de quoi pourraient-ils se plaindre ?  […] ———— Je dînais, l’autre jour, avec un de ces rares savants qui aiment la science pour elle-même et non pour les décorations qu’elle procure. […] Les entrepreneurs de feuilletons eurent alors une idée sublime, qui prouve bien leur science du cœur humain.

1866. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

Or, de Maistre faisait au contraire, depuis l’âge de vingt ans, des recueils où « il analysait et résumait ses lectures ; lisant toujours la plume en main, il amassait dans ces arsenaux de science l’érudition qui a étonné tous ses lecteurs7 ». […] Si Homère, Théocrite, Virgile, Horace, n’avaient eu à lui apprendre la langue, la diction poétique, à l’initier à ce qu’il y a de plus difficile, de plus exquis, de plus délicat dans tous les arts, à la forme, peut-être ne leur eût-il donné qu’une attention d’érudit, sachant bien, lui, philosophe et moraliste, que sciences, mœurs, coutumes, tout a changé depuis l’antiquité, et que désormais la lyre ne doit prêter ses accords qu’à des pensers nouveaux. […] Je ne sais comment Cicéron aurait développé ce passage : je n’ai ni le génie des mots ni la trouvaille de nuances qui faisaient le charme de sa virtuosité ; mais je me figure qu’un de ses imitateurs se serait à peu près exprimé ainsi : Vous étiez valet d’école, vous nettoyiez la classe, vous enleviez les ordures ; moi j’étais écolier, j’apprenais la science, je cultivais les lettres. […] Faute de cette science préliminaire, les enfants en liberté ne font presque jamais que des questions ineptes qui ne servent à rien, ou profondes et scabreuses, dont la solution passe leur portée ; et puisqu’il ne faut pas qu’ils sachent tout, il importe qu’ils n’aient pas le droit de tout demander.

1867. (1885) L’Art romantique

Le Vrai sert de base et de but aux sciences ; il invoque surtout l’intellect pur. […] La poésie ne peut pas, sous peine de mort ou de déchéance, s’assimiler à la science ou à la morale ; elle n’a pas la Vérité pour objet, elle n’a qu’Elle-même. […] Il y a dans le style de Théophile Gautier une justesse qui ravit, qui étonne, et qui fait songer à ces miracles produits dans le jeu par une profonde science mathématique. […] Et toute la science, tous les efforts, toutes les combinaisons de ce riche esprit ne sont, à vrai dire, que les serviteurs très-humbles et très-zélés de cette irrésistible passion. […] Le temps n’est pas loin où l’on comprendra que toute littérature qui se refuse à marcher fraternellement entre la science et la philosophie est une littérature homicide et suicide.

1868. (1890) Derniers essais de littérature et d’esthétique

Caro, doit s’allier soit à la poésie, soit à la science. […] Il est clair que les Socialistes entendent faire marcher l’éducation musicale du peuple du même pas que son éducation dans la science politique, et sur ce point, comme sur tous les autres, ils semblent complètement exempts de toute préoccupation étroite, de tout préjugé conventionnel. […] Froude, et ce qui est certainement pour bien d’autres, le vrai idéal de la science politique. […] Il est parfaitement clair qu’il faut faire quelque chose, se dirent les gens les uns aux autres, et alors il y eut une ruée générale vers la science. […] La science est superficielle, si nous la comparons avec l’étendue de l’inconnu, et l’inconnu seul a de la valeur.

1869. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. THIERS. » pp. 62-124

s’écrie-t-il et a-t-il droit de s’écrier dans cet égoïsme de l’artiste amoureux de son objet ; on m’a été prendre Alexandre du fond de l’antiquité, et on me l’a mis là, de nos jours, en uniforme de petit capitaine et avec tout le génie de la science moderne. » Pour la première fois donc l’historien a fait, a voulu faire un ouvrage. […] « L’histoire de la guerre est une des bases de la science politique.

1870. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « LEOPARDI. » pp. 363-422

Qu’il nous suffise de signaler cette science de structure et d’harmonie dans les strophes de Leopardi, en réponse à ceux qui croiraient encore qu’il a dédaigné la rime. […] Il semble tout à fait que le gouvernement de ce pays applique à la science le calendrier des vieillards, de peur qu’elle ne devienne féconde : On sait qui fut Richard de Quinzica, Qui mainte fête à sa femme allégua, Mainte vigile et maint jour fériable… 145.

1871. (1858) Cours familier de littérature. V « XXIXe entretien. La musique de Mozart » pp. 281-360

L’écrivain de sentiment et de science qui a su donner tant d’attraits à cette étude scientifique, M.  […] On voit par ces trois définitions du ministre chinois, de Pythagore et de Leibniz, que, pour les trois peuples représentés par ces trois grands hommes, la musique est d’origine purement divine, et qu’il faut demander ses lois à l’instinct et non à la science.

1872. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (3e partie) » pp. 249-336

Ce travail est tel que, si, dans cinq ou six siècles, un homme d’État ou un homme de guerre à venir veut se rendre compte, sans erreur et sans effort, de la formation d’une armée au dix-neuvième siècle, il n’aura qu’à ouvrir l’Histoire du Consulat et de l’Empire, et l’armée moderne lui apparaîtra tout entière, recrutée, vêtue, armée, montée, hiérarchisée, disciplinée, commandée, vivant et combattant, comme ces modèles d’anatomie que l’on dévoile dans les musées pour découvrir aux initiés de la science les mystères de la structure humaine. […] Ces trois choses sont : un fort sentiment de gouvernement, une puissante science de l’administration, une haute glorification de la guerre quand elle est juste ; ces trois choses sont trois nécessités, et, nous ne craignons pas de le dire, trois vertus des civilisations nationales chez les peuples modernes.

1873. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Figurines »

Sa doctrine, c’est le renoncement complet à tout sentiment naturel, même à ceux qui passent pour nobles et généreux, aux affections terrestres, à la science, aux ambitions intellectuelles, bref, à tout ce qui ne sert pas au « salut ». […] Prévost glissait à une spécialité dangereuse, qui exige, pour ne paraître pas un peu ridicule, beaucoup d’aplomb à la fois et de tact chez celui qui la détient et la professe : la spécialité d’écrivain « féministe », de docteur ès sciences de l’amour, consulté par les perruches troublées.

1874. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1890 » pp. 115-193

» Oui, c’est vraiment positif, au fond le scientifique est devenu le goût de toutes les intelligences, depuis les plus hautes jusqu’aux plus basses, et ne voilà-t-il pas une pauvre petite créature, qui au lieu de couper des romans au bas des journaux, coupe des articles de science, et a l’envie passionnée d’aller à un cours médical, comme autrefois l’une de ses pareilles avait l’envie d’aller au bal. […] C’est le type dans la disgrâce physique de la grâce morale ; il y a chez cet apôtre du doute, la haute et intelligente amabilité d’un prêtre de la science. » Oui, je suis, ou du moins j’étais l’ami de l’homme, mais parfois l’ennemi de sa pensée, ainsi que je l’écrivais dans la dédicace de l’exemplaire à lui adressé.

1875. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

Nous nous contentons de savoir, de ces choses-là, ce qu’en doivent savoir les honnêtes gens qui ne veulent pas rester étrangers à une science qui tient de si près à la poésie, à la littérature, à la critique, aux mœurs publiques et privées :                     Docentem Artes quas deceat quivis Eques atque senator… De ces choses-là, c’est un danger d’en trop savoir ; pour peu qu’on ensache causer avec ceux qui en jasent, à la bonne heure ! […] « Zélie est riche, elle rit aux éclats ; Syrus l’esclave a pris le nom d’un roi, et s’appelle Cyrus » Nous aussi nous avons nos avocats déclamateurs, nos magistrats galants ; nous avons Hermippe, qui a porté si loin la science de l’ameublement et du comfort !

1876. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre I. Des poëtes anciens. » pp. 2-93

De-là nâquit l’envie de Tigelin qui le regardoit comme un dangereux rival, qui le surpassoit dans la science des voluptés. […] Mais la science des bienséances n’a été connue que fort tard parmi nous.

1877. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Shakespeare »

C’est dans cet état de choses en France, quand, la renommée et l’influence de Shakespeare grandissant par toute l’Europe, les livres de critique s’accumulaient sur son génie, ses procédés, son art, sa science encyclopédique et infuse, sa philosophie et jusque sur sa médecine (la médecine de Shakespeare !) […] Seulement, ce que nous savons de Lord Byron, de science certaine, par ses Mémoires, par ses lettres, par ses vers à Ada, dans Childe Harold, par cet Adieu que madame de Staël, au prix d’un égal malheur à celui de Lady Byron, eût voulu avoir inspiré, nous ne le savons pas de Shakespeare, le grand inconnu, le grand mystérieux, auquel François Hugo veut, à toute force, ôter ce mystère qui lui donne davantage l’air d’un dieu !

1878. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paul Féval » pp. 107-174

S’il y a, en effet, des hommes historiques qui, à force de génie et d’héroïsme, de science religieuse et de science mondaine, semblent allumer le roman dans l’histoire, ce sont les Jésuites, à coup sûr.

1879. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Malherbe et son école. Mémoire sur la vie de Malherbe et sur ses œuvres par M. de Gournay, de l’Académie de Caen (1852.) » pp. 67-87

Son discours fut contre les Sciences.

1880. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — I. » pp. 325-345

[NdA] J’ai peine à m’expliquer comment Étienne Dumont de Genève, en ses Souvenirs, parlant de Roederer qu’il rencontrait dans le groupe des Girondins, a pu dire de lui : « Roederer, homme d’esprit, mais fort ignorant, avait un fonds de légèreté dans le caractère qui lui donnait un rôle subalterne, quoique par sa capacité il l’emportât sur presque tous. » Quand on a eu sous les yeux les extraits en masse des lectures de Roederer dès sa première jeunesse, et quand on a vu l’ensemble de ses travaux sous la Constituante, on ne saurait admettre que cette ignorance dont parle Dumont, et dont les plus instruits eux-mêmes ne sont pas exempts sur les points étrangers à leurs études, ait porté le moins du monde sur la science politique et économique qui était l’essentiel ici.

1881. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire de la maison royale de Saint-Cyr, par M. Théophile Lavallée. » pp. 473-494

Mme de Maintenon cherche à prémunir ses filles contre les périls qu’elles ont déjà rencontrés : « N’ayez ni fantaisie ni curiosité pour chercher des lectures extraordinaires et des ragoûts d’oraison. » — « Il y a une grande différence entre connaître Dieu par la science, par la pointe de l’esprit, par la subtilité de la raison, par la multiplicité des lectures, ou le connaître par les simples instructions du christianisme. » Dans le blanc des lignes, il me semble lire en caractères plus distincts : « Surtout pas trop de Racine, et plus jamais de Fénelon ! 

1882. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — I. » pp. 301-321

[NdA] Je dois à la science et à l’obligeance de M. 

1883. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — III » pp. 178-197

Ici le cœur peut donner une utile leçon à la tête, et la Science devenir plus sage sans ses livres.

1884. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Mémoires ou journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guetté. Tomes iii et iv· » pp. 285-303

messieurs les érudits et les chercheurs, les déchiffreurs de chartes et de parchemins d’archives, les infatigables transcripteurs de tous authentiques documents, je vous estime, je vous révère pour votre science et vos travaux dans ce qui est du Moyen Âge ; mais que de mal, vous et les vôtres, vous avez fait sans vous en douter en propageant jusque dans la littérature moderne le culte des vieux papiers !

1885. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — II » pp. 126-147

Chapelain était fort savant, d’une science solide, et il se montra judicieux, bien qu’avec pesanteur, tant qu’il n’eut affaire qu’à des auteurs et à des ouvrages qui se rapportaient aux habitudes de toute sa vie et qui dépendaient de l’école littéraire où avait été nourrie sa jeunesse.

1886. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres, publiées par M. de Falloux. »

Au fond il y avait bien à l’Abbaye quelque légère ironie pour la science théologique de la rue Saint-Dominique et pour la connaissance approfondie qu’on y avait des Pères et des Conciles.

1887. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Merlin de Thionville et la Chartreuse du Val-Saint-Pierre. »

Ennemi déclaré des formes religieuses et de tout emblème, il aurait même voulu anéantir jusqu’aux traces d’un passé odieux, faire table rase sur le sol de la France et ne rien laisser debout de tous les monuments que l'art et la science historique, au défaut de la foi, conservent et vénèrent ; il était de la bande noire en cela.

1888. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers (suite et fin.) »

Bientôt Mme de Boufflers quitta Auteuil et s’en alla, avec sa belle-fille, passer l’hiver à Arles où elle avait fait retenir une maison : « Une certaine bienséance, l’embarras d’un maintien dans cette espèce de veuvage, la confiance que la belle-fille a dans la science de M. 

1889. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Dominique par M. Eugène Fromentin (suite et fin.) »

Et quelquefois, à la fin de juin, par un jour brûlant, dans la robuste épaisseur d’un arbre en pleines feuilles, je voyais un petit oiseau muet et de couleur douteuse, peureux, dépaysé, qui errait tout seul et prenait son vol : c’était l’oiseau du printemps qui nous quittait. » Augustin, le précepteur de Dominique, est un très jeune homme, d’une nature tout opposée à celle de son élève : c’est un homme de livres, de logique, de science, un cerveau ; après bien des labeurs, après des âpretés et des difficultés sans nombre de carrière et de destinée, il arrivera un jour à se faire un nom parmi les écrivains sérieux de son pays, à se faire une haute situation même ; ce sera un politique, un économiste, un conseiller d’État, un ministre, que sais-je ?

1890. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid(suite et fin.)  »

Leur méthode n’est pas celle de l’art, c’est celle de la science pure.

1891. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Collé. »

Collé, selon lui, « était un grand enfant qui ne se prenait nullement au sérieux (page 4) » et plus loin (p. 32), il nous le montre « possédant à un haut point la science de la vie » et connaissant à fond les hommes ; tantôt Collé est « un esprit doux et placide (p. 2) », tantôt il a « la nature mobile et inquiète (p. 4). » Collé nous est représenté comme faisant des fanfaronnades, comme suivant la mode, comme ayant un rire doux, plein de mièvrerie !

1892. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par. M. le Chevalier Alfred d’Arneth »

Là-dessus aucune négligence, et n’imitez personne ; suivez ce que vous avez vu et appris ici. » Elle ne cesse de conseiller à sa fille des lectures fortes, des lectures suivies ; elle attend tous les mois en vain la liste des livres sérieux que l’abbé de Vermond s’était chargé de procurer à la jeune princesse, et qui, on le sait aujourd’hui par les catalogues, étaient si absents de ses bibliothèques particulières : « Tâchez de tapisser un peu votre tête de bonnes lectures ; elles vous sont plus nécessaires qu’à une autre, … n’ayant aucun autre acquit, ni la musique, ni le dessin, ni la danse, peinture et autres sciences agréables. » Il est permis sans doute, surtout à son âge, de s’amuser, mais d’en faire son unique soin et de n’être occupée qu’à « tuer le temps entre promenades et visites », elle en reconnaîtra le vide et en sera un jour aux regrets.

1893. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Dans les commencements de leur liaison et quelques années auparavant, M. de Talleyrand avait eu l’idée de donner à Paris un grand dîner de personnages considérables, et représentant chacun quelque chose : Cuvier, la science ; Gérard, la peinture… Royer-Collard devait y représenter l’éloquence politique.

1894. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

car Mlle Desbordes joue et débite très bien, mais elle ne chante pas ; elle n’a point de voix : il faudra que les musiciens renoncent, en sa faveur, à leur science, à leur harmonie ; que l’orchestre s’humilie et s’anéantisse : on lui composera exprès des demi-vaudevilles qui seront bien plus agréables que ces grands airs, aussi fatigants pour les auditeurs que pour les cantatrices. » Elle possédait toutes les qualités distinguées et fines ; mais, à lire cet éloge même, on prévoit que la force physique, l’étoffe matérielle qui est la doublure essentielle de ces qualités et qui les porte, pour ainsi dire, dans tout leur relief, fera un peu défaut.

1895. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [III] »

il y a plus d’une manière de l’entendre ; mais ici, au sens de Jomini, le feu sacré, c’est la science et l’amour du bel art : montrer ce qu’on peut et ce qu’on vaut par une application des principes de la grande guerre.

1896. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET. » pp. 177-201

Les principaux traits de cet autre moment si bien rempli furent la suprématie, le culte de l’Art considéré en lui-même et d’une façon plus détachée, un grand déploiement d’imagination, la science des peintures, l’histoire entamée dramatiquement, évoquée avec souffle, comme dans le Cinq-Mars et le Cromwell, la reproduction expressive du Moyen-Age mieux envisagé, de Dante et de Shakspeare compris à fond ; on perfectionna, on exerça le style ; on trempa le rhythme ; la strophe eut des ailes ; on se rapprochait en même temps de la vérité franche et réelle dans les tableaux familiers de la vie.

1897. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre II. De l’expression »

Nulle science n’y atteindrait ; nulle forme préconçue n’y suffirait.

1898. (1890) La fin d’un art. Conclusions esthétiques sur le théâtre pp. 7-26

La poésie de la nature, la grandeur de la science, la sublimité du mysticisme, le charme de la retraite : toutes choses intraduisibles en théâtre.

1899. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XX. La fin du théâtre » pp. 241-268

La poésie de la nature, la grandeur de la science, la sublimité du mysticisme, le charme de la retraite : toutes choses intraduisibles en théâtre.

1900. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XI, les Suppliantes. »

Elle fondait la Cité, inaugurait le Théâtre, inventait l’art, la science, la philosophie, l’éloquence : la fraîche aurore de son génie éclairait le monde.

1901. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XII »

La petite Lucienne rachète, par sa candeur, la science infuse de ses sœurs aînées.

1902. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Adrienne Le Couvreur. » pp. 199-220

L’analyse, faite par Geoffroy, de l’Académie des sciences, ne donna rien de décisif.

1903. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Œuvres de Barnave, publiées par M. Bérenger (de la Drôme). (4 volumes.) » pp. 22-43

Il perd de bonne heure ce jeune frère pour qui il s’est battu, et qui s’annonçait avec une grande distinction dans les sciences exactes.

1904. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mlle de Lespinasse. » pp. 121-142

Il venait de publier un Essai de tactique, précédé d’un discours sur l’état de la politique et de la science militaire en Europe.

1905. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de lord Chesterfield à son fils. Édition revue par M. Amédée Renée. (1842.) » pp. 226-246

Les lettres que lord Chesterfield adressait à son fils, et qui contiennent toute une école de savoir-vivre et de science du monde, ont cela de particulièrement intéressant qu’il n’a point pensé du tout à proposer un modèle, mais qu’il n’a voulu que former un excellent élève dans l’intimité.

1906. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Théodore Leclercq. » pp. 526-547

Théodore Leclercq n’a eu le sentiment vif et la science de la vie privée, de la vie de société, en un mot du salon et de tout ce qu’on y surprend en un clin d’œil de commérage piquant, de babil aiguisé, de luttes, de tracasseries, d’hostilités courtoises et élégantes.

1907. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Saint-Évremond et Ninon. » pp. 170-191

Il y avait à cette époque, en France, une école d’épicuréisme et de scepticisme qui se représentait dans la science par Gassendi et La Mothe Le Vayer ; dans les lettres et dans le monde, par Des Yveteaux, Des Barreaux, et bien d’autres.

1908. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame de Motteville. » pp. 168-188

Cette religion éclairée et soumise lui a dicté dans ses Mémoires quelques pages qu’on peut dire charmantes autant qu’elles sont solides et sensées, sur les querelles du temps, sur les disputes du jansénisme et du molinisme, auxquelles les femmes n’étaient pas les moins pressées de se mêler : Il nous coûte si cher, dit-elle en se souvenant d’Ève, d’avoir voulu apprendre la science du bien et du mal, que nous devons demeurer d’accord qu’il vaut mieux les ignorer que de les apprendre, particulièrement à nous autres qu’on accuse d’être cause de tout le mal… Toutes les fois que les hommes parlent de Dieu sur les mystères cachés, je suis toujours étonnée de leur hardiesse, et je suis ravie de n’être pas obligée de savoir plus que mon Pater, mon Credo et les Commandements de Dieu.

1909. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — II. (Fin.) » pp. 63-82

Le fameux Dialogue de Sylla et d’Eucrate, qui parut quelques années après les Considérations sur les Romains (1745), ne s’en sépare guère : il fut composé pour l’espèce d’Académie des sciences morales et politiques en germe, qui s’assemblait dans un entresol de la place Vendôme, chez l’abbé Alary.

1910. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — I. » pp. 224-245

À la comtesse de Soissons, à l’occasion de la mort du comte son mari, il dira assez singulièrement et pour lui persuader qu’elle y a gagné plutôt que perdu : « Si vous désirez votre bien, il est meilleur que vous ayez un avocat au ciel qu’un mari en terre (sur la terre). » Une fois, il donne des conseils intérieurs et tout spirituels à une âme dévote qui éprouvait des peines et des découragements dans l’oraison ; il essaye avec elle d’un langage et d’une science mystique, où il est aisément vaincu par les saint François de Sales et les Fénelon.

1911. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — II. (Fin.) » pp. 308-328

Les services qu’il rendit par ses notices et ses livres agréables sur les sciences, par l’esprit philosophique qu’il y mit avec art et mesure, furent réels et se répandirent utilement dans la société de son temps : son style et son faux goût littéraire faillirent produire un mal durable.

1912. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — I. » pp. 455-475

. ; 7º quels progrès dans les sciences, quels établissements ; quel fruit en a-t-on tiré ?

1913. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VII. Mme de Gasparin »

D’autant plus grande, cette poëte qui s’ignore, abîmée dans l’humilité et le flamboiement de sa foi, qu’elle ne veut pas l’être, — qu’elle ne pense pas une minute à l’être, pas plus qu’elle ne pense à la science, à la sûreté de sa divination, vraie pour elle, mais qu’elle ne donne pas comme l’éclair fixé de la certitude.

1914. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre X. »

C’est plus tard, c’est quand la poésie devient une science littéraire, que, dans le Musée d’Alexandrie, dans la cage des oiseaux chanteurs nourris par les Ptolémées, loin des religieux anniversaires qui ramenaient l’offrande sacrée de la muse tragique, loin des triomphes patriotiques qui inspiraient sa voix, Callimaque, Apollonius, Lycophron, maîtres experts au métier de la poésie, feront indifféremment des hymnes aux dieux, des cantates aux rois, des tragédies, des épigrammes, et ne craindront pas même de reprendre en sous-œuvre et de versifier de nouveau ces grands sujets que s’était appropriés le génie aux jours de sa jeunesse créatrice, les Pélopides, Œdipe, Agamemnon, toute une part du répertoire d’Eschyle et de Sophocle.

1915. (1901) Figures et caractères

Il voulut à son histoire des substructions solides, l’appui de la science la plus minutieuse. […] L’imperceptible y vit à côté du gigantesque ; la science s’y mêle à la rêverie ; l’élément y explique l’animal. […] Nul ne connaît mieux que Hugo cette portée classique d’un mot, sa valeur étymologique ou conventionnelle ; mais il joint à cette science un don particulier, impérieux, vivifiant. […] On ne passe à Balzac son abstraite science de l’homme qu’à cause des masques innombrables où il l’a diversifiée. […] Ils acceptèrent des données et des moyens poétiques antérieurs et y ajoutèrent peu, se contentant d’en user avec discernement, propriété et science.

1916. (1898) Impressions de théâtre. Dixième série

La science et la sagesse des conseillers hellènes eût servi, fortifié, étendu peut-être l’empire perse. […] Laissons donc le drame ; laissons la question de l’atavisme, et aussi celle des « faillites partielles de la Science » ; car le critique illustre qui naguère a agité cette question avec tant d’éclat la jugerait mal posée ici, et trop confusément ; il estimerait lui-même que le « puffisme » à la fois ingénu et « roublard » du docteur Bertry n’a pas grand’chose à voir avec la science, et qu’il aurait la partie trop belle contre ce niais suffisant. […] Et voilà qu’on nous le fait parler tantôt comme Gautier et tantôt comme Renan ; comme tels artistes et tels sages que nous avons connus et qui furent de fort honnêtes gens, mais des hommes enfin, de pauvres hommes de chair et dont la sensibilité artistique, la science de la vie et l’indulgence sont peut-être un peu venues de ce qu’ils n’étaient ni parfaitement purs, ni parfaitement saints. […] Il nous avait montré le malheur des filles que l’instruction déclasse, la corruption des électeurs et des élus par le suffrage universel, l’hypocrisie et l’insuffisance des institutions philanthropiques, le mal que peut faire la superstition de la science. […] Il a compris que le féodal d’aujourd’hui, c’est l’homme qui par la volonté, l’argent ou la science, mène derrière lui et alimente de travail son troupeau d’hommes. — Tant qu’enfin, sous la parole révélatrice de l’industriel philosophe, l’orateur des cercles ouvriers renonce à son caractère d’emprunt, laisse tomber le masque, retrouve son tempérament primitif et la vraie figure de son âme. « C’est fini, dit-il.

1917. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome III pp. 5-336

Il devait m’importer peu de risquer mon amour-propre et ma personne ; mais le châtiment démon imprudence eût peut-être atteint les administrateurs qui m’avaient appelé dans ce sanctuaire des lettres et des sciences. […] C’est ce travail élémentaire déjà fait dans les sciences, qui exige son accomplissement dans les lettres. […] Si pourtant le nouveau nous apparaît, nous ne le repousserons pas précipitamment, parce que dans les lettres autant que dans les sciences, les découvertes sont possibles quoique suspectes, et qu’il ne faut pas les rejeter quand elles sont précieuses. […] Il en est de même d’une découverte dans les sciences ou dans les arts qui n’a pas de résultats universels, des expéditions bornées de quelques bourgades belliqueuses, des colonisations obscures, et de toutes les entreprises qui n’ont pas fait époque dans les annales du monde. […] Aussi ce héros de la science surpasse-t-il à mon avis tous les autres : son exemple, bien digne qu’un Homère l’eût consacré, témoigne qu’une action, pour être héroïque et merveilleuse, n’a pas besoin d’être meurtrière.

1918. (1914) Une année de critique

L’un d’eux, pris au hasard, traite de « la chasteté, initiatrice de l’amour », de « la science qui travaille pour la chasteté », de « la courtisane, péril physique », de « la réconciliation de la volupté et de la vertu », etc. […] La manie de l’analyse y eût été reliée comme l’imagination de Don Quichotte, comme la science dans Bouvard et Pécuchet. […] Votre science du cœur, cher maître, perce quelques illusions consolantes, mais je la crois exacte. […] Au reste, il juge toujours un peu comme font les femmes, dont toute la science n’est qu’un appel incessant à l’instinct. […] Il va sombrer dans cet amour, auquel il fait grief d’être d’une médiocre utilité pour l’avancement des sciences ; il y sombre à la fin.

1919. (1899) La parade littéraire (articles de La Plume, 1898-1899) pp. 300-117

Bérenger dans notre état national, c’est le divorce entre l’action et la pensée, c’est le renoncement de l’élite intellectuelle, qui se désintéresse des choses publiques pour s’enfermer dans son rêve égoïste d’art, de science ou de pensée. […] Huysmans, obscurcis par la superstition et par l’erreur, ceux qui voient la nature comme Monet, qui célèbrent l’esprit nouveau comme Léon Bazalgette, et qui, hâtant un peu la marche millénaire des races, s’occupent de les guider vers de nouvelles cathédrales de vérité, de science et de soleil. […] Sources et bases de l’univers, ce sont les âmes sachantes, celles qui possèdent la prime science. » Le merveilleux, c’est que M. 

1920. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — I. » pp. 88-109

Il fait (et assez sincèrement, on le doit admettre) la part de la religion, et celle de la science.

1921. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Étienne de La Boétie. L’ami de Montaigne. » pp. 140-161

Ainsi, il proclame hardiment cet homme de mérite mort à trente-deux ans, et qui n’avait été promu qu’à des charges locales et aux dignités de son quartier, il le proclame le plus grand homme, à son avis, de tout le siècle : il a connu, dit-il, bien des hommes qui ont de belles parties diverses, l’un l’esprit, l’autre le cœur, tel la conscience, tel autre la parole, celui-ci une science, celui-là une autre ; « mais de grand homme en général et ayant tant de belles pièces ensemble, ou une en tel degré d’excellence qu’on le doive admirer ou le comparer à ceux que nous honorons du temps passé, ma fortune ne m’en a fait voir nul40 ; et le plus grand que j’aie connu au vif, je dis des parties naturelles de l’âme, et le mieux né, c’était Étienne de La Boétie.

1922. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — II. Duclos historien » pp. 224-245

Un compliment adressé à ce ministre et d’un heureux tour avait singulièrement réussi : « Tous les dépôts, disait Duclos, m’ont été ouverts par les ordres de M. le comte de Maurepas, à qui le roi a confié le département des lettres, des sciences et des arts, comme s’il eût consulté ceux qui les cultivent. » Ces jolis mots ont toujours faveur en France, et, mis en tête même d’un livre grave, ils contribuent à sa fortune.

1923. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — I. » pp. 342-363

Aujourd’hui qu’on étudie à fond ces auteurs, les saint Bernard, les saint Thomas d’Aquin, les Abélard, et aussi les Vincent de Beauvais, les Roger Bacon, on arrive à reconnaître en quoi ces hommes, au milieu d’une civilisation qui avait tant rétrogradé en apparence, si on la compare à celle d’un Sénèque, d’un Pline l’Ancien ou d’un Cicéron, avaient pourtant des vues soit dans l’ordre moral, soit même dans l’ordre des sciences physiques, des conceptions et des essors déjà, qui étaient le résultat ou le signal d’un avancement et d’un progrès pour l’espèce.

1924. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — II. (Fin.) » pp. 109-130

S’il a, comme je l’ai dit, le sentiment de la fatigue et de l’épuisement des sociétés, de ce caractère blasé qui est le produit de l’extrême civilisation, il retrouve aussi en idée, et par saillies, cet autre sentiment de la jeunesse et de la vigueur première du monde, et il le reconnaît aux anciens dans tous les ordres de travaux et de découvertes : il sait que pour tout ce qui est de l’observation et de l’expérience, et dans les sciences qui en dépendent, les modernes l’emportent de beaucoup : Il me suffit, ajoute-t-il, d’avoir remarqué que les anciens ont été plus promptement éclairés que les modernes, qu’ils ont volé dans la carrière où les autres se sont traînés.

1925. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — II. (Fin.) » pp. 257-278

Il les définit, il les raille, il les persifle même sur cette dextérité et cette adresse d’exposition dont leur doctrine a grand besoin ; il établit avec un haut et paisible dédain la différence profonde qu’on doit faire entre un Condillac et un Bacon, deux noms que l’on affectait toujours d’associer ; il replace celui-ci sur le trône de la science, parmi les princes légitimes de l’esprit humain.

1926. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — III » pp. 81-102

Au milieu de la rigueur nécessaire, il s’y montre assez humain, bon politique, observateur éclairé et curieux des cerveaux en délire, nullement présomptueux : « Quand on a, dit-il, à ramener un peuple qui a la tête renversée, on ne peut répondre de rien que tout ne soit consommé. » Témoin des phénomènes physiologiques les plus bizarres, des tremblements convulsifs des prophètes et prophétesses, il est un de ceux dont la science invoquera un jour le témoignage : J’ai vu dans ce genre des choses que je n’aurais jamais crues si elles ne s’étaient passées sous mes yeux : une ville entière, dont toutes les femmes et les filles, sans exception, paraissaient possédées du diable.

1927. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — II » pp. 150-171

L’ignorance, c’était de ne pas se douter que l’art prosodique, le talent et la science du chant pussent être des plus développés dans Homère et d’une maturité merveilleuse, même aux origines d’une civilisation.

1928. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Benjamin Constant. Son cours de politique constitutionnelle, ou collection de ses divers écrits et brochures avec une introduction et des notes, par M. Laboulaye »

Laboulaye n’a loué et ne nous a donné aujourd’hui que le Benjamin de la science constitutionnelle, un publiciste abstrait.

1929. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe, et d’Eckermann »

Ernest Faivre, professeur à la Faculté des sciences de Lyon.

1930. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Œuvres de Louise Labé, la Belle Cordière. »

Il est certain qu’elle eut une jeunesse fort émancipée et à demi virile, et qu’elle trancha de l’amazone ; mais ensuite, et quelles que fussent les chansonnettes et les propos légers, tels que ceux que nous venons de lire, il paraît bien qu’elle vécut à Lyon fort considérée, fort entourée de tout ce qu’il y avait de mieux dans la ville, et de tout ce qui y passait de voyageurs savants et distingués qui se faisaient présenter chez elle : car elle avait une maison, un salon ; on y faisait de la musique, on y lisait des vers, on y causait de sciences et de belles-lettres.

1931. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

dans l’appréciation de ces œuvres spéciales où le procédé est toute une science, où l’exécution tient une si grande place, et qu’un littérateur, c’est-à-dire un homme qui n’a jamais touché le pinceau ni le ciseau, ne doit, ce semble, aborder qu’avec une circonspection extrême, quelle outrecuidance !

1932. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Don Carlos et Philippe II par M. Gachard Don Carlos et Philippe II par M. Charles de Mouy »

Gachard paraître sitôt après le sien et le dépasser sur plus d’un point ; c’est moins pour lui une défaite qu’une confirmation, c’est moins un désagrément qu’un honneur, de se rencontrer ainsi avec un maître de la science et de le voir donner raison presque entièrement à ses recherches et à ses conclusions judicieuses.

1933. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. »

Cette géométrie première, qu’il poussera plus tard jusqu’à la science, lui servit de tout temps à mieux saisir les disproportions et les désaccords ; il eut de bonne heure, comme on dit, le compas dans l’œil.

1934. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. (suite et fin.) »

Dans un fort bon livre, écrit avec beaucoup de soin et de science par MM. 

1935. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Madame Roland, ses lettres à Buzot. Ses Mémoires. »

Je connais et j’ai présentes en ce moment à la pensée un certain nombre de femmes instruites, méritantes, éprouvées, natures vaillantes et probes, qui, sorties du peuple ou presque du peuple, ont conquis l’éducation, les lettres, les sciences, les arts même, — quelques-unes la poésie ; — qui pensent et s’expriment avec fermeté, avec nombre et non sans grâce ; qui comptent dans leur intérieur à tous les titres ; qui doublent et affermissent l’intelligence du frère ou de l’époux, le secondent dans sa carrière, l’aident modestement dans ses travaux, et, à défaut d’une certaine fleur peut-être, font goûter les fruits les plus sûrs et ce qu’il y a de meilleur dans le trésor domestique.

1936. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. »

Je ne vois pas que les hautes autorités dans la science militaire en fassent grand cas.

1937. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite et fin.) »

Lorsque Raynal mourut, il faisait partie de l’Institut national nouvellement créé, et dans la première séance générale qui se tint au Louvre en toute solennité le 15 germinal de l’an iv (4 avril 1796), Le Breton, secrétaire de la Classe des Sciences morales et politiques, lut sur lui une Notice dont Ginguené a parlé ainsi dans la Décade : « Ceux qui ont une connaissance exacte des secours qu’il avait eus pour la composition de son Histoire philosophique et politique ont trouvé que l’auteur de cette Notice traitait un peu trop problématiquement cette question assez importante, qu’il fallait peut-être résoudre avec une équité sévère.

1938. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [II] »

Les vieux généraux de la guerre de Sept Ans, exhumés après tant d’années et pris pour guides, se trouvèrent à court ; ils n’avaient rien appris depuis : « l’âge avait glacé chez eux les qualités qui leur avaient valu du renom, et ne leur avait pas donné le génie, car le génie n’est jamais le fruit de l’âge ni de l’expérience. » Les jeunes, « le prince de Hohenlohe, et Massenbach, son bras droit, avaient tout juste assez d’esprit et de science pour prendre de la guerre ce qu’il y avait de plus faux. » Les manœuvres leur cachaient les vrais mouvements.

1939. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LE COMTE XAVIER DE MAISTRE. » pp. 33-63

Procédant d’Amyot en style bien plus que Seyssel, le délicieux écrivain François de Sales, né au château de son nom, résidait à Annecy ; avec son ami le président Antoine Favre, jurisconsulte célèbre et père de l’académicien Vaugelas, il fondait, trente ans juste avant l’Académie française, une académie dite Florimontane, où la théologie, les sciences et aussi les lettres étaient représentées : leur voisin Honoré d’Urfé en faisait partie28.

1940. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. CHARLES MAGNIN (Causeries et Méditations historiques et littéraires.) » pp. 387-414

Voltaire l’a très-bien remarqué : « Un excellent critique serait un artiste qui aurait beaucoup de science et de goût, sans préjugés et sans envie.

1941. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Madame de Krüdner et ce qu’en aurait dit Saint-Évremond. Vie de madame de Krüdner, par M. Charles Eynard »

Portai était membre de l’Académie des sciences et professeur au Collège de France dès 1770.

1942. (1892) Boileau « Chapitre II. La poésie de Boileau » pp. 44-72

Le poète, en vieillissant, prenait plus de hardiesse, et, plus sûr de sa science, élargissait sa facture.

1943. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre I. Roman de Renart et Fabliaux »

A peine quelque trace de l’instruction primitive aurait-elle subsisté parfois, comme dans ce Lai d’Aristote, où le maître de toute science, à quatre pattes, selle au dos, bride aux dents, porte la belle Indienne qu’il avait blâmé Alexandre de trop aimer, et donne l’ironique leçon de la sagesse vaincue par une blonde tresse, un sourire et une chanson.

1944. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre IV. Le patriarche de Ferney »

Les sciences ne l’occupent plus guère : on ne trouve, en plus de vingt ans, qu’un seul écrit dont elles fournissent le fond549.

1945. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Octave Feuillet »

Gandrax est un chimiste athée, d’ailleurs fort honnête homme ; sa religion, c’est l’amour de la science et de l’humanité.

1946. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les poètes décadents » pp. 63-99

On voit qu’en dépit de la gouaille, ce Crapoussin disposait d’une verve et d’une science de rythme qui lui valait son titre de « vedette ».

1947. (1900) Poètes d’aujourd’hui et poésie de demain (Mercure de France) pp. 321-350

Ils acceptèrent des données et des moyens poétiques antérieurs et y ajoutèrent peu, se contentant d’en user avec discernement, propriété et science.

1948. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre IV, Eschyle. »

C’est lui qui a porté cette loi : la science au prix de la douleur.

1949. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame Émile de Girardin. (Poésies. — Élégies. — Napoline. — Cléopâtre. — Lettres parisiennes, etc., etc.) » pp. 384-406

Dans les romans de Mme de Girardin, on retrouverait le même genre d’esprit que dans ses feuilletons, des portraits et des scènes de société, des observations fines, force paradoxes, quelque charge, peu d’émotion, peu d’action, une grande science du monde à la mode, l’art et jusqu’au métier de l’élégance.

1950. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mademoiselle de Scudéry. » pp. 121-143

Dans ce portrait de Sapho, qui est en si grande partie le sien, elle insiste beaucoup sur ce que Sapho ne sait pas seulement à fond tout ce qui dépend de l’amour, mais sur ce qu’aussi elle ne connaît pas moins tout ce qui est de la générosité ; et toute cette merveille de science et de nature, selon elle, se couronne encore de modestie : En effet, sa conversation est si naturelle, si aisée et si galante, qu’on ne lui entend jamais dire en une conversation générale que des choses qu’on peut croire qu’une personne de grand esprit pourrait dire sans avoir appris tout ce qu’elle sait.

1951. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame Necker. » pp. 240-263

Elle surpassa ses espérances par ses progrès dans les sciences et les langues ; et, dans les courtes visites qu’elle fit à quelques-uns de ses parents à Lausanne, l’esprit, la beauté et l’érudition de Mlle Curchod furent le sujet des applaudissements universels.

1952. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Rivarol. » pp. 62-84

Deparcieux, de l’Académie des sciences.

1953. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — I. » pp. 414-435

M. de Humboldt, dans le voyage aux régions équinoxiales qu’il entreprit au commencement de ce siècle avec son ami le botaniste Bonpland, et qui est une date mémorable dans la science, a reconnu en mainte rencontre cette vérité intime et pittoresque de Bernardin et le charme pénétrant de ses observations naturelles : Que de fois, dit le savant voyageur, nous avons entendu dire à nos guides dans les savanes de Venezuela ou dans le désert qui s’étend de Lima à Truxillo : « Minuit est passé, la Croix commence à s’incliner ! 

1954. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — I. » pp. 389-410

Il conçut un projet qui annonçait de l’énergie et le zèle pur de la science.

1955. (1899) Esthétique de la langue française « Le cliché  »

Le Génie de la langue française, ou Dictionnaire du langage choisi, contenant la science du bien dire, toutes les richesses poétiques, toutes les délicatesses de l’élocution la plus recherchée, etc.

1956. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre premier. La solidarité sociale, principe de l’émotion esthétique la plus complexe »

Les objets que nous appelons inanimés sont bien plus vivants que les abstractions de la science, et c’est pour cela qu’ils nous intéressent, nous émeuvent, nous font sympathiser avec eux, par cela même éveillent des émotions esthétiques.

1957. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre I. La critique » pp. 45-80

En analystes consciencieux, Marius-Ary Leblond ont observé la méthode méticuleuse de la science expérimentale, sans faire abstraction de leur personnalité qui se révèle par une critique souvent nuancée d’ironie, mais toujours courtoise.

1958. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vien » pp. 74-89

Je ne dis pas aux souverains, que les passions et l’intérêt particulier doivent mener ce monde, mais je dis que tout écrivain politique qui ne fait pas entrer dans ses calculs ces deux puissants ressorts, ne connaît pas les élémens de sa science, et qu’il est plus instant de trouver des remèdes contre les passions et l’intérêt que contre l’erreur.

1959. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Loutherbourg » pp. 258-274

Il est très-instruit, il aime les sciences, les lettres et les arts.

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