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1150. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre septième. »

Trésor, fuyez : et toi, déesse, Mère du bon esprit….

1151. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Deshays » pp. 208-217

Il y a sans doute de la sublimité dans une tête de Jupiter ; il a fallu du génie pour trouver le caractère d’une Euménide, telle que les Anciens nous l’ont laissée ; mais qu’est-ce que ces figures isolées en comparaison de ces scènes où il s’agit de montrer l’aliénation d’esprit ou la fermeté religieuse, l’atrocité de l’intolérance, un autel fumant d’encens devant une idole ; un prêtre aiguisant froidement ses couteaux, un préteur faisant déchirer de sang-froid son semblable à coups de fouet, un fou s’offrant avec joie à tous les tourments qu’on lui montre et défiant ses bourreaux ; un peuple effrayé, des enfants qui détournent la vue et se renversent sur le sein de leurs mères, des licteurs écartant la foule, en un mot, tous les accidents de ces sortes de spectacles ?

1152. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre VI. Du trouble des esprits au sujet du sentiment religieux » pp. 143-159

Il laisse avec mélancolie errer ses regards en arrière ; il porte au-dedans de lui une vague inquiétude dont il ignore la cause ; il se crée des sentiments factices, et qu’il sait être ainsi, pour suppléer aux émotions qu’il ne retrouvera plus ; il s’étonne du désenchantement où il est plongé ; il a beau être séparé de la religion, ou par les passions dont il est devenu le jouet infortuné, ou par les séductions d’un esprit raisonneur, qui, à force de vouloir approfondir, égare ; il ne peut être sourd aux plaintes touchantes d’une mère, qui ne devait pas s’attendre à lui voir trahir ce qu’elle regardait comme ses plus chères espérances, ni aux terribles accusations de ses aïeux, qui lui reprochent, du fond de la tombe, d’avoir abandonné la portion la plus précieuse de leur héritage.

1153. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XVIII. Souvenirs d’une Cosaque »

Il n’y a d’empoisonné que son amour, de sorte que l’en voilà guérie, et que tout le monde sort en bonne santé de ce livre dont on peut dire, comme dans les lettres de faire-part : La mère et l’enfant se portent bien !

1154. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Louis Vian » pp. 373-387

III Il n’avait pas été élevé pourtant sur les genoux de Zénon, mais sur ceux d’une mère chrétienne ; et même, par esprit de christianisme, on lui avait donné pour le tenir sur les fonts du baptême un mendiant.

1155. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Grèce antique »

Assurément, le Christianisme, qui élève les mœurs de la famille à une hauteur après laquelle il n’y a plus à monter, le Christianisme, qui remplace le despotisme du père par l’intervention de la mère et des autres parents, devait avoir de mortelles peines à s’établir dans un pays où ne subsistait pas la famille au sens que ce mot rappelle à nos affections comme à nos devoirs.

1156. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Jacques Cœur et Charles VII »

Plus vaniteuse que tendre, fastueuse de sa beauté autant qu’insolente de son empire, c’est bien l’effrontée qu’on retrouve, dans le seul portrait qu’on ait d’elle, « le sein tout nud » jusque sur un vitrail d’Église, et à qui Louis XI, dauphin alors, pour venger sa mère outragée, un jour appliqua un soufflet.

1157. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes et la société au temps d’Auguste » pp. 293-307

C’est évidemment de l’admiration de Shakespeare qu’il est parti pour arriver à une théorie historique dont le puissant génie de Shakespeare, agissant tout uniment comme les mères qui font de beaux enfants, ne se doutait pas ; et cette théorie, il l’a détaillée, il l’a caressée dans une introduction qui n’est pas, certes !

1158. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « IV. M. Henri Martin. Histoire de France » pp. 97-110

Prendre à la religion chrétienne, qui nous a pétris dans le sang de Notre-Seigneur Jésus-Christ (qui nous a donné le sein, si nous ne sommes pas sortis de son flanc ; qui est notre nourrice, si elle n’est pas notre mère), prendre à la religion chrétienne la plus belle civilisation qui fut jamais, — la civilisation de la chevalerie, — pour la donner à une société morte, atroce et barbare ; opposer et substituer à cette monarchie faite par des évêques, comme disait Gibbon, une monarchie faite… par des druides, voilà de l’habileté profonde, car elle semble désintéressée et ne prétend être que scientifique !

1159. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XI. MM. Mignet et Pichot. Charles Quint, son abdication, son séjour et sa mort au monastère de Yuste. — Charles V, chronique de sa vie intérieure dans le cloître de Yuste » pp. 267-281

C’était la fille dévouée d’une mère terrible, de cette Inquisition qu’il faut bien nommer tout en pâlissant, et qui, duena impitoyable, l’avait élevée, purifiée et bronzée, sa vierge orthodoxe, à la flamme des charbons ardents d’Isaïe.

1160. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. le vicomte de Meaux » pp. 117-133

Seulement, il n’en resta pas moins deux vestiges de l’ancienne discipline, dit avec raison M. de Meaux : « L’Église revendiquait le condamné pour le soustraire à la mort s’il se rétractait, sinon elle le livrait au juge séculier, le ministère ecclésiastique étant incompatible avec l’effusion du sang. » L’immense Mère des âmes ne se démentait pas !

1161. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Michelet » pp. 259-274

Ses Mémoires, doivent dire s’il avait été baptisé autrement qu’à la Jean-Jacques Rousseau, le Spartiate de Genève, qui voulait qu’on plongeât le corps de l’enfant, pour le faire fort, dans l’eau glacée, au sortir du ventre des mères, dût-il en mourir, et tant pis pour lui s’il en mourait !

1162. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Émile de Girardin » pp. 45-61

La vieille société, cette société qui s’en va du monde et que Μ. de Girardin reconduit jusqu’à la porte avec des injures, a surtout pour expression, dans sa pièce, la marquise de La Rochetravers, mère du jeune marquis Roger, chef de la maison et de la branche aînée, comme l’on disait autrefois.

1163. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Horace Walpole »

Cela s’appelait la Mère mystérieuse.

1164. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XVII. Saint-Bonnet »

Nous ne dirons pas qu’ils en soient sortis comme l’enfant sort complet, organisé, achevé, du sein de la mère.

1165. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXX. Saint Anselme de Cantorbéry »

Si du temps de Leibnitz, en effet, et après Leibnitz surtout, l’homme se spécialise chaque jour davantage et peut s’abstraire de tout ce qui n’est pas sa pensée et le mouvement extérieur de sa pensée, il n’en était point ainsi au Moyen Âge où la société tenait bien plus d’espace que l’homme : mère aux bras puissants, dans lesquels l’homme se tassait et, si grand qu’il fût, paraissait petit !

1166. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Agrippa d’Aubigné »

On l’appela Agrippa (d’ægre partus), parce qu’en venant au monde il avait tué sa mère et failli lui-même de mourir.

1167. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Hector de Saint-Maur »

Fille sans mère, prolem sine matre creatam !

1168. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Arsène Houssaye » pp. 271-286

quelle mère voudrait le donner à sa fille ? 

1169. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Edmond About » pp. 91-105

quand elle arrive, Germaine est guérie, heureuse, aimée de son mari, aimée du bâtard qu’elle élève et qui la préfère à sa mère !

1170. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Paul Féval » pp. 145-158

Mais, en littérature, la gestation est volontaire, et si malheureusement il en était de même pour la gestation de l’enfant par la mère, depuis longtemps le monde ne serait plus !

1171. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Francis Wey »

Le combat de la vocation religieuse contre la vocation de la mère de famille qui se révèle avec tant d’énergie dans la scène, au village, où Éliane est obligée, par les combinaisons du roman, à tenir un enfant dans ses bras, — scène magnifique, d’un contenu excessivement émouvant, et que Stendhal seul aurait pu écrire s’il avait été chrétien, — le triomphe enfin de la vocation de l’épouse, le discours de la mère Saint-Joseph qui clôt le roman dans une souveraineté de raison éclairée par la foi, et surtout, surtout, la réalité de la sœur Saint-Gatien, qui représente l’être surhumain, l’ange gardien d’Éliane, et qui s’en détache si humainement et si vite quand elle lui a préféré, pour s’appuyer, le cœur d’un homme, — trait cruel que Wey n’a pas manqué, — voilà les beautés de la troisième partie de ce livre, écrit avec une sûreté de main et une maturité de touche qui n’ont fait faute à l’auteur de Christian qu’une seule fois.

1172. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVI. Des sophistes grecs ; du genre de leur éloquence et de leurs éloges ; panégyriques depuis Trajan jusqu’à Dioclétien. »

On trouvera depuis le même sentiment dans ce jeune Alexandre Sévère qui, empereur à treize ans, et mort à vingt-six, élevé par une mère qui était un grand homme, fut à la fois ferme et sensible, et joignit toutes les vertus avec toutes les grâces.

1173. (1905) Propos littéraires. Troisième série

Ô mère ! […] « Son père. » — Hilarité générale. — « Sa mère. » — Léger scandale, vite réprimé parce qu’on appelle un froid… Et puis ? […] Quand elle devient positiviste, elle croit à la science comme à une déesse protectrice, féconde et bienfaisante, qui fera des miracles pour elle, ou elle croit à l’humanité comme à une personne sacrée et divine, mère, et puis fille, du progrès, et ensuite à la fois fille et mère du progrès, et cela fait toute une mythologie ; et elle écrit Science, Humanité et Progrès avec des majuscules. […] Quant à Fort comme la mort, comment trouver du talent clans une œuvre où un homme, après avoir été pendant vingt ans l’amant de la mère, est désolé de ne pouvoir devenir celui de la fille ? […] Elle aime le jeune Maurice d’abord d’un amour de mère, ensuite d’un dévouement de garde-malade, et enfin d’un amour de quadragénaire.

1174. (1949) La vie littéraire. Cinquième série

C’est assez que, pendant dix-huit siècles, l’Église, en frappant la synagogue, ait déchiré le sein de sa mère. […] Elle s’annonçait comme la mère d’un nouveau messie. […] Pendant cette nuit bienheureuse, disait-elle, Dieu mettra un mur d’airain entre l’homme et la femme : les enfants tressailleront dans le sein de leur mère, une étoile resplendissante s’arrêtera sur ce lieu, dès lors sacré pour tous les peuples. […] Les mères portaient des bouquets de roses, leurs filles les accompagnaient avec des corbeilles remplies de fleurs. […] La gracieuse Mère se tenait joyeuse près du foin où le Petit était couché.

1175. (1896) Les idées en marche pp. 1-385

Voyer Peer Gynt, menteur nomade, amusant sa vieille mère au lit de mort par des anecdotes impossibles et parcourant réellement les tourbillons de l’hypothèse. […] Les endroits sont tels que les voit Mme Gervaisais, et ces descriptions achevées de la ville éternelle nous projettent les états d’esprit de cette mère peu à peu détachée de la maternité. […] Ainsi se trouve réalisée la nécessité mère, selon moi, de toute œuvre d’art : une vue d’ensemble formée de pièces méticuleuses. […] Le père, la mère, deux jeunes filles et un enfant semblent heureux et tranquilles. […] Quand, la veille de Noël, le petit paysan est entre son père, sa mère, ses frères et sœurs et ses grands-parents, il savoure à la fois tous les bonheurs devant le feu qui brille et la table chargée.

1176. (1874) Portraits contemporains : littérateurs, peintres, sculpteurs, artistes dramatiques

Tout le monde croyait que je serais marin, et ma mère se désespérait par avance d’une vocation qui dans un temps donné devait m’éloigner d’elle. […] Toutes les provisions que ma mère m’apportait restaient empilées dans mes poches et y moisissaient. […] Sa mère accourut et l’enleva pour le ramener à Tours. […] Les douairières et les mères à turban ont seules conservé leur vieille antipathie ; et voient stoïquement leurs salons réfractaires désertés par la jeunesse. […] Ils restent tout petits, sans ressources comme leur mère.

1177. (1903) Le problème de l’avenir latin

La présence à ces cours devrait être obligatoire pour les mères, ou plutôt pour les futures mères, responsables devant la collectivité de l’inintelligence des soins donnés à l’enfant. […] Or rien, — affection, bonté, intuition et prescience de mère, traditions de famille — ne peut remplacer les connaissances précises requises en un tel cas. […] Il faudrait que les mères considérassent comme le complément intellectuel indispensable de leur œuvre de nourrice, l’acquisition de cette science, et qu’à cet effet on leur fît sentir leur devoir. […] Des comités médicaux devraient surveiller l’œuvre des mères. […] Des concours seraient organisés et des primes instituées, par lesquels l’intelligence des mères serait mise en valeur et recevrait des récompenses et des avantages sociaux.

1178. (1902) Le chemin de velours. Nouvelles dissociations d’idées

Il faut que la femelle qui sera la mère soit conforme au type de la race, c’est-à-dire il faut qu’elle soit belle22. […] Comme leur mère ils sauront parler d’abord avec tout ce qui ne parle pas, acquisition précieuse. […] Des critiques, pour la flatter, ont allégué on ne sait quelle hérédité latérale, par quoi on démontre que, filles de mères de moins en moins cultivées, à mesure que l’on remonte le cours des siècles, il n’est pas surprenant que leurs aptitudes soient moindres que celles des mâles. […] Comparé au rôle de la mère ignorante qui cueille comme une fleur le premier mot épanoui sur les lèvres de l’enfant, le rôle du maître est presque nul. Ce mot qui vient de fleurir, c’est la mère elle-même qui l’a semé, car si le langage est une fonction, il faut lui donner les matériaux sur lesquels elle puisse s’exercer.

1179. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Charles Labitte »

Le jeune enfant fut ainsi ramené dès son bas âge dans le Ponthieu, patrie de sa mère, et c’est là qu’il fut élevé sous l’aile des plus tendres parents et dans une éducation à demi domestique. […] « Il est mort, s’écriait Pline en pleurant un de ses jeunes amis240, et ce qui n’est pas seulement triste, mais lamentable, il est mort loin d’un frère bien-aimé, loin d’une mère, loin des siens… procul a paire amantissimo, procul a matre… Que n’eût-il pas atteint, si ses qualités heureuses eussent achevé de mûrir !

1180. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre I. Succès de cette philosophie en France. — Insuccès de la même philosophie en Angleterre. »

Un soir, au moment de partir pour le bal de l’Opéra, elle trouve sur la toilette la Nouvelle Héloïse 486, je ne m’étonne point si elle fait attendre d’heure en heure ses chevaux et ses gens, si, à quatre heures du matin, elle ordonne de dételer, si elle passe le reste de la nuit à lire, si elle est étouffée par ses larmes ; pour la première fois, elle vient de voir un homme qui aime  Pareillement, si vous voulez comprendre le succès de l’Émile, rappelez-vous les enfants que nous avons décrits, de petits Messieurs brodés, dorés, pomponnés, poudrés à blanc, garnis d’une épée à nœud, le chapeau sous le bras, faisant la révérence, offrant la main, étudiant devant la glace les attitudes charmantes, répétant des compliments appris, jolis mannequins en qui tout est l’œuvre du tailleur, du coiffeur, du précepteur et du maître à danser ; à côté d’eux, de petites Madames de six ans, encore plus factices, serrées dans un corps de baleine, enharnachées d’un lourd panier rempli de crin et cerclé de fer, affublées d’une coiffure haute de deux pieds, véritables poupées auxquelles on met du rouge et dont chaque matin la mère s’amuse un quart d’heure pour les laisser toute la journée aux femmes de chambre487. Cette mère vient de lire l’Émile ; rien d’étonnant si tout de suite elle déshabille la pauvrette, et fait le projet de nourrir elle-même son prochain enfant. — C’est par ces contrastes que Rousseau s’est trouvé si fort.

1181. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVe entretien. Vie de Michel-Ange (Buonarroti) »

Sa mère était aussi de race noble, et estimée pour l’honnêteté de ses mœurs et la dignité de sa vie dans la province. […] Sa mère était une fille du duc d’Urbin, un des premiers patrons de Michel-Ange adolescent, au moment où il suivait, hors de Florence, les Médicis dans l’exil.

1182. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre II. Le quinzième siècle (1420-1515) »

Ne nous arrêtons pas à l’excellente Christine Pisan114, bonne fille, bonne épouse, bonne mère, du reste un des plus authentiques bas-bleus qu’il y ait dans notre littérature, la première de cette insupportable lignée de femmes auteurs, à qui nul ouvrage sur aucun sujet ne coûte, et qui pendant toute la vie que Dieu leur prête, n’ont affaire que de multiplier les preuves de leur infatigable facilité, égale à leur universelle médiocrité. […] Il a d’adorables mots pour sa bonne femme de mère : et n’est-ce pas le lieu commun de notre art réaliste, que la sensibilité familiale des clients de la cour d’assises ?

1183. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « M. Deschanel et le romantisme de Racine »

De même, Oreste a tué sa mère et va tuer Pyrrhus. […] Un homme entre deux femmes (Andromaque, Bajazet), un amant qui se sépare de sa maîtresse pour des raisons de convenance (Bérénice), la lutte entre deux frères de lits différents ou entre une mère ambitieuse et un fils émancipé (Britannicus), un père rival de son fils (Mithridate), même une femme amoureuse de son beau-fils (Phèdre), ce sont là des choses qui se voient, des situations où nous pouvons, un beau jour, nous trouver impliqués.

1184. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Figurines (Deuxième Série) » pp. 103-153

« Si bien que tu trouves finalement ton compte à te jouer des cendres de ta mère, et des dieux immortels et des astres silencieux. […] « Et, de plus en plus, les mères et les pères économes te redoutent pour leurs fils ; et les jeunes femmes tremblent que ton odeur ne détourne leurs maris. » (Notez que ma traduction est médiocre et que la grâce des strophes saphiques en est forcément absente.)

1185. (1894) Propos de littérature « Chapitre IV » pp. 69-110

Les harmonies, comme des Mères, sont les matrices où fructifie le verbe jaillissant du rythme ; elles nous apparaissent comme en dehors de nous : des lois spéciales les régissent sans notre œuvre, elles ne nous obéissent que dans la mesure de ces lois et, plus immobiles et plus stables que le rythme, la résistance qu’elles nous opposent nous les révèle étrangères. […] Ils sont comme un enfant qui, s’il a quitté la main de sa mère, court un instant joyeux et libre, et déjà revient vers elle pour régler de nouveau son pas sur le sien.

1186. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, le 8 décembre 1885. »

Jalouse de ses droits écrasés, la déesse d’amour se vengea : le philtre d’amour destiné selon les mœurs du temps par la prévoyante mère à l’époux marié par politique, elle le fit par une rusée mégarde présenter au jeune couple ; eux, l’ayant bu, s’enflammèrent tout à coup d’un clair feu, et se durent avouer qu’ils s’appartenaient l’un à l’autre seulement. […] Prakriti en la plus violente souffrance d’amour : sa mère appelle Ananda ; Ananda poigné et angoissé jusque les larmes, — délivré par Chakya.

1187. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE IX »

De son côté, Armand, qui soupçonne le sacrifice, vend l’héritage de sa mère, pour en doter sa maîtresse. […] Cette question de budget, où l’honneur d’un homme est en jeu, n’est point suffisamment résolue par son abandon d’une rente provenant de la fortune de sa mère : la donation arrive trop tard et n’aboutit pas.

1188. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1878 » pp. 4-51

Il y avait, chez ma mère, une femme de chambre jolie, ayant l’air bête, mais vous savez, il y a quelques figures, où l’air bête met une grandeur. […] Encore enfant, au temps des confitures, son père et sa mère le chargeaient d’aller chercher un pain de sucre, chez un distillateur de leurs amis, qui demeurait rue des Cinq-Diamants.

1189. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IX. Première partie. De la parole et de la société » pp. 194-242

Un enfant, dit-il, n’apprend sa langue maternelle que parce qu’il l’invente, en quelque sorte, avec sa mère. […] C’est sans doute ce qui faisait dire à un philosophe de ces derniers temps : « Nous sommes les mères de nos pensées. » M. de Bonald, à la suite de sa Législation primitive, avait donné une Dissertation sur la pensée de l’homme et sur son expression.

1190. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Gustave Flaubert »

J’ai vu des mères, affligées de squirres, prendre leur squirre pour un enfant et devenir tendres pour cette horrible chose qu’elles avaient dans le ventre. L’auteur de L’Éducation sentimentale doit avoir, pour les œuvres qui sortent si lentement et si péniblement de lui, cette maternité idolâtre qu’augmentent encore la durée et la difficulté de la gestation chez les mères.

1191. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Appendice. »

Elle avait été comme élevée sur les genoux de Mesdames, filles de Louis XV, auxquelles sa mère était attachée moins encore par une charge de Cour que par des liens d’affection.

1192. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XIII. Des tragédies de Shakespeare » pp. 276-294

L’égarement d’Hamlet est causé par la découverte d’un grand crime : la pureté de son âme ne lui avait pas permis de le soupçonner ; mais ses organes s’altèrent en apprenant qu’une atroce perfidie a été commise, que son père en a été la victime, et que sa mère a récompensé le coupable en s’unissant à lui.

1193. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre III. Retour à l’art antique »

Il avait un avantage sur tous ceux qui étudiaient ou imitaient l’antiquité : il était né à Constantinople, et par sa mère, une Santi l’Homaca, il était demi-Grec.

1194. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Banville, Théodore de (1823-1891) »

Ô poésie, ô ma mère mourante, chantait le pauvre cher maître, car il ne voyait plus, autour de lui, s’échapper des touffes prophétiques la gloire vivante comme au temps de Ronsard ; les larmes amoureuses que recueillait Racine ne brillaient plus sur la face de la Patrie ; on ne songeait pas à Vigny ; Lamartine venait de s’endormir dans son cercueil d’ivoire.

1195. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Leconte de Lisle, Charles-Marie (1818-1894) »

Leconte de Lisle insiste sur cette horrible situation d’un fils égorgeant sa mère.

1196. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre IV. Cause immédiate d’une œuvre littéraire. L’auteur. Moyens de le connaître » pp. 57-67

Il existe une maladie propre au biographe : c’est de s’imaginer qu’il a inventé son héros et, partant, d’avoir pour lui un amour paternel, mieux encore, la tendresse aveugle et verbeuse d’une mère qui ne tarit pas sur les moindres faits et gestes, sur les plus insignifiants propos du cher enfant.

1197. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre II » pp. 12-29

Catherine de Vivonne était petite-fille, par sa mère, de Clarice Strozzi, parente de Catherine de Médicis ; elle était donc alliée des trois derniers Valois5, alliée aussi de Marie de Médicis, femme de Henri IV.

1198. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Cours de littérature dramatique, par M. Saint-Marc Girardin. (2 vol.) Essais de littérature et de morale, par le même. (2 vol.) » pp. 7-19

C’est ainsi que, prenant un à un les différents sentiments, les différentes passions qui peuvent servir de ressorts au drame, il nous en fait l’histoire chez les Grecs, chez les Latins, chez les modernes, avant et après le christianisme : « Chaque sentiment, dit-il, a son histoire, et cette histoire est curieuse, parce qu’elle est, pour ainsi dire, un abrégé de l’histoire de l’humanité. » M. de Chateaubriand avait, le premier chez nous, donné l’exemple de cette forme de critique ; dans son Génie du Christianisme, qui est si loin d’être un bon ouvrage, mais qui a ouvert tant de vues, il choisit les sentiments principaux du cœur humain, les caractères de père, de mère, d’époux et d’épouse, et il en suit l’expression chez les anciens et chez les modernes, en s’attachant à démontrer la qualité morale supérieure que le christianisme y a introduite, et qui doit profiter, selon lui, à la poésie.

1199. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre IX. La pensée est-elle un mouvement ? »

L’embryon dans le sein de la mère ne sait rien des conditions d’existence auxquelles il sera un jour appelé, et il peut croire que l’heure de la naissance est pour lui l’heure de la mort.

1200. (1860) Ceci n’est pas un livre « Décentralisation et décentralisateurs » pp. 77-106

Je ne fais pas ici le procès à la solitude : la solitude a été la mère de beaucoup de beaux livres, — mais la solitude qui suit la réunion bruyante et vivante.

1201. (1912) L’art de lire « Chapitre II. Les livres d’idées »

S’il dit : « si l’on croit que c’est par amour pour elle que l’on aime une femme, on est bien trompé », il ne dit point : « si une mère croit que c’est par amour pour lui qu’elle aime son enfant, elle se trompe ».

1202. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXII. La comtesse Guiccioli »

Mme de Staël, qui, même sans amour, aurait mieux parlé de Byron que Mme Guiccioli, n’arracha jamais entièrement son génie au bas-bleuisme quelle tenait de la race pédante (les Necker, père et mère) à laquelle elle appartenait… Mais le cœur de Mme Guiccioli était moins vaillant que le génie de Mme de Staël… C’était un genre de cœur qui ressemblait à son genre d’esprit.

1203. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Léon XIII et le Vatican »

Mais il n’en est pas moins certain que, dans les temps antérieurs, rien ne s’est produit de comparable à la situation présente de l’Église, depuis que le monde est sorti de ses entrailles, — car il en est sorti comme l’enfant du sein de sa mère, — et jamais ce monde ingrat qui veut la tuer n’a été plus près du parricide.

1204. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « VIII. Du mysticisme et de Saint-Martin »

Certes, si l’Église a des mélancolies comme celles des mères, ce doit être en voyant se détacher d’elle des âmes comme celle de Saint-Martin.

1205. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Monselet »

Celui qui va le jour, celle qui va la nuit, La mère du silence et le père du bruit !

1206. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Théodore de Banville »

Qui dominas du front cette Grèce ta mère, Et qui, roulant tout bas, spectre pâle et hagard, Ta lèvre sans sourire et tes yeux sans regard, Laissas couler un jour de ta main gigantesque Toute l’Antiquité, comme une grande fresque !

1207. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Léon Gozlan » pp. 213-230

Encore une fois, dans ce temps de Mères Gigognes littéraires, nous avons vu mieux, et sorti, bon Dieu !

1208. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VII. »

Mais, loin de sa ville et des campagnes fécondes qui l’entourent, mendier errant, avec une mère chérie, un vieux père, des enfants, une jeune épouse, c’est plus déplorable des misères.

1209. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

« Dans vingt ans d’ici, disait-il à la jeunesse française, dans la préface du Disciple, vous aurez en main la fortune de cette vieille patrie, notre mère commune. […] Vainement bercée, par sa mère, de paroles consolantes, la pauvre enfant trouve dans sa piété, très sincère et très profonde, la force de pardonner. […] » Alors ils prennent avec précaution le cadavre, le couchent, comme une mère ferait de son enfant endormi, lui posant la tête bien couverte sur une pierre plate, pour l’élever, dans la pensée qu’il dormira plus à l’aise le tranquille sommeil. […] Le Braz : « Ma mère a vu la ville d’Is s’élever au-dessus des eaux. […] Un éditeur publia les lettres que le petit Bonaparte, âgé de dix ans, écrivait à sa mère, et l’on vit bien que l’auteur de ces épîtres était condamné d’avance à devenir un mauvais sujet.

1210. (1895) Nouveaux essais sur la littérature contemporaine

Il en a plusieurs en vue, — trois ou quatre à la fois, — mais qui croirait que les mères de ces demoiselles « regardent sa bourse plus que sa figure » ? […] « Je ne pense pas que la précocité des jeunes filles, en ce temps-ci, doive être attribuée à l’insouciance morale des mères… Mais il n’y a que l’aveuglement des maris à l’égard de leurs femmes qui soit comparable à celui des mères à l’égard de leurs filles. […] Hélas, mère sacrée, Oh ! […] vous avez accueilli ma venue Et ma mère a brûlé ma lèvre de ses pleurs ! […] Elle se décide enfin, contre elle-même, malgré les larmes de sa mère, et l’inutile repentir de son fiancé : Henriette Scilly n’épousera pas Francis Nayrac !

1211. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome II

Nous devenons père, et la qualité de l’amour qui nous attache à la mère de nos enfants augmente ou diminue les chances de déviation ou de droite existence pour ceux à qui nous infligeons l’être. […] Autrement il y a trop de gens qui en souffrent plus tard… Je pense à ma mère, qui m’a abandonné quand j’avais deux ans, et à mon père, qui en est mort5… » Vous rappelez-vous le couplet de Perdican au second acte d’On ne badine pas avec l’amour, et comme il répond à Camille : « Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches, méprisables et sensuels. […] Le « Tue-la » de l’Homme-Femme trouve ici sa sinistre application, et quand la femme ne serait pas la Messaline qu’a épousée Claude, quand elle serait l’honnête mère de famille qui fait des enfants et garde le foyer, la lutte, pour ne plus aboutir au sang et aux larmes, serait-elle supprimée ? […] Ni son père ni sa mère n’ont veillé sur lui. Sa mère était loin ; son père était mort Sont-ils plus favorisés du sort, ceux dont le père existe et passe ses jours chez sa maîtresse ou au club ; ceux dont la mère existe et songe uniquement à courir le monde et à se parer ?

1212. (1895) Hommes et livres

Je comprends que dans les lettres de Madame, mère du régent, ou dans des souvenirs du général Joubert, on cherche surtout Madame et le général Joubert : mais il y a un autre usage à faire des écritures de Boileau, de Bossuet, de Voltaire, quand on veut réellement faire une étude de littérature. […] Le 10 octobre, Félix fait ses adieux à sa mère, « qui pleurait et pensait ne plus le revoir ». […] La servante est au prêche, le père à la campagne, la mère chez une voisine. […] Je trouve pourtant qu’« une jeune fille qui n’avait jamais été à la comédie, voyant Pyrame qui se veut tuer à cause qu’il croit sa maîtresse morte, dit à sa mère qu’il fallait avertir Pyrame que Thisbé était vivante ». […] Une fille élevée loin de la maison et sacrifiée à un frère indigne par la préférence injuste de sa mère : voilà L’École des mères.

1213. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Alexis Piron »

En revanche, il l’était peu de sa mère, fille pourtant du célèbre sculpteur Dubois, mais qui paraît avoir été une personne assez insignifiante, étroite de cœur et d’esprit ; elle ne lui avait guère laissé de tendres souvenirs. […] Son entrée chez moi fut un coup de théâtre ; il crut voir mon père, et moi ma mère. […] Les gens de goût, qui vont au butin dans ses œuvres, feraient volontiers, de ses épigrammes, de ses contes et de ses bons mots, une Anthologie qui serait très-courte, mais exquise ; si choisie qu’elle fût, on ne saurait toutefois y mettre pour épigraphe ce vers, qui est de lui et qui lui ressemble si peu : La mère en prescrira la lecture à sa fille.

1214. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Louis Veuillot »

II Il était du peuple, du tout petit peuple ; né à Boynes, dans le Gâtinais, d’une mère bourguignonne. […] (Je cite beaucoup, car il est très important de bien connaître le point d’où Veuillot est parti.) « Là, continuait-il, j’ai mon père qu’on a usé comme une bête de somme, et ma mère courbée sous le chagrin… Le hasard a voulu qu’un rayon de soleil réchauffât leurs derniers jours. […] Et vous comprendrez mieux la magnanimité de ce jugement, si vous vous souvenez du vers abominable où Victor Hugo avait insulté Louis Veuillot dans sa mère.

1215. (1879) À propos de « l’Assommoir »

Orphelin, sans fortune, il dut abandonner ses études pour soutenir sa mère. […] Nous avons entendu un petit garçon de treize ans appeler sa mère « vache, bonne à rien », lui dire que son père avait bien raison de lui administrer de bonnes danses en attendant qu’il soit assez fort pour en faire autant8 » Ces réflexions si judicieuses d’un homme qui a passé sa vie avec les ouvriers et qui ne prend la plume que pour proposer des remèdes à leur misère, sont-elles suffisantes à faire comprendre l’expression employée par M.  […] N’est-ce pas un rayon, que la beauté unie à la force de Goujet, que la noblesse d’âme de sa mère ?

1216. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre sixième. Le roman psychologique et sociologique. »

Moins que jamais Werther sera disposé à mener une vie active : « Ma mère voudrait me voir occupé, cela me fait rire… ; ne suis-je donc point assez actif à présent ? […] Jean Valjean porte le seau trop plein de Cosette ; la petite marche à ses côtés, il lui parle : — Tu n’as donc pas de mère ? […] La plupart des traits d’esprit qui se colportent de salon en salon ressemblent à ces mois des enfants, à ces petites niaiseries gracieuses que les mères redisent avec complaisance et que nous ne pouvons écouter sans ennui.

1217. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre dixième. Le style, comme moyen d’expression et instrument de sympathie. »

» Alors sortait de son esprit une formule plus nette, où l’idée mère apparaissait débarrassée de toutes les incidentes qui la surchargeaient et l’étouffaient. […] La misère, presque toujours marâtre, est quelquefois mère le dénûment ; enfante la puissance d’âme et d’esprit ; 2. […] Mer où la perle éclôt, terre où germe l’épi ; Nature d’où tout sort, nature où tout retombe, Feuilles, nids, doux rameaux que l’air n’ose Ne faites effleurer, pas de bruit autour de cette tombe ; Laissez l’enfant dormir et la mère pleurer !

1218. (1880) Goethe et Diderot « Gœthe »

l’enthousiasme, c’est ce qui a toujours le plus manqué à Gœthe, à cette nature d’antiquaire qui fut plus heureuse de voir Rome que de voir la mer, à cette âme sans passion, meublée de manies, qu’il arrangeait comme une chambre et époussetait comme un musée ; à cette âme qu’il tenait d’un père baguenaudeur comme lui en art et en littérature, et d’une mère affectée, douce égoïste, qui ne voulait pas qu’on lui parlât de son fils quand, enfant, il était malade, parce que (textuel) « cela faisait mal à ses sentiments…  » Deux âmes qui n’étaient pas capables d’en faire une troisième, et qui, aussi, ne firent que Gœthe. […] Gœthe, qui avait également toutes les vocations, depuis celle de la géologie jusqu’à celle du jeu de piquet, depuis celle du chimiste, et même de l’alchimiste, jusqu’à celle du danseur et du patineur, — rappelez-le-vous patinant avec la pelisse en velours rouge de madame sa mère ! […] Lewes, n’est ni un savant, ni un critique, ni un philosophe ; c’est tout simplement un biographe, et, je l’ai déjà dit, dont la biographie sort de l’autobiographie de Gœthe comme un enfant sort de sa mère.

1219. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1889 » pp. 3-111

La vraie douleur, sans aucune dramatisation, avec des pleurs qu’elle comprime. « Hier, dit-elle, en phrases scandées par de petits sanglots, je me suis échappée d’ici un moment… j’ai été poussée par un pressentiment… J’ai trouvé ma mère qui pleurait et qui m’a dit que mon père était en train de lui dire des choses désolantes… Il se plaignait d’être faible, faible à toute extrémité… J’ai compris qu’il était bien mal, parce qu’il ne demandait des nouvelles de personne… Cependant il a mangé un peu le soir, et mon frère est passé me rassurer… Dans la nuit il a voulu dire des choses qu’il n’avait plus la force de dire… Enfin, ce matin, on m’a prévenue à huit heures… Il ne m’a pas reconnue… Il est mort à neuf heures. » Lundi 11 mars Enterrement du père de Mme Daudet. […] Vendredi 12 avril Ce soir, je brûle les cheveux blancs de ma mère, des cheveux blonds de ma petite sœur Lili, des cheveux d’un blond d’ange… Oui, il faut songer à la profanation qui attend les reliques de cœur, laissées derrière eux par les célibataires. […] Des années, beaucoup d’années se passaient, et tous les soirs, en mangeant avec sa mère, c’étaient des phrases dans le genre de celle-ci : « Les hommes, c’est fait pour se marier… pour avoir des enfants… toi, quelle sera ta vie, quand je n’y serai plus… tu auras une bonne avec laquelle tu coucheras ?  […] Il s’est trouvé avec lui à la Flèche, il a été de sa promotion, et dit que ce qui le caractérise, c’est qu’il est un étranger, un Écossais par sa mère, un homme qui ne connaît pas le ridicule, qui se promènerait dans une voiture rouge d’Old England… qu’au fond il méprise les Français.

1220. (1848) Études sur la littérature française au XIXe siècle. Tome III. Sainte-Beuve, Edgar Quinet, Michelet, etc.

Et qui voudra convenir que l’histoire suivante était, comme on eût dit jadis, le juste sujet d’un poème : La voilà, pauvre mère, à Paris arrivée Avec ses deux enfants, sa fidèle couvée ! […] En vain chez sa fille innocente, L’ennui s’émeut parfois d’une compagne absente, Et l’habitude aimée agite son lien : La mère, elle, est sans plainte et ne regrette rien. […] Pauvre mère ! […] Patin sur Catulle est une de ces choses qu’on peut présenter sans crainte « à des amis et à des ennemis. » Elle est toute pénétrée des grâces du sujet même qui l’a inspirée : Certes, la Grèce antique est une sainte mère, L’Ionie est divine : heureux tout fils d’Homère ! […] Les enfants regardaient dans les yeux de leurs mères ; et les trouvant vides, sans larmes et sans pensée, ils criaient tout effrayés : Ma mère, laissez-moi !

1221. (1837) Lettres sur les écrivains français pp. -167

M. de Balzac qui est célibataire, vit avec sa mère. […] La mère de M.  […] Il vit fort retiré avec sa vieille mère dans le quartier du Luxembourg, qui est presque un département pour le centre de Paris. […] Davin avait épousé une jeune personne d’une beauté très remarquable et qu’il a laissée mère. […] Mme Constance Aubert est fille de la duchesse d’Abrantès, et comme sa mère, elle n’a qu’une fort médiocre fortune.

1222. (1925) Feux tournants. Nouveaux portraits contemporains

On m’a raconté que sa mère faisait voiler les statues et qu’elle-même a connu la France par M.  […] À quatorze ans, il a quitté Braïla, abandonnant sa famille, une mère qu’il aime ; mais le besoin de partir est en lui le plus fort. […] Si cosmopolite qu’il paraisse aujourd’hui et qu’il soit d’origine (il est né d’un père suisse et d’une mère française, et nous lui connaissons une grand’mère anglaise, une aïeule flamande), M.  […] Mais, sans doute, faudra-t-il dix ans à Philippe et à sa mère pour les mettre au net. […] À cette date ont paru chez Ollendorff deux volumes, Annette et Sylvie (1922) et L’Été (1924) ; Mère et fils paraîtra chez Albin Michel en 1927.

1223. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1870 » pp. 3-176

Ç’a été notre refuge après la mort de notre mère, notre refuge après la mort de la vieille Rose, ç’a été le lieu de nos vacances de chaque été, après le travail de l’hiver, après le volume publié au printemps. […] Sur les bancs, contre les cuisines, des femmes sont assises, une cocarde piquée dans les cheveux, et une jeune mère allaite tranquillement un tout petit enfant, dans ses langes blancs. […] Des zouaves et des mobiles ferment l’entrée de la ville, et retiennent en deçà du pont, mères, sœurs, parents, amis, maîtresses. […] Elle est tout yeux pour lui, elle remonte à chaque instant la fourrure sur ses jambes ; des mains de mère et d’épouse se promènent, le temps entier de la promenade, sur sa personne. […] Tout à coup la mère, s’adressant à moi, se révèle dans cette phrase : « Quand il y a de la canonnade, vous ne me croirez peut-être pas, monsieur, mais au son, c’est singulier, n’est-ce pas ?

1224. (1913) Le mouvement littéraire belge d’expression française depuis 1880 pp. 6-333

Des cinq plus grands écrivains belges, trois sont de purs Flamands et un quatrième, si son nom trahit des attaches françaises, est né de mère flamande. […] Rappelons-nous qu’il appartenait par sa mère à la Wallonie. […] Au fond d’un jardin, une maison ; dans la chambre du rez-de-chaussée la famille groupée autour de la lampe, le père, la mère, deux filles. […] Mais des pièces telles que Le Patrimoine, Tes Père et Mère, La Souveraine, les Étapes, Le Gouffre, Les Liens ont une beauté tragique un peu rude et une grande noblesse : van Zype est le de Curel des Belges. […] Sa mère était Wallonne.

1225. (1913) Poètes et critiques

dites-moi, ma mère, ma mie ; rappelez-vous encore cette complainte marine au refrain si triste : « Tout doux », dont est sorti Enoch Ancien ; le poème de Tennyson ; et le grand « lauréat » n’a pas effacé, n’a pas égalé l’émotion de l’humble récit anonyme. […] Ses deux parents moururent très tôt, l’un après l’autre, le père le premier, miné par la phtisie et emporté quatre ans après la naissance du fils, la mère un peu plus tard : elle expira, comme devait expirer à son tour Hégésippe Moreau, dans les draps d’un lit d’hôpital. […] Michel, âgé de treize ans, laissa les études latines qu’il avait commencées sous la direction d’un vieux prêtre et, sans prendre l’avis de personne, il se fit recevoir comme manœuvre chez un maçon de l’endroit, pour rapporter à sa mère un salaire de vingt-cinq sous à la fin de chaque journée. […] Ce qu’il doit à son père et à sa mère — car il en est du plus connu comme du plus obscur — c’est son tempérament et son intelligence. […] Après l’assassinat de son père, après l’exécution de sa mère et de son frère, échappée comme par miracle au même sort, elle se retrouve, vivante encore — si c’était vivre — dans une masure de village, cachée, protégée et servie par d’anciens domestiques de son père, chez de pauvres gens qui l’ont recueillie.

1226. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre III. Pascal »

L’avocat Arnauld, qui plaida à la fin du xvie s. contre les jésuites, eut 22 enfants, parmi lesquels une fille fut la mère des trois Le Maître, 2 autres furent les mères Angélique et Agnès, abbesses de Port-Royal, et 5 autres y furent religieuses.

1227. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre premier »

Nous l’avons tous lu sur les genoux de nos mères. […] Pour Achille, n’est-ce pas un étrange héros d’épopée qu’un homme qui demande à la déesse sa mère de le venger de ses ennemis, et qui reste sous sa tente pendant qu’on se bat ?

1228. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « III »

Ses gestes sont lourds et gauches : il a l’air étonné comme un innocent (c’est le mot populaire qui peut le mieux rendre l’expression allemande : thor) ; il pleure, rit, brusquement ; les émotions le trouvent sans force, et le récit de la mort de sa mère le fait souffrir comme une blessure ; il bondit pour étrangler Kundry, puis tombe inanimé : c’est bien là le sauvage, le grand enfant. […] Pendant le récit de la mort de sa mère, il reprend possession de sa vie passée, et il n’a plus rien du désespoir bestial, quand il pleure, agenouillé près de Kundry ; il est devenu homme.

1229. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Edmond et Jules de Goncourt »

Sa vie est simple, en définitive, comme la tâche à l’aiguille d’une femme chaste… Elle veut empêcher son frère d’épouser une jeune fille qui, s’il l’épousait, le condamnerait à l’inceste puisqu’il est l’amant de la mère ; et des circonstances que je ne dirai pas, pour vous forcer à lire ce livre, un hasard comme il y en a tant dans la vie et qui se retourne contre elle, amènent un duel terrible dans lequel on tue son frère, ce qui la tue aussi, en un an, d’une maladie de cœur, développée par l’impression de cette catastrophe. Telle est la fin résignée, touchante, expiatrice, de cette fille amazone, nageuse et blagueuse, comme elle dirait elle-même dans le livre de MM. de Goncourt, et qui rentre dans la simplicité des filles qui ont été nos mères, de la jeune fille des sociétés droites, de la jeune fille éternelle que des temps corrompus veulent transformer en je ne sais quel horrible et insupportable androgyne !

1230. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre II. Le comique de situation et le comique de mots »

Il ne nous reste plus alors, pour compléter notre analyse, qu’à chercher ce qu’il y a de comique dans l’idée de porter un diagnostic sur l’enfant après auscultation du père ou de la mère. […] On se rappelle ce dialogue entre une mère et son fils dans les Faux Bonshommes : « Mon ami, la Bourse est un jeu dangereux.

1231. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Appendice aux articles sur Roederer. (Voir page 393.) » pp. 533-543

Le général Lasalle étant célèbre par sa bravoure, par son dévouement à l’empereur, par ses services depuis quinze ans (il n’en a que trente-trois), et récemment encore ayant puissamment contribué, par son courage et l’habileté de ses manœuvres, au gain de la bataille de Médelin, étant remarquable par son ton militaire, par sa gaieté éminemment française qui ne se dément jamais au fort même des combats, enfin étant messin, mon compatriote, d’une famille que j’ai beaucoup connue, fils d’une mère que j’ai un peu aimée, cousin d’un de mes confrères au parlement de Metz, j’ai pris un extrême plaisir à le voir, à l’écouter, et je veux prolonger ce plaisir en écrivant ici, aussi exactement qu’il me sera possible, toute la conversation qui a eu lieu entre lui et moi, et a été commune, pendant tout le dîner, toutes les personnes qui s’y trouvaient réunies.

1232. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Étude sur la vie et les écrits de l’abbé de Saint-Pierre, par M. Édouard Goumy. L’abbé de Saint-Pierre, sa vie et ses œuvres, par M. de Molinari. — I » pp. 246-260

C’est bien lui qui, lorsqu’il crut devoir passer de l’étude de la morale à celle de la politique, et qu’il eut acheté pour cela une charge de Cour (celle de premier aumônier de Madame, mère du duc d’Orléans), ne considéra cette espèce de sinécure auprès d’une princesse restée à demi protestante, que comme une petite loge à un beau spectacle, comme une entrée de faveur pour approcher plus aisément ceux qui gouvernaient, et se mit à les regarder, à les étudier à bout portant, bientôt à les aborder et à les harceler de questions, en attendant qu’il les poursuivît, sous la Régence, de ses projets et de ses conseils.

1233. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Parny poète élégiaque. » pp. 285-300

Une mère tendre, un frère délicat, s’ils avaient à choisir entre les trois pièces, sur la tombe d’une morte chérie, pourraient-ils hésiter un seul instant ?

1234. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite.) »

Ma mère sous leurs coups est morte de douleur, Son martyre a duré trente ans !

1235. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Le Brun »

. — Voir son élégie infamante à Némésis, où il trouve moyen de flétrir d’un seul coup sa mère, sa sœur et sa femme !

1236. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — II »

Le grand artiste, le prêtre révélateur, qui a la solution sentimentale et sociale de l’époque future, celui-là fonde une religion, parce qu’il a cette solution même, et non, parce que la conception en est accompagnée de symptômes plus ou moins irréguliers ; celui-là est véritablement inspiré, parce qu’il est de son temps l’individu le plus sympathique pour aimer l’humanité, le plus intelligent pour la comprendre, le plus fort pour la transformer ; il pressent et proclame le premier la forme d’association la mieux adaptée, selon le temps, au bonheur du plus grand nombre ; il accouche le présent de l’avenir dont il est gros et si le présent, comme une mère que la douleur de l’enfantement égare, le repousse avec outrage et colère, l’avenir pieux s’incline et le bénit.

1237. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre III »

Mère : « Longue femme silencieuse et blanche » ne pouvant supporter sans crises de nerfs la clarté et le bruit… « est morte d’épuisement ».

1238. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre II. L’homme »

Mme d’Hervart, jeune et charmante, veilla à tout, jusqu’à ses vêtements, prit soin, sans qu’il s’en doutât, de remplacer ses habits usés ou tachés, fut pour lui une mère, mieux encore, une maman.

1239. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre V. De la lecture. — Son importance pour le développement général des facultés intellectuelles. — Comment il faut lire »

« Le sublime, dit Michelet, n’est point hors nature ; c’est, au contraire, le point où la nature est le plus elle-même, en sa hauteur, profondeur naturelles. » Vous avez lu Andromaque, et vous avez une mère qui vous aime ; vous savez ce que vous êtes pour elle ; vous le sentez, et que par votre amour de fils vous ne lui rendez pas encore tout ce qu’elle vous donne.

1240. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Barbey d’Aurevilly. »

un père et une mère se souffletant tour à tour le visage avec le cœur mort de leur enfant » (A un dîner d’athées)  Le duc de Sierra-Leone, ayant soupçonné don Esteban d’être l’amant de la duchesse, le fait étrangler par ses nègres, puis lui arrache le cœur et le donne à manger à ses chiens.

1241. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVI » pp. 279-297

Elle en avait besoin dans l’exercice de son office de gouvernante, pour conserver la liberté de se retirer et en trouver un prétexte dans ses devoirs religieux, si la mère des enfants qu’elle allait élever lui rendait la vie désagréable, et que le roi ne la dédommageât point de ses disgrâces.

1242. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Bossuet, et Fénélon. » pp. 265-289

Elle se donnoit les titres les plus extravagans, se qualifioit de femme enceinte de l’apocalypse, d’épouse de Jésus-Christ, supérieure à sa mère, de prophétesse, de fondatrice d’une nouvelle église, &c., &c.

1243. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — I. La Poësie en elle-même. » pp. 234-256

Selon eux, elle sappe tôt ou tard les fondemens des états : elle est la mère de tous les vices ; elle enfante l’ignorance, l’orgueil, l’ambition, la paresse, la débauche, la vengeance, le parjure, l’inceste & l’adultère, l’ivresse de toutes les passions & le mépris de la religion.

1244. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — I. La métaphysique spiritualiste au xixe  siècle — Chapitre II : Partie critique du spiritualisme »

Nous avons recueilli et développé librement dans les pages précédentes l’idée mère du spiritualisme français fondé par Maine de Biran ; mais nous n’avons pas fait connaître sa philosophie, qui a des aspects bien plus étendus et une portée beaucoup plus vaste qu’on ne peut l’indiquer dans une esquisse rapide.

1245. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXVI. La sœur Emmerich »

Quoique l’intuition suraiguë de la Visionnaire ne défaille nulle part, non plus que l’expression, sous la plume qui écrit pour elle, cependant, à cause probablement du pathétique de la passion du Sauveur, qui écrase tous les pathétiques de toutes les tragédies humaines, le Récit de la Passion paraît supérieur à la Vie de Notre-Seigneur Jésus-Christ et à celle de sa Mère.

1246. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Jules Janin » pp. 137-154

… Il y a des styles qui sortent de la pensée comme l’enfant du ventre de lu mère, avec des douleurs et du sang.

1247. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Nièces de Mazarin » pp. 137-156

Louis XIV n’est encore le soleil (nec pluribus impar) que dans les ballets et dans le cœur des filles d’honneur de la reine sa mère.

1248. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre premier. Table chronologique, ou préparation des matières. que doit mettre en œuvre la science nouvelle » pp. 5-23

Célébrée comme la mère des sciences, désignée chez les Grecs par le nom de πόλις, la ville par excellence, elle vit son Musée aussi célèbre que l’avaient été à Athènes l’académie, le lycée et le portique.

1249. (1896) Les époques du théâtre français (1636-1850) (2e éd.)

C’est une jeune fille, qui cause avec sa mère d’un « prétendu » qu’on leur a présenté dans un bal : DORIS … Ah ! […] Deux hommes, deux princes, deux frères, Antiochus et Séleucus, sont entre deux femmes, dont ils veulent tous deux épouser l’une, Rodogune, princesse des Parthes, et dont l’autre, Cléopâtre, reine de Syrie, est leur mère. […] Beaumarchais ne conçoit évidemment pas que le poète se puisse proposer « la réalisation de la beauté » pour but ; et ne serait-ce pas pour cela qu’il a fait de si mauvais drames, son Eugénie, ses Deux Amis, sa Mère coupable ? […] Dans quels aveuglements l’amour jeta ma mère ! […] je suis ta mère ! 

1250. (1891) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Quatrième série

De grandes dames : Mme de Guémenée, Mme de Longueville, Mme de Liancourt, Mme de Sablé se sont honorées et s’honorent d’être appelées par les mauvais plaisants « les Mères de l’Église ». […] Maintenant, le moment est venu pour eux de comprendre que s’ils font partie de la nature, ce n’est pas pour s’en distinguer ; qu’où il y a du plaisir il n’y a point de péché ; et qu’institutrice ou mère de toute beauté et de toute harmonie, Physis l’est par conséquent de tout honneur et de toute vertu. […] Après une longue hésitation — qu’il accorda surtout aux instances de sa mère ou peut-être à celles de l’archevêque de Paris, M. de Péréfixe, son ancien précepteur, et de M. de Lamoignon, — il laissa donc jouer Tartufe. […] Nous sommes bien aises d’y voir tous ceux qui travaillent à corriger en eux la nature, tomber, comme Orgon et sa mère, dans le ridicule ou dans la sottise ; et, inversement, nous admirons dans l’honnêteté d’Elmire ou dans le bon sens de Dorine la beauté de notre indifférence. […] Si cependant, parmi tout cela, comme on l’a vu, la philosophie de Molière se retrouve toujours, et toujours la même ; s’il ne peut s’empêcher de recommencer, entre deux scènes de ménage ou entre deux hoquets, l’apologie de la nature ; s’il continue de bafouer tous ceux qui veulent entreprendre sur les droits de cette mère de toute santé, de toute sagesse, et de toute vertu, combien ne fallait-il pas que cette philosophie lui tînt au cœur, et qu’il en fût sans doute plus profondément imbu qu’il ne croyait lui-même !

1251. (1902) Propos littéraires. Première série

Enfin, en Danemark, et non ailleurs, il voit Hamlet, comme je vous vois, sous les espèces d’un pauvre être disgracié et souffreteux qui ne revient pas de l’Université, et qui n’a pas lu « des mots, des mots, des mots » dans les livres ; mais qui n’a pas besoin de cela pour détester l’homme qui a épousé sa mère, après avoir très probablement forcé son père à devenir prématurément une « vieille taupe ». — Et voilà l’éducation de l’esprit de Shakespeare à peu près complète. […] » elle répondrait : « Quelque part, très probablement ; mais ce n’est ni à sa femme ni à sa fille qu’il est expédient d’en demander des nouvelles. » — Si on lui demandait : « Quel est ce monsieur qui vit avec madame votre mère ?  […] Seulement c’est ici que commence la crise de cœur : il avait une mère très pieuse qu’il ne voulait pas contrister, à laquelle il ne voulait pas porter un coup, et qu’il ne pouvait pas convaincre. « Comment faire comprendre à ma mère que je quitte le christianisme parce que saint Jérôme a fait un contresens ?  […] Le jour où il est tombé, la mère, maintenant très vieille, la jeune fille, devenue vieille fille, se regardent avec une immense déception et une véritable douleur. […] Il fut élevé surtout par une mère passionnée d’affection pour lui et qu’il aima lui-même avec une piété infinie et une sollicitude de tous les instants qui l’emportait sur tous ses autres devoirs, quelque dévoué qu’il leur fût.

1252. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Notes et pensées » pp. 441-535

X Filis s’est amélioré moralement ; il est sérieux, il est fidèle en politique à de certains principes ; il s’est marié et a des vertus domestiques ; il pleure la mort d’un enfant, d’une mère, avec une douleur vraie et des larmes abondantes qui sortent du cœur. […] Il a le goût du naturel, dit-il, dès le ventre de sa mère, et l’âge n’a fait que l’y confirmer : « Quand je suis venu à Paris, j’étais bien pauvre, plus pauvre que je ne puis dire ; j’allai au Constitutionnel où Étienne, sur la recommandation de Manuel, me plaça, me fit faire des articles ; mon premier article fit quelque bruit ; le lendemain on m’appointa, on me donna plus qu’aux autres ; ce qui me fit là bien des ennemis. […] — Lorsqu’il arrivait à de Vigny de parler de la grande fortune de sa famille ruinée par la Révolution, sa mère l’interrompait en lui disant : « Mais, Alfred, tu oublies qu’avant la Révolution nous n’avions rien. » — De Vigny a demandé à l’empereur à Compiègne, devant témoins, d’être le professeur qui apprendrait à lire au prince impérial, alors tout enfant. […] Le hasard voulait que je demeurasse, sans le savoir, porte à porte avec lui : il habitait alors rue de Vaugirard, au n° 90, et moi, je demeurais avec ma mère même rue, au n° 94.

1253. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre II. Le théâtre. » pp. 2-96

L’évêque Jewell26 déclare devant la reine que, « dans ces dernières années, les sorcières et sorciers se sont merveilleusement multipliés. » Tels ministres affirment « qu’ils ont eu à la fois dans leur paroisse dix-sept ou dix-huit sorcières, entendant par là celles qui pourraient opérer des miracles surnaturels. » Elles jettent des sorts qui « pâlissent les joues, dessèchent la chair, barrent le langage, bouchent les sens, consument l’homme jusqu’à la mort. » Instruites par le diable, elles font, « avec les entrailles et les membres des enfants, des onguents pour chevaucher dans l’air. » Quand un enfant n’est pas baptisé ou préservé par le signe de la croix, « elles vont le prendre la nuit dans son berceau ou aux côtés de sa mère…, le tuent…, puis, l’ayant enseveli, le dérobent du tombeau pour le faire bouillir en un chaudron jusqu’à ce que la chair soit devenue potable. […] Massinger met sur la scène un père justicier qui poignarde sa fille ; Webster et Ford, un fils qui assassine sa mère ; Ford, les amours incestueux d’un frère et de sa sœur64. […] J’aurais pu être la mère de jolis petits enfants qui auraient babillé sur mes genoux. […] Voyez surtout le Titus Andronicus attribué à Shakspeare ; il y a des parricides, des mères à qui on fait manger leurs enfants, une jeune fille violée qui paraît sur la scène avec la langue et les deux mains coupées.

1254. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre I. Les idées et les œuvres. » pp. 234-333

Le pignon s’effondra quelques jours après sa naissance, et sa mère, au milieu de l’orage, fut obligée de chercher un abri avec lui chez un voisin. […] C’était un enfant délicat, craintif, d’une sensibilité frémissante, passionnément tendre, et qui, ayant perdu sa mère à six ans, fut soumis presque aussitôt au fagging et aux brutalités d’une école publique. […] Comme un enfant trop fort qui se dégage de sa mère en la blessant, il a tordu les nobles formes qui avaient essayé de le contenir, et traîné la littérature à travers une agonie d’angoisses et d’efforts. […] À cet aspect, le cœur remonte involontairement vers les sentiments de l’antique légende, et le poëte aperçoit dans la floraison inépuisable des choses l’âme pacifique de la grande mère par qui tout végète et se soutient.

1255. (1868) Curiosités esthétiques « V. Salon de 1859 » pp. 245-358

La Mère va s’évanouir, elle se soutient à peine ! Remarquons en passant qu’Eugène Delacroix, au lieu de faire de la très-sainte Mère une femmelette d’album, lui donne toujours un geste et une ampleur tragiques qui conviennent parfaitement à cette reine des mères. […] Dès lors, le tableau, privé d’unité, ressemble à ces mauvais drames où une surcharge d’incidents parasites empêche d’apercevoir l’idée mère, la conception génératrice.

1256. (1858) Du roman et du théâtre contemporains et de leur influence sur les mœurs (2e éd.)

Mon père, ma mère, mon Église, avec l’encens de tant d’âmes, était-ce donc un rêve ? […] « Tu ignores donc, dit-il, le métier de père et de mère ? […] il est vrai, elle est mère du repentir, et c’est par elle souvent que nous revenons au bien. […] que vous devez être grand, s’écrie la vraie mère, pour avoir accompli la tâche d’une mère137 !  […] Comparez-vous les travaux, les douleurs, les héroïsmes d’une mère de famille à ceux d’une prostituée ?

1257. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

Les attaches de la mère à l’enfant sont coupées. […] Un mauvais plaisant, qui serait hanté de souvenirs napoléoniens, dirait que, dans cette famille, la mère s’appelait Lætitia et le père Ramolino. […] Cornélie Goethe n’avait ni la gaieté, ni l’entrain, ni la sérénité, ni la santé de sa mère. […] Croyez-vous que ces gamines perdent leur temps à l’école et qu’on ne fait pas bien de les enlever aux jupes de leurs mères ? […] Cette Elisabeth, le 1er janvier 1753, quitta sa mère et ses petits frères pour aller voir sa tante.

1258. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

Heureusement que la dame veuve était une noble et honnête dame, et que sa fille était la digne fille de sa mère, et qu’elles étaient à l’abri, l’une et l’autre, de ces poursuites amoureuses. […] Plus tard, et dans la même maison, le fils aîné, l’héritier de ce grand titre gagné sur tous les champs de bataille de l’Empereur devait suivre sa mère infortunée ! […] Ce n’est pas celle-là dont la mère a battu les épaules ou comprimé la poitrine ! Ce n’est pas celle-là à qui sa mère coupe les vivres, pour en faire un véritable roseau ! […] La jeune fille est mère, la mère est grand-mère, la coquette est dévote, la dévote est morte en odeur de sainteté.

1259. (1894) Critique de combat

Il est le fils de Dieudonné Thiébault, qui n’était point baron, — car il disait à Frédéric II « Sire, j’ai l’honneur d’être roturier de père et de mère », — mais qui était homme de lettres et a laissé plusieurs volumes de Souvenirs sur la cour de Prusse. […] Il faut sans doute des motifs bien graves à un père et des motifs encore plus graves à une mère pour faire enfermer leurs enfants durant ces années printanières, qui devraient amasser à ces pauvres petits une provision de bonheur et de santé pour le reste de leur vie. […] Non, non, ce n’est rien de tout cela qui suffit à déterminer tant de pères et de mères à ne l’être qu’à demi. […] marie avec son filleul, un autre Daniel, pour se dédommager de son bonheur manqué avec une autre Denise, votre mère. […] Sa belle-fille, que son mari vient de chasser, la mère du petit mort qui repose à côté dans un cercueil, entre à ce moment dans la chambre du vieillard.

1260. (1802) Études sur Molière pp. -355

et les mères, accoutumées à conduire leurs filles au spectacle, reconnaissent-elles l’Isabelle de Molière, cette jeune personne honnête, intéressante, que la crainte d’être à jamais malheureuse force à une démarche qu’elle se reproche ? […] La fille de mademoiselle Béjart, qui, dès sa plus tendre enfance, comme nous l’avons dit, appelait Molière son mari, s’était familiarisée avec le projet de lui en laisser prendre les droits ; mais sa mère, désapprouvant ce mariage, peut-être par jalousie, ou seulement par caprice ; employant même la violence pour s’y opposer, la jeune personne court se jeter dans l’appartement de Molière, et notre philosophe, sensible à cette marque de confiance, lui confie à son tour le soin de son bonheur. […] « Le roi, a-t-on écrit, ayant donné le sujet de la comédie, désirait que deux princes rivaux y régalassent, à l’envi l’un de l’autre, une jeune princesse et sa mère, de tous les divertissements dont ils pourraient s’aviser ; et Bret ajoute, Molière en se conformant à cette idée, ne s’aperçut pas qu’il s’avoisinait un peu de l’intrigue héroïque de Don Sanche. » Nous venons de lire Les Amants magnifiques, et nous ne reprocherons pas à l’auteur de s’être avoisiné, par distraction, de Corneille ; nous sommes fâchés, au contraire, qu’en poussant plus loin ses distractions prétendues, il ne se soit pas réellement avoisiné de l’anneau donné à don Sanche par la reine de Castille. […] L’intrigue. — Bonne si le plaisant de cour ne se contentait pas de combattre l’astrologue, seulement par ses discours ; bonne surtout, si l’astrologue, en amenant avec emphase la fausse divinité qui ordonne à la princesse mère de prendre pour gendre son libérateur, imaginait en même temps un moyen pour que le choix tombât sur l’amant qu’il protège, et si l’adresse de Clitidas tournait à l’avantage de l’amant aimé les ruses de l’astrologue ; mais point du tout, c’est le hasard seul qui expose la princesse mère à la fureur d’un sanglier, c’est le hasard seul qui amène Sostrate pour le combattre, et mériter par là d’être uni à ce qu’il aime ; par conséquent, la catastrophe n’étant nullement amenée par l’intrigant, ne peut satisfaire entièrement le spectateur. […] Parmi les dénouements à citer, on distingue ceux où les principaux personnages, loin de démentir leur caractère, ajoutent à leur portrait quelque trait nouveau ; dans celui des Femmes savantes, Philaminte veut corriger le style barbare des notaires et de ses juges ; la prude Armande, voyant l’amant qu’elle aime en secret passer en d’autres bras, dit à sa mère : Ainsi donc à leurs vœux vous me sacrifiez.

1261. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

Elle rappelle les cantilènes des paysans suivant leurs charrues, des pâtres gardant leurs troupeaux, des filles tournant leurs fuseaux au seuil des chaumières, des compagnons faisant leur tour de France, ou des mères endormant leurs nourrissons. […] Et la mère de l’enfant s’approche, et Charlotte Corday l’interroge doucement sur son état, sur l’état de son mari, sur ce qu’ils ont, sur ce qu’ils désirent, et il se trouve que ce petit ménage, si peu qu’il ait, a cependant assez et ne désire pas davantage. La Révolution passe au-dessus ou au-dessous de cet humble nid sans l’atteindre ; la jeune mère offre à Charlotte de l’y recueillir. […] Voici les vêtements noirs et le bonnet de crêpe ; voici la mère qui pleure son fils parce que son fils est parti et qu’il ne reviendra plus. […] Si la mère s’obstine à ne pas se distraire de sa douleur, le vieux serviteur s’obstine à espérer.

1262. (1900) Molière pp. -283

Quand il mourut, ce fils, l’objet de tant d’amour, Au destin de qui, même avant qu’il vint au jour, Le testament d’un oncle abondant en richesses D’un soin particulier avait fait des largesses, Et que sa mère fit un secret de sa mort, De son époux absent redoutant le transport, S’il voyait chez un autre aller tout l’héritage Dont sa maison tirait un si grand avantage ; Quand, dis-je, etc. […] Ainsi, dans nos desseins l’une à l’autre contraire, Nous saurons toutes deux imiter notre mère ; Vous, du côté de l’âme et des nobles désirs, Moi, du côté des sens et des grossiers plaisirs ; Vous, aux productions d’esprit et de lumière, Moi, dans celles, ma sœur, qui sont de la matière25. […] En 1664, cela ne pouvait s’appliquer à rien ni à personne ; personne n’assassinait avec un fer sacré ; la seule persécution religieuse était l’ordonnance presque anodine par laquelle l’archevêque de Paris avait condamné les mères du Port-Royal ; en 1664, tout cela n’avait pas d’application ; — tout cela était d’une vérité épouvantable en 1700 : Molière était mort depuis vingt-huit ans. […] Je vais prendre le plus universel des sentiments, l’amour maternel ; en apparence, rien de plus uniforme que cet amour dans les êtres créés, puisque les êtres les plus violents en connaissent toutes les tendresses, et que les êtres les plus doux peuvent en connaître toutes les violences, toutes les colères : voilà bien un sentiment qui paraît toujours uniforme : eh bien, prenez une mère spartiate, et une mère française, allemande, anglaise, — une mère moderne, qu’est-ce qu’elles auront de commun ? […] Ç’a été Ève, notre mère commune, réduite à supporter si longtemps la vie sans avoir auprès d’elle aucune de ses pareilles de qui elle pût médire.

1263. (1860) Cours familier de littérature. IX « Le entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier (2e partie) » pp. 81-159

Le grand appartement fut loué au prince Pignatelli ; enfin l’hôtel fut vendu le 1er septembre 1808. » La mort de sa mère, accélérée par la double ruine de son père et de son mari, ajouta son deuil de cœur à tant de deuils de fortune. Elle supporta la perte de cette splendide existence en héroïne, la perte de cette mère adorée en fille inconsolable.

1264. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre VI. Bossuet et Bourdaloue »

Au milieu du siècle, en 1646, une cause célèbre, celle de Tancrède qui revendiquait le nom de Rohan, soutenu par sa prétendue mère, la duchesse douairière, contre la duchesse de Chabot-Rohan et contre toute la parenté, fit parler les plus célèbres avocats du temps : Martin, pour Mme de Rohan-Chabot, contestant que Tancrède fût le vrai et légitime frère de sa cliente, allègue Médée, et Virginie, et l’Evangile, et la femme qui ayant mis trois fois au monde des enfants morts, dit avoir rêvé qu’il lui fallait accoucher dans un bois sacré. […] Dans sa prédication, il parla convenablement des vices du jour, des dettes, des mariages d’argent, des vocations forcées, des devoirs des mères.

1265. (1831) Discours aux artistes. De la poésie de notre époque pp. 60-88

Qu’on voie dans cette poésie chrétienne le bruit qui accompagne la chute de tout ce qui s’écroule, le dernier soupir d’un mourant, les vives clartés que jette une lumière qui s’éteint, ou, si l’on veut, le dernier chant du cygne, je le conçois : mais y voir la vie, c’est-à-dire à la fois la vie du Christianisme et la vie du poète, une foi véritable, une communion de l’un avec l’autre, comme le doux repos de l’enfant dans les bras et sous les baisers de sa mère, ou comme la conversation d’un ami avec son ami, voilà ce que je ne puis admettre. […] M. de Chateaubriand s’est chargé de la Restauration de toute manière, comme religion et comme société ; il l’a précédée, introduite dans le monde, exaltée tour à tour et abaissée : il l’a corrigée comme une mère corrige son enfant, abandonnée comme on abandonne un fils ingrat ; et l’enfant s’étant tué à force de folies, il en porte encore le deuil.

1266. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre quatrième. Les émotions proprement dites. L’appétit comme origine des émotions et de leurs signes expressifs. »

Les signes de l’affirmation et de la négation, en particulier, semblent venir de ce que l’enfant, pour rejeter la nourriture dont il ne veut pas, par exemple pour refuser le sein de sa mère, secoue latéralement la tête ; au contraire, pour prendre le sein de sa mère ou la nourriture qu’on lui offre, il penche la tête en avant ; ces mêmes gestes, étendus à toute négation et à toute affirmation, sont devenus héréditaires et instinctifs chez un grand nombre de races.

1267. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — III. (Fin.) » pp. 246-261

Duclos était à Naples quand il apprit la mort de sa mère, âgée de cent deux ans.

1268. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — I. » pp. 131-146

Sa mère, dit-on, avait souvent rêvé pendant sa grossesse qu’elle mettait au monde un enfant revêtu d’une robe rouge et entouré d’une foule de gens qui le lui enlevaient.

1269. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — II. (Suite.) » pp. 463-478

Après les vaches venaient les juments, leurs poulains étourdis, les jeunes mulets, plus malins mais plus prudents ; et enfin le patriarche et sa femme, à cheval ; les jeunes enfants en croupe, le nourrisson dans les bras de sa mère, couvert d’un pli de son grand voile d’écarlate ; la fille occupée à filer sur sa monture ; le petit garçon, à pied, coiffé du chaudron ; l’adolescent armé en chasseur ; et celui des fils que la confiance de la famille avait plus particulièrement préposé au soin du bétail, distingué par le sac à sel, orné d’une grande croix rouge.

1270. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — III » pp. 90-104

Par son cri d’alarme, il fait bien sentir le danger où fut à une certaine heure la France de se réveiller toute calviniste, au moins par la tête, c’est-à-dire à la Cour, dans les classes élevées et même dans la haute bourgeoisie ; car il y eut un moment de mode presque universelle pour la nouvelle religion ; la jeunesse parlementaire en était plus ou moins atteinte : « Il n’était fils de bonne mère, dit Montluc, qui n’en voulût goûter. » Montluc ne fait point la part de la conviction et de la conscience chez bon nombre de ses adversaires ; mais chez les chefs et les grands il fait très bien la part des motifs ambitieux et intéressés : « Si la reine (Catherine de Médicis) et M. l’amiral (de Coligny) étaient en un cabinet, et que feu M. le prince de Condé et M. de Guise y fussent aussi, je leur ferais confesser qu’autre chose que la religion les a mus à faire entretuer trois cent mille hommes, et je ne sais si nous sommes au bout… » Homme d’autorité et royaliste de vieille roche, il met bien à nu et dénonce l’esprit républicain primitif des Églises réformées et leur dessein exprès de former un État dans l’État.

1271. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Les Chants modernes, par M. Maxime du Camp. Paris, Michel Lévy, in-8°, avec cette épigraphe. « Ni regret du passé, ni peur de l’avenir. » » pp. 3-19

Maxime du Camp, oubliant la chronologie, dit ensuite : « À l’époque où ces hommes sont venus, la France, épuisée, vaincue, conquise, hélas portait des vêtements de deuil et pleurait en silence ; les meilleurs de ses enfants étaient morts, la mère sanglotait comme la Niobé antique ; une grande désolation était répandue sur elle.

1272. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — II » pp. 263-279

Chacun remarqua qu’en donnant la communion à Mme la duchesse de Bourgogne, le 6 mai 1703, « M. de Meaux n’était pas ferme sur ses pieds, et qu’il ne devrait plus faire de pareilles actions publiques. » Le jour de l’Assomption (15 août de la même année), en voulant assister à une procession de la Cour, il donna un spectacle qui affligea ses amis, et Madame, cette Madame mère du Régent, que nous connaissons tous, ne se faisait faute de lui dire tout haut le long du chemin durant la cérémonie : « Courage, monsieur de Meaux !

1273. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Appendice » pp. 453-463

Il est homme de lettres celui que la nécessité (pourquoi ne pas la nommer, cette mère rigoureuse de plus d’un grand esprit ?)

1274. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Mémoires du duc de Luynes sur la Cour de Louis XV, publiés par MM. L. Dussieux et E. Soulié. » pp. 369-384

Il y avait cependant, alors même, de singulières infractions à cette étiquette, et telles qu’on ne le croirait pas, si un narrateur aussi véridique que M. de Luynes ne nous les certifiait en nous citant ses garants et auteurs : Mme la duchesse mère (fille naturelle de Louis XIV) me contait à Marly, il y a quelques jours, que dans les soupers du feu roi avec les princesses et des dames à Marly, il arrivait quelquefois que le roi, qui était fort adroit, se divertissait à jeter des boules de pain aux dames et permettait qu’elles lui en jetassent toutes.

1275. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 64-81

La mère, en s’en allant, des agneaux fut suivie ; L’une partit, puis l’autre !

1276. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Campagnes de la Révolution Française. Dans les Pyrénées-Orientales (1793-1795) »

On avait beau demander à la Convention des secours, le Nord même de la France était alors découvert et en péril ; et la Convention, en son style figuré et d’une rhétorique sublime, puisque chacun y mettait sa tête pour garant des paroles, répondait à ses généraux et à ses représentants : « Vous demandez du lait à une mère épuisée !

1277. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Mémoire de Foucault. Intendant sous Louis XIV »

Petit-fils par sa mère de l’ingénieur Métezeau, qui proposa et fit exécuter la digue de La Rochelle dans ce fameux siège, il avait pour père un protégé de Colbert et de Pussort, successivement greffier de la Chambre des comptes, de la Chambre de justice chargée de juger bouquet, et enfin secrétaire du Conseil d’État, homme chagrin redouté dans famille, estimé dans sa profession d’un mérite spécial pour rédiger les procès-verbaux, pour dresser les édits, et qui « travaillait toute l’a journée en robe de chambre. » C’était alors une grande singularité, à tel point que le père du président Hénault, qui connaissait Molière, lui donnai la robe de chambre et le bonnet de nuit de M. 

1278. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Souvenirs d’un diplomate. La Pologne (1811-1813), par le baron Bignon. (Suite et fin.) »

M. de Senfft, qui venait de perdre sa belle — mère, ne le vit lors de son passage à Dresde en avril 1811 que dans quelques conférences d’affaires.

1279. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Lettres d’Eugénie de Guérin, publiées par M. Trébutien. »

tandis que tout le monde pleure, deux enfants couvrent de fleurs ce tombeau céleste, et, après un peu de temps, comme celui que nous passerons dans la tombe, le drap se replie peu à peu et laisse voir la radieuse sainte qui se lève au chant du Te Deum et, conduite par la mère supérieure, va donner un baiser à chacune des sœurs.

1280. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — Note »

J’ai vu tomber père, mère, femme et fortune.

1281. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. BRIZEUX (Les Ternaires, livre lyrique.) » pp. 256-275

Deux éditions ont suivi, dans lesquelles l’auteur a fait plusieurs changements curieux ; car cette Marie, on peut le dire, a été pour le poëte comme une jeune fille que la mère retient longtemps entre ses genoux, en la peignant amoureusement.

1282. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Léonard »

Il aima, il fut aimé ; mais, au moment de posséder l’objet promis, une mère cruelle et intéressée préféra un survenant plus riche.

1283. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mémoires de madame de Staal-Delaunay publiés par M. Barrière »

Ravenel)254 elle ne se nommait pas ainsi : son père s’appelait Cordier  ; mais, ayant été obligé de s’expatrier pour quelque cause qu’on ne dit pas, il laissa en France sa femme jeune et belle qui reprit son nom de famille ( Delaunay ), et la fille, à son tour, prit le nom de sa mère qui lui est resté.

1284. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVII. De la littérature allemande » pp. 339-365

où la mère peut se voir enlever l’enfant sur lequel reposait tout son avenir !

1285. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre IV. De l’amour. »

Il reste des devoirs, il reste des enfants, il reste aux mères ce sentiment sublime dont la jouissance est dans ce qu’il donne, et l’espoir dans ses bienfaits.

1286. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre V. La Fontaine »

Il goûte voluptueusement Les forêts, les eaux, les prairies, Mères des douces rêveries.

1287. (1894) Propos de littérature « Chapitre III » pp. 50-68

Par les contours du vers aussi bien que par les images y incluses, (malgré quelques passages un peu faibles de rythme ou de syntaxe), certaines pièces s’érigent comme d’un seul bloc indestructible ; je veux nommer les Sites surtout, et les Sonnets ; mais il en est ailleurs, dans les Épisodes par exemple : À la source des seins impérieux et beaux J’ai bu le lait divin dont m’a nourri ma Mère Pour que, plus tard, le glaive étrange et solitaire Ne connût point la honte aux rouilles des fourreaux ; Dans l’éblouissement de métal des barreaux D’un casque grillé d’or, orné d’une chimère, J’eus une vision vermeille de la terre Où les cailloux roulaient sous les pas des Héros ; Et fidèle à la gloire antique et présagée, J’ai marché vers le but ardu d’un apogée Pour que, divinisé par le culte futur Des temps, Signe céleste, au firmament, j’élève, Parmi les astres clairs qui constellent l’azur, Une Étoile à la pointe altière de mon glaive.

1288. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre X. La commedia dell’arte en France pendant la jeunesse de Molière » pp. 160-190

« La Folle supposée (La Finta Pazza) ouvrage du célèbre Giulio Strozzi, très illustre poète italien, qui se doit représenter par la grande troupe royale des comédiens italiens entretenus par Sa Majesté dans le Petit-Bourbon, par le commandement de la Reine mère du roi Très Chrétien (Louis XIV).

1289. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Le symbolisme ésotérique » pp. 91-110

Sa mère est la lune.

1290. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXII » pp. 355-377

Ce dessous de carte est que, malgré les apparences d’amitié qui, aux yeux du public, unissent mesdames de Montespan et de Maintenon, elles se détestent depuis près de deux ans ; « que la première est révoltée de l’orgueil de la seconde, qui veut bien être au père, point à la mère » ; et qui a bien d’autres torts.

1291. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Poésies nouvelles de M. Alfred de Musset. (Bibliothèque Charpentier, 1850.) » pp. 294-310

La mère n’en conseille pas encore la lecture à sa fille ; le mari le fait lire à sa jeune femme dès la première année de mariage.

1292. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Walckenaer. » pp. 165-181

Vous espérez triompher de ma paresse en appelant à votre secours les souvenirs de notre enfance : vous me parlez de ce jour où, tous les deux blottis derrière une charmille, je vous lisais la terrible Barbe-Bleue, quand tout à coup apparut à nos yeux avec son tablier et son bonnet blancs, et son large couteau, le grand cuisinier de votre mère, qui venait nous chercher… pour dîner. — Vous demandez si je me rappelle encore la frayeur qu’il nous causa ?

1293. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Les romans de M. Edm. de Goncourt » pp. 158-183

Il lui faut des faits pour prouver ses assertions générales, le désir qu’ont les menuisiers de ne travailler que pour le théâtre, une fois qu’ils ont goûté de cette gloriole, pour montrer la séduction que celui-ci exerce sur tout ce qui l’approche ; des faits pour trait final à une analyse de caractère, ou à la notation d’un changement moral ; la mère des Zemganno appelée en justice, ne voulant témoigner qu’en plein air, pour montrer le farouche amour de la bohémienne pour le ciel libre ; pour représenter la modification produite en Chérie par sa puberté, décrire en détail la gaucherie et la timidité subite de ses gestes.

1294. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence de la chaire. » pp. 205-232

On ne peut s’empêcher de rire dans les sermons de celui-ci, sur l’enfant prodigue & sur la Magdelaine ; non plus que dans un panégyrique de la vierge d’un autre prédicateur, qui rapporte naïvement que Marie & son fils eurent des altercations au sujet du salut de l’ame d’un ecclésiastique libertin, quoique dêvot à la mère.

1295. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Les deux cathédrales »

Écoutez-le, ou plutôt écoutez son sosie, Durtal101, s’abîmer en extase devant le sanctuaire : « Elle est un résumé du ciel et de la terre ; du ciel dont elle nous montre la phalange serrée des habitants, Prophètes, Patriarches, Anges et Saints éclairant avec leurs corps diaphanes l’intérieur de l’Église, chantant la gloire de la Mère et du Fils ; de la terre, car elle prêche la montée de l’âme, l’ascension de l’homme ; elle indique nettement, en effet, aux chrétiens, l’itinéraire de la vie parfaite     Et cette allégorie de la vie mystique, décelée par l’intérieur de la Cathédrale, se complète au dehors par l’aspect suppliant de l’édifice.

1296. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre VI. Milton. » pp. 411-519

Sa mère était « une personne exemplaire, célèbre dans tout le voisinage par ses aumônes430. » Son père, étudiant à Christ-Church et déshérité comme protestant, avait fait seul sa fortune, et, parmi ses occupations d’homme de loi, avait gardé le goût des lettres, n’ayant point voulu « quitter ses libérales et intelligentes inclinations jusqu’à se faire tout à fait esclave du monde » ; il écrivait des vers, était excellent musicien, l’un des meilleurs compositeurs de son temps ; il choisissait Cornélius Jansen pour faire le portrait de son fils qui n’avait encore que dix ans, et donnait à son enfant la plus large et la plus complète des éducations littéraires431. […] Il laisse à la chaîne la haute raison, mère des principes ; il n’a délivré que la raison subordonnée, interprète des textes. […] Elles vous l’ont débitée ; voici une scène de votre ménage : « Ainsi parla la mère du genre humain, et avec des regards pleins d’un charme conjugal non repoussé, dans un doux abandon, elle s’appuie, embrassant à demi notre premier père ; lui, ravi de sa beauté et de ses charmes soumis, sourit avec un amour digne, et presse sa lèvre matronale d’un pur baiser506. » Cet Adam a passé par l’Angleterre avant d’entrer dans le paradis terrestre. […] Sur toutes les faces de la terre, —  le large Océan coulait, non oisif, mais d’une chaude — humeur fécondante, il adoucissait tout son globe, —  et la grande mère fermentait pour concevoir, —  rassasiée d’une moiteur vivante, quand Dieu dit : — « Rassemblez-vous, maintenant, eaux qui êtes sous le ciel, —  en une seule place, et que la terre sèche apparaisse ! 

1297. (1938) Réflexions sur le roman pp. 9-257

Et la scène à faire, la scène toute faite du roman, c’était le conflit entre la Cina et la mère du jeune homme, et celui-ci finissait par renoncer à sa mère, et il était visible que l’aventure sentimentale ne venait qu’enluminer un dessin social. […] En marge de Villehardouin met en présence, simplement, l’âme occidentale sérieuse, simple et forte, l’âme grecque passionnée de subtilités et mère des hérésies. […] Barrès rêve de l’acier qui le tranchera, canif de Philippe, sabre de général, et, dans l’ombre et la solitude irrespirables des Mères, couteau de Racadot. […] Ainsi s’explique en partie le sacrifice de son être à son œuvre, le sacrifice naturel de la mère aux enfants. […] Bien plutôt c’est le poète qui doit se plier devant son œuvre à des devoirs de père ou de mère de famille.

1298. (1829) Tableau de la littérature du moyen âge pp. 1-332

« Qu’après lui, mange de ce cœur le roi des Français ; et il recouvrera la Castille, qu’il a perdue par niaiserie : mais s’il pense à sa mère, il n’en mangera pas ; car il paraît bien, par sa conduite, qu’il ne fait rien qui lui déplaise. […] « Et le roi de Castille, il convient qu’il en mange pour deux, car il tient deux royaumes : et n’est pas assez preux pour un seul : mais s’il en veut manger, il faut qu’il en mange en cachette ; car si sa mère le savait, elle le battrait avec des verges. […] L’aspirant à la chevalerie était amené à l’autel par son père et sa mère, ou par ses parrains, qui portaient des cierges.

1299. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

La première mère qui enterra dans une fosse ou brûla sur un bûcher le corps périssable de son enfant, crut à l’immortalité de l’âme. […] Il alla dans le monde : des jeunes filles, devant le père, la mère, la tante, la grand-mère, toute l’assemblée des duègnes et des grands-parents, chantaient le Désir du Printemps avec des mines languissantes et des yeux noyés… Des jeunes gens papillonnaient, se démenaient des bras, des jambes, des yeux, de la tête ; les basques de leur habit battaient comme des ailes… Quelques femmes assez jolies ; mais les maris, beaucoup plus vieux qu’elles, étaient presque tous des nabots, trapus et chauves, qui commençaient à prendre du ventre. […] Mais cette fine taille si visiblement prise, et cette douceur blanche, virginale pour cacher et indiquer la poitrine sont d’une invention savante ; l’invention n’est pas d’elle, elle suit la mode, c’est la mère qui l’habille ; elle est bien trop jeune pour soupçonner l’effet exact de sa toilette. […] Son âme, endolorie par tant d’efforts et d’expériences, a retrouvé la santé et le courage, et il a chanté cet hymne, digne de Lucrèce et digne de Goethe : « Ô mère, silencieuse et endormie, que vous êtes calme et que vous êtes belle, et quelle sève immortelle de félicité et de force coule encore, à travers votre être, avec votre paisible sang !  […] Toutes ces gentillesses de la rhétorique des classes, maigres et grêles comme une phrase de Rollin ou une ritournelle de Monsigny, sont maintenant à peu près évanouies, ou du moins elles se sont réfugiées dans les copies d’examen, dans les notes des éditions classiques, ou dans certains cours publics, chéris des mères de famille à cause de leur aimable innocuité.

1300. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

Colonne… — Écrire à ma mère, Cœline Hetzel ; Ancelli ?..  […] Tantôt, c’est un irrésistible goût de conter, le Lust zum fabulieren, ce « besoin d’inventer des fables » que l’auteur de Werther prétendait tenir de sa mère. […] Sa mère meurt, et il s’en désespère. […] Il m’aurait vu avec plaisir, disait-il, régent du collège d’Arbois… Il savait bien que c’est l’homme qui honore sa position, et non la position qui honore l’homme… » Avec sa mère, avec sa sœur, puis, marié, avec sa femme et ses enfants, c’est toujours, dans les témoignages recueillis sur le fils qui pleurait ainsi son père, la même chaude atmosphère d’affection sans réserves, le même don complet du cœur. […] Il habitait, avec son père et sa mère, au quatrième étage d’une maison de la rue de Tournon, dans un logis bien modeste, dont le minuscule salon lui était réservé, pour qu’il pût y travailler en paix, par cette excellente mère, la seule servante de ce pauvre intét rieur, et si fine de physionomie, si douce de manières !

1301. (1890) Derniers essais de littérature et d’esthétique

Ce dernier est élevé comme un fils de paysan, cruellement traité d’ailleurs par son grand-père, et par le paysan aux soins duquel il a été confié, sa mère, la comtesse Steinrück, ayant épousé un aventurier qui est joueur. Il est le rude héros du récit, le Saint Michel de cette guerre contre le mal, qu’est la vie, tandis que Raoul, gâté par son grand-père et par sa mère, une Française, trahit son pays et ternit son nom. […] Paul Bourget analyse les passions avec tant de subtilité, il transforme sa mère, qui était le type de la grisette française en « une modiste fort aimable et fort spirituelle ». […] …………………………………… ……… Et elle gît là, ma mère ! oui, encore ma mère.

1302. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre I. De l’action »

Un manant lui coupa le pied droit et la tête, Le seigneur du village à sa porte les mit, Et ce dicton picard alentour fut écrit          Biaux chires leups, n’écoutez mie          Mère tenchent chen fieux qui crie. […] Il n’est hobereau qui ne fasse     Contre nous tels bans publier ;     Il n’est marmot osant crier Que du loup aussitôt sa mère ne menace.

1303. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 mai 1885. »

Wotan, roi des Dieux, maître de Walhall, sait que la Fin viendra ; à l’heure de la Souillure, celle qui connaît toutes choses, la Primordiale Mère, la Chaotique Wala, Erda, la Dormeuse-Voyante, avertit son esprit, que le Crépuscule ensombrirait le ciel. […] Le Voyageur — Ô Mère, je ne te laisse pas aller, — puisque je suis maître du Charme. — Première-Sachante, — tu as piqué, jadis, — la pointe du souci — dans le hardi cœur de Wotan : — la crainte de la honteuse Fin ennemie — lui a été donnée par ta Science, — pour que l’inquiétude enchaînât son esprit. — Si tu es de la Terre — la plus sage Femme, — dis moi donc — comment le Dieu peut vaincre le souci.

1304. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre deuxième. L’idée de l’espace. Son origine et son action »

Il nous arrive aussi, quand ce sont les objets mêmes qui se meuvent, de voir un objet disparaître derrière un autre ; l’enfant voit le sein de sa mère disparaître derrière la robe qui se referme. — « Mais, demande encore M.  […] » — Une chose bien simple : c’est que le premier objet reparaît après avoir disparu ; le sein de la mère se montre de nouveau après s’être caché.

1305. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIIe entretien » pp. 87-159

Quel rôle reste-t-il au merveilleux des poètes épiques dans des contrées où l’on apprend par cœur ce livre aux générations qui se renouvellent, pendant que le lait des mères coule encore sur les lèvres des enfants ? […] On dirait qu’une faveur secrète de la destinée façonnait ainsi, tantôt sur l’enclume, tantôt sur les genoux d’une mère, le plus divers, le plus malléable et le plus universel instrument de communication de sentiments et d’idées pour la littérature française.

1306. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre premier. Le Moyen Âge (842-1498) » pp. 1-39

d’une « enluminure » plus naïve que la Ballade que fit Villon à la requête de sa mère ? […] Le Grand Testament, 169-224], — dont la sincérité nous est prouvée par la Ballade qu’il fit à la requête de sa mère. — Il a eu d’autre part le don de voir et de susciter aux yeux l’image des « choses vues » [Cf. 

1307. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le Roman de Renart. Histoire littéraire de la France, t. XXII. (Fin.) » pp. 308-324

Les poètes ont fait à ce sujet des pièces de vers en divers sens, et l’on a de Simonide cette épitaphe triomphante des Spartiates : Nous les trois cents, qui avons, ô Sparte notre mère, combattu pour Thyrée contre un pareil nombre d’Argiens, — sans tourner la tête, — là où nous avions marqué le pied, là même nous avons laissé la vie.

1308. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Nouveaux voyages en zigzag, par Töpffer. (1853.) » pp. 413-430

Des vieillards, des petits garçons, des jeunes filles, des mères et leurs nourrissons ; toutes les poses de la dévotion naïve, du recueillement craintif, de l’humilité respectueuse ; toutes les attitudes de la fatigue qui s’endort, de l’attention qui se lasse, et aussi de cette oisiveté de l’âme pour laquelle le culte catholique ne se montre jamais sévère, à la condition que les doigts roulent les grains d’un chapelet et que la langue murmure des prières.

1309. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — II. (Fin.) » pp. 364-380

Dans La Mère confidente, qui sort de ses données habituelles et qui est d’un ordre à part dans son théâtre, il a touché des cordes plus franches, plus sensibles et d’une nature meilleure.

1310. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — II. (Fin.) » pp. 427-443

Je me souviens que mon excellente mère avait la même idée : je la comprends parfaitement, tout en disant pourtant que tous ces chagrins donnent à la vertu un caractère si touchant et si désintéressé, qu’on ne peut disconvenir que le bien ne soit à côté du mal.

1311. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — I. » pp. 446-462

Mme Ramond, mère de celui qui nous occupe, était Allemande, d’une famille originaire du Palatinat.

1312. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — II » pp. 76-92

Le blâme, la froideur, la pâleur et l’effroi Et la peur d’une mère ont perdu votre empire… Mais je n’oserais trancher la question, et, comme M. 

1313. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres complètes de Saint-Amant. nouvelle édition, augmentée de pièces inédites, et précédée d’une notice par M. Ch.-L. Livet. 2 vol. » pp. 173-191

Il y a cependant des détails assez agréables, et je n’en veux pour preuve que cette comparaison qui termine le premier chant, et qui nous montre la mère ayant déposé à contre-cœur le berceau flottant, et ne s’en éloignant qu’avec anxiété et avec lenteur : Telle que, dans l’horreur d’une forêt épaisse, Une biche craintive, et que la soif oppresse, Quitte à regret son faon depuis peu mis au jour, Quand pour chercher à boire aux fosses d’alentour, Ayant au moindre bruit les oreilles tendues, On la voit s’avancer à jambes suspendues, Faire un pas, et puis deux, et soudain revenir, Et de l’objet aimé montrant le souvenir, Montrer en même temps, par ses timides gestes, Le soupçon et l’effroi des images funestes Qui semblent l’agiter pour autrui seulement ; — Telle fut Jocabel en son éloignement.

1314. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Guillaume Favre de Genève ou l’étude pour l’étude » pp. 231-248

On représentait quelquefois des Amours à cheval sur des moineaux ; la mère des Amours pouvait bien avoir pour monture ce plus gros des moineaux, ce moineau-monstre l’autruche.

1315. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — II » pp. 268-284

Il était né à Padoue, grande ville municipale, et qui avait chez elle un abrégé et une image des institutions politiques de la mère cité.

1316. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Œuvres de Maurice de Guérin, publiées par M. Trébutien — I » pp. 1-17

Leur mission d’amour accomplie, elles sont mortes, comme une mère qui périt en donnant la vie.

1317. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourgogne, par M. Michelet »

Michelet qui veut chercher dans les parents du jeune prince, et jusque dans les mystères de la génération, les éléments et le secret de cette organisation singulière, ce qui pouvait lui venir de sa mère dans ses goûts bizarres, ce qu’il ne tenait certainement pas de son père.

1318. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourg, par M. Michelet. (suite.) »

De sa mère et de ses nourrices, des femmes qui l’élevaient, il était-tout gâté.

1319. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Le Poème des champs, par M. Calemard de Lafayette (suite et fin) »

Le poète croit aux pronostics comme les paysans ; il est superstitieux sur le choix des jours : « Il y a telle journée qui nous est une mère, et telle autre une marâtre. » On sent maintenant quel est l’esprit d’Hésiode, de ce précepteur des champs le plus dénué d’illusions, le moins porté à voir en beau l’avare et jalouse nature humaine.

1320. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Elle reste dans l’ignorance obstinée des lettres jusqu’à ce qu’un jour, ayant vu des signes gravés sur la tombe de ses père et mère, et ayant voulu savoir le sens de ces épitaphes sans pouvoir obtenir de réponse satisfaisante, elle se met à profiter incontinent des leçons du curé, qui, dès ce moment, ne reconnaît plus son élève.

1321. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La Grèce en 1863 par M. A. Grenier. »

… » Lui qui, dans le dernier chant de Childe Harold tout entier consacré à la glorification de l’Italie, appellera Rome une « mère sans enfants, la Niobé des nations », il avait fait auparavant, de la Grèce morte, cette admirable et divine comparaison avec une femme dont la beauté se conserve encore, dans une indéfinissable nuance de calme, de douceur et de majesté, pendant les premières heures du moins qui suivent le dernier soupir : « Tel est l’aspect de ce rivage, s’écrie-t-il ; c’est la Grèce encore, mais non plus la Grèce vivante.

1322. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre. »

Édouard Lefebvre, ne se faisait point illusion sur le caractère de la reine : il savait combien était profonde son aversion pour la France, quelle témérité elle portait dans la direction de sa politique ; mais elle était mère : il pensait qu’à ce titre elle pourrait se laisser toucher.

1323. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite.) »

ma mère déjà vieille !

1324. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine. (suite et fin.) »

Il y en a une à Port-Royal parmi les voiles blancs pour se préparer à sa première communion, et une d’onze ans près de la mère, avec le cadet de la famille, qui approche de sept ans.

1325. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres choisies de Charles Loyson, publiées par M. Émile Grimaud »

J’entends… Ma fin prochaine en sera moins amère ; Mes amis, il suffit : je suivrai vos conseils, Et je mourrai du moins dans les bras de ma mère.

1326. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Oscar Wilde à Paris » pp. 125-145

« Savez-vous, demandait-il un jour à André Gide, pourquoi Jésus n’aimait pas sa mère ?

1327. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mme de Graffigny, ou Voltaire à Cirey. » pp. 208-225

Françoise d’Issembourg d’Happoncourt (c’était son très noble nom) était de Nancy, née le 13 février 1695, fille d’un des officiers du duc de Lorraine, et petite-nièce, par sa mère, du fameux Callot.

1328. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Légendes françaises. Rabelais par M. Eugène Noël. (1850.) » pp. 1-18

Michelet poursuivant, après trois siècles, cette guerre contre le Moyen Âge qu’il croit retrouver encore menaçant, commença un jour une de ses leçons au Collège de France, en ces mots : « Dieu est comme une mère qui aime que son enfant soit fort et fier, et qu’il lui résiste ; aussi ses favoris sont ces natures robustes, indomptables, qui luttent avec lui comme Jacob, le plus fort et le plus rusé des pasteurs.

1329. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Les Gaietés champêtres, par M. Jules Janin. » pp. 23-39

Elle n’a plus de mère ; son père, riche marchand et avare, paraît être son père aussi peu que possible.

1330. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « J. K. Huysmans » pp. 186-212

Folantin, dans A Vau l’eau, ou le passage suivant de A Rebours, qui est un exemple parfait du paralogisme pessimiste, consistant à ôter d’un ensemble toute bonne qualité, et à le déclarer ensuite mauvais : « Il ne put s’empêcher de s’intéresser au sort de ces marmots et de croire que mieux eut valu pour eux que leur mère n’eût pas mis bas.

1331. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Du Rameau » pp. 288-298

L’enfant dort sr les genoux de sa mère, et dort bien.

1332. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Gustave Droz » pp. 189-211

Si, par exemple, il enlevait son Bébé du livre où il se trouve, s’il le publiait à l’écart de la mauvaise compagnie du Monsieur et de la Madame avec lesquels il se trouve pour l’instant, le Bébé deviendrait le bréviaire des mères de famille… Ce serait une fortune pour l’auteur, un succès à la Picciola, qui eut, je crois, trente à quarante éditions, — et par la souveraine raison qu’un pareil livre est en équation avec les manières de sentir actuelles de la foule.

1333. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre V : M. Cousin historien et biographe »

On trouvait fort ingénieux et fort élégant ce petit morceau de Voiture : Baronne pleine de douceur, Êtes-vous mère, êtes-vous sœur, De ces deux belles si gentilles Qu’on dit vos filles28 ?

1334. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VII : Théorie de la raison par M. Cousin »

Retournons dans notre coin ; probablement nous allons trouver que nos infinités, comme les vôtres, ont l’abstraction pour mère.

1335. (1914) Note conjointe sur M. Descartes et la philosophie cartésienne pp. 59-331

Quand je suis en présence de moi, je suis en présence d’un homme qui lit depuis ma mère et moi. […] Ni la lignée de son père ; ni la lignée de sa mère. […] Ainsi passe son père, qu’il n’a pas même connu, passé sa mère nul de sa race n’a jamais mis la main à la plume. Et sa mère même a une écriture si gauche, si maladroite, si peuple et si manuelle, si peu écrivain. […] Mais quel cœur se taira devant la mère sept fois douloureuse.

1336. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome I

À côté de Tartufe, la famille du grand bourgeois Orgon, mère, épouse, frère, enfants, domestiques même, est évoquée, et avec quelle vigueur de pinceau, comme à côté de Philippe sa mère, son frère, la veuve Descoings, son oncle Rouget, d’autres demi-soldes, la bourgeoisie d’Issoudun. […] C’est le problème que le veuvage pose devant la mère de famille. […] Dans cet admirable livre que Marc-Aurèle écrivait « pour lui-même », il y a un émouvant chapitre de début, où il énumère les bienfaits d’âme reçus de son aïeul, de son père, de sa mère, de son gouverneur, du grammairien Alexandre, de Fronton, de vingt autres. […] Ce danger fut corrigé par la finesse de votre mère, d’origine champenoise. […] Il demande à sa mère qu’elle cherche pour les isolés des marraines : « pour ces pauvres garçons », ajoute-t-il, « à qui la moindre douceur d’une personne inconnue mettrait des larmes aux yeux ».

1337. (1903) Hommes et idées du XIXe siècle

… Je suis comme Gustave Wasa ; j’ai attaqué Christiern, mais on a placé ma mère sur le rempart. […] Sa mère était une paysanne. […] Tes enthousiasmes, ma vaillante mère, tu les as fait passer en moi. […] Perds peu de temps avec les camarades et suis en toutes choses les avis de tes maîtres et les conseils de ton père et de ta mère. […] Ce nom, qui n’est qu’un nom de terre, appartenait à un de ses oncles ; pour sa part, il était fils de Théophile Barbey, et il avait dépassé la trentaine qu’il n’avait pas cessé de s’appeler Barbey, comme père et mère.

1338. (1896) Le IIe livre des masques. Portraits symbolistes, gloses et documents sur les écrivains d’hier et d’aujourd’hui, les masques…

On ne mène plus, dans les prairies, les génisses qui ont de beaux yeux et que leurs mères lèchent, mais on leur donnera des nourritures fraîches. […] Et tout ce poème est plein de vers admirables et graves, des vers d’un vrai poète dont le génie encore en croissance éclate, tel des rayons de soleil à travers une haie d’acacias : C’est la mère douce aux cheveux gris dont tu es né. […] La mort de la vieille paysanne, qui agonise pendant que ronfle la machine à battre, est une belle page : et avec quelle simplicité grave est dite la vie de la mère de toute la maison : Vous Autres ! […] En m’en venant au tard de nuit se sont éteintes les ételles : vous lui direz, ma tendre mère, que l’oiseau aime à tout printemps… mais vous mettrez le tout en terre, mon seul amour et mes vingt ans. […] René Ghil s’engage dans les sombres défilés d’un dangereux didactisme : il nous initie aux mystères de la formation des cellules primordiales, mères lointaines de la triste humanité qu’il voudrait rénover et moraliser.

1339. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre III. La Déformation de l’Idéal classique (1720-1801) » pp. 278-387

Timidement, pour commencer ; mais bientôt avec plus d’audace, on la voit poindre et s’essayer dans la comédie de Marivaux : — Le Jeu de l’amour et du hasard, 1730 ; Les Serments indiscrets, 1732 ; La Mère confidente, 1735 ; Les Fausses confidences, 1737, — dix autres pièces, qui non seulement vengent les femmes des dédains de Molière, mais encore qui font passer la comédie sous l’empire de leur sexe, l’y rangent, et l’y maintiendront à l’avenir. […] 2º Son théâtre, composé de 34 pièces en tout, dont les principales sont : Arlequin poli par l’amour, 1720 ; — La Surprise de l’amour, 1722 ; — La Double Inconstance, 1723 ; — Le Prince travesti, 1724 ; — La Seconde Surprise de l’amour, 1727 ; — Le Jeu de l’amour et du hasard, 1730 ; — Les Serments indiscrets, 1732 ; — L’Heureux Stratagème, 1733 ; — La Mère confidente, 1735 ; — Le Legs, 1736 ; — Les Fausses Confidences, 1737 ; — L’Épreuve, 1740 ; — et Le Préjugé vaincu, 1746. […] 3º Les Œuvres. — La Fausse Antipathie, 1733 ; — Le Préjugé à la mode, 1735 ; — L’École des amis, 1737 ; — Mélanide, 1741 ; — Amour pour amour, 1742 ; — Paméla, 1743 ; — L’École des mères, 1744 ; — Le Rival de lui-même, 1746 ; — La Gouvernante, 1747 ; — L’École de la jeunesse, 1749 ; — L’Homme de fortune, 1751 ; — Le Retour imprévu, 1756. […] De l’éducation des enfants, Paris, 1721]. — Le grand défaut de l’Émile ; — et qu’ayant formé le dessein de composer un traité d’éducation, — il est fâcheux que l’auteur ait débuté par poser ou supposer un enfant sans père ni mère ; — un enfant riche ; — un enfant sans hérédité, tempérament ni caractère ; — et d’autre part un précepteur dont toute la vie soit subordonnée à celle dudit enfant ; — ce qui fait deux suppositions également contraires à la vérité de la nature, — et de la société. — Que sous cette réserve, dont on ne saurait exagérer l’importance, — trois grandes raisons expliquent le succès de l’Émile, à savoir : — l’exaltation du sentiment moral [Cf. en particulier la Profession de foi du vicaire savoyard] ; — une ardeur de spiritualisme qu’on était heureux d’opposer au lourd matérialisme de l’Encyclopédie ; — et une confiance entière dans la possibilité du progrès moral par l’éducation. — Comparaison à cet égard de l’Émile et du livre De l’esprit ; — et de quelques idées communes à Helvétius et à Rousseau. — L’Émile est d’ailleurs le chef-d’œuvre littéraire de Rousseau ; — moins guindé que La Nouvelle Héloïse ; — plus souple, plus varié que le Contrat social ; — et toujours oratoire, mais moins déclamatoire que les Discours de 1750 et 1755. — De quelques idées secondaires de l’Émile ; — sur l’allaitement maternel ; — sur l’importance de l’éducation physique ; — sur l’utilité d’un métier manuel ; — sur ce que l’on a depuis lors appelé les « leçons de choses » ; — et qu’elles n’ont pas moins fait pour le succès du livre, — que les idées générales qui en sont l’armature, — et que les persécutions dont il allait être l’objet. […] Les dernières années de Beaumarchais. — Son opéra de Tarare, 1787. — Son rôle effacé dans la Révolution ; — son drame de La Mère coupable, 1792. — Mais quoique riche et âgé déjà de plus de soixante ans, — la fureur des affaires le reprend. — Les fusils de Hollande [Cf. 

1340. (1929) Dialogues critiques

Pierre Et que dites-vous de l’amour incestueux pour sa mère, qui contrairement à son père était jeune ? […] Il m’a, en toute sincérité, avoué qu’il eût été fort jaloux si sa mère s’était remariée, parce qu’il comptait bien accaparer toute l’affection et tout le dévouement dont elle disposait.

1341. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVe entretien » pp. 317-396

« Après la mort de ma première épouse, dit dans cet écrit l’empereur, je crus qu’il était juste et convenable d’élever Na-la-che, femme du second rang, qui m’avait été donnée par mon père lorsque je n’étais encore que simple particulier, au rang de première épouse et d’impératrice ; je ne voulus rien faire cependant sans consulter l’impératrice ma mère. […] Par là elle me fit la plus grande insulte qu’une femme puisse faire à son mari et une sujette à son souverain (les femmes tartares ne se coupent les cheveux qu’à la mort du mari, du père ou de la mère).

1342. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre » pp. 393-472

Je vois ma mère qui se promène dans ma chambre avec sa figure sainte, et en t’écrivant ceci je pleure comme un enfant. » Délicieux ! […] XXVII Voilà, comme homme, le véritable portrait du comte de Maistre, avant l’époque où il devint illustre par sa plume : une famille angélique, un époux irréprochable, un père tendre, une piété de femme sucée avec le lait d’une mère, une vertu antique, sauf quelques égarements d’esprit, une ambition honnête, mais trop active et peu modeste, une fidélité à son roi bien récompensée, mais une fidélité impérieuse forçant la main à son gouvernement, enfin un publiciste très contestable et très variable, qui, pour conserver sa réputation d’infaillibilité, corrigeait après coup ses oracles quand la fortune démentait ses prévisions, et qui savait être toujours de l’avis des événements, ces oracles de Dieu.

1343. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (3e partie) » pp. 193-271

Depuis l’ami de l’homme, le chien, avec lequel nous avons passé une partie essentielle de l’espace de temps qui nous a été assigné dans la vie, et dont aucune pensée ne nous est mystère, jusqu’au chat mélancolique qui s’attache à la femme et qui meurt quand elle meurt, jusqu’à la cigogne dont le père, la mère et les petits semblent descendre du ciel pour nous donner l’idée et le modèle des trois amours de la vie de famille, jusqu’à l’innocente brebis, ce champ ambulant et fertile qui nous livre avec son lait la tiède toison qui nous abrite l’hiver, jusqu’à l’éléphant, militaire et politique, qui combat pour nous et qui se soumet aux lois volontaires de la discipline pour honorer les rois ou les chefs armés des nations, nous aurions passé en revue ce monde animé et inférieur créé pour nous aimer et nous aider ; nous aurions cherché et trouvé dans leurs instincts les plus secrets les mystères de leurs mœurs, et, disons le mot, de leurs vertus. […] Acceptons ce bienfait avec tant d’autres en fils reconnaissants, et sachons en profiter sans jalousie contre notre mère.

1344. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIe entretien. Ossian fils de Fingal, (suite) »

En vain mon père attendit mon retour, en vain ma mère pleura mon absence. […] Tu n’as point laissé de mère, tu n’as point laissé d’amante pour te pleurer.

1345. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre troisième »

Il est chrétien, comme le sont la plupart d’entre nous, par le souvenir du clocher natal, moins oublié peut-être que les parents ; il l’est par tout ce que laisse d’impressions ineffaçables dans un cœur où le mal n’est pas le maître, la doctrine de l’Evangile, transmise, aux jours d’innocence, d’une pieuse mère à son fils, d’un prêtre à un enfant. […] On ne met de son cœur que dans un livre où l’on parle la langue de sa mère.

1346. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XV. La littérature et les arts » pp. 364-405

La poésie possède une faculté de précision qui manque à la pensée musicale ; elle est donc appelée à formuler l’idée mère du drame, à combiner les événements et les passions dont la rencontre et le conflit amèneront des situations terribles ou plaisantes ; elle détermine ainsi la voie où doit s’engager après elle l’inspiration du compositeur. […] Pendant que la mère s’étale avec éclat et fracas, la fille, malgré des succès qui la désignent aux regards, apparaît modeste, vêtue de blanc, le front grave, l’air inspiré, tenant le milieu entre l’ange et la muse.

1347. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1857 » pp. 163-222

» C’est l’originale phrase dont nous salue notre fermier Foissey des Gouttes, et comme nous lui demandons de faire manger sa fille avec nous, la mère, en train de faire des toutelots à la cuisine, nous crie : « Elle n’ose pas venir, elle dit qu’elle est trop maigre !  […] Dans le sentier étroit, nous rencontrons, tenant une blonde petite fille à la main, une ci-devant demoiselle, maintenant une mère que l’aîné de nous deux a eu, pendant huit jours, la très sérieuse intention d’épouser, et qui nous rappelle du bien vieux passé… Il y a des années qu’on ne s’est vu.

1348. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — III. Le Poëme épique, ou l’Épopée. » pp. 275-353

Il se permit seulement quelques vers dans lesquels il avertissoit Perrault d’être sur ses gardes, & il représentoit :             Junon, Jupiter, Mars,         Apollon le dieu des beaux-arts, Les ris mêmes, les jeux, les graces & leur mère,         Et tous les dieux, enfans d’Homère,         Résolus de venger leur père. […] On faisoit, dans une tragi-comédie, le bon goût amant de l’Iliade, madame Dacier mère de l’Iliade, l’Iliade amante du bon goût, La Mothe amant de la Pucelle de Chapelain, Fontenelle confident de La Mothe.

1349. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIe entretien. Littérature italienne. Dante. » pp. 329-408

Je sais que j’ai une femme jeune et bien aimée, une charmante enfant, d’excellents frères, une seconde mère, beaucoup d’amis, une carrière honorable, des travaux conduits précisément au point où ils pouvaient servir de fondement à un ouvrage longtemps rêvé. […] Vous avez donné quarante ans de vie à une créature qui est arrivée sur la terre maladive, frêle, destinée à mourir dix fois sans les tendresses d’un père et d’une mère qui l’avaient seuls sauvée.

1350. (1903) La renaissance classique pp. -

Ils ont pu lire dans les yeux de leurs mères toutes les épouvantes de la guerre prussienne. […] Une émotion terrible et douce nous envahit en songeant à tout ce passé formidable que nous portons en nous, si bien que notre voix se brise dans un sanglot, ô mère, en te criant notre tendresse et l’orgueil d’être tes fils !

1351. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — I. » pp. 195-212

Une de ces pages est celle qu’il a consacrée à Blanche, femme de Louis VIII et mère de saint Louis.

1352. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — II. (Fin.) » pp. 254-272

Une mère demande pardon que sa fille n’en ait pas encore : « Mais cela viendra bientôt, me dit-elle, car à présent c’est une honte, elle est droite et mince comme un jonc. » Les aperçus politiques se mêlent à ces jolies peintures.

1353. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres complètes de Buffon, revues et annotées par M. Flourens. » pp. 55-73

Quand son enfant fut né et aux moments où il poussait des cris, il suffisait pour l’apaiser, dit-on, que sa mère lui mît entre ses petites mains une fleur, et elle ne s’en étonnait pas.

1354. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Maucroix, l’ami de La Fontaine. Ses Œuvres diverses publiées par M. Louis Paris. » pp. 217-234

Cependant, disons à son honneur que lorsque la marquise, ayant épuisé ses coquetteries à la Cour et en tous lieux, délaissée de son mari, frappée dans sa beauté, se voyant malade et dépérissante, cherchait un lieu où s’abriter, ce fut à Reims, chez MM. de Maucroix, le nôtre et son frère, qu’elle fut recueillie, qu’elle reçut les derniers soins et qu’elle mourut, aussi bien que sa mère, qui y était morte également.

1355. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — II. (Fin.) » pp. 361-379

Il avait depuis peu (novembre 1787) assuré son bonheur domestique en épousant une femme qui avait eu autrefois une grande beauté, qui en gardait quelque chose, veuve, ayant déjà passé les belles années de la jeunesse, mais qui avait été l’amie intime de sa mère : il la voyait telle encore qu’il l’avait vue au premier jour.

1356. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — III. (Fin.) » pp. 479-496

Lui qui a si bien senti l’individualité et comme le génie de chaque montagne, n’a-t-il pas dit : « Une fois que le Marboré s’est saisi du spectateur, on n’est plus où l’on est, et il n’y a plus que lui dans tout ce qui mène à lui. » En 1793, arrêté trois fois au milieu de ses paisibles herborisations, recueilli ici, insulté là, il n’avait qu’un pas à faire pour franchir la frontière, il ne songea point à émigrer : il n’aurait voulu compromettre ni son vieux père ni aucun des siens ; et puis il était de ceux (selon sa belle expression) qui respectaient jusque dans son délire la mère qui les frappait.

1357. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Préface pour les Maximes de La Rochefoucauld, (Édition elzévirienne de P. Jannet) 1853. » pp. 404-421

N’approchez jamais de saint Vincent de Paul ravissant dans les bras de la charité l’enfant que sa mère abandonne, ou prenant pour lui la chaîne et la rame de l’esclave ; ne le tirez point par son manteau, comme pour lui dire : « Je t’y prends à faire ton bonheur du salut d’autrui, au prix de ta gêne et de ton propre sacrifice, ô égoïste sublime ! 

1358. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — I » pp. 20-38

« — Et ne croyez pas, jeune homme, que dans ce premier vers la césure qui manque soit un défaut ; c’est la fatigue de monter, c’est la respiration inégale des Nymphes qu’il s’agissait de rendre. » — Santeul a dû bien des fois faire remarquer cette beauté d’harmonie à quelque écolier qui passait devant la fontaine ; et si l’écolier avait été un peu émancipé déjà et un peu précurseur de l’âge futur, ou seulement s’il avait eu pour mère une d’Hervart ou une La Sablière, il aurait pu lui répliquer aussi tôt, en le narguant ; Dans un chemin montant, sablonneux, malaisé, Et de tous les côtés au soleil exposé.

1359. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Sénecé ou un poète agréable. » pp. 280-297

Sa mère, de fureurs par vengeance agitée, Sentit Junon jalouse et Lucine irritée ; La terre la refuse en son vaste contour, Le dieu de la lumière a peine à voir le jour… Cette fermeté de ton ne se soutiendra pas ; la pièce est trop longue.

1360. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mémoires de Mme Elliot sur la Révolution française, traduits de l’anglais par M. le comte de Baillon » pp. 190-206

Grace Dalrymple, née en Écosse vers 1765, la plus jeune de trois Grâces ou de trois sœurs, fille d’un père avocat en renom et d’une mère très belle, élevée dans un couvent en France jusqu’à l’âge de quinze ans, mariée inconsidérément à un homme qui aurait pu être son père, et devenue ainsi madame Elliott, secoua vite le joug, amena le divorce, devint à Londres la maîtresse du Prince-régent, de qui elle eut une fille, puis la maîtresse du duc d’Orléans, pour qui elle vint d’Angleterre en France.

1361. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres publiées par M. de Falloux. »

A qui en douterait, nous n’avons qu’à montrer les effets et tout ce petit groupe d’enthousiastes et de fidèles qui arbore sa bannière et qui est prêt à combattre pour elle aujourd’hui, comme pour une mère d’adoption, comme pour une mère de l’Église.

1362. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Œuvres complètes d’Hyppolyte Rigault avec notice de M. Saint-Marc Girardin. »

Nous sommes obligés de connaître Rome, comme des petits-fils de connaître leur vieille mère. » Il montrait que ce n’est pas tant à l’Université qu’il faut s’en prendre des maladies morales de la jeunesse qu’aux familles elles-mêmes, à l’esprit public et à l’air vicié du dehors, à la littérature enfin ; et faisant allusion à la grande plaie, selon lui régnante, au roman, il appelait de ses vœux un roman pareil à Don Quichotte, c’est-à-dire qui mît à la raison tous les mauvais romans du jour ou de la veille, et en sens inverse de Don Quichotte ; car, en ce temps-là, c’était la chevalerie, avec sa fausse exaltation idéale, qui était la maladie à la mode, et du nôtre c’est le contraire : « c’est le goût du bien-être personnel, c’est l’amour des jouissances positives, c’est l’égoïsme, c’est Sancho, en un mot, et non pas Don Quichotte.

1363. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Journal de la santé du roi Louis XIV »

Vallot a très bien remarqué tout d’abord que l’apparence de force et de vigueur de Louis XIV en sa jeunesse tenait à ce que la bonté du tempérament héroïque de sa mère avait rectifié et corrigé en partie les mauvaises impressions qu’avait dû laisser dans l’enfant le tempérament affaibli d’un père valétudinaire ; mais cette force et cette vigueur n’étaient qu’à la condition d’éviter les excès et d’observer bien des précautions pour se soutenir.

1364. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français »

Adam, c’est le drame à la fois extérieur à la liturgie et adhérent encore à l’Église, au moment où il va s’en détacher : si j’osais, en faveur de l’exactitude, usurper une image chirurgicale, je dirais que l’enfant tient encore à la mère, et que le cordon n’est pas encore coupé.

1365. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite) »

je le sais, elle était mortelle, je le suis aussi, et voilà ce qui adoucit ma peine ; car je la rejoindrai, cette chère enfant, et au fond de cette même terre où elle m’a précédé si jeune, et qui attend ma vénérable mère, à laquelle je suis peut-être condamné à survivre.

1366. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vie de Jésus, par M. Ernest Renan »

Sa mère, femme sage, et jugeant que son fils n’était pas de la force ni de la trempe qui fait les combattants, lui écrivait : « Il ne faut pas jeter ainsi feu et flamme ; penses-y, toi qui as besoin d’être aimé !

1367. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Œuvres de M. P. Lebrun, de l’Académie française. »

Napoléon, qui connaissait ses soldats en tout genre et qui avait retenu le nom du nouveau Lebrun depuis la lecture de Schœnbrunn, disait un jour à Mme de Bressieux, dame d’honneur de Madame Mère et protectrice aimable du poète à la Cour : « Ce jeune homme a de la verve, mais on dit qu’il s’endort. » M. 

1368. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

La liberté dans le Mariage par l’égalité des enfants devant la mère, 1 vol. in-18, 1854 ; — et pour l’ensemble du système, voir l’article Souveraineté dans le Dictionnaire général de la Politique, publié sous la direction de M. 

1369. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. »

Aussi le père de Jean-Bon s’opposa-t-il au désir de son fils ; mais celui-ci, doué d’une grande volonté, persévéra dans son projet, et, après avoir mis sa mère dans le secret, il partit, laissant sur le bureau de son père une lettre dans laquelle il lui ouvrait son cœur et lui expliquait ses sentiments.

1370. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens. par M. Le Play, conseiller d’État. (Suite et fin.) »

Faisant allusion au tutoiement universel décrété et imposé sous la Terreur, il disait : « Le tutoiement depuis s’est retranché dans la famille ; et après avoir tutoyé tout le monde, on ne tutoie plus que ses père et mère.

1371. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre (suite et fin.) »

Savary, duc de Rovigo, entre autres paroles malheureuses, disait au fils de Mme de Staël, en 1810, en condamnant au pilon le livre de L’Allemagne : « L’État a besoin des talents de madame votre mère, il faut qu’elle se décide pour ou contre, comme au temps de la Ligue ; elle a tort de louer les Prussiens : on ferait plutôt du vin muscat avec du verjus que des hommes avec des Prussiens. » Le mot est authentique.

1372. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. (Suite) »

En même temps qu’il écrivait en ces termes au roi de Pologne, le maréchal adressait une autre lettre à la reine, une lettre non plus politique, mais domestique en quelque sorte et comme à une mère, pour lui ouvrir un jour sur l’intérieur de la famille royale et, comme il dit, sur l’intrinsèque de la Cour.

1373. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Et comment ne serait-ce point M. de Talleyrand qui, après avoir vu de près l’Amérique, l’avoir observée si peu d’années après son déchirement d’avec la mère patrie, et l’avoir, non sans étonnement, retrouvée tout anglaise, sinon d’affection, du moins d’habitudes, d’inclinations et d’intérêts, aurait lui-même écrit ou dicté les remarques suivantes : « Quiconque a bien vu l’Amérique ne peut plus douter maintenant que dans la plupart de ses habitudes elle ne soit restée anglaise ; que son ancien commerce avec l’Angleterre n’ait même gagné de l’activité au lieu d’en perdre depuis l’époque de l’indépendance, et que par conséquent l’indépendance, loin d’être funeste à l’Angleterre, ne lui ait été à plusieurs égards avantageuse. » Appliquant ici le mode d’analyse en usage chez les idéologues et tout à fait de mise à l’Institut en l’an III, il partait de ce principe que « ce qui détermine la volonté, c’est l’inclination et l’intérêt », et que ces deux mobiles s’unissaient des deux parts pour rapprocher les colons émancipés et leurs tyrans de la veille : « Il paraît d’abord étrange et presque paradoxal de prétendre que les Américains sont portés d’inclination vers l’Angleterre ; mais il ne faut pas perdre de vue que le peuple américain est un peuple dépassionné ; que la victoire et le temps ont amorti ses haines, et que chez lui les inclinations se réduisent à de simples habitudes : or, toutes ses habitudes le rapprochent de l’Angleterre.

1374. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Mathurin Regnier et André Chénier »

Villemain, se souvenir des jeux de son enfance et des chants de sa mère.

1375. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre IV »

Mère alcoolique, morte à 74 ans d’un accès d’asthme.

1376. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre I. François Rabelais »

A Physis, la bonne mère, s’oppose Antiphysie, source de tout vice et de toute misère : et toute règle qui comprime ou mutile la nature est une invention d’Antiphysie.

1377. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Pierre Loti »

Vous avez vu, de vos yeux de dilettante occidental épris de pittoresque, danser la upa-upa à Tahiti ; vous avez vu glisser les danseuses birmanes pareilles à des chauves-souris… ; et vous avez pleuré sur des aïeules, sur des enfants qui meurent ou sur des amants qui se séparent, avec le meilleur de votre âme, la partie la plus naïve et la plus saine de vous, et du même cœur que vous aimez votre mère ou votre pays natal.

1378. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jean Richepin »

De psychologie, tout juste ce qu’il en faut à un poète lyrique : même dans Monsieur Destrémaux, encore qu’il intitule bravement cette Nouvelle « roman psychologique » ; même dans Madame André, le meilleur de ses romans pourtant, où il a le mérite de nous faire accepter une situation hardie et où la femme (sauf le sacrifice monstrueux et inutile de son enfant) a de la grâce, de la dignité, presque de la grandeur, et aime bien comme une aînée, comme une maîtresse qui est un peu une mère ; mais Lucien Ferdolle se détache trop vite, avec une soudaineté trop odieuse, et le drame douloureux du déliement progressif est esquivé.

1379. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre III : Les Émotions »

Par suite, respect de l’autorité protectrice, distinction « du tien et du mien », union des sexes, soins de la mère pour l’enfant.

1380. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VI. Pour clientèle catholique »

Ou bien faut-il déclarer, en soulignant sévèrement les derniers mots : « Aimer d’un même amour la mère et la fille, c’est un crime, et qui a un nom : c’est un inceste. » En une dispute alternée que les Muses n’aimeront point, Malclerc et d’Audiguier, personnages sans vie, mais avocats tenaces et savants de toutes les subtilités connues, soutiennent les deux opinions.

1381. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Des lectures publiques du soir, de ce qu’elles sont et de ce qu’elles pourraient être. » pp. 275-293

Le lecteur, à la séance prochaine, répondit que tout désastre avait sa cause, qu’il fallait oser la chercher et sonder les blessures de la patrie ; que les malheurs d’une mère, après tout, n’étaient pas une honte, et que lui n’était pas venu là pour flatter le patriotisme, mais pour l’éclairer.

1382. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Pline le Naturaliste. Histoire naturelle, traduite par M. E. Littré. » pp. 44-62

Après avoir, en nomenclateur infatigable, épuisé le catalogue de la nature, de tout ce qu’elle produit et qu’elle enferme en son sein, et des arts nombreux qui en dérivent, Pline s’arrête et conclut par ce petit hymne final : « Salut, ô Nature, mère de toutes choses !

1383. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Droz. » pp. 165-184

Fils unique, il avait, bien jeune, perdu sa mère : son père lui en tint lieu, surveilla son enfance et suivit ses études avec une sollicitude éclairée.

1384. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le surintendant Fouquet. (Article Fouquet, dans l’Histoire de Colbert, par M. P. Clément.) 1846. » pp. 294-312

Il sembla tout d’abord y justifier le vœu de sa respectable et sainte mère, laquelle ne voyait dans les grandeurs du surintendant qu’une occasion de fautes et de chutes, et qui, en apprenant son arrestation à Nantes, se jeta à genoux en s’écriant : « C’est à présent, mon Dieu, que j’espère du salut de mon fils ! 

1385. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « De la retraite de MM. Villemain et Cousin. » pp. 146-164

Mais il y a tel instant où, du fond de cette vanité, de cet égoïsme, de cette petitesse, de ces misères, de cette boue dont nous sommes faits, sort tout à coup un je ne sais quoi, un cri du cœur, un mouvement instinctif et irréfléchi, quelquefois même une résolution, qui ne se rapporte pas à nous, mais à un autre, mais à une idée, à notre père et à notre mère, à notre ami, à la patrie, à Dieu, à l’humanité malheureuse, et cela seul trahit en nous quelque chose de désintéressé, un reste ou un commencement de grandeur, qui, bien cultivé, peut se répandre dans l’âme et dans la vie tout entière, soutenir ou réparer nos défaillances, et protester du moins contre les vices qui nous entraînent et contre les fautes qui nous échappent.

1386. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — I. » pp. 201-219

(s’écrie Beaumarchais dans l’un de ses Mémoires), vous l’aviez promis, solennellement promis à M. le Dauphin, à Mme la Dauphine, père et mère du roi (de Louis XVI), aux quatre princesses, tantes du roi, devant toute la France, à l’École militaire, la première fois que la famille royale y vint voir exercer la jeune noblesse, y vint accepter une collation somptueuse, et faire pleurer de joie, à quatre-vingts ans, le plus respectable vieillard.

1387. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — III. Franklin à Passy. (Fin.) » pp. 167-185

Vous pourriez aisément déployer vos excellents talents de raisonnement sur un moins hasardeux sujet, et par là obtenir un rang parmi nos auteurs les plus distingués : car parmi nous, il n’est pas nécessaire, comme chez les Hottentots, qu’un jeune homme, pour être admis dans la compagnie des hommes, donne des preuves de sa virilité en battant sa mère.

1388. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1853 » pp. 31-55

Le substitut prit la parole, ne trouva pas grand-chose à dire sur les vers de Tahureau, ni sur une femme qui, dans notre article, rentrait de dîner, son corset dans un journal (le second passage souligné au crayon rouge), passa à un article de notre cousin de Villedeuil, qui mettait en doute la vertu des femmes, s’étendit longuement sur ce doute malhonnête, puis revint à nous ; et, pris d’une espèce de furie d’éloquence, nous représenta comme des gens sans foi ni loi, comme des sacripants sans famille, sans mère, sans sœur, sans respect de la femme, et, pour péroraison dernière de son réquisitoire — comme des apôtres de l’amour physique.

1389. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre III. Zoïle aussi éternel qu’Homère »

Voici un fragment d’une lettre adressée à madame Gay, mère de l’illustre madame de Girardin : « Ah !

1390. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre V. Le génie et la folie »

Je demande maintenant si, en prenant au hasard 7 personnes d’un esprit ordinaire, on n’en trouverait pas parmi elles au moins une dont le père ou la mère, ou le grand-père, ou la grand-mère, ou les enfants, ou les frères, ou les cousins germains, auraient été affectés de l’une des innombrables affections que l’auteur prétend liées au génie par une racine commune.

1391. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IX : M. Jouffroy écrivain »

La philosophie est toujours la fille de la religion, fille indisciplinée, qui parfois bat sa mère, mais qui finit par la servir.

1392. (1925) Comment on devient écrivain

« On sait, dit Jacques Boulenger, que, depuis la Terre, depuis les nouvelles de Maupassant, il s’est créé un type artificiel et littéraire de paysan avare, âpre, d’une dureté inhumaine à l’égard des pauvres et des vieux qui ne peuvent plus travailler et gagner leur vie, fussent-ils même le père et la mère. […] Barbey d’Aurevilly, l’intraitable catholique, ne croyait pas devoir s’interdire, comme romancier, la peinture des vices les plus audacieusement équivoques, comme dans la Vieille Maîtresse, l’Histoire sans nom et l’abominable Ce qui ne meurt pas, dont le héros a en même temps pour maîtresse une mère et sa fille. […] bonjour ma mère. […] Le songe de la princesse palatine eût embarrassé, sans doute, un autre orateur ; et il faut avouer que l’histoire d’un poussin enlevé par un chien sous les ailes de sa mère n’était pas aisée à ennoblir dans une oraison funèbre, où la narration d’un pareil songe ne semblait guère pouvoir être admise. […] Et le sage Télémaque commença à eux à parler : « Je n’arracherai point par une mort non honteuse l’âme de ces femmes qui répandaient l’opprobre sur ma tête et sur celle de ma mère et couchaient avec les prétendants. » « Que donc je n’enlève pas la vie par une mort pure à celles qui donc ont versé les opprobres sur ma tête et sur notre mère et qui dormaient auprès des prétendants. » Il parla ainsi et il suspendit le câble d’une nef noire, et il le tendit autour du dôme, de façon à ce qu’aucune d’entre elles ne touchât du pied la terre. » Il dit donc ainsi ; et ayant attaché à la grande colonne du pavillon le câble d’un vaisseau à-la-proue-azurée il le jeta autour d’elles, n’ayant tendu en haut, de peur que quelqu’une n’arrivât jusqu’au sol avec ses pieds.

1393. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Camille Jordan, et Madame de Staël »

En 1790, Camille avait fait le voyage de Paris en compagnie de sa mère ; il y avait été témoin des luttes oratoires de l’Assemblée constituante, et il avait dû sentir en son cœur un frémissement secret, comme le jeune coursier à l’appel du clairon. […] « Mes compliments à votre enfant et à la mère, si elle le permet. » Cette sorte de crainte que Mme Camille avait de Mme de Staël et cette première glace à briser, de la part d’une jeune femme timide en présence d’une femme supérieure, ne tinrent pas, et d’autres lettres nous la laissent voir en tiers avec son mari et celle qui savait si bien se proportionner. […] nous aurons fait la guerre pendant quinze ans pour qu’une femme aussi célèbre que madame vôtre mère écrive un livre sur l’Allemagne et ne parle pas de nous ! 

1394. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

J’ai entendu Hamlet dire : Ma mère en épouse un autre au bout d’un mois, un autre qui n’approche pas plus de lui qu’un satyre d’Apollon. […] La nature, méchante mère, t’avait prodigué « tout ce qui constitue le mauvais critique ». […] Si ma mère le veut, je résous mon esprit / À consentir pour vous à ce dont il s’agit.

1395. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre V. Swift. » pp. 2-82

Quand miss Betty fera une sottise, laissera tomber son couteau ou renversera la salière, sa mère lui dira pour la gronder : « voilà ce que Vanessa n’a jamais fait !  […] Je prie donc humblement le public de considérer que des cent vingt mille enfants on en pourrait réserver vingt mille pour la reproduction de l’espèce, desquels un quart serait des mâles, et que les cent mille autres pourraient, à l’âge d’un an, être offerts en vente aux personnes de qualité et de fortune dans tout le royaume, la mère étant toujours avertie de les faire téter abondamment le dernier mois, de façon à les rendre charnus et gras pour les bonnes tables. […] Cela augmenterait le soin et la tendresse des mères pour leurs enfants, quand elles seraient sûres d’un établissement à vie pour les pauvres petits, institué ainsi en quelque sorte par le public lui-même. —  On pourrait énumérer beaucoup d’autres avantages, par exemple l’addition de quelques milliers de pièces pour notre exportation de bœuf en baril, l’expédition plus abondante de chair de porc, et des perfectionnements dans l’art de faire de bons jambons ; mais j’omets tout cela et beaucoup d’autres choses par amour de la brièveté.

1396. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. de Fontanes »

Sa mère, catholique, avait, en se mariant, exigé que ses fils ou filles entrassent dans la communion dominante. […] Puis, dans l’intervalle de la mort de son père (1774) à celle de sa mère, qui arriva un an après, il alla séjourner en Normandie, aux Andelys, y apprit l’anglais par occasion, y recueillit, dans ses courses rêveuses, de fraîches impressions poétiques, que sa Forêt de Navarre et son Vieux Château nous ont rendues. […] La mort de son frère aîné, celle de son père et de sa mère, qui l’ont frappé coup sur coup, achèvent d’égarer son âme. […] Il s’arrête un moment aux projets les plus sinistres et les envisage sans effroi : Terre, où va s’engloutir ma dépouille fragile, Terre, qui l’entretiens de la cendre des morts, Ô ma mère, à ton fils daigne ouvrir un asile, !

1397. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Benjamin Constant et madame de Charrière »

« Ma seconde proposition est qu’il me donne à présent une portion de quinze ou vingt mille francs, plus ou moins, du bien de ma mère, et qu’il me laisse aller m’établir en Amérique. […] Voici ce qu’on lit dans les registres de l’état civil de Lausanne : « Benjamin Constant, fils de noble Juste Constant, citoyen de Lausanne et capitaine au service des États-Généraux, et de feu madame Henriette de Chandieu, sa défunte femme, né le dimanche 25 octobre, a été baptisé en Saint-François, le 11 novembre 1767, par le vénérable doyen Polier de Bottens, le lendemain de la mort de madame sa mère. » Ainsi, Benjamin Constant, orphelin de mère, pouvait dire avec Jean-Jacques Rousseau : « Ma naissance fut le premier de mes malheurs. » On sent trop, en effet, qu’à tous deux la tendresse d’une mère leur a manqué.

1398. (1894) Études littéraires : seizième siècle

L’Antiquité n’est pas sa mère, mais elle est sa nourrice. […] Rien de plus grave ni de plus sain, comme il arrive toutes les fois que Rabelais parle de la famille, que la page du Pantagruel où cet abus est dénoncé : « Démon temps, dit le vénérable Gargantua, … ont été dites [établies] bien malignes et barbariques lois sur le fait de mariage… Telles sanctions connubiales toutes sont à l’avantage des mystes [associations religieuses, couvents], nulles au bien et profit des mariés… Moyennant les lois dont je vous parle n’est ruffien, scélérat, pendard, ladre, brigand, voleur qui violentement ne ravisse quelle fille il voudra choisir, tant soit noble, belle, riche, honnête, pudique, de la maison de son père, d’entre les bras de sa mère, malgré tous ses parents, si le ruffien s’y ha une fois associé quelque myste qui quelquejour participera de sa proie… Fils très cher, après mon décès, gardez que telles lois « ne soient en cettui royaume reçues ; tant que serai en ce corps spirant et vivant, je y donnerai ordre très bon avec l’aide de mon Dieu. » — On sait que le concile de Trente, très peu de temps après que Rabelais eût écrit cette page, donna raison à Rabelais et exigea « sur le fait de mariage » le consentement des parents. […] Seulement il les atteint quand il ne les cherche point, et quand cette même parole parlée, s’échauffant et s’animant à vouloir prouver et convaincre, à poursuivre une iniquité ou une ineptie, grandit, brusque, comme une flamme, ou roule, large, comme une marée qui monte à l’assaut : « … Et voyent les dolents père et mère hors leurs maisons enlever et tirer par un inconnu, étranger, barbare, matin, leurs tant belles, délicates, riches et saines filles, lesquelles tant chèrement avaient nourries en tout exercice vertueux, avaient disciplinées en toute honnêteté, espérant en temps opportun les colloquer par mariage avec les enfants de leurs voisins et antiques amis, pour parvenir à cette félicité de mariage que d’eux ils vissent naître lignage rapportant et héréditant non moins aux mœurs de leurs pères et mères qu’à leurs biens meubles et héritages. […] Ne croyez que fut plus pitoyable le déconfort des Lacédémoniens quand de leur pays virent par l’adultère troyen furtivement enlevée Hélène grecque… Et restent en leurs maisons privées de leurs filles tant aimées, le père maudissant le jour et l’heure de ses noces, la mère regrettant que n’était avortée en tel tant triste et malheureux enfantement ; et en pleurs et lamentations finissent leur vie, laquelle était de raison finir en joie et contentement d’icelles. » Ainsi parlait le grand orateur Gargantua autorisant son fils à marier Panurge et lui conseillant de se marier lui-même en bonne maison avec consentement des parents, comme le veulent raison et nature, et jamais il ne fut plus éloquent, ne songeant qu’à penser juste, ou plutôt ne songeant à rien qu’à L’affaire qu’il avait à cœur. — Vrai Français dans son style comme en tant d’autres choses, latin seulement quand il s’avise de faire l’écrivain, Rabelais, avant Montaigne, est le père de cette prose française claire, robuste et souple, qui est faite pour être parlée plutôt qu’écrite, qui est faite pour tomber des lèvres, et qui n’a jamais été plus belle, comme Bossuet l’a prouvé peut-être, que chez ceux qui ne récrivent que pour la parler, ou qui en écrivant la parlent encore.

1399. (1889) Derniers essais de critique et d’histoire

Si la mère vient à mourir, ses femmes, tout de même, entrent au service de sa fille ou de sa bru, et cela s’étend jusqu’à la quatrième génération, car on ne les renvoie jamais. […] La cinquième année, après les vacances, le matin du départ, sa douleur fut si vive, que sa mère, toute ferme qu’elle fût, se troubla et voulut le garder. […] « On n’a pas idée d’une vie comme la mienne, écrivait M. de Loménie à sa mère. […] « Je présume bien, disait encore M. de Loménie à sa mère, que vous allez me blâmer ; mais que voulez-vous ? […] Mais avec cela il avait de l’honneur à l’excès, et ses chefs, gens expérimentés, promettaient toujours à ma mère qu’il serait un jour excellent.

1400. (1905) Études et portraits. Sociologie et littérature. Tome 3.

Restée veuve, sa mère l’éleva jusqu’à onze ans. […] Elle en est le commencement, car les rapports, de père, de mère et d’enfant sont primordiaux. […] Elle est nécessaire à la conservation des trois êtres qui la composent : le père, la mère et l’enfant. […] Cette identité est si complète que les trois éléments de la cellule familiale : le père, la mère, l’enfant, retrouvés déjà dans la société politique sous la forme de pouvoir, ministre et sujet, réapparaissent dans la société religieuse. […] Il ressemble à cette Jeanne d’Arc dont cet absurde et génial Michelet, raisonnable pour une fois, vantait en ces termes la virginale robustesse d’entendement « Elle n’apprit ni à lire ni à écrire : mais elle sut tout ce que savait sa mère des choses saintes.

1401. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — I. » pp. 234-253

Ma mère avait grand peur de lui.

1402. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) «  Œuvres de Chapelle et de Bachaumont  » pp. 36-55

Dans ses Lettres à madame sa mère il ne sait que badiner avec les choses et être irrévérent le plus qu’il peut avec les œuvres de Dieu : « C’est une belle chose que le lac de Genève.

1403. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — I » pp. 93-111

Ma mère était bonne, indulgente, et avait quelque goût11.

1404. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire. »

Né à Versailles, dont il est resté le poète chéri, où il a vécu tant d’années et où il est mort69, fils d’un père savoisien et patriarcal, de qui il a prétendu tenir toute sa poétique, bien différente, dit-il, de celle des Marmontel et des La Harpe, et d’une mère, bonne femme humble et antique ; d’abord secrétaire de maréchaux et de généraux, il fit la guerre et la vit de près, sans en tirer grand profit pour son observation de poète : « Ducis a fait la guerre de Sept-Ans avec nous, dit le prince de Ligne.

1405. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni (suite et fin.) »

. ; dans les séries achevées ou commencées des Mères de famille, du Chemin de Toulon, des Contemporains illustres, etc.

1406. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite) »

Vous lui parliez de votre mère, de votre sœur, de votre maîtresse : « Allons, disait-il, c’est très-bien, mais revenons à la réalité… Que ferons-nous de Nucingen, de la duchesse de Langeais ?

1407. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

Dans une seconde lettre de Buzot, du 3 juillet, Mme Roland revient sur la même idée d’un contentement austère au sein de la captivité, et elle l’exprime avec une rare noblesse : « Mon ami, ne nous égarons pas jusqu’à frapper le sein de notre mère en disant du mal de cette vertu qu’on achète, il est vrai, par de cruels sacrifices, mais qui les paye, à son tour, par des dédommagements d’un si grand prix.

1408. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat. »

Le célèbre abbé Pucelle, conseiller clerc au Parlement de Paris, une des hautes vertus, une vertu proverbiale de son temps, et le modèle des magistrats parlementaires, que les Jansénites ont appelé cet homme incomparable, était par sa mère un propre neveu de Catinat.

1409. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Idées et sensations : par MM. Edmond et Jules de Goncourt. »

Ses vierges sont des mères mûres et bien portantes, des épouses de saint Joseph.

1410. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. »

Il recourut à la mère du prince, Madame la Duchesse, pour l’empêcher de faire ce pas de clerc qu’il lui épargna en effet ; mais il y perdit la faveur, et un soir qu’il rentrait chez son prince, le suisse lui apprit que l’hôtel lui était dorénavant fermé.

1411. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DISCOURS DE RÉCEPTION A L’ACADÉMIE FRANÇAISE, Prononcé le 27 février 1845, en venant prendre séance à la place de M. Casimir Delavigne. » pp. 169-192

Le personnage de Mme Sinclair, de cette mère vaine et légère qui entraîne et compromet sa fille sans le vouloir, sans y songer, n’est pas le moins piquant de vérité.

1412. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN FACTUM contre ANDRÉ CHÉNIER. » pp. 301-324

Les Centaures, notez-le bien, étaient fils de la nue, et le poëte dit de Riphée, l’un des plus superbes, qu’il rappelait les couleurs de sa mère, en d’autres termes, qu’il …. portait sur ses crins, de taches colorés, L’héréditaire éclat des nuages dorés.

1413. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre I. La tragédie de Jodelle à Corneille »

Ainsi arrivait-il qu’on voyait, à l’acte iv de la Force du sang, une femme sur le point d’être mère dans la scène I, et dans la scène IV la même femme accompagnée d’un fils de sept ans.

1414. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre III. Comédie et drame »

Autour de ses couples d’amoureux, Marivaux groupe diverses figures : les unes qui ont un air de réalité, sans être tout à fait prises dans la vie contemporaine, des pères indulgents et bonasses, des mères parfois tendres, plus souvent, et plus exactement, dures, grondeuses, acariâtres, des paysans trop spirituellement finauds et lourdauds ; les autres, types de fantaisie, des Arlequins, et des Trivelins, des Martons, et des Lisettes, valets et soubrettes délurés, à peine fripons, diseurs de phébus, et parodiant en bouffonneries quintessenciées le fin amour des maîtres.

1415. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre III. La poésie : V. Hugo et le Parnasse »

Victor Hugo, fils du général Hugo, né à Besançon en 1802, suivit son père en Italie, en Espagne, fut quelque temps élevé au séminaire des nobles à Madrid ; à Paris, il vécut avec sa mère dans cette maison des Feuillantines qu’il a chantée.

1416. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Le père Monsabré »

Je regrette qu’après cela, pour nous montrer jusqu’à quel point le ministère sacré de la confession transfigure le représentant de Dieu, le Père Monsabré nous ait raconté l’histoire mélodramatique d’un prêtre confessant un mendiant et découvrant en lui l’assassin de son père et de sa mère.

1417. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre IV. Ordre d’idées au sein duquel se développa Jésus. »

ces victimes qui meurent pour leur foi, ces héroïques Macchabées, cette mère avec ses sept fils, Jéhovah les oubliera éternellement, les abandonnera à la pourriture de la fosse 157 ?

1418. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre X. Les sociales »

Aujourd’hui, elle lui apparaît tout à fait condamnable parce que sa laideur éternelle s’est extériorisée : « Elle sent la gamelle et la buffleterie des bas officiers, l’amour ancillaire d’une populace de Gothons en extase devant le caporal ignominieux. » Il y a, paraît-il, un parti politique « où les professeurs d’élégance oublient de saluer sur le terrain un adversaire qu’ils jugent pourtant digne de croiser le fer avec eux » ; et Tailhade s’irrite contre ces vilains « à qui mesdames leurs mères, trop occupées de leurs confitures et du point de sel à mettre dans le pot, n’eurent guère le temps d’apprendre le bel air des choses ».

1419. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre V »

La jeune fille vient de raconter à Maxime son enfance sans mère, et le caractère viril que lui a fait l’isolement où elle a vécu.

1420. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits de Fénelon. (1850.) » pp. 1-21

Le second a poussé les attentions et les craintes, les soins ingénieux et vigilants, les adresses insinuantes et persuasives, comme s’il y était tenu par les entrailles ; il a eu les tendresses d’une mère.

1421. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Balzac. » pp. 443-463

Dans ce xviiie  siècle qui avait eu le temps de tout raffiner, il se donna à la Cour, au mardi gras de 1763, un bal qu’on appela le Bal des mères ; la jeunesse, à proprement parler, fut spectatrice, et il n’y eut que les femmes de trente ans qui dansèrent.

1422. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand. (Berlin, 1846-1850.) » pp. 144-164

Tout à côté des mesures et des calculs dictés par une hardiesse prévoyante, il reconnaît ce qu’il doit à « l’occasion, cette mère des grands événements », et il est soigneux de faire en toute rencontre la part de la fortune : Ce qui contribua le plus à cette conquête, dit-il, c’était une armée qui s’était formée pendant vingt-deux ans par une admirable discipline ; et supérieure au reste du militaire de l’Europe (remarquez l’hommage à son père) ; des généraux vrais citoyens, des ministres sages et incorruptibles, et enfin un certain bonheur qui accompagne souvent la jeunesse et se refuse à l’âge avancé.

1423. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Florian. (Fables illustrées.) » pp. 229-248

Voilà bien l’Arlequin, tel que l’a renouvelé et créé Florian dans Les Deux Billets, dans Le Bon Ménage, dans La Bonne Mère ; un Arlequin bon, doux, ingénu, aussi babillard qu’honnête homme, simple sans être bête, naïf sans être niais.

1424. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Nouveaux documents sur Montaigne, recueillis et publiés par M. le docteur Payen. (1850.) » pp. 76-96

Et élevant de plus en plus sa pensée et son cœur, réduisant sa propre souffrance à ce qu’elle est dans l’immense sein de la nature, s’y voyant non plus seulement soi, mais des royaumes entiers, comme un simple point dans l’infini, il ajoute en des termes qui rappellent d’avance Pascal, et dont celui-ci n’a pas dédaigné d’emprunter le calque et le trait : Mais qui se représente comme dans un tableau cette grande image de notre mère nature en son entière majesté : qui lit en son visage une si générale et constante variété ; qui se remarque là-dedans, et non soi, mais tout un royaume, comme un trait d’une pointe très délicate, celui-là seul estime les choses selon leur juste grandeur.

1425. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Maintenon. » pp. 369-388

Petite-fille de l’illustre capitaine d’Aubigné du xvie  siècle, fille d’un père vicieux et déréglé, d’une mère méritante et sage, elle sentit de bonne heure toute la dureté du sort et la bizarrerie de la destinée ; mais elle avait au cœur une goutte du sang généreux de son aïeul, qui lui redonnait de la fierté, et elle n’aurait pas changé sa condition contre une plus heureuse, et qui eût été de qualité moindre.

1426. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « De la poésie et des poètes en 1852. » pp. 380-400

En avançant dans la vie, il a pu ressentir de plus en plus les douleurs et goûter les affections légitimes : le fils qui pleure une mère, l’époux qui va s’attendrir sur le berceau d’un enfant, c’est là de quoi animer raisonnablement le platonicien, et de quoi achever l’homme dans le poète65.

1427. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — I. » pp. 84-104

Ses mains auront chargé les armes sans qu’il leur commandât presque, et, pendant ce temps, il appelait ses amis, sa mère, quelque objet d’affection plus cher encore, au secours de son âme défaillante.

1428. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — III. (Suite et fin.) » pp. 242-260

Il eut une dernière jouissance d’amour-propre, lorsque, le Théâtre-Français ayant repris son drame de La Mère coupable qu’il avait fait en 1791, il se vit appelé à grands cris et entraîné sur le théâtre, où il lui fallut paraître entre Molé, Fleury et Mlle Contat.

1429. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — II. (Suite et fin.) » pp. 436-455

. — Je t’embrasse, mes amours, mes délices, mon mois de mai. » Ce mois de mai, qui est un enfant qui veut toujours téter, n’est-il pas la plus gracieuse et la plus parlante image, surtout adressée à une jeune femme, à une jeune mère ?

1430. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Boileau. » pp. 494-513

Orphelin de sa mère en bas âge, il manqua des tendres soins qui embellissent l’enfance.

1431. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Saint François de Sales. Son portrait littéraire au tome Ier de l’Histoire de la littérature française à l’étranger par M. Sayous. 1853. » pp. 266-286

Cet aimable saint, né le 21 août 1567, au château de Sales, à quatre lieues d’Annecy, d’une noble famille, et l’aîné de tous ses frères et sœurs, fut voué par sa pieuse mère à Dieu, et destiné par son père à la carrière sénatoriale.

1432. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1873 » pp. 74-101

Et la jeune femme a pour repoussoir à son éblouissante jeunesse, d’un côté le chinois Tsing à la face plate, au nez retroussé, de l’autre sa mère, la vieille Grisi, dans son ratatinement souffreteux.

1433. (1889) Émile Augier (dossier nécrologique du Gaulois) pp. 1-2

Émile Augier, Mme Déroulède, mère de Paul Déroulède, et Mme Guiard, mère d’un jeune poète, mort il y a quelques années.

1434. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre III. Personnages merveilleux des contes indigènes »

Ainsi, dans le conte de La femme de l’ogre, le fils du guinné soustrait sa mère à l’appétit paternel mais, après l’avoir menée hors d’atteinte, il s’en retourne près des siens.

1435. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « IX. Mémoires de Saint-Simon » pp. 213-237

Si démocrates, en effet, que nous soyons sortis du ventre de nos mères, les Révolutions, nous avons des passions qui donnent la main à celle de cet aristocrate, et c’est par là qu’il nous entraîne !

1436. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Baudelaire  »

Assurément, Baudelaire, qui de nature a un penchant vers l’ironie que sa physionomie devait révéler tout enfant à sa mère, aurait dans son intimité avec Poe appris, quand il n’en eût pas eu le germe en lui, l’art amer et hypocrite de cette mystification implacable que Swift eut un jour, mais que, par l’outrance et l’effet qu’ils veulent produire, Poe et Baudelaire ont, tous les deux, bien dépassé.

1437. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Jean Richepin »

Le système, l’exagération volontaire, l’archaïsme, l’imitation, fatale pour les plus forts quand ils ont ce charmant défaut de la jeunesse, mère de tant de sottises, toutes ces choses qui contaminent çà et là l’œuvre actuelle, doivent, par le fait de la santé et de la vigueur de son esprit, mourir prochainement en M. 

1438. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre II : M. Royer-Collard »

Sa maison était une Thébaïde, et sa mère une sorte de puritaine catholique.

1439. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIII. »

« Une noble armée, hommes et enfants, la mère et la jeune fille, entourant le trône du Seigneur, triomphent, parés de vêtements de lumière.

1440. (1923) Au service de la déesse

Mais son père était seigneur de La Varenne ; et sa mère était née Magdelaine Avril : avant d’aller à sa triste aventure, il se composa, du nom de sa mère et d’un titre de son père, le nom d’Avril de La Varenne, an nom de guerre ou de colonie. […] Sa mère est une dame noble. […] Manon, ce n’est pas sa mère qui l’envoie à Mississipi : c’est le père de son amant, l’honnête M. des Grieux. […] Et c’est la « viocque » — la mère — de l’assassiné. […] « Attendons joyeusement ceux d’entre nous qui se lèveront avec l’offrande dans leurs prunelles de dessins étonnants… Nous édifierons les monuments de notre paix aussi grande que notre guerre… France, mère ardente et asséchée, tâte ton ventre et ton cerveau ! 

1441. (1921) Esquisses critiques. Première série

Leur surprenante nouveauté enfanta ce qu’on nomme le vers libre, monstre bizarre qui n’a point la figure de sa mère, car si le vers libre expose en plein jour l’usage qu’il fait de toutes les coupes rythmiques, le vers mallarméen révèle toutes ces mêmes coupes, secrètes et cachées en lui-même. […] Bataille par la fille du protecteur de sa mère sont arbitraires et illogiques. […] Ta mère me dégoûte, mais je la vénère , confie un troisième51. […] Chacun, s’il est doué de cette précieuse faculté sans laquelle nulle activité esthétique n’est possible — et qui est l’antique Mnémosyne elle-même mère des Muses — récolte à tout instant les éléments de ses ouvrages. […] Miquette et sa mère.

1442. (1881) Le roman expérimental

Derrière ces grands mots, que d’intérieurs malpropres le père partageant ses maîtresses avec le fils, la mère s’oubliant entre les bras des amis de la maison. […] Elles sont deux sœurs, Céline et Désirée, deux ouvrières brocheuses, qui vivent entre leur mère hydropique et leur père fainéant et philosophe. […] Désirée était en âge de soigner et de remplacer sa mère, et quant à Cécile, le meilleur parti qu’il eût à prendre était de fermer les yeux sur ses cavalcades. […] Désirée, retenue près de sa mère, manque plusieurs rendez-vous, et, lorsqu’elle retrouve Auguste, ils restent tous les deux embarrassés. […] La mère, une Bohémienne, meurt la première, dans le regret de sa race et de son pays.

1443. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre II. Lord Byron. » pp. 334-423

Sa mère, dans ses moments de fureur, déchirait ses chapeaux et ses robes. […] Une autre fois la querelle fut si terrible que le fils et la mère, chacun séparément, s’en allèrent chez le pharmacien pour « savoir si l’autre n’était point venu chercher du poison pour se détruire, et pour avertir le marchand de ne point lui en vendre. » Quand il alla aux écoles, « ses amitiés, dit-il lui-même, furent des passions1237. » Bien des années après, il n’entendait point prononcer le nom de Clare, un de ses anciens camarades, « sans un battement de cœur. » Vingt fois pour ses amis il se mit dans l’embarras, offrant son temps, sa plume, sa bourse. […] Elle l’a préservé, elle l’a soigné comme une mère, et maintenant elle l’aime : qui est-ce qui peut la blâmer de l’aimer ?

1444. (1902) La poésie nouvelle

Quelques années plus tard, quand il l’évoquait, avec le souvenir de l’hostilité maternelle, il écrivait dans les Poètes de sept ans :‌ Et la Mère, fermant le livre du devoir,‌ S’en allait, satisfaite et très fière, sans voir,‌ Dans les yeux bleus et sous le front plein d’éminences,‌ L’âme de son enfant livrée aux répugnances…‌ On l’imagine aisément, espèce d’écolier doux et rétif à la fois, aux cheveux ébouriffés, l’esprit ailleurs, — flâneur, semble-t-il, presque somnolent au long des classes, attentif subitement à quelque mot qui, dans son âme, éveille des rêveries ; tantôt exubérant, et tantôt dissimulant, sous un air de docilité qu’on dirait sournoise, d’obscurs mépris, une essentielle inaptitude à s’asservir.‌ […] Un nid que doit avoir glacé la bise amère…‌ Votre cœur l’a compris : ces enfants sont sans mère‌ Plus de mère au logis ; — et le père est bien loin ! […] Et celui-ci, de son côté, débile et ombrageux, se vit relancer par sa famille, sa mère, sa belle-mère, sa femme. […] Il ne faut point vouloir déterminer l’idéal de l’art suivant des théories telles qu’unité d’impression, idée mère, balancement des lignes, etc., mais… « la Vie, la vie et encore rien que la vie, c’est-à-dire le nouveau !

1445. (1896) Études et portraits littéraires

À quoi tend la « cuistrerie » du libéralisme humanitaire, sinon à nous aveulir de lâcheté en déshonorant « la mère de tout honneur, — la Guerre » ? […] Combien de fois a-t-il dit ce qu’il devait à sa mère, sa « sublime mère » ! […] Puis la mort de sa mère mit son enfance en deuil, et jamais il ne quitta ce crêpe. […] J’ai pris les Mémoires de Tolstoï, et j’ai comparé les pages où il raconte, lui aussi, la mort de sa mère. […] Le lendemain, au Minihi, je ne cesse pas de le voir dans cette petite chapelle de Saint-Yves où, à la mort de son père, sa mère le conduisit.

1446. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome III pp. -

La Vierge y dit que c’est bien de l’honneur à elle d’être désignée mère d’un Dieu : le Sauveur y fait assaut d’esprit avec la Samaritaine. […] Il représenta, en marbre, les Graces elles-mêmes, Cupidon & sa mère : il fit deux statues de Vénus, mais une principalement dont les habitans de Gnide furent possesseurs. […] Les premiers pas de frère Matthieu, sorti de sa prison, furent vers sa puissante protectrice, qu’on peut regarder aussi comme la mère & la fondatrice de l’ordre des capucins. […] Il avoit des goûts différens de ceux de sa mère : il protégeoit les moines qu’elle détestoit. […] « Adieu, maître Pasquier ; adieu, plume sanglante ; adieu, avocat sans conscience ; adieu, monophile sans cervelle ; adieu, homme sans humanité ; adieu, chrétien sans religion ; adieu, capital ennemi du saint siège de Rome ; adieu, fils dénaturé de l’église, qui publiez & augmentez les opprobres de votre mère ; adieu, jusqu’à ces coups de tonnerre qui vous enséveliront sous d’autres montagnes que dans votre Parnasse ; adieu, jusqu’à ce grand parlement, auquel vous ne plaiderez plus pour l’université ».

1447. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome IV pp. -328

Le jeune monarque avoit pour confesseur un jésuite, & sa mère, veuve de Henri IV, l’abbé de Bérule. […] De jeunes beautés, victimes de l’aveuglement ou de l’intérêt de leurs mères, en étoient communément les héroïnes. […] Il étoit naturel qu’ils souhaitassent d’appartenir à l’université, mère commune des sciences, du moins comme maîtres-ès-arts, puisqu’elle croit avoir raison de les refuser comme faculté. […] Les uns étoient fort étonnés, & croyoient à peine ce qu’ils avoient entendu ; les autres rioient beaucoup ; d’autres étoient d’avis qu’on jettât, dans l’eau, le moine, la mère & l’enfant, & qu’on appaisât la colère céleste. […] Du côté de son père & de celui de sa mère, le Tasse pouvoit se glorifier d’être d’une naissance illustre.

1448. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « LEOPARDI. » pp. 363-422

Ainsi, dans ce chant à Dante, il peint en traits sanglants la perte des légions italiennes durant la campagne de Russie, ces hommes du Midi ensevelis sous les glaces et, dans leur dernier regard vers leur mère adorée, se disant : « Plût au ciel que ce ne fussent ni les vents, ni les tempêtes, mais le fer qui nous moissonnât, et pour ton bien, ô notre patrie ! […] L’éphèbe, vainqueur des jeux, survit à la patrie ; il a sa couronne, et elle n’en a plus : « La saison est passée ; personne, aujourd’hui, ne s’honore d’une telle mère.

1449. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Gabriel Naudé »

Avant de leur décerner le bonnet doctoral ou, comme on disait, le laurier, et de les lancer dans le monde, la Faculté, en bonne mère, les faisait louer et préconiser en public. […] Naudé, qui cite cette épigramme dans la préface de ses Rose-Croix, l’a remise depuis dans son Mascurat, et en a fait la plus jolie page de ce gros in-4° : « La fable ancienne ou moderne dit que le Dieu d’Amour lit présent au Dieu du Silence, Harpocrate, d’une belle fleur de rose, lorsque personne n’en avoit encore vu et qu’elle étoit toute nouvelle, afin qu’il ne découvrît point les secrètes pratiques et conversations de Vénus sa mère ; et que l’on a pris de là occasion de pendre une rose ès chambres où les amis et parents se festinent et se réjouissent, afin que, sous l’assurance que cette rose leur donne que leurs discours ne seront point éventés, ils puissent dire tout ce que bon leur semble. »  — Cette dévotion du silence a encore inspiré à Naudé une jolie épigramme, la seule même assez gracieuse qu’on trouve dans le recueil de ses vers.

1450. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIVe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (2e partie) » pp. 97-191

« Mais quand ces douloureux événements arrivent entre des personnes qui s’aiment, et que, par exemple, un frère tue ou doive tuer son frère, un fils son père, une mère son fils, un fils sa mère, ou qu’il se commet d’autres malheurs de ce genre, voilà les situations qu’il faut rechercher. » Suivent des exemples célèbres et choisis dans la tragédie grecque.

1451. (1899) Les industriels du roman populaire, suivi de : L’état actuel du roman populaire (enquête) [articles de la Revue des Revues] pp. 1-403

Savez-vous au monde une impression de stupeur et d’épouvante affolée comparable au bouleversement d’âme d’une mère à qui l’on vient de ravir son enfant ? […] L’une des malheureuses victimes ouvre la bouche, elle va parler… Son regard prit une expression terrible et, d’une voix stridente, elle s’écria : — Demandez donc à la lionne ce qui se passe dans ses entrailles de mère quand, rentrant dans sa tanière, elle ne retrouve plus ses lionceaux, qu’on lui a pris… Tout d’abord, elle rugit, puis, les poils hérissés, elle s’élance, elle bondit à la poursuite des ravisseurs.

1452. (1856) Jonathan Swift, sa vie et ses œuvres pp. 5-62

Le 30 novembre de la même année, sa veuve, déjà mère d’une fille, mit au monde Jonathan Swift. […] En 1688, il quitta le collège et l’Irlande, et vint à Leicester où le spectacle de la pauvreté de sa mère aigrit encore sa tristesse.

1453. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — II. (Fin.) » pp. 452-472

Chaque place, chaque allée, chaque banc lui rappelaient les douces heures passées dans l’entretien de celui qui n’était plus : « Depuis que j’ai perdu ce pauvre Deyverdun, s’écriait-il, je suisseul, et, même dans le paradis, la solitude est pénible à une âme faite pour la société. » Vers ce temps, il songea assez sérieusement ou au mariage, ou du moins à adopter quelqu’une de ses jeunes parentes, une jeune Charlotte Porten (sa cousine germaine, je crois) : « Combien je m’estimerais heureux, écrivait-il à la mère de cette jeune personne, si j’avais une fille de son âge et de son caractère, qui serait avant peu de temps en état de gouverner ma maison, et d’être ma compagne et ma consolation au déclin de ma vie ! 

1454. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — I. » pp. 41-61

Madame, princesse et de maison souveraine avant tout, et qui, au milieu de toutes ses qualités humaines et de ses débonnairetés, n’oubliait jamais les devoirs de la naissance et de la grandeur ; elle de qui l’on a dit : « Jamais grand ne connut mieux ses droits, ni ne les fit mieux sentir aux autres » ; Madame n’avait rien tant en horreur et en mépris que les mésalliances ; la galerie de Versailles a retenti longtemps du soufflet sonore qu’elle appliqua à son fils le jour où celui-ci, ayant consenti à épouser la fille naturelle de Louis XIV, s’approchait de sa mère, selon son usage, pour lui baiser la main.

1455. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — I. » pp. 301-321

Il avait perdu sa mère à sept ans, et son père vivait assez isolé de ses enfants.

1456. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — III » pp. 178-197

Il me semble que je te vois vers l’Occident rayé, avec ton pas lent et grave comme celui de la mère de famille, tandis que la Nuit te suit de près et marche déjà sur ta robe traînante : d’une main, tu laisses tomber le rideau du sommeil sur les oiseaux et les animaux divers, et ton autre main est remplie pour l’homme du doux oubli des soins de la journée.

1457. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Une petite guerre sur la tombe de Voitture, (pour faire suite à l’article précédent) » pp. 210-230

Il reprocha à Costar (qui s’appelait primitivement Cousiart) son nom, sa naissance, l’état de ses père et mère, et jusqu’à celui de son grand-père, qui apparemment n’était pas en parfaite odeur.

1458. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — II — Vauvenargues et le marquis de Mirabeau » pp. 17-37

Il faut entendre de quel ton, et voir avec quelle noblesse de geste il le dit : J’en ai écrit à ma mère comme je le pensais ; elle m’a répondu que j’étais trop ardent, et je lui ai dit qu’elle était trop sage.

1459. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers. »

. — Il y avait encore la marquise de Boufflers, la digne mère du léger et spirituel chevalier, l’amie du bon roi Stanislas et qui faisait les beaux jours de la petite Cour de Luné-ville à l’époque où Mme du Châtelet et Voltaire y étaient invités.

1460. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers (suite et fin.) »

La citoyenne Boufflers donne un cheval à la nation. » En 1793, 21 mai, dans l’État de la recette faite par le citoyen Rouvaux, secrétaire greffier provisoire, sur la liste des secours offerts pour l’expédition de la Vendée, on trouve la citoyenne Boufflers mère portée pour 200 livres, et sa belle-fille pour 100 livres.

1461. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Dominique par M. Eugène Fromentin (suite et fin.) »

Il est orphelin de naissance et d’enfance ; il a perdu sa mère presque en naissant, et, peu d’années après, son père ; il a grandi au milieu des vieux domestiques de la maison, et a eu pour compagnons de jeux les enfants des paysans du voisinage.

1462. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN DERNIER MOT sur BENJAMIN CONSTANT. » pp. 275-299

N’ai-je pas remarqué tout le premier qu’il lui avait manqué, aussi bien qu’à Jean-Jacques, les soins et la tendresse d’une mère ?

1463. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Boileau »

Il perdit sa mère en bas âge ; la famille était nombreuse et son père très-occupé ; le jeune enfant se trouva livré à lui-même, logé dans une guérite au grenier.

1464. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Victor Duruy » pp. 67-94

Il écrivait en terminant : « Nous ne devons pas oublier que les femmes sont mères deux fois, par l’enfantement et par l’éducation ; songeons donc à organiser aussi l’éducation des filles, car une partie de nos embarras actuels provient de ce que nous avons laissé cette éducation aux mains de gens…3 enfin, de gens qui n’avaient pas toute la confiance de M. 

1465. (1890) La fin d’un art. Conclusions esthétiques sur le théâtre pp. 7-26

L’enfant crée de la sorte une foule d’idées ; il a du génie ; chaque mère en est sûre, et elle a raison.

1466. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XX. La fin du théâtre » pp. 241-268

L’enfant crée de la sorte une foule d’idées ; il a du génie ; chaque mère en est sûre, et elle a raison.

1467. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVII. Rapports d’une littérature avec les littératures étrangères et avec son propre passé » pp. 444-461

Problème délicat que celui qui consiste à discerner alors la part de la mère patrie dans ces produits si mélangés !

1468. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. Tome IXe. » pp. 138-158

« L’injustice, disait-il un jour avec énergie, est une mère qui n’est jamais stérile, et qui produit des enfants dignes d’elle. » Et il citait Moreau qui, cruellement banni, en 1804, pour un tort envers le consul plus encore qu’envers la France, revient en 1813 enfant ingrat.

1469. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mlle de Lespinasse. » pp. 121-142

Elle l’aurait pu, à la rigueur, car elle était née du vivant de M. d’Albon, mari de sa mère.

1470. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de lord Chesterfield à son fils. Édition revue par M. Amédée Renée. (1842.) » pp. 226-246

Je vous avouerai naturellement qu’il n’est pas légitime ; mais sa mère est une personne bien née, et qui a eu des bontés pour moi que je ne méritais pas.

1471. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire des travaux et des idées de Buffon, par M. Flourens. (Hachette. — 1850.) » pp. 347-368

Buffon, d’ailleurs, disait tenir surtout de sa mère, dont il parlait avec tendresse et complaisance.

1472. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Essai sur Amyot, par M. A. de Blignières. (1 vol. — 1851.) » pp. 450-470

Sa mère, Marguerite des Amours (c’est un nom assorti pour la mère d’Amyot), avait soin de lui envoyer chaque semaine un pain par les bateliers de Melun.

1473. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Œuvres de Louis XIV. (6 vol. in-8º. — 1808.) » pp. 313-333

Vers ce temps (1647), le roi tomba malade de la petite vérole ; sa mère en conçut les plus vives inquiétudes ; il lui en témoignait une tendre et touchante reconnaissance : Dans cette maladie, le roi parut à ceux qui l’approchaient un prince tout à fait porté à la douceur et à la bonté.

1474. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — II. (Suite et fin.) » pp. 341-361

Mme Clavier, en mère avisée et qui prévoit, hésite ; on fait quelques réflexions, quelques objections ; mais Courier promet tout, d’être sage et bon sujet, bien rangé et docile, de faire pour M. 

1475. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Michaud, de l’Académie française. » pp. 20-40

Son père, obligé de s’expatrier à la suite d’un malheur causé par une imprudence généreuse, s’était établi près de Bourg-en-Bresse ; c’est là que Joseph Michaud, l’aîné des enfants, fit ses études : « Il fut, selon le témoignage de son frère, un excellent rhétoricien : son style avait l’abondance, la solennité semi-poétique, si recommandées par les professeurs aux élèves ; il composait des vers français avec facilité. » Son père mort, et sa mère n’ayant que peu de bien avec beaucoup de famille, il entra dans une maison de librairie à Lyon.

1476. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — I. » pp. 224-245

On publia en 1730, sous le titre bizarre d’Histoire de la mère et du fils, c’est-à-dire de Marie de Médicis et de Louis XIII, un fragment d’histoire commençant à la mort de Henri IV, et qu’on attribua à Mézeray, par la raison que le manuscrit s’était trouvé à sa mort parmi ses papiers.

1477. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — I. » pp. 455-475

Voilà pourquoi, Sire, je me fais un devoir et m’empresse à vous écrire encore une fois, afin de vous recommander ma pauvre famille… Suivent les recommandations du plus tendre père en faveur de ses quatre enfants et de sa sœur qui leur sert de mère ; après quoi il poursuit : Il me suffit sans doute, Sire, de vous avoir témoigné ces derniers souhaits d’un cœur paternel pour pouvoir espérer avec confiance qu’ils seront exaucés.

1478. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Émile Zola » pp. 70-104

Le teint clair et le pouls calme de la belle Lisa sont admirés dans le Ventre de Paris, comme l’insolent bien-être de Louise Méhudin et de sa mère.

1479. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre III : Concurrence vitale »

D’un autre côté, en quelques cas assez rares, tel que l’Éléphant, par exemple, aucun individu de l’espèce ne devient la proie d’autres animaux, car même le Tigre de l’Inde n’ose que très rarement attaquer un jeune Éléphant protégé par sa mère.

1480. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rivarol » pp. 245-272

il avait aimé mieux jouer de cette cymbale — cymbalum tinniens — que de développer, dans une généreuse et fière solitude, les facultés mères des grandes œuvres.

1481. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Henri Heine »

Il manque à sa mère… Et ce n’est pas tout !

1482. (1868) Curiosités esthétiques « VI. De l’essence du rire » pp. 359-387

Elle tombe ici en pleine civilisation turbulente, débordante et méphitique, elle, tout imprégnée des pures et riches senteurs de l’Inde ; elle se rattache à l’humanité par la famille et par l’amour, par sa mère et par son amant, son Paul, angélique comme elle, et dont le sexe ne se distingue pour ainsi dire pas du sien dans les ardeurs inassouvies d’un amour qui s’ignore.

1483. (1885) Le romantisme des classiques (4e éd.)

Soit que Chateaubriand eût été converti, comme il l’a prétendu, par la mort de sa mère et de sa sœur, soit que son compagnon d’exil, Fontanes, homme très délié, qui était en bonnes relations avec le Premier Consul, eût indiqué au jeune écrivain avide de renommée l’à-propos qu’il y aurait à préparer et à lancer un tel livre à la veille du Concordat, toujours est-il que par ce livre Chateaubriand entra dans un rôle nouveau, tout l’opposé du premier. […] si ma mère vous est chère, ne déshonorez pas son nom et sa vertu, en faisant de moi un fils indigne de vous deux ! […] Tàlbot Tu veux donc qu’une même tombe ensevelisse toutes les espérances de ta mère ? […] « Je ne comprends point, dit-il, ce qui défend de descendre plus bas, quand il se rencontre des actions qui le méritent, et je ne puis croire que l’hospitalité violée en la personne des filles de Scédase, qui n’était qu’un paysan de Leuctres44, soit moins digne de la scène que l’assassinat d’Agamemnon par sa femme, ou la vengeance de cette mort par Oreste sur sa propre mère ; quitte pour chausser le cothurne un peu plus bas : Et tragicus plerumque dolet sermone pedestri. […] L’idée mère de la pièce est celle que je vous ai montrée tout à l’heure, en deux ou trois exemplaires successifs, dans les Vies des Saints.

1484. (1910) Victor-Marie, comte Hugo pp. 4-265

L’inclinaison commençante générale vers la terre nourricière, vers la terre mère, vers la terre tombeau. […] Entre les plus beaux noms leur nom est le plus beau, Toute gloire près d’eux passe et tombe éphémère ;        Et, comme ferait une mère, La voix d’un peuple entier les berce en leur tombeau ! […] Saviez-vous par exemple qu’il ne s’était pas seulement glorifié … de son père lorrain, sa mère vendéenne, mais qu’il s’est une fois glorifié d’avoir un nom saxon. […] Mais à mon triste sort, vous le savez, Seigneur, Une mère, un amant attachaient leur bonheur. […] Ma mère est devant vous, et vous voyez ses larmes.

1485. (1892) Les idées morales du temps présent (3e éd.)

« Le Maistre de Sacy, confessant sa mère au lit de mort, sainte Françoise de Chantai abandonnant ses enfants pour suivre François de Sales, Mme de Maintenon enlevant les filles à leur mère pour le salut de leur âme, nous paraissent avoir péché contre la nature. […] Dès sa première jeunesse, il était enclin à la tristesse, et à une tristesse irrésignée : sa mère, en 1815, lui reproche ses « plaintes sur des choses inévitables », ses « mines renfrognées », ses « jugements bizarres » qu’il prononce « d’un ton d’oracle », ses « lamentations sur la sottise du monde et la misère humaine ». […] Autrefois, sa mère lui reprochait de l’empêcher de dormir. […] Nous connaissons des jeunes filles qui seront probablement des épouses excellentes et de bonnes mères, sans avoir la naïveté savante de Mlle Marcelle ou de Mme Hackendorf ; nous connaissons, en deux mots, une foule de gens, très différents les uns des autres, qui restent complètement en dehors de la classification de M.  […] N’est-ce pas pour en répandre le goût qu’il a raconté, avec quelle émotion contenue et d’autant plus communicative, l’histoire du pauvre colporteur qui se fait condamner pour sauver une mère innocente ?

1486. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome III pp. 5-336

La longue absence de la patrie ; les foyers des héros insultés ; leurs domaines, leurs femmes en proie à d’insolents séducteurs ; les récompenses ravies aux exploits d’Ajax ; le meurtre accueillant le retour d’Atride en son palais ; les traverses cruelles de la navigation du roi d’Ithaque ; ses remords cuisants, sa pauvreté, sa nudité, ses traits longtemps méconnus par la mère de son fils, et le poids des peines qui courbent son vieux père : que d’objets capables de rattacher l’amour des hommes à la résidence des lieux qui les ont vus naître, aux soins faciles de leurs maisons, aux douceurs de la culture qui les nourrit en paix ! […] Les historiens démentent cette déposition qu’on suppose arrachée à Lucain mourant, contre sa mère. […] pénètre en son asile « Ce bruit, signal affreux de ses promptes douleurs, « Fait rugir l’amitié de ce lion en pleurs ; « Son sein ne nourrit plus une vengeance oisive ; « Et tandis que sa mère, à sa valeur captive, « Prépare un bouclier brillant d’or et d’airain, « Prodige étincelant du ciseau de Vulcain, « Achille, si longtemps retiré du carnage, « Pousse vers les Troyens, frappés de son visage, « Un triple cri, vainqueur de mille combattants, « Et qui jette la fuite et la mort dans leurs rangs. […] On sent en elle une mère des Armides et des Alcines, plus auguste que ses filles. […] Nomogène, leur mère, fut la grande déesse de J’équilibre, et Syngénie fut celle des affinités secrètes.

1487. (1905) Pour qu’on lise Platon pp. 1-398

Avec tous ses défauts, c’est d’abord un très grand poète, le plus grand peut-être que la mère des poètes ait connu. — C’est un très grand artiste et un des hommes qui ont eu le plus vivement, le plus profondément, le sentiment de la beauté. — C’est un très grand orateur et sa belle langue, fluide et souple, est un merveilleux vêtement, pour la pensée, élégante toujours et souvent forte. […] Non, il ne faut pas, dans une république qui sera vertueuse ou qui ne sera point, qu’on entende dire que Junon a été mise aux fers par son fils, et Vulcain précipité du ciel par son père pour avoir voulu secourir sa mère pendant que Jupiter la frappait. […] La « vraie » égalité, et je ne veux pas dire que l’autre soit fausse, mais j’entends que celle-ci est bonne et qu’elle est féconde, la vraie égalité existe quand des citoyens très inégaux en forces, en intelligence, par l’éducation, par la fortune, sont convaincus cordialement que cependant, d’une certaine façon, ils sont égaux encore, soit comme fils d’un même père, et c’est l’égalité à base de sentiment religieux, soit comme fils de la même mère, et c’est l’égalité à base de sentiment patriotique. […] On l’honore encore de bien des façons : en l’attachant à la recherche du bien en général, en respectant et en entourant ses parents d’un culte pieux ; en pratiquant l’hospitalité ; en observant ponctuellement les lois, même dures et même injustes, parce qu’elles sont comme nos pères et mères spirituels ; en ayant l’horreur du mensonge et en pratiquant la sincérité avec une sorte de superstition, en combattant en soi l’amour-propre de tout son pouvoir ; car c’est ici le plus grand trompeur qui soit et qui puisse être : « la plus grande des maladies de l’homme est un défaut qu’on apporte en naissant, que tout le monde se pardonne et dont par conséquent personne ne peut se défaire ; c’est ce qu’on appelle l’amour-propre ; amour, dit-on, qui est naturel, légitime et même nécessaire. […] « Il le verrait avec plaisir perdre son père, sa mère, ses parents, ses amis, qu’il regarde comme des censeurs et des obstacles à son doux commerce. » D’autre part, toujours soupçonneux parce qu’il est toujours craintif, « il poursuivra ce qu’il aime d’une inquisition continuelle relativement à toutes ses démarches et à tous ses entretiens ; et il le poursuivra tantôt de louanges mal à propos et excessives » qui seront dépravantes et corruptrices, « tantôt de reproches insupportables ».

1488. (1835) Critique littéraire pp. 3-118

Voyez plutôt : « La mère d’une nichée de petits rajahs (princes) montagnards vient de mourir, écrit Jacquemont, en laissant neuf lacs de roupies (2 millions 250 000 fr.) ; les enfants se battent pour l’héritage ; et Runjet-Sing vient d’envoyer M.  […] Accessibles à la civilisation anglaise dans toutes les habitudes de la vie civile, comme soldats, comme agriculteurs, comme négociants, leur vie domestique est murée ; elle n’admet ni nos usages, ni nos mœurs, ni le respect de la femme, ni les saintes et paisibles vertus de la famille ; nulle affection, nulle sympathie ; les enfants méprisent leur mère, le père maltraite ses enfants ; d’implacables jalousies, des haines atroces fermentent dans le cœur des frères. […] Le mari achète sa femme, le père vend sa fille, le fils vend sa mère.

1489. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — III. (Fin.) » pp. 371-393

Or, il crut remarquer que l’épouse chérie de Louis XII, Anne de Bretagne, avait fondé une école de politesse et de perfection pour le sexe : C’était, avait dit Brantôme, la plus digne et honorable reine qui eût été depuis la reine Blanche, mère du roi saint Louis… Sa cour était une fort belle école pour les dames, car elle les faisait bien nourrir et sagement, et toutes à son modèle se faisaient et se façonnaient très sages et vertueuses.

1490. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Étienne de La Boétie. L’ami de Montaigne. » pp. 140-161

La Boétie a été la passion de Montaigne ; il lui a inspiré son plus beau chapitre, ou du moins son plus touchant ; leurs deux noms sont à jamais inséparables, et sitôt qu’on parle d’amitié, on les rencontre des premiers, on les cite inévitablement, de même que lorsqu’on parle de l’amour d’une mère pour sa fille, on nomme Mme de Sévigné.

1491. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire du règne de Henri IV, par M. Poirson » pp. 210-230

Quand le soleil, sur les six heures du soir, commençait à perdre la force de ses rayons, on nous menait promener vers le champ des moissonneurs, et ma mère y venait aussi bien souvent elle-même, ayant toujours mes sœurs et quelques-unes de mes tantes avec elle… Elles s’allaient toutes reposer en quelque bel endroit d’où elles prenaient plaisir de regarder la récolte, tandis que nous autres enfants, sans avoir besoin de ce repos, nous allions nous mêler parmi les moissonneurs, et, prenant même leurs faucilles, nous essayions de couper les blés comme eux… Après la moisson, les paysans choisissaient un jour de fête pour s’assembler et faire un petit festin qu’ils appelaient l’oison de métive (c’est le mot de la province) ; à quoi ils conviaient non seulement leurs amis, mais encore leurs maîtres, qui les comblaient de joie s’ils se donnaient la peine d’y aller.

1492. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « François Villon, sa vie et ses œuvres, par M. Antoine Campaux » pp. 279-302

Celui-ci a donc découvert et imaginé que toute la veine satirique, railleuse, irrévérente et sensuelle de Villon lui venait de son père, et que la veine tendre et religieuse qu’on lui suppose par moments, ses velléités du moins et ses retours de mélancolie venaient de sa mère.

1493. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Œuvres de Louise Labé, la Belle Cordière. »

tu es trop mère pour parler convenablement dans ta propre cause. » — Vénus choisit Apollon, « encore que l’on ait semé par le monde, dit-elle, que la maison d’Apollon et la mienne ne s’accordaient guère bien. » Diane, en effet, et les Muses sont les vierges par excellence.

1494. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier. »

Dès ses premières années et au sein d’une éducation de famille calme et honnête, sous l’aile d’une bonne mère, il est arrivé à la corruption d’esprit la plus profonde, à la satiété et à la nausée avant le plaisir.

1495. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid (suite.) »

Ce rôle de l’infante qui, vers la fin, a perdu sa mère, qui n’est pas aimée de son frère, qui voudrait un tout petit royaume à elle, a, dans la pièce espagnole, une réalité qui disparaît dans la réduction analytique de Corneille, et l’on conçoit dès lors que, dans ce système de coupures et d’éviter à tout prix les longueurs, qui est ou était le nôtre, on n’ait pas résisté, bien qu’à tort peut-être, à la tentation de le supprimer.

1496. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Essai de critique naturelle, par M. Émile Deschanel. »

Profond mystère, féconde joie, réciprocité de la vie : le fils régénère le père et la mère, il les crée à son tour !

1497. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite et fin.) »

» — « Non, ma mère », répondit l’enfant. — « C’est M. 

1498. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [I] »

De bonne heure orphelin de père et de mère, tombé sous la tutelle d’un frère aîné, il eut assez de peine à percer, et ne reçut qu’assez tard les marques de la protection du cardinal, qui avait été le patron de Rabelais.

1499. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LOYSON. — POLONIUS. — DE LOY. » pp. 276-306

J’entends… ma fin prochaine en sera moins amère ; Mes amis, il suffit : je suivrai vos conseils, Et je mourrai du moins dans les bras de ma mère.

1500. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DE BARANTE. » pp. 31-61

Il touchait à sa vingtième année ; un voyage qu’il fit à cette époque en Auvergne, et durant lequel il perdit sa mère, apporta une impression décisive dans sa vie morale, et détermina l’homme en lui.

1501. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Pierre Corneille »

Tous deux soignaient leur mère veuve.

1502. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Le comte de Ségur »

Cependant la ruine de ma fortune me rendait le travail indispensable ; je me décidai à écrire cet ouvrage ; et, pour me conserver la vue, ma femme, votre tendre et vertueuse mère, … élevée dans toutes les délicatesses du grand monde, âgée de soixante ans, presque toujours souffrante, … me servant de secrétaire avec une constance et une patience inimitables, a écrit de sa main, d’abord toutes les notes qui m’ont servi à rédiger, et ensuite tout ce livre : ainsi toute cette Histoire universelle a été tracée par sa main… » Cette Histoire universelle qui aboutissait à la fin du Bas-Empire avait pour suite naturelle une Histoire de France, et M. de Ségur se décida à l’entreprendre : il l’a poussée jusqu’au règne de Louis XI inclusivement.

1503. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIIIe entretien. Fénelon, (suite) »

Sans mère, sans régent, avec une guerre malheureuse au dehors, tout épuisé au dedans !

1504. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre III. L’Histoire »

Mais il dit aussi certains petits effets de grandes vertus, des excès et des défauts, marques d’humanité, qui rapprochent de nous le saint, et l’animent sans l’amoindrir : nous voyons le roi, vêtu de grossier camelin, « tremper son vin avec mesure », et manger ce que son cuisinier lui prépare, sans condescendre jamais à commander le menu de son repas ; nous le voyons, modeste en sa parole comme pur en ses actes, n’ayant onques nommé le diable en ses propos, toujours timide et petit enfant devant sa mère, froid à l’excès et comme indifférent à l’égard de sa femme et de ses enfants, l’humeur vive avec son angélique bonté, assez jaloux de son autorité, rabrouant prélats ou Templiers, quand ils semblent entreprendre dessus, et, pour tout dire, un peu colère : Joinville ne fait-il pas un pacte avec lui, pour que ni l’un ni l’autre à l’avenir ne se fâchent, le roi de ses demandes, et lui des refus du roi ?

1505. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les poètes décadents » pp. 63-99

Mme Baju mère, cordiale vieille, sous son bonnet de paysanne, recevait, en l’absence de son fils, les visiteurs.

1506. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IX. La littérature et le droit » pp. 231-249

Elle est assurément délicate et douloureuse, la situation des enfants tiraillés et partagés entre le père et la mère désunis.

1507. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XI. La littérature et la vie mondaine » pp. 273-292

La mère confidente, scène vii.

1508. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VII »

Son cœur se partage entre son fils Paul et sa pupille Camille, une jeune fille qu’il lui a fiancée dans sa pensée, et dont lui-même, autrefois, a aimé la mère.

1509. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Gil Blas, par Lesage. (Collection Lefèvre.) » pp. 353-375

Il perdit sa mère à neuf ans, son père à quatorze ; ce père était notaire et greffier comme celui de Boileau.

1510. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Broglie. » pp. 376-398

Le jeune enfant fut élevé par les soins de sa mère (née de Rosen), qui se remaria à M. d’Argenson, si connu sous la Restauration par la netteté et la précision radicale de son libéralisme26.

1511. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « L’abbé Galiani. » pp. 421-442

L’abbé Galiani quitta Paris, pour n’y plus revenir, dans l’été de 1769, et c’est à cette date que commence sa Correspondance avec Mme d’Épinay ; c’est par elle dès lors qu’il se rattache presque uniquement à ses amis de Paris, et il aura l’occasion de lui répéter bien souvent : « Je suis perdu si vous me manquez. » Ce petit Machiavel, qui faisait l’insensible, qui se vantait de n’avoir pleuré de sa vie, et d’avoir vu d’un œil sec s’en aller père, mère, sœurs, tous les siens (il se calomniait lui-même), pleurait et sanglotait en quittant Paris, en quittant « cette nation aimable, disait-il, et qui m’a tant aimé ».

1512. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Condorcet, nouvelle édition, avec l’éloge de Condorcet, par M. Arago. (12 vol. — 1847-1849.) » pp. 336-359

Ses amis d’alors, à cette époque si regrettable de sa jeunesse, au moment où il entrait si brillamment dans le monde (1770), nous l’ont peint sous cette première forme intéressante et expansive, se multipliant à plaisir, se distribuant volontiers à tous : M. de Condorcet est chez madame sa mère, écrivait Mlle de Lespinasse à M. de Guibert ; il travaille dix heures par jour.

1513. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La Grande Mademoiselle. » pp. 503-525

Ayant perdu sa mère (duchesse de Montpensier) en bas âge, elle fut élevée par une gouvernante estimable et pieuse, mais avec tout le respect qu’inspirait une petite-fille d’Henri IV.

1514. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mademoiselle de Scudéry. » pp. 121-143

Après avoir parlé de la longue suite d’aïeux que pouvait compter son héroïne : Sapho, ajoutait-elle, a encore eu l’avantage que son père et sa mère avaient tous deux beaucoup d’esprit et beaucoup de vertu ; mais elle eut le malheur de les perdre de si bonne heure, qu’elle ne put recevoir d’eux que les premières inclinations au bien, car elle n’avait que six ans lorsqu’ils moururent.

1515. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. Anecdotes. » pp. 123-144

Quand on apprit que La Harpe, divorcé et veuf, venait de se remarier le 9 août 1797 avec une jeune et jolie personne (Mlle de Hatte-Longuerue), et presque aussitôt quand on sut que la jeune femme demandait le divorce et se disait trompée par sa mère dans le choix du mari, je laisse à penser si les rieurs se tinrent pour battus.

1516. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le comte-pacha de Bonneval. » pp. 499-522

Sa mère, la marquise de Bonneval, avait jeté les yeux sur Mlle Judith de Biron, sa parente, l’un des vingt-six enfants du duc de Biron, très protégé du Régent, et qui, avec une telle famille, avait besoin de l’être.

1517. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Mémoires de Daniel de Cosnac, archevêque d’Aix. (2 vol. in 8º. — 1852.) » pp. 283-304

À la mort de sa mère, pourtant, le jeune prince eut comme un éclair de zèle et d’ambition, et il s’en ouvrit à Cosnac, qui l’y encouragea fort.

1518. (1899) Esthétique de la langue française « Le cliché  »

. — N’ayant eu pour le soutenir ni l’affection, ni les conseils de sa mère ; mal surveillé, mal dirigé par un père trop faible qui, toujours en admiration devant son fils, lui passait tous ses caprices, excusait toutes ses fantaisies, à dix-huit ans B… était sceptique et frondeur, ne croyant ni à Dieu ni à diable. — Il était homme à ne reculer devant rien, à n’être arrêté par aucun scrupule. — Aveuglé par son amour paternel, C… ne suivit pas les progrès incessants du mal, cette gangrène morale qui s’empare du cerveau d’abord pour descendre ensuite au cœur. — Il faut que jeunesse se passe. » Voilà le genre.

1519. (1860) Ceci n’est pas un livre « Hors barrières » pp. 241-298

Puis il se mit à presser contre lui le flacon avec la sollicitude effrayée d’une mère qui défend son fils… Mais j’avais eu le temps de lire au vol ces mots incrustés en rouge dans le verre : ÉLIXIR DE LONGUE VIE.

1520. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Nisard » pp. 81-110

Cet enfant gâté par sa mère et d’une race pleine de bizarrerie, c’est Ajax.

1521. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Sainte-Beuve. Les Poésies de Joseph Delorme, Les Consolations, les Pensées d’août. »

Dans le Dévouement, qui n’est plus que la générosité de ce cœur exaspéré de solitude, — dans ce beau portrait d’une touche lumineuse et cependant si mélancolique, Toujours je la connus, pensive et sérieuse, où, sous la placidité familière des images, on sent l’agitation de l’âme qui voudrait se rasséréner dans ce calme de la raison et de la vertu ; dans L’Enfant rêveur, Le Creux de la vallée, En m’en revenant un soir d’été, après neuf heures et demie, La Gronderie, la Pensée d’automne ; dans la magnifique pièce, souvenir, allumé comme un candélabre, dans l’âme de tout ce qui eut vingt-ans : Les flambeaux pâlissaient, le bal allait finir, Et les mères disaient qu’il fallait s’en venir… où le néant de la vie se met à sonner tout à coup, dans ces deux poitrines rapprochées qui étouffent de la valse et du bonheur de se toucher, ce glas funèbre :                                      … Ah !

1522. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Première partie — Chapitre II. Réalité des idées égalitaires »

Il n’en reste pas moins qu’avant de descendre à l’origine de nos sociétés modernes les idées égalitaires se sont montrées à la fin des sociétés antiques, et qu’en ce sens encore la civilisation gréco-romaine est bien la mère de la civilisation européenne.

1523. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome II

La mère était, elle aussi, sans tare nerveuse d’aucune sorte. […] Aucune force au monde n’abolira la Famille, et aucun despotisme n’empêchera le père et la mère d’épargner pour leurs enfants. […] Les mères interviennent : « De quoi qu’al se mêle, c’te grande bourrique ? […] Des enfants enjambent la balustrade, prennent les petits chatons que leur mère a quittés, à la recherche de quelque pâtée, les tuent à coups de pierre, les mutilent et les remettent dans le nid. La mère revient affolée, rejoint les petits membres pantelants, les rapproche, les lèche comme pour les souder.

1524. (1864) Corneille, Shakespeare et Goethe : étude sur l’influence anglo-germanique en France au XIXe siècle pp. -311

Beaumarchais, en écrivant ses drames bourgeois, Eugénie et la Mère coupable continua la veine ouverte par le Père de famille et le Fils naturel, de Diderot. […] Il avait pour le guider dans ses travaux, le frère de sa mère, le poète érudit Karl Simrock, l’interprète de la vieille épopée germanique. […] Ô mère universelle ! […] Les plus célèbres de ces pièces sérieuses et larmoyantes furent le Philosophe sans le savoir de Sedaine, le Père de Famille de Diderot, le Philosophe marié de Destouches, et la Mère coupable de Beaumarchais. […] Dans sa pièce de Caïus Gracchus il faisait dire à Cornélie, la mère des deux tribuns défenseurs du peuple : Mes fils, voilà mes biens, mes trésors, ma parure !

1525. (1895) Nos maîtres : études et portraits littéraires pp. -360

Je crois bien que deux bouches n’ont Bu, ni son amant ni ma mère, Jamais à la même chimère. […] Ces réflexions d’autrefois me sont revenues à l’esprit en lisant le dernier livre de Mme Arvède Barine, Bourgeois et gens de peu, où j’ai trouvé racontées tour à tour les vies de cinq personnes de pays et de temps divers, du philosophe juif Salomon Maïmon, du gueux espagnol Lazarille de Tormes, d’un paysan anglais, d’un aventurier américain, et de Mme la conseillère Élisabeth Goetheg, la mère du poète allemand. […] Sa conduite avec sa mère, telle que nous la fait voir Mme Arvède Barine, suffirait à dénoter chez ce grand poète une pleutrerie instinctive et irrémédiable. […] Alors son triste petit cœur invoqua le secours de sa mère défunte, qui avait été une très sage et excellente personne, ménagère incomparable, et toujours accueillante aux larrons vagabonds. Marysia appela sa mère : et sa mère lui apparut, dans un nuage bleu pâle, comme c’est l’usage des apparitions.

1526. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. Essai d’un élève de William Schlegel » pp. 25-96

Sauf la gaieté obligée de la soubrette, tous les personnages sont sérieux, la mère et le fils par leur bigoterie, le reste de la famille par sa haine pour l’imposteur, et le beau-frère par ses sermons, où il prêche avec tant d’onction que les dévots de cœurs ne doivent Jamais contre un pécheur avoir d’acharnement, Mais attacher leur haine au péché seulement91. […] Dans Le Misanthrope, c’est Philinte qui prêche Alceste, et dans le Tartuffe, c’est Cléante qui prêche tout le monde : les dévots et les libertins, les hypocrites et les dupes, Orgon qui chérit Tartuffe plus que frères, enfants, mère, femme et lui-même, Tartuffe qui fait chasser Damis de la maison, et Damis qui veut lui couper les deux oreilles.

1527. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre cinquième. Le réalisme. — Le trivialisme et les moyens d’y échapper. »

bonne terre, prends-moi, toi qui es la mère commune, l’unique source de la vie ! […] Dans le célèbre duo d’amour qui a servi de modèle à tous ceux de la littérature contemporaine, on retrouve l’accent chaud et passionné du Cantique des cantiques, et on pressent cette tendresse qui deviendra douloureuse chez Musset : « Lorsque je suis fatigué, ta vue me délasse… Quelque chose de toi que je ne puis te dire reste pour moi dans l’air où tu passes, sur l’herbe où tu t’assieds… Si je te touche seulement du bout du doigt, tout mon corps frémit de plaisir… Dis-moi par quel charme tu as pu m’enchanter. » A cette poésie s’ajoutent des traits d’observation psychologique : « Ô mon frère, je prie Dieu tous les jours pour ma mère, pour la tienne, pour toi ; mais, quand je prononce ton nom, il me semble que ma dévotion augmente. » Tout cela encadré dans des détails de réelle familiarité : « — Pourquoi vas-tu si loin et si haut me chercher des fruits et des fleurs ?

1528. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Joseph de Maistre »

Sa mère l’entendit et l’arrêta : « Ne parlez jamais ainsi, lui dit-elle ; vous comprendrez un jour que c’est un des plus grands malheurs pour la religion. » Cette parole et le ton dont elle fut prononcée lui restèrent toujours présents ; il était de ces jeunes âmes où tout se grave. […] L’auteur ne vient pas pour distraire, il ne veut pas munie consoler, il ne veut que s’attrister avec une mère. […] L’auteur du mémoire, témoin oculaire, en signale les hideuses particularités qui ne sont qu’une variante de ce qui se passait alors universellement ; on emprisonne les hommes d’une part, les femmes de l’autre ; on sépare les mères et les enfants ; on sépare les époux : « C’était, disait le représentant Albitte, pour satisfaire à la décence. « La cruauté dans le cours de cette Révolution a souvent eu, s’écrie l’auteur, la fantaisie de plaisanter : on croit voir rire l’Enfer : il est moins effrayant quand il hurle. » Le règlement des prisons destinées à enfermer les suspects les accuse d’un crime tout nouveau, d’être coalisés de VOLONTÉ avec les ennemis de la république  ; sur quoi l’auteur ajoute : « Caligula ne punissait que les rêves, il oublia les désirs ! 

1529. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff » pp. 237-315

Et la mère ? […] Une mère n’a pas plus de sollicitude pour ses enfants que Guérassime n’en eut pour l’animal chétif. […] Il avait quitté à jamais la maison de sa maîtresse, et la poitrine dilatée, le regard ardemment fixé devant lui, il marchait précipitamment, comme si sa vieille mère l’attendait à son foyer, comme si elle le rappelait près d’elle, après les jours qu’il venait de passer dans une autre demeure, parmi des étrangers.

1530. (1927) Des romantiques à nous

Amante, épouse, mère, Julie a tant d’esprit, de grâce et de raison, elle est surtout si belle qu’il faut l’adorer. » C’est un échantillon, entre vingt semblables que ce volume contient. […] Nous aurons une Vie d’Adam, où Delteil, qui « croit être aujourd’hui le seul homme capable de comprendre Jeanne d’Arc », se certifiera sans doute le seul capable de comprendre le premier homme ; une Vie d’Eve, où les hanches et le poitrail fleurissant de notre première mère seront un peu là, et où le biographe lui dédiera le juste los d’avoir été, malgré le serpent, celle de toutes ses pareilles qui se crut le moins obligée de chercher midi à quatorze heures (il est vrai qu’il n’y avait encore qu’un homme) ; une Vie de Napoléon, où nous le verrons gagner d’une seule haleine toutes les batailles de l’empereur ; une Histoire de la Révolution française, une Histoire générale de la femme, d’Eve à nos jours, enfin La Nature (roman) et La Vie (roman). […] Je profanerais les choses sacrées, je profanerais le langage même, si j’insistais dans mes paroles sur la beauté des lettres à sa mère, si je sondais la source des larmes que j’ai versées en les lisant. […] Je revois encore le médecin aux cheveux blancs, cette mère aux yeux fixes qui maîtrisait sa folie, et ce père terrassé, qui allait et venait, qui recevait chacun de nous avec attention et bonne grâce, qui s’enquérait de nos propres peines tout comme l’eût fait son enfant.

1531. (1864) Études sur Shakespeare

Dramatique dans la peinture des jeux d’une mère avec son enfant, simple dans la terrible apparition qui ouvre la scène de Hamlet, le poëte ne manquera jamais aux réalités qu’il doit nous peindre, ni l’homme aux émotions dont il veut nous pénétrer. […] Pendant son séjour à Londres, il faisait, dit-on, de fréquents voyages à Stratford ; mais on l’accusait de trouver, même sur la route, des distractions du genre de celles qui avaient pu le consoler, au moins de l’absence de sa femme ; et sir William Davenant s’est vanté hautement de l’intimité du poëte avec sa mère, la belle et spirituelle hôtesse de la Couronne, à Oxford, où Shakespeare s’arrêtait en allant à Stratford. […] La mort de l’amant est rendue dramatique par la douleur de l’amante, le danger du fils par l’effroi de sa mère ; quelque horrible que soit l’idée du meurtre d’un enfant, c’est d’Andromaque seule que nous occupe Astyanax. […] Toutes les émotions du spectateur auraient été attirées vers un seul point ; on eût vu Andromaque, plus active, essayant, pour sauver Astyanax, d’autres moyens que « les pleurs de sa mère », et ramenant toujours, sur son fils et sur elle, une attention que Racine a trop souvent détournée sur les moyens d’action qu’il était contraint de puiser dans les vicissitudes de la destinée d’Hermione.

1532. (1902) Le problème du style. Questions d’art, de littérature et de grammaire

Qu’un poète dise les vaches pour les nuages, parce que les nuages nourrissent la terre de leur pluie, comme les vaches, l’homme de leur lait, et qu’il appelle l’aurore la mère des vaches15, à cause que le ciel oriental est souvent nuageux le matin, c’est un effort dont nos littératures sont à peine capables depuis un siècle. […] Je transcris littéralement16 : « Devant la moitié orientale du firmament humide, la mère des vaches a fait la lumière, elle s’est répandue elle-même de plus en plus large, remplissant les seins du père et de la mère (le ciel et la terre)… — Cette fille du ciel paraît soudain à l’est, vêtue de lumière ; le long du chemin de l’ordre elle va droit au but ; comme qui connaît la vraie voie elle ne séjourne pas dans les régions du ciel … — … Comme une femme désirant son mari, l’Aurore bellement parée, souriante, déclôt son sein … La vierge qui brille à l’orient attache au timon le joug des vaches rouges ; haut maintenant elle éclate, droit va sa lumière ; le feu visite chaque maison … — A ton apparition, les oiseaux quittent leur nid, et les hommes qui cherchent aussi leur nourriture ; celui qui demeure à la maison, tu apportes beaucoup de bien, Aurore divine, à ce pieux mortel. » La métaphore est très rare dans la Chanson de Roland 17. […] De deux syllabes nettement prononcées, pédreu, il n’en reste qu’une dont le son est identique à celui de pair et, abstraction de la consonne initiale, de mère, de paire, de serre, de perd, de sert. […] Quand donc parlerons-nous et écrirons-nous avec l’ingénuité les petits enfants qui lisent sur les lèvres de leur mère et obéissent à sa main ignorante ?

1533. (1925) Promenades philosophiques. Troisième série

Cette mauvaise hérédité fut heureusement compensée par sa mère, personne gaie, intelligente et spirituelle, mais il en résulta, dans le grand poète, un état qui le faisait ressembler tantôt à son père, tantôt à sa mère. […] Et assurément, la mère inconsolable est, de tous les êtres humains, celui avec lequel nous sympathisons par le sentiment le plus spontané. […] Sans cesse, il revient sur la volupté, dont les images le poursuivent : « Qui prend tous les plaisirs en prend encore bien peu. » L’amour est pour lui la passion la plus noble parce qu’elle est la passion féconde, la mère de la vie. […] Les femmes poussent l’hypocrisie assez loin pour que tous les enfants puissent dire de leur mère, avec conviction : « C’était une sainte. » Sachez bien que, partout où vous allez dans la vie, Tartufe est sous un tapis et Chérubin dans une armoire.

1534. (1889) Les artistes littéraires : études sur le XIXe siècle

Il portait en lui, dès le sein de sa mère, le germe de cette maladie du siècle qui a servi de point de départ à tant de romans, drames ou poèmes. […] Il se plaint ensuite de cette lourde tâche du feuilleton qu’il a dû subir sans répit pour faire subsister lui et les siens, et qui l’a continuellement empêché de mettre au jour les projets de grands et sérieux travaux qu’il roulait dans sa pensée : J’ai fait un feuilleton le dimanche que notre mère est morte, et il a servi à la faire enterrer. […] Et il y poursuit ce genre d’affection calme que contiendrait le cœur d’une sœur ou d’une mère : Et pourtant, aimez-moi, tendre cœur ! soyez mère, Même pour un ingrat, même pour un méchant ; Amante ou sœur, soyez la douceur éphémère D’un glorieux automne ou d’un soleil couchant96. […] En tout cas, l’indication de ce lugubre penchant reparaît à peu près identique chez les romanciers slaves, et une page des confidences de Tolstoï l’étale avec une effrayante précision de termes : « Je comprends très bien les crimes les plus atroces, commis sans but, sans désir de nuire, comme cela, par curiosité, par besoin inconscient d’action… Je comprends l’enfant inexpérimenté qui, sans hésitation, sans peur, avec un sourire, allume et souffle le feu sous sa propre maison où dorment ses frères, son père, sa mère, tous ceux qu’il aime tendrement.

1535. (1882) Types littéraires et fantaisies esthétiques pp. 3-340

Dans la scène avec sa mère, il va si loin, que l’honnête fantôme sent la cendre de son cœur se remuer dans le tombeau, et qu’il vient avec une tendresse exquise commander au jeune homme d’épargner celle qu’il aima tant et qui, malgré ses fautes, est toujours reine, femme et mère. […] Ainsi, avant que le fantôme lui ait confié aucun secret, il trouve sa mère coupable, parce qu’elle a trop vite oublié son père. […] … je ne connais pas les semblants », répond-il à je ne sais quel argument captieux de sa mère. […] Son père était un honnête bourgeois de notre voisinage ; sa mère et la nôtre étaient amies. […] C’est avec une autre aisance que la sienne que Dante parcourt les régions du monde surnaturel, et que Faust accomplit son voyage chez les mères, à travers les royaumes des ombres et des abstractions.

1536. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

Il faisait métier de s’introduire dans le secret des familles, d’en pénétrer, sous couleur d’attachement et de services, le plus intime et le plus délicat ; après quoi, c’était à beaux écus qu’il fallait acheter son silence, et qui ne se fût exécuté, eût connu tout le poids des plus odieux propos, sa femme outragée, ses mère ou sœur ou fille, traînées dans la fange, et tout cela asséné d’une assurance hautaine et du plus infernal esprit. […] On nous décrit un fils qui meurt en songeant à sa mère, un fiancé qui ne reverra plus sa fiancée ; on nous dit que le canon gronde ; on nous représente la mêlée humaine, les hommes fauchés, etc. […] Le neuvième jour avant les calendes de septembre, vers la septième heure, ma mère l’avertit qu’il apparaissait un nuage d’une grandeur et d’une forme extraordinaire… Mon oncle demande ses sandales et monte dans l’endroit d’où ce prodige était le plus visible. […] Il enveloppait l’île de Caprée, la dérobait aux regards et le promontoire de Misène avait disparu… Je force ma mère à presser le pas… Elle m’obéit à regret et se reproche de me ralentir. […] Je me retourne : d’épaisses ténèbres s’avançaient sur nous et, se répandant sur la terre comme un torrent, nous suivaient de près. « Quittons la route, dis-je à ma mère, tandis que nous voyons encore, de peur d’être renversés et écrasés dans les ténèbres par la foule de nos compagnons. » A peine nous étions-nous arrêtés, que la nuit se fit, non la nuit qui règne quand le ciel est sans lune et couvert de nuages : c’était l’obscurité d’un lieu fermé où l’on a éteint les lumières.

1537. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

« Quoi, s’écrie le duc Aymon, parlant à ses fils, — qu’il a jadis forjurés, c’est-à-dire chassés du foyer de famille, et qu’un jour il retrouve assis à la table de leur mère ; — quoi, si vous mouriez de faim, ne pouviez-vous chercher une autre table ! […] Ni la mère, ni la sœur, ni l’épouse n’ont de place, à vrai dire, dans cette épopée populacière. […] Mais le principal secours lui vint de Marie Hervé, mère des Béjart, qui cautionna le bail du jeu de paume dit des Métayers, où la troupe allait dresser la scène de ses premières représentations : c’était à l’endroit où s’étend aujourd’hui la cour longue de l’Institut. […] Loiseleur, — remonterons-nous d’acte en acte jusqu’à un premier faux que tous les autres depuis lors n’auraient eu pour objet que de cacher, et remettrons-nous en scène la mère complaisante des Béjart, cette odieuse vieille femme, qui vit si grassement du déshonneur de ses filles ? […] quand il n’aurait épousé que la fille de sa vieille maîtresse, en dépit de la mère, après neuf mois de résistance, et dotée des économies de Madeleine, dont il recueillit, plus tard, la succession tout entière, le malheureux grand homme en serait-il plus excusable ?

1538. (1861) Questions d’art et de morale pp. 1-449

Les conditions particulières de la pensée, l’éloquence paisible et les grâces mélancoliques de son style, il les dut à ses longues douleurs physiques subies avec une patience inaltérable, sous les yeux d’une mère pieuse, douée comme son fils d’une sensibilité exquise, et qui l’entourait de la plus tendre sollicitude. […] Ballanche l’a laissée en germe, mais le livre qui l’achèvera devra sa pensée mère à l’illustre théosophe. […] La science n’a pu encore se prononcer sur leur valeur, mais nous croyons qu’il reste assez de dessins et de notes pour que l’idée mère de ce travail soit conservée et jugée. […] Si l’inspiration n’est déjà suscitée par elle-même, aucun milieu ne la produit, aucune force étrangère ne la réveille ; elle naît, elle jaillit dans l’âme avec l’idée mère, avec le sujet spontanément germé dans l’imagination de l’artiste. […] La pensée mère, la raison d’être de cette société, la grandeur intellectuelle du monde païen, c’est le génie de la Grèce ; c’est ce Verbe humain précurseur du Verbe de Dieu, cette beauté, splendeur du vrai, qui naquit dans Athènes armée de toutes pièces comme la Minerve immortelle.

1539. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — II » pp. 57-80

Il fallait bien qu’il eût dans son amour-propre, et dans la manière dont il le portait, quelque chose qui choquait et offensait l’amour-propre des autres, pour qu’il ait excité, aux heures de ses succès militaires et de ses plus grands services, un déchaînement d’envie et une irritation telle qu’on en connaît peu d’exemples. « Mon fils, lui avait dit sa spirituelle mère quand il entra dans le monde, parlez toujours de vous au roi, et jamais aux autres. » Villars, a-t-on remarqué, ne suivit que la première moitié du conseil : il parlait constamment de lui devant tous et se citait en exemple dans les grandes comme dans les petites choses. — Après la paix de Riswick, le roi jugea à propos de l’envoyer à Vienne comme ambassadeur (1699-1701) ; le poste était important à cause de la question pendante de la succession d’Espagne, qui pouvait à tout moment s’ouvrir ; il s’agissait de négocier par précaution un traité de partage avec l’empereur, ce traité dût-il ne pas s’exécuter ensuite.

1540. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres mêlées de Saint-Évremond »

Le duc, qui la vit, ne put tenir contre cette jeune beauté et quitta bientôt la mère pour la fille.

1541. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Béranger en 1832 »

La mère de Béranger, qui fut surtout douce et jolie, paraît n’avoir eu dans l’organisation et les destinées de ce fils unique que la part la moins active, contre l’ordinaire de la loi si fréquemment vérifiée, qui veut que les fils de génie tiennent étroitement de leur mère : témoin Hugo et Lamartine.

1542. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE BALZAC (La Recherche de l’Absolu.) » pp. 327-357

Dans la Grenadière, le jeune Louis ne se contente pas des assurances de bonne santé que lui donne sa mère, il en étudie le visage, etc.

1543. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre IV. Construction de la société future »

Les estampes431 représentent dans une chaumière délabrée deux enfants, l’un de cinq ans, l’autre de trois, auprès de leur grand’mère infirme, l’un lui soulevant la tête, l’autre lui donnant à boire ; le père et la mère qui rentrent voient ce spectacle touchant, et « ces bonnes gens se trouvent alors si heureux d’avoir de tels enfants qu’ils oublient qu’ils sont pauvres »  « Ô mon père432, s’écrie un jeune pâtre des Pyrénées, recevez ce chien fidèle qui m’obéit depuis sept ans ; qu’à l’avenir il vous suive et vous défende ; il ne m’aura jamais plus utilement servi. » — Il serait trop long de suivre dans la littérature de la fin du siècle, depuis Marmontel jusqu’à Bernardin de Saint-Pierre, depuis Florian jusqu’à Berquin et Bitaubé, la répétition interminable de ces douceurs et de ces fadeurs  L’illusion gagne jusqu’aux hommes d’État. « Sire, dit Turgot en présentant au roi un plan d’éducation politique433, j’ose vous répondre que dans dix ans votre nation ne sera plus reconnaissable, et que, par les lumières, les bonnes mœurs, par le zèle éclairé pour votre service et pour celui de la patrie, elle sera au-dessus des autres peuples.

1544. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis »

Son infâme tuteur, Louis Sforze, persécuta sa veuve pour usurper sur le fils la puissance ducale ; il fit périr Simonetta, ministre intègre de la pauvre mère.

1545. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre II. Les romans bretons »

On pourra s’amuser un moment à voir le prince Alexandre étudier les sept arts et se faire adouber chevalier par sa mère, inaugurant la brillante carrière qui le mènera à figurer sur nos jeux de cartes entre Arthur et Charlemagne sous les traits d’un empereur à la barbe fleurie.

1546. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre I. Les mondains : La Rochefoucauld, Retz, Madame de Sévigné »

Marie de Rabutin-Chantal (1626-1694) perdit son père à dix-huit mois, sa mère à sept ans et demi ; elle fut élevée par son oncle de Coulanges, abbé de Livry, le Bien bon.

1547. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. Le théâtre romantique »

Voici dans les mêmes Burgraves la voix du sang, et dans Angelo la croix de ma mère, empruntée à Zaïre.

1548. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Victor Hugo, Toute la Lyre. »

ne vous gênez pas, je comprends tout  A un enfant : Aime bien ta mère et soutiens-la  J’ai beaucoup souffert, j’ai été proscrit et fugitif, mais j’avais la conscience tranquille  « A deux ennemis amis » : Réconciliez-vous.

1549. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre huitième »

Ainsi s’est fait l’Esprit des lois, « l’enfant né sans mère », comme Montesquieu l’appelle lui-même, voulant dire qu’il n’avait eu ni guide ni devancier.

1550. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’expression de l’amour chez les poètes symbolistes » pp. 57-90

C’est le baiser au front des mères et des sœurs aînées.

1551. (1890) L’avenir de la science « XVIII »

Tout homme a droit à la vraie religion, à ce qui fait l’homme parfait ; c’est-à-dire que tout homme doit trouver dans la société où il naît les moyens d’atteindre la perfection de sa nature, suivant la formule du temps ; en d’autres termes, tout homme doit trouver dans la société, en ce qui concerne l’intelligence, ce que la mère lui fournit en ce qui concerne le corps, le lait, l’aliment primordial, le fond premier qu’il ne peut se procurer lui-même.

1552. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de Pompadour. Mémoires de Mme Du Hausset, sa femme de chambre. (Collection Didot.) » pp. 486-511

Fille d’une mère galante qu’entretenait un fermier général, mariée comme provisoirement au neveu de ce dernier, il sembla de bonne heure que toute la famille, en la voyant si séduisante et si délicieuse, la destinât à mieux, et qu’on n’attendît plus que l’occasion et le moment. « C’est un morceau de roi… », disait-on de toutes parts autour d’elle ; et la jeune femme avait fini par croire à cette destinée de maîtresse de roi comme à son étoile.

1553. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préface des « Derniers Jours d’un condamné » (1832) »

que son père, que sa mère, que ses enfants, n’en saigneront pas ?

1554. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre III. L’histoire réelle — Chacun remis à sa place »

Ils savent que prodigalité est mère d’abaissement.

1555. (1856) Les lettres et l’homme de lettres au XIXe siècle pp. -30

« Il est homme de lettres celui que la nécessité (pourquoi ne pas la nommer, cette mère rigoureuse de plus d’un grand esprit ?)

1556. (1913) La Fontaine « IV. Les contes »

La pauvre mère se rend chez le jeune homme.

1557. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre I. La conscience et la vie »

La mère qui regarde son enfant est joyeuse, parce qu’elle a conscience de l’avoir créé, physiquement et moralement.

1558. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre VI. De la politique poétique » pp. 186-220

Les guerres éternelles des cités anciennes, leur éloignement pour former des ligues et des confédérations, nous expliquent pourquoi l’Espagne fut soumise par les Romains ; l’Espagne, dont César avouait que partout ailleurs il avait combattu pour l’empire, là seulement pour la vie ; l’Espagne, que Cicéron proclamait la mère des plus belliqueuses nations du monde.

1559. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre III. »

« Tu parles une et plusieurs fois contre ton frère, et tu jettes le déshonneur sur le fils de ta mère.

1560. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [1] Rapport pp. -218

Point de stance de maître François qui ne soit doucement, naïvement, purement, pieusement, un recours en miséricorde devant soi-même et devant les autres, et devant le Dieu de sa mère, « la povre femme ». […] que rien ne vaut ici-bas la peine de souffrir et de mourir, hormis, avec l’amour des mères et des patries, l’amour de l’Amour et de l’auguste Poésie ; s’ils adoraient les Providences de leur avoir donné, en la bouche des Amantes, divin distique rose, l’exemple adorable de la rime ; si l’idée d’assister une seule fois à la représentation d’une pièce, non pas de M.  […] « Parlerai-je aussi de ceux qui jugeaient bon d’informer leurs contemporains de l’amour qu’ils portaient à leurs mères ? […] Sur le grand lit couvert de fleurs, à côté de la chambre où sanglotait la mère, il avait l’air chagrin pourtant. […] Puis ce fut ce pauvre corps grêle, sur le lit blanc, avec des jacinthes et des roses blanches ; la mère en pleurs, le père qui ne voulait pas pleurer.

1561. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxiiie entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff »

Gour, les amabilités inconvenantes de son intendant, les sottes espiègleries des deux mauvais garnements, tes élèves ; et s’il t’arrivait parfois de laisser lire sur tes lèvres un sourire plein d’amertume, lorsque tu étais obligé de remplir les capricieuses exigences de leur mère, jamais cette tyrannie ne t’arracha le moindre murmure. […] Le récit d’une nuit passée au milieu des Prairies avec les crédules enfants d’un autre village russe à entendre les merveilles populaires que les mères ont raconté aux enfants.

1562. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre I. La Restauration. »

La mère ouvre, veut vendre Lucy pour elle-même et à son profit, les injurie et les renvoie. […] Enfin elle crie, la mère et des gens apostés enfoncent la porte ; Gripe est pris au piége, on le menace d’appeler le constable, on lui escroque cinq cents livres sterling. —  Faut-il conter le sujet de l’Épouse campagnarde ? […] Sir Charles Sedley se ruine et se salit, mais Charles II l’appelle « le vice-roi d’Apollon. » Buckingham exalte « la magie de son style. » Il est le plus charmant, le plus recherché des causeurs ; il fait des mots, et aussi des vers, toujours agréables, quelquefois délicats ; il manie avec dextérité le joli jargon mythologique ; il insinue en légères chansons coulantes toutes ces douceurs un peu apprêtées qui sont comme les friandises des salons. « Ma passion, dit-il à Chloris, croissait avec votre beauté ; et l’Amour, pendant que sa mère vous favorisait, lançait à mon cœur un nouveau dard de flamme. » Puis il ajoute en manière de chute : « Ils employaient tout leur art amoureux, lui pour faire un amant, elle pour faire une beauté616. » Il n’y a point du tout d’amour dans ces gentillesses ; on les accepte comme on les offre, avec un sourire ; elles font partie du langage obligé, des petits soins que les cavaliers rendent aux dames : j’imagine qu’on les envoyait le matin avec le bouquet ou la boîte de cédrats confits. […] Allez voir cet expérimentateur hasardeux qui, dans l’intérêt de la science, essaye une nouvelle scie ou inocule un virus ; pensez aux longues nuits d’hôpital, au patient hâve qu’on porte sur un matelas vers la table d’opérations et qui étend la jambe, ou bien encore au grabat du paysan, dans la chaumière humide où suffoque la vieille mère hydropique630, pendant que ses enfants comptent, en grommelant, les écus qu’elle a déjà coûtés.

1563. (1927) Quelques progrès dans l’étude du cœur humain (Freud et Proust)

Il y avait déjà bien des années que, de Combray, tout ce qui n’était pas le théâtre et le drame de mon coucher, n’existait plus pour moi, quand un jour d’hiver, comme je rentrais à la maison, ma mère, voyant que j’avais froid, me proposa de me faire prendre, contre mon habitude, un peu de thé. […] Un jour, à l’heure du courrier, ma mère posa sur mon lit une lettre. […] Malheureusement, la soirée qui vint fut une de celles où cet apaisement ne m’était pas apporté, où le baiser qu’Albertine me donnerait en me quittant, bien différent du baiser habituel, ne me calmerait pas plus qu’autrefois celui de ma mère les jours où elle était fâchée et où je n’osais pas la rappeler, mais où je sentais que je ne pourrais pas m’endormir. […] Écoutez plutôt (je ne puis vous donner qu’un tout petit échantillon) : Une des choses qui contribuent certainement au succès de Mme Berma, dit M. de Norpois en se tournant avec application vers ma mère pour ne pas la laisser en dehors de la conversation et afin de remplir consciencieusement son devoir de politesse envers une maîtresse de maison, c’est le goût parfait qu’elle apporte dans le choix de ses rôles et qui lui vaut toujours un franc succès, et de bon aloi.

1564. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Appendice. »

Il m’offrit de me conduire lui-même au séminaire d’Issy ; et en effet, un mercredi d’été, il vint me prendre, chez ma mère rue Montparnasse, en compagnie de son frère (actuellement professeur à l’université de Liège), et nous nous acheminâmes à travers la plaine de Montrouge jusqu’à Issy.

1565. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « L’Académie française »

… J’y ai beaucoup pensé, disait-il ; je n’ai jamais pu en saisir le sens avec certitude. » Montesquieu garda un moment le silence et répondit : « Pour faire de grands ouvrages, deux choses sont nécessaires, un père et une mère, le génie et la liberté… Mon ouvrage a manqué de cette dernière. » Noble et fière réponse !

1566. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [III] »

La première curiosité épuisée, il n’a pas tardé à éprouver le vide de la patrie, le mal de l’absence : France, mère des arts, des armes et des lois, Tu m’as nourri longtemps du lait de ta mamelle Ores, comme un agneau qui sa nourrice appelle, Je remplis de ton nom les antres et les bois… Il se compare à d’autres plus heureux que lui, à des agneaux qui ne craignent ni le loup, ni le vent, ni l’hiver, et qui n’ont faute de pâture.

1567. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DES MÉMOIRES DE MIRABEAU ET DE L’ÉTUDE DE M. VICTOR HUGO a ce sujet. » pp. 273-306

La forte séve qui, plus haut, s’en va mûrir et se transformer merveilleusement sous un soleil dont les rayons ne viennent pas également à chacun, on la voit sortir et monter de cette terre qui est notre commune mère à tous.

1568. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre II. Lois de la renaissance et de l’effacement des images » pp. 129-161

Ce fut seulement dans un nouveau paroxysme qu’elle révéla à sa mère l’outrage commis sur elle. » Dans ces deux cas, la veille ne rappelait que la veille ; l’état somnambulique ne rappelait que l’état somnambulique, et les deux vies alternantes faisaient chacune un tout à part.

1569. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre dixième. »

Ils y retrouvent ce que leur mère leur a dit des bêtes féroces : le loup dont on menace les méchants enfants, le renard qui rôde autour du poulailler, le lion dont on leur a vanté les mœurs clémentes.

1570. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 août 1885. »

  — « J’ai ouï des enfants geindre après la mère, lors qu’ils dissipaient le doux lait : mais point ne m’a retenti une digne plainte, convenante au plus auguste Héros. »   … Brünnhilde est seule au milieu de la salle.

1571. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1877 » pp. 308-348

Lundi 19 février Tourguéneff conte, ce soir, qu’il y avait, près de l’habitation de sa mère, un régisseur qui avait deux filles d’une merveilleuse beauté, et dans ses promenades et ses chasses aux environs, il passait et repassait souvent par là.

1572. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre deuxième. Le génie, comme puissance de sociabilité et création d’un nouveau milieu social »

Cette habitude de la création, cet amour infatigable de la maternité qui fait la mère, enfin cette maternité cérébrale, si difficile à conquérir, se perd avec une facilité étonnante23. » Quel est donc le sentiment dominateur et animateur du génie ?

1573. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre septième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie. »

On me dit une mère et je suis une tombe.

1574. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre II : Examen critique des méditations chrétiennes de M. Guizot »

L’idée mère du positivisme, c’est que la science doit s’abstenir de toutes recherches sur les causes premières et sur l’essence des choses ; elle ne connaît que des enchaînements de phénomènes ; tout ce qui est au-delà n’est que conception subjective de l’esprit, objet de sentiment, de foi personnelle, non de science.

1575. (1913) La Fontaine « VII. Ses fables. »

Il est le fils de la jument et de l’âne, et il parle toujours, faisant sa généalogie, comme dit La Fontaine, de sa mère, la jument, avec une impertinence, et un orgueil, et une fatuité ridicules.

1576. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « II. M. Capefigue » pp. 9-45

Indulgent, trop indulgent déjà, dans son Louis XV, pour des excès qui devaient tuer la monarchie dans la famille, comme on tue l’enfant dans le lait de la mère, M. 

1577. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre II. La qualité des unités sociales. Homogénéité et hétérogénéité »

Dans les sociétés comme dans les organismes, la division du travail est mère du polymorphisme, c’est-à-dire de l’inégalité114.

1578. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre IV. Conclusions » pp. 183-231

Dans la réalité quotidienne, il est aisé de constater des différences entre hommes de même âge, de même province, de même père et de même mère ; et d’autre part des ressemblances frappantes entre individus d’origines et de conditions fort diverses.

1579. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXI. »

N’est-ce pas cette patrie, à laquelle je me confie, mère tendre et pieuse, dont le sein recouvre ceux qui m’ont donné le jour ?

1580. (1858) Du vrai, du beau et du bien (7e éd.) pp. -492

Pendant que l’une d’elles s’abandonne au désespoir, une tristesse immense mais intime et recueillie est sur le visage de la mère du crucifié. […] Peu de détails ; quelques cadavres flottent sur l’abîme ; une lune sinistre se montre à peine ; encore quelques instants et le genre humain ne sera plus ; la dernière mère tend inutilement son dernier enfant au dernier père qui ne peut pas le recueillir, et le serpent qui a perdu l’homme s’élance triomphant. […] Leur mère commune est la liberté.

1581. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

Jules Ferry, tous les philosophes, tous les académiciens, toutes les mères, de remplacer la physique, la géométrie, la chimie, l’histoire, la littérature, la gymnastique et la langue allemande par l’étude approfondie, l’étude unique de La Reine Margot. […] Telle est la critique, notre bien-aimée mère. […] Depuis longtemps on demandait un livre qui déridât nos fronts moroses ; un livre qui réveillât cette gaîté française jadis si vivante, aujourd’hui si funestement endormie parmi les ronces du pessimisme ; un livre ressusciteur des joyeuses chansons de nos pères, des Mères Godichon, des Évohé, des Zon, Zon, Zon, des Tra déri déra, un livre gai, enfin, de cette gaîté saine et robuste qui fait que la nuit, en rentrant chez soi, l’on décroche les enseignes dans les rues et que l’on pend les chats, par la patte, au pied de biche des sonnettes bourgeoises : toutes choses émerveillantes qui valurent à notre cher pays un renom d’esprit charmeur et de délicat attrait tel que l’a flatteusement défini le philosophe allemand : « Les autres pays ont des singes : l’Europe a des Français, cela se compense. » Hélas, non, cela ne se compense plus. […] Et si, après cela, le rire résiste aux torpilles, à la guerre de mines, aux combats de ballons, à la destruction effroyable et rigolote ; si la gaîté boude devant les massacres des jeunes hommes, devant les foyers vides où pleurent les vieilles mères affligées, c’est que nous sommes un peuple définitivement fermé à la joie, un peuple pourri, et qu’il n’y a plus rien à faire de nous, pas même des députés. […] Devant les interrogations anxieuses des amis, devant cet inexprimable martyre de la mère, la police est muette, la justice est muette.

1582. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Molière »

Il était par sa mère et par son père d’une famille de tapissiers. […] Montfleury adressa même à Louis XIV une dénonciation contre l’illustre comique, l’accusant d’avoir épousé la fille après avoir vécu avec la mère, et insinuant par là qu’il avait pu épouser sa propre fille : ce qui, dans tous les cas, serait invinciblement réfutable par les dates.

1583. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre deuxième. La connaissance des corps — Chapitre II. La perception extérieure et l’éducation des sens » pp. 123-196

Cet accolement peut être inné ; le petit poulet va becqueter le grain au sortir de la coquille ; le cheval nouveau-né se tient presque aussitôt sur ses jambes et va téter sa mère. […] Plus tard, quand avec les yeux il eut connu le visage de ses parents, « on lui montra le portrait de son père en miniature sur la montre de sa mère ; on lui dit ce que c’était, et il le reconnut comme ressemblant.

1584. (1907) Le romantisme français. Essai sur la révolution dans les sentiments et dans les idées au XIXe siècle

De sa mère il reçut le don lyrique qu’il combina avec cette misère. […] Jamais personne de meilleur ton ne poussa plus loin le sentiment de d’égalité universelle des choses et des gens au sein de la mère commune. […] Je t’aimai, ô jeune fille, le jour où tu vins pour la première fois avec ma mère cueillir des feuilles d’hyacinthe sur la montagne ; et moi, je vous montrais le chemin. […] Ne voit-on pas dans les Confidences, dans Jocelyn, un fils détailler avec une désobligeante insistance, avec une trop caressante science de pinceau, la beauté de sa mère ? Un fils ne peut s’empêcher d’apercevoir, de ressentir, dirai-je même, que sa mère est belle : mais que ce sentiment se fonde dans celui d’une douce influence générale et ne constitue pas un élément séparé !

1585. (1898) La cité antique

Veille sur mes enfants qui n’auront plus de mère ; donne à mon fils une tendre épouse, à ma fille un noble époux. […] Si, par exemple, le défunt avait laissé un fils et une fille, la loi autorisait le mariage entre le frère et la sœur, pourvu qu’ils ne fussent pas nés de la même mère. […] Une famille se compose d’un père, d’une mère, d’enfants, d’esclaves. […] On peut croire que c’est à ce partage du sacerdoce domestique que la mère de famille a dû la vénération dont on n’a jamais cessé de l’entourer dans la société grecque et romaine. […] Les anciens donnaient aux vertus domestiques le nom de piété : l’obéissance du fils envers le père, l’amour qu’il portait à sa mère, c’était de la piété, pietas erga parentes ; l’attachement du père pour son enfant, la tendresse de la mère, c’était encore de ta piété, pietas erga liberos.

1586. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. VILLEMAIN. » pp. 358-396

Abel Villemain, né à Paris vers la fin de 91 ou au commencement de 92111, d’une mère que tous ceux qui ont l’honneur de la connaître savent d’humeur si spirituelle et si marquée, fit de ces bonnes et excellentes études classiques, qu’il eût, en tout cas, réparées avec sa rare promptitude si elles avaient été insuffisantes, mais dont l’heureuse et précoce facilité eut une grande part dans sa tournure littéraire.

1587. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIVe entretien. Littérature politique. Machiavel (3e partie) » pp. 415-477

Mais la Toscane, ce merveilleux phénomène de la richesse, cette royauté de l’intelligence, cette monarchie du travail à l’époque où l’industrie européenne n’était pas née, devait décroître et tomber d’elle-même aussitôt que l’industrie de la laine, de la soie, de la banque, cesserait d’être le monopole, le brevet d’invention de Florence, et que les mêmes industries, mères du même commerce et sources des mêmes richesses, s’établiraient à Lyon, à Venise, à Londres, à Birmingham, à Calcutta, et que le travail européen et asiatique ne laisserait au peuple des Médicis, de Dante, de Michel-Ange, que cette primauté du génie des arts qui fait la gloire, mais qui ne fait pas la puissance militaire et politique des nations.

1588. (1860) Cours familier de littérature. X « LXe entretien. Suite de la littérature diplomatique » pp. 401-463

XXVII La diplomatie de l’empire, tant qu’elle fut éclairée par le génie pacifique de 1789 personnifié dans M. de Talleyrand, n’abandonna jamais l’idée mère du duc de Choiseul, l’alliance autrichienne comme pivot solide de l’équilibre continental.

1589. (1902) Le culte des idoles pp. 9-94

On alléguera sa maladie (il était épileptique), son affection pour sa mère, mille choses.

1590. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIV. La littérature et la science » pp. 336-362

. — C’est à peu près comme si l’on disait : Il n’y a plus de roses ; le printemps a rendu l’âme : le soleil a perdu l’habitude de se lever ; parcourez tous les prés de la terre, vous n’y trouverez pas un papillon ; il n’y a plus de clair de lune et le rossignol ne chante plus, le lion ne rugit plus, l’aigle ne plane plus ; les Alpes et les Pyrénées s’en sont allées ; il n’y a plus de belles jeunes filles et de beaux jeunes hommes ; personne ne songe plus aux tombes ; la mère n’aime plus son enfant ; le ciel est éteint ; le cœur humain est mort. » Le fait est que l’imagination est en l’homme une faculté non moins essentielle et immortelle que la raison ; et c’est pourquoi la poésie non seulement garde à côté et au-delà de la science son royaume inviolable, mais aussi sait puiser dans la science-même des éléments de vie et d’inspiration.

1591. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VII. Repos »

Elle sent qu’elle va devenir mère et elle affirme que les prochaines aurores seront belles, et belles les prochaines destinées… Cependant, à l’écart, la foule des esclaves délibère sur le sort du poète et décide qu’il sera crucifié.

1592. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre X »

Qui n’a pas rencontré, par le monde, de ces horribles mères défigurées en matrones ?

1593. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre premier. La sélection et la conservation des idées dans leur relation à l’appétit et au mouvement. »

Il est clair, par exemple, qu’après la mort d’une mère, son image est plus vive et plus tenace que la représentation d’une promenade ou d’une partie de plaisir.

1594. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Division dramatique. » pp. 64-109

que tes jours coûtent cher à ta mère !

1595. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre II : Règles relatives à l’observation des faits sociaux »

« Il y a, dit-il, une coopération spontanée qui s’effectue sans préméditation durant la poursuite de fins d’un caractère privé ; il y a aussi une coopération consciemment instituée qui suppose des fins d’intérêt public nettement reconnues19. » Aux premières, il donne le nom de sociétés industrielles ; aux secondes, celui de militaires, et on peut dire de cette distinction qu’elle est l’idée mère de sa sociologie.

1596. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VII. M. Ferrari » pp. 157-193

, le fiancé d’Irène de Byzance, mère parricide (non !

1597. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Victor Hugo »

Raisonnement aussi bête que celui-là qui exigerait que l’enfant devenu homme rentrât dans le ventre de sa mère… et pourtant raisonnement toujours d’un effet certain sur les bourgeois, et même sur des bourgeois qui se croient chrétiens !

1598. (1870) La science et la conscience « Chapitre II : La psychologie expérimentale »

Pourquoi une mère aime-t-elle son enfant ?

1599. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre III. La critique et l’histoire. Macaulay. »

Ils trouvent les maisons fermées, les communications suspendues, les malades abandonnés, les mères saisies de terreur et pleurant sur leurs enfants. […] Là, se montraient les charmes voluptueux de celle à qui l’héritier du trône avait en secret engagé sa foi ; là aussi était cette beauté, mère d’une race si belle, la sainte Cécile dont les traits délicats, illuminés par l’amour et la musique, ont été dérobés par l’art à la destruction commune ; là étaient les membres de cette brillante société qui citait, critiquait et échangeait des reparties sous les riches tentures en plumes de paon qui ornaient la maison de mistress Montague ; là enfin, ces dames dont les lèvres, plus persuasives que celles de Fox lui-même, avaient emporté l’élection de Westminster en dépit de la cour et de la trésorerie, brillaient autour de Georgiana, duchesse de Devonshire1380.

1600. (1841) Discours aux philosophes. De la situation actuelle de l’esprit humain pp. 6-57

Mais le Prophète, lisant au fond des cœurs, ne voyait dans ces hommes que des morts, ou, comme il disait, des sépulcres blanchis ; et quand on lui montrait les hautes murailles du temple et les maisons de Jérusalem pleines d’habitants, il gémissait sur les enfants et sur les mères destinés à voir le temps de désolation. […] L’enfant est déterminé dès le ventre de sa mère.

1601. (1904) Zangwill pp. 7-90

Incroyable naïveté savante, orgueil enfantin des doctes et des avertis ; l’humanité a presque toujours cru qu’elle venait justement de dire son dernier mot ; l’humanité a toujours pensé qu’elle était la dernière et la meilleure humanité, qu’elle avait atteint sa forme, qu’il allait falloir fermer, et songer au repos de béatitude ; ce qui est intéressant, ce qui est nouveau, ce n’est point qu’une humanité après tant d’autres, ce n’est point que l’humanité moderne ait cru, à son tour, qu’elle était la meilleure et la dernière humanité ; ce qui est intéressant, ce qui est nouveau, c’est que l’humanité moderne se croyait bien gardée contre de telles faiblesses par sa science, par l’immense amassement de ses connaissances, par la sûreté de ses méthodes ; jamais on ne vit aussi bien que la science ne fait pas la philosophie, et la vie, et la conscience ; tout armé, averti, gardé que fût le monde moderne, c’est justement dans la plus vieille erreur humaine qu’il est tombé, comme par hasard, et dans la plus commune ; les propositions les plus savamment formulées reviennent au même que les anciens premiers balbutiements ; et de même que les plus grands savants du monde, s’ils ne sont pas des cabotins, devant l’amour et devant la mort demeurent stupides et désarmés comme les derniers des misérables, ainsi la mère humanité, devenue la plus savante du monde, s’est retrouvée stupide et désarmée devant la plus vieille erreur du monde ; comme au temps des plus anciens dieux elle a mesuré les formes de civilisation atteintes, et elle a estimé que ça n’allait pas trop mal, qu’elle était, qu’elle serait la dernière et la meilleure humanité, que tout allait se figer dans la béatitude éternelle d’une humanité Dieu. […]   Ce dernier mot de la pensée moderne en tout ce qui tient à l’histoire, je sais qu’il n’est aujourd’hui aucun de nos historiens professionnels qui ne le désavouera ; et comment ne le renieraient-ils point ; nous sommes aujourd’hui situés à distance du commencement ; nous avons reçu des avertissements que nos anciens ne recevaient pas ; ou sur qui leur attention n’avait pas été attirée autant que la nôtre ; nous avons reçu du travail même et de la réalité de rudes avertissements ; du travail même nous avons reçu cet avertissement que le détail, au contraire, est au fond le grand ennemi, que ni l’indéfinité, l’infinité du détail antérieur, ni l’indéfinité, l’infinité du détail intérieur, ni l’indéfinité, l’infinité du détail de création ne se peut épuiser ; et de la réalité nous avons reçu ce rude avertissement que l’historien ne tient pas encore l’humanité ; qui soutiendrait aujourd’hui que le monde moderne est le dernier monde, le meilleur, qui au contraire soutiendrait qu’il est le plus mauvais ; s’il est le meilleur ou le pire, nous n’en savons rien ; les optimistes n’en savent rien ; les pessimistes n’en savent rien ; et les autres non plus ; qui avancerait aujourd’hui que l’humanité moderne est la dernière humanité, la meilleure, ou la plus mauvaise ; les pessimismes aujourd’hui nous paraissent aussi vains que les optimismes, parce que les pessimismes sont des arrêts comme les optimismes, et que c’est l’arrêt même qui nous paraît vain ; qui aujourd’hui se flatterait d’arrêter l’humanité, ou dans le bon, ou dans le mauvais sens, pour une halte de béatitude, ou pour une halte de damnation ; l’idée que nous recevons au contraire de toutes parts, du progrès et de l’éclaircissement des sciences concrètes, physiques, chimiques, et surtout naturelles, de la vérification et de la mise à l’épreuve des sciences historiques mêmes, de l’action, de la vie et de la réalité, c’est cette idée au contraire que la nature, et que l’humanité, qui est de la nature, ont des ressources infinies, et pour le bien, et pour le mal, et pour des infinités d’au-delà qui ne sont peut-être ni du bien ni du mal, étant autres, et nouvelles, et encore inconnues ; c’est cette idée que nos forces de connaissance ne sont rien auprès de nos forces de vie et de nos ressources ignorées, nos forces de connaissance étant d’ailleurs nous, et nos forces de vie au contraire étant plus que nous, que nos connaissances ne sont rien auprès de la réalité connaissable, et d’autant plus, peut-être, auprès de la réalité inconnaissable ; qu’il reste immensément à faire ; et que nous n’en verrons pas beaucoup de fait ; et qu’après nous jamais peut-être on n’en verra la fin ; que le vieil adage antique, suivant lequel nous ne nous connaissons pas nous-mêmes, non seulement est demeuré vrai dans les temps modernes, et sera sans doute vrai pendant un grand nombre de temps encore, si, même, il ne demeure pas vrai toujours, mais qu’il reçoit tous les jours de nouvelles et de plus profondes vérifications, imprévues des anciens, inattendues, nouvelles perpétuellement ; que sans doute il en recevra éternellement ; que l’avancement que nous croyons voir se dessiner revient peut-être à n’avancer que dans l’approfondissement de cette formule antique, à lui trouver tous les jours des sens nouveaux, des sens plus profonds ; qu’il reste immensément à faire, et encore plus immensément à connaître ; que tout est immense, le savoir excepté ; surtout qu’il faut s’attendre à tout ; que tout arrive ; qu’il suffit d’avoir un bon estomac ; que nous sommes devant un spectacle immense et dont nous ne connaissons que d’éphémères incidents ; que ce spectacle peut nous réserver toutes les surprises ; que nous sommes engagés dans une action immense et dont nous ne voyons pas le bout ; que peut-être elle n’a pas de bout ; que cette action nous réservera toutes les surprises ; que tout est grand, inépuisable ; que le monde est vaste ; et encore plus le monde du temps ; que la mère nature est indéfiniment féconde ; que le monde a de la ressource ; plus que nous ; qu’il ne faut pas faire les malins ; que l’infime partie n’est rien auprès du tout ; que nous ne savons rien, ou autant que rien ; que nous n’avons qu’à travailler modestement ; qu’il faut bien regarder ; qu’il faut bien agir ; et ne pas croire qu’on surprendra, ni qu’on arrêtera le grand événement.

1602. (1928) Les droits de l’écrivain dans la société contemporaine

Mais il laisserait la mère ou la sœur de Rimbaud dans le dénuement et soutiendrait la famille de Georges38 Ohnet24. […] Cette théorie n’a aucun rapport avec celle des juristes qui, on l’a vu plus haut, séparent artificiellement, dans les lettres privées, le papier du contenir intellectuel, c’est-à-dire l’objet matériel en deux morceaux, comme Salomon qui voulait couper en tronçons l’enfant revendiqué par deux mères différentes.

1603. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Index général des noms cités dans les neuf volumes »

Charpentier mère (Mme), VI, 249. […] Lætitia, la mère de l’empereur, V, 115.

1604. (1880) Goethe et Diderot « Diderot »

Mais le crime de Diderot et de ses théories c’est de nous avoir gâté un homme plus fort que lui en nous gâtant Beaumarchais, — car il faut bien mettre au compte de Diderot Eugénie, les Deux Amis et la Mère coupable ; c’est d’avoir retardé l’avènement et hâté la fin d’un homme d’esprit et de génie, qui s’est débattu longtemps dans le pathos de Diderot avant de naître à des chefs-d’œuvre, et qui, ténacité des influences premières, a fini par y retomber ! […] Elles doivent mépriser leurs mères comme les bâtardes méprisent les leurs.

1605. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome II pp. 5-461

« Vante-toi de ce teint qu’enflamment les tumeurs, « De nos enfants rongés par d’infectes humeurs, « De leurs mères pleurant la tête sur la pierre, « Et qui, sur des grabats, sur la natte grossière, « Aux animaux en proie, entendent en dormant « Mille insectes leur dire en leur bourdonnement : « Debout ! […] « J’ai fait du mariage une assez triste épreuve : « À vingt ans mon mari m’a laissé mère et veuve. […] « — Votre époux vous laissant mère et veuve à vingt ans, « Ne vous a pas laissé, je crois, beaucoup d’enfants ?

1606. (1926) La poésie de Stéphane Mallarmé. Étude littéraire

Ce que, pour un poète de la nature, pour un faune vrai comme Francis Jammes, sont les arbres, les fleurs, les bêtes, la maison aussi dans laquelle entre le paysage par les fenêtres, pour la baigner et la tremper de joie comme une mère, au matin, sous l’éponge qui ruisselle, fait de fleur fraîche les joues de l’enfant qui rit, tout cela chez Mallarmé, s’enclot dans le mystère des chambres septentrionales, celles qui défendent du froid, celles où montent du bois les esprits du feu ; et sur tous les objets son rêve jette comme ce feu des reflets de chimère qui rôde. […] Peut-être non… Lorsqu’autour d’Ulysse affluent les ombres, altérées du sang tiède, celle que, toutes les autres et celle même de sa mère écartées, il y convie la première, est l’ombre de Tirésias, le devin et le sage, aux énigmes ambiguës. […] Tous les grands styles de l’architecture ont leur origine dans les matériaux qu’ils mettent en œuvre ou dans la survivance de formes qu’impliquait l’emploi de matériaux primitifs, abandonnés depuis : pierres, briques, fer, bois, autant de nécessités fondamentales, autant de langues mères à l’intérieur desquelles les styles ne sont que des dialectes. […] Mais un Chateaubriand, un Victor Hugo font des métaphores qui ne se suivent pas, en tout cas des métaphores courtes ; passant hardiment de l’une à l’autre, rayant celle d’un vers par le vers qui le suit Jeté comme la graine au gré de l’air qui vole, Naquit d’un sang breton et lorrain à la fois Un enfant sans couleur, sans regard et sans voix ; Si débile qu’il fut, ainsi qu’une chimère, Abandonné de tous excepté de sa mère, Et que son cou, ployé comme un frêle roseau, Fil faire en même temps sa bière et son berceau Cet enfant que la vie effaçait de son livre… Ceux qui se moquent du vers de Malherbe Prends ta foudre, Louis, et va comme un lion… ou du vers de Barbier Centaure impétueux tu pris sa chevelure ignorent ce qu’est le mouvement poétique149.

1607. (1884) La légende du Parnasse contemporain

Parlerai-je aussi de ceux qui jugeaient bon d’informer leurs contemporains de l’amour qu’ils portaient à leurs mères ? […] La mère et la sœur de mon ami, accueillantes et douces, nous écoutaient parler de poésie et d’avenir ; et bien qu’elles m’aimassent à cause de ma tendresse pour Coppée, elles ne considéraient pas sans épouvante ce jeune homme sans autorité qui leur disait : Je vous jure que Francis sera un grand poète ! […] Je consolais la mère, j’encourageais la sœur, et, après le repas de famille, nous retournions rue de Douai, Coppée et moi, pour lire, pour travailler encore jusqu’au matin. […] Nous nous rappelons avec reconnaissance l’hospitalière maison de cette aimable femme qui était la mère de l’un de nos chers amis, et qui faisait chanter les violons pour les joueurs de lyre.

1608. (1901) Figures et caractères

Un père énergique et malheureux, une mère tendre et maladive, un enfant intelligent, fier, probe, ardent au travail et à l’étude, de corps chétif et d’âme fiévreuse, d’une sensibilité délicate. […] A demi Grec par une mère grecque, il l’est tout entier par son génie. […] Il n’est pas là seulement pour qu’un père soit vengé, une mère coupable châtiée, un usurpateur puni ; il est là pour signifier un des conflits de l’âme humaine et pour représenter à jamais aux hommes un de leurs personnages éternels. […] Quant à Saint-Saëns, il fuit Paris en 1889 pour porter le deuil douloureux de sa mère, et il vit pendant quelques mois près de Toulon, puis en Algérie, puis, après un bref retour en France, en Espagne et aux Canaries où il mène une existence retirée sous le nom de Charles Sannois. […] Pour l’éloge de la femme du premier et mère du second, voir ibid.

1609. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

. — Le trop d’hommages l’a gâtée ; — ses soupirants ou ses « mourants » ont encouragé chez elle trop de prétentions à l’esprit ; — il semblé qu’elle ait été beaucoup plus entichée que sa mère de la dignité de sa naissance et de la hauteur de son rang ; — et enfin la longue attente qu’elle a imposée à Montausier ne laisse pas d’avoir jeté sur tous les deux quelque chose d’un peu comique. […] Le jansénisme achève de se constituer en parti ; — étendue de ses liaisons ; — les « Mères de l’Église » : Mme de Gueménée, Mme du Plessis-Guénégaud, Mme de Sablé, la duchesse de Luynes, la duchesse de Longueville ; — et à ce propos, de l’imprudence des plaisanteries de l’abbé Fuzet [Cf.  […] Goethe, Wilhelm Meister]. — La famille de Molière ; — son père, Jean Poquelin, et sa mère, Marie Cressé ; — second mariage du père de Molière, 1633. — Études de Molière au collège de Clermont ; — et qu’il n’y a pas eu le prince de Conti pour « camarade » ; — mais qu’en revanche il a fréquenté la maison de Luillier, le père naturel de Chapelle [Cf. l’Historiette de Luillier dans Tallemant des Réaux, t.  […] 2º La Renaissance de la Préciosité ; — et qu’il y faut voir, comme à son origine, une protestation des femmes contre la grossièreté du langage ; — l’indécence des mœurs ; — et la tendance au naturalisme. — Anne-Marie Thérèse de Marguenat de Courcelles, marquise de Lambert [1647, † 1733] ; — sa jeunesse ; — son mariage et ses premiers écrits. — Sa « correspondance » avec Fénelon. — Les Avis d’une mère à son fils et les Avis d’une mère à sa fille. — Mme de Lambert s’installe à l’hôtel de Nevers, 1698 [aujourd’hui la Bibliothèque nationale] ; — et se donne à elle-même le rôle de protectrice des lettres. — Ses mardis et ses mercredis. — Comme à l’hôtel de Rambouillet jadis, les gens de lettres s’y mêlent aux grands seigneurs, — et les actrices [Cf. les Lettres d’Adrienne Lecouvreur publiées par M. 

1610. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE VIGNY (Servitude et Grandeur militaires.) » pp. 52-90

Sa mère, Mlle de Baraudin, fille d’un amiral de ce nom, est aussi de Touraine ; son père était de Beauce : des deux côtés, comme on le voit, notre poëte a racine en plein au meilleur terroir de la France.

1611. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXVe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (4e partie) » pp. 429-500

Dans les profondeurs du navire, la patrie a balayé avant le départ quelques centaines d’hommes condamnés, de femmes coupables, d’enfants innocents au sein de leurs mères, pour purifier la population saine de l’Angleterre et pour peupler des populations renouvelées dans ses colonies.

1612. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « De l’influence récente des littératures du nord »

Un devoir inattendu, une petite fille abandonnée qu’il recueille, achève son retour à la vie morale  Adam Bede, ouvrier charpentier, aime une jeune paysanne coquette, pas méchante, mais qui, de faiblesse en faiblesse, en vient à se laisser séduire par un gentilhomme campagnard et, devenue mère, étouffe son nouveau-né.

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