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75. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance. »

Il écrit pour lui seul dans son Journal : « … Quant à mes livres, ils n’en ont pas lu une ligne. […] Chateaubriand n’en eût sans doute pas dit autant de lui ni d’aucun de ses écrits. […] Sismondi a écrit en faveur de celui qui est tombé… Sa conduite ne m’a pas étonnée non plus que celle de son beau-frère10. […] Il écrivait de Pise à la comtesse (16 février 1816) : « Je ne voulais, Madame, me présenter à vous qu’avec trois volumes à la main (trois volumes de ses Républiques italiennes), je voulais les porter comme une offrande expiatoire ; je sentais fort bien que vous auriez vivement blâmé ce que j’ai pensé et écrit dans cette année. […] Sans être remarquable par le style et sans en avoir un qui soit proprement à lui, il n’est pas incapable, dans ses écrits, de certains mouvements touchants et d’une véritable éloquence.

76. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville (suite et fin.) »

Il ne se peut de plus belles pages, en fait de considérations contemporaines, que ce qu’on va lire et qu’il écrivait à M.  […] « Vous sentez qu’avec un pareil texte, on est menacé d’un fiasco », écrit-il à Ampère (janvier 1842). […] Odilon Barrot, écrite en octobre 1853, Tocqueville paraisse étonné que ces mêmes systèmes aient osé se produire ? […] Thiers ; d’écrire l’action même de l’Empire, en évitant seulement de m’étendre sur la partie militaire que M.  […] Joubert a écrite à M. 

77. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de La Tour-Franqueville et Jean-Jacques Rousseau. » pp. 63-84

À propos de ce chapitre de la santé, la soi-disant Claire écrira à Jean-Jacques : « Avez-vous pu croire que nous en ignorassions le déplorable état ?  […] « Si j’avais reçu vos lettres, écrit Rousseau à Mme de La Tour, je n’en aurais point nié la réception. » Sentez-vous le défaut ? […] Un jour, après avoir reçu d’elle la jolie page de portrait que j’ai précédemment citée, Rousseau lui écrivait : « Combien il va m’être agréable de me faire dire par une aussi jolie bouche tout ce que vous m’écrirez d’obligeant, et de lire dans des yeux d’un bleu foncé, armés d’une paupière noire, l’amitié que vous me témoignez !  […] Elle exige de Rousseau qu’au moment même où il recevra le portrait ou la lettre qui l’accompagne (et dût sa réponse ne partir que huit jours après), il se mette à écrire… quoi ?… à écrire sa première impression.

78. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par le chevalier d’Arneth »

Il est vrai que lorsqu’on écrit des lettres, rarement on se donne un mauvais rôle, et l’on évite de fournir des armes contre soi. […] Son Age et son caractère ont besoin d’un peu de gêne pour toute application suivie ; l’engagement d’écrire sur ces lectures la rendrait plus exacte et plus attentive ; mais comment écrira-t-elle ? […] Marie-Antoinette parlait la langue française avec beaucoup d’agrément, mais l’écrivait moins bien. […] Mme Campan parle d’une lettre qu’écrivit alors l’abbé à la reine et qui se rapporte à son rappel. […] Ce pays-là : c’est donc un étranger qui écrit.

79. (1936) Réflexions sur la littérature « 1. Une thèse sur le symbolisme » pp. 7-17

Barre, ni ce que fut la soutenance, mais visiblement l’auteur n’était pas préparé à écrire son livre, et il n’a fait, en ce qui dépendait de lui, que peu de choses pour s’y préparer. […] Barre a lu attentivement les écrits théoriques des poètes qu’il étudie, les cahiers de leurs aspirations, et bien moins leur œuvre poétique, c’est-à-dire le résultat net. […] « La vérité nouvelle, écrivait M.  […] « Le poète, écrit-il justement, doit flatter avec ses vers une habitude ancestrale. » Qui a dit le contraire ? […] Je ne compte pas les obstacles matériels : quand on est gros d’un chef-d’œuvre dramatique, on l’écrit sans se demander s’il sera joué.

80. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens I) MM. Albert Wolff et Émile Blavet »

Voilà un genre d’écrits dont on s’est passé pendant six mille ans. […] » Et sur n’importe quoi il écrit n’importe quoi. […] Et alors ils ont beau écrire trop vite et trop souvent ; ils ont beau écrire par métier, sans goût, sans plaisir, sans conviction : la qualité, le tour de leur esprit se révèle toujours par quelque endroit. […] Wolff écrit fort mal ? […] Blavet écrit une langue aisée, alerte, spirituelle.

81. (1875) Premiers lundis. Tome III « Instructions sur les recherches littéraires concernant le Moyen Âge »

On n’a pas tous les écrits mathématiques de Pascal, qui, soumis à l’examen de Leibnitz, ont été mentionnés dans la lettre de ce dernier. […] Pascal, Fermat, Roberval, Stevin, etc., de tels noms sont bien propres à rehausser la découverte, possible encore, qu’on ferait de quelqu’un de leurs écrits. […] Il en est de même de Guillaume de Champeaux, ce maître si célèbre en son temps, et dont il n’a été imprimé qu’un très petit écrit, De origine animæ. […] L’Opus majus a été publié ; les deux autres écrits, l’Opus minus et l’Opus tertium, ne l’ont pas été. […] Des écrits, en apparence très étrangers à l’histoire littéraire, peuvent s’y rattacher par quelque point.

82. (1936) Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours pp. -564

Elle écrit devant lui. […] D’ailleurs Jean-Jacques écrit pour le public, oratoirement, comme Chateaubriand, tandis que Benjamin n’écrit que pour lui. […] Tout ce que Joubert écrit sur la poésie est incomparable. […] Il a beaucoup écrit. […] Aucun poète n’a écrit de pareils vers à soixante-sept ans.

83. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « II »

Il n’y a ni âme ni justice, ni devoir, ni vie future, ni art d’écrire, ni travail, ni formation du style, ni vérité, ni méthode, ni enseignement. […] Pendant des années, j’ai été littéralement obsédé par l’étude des phrases, les secrets de la prose, les différences des styles, l’anatomie et le mécanisme de l’art d’écrire. […] Pendant des années, j’ai été littéralement obsédé par l’étude des phrases, les secrets de la prose, les différences des styles, l’anatomie et le mécanisme de l’art d’écrire. […] Nous avions le renanisme philosophique ; M. de Gourmont nous a donné le renanisme littéraire, et ce n’est pas sans raison qu’on a pu écrire sur lui une étude intitulée : Un nouveau scepticisme. […] Albalat, dont l’Art d’écrire… eut un réel et mérité succès, auteur de la Formation du style, qu’il s’agit pour M. de G… de réfuter.

84. (1924) Intérieurs : Baudelaire, Fromentin, Amiel

Il écrivit beaucoup de vers, des vers sans nerf et faciles. […] Dès son retour à Marseille, il leur écrit pour tout avouer. […] Il avait écrit le voyage, il écrivit le roman, qui ne parut qu’en avril et mai 1862 dans la Revue des Deux Mondes. […] Cela est écrit en 1876. […] « Je ne suis pas libre, écrit Amiel.

85. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

Écrit-on. […] J’ai pourtant écrit d’autres choses, depuis. […] Et il m’écrivait pour me demander d’en être désormais. […] Et ces mots ici écrits, tu peux t’en servir. […] Oui, pour ses derniers écrits.

86. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre sixième »

Perfection de l’art d’écrire en vers. — Ce qu’il faut penser du Lutrin. […] Ainsi Chapelain hésite d’abord s’il écrira en prose ou en vers. […] Les souvenirs et les habitudes prévalaient sur les écrits nouveaux. […] Boileau écrit l’Art poétique. […] Perfection de l’art d’écrire en vers. — Le Lutrin.

87. (1837) Lettres sur les écrivains français pp. -167

C’est parler pour parler ; écrire pour écrire. […] Sans avoir jamais écrit un livre, M.  […] Jal l’a écrit avec naïveté. […] si Luchet voulait écrire ! […] un éditeur a écrit à Van Engelgom !

88. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LA FAYETTE » pp. 249-287

C’est la même que Boileau désignait pour la femme de France qui avait le plus d’esprit et qui écrivait le mieux. […] Elle écrivit de bonne heure par goût, mais avec sobriété toujours. […] On conçoit avec cela qu’elle écrivait peu de lettres, et seulement pour le nécessaire. […] Mais, pour le coup, nous ne le discuterons pas, et ce roman est trop supérieur à tout ce qu’il a jamais écrit pour permettre d’hésiter. […] L’auteur d’un tel écrit était, certes, un esprit capable d’affaires positives.

89. (1893) Alfred de Musset

J’ai bien envie d’écrire notre histoire. […] Me la voulez-vous donner par écrit ? […] Mais je vous écris cet écrit du fond du système cellulaire. […] Voici les derniers vers qu’il ait écrits. […] Écrit en 1839.

90. (1805) Mélanges littéraires [posth.]

Ils se trompent, s’ils s’imaginent en cela avoir le mérite de la difficulté vaincue : il est plus difficile d’écrire et de parler bien sa langue, que de parler et d’écrire une langue morte ; la preuve en est frappante. […] Peut-être même devrait-on faire précéder la rhétorique par la philosophie ; car enfin, il faut apprendre à penser avant que d’écrire. […] Ce vice naît toujours d’un défaut de logique, quand on écrit de son propre fonds ; ou d’ignorance soit de la matière, soit de la langue, quand on écrit d’après un autre. […] Ainsi, notre façon d’écrire pourrait être plus régulière ; mais elle serait encore plus incommode. […] Les harangues de Tite-Live ne sont point écrites comme ses préfaces, ni celles-ci comme ses narrations.

91. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Werther. Correspondance de Goethe et de Kestner, traduite par M. L. Poley » pp. 289-315

C’est que Kestner, l’Albert du roman, a écrit et donné tous les éclaircissements désirables sur Werther. […] Goethe, comme tout le jeune monde allemand d’alors, fut très frappé de cette mort sinistre, et il s’enquit très curieusement des détails auprès de Kestner, qui les lui donna par écrit. […] — Vous êtes toujours près de moi quand j’écris quelque chose. […] — Tantôt c’est sa mère, tantôt c’est sa sœur, qui écrivent pour lui et qui l’excusent. […] Mais il apprendra avec plaisir que j’ai écrit à son cher ami, car je ne saurais vous dire combien il a toujours parlé de vous et de votre famille.

92. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Bussy-Rabutin. » pp. 360-383

Il parlait bien ; il écrivait juste et agréablement. […] Ajoutons qu’une telle entreprise, de la part d’un homme d’autant d’esprit, et la vogue qui s’ensuivit pour le genre même, nous donnent une idée peu haute de la moralité moyenne du temps et du monde où il écrivait. […] C’est une de ces lettres comme Fontenelle n’en eût jamais écrit. […] « Tout ce que vous connaissez de vieux et de jeunes courtisans, lui écrit-on, vont à la guerre. » Bussy veut faire comme les autres ; il écrit au duc de Noailles : « Est-il possible que je la voie sans y être !  […] [NdA] Un an avant la mort de ce grand homme, Bussy écrivait à l’évêque de Verdun (19 juillet 1674) : « On me mande que M. de Turenne vient encore de pousser l’arrière-garde des ennemis.

93. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Léopold Ranke » pp. 1-14

Ou bien, en y réfléchissant et en s’y appliquant à son tour, devait-il trouver diminuée cette horrible difficulté d’écrire l’histoire, qu’il signalait presque avec désespoir ? […] Les rhétoriques l’exigent impartiale et impersonnelle, et, fût-ce celle de Polichinelle ou d’Arlequin qu’il nous fallût écrire, nous ne pourrions l’écrire autrement qu’avec nos personnes, — avec le sang, avec la flamme, avec la lave ou avec la froide argile dont nous avons été pétris ! […] l’historien ne peut pas plus oublier sa personnalité morale quand il écrit l’Histoire, que le critique lui-même qui va le juger. […] Il est de ces esprits, impuissants et nerveux tout ensemble, pour qui le perfectionnement littéraire consiste à s’effacer jusqu’au néant, à éteindre la chaleur, à diminuer le relief, à soutirer la passion, et pour qui toute page vivement écrite ou âprement pensée produit l’effet de l’écarlate sur le taureau. […] Il a essayé de cacher le secret de son âme, le rayonnement de son opinion intime, sous une forme impartiale et dégagée, et à l’instant même le livre qu’il a écrit a perdu tout caractère, et l’ancien talent de Ranke, on se demande… où il a passé ?

94. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. Joubert »

« Inspirez, mais n’écrivez pas », dit Le Brun aux femmes. — « C’est, ajoute M.  […] Joubert sont dispersés, déplacés ; ils écrivent. […] Sérieusement, la plaie littéraire de ce temps, la ruine de l’ancien bon goût (en attendant le nouveau), c’est que tout le monde écrit et a la prétention d’écrire autant et mieux que personne. […] » J’ose avouer que, pour un grand nombre, le résultat de mon plus sérieux examen, c’est que ces hommes-là, en d’autres temps, n’auraient pas écrit du tout. […] Je prétends ne plus rien écrire que dans l’idiome de ce lieu.

95. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame Necker. » pp. 240-263

C’est cet effort pénible qui se sent dans tout ce qu’a écrit Mme Necker, et qui contribua à miner sa santé avant le temps. […] Cet homme grave avait ce tour d’esprit persifleur et fin qui était bien à lui, et il l’a prouvé depuis par quelques écrits qui attestent une observation minutieuse et pénétrante. […] Ce dernier lui écrivit à ce sujet plusieurs lettres plaisantes et même des madrigaux galants. […] Elle n’a pas tâché, disait-on, pour exprimer la façon d’écrire de Mme de Caylus et ses aimables négligences. […] On peut lire, dans une Notice écrite par son petit-fils, de touchants détails sur cette fin.

96. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre VII. Des ouvrages périodiques. » pp. 229-243

., on en a vu paroître & disparoître plus de deux cens, écrits en diverses langues. […] Castillon : deux auteurs qui savent rendre justice au mérite, & qui écrivent avec soin & avec goût. […] Ce sont celles qu’il intitula, Observations sur les écrits modernes. […] Ces ouvrages écrits d’une maniere attrayante, ne furent continués que jusqu’en 1753. […] Lacombe, va au-devant des autres écrits périodiques.

97. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 18, reflexions sur les avantages et sur les inconveniens qui resultoient de la déclamation composée des anciens » pp. 309-323

Enfin une tragedie dont la declamation seroit écrite en notes auroit le même mérite qu’un opera. […] Dans la musique même on ne sçauroit écrire en notes tous ce qu’il faut faire pour donner au chant son expression veritable, sa force et les agrémens dont il est susceptible. On ne sçauroit écrire en notes quelle doit être précisement la vitesse du mouvement de la mesure, quoique ce mouvement soit l’ame de la musique. […] Chaque acteur supplée de son fonds à ce qui n’a point pû s’écrire en notes, et il le supplée à proportion de sa capacité. […] Mais, me dira-t-on, la lupart des gens du métier se soûlevent contre l’usage de composer et d’écrire en notes la déclamation, sur la premiere exposition de cet usage.

98. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Une petite guerre sur la tombe de Voitture, (pour faire suite à l’article précédent) » pp. 210-230

C’était Balzac pourtant qui avait commencé à lui écrire. […] Costar qui en est l’auteur, il me sembla qu’en pareille matière je n’avais rien vu de si bien écrit, de si judicieux, de si élégant, ni de si fleuri. […] Une seconde remarque à faire, c’est que les auteurs contemporains sont toujours jugés de leur temps, et que la vérité sur eux est connue et se dit, si elle ne s’écrit pas. […] Si l’on y regarde bien, il en est plus ou moins toujours ainsi : à chaque époque, quelles que soient les réputations régnantes et les vogues qui paraissent tout envahir, il y a toujours dans la diversité des esprits un nombre suffisant de contradicteurs, de critiques qui voient juste ; seulement, ils n’écrivent pas, on ne les imprime pas, ou quand ils écrivent, ils écrivent souvent mal, hors de portée et hors de saison, ils mêlent à leurs vérités des choses inutiles, ils sont à contretemps, comme l’est ici ce sieur de Girac qui s’en va dire la vérité sur Voiture, mais en latin, ou, quand il écrira ensuite en français, qui la dira dans un style chargé de latinismes et à la mode du xvie  siècle. […] Mais l’intention de Costar se démasqua de plus en plus dans les écrits suivants qu’il publia dans cette querelle après la mort de Balzac.

99. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN DERNIER MOT sur BENJAMIN CONSTANT. » pp. 275-299

Par sa parole, par ses écrits, il a contribué à répandre des vérités ou théories constitutionnelles qui avaient alors tout leur prix et qui peuvent avoir encore leur utilité. […] Parlant des romans de Rétif, Benjamin Constant écrivait : « Il (le romancier) met trop d’importance aux petites choses. […] Je vous prie donc, et je crois que j’ai presque un droit de le demander, de brûler ce que je vous ai écrit sur elle. […] En général, il ne faut jamais croire aux correspondances que dans une certaine mesure, car on se modèle toujours, à quelques égards, sur la personne à laquelle on écrit. […] En attendant qu’elle nous réunisse, cher Fauriel, songez que nous sommes séparés, que je vous aime, et que vous me ferez un vif plaisir de m’écrire.

100. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de lord Chesterfield à son fils. Édition revue par M. Amédée Renée. (1842.) » pp. 226-246

Il écrivait de Paris à ce même M.  […] Dans des lettres intimes écrites à une dame de Paris, que je crois être Mme de Monconseil19, on voit qu’il avait pensé à l’y envoyer dès l’enfance : J’ai un garçon, écrivait-il à cette amie, qui à cette heure a treize ans. […] Il en écrivait davantage à ses amis, même à ceux de France. […] Cicéron écrivit un beau traité sur la vieillesse, mais il ne prouva point son livre par les faits ; ses dernières années furent très malheureuses. […] Je ne connaissais pas cette édition au moment où j’écrivais mon article.

101. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand. (Berlin, 1846-1850.) » pp. 144-164

Je dis nous, car c’est en français que Frédéric a écrit, c’est en français qu’il a pensé, c’est aux Français encore qu’il songeait souvent et qu’il s’adressait pour être lu, même quand il écrivait des jugements et des récits d’actions qui étaient si peu faits pour leur être agréables. […] La portion historique des Œuvres de Frédéric a eu le pas, à bon droit, sur les autres écrits ; elle forme sept volumes, dont cinq sont sous mes yeux. […] « Il faut prendre l’esprit de son état », écrivait-il en riant à Voltaire du milieu de la guerre de Sept Ans. […] On a cherché à établir une contradiction entre les paroles et les écrits de Frédéric, adepte de la philosophie, et ses actions comme roi et comme conquérant. […] Il est fermement de l’opinion « qu’une chose ne mérite d’être écrite qu’autant qu’elle mérite d’être retenue ».

102. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — II. (Fin.) » pp. 476-495

C’était un ami de fondation ; Frédéric le consultait sur ses écrits et l’avait constitué son critique, son homme de lettres. […] Après la victoire de Chotusitz (17 mai 1742), Frédéric écrit à Jordan : Voilà ton ami vainqueur pour la seconde fois dans l’espace de treize mois. […] Si ma destinée est finie, souviens-toi d’un ami qui t’aime toujours tendrement ; si le ciel prolonge mes jours, je t’écrirai dès demain et tu apprendras notre victoire. — Adieu, cher ami, je t’aimerai jusqu’à la mort. […] Les lettres que Frédéric lui écrit sont admirables de gravité, de tristesse et de fermeté stoïque. […] Après la bataille de Kolin, c’est à Milord Maréchal que Frédéric écrit ces paroles souvent citées (18 juin 1757) : « La fortune m’a tourné le dos.

103. (1858) Cours familier de littérature. V « XXXe entretien. La musique de Mozart (2e partie) » pp. 361-440

Aussi une ouverture est la dernière chose que doit écrire un compositeur. […] » écrit-il avec jubilation à son père. […] J’écrivais pendant le jour pour Salieri, et la nuit pour Mozart. […] D’Aponte, à l’impénitence près, écrivait le drame de sa propre vie dans le drame de Don Juan. […] « On sait comment fut écrite l’ouverture de Don Juan.

104. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Chateaubriand. Anniversaire du Génie du christianisme. » pp. 74-90

Mais les Mémoires d’outre-tombe, écrits si longtemps après, et sous l’influence de tant de souvenirs contradictoires et entrecroisés, n’ont pas une grande valeur en ce qui est de la vérité réelle et positive. […] Je les lis de sa main, écrites à une date qui, à quelques mois près, ne peut guère être que 1798. […] Là, je pourrais écrire, herboriser, me promener tout à mon aise. […] Le ton de cette lettre paraîtra certainement étrange, le style est exagéré ; celui qui écrit est encore sous l’empire de l’exaltation, mais le caractère véridique de cette exaltation ne saurait être mis en doute un moment. […] Veillez aux papiers publics lorsqu’il paraîtra20 : écrivez moi souvent.

105. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Stéphane Mallarmé » pp. 146-168

Il écrit une centaine de vers. […] Tous se mirent à le fréquenter et il n’est pas mauvais de rechercher dans leurs écrits l’écho de leurs impressions. […] Mallarmé n’écrira plus guère qu’en prose. […] Il écrira dès 1889 : M.  […] Œuvre en maints volumes de laquelle pas un livre encore n’est écrit.

106. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXIV » pp. 394-401

Le 11, madame de Sévigné écrit : « Tout le monde croit que l’étoile de Quanto pâlit. […] Madame de Sévigné écrit, le 2 octobre, à sa fille « que la veille l’ami et l’amie (le roi et madame de Montespan) avaient passé toute la journée ensemble, La femme (la reine) était venue à Paris ; on dîna ensemble. […] Le maréchal d’Albret, ancien ami de madame de Maintenon, était mort dans le mois de septembre : il lui avait écrit, avant d’expirer, une lettre pleine d’estime et d’affection. […] Vous mourez d’envie de venir dans le grand monde, et moi d’en sortir. » À quelque temps de là, elle écrivait à l’abbé Gobelin : « Si je suivais mon inclination, il n’y a pas de moment dans la journée que je ne demandasse à me retirer. […] « Il n’y a plus que la crainte », écrivait-elle le 7 octobre, « qui attache à Quanto. » Sous-entendez la crainte des éclats de la jalousie de cette femme altière.

107. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXII » pp. 355-377

Le 7 janvier elle écrivait à Gobelin : « Mes sentiments et mes irrésolutions sont toujours les mêmes. […] Le roi, étant à l’armée, recevait par écrit la suite des conseils et des exhortations de Bossuet. Le 7 juin 1676, madame de Sévigné écrit à sa fille : « Le roi a fait ses dévotions à la Pentecôte108. […] Le 12 juin, elle lui écrit ce qui suit : « Madame de Montespan continue son bâtiment ; elle s’amuse fort à ses ouvriers. […] Une lettre que madame de Maintenon écrit à Gobelin, de Versailles, sans date, mais qui est de peu de temps postérieure à son retour des eaux, exprime la tristesse qu’elle éprouvait alors.

108. (1936) Réflexions sur la littérature « 6. Cristallisations » pp. 60-71

J’ai lu le raisonnement suivant de Mme Aurel, que je mets en syllogisme pour être plus court : « il n’y a rien de plus beau qu’une belle lettre d’amour. — Les plus belles lettres d’amour sont écrites par des femmes. — Donc le jour où les femmes feront imprimer des lettres d’amour de 300 pages in-18 sous couverture jaune-paille, elles auront écrit les plus beaux livres du monde. » Attendons. […] Et nul n’était plus qualifié pour l’écrire que M.  […] Camille Mauclair écrit des pages pleines de verve sur l’hypocrisie du mariage bourgeois, sur le ridicule d’une journée de noces et l’odieux fréquent de la nuit qui la suit. […] Louis Forest écrivit autrefois, sur ce thème, un voleur d’enfants, amusant.) […] Tout ce livre est écrit pour aboutir à la troisième partie, le miracle de l’amour, et pour orienter ce miracle même vers celui du rythme universel, de l’ordre profond du monde.

109. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. —  première partie  » pp. 126-268

Il vous a écrit à Aix ; j’ai mis un petit mot dans cette lettre-là. […] Auguste vous écrira ; il dit que vous êtes ce qu’il aime le mieux à Paris. […] Même après tout ce qu’on a écrit depuis sur La Rochefoucauld, le travail de M. […]  — Ses autres écrits. […] Benjamin Constant en écrivait à Fauriel (de Suisse, 26 messidor an x) : « On m’écrit de Paris de grands éloges sur la brochure de Camille.

110. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Lettres de Rancé abbé et réformateur de la Trappe recueillies et publiées par M. Gonod, bibliothécaire de la ville de Clermont-Ferrand. »

Cela rend les lettres qu’on écrit plus simples, mais ne contribue pas à les rendre variées. […] Le peu de religieux qui y restaient vivaient avec scandale : « D’y en mettre de réformés, lui écrivait Rancé, cela n’est plus possible ; les réformes sont tellement décriées, et en partie par la mauvaise conduite des religieux, qu’on ne veut plus souffrir qu’on les introduise dans les lieux où il n’y en a point. […] La plupart des nouvelles qu’il commente, ou des ouvrages qu’il préconise (voulant toujours savoir le jugement qu’on en porte), n’arrivent point jusqu’à la Trappe ; Rancé se tue à le lui dire avec douceur, avec tranquillité : « Nous n’avons vu ni même ouï parler d’aucun des livres dont vous m’écrivez. […] Mais il y a mieux : le même Nicaise ne s’avise-t-il pas, un autre jour, de composer une Dissertation sur les Sirènes, ou Discours sur leur forme et figure, et d’envoyer son écrit tout droit à la Trappe ? […] Parlant de la mort de M. de Nocé, pénitent de qualité et l’un des ermites voisins de la Trappe, il écrit à Mme de Guise, qui le questionnait : « Il n’y a point, Madame, de circonstances brillantes dans la mort du solitaire.

111. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIIe entretien. Vie du Tasse (3e partie) » pp. 129-224

Il reprit assez de calme pour écrire à Scipion Gonzague une élégie de sa propre misère. […] Il écrit à ses médecins qu’il se croit ensorcelé ; il confère avec des capucins de sa maladie. […] « Ils ont résolu de me tuer ou de me pousser au suicide », écrit-il ce jour-là à Licinio. […] Homère a écrit un poème épique, le Tasse a écrit un opéra en vingt chants : l’un est un poète, l’autre est un trouvère, mais le plus accompli des trouvères, le trouvère immortel de la chevalerie, de la religion et de l’amour. […] Pendant qu’il écrivait ce poème, les nécessités de son procès et les instances de ses amis le rappelèrent encore à Naples.

112. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paul Féval » pp. 107-174

Il n’eût pas écrit davantage Les Parents pauvres de Balzac (cette gloire !) […] Il avait peut-être écrit d’autres livres, mais la date de nos débuts, quand nous n’avons pas écrit quelque œuvre incontestable de génie dans l’obscurité, est toujours dans le premier bruit que nous faisons. […] Le grand romancier protestant, à Walter Scott, a bien écrit Les Puritains. […] Il se fit Jésuite, n’écrivit plus et prêcha. […] Écrit en 1862.

113. (1902) Le culte des idoles pp. 9-94

On trouvait généralement qu’il écrivait bien, mais qu’il pensait mal. […] L’auteur a écrit six gros volumes pour faire ces étonnantes découvertes. […] Taine écrivit ses impressions de voyage en France, aux Pyrénées, en Angleterre, en Italie ! […] Les jeunes demoiselles au couvent écrivent leur journal ; c’est pour s’occuper. […] M. de Goncourt écrivit donc son journal.

114. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre VII. Le langage et le cerveau »

Dans d’autres cas, le malade perd la faculté d’écrire et de lire avec celle de parler ; et cette impuissance d’écrire ne vient pas de la paralysie54. Quelquefois, le malade peut écrire un mot ou deux, mais toujours le même. Un malade s’appelle Paquet, et il sait écrire son nom ; on lui demande d’écrire le petit nom de sa femme, il écrira « Paquet », le nom du mois « Paquet », etc., comme une mécanique qui, une fois montée, fait toujours le même mouvement. […] Trousseau, témoigne que l’on peut conserver la faculté d’écrire et perdre celle de lire. […] Dans d’autres cas, on voit la faculté d’écrire perdue, ou du moins très altérée, et le malade conserver l’aptitude à composer et à écrire de la musique.

115. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Guizot » pp. 201-215

Mais s’il n’est pas apte, de nature, à traduire Shakespeare, Guizot l’historien, qui a fait sa fortune par l’histoire, est apte au moins à nous écrire une Vie de Shakespeare, — une Vie de Shakespeare comme il nous a écrit une Vie de Washington, car il y a des hommes si grands que leur vie seule, leur simple biographie est de l’histoire dans le sens le plus majestueux du mot. […] Tieck en a écrit un dans son bleu 3 ; du mauvais papier fabriqué à Berlin. […] Certes, si les huîtres écrivaient l’histoire de la perle, elles récriraient ainsi, je n’en doute pas. […] On sent que l’esprit prudent, magistral (un plus malin que moi dirait magister) et sceptique de l’illustre auteur, car Guizot est sceptique, sous sa forme arrêtée et décidée, — seulement il est sceptique avec réserve, — on sent que cet esprit n’a pas l’inconvénient qu’auraient eu peut-être, s’ils avaient écrit sur Shakespeare, d’autres esprits trop émus et trop fécondés par l’idée d’écrire sur ce grand homme. […] Si l’espace dont je dispose le permettait, j’aimerais, par exemple, à citer un aperçu sur la comédie que ne pouvait écrire Shakespeare en Angleterre, et que Molière a pu écrire en France, qui me paraît une de ces pages crevant d’idées où il y a certainement plus de choses qu’il n’y a de mots.

116. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Auguste Vacquerie » pp. 73-89

« Le style — écrit Vacquerie — n’existe pas plus sans l’idée que l’idée sans le style. […] Lui n’écrivit que la vie de Johnson, mais il disait peut-être, comme Macbeth : « Il n’a pas d’enfants !  […] Les métempsychosistes ne seront pas tous logés dans les astres, où l’auteur des Grimaces fait pleurer Molière d’avoir écrit ses Femmes savantes. Il faut croire qu’il y aura des migrations un peu moins splendides pour les écrivains qui ne pleurent point d’avoir écrit des Tragaldabas ! […] Il a de ces petites phrases caressantes : « Quand Charles (Charles Hugo) s’est reposé à peindre, il se remet à écrire.

117. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Lamennais »

Pour les curieux de nature humaine, pour les moralistes, pour ceux que la vie et son impatientant mystère préoccupent plus que les babioles menteuses de l’art d’écrire, les correspondances sont les vrais livres et le style qu’elles ont est vraiment l’homme, comme le disait Buffon un peu trop du style en général, Buffon qui, par parenthèse, n’aurait pas su écrire une lettre. […] Telle était la nuance dans laquelle il s’enfermait et voulait rester, écrit-il à cette date, quand tout à coup les lettres manquent et la Correspondance finit. […] L’un et l’autre ont parfaitement absous Lamennais des accusations d’orgueil, d’ambition, de haine et d’envie accumulées sur sa mémoire par ses contemporains, à qui ses actes et ses écrits avaient donné sur lui cette terrible barre. […] Je suis né avec cela. » Comme tous les tristes, il était né doux : « Bossuet —  écrit-il — nous dit que la princesse Palatine fut douce avec la mort. […] Seulement, une fois qu’il l’y avait mis, l’aveuglé reprenait son bonheur d’expression : « La monarchie — écrivait-il alors — est condamnée.

118. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Horace Walpole »

on a choisi exclusivement les lettres écrites de France et sur la France, et on les a traduites pour la France. […] Il était perpétuellement occupé à se regarder dans les lettres qu’il ne cessait d’écrire ; car les lettres que nous écrivons sont nos miroirs ! […] Cette goutte, qui le prit de bonne heure comme Pitt, et l’envahit des pieds aux mains, n’empêcha que fort peu sa main d’écrire. […] Ils s’étaient écrit bien longtemps, puisque c’était sa manière de vivre. […] En 1771, Gray était mort « J’ai bondi, — écrit Walpole au révérend William Cole, — j’ai bondi sur mon fauteuil à cette nouvelle.

119. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 45-49

Malgré l’austérité de sa vie, les Ecrits qu’il composa dans sa retraite, ont la teinture d’un esprit poli par l’usage du grand monde, & cultivé par l’étude de la bonne Littérature ; ce qui donnera toujours un nouveau prix aux Ouvrages de piété. […] Son Traité de la sainteté & des devoirs de l’état monastique, est écrit avec beaucoup de chaleur. […] Tels sont les Ecrits de cet Abbé célebre. […] Il écrivit avec éloquence. […] Sa Vie écrite par Marsollier, par Maupeou, par Dom le Nain, & ses Lettres, en offrent des preuves authentiques.

120. (1773) Discours sur l’origine, les progrès et le genre des romans pp. -

Au reste, il a prouvé par d’autres écrits, qu’un dénouement ne l’embarrassoit pas. […] M. l’Abbé Prévost écrivoit ses Romans à-peu-près comme on doit écrire l’histoire. […] Il a mis dans ses Lettres Persanes le germe de presque tous ses autres écrits. […] Les Lettres Turques, par M. de Saint Foix, annoncent, comme tous ses autres écrits, l’auteur qui sait bien écrire & bien voir. […] Elle écrit, ayant la mort dans le sein, une lettre fort longue à S.

121. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — S’il est plus aisé, de faire une belle action, qu’une belle page. » pp. 539-539

** * Et puis permettez, madame, que je défende un endroit de cet écrit que mon ami M.  […] On n’écrit point une belle page sans goût et sans un goût pur et grand, et le goût est chez toutes les nations le produit d’un long intervalle de temps. […] Au moment où j’écris, je ne doute point qu’il ne se fasse cent actions fortes sur la surface de la terre ; il s’en fait même dans le fond des forêts habitées par l’homme sauvage ; en aucun lieu du monde, il ne s’écrit peut-être pas une page sublime, sans en excepter nos capitales, le centre des beaux-arts. […] Jamais l’homme de lettres ne se trouve dans cette position urgente, il est seul quand il écrit ; l’homme de génie n’a d’autre motif que son génie auquel il obéit. […] Si vous étiez bien aimable, ou vous nous précéderiez ou vous nous suivriez au Grand-Val ; mais vous aimerez mieux écrire un billet doux ou même une belle page que de faire une bonne œuvre.

122. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque (2e partie) » pp. 81-155

Je lui avais écrit quelques lettres dont je ne me repens pas tout à fait. […] écrit-il auprès de ce berceau vide, cet enfant me ressemblait si parfaitement que quelqu’un qui n’aurait pas su qui était la mère l’aurait pris pour mon fils. […] On ne lit pas sans un vif intérêt domestique la charmante lettre que Boccace écrit de Pavie à Pétrarque. […] » écrivit-il peu de jours avant sa mort. […] Il atteint de longues années, et il meurt le front et les lèvres sur son nom qu’il vient encore d’écrire avant que sa main se glace et se sèche dans le sépulcre !

123. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — II. (Suite.) » pp. 346-370

Tallien lisait à la tribune de la Convention, le 28 août 1794, un écrit contre la Terreur : cet écrit ou discours, auquel le célèbre thermidorien n’avait fait qu’adapter un petit préambule, et qui fut très remarqué, était de Roederer. […] Il ne s’est rien glissé du Directoire dans ce petit écrit. […] Devaines et Roederer lui avaient annoncé par lettres qu’ils avaient quelques objections sur sa manière d’écrire. […] Devaines, vous êtes donc d’avis que je ne sais pas écrire. […] [NdA] Ce petit écrit (Conseils d’une mère…) est-il de Roederer seul ?

124. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — II. (Fin.) » pp. 180-203

Ce sont quelques-unes des siennes, écrites précisément en ce temps-là. […] Lassay en a aussi, bien que ses billets écrits d’un style poli et pur soient courts. […] Les écrits dont j’ai parlé ne sont pas proprement de la littérature, ce sont des témoignages de société qui viennent en aide et en ornement aux jugements littéraires. […] [NdA] On dit toujours cela quand on écrit, puis on finit par se faire imprimer. […] Mais les malignités et les traits satiriques des écrits du temps, qu’on peut voir dans le curieux article de M. 

125. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre I. Un retardataire : Saint-Simon »

Même après sa lettre anonyme à Louis XIV, si éloquente et si dure, soupçonné et, dans l’esprit, du roi, convaincu de l’avoir écrite, il resta à la cour. […] Il n’a pas contrôlé suffisamment les témoignages ; il a négligé les documents écrits qui auraient ruiné bien des on-dit qu’il a enregistrés ; il a cru à tout ce qui flattait son désir ou son aversion. […] Mettons à part le génie littéraire que d’Argenson ne pouvait soupçonner : la vie et les écrits de l’homme démontrent la justesse de ce jugement. […] Ce grand seigneur bouscule règles, goût, bienséances, pour mettre son tempérament tout à fait à l’aise dans son style ; entre Voltaire et Montesquieu, il écrit comme il ne sera permis d’écrire qu’au temps de Hugo et de Michelet. […] Écr.), Hachette ; Écrits inédits, éd.

126. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame Sand »

je conçois le bégaiement de l’écrivain quand il s’agit de parler sa pensée, son idéale pensée, au lieu de l’écrire. […] Cette femme, qui a écrit les pages de Lélia, dont quelques-unes ont de la splendeur, mais de la splendeur volontaire et laborieuse, écrit, dans ses lettres, où elle ne voit plus le public, comme la première venue qui aurait un langage bas et mauvais ton. […] « Je vous embrasse de toute mon âme — écrit-elle à sa belle-mère — et Casimir en prend sa part. » (Casimir, c’est M.  […] Quand elle écrit à M.  […] Ce n’est point pour la gloire qu’elle se promettait d’écrire et qu’elle a écrit, c’est pour le magot.

127. (1938) Réflexions sur le roman pp. 9-257

Benoit ait écrit des romans en français. […] À vingt ans elle eût probablement écrit comme George Sand. […] Aujourd’hui c’est enlevé et liquidé, on n’écrit plus et sans doute on n’écrira plus jamais de drames romantiques. […] Gabriel Thyébaut, ce naturaliste idéal qui aussi, écrit M.  […] Estaunié a voulu écrire le drame de l’âme humaine.

128. (1939) Réflexions sur la critique (2e éd.) pp. 7-263

On ne parle pas comme on écrit, on n’écrit pas comme on parle. […] Écrit-on à des nègres ? Écrit-on même pour des nègres ? […] Il tourne comme Flaubert écrit. […] Daudet s’est amusé à l’écrire plus peut-être qu’à écrire un roman.

129. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — II. (Lettres écrites du donjon de Vincennes.) » pp. 29-50

(Lettres écrites du donjon de Vincennes.) […] Le recueil de lettres qu’il écrivit alors a paru en 1792, moins d’un an après sa mort. […] Ce qu’il y a de moins bon dans les Lettres écrites du donjon de Vincennes, ce sont précisément les lettres d’amour. […] Son père et son oncle le bailli écrivaient sur ce pied-là. […] Il écrivait sans cesse, ne lisait que plume en main, et s’intéressait à tous sujets.

130. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre X. Première partie. Théorie de la parole » pp. 268-299

La création tout entière est une manifestation de la parole divine, divine, pensée de Dieu écrite. […] Les royaumes de Chypre et de Jérusalem ont eu des lois écrites en français. […] Elle a dit formellement qu’il était utile de remédier aux dangers de la parole écrite par les moyens mêmes de la parole écrite. […] Hérodote, quoiqu’il eût écrit en prose, lisait son histoire à la Grèce assemblée. […] Les philosophes discouraient en présence de leurs disciples, et Socrate n’écrivit point.

131. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Louandre »

Le rationalisme n’est qu’une tendance, une fausse tendance qu’on n’a point en vain, et qui, s’emparant d’un esprit constitué d’origine pour tout ce qui est large, droit et profond, devait nécessairement faire tort aux facultés que Louandre a surtout reçues pour écrire l’histoire. […] Même en acceptant pour un moment les grêles proportions de son livre, est-ce vraiment une histoire de la Sorcellerie qu’il a voulu écrire, ou une de ces dissertations prétendues rationnelles, qui passent par-dessus les faits et les questions un regard si rapide qu’il ne les voit plus ? […] Or, sans se préoccuper en ce moment du fond des choses, c’est-à-dire des jugements et des conclusions de l’auteur, nous affirmons qu’indépendamment de toute conclusion et de tout jugement il y avait là une grande et intéressante histoire à écrire, et que jamais moment n’aurait été mieux choisi pour la publier. […] À notre sens, il y avait donc deux manières d’écrire ou de concevoir cette histoire de la Sorcellerie qui n’a pas encore été carrément abordée, malgré l’essai de Walter Scott, et qui, riche en détails, en monographies, ressemble à un bloc de marbre dégrossi attendant le ciseau du maître ! Ou il fallait l’écrire en philosophe, ou il fallait l’écrire en poète : en philosophe, qui distingue sous les faits leur racine dans la constitution même de l’esprit humain et le mystère à moitié éclairé de sa destinée, ou en poète, qui ne voit que la toute-puissance des faits et la fascination qu’ils exercent.

132. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — II. (Fin.) » pp. 308-328

Ce sont des livres écrits à propos de livres. […] En ouvrant aujourd’hui les volumes de Grimm, n’oublions pas que ses feuilles ont été primitivement écrites pour des étrangers. […] Après tout ce qu’on a écrit de l’auteur des Essais, il trouve à en dire des choses que nul n’a si bien touchées. […] Au lieu de cela, il a observé une réserve digne ; il s’est borné à donner les traits principaux du caractère, et il a discuté de près les écrits. […] J’abrège, mais je note le ton de la conversation telle qu’elle est écrite par Grimm à la date de janvier 1757.

133. (1896) Écrivains étrangers. Première série

Il écrivait des lettres sous leur dictée. […] Le comte Tolstoï écrit trop, il écrit trop vite, et trop au hasard des occasions. […] Et vous, dites-moi, vous écrivez, sans doute ? […] moi, je n’écris plus ! […] À quoi bon écrire !

134. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

Mais ces critiques n’écrivent pas : s’ils n’écrivent pas comment critiquent-ils ? […] Teste, non seulement il n’écrit pas : pas davantage il ne lit. […] Le critique de journal, le critique du jour, écrit pour être lu, il n’écrit guère pour être relu. […] Je veux écrire aujourd’hui dix pages sur Fontenelle. […] Quiconque écrit et écrira sur Mireille restera tributaire du célèbre article de 1859.

135. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE STAEL » pp. 81-164

Ils n’eussent pu être écrits auparavant ; ils n’eussent pu l’être ensuite sous l’Empire. […] Des critiques (et elles sont imprimées) accusaient Boileau de ne pas écrire en français ! […] Une personne d’esprit écrivait : « Comme j’aime certaines poésies ! […] Ici se dénote chez elle, remarquons-le bien, un souci croissant de la moralité dans les écrits. Un écrit n’est suffisamment moral, à son gré, que lorsqu’il sert par quelque endroit au perfectionnement de l’âme.

136. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — I. » pp. 322-340

Il les aura sans doute retirées des mains de ceux à qui il les avait écrites pour en faire ainsi collection, ou bien il les a refaites et corrigées à loisir, d’après ses propres brouillons conservés. […] C’est à lui qu’il écrivait de Rome, le 8 janvier 1799, la première lettre (retouchée sans doute depuis) où son talent s’offre à nous dans tout son relief et toute sa grâce. […] Lisant en 1812, à Frascati, les articles du docte et fin Boissonade dans le Journal de l’Empire, il lui écrivait : Courage, monsieur ! […] Courier, qui n’a vu de la guerre que ce côté désastreux et cette lisière délabrée, juge par là de tout le reste : C’est là néanmoins l’histoire, écrit-il au docte critique Sainte-Croix, l’histoire dépouillée de ses ornements. […] Dans ce royaume de Naples, où il campe et chevauche à l’aventure, il écrit un jour à Clavier (juin 1805) : Un morceau qui plairait, je crois, traité dans le goût antique, ce serait l’expédition d’Égypte.

137. (1907) Jean-Jacques Rousseau pp. 1-357

Puis, Rousseau écrit ses confessions de mémoire ; il en écrit les premiers livres quarante, trente et vingt ans après les événements. […] C’est ce petit Genevois qui écrira le Contrat social. […] écrit-il, c’était alors le moment d’acquitter ma dette. […] Rousseau écrit cela vingt ans après les événements.) […] Il écrit à madame d’Houdetot des lettres brûlantes.

138. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XVI »

Les images ont une grande importance dans l’art d’écrire. […] On n’a pas besoin de preuves et l’on brave la contradiction quand on affirme à priori : « On n’apprend pas à écrire ; le style est un don ; on a du talent ou on n’en a pas ; la vocation est tout, etc. » Au premier abord, rien n’est plus vrai. […] De là notre désaccord avec les purs théoriciens qui voudraient rendre l’art d’écrire inaccessible et indémontrable. […] Tout cela, néanmoins, serait excellent, si l’art d’écrire pouvait s’assimiler à la serrurerie ou au charronnage. […] Le lecteur en jugera : J’ai dit, page 287 de l’Art d’écrire, que « pour trouver des images ou les rendre saillantes quand elles ne le sont pas, le travail et la refonte sont les deux grands moyens après le génie naturel ».

139. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Mme de Genlis. (Collection Didier.) » pp. 19-37

Grâce à Dieu, nous n’écrivons point sa vie ; ce serait une tâche trop délicate, trop périlleuse. […] M. de Sauvigny (littérateur d’alors spirituel et pas trop médiocre) me guidait dans mes lectures : je faisais des extraits ; j’avais trouvé dans les offices un grand in-folio destiné à écrire les comptes de la cuisine ; je m’en étais emparée, et j’écrivis dans ce livre un journal très détaillé de mes occupations et de mes réflexions, avec l’intention de le donner à ma mère quand il serait rempli. J’y écrivais tous les jours quelques lignes, et quelquefois des pages entières. […] Tout lui était matière à écrire et à faire un traité. […] Enfin, sous la Restauration, Mme de Genlis ne discontinua pas d’écrire ; mais ses écrits d’alors, productions trop faciles d’une plume qui ne s’était jamais contenue, et qui s’abandonnait plus que jamais à ses redites, reproduisent, en les exagérant, tous les défauts de son esprit et de sa manière.

140. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Préface »

La direction du nouveau Journal officiel, où il avait refusé d’écrire, s’en émut. […] Sainte-Beuve écrivait à M.  […] Il en aurait peut-être écrit, lui-même, à un moment donné, le récit dans un de ses livres. […] « … On rougirait, écrivait M.  […] Edmond Scherer, qui avait écrit dans le journal le Temps un article sur moi.

141. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mme de Graffigny, ou Voltaire à Cirey. » pp. 208-225

Sa vie était un roman plus touchant sans doute que ceux qu’elle a écrits. […] Il écrivait naïvement à Formont : « Que vous êtes sage, mon cher Formont ! […] Les jours suivants, Mme de Graffigny écrit toutes ses impressions à un ami d’enfance, un M.  […] C’est là que cette femme singulière, et supérieure bien plus qu’aimable, passait les nuits à l’étude, à approfondir la géométrie et à écrire sur la physique. […] s’écriait-il, allons, madame, écrivez qu’on vous renvoie l’original et les copies. » La pauvre femme ne comprenait pas bien et ne savait que répondre. — « Eh !

142. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre V. Mme George Sand jugée par elle-même »

— Mais nous sommes si peu ce que vous dites, que vous, — vous écrivez toujours et que personne ne vous arrête ! […] Elle écrit ceci, parce qu’il fait froid et qu’elle est triste (c’est Leone Leoni). Elle écrit cela parce qu’elle a entendu commérer deux femmes de chambre (et c’est André !). […] Page curieuse de l’histoire littéraire à écrire ! […] qu’elle n’a pas écrit les bulletins de Ledru-Rollin !

143. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Femme au XVIIIe siècle » pp. 309-323

Ils écrivirent : Les Maîtresses de Louis XV, — Portraits intimes du xviiie  siècle, — et cette Femme au xviiie  siècle 29. […] Ils écrivirent, à diverses époques : Charles Demailly, Manette Salomon, Madame Gervaisais, Renée Mauperin, Germinie Lacerteux, Sœur Philomène. […] MM. de Goncourt ont compris les goûts de leur temps, ou plutôt ils les ont partagés, si même ils ne les ont subis ; et j’avais raison tout à l’heure de dire qu’avant eux, et avant que les choses de l’art eussent parmi nous leur toute-puissance, personne n’avait pensé, comme eux, à faire tenir toute l’histoire d’un temps dans un catalogue de peinture, et à l’écrire comme Diderot écrivait son Salon. […] » Et voilà comme ils peuvent, quand ils le veulent, écrire l’histoire, MM. de Goncourt ! […] Ils auraient peut-être tort maintenant… Dans ce temps-là, ni l’un ni l’autre de ces Goncourt qui ont écrit le livre de La Femme au xviiie  siècle n’eût voulu descendre de cette conception littéraire, qui repousse l’ordure, l’observation, l’étude de l’ordure, comme indigne de l’esprit humain, et n’aurait voulu écrire La Fille Élisa !

144. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « X »

Ou plutôt est-ce aux hommes qui écrivent sous l’effet d’une vocation, d’une nécessité particulière ? […] Il faut autant d’inspiration pour écrire que pour réécrire une page. […] C’est cela surtout qui est important ; c’est cela qui fait le fond de l’art d’écrire ; et c’est bien aussi sur ce point que nous avons le plus insisté dans nos livres. […] Il y en a de beaucoup plus sérieuses, qui dominent l’art d’écrire. […] Lanson, qui est l’auteur d’un volume insignifiant intitulé : Conseils sur l’art d’écrire.

145. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (3e partie) » pp. 5-96

Il a écrit Faust, et il l’a écrit toute sa vie. […] Tout au plus une page de manuscrit, dans le jour le plus favorisé ; mais ordinairement ce que j’écris pourrait s’écrire dans la paume de la main, et bien souvent, quand je suis dans une veine de stérilité, j’en écris encore moins ! […] On écrit d’après un système, il faut connaître son sujet. […] Je n’ose écrire ce qui fut dit ; d’ailleurs, je n’en vois pas l’utilité. […] C’est le livre le plus affreux qui ait jamais été écrit !

146. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVI. De l’éloquence et de la philosophie des Anglais » pp. 324-337

Les écrits de Bacon caractérisent son génie plutôt que son siècle. […] Ils écrivent pour l’instruction et la méditation, mais ils ne songent point à captiver l’intérêt ’ en même temps qu’ils sollicitent l’attention. […] Ayant plus souvent servi aux affaires qu’à la littérature, elle manque encore d’un très grand nombre de nuances ; et il faut beaucoup plus de finesse et de correction dans une langue pour bien écrire en prose que pour bien écrire en vers. […] Les Anglais se transportent dans le monde idéal de la poésie, mais ils ne mettent presque jamais de chaleur dans les écrits qui portent sur les objets réels. […] Les Lettres de Junius sont l’un des écrits les plus éloquents de la prose anglaise.

147. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Lettres de m. l’Abbé Sabatier de Castres ; relatives aux trois siecles de la littérature françoise.ABCD » pp. -641

Je dois à se Ecrits les plus heureux momens de ma vie. […] C'est grand dommage qu'il ait écrit l'Histoire ! […] nous écrivons différemment l'Histoire. […] j’en suis assuré, il ne pense pas ce qu’il écrit. […] Je ne pouvois soutenir long-temps la lecture de leurs Ecrits, mais je m’en prenois à mon peu d’intelligence.

148. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Eugène Fromentin ; Maxime du Camp »

que faut-il pour écrire un livre de voyage ? […] Eugène Fromentin, qui a écrit le livre de tout le monde, n’est pas tout le monde cependant. […] Ce que j’écris ici n’est pas littéraire, et n’a pas besoin de l’être, du reste. […] Il l’est à la façon d’un homme qui a eu, dans l’ordre du temps, l’héroïque initiative d’écrire l’histoire qu’il a écrite, — le premier de tous et à la première heure, les pieds et la main encore dans les flammes de cette histoire qui, désormais, dans le souvenir des hommes, ne s’éteindra plus ! […] c’est là un immense bonheur pour un historien d’écrire le premier une histoire qui n’existait pas hier, comme du Camp a écrit la sienne quand tout en brûlait et en fumait encore… Pour un historien, il n’y a pas de bonheur plus grand.

149. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces diverses — Préface du « Rhin » (1842) »

Le soir venu, il entre dans une auberge, et, pendant que le souper s’apprête, il demande une plume, de l’encre et du papier, il s’accoude à l’angle d’une table, et il écrit. […] Depuis douze ans, il a écrit ainsi force lettres sur la France, la Belgique, la Suisse, l’Océan et la Méditerranée, et il les a oubliées. […] Les lettres qu’il avait écrites durant son voyage se présentèrent alors à son esprit. […] Il s’est donc déterminé à les publier telles à peu près qu’elles ont été écrites. […] Dans la Lettre quatorzième l’auteur a écrit l’hérésiarque Doucet où il eût fallu écrire l’hérésiarque Doucin.

150. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXII. La comtesse Guiccioli »

… Je pensais alors à ce qu’aurait dû être un livre sur Byron, écrit par la seule personne qui, dans l’univers du présent, comme dans l’univers de l’avenir, eût pu l’écrire, si elle avait osé ! […] Dans ce livre écrit par une femme qui doit tout savoir de l’homme dont elle parle, puisqu’elle l’aima et en fut aimée, il n’y a pas même une vue, une pensée, une observation sur cet homme qui puisse ajouter à ce que nous en savons. […] la cause de ce déchet d’un livre médiocre, sur un homme de génie, par l’être qui devait trouver, pour en parler, des accents de génie dans le fond de son propre cœur, — oui, la cause de ce triste phénomène d’un livre, écrit et pensé comme l’eût écrit et l’eût pensé le premier bas-bleu venu, c’est uniquement le bas-bleuisme. […] … Toujours est-il que la femme la moins née pour écrire, écrivit. […] C’est une de ces femmes-là, qui, seule, pouvait écrire le livre que voici, fade et myope, sur un aigle désaccouplé qui n’a rien trouvé qu’une pigeonne où il croyait peut-être trouver une femelle de son espèce et de sa race.

151. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’empire russe depuis le congrès de vienne »

Or, s’il n’y en a pas en Russie, il n’y a pas d’histoire de Russie en Europe, car l’histoire d’une nation commence toujours de s’écrire entre ses quatre frontières. Quand on l’écrit au-delà, on l’écrit du dehors au dedans, on est dupe de la perspective, on ne sait qu’à peu près les choses ; on l’écrit à l’usage d’un dauphin quelconque (ad usum Delphini). […] Qui oserait écrire des Mémoires à Saint-Pétersbourg ? […] Les Russes écrivent peu ; nous en avons dit les raisons. […] Ne pas perdre de vue l’époque où ceci a été écrit.

152. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — III » pp. 81-102

Dans le journal de ses dernières années, écrit ou dicté par lui, il ne dit de mal de personne, et y nomme même Saint-Simon à la rencontre, indifféremment. […] Avec un prince souverain qui était son allié et à qui il écrivait Mon frère, Louis XIV n’entendait pas que même son général le prît sur un autre ton que celui du respect. […] M. d’Usson, qui écrivit directement au roi et dont le courrier même devança à Versailles celui de Villars, essaya de se donner l’honneur de la journée ; les envieux voulurent faire de lui le M. de Magnac de la nouvelle victoire. […] Entre les deux généraux en chef rivaux, les procédés d’ailleurs étaient sur un pied de chevalerie courtoise : « M. de Marlborough, écrivait Villars, m’a envoyé quantité de liqueurs d’Angleterre, de vin de palme et de cidre ; on ne peut recevoir plus d’honnêtetés. […] Il en écrivit à Chamillart, à Mme de Maintenon ; à celle-ci il disait : Je m’offrirais, madame, et mon zèle me ferait servir sous tout le monde : mais j’aurai l’honneur de vous dire, avec la même liberté, que je ne suis pas un trop bon subalterne.

153. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La femme au XVIIIe siècle, par MM. Edmond et Jules de Goncourt. » pp. 2-30

On dirait par moments qu’ils sont deux à écrire, tant leur phrase est piquée, excitée, et a des redoublements de galop ! […] Un jour qu’elle avait écrit à Voltaire une longue lettre à l’occasion de sa tragédie d’Oreste, il paraît qu’elle avait écrit Èlectre avec deux t, et Voltaire, pour toutes raisons, lui aurait répondu : « Madame la duchesse, Èlectre ne s’écrit pas par deux t. […] Que tout ceci demeure entre nous ; car vous savez que je crains les tracasseries autant que vous. » On s’écrit des lettres pour être montrées, et l’on s’en écrit d’autres où l’on met sa pensée secrète. « Mme de Luxembourg partit lundi pour Chanteloup, écrit Mme du Deffand à Walpole ; elle y restera huit jours. […] Société française, ancienne société tant regrettée, — non pas celle que je vois déplorer chaque jour dans des écrits bruyants, avec de grands hélas !

154. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.) »

Voilà bien t’entretenir. » L’apologie est un peu longue ; je n’ai pas promis qu’elle serait élégante ; il manque un coup de rabot à cette façon d’écrire de Catinat ; mais on a l’homme, on a la forme d’esprit, on a les raisons. […] Catinat, qu’on avait laissé en sentinelle à la frontière durant tout l’hiver, ne reçut que plus tard les dernières instructions de Louis XIV écrites au pied levé et au moment même où le roi partait pour l’armée de Flandre (10 mai). […] pour le coup, écrit-il à son frère, je crois que me voilà bien achevé d’être brouillé avec Rubentel : après ce qui vient d’arriver, il n’y a plus de retour ; je l’ai trop offensé. ». […] Il écrivait à son frère, du camp de Fénestrelles, le 29 juillet 1693 : « J’ai envoyé un courrier exprès pour avertir le roi que Pignerol était investi. […] On aura déjà remarqué que, dans sa langue inélégante mais saine, Catinat prend volontiers les mots dans une acception un peu plus ancienne que sous Louis XIV ; quand il écrit, il est comme Vauban, un peu suranné de langage.

155. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DE LA LITTÉRATURE INDUSTRIELLE. » pp. 444-471

Sous la Restauration on écrivait sans doute beaucoup et de toute manière. […] Paupertas impulit audax, nous dit Horace, et Le Sage écrivait Gil Blas pour le libraire. […] Ce sera de moins en moins un trait distinctif que d’écrire et de faire imprimer. […] On a une famille, on s’est marié par amour, la femme sous un pseudonyme écrira aussi. […] Et moi qui écris ceci, ajoute Pascal… Et moi-même qui écris ceci, doit-on se dire lorsqu’on écrit sur ceux qui écrivent un peu pour vivre.

156. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Condorcet, nouvelle édition, avec l’éloge de Condorcet, par M. Arago. (12 vol. — 1847-1849.) » pp. 336-359

Quand on vient, comme moi, de lire les écrits du Condorcet révolutionnaire, non pas les écrits recueillis dans cette édition de famille, et les seuls dont M.  […] Necker, au point d’écrire à Voltaire (25 octobre 1776) : « Vous savez, mon illustre maître, ce qui vient de nous arriver. […] Tout ce qui n’est pas de l’avis et du bord de celui qui écrit, est vite appelé canaille en toutes lettres. […] (écrit-il à la date du 2 août 1792), il faut joindre celle de M.  […] Il est possible que cela ne les convainque pas encore : permis à elles de croire que Condorcet écrivait et signait ce qu’il ne pensait pas.

157. (1929) Amiel ou la part du rêve

Je l’activerai, et mettrai tout par écrit. […] Plus tard il écrira que de toute la littérature genevoise l’Allemagne est le livre qu’il aimerait le mieux avoir écrit. […] Lui-même l’a écrit en 1870. […] On s’écrit beaucoup. […] Il avait écrit au professeur, qui avait répondu.

158. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Ma biographie »

Sainte-Beuve écrivit à M.  […] Sainte-Beuve écrivit sur lui-même dans une seconde lettre à M.  […] Sainte-Beuve a écrit dessus de sa main : « Lettre de M.  […] Madame, je n’ai point écrit en réponse à votre lettre du dernier trimestre. […] — Vous avez la bonté de m’écrire que jamais vous n’oublierez notre maison.

159. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « VI »

On sait qu’à force de volonté et de travail Taine changea sa manière d’écrire et réussit à se faire un style coloré et plastique. […] Pour apprendre à écrire, nous l’avons toujours dit, il faut évidemment avoir d’abord des dispositions, et l’on ne forme son style que si l’on a des aptitudes à le former. […] Vouloir, c’est essayer de voir, de sentir, d’écrire autrement, trois choses qui ne se séparent point et que nous n’avons point séparées, quoi qu’on prétende. Il ne s’agit pas de dire : « Taine a écrit en coloriste parce qu’un beau jour il s’est reconnu coloriste. » Non, Taine a voulu peindre ; il a voulu colorer, et il a essayé, il a travaillé, il a lu, il s’est assimilé les auteurs, et c’est ainsi qu’il s’est découvert un talent qu’il n’aurait peut-être pas soupçonné sans cela.‌ […] Je vais m’y exercer et, dans tant de mois j’en serai maître24. » Quoi qu’on puisse dire, l’homme qui a écrit ces lignes croyait à l’enseignement du style.

160. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Joseph de Maistre »

« C’est cependant drôle qu’un catholique ne puisse pas écrire au Pape ! […] mon cher comte, promettez-moi qu’avec votre plume si acérée vous n’écrirez jamais contre M.  […] La solitude entête ; l’aurore boréale illumine ; il écrit n’étant qu’à un pôle. […] Je voulais et je ne voulais pas vous écrire, je voulais et je ne voulais pas aller à Czarskozélo… Ah ! […] Sur un exemplaire de ce philosophe, il avait écrit en tête : Placo putrefactus.

161. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VII. Les poëtes. » pp. 172-231

Il en copiait les lettres, et ainsi apprit à écrire. […] Au fond, il n’a point écrit parce qu’il pensait, mais il a pensé afin d’écrire ; le papier noirci et le bruit qu’on fait ainsi dans le monde, voilà son idole ; s’il a fait des vers, c’est tout bonnement pour faire des vers. […] Ils ne se débarrassent pas de la draperie classique ; ils écrivent trop bien, ils n’osent pas être naturels. […] Ils écrivent sans fanatisme ni préjugés. […] Une femme de chambre sous Louis XIV, dit Courier, écrivait mieux que le plus grand écrivain d’aujourd’hui.

162. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXIXe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin (2e partie) » pp. 321-384

À présent, seule, en repos dans ma chambrette, je lirais, j’écrirais beaucoup, je ne sais sur quoi, mais j’écrirais. […] Mais aussi j’ai besoin d’écrire et d’un confident à toute heure. […] tant de choses qu’on voit, qu’on touche, qu’on sent, feraient écrire des volumes. […] « Que s’est-il passé aujourd’hui pour l’écrire ? […] C’est un charme d’écrire dans ces parfums, d’y prier, d’y penser, d’y laisser aller l’âme.

163. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — II » pp. 375-394

Au moment du départ, et lorsque le prince était encore en Suède, Frédéric lui écrivait (12 août 1770) : « Vous apprendrez à connaître là bien des gens dont nous avons besoin. […] Dans une lettre du prince Henri, du 8 janvier 1771, une espèce de post-scriptum, écrit en revenant d’une soirée chez l’impératrice, nous montre comment fut jeté, d’un air de plaisanterie, le premier propos du partage de la Pologne. […] Il lui écrivait, le 18 février 1776 : Mon très cher frère, on ignore le moment de sa mort ; mais on est obligé à prévenir tant que l’on peut les malheurs qui peuvent arriver dans la suite. […] Il entre à ce propos dans des détails de santé qui sont en effet très peu militaires, et qui paraissent à celui même qui les écrit trop peu nobles pour ne pas devoir être exacts. […] Ainsi, sur l’opinion d’une autre vie : Tout homme qui y croit, écrit-il à Frédéric (30 novembre 1781), qu’il soit dans l’erreur ou non, a certainement un motif de plus pour être un citoyen honnête.

164. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers (suite.) »

« J’ai des reproches à vous faire, Monsieur, de ne m’avoir pas écrit personnellement. […] J’ai visité votre chambre, votre cabinet, j’ai ouvert vos armoires : je désirais de trouver quelques lignes écrites de votre main. […] Vous n’avez aucun revenu, vous ne voulez plus écrire : comment pourrez-vous vivre, si vous vous obstinez à refuser à vos meilleurs amis le plaisir et la gloire de vous secourir ? […] — Mme de Bouffiers, comme elle vient de le dire, avait déjà écrit à M.  […] J’ai désapprouvé l’écrit à votre ministre29 : vous l’avez défendu.

165. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre VI. Des Livres qui traitent de la Rhétorique. » pp. 294-329

Je commencerai la liste de leurs écrits par l’ouvrage que M. […] Cet écrit est à peu-près du même mérite que le précédent ; il est rempli d’idées fausses & écrit d’un style encortillé. […] Tout est écrit de ce style pédantesque. […] Il vaut mieux dire quelque chose des écrits sur l’éloquence du Barreau. […] Ces deux écrits terminent le volume.

166. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VII. Mme de Gasparin »

Une femme seule a pu écrire ce livre et s’en cacher. […] C’est l’histoire de la femme qui a écrit les Horizons prochains. […] Cette femme ne décrit point pour écrire. […] Elle écrit pour entraîner les âmes du côté où elle croit la vérité. […] Mais celle qui l’a écrit n’a pas peur de ce mot, méprisé par la raison.

167. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Le comte de Gobineau » pp. 67-82

Il a écrit l’Histoire des Perses. Il a écrit Céphalonie, Naxie et Terre-Neuve. Il a écrit Les Pléiades. Que n’a-t-il pas écrit ! […] C’est déjà beau et difficile que cette manière d’écrire l’Histoire, et l’homme qui réussit à l’écrire est aussi grand qu’elle.

168. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Raymond Brucker. Les Docteurs du jour devant la Famille » pp. 149-165

Écrit vers 1844, il fit brèche contre les philosophies et les politiques de perdition qui tenaient déjà le mondé et qui le lâchèrent un instant, épouvantées de ce qui restait encore d’âme à la France. […] Mais il n’écrivait plus ; il avait donné sa démission de la littérature… L’ancien éventailliste du premier Figaro, dégoûté des Célimènes et des journaux pour lesquels il avait travaillé, dégoûté même des livres qu’il avait écrits, dégoûté des philosophies par lesquelles il avait passé, s’était fait chrétien pour en finir avec tous ces dégoûts, qui sont les égouts de nos cœurs… Il était devenu chrétien, — mais le christianisme de Brucker n’était pas ce haut balcon d’où l’on peut cracher sur le monde méprisé. […] C’est pour cela que, de bonne heure, il dédaigna d’écrire… et que les livres qu’il a laissés ne donnent pas la mesure de la force de son esprit. […] Il ne fut pas long à écrire. […] … La société actuelle est descendue dans le mal d’autant de marches qu’elle a descendu d’années depuis le temps où Raymond Brucker écrivait les Docteurs du jour.

169. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Christophe »

Selon moi, les écrivains n’ont pas plus à défendre ce qu’ils ont écrit que les gouvernements ce qu’ils ont ordonné. Si ce qu’ils ont écrit est vrai et beau, la critique se brisera ou s’usera sur ce marbre. Si, au contraire, ce qu’ils ont écrit est faux ou médiocre, la défense qu’ils feront de leur livre ne le sauvera pas. […] Mais quand il défend la Papauté dont il écrit l’histoire, il se relève, il fait une chose aussi noble qu’utile. […] » Mais, celui-là, l’abbé Christophe ne l’écrira pas.

170. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Raymond Brucker » pp. 27-41

Brucker n’a pas fait l’Encyclopédie, et nous l’en félicitons de tout notre cœur, mais c’est un esprit encyclopédique et qui a encyclopédiquement écrit. […] Tous deux, ils ont écrit des romans, des dissertations, des œuvres de théâtre, de la critique, du dogme et des prospectus pour des marchands de foin. […] Quand il écrivait pour dix-huit louis dix-huit sermons, il se moquait de lui-même et de l’homme qui les lui payait, tandis que M.  […] Il faut excepter Balzac, qui n’y écrivit pas : hasard étrange pour qui connaît, comme nous, l’ubiquité littéraire de Balzac. […] Brucker écrivit avec M. 

171. (1923) Au service de la déesse

» Voilà ce que Wolf écrivait en 1795. […] On écrivait des romans, avant eux ? […] Comment écrit M.  […] Une machine à écrire. […] le « jeu d’écrire » les engage à une modestie meilleure.

172. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mme du Châtelet. Suite de Voltaire à Cirey. » pp. 266-285

Il semble avoir été tracé par une Furie à froid, qui sait écrire, et qui grave chaque trait en trempant sa plume dans du fiel ou dans du vitriol. […] Nous pouvons la juger directement par des lettres d’elle, par des écrits de morale où elle se peint. […] Mme du Châtelet, dans l’ardeur de son inquiétude, écrit au tendre ami de son ami, à M. d’Argental, pour qu’il éclaircisse l’affaire et qu’il ménage le retour de celui sans qui elle ne peut vivre. […] Nous en retrouvons la trace et le témoignage dans un petit traité qu’elle écrivit vers ce temps Sur le bonheur. […] … Vous m’écrirez sans doute, mais vous prendrez sur vous pour m’écrire… J’ai bien peur que votre esprit ne fasse bien plus de cas d’une plaisanterie fine, que votre cœur d’un sentiment tendre ; enfin, j’ai bien peur d’avoir tort de vous trop aimer.

173. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

« Pourquoi vous l’écrire ? parce que rien n’est plus difficile pour moi que d’écrire en ce moment. […] Écrire autrement, c’est mentir, — chose impossible avec vous. […] Mme Tastu écrivit à M.  […] Sainte-Beuve, et qu’on dirait avoir été écrite instantanément sous l’inspiration de cette fin d’article.

174. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur de Latouche. » pp. 474-502

Puis il écrivait, et quelques jolis traits seulement surnageaient dans une phraséologie négligée, incorrecte, obscure. […] Si, dans sa vie, il songea beaucoup à la poésie et à la gloire, il commença par beaucoup écrire pour les libraires. […] Bert) ; les Dernières lettres de deux amants de Barcelone (1821), supposées écrites pendant la peste de cette ville. […] Ganganelli le presse : Je vais te faire, lui écrit-il, une prière que tu ne refuseras pas. […] C’est ce qu’on pouvait écrire de plus favorable sur lui.

175. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Félix Rocquain » pp. 229-242

C’était là toute l’histoire qu’il fallait écrire. […] Il écrit les faits — tous les faits — et, chose particulière ! […] À de certaines places, c’est tantôt un huissier de Parlement qui écrit cette histoire ; c’est tantôt un marguillier janséniste. […] Il ressemble à une personne qui mettrait un masque, et qui écrirait loyalement au front de ce masque : « Ne vous y méprenez pas ! […] C’est avec les citations tirées des Mémoires ou des écrits de ces gens-là, que l’histoire de M. 

176. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIIe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin » pp. 225-319

S’il eût consulté une femme, Platon n’aurait pas écrit cela : tu le penses bien ? […] Ensuite, du repos ; j’ai écrit à Antoinette. […] « Il faut que j’écrive à Louise. […] J’écoute tout cela de ma fenêtre inondée, et je n’y puis écrire comme chaque soir. […] Jour de deuil, écrit Eugénie.

177. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — II. (Fin.) » pp. 254-272

Ce naturel, il l’avait de son vivant dans sa personne : aujourd’hui il ne semble pas toujours l’avoir dans son style qui n’est que de la conversation écrite, ni dans ses lettres même ou dans les mots qu’on cite de lui, dans ce qui ne vit plus. […] Le prince de Ligne y contribua ; il confesse tout ce manège, non pas dans ses lettres à la marquise de Coigny, écrites sur le moment et faites pour être vues, mais dans une relation écrite plus tard après l’événement, et qui peut se lire dans le XXIVe tome de ses Œuvres. […] Parlant de ce même M. de Meilhan, qui avait eu l’idée d’écrire l’histoire de l’impératrice Catherine, le prince de Ligne disait en l’y encourageant : « Il faut être homme de bonne compagnie pour écrire l’histoire. » Cependant de grandes choses se faisaient à la guerre, et le prince de Ligne n’en était pas. […] Il lisait, il écrivait chaque matin à tout hasard ; il faisait imprimer ses Œuvres trop mêlées et trop noyées, toutes criblées des fautes de l’imprimeur, sans parler des siennes. […] [NdA] Il a écrit à Catherine, sur la mort de Joseph II, une lettre qui a mérité de devenir historique.

178. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — II » pp. 414-431

Elle lui avait offert de tenter une voie de conciliation du côté de la France : Votre courrier ne m’est parvenu qu’à présent, lui écrit-il (28 juin). […] Vous pourriez bien, écrit-il à ce Tronchin (27 septembre 1757), me faire un plaisir en vous confiant à mon amitié et à ma discrétion. […] J’imagine que si elle écrivait directement au roi une lettre touchante et raisonnée, et qu’elle adressât cette lettre à la personne dont je vous parle, cette personne pourrait, sans se compromettre, l’appuyer de son crédit et de son conseil. […] Au nom de Dieu, faites-moi écrire un mot. Je ne sais ce que j’ai écrit ; j’ai le cœur déchiré, et je sens qu’à force d’inquiétude et d’alarmes, mon esprit s’égare.

179. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « La princesse des Ursins. Ses Lettres inédites, recueillies et publiées par M. A Geffrot ; Essai sur sa vie et son caractère politique, par M. François Combes » pp. 260-278

Pardon si je n’ai pu m’empêcher d’exhaler une souffrance que j’ai tant de fois éprouvée (et je ne suis pas le seul) en lisant des écrits modernes qui traitent du xviie  siècle. […] J’avais prévu cette soumission de son Altesse Royale, et je ne me suis hasardée de lui écrire que pour ne manquer à rien dans une affaire que j’ai si fort à cœur. […] Mme des Ursins écrit bien ; elle écrit d’un grand style, sa phrase a grande tournure, et pourtant on s’aperçoit à certains mots, à certaines locutions qui échappent à sa plume, qu’elle est, depuis des années, absente de France et qu’elle est rarement venue s’y retremper. […] Ainsi elle écrira (page 381) : « Je m’étais bien flattée, madame, que le bruit qui s’était épanché de mon retour en France…. » Épanché pour épandu. […] À l’électrice Sophie de Brunswick, elle écrivait en 1698 : «… Je différerais même encore de me donner l’honneur d’écrire à Votre Altesse électorale, si je ne trouvais une espèce de consolation à entretenir une grande princesse qui est plus propre qu’une autre à me compatir par la bonté de son cœur et par l’amitié dont elle m’honore. » — Ô pure langue française, que tu es donc une chose délicate et fugitive pour que Mme des Ursins elle-même ait pu t’oublier et t’offenser quelquefois !

180. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre dixième »

Buffon, traçant un portrait du caractère moral de la race nègre, avait dit : « Je ne puis écrire leur histoire sans m’attendrir sur leur état. […] Est-ce bien un naturaliste qui a écrit ceci : « Ces tristes oiseaux d’eau dont on ne sait que dire, et dont la multitude est accablante ?  […] On trouve du moins avec soulagement, dans cet admirable livre, écrite à plus d’une page, sinon la foi en Dieu, du moins l’idée de Dieu. […] C’est ce qui explique qu’aux époques où fleurit cette manière d’écrire, elle ait tant d’imitateurs. […] Quand il remarque que, faute d’avoir assez réfléchi sur son sujet, un homme d’esprit se trouve embarrassé et ne sait par où commencer à écrire, le conseil n’est-il pas aussi bon pour les actions que pour les écrits ?

181. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVI » pp. 413-441

Vous n’en retrouverez rien dans La Bruyère, qui, plus varié que Molière, a écrit sur tous les tons et peint toutes sortes de caractères. […] C’est à de tels lecteurs que j’offre mes écrits. […] Elle écrivait à madame de Grignan : « Les personnes innocentes qui chantent les malheurs de Sion (dans les chœurs) sont une convenance qui charme dans cette pièce. […] Madame de Sévigné, capable d’écrire et qui a écrit des phrases dignes de Racine par leur tendresse et leur pathétique, était assurément aussi capable que La Harpe d’apprécier les beaux traits de cet admirable poêle. […] Le témoignage public de l’affection de La Fontaine pour madame de Sévigné suffirait pour démentir les écrivains qui la supposent décriée dans les écrits d’un des quatre amis.

182. (1924) Souvenirs de la vie littéraire. Nouvelle édition augmentée d’une préface-réponse

Il racontait comme il écrivait. […] Vous savez que je n’écris jamais rien. […] Et qui sait si, vous-même, vous n’écririez pas un peu moins mal, si vous vous efforciez d’écrire mieux. […] Si au lieu d’écrire trente volumes, j’en avais écrit trois, je serais peut-être un bon écrivain. […] Elle écrit.

183. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE CHARRIÈRE » pp. 411-457

L’on m’écrivit une lettre anonyme très-fâcheuse, où l’on me dit de très-bonnes bêtises. […] Tous ces jours je me suis arrangée pour t’écrire : j’ai tenu ma plume pendant longtemps, et elle n’a pas tracé le moindre mot. […] Deux ans après, en 1786, Mme de Charrière donna son ouvrage le plus connu, Caliste ou Lettres écrites de Lausanne. […] (On est chez la jeune baronne de Berghen, vers 94 ou 95). « — Pour qui écrire désormais ? […] dit l’abbé. — Allez écrire, lui dit la baronne. — L’abbé rapporte bientôt son conte des Trois Femmes.

184. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIe entretien. Madame de Staël »

Une femme qui écrit, du jour qu’elle écrit, est de moins pour son mari tout ce qu’elle est de plus pour le public. […] Écrira-t-elle sur l’amour ? […] Écrira-t-elle sur la religion ? […] Écrira-t-elle pour le théâtre ? […] Écrira-t-elle sur la politique ?

185. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres mêlées de Saint-Évremond »

Parlant donc de quelques petits écrits de Saint-Évremond qui se rapportent à cette année 1647, M.  […] Je viens d’écrire un nom qui brûle ma plume. […] Cousin croit reconnaître à travers le papier de Mme de Sablé ; c’est pour répondre à Saint-Évremond qu’elle composa cet écrit sur l’Amitié, écrit perdu pendant longtemps, et retrouvé et publié par M.  […] En 1660, Mme de Sablé communiquait cet écrit à d’Andilly, dont la réponse, datée du 28 janvier 1661, est rapportée par M.  […] Il écrit avec délicatesse, souvent avec recherche et manière, toujours avec esprit ; mais il ne grave rien, il ne creuse pas, il n’enfonce pas.

186. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Malesherbes. » pp. 512-538

La plupart des médecins voudraient qu’on défendît d’écrire en langue vulgaire sur la médecine. Presque tous ceux qui ont joué un rôle dans les affaires publiques n’aiment point à voir écrire sur la politique, le commerce, la législation. […] De nouvelles plaintes très vives s’élevèrent à l’occasion du septième tome (1758), et l’abbé de Bernis, alors ministre, dut écrire à M. de Malesherbes pour aviser à des moyens plus efficaces de censure. […] Cette reconnaissance, au reste, a porté bonheur à Rousseau, qui n’a rien écrit de plus beau que les Quatre lettres à Monsieur de Malesherbes. […] III, p. 21) ; elle y est moins écrite et plus parlée, et comme plus près de la source.

187. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre onzième. »

Mais leur principal défaut est d’avoir été écrits par un spéculatif ; ils sont graves et froids. […] Ceux qui ont le privilège d’écrire en perfection ne sont pas des aventuriers qui pensent au hasard. […] Ne prend-on pas la fidélité à la grammaire, une certaine élégance, une propriété superficielle, pour le bien écrire ? […] Il y a un moyen excellent de s’assurer si une pensée est écrite dans la langue durable : c’est si l’on s’en souvient. […] Vainement la grammaire approuve-t-elle la langue de ces choses-là ; elles ne sont pas seulement mal écrites, elles ne sont pas écrites du tout.

188. (1903) Zola pp. 3-31

Émile Zola a eu une carrière littéraire de quarante années environ, ses débuts remontant à 1863 et sa fin tragique et prématurée étant survenue, — alors qu’il écrivait encore et se proposait d’écrire longtemps, — le 29 septembre 1902. […] En général, il « se documentait » pendant trois ou quatre mois, écrivait pendant trois mois, à raison de quatre pages par jour, et se reposait, en quoi il avait raison, le reste du temps. […] Il écrivit trop tôt. Tout homme qui écrit avant trente ans et qui ne consacre pas l’âge d’or de la vie, de la vingtième année à la trentième, à lire, à observer et à réfléchir, sans écrire une ligne, risque de n’avoir pas de cerveau et de n’être qu’un ouvrier littéraire. […] Il n’écrivait pas trop bien ; il écrivait d’un style déplorablement abondant, surchargé et alourdi, sans finesses et sans nuances.

189. (1891) Lettres de Marie Bashkirtseff

Écris-moi absolument qu’est-ce qu’il faut t’apporter de l’étranger ; si nous ne partons pas, je t’écrirai encore. […] Écris-moi, je t’en prie. […] Demain j’écrirai à tout le monde. […] Maman va bien, elle vous écrit. […] Écrivez.

190. (1908) Jean Racine pp. 1-325

Car, au surplus, on peut écrire des tragédies partout. […] On ne pouvait guère lui écrire des billets de trois lignes. […] Il aurait très bien pu écrire ceux-là, — avec un peu moins de symétries. […] Il écrit des contes grivois, parce que cela l’amuse. […] C’est dans cette pensée qu’il écrivit Phèdre.

191. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) «  Œuvres et correspondance inédites de M. de Tocqueville — II » pp. 107-121

Une lettre qu’il écrivit en ce sens à M.  […] Je me mettrai à écrire véritablement dans une dizaine de jours. […] Duvergier de Hauranne (1er septembre 1856), il a du reste exposé sa méthode de composer, de considérer et d’écrire. […] Quel grand maître, en effet, dans l’art d’écrire ! […] C’est une partie de ses écrits que je connaissais peu, si toutefois on peut appeler cela des écrits ; ce sont des improvisations dans lesquelles son génie, moins contraint qu’ailleurs, m’a paru heurté et presque sauvage, mais plus vigoureux encore et peut-être plus grand que dans aucun de ses ouvrages.

192. (1899) Psychologie des titres (article de la Revue des Revues) pp. 595-606

Si l’on écrit la vie de Charlemagne ou de Napoléon, ce sont ces mots qu’on écrira en tête du livre. […] Et l’on ne trouverait certainement plus personne pour écrire comme M.  […] À preuve ce titre fort bizarre : « Les mœurs du jour, ou histoire de Sir William Harrington, écrite du vivant de M.  […] Jules Janin écrit, mais ne signe pas, l’Âne mort ou la Femme guillotinée. […] Mais le Fils de la Bossue pour lequel Hugo avait déjà traité avec son éditeur ne fut jamais écrit.

193. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Villemain » pp. 1-41

Villemain comme un maître, écrivit que ces redites sont un événement. […] Artistes en mots, et, puisque nous avons écrit ce mot-là, modistes de phrases, l’un est la modiste pur sang, l’autre n’est que l’industrielle. […] Tout le monde le pense, personne ne l’a dit ; mais la Critique est tenue de l’écrire. […] Homme de mots, qui vit par les mots et pour eux, a-t-il jamais senti la nécessité de ces notions premières, qu’il écrit aujourd’hui à la tête d’un nouvel ouvrage — comme il écrit tout — pour obtenir un effet de phrase ou un effet de lecture ? […] Aussi, au lieu de nous écrire une histoire, il nous écrivit des histoires.

194. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vii »

Je ne puis y faillir, puisque j’ai reçu vocation d’écrire et celle aussi de construire une famille et d’être chef. […] Pendant les longues soirées d’hiver à la campagne il écrivait. […] Après tout, j’ai bâti, j’ai planté, j’ai écrit, j’ai fait trois enfants. […] J’ai écrit à mon fils ! […] C’est la victoire à peu près certaine et c’est de l’histoire que nous écrivons à la pointe de nos baïonnettes.

195. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — I. » pp. 88-109

Il écrit à M.  […] Les médecins, par exemple, commencèrent à écrire certaines de leurs ordonnances en français. […] Malgré cette défense du cardinal, quelques écrits coururent en 1641, et j’en ai trois ou quatre sous les yeux. […] Gui Patin plaida sa propre cause aux Requêtes de l’Hôtel (14 août 1612), en présence, dit-il, de quatre mille personnes : Je n’avais rien écrit de mon plaidoyer et parlai sur-le-champ par cœur près de sept quarts d’heure : j’avais depuis commencé à le réduire par écrit, mais tant d’autres empêchements me sont intervenus que j’ai été obligé de l’abandonner. Je n’en ai que trois pages d’écrites, et il y en aura plus de quinze.

196. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIIIe entretien. Fénelon, (suite) »

Il se chargea d’examiner à loisir ses écrits et de porter un arrêt suprême auquel elle se soumettrait avec une déférence volontaire. […] Il lui écrivit pour lui indiquer, avec une bonté divine, les passages scandaleux pour la raison ou dangereux pour la morale. […] Il avait fini par écrire à l’évêque de Tarbes des lettres dans lesquelles il semblait confesser des relations coupables avec madame Guyon. […] Là il écrivit, sous l’insinuation, sous la contrainte, à madame Guyon une lettre où il l’exhortait, comme sa complice, à confesser leurs égarements et à se repentir. […] « Dieu, lui écrivait-il, vient de frapper un grand coup !

197. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame de La Vallière. » pp. 451-473

En mai 1667, le roi, avant de partir pour l’armée, avait envoyé un édit au Parlement, avec un préambule qu’on dit écrit de la belle plume de Pellisson ; il avait, par cet édit, reconnu une fille qu’il avait eue de Mme de La Vallière, et conféré à la mère le titre et les honneurs de duchesse. […] Elle-même a consigné les sentiments secrets de son cœur dans une suite de Réflexions sur la miséricorde de Dieu, qu’elle écrivait au sortir d’une grave maladie qu’elle fit en ces années. […] On a essayé, dans ces derniers temps, de douter que ce petit écrit fût en effet de Mme de La Vallière44 (1) ; mais ce seul mot de miséricorde, ainsi placé avec une intention manifeste, ne devient-il pas comme une signature ? […] avec une vive et amoureuse douleur de ses infidélités passées, et avec tout le respect et le religieux tremblement que mérite votre souveraine majesté. » De talent, d’imagination proprement dite, il ne saurait en être convenablement question, en appréciant un écrit de cette simplicité. […] Il avait commencé par trouver que Mme de La Vallière allait un peu lentement : « Un naturel un peu plus fort que le sien aurait déjà fait plus de pas, écrivait-il ; mais il ne faut point l’engager à plus qu’elle ne pourrait soutenir. » Sa résolution extrême, une fois qu’elle l’eut déclarée, ne manquait pas de contradicteurs, et surtout de moqueurs.

198. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — I. » pp. 414-435

Aujourd’hui, après tout ce qu’on a écrit déjà sur Bernardin de Saint-Pierre et ce que j’en ai écrit autrefois moi-même, j’aimerais à revoir d’un peu près cette double part qu’il faut faire en lui, et à le montrer en réalité et au naturel ce qu’il était. […] Il semble, à certains moments, hésiter entre sa première vocation aventureuse, et sa seconde et dernière vocation qui est d’écrire. […] Et nous, nous voyons chemin faisant le talent d’écrire naître de lui-même sous sa plume et les images éclore. […] Les pages que Bernardin a écrites sur lui sont peut-être ce qui donne la plus simple et la plus naturelle idée du personnage et de son caractère : car, à force d’écrire sur Rousseau, on finit, ce me semble, par l’alambiquer terriblement et le mettre à la torture. […] Je conjecture que ce moment de crise bizarre n’est pas éloigné de celui où il écrivait cette jolie lettre, qu’on vient de lire, à M. 

199. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) «  Chapitre treizième.  »

Ses meilleurs écrits sont des ouvrages d’éducation. […] Il y avait pensé longtemps avant de l’écrire. […] Tout ce que Bossuet écrit durant ces dix-huit années, il l’écrit dans le grand goût d’alors, qui épurait les ouvrages sans les énerver. […] écrit-il à l’abbé Nicaise. […] De là vient l’attrait tout particulier de ses écrits.

200. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre VII. De la littérature latine, depuis la mort d’Auguste jusqu’au règne des Antonins » pp. 176-187

Leurs écrits en latin et en grec ont un caractère tout à fait distinct de celui des littérateurs du temps d’Auguste ; ils ont plus de force et plus de concision que les philosophes républicains eux-mêmes. […] Il y a plus d’idées fines et neuves dans le traité de Quintilien sur l’art oratoire, que dans les écrits de Cicéron sur le même sujet. […] Lucain n’écrivit que pour ranimer par de grands souvenirs les cendres de la république ; et sa mort attesta le péril d’un si beau dessein. […] Les flatteries ont souillé les écrits de quelques philosophes de ce temps ; et leurs réticences même étaient honteuses. […] Les tyrans étaient donc beaucoup plus indifférents que de nos jours à la liberté d’écrire ; la postérité n’étant pas de leur domaine, ils laissaient assez volontiers les philosophes s’y réfugier.

201. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre VII. Éducation de la sensibilité »

Vous vous pénétrerez de votre nature, pour ne pas la contrarier et pour la diriger au contraire plus sûrement dans le sens où elle se porte : on n’écrit bien qu’à ce prix. […] Que de fois arrive-t-il que, faute de se connaître, on écrit d’un style qui ne représente pas la personne qu’on est ! […] Vous écrirez ainsi naturellement et expressivement. […] De là tant de diffusion, d’emphase, de bavardage, de fausseté dans ce que beaucoup d’entre eux écrivent. […] Je ne pouvais trop insister sur la nécessité de l’éducation générale qui prépare à bien écrire.

202. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Bayle, et Jurieu. » pp. 349-361

Il se confirme aussitôt dans l’idée de garder toujours l’anonyme, & se hâte d’écrire à Bayle pour lui recommander de nouveau le secret. […] L’une étoit écrite dans un stile extravagant, & l’autre étoit pleine de raison, d’esprit & de sel. […] On a prétendu trouver, à chaque page de ses écrits, les preuves de son incrédulité. […] Cet écrivain original, qui en avoit de si profondes & de si julles, disoit que, s’il n’avoit écrit pour les libraires, il n’eût pas composé plus d’un in-folio. […] La précipitation, avec laquelle il étoit obligé de travailler, fut cause, sans doute, de sa manière d’écrire souvent diffuse, lâche, incorrecte & surtout familière & basse.

203. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XX. Du dix-huitième siècle, jusqu’en 1789 » pp. 389-405

L’on n’aperçoit point dans ses écrits une idée lointaine, un dessein caché : cette clarté, cette facilité qui distinguent ses ouvrages permettent de tout voir ; et ne laissent rien à deviner. […] Dans le siècle de Louis XIV, la perfection de l’art même d’écrire était le principal objet des écrivains ; mais, dans le dix-huitième siècle, on voit déjà la littérature prendre un caractère différent. […] Mais combien Montesquieu, par l’expression énergique de la pensée ; Rousseau, par la peinture éloquente de la passion, n’ont-ils pas enrichi l’art d’écrire en français ! […] Dans les pays où le talent peut changer le sort des empires, le talent s’accroît par l’objet qu’il se propose : un si noble but inspire des écrits éloquents par le même mouvement qui rend susceptible d’actions courageuses. […] Celui qui écrit sans avoir agi ou sans vouloir agir sur la destinée des autres, n’empreint jamais son style ni ses idées du caractère ni de la puissance de la volonté.

204. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIII » pp. 109-125

Ce qu’il ne pouvait souffrir, c’était qu’il fut le mieux renté de tous les beaux esprits, qu’en tous lieux on vantât ses écrits. […] Cette collection renferme, en grande partie, des lettres qui lui ont été écrites par des dames. […] Il lui écrivait le 30 juillet 1654 : « Mon Dieu, que vous avez d’esprit, ma belle cousine, que vous écrivez bien, que vous êtes aimable !  […] Qu’il serait curieux de voir comment elle lui écrivait ! […] En 1671, madame de Sévigné écrit à sa fille qu’elle a la première place dans son cœur, madame de La Fayette la seconde.

205. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Alexis de Tocqueville »

Dans les livres écrits pour le public, il y a toujours — indépendamment du talent qu’on y ajoute ou qu’on n’y ajoute pas — un sujet qui peut le passionner ou des faits qui peuvent l’intéresser et qu’on n’a eu que la peine de recueillir ; mais dans une correspondance, non ! […] Le sujet, c’est l’homme même qui écrit. […] Dans tout son livre de la Démocratie, écrit dans la force de la jeunesse, je défierais bien de montrer une seule étincelle jaillissant de la forme ou de la pensée ! […] Mais ce diable au corps, je ne l’ai pas vu dans sa vie, je ne le vois point dans ses écrits, — les écrits où le style est l’homme, a dit Buffon, — et je ne le vois pas davantage dans ses opinions, qui furent tout ce qu’il fut jamais ! […] » écrivait-il au fils d’un de ses amis qui ne réalisait pas tout à fait son idéal de flamme, tant étaient grandes, sur le diable au corps et sur lui-même, les illusions de cet esprit froid, lesquelles étaient aussi complètes que s’il avait été un esprit chaud.

206. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Mme de Girardin. Œuvres complètes, — Les Poésies. »

Au milieu des livres qu’elle écrivit et qu’on ne lit déjà plus, un seul fut un chef-d’œuvre et restera, et justement parce qu’il n’est pas un livre, parce qu’au contraire il est (heureusement !) un oubli de littérature, parce qu’il ne fallait pour l’écrire que la première femme d’esprit venue, ce qui ne vient pas, du reste, tous les matins : ce furent les Lettres parisiennes. […] Et elle est vraie… comme une épitaphe, mais comme une épitaphe écrite par un homme qui n’a pas la vulgarité hardie des faiseurs anonymes d’épitaphes, lesquels se soucient bien de l’opinion des promeneurs du Père-Lachaise. […] La plume se refuserait à écrire jamais : la vieille Sapho. […] Dans tout ce qu’elle écrit, il y a de la harpe, de cet instrument suranné et comédien où, quand on les avait beaux, on mettait ses bras en espalier.

207. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. Rodolphe Topffer »

» En novembre 1843, il écrivait à une personne de Paris, et pourquoi ne le dirais-je pas tout simplement ? […] « Figurez-vous, monsieur, combien je suis malheureux : depuis près d’un an condamné à ne presque pas lire par mes yeux, à ne presque pas écrire aussi. […] Rien, même dans ses écrits, ne peut donner idée du charme de son intimité. […] Hors d’état d’écrire, ou du moins de composer, encore moins de dessiner, il imagina alors de peindre , ce qu’il pouvait faire dans une posture encore possible. […] Ces pages ont été écrites pour être publiées d’abord en tête du roman même.

208. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires touchant la vie et les écrits de Mme de Sévigné, par M. le baron Walckenaer. (4 vol.) » pp. 49-62

Mémoires touchant la vie et les écrits de Mme de Sévigné, par M. le baron Walckenaer. […] Parlant d’un voyage qu’elle faisait en 1672, et où elle regrettait la compagnie de son aimable cousin de Coulanges : « Pour avoir de la joie, écrivait-elle, il faut être avec des gens réjouis. […] Mme de Sévigné, Mme de La Fayette et Mme de Maintenon sont les plus distinguées entre les femmes du xviie  siècle qui ont écrit. […] On a remarqué, d’ailleurs, qu’à cette époque de Louis XIV, toutes les femmes du monde écrivent avec charme ; elles n’ont pour cela qu’à écrire comme elles causent et à puiser dans l’excellent courant d’alentour. […] Pourtant Mme de Courcelles a écrit ; elle a raconté avec une ingénuité singulière une partie de ses aventures dans une confession adressée à l’un de ses amants ; elle a laissé des lettres écrites à ce même amant.

209. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De l’état de la France sous Louis XV (1757-1758). » pp. 23-43

Ce document, qui paraît provenir originairement du cardinal Loménie de Brienne, consiste en un recueil manuscrit des lettres particulières de Bernis écrites par lui durant son ministère à M. de Choiseul, alors ambassadeur à Vienne, et qui devait être son successeur aux Affaires étrangères : quelques autres lettres de Bernis à la marquise de Pompadour et au roi, écrites sur la fin de son ministère et dans les premiers moments de sa disgrâce, expliquent les causes de sa retraite et de sa chute plus exactement qu’on ne les savait. […] C’est ici que la correspondance de Bernis avec M. de Choiseul (alors le comte de Stainville) nous livre la suite régulière de ses pensées et de ses inquiétudes : M. de Richelieu, mon cher comte, lui écrit-il (20 septembre 1757), a un peu brusqué l’affaire de la convention. […] Deux lettres de Bernis, écrites sur la nouvelle de la défaite de Rossbach, ne sont pas de celles que nous extrairons ; ce n’est pas la défaite, ce sont certains détails de la défaite qui sont à ensevelir. […] Il y a là un sentiment de dignité avant tout et de haute convenance nationale, d’honneur de couronne, comme on disait alors, lequel sentiment est au cœur de Marie-Thérèse et que Bernis n’a pas : il raisonne dans toutes ses lettres à peu près comme Mme de Maintenon dans celles qu’elle écrivait à la princesse des Ursins, et où le mot de paix revient à chaque page. […] Louis XV coupa court à la difficulté par un ordre que Bernis reçut le 13 décembre et qui l’exilait dans son abbaye près de Soissons : une lettre de lui au roi écrite au reçu de l’ordre, et une autre lettre écrite dans la soirée de la même journée à Mme de Pompadour, n’expriment que des sentiments de soumission parfaite et de reconnaissance infinie pour le passé, sans un seul mouvement de plainte.

210. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — I » pp. 432-453

Le nom de Meilhan d’abord y est mal écrit Meillan), ce nom que la vraie marquise avait tant de fois mis de sa main et très correctement sur l’adresse de ses lettres à son ami. […] Son fils ne lui accordait aucune confiance ; elle apprenait ordinairement par d’autres, et après tous les autres, ce qu’il faisait, ce qu’il écrivait (car il se mêlait d’écrire et de se faire imprimer). […] On a les lettres qu’il lui a écrites et qui sont à l’honneur de tous deux. […] Mais, comme elle vivait et qu’elle devait exister encore quinze ans après avoir écrit cela, elle se sentait le désir d’en faire part à quelque misanthrope comme elle et qui fît exception à la réprobation commune. […] J’aime vos lettres, votre conversation et vos écrits ; mais je crains si fort de prendre sur vos occupations, et je respecte tellement votre loisir, que je n’ai osé le troubler les autres années.

211. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Vie de Maupertuis, par La Beaumelle. Ouvrage posthume » pp. 86-106

Je n’ai pas à écrire la vie de La Beaumelle. […] Cet ouvrage, qu’il était assez naturel que La Beaumelle eût désiré d’écrire, est la Vie de Maupertuis, une autre victime immortelle de Voltaire. […] Ma voix et mon cœur vous ont appelé dès le moment que je suis arrivé au trône, avant même que vous m’eussiez écrit. […] Il a couru (et je crois qu’elles se sont conservées) de prétendues lettres de Thémistocle censées écrites pendant son exil. […] Je ne crains donc pas de répéter bien haut ce que je lis dans une note écrite par M. 

212. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Monsieur de Bonald, (Article Bonald, dans Les Prophètes du passé, par M. Barbey d’Aurevilly, 1851.) » pp. 427-449

M. de Bonald avait donc bien près de quarante ans, et il n’avait pas songé à écrire ni à devenir auteur. […] Un des chapitres les plus cités de ce premier écrit (La Théorie du pouvoir) est celui qui a pour titre : « Jésus-Christ ». […] Ce que je dis là du premier écrit de M. de Bonald se peut dire de tous les écrits qu’il a publiés depuis. […] Il m’écrivait, peu avant sa mort : « Je n’ai rien pensé que vous ne l’ayez écrit ; je n’ai rien écrit que vous ne l’ayez pensé ». […] J’aime à noter les mots vrais, et que d’ordinaire on n’écrit pas.

213. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Œuvres de Louis XIV. (6 vol. in-8º. — 1808.) » pp. 313-333

L’impression que fait la lecture de ses écrits, et surtout de ceux qui datent de sa jeunesse, est bien propre à redoubler pour lui le respect. […] Ce serait là l’épigraphe la meilleure à mettre en tête des écrits de Louis XIV, et elle se trouverait en partie justifiée en le lisant. […] Voilà ce qu’écrit, ce que dicte Louis XIVn. […] [NdA] Depuis que ceci est écrit, un professeur d’histoire de l’Université, M.  […] Voilà ce qu’écrit Louis XIV.

214. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — I. » pp. 224-245

Richelieu d’ordinaire écrivait peu de sa propre main, il dictait ; mais, dans cette sorte de transmission, il ne laissait jamais le secrétaire aller à sa guise, il était présent toujours. […] Jamais on n’a écrit en son nom, lui absent. […] La ville de Luçon n’était guère qu’un bourg, dont les habitants pauvres étaient accablés de taxes : il écrit pour obtenir qu’ils en soient un peu déchargés. […] Monsieur, j’ai vu la lettre que vous m’écrivez touchant les différends qui sont entre le sieur de La Coussaye et vous. […] Et il est à remarquer combien Richelieu, quand il écrit, tout en étant parfois rigide, n’est jamais inhumain.

215. (1913) Poètes et critiques

Écrit en février 1884. […] Écrit en Janvier 1886. […] Écrit en mai 1902. […] Écrit en mars 1911. […] Écrit en avril 1912.

216. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE RÉMUSAT » pp. 458-491

Ces divinités résolurent d’écrire l’histoire de leur voyage et le nom des hommes qui leur donneraient l’hospitalité. […] Au point de vue de l’écrivain, un inconvénient est d’apporter plus d’uniformité entre ce qu’on parle et ce qu’on écrit ; on parle avec plus de verve, on écrit avec moins. […] Quand on cause ainsi beaucoup des mêmes choses qu’on écrira, on les assouplit peut-être, on les évapore aussi, on les décolore à l’avance, et on en écrit avec moins de fraîcheur. […] Cette idée la rassure, et de part et d’autre on s’écrit. […] Elle avait écrit chaque soir, autant qu’elle l’avait pu, les événements, les impressions, les entretiens de la journée.

217. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Additions et appendice. — Treize lettres inédites de Bernardin de Saint-Pierre. (Article Bernardin de Saint-Pierre, p. 420.) » pp. 515-539

Je vous écrirai de Königsberg une lettre plus sage. […] Il me fâche très fort de vous écrire toujours un pied en l’air. […] Je lui écrirai une lettre l’ordinaire prochain. […] Je passe une partie de la nuit à vous écrire. […] Hennin écrite vers la même date.

218. (1925) Feux tournants. Nouveaux portraits contemporains

Encore mieux lorsqu’il en écrit. […] Ce n’est plus lui qui a écrit son livre. […] N’écrivez plus par dépit de voir les autres écrire. […] On ne peut écrire d’A. […] Il passera trois ans sans rien écrire.

219. (1886) Le naturalisme

Ils écrivent le poème de l’Espagne moderne. […] N’est-ce pas ce qu’on a écrit de plus grand et de plus beau en fait de roman ? […] Voltaire conte : il ne lui est pas possible d’écrire un roman. […] Elle a, elle aussi, écrit quelques livres. […] À l’écrivain d’écrire, au public de l’encourager et d’acheter ce qu’il écrit, et de l’élever aux nues s’il le mérite.

220. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — I. » pp. 234-253

Dès l’âge de quinze ans, il écrit un petit Discours sur la profession des armes : Que peut-on à quinze ans ? […] On a son Journal de la guerre de Sept Ans, dont il fit toutes les campagnes au service de l’Autriche, journal « qui est écrit plus à cheval qu’autrement ». […] Il fallait, selon lui, achever la bataille au lieu de l’écrire. […] Écoutez-les, ils parlent bien ; lisez-les, ils écrivent à merveille ; du moins cela se dit comme cela. […] Je parle du prince de Ligne comme étant tout à fait un Français quand il écrivait sur Belœil, et il l’était pour ne plus cesser de l’être.

221. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

Elle n’était ni une pédante, ni une précieuse et un bas bleu, pas le moins du monde ; et bien qu’il y ait dans ce qu’elle a écrit et ce qu’on a sous les yeux des pages qui, à distance et avec un peu de mauvaise volonté, permettraient de juger d’elle autrement, je reste persuadé et je soutiens que ces taches ou ces roideurs ne sont pas essentielles, qu’elles n’allaient pas en elle jusqu’à affecter et gâter la femme vivante ; c’est de la littérature écrite imitée, un pli de la mode, rien de plus. […] Dans les temps de troubles et de factions, ces écrits intéressés doivent être très suspects. […] Une femme paraissait là un peu déplacée ; mais elle ne se mêlait point des discussions ; elle se tenait le plus souvent à son bureau, écrivait des lettres, et semblait ordinairement occupée d’autre chose, quoiqu’elle, ne perdît pas un mot. […] s’écrie-t-elle ; je les presse sur mon cœur, je les couvre de mes baisers ; je n’espérais plus d’en recevoir 1… J’ai fait inutilement chercher des nouvelles de Mme Ch… ; j’avais écrit une fois à M.  […] Faugère, qui a ses avantages particuliers et qui est rehaussée d’une Introduction écrite avec vigueur et précision, avec élévation d’âme.

222. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — I. » pp. 401-420

écrivait-elle à la maréchale de Noailles (12 novembre 1701). […] Elle jugea du premier coup d’œil les esprits des grands et ne se fit aucune illusion sur le degré d’appui qu’on pouvait espérer d’eux : « Avec ces gens-ci, écrivait-elle à M. de Torcy, le plus sûr est de témoigner de la fermeté. […] « Elle a des mœurs à l’escarpolette », écrivait Louville au duc et à la duchesse de Beauvilliers. […] Après avoir fait renvoyer l’ambassadeur de France, le cardinal d’Estrées, qu’on avait remplacé par son neveu l’abbé d’Estrées, Mme des Ursins s’aperçut que celui-ci, contrairement à leurs conventions, écrivait à sa cour des dépêches à son insu. […] La grande dame se releva ici de toute sa hauteur, et, dans sa verve d’indignation, elle écrivit en marge cette apostille : « Pour mariés, non. » C’est du moins le récit qui circula.

223. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Lettres de la mère Agnès Arnauld, abbesse de Port-Royal, publiées sur les textes authentiques avec une introduction par M. P. Faugère » pp. 148-162

On était à l’affût pour prendre copie de tout ce qu’écrivait la mère Angélique, et, avant de faire partir ses lettres, on en retenait des doubles à son insu. […] Faugère a dit ce qui était à dire ; il a fait valoir les lettres et celle qui les a écrites par tous les bons endroits ; il a écarté avec raison tout ce qui est de controverse, et il n’a présenté la publication dont il a pris soin que comme une œuvre d’histoire et de piété. […] Elle se faisait une dévotion de porter habituellement sur elle une lettre de lui écrite à Mme Le Maître, et où il avait nommé avec bienveillance plusieurs membres de la famille. […] Je ne sais pas de lettre plus propre à faire comprendre le genre de raillerie et parfois d’ironie douce et riante de la mère Agnès que celle qu’elle adressa à son neveu, le célèbre avocat Le Maître, en réponse à ce qu’il lui avait écrit sur ses intentions prochaines de mariage36. […] Celles qu’elle écrit à Mme d’Aumont sont fort peu agréables.

224. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « IX »

J’enseigne qu’on peut apprendre à écrire ; il enseigne qu’on ne le peut pas. […] Chateaubriand, par exemple, c’est acquis, ne pouvait écrire qu’en se raturant. […] George Sand estimait qu’il écrivait mal. […] Il n’écrit pas, il rédige, dit M.  […] Ces messieurs savent aussi bien que nous qu’on n’écrit pas sans se raturer.

225. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Abailard, et saint Bernard. » pp. 79-94

Il le fit donc, & par écrit, & de vive voix. […] Il invectiva contre les écrits & contre la personne d’Abailard. […] Son antagoniste avoit eu soin d’écrire aux pères du concile, & de les gagner. […] Il rapporte un fait contesté ; & sur lequel on a écrit pour & contre. […] Il lui fit parvenir cet écrit au monastère du Paraclet.

226. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « L’abbé Galiani »

C’était, d’ailleurs, un écrémage des lettres de l’abbé Galiani, et voici tout le poli… Galiani est un de ces hommes qui doivent vivre plus par la correspondance que par les livres qu’il a écrits, malgré leur perfection, sur des questions dont le temps a emporté l’intérêt, passionné alors qu’il les écrivait. […] Il y était quand il les écrivait, et ceux qui les lisaient, ces lettres, l’y voyaient comme moi. […] L’histoire de César Borgia ne fut pas écrite et reste à écrire, et de tous les ouvrages de Galiani c’est celui-là qui n’est pas fait dont l’imagination se souvient le plus. […] À Naples, empêché par ses devoirs publics, il ne put l’écrire. L’aurait-il écrite s’il fût revenu à Paris ?

227. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Une âme en péril »

Il avait la rage d’écrire sur de gros cahiers des « pensées » faciles et des maximes innombrables. […] Le livre du curé limousin, qui, écrit par un laïque, eût passé à peu près inaperçu, fut fort bien accueilli par la presse. […] il se connaît si peu qu’il va jusqu’à repousser ce qui faisait le meilleur de son originalité. « On a semblé croire, dit-il, qu’une solitude forcée m’inspira de penser et d’écrire. » Eh oui ! […] Mais lui, le malheureux, tient absolument à être « auteur » et à l’avoir toujours été : « J’aurais écrit partout, reprend-il fièrement, et mieux à la ville que dans un fond de campagne. […] Il y a grande apparence que nous avons tous, nous qui écrivons, une vanité littéraire pour le moins égale à la sienne.

228. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre II. « Faire de la littérature » » pp. 19-26

j’en vends. » Cela signifie qu’il a décidé « d’écrire ». Il ne sait pas encore ce qu’il écrira, mais il écrira. […] Mais le critique est trompé, lui aussi, par l’épithète littéraire ; pourvu qu’il sache écrire, et qu’il abonde en aperçus ingénieux, il se juge mieux que suffisant. — Il n’est pas jusqu’à la philosophie qui ne souffre d’être rapprochée des lettres. […] La liberté d’écrire, la multiplication des lecteurs, les progrès de la librairie, l’envahissement du journalisme ont donné à l’homme de lettres un semblant de raison sociale, à son travail cette autonomie que vous jugerez, je pense, illogique et pernicieuse. […] En ce siècle d’excessive division du travail, il y a des êtres dont la fonction est d’écrire pour les autres.

229. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre quatrième »

Perfection de la langue française dans les écrits de Pascal. […] C’est la partie la plus originale de ses écrits. […] Les Provinciales. — Perfection de la langue française dans les écrits de Pascal. […] il donna un écrit qu’il lut en présence de tous ces messieurs, qui n’y donnèrent aucun applaudissement. […] Tous les genres d’écrire ont un premier modèle dans cet homme, qui ne s’est jamais piqué de la gloire d’écrire.

230. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Art français » pp. 243-257

Le vieux ne se sent pas le courage — et pourquoi ne le dirait-il pas — le talent d’écrire, lui tout seul, les deux études qui manquent au livre. […] Il nous a confié ses fragments de mémoires, ses carnets, ses notules, ses récits de voyages, ses cahiers de mathématique, au parchemin graissé et noirci par une compulsation continue, et où la littérature écrite à rebours se mêle aux X, enfin les feuilles volantes qui livrent des épisodes de son existence. Gavarni, en effet, fut toujours très écrivassier de ses impressions, de ses sensations, de ses aventures psychologiques, et, sauf les dernières années de sa vieillesse, où le philosophe ne formule plus sur ses journaux que des pensées, — toute sa vie, il l’a écrite. […] On ne s’écrit pas, on s’imprime53. Le soir où il écrivait cela, Gavarni avait près de lui une maîtresse d’ancienne date ; et, pour se tenir compagnie, il avait tiré d’un tiroir secret un petit livre rouge, à coins usés, usés, usés.

231. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Madame de La Fayette ; Frédéric Soulié »

Techener l’accompagne, il est vrai, d’un petit volume à part, renfermant une protestation écrite par A. […] Impossible, selon nous, d’y reconnaître cette plume qui n’a servi qu’une fois et qui nous écrivit ce suave roman, dont le sens se perd tous les jours un peu plus : la Princesse de Clèves. […] Excepté quatre écrivains tout au plus : La Fontaine, La Bruyère, madame de Sévigné et Saint-Simon, tout le monde écrit à peu près du même style au xviie  siècle, et encore madame de Sévigné n’écrit si bien que parce qu’elle oublie d’écrire, et Saint-Simon n’a sa verve du diable que parce qu’il ferme les deux battants de son cabinet à son siècle et s’enferme tête à tête avec la postérité ! D’un autre côté, que madame de la Fayette fût de l’hôtel de Rambouillet et portât des jupons musqués de peau d’Espagne, la quintessence du goût dans une si délicate créature ne pouvait aller jusqu’au faux et au violent, et l’aurait, à ce qu’il nous semble, empêchée d’écrire l’épisode de la chemise, au madrigal sanglant, qui touche à l’impudeur, et qui est bien plus une idée du temps d’Henri IV qu’une idée du temps de Louis XIV. […] Est-ce donc de la littérature que ces Mémoires du Diable, qui prouvent avec éclat qu’on peut avoir beaucoup de talent sans savoir écrire ?

232. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. NISARD. » pp. 328-357

En même temps qu’il écrivait des articles au National, M. […] mais j’oublie que Perse n’a pas écrit sa satire ou qu’elle s’est perdue. En ce livre des Poëtes latins comme en ses autres écrits, M. […] Certes, M. le duc d’Orléans en son lieu, avec tout ce qu’on en voudra écrire ou penser de plus flatteur ; M. […] Nisard, depuis que cet article est écrit, n’a fait que justifier de plus en plus ce que nous lui accordions d’éloges en finissant.

233. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXIXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (1re partie) » pp. 241-314

Qui oserait affirmer que Schiller, écrivant le drame des Brigands à vingt-deux ans, ce drame corrupteur de la moralité publique, l’aurait encore écrit, de sa plume refroidie, à l’âge fait où il écrivait ses belles œuvres savantes et morales, à son âge mûr ? […] Il a écrit ses mémoires ; il fut constamment heureux. […] Ces écrits sont maintenant trop loin de moi, je n’ai plus de jugement sur eux. […] « “— Vous êtes bien conservé… Vous avez écrit des tragédies ? […] Lamartine n’a pas écrit l’épopée qu’il rêvait, mais il a écrit quelques lois qui valent bien des chants épiques.

234. (1894) Les maîtres de l’histoire : Renan, Taine, Michelet pp. -312

Tous ses autres écrits n’en sont que des illustrations. […] Chaque grand peuple y écrit son verset. […] Elle n’a été écrite sous sa forme définitive que quarante ans plus tard. […] Dans l’épreuve des dissertations écrites, M.  […] Ce sont les seuls vers qu’il ait écrits.

235. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — I » pp. 356-374

Dans la seconde guerre, en 1745, la correspondance de Frédéric nous le montre plein de bonne grâce et d’attention pour ses frères, ayant encore l’élan de cœur de la jeunesse ; il écrit à la reine sa mère, du champ de bataille de Friedberg (4 juin 1745) : « Madame, nous venons de remporter une très grande victoire sur l’ennemi. […] La reine mère écrit à Frédéric à ce sujet : « Connaissant, mon cher fils, votre bon cœur comme je le fais et vos bontés pour mon fils Henri, je ne doute pas que vous aurez été dans le moment un père pour lui. » Tout cela est naturel, et n’est à remarquer que parce qu’on refuse trôp aisément aux grands hommes un cœur. […] Le 5 décembre, à un mois jour pour jour de Rosbach, il écrivait au prince Henri sur le ton le plus tendre : Mon cher cœur, aujourd’hui un mois du jour de votre gloire, j’ai été assez heureux de traiter les Autrichiens ici de même. […] Loudon me rend grognard et fâcheux ; je ne disconviens pas qu’il en pourrait être quelque chose, et que, si nous l’avions bien battu, je m’adoucirais pour le genre humain… Tout cela est spirituel et gaiement dit, pour être écrit dans un camp, et surtout si l’on se reporte aux circonstances. […] Lui présent et parlant, toutes ces paroles, aujourd’hui rassises, s’illuminaient de son regard : ce regard qui jaillissait de ses grands yeux manque dans ses écrits.

236. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — III. (Suite et fin.) » pp. 128-145

On n’oublierait pas celui qu’il a écrit (4 octobre 1830) sur un premier refus de la Chambre de redemander les cendres de l’Empereur à Sainte-Hélène ; on terminerait par celui qu’il écrivait sur les opuscules de Napoléon, publiés par M.  […] Il s’est peint lui-même au vrai dans une lettre familière de ce temps, et qu’il écrivait à un de ses plus anciens amis, M.  […] lui écrivait Carrel (17 avril 1832). […] Si j’étais député, je ne parlerais pas à la tribune comme j’écris dans un journal ; mais il faut écrire dans un journal autrement que lorsqu’on parle en public. […] On voit que vous avez depuis lors beaucoup écrit et beaucoup étudié.

237. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Philarète Chasles » pp. 111-136

Ce Français européanisé, qui toute sa vie a écrit, en anglais, des choses parfaitement et incroyablement anglaises ; qui en aurait peut-être écrit en allemand, s’il l’avait voulu, mais qui, du moins, a traduit en français le plus Allemand des Allemands, Jean-Paul Richter, a glissé, hélas ! […] Sainte-Beuve n’eut jamais le flot de vie et de verve qui roule, un peu échevelé, à la manière des vagues, dans tout ce que Chasles a écrit. […] Il y avait vécu et il y avait écrit dans la langue du pays, comme Voltaire qui, jeune et fat comme un Français, s’était aussi permis d’y écrire, dans cette langue si opposée pourtant à son genre de génie. Mais Philarète Chasles y avait mieux écrit que Voltaire, et comme Voltaire, et plus profondément que ce serpent sur la peau duquel tout glissait, Philarète Chasles a gardé bien plus d’Angleterre sous la sienne. […] Macaulay a longtemps écrit à l’Edinburg-Review, et ses articles sont, à coup sûr, ses plus belles œuvres.

238. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 octobre 1885. »

La préface a été écrite deux ans après l’œuvre, pour l’édition des Écrits et Poemes. […] Ayons, à relire leurs écrits, une sagesse telle. […] Mais, sous la terminologie pessimiste, l’écrit Religion et Art, l’écrit sur Beethoven, avec de nécessaires contradictions apparentes, reposent, exactement, sur les notions inverses du pessimisme allemand. […] L’écrit Religion et Art révèle la vérité aux penseurs. […] Vers écrits par Wagner pour conclure Parsifal, et supprimés par lui dans le texte publié.

239. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Alexis Piron »

On convient que c’est une pièce follement conduite et sottement écrite. […] je n’écrirai jamais cela. » — « Aries, dux gregis, c’est pourtant joli. […] Gare que cet écrit in extremis n’aille pas à son adresse ! » — Qu’aurait écrit de pire, je vous le demande, le plus grand ennemi de J. […] Elle dira ; « Je ne m’en cuide pas un zeste de plus », pour ; « Je ne m’en estime pas » Dans ses gentillesses, elle écrivait à Piron : « Bonjour, hibou ; aimez bien hibouse. » Piron l’aimait et l’admirait même ; « Vous bouillez d’esprit », lui écrivait-il un jour.

240. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXI. Mme André Léo »

Elle n’écrit point de traités d’éducation individuelle, comme l’auteur d’Adèle et Théodore. […] Je l’ai écrit de son vivant, alors qu’on élevait la réputation de Mme André Léo contre la sienne. […] Matrimoniale, elle n’écrivait point l’apologie de l’adultère. […] Chose à noter, dans les romans écrits par des femmes ! […] [Chapitre écrit pour compléter le volume, 1878.]

241. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame de Sabran et le chevalier de Boufflers »

J’ai toujours cru que Madame de Staël était trop passionnée et trop entraînée par la fureur de la conversation pour passer son temps à écrire des lettres. (En a-t-elle écrit, cependant, et la haute pruderie de sa famille n’oserait-elle les publier ?) […] Ces denrées écrivent peu. […] Ni avant, ni après, nul siècle n’a écrit plus de lettres que le xviiie … Il en a fait orgie, comme de tant de choses. […] « Ne va pas, — lui écrit-elle, — ne va pas me haïr, mon enfant, parce que je t’aime trop ! 

242. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LONGUEVILLE » pp. 322-357

Il ne l’eût pas écrite autrement pour cette oraison funèbre absente, qui est un de mes regrets. […] On possède son Examen de conscience écrit par elle-même après la confession générale qu’elle fit à M. […] Marcel, curé de Saint-Jacques, et d’autres également sûrs ; elle écrivait très-assidûment au saint évêque d’Aleth (Pavillon), et suivait en détails ses réponses comme des oracles. […] s’écrie-t-il ; mon neveu écrit mieux que moi. » Brayer descendit en riant, et dit à Mme de Longueville : « La maladie de votre gentilhomme n’est pas considérable. […] Elle écrivit au pape pour justifier les accusés et garantir leur foi ; elle écrivit au secrétaire d’État, le cardinal Azolin, pour l’intéresser à la conclusion.

243. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — M. de Voltaire, et l’abbé Desfontaines. » pp. 59-72

Vers le commencement de l’année 1735, il obtint un privilège du roi pour faire des observations sur les écrits modernes. […] On l’a vu faire accueil à de certains Zoïles qu’il n’ignoroit pas avoir écrit contre lui par amour d’un gain sordide. […] D’ailleurs cet écrit n’est que pour amuser la canaille : aussi trouva-t-on l’ouvrage si affreux, qu’il le désavoua bien vîte à la police. […] Cet excès de vengeance ne fut, dit-on, qu’une réponse au Préservatif ou Critique des Observations sur les écrits modernes. […] On reconnut sans peine l’auteur de ces écrits clandestins.

244. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — I. » pp. 91-108

Avec les Noailles, les Choiseul, les Grammont, les Beauvau…, vous en auriez été. » C’est ce qu’écrivait le prince de Ligne à M. de Meilhan dans l’émigration. […] J’ai souvent entendu dire, en parlant de M. de Meilhan, que ses écrits ne passaient point la médiocrité ; je m’inscris en faux contre cette opinion. […] Lorsqu’on y revient aujourd’hui toutefois, il est certains de ses écrits qui plaisent, qui instruisent et font penser ceux qui ont l’expérience de la vie. […] Ma mauvaise santé, qui me prive de l’honneur de vous écrire de ma main, m’ôte aussi la consolation de vous répondre dans votre langue. […] Les gens de goût du xviiie  siècle ne s’y laissèrent point prendre : l’ouvrage leur parut trop bien écrit pour être de la princesse Palatine.

245. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Gisors (1732-1758) : Étude historique, par M. Camille Rousset. »

La difficulté pouvait sembler grande d’écrire tout un volume à propos d’un de ces jeunes hommes dont la courte vie, tranchée en sa fleur, peut se résumer dans le mot de Virgile : Tu Marcellus eris ! […] Un des amis de sa mère, un Danois de distinction, le baron de Bernstorf, lui écrivait sans pouvoir être soupçonné de flatterie : « Pour renfermer bien des choses dans une seule parole, je vous trouve tel que je vous souhaite. […] Blessé, il eut encore la force d’écrire quelques mots à son père : « Mon très cher père, je vous écris avant de me faire saigner ; je vous prie de n’être pas inquiet de ma blessure. […] Je n’ai osé ni oserai écrire à ce malheureux citoyen (le maréchal de Belle-Isle). […] Voilà quel est notre général… » À ce témoignage on peut joindre celui du marquis de Voyer, qui écrivait le lendemain de la défaite : « On ne peut que plaindre ce prince que je crois peu coupable.

246. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « La Religieuse de Toulouse, par M. Jules Janin. (2 vol. in-8º.) » pp. 103-120

Janin, en le lui donnant, a commencé par y prendre le sien propre ; il s’amuse évidemment de ce qu’il écrit : c’est le moyen le plus sûr de réussir, de rester toujours en veine et en haleine. […] dans cette jolie mansarde, d’où il écrit, et qu’il a eu le bon goût de ne jamais quitter, comme l’oiseau dans sa volière. […] Sur un brouillard du soir, sur un violoniste qui passe, sur une danseuse qui s’en va, sur une bouquetière qui meurt, il a écrit des pages délicieuses qui méritent d’être conservées. […] On a une relation de ces moments suprêmes, écrite par l’une d’elles, et où respire un vif sentiment de l’innocence opprimée par l’injustice. […] Pavillon, qui est écrite par une plume janséniste très pure et aussi très circonspecte, on y voit implicitement l’aveu qu’il y eut des abus dans cet institut de l’Enfance.

247. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. » p. 232

et cela me suffit pour coudre de tout mon cœur… Mais écrire m’est impossible. […] J’écris vraiment avec mon cœur : il saigne trop pour des petits tableaux d’enfants. » Il y avait encore d’autres raisons pour ne pas écrire ; n’écrit pas dans les journaux et dans les revues qui veut ; il faut prendre le ton et l’esprit du patron ; les plus honorables recueils ont leurs exigences ; ainsi pour le Musée des Familles, qui semblait s’entrouvrir pour Mme Valmore, mais à la condition d’en passer par la censure et le lit de Procuste du directeur : « (Le 22 février 1851)… M.  […] Pourquoi ne t’écrit-il pas ? […] Le temps n’était plus où Mme Valmore écrivait de lui à son fils : « Je suis toute vibrante des larmes rimées de Brizeux, et toi ? […] Il a écrit pour M. 

248. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Huet, évêque d’Avranches, par M. Christian Bartholmèss. (1850.) » pp. 163-186

Aussi de quoi s’avisait-il d’aller en écrire la plupart en latin, lui qui, né en 1630, ne mourut qu’en 1721, c’est-à-dire qui était à peine l’aîné de Boileau et de Racine, et qui leur survécut assez pour voir les premières fredaines de Voltaire ? […] Huet écrivait cela à la fin du xviie  siècle : que penserait-il donc aujourd’hui, que science et paquebot, tout marche à la vapeur ? […] » Chapelain écrivait cette énormité en mars 1660 ; c’était la date de la première Satire de Boileau. […] Il était à la Cour, et déjà prélat et barbon, qu’il écrivait à Mme de Montespan de fort jolis vers français, En réponse à une invitation à dîner. […] Quand il écrit en français, il a le style bon, bien qu’un peu suranné, et il laisse volontiers aux mots leur acception toute latine.

249. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Révolution française »

En les lisant, on sent que cette Révolution est plus forte que les plumes qui ont écrit d’elle. […] Écrire son histoire, c’est donc écrire une histoire qui se continue. Seulement, l’écrire comme Cassagnac l’a écrite, c’est peut-être l’empêcher de se continuer. […] Si on en croyait son mépris des hommes, qui donc écrirait ? […] Le républicanisme de ce misérable, qui aurait été le publiciste de l’incendie à Constantinople, ne résiste pas à l’étude faite par Cassagnac de ses écrits et de sa vie.

250. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre premier »

L’histoire littéraire de la France commence le jour où le premier mot de la langue française a été écrit. […] Nos écrits sont comme des arrhes que nous donnons au public de notre aptitude aux carrières élevées. […] De là, chez presque tous ceux qui ont du goût, une grande répugnance à écrire. […] En Allemagne, on n’est pas plus tenu d’écrire comme Goethe que comme Jean-Paul Richter. […] Parmi tant d’écrits et tant de noms, elle a omis ceux-ci et retenu ceux-là.

251. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » pp. 157-161

Ennemi des Protestans, il écrivit contre eux avec cette vigueur & cette vivacité qui caractérisent autant le talent de la dispute, que le zele de la vérité. […] Ce qu’il a écrit contre les Jésuites, est de la même magie de style, de la même éloquence, sans pouvoir néanmoins y méconnoître une amertume, un acharnement, bien éloignés de ce ton qui fait valoir les raisons & prouve l’impartialité. On doit par conséquent se garder d’adopter inconsidérément tout ce qu’il leur impute dans sa Morale pratique & dans ses autres Ecrits, où l’animosité étouffe le discernement, & laisse une libre carriere à l’exagération, à la fausseté, aux contradictions. […] Il ne se borna pas à des discussions Théologiques ; il écrivit contre le Prince d’Orange ; & le titre(1) de son Ouvrage suffit pour faire connoître la trempe de son esprit. […] Son génie, plus constamment appliqué à des objets convenables à son état & à sa plume, nous eût laissé des Productions utiles, au lieu de ces Ecrits polémiques qui tombent d’eux-mêmes avec les sujet qui les a fait naître.

252. (1926) La poésie de Stéphane Mallarmé. Étude littéraire

Écrire difficilement ne donne pas une raison suffisante à écrire peu. […] Stendhal écrivait en 1830 pour des lecteurs de 1880. […] Écrire pour tout le monde, écrire pour peu, écrire pour une seule personne, n’écrire que pour soi-même, se taire enfin dans le plein, pur et parfait silence, Voilà autant de degrés de la hiérarchie que conçoit Mallarmé, tout au moins dans l’interrègne actuel. […] S’il écrivit peu il se renouvela très souvent. […] Excuse à écrire, plutôt que cause d’écrire.

253. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXIII. Henry Gréville »

Elle écrit des romans qui se lisent et qui ont du succès. […] Mais si la Princesse Oghérof et Dosia sont les derniers qui aient été écrits, Mme Henry Gréville est en progrès et on peut espérer d’elle qu’elle montera encore. […] Au souffle chaste de ses écrits, je lui crois, à cette femme qui s’est risquée sur la lame à rasoir du bas-bleuisme, des instincts d’une moralité supérieure. […] Certes, ce n’est pas Mme Sand, par exemple, qui aurait écrit une seule ligne de ce roman de Dosia ; ce n’est pas elle qui aurait fait partir une seule de ces fusées ! […] — qui aurait pu écrire avec cette légèreté impétueuse et cette grâce, un livre que les femmes ont appelé un amour de livre, comme ce livre de Dosia !

254. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La diplomatie au xviie  siècle »

Lui vivant, cette espèce de Satrape de la Diplomatie, sa somptueuse, voluptueuse et laborieuse situation fut sa gloire ; mais, mort, il n’eut plus que celle de son nom, écrit dans une foule de papiers d’État, sous la signature de Louis XIV. […] L’auteur de ce livre intitulé Hugues de Lionne 50 l’a pensé, mais la vie qu’il en a écrite ne le prouve pas. […] Sa manière de concevoir et d’écrire l’histoire diplomatique est d’une simplicité par trop élémentaire. […] Et d’ailleurs, si on y réfléchit, il n’y a peut-être que les négociateurs eux-mêmes qui puissent écrire, savoureusement et fructueusement, l’histoire de leurs négociations. […] Ainsi je conçois très bien les mémoires d’un cardinal Duperron ou d’un Talleyrand, et je regrette que Lionne n’ait pas écrit les siens.

255. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Mademoiselle de Condé »

Rien de l’art d’écrire, rien du sentiment de l’écrivain n’est dans cette adorable chose pour laquelle on cherche un nom, difficile à trouver… Quoi qu’il en soit, un tel recueil n’en est pas moins bon à opposer aux livres actuels. […] Je n’ai à parler que de la femme qui a écrit ces Lettres intimes, republiées par M.  […] Il nous cite dans son Introduction des fragments d’écrits politiques retrouvés à la Bibliothèque du Louvre et dans lesquels, à différentes époques, ce La Gervaisais aurait montré une sagacité politique d’une grande acuité. […] Elle aime et elle est heureuse par cet amour, dont elle n’écrit pas même le nom et qu’elle appelle dans toutes ses lettres « de l’amitié ». […] Mademoiselle de Condé cessa de les écrire, mais cessa-t-elle d’aimer La Gervaisais ?

256. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre III. Poëtes françois. » pp. 142-215

Ceux-ci ne nous parlent que des Poëtes qui ont écrit dans un certain genre, ou qui n’ont paru que dans un pays particulier. […] Il est écrit avec liberté, avec gaieté, mais avec trop de prolixité & de négligence. […] Ce petit écrit est un des plus agréables de M. de Fontenelle. […] Personne n’a jamais mieux écrit dans le genre lyrique. […] Ces deux dons si rarement unis, caractérisent tous ses écrits.

257. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVII. De la littérature allemande » pp. 339-365

Il faut qu’elle soit dans une situation paisible pour goûter de tels écrits. […] Werther a produit plus de mauvais imitateurs qu’aucun autre chef-d’œuvre de littérature : et le manque de naturel est plus révoltant dans les écrits où l’auteur veut mettre de l’exaltation, que dans tous les autres. […] Les Allemands manquent quelquefois de goût dans les écrits qui appartiennent à leur imagination naturelle ; ils en manquent plus souvent encore par imitation. […] Il faut s’en tenir aux principes universels de la haute littérature, et n’écrire que sur les sujets où il suffit de la nature et de la raison pour se guider. […] Les hommes éclairés de l’Allemagne ont, pour la plupart, un amour de la vertu, du beau dans tous les genres, qui donne à leurs écrits un grand caractère.

258. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre III. Grands poètes : Verlaine et Mallarmé, Heredia et Leconte de Lisle » pp. 27-48

Des essais sur Verlaine, on en écrira longtemps, même on a déjà pu en publier, car son œuvre, depuis quelques années, était close. […] Paul Verlaine s’écrivit lui-même. […]   Je détache d’un second petit écrit, cette autre théorie familière à M.  […] À ne répéter point ce qui fut écrit, et Mendès est si près de tout écrire, quand il veut écrire, faute aussi de pouvoir déjà expliquer historiquement Heredia, dont les origines me sont confuses, je n’ai guère que quelques redressements à proposer de l’opinion qu’on se fait communément de Heredia et des Trophées, opinion en moyenne assez juste et raisonnable. […] Pourquoi n’en écrivait-on point il y a cinq ans ?

259. (1858) Cours familier de littérature. V « XXIXe entretien. La musique de Mozart » pp. 281-360

Nous avons fait écrire dernièrement par un artiste un menuet, et aussitôt, sans toucher le clavecin, notre petit bonhomme a écrit la basse et il écrira aussi couramment si l’on veut le second violon. […] Il serait trop long de vous écrire tout ce qui s’est dit et fait. […] écrit le père enthousiaste, sur mon honneur ! […] vous êtes cet enfant célèbre dont on m’a tant écrit ! […] J’attends sa réponse pour savoir comment j’aurai à lui écrire.

260. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite et fin.) »

« Dans cette guerre je ne puis avoir que des joies bien courtes », écrivait Catinat à son frère trois semaines après La Marsaille. […] Tessé écrivait à M. de Chamillard, du camp de Vavre sur l’Adda, le 7 août 1701 : « Il faut, je crois, cacher au roi la désolation de Milan. […] Adieu, mon cher frère ; c’est vous en dire assez sur ce sujet triste. » Il écrivait encore à son frère le lendemain 23, après avoir vu le nouveau général arrivé de la veille au soir : « Je vous ai déjà écrit, par l’ordinaire, sur l’arrivée de M. le maréchal de Villeroy ; je vous répéterai que je m’y mettrai jusqu’au cou pour contribuer au rétablissement de la réputation des armées des deux couronnes en Italie. […] Louis XIV lui écrivit une lettre d’intérêt sur cette blessure. […] On possède peu de détails originaux et de renseignements écrits sur ces dix années de sa fin : la tradition presque seule a parlé.

261. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Adrienne Le Couvreur. » pp. 199-220

Elle lui écrivait : Enfin, vous voulez que l’on vous écrive, contre toutes sortes de raisons. […] Je pourrais ajouter que je n’ai pas moins de douleur de savoir que vous blâmez ma conduite ; mais je vous écris moins pour la justifier que pour vous protester qu’à l’avenir, sur ce qui vous intéresse, elle sera telle que vous voudrez me la prescrire. […] Je lui écrirai ce qu’il vous plaira ; je ne le verrai de ma vie, si vous le voulez ; j’irai même à la campagne, si vous le jugez nécessaire ; mais ne le menacez plus de l’envoyer au bout du monde. […] Cet ami était parti brusquement sans le lui dire, sans le lui écrire ; elle s’en plaint avec grâce : faut-il donc y tant regarder avant de se mettre à écrire une lettre d’amitié ? […] Quand il est question d’écrire à mes amis, je ne songe jamais qu’il faille de l’esprit pour leur répondre : mon cœur me suffit à tout.

262. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Œuvres de Barnave, publiées par M. Bérenger (de la Drôme). (4 volumes.) » pp. 22-43

Il aime à se rendre compte de tout par écrit. […] Dans les pages de réflexions et de considérations élevées qu’il écrivit dans la retraite ou dans la captivité en 1792, il faut lui rendre cette justice qu’il parle surtout des choses et des événements généraux, et très peu de lui. […] Celui-ci, en effet, a écrit une Relation de ce retour de Varennes, relation encore manuscrite, et dont j’ai pu lire une copie dans le cabinet de l’ancien et toujours gracieux chancelier de France, M.  […] Ses lettres écrites aux Lameth, à cette date, indiquent assez en quel sens et de quelle nature pouvaient être les seuls conseils qu’il fût capable de donner1. […] Ceci devait être écrit dans les premiers temps de son retour à Grenoble.

263. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — I. » pp. 329-349

Necker est un fort honnête homme ; il a beaucoup d’esprit, mais il met trop de métaphysique dans tout ce qu’il écrit. […] Il n’écrivait d’abord que sur des matières qui se rapportaient à ses occupations habituelles. […] Il vengeait encore les négociants et leur finesse de coup d’œil supérieure à la théorie, dans un mémoire écrit au nom de la même Compagnie, et par lequel il répondait à un écrit de l’abbé Morellet (1769). […] Le second écrit de M.  […] Je n’insisterai pas sur cet écrit dont Mme Du Deffand disait : « J’ai lu quelques chapitres de M. 

264. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Mémoires du général La Fayette (1838.) »

Sur Dumouriez, du reste, il écrit de belles et judicieuses pages. […] L’écrit intitulé Guerre et Proscription finit par ces mots : « Dumouriez, réconcilié avec les girondins, eut le commandement de l’armée de La Fayette. […] Il se refuse à rentrer par un biais dans les choses publiques : « Rien, écrit-il (octobre 1797) à un ami qui semblait l’y pousser, rien n’a été si public que ma vie, ma conduite, mes opinions, mes discours, mes écrits. […] A lire ce qu’il a écrit de 97 à 1814, on le dirait. […] Quoiqu’il eût le talent et l’art d’écrire, c’était, vers la fin, Des Renaudes qui lui faisait ses rares discours.

265. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Notes et pensées » pp. 441-535

Il ne me trouve pas chez moi ; il m’écrit et se plaint de ne me point rencontrer. — Eh ! […] Je vous le donnerai, mais je ne l’ai jamais écrit ailleurs. […] Les notes suivantes écrites au jour le jour ne sont que des traits pris sur nature. […] On l’a dit très spirituellement, s’il osait il écrirait poème épique en tête d’un sonnet. […] Charles Dupin, et après l’avoir essuyée dans toute sa longueur, écrivait : « Le baron C.

266. (1898) Inutilité de la calomnie (La Plume) pp. 625-627

Leurs nouveaux écrits me déplurent. […] Il a écrit Nathanael. […] Au temps de mes premiers écrits, M.  […] Je lui écrivis. […] que tous mes écrits soient des odes !

267. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — Les inscriptions des monumens publics de France doivent-elles être écrites en Latin ou en François. » pp. 98-109

Les inscriptions des monumens publics de France doivent-elles être écrites en Latin ou en François. […] Il avoit écrit qu’elle pouvoit se plier à tous les sujets, & il ne vouloit pas qu’on eût recours à d’autre pour les monumens publics. […] Il écrivit de manière qu’on se moqua de lui*. […] Les trois quarts, au moins, de ce corps se déclarèrent pour le François : quelques académiciens, à la vérité, écrivirent en faveur du Latin. […] Enfin Horace & Virgile ont composé dans leur langue ; Homère & Anacréon ont écrit en Grec, & non pas en Hébreu ou en Égyptien : un François doit écrire en François, & non pas dans une langue étrangère à tant de monde.

268. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — De la langue Latine. » pp. 147-158

Les sçavans d’audelà des monts, idolâtres de ce stile, prétendirent que, pour être bon Latiniste, il ne falloit écrire que dans le stile de Cicéron, & que tous les autres étoient barbares. […] On proscrivit Cicéron & son stile : on nia que ce fut être barbare que d’écrire dans un autre. […] Aussi écrivit-il avec force, pour justifier les stiles différens de celui de l’orateur Romain. […] On accusoit même de précieux & d’afféterie ridicule tout ce qui n’étoit pas écrit de cette grande manière. […] L’auteur se propose d’y montrer le ridicule qu’il y a de prétendre bien écrire en latin, bien parler & bien entendre cette langue.

269. (1881) Études sur la littérature française moderne et contemporaine

Les écrits de M.  […] Par exemple, un abonné écrit au directeur M.  […] comme c’est écrit !  […] Mais il n’écrivait rien. […] Rien n’est beau de ce qui est écrit.

270. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre X. De la simplicité du style »

Il n’y a pas d’idées, de sentiments qui vaillent la peine d’être préférés : il y a des phrases qui méritent d’être écrites, des phrases belles, des phrases bien faites. […] Il est des jeunes gens qui écrivent d’un style naturel et simple, quand ils s’abandonnent, et ne songent pas à ce qu’ils font : quand ils croient penser, quand ils veulent écrire, arrivent les grands mots et les belles phrases, le style drapé, guindé, important, à moins que ce ne soit le langage maniéré, alambiqué, quintessencié, qui coupe les idées en quatre, et danse sur les pointes d’aiguilles. […] Les premières œuvres de nos grands écrivains, quand ils les ont écrites en pleine jeunesse, sont rarement exemptes de rhétorique. Il en est quelques-uns, morts jeunes, qui n’ont pas eu le temps de mûrir, et dont tous les écrits le laissent apercevoir : mais un certain charme de fraîcheur et de naïveté y compense les défauts, qui sont imputables à l’âge plutôt qu’au talent de l’homme. […] Il y a des mots qui doivent être parlés, d’autres criés, d’autres écrits ; il y en a même qui conviennent moins au manuscrit qu’à l’impression.

271. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Méry »

Le caractère du talent de Méry, quand la fantaisie le prend d’écrire l’histoire, est de la sentir et de l’aimer. […] Et nous disons : quand la fantaisie le prend d’écrire l’histoire… car, on le sait de reste, Méry, cette belle plume brillante et changeante, ce souple esprit qui a mille manières de s’enlever sur ses longues ailes, n’est qu’exceptionnellement historien. […] Nous ne connaissons pas de meilleure réponse que Méry à cette affirmation des jugeurs qui mettait en furie Chateaubriand, le vieux enfant colère, quand ils lui disaient qu’un poète n’est jamais capable de rien que de poésie ; car, en dehors de ses poésies écrites et de la poésie de sa nature, il n’y eut jamais, du moins dans notre époque, d’homme capable intellectuellement de plus de choses que Méry. […] Conversationniste éblouissant, qui parle comme il écrit et qui écrit comme il parle (et quand on a dit cela on ne sait pas ce que l’on a vanté le plus de sa conversation ou de son style), cet esprit multicolore a toujours eu la facilité du génie, même les jours où il n’en eut pas la puissance. […] Nous le souhaitons pour notre compte, et dans l’intérêt même de l’Histoire, à laquelle nous désirons que Méry revienne parce qu’il nous semble organisé pour l’écrire ; — de l’Histoire, cette dernière occupation des grands esprits quand ils ont atteint l’apogée de leurs facultés complètement développées et mûries, cette pourpre impériale de leurs jours de force éprouvée, et que Méry vient, par son livre Sur Constantinople, de commencer à revêtir !

272. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIVe entretien. Cicéron (3e partie) » pp. 257-336

On sent que Rousseau déclame en rhéteur et que le Romain écrit en législateur philosophe. […] « Si l’on demande pourquoi donc j’ai pensé si tard à écrire dans ce genre-ci, ma réponse est simple. […] C’est à la même époque qu’il écrivit le livre intitulé du Destin. […] Cela est écrit, comme cela est pensé, divinement. […] Cicéron, après ce traité de haute politique, voulut écrire sur la législation, qui dérive de la politique ; il écrivit le Livre des Lois ; il devait bientôt écrire le Livre des Devoirs, afin que la civilisation tout entière eût pour ainsi dire son catéchisme dans ses œuvres, comme elle l’avait dans son âme et dans sa vie.

273. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (1re partie) » pp. 305-364

Je me dis à moi-même : J’écrirai ! Mais, avant d’écrire, je réfléchis : et voici ce que je réfléchis. […] Ces vers, lisez, encore une fois, les voici ; j’oublie, en les transcrivant, celui pour qui ils furent écrits, mais jamais celui qui les écrivit : Ode à M.  […] Je me sentis pressé d’écrire ce que je pensais de cette critique éloquente, passionnée, radicale, prolétaire, de la société. […] Il me répondit deux ou trois fois, en me remerciant et en m’octroyant, comme un homme fort, pleine licence d’écrire ma pensée contre sa pensée.

274. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Romans et nouvelles » pp. 3-80

Pourquoi donc l’avons-nous écrit ? […] Ce roman réaliste de l’élégance, ça avait été notre ambition à mon frère et à moi de l’écrire. […] Quant à écrire, selon la recommandation de mon ami, M.  […] Répétons-le, le jour où n’existera plus chez le lettré l’effort d’écrire, et l’effort d’écrire personnellement, on peut être sûr d’avance que le reportage aura succédé en France à la littérature. Tâchons donc d’écrire médiocrement, d’écrire mal, même plutôt que ne pas écrire du tout ; mais qu’il soit bien entendu qu’il n’existe pas un patron de style unique, ainsi que l’enseignent les professeurs de l’éternel beau, mais que le style de La Bruyère, le style de Bossuet, le style de Saint-Simon, le style de Bernardin de Saint-Pierre, le style de Diderot, tout divers et dissemblables qu’ils soient, sont des styles d’égale valeur, des styles d’écrivains parfaits.

275. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — II » pp. 57-80

Ainsi, le 2 juin de cette année 1702, il écrivait à Chamillart : Ne voulez-vous point, Monseigneur, dans la guerre la plus difficile qu’on ait vue depuis trente ans, peser la différence qu’il y a d’un homme à un autre ? […] Je sais, écrivait Villars au prince de Conti, que sur les terrasses de Versailles et de Marly, moi pauvre diable, on me traite d’extravagant, ou par l’amour, ou par l’avarice, ou par la vanité. […] Chamillart lui avait écrit un peu à la légère au commencement de la campagne : « Ce n’est pas assez pour vous d’avoir fini glorieusement la dernière, il faut mériter pendant celle-ci d’être connétable. » Villars n’a pas laissé tomber le propos, et il s’est dit : Pourquoi pas ? […] si vous me permettez de sortir un peu du sérieux qui convient quand on a l’honneur d’écrire à son ministre, j’aurai l’honneur de vous dire que vous vous y prenez très mal. […] Cette lettre écrite à une heure décisive lui était restée très présente, et, bien vieux, il aimait à en rappeler textuellement les dernières paroles : Peut-on servir sans plaire ?

276. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Elle écrivait en mai 1826 à un excellent ami, M.  […] L’impression qu’en reçut Mme Valmore fut respectueuse et sentie ; elle en écrivait le 8 décembre 1833 à M.  […] Sainte-Beuve écrivait à la respectable veuve de M.  […] Colincamp, écrivait à M.  […] Ritter, traducteur de Strauss, qui écrivait de Morges à M. 

277. (1880) Une maladie morale : le mal du siècle pp. 7-419

J’essayai d’en écrire quelques-uns. […] « Je suis bien aise de vous dire, lui écrit M.  […] Mais il avait souffert, comme l’a écrit M.  […] écrivait-il… Ah ! […] N’écrivez jamais, Marie, à l’homme qui vous aimera ! 

278. (1846) Études de littérature ancienne et étrangère

ou comment vous écrirai-je ? ou que ne vous écrirai-je pas en ce temps ? […] Il prenait plaisir à porter dans ses écrits la mollesse de ses mœurs. […] Ils apportent le jeûne, mais ils laissent de côté la loi écrite. […] Je vois ma fin tragique écrite sur ton front.

279. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre (suite et fin) »

Le maréchal de Noailles, commandant à la frontière du Nord, a obtenu du roi la liberté de lui écrire directement sur les affaires militaires : il lui demande la même permission pour la politique en général : « Il est presque impossible, écrit-il au roi, de former aucun plan particulier avec solidité, sans embrasser le tout. […] La langue que parlait le grand roi était réellement en accord avec celle que parlaient ou qu’écrivaient de son temps les plus éloquents et les mieux disants des écrivains ; entre l’une et l’autre il y a convenance parfaite et harmonie. […] Pour ce qui est de sa langue écrite, elle n’offre aucune qualité ; elle n’a rien, absolument rien d’un contemporain de Montesquieu ou de Voltaire, ou même de Duclos ; aucun tour, aucune netteté, aucune vivacité. […] Voici en quels termes le roi en écrit au maréchal : « Je suis fâché que votre santé soit altérée ; pour la mienne, elle est très bonne. […] Et pourtant tous les contemporains qui en valent la peine sont d’accord là-dessus : le maréchal est homme à donner d’admirables conseils, même au comte de Saxe (voir Lettres et Mémoires tirés des papiers de ce dernier) ; il a de l’entrain quand il écrit ; il appelle le maréchal de Saxe son fils : il a des effusions et des démonstrations qui ne déplaisent pas : mais en tout il écrit mieux qu’il n’agit, ; il fait de beaux mémoires pour justifier ses lenteurs (Journal du duc de Luynes, tome VI, page 73) ; il a des quantités de projets et des infinités d’idées à la fois, qui donnent de l’éblouissement et qui se nuisent (ibid.

280. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — I » pp. 248-262

Tous ceux qui ont écrit sur Bossuet en ont fait un ample et continuel usage : M. de Bausset en a tiré des secours faciles pour son intéressant et agréable récit ; M.  […] L’abbé Le Dieu, dans cet ouvrage, se soigne, et il écrit comme en vue du public ; son style a de la facilité, du développement, des parties heureuses : on sent l’homme qui a vécu avec Bossuet et qui en parle dignement, avec admiration, avec émotion. […] Son journal proprement dit n’a guère d’autre caractère que celui de Dangeau, et de tels écrits, très curieux pour la postérité, ont rarement pour effet de grandir les personnages qui en font les frais et dont on nous raconte jour par jour toutes les actions et toutes les fonctions. […] Ainsi Bossuet, quand il était obligé d’écrire à l’avance se réservait du moins la chance d’une expression double ; il gardait toujours une ou deux voiles libres, ouvertes, pour le vent soudain du moment. […] Il n’écrit pas pour écrire, il n’a nulle démangeaison d’être imprimé ; il n’écrit généralement que forcé par quelque motif d’utilité publique, pour instruire ou pour réfuter, et si le motif cesse, il supprime ou du moins il met dans le tiroir son écrit. « Il n’y avait de grand à ses yeux que la défense de l’Église et de la religion. » Tel il nous apparaît de plus en plus dans le tableau de l’abbé Le Dieu, et tel il sera jusqu’à sa mort.

281. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Jules Janin » pp. 137-154

» C’est là une phrase comme les anciens professeurs de rhétorique en écrivent, sans se soucier de ce qu’il y a dedans ou de ce qu’ils croient mettre dedans. […] Mais avec lui le feuilleton n’était que le feuilleton, une chose en soi, qu’il a presque faite et qui n’a guère son nom que depuis qu’il a écrit les siens. […] Ses plus belles, ses plus souples, ses plus éclatantes phrases, il les écrivait : va comme je te pousse ! […] Il avait la simplicité qu’ont tous les hommes qui ne pensent jamais qu’à une seule chose, et pour lui c’était toujours à quelque page brillante ou charmante à écrire ! […] Cet horatien, qui ne guérit jamais d’Horace, préférait sa traduction à tous les feuilletons qu’il avait écrits !

282. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Relation inédite de la dernière maladie de Louis XV. »

Il existe un petit nombre de lettres curieuses de Mme de Tencin au duc de Richelieu, écrites dans le courant de 1743 ; informée par son frère, le cardinal, de tout ce qui se passe dans le Conseil, cette femme spirituelle et intrigante en instruit le duc de Richelieu, alors à la guerre. […] « Versailles, 22 juin 1743… Il faudrait, je crois, dit-elle, écrire à Mme de La Tournelle (Mme de Châteauroux) pour qu’elle essayât de tirer le roi de l’engourdissement où il est sur les affaires publiques. […] Il fallut monter à cet effet toute une machine : « Mon frère, écrit Mme de Tencin, ne serait pas très-éloigné de croire qu’il serait très-utile de l’engager à se mettre à la tête de ses armées. […] Nous pourrions multiplier ces citations accablantes : « Rien dans ce monde ne ressemble au roi », écrit-elle en le résumant d’un mot. […] C’est dans cette conviction qu’en livrant ces pages au public, nous sommes assuré de ne manquer en rien ni à la mémoire ni à la pensée de celui qui les a écrites.

283. (1856) Cours familier de littérature. I « IIe entretien » pp. 81-97

Voici ce que nous écrivions nous-même récemment sur cette question ou plutôt sur ce mystère : « Nous plaignons sincèrement les philosophes qui discutent depuis des siècles pour savoir si c’est l’homme qui a inventé la parole. […] IV Quant à la parole écrite qui a produit la lecture, et par la lecture la littérature, on conçoit très-bien que cet art d’écrire les signes et les sons ait été inventé par l’homme. […] Parce qu’il a la parole, parce qu’il s’exprime, parce qu’il accumule, à l’aide de cet instrument, des langues parlées et écrites, des sentiments, des idées, des vérités, des adorations qui l’élèvent de son néant jusqu’à l’infini. […] Les langues et les livres écrits dans ces diverses langues sont le dépôt de cette littérature universelle. […] Des peuples nouveaux recommencent à penser, à parler, à écrire des choses dignes de mémoire.

284. (1928) Les droits de l’écrivain dans la société contemporaine

Ne devrait-il pas prendre garde à ce qu’il écrit ? […] Elle met fin, d’une certaine manière, à sa liberté de penser et d’écrire. […] Une loi qui limiterait l’usage que nous faisons des lettres qu’on nous écrit serait insupportable. […] Écrites auxdits héritiers, elles leur appartiennent ; écrites à des tiers, elles ne regardent pas plus les héritiers que les paroles ou les conseils de leurs auteurs à ses amis. […] Ils peuvent bien écrire ou discourir contre les miennes tout leur soûl !

285. (1880) Goethe et Diderot « Diderot »

Cet immense bavard, de la plume comme de la langue, a beaucoup écrit. […] Diderot pratiqua son Paradoxe du Comédien avant de l’écrire. […] C’est certainement le plus osé des écrits matérialistes de Diderot. […] C’est lui qui a écrit, le malheureux ! […] Et, d’ailleurs, il parlait trop pour beaucoup écrire.

286. (1898) Essai sur Goethe

Il trouve du temps à consacrer à d’autres écrits. […] Les images que j’ai oubliées et que vous partagerez aux enfants, puissent-elles m’excuser d’écrire, Lotte, quand je n’ai rien à écrire. […] Le matin suivant, de bonne heure, Jérusalem écrivit à M.  […] écrivit-il à son ami, en son style le plus échevelé… Le malheureux ! […] D’ailleurs, est-ce que nos âmes n’importent pas davantage que nos écrits ?

287. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Il écrivait à Mme Valmore : « Boitsfort, 9 septembre 1855. […] Raspail avait écrit dans sa Revue d’éloquents articles sur Rousseau au physique et au moral105. […] J’ai enfermé cette ] lettre avec ce que vous avez jamais écrit de plus ardent et de plus loyal : aussi l’ai-je lue en compagnie de mon cher fils avec un intérêt indicible. […] Elle m’a écrit en vers, elle m’a écrit en prose, et toutes ses lettres ont le même charme pour moi. […] écrivait-elle dans l’intimité ; tu n’imagines pas combien je connais de malheureux et comité cela m’abat.

288. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIV. L’auteur de Robert Emmet »

… Aujourd’hui, la femme qui l’a écrit, nous donne deux autres ouvrages : la Jeunesse de lord Byron et les Dernières Années de lord Byron, et elle ne les signe pas de son vrai nom. […] Cette insignifiance, que je veux bien par politesse ne pas appeler une platitude, l’autorise-t-elle à signer tout ce qu’elle écrira désormais comme d’un titre l’auteur de Robert Emmet… ? […] Il n’est pas mal pensé ; il n’est pas mal écrit ; il n’est point déclamatoire ; il n’est point ridicule ; il n’a ni la fausse poésie, ni le faux enthousiasme, ni la fausse profondeur. […] Les Premières et Dernières Années de lord Byron, écrites en deux fois, — deux coups manqués !  […] « Ça n’est pas écrit avec une plume d’aigle, me dit-elle, mais avec une plume de pie, et de pie qui n’a plus ses deux yeux ! 

289. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (2e partie) » pp. 1-80

Voici ce que l’héritier des Stuarts s’empressait d’écrire, trois jours après, à son ami le roi de Suède, ou plutôt le comte de Haga. […] C’est là qu’il compose Agis, Sophonisbe, Myrrha ; c’est là qu’il écrira ses deux Brutus et la première de ses Satires. […] Seulement, ami de quelques philosophes de seconde ligne, il écrit, pour complaire à l’époque, une ode sur la prise de la Bastille. […] Au moment du procès de Louis XVI, et touché de loin par sa mort, il avait écrit, dans son cabinet, une défense de ce roi. […] Après quoi, je pliai bagage pour toujours ; et si depuis j’ai composé quelque pauvre petit sonnet, quelque chétive épigramme, ç’a été sans l’écrire ; ou si je les ai écrits, je ne les ai point gardés, je ne saurais où les retrouver, et ne les reconnais plus pour être de moi.

290. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre III. Le roman » pp. 135-201

Henry Ghéon écrit : (Ermitage, 1904, octobre). […] Il faut le proclamer, Madame de Noailles écrit ses plus beaux poèmes en prose. […] Ce livre, bien qu’écrit un peu lourdement, mérite de retenir l’attention. […] Il avait écrit une excellente étude des mœurs des petites villes, Les Jeux de la Préfecture. […] Claude Anet a écrit Les Bergeries.

291. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — I. » pp. 409-426

« Il faut avouer que l’amour-propre, l’amour de la gloire, l’ambition, peuvent faire faire de belles choses aux hommes. » C’est ce qu’écrivait Léopold Robert à l’un de ses amis, et toute sa vie le prouve. […] En somme, de tout ce qui a produit dans les arts, c’est lui et Michel-Ange qui me remuent le plus : le premier par le fond de philosophie si bien écrit ; le second par une imagination si gigantesque, si grande, si originale. […] En continuant d’écrire, comme il le fit avec plus d’abondance dans les dernières années, il serait arrivé à dégager son expression : jusque dans ses incorrections et son incertitude, elle a son charme. […] Les premières de ses lettres, écrites de Rome à la date de 1820, et adressées à son ami Navez, qui venait de quitter la petite colonie romaine pour retourner en Belgique, ont un accent de camaraderie et un style qui sent terriblement l’atelier. […] Plus je deviens vieux, plus je pense que c’est la meilleure chose pour un artiste qui aime véritablement son art. » — En octobre 1826, au moment d’une réunion avec sa mère, qu’il avait décidée à venir passer quelque temps à Rome, il écrivit au même ami M. 

292. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Voiture. Lettres et poésies, nouvelle édition revue, augmentée et annotée par M. Ubicini. 2 vol. in-18 (Paris, Charpentier). » pp. 192-209

Cela ne se transmet pas et ne s’écrit jamais que très imparfaitement. […] Au duc d’Enghien, après le passage du Rhin, il écrit la fameuse lettre de la carpe à son compère le brochet. […] Au milieu des légèretés (qu’il continue d’écrire aux beautés de sa connaissance, on entrevoit là cependant un Voiture plus sérieux que celui qu’on s’imagine d’ordinaire, et M.  […] Il écrit à M. de Puylaurens, le favori de Gaston, et qui plus tard paiera de sa liberté et de sa vie le malheur ou le tort de n’avoir point répondu aux intentions de Richelieu. […] Delille n’eût jamais écrit ni pensé la belle page sur le cardinal de Richelieu.

293. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier »

me disait un jour la personne la plus respectable et la plus charmante, bien que si austère ; ce qu’on a écrit sur elle ne vous paraît-il donc pas suffisant ?  […] Ces preuves, ce sont sans doute les écrits durables et permanents ; mais le plus sûr est de ne pas s’en tenir uniquement aux écrits déjà anciens et qui ont jeté leur feu ; le meilleur coup de fortune pour une mémoire immortelle est d’avoir, du sein du tombeau, deux ou trois de ces retours et de ces réveils magnifiques qui étonnent les générations nouvelles, qui les convainquent qu’un mort puissant est là, redoutable encore jusque dans son ombre et son silence. […] Elle écrivait beaucoup, sans cesse ; il y a, — il y avait des suites de correspondances nombreuses d’elle avec ses principaux amis : que sont-elles devenues ? […] Il lui arrivait d’écrire en 1809 : « Je me trouve parfaitement d’accord sur les principes politiques avec Mme de Staël, passablement sur les sentiments qui les accompagnent, excepté que dans tous ses jugements elle est trop souvent haineuse et méprisante. […] Voir au tome Ier, page 189, des Œuvres d’Auguste-Guillaume de Schlegel, écrites en français et publiées par Édouard Bocking (Klincksieck, rue de Lille, 11).

294. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — II. » pp. 460-478

« Asseyez-vous, lui dit-il, et écrivez ; je veux vous donner là-dessus mes idées. » Quand la dictée fut achevée, le Premier consul lui dit de relire. […] Il a dans la mémoire quantité de maximes, de définitions, des parties tout écrites de science et de morale sociale, des paragraphes entiers qu’il reprend et qu’il replace à l’occasion sans presque y rien changer. […] Quand il causait ou qu’il, écrivait familièrement, Portalis avait de cet enjouement dans le grave. […] Tout ceci était écrit en août et en septembre 1799. […] quel soin scrupuleux d’opérer la transaction entre le droit écrit et les coutumes, entre ce que la raison réclame et ce que l’usage peut supporter !

295. (1905) Promenades philosophiques. Première série

Loin que Bacon ait écrit Shakespeare, c’est peut-être Shakespeare qui a écrit ce qu’il y a de raisonnable dans Bacon. […] Il a certainement du plaisir à écrire. […] Ses écrits semblent d’aujourd’hui même. […] Ne pas écrire : comment faire pour ne pas écrire ? […] Villon écrit pied.

296. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE VIGNY (Servitude et Grandeur militaires.) » pp. 52-90

M. de Vigny semblait peu fait d’abord pour écrire en prose ; il avait déjà écrit Éloa et Dolorida, c’est-à-dire des chefs-d’œuvre, qu’il savait à peine construire une phrase de prose pour les articles de critique ou de complaisance qu’il insérait dans la Muse française. […] C’est après de longs intervalles que j’écris, et je reste plusieurs mois de suite occupé de ma vie, sans lire ni écrire. […] Un autre s’en est occupé aussi, il en pense quelque chose, il en écrira ! […] Je vous écris les larmes aux yeux, et ne sais vraiment quel éloge littéraire vous donner. […] Il écrivit, en rentrant chez lui, le détail de ses impressions et une espèce de psychologie personnelle comme on dirait aujourd’hui.

297. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIV » pp. 126-174

. — Écrits relatifs aux précieuses. — L’abbé d’Aubignac, l’abbé de Pure, Somaise, Molière. […] Son écrit plat et grossier n’épargne personne : il met tout en pièces. […] Escrits, écrits. […] L’estime de Boileau pour mademoiselle de Scudéry ne l’avait pas empêché de parodier ses écrits dans ses héros de roman. […] J’ai vainement cherché dans les écrits du temps l’occupation que les femmes de la haute société mêlaient à la conversation.

298. (1923) Paul Valéry

Laissons de côté la question de savoir si Valéry écrit facilement. […] La « pensée trop immédiate, dit-il, est bonne pour parler, non pour écrire. » Ainsi le mépris de Mallarmé pour la parole écrite : à ce délicieux parleur écrire comme on parle paraissait un intolérable abaissement de l’écrit (Et pourtant comme sa prose est d’un causeur !) […] Au lieu de l’écrire il l’a en effet parlée. Mais il l’a parlée par écrit. […] J’en reviens dès lors à ce que j’écrivais en commençant cet essai.

299. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — II. Duclos historien » pp. 224-245

L’historien doit tout lire, et ne doit écrire que ce qui mérite d’être lu. […] que Vénus seule désormais protège mes écrits ! […] il n’appartient qu’aux philosophes d’écrire l’histoire. […] Voltaire lui écrivait par compliment : « Bonsoir, Salluste. » Il aurait dû se contenter de lui écrire : « Bonsoir, Justin.

300. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — II. (Fin.) » pp. 109-130

Il a écrit sur cette question tant agitée des anciens et des modernes quelques pages qui sont des meilleures et qui terminent noblement son livre des Considérations sur l’esprit et les mœurs. […] Ce petit écrit, que je voudrais plus court encore dans la dernière moitié, est très spirituel et des plus distingués par l’idée. […] Aladin continua : « Quand tous les hommes essaieront les forces de leur esprit, le nombre des bons ouvrages sera infini. » — « C’est le nombre des écrits, dit le Kalender, c’est la facilité d’écrire qui empêchera l’essor du génie. […] Je ne le rapprocherai ni des Considérations de M. de Maistre, ni de l’Essai de Chateaubriand, mais je le mettrai à côté des écrits de Mallet du Pan à cette date. […] Ce que j’écris, ce que je dis, n’est jamais pour moi ni une vérité intime, ni un motif d’amour-propre.

301. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. »

Ce livre des Rêveries lui-même fut écrit trop tôt (1732-1733), comme par un auteur amateur, avant son entière maturité et toute son expérience, du temps qu’il passait encore pour mener les troupes françaises à la tartare. […] Il montre que l’éditeur est seul coupable des divisions, des sous-titres prétentieux et de l’appareil scientifique dont on a affublé un écrit dicté à quelque aide de camp ou secrétaire durant treize nuits d’insomnie. […] « Je pense, lui écrivait-il (15 septembre 1741), qu’il y va de l’intérêt de la France. […] Du camp devant Tournai, il écrivait à sa sœur, la princesse de Holstein, le 21 mai 1745, dix jours après la victoire de Fontenoy : « La ville s’est rendue le 22. […] Elle avait écrit au maréchal en lui faisant part de ses inquiétudes sur ce que le pauvre Favart était devenu.

302. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LE COMTE XAVIER DE MAISTRE. » pp. 33-63

La pensée lui vint de l’écrire ; son frère l’y encouragea et approuva le premier essai qui lui en fut montré, conseillant seulement de le raccourcir. […] Je lui ai entendu raconter ainsi la touchan histoire d’un officier français émigré, vivant à l’île de Wight, qu’il n’a pas écrite encore. […] Mais il suffira de donner ici sa jolie pièce du Papillon, qui, pour la grâce et l’émotion, ne dépare pas. le souvenir de ses autres écrits. […] Quand on lui demandait s’il n’avait pas quelque dernier opuscule en portefeuille, il répondait en désignant le Presbytère, l’Héritage, la Bibliothèque de mon oncle, la Traversée, le Col d’Anterne, le Lac de Gers, un choix enfin des meilleurs écrits de M. […] Le vicomte de Ségur, pour se distinguer de son frère lorsque celui-ci fut devenu maître des cérémonies sous Napoléon, et pour s’en railler un peu, écrivait volontiers chez ses amis : Ségur sans cérémonies.

303. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre IV. Le patriarche de Ferney »

Mais cette métaphysique est diffuse dans une infinité d’écrits, elle les soutient ou s’y implique. […] C’est l’occasion pour lui d’écrire un Traité sur la Tolérance (1763) : mais ce livre même n’est qu’un moyen de frapper l’opinion et les juges. […] Enfin ce sera Lalli, pour la mémoire duquel il écrira ses Fragments sur l’Inde : il donnera son appui au fils de la victime, et l’un des derniers billets qu’il écrira sera pour se réjouir de l’arrêt qui réhabilite le malheureux général. […] Il écrivit contre les idées de Voltaire : il réfuta dans une lettre le Poème sur le désastre de Lisbonne. […] Dans les Lettres écrites de la Montagne.

304. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Goethe et de Bettina, traduites de l’allemand par Sébastien Albin. (2 vol. in-8º — 1843.) » pp. 330-352

Mme de La Tour-Franqueville, après la lecture de La Nouvelle Héloïse, se monte la tête, se croit une Julie d’Étange, et elle écrit des lettres très vives au grand écrivain, qui la traite assez mal et en misanthrope qu’il est. […] Mais Bettina vivait loin de lui ; elle lui écrivait des lettres pleines de vie, brillantes de sensations, de couleurs, de sons et d’arabesques de tout genre, qui l’intéressaient et le rajeunissaient agréablement. […] Je te l’ai répété mainte fois, écris l’histoire de Gunderode, et envoie-la à Weimar ; mon fils la désire ; il la conservera, et au moins elle ne te pèsera plus sur le cœur. […] À partir de ce jour de l’entrevue, et après être retournée à Francfort, elle lui écrivit sur toutes choses, lui envoya toutes ses pensées, tantôt sur le ton de l’hymne et de l’adoration, tantôt sur celui de la gaieté et du badinage. […] Il lui écrit des lettres courtes, et quelquefois par un secrétaire ; elle s’irrite alors, elle boude.

305. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le comte-pacha de Bonneval. » pp. 499-522

Sa vie aventureuse et romanesque a prêté à des Mémoires apocryphes fabriqués de son vivant, et qu’il put lire lui-même en haussant les épaules de pitié : Ce sont de pauvres gens, écrivait-il à son frère (26 septembre 1741), que ces prétendus historiens, qui sans doute payent leurs hôtes et s’habillent à mes dépens. Ces écrits faits à la hâte, et où je n’ai aucune part, même dans les aventures qu’ils m’attribuent, sont des ouvrages éphémères que je ne puis empêcher, mais que je désavoue formellement, comme vous pourrez en assurer tout le monde. […] Ma paresse s’oppose à un pareil travail, outre que tant de gens écrivent ce qui se passe dans le monde, qu’on le saura bien sans moi. […] Je conçois qu’on ait eu envie de l’écrire. » C’est pour avoir cédé toujours à ces envies et ne les avoir jamais contrôlées par un devoir, par un principe ou un scrupule, que Bonneval se perdit. […] Lorsqu’il fut parti, elle lui écrivit le plus souvent qu’elle put.

306. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XV. Des ouvrages sur les différentes parties de la Philosophie. » pp. 333-345

in-12., à l’usage des enfans, qui est bien écrit, & plein d’utiles moralités. […] Cet auteur a de la méthode, & il écrit agréablement ; mais il est peu approfondi. […] Ce livre est écrit avec une pompe d’expression, que le sujet ne faisoit pas espérer. […] Il est exact, curieux & écrit sensément. […] in-8°., est un précis exact de tout ce qu’on a écrit sur cette matiere.

307. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 1, idée generale de la musique des anciens et des arts musicaux subordonnez à cette science » pp. 6-19

Il y écrit que la musique donne des preceptes sur la contenance, sur le geste, en un mot, sur tous les mouvemens du corps dont il avoit été possible de reduire la theorie en science et la pratique en méthode. […] La melopée ou l’art de composer la mélodie étoit l’art de composer et d’écrire en notes toute sorte de chants, c’est-à-dire, non seulement le chant musical ou le chant proprement dit ; mais aussi toute sorte de recitation ou de déclamation. […] Ce passage paroîtra beaucoup plus clair lorsqu’on aura lû ce que je dois écrire concernant le carmen ou la déclamation notée des vers faits pour être recitez avec un accompagnement. En un mot, tous les écrits des anciens font foi, que la musique passoit de leur temps pour un art necessaire aux personnes polies, et qu’on regardoit alors comme des gens sans éducation, et comme on regarde aujourd’hui ceux qui ne sçavent point lire, les personnes qui ne sçavoient pas la musique. […] Ainsi les auteurs dont je parle, ont écrit plutôt en philosophe qui raisonne et qui fait des speculations sur les principes generaux d’un art dont la pratique est sçue de tous ses contemporains, que comme un auteur qui veut que son livre puisse sans aucun autre secours, enseigner l’art dont il traite.

308. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 51-56

Qu’on vienne nous dire, après cela, qu’il est impossible de bien écrire dans une Langue morte, parce que nous sommes hors d’état d’en connoître le mécanisme & toutes les finesses ! […] La Langue Italienne étoit néanmoins pour Ménage une Langue aussi morte que la Grecque & la Latine, dans lesquelles il écrivit également. […] N’en voit-on pas plusieurs parmi ceux qui écrivent assez correctement dans ces Langues étrangeres, en convenant eux-mêmes qu’il leur seroit imposible de les parler supportablement, à cause de la prononciation dont ils n’ont aucune habitude ? De plus, n’avons-nous pas vu paroître dans notre Siecle des Ouvrages agréablement écrits en style marotique, & même dans le style des treizieme & quatorzieme Siecles, quoique les façons de s’exprimer d’alors soient, pour ainsi dire, totalement étrangeres & mortes pour nous ? […] Rapin a joint celui d’écrire avec pureté & avec goût dans sa propre Langue.

309. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Chapitre VI. Observations philologiques, qui serviront à la découverte de véritable Homère » pp. 274-277

Manéthon, grand pontife d’Égypte, avait donné à l’histoire des premiers âges de sa nation, écrite en hiéroglyphes, l’interprétation d’une sublime théologie naturelle ; les philosophes grecs donnèrent une explication philosophique aux fables qui contenaient l’histoire des âges les plus anciens de la Grèce. […] Ces chanteurs n’étaient sans doute autres que les rapsodes, ces hommes du peuple qui savaient chacun par cœur quelque morceau d’Homère, et conservaient ainsi dans leur mémoire ses poèmes, qui n’étaient point encore écrits. […] La lettre écrite par Prétus pour perdre Bellérophon, le fut, dit-il, par des signes, σήματα. — 7. […] Rien n’indique qu’Hésiode qui laissa ses ouvrages écrits ait été appris par cœur, comme Homère, par les rapsodes. […] Il laissa des ouvrages considérables écrits, non en vers, mais en prose, et par conséquent incapables d’être retenus par cœur ; nous le placerons au temps d’Hérodote.

310. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Ducis. » pp. 456-473

Il écrivait cela à l’âge de quatre-vingts ans, et il se le dit toute sa vie. […] Dans le temps où il travaillait à sa pièce du Roi Léar, il écrivait : Nous portons, nous autres, des volcans dans notre âme : nous sommes lions ou colombes. […] Le sachant malade de ce dernier excès de fatigue parisienne, il écrivait à un ami : Bon Dieu ! […] Voici quelques pensées que j’extrais des lettres écrites par lui dans sa vieillesse : Je suis auprès de mes consolateurs, de vieux livres, une belle vue et de douces promenades. […] C’est ce que je me dis toutes les fois que j’ai douceur et surabondance de mélancolie. » Notez qu’il n’écrivait ainsi en prose que parce qu’il était foncièrement poète par l’imagination et par le cœur.

311. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre deuxième »

Ainsi, avant qu’aucun modèle eût paru, on savait à quelles conditions un écrit est un modèle. […] Les écrits du temps parlent des convictions extraordinaires qu’il produisit. […] Qu’est-ce que le naturel dans les écrits ? […] Ecrire naturellement c’est écrire conformément à la raison. […] Qui a écrit plus conformément à la raison ?

312. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Figurines »

Nul n’a écrit des vers plus chargés d’âme. […] Je crois qu’il lui fut très agréable d’écrire Esther et Athalie, parce qu’il les écrivait pour des jeunes filles. […] Mais cela n’a point aboli son œuvre écrite. […] François Coppée, chose assez inattendue, écrivait les Humbles. […] Elles les écrivent peut-être.

313. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre I. Des poëtes anciens. » pp. 2-93

Enfin, il écrit en vers, comme Cicéron en prose. […] in-12., est écrite avec moins de légéreté que celle du P. […] Son discours préliminaire est pensé ; il est très-bien écrit. […] Mais elle est écrite d’un style élégant & soutenu. […] L’auteur écrit en vers avec une facilité admirable.

314. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre sixième. »

C’est ce que fit Amyot, en traduisant les écrits d’un homme supérieur qui avait recueilli tous les souvenirs de l’antiquité grecque et romaine. […] Son admirable aptitude pour la prose se montre dans l’impossibilité où il fut toujours d’écrire en vers passablement. […] Amyot n’excella que dans la prose, et n’écrivit avec originalité que ce qu’il traduisit. […] Au commencement, c’est par une sorte de superstition et d’ivresse d’érudition qu’elle se manifeste dans les écrits. […] Voici ce qu’il en écrit à Marie de Médicis, sa femme.

315. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — La déformation  »

La prononciation des mots français a beaucoup varié depuis l’origine de la langue ; on a écrit cette histoire qui n’est pas toujours très sûre. […] Tout le monde connaît le titre du petit roman écrit au dernier siècle, Angola, histoire indienne. […] En effet, l’original italien s’écrit vermicelli et se prononce vermichelle (ou tchelle). […] Maline, qui est dans La Fontaine, est une forme plus ancienne que maligne, refait sur le latin écrit. […] Elle représente le mot initiation, tel que prononcé et écrit à plusieurs reprises (des centaines de fois) par un commis de librairie.

316. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « I. Historiographes et historiens » pp. 1-8

I Il fut un temps où c’était une fonction publique que d’écrire l’Histoire. […] Elle pensait sans doute, et avec raison, que rien n’était d’une importance sociale plus profonde que d’écrire l’histoire, et qu’il en fallait défendre le droit par une institution contre les atteintes du premier venu, qui se délivre à lui-même mandat et brevet d’historien. […] Ils opposèrent aux annales du pays, écrites par une plume officielle et choisie, précisément, — le croira-t-on ?  […] L’histoire, en effet, l’histoire écrite de nos jours, a tout été, excepté l’histoire. […] III Ce sont eux qui ont écrit… non !

317. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — I. » pp. 325-345

On a de lui un petit écrit fait à dix-sept ans sur les Verreries de Saint-Quirin, dont il fut plus tard l’un des actionnaires principaux, et dont il célèbre en style animé, un peu romantique, l’industrie créatrice et le site au fond des vallées des Vosges. […] Roederer, par cet écrit et par les démarches dont il l’appuyait, était désigné comme le futur libérateur du commerce de ces trois provinces. […] Mirabeau s’empressa de lui donner toute satisfaction par une lettre écrite de l’Assemblée : Je vous réponds, mon cher Roederer, par écrit afin que vous puissiez montrer ma réponse. […] Cependant son besoin d’écrire et d’occuper son activité le porta presque aussitôt à rendre compte dans le Journal de Paris des séances de la Convention commençante. […] Il y avait des écrivains et des orateurs pour toutes les opinions, pour toutes les passions démocratiques ; les écrits, les harangues s’envoyaient du midi au nord et du nord au midi.

318. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

N’écris pas. […]                              N’écris pas ! N’écris pas. […]                              N’écris pas ! N’écris pas.

319. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — II. » pp. 195-213

Il a été parlé surabondamment, ce semble, de Mme Roland ; nous-même en avons écrit une longue fois, on vient de le voir ; mais puisque l’occasion se présente, parlons d’elle encore. […] Une précaution est à prendre en abordant ces lettres : pour n’y point avoir de mécompte, il faut se dire une partie de la préoccupation et du dessein de la jeune fille qui les écrit. […] « Et puis qu’importe notre façon d’écrire ! […] Henriette devient un troisième moi-même ; on écrit à la lois aux deux sœurs. […] En même temps le talent d’écrire y gagne ; la jeune fille, désormais femme forte, est maîtresse de sa plume comme de son âme ; phrase et pensée marchent et jouent à son gré.

320. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) «  Mémoires et correspondance de Mme d’Épinay .  » pp. 187-207

Un jour qu’elle écrivait de chez lui à son ami Grimm, il voulut rester dans la chambre pendant qu’elle faisait sa lettre : Il m’a témoigné le désir de rester pour voir ce que disent mes deux grands yeux noirs quand j’écris. […] Je lui réponds que j’écris tout ce qu’il dit, parce que cela vaut bien tout ce que je pense. […] Dès les premiers temps de leur intimité elle écrit : « Nous avons causé jusqu’à minuit. […] lui écrivait-il. […] écrit-il à Diderot, que cette femme est à plaindre !

321. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — I. » pp. 41-62

Walckenaer, pour prix de son zèle, put alors les examiner pendant quelques heures ; il écrivit à ce sujet une lettre insérée dans un recueil périodique et accompagnée de quelques extraits10. […] » Et lui-même, en sentant ainsi, il a mérité d’être traité comme un ancien : citer Montesquieu, en détacher un mot qu’on place dans un écrit, cela honore. […] Des personnes qui ont étudié la littérature anglaise aiment mieux que Montesquieu se soit souvenu d’une lettre censée écrite de Londres par un Indien de l’île de Java, et qui se lit dans Le Spectateur d’Addison12. […] Il y a des incorrections, par exemple : « La plus grande peine n’est pas de se divertir, c’est de le paraître. » Mais Montesquieu, sur le style, a des idées fort dégagées : « Un homme qui écrit bien, pense-t-il, n’écrit pas comme on écrit, mais comme il écrit ; et c’est souvent en parlant mal qu’il parle bien. » Il écrit donc à sa manière, et cette manière, toujours fine et vive, devient forte et fière et grandit avec les sujets. […] Il avait trente-cinq ans à cette date, et il a écrit : « À l’âge de trente-cinq ans, j’aimais encore14. » Mais les amours de Montesquieu ne paraissent pas l’avoir jamais beaucoup troublé ni attendri.

322. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — I. » pp. 455-475

Preuss, qui préside à la publication de cette œuvre royale et nationale tout ensemble, me faisait l’honneur de m’écrire, il y a quelque temps, « qu’il y travaille avec enthousiasme ». […] Il écrivait cela à un de ses amis M. de Suhm, envoyé de Saxe en Prusse, et l’une des figures les plus aimables et les plus attachantes qui se dessinent parmi ces premiers amis du grand Frédéric. […] Les lettres que Frédéric lui écrit durant ces trois ans sont d’un grand intérêt, en ce que l’on continue d’y saisir les progrès et la marche de son esprit. […] Le 13 avril, c’est-à-dire six semaines auparavant, Frédéric écrivait à M. de Suhm ces belles paroles : Vous pouvez bien juger que je suis assez tracassé dans la situation où je me trouve. […] Ainsi écrivait le roi honnête homme au fils de celui qui avait été son meilleur et son plus tendre ami.

323. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre I. Shakespeare — Sa vie »

Avoir écrit, cela motive les verrous. […] Cependant, en prose et vaincu par la démonstration du traducteur, nous écrirons Shakespeare. […] Malherbe et Boileau sont à peu près les seuls qui aient écrit sur des cahiers. […] Falstaff, sur les manuscrits de Shakespeare, était écrit Falstaffe. […] Shakespeare avait marié ses deux filles, Suzanne à un médecin, Judith à un marchand ; Suzanne avait de l’esprit, Judith ne savait ni lire ni écrire et signait d’une croix.

324. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre v »

Roger Cahen ne s’aventure pas au-delà du cercle de clarté que répand sa petite flamme intérieure : « Je ne crois à aucun dogme d’aucune religion », écrit-il. […] Je le crois tout à fait quand il écrit : « J’ai en moi une abondance de gaieté indéfiniment renouvelable, une âme toute fraîche et nette, accueillante, à tous et à toutes les sensations. […] Ces lettres, le courageux enfant les écrit à ses parents. […] Et puis il se rattache à notre terre par sa culture ; il écrit dans sa cagna en se servant de Montaigne comme d’un pupitre, il raffole de la Chartreuse de Parme. […] » Je vous écris en toute sincérité.

325. (1895) Histoire de la littérature française « Avant-propos »

et si l’on attendait d’avoir fini d’étudier pour écrire cette histoire, l’écrirait-on jamais ? […] Mais pour représenter le caractère des écrits et la physionomie des écrivains, je me suis interdit de résumer les jugements des maîtres que j’admire, de Taine et de Sainte-Beuve, comme de M.  […] Je n’ai pas voulu faire l’Histoire de la civilisation, ni l’Histoire des idées ; et j’ai laissé de côté des écrits qui pour l’un ou l’autre de ces sujets seraient de premier ordre. […] J’ai éliminé l’histoire de la littérature de langue d’oc : elle n’avait pas plus de raison d’entrer dans un ouvrage que l’histoire de la littérature celtique, ou l’histoire des œuvres écrites en latin par des Gaulois ou des Français. […] Les prosateurs qui ne sont point de purs artistes ou qui n’ont point écrit pour faire œuvre d’art, sont souvent embarrassants à placer : on fait passer les poètes, et on pousse ensuite, comme on peut, le tas de traînards des prosateurs.

326. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 2, de la musique rithmique » pp. 20-41

Le metre écrit Aristote n’est encore qu’une partie du rithme. […] Aristides Quintilianus écrit que suivant plusieurs, le metre differoit du rithme, comme le tout differe de sa partie. […] Depuis quel temps écrivons-nous la mesure de notre musique ? […] Mais comme cela regarde la musique proprement dite, je renvoïerai mon lecteur à ce qu’en a écrit un sçavant homme qui joint à une connoissance profonde de cette science, une grande érudition. […] Elle supposoit l’art d’écrire les gestes en notes, un art déja trouvé et pratiqué.

327. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXV. Mme Clarisse Bader »

» Et elle a voulu montrer aux hommes qui se croient les lions de l’Histoire, que les gazelles pouvaient l’écrire aussi bien qu’eux. […] Les pédants, qui se moquent de nous, ont glosé fort à leur aise sur Hypatia, l’Alexandrine, dont les écrits n’existent plus, et qui, d’ailleurs, n’avait écrit que des Commentaires sur Diophante et les Coniques d’Apollonius de Perge, Travail à la suite ! […] De notre temps, elle est la seule femme d’un esprit consistant et d’une instruction déterminée, qui ait eu, avec Mme Daniel Stern, la prétention d’écrire l’histoire. […] Voyez de quelle plume légère et profonde il l’écrit ! […] [Chapitre écrit pour compléter le volume, 1878.]

328. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Odysse Barot »

l’histoire de tout ce qui fut écrit depuis le viie  siècle et saint Colomban, le premier écrivain de l’Angleterre, jusqu’aux journaux The Circle et The Hour, qui, quand Barot écrivait, n’avait, lui, encore qu’une année d’existence dans le xixe  siècle. Combien de volumes seraient nécessaires pour examiner, avec la critique obligée pour tout historien littéraire qui aurait la conscience de ce qu’il fait, une pareille masse d’œuvres et d’écrits, et pour en dresser, au point de vue de leur valeur, la hiérarchie ! […] Mais c’est là une vue erronée : la littérature et les arts, et ceux qui en écrivent l’histoire, n’ont point à se préoccuper de l’émancipation définitive de l’humanité. […] L’auteur a écrit dans son titre : contemporaine, quoique ce fût l’histoire de toute la littérature anglaise à toutes les époques qu’il écrivait, parce que, pour lui, le démocrate et le socialiste moderne, l’important, c’est la littérature contemporaine, qui roule le socialisme, le matérialisme, le positivisme, et toutes les menaçantes horreurs de ce temps dans ses flots ! […] Edgar Poe, par exemple, s’il avait tourné son génie de ce côté, aurait peut-être pu écrire une histoire littéraire.

329. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Émile de Girardin » pp. 45-61

Eh bien, quand vous aurez accordé tout cela, vous n’aurez pas encore ce qui distingue les esprits façonnés pour écrire des comédies ! […] Est-ce que Machiavel n’a pas écrit La Mandragore ? […] Machiavel n’avait, lui, ni teinturier ni lessivière de ses écrits quand il traçait son Histoire de Florence ; il savait le latin, et même le grec. […] Dialogue ici, monologue là, c’est toujours La Presse qui revient dans tout ce qu’il écrit. […] Pour peu qu’il eût pris son café, Turcaret, écrivant une comédie, ne l’écrirait pas de cette morte plume.

330. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Crétineau-Joly » pp. 247-262

C’est la biographie d’un homme mort récemment, et sur lequel on s’empresse d’écrire. […] On en écrivait. Il écrivit celle de la chouannerie, à la fin de sa Vendée militaire, avec le sentiment profond qu’il avait pour elle. […] L’abbé Maynard fut l’ami de Crétineau-Joly, et ce fut son titre pour en écrire la vie. […] Je l’ai dit plus haut : il fut le chouan du journalisme partout, à Nantes, à Paris, dans ses livres ; car c’est le destin de ces plumes de guerre de n’être que cela, quoi qu’elles écrivent, et l’on sait ce qu’il écrivit.

331. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Dargaud »

il n’a fallu pour l’écrire ni tant de spontanéité, ni tant de réflexion, ni tant d’efforts. […] Mais Dargaud, qui n’a pas les mêmes raisons pour proscrire le moi sous sa forme la plus naïve, et j’ajoute la plus nécessaire, a écrit à la première personne un livre qui, restant tout ce qu’il est au fond, mais écrit autrement, aurait été froid et d’une réalité moins sentie. […] Des bégueules littéraires, des vierges sages, nous savons pourquoi, ont pu reprocher à Dargaud la vivacité de ses couleurs quand il a écrit l’histoire. […] Leur histoire n’est pas longue et peut s’écrire en quelques mots. […] La critique écrit le mot du poète : les plaisirs perdus sont les mieux sentis.

332. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Paul Féval » pp. 145-158

… Il écrit ici14, mais qu’importe ! Pourquoi ne serait-il pas jugé, en toute sincérité et en toute indépendance, à la place même où il écrit ? […] Jamais il n’eût écrit pour un journal René ou Le Dernier des Abencérages, dont certainement, d’ailleurs, aucun journal n’aurait voulu. […] Il avait peut-être écrit d’autres livres ; mais la date de nos débuts, quand nous n’avons pas écrit quelque œuvre incontestable de génie dans l’obscurité, est toujours dans le premier bruit que nous faisons. […] Féval écrivait alors.

333. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Madame de Verdelin  »

Que de femmes, dont les noms resteront attachés au sien, il émut, il enflamma par ses seuls écrits ! […] J’ai reçu jadis une lettre de félicitations en vers, écrite de Drontheim en Norvège, sur le même sujet, mais qui n’était pas d’une femme mourante. […] « Je me lève avant le jour pour vous écrire ces deux mots, parce que, assujetti toute la journée à une opération nécessaire et douloureuse, je serais hors d’état d’écrire avant le départ du courrier. […] Que j’ai de plaisir à vous l’écrire !  […] Au lieu de Bermond d’Ars, le nom est habituellement écrit Bremond d’Ars.

334. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre » pp. 393-472

Cette superficie de littérature française donne aux plus lettrés d’entre eux le goût et quelquefois l’émulation d’écrire. […] Ceux qui veulent écrire ne peuvent, sous peine de faillir à leur ordre, à leur Église ou à leur trône, écrire qu’une de ces deux choses : des badinages d’esprit ou des traditions du moyen âge. […] « Si la Providence efface, c’est pour écrire », dit-il. […] « Je ne puis écrire autant que je le voudrais, mais jamais je ne vous perds de vue. […] Depuis six mortelles années, mon infatigable plume n’a cessé d’écrire chaque semaine que S. 

335. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure  »

Je m’appliquai à lire ses Sermons ; j’y trouvai mille beautés, et je m’appliquai à écrire dans ce genre. […] Il n’y avait qu’à demander au Père Maimbourg, contre lequel même il avait écrit, s’il ne le croyait pas poli. […] Trois avaient paru (librairie Firmin Didot), lorsque je donnai ces articles. — On écrivait autrefois Matthieu Marais : l’éditeur a supprimé le t, et je vois que c’est assez l’usage aujourd’hui. On écrit comme on prononce. […] « Je suis bien désespéré, m’écrivait donc M. 

336. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre douzième »

Cependant le Discours préliminaire est un bon écrit. […] Rousseau n’avait pas imité du maître le scandale de la contradiction entre sa vie et ses écrits. […] Apprendre tard nous est donné comme le meilleur état, après ne rien savoir ; témoin Virginie qui en arrivant en France ne sait ni lire ni écrire. […] S’il a une place dans l’histoire des écrits durables, il le doit à sa pastorale. […] Dans ce qu’il écrivit pour les lettres en ce temps-là, les belles pages sont plus rares que les belles phrases.

337. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — I — Vauvenargues et Fauris de Saint-Vincens » pp. 1-16

Il fit une maladie grave et qui mit ses jours en danger en 1739 ; les lettres que lui adresse Vauvenargues à ce sujet sont les plus précieuses de cette correspondance, en ce qu’elles jettent quelque lumière sur les vrais sentiments en matière de religion et les croyances de celui qui les écrivait. […] Suard donnait de quelques-uns des écrits de Vauvenargues se trouve donc plus justifiée qu’on ne le voudrait. […] Il aimait, dit-il, à joindre de grands mots, à se perdre dans une période ; il ne lisait jamais de poète ni d’orateur qui ne laissât quelques traces dans son cerveau, et ces traces se reproduisaient dans ce qu’il écrivait ensuite. […] Il ne les écrivait pas précisément pour s’amuser, il les écrivait pour se former. […] Cette correspondance a le tort de languir un peu par la faute de Saint-Vincens qui était, ce semble, paresseux à écrire ; mais les sentiments que Vauvenargues et lui s’étaient voués, subsistent des deux côtés sans altération.

338. (1853) Histoire de la littérature française sous la Restauration. Tome I

Les chartes écrites sont impuissantes sur ce point. […] À la même époque, un ministre écrivait à M.  […] Fontanes. — Ses écrits. — Son influence littéraire et universitaire […] Il existe, sur la manière dont il entendait qu’on écrivît l’histoire de France, une note à laquelle il n’y a rien de comparable, si ce n’est la note écrite à M.  […] Le premier écrivit au second que M. 

339. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Ghil, René (1862-1925) »

Je le dénonce pourtant à l’indignation du groupe ; quelques-uns de ses vers sont presque écrits en simple français ! […] Stéphane Mallarmé particulièrement l’a discerné, qui écrivait à l’auteur : « … Peu d’œuvres jeunes sont le fait d’un esprit qui ait été, autant que le vôtre, de l’avant », et il lui prodigua les conseils, attirant son attention sur L’Harmonie contenue en ces vers de la Légende d’âme et de sang, « et ainsi, disait dernièrement Ghil, me jeta dans la voie, ma voie, selon un sens harmonique très développé en moi, qui me fait écrire en compositeur plus qu’en littérateur ». […] Édouard Rod, alors, écrivit : « M.  […] Gaston Dubedat, en 1887, fonda les Écrits pour l’Art, petite revue qui parut jusqu’en décembre 1892 et où combattirent pour leurs idées les jeunes écrivains partisans de M.  […] René Ghil au même titre que les sylves de poèmes sans pensée générale et écrits uniquement selon l’inspiration.

340. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Mme Desbordes-Valmore » pp. 01-46

Marceline écrit à Pauline Duchambge : « Je t’envoie comme un sourire mon premier chant d’Italie. […] Elle écrit un jour à une de ses amies : « Nous pleurerons toujours, nous pardonnerons et nous tremblerons toujours. […] Elle écrit, en 1837 : « Quelle année ! […] … Mars m’avait écrit qu’elle me réunissait à dîner avec Dumas et sa femme. […] C’est bien, c’est beau ; mais l’autre a écrit avec du sang d’empereur, et d’empereur du monde lâchement assassiné.

341. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance inédite de Mme du Deffand, précédée d’une notice, par M. le marquis de Sainte-Aulaire. » pp. 218-237

J’écris à ma chère enfant ; qu’il attende. » Une jeune Irlandaise vient me solliciter pour une grâce que je ne lui ferai pas obtenir ; un fabricant de Tours vient me remercier d’un bien que je ne lui ai pas procuré. […] Écrivez-moi toujours dans vos moments de tristesse ; ce sera une dissipation. […] écrit-elle ; le roi ne frappe pas à deux fois… La terreur a gagné nos amis au point qu’il y en a qui craignent que l’intérêt public même n’aigrisse contre nous. […] Disons-nous, pour être justes, que ce n’est pas pour nous qu’il écrivait, c’était pour les personnes de sa coterie qui trouvaient tout cela fort bon, fort doux et très amusant. […] Mme de Choiseul a bien les honneurs de cette correspondance ; son nom doit s’ajouter désormais à la liste des femmes qui ont bien pensé et bien écrit.

342. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

« Je mourais de peur en arrivant, écrit-il, et je me suis tenu caché. […] « Rattachons-nous, écrivait-il a M.  […] Je crois plutôt que, nous autres, qui venons au monde pour écrire, grands ou petits, philosophes ou chansonniers, nous naissons avec une écritoire dans la cervelle. […] Il s’en tirait par de jolis mots ; ainsi, à Cauchois-Lemaire, qui le consultait sur un écrit politique : « Je reviens à mon éternel reproche : il y a longueur selon moi. […] Il faut le voir en présence de cette intelligente enfant qui devient peu à peu une personne ; comme il s’y prend bonnement et gentiment pour lui donner une idée du style, de la manière d’écrire et de lire !

343. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Étienne-Jean Delécluze, (suite et fin) »

Il écorche presque tous les noms propres, il écrit l’abbé Gerbot pour Gerbet ; il appelle M.  […] Delécluze, ayant chacun leur arrière-pensée, l’un d’écrire à Londres en sortant de là, l’autre d’écrire le soir, pour son bonnet de nuit, étaient donc à deux de jeu. […] Il estimait que ce sont les mœurs de chaque époque qui engendrent et suscitent les seuls écrits vivants, que le reste n’est que production de serre chaude et affaire d’Académie. […] Et c’est ainsi qu’écrit un homme qui se fait juge des styles à ce même moment ! […] Delécluze a cru devoir un jour écrire deux articles contre les idées, selon lui dangereuses et trop envahissantes, de ce téméraire en architecture : c’est à faire sourire.

344. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite et fin.) »

Elle écrivait, le 11 juillet 1789, à la duchesse de Polignac : « Je ne peux me coucher, mon cher cœur, sans vous dire que M.  […] Dès le 7 octobre 1789, la reine, à peine installée aux Tuileries, lui écrivait, comme si sa lettre pouvait être vue, ou du moins dans une intention évidente de le rassurer : « Je me porte bien, soyez tranquille. […] » La reine elle-même, pleine de doutes et d’anxiétés, écrivait le 22 octobre 1790 à son frère Léopold : « Nous voilà retombés dans le chaos et dans toutes nos défiances. […] Il a écrit à un de ses amis (M. de La Marck) en qui j’ai beaucoup de confiance et qui est un galant homme, très dévoué, une lettre explicative que l’on m’apporte à l’instant et qui me semble fort peu de nature à rien expliquer ni excuser. […] Mes chagrins s’augmentent, mon cher frère, de l’état de votre santé ; je ne saurais vous dire combien j’ai été touchée de la bonne longue lettre que vous m’avez écrite de votre lit de souffrance.

345. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Pensées, essais, maximes, et correspondance de M. Joubert. (2 vol.) » pp. 159-178

Joubert, écrite pendant ce voyage de Rome. […] Si, sur toutes sortes de sujets, nous voulions écrire aujourd’hui comme on écrivait du temps de Louis XIV, nous n’aurions point de vérité dans le style, car nous n’avons plus les mêmes humeurs, les mêmes opinions, les mêmes mœurs… Une femme qui voudrait écrire comme Mme de Sévigné serait ridicule, parce qu’elle n’est pas Mme de Sévigné. […] Un écrit où ne se rencontrent que de la force et un certain feu sans éclat, n’annonce que le caractère. […] Cela est sensible dans les lettres qu’il écrit, et ne laisse pas de fatiguer à la longue. […] Bernardin écrit au clair de lune, Chateaubriand au soleil.

346. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. » pp. 432-452

Émigré à Londres à l’âge de vingt-six ans, il écrivit ce bizarre Essai sur les révolutions, plus bizarre de forme que d’idées, et où se dessinait déjà tout l’homme. […] Ceci est pour dire qu’à aucun moment le goût de M. de Chateaubriand n’a été très mûr et tout à fait sûr, bien que, dans un temps, à juger par quelques-uns de ses écrits, il ait paru tel. […] Il n’a pas assez de raillerie pour la race des Renés qui sont sortis de lui ; il est allé jusqu’à écrire : « Si René n’existait pas, je ne l’écrirais plus ; s’il m’était possible de le détruire, je le détruirais. […] Écrire de cette sorte ce qu’on a vu et ce qu’on a senti, ce serait, en effet, laisser un de ces livres simples et rares comme on en compte à peine quelques-uns. […] Ce qu’il a fait là littérairement, il l’a dû faire presque partout pour ces époques anciennes ; il a substitué plus ou moins les sentiments qu’il se donnait dans le moment où il écrivait, à ceux qu’il avait réellement au moment qu’il raconte.

347. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits de Fénelon. (1850.) » pp. 1-21

Ce nouveau volume réunit des écrits qui ne sont pas sans intérêt, quelques lettres d’affaires et d’administration, quelques autres spirituelles et de direction, et surtout de charmantes lettres amicales et familières : c’est assez déjà pour retrouver tout Fénelon. […] Il émane de leurs écrits comme un parfum qui prévient et s’insinue ; la physionomie de l’homme parle d’abord pour l’auteur ; il semble que le regard et le sourire s’en mêlent, et, en les approchant, le cœur se met de la partie sans demander un compte bien exact à la raison. […] Consulté par écrit sur toute matière politique ou ecclésiastique, arbitre très écouté en secret dans les querelles du jansénisme, redevenu docteur et oracle, il tenait déjà le grand rôle à son tour. […] J’aurais été vivement peiné de vous voir ici ; songez à votre mauvaise santé ; il me semble que tout ce que j’aime va mourir. » Écrire ainsi au chevalier Destouches dans une telle douleur, c’était le placer bien haut. […] La paix qui venait de se signer lui imposait de nouveaux devoirs : Ce qui finit vos travaux, écrivait-il à Destouches, commence les miens ; la paix qui vous rend la liberté me l’ôte ; j’ai à visiter sept cent soixante et quatre villages.

348. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Rulhière. » pp. 567-586

La comtesse d’Egmont, fille du maréchal de Richelieu, et qui était la divinité de Rulhière, lui demanda d’écrire ce qu’il contait si bien : il lui obéit, et, une fois la relation écrite, l’amour-propre d’auteur l’emportant sur la prudence du diplomate, les lectures se multiplièrent. […] J’ai osé, dans ma dernière, maladie, écrire une lettre à Nicolas Despréaux ; vous avez bien mieux fait, vous écrivez comme lui. […] Cet écrit avait été demandé à Rulhière par le ministère pour venir en aide aux vues bienveillantes de Louis XVI en faveur des protestants ; il s’agissait de leur rendre simplement l’état civil. […] Rulhière, dans son ingénieux et savant écrit, rechercha quelles avaient été les causes et les circonstances qui avaient amené en octobre 1685 la révocation de l’édit de Nantes. […] Rulhière, par cet écrit, se montre à nous dans la vraie ligne de progrès qu’il suivait volontiers, dans la voie des réformes qu’appelait l’opinion publique et que dirigeait le gouvernement même.

349. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame Sophie Gay. » pp. 64-83

Elle eut, vers le milieu de sa carrière, un bonheur dont toutes les mères qui écrivent ne se seraient pas accommodées : elle eut des filles qui l’égalèrent par l’esprit, et dont l’une la surpassa par le talent. […] Le premier usage qu’elle en fit fut d’écrire en faveur de la grande gloire controversée du jour, en faveur de Mme de Staël. […] C’est censé écrit par une espèce de valet de chambre très instruit et très lettré, qui, au besoin, est homme à citer Horace en latin, Shakespeare en anglais, et à avoir lu Corinne. […] Les romans de Mme de Souza (pour prendre un type très distingué) ont été sinon écrits, du moins rêvés sous Louis XVI. […] Sa parole, plus forte et plus drue quand elle causait que quand elle écrivait, rappelait parfois le tempérament de certaines femmes de Molière, bien qu’il s’y mêlât plus d’un trait de la langue de Marivaux.

350. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — III. (Suite et fin.) » pp. 242-260

S’il gagna ce procès-là devant le Parlement, il le perdit devant le public : Beaumarchais est accablé de libelles et généralement haï en ce moment, écrivait Mallet du Pan à cette date (1787). […] Les lettres qu’il écrit à ses amis, et qui sont de cette date, sont tout aimables. […] Il venait de marier sa fille à « un bon jeune homme », comme il disait, à un homme honorable, plein d’amour pour elle, et qui, à l’heure où nous écrivons, vit encore. […] Nous voudrions, par cette impression, effacer celle que laissent d’autres lettres publiques de Beaumarchais, écrites dans le même temps, et où il s’est oublié, par un dernier retour, à d’indignes irrévérences. […] Autrefois, j’écrivais pour alimenter le plaisir ; et maintenant, après cinquante ans de travaux, j’écris pour disputer mon pain à ceux qui l’ont volé à ma famille.

351. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Édelestand du Méril »

Depuis plus de trente ans, Édelestand du Méril — un bénédictin solitaire — dépense une volonté et une intelligence de premier ordre dans le fossé de l’érudition, dont malheureusement il n’est jamais sorti ; et quand j’écris « malheureusement », je l’écris moins pour lui que pour nous, — les idolâtres de l’esprit, sans aucune conversion possible !  […] Au premier abord et à distance, cela paraît immense, et on sent que si cela l’était on trouverait dans l’écrivain qui va écrire une telle histoire un talent digne du sujet. […] Mais, au fond, tout cela n’a pas besoin d’être surfait, et l’histoire en est bientôt écrite. […] Or, les hommes qui écrivent n’ont, littérairement, que leur vanité pour répondre de leurs erreurs, et voilà comme nous arrivons forcément à la critique personnelle. […] Il l’a marquée de tels ongles qu’elle en restera marquée et qu’il peut continuer de l’écrire et être bien tranquille : personne ne sera assez hardi et assez fort pour la lui prendre.

352. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Prosper Mérimée »

Même Madame Sand, une des gloires de la maison Buloz, n’inspira jamais à Gustave Planche d’articles comparables à ceux qu’il écrivit en l’honneur de Mérimée. […] Des lettres, qu’on écrit dans les négligences de l’intimité et au jet de la plume, sortent plus immédiatement de nous, laissent mieux voir le fond de l’âme, quand on en a, et l’aridité du fond si le fond est aride. […] … » C’est à nous, chrétiens, à écrire le mot « sainte », parce que nous savons ce que nous voulons dire quand nous l’écrivons. […] mais l’immonde écrivain (immonde ce jour-là) qui a écrit sur Notre-Seigneur Jésus-Christ des choses qui auraient mérité le dernier supplice chez un peuple chrétien, dans cette brochure H.  […] C’est un outrage peut-être… Que doivent être, en effet, les saints, pour l’homme qui a écrit froidement cette monstrueuse brochure H. 

353. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mademoiselle Aïssé »

À quelle date la lettre qu’on a lue fut-elle écrite ? […] Voltaire, qui avait eu communication du manuscrit pendant son séjour en Suisse, écrivait à d’Argental (de Lausanne, 12 mars 1758) : « Mon cher ange, je viens de lire un volume de lettres de Mlle Aïssé, écrites à une madame Calandrin de Genève. […] Mme de Staal (De Launay) écrivait à M. […] Voilà trois lettres que je vous écris sans que vous ayez daigné me faire réponse. […] Ne m’écrivez-vous pas de longues lettres ?

354. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « SAINTE-BEUVE CHRONIQUEUR » pp. -

Écrites au courant de la plume, sous l’impression soudaine et spontanée qui leur a donné à la fois vie et forme, ces Chroniques étaient envoyées, à l’état de brouillons de la plus fine écriture et tout couverts de surcharges, à M. […] Quand une série de faits concordants se présentait, Sainte-Beuve, en parfait chroniqueur, multipliait ses lettres, et ne perdait pas une occasion d’écrire. […] C'est pour cela que j’aimais mieux envoyer ma critique parlée en Suisse2. » C'est dans un sentiment analogue qu’il alla un jour écrire à Liége le livre sur Chateaubriand et son groupe littéraire sous l’empire. […] Il nous le dit dans une note que nous relevons sur un de ces cahiers où il écrivait toutes ses pensées : « Major e longinquo reverentia. […] Un témoignage, non suspect d’hérésie en faveur de la critique littéraire, est celui du vertueux Malesherbes, qui s’exprimait ainsi à ce sujet, du temps qu’il était Directeur de la Librairie : « Presque tous ceux qui ont joué un rôle dans les affaires publiques n’aiment point à voir écrire sur la politique, le commerce, la législation.

355. (1900) La culture des idées

Les Grecs pensaient ainsi ; les Romains aimaient tant le beau style qu’ils finirent par écrire très mal, voulant écrire trop bien. […] On peut apprendre à écrire très bien, ce qui est une autre façon d’écrire très mal. […] Si Virgile avait écrit selon le style de M.  […] Non, il ne faut pas « écrire ». […] L’Art d’écrire, p. 138.

356. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre troisième. Histoire. — Chapitre VI. Voltaire historien. »

« Voltaire, a dit Montesquieu, n’écrira jamais une bonne histoire ; il est comme les moines qui n’écrivent pas pour le sujet qu’ils traitent, mais pour la gloire de leur ordre. Voltaire écrit pour son couvent. » Ce jugement, appliqué au Siècle de Louis XIV et à l’Histoire de Charles XII, est trop rigoureux ; mais il est juste, quant à l’Essai sur les Mœurs des nations 172. […] Prudent et ferme dans le conseil, intrépide dans les combats, sans être emporté, compatissant comme s’il n’avait jamais été que malheureux, il n’est pas donné à l’homme de pousser plus loin la vertu… Attaqué de la peste devant Tunis… il se fit étendre sur la cendre, et expira à l’âge de cinquante-cinq ans, avec la piété d’un religieux et le courage d’un grand homme. » Dans ce portrait, d’ailleurs si élégamment écrit, Voltaire, en parlant d’anachorète, a-t-il cherché à rabaisser son héros ? […] Un mot échappé à Voltaire, dans sa Correspondance, montre avec quelle vérité historique, et dans quelle intention, il écrivait cet Essai : « J’ai pris les deux hémisphères en ridicule ; c’est un coup sûr. » An 1754, Corresp. gén.

357. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVI. La littérature et l’éducation publique. Les académies, les cénacles. » pp. 407-442

L’Université enseignait à parler, fort peu à écrire. […] Qu’est devenu le temps où Budée, pour écrire à ses amis, se servait de la langue d’Athènes ? […] Nous le voyons de loin, pontife du Parnasse, légiférant tranquillement sur les règles de l’art d’écrire. […] Ils n’écrivent, sans doute, que lorsqu’ils sont de mauvaise humeur… De leur œuvre et de celle de leurs maîtres fuse l’ennui. […] On annonce des écrits, qui feront l’émerveillement de la postérité.

358. (1905) Études et portraits. Portraits d’écrivains‌ et notes d’esthétique‌. Tome I.

Et il leur écrit. Peut-on appeler cela écrire ? […] … Et Pascal écrit. […] Il a écrit et il s’est raconté. […] Ecrire une pièce de théâtre, c’est donc établir comme une moyenne des opinions du public pour lequel on l’écrit.

359. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mistral, Frédéric (1830-1914) »

Cela est écrit dans le cœur avec des larmes, comme dans l’oreille avec des sons, comme dans les yeux avec des images. […] Le succès a été plus grand qu’on n’eût osé l’espérer pour un livre écrit en une langue inconnue de la plupart des lecteurs ; mais Frédéric Mistral, qui sait aussi le français, avait accompagné son texte d’une version excellente et presque tout le charme se conservait comme dans ces Lieder de Henri Heine traduits par lui-même. […] Il eut l’ambition d’écrire les Géorgiques de son pays. […] Dans sa petite maison claire, à volets gris, d’où se découvrent les Alpilles violettes, il a écrit tous ses chefs-d’œuvre, sauf Mireille qu’il composa dans le mas paternel. […] De ces mêmes, qui louent l’heureux patoisant, quels cris si l’on proposait en compétition à ce Français qui écrit en provençal, un « Étranger » qui écrit en français : un grand poète appelé Verhaeren ?

360. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XVI. Mme de Saman »

Le bas-bleu qu’elle fut et qui est oublié, le bas-bleu qui a écrit Gertrude, Jérôme, Sextus, dont elle se souvient seule aujourd’hui, a voulu jeter encore un livre sur la place pour faire un dernier bruit, et ce livre a été sa vie. […] Et de fait, il y a seulement vingt-cinq ans, ni le livre que voici, ni la femme qui l’a écrit, n’étaient possibles. […] Nulle d’elles, aurait-ce été Ninon, Ninon courtisane et philosophe, n’eût effrontément écrit sa vie, en mettant des noms propres sur toutes ses fautes. […] voilà la cause de ce désordre intellectuel qui a fait écrire sans horreur, à une femme, un livre comme celui que nous avons là sous les yeux. […] les maris, les fils ou les filles des femmes (si elles en ont) qui écrivent de ces livres-là !

361. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Napoléon »

Si, après ceux-là, il fallait chercher d’autres exemples pour prouver l’absence de proportion entre les hommes qui font l’Histoire et les hommes qui l’écrivent, on étonnerait de tout ce qu’on pourrait trouver, et l’on intéresserait peut-être. […] Son souvenir, la pile de Volta de ce siècle, a frappé au cerveau toutes les organisations magnétiques des poètes et des artistes, et leur a fait rendre, sous le coup de son influence, les plus belles et les plus puissantes choses qui aient jamais vibré et qui aient jusqu’ici été écrites sur sa personne. […] Il est des mots qui ont été tracés par des plumes si puissantes qu’après ces plumes-là il est dangereux de les écrire. […] Mais sa tentative, qui va reporter sur son œuvre le regard qu’attire invinciblement et toujours ce nom « aimanté » de Napoléon partout où l’on s’avise de l’écrire, doit lui rapporter aussi le jugement qui suivra ce regard, mendié à l’aide d’un pareil nom, et ce jugement sera sévère. […] Le livre des Constitutions, savant, compétent, vivement écrit, et avec une griffe plus qu’avec une plume, est moins pour nous un traité, condensé et incisif, de droit public, qu’un fragment de cette grande histoire qui ne s’écrit encore que par fragments.

362. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVe entretien. Chateaubriand, (suite) »

Il revient et la trouve morte, voilà tout ; mais c’est écrit par Chateaubriand ; le mystère ajoute à l’amour. […] Voici comment elle fut écrite quinze ans après la mort de la pauvre Graziella. […] Je m’y livrai bientôt sans résister, et j’écrivis sans plume dans mon cœur les strophes de cette élégie que M.  […] Était-il parfaitement honnête d’écrire l’Essai sur les Révolutions en 1799 et d’écrire le Génie du Christianisme en 1800 ? […] C’est alors qu’il écrivit contre Bonaparte ces calomnies auxquelles il ne croyait pas ; c’est alors qu’il écrivit contre M. 

363. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Sieyès. Étude sur Sieyès, par M. Edmond de Beauverger. 1851. » pp. 189-216

Il a écrit plus tard, en 1794, au sortir de la Terreur, en parlant de Rousseau : Hélas ! […] Mme de Staël dit que les écrits et les opinions de l’abbé formeront une nouvelle ère en politique comme ceux de Newton en physique. […] « Il faut être fou ou ivre pour bien parler dans les langues connues », écrit quelque part Sieyès. […] Mirabeau s’y plaint de cette méfiance naturelle à Sieyès ; celui-ci écrit sur le billet : « À qui faut-il s’en lier pour se sauver des événements ?  […] On n’écrit pas de telles pages pour soi seul, quand on n’est pas profondément convaincu de la vérité de ce qu’on écrit.

364. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Granier de Cassagnac » pp. 277-345

Il fallait qu’il les fît, du reste, pour mener à bien la triple histoire qu’il a écrite. […] Il faut suivre Cassagnac dans les développements de cette thèse vigoureuse et simple pour savoir le parti qu’en a pu tirer un homme fait pour écrire l’histoire, et pour regretter qu’il ne l’écrive plus ! […] Il ne l’a jamais écrite comme j’aurais voulu. Il l’a écrite le plus souvent pour les besoins d’une cause politique. […] … Par la nature comme par l’ensemble de ses facultés, Cassagnac est destiné à l’écrire.

365. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DAUNOU (Cours d’Études historiques.) » pp. 273-362

L’examen des écrits a été repris ensuite et développé dans une Notice de M. […] Le dernier écrit purement littéraire que nous trouvions de M. […] Cousin (juillet 1822), écrivait : « Je suis occupé à lire Daunon sur les Garanties. […] Du moins, l’art d’écrire s’est appliqué à beaucoup de matières et à des sujets plus importants. […] En publiant une seconde édition de cet Écrit, M.

366. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIII. Mme Swetchine »

Elles étaient précédées d’une histoire de M. le Comte de Falloux, de l’Académie française, qui nous y apprenait ce que c’était que Mme Swetchine, dont le nom, avant sa mort, avait parfois frappé le public français, écrit souvent dans des livres où c’était un honneur pour un nom de briller, en passant sous le rayon d’une bienveillante épithète. […] Mme Swetchine, qui a écrit ce que nous avons d’elle sur de petits bouts de papier, non pas avec une plume, mais avec un crayon, parce que, écrire au crayon, c’est parler bas, a-t-elle dit avec une fine modestie ; Mme Swetchine, dont le mérite et même la vertu est de n’être jamais auteur en quatre points, à la manière des femmes publiques de lettres, qui se croient des fonctionnaires, n’avait pas besoin de tant de jour versé sur elle. […] Tout ce qu’elle a écrit sur la plupart des sujets même mondains qui ont occupé sa pensée, sue cette sueur d’un sang apaisé qui coule doucement sans se révolter contre les blessures d’où elle tomber. […] Et qu’on me le pardonne, je n’ai pas écrit ce mot de griffonneries sans dessein. […] [Chapitre écrit pour compléter le volume, 1878.]

367. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (3e partie) » pp. 81-152

Fabre, sont soulignés par lui au crayon, et d’une main brusque il a écrit à la marge : “C’est faux.” […] L’ennui en est la sève : on sent qu’il s’est prodigieusement ennuyé à les écrire, et quand on les a lues on sent qu’on s’est prodigieusement ennuyé à les lire. […] Le grand helléniste qui savait apprécier Alfieri a écrit à la comtesse ses compliments de condoléance. […] M. de Sismondi lui écrivait avec ironie sur ces relations. […] « Je ne sais quelle route vous avez prise pour ne pas y arriver », lui écrivait Bonstetten.

368. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre premier. La critique et la vie littéraire » pp. 1-18

Je ne recule pas devant ce devoir, et j’ai lu souvent cinq cents pages pour n’en écrire que dix lignes. […] » À quoi bon Mais à quoi bon écrire, à quoi bon parler ? […] Elle vante son style, « comme c’est bien écrit, etc. — Non, madame, ce n’est pas bien écrit. » Et me voilà citant Poirier et Les Lionnes pauvres. […] Il importe peu que j’écrive plus mal que le romancier, ou même que je n’écrive pas du tout : ce n’est pas de mon style qu’il s’agit, mais du sien. […] Elle serait la plus écœurante des graphies si on ne l’écrivait pas en toute franchise.

369. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque » pp. 2-79

On a beau dire, ce sont là les premiers des poètes ; les autres n’écrivent que leur imagination, ceux-là écrivent leur âme. […] Ce fut alors aussi qu’il conçut et qu’il écrivit son poème épique, plus romain qu’italien, sur les victoires de Scipion en Afrique ; entreprise ingrate et malheureuse. […] Pétrarque écrivit lui-même à Rienzi : « Vous me forcez à rougir de vous ; de protecteur des gens de bien vous devenez un chef de brigands ! […] Je serai l’unique objet de ses discours, de ses écrits, de ses pensées ! […] Voici comment Pétrarque lui-même, informé plus tard de toutes les circonstances de cette mort, se la retrace dans un de ses souvenirs écrits.

370. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre I. Des Livres qui traitent de la Chronologie & de la maniere d’écrire l’Histoire. » pp. 2-4

Des Livres qui traitent de la Chronologie & de la maniere d’écrire l’Histoire. LE moyen de ne rien sçavoir en Chronologie, ce seroit de lire tout ce qu’on a écrit sur ce sujet si important & si embrouillé. […] Quand on aura pris une teinture de Chronologie, il faut avoir une idée de la maniere d’étudier & d’écrire l’Histoire. […] Vous trouverez ces deux ouvrages dans le recueil des écrits de leurs ingénieux auteurs. […] Ce que Lucien & Rapin ont dit de plus utile & de plus important sur la meilleure maniere d’écrire l’Histoire, est reproduit dans ce livre curieux à bien des égards.

371. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — II » pp. 369-387

Cette première forme de la renommée de Henri IV a été consacrée par l’histoire qu’écrivit de lui le bon évêque Hardouin de Péréfixe, précepteur de Louis XIV (1661)4. […] L’un des courts écrits qui font le mieux connaître la personne et le moral de Henri IV, ce sont les mémoires du premier président de Normandie, Claude Groulard, de tout temps fidèle à ce prince, et qui nous a conservé un récit naïf des fréquents voyages et des séjours qu’il eut à faire auprès de lui. […] Une telle lettre suffirait à faire la gloire du Plutarque d’Amyot, dont elle a toute la fraîcheur et les grâces souriantes, et elle y joint, comme écrite en mer par une douce brise, un reflet de la lumière et de la sérénité des flots. […] Ce qu’il avait surtout, et bien mieux que l’étude première et la discipline, c’était la source, le jet, l’esprit vif, ouvert, primesautier et perfectible, un tour particulier d’imagination, et c’est ce qui lui assure son originalité à côté des plus grands princes et capitaines qui ont bien parlé ou bien écrit. […] Le marquis d’Argenson, qui avait conseillé à l’abbé ce travail, écrivait en ces termes naïfs l’impression qu’il avait reçue à la lecture : « Excellent livre, qu’on ne peut trop lire.

372. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. (Suite) »

Écrire à Dresde et attendre une réponse eût demandé bien des jours, des semaines. […] Le roi, ayant lu la note, fit venir le comte de Vaulgrenant qui, naturellement, parla dans le sens de ce qu’il avait écrit et y abonda. […] Dès que le roi eut pris son parti, il eut la délicatesse d’en faire honneur au maréchal et lui écrivit en ce sens. […] Mais je reviens à la lettre qu’il écrivait au roi Auguste III sur le mariage de la future dauphine. […] Mme de Pompadour lui avait écrit à l’origine pour le prévenir et comme pour parer le coup : « Ce 3 octobre 1746. — Vous serez sans doute étonné, mon cher maréchal, d’avoir été aussi longtemps sans recevoir de mes nouvelles ; mais vous ne serez pas fâché quand vous saurez que j’ai toujours attendu une réponse que le roi voulait faire à la lettre que vous m’écriviez.

373. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre quatrième »

Dans quelle mesure ces idées et l’idée qui les comprend toutes ont-elles été connues de l’esprit français, c’est ce que nous indiquent les écrits en langue latine qui ont paru dans cette période. […] C’est donc dans les écrits philosophiques et dans les écrits de religion qu’il faut chercher jusqu’à quel point les écrivains en langue latine ont eu des idées générales. […] Que la philosophie moderne ait constaté, dans les écrits des scolastiques, des notions ou des traditions fécondes, et que la théologie proprement, dite se reconnaisse dans les écrits des théologiens, je ne suis guère moins incompétent pour le nier que pour l’assurer. […] Villehardouin en trace quelques-unes d’une main ferme dans ses Mémoires, qu’on dirait écrits avec la pointe d’une épée. […] La langue, dans tous ces écrits, est claire, et les tours en sont vifs ; on sent qu’elle raconte et qu’elle raille mais elle manque de variété et de couleur.

374. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres inédites de l’abbé de Chaulieu, précédées d’une notice par M. le marquis de Bérenger. (1850.) » pp. 453-472

Durant ce voyage, il écrit à sa belle-sœur Mme de Chaulieu, et lui rend compte des réceptions, des régals, rasades et bombances sans nombre. […] Je ne saurais pas vous dissimuler qu’il est gros de beaucoup de choses qu’il ne servirait rien d’écrire, et que je ne veux pas confier à du papier. On ne saurait donc s’étonner si ces lettres écrites de Pologne ne renferment rien de beaucoup plus intéressant : il se peut que d’autres où il en disait plus aient été écrites en chiffre, et nous n’avons peut-être ici que les moins particulières. […] M. le marquis de Béthune, écrit Chaulieu à sa belle-sœur, est plongé dans les fureurs de la bassette. […] La Fare écrivait vers 1699.

375. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Le comte de Ségur »

Ce succès fut, en quelque sorte, personnel à M. de Ségur, qui, dans ses Mémoires et dans ses divers écrits, a pu s’en montrer fier à bon droit. […] ainsi pouvions-nous écrire il y a quelques années encore. […] Si ce roi eut avec lui des torts de procédé, comme on l’a dit et comme vient de le répéter un écrit récent177, il les paya dans ce tableau fidèle ; une plume véridique est une arme aussi. […] Marie-Joseph Chénier, en parlant de cet écrit en son Tableau de la Littérature, lui a rendu une justice à laquelle ses réserves mêmes donnent plus de prix. […] Dans une Lettre à mes enfants et à mes petits-enfants, placée en tête du manuscrit de cette Histoire tout entier écrit de la main de madame de Ségur, on lit ces paroles touchantes : Paris, ce  1er décembre 1817.

376. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre quatrième »

Pertes dans la poésie et dans l’art d’écrire en vers. […] La poésie peut être tout cela ; mais elle est autre chose encore, et avant tout elle est l’art d’écrire en vers. […] L’Art poétique est surtout l’art d’écrire en vers. […] Ce qu’il écrit avec colère sur les auteurs en renom, la postérité le pense froidement. […] Quelques pièces ont le tort d’avoir été écrites trop près de la circonstance qui y donne sujet.

377. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mademoiselle de Scudéry. » pp. 121-143

Elle y parut aussitôt avec avantage, y fut accueillie, célébrée dans les meilleures sociétés, et commença à écrire des romans, sans y mettre toutefois son nom et en se dérobant sous celui de son très glorieux frère. […] Mme de Sablé, la spirituelle amie de La Rochefoucauld, n’écrivait pas un mot d’orthographe. Il est certain, disait Mlle de Scudéry, qu’il y a des femmes qui parlent bien, qui écrivent mal, et qui écrivent mal purement par leur faute… C’est, selon moi, une erreur insupportable à toutes les femmes, ajoute-t-elle, de vouloir bien parler et de vouloir mal écrire… La plupart des dames semblent écrire pour n’être pas entendues, tant il y a peu de liaison en leurs paroles, et tant leur orthographe est bizarre. […] Écrire par principes et même un peu causer par principes, ce fut le double résultat de sa doctrine et de son exemple. […] Depuis que ceci est écrit, M. 

378. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Lambert et madame Necker. » pp. 217-239

Parmi les mots et les idées qui reviennent le plus souvent sous sa plume quand elle se mit à écrire, je distingue surtout les mots mœurs, innocence et gloire. […] Droz, jugeant les écrits de Mme de Lambert24, était frappé de ce qu’une telle morale, qui prêche ouvertement l’ambition, renferme de dangereux et même d’absurde : je lui en demande bien pardon, Mme de Lambert savait qu’à la date où elle écrivait, le, danger pour cette jeunesse guerrière était bien plutôt dans le trop de dissolution et de mollesse. […] Ses petits écrits parurent de son vivant et d’abord sans sa participation, bien que, par le soin extrême de rédaction qu’elle y avait mis, elle semble avoir eu en vue le public. […] C’est pour elle avant tout, c’est pour s’aguerrir et se réformer elle-même, qu’elle a écrit ces prudents Avis avant de les faire passer à ses enfants. […] Je ne sais rien de son visage, et ceux qui ont écrit d’elle dans sa vieillesse ont oublié de nous en parler.

379. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre VI » pp. 50-55

Ne voulant pas souscrire au jugement porté sur Voiture par une multitude d’écrivains qui ne l’ont pas lu, j’ai courageusement entrepris de le lire, et voici ce que j’ai recueilli de ma lecture : Voiture, dans sa première jeunesse, écrivit à la manière du temps, avec recherche et affectation. […] Il est toujours naturel quand il écrit au marquis de Salle, depuis duc de Montausier, à mademoiselle de Rambouillet, à la marquise sa mère, au marquis de Pisani son frère : ses lettres sont l’opposé, quand elles s’adressent à des précieuses 23. Non seulement il eut le bon esprit de se conformer au ton de mesdames de Rambouillet dans ce qu’il leur disait ou leur écrivait, mais il céda même à leur exemple et à leurs leçons dans ce qu’il écrivit à la suite a d’autres. On peut juger de ces leçons et de sa docilité par une lettre adressée au nom de mademoiselle de Rambouillet au marquis de Salle qui était à Strasbourg, et écrite sur le ton qu’elle lui prescrivit. […] On trouve même dans une de celles qu’il écrit à Costar24, une critique du style précieux, lettre qui est fort remarquable sous sa plume.

380. (1890) Les princes de la jeune critique pp. -299

Mais enfin un écrivain se met nécessairement dans ce qu’il écrit. […] « Si le choix m’en avait été laissé, écrit M.  […] Ô la limpidité aisée qu’impose la nécessité d’écrire vite ! […] S’est-il avisé sur le tard qu’il y a quelque puérilité à vouloir écrire aujourd’hui comme on écrivait il y a deux cents ans ? […] Bourget, quand il écrit.

381. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIe entretien. Littérature politique. Machiavel » pp. 241-320

Les dépêches qu’il écrivit pendant ces vingt-cinq légations à son gouvernement sont des chefs-d’œuvre de sagacité, de clarté, de style, appropriés aux affaires. […] Ce fut pour plaire à Ruccellai et à cette élite d’amis qu’il écrivit alors ses Discours sur Tite-Live. […] « J’ai fait huit ou dix chansons gaies de plus pour la pièce, écrit-il à Guicciardini. […] Machiavel, dans ce livre, écrivit de la politique pour la politique ; il fit ce qu’on appelle aujourd’hui de l’art pour l’art ; il fut maître d’escrime, il ne fut pas un assassin. […] Cela est pensé par l’âme du Tacite florentin, écrit à la façon de Bossuet par le vigoureux génie de San-Casciano.

382. (1894) La bataille littéraire. Sixième série (1891-1892) pp. 1-368

Il faut bien se résigner à écrire. […] » Qui oserait écrire tout cela ! […] Je copie ces deux paragraphes, écrits sous les rapports de M.  […] Émilie Ollivier a écrit les pages les plus éloquentes de son livre. […] Renan a écrit ; rares sont ceux qui savent transcrire sa parole.

383. (1882) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Deuxième série pp. 1-334

Mais écrire d’après La Beaumelle, serait-ce là ce que l’auteur de Madame Guyon appelle composer « d’après les écrits originaux » ? […] Nous n’écrivons plus ainsi, mais, au moins sachons-le bien, c’est parce que nous ne savons plus écrire ainsi. […] Mais ce qu’il ne faut pas prétendre, c’est que les lois restrictives de la liberté d’écrire seraient favorables à l’art même d’écrire. […] Si dangereux qu’il lui fût d’écrire, on ne peut pas lui passer d’avoir décliné la responsabilité de ses écrits. […] Mais Rabelais n’écrivait pas pour les femmes, et surtout il n’écrivait pas aux femmes.

384. (1876) Romanciers contemporains

Il s’était engagé à écrire un roman en douze volumes. […] Mais les huit volumes qu’il a écrits suffiront à sa gloire. […] About a pu l’écrire sans les choquer. […] L’auteur est excusable de l’avoir écrit avant 1870. […] Flaubert a écrit son livre.

385. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre premier. De la stérilité d’esprit et de ses causes »

De la stérilité d’esprit et de ses causes Oui, j’écris rarement, et me plais de le faire, Non pas que la paresse en moi soit ordinaire, Mais, sitôt que je prens la plume à ce dessein, Je crois prendre en galère une rame à la main. […] Et ce n’est pas seulement à l’école ou au lycée, quand on fait ses devoirs par obligation, qu’on ne trouve rien à dire : plus tard, dans le inonde, on aime à causer, on veut écrire à de chers amis, on fait le projet de noter ses impressions dans un journal intime. […] On ferait volontiers comme cette femme du xviiie  siècle, qui écrivait bravement à son mari ce rare billet : « Je vous écris parce que je n’ai rien à faire. […] Il faut donc une réelle activité d’esprit pour écrire, de quoi qu’il s’agisse, au collège ou dans le monde, pour remplir une tâche, ou pour se satisfaire soi-même.

386. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

On nous apporte une série de lettres écrites par lui. […] Écrire à quelqu’un, c’est penser à ce quelqu’un. […] Colonne… — Écrire à ma mère, Cœline Hetzel ; Ancelli ?..  […] « Il s’était endormi », écrit M.  […] La vérité, comme tout ce qu’il a écrit la respire, l’exhale !

387. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 avril 1885. »

Jusqu’en 1849, les écrits théoriques de Richard Wagner ont peu d’importance. […] Villot, écrite dans des conditions spéciales, Wagner ne revient plus guère sur cette définition théorique de l’œuvre d’art. […] Mais déjà en ses premiers opéras, comme en ses premiers écrits théoriques, le Maître avait paru songer à la destination de l’art. […] C’est un recueil d’articles de critique écrits par M.  […] C’est à lui que Wagner écrivit en 1876, la lettre-réponse à Une Capitulation.

388. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Vie de Rancé »

Si l’histoire du saint personnage n’est écrite de main habile et par une tête qui soit au-dessus de toutes vues humaines, autant que le ciel est au-dessus de la terre, tout ira mal. […] Si on les imprimait jamais avec ses œuvres, on verrait qu’une seule idée a dominé sa vie ; malheureusement on n’aurait pas les lettres qu’il écrivait avant sa conversion et qu’au moment de sa vêture il ordonna de brûler. […] Les réponses à ces lettres, les lettres qu’on lui écrivit à lui-même, seraient plus variées et toucheraient à tous les points de la vie. […] On s’est quitté à l’aube ; à l’aube, on épie la première clarté pour écrire ce que l’on croit avoir oublié de dire dans des heures de délices. […] Peu à peu le style se glace ou s’irrite ; le jour de poste n’est plus impatiemment attendu, il est redouté ; écrire devient une fatigue.

389. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. VINET. » pp. 1-32

On en a des témoignages écrits et spirituels. […] Quoiqu’il ait écrit des vers dans sa jeunesse et qu’il ait tout ce qu’il faut pour les sentir, M. […] (Depuis que ces pages ont été écrites, M. […] Voici pour mes amis du canton de Vaud et pour les bibliographes français une liste, que je crois complète, des écrits de M. […] Ce procès amena le dernier et éloquent écrit, 5° Essai sur la Conscience et sur la Liberté religieuse (Paris-Genève, 1829). — M.

390. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Discours préliminaire » pp. 25-70

Avant d’offrir un aperçu plus détaillé du plan de cet ouvrage, il est nécessaire de retracer l’importance de la littérature, considérée dans son acception la plus étendue ; c’est-à-dire, renfermant en elle les écrits philosophiques et les ouvrages d’imagination, tout ce qui concerne enfin l’exercice de la pensée dans les écrits, les sciences physiques exceptées. […] Il est à regretter que les écrits qui paraissent de nos jours n’excitent pas plus souvent ce noble enthousiasme. […] Sans doute de tels écrits pourraient nuire à la morale, s’ils produisaient une profonde impression ; mais ils ne laissent jamais qu’une trace légère, et les sentiments véritables l’effacent bien aisément. […] La nature humaine est sérieuse, et dans le silence de la méditation l’on ne recherche que les écrits raisonnables ou sensibles. […] Il n’y a que des écrits bien faits qui puissent à la longue diriger et modifier de certaines habitudes nationales.

391. (1856) Les lettres et l’homme de lettres au XIXe siècle pp. -30

Il n’écrit plus ; il gouverne. […] Un ministre ne peut écrire que des volumes de signatures. […] Regardons les auteurs du grand siècle : quelle continence d’écrire ! […] L’idée écrite, livre ou journal, est le sang qui circule et porte partout la vie. […] Il écrirait avec passion, on le lirait avec plaisir.

392. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre IX. Eugénie de Guérin »

Elle écrivait à une de ses amies : « Mon éducation un peu sauvage, « comme elle se fait dans les bois, et mes goûts retirés offrent peu d’agrément à une femme du monde. » Et sa modestie la trompait. […] Si son père se portait bien et n’avait pas besoin de son aide, elle s’occupait soit à lire, soit à écrire, soit à travailler, ce qu’elle aimait beaucoup (fée par les mains comme elle l’était par l’âme !)  […] Elle écrivait à une amie (et c’est bien elle !)  […] Nous n’avons pas aujourd’hui à écrire la vie de Guérin, malheureux comme tout ce qui vaut quelque chose. […] Quelques-unes des lettres ont été écrites sous l’empire de cette ardente et dernière préoccupation.

393. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre x »

Un enfant naît dans la famille ; Léo Latil écrit à la jeune mère :‌ Je vous félicite. […] Il m’arrive, écrit Léo Latil, de m’attacher à un rêve, mais le plus souvent je vis, au milieu de mes hommes, leur vie, de tout mon cœur. […] Étant au dépôt, il écrit :‌ J’essaye de profiter de ces jours de repos pour me préparer encore. […] Dites-lui que quand on va de l’avant on ne peut écrire à ceux que l’on aime ; on se contente de songer à eux. […] Ils ne sont pas tous au même étage, nullement du même Credo, mais d’eux tous l’histoire dira ce qu’écrivait Léo Latil. « … l’élément spirituel domine tout dans cette guerre ».‌

394. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « L’abbé de Bernis. » pp. 1-22

Et puis, cette prompte et facile consolatrice, la jeunesse, lui tenait lieu de tout ; nul n’était fait pour en jouir mieux que lui ; tous les contemporains nous ont parlé des avantages de sa personne et des agréments de sa figure : « Je me souviens toujours de vos grâces, de votre belle physionomie, de votre esprit », lui écrivait Voltaire après des années. […]  : Je ne sais de qui sont ces Quatre Saisons, lui écrit Voltaire, qui aime à broder sur ce thème à tout propos ; le titre porte par M. le C. de B. […] Dès ce temps-là, et à travers les compliments, toutes les critiques lui furent faites : « On me demande, dit-il dans un petit écrit en prose de 1741, comment il est possible qu’un homme fait pour vivre dans le grand monde puisse s’amuser à écrire, à devenir auteur enfin. » Et à ces critiques grands seigneurs et de qualité, il répondait « que, s’il n’est pas honteux de savoir penser, il ne l’est pas non plus de savoir écrire, et qu’en un mot ce sont moins les ouvrages qui déshonorent, que la triste habitude d’en faire de mauvais… ». […] On a écrit et imprimé bien des choses plus ou moins romanesques, où l’on a mêlé le nom de Bernis à la date de cette ambassade : nous nous en tiendrons à ce qui est à l’usage des honnêtes gens. […] Algarotti, qui l’avait connu ambassadeur à Venise, écrivait au roi de Prusse (11 janvier 1754) : Je vois assez souvent M. l’ambassadeur de France, qui est bien fait pour représenter la plus aimable nation du monde.

395. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.). Guerre des Barbets. — Horreurs. — Iniquités. — Impuissance. »

« On ne parle ici que de tout exterminer et de tout détruire, de faire pendre les grands et les petits. » C’est ce qu’un officier français écrivait de Pignerol dès les premiers mois de cette année. […] Catinat, son œuvre faite ou à peu près, rendait compte à Louvois d’un air de contentement trop visible : « Ce pays est parfaitement désolé, écrivait-il (9 mai) ; il n’y a plus du tout ni peuple ni bestiaux. […] À la fin du mois de juin, Catinat, dont c’était le pronostic, écrivait à Louvois : « La maladie et l’infection s’est mise dans ce malheureux peuple ; la moitié en périra cet été. […] Bussy écrivait à cette occasion : « Il mettra la robe en honneur ». […] Il écrivait le 9 novembre à son frère Croisilles : « Je n’ai pas eu d’avis sur ce que j’ai proposé.

396. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [III] »

L’anxiété où il était alors, — où il fut durant tout cet été et cet automne de 1810, — sa fièvre morale nous est vivement représentée dans des lettres écrites à un ami, le baron Monnier, qui occupait un poste assez important auprès du duc de Bassano. […] Je viens enfin, mon cher Monnier, de me décider au saut périlleux : j’écris au prince de Neuchâtel pour lui demander ma démission. […] je ne l’aurai jamais cette démission, puisque après me l’avoir offerte, on m’écrit comme à un caporal de me présenter dans les vingt-quatre heures pour reprendre mes chaînes ! […] Napoléon s’intéressait particulièrement à ce qu’il écrivît l’histoire des campagnes d’Italie, de 1796 à 1800 : il le fit venir plus d’une fois à Trianon ou aux Tuileries pour l’entretenir à ce sujet. […] Croit-il avoir élevé un monument à la gloire de Napoléon en publiant une réprimande écrite en termes déplacés au gouverneur de Wilna, qui, par excès de zèle, osait dépeindre le véritable état des affaires ?

397. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Diderot. (Étude sur Diderot, par M. Bersot, 1851. — Œuvres choisies de Diderot, avec Notice, par M. Génin, 1847.) » pp. 293-313

Celui qui n’a connu Diderot que par ses écrits, affirment tous ses contemporains, ne l’a point connu28. […] Un jour Grimm, qui écrivait à plusieurs souverains du Nord des nouvelles de la littérature et des beaux-arts, demanda à Diderot de lui faire un compte rendu du Salon de 1761. […] Et n’allez pas croire que, pour écrire vite, il écrive au hasard. […] C’est pour moi et pour mes amis que je lis, que je réfléchis, que j’écris, que je médite, que j’entends, que je regarde, que je sens. […] Nous qui sommes de ses amis, de ceux à qui il songeait confusément de loin et pour qui il a écrit, nous ne serons point ingrats.

398. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — I. » pp. 287-307

Meister, homme de sentiment et de nuance, qui a écrit sur lui longtemps après. […] Dans les lettres qu’il écrit à Mme d’Épinay, pendant cette campagne de Westphalie, l’avantage des attentions de cœur et des nuances n’est pas toujours du côté de son amie. À peine il l’a quittée, il lui écrit de Metz ces tendres et presque féminines paroles : « Qu’il me tarde d’apprendre de vos nouvelles ! […] écrit-elle sans cesse après l’avoir entendu ; quelle impartialité dans les conseils !  […] lui écrit Grimm.

399. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Tallemant et Bussy ou le médisant bourgeois et le médisant de qualité » pp. 172-188

J’ouvre l’Histoire amoureuse des Gaules, et d’abord je suis frappé de ce qui a donné idée d’écrire un tel livre. […] Il acheva de les écrire vers 1657, dans les années mêmes où la plume de Bussy prenait ses licences. […] Paris), ses amis ne cessaient de lui dire : « Écrivez donc cela. » Il le fit et nous en profitons. […] Il écrit dans un genre après tout peu élevé, qui semble facile, et qui est médiocrement honorable. […] [1re éd.] lui écrit pour lui faire honte q.

400. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une croisade universitaire » pp. 107-146

Qu’il n’en reste plus qu’un souvenir, une place vide où nous écrirons : Ci-gît la littérature de 1825… En avant, mes amis. […] Ce livre, — gonflé d’idées, — écrit sous l’œil de V.  […] Et pourquoi s’obstiner à mettre sa fausse signature au bas de cette formule absurde de « l’art pour l’art » qu’il n’a jamais écrite nulle part ? […] Ce que je viens d’écrire est tellement élémentaire et tellement banal que je m’abîme en des étonnements profonds en songeant qu’on l’a rabâché pendant trente ans sans réussir à le faire entendre. […] Nous n’avons qu’une crainte : c’est que tu veuilles écrire toi-même ta profession de foi aux électeurs.

401. (1900) Le lecteur de romans pp. 141-164

Une première mère écrira : « Nous pensions, monsieur le directeur, que votre feuille était un journal de famille, un journal honnête. […] L’auteur n’a pas eu l’ambition d’écrire pour un public d’adolescentes. Il a écrit pour des hommes et des femmes qui peuvent pénétrer et compléter son idée, deviner les sous-entendus, peser les mots, et faire à côté de l’œuvre du maître ce qu’on pourrait nommer l’œuvre du lecteur. […] Il a écrit trop d’œuvres d’une immoralité grossière, mais il avait le génie de la langue, et toute la tradition française se reconnaît dans la composition et dans le décor de ses nouvelles. […] Que les autres, ceux qui sont jeunes, attendent la leçon commune ; qu’ils vivent d’abord, qu’ils laissent de côté le roman comme une œuvre pour eux vide de sens, écrite dans une langue étrangère.

402. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VIII : M. Cousin érudit et philologue »

Sainte-Beuve, dans une autre préface, se souvint qu’il avait écrit lui-même l’histoire de Port-Royal et de ses religieuses, et qu’en outre il avait fait le portrait de plusieurs grandes dames du temps. […] Cousin devient amoureux d’un texte ; épris du manuscrit qu’il devine, il se met en campagne, il écrit à l’un, fait écrire à l’autre, et poursuit une lettre de Descartes ou un fragment de Malebranche avec une opiniâtreté et un enthousiasme que personne n’a plus. […] J’eus le plaisir de rencontrer dans le manuscrit de la Bibliothèque royale les autographes de ces lettres, au nombre de six, écrites pour la plupart de la main de Leibnitz ou corrigées et signées par lui. […] André a écrit la vie et rassemblé la correspondance de Malebranche, mais que cet écrit égaré est maintenant retenu en des mains inconnues, il s’indigne contre l’enfouisseur et le somme de restituer son trésor : Avant de quitter cet important sujet, nous voulons adresser encore une fois avec toute la force qui est en nous, notre publique et instante réclamation à celui qui possède encore aujourd’hui les matériaux de ce grand ouvrage. […] Mme de Sévigné, qui était là, manqua de se convertir, et l’écrivit à sa fille.

403. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — II » pp. 161-173

Il écrivait des lettres dans son pays, et un de ses correspondants en avait fait imprimer une dans un journal. […] Il faudrait dans une réimpression, si elle se fait, en rapprocher les lettres que Napoléon écrivait à Joubert dans le même temps, pour le guider, pour le rassurer. Je signale notamment celle du 17 février 1797, écrite pendant les négociations de Tolentino, et quand Joubert, après son succès, était à Trente. […] Le 10 avril, deux jours après avoir rejoint l’armée en Carinthie, il écrivait à son père : Je suis sorti vainqueur du Tyrol. […] Une lettre qu’il avait écrite en ce sens, rendue publique, était devenue un texte à calomnies et à diatribes.

404. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « M. Viguier »

Viguier, j’y trouve encore plus d’un agréable passage. — De Munich, le 8 mai 1853, il écrivait à son ami M.  […] De Heidelderg, par exemple, il écrivait le 27 novembre 1852 : … Dès huit heures (du matin) on court à l’université. […] Viguier écrivait à M.  […] Villemain, et je ne puis m’empêcher de croire qu’il n’ait en vue un moyen, bien simple pour lui, de rendre une convenable justice à votre travail sans en écrire pour les journaux. […] Vous ne vous êtes nullement mépris en apercevant chez lui quelque déplaisir de ce que je ne lui ai pas écrit.

405. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VII. Du style des écrivains et de celui des magistrats » pp. 543-562

Il n’y a point de style digne de louange, s’il ne contient au moins deux des trois qualités qui, réunies, sont la perfection de l’art d’écrire. […] Marivaux, par exemple, ne présentant jamais que le côté recherché des aperçus de l’esprit, il n’y a ni philosophie, ni tableaux frappants dans ses écrits. […] Un ouvrage qui n’est pas écrit avec philosophie, classe son auteur parmi les artistes, mais non parmi les penseurs. […] Le talent d’écrire peut devenir l’une des puissances d’un état libre. […] Mais l’art d’écrire en littérature est composé de tant de nuances, des idées fines et presque fugitives exercent une telle influence sur le plaisir que telle expression fait éprouver, sur l’éloignement que telle autre inspire, que pour bien écrire il faut étudier avec le soin le plus délicat tout ce qui peut agir sur l’imagination des hommes.

406. (1890) L’avenir de la science « Préface »

Vers le temps où j’écrivais ces lignes, M.  […] Dans mes écrits destinés aux gens du monde, j’ai dû faire beaucoup de sacrifices à ce qu’on appelle en France le goût. […] L’idée d’une civilisation égalitaire, telle qu’elle résulte de quelques pages de cet écrit, est donc un rêve. […] La science peut-elle être plus éternelle que l’humanité, dont la fin est écrite par le fait seul qu’elle a commencé ? […] Ils étaient vrais quand je les écrivais.

407. (1880) Goethe et Diderot « Introduction »

Il fallait qu’un jour ou l’autre elles fussent écrites. […] Ni ses tragédies ni ses autres écrits ne réussirent tous. […] Ce nom ridicule n’a pas encore été écrit, mais on l’écrira… Et pourquoi pas ? […] Sainte-Beuve vieillissant le devint, — car, jeune, il écrivait Joseph Delorme, et il était vivant (malsain, sentant le carabin et l’hôpital, mais vivant !). […] Immédiatement justice fut faite, et la porte du journal où il écrivait fut fermée à l’auteur de l’article, pour avoir manqué, dans l’auguste personne de Gœthe, à la littérature française et au gouvernement français3 !

408. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XIX. Panégyriques ou éloges composés par l’empereur Julien. »

Tout prince qui écrit est presque sûr d’intéresser les hommes. […] Claude écrivait avec pureté, et composa l’histoire de son temps. […] Gallien, qui fut à la fois voluptueux et brave, et qui se rendit célèbre par des victoires et des bons mots, avait le talent de bien écrire, et fit des vers pleins de volupté et de goût. […] Ainsi, dans une grande partie de l’Europe et de l’Asie, on n’écrivait rien où Homère ne fût loué, commenté et cité. […] n’écris pas pour un homme, mais pour les hommes : attache ta réputation aux intérêts éternels du genre humain : alors la postérité reconnaissante démêlera tes écrits dans les bibliothèques ; alors ton buste sera honoré et peut-être baigné de larmes chez des peuples qui ne t’auront jamais vu, et ton génie, toujours utile, selon la belle expression d’un de nos poètes, sera contemporain de tous les âges, et citoyen de tous les lieux.

409. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XV » pp. 175-187

De là naquit la diversité des tons, des styles, des formes de langage qui s’approprièrent à tous les usages de l’art de parler et de l’art d’écrire. […] Aujourd’hui la séparation des genres dans les écrits littéraires est devenue à peu près impossible ; elle ne peut plus être une règle de l’art d’écrire, au moins une régie aussi sévère qu’avant la révolution. […] La Bruyère qui a publié ses Caractères en 1687, mais qui a passé vingt années à les écrire, nous dit en peu de mots quel était l’état de la langue au milieu du siècle, à l’époque des Provinciales et des écrits de Port-Royal. […] mais Corneille n’écrivait pas en prose. […] Il existait un grand nombre de lettres de Sévigné, modèles de style épistolaire ; on en avait de son cousin Bussy-Rabutin, homme de mauvais cœur, de mauvais esprit, mais d’assez bon goût ; En morale, on avait les nobles écrits de Balzac ; En métaphysique, la méthode de Descartes ; En didactique et en polémique, les Lettres provinciales ; En critique, plusieurs bons écrits de Port Royal, la critique du Cid ; En poésie, les belles odes de Malherbe, quelques ouvrages de Racan, de Segrais, de Benserade ; les chefs-d’œuvre de Corneille, Le Cid, Les Horaces, Cinna, Polyeucte, La Mort de Pompée, Le Menteur, Rodogune.

410. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — L’orthographe, et la prononciation. » pp. 110-124

Cet inconvénient l’obligea de mettre, à côté de ce qu’il faisoit imprimer suivant sa réforme, la même chose écrite à la manière ordinaire. […] Comme l’auteur se doutoit bien de la peine qu’on auroit à le lire, il eut l’attention de faire écrire souvent, dans une même page, les mêmes mots suivant l’usage ordinaire, & suivant ses nouvelles idées. […] Sa manière d’orthographier ne consiste qu’en deux ou trois points : il écrit connaître, aimait, Français, quoique Louis XIV prononçât toujours François. […] Chez lui les lettres redoublées sont rares : en général, il écrit ais ou ois, selon que l’on prononce l’un ou l’autre. […] Un auteur s’est attaché à ce que son orthographe rendit scrupuleusement toutes les inflexions de la voix : par exemple, il écrit ele au lieu d’elle.

411. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Swift »

Fait, s’il l’eût voulu, pour devenir un moraliste énorme, il s’est ratatiné jusqu’à n’être qu’un pamphlétaire souvent immoral ; il a écrit enfin sur cette poussière que font les passions, politiques d’une époque, mais la plume dont on écrit là-dessus n’en change pas la nature, fût-elle une plume d’aigle ! […] Elle ne lira pas ses fameuses Lettres d’un drapier, — ces lettres qui turent de l’O’Connell écrit cent ans avant qu’O’Connell fût du Swift parlé aux masses soulevées de l’Irlande ; elle ne lira pas davantage ce Conte du tonneau, qui est du Rabelais anglaisé, qui est à Rabelais, le gigantesque bouffon aux entrailles si humaines, ce que sont les six pouces d’un habitant de Lilliput à la taille proportionnée d’un homme ; mais elle lira Gulliver. […] Léon de Wailly commence par un écrit, le plus long de tous les écrits composant ce volume, qui porte ce titre, horriblement modeste : Instructions aux Domestiques. […] La toilette, pour ce bœuf qui écrit, dans ses Résolutions pour l’époque où il deviendrait vieux, cette ligne affreuse : Ne point aimer les enfants , la toilette était ce qu’est le rouge pour le taureau. […] Il avait écrit, dans une distraction de sincérité, un mot, qui n’est pas une ironie, sur les bassesses de l’ambition : « L’homme a la même posture, qu’il rampe ou qu’il grimpe ! 

412. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Milton, et Saumaise. » pp. 253-264

Il ne fit depuis qu’entretenir ce beau feu par tout ce qui nourrit & fortifie l’esprit des hommes, la lecture, la réflexion, les voyages, l’habitude d’écrire. […] C’est pour se justifier à ceux de toute l’Europe, qu’ils firent écrire Milton en leur faveur. […] Sa plume éloquemment féconde, & vouée à l’indépendance & aux changemens, enfanta écrits sur écrits, pour achever la révolution commencée & pour établir la nouvelle domination. […] Saumaise, tout intrépide, tout exercé qu’il étoit dans les écrits satyriques, sur épouvanté de la réponse qu’on lui fit. […] On écrivit pour & contre Marie Stuart.

413. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVII » pp. 298-304

Elle écrit du matin au soir ; en se couchant elle déchire tout. […] Le respect du roi très chrétien pour la religion et le soin de sa gloire que Bossuet avait réveillés, s’accroissaient à mesure que l’ardeur de l’amant satisfait diminuait ; et ce qu’écrit à ce sujet madame Scarron à madame de Saint-Géran, indique qu’elle connaissait le point par où le crédit de son ennemie était attaquable et peut-être le cœur du roi accessible. […] Madame de Sévigné écrivait à sa fille, le 6 décembre 1671 : « Madame de Richelieu est assez bien placée ; si madame de Scarron y a contribué, elle est digne d’envie. […] Madame de Sévigné écrivait à sa fille, le 25 décembre 1671 : « Voilà madame Scarron qui a soupé avec nous. […] 4° La rupture dont parle la lettre est de peu de jours antérieure à cette lettre, puisqu’au moment où madame Scarron l’écrit, madame de Montespan est encore dans l’accès de sa première fureur, qu’elle est renfermée depuis deux jours.

414. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIVe entretien. Alfred de Vigny (1re partie) » pp. 225-319

En ce temps-là il en écrivait beaucoup, mais lentement, comme on doit écrire pour la postérité. […] le temps me presse : et rien n’est écrit ! […]Écrit trop vite ! — Écrit pour vivre ! […] s’écrie Chatterton, et il écrit à M. 

415. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Troisième partie de Goethe. — Schiller » pp. 313-392

Ces deux existences désormais n’en font qu’une, tellement qu’il est impossible d’écrire l’histoire du génie de l’un sans toucher au génie de l’autre. […] C’est à cette époque qu’il écrivit son premier ouvrage pour la scène, les Brigands. […] Il y écrivit sa tragédie de Don Carlos, œuvre estimable, réfléchie, mais tiède, où la politique tient la place de l’émotion. […] « Un de mes soucis, écrivait-il, repose maintenant dans le berceau !  […] … « Il m’est impossible ici, sur les bords du Rhin, continue-t-elle, de ne pas vous écrire sur mon amie, la jeune Caroline Günderode.

416. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVIII. J.-M. Audin. Œuvres complètes : Vies de Luther, de Calvin, de Léon X, d’Henri VIII, etc. » pp. 369-425

S’il y touche, le préjugé se lève ; et, s’il l’écrit, c’est qu’il la fait. […] C’était alors (a écrit quelqu’un) un brillant émule de Colnet. […] De nature plus haute qu’un folliculaire, il était organisé pour écrire l’histoire, non pour la troubler. Mais ce n’était pas tout d’abord qu’il pouvait l’écrire. […] C’est pour cette masse qu’Audin a écrit.

417. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « H. Forneron » pp. 149-199

L’historien des Guise a oublié cette génération des deux unités, que tout, au contraire, de l’histoire qu’il écrivait, aurait dû lui rappeler. […] Peu d’hommes, dans ce moment du siècle, sont capables d’écrire un livre de cet accent et de cette inspiration. […] Il écrit l’Histoire comme eux la font. […] pour écrire la vérité, l’épouvantable vérité, qui le désole, mais sans le faire trembler dans la moindre des certitudes de sa foi. […] même sans la foi religieuse qu’il n’a pas, l’historien n’a point le droit de n’en pas tenir compte dans la vie des hommes dont il écrit l’histoire.

418. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Jean-Jacques Ampère »

Ampère ne nous donne ni des faits ni des idées ; il donne des réverbérations… Des écrits de cette espèce ont fait au Nord la singulière réputation d’être intellectuellement brumeux. […] Depuis, Tocqueville m’avait écrit, comme à l’ordinaire, les lettres les plus rassurées, toujours d’une grâce d’amitié charmante, et témoignant d’une entière liberté d’esprit. […] Il y a tel chapitre en effet de cette histoire ancienne que l’on dirait écrit par un émigré, tant la prévention vivante y domine ! […] Ampère, qui n’avait pu assister à cette seconde représentation, écrivait le lendemain à l’auteur en le félicitant : « Pends-toi, Crillon ! […] Ampère cependant essaya de raccommoder la chose dans une autre lettre écrite à l’éditeur du Globe et insérée dans ce journal le 31 juillet 1827 ; il y disait : « — Berlin, 5 juillet 1827. — Monsieur, un fragment d’une lettre de moi, écrite de Weimar, a paru il y a environ un mois dans votre journal sans ma participation.

419. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — I. » pp. 166-193

Ainsi, à propos de la séance royale du 4 février 90, de la prestation du serment civique et du discours de Louis XVI qui excita un si général enthousiasme, elle écrivait à Brissot le 11 du même mois : « Les esprits sont ici très-partagés… On prête son discours à M. […] Elle écrit à Bosc : « On n’ose plus parler, dites-vous, soit ; c’est tonner qu’il faut faire. » Une lettre à Lanthenas, du 6 mars 90, commence par ce cri trois fois répété : « Guerre, guerre, guerre !  […] Étant reparti bientôt, il écrivit une lettre commune à M. et à Mme Roland ; mais celle-ci, à qui son mari absent (il était à Lyon ou à Villefranche) l’envoya, y saisit quelques expressions qu’elle interpréta d’une manière plus particulière, et elle se hasarda à écrire de la campagne, dans l’absence et à l’insu de M. […] Celle-ci avait écrit beaucoup et de longue main, dans ses loisirs solitaires, sur toutes sortes de sujets ; elle arriva à la publicité, prête et mûre ; ses pages, tracées à la hâte et d’un jet, attestent une plume déjà très-exercée, un esprit qui savait embrasser et exprimer à l’aise un grand nombre de rapports. […] On a retrouvé et publié des lettres d elle qu’elle lui écrivait dans sa prison ; et enfin des passages supprimés d’abord, qu’on a rétablis récemment dans le texte de ses Mémoires imprimés, contiennent un aveu formel.

420. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIVe entretien. Mélanges »

Quand j’eus fini, j’écrivis à Louis de Vignet que je l’avais reconnu et que je le priais de m’avouer son subterfuge ; on m’écrivit de Paris quelques jours après, pour me nommer l’auteur de cette belle diatribe. […] Aigri et humilié, il écrivit, à son retour à Paris, une brochure irritée et irritante contre le catholicisme. […] On voyait du premier coup d’œil que c’était écrit à la manière hébraïque, où chaque verset porte avec lui son idée ou son image. […] Il m’écrivit en Italie pour me proposer gratuitement la moitié de ce don du ministre. […] Il m’écrivit de prolonger, s’il m’était possible, ce provisoire inattendu, secourable pour lui.

421. (1889) Les premières armes du symbolisme pp. 5-50

Il écrivait simplement, sans recherche de l’effet, sans autre souci que d’être clair. […] Zola a, dans sa laborieuse et honorable carrière, plus écrit qu’il n’a lu. […] Jamais on n’écrivit sur la langue avec moins de tyrannie. […] Je ne trouve pas le théâtre de Voltaire si mal écrit que vous dites. […] les deux orthographes sont également employées : Littré, Michelet, et bien d’autres, écrivent Commines.

422. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 janvier 1886. »

C’est dans ces conditions que Tannhaeuser fut écrit. […] Tel était l’état d’âme de Wagner pendant qu’il écrivait Lohengrin. […] Donc, contradiction entre ce que le Maître sentait, ce qui l’inspirait pendant la création du drame, et ce qu’il écrivait, ce qu’il a mis sur la scène. […] La musique écrite a, si l’on peut dire, son côté matériel, sa physionomie propre. […] Jusqu’à Bach, l’usage se conserve ainsi de ces morceaux dont l’auteur n’écrivait que la basse chiffrée, laissant à l’interprète le soin de la réaliser.

423. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers » pp. 81-176

Thiers a écrit son livre. […] Il n’y a pas d’œuvre de l’esprit dans laquelle l’homme se confonde plus avec ce qu’il écrit. […] Je dirai qu’il y a, non pas une, mais vingt manières d’écrire l’histoire, qu’on peut l’écrire comme Thucydide, Xénophon, Polybe, Tite-Live, Salluste, César, Tacite, Commines, Guichardin, Machiavel, Saint-Simon, Frédéric le Grand, Napoléon, et qu’elle est ainsi supérieurement écrite, quoique très diversement. […] Thiers ; nul ne l’écrivit jamais aussi lumineuse que lui. […] Thiers qu’il écrit l’histoire nationale avec une plume arrachée au plumet d’un grenadier.

424. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — I. » pp. 431-451

Dans le séjour qu’il fit à Lausanne, jeune, de seize à vingt et un ans, il s’apprit tout à fait à penser en français, à ce point que les lettres en anglais qu’il écrivait pendant ce temps sont de quelqu’un qui ne sait plus bien sa langue. Plus tard, retourné en Angleterre, le premier essai qu’il publia (Essai sur l’étude de la littérature, 1761) est écrit en français. […] Il se rompit à écrire correctement tant en français qu’en latin, et, en acquérant une égale facilité à s’exprimer en diverses langues, il perdit moins une originalité d’expression pour laquelle il semblait peu fait, qu’il n’acquit l’élégance, la lumière et la clarté qui deviendront ses mérites habituels. […] Le petit écrit que Gibbon publia en français était composé dès 1759, quand il n’avait que vingt-deux ans. […] Lui qui devait écrire l’histoire du peuple le plus guerrier, il sut par la pratique les détails du métier : il fut digne de parler ensuite de la Légion.

425. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Le journal de Casaubon » pp. 385-404

Casaubon pensait en latin, et c’est aussi en latin qu’il écrit. […] ) Et le lendemain il écrit : 12 avril. […] Convenons-en, il y a même un peu trop, par moments, de ce qu’on appellerait (s’il écrivait en français) des jérémiades. […] Ce n’est pas tout de lire, il faut comprendre, et non seulement comprendre, mais faire ce qui est écrit ; cela seul ouvre les cieux. […] Le plus grand inconvénient pour notre savant dans cette nouvelle et dernière patrie, c’est que le goût du roi le dirigea sur la théologie et le poussa à écrire contre Baronius.

426. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. »

Mais, dira-t-on, après tout ce qu’on a écrit et imprimé déjà, qu’y a-t-il donc tant à découvrir sur le règne de Louis XIV ? […] Mme de Sévigné écrivait à M. de Coulanges, le 26 juillet 1691 : « Le voilà donc mort, ce grand ministre, cet homme si considérable, qui tenait une si grande place ; dont le Moi, comme dit M.  […] Ils ne sont pas là précisément pour s’écrire des politesses, mais pour vaquer le plus efficacement au service du roi. […] « Je vous supplie très-humblement, écrivait-il dans sa langue légèrement arriérée et à la gauloise, d’avoir un peu de créance à un homme qui est tout, à vous, et de ne point vous fâcher si, dans celles que j’ai l’honneur de vous écrire, je préfère la vérité, quoique mal polie, à une lâche complaisance qui ne serait bonne qu’à vous tromper, si vous en étiez capable, et à me déshonorer. […] Louvois ébranlé lui en écrit avec reproche, supposant qu’il a dissimulé la vérité sur quelque point.

427. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE DURAS » pp. 62-80

Elle ne songeait nullement alors à écrire. […] M. de Chateaubriand lui consacrait des heures, et elle écrivait fréquemment sous sa dictée les grandes pages futures. […] Il n’y a pas trace jusqu’ici dans la vie de Mme de Duras d’essai littéraire ni d’intention d’écrire. […] » Le lendemain, dans la matinée, la moitié de la nouvelle était écrite. […] Durant le congrès de Vérone, M. de Chateaubriand lui écrivait presque chaque jour ce qui s’y passait et les détails de ce grand jeu.

428. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « J. de Maistre » pp. 81-108

Il l’avait, cet accent, comme sa pensée elle-même, au temps où il écrivait ses premières pages, et c’est sur ce point que la Critique qui étudie les origines de l’esprit d’un homme doit visiblement insister. […] L’auteur y oppose la révolution à la révolution, et lui met sur la gorge les témoignages écrits de ceux qui l’ont voulue et de ceux qui l’ont admirée. […] Par la forme comme par le fond, cet écrit est donc bien, celui-là aussi, authentiquement et intégralement l’œuvre du comte de Maistre. […] on a tout simplement à reconnaître la supériorité de l’écrivain qui a écrit ces pages… ou à s’en taire. […] Quand Joseph de Maistre écrivait ces choses, les preuves à l’appui, dans ce monde de 1810, ne manquaient pas.

429. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon » pp. 423-461

Il amasse jour par jour, il écrit chaque soir ; il commence dès dix-neuf ans sous la tente, et il continue sans relâche à Versailles et partout. […] Il est périlleux, même pour un honnête homme, s’il est passionné, de sentir qu’il écrit sans contrôle, et qu’il peint son monde sans confrontation. […] Il y a entre les façons infinies d’écrire l’histoire, deux divisions principales qui tiennent à la nature des sources auxquelles on puise. […] Mme de Turpin mourut, j’en demeurai là ; cela est mal écrit, mais le goût que nous avons pour le siècle de Louis XIV nous en rend les détails précieux. » Il est curieux de voir comme chacun s’accorde à dire que c’est mal écrit, que les portraits sont mal faits, en ajoutant toutefois que c’est intéressant. […] Lorsque Saint-Simon écrit des notes et commentaires sur le Journal de Dangeau, il écrit comme on fait pour des notes, à la volée, tassant et pressant les mots, voulant tout dire à la fois et dans le moindre espace.

430. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre deuxième »

. — Caractères généraux des premiers écrits en prose française. — Les Chroniqueurs. — § II. […] Où commence l’histoire de la langue. — Caractères généraux. — Des premiers écrits en prose française. — Les chroniqueurs. […] Ce sont certains actes publics, écrits en roman, où se fait voir ce travail de décomposition du latin, d’où est sortie notre langue. […] Le premier, dans l’histoire de notre prose, qui ait écrit avec le dessein d’être écrivain, c’est donc Froissart. […] Ce ne fut qu’en 1399, et à l’âge de trente-six ans, qu’elle entreprit d’écrire en prose des ouvrages sérieux.

431. (1924) Critiques et romanciers

Cependant, il a écrit, à propos de J. […] Jusqu’alors, il n’avait écrit qu’en vers. […] Il écrit ses mémoires, qui sont un roman de M.  […] Il a mis une trentaine d’années à écrire une douzaine de romans. […] Rondeau écrit une histoire de la littérature française.

432. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Souvenirs et correspondance tirés des papiers de Mme Récamier » pp. 303-319

Ces volumes renferment pourtant très peu de choses écrites par Mme Récamier elle-même ; elle aimait peu à écrire, ne fût-ce que de simples lettres, et ce qu’elle avait pu rédiger de ses souvenirs, elle a ordonné en mourant qu’on le détruisît. […] Tous ceux qui ont écrit sur lui l’ont loué ; je le crois bien : c’était déjà une distinction présumée que de paraître l’entendre. […] Écrire sur lui, c’était devenir à quelque degré son collaborateur. […] C’est dans les lettres qu’il écrit à Mme Récamier que l’on trouverait le plus de traits exquis pour la peindre sous la forme idéale et symbolique qu’il ne cessa de lui prêter. […] Ballanche ; elle se défia d’elle-même, et peut-être se dit-elle qu’une femme qui écrit donne trop exactement sa mesure : il est mieux, en cela comme en tout, qu’elle laisse à deviner.

433. (1930) Le roman français pp. 1-197

Il écrit mal, négligemment. […] Il n’a pas cherché à écrire ainsi. […] Il peut même arriver à Rolland de vouloir trop bien écrire. […] Tous sont écrits par des hommes. […] La voilà qui s’applique à ne plus écrire « bien » : car écrire bien est une vanité qui pourrait le séduire.

434. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite et fin.) »

On exigeait de lui un écrit ; les premiers essais de sa façon qu’on envoya à Rome ne furent pas agréés : il fallait une simple soumission. […] Je suis à l’avance persuadé que tout ce qu’on trouvera de lettres et d’écrits de Talleyrand donnera de lui une favorable idée. Des gens d’esprit comme lui ne mettent jamais le pire de leur pensée ou de leur vie dans des papiers écrits. […] une lettre expresse à ce sujet que m’a écrite, après mon premier ou mon second article, M.  […] Louis Veuillot à écrire tout un premier-Paris de l’Univers sur mes articles.

435. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre III. De la logique poétique » pp. 125-167

Enfin les anciens Écossais (selon Boëce), les Mexicains et autres peuples indigènes de l’Amérique écrivaient en hiéroglyphes, comme les Chinois le font encore aujourd’hui. […] À ces symboles peuvent être rapportés les signes héroïques avec lesquels écrivaient les héros, et qu’Homère appelle σήματα. […] En France, le premier qui écrivit en langue vulgaire fut Arnauld Daniel Pacca, le plus ancien de tous les poètes provençaux ; il florissait au onzième siècle. […] Au rapport de Festus, les guerres puniques furent écrites par Nævius en vers héroïques, avant de l’être par Ennius ; et Livius Andronicus, le premier écrivain latin, avait écrit dans un poème héroïque appelé la Romanide, les annales des anciens Romains. […] Parmi les prélats instruits, il y en avait même peu qui eussent écrire.

436. (1887) Essais sur l’école romantique

Peut-être pensais-je mieux alors que je n’écrivais. […] C’est dans ce sens seulement qu’il écrit d’après un système. […] Que de choses qu’il croyait avoir écrites avec son sang, et du fond de son être, et qu’il écrivait sous la dictée d’un autre ! […] Là, on peut écrire avant de savoir sur quoi. […] Victor Hugo écrit de la prose ou fait de la poésie néo-chrétienne.

437. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Chateaubriand, jugé par un ami intime en 1803 » pp. 2-15

Molé en avait écrit en ce sens, lui répondit à tête reposée, et sa lettre, qui ne visait qu’à excuser leur ami commun et à chercher à sa conduite des raisons atténuantes, est devenue sous cette plume ingénieuse et subtile le portrait le plus merveilleux, le plus achevé, du moral de Chateaubriand à toutes les époques. […] Il n’écrit que pour les autres, et ne vit que pour lui. […] J’ai écrit à Fontanes pour lui demander des détails, mais il ne me les donnera pas, et jusqu’ici je n’ai rien su que par vous seul. […] J’ai écrit hier à ce pauvre garçon, par une voie indirecte, pour l’encourager. […] Taine, mais qui en diffère à d’autres égards ; qui a été constamment méconnue dans mes écrits par des contradicteurs qui me traitaient comme le plus sceptique et le plus indécis des critiques et en simple amuseur ; que jamais ni les Génin ni les Rigault, ni aucun de ceux qui me faisaient l’honneur de me sacrifier à M. 

438. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XV. De l’imagination des Anglais dans leurs poésies et leurs romans » pp. 307-323

., avec les écrits de Voltaire, de l’Arioste ou de La Fontaine. […] L’on juge les défauts de leurs écrits comme ceux de la nature, et non comme ceux de l’art. […] Si les Français supportent les détails inutiles qui sont accumulés dans ces écrits, c’est par la curiosité qu’inspirent des mœurs étrangères. […] La Nouvelle Héloïse est un écrit éloquent et passionné, qui caractérise le génie d’un homme, et non les mœurs de la nation. […] Il règne dans ces écrits une sensibilité calme et fière, énergique et touchante.

439. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre I : Une doctrine littéraire »

Plus on connaît de grandes œuvres dans des temps et dans des pays différents, plus il devient difficile de ramener à des principes généraux et à des lois communes tant d’écrits nés dans des conditions très-diverses et sous des inspirations opposées. […] A la vérité, ce n’est pas là l’homme du temps d’Homère, de même que la Phèdre de Racine n’est pas la femme du temps d’Homère ; mais c’est l’humanité telle qu’elle s’est développée avec le temps, telle qu’elle existait déjà au temps où fut écrit le mystérieux, le sceptique, le mélancolique écrit de l’Ecclésiaste. […] Lorsque Molière se moquait de la médecine de son temps, lorsque Boileau raillait l’arrêt du parlement de Paris sur la philosophie d’Aristote, lorsque Descartes écrivait le Discours de la méthode, tous se révoltaient contre la discipline au nom de la raison. […] Représentez-vous le sens commun de l’antiquité dans quelqu’un de ses plus solides et de ses plus ingénieux représentants, et mettez entre les mains de cet excellent esprit l’un de ces écrits fugitifs, rapides, concis et obscurs, que l’apôtre enflammé d’une secte nouvelle envoyait alors à ses frères dispersés ; en un mot, donnez à lire à Quintilien ou à Pline le Jeune les épîtres de saint Paul : ou je me trompe fort, ou ces étranges écrits, si éloquents pour nous malgré le mystère dont ils sont voilés, paraîtront au philosophe et au rhéteur antiques des prodiges de folie. […] Quand il applique le premier, c’est-à-dire quand il se contente de rechercher dans les écrits les vérités qu’ils contiennent, sans distinguer si ce sont des vérités de tradition ou des vérités d’invention, des vérités de discipline ou des vérités de liberté, sa critique est large et sûre, à la fois souple et forte : elle rajeunit les sujets les plus épuisés par la manière mâle et solide dont elle les relève ; mais, quand il applique le second de ces principes, le principe de la discipline, sa critique prend quelque chose de partial, de jaloux, je dirais presque d’étroit : on sent que ce n’est plus de la critique absolue, mais de la critique relative faite pour un temps, pour combattre certaines passions, pour défendre certains écrits : c’est une critique de combat.

440. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Les civilisations »

Du moins, il n’en est pas aussi certain avec son titre écolier, et rougissant vertueusement, d’études, que s’il avait écrit fastueusement à la tête de son livre ce titre qui chausse si bien, comme dirait Rabelais, les grands déchaussés de cervelle : Histoire des civilisations ! […] Ce n’est point un livre d’histoire écrite pied à pied, renfermée dans sa chronologie, avec son développement logique d’événements, la seule histoire qu’il y ait, en somme ; mais une contemplation flottante d’influences possibles et de résultats généraux, un discours sur l’histoire, la chose de soi la plus fallacieuse qu’il y ait. […] Je n’écris pas pour le Journal des savants. […] Avec son titre, qui n’est qu’une jonglerie, ce livre fait croire à une étude sur les civilisations en général, — ce qui serait une grande entreprise ; mais quand sous ce titre, pipé comme un dé, ce titre menteur, écrit impudemment en grosses lettres : études sur les civilisations, on passe au sous-titre, écrit en lettres frauduleusement petites, on s’aperçoit qu’il ne s’agit seulement que des civilisations de l’ancienne Amérique et pas plus ! […] Et si l’on ne sait pourquoi — car on ne sait pourquoi — l’auteur y a mis Rome et la Grèce, il faut dire, à sa décharge, qu’il n’a pas écrit un mot sur ces civilisations qui n’ait déjà été écrit et qu’on ne sache.

441. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes et la société au temps d’Auguste » pp. 293-307

Il a beaucoup écrit. […] Quoiqu’il ait écrit des Poésies, ce n’est pas un poète cependant, dans le sens absolu de ce grand nom qui suffit à la gloire d’un homme quand il le mérite ; il n’est point un poète dans sa plus haute signifiance, mais il a de l’imagination poétique, et le livre que voici en est la preuve la plus incontestable. […] L’auteur des Femmes au temps d’Auguste a écrit, avec beaucoup de notions de plus, comme on pouvait écrire du temps d’Auguste, et c’est en raison de ces notions de plus que nous le préférons à un ancien de ce temps-là. […] jusqu’au visionnaire, dans son histoire, et le dandy qui s’ajoute en lui au dilettante s’en est bien moqué, du reste, quand il a écrit, avec son élégant sang-froid, que l’Histoire se construisait et se faisait comme un roman. […] Il ne joue pas à l’ancien, comme tant d’écrivains, parce qu’il écrit une histoire ancienne.

442. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Michelet » pp. 259-274

Il savait trop l’Histoire pour l’écrire comme il l’a écrite s’il n’a pas menti aux autres et à lui-même ; si sa haine contre l’Église — une haine venue tard, dans son Histoire de France et dans sa vie, — ne l’avait pas égaré jusqu’à la honte du mensonge, d’autant plus grande qu’on tient la vérité, et Michelet la tenait ! […] Mais, du moins, s’il ne le connaît pas, il nous inspire à chacun le désir de ce qu’il aurait écrit, s’il l’avait connu… » Dans le temps que ces choses furent écrites, c’était peut-être trop doux, et, on l’a vu, inutile. […] Il y en a plus de trois qui méritaient de Michelet leur spéciale histoire, et il en nomme quelques-uns en passant : Championnet, Kléber, Joubert, Marceau, etc., etc. ; mais cette spéciale histoire, il ne l’a pas écrite. […] Mais je suis moins sûr de celui-là que de ces trois, dont, avant Michelet, l’Histoire, écrite par tous, avait dit les mérites et la gloire. […] Cet homme de simplicité, qui était un savant, — qui a écrit Les Origines gauloises, qui a comparé quarante langues différentes entre elles, — avait la simplicité de ces pauvres en esprit qu’on appelle bienheureux dans le Sermon sur la Montagne.

443. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Alexandre de Humboldt »

Il n’y a guère plus haut, en effet, dans l’opinion actuelle du monde, et quand j’écris « actuelle », je sais ce que j’écris : je ne veux pas engager l’avenir. […] c’est l’écrivain, bien plus que le savant, qui fait la valeur du Kosmos, et à cet égard celui qui l’écrivit pense comme ceux qui le lisent, le docte comme les ignorants ! […] Ces lettres sont, à la vérité, moins des lettres que des billets et que des notes écrites au courant de la plume, mais telles qu’elles sont, — et voilà encore une différence à marquer entre la vigoureuse commère du globe et la petite commère jaseuse des salons de Berlin qui, à elles deux, faisaient Humboldt ! — telles qu’elles sont, ces lettres, elles ont un mordant et un naturel que les autres écrits d’Alexandre de Humboldt n’ont jamais, drapés qu’ils sont et mouchetés de fleurs poétiques, par respectueuse coquetterie pour les Académies, l’Univers et la Postérité ! […] Ce n’est que drôle quand on pense à Jules Janin, qui a pris cette drôlerie à son compte puisqu’il a écrit la lettre.

444. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « III. Donoso Cortès »

Trop facile à donner, si nous examinions l’intégralité des écrits de Donoso Cortès, cette preuve ne brille que mieux en ces œuvres partielles, réunies par ces deux sœurs pieuses, l’Admiration et l’Amitié. […] quoique tous ces écrits portent à des degrés différents la marque de ce catholicisme qui finît par s’emparer complètement de Donoso Cortès, et le fît naître à force de le féconder, il saute aux yeux que les plus faibles catholiquement de ces écrits sont, au point de vue du talent seul, d’une faiblesse plus que relative… On voit clair comme le jour, à travers ces écrits, ce qu’aurait été toute sa vie Donoso Cortès, sans ce catholicisme maîtrisant et transfigurateur qui fut le ciel pour son talent. […] Il n’est pas en mon pouvoir d’empêcher mes adversaires de le prononcer, mais je suis résolu à empêcher mes amis de le faire, et c’est le but de cette lettre. » Et lorsqu’il écrit cela, il est très vrai. […] Turbulences dans un temps turbulent, cris éloquents poussés sous la pression des circonstances, les autres écrits de Donoso Cortès, discours, articles de journaux ou lettres, ne sont pas des livres, à proprement parler, et dont la Critique puisse donner l’anatomie. […] C’est dans la radieuse clarté de cette vue complète que Donoso écrivit l’Essai, qui est tout ensemble la plus profonde apologie du dogme catholique et une attaque contre les doctrines contemporaines dont le but est d’abattre ce dogme et de le ruiner.

445. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXIV. Alexandre de Humboldt »

Il n’y a guère plus haut, en effet, dans l’opinion actuelle du monde, et quand j’écris « actuelle » je sais ce que j’écris, je ne veux pas engager l’avenir. […] c’est l’écrivain, bien plus que le savant, qui fait la valeur du Kosmos, et à cet égard celui qui l’écrivit pense comme ceux qui le lisent, le docte comme les ignorants ! […] Ces lettres sont, à la vérité, moins des lettres que des billets et que des notes écrites au courant de la plume, mais telles qu’elles sont, — et voilà encore une différence à marquer entre la vigoureuse commère du globe et la petite commère jaseuse des salons de Berlin qui, à elles d’eux, faisaient Humboldt ! — telles qu’elles sont, ces lettres, elles ont un mordant et un naturel que les autres écrits d’Alexandre de Humboldt n’ont jamais, drapés qu’ils sont et mouchetés de fleurs poétiques, par respectueuse coquetterie pour les Académies, l’Univers et la Postérité ! […] Jules Janin, qui a pris cette drôlerie à son compte, puisqu’il a écrit la lettre.

446. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (1re partie) » pp. 337-416

Rousseau fut un des premiers écrivains en France qui écrivirent avec l’âme. […] Il écrivit presque en même temps l’Émile, livre d’un style admirable et d’une conception insensée. […] tu écris comme un fou et tu agis comme un méchant, mais tu viens de parler comme un sage et comme un juste ! […] Rousseau y avait trop souvent contemplé cette grande image, pour ne pas la reproduire dans ses écrits. […] Si le livre de la révolution française eût été écrit par Bacon, par Montesquieu, ou par Voltaire, trois grands esprits politiques, ce livre aurait pu réformer le monde sans le renverser ; le catéchisme de la révolution française, écrit par J.

447. (1893) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Première série

Vous écrivez, donc vous voulez être lu. […] Mais d’Annibal, qui n’a rien écrit ni rien fondé, que reste-t-il ? […] Il écrit, il écrit infatigablement, au risque d’écrire mal, sa plume étant non le burin qui grave avec lenteur sa pensée pour l’avenir, mais le simple porte-voix, quelquefois un peu rauque, qui la jette et la crie aux quatre coins de l’horizon… Oh ! […] « À la longue, écrit par exemple M.  […] On peut, sans inconvénient, me déranger pendant que j’écris, on peut aller et agir autour de moi, je continue d’écrire ; je peux parler de poules, d’oies, de Gretchen, de Barbe, etc.

448. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre II. Jean Calvin »

Mais surtout elle l’obligea, une fois retiré à Bâle, à mettre par écrit la confession de sa nouvelle foi, arrêtée dans cet esprit avide de clarté : il rédigea en latin l’Institution chrétienne. […] Personne, ni même Calvin, n’aurait pu en 1540 écrire de ce style en français, sans s’assurer le secours du latin. […] Bungener, Calvin, sa vie, son œuvre et ses écrits, 2e édit., 1863. […] De même les traductions des divers écrits de Luther faites depuis 1525 ne sauraient diminuer l’originalité ni l’importance de la traduction de l’Institution. […] Un petit nombre ont été écrits et publiés par lui.

449. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Paul de Saint-Victor » pp. 217-229

L’érudition, qui en effet assaisonne tout ce qu’il écrit, n’est jamais, dans de Saint-Victor, le monstrueux éteignoir qu’elle est toujours quand cette érudition est prodigieuse. […] Mais Saint-Victor n’en a pas, lui, écrit une seule. […] Ce livre qu’il écrit aujourd’hui sur les deux faces de l’art dramatique, et qu’il appelle Les Deux Masques, avec une ingéniosité si simple et si juste, doit avoir trois séries, nous annonce-t-il dans sa préface. […] Ce livre d’Édelestand du Méril, écrit particulièrement par le savant qui étouffait en lui l’homme d’imagination et d’esprit, mais qui ne put jamais le tuer, tant il était vivace ! […] Michelet et Saint-Victor sont, au contraire, deux artistes et deux écrivains de vocation et de fonction, qu’on peut comparer pour leurs manières de peindre et d’écrire.

450. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Vte Maurice De Bonald »

Cet écrit, concis, mais péremptoire dans son impérieuse brièveté, n’est cependant que l’exposé d’une situation ; mais cet exposé fait trembler même celui qui le fait, tant il est précis et fondé sur des faits certains et déjà historiques ! Il a dû lui coûter beaucoup, à ce royaliste plus haut que son parti, d’écrire les choses qu’il a écrites (il faut bien le dire !) […] Et il l’a écrite stoïquement, sans se soucier que ce qui tomberait de sa plume ce seraient les gouttes du sang de son cœur. […] Le livre de Maurice de Bonald, écrit sans amertume, mais non pas sans tristesse, ne l’a pas été pour pousser à une solution ou à un changement immédiat dans la situation du comte de Chambord vis-à-vis de la France. […] Ce livre n’a été écrit dans l’intérêt d’aucun parti, pas même celui de l’auteur.

451. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. de Vigny. Œuvres complètes. — Les Poèmes. »

Quel artiste, en effet, ayant le respect de son art et de lui-même, quand il s’agit de l’ensemble de ses travaux, ne pratique pas sur ce qu’il écrivit, à des époques distantes et dans des inspirations différentes, la retouche suprême qui affermit et qui achève, et après laquelle il n’y a plus pour l’homme que le désespoir de l’idéal ? […] Nous n’aurions qu’un chapitre à écrire sur les œuvres de M. de Vigny, et nous serions forcé de choisir un de ses ouvrages pour donner une idée des autres et de son génie, que ce sont ses Poèmes que nous choisirions. […] Alfred de Vigny, le fond incommutable de son génie, l’âme qui a rayonné, — pressentiment ou souvenir, — dans tout ce qu’il a écrit et tout ce qu’il écrira jamais, s’il écrit encore ! […] Michel-Ange est assez puissant pour tenir sous son pied l’opinion publique comme son glorieux patron tient le diable sous sa sandale d’or, mais la vue du sublime affranchit l’esprit et lui donne le courage de rejeter l’oppression de la plus colossale célébrité et par d’autres grandeurs, la mieux justifiée… Et cependant le poème de Moïse, qui me fait écrire de telles choses, en mon âme et conscience, n’est, à mes yeux, que le second en mérite des Poèmes de M. de Vigny. […] Et se dire que jamais, depuis cette incomparable poésie, écrite en 1823 (sept ans avant la Rénovation poétique de 1830), nous n’avons rien vu de cette nuance ni rien entendu de ce roucoulement !

452. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le cardinal de Bernis. (Fin.) » pp. 44-66

Ce ne fut qu’en janvier 1764 que la disgrâce cessa, qu’un rayon de faveur reparut, et Bernis écrivait à Voltaire : (Au Plessis, près Senlis, le 16 janvier.) […] Quand les circonstances m’ont poussé comme malgré moi sur le grand théâtre, les lettres ont fait dire à tout le monde : « Au moins celui-là sait lire et écrire. […] Voltaire envoie à Bernis quelques-uns de ses écrits avant la publication ; il le consulte sur ses tragédies, sur celle de Cassandre, autrement dite Olympie ; il lui demande ses avis, que Bernis lui donne fort en détail avec conscience et sincérité. […] Pour moi, c’est ainsi que j’aime à lire les écrits des hommes célèbres et à en tirer ce qu’il y a de meilleur, de plus élevé : il me semble que c’est de la sorte qu’on est le plus vrai, même au point de vue de l’histoire. […] Quand elle fut supprimée en France, il écrivait à Voltaire : « Je ne crois pas que la destruction des Jésuites soit utile à la France ; il me semble qu’on aurait pu les bien gouverner sans les détruire. » Mais, une fois l’affaire entamée, il estime qu’il est politique et presque nécessaire d’achever.

453. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Étienne de La Boétie. L’ami de Montaigne. » pp. 140-161

Il a laissé peu d’écrits, et ces écrits, productions de première jeunesse, ne représentent que très imparfaitement sa forme intime et définitive, et cette supériorité qu’il faut bien lui reconnaître, puisque Montaigne l’a si hautement saluée en lui. […] D’Aubigné, en son Histoire, donne à cet écrit une origine moins patriotique et plus personnelle ; il suppose que l’idée en est venue à l’auteur dans un voyage à Paris. […] Si l’on peut faire quelque part distincte entre eux, Montaigne serait plutôt le juge de l’esprit et des écrits de son ami, et La Boétie le juge des mœurs. […] Mais je ne sais personne qui en ait mieux parlé dans la pure nuance et la juste mesure qu’un auteur du commencement de ce siècle, que je cite quelquefois, et à qui la France doit un souvenir, puisqu’il est du petit nombre des étrangers aimables qui ont le mieux écrit en Français : Malgré les treize lustres qui pèsent sur ma tête, écrivait M.  […] Il est donc de toute impossibilité que ces passages où il est question d’eux soient écrits antérieurement : ce qui donnerait à La Boétie l’âge de vingt ans au moins, et non celui de dix-neuf ou de seize.

454. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ULRIC GUTTINGUER. — Arthur, roman ; 1836. — » pp. 397-422

Le spirituel et malicieux introducteur, dans cette pièce, une des meilleures qu’il ait écrites, disait : Qui ? […] Arthur est écrit comme on n’écrit plus depuis l’abbé Prévost, et, osons le dire, depuis Laclos. […] une corruption élégante, l’auteur, qui est auteur aussi peu que possible, écrit en prose comme on ferait dans des lettres charmantes à un ami. […] d’assembler un volume délicieux, que d’autres, plus studieux, plus forts, n’auraient jamais écrit. […] Du temps d’Horace on eût osé écrire ce chapitre ; on n’ose plus maintenant.

455. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre premier »

Érasme et notre Guillaume Budé écrivaient d’une main et imprimaient de l’autre. […] L’antiquité païenne s’introduisit par les auteurs italiens ; l’antiquité chrétienne, par les écrits d’Érasme. Le premier effet s’en fit voir dans un certain adoucissement des mœurs, et un certain degré de politesse dans les écrits. […] Il aimait mieux les arts que les lettres, et, comme on disait au xviie  siècle, les bâtiments que les écrits. […] Le plus ordinairement Marguerite n’a que le talent d’écrire d’un esprit bien doué, préparé par beaucoup de culture, mais auquel le génie a manqué.

456. (1899) Esthétique de la langue française « Le cliché  »

On a écrit des tomes compacts où pas une ligne ne se lit pour la première fois. […] L’homme qui écrit par clichés est difficile à tromper ; à défaut de mémoire, il a de l’instinct et on ne le ferait pas coucher avec une phrase qui ne se serait pas prostituée à plusieurs générations de grimauds. […] Il faut les aimer et les craindre : on peut toujours les sous-entendre ; elles sont le filigrane du papier où l’on écrit, quand on sait écrire. […] L’art d’écrire est nécessairement l’art d’écrire mal ; c’est l’art de combiner, selon un dessin préconçu, les clichés, cubes d’un jeu de patience. […] Albalat, L’Art d’écrire enseigné en vingt leçons, lequel paraissait à peine.

457. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Charles Labitte »

Il y a ici pendant que je t’écris, vis-à-vis de moi, un jeune homme de Savoie, docteur en médecine, qui me donne tous ses soins. […] Ce pesant écrit était bien en tout le contre-pied de la Satyre Ménippée ; des deux pamphlets, c’était le rival et le vaincu dans ce combat du frelon et de l’abeille. […] combien n’a-t-il pas écrit ! […] Non, tout de lui ne périra point ; quelques-uns de ses écrits laisseront trace et marqueront son passage. […] Ce morceau a été écrit pour la Revue des Deux Mondes et pour acquitter en quelque sorte la dette commune.

458. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 7, nouvelles preuves que la declamation théatrale des anciens étoit composée, et qu’elle s’écrivoit en notes. Preuve tirée de ce que l’acteur qui la recitoit, étoit accompagné par des instrumens » pp. 112-126

Cette idée ne serviroit qu’à faire trouver des difficultez mal fondées sur une chose constante, par le temoignage des auteurs les plus respectables de l’antiquité qui ont écrit ce qu’ils voïoient tous les jours. […] Il suffit pour cela que l’auteur de cet écrit, qui est connu depuis plusieurs siecles, ait vécu quand les théatres des anciens étoient encore ouverts. Or l’auteur de cet écrit, quel qu’il ait été, ne l’a composé que pour faire voir qu’un chrétien ne devoit point assister aux spectacles de ces temps là, qu’il ne devoit pas, comme le dit saint Augustin, participer aux infamies du théatre, aux impietez extravagantes du cirque, ni aux cruautez de l’amphithéatre. Ce que je viens de dire du traité contre les spectacles que nous avons parmi les ouvrages de saint Cyprien, je puis le dire aussi pour ne point le repeter ailleurs, de quelques écrits qui nous sont restez sous le nom de S. […] Il suffit que ces écrits qui sont très-anciens aïent été composez quand les théatres étoient encore ouverts, pour rendre les faits que j’appuïe de leur témoignage, des faits averez.

459. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIe entretien. Boileau » pp. 241-326

Jamais peuple si peu nombreux ne fit et n’écrivit de si grandes choses. […] Si Boileau n’avait pas été maladif il n’aurait pas écrit des satires, et si lord Byron, de nos jours, n’avait pas été boiteux, il n’aurait pas écrit Don Juan, cette vengeance d’un esprit perverti par l’orgueil souffrant contre ceux qui marchent droit. […] Si on l’écrit contre ce qui tient le glaive, roi ou peuple, elle est un danger de mort, et on dévoue sa tête au licteur ou le sang de ses veines au suicide. […] L’esprit suffit pour faire un proverbe ; l’imagination et l’enthousiasme sont nécessaires pour écrire un vers de sentiment. […] C’était déjà une faute que d’écrire un tel poème ; les vers sont faits pour le chant, quelquefois pour la pensée, jamais pour la pédagogie.

460. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Lammenais » pp. 22-43

On n’a, malheureusement, pu nous donner qu’un très-petit nombre des lettres écrites à M. de Vitrolles, le véritable intime de Lamennais ; il y en a aussi quelques-unes, mais trop peu, à M.  […] En relisant bien des choses que j’ai écrites, je ris de moi-même de bon cœur ; cela me met dans une grande défiance de mes propres idées d’abord, et puis de celles des autres. […] Tout à la fin de mars ou dans les premiers jours d’avril 1834, M. de Lamennais, avec qui j’étais lié alors (et avec lui on ne l’était pas à demi), m’écrivit un mot par lequel il m’exprimait le désir de me voir pour une affaire qui pressait. […] A peine en possession du petit écrit, je l’avais parcouru, et je n’en avais pas apprécié toute la valeur, toute la vitalité. […] Dans le Constitutionnel, en effet, pour lequel ces articles ont été écrits, j’ai pu en bien des cas marquer le ton un peu plus que cela n’eût été convenable dans le Moniteur, journal officiel, où j’écrivais précédemment.

461. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — I. » pp. 441-459

Nous en avons les preuves par deux petits écrits imprimés qu’il composa au sortir du collège, dès l’âge de seize et dix-sept ans, et pendant qu’il était étudiant en droit à l’université d’Aix. […] » Ce petit écrit renferme déjà tout l’homme et le chrétien en Portalis. […] Ces deux écrits nous donnent son point de départ exact à la veille de 89, et nous le montrent dans sa modération, ses réserves et ses timidités mêmes, et aussi dans son fonds de solidité et de doctrine. […] Un autre écrit, intitulé : Il est temps de parler, ou Mémoire pour la commune d’Arles, est également de ces premiers mois de 1795. […] L’artiste (si l’on ose employer ce mot en pareille matière), le metteur en œuvre chez Portalis fait un peu défaut quand il écrit : l’honnête homme n’en était que plus à nu quand il parlait.

462. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Étienne, ou une émeute littéraire sous l’Empire. » pp. 474-493

Au moment où il écrivait cette préface, M.  […] Quelques-uns de ces écrits, pourtant, témoignent de l’impartialité et du bon sens. […] Auger, à ces « novateurs rétrogrades qui, voulant écrire mieux que Racine, n’écrivent pas autrement que Ronsard, et pour lesquels on dirait que Malherbe n’est pas venu ». […] Étienne, avec tout son esprit, ne savait pas que lui-même était loin d’écrire en vers comme Racine. […] [NdA] Dans la brochure intitulée : Observations sur le jeune homme qui a écrit la comédie intitulée Les Deux Gendres, ou Lettre à M. 

463. (1926) La poésie pure. Éclaircissements pp. 9-166

il y a, écrit J. […] Ils ont tous pris la peine d’écrire ; ils ont raturé peu ou prou ; leurs rimes riment. […] Ils ont mieux à faire que d’écrire : le poète, en tant que poète, n’a rien autre à faire. […] Un correspondant m’écrit : « la raison a un ennemi irréconciliable, c’est le raisonnement ». […] Soyons bons — j’écris ce mot une dernière fois-pour les primaires.

464. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre IX »

Le jardinier eût écrit lirlie ; un autre aurait pu sentir la présence de l’article et adopter irlie ; les deux mots seraient excellents, et early est très mauvais. […] Si le mot est venu par l’écriture seule, il faut le réformer et l’écrire comme le prononcerait un paysan ou un ouvrier tout à fait étranger à l’anglais ou à telle autre langue. […] L’italien a emprunté le mot à la forme écrite : iachetto. Cette forme également usitée en français s’écrirait yaque. […] Un géographe a conseillé de conserver aux noms de lieu leur orthographe nationale, d’écrire London, Kœln, Firenze, Tong-King, et aussi sans doute d’apprendre au moins la prononciation de toutes les langues du globe.

465. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIe Entretien. Marie Stuart, (Reine d’Écosse). (Suite et fin.) »

Elle oublia sa sourde haine contre Catherine de Médicis et lui écrivit ; elle écrivit au roi Charles IX et au duc d’Anjou pour leur demander de la secourir. Elle écrivit au cardinal de Lorraine dans le même but. […] L’histoire ne les croirait pas si elle n’en avait les preuves écrites dans ses archives. […] « Elle écrivit son testament. « Cet écrit achevé, Marie, seule dans son cabinet avec Jeanne Kennethy et Élisabeth Curle, s’informa de ce qu’elle avait d’argent.

466. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre premier »

Ce qui manque aux anciens, selon Desmarets, notamment à Homère et à Virgile, c’est, faut-il l’écrire ? […] Les encouragements qu’il en tira sont moins suspects que ceux de Boileau, car ils sont écrits. […] C’est ce qui est passé de son aimable caractère dans ses écrits. […] Il avait trente ans quand il écrivait ce livre ; il devait penser dès lors à l’art d’en vivre cent. […] Les libertins, comme on appelait alors les incrédules, raillaient à table ; ils n’écrivaient rien.

467. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure »

Je voudrais bien avoir l’éloquence, l’élégance, la vivacité, le tour, la nouveauté de Mme de Sévigné pour vous écrire et vous dire de ces choses qu’on ne dit point à d’autres. […] Marais vaincu écrivait (21 janvier 1728) : « Je viens de lire l’Éloge de M.  […] C’est d’Olivet qui va nous le dire : « Depuis quarante ans, écrivait-il au président Bouhier en lui annonçant la mort de Marais, il mourait d’envie d’être de l’Académie. […] Vous me mettez sur les rangs à l’Académie ; vous me donnez votre voix, vous écrivez pour moi ; il ne tient pas à vous que je ne sois votre confrère. […] « Mme de Lambert avait beaucoup d’esprit, écrivait M. de La Rivière, si l’on peut en avoir sans goût… Elle ne sentait point les différences du bon, du meilleur et de l’excellent.

468. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Du génie critique et de Bayle »

Étant passé à vingt-deux ans à l’académie de Toulouse, il se laissa gagner à quelques livres de controverse et à des raisonnements qui lui parurent convaincants, et, ayant abjuré sa religion, il écrivit à son frère aîné une lettre très-ardente de prosélytisme pour l’engager à venir à Toulouse se faire instruire de la vérité. […] Il prend plaisir à voir les petites Furies qui se logent dans les écrits des théologiens, dans les attaques de M. […] Si Bayle l’avait eue, il aurait fait durant toute sa vie un ou deux ouvrages dans le goût des Essais, et n’eût pas écrit ses Nouvelles de la République des Lettres, et toute sa critique usuelle, pratique, incessante. […] Peu auparavant, il écrivait à l’un de ses amis, en réponse à certains bruits qui avaient couru, qu’il n’avait nul dessein de quitter sa fonction de journaliste, qu’il n’en était point las du tout, qu’il n’y avait pas d’apparence qu’il le fût de longtemps, et que c’était l’occupation qui convenait le mieux à son humeur. […] En avançant pourtant et à force d’écrire, sa phrase, si riche d’ailleurs de gallicismes, ne laissa pas de se former ; elle s’épura, s’allégea beaucoup, et souvent même se troussa fort lestement.

469. (1921) Enquête sur la critique (Les Marges)

« La critique n’est pas en décadence », écrit M.  […] « Seule la revue », écrit M.  […] La critique, écrit M.  […] « Même », écrit M.  […] C’est du choc, écrit M. 

470. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chateaubriand homme d’État et politique. » pp. 539-564

Son premier écrit, son Essai sur les révolutions, atteste l’étendue et la diversité de ses lectures, et un penchant marqué aux considérations politiques dans les intervalles de la rêverie. […] Toutes ses lettres écrites à cette date le prouvent. […] Les Mémoires, écrits dans cette dernière période, en expriment toutes les contradictions, et contiennent tous les aveux qu’il suffit de rapprocher. […] Ses écrits, ses actes de ce temps doivent s’étudier, non point selon l’interprétation posthume qu’il en a donnée, mais dans l’histoire même et aux sources. […] « Après tout, a-t-il écrit de la branche aînée, c’est une monarchie tombée ; il en tombera bien d’autres !

471. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — I. (Dialogues inédits.) » pp. 1-28

Je reste des journées entières chez moi : je lis, j’écris pour les affaires de M. de Monnier. […] Pressant, pressé, importun… tout ce que vous voudrez… Madame la marquise voudrait-elle écrire ?… (Pendant qu’elle écrit.) […] C’est à ce propos que Mirabeau écrivait encore, et il n’y a pas lieu de le démentir : « Ô mon amie, d’un bout à l’autre, ils sont bien uniques, nos amours !  […] La publication des Lettres écrites du donjon de Vincennes en a trop appris.

472. (1881) Le roman expérimental

On l’accusait de mal écrire, ce qui le rendait très malheureux. […] Cela est à la fois trop bien écrit et pas assez écrit. […] Taine veut écrire la belle étude qu’il a faite sur Balzac. […] j’ai écrit dix romans avant celui-là, j’en écrirai dix autres. […] La Grèce héroïque écrit des épopées, la France du dix-neuvième siècle écrit des romans ; ce sont des phénomènes logiques de production qui se valent.

473. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Les femmes de France : poètes et prosateurs  »

toutes les femmes de France qui ont écrit, depuis Christine de Pisan jusqu’à Eugénie de Guérin. […] Je préfère les billets d’Aspasie aux dissertations de Diotime ; car ce que dit Diotime, Platon l’aurait dit tout aussi bien ; mais il eût été incapable d’écrire les billets d’Aspasie. […] La plupart (et c’est heureux) n’ont point fait profession d’écrire, n’ont laissé que des lettres, des mémoires et des ouvrages d’éducation. […] Vous pouvez enlever, par hypothèse, de notre littérature, tout ce que les femmes ont écrit : cela n’en rompra point la suite, n’y fera pas de trous appréciables. […] Elles sont trop émues au moment où elles écrivent.

474. (1915) Les idées et les hommes. Deuxième série pp. -341

Si même nous ajoutons les écrits de MM.  […] » a-t-il écrit. […] » écrit Saint-Preux à Julie. […] cette façon d’écrire ! […] Pourquoi écrire, alors ?

475. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 5482-9849

Quand on écrit contre les Philosophes, il faudroit mieux écrire. […] Tite-Live, de Thou, ont écrit avec gravité. […] Leur histoire écrite par les Chinois, & traduite par le pere Gaubil, dit que ces Tartares n’avoient point l’art d’écrire. […] La guerre de 1741 a été écrite en Angleterre. […] Ce n’est point écrire l’histoire, c’est écrire au hazard des calomnies.

476. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — II — Vauvenargues et le marquis de Mirabeau » pp. 17-37

Dès la première lettre écrite du château de Mirabeau (juillet 1737), le caractère du marquis se dessine. […] Le marquis de Mirabeau a une théorie du mal écrire et de l’incorrect qu’il pratique assidûment. […] Tous les écrits de Mirabeau père, à les considérer par cet aspect, n’allaient à rien moins qu’à rendre son fils inutile. […] non ; je travaille pour m’occuper ; cela m’amuse, et je me forme une grande facilité dans toute sorte de genres d’écrire. […] Cette infirmité de vue le gênait même souvent pour écrire.

477. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance »

Saint-René Taillandier, s’est fait l’éditeur des lettres de Sismondi à cette illustre dame, et il a en même temps retracé, dans une ample et chaleureuse Introduction, le caractère moral de celui qui les a écrites. […] Sismondi, en effet, aura beau écrire plus tard bien des pages. […] C’était le temps où Ramond publiait ses Voyages au Mont-Perdu et aux Pyrénées, où Bernardin de Saint-Pierre écrivait les Harmonies ; il y avait dans l’air un certain style, de certaines formes de descriptions. […] Je n’écris pas la vie du savant. […] On voit, par son Journal intime et par les lettres écrites à sa mère, qu’il ne s’accoutuma point pourtant de prime abord, sans quelque difficulté, au monde et au ton de Coppet.

478. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre V. Transition vers la littérature classique — Chapitre I. La littérature sous Henri IV »

Il écrit d’un bon style, avec une simplicité sérieuse, sans flamme et sans éclat. […] Si l’on excepte quelques pièces de commande, il ne sut qu’écrire à sa fantaisie, selon l’impérieuse impression du moment. […] Il ne s’apercevait pas qu’il écrivait contre Ronsard autant que contre Malherbe : car il écrivait contre l’art ; il ne voyait pas qu’il défendait ce que Ronsard avait combattu comme Malherbe : car il défendait le simple naturel, négligé, sans étude. […] Il a écrit aussi un Tableau des passions humaines (1620) et l’Histoire romaine (1621). — A consulter : l’abbé Urbain, N. […] Dans ses Épitres morales, écrites en prison (1595).

479. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jules de Glouvet »

C’est ce propriétaire rural et cet économiste éclairé qui a écrit une partie des romans de M. de Glouvet. […] On écrit « moult, adoncques, las ! […] M. de Glouvet n’hésite pas à écrire que le filet retient dans ses mailles « la perche vagabonde » et qu’il cueille à fleur d’eau « les habitants de la vague ». […] C’est dire qu’il se contente d’écrire comme vous, comme moi, comme tout honnête homme de lettré peut le faire en s’appliquant. […] M. de Glouvet écrit quelquefois comme un poète ému et qui trouve sa langue sans trop y songer ; plus souvent comme un magistrat qui a des lettres.

480. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Saint-Évremond et Ninon. » pp. 170-191

Saint-Évremond avait rencontré de ces femmes rares, et on devine bien à qui il pensait lorsqu’il écrivait : On en trouve, à la vérité, qui peuvent avoir de l’estime et de la tendresse, même sans amour ; on en trouve qui sont aussi capables de secret et de confiance que les plus fidèles de nos amis. […] Saint-Évremond, alors en Hollande (1669), paraît s’ennuyer du retard : Sa bonne foi est grande (écrit-il à un M. d’Hervart qu’il avait vu à La Haye et qui était de retour à Paris), mais mon absence est longue, et, après huit années, il n’y a rien de si aisé que de ne point se souvenir des gens, quand un souvenir coûte cent pistoles. […] Saint-Évremond, pris en faute et un peu honteux sans doute de sa raillerie à faux, s’empresse de réparer, et il écrit à Ninon une lettre où il la loue comme elle le mérite, et où il nous la représente au naturel dans ce moment de transition et de métamorphose. […] L’appétit est quelque chose dont je jouis encore… Cette idée d’appétit revient souvent entre eux et se mêle assez naïvement aux plus vives tendresses même de l’amitié : Que j’envie ceux qui passent en Angleterre, écrit Ninon, et que j’aurais de plaisir à dîner encore une fois avec vous ! […] écrit Ninon ; je me passerais de toutes les nations.

481. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Le duc de Lauzun. » pp. 287-308

Il lisait et écrivait continuellement pour Mme de Pompadour, qui usait de ses petits talents. […] M. de Bouillé ajoute que, le lendemain, le duc de Biron vint chez lui, et lui remit par écrit sa conversation de la veille, afin de lui prouver que c’était sincère et qu’il y pouvait compter. […] Écrits, à ce qu’il paraît, par Lauzun pour amuser quelques femmes de ses amies, il s’en était fait des copies qui peu à peu se répandirent et circulèrent. […] Dans une lettre signée de lui, qui fut insérée au Moniteur du 27 mars 1818, il disait : Le duc de Lauzun, dont j’étais l’ami, avait écrit ses Mémoires ; il me les avait lus. […] Depuis que cet article est écrit, les Mémoires de Lauzun ont eu une suite d’aventures et ont causé maint désagrément à ceux qui s’en sont occupés.

482. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire des travaux et des idées de Buffon, par M. Flourens. (Hachette. — 1850.) » pp. 347-368

Flourens, qui a rendu un nouveau service à toutes les classes de lecteurs par cet excellent écrit. […] Les premiers écrits publiés de Buffon sont deux traductions de l’anglais. […] On l’a souvent représenté dans celle habitation rurale et féodale, dans sa tour où il s’enferme dès le matin pour méditer et pour écrire. […] On a voulu plaisanter sur la toilette que Buffon faisait avant de se mettre à écrire. […] On a les Observations critiques que ces volumes firent écrire à M. de Malesherbes.

483. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Henri Heine »

C’est lui, Schelling, qui écrivait, tout philosophe qu’il fût, cette réserve sublime : « Il est impossible de se tirer de l’explication du monde sans la chute. […] Que de choses ironiques, moqueuses et charmantes, et malheureusement impies, écrites par Voltaire, auraient pu l’être par Henri Heine ! Mais aussi que de choses rêveuses ou pathétiques, adorables de sentiment et de peinture, écrites par Henri Heine et que Voltaire aurait été dans l’impossibilité absolue d’écrire. Il n’eût jamais écrit les Reisebilder. […] En ces lettres, écrites de 1844 à 1855, le poète du Romancero et des Légendes devient le plus terrible des Nosographes.

484. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre V. Des orateurs anciens et Modernes. » pp. 223-293

Ils ne sont pas cependant exempts du venin de l’hérésie, & ils pourroient être écrits avec plus de pureté. […] Duclos, d’Alembert, Buffon ont prononcé, sont ce qu’il y a peut-être de mieux écrit en notre langue. […] L’auteur a moins de finesse que le Secrétaire de l’Académie des Sciences ; mais il écrit naturellement. […] Thomas, sans les mêlanges étrangers que la Rhétorique a quelquefois fait entrer dans ses écrits. […] La plûpart écrivent en prose comme Brebeuf écrivoit en vers.

485. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre III. Éducation de Jésus. »

Il apprit à lire et à écrire 121, sans doute selon la méthode de l’Orient, consistant à mettre entre les mains de l’enfant un livre qu’il répète en cadence avec ses petits camarades, jusqu’à ce qu’il le sache par cœur 122. Il est douteux pourtant qu’il comprît bien les écrits hébreux dans leur langue originale. […] Il lut aussi sans doute plusieurs des ouvrages apocryphes, c’est-à-dire de ces écrits assez modernes, dont les auteurs, pour se donner une autorité qu’on n’accordait plus qu’aux écrits très anciens, se couvraient du nom de prophètes et de patriarches. […] Peut-être lut-il aussi les livres d’Hénoch, alors révérés à l’égal des livres saints 138, et les autres écrits du même genre, qui entretenaient un si grand mouvement dans l’imagination populaire. […] Nous montrerons plus tard que quelques-uns des documents qui servirent de base aux Évangiles synoptiques ont été écrits en ce dialecte sémitique.

486. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre VII » pp. 56-69

Au défaut d’écrits ou de paroles attribués à la marquise de Rambouillet, j’ai fait des recherches pour connaître l’objet le plus ordinaire de ses conversations intimes. […] Trois longues lettres de cet écrivain qui lui sont adressées, comme suite des conversations ou entretiens qui ont eu lieu entre elle et lui, la font mieux connaître que tout ce qui aurait pu être écrit sur son compte. Ces trois lettres, fort étendues et que l’auteur a intitulées Discours, sont ce que Balzac a écrit de plus intéressant et a le mieux écrit27. […] Cet écrit est d’une âme généreuse et soulevée contre la cupidité, qui était la maladie régnante sous le règne du cardinal Mazarin. […] Cet écrit est terminé par un nouvel éloge de la personne à qui il s’adresse.

487. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La Société française pendant la Révolution »

Du reste, même avec leurs défauts actuels, leurs affectations et leurs faiblesses, Edmond et Jules de Goncourt ont moins échoué dans leur histoire par l’indigence de leurs facultés que par le fait du préjugé universel sous l’empire duquel ils l’ont écrite. […] C’est comme si, voulant écrire l’histoire de la société française sous Louis XIV, par exemple, ils avaient écrit seulement l’histoire de Versailles. […] N’ayons pas peur de l’affirmer, ce n’est point là l’idée vraie, l’idée historique, l’idée que doivent avoir les hommes qui écrivent cette belle, délicate et vaste histoire de la société de leur pays. […] Et, de plus, il n’écrivait pas notre histoire. […] Même l’histoire d’un salon ne s’écrit pas comme on fume une cigarette.

488. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Le comte de Fersen et la cour de France »

Le comte de Fersen a écrit — mais sans les malédictions qu’elle mérite — l’histoire de la Révolution par en haut, qu’il n’adore pas pourtant. […] Le comte de Fersen, qui fut un homme d’action, a cependant écrit, sans le savoir, une chose égale en résultat à l’histoire de Taine. […] Une âme plus ardente que celle de Fersen l’aurait écrite d’un style de plus d’indignation et de plus de flamme, et pour les esprits pensifs elle eût perdu de son éloquence. Cette éloquence est, en effet, dans les choses, et non dans les mots… Ce qui fait la force accablante de cette histoire, c’est le calme de celui qui l’a écrite. […] Il y a des notes, je crois, à partir de 1783 ; des lettres écrites par Fersen à son père ; il y a l’épisode de la guerre d’Amérique, qu’il fit comme officier français.

489. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Charles De Rémusat »

De même, tous ceux qui écrivent dans la Revue des Deux Mondes ne se font rien sauter du tout, ni à eux ni aux autres, mais deviennent, même les gens d’esprit, considérablement ennuyeux de cela seul qu’ils y écrivent. […] Après tout, le renseignement ne manque pas aux biographies qu’il publie, et on y trouve cet intérêt de l’Histoire que rien ne peut empêcher, — même celui qui l’écrit. […] Au lieu d’écrire simplement de Bolingbroke, de Walpole, de Junius, de Burke et de Fox, Rémusat a écrit des dissertations sur les principes constitutionnels, sur l’aristocratie, sur la religion, sur toutes ces choses, enfin, qui sont le pont aux ânes de tous les dissertateurs politiques, pont qu’un tour de roue de siècle fait crouler et sur lequel, d’ailleurs, Rémusat ne s’avance pas avec une de ces magnifiques allures qui, pour l’âne, font oublier le pont… Rien de plus médiocre que cette partie de son travail. […] Si Rémusat ne voulait pas faire les petites malices dont il a les chatouillantes velléités, il y aurait eu mieux à prendre dans l’Histoire d’Angleterre au xviiie  siècle, pour l’honneur d’une histoire à écrire, que Bolingbroke, l’intrigant déshonoré, Walpole, l’homme du bric-à-brac universel, Junius, une question encore de moralité, un grand suspect qui porte un masque ! […] Ainsi, vous le voyez, même dans la partie de l’histoire qui résiste aux petits attentats qu’on essaie de commettre sur elle, l’auteur de l’Angleterre au xviiie  siècle est demeuré, par le fait de ses facultés, au-dessous de son intention, — ou plutôt de ses intentions, car il en avait deux : la seconde était bien d’écrire une histoire, mais la première, de faire un pamphlet !

490. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Eugène Sue » pp. 16-26

… Les grands fondeurs… en carton-pâte de la Critique contemporaine élèveront-ils une statue à un écrivain qui a bien assez écrit pour que beaucoup d’esprits le croient un colosse ? […] Quand il eut mangé son dernier écu, il se passa la main sur le front et se demanda ce qu’il ferait désormais pour battre monnaie, et il s’arrangea pour écrire. […] Quand il écrivit ses Mémoires de Mathilde, ce fut à la reprise dans l’opinion du grand livre des Liaisons dangereuses, et partout il fut écrasé par les modèles qu’il avait choisis. […] Horace Vernet, courant à cheval pour écrire plus vite, ou en chemin de fer, couvert de la boue des bravos ! […] Au bout seulement de quelques années, les livres mal écrits ne se lisent plus et sont oubliés.

491. (1920) Action, n° 2, mars 1920

Ces Paraboles semblent avoir été écrites avec amour. […] Il écrivait ; c’était tout et c’était assez. […] Ne les posez pas sur mon écriture, Vous ne savez pas ce que c’est d’écrire. […] Becher, par contre, écrit encore de véritables vers. […] Elle écrit ensuite de nombreux romans populaires (érotiques, policiers, d’anticipation).

492. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. BALLANCHE. » pp. 1-51

Il lisait, et surtout écrivait dès lors beaucoup. Vers l’âge de vingt ans, il écrivit ces pages du Sentiment qui furent publiées en 1801. […] L’influence des écrits de M. […] Jules Bastide et Raspail, une lettre écrite tout entière de la main de M. […] Cette expression publié est inexacte pour les écrits de M.

493. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — I. Faculté des arts. Premier cours d’études. » pp. 453-488

Ouvrage de la plus grande importance dont il n’y a pas encore la première page d’écrite. […] Presque point de milieu dans un ouvrage français, il est bien, très-bien ou très-mal écrit. […] — Et voilà les raisons pour lesquelles nos littérateurs écrivent et parlent couramment le latin, que peu écrivent le grec et qu’aucun ne le parle. […] Diodore de Sicile a écrit des Egyptiens, des Assyriens, des Grecs et des Romains. […] Ceci semble démontrer que Diderot écrivait en 1774-75.

494. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — III. (Fin.) » pp. 162-179

Le prince Maurice était le plus difficile à manier : « Il est si retenu avec nous qu’on ne le peut apprivoiser », écrivait le président Jeannin. […] Le président avait raison d’écrire en cette occasion au secrétaire d’État M. de Villeroi : « Monsieur, les affaires ont des saisons, et sont quelquefois pleines de difficultés, puis tout à coup deviennent faciles. » Cependant l’affaire générale de la paix n’avançait pas et la saison évidemment n’en était pas venue. […] Il avait tâché de lui faire rétablir et payer une pension de France qui lui avait été autrefois accordée par Henri III, et de le ramener, s’il se pouvait, dans sa patrie ; il en écrivit à Villeroi qui promit de s’y employer : « J’ai trouvé aussi, écrivait-il à Scaliger, M. de Sully plus doux et courtois que je ne pensais. » Mais on différa trop, et Scaliger eût le temps de mourir avant le bienfait : Il est fort regretté ici, où sa vertu et grande suffisance aux lettres ont été mieux reconnues qu’en France, écrivait le président Jeannin à de Thou, et à la vérité c’est honte à nous de n’en avoir eu plus de soin pendant qu’il a vécu. […] Le roi lui demanda à titre de service de se charger d’écrire l’histoire de son règne, l’assurant « qu’il entendait laisser la vérité en sa franchise, et à l’auteur la liberté entière de l’écrire sans fard ni artifice, et sans lui attribuer, à lui, ce qui était dû à la seule providence de Dieu ou à la vertu d’autrui ». […] Rathery la connaissance d’une lettre de Jeannin à Villeroi, écrite vers le temps de la régence.

495. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Eugénie de Guérin, Reliquiae, publié par Jules Barbey d’Aurevilly et G.-S. Trébutien, Caen, imprimerie de Hardel, 1855, 1 vol. in-18, imprimé à petit nombre ; ne se vend pas. » pp. 331-247

Maurice, écrit-elle après l’avoir perdu, je te crois au ciel. […] il est revenu, et puis m’a quittée pour le ciel, — pour le ciel, j’espère… J’écris ceci à la chambrette, cette chambrette tant aimée où nous avons tant causé ensemble, rien que nous deux. […] Je te dis ceci en espérance, seule dans une chambre d’ermite, avec chaise, croix et petite table sous petite fenêtre où j’écris. […] Je l’avais mise en toi, pauvre frère. » Elle se reproche de chercher des consolations dans les lettres d’amis : Écrit à Louise comme à Marie ; il fait bon écrire à celle-là. Et lui, pourquoi ne pas écrire, ton frère (l’ami le plus intime de Maurice) ?

496. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Guillaume Favre de Genève ou l’étude pour l’étude » pp. 231-248

Ses écrits aimaient l’ombre et le tiroir, comme les écrits des autres aiment la vitre et le soleil. […] On le voyait faire toute sorte d’exercices suivant la saison ou suivant la compagnie, danser au milieu d’une société de femmes, et souvent faire porter après lui un portefeuille pour écrire quand il lui en prenait envie. […] L’improvisation était le véritable talent de Marius. » Il se vante, dans une élégie, d’avoir, avant l’âge de quarante-cinq ans, plus écrit que Virgile et qu’Ovide : « Me brevior Naso, meque Maro brevior. […] La plupart des excellents écrits que ses fidèles amis (M. et Mme Mohl) ont donnés depuis, datent de là, et n’ont pris forme qu’à cette époque et par la nécessité des leçons à rédiger. […] [NdA] Les Œuvres de Schlegel écrites en français ont été publiées en trois volumes, par M. 

497. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — II » pp. 268-284

Peu après son arrivée à Rome, on croit qu’il écrivit des dialogues sur des questions philosophiques et politiques, qui le firent connaître d’Auguste. […] Auguste l’appelait en riant le pompéien, et Tite-Live osa écrire du grand César « qu’il n’était pas bien certain si la chose publique avait plus gagné à ce qu’il naquît qu’elle n’aurait gagné à ce qu’il ne fût pas né. » Après la mort d’Auguste, il retourna à Padoue et y mourut vers l’âge de soixante-seize ans. […] Et à cette distance, Plutarque même en main et avec quelques fragments des écrits de Caton, avons-nous bien mission et qualité pour venir contredire et redresser Tite-Live sur ses portraits ? […] Il a écrit quelque part, à propos de Saint-Simon et de ses excès de passion, de fureur pittoresque et d’explosion parfois risible ou terrible dans l’intimité : « C’est à ce prix qu’est le génie ; uniquement et totalement englouti dans l’idée qui l’absorbe, il perd de vue la mesure, la décence et le respect. […] Donnez-lui un auteur quelconque par ses écrits, il y applique son mode d’analyse.

498. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame, duchesse d’Orléans. (D’après les Mémoires de Cosnac.) » pp. 305-321

Deux volumes écrits par un homme du siècle de Louis XIV, et dont Mme de Sévigné disait : « Il a bien de l’esprit », ne sauraient se lire avec trop d’attention. […] C’est un récit écrit d’après une confidence, et destiné à celle même qui a raconté, qui sourit en se revoyant si justement, si légèrement peinte, et qui, avec une douce malice, prend à quelques endroits la plume pour y retoucher. […] Cosnac avait écrit une petite lettre à la fille de Madame, pour lors âgée de huit ans, qu’il avait prise en affection pour l’avoir vue chez Mme de Saint-Chaumont, sa gouvernante. […] La lettre écrite à Cosnac le 26 juin nous a montré Monsieur plus acharné que jamais contre Madame et lui faisant des menaces pour l’avenir. […] Les lettres que Madame a écrites à Cosnac, et qui se publient pour la première fois, sont courtes, amicales, assez bien tournées, mais sans rien de remarquable : évidemment elle n’avait pas cette imagination qui se répand à distance ; ce sont de ces esprits légers et sacrés qu’il faut saisir et adorer à leur source.

499. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

« Quoi qu’il en soit, écrivait-il d’Athènes à M.  […] « Je compte prendre la mer à Marseille le 11 avril, écrivait-il de Remilly à M.  […] Il écrivait le 21 mars à M.  […] Il écrivait le lendemain, 13 décembre, à son ami : « Ah ! […] Les écrits de M. 

500. (1856) À travers la critique. Figaro pp. 4-2

Il écrit comme Boucher peignait. […] Victor Massé, prévoyant ce conseil salutaire du critique, s’est abstenu de l’écrire. […] Salvadori Ruffini cessât d’écrire) ! […] Jules Janin l’occasion d’écrire un de ses meilleurs feuilletons. […] Paul de Saint-Victor a écrit un feuilleton qui a obtenu un très grand succès.

501. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Marcel Prévost et Paul Margueritte »

Prévost ose encore écrire sérieusement : « Le front las des penseurs (page 32) » ; il nous dit que la clientèle était peu lucrative à Tonneins (idem) ; il nous parle d’« un avenir politique naissant de la notoriété du génie de Paul Delcombe (page 91) », etc., etc… Beaucoup d’écrivains d’un réel talent commettent aujourd’hui des fautes de ce genre. Certes, nombre de littérateurs du temps jadis écrivaient faiblement : ils n’écrivaient jamais mal. […] Il est écrit à la fois dans la manière de l’Éducation sentimentale et dans l’esprit du plus « cordial » roman anglais. […] Et ils ont encore ce mérite d’être écrits, sinon en dehors de toute réminiscence, du moins en dehors de tout préjugé d’école, et avec une loyauté parfaite. […] Marcel Prévost a écrit la Confession d’un amant, et M. 

502. (1899) Le monde attend son évangile. À propos de « Fécondité » (La Plume) pp. 700-702

Écrire une bible et la léguer aux âges futurs, ce fut le but de ces hommes braves, fiers et pensifs. […] Il a écrit bien des ouvrages. […] Lui aussi il eut le désir d’écrire une bible ; les dernières années de sa vie, il les consacra au peuple. […] « … Dans notre démocratie, écrit Zola, la femme, dès qu’elle est enceinte, devient auguste. […] Il n’a point seulement cherché à écrire de splendides pages, il s’est préoccupé de leurs vertus.

503. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 37, des défauts que nous croïons voir dans les poëmes des anciens » pp. 537-553

Homere avoit entrepris d’écrire en vers une partie des évenemens d’une guerre que les grecs ses compatriotes avoient faite depuis quelque temps contre les troyens, et dont la tradition étoit encore recente. […] La plûpart de ceux qui dans la suite l’écrivirent en prose, conserverent la poësie du stile, et ils garderent même durant long-temps la liberté de jetter du merveilleux dans les évenemens. […] Ainsi nous devons nous transformer en ceux pour qui le poeme fut écrit, si nous voulons juger sainement de ses images, de ses figures et de ses sentimens. […] Mais ces discours étoient convenables dans l’Iliade écrite pour être lûe par des peuples chez qui le cheval étoit en quelque façon un animal commensal de son maître. […] Il ne suffit pas de sçavoir bien écrire pour faire des critiques judicieuses des poësies des anciens et des étrangers, il faudroit encore avoir connoissance des choses dont ils ont parlé.

504. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre onzième »

De l’influence de ses écrits. — § II. […] De l’utopie dans les écrits politiques de Jean-Jacques Rousseau. — § IV. […] De l’influence des écrits de Jean-Jacques Rousseau. […] Il y a d’ailleurs dans les écrits de J. […] De l’utopie dans les écrits politiques de Jean-Jacques Rousseau.

505. (1878) Nos gens de lettres : leur caractère et leurs œuvres pp. -316

Comment écrire après eux, sans écrire d’après eux ? […] Havin écrit mal ! […] Ne l’écrivez pas. […] Vous écrivez ? […] Vous écrivez ?

506. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome II

« On nous rapporte », écrit donc M.  […] Ce sont ici des pages écrites pour servir : examens de conscience, projets de travaux, discussions de celui qui écrit avec soi-même, compte rendu du développement des œuvres commencées. […] Il a onze correspondants auxquels il écrit pendant ses vacances. […] Il écrit, dans les Études, un exposé de la question dionysienne. […] C’est le motif pour lequel il évitait, dans ses écrits, les argumentations tendancieuses.

507. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Le père Bouhours, et Barbier d’Aucour. » pp. 290-296

On a dit qu’il ne lui manquoit, pour écrire parfaitement, que de sçavoir penser . […] Le temps & ses écrits l’ont vengé. […] D’Aucour jura qu’il se vengeroit, & voulut punir tous les jésuites dans la personne & dans les écrits du second Vaugelas de son siècle. […] Il écrivit à l’abbé de Villars pour l’en remercier. […] Cette dispute fut terminée par cet écrit.

508. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre IV. Des Ecrits sur la Poétique & sur divers autres genres de Littérature. » pp. 216-222

Des Ecrits sur la Poétique & sur divers autres genres de Littérature. […] On a fait mieux qu’eux de nos jours, & on a écrit plus agréablement. […] Le rédacteur connu lui-même par un bon livre intitulé le Spectacle des beaux Arts & par son Dictionnaire des beaux Arts, peut être compté parmi les auteurs qui ont le mieux écrit sur la littérature. […] Les excellens Ecrivains lus & relus, contribuent plus à former le sentiment, le jugement & le goût que tous les écrits didactiques. […] Nous plaçons ce Chapitre immédiatement après les Poëtes françois, parce que les Ecrits que nous indiquons serviront à guider dans la lecture des productions poétiques de notre Parnasse.

509. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « M. DE LA ROCHEFOUCAULD » pp. 288-321

L’homme est tellement réhabilité de nos jours, qu’on n’oserait lui dire tout haut ni presque écrire ce qui passait pour des vérités au dix-septième siècle. […] Les journaux se perfectionnant, l’abbé Prevost et Walter Scott y écriront le leur tout au long. […] Sa mère ne mourut qu’en 1672 : « Je l’en ai vu pleurer, écrit Mme de Sévigné, avec une tendresse qui me le faisoit adorer. » Sa grande douleur, on le sait, fut à ce coup de grêle du passage du Rhin. […] Rousseau n’a écrit qu’après cette seconde folie et a continuellement mêlé les deux en un même reflet. […] Plus loin, en marge de la pensée XLVII, je lis écrit au crayon sur un ancien exemplaire le nom de Nisard.

510. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IX. Première partie. De la parole et de la société » pp. 194-242

Je dis seulement que l’on ne saurait concevoir l’invention d’une langue, sans l’invention au moins simultanée de signes écrits ; car, sans le secours de ces signes écrits, par quels moyens des intelligences humaines pourraient-elles embrasser tout le système du langage ? […] Il y a encore des langues, comme le chinois, où la langue écrite et la langue parlée sont absolument indépendantes l’une de l’autre et tellement indépendantes que la même langue écrite peut servir à plusieurs peuples qui parlent chacun une langue différente. Mais ici nous serions ramenés à cette autre difficulté, déjà signalée par nous, de la langue écrite ; car, même pour les peuples où la langue parlée et la langue écrite sont la même, il est certain que la langue écrite n’est que par convention, et non point essentiellement la peinture de la langue parlée. […] Enfin a-t-on assez réfléchi à cette différence de la langue écrite et de la langue parlée ? […] Ainsi la langue écrite précéderait la langue parlée.

511. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Taine » pp. 305-350

On peut avoir une manière à soi de l’écrire, mais il faut la concevoir comme tous les hommes de génie qui l’ont écrite l’ont conçue. […] Ceux qui n’écrivent pas le burent, comme l’éponge boit l’eau. Mais ceux qui écrivent ne dirent pas combien cette eau de vérité que M.  […] Taine a cette originalité d’être écrit presque tout entier par la plume des autres. […] On n’écrivit jamais sur un sujet plus beau une page plus belle.

512. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Bourdaloue. — II. (Fin.) » pp. 281-300

Elle écrit cela à Mme de Sévigné. […] On a dit, et j’ai moi-même écrit quelque part, que les Jésuites ne firent de réponse directe et en règle aux Provinciales qu’après quarante ans d’intervalle et par la plume du père Daniel. […] Mais Bourdaloue et Despréaux étaient tous deux sincères ; pleins de feu, ils pouvaient quelquefois se contredire, froncer le sourcil et croiser le fer en causant : ils s’estimaient, ils étaient liés au fond par cet amour du vrai, par cette ardeur de bon jugement et cette raison passionnée qui vit dans leurs écrits à l’un et à l’autre. […] À la fin des Œuvres de Bourdaloue, on a réuni sous le titre de Pensées quelques-uns des morceaux de doctrine ou de morale qu’il écrivait à l’avance, selon l’habitude des orateurs anciens, pour les placer ensuite au besoin dans ses discours. […] … Il est écrit en latin, etc., etc. » Je livre ce point de détail à l’examen des bibliographes.

513. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — II. (Fin.) » pp. 322-341

En retournant en Italie après cette révolution de Juillet, il ne l’avait plus retrouvée tout à fait la même : L’Italie, écrivait-il de Civitavecchia en décembre 1834, n’est plus comme je l’ai adorée en 1815 ; elle est amoureuse d’une chose qu’elle n’a pas. […] Pendant son séjour dans l’État romain, tout en faisant des fouilles et en déterrant des vases noirs « qui ont 2700 ans, à ce qu’ils disent » (je doute là, comme ailleurs, ajoutait-il), il avait mis ses économies à acheter le droit de faire des copies dans des archives de famille gardées avec une jalousie extrême, et d’autant plus grande que les possesseurs ne savaient pas lire : J’ai donc, disait-il, huit volumes in-folio (mais la page écrite d’un seul côté) parfaitement vrais, écrits par les contemporains en demi-jargon. […] En critiquant ainsi avec quelque franchise les romans de Beyle, je suis loin de le blâmer de les avoir écrits. […] Il faut écrire pour se faire plaisir à soi-même, écrire comme je vous écris cette lettre ; l’idée m’en est venue, et j’ai pris un morceau de papier. […] Toutes les fois que Beyle a eu une idée, il a donc pris un morceau de papier, et il a écrit, sans s’inquiéter du qu’en dira-t-on, et sans jamais mendier d’éloges : un vrai galant homme en cela.

514. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’Audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. »

Il a passé sa vie à observer cet usage en bon lieu, à en épier, à en recueillir tous les mouvements, toutes les variations, les moindres incidents remarquables, à les coucher par écrit. […] Le livre de Vaugelas qui parut en 1647, Remarques sur la Langue française, utiles à ceux qui veulent bien parler et bien écrire, est un fort bon livre et qui dut être en effet fort utile à son heure, puisqu’il peut l’être encore à qui sait le bien lire aujourd’hui. […] La parole prononcée et parlée a plus d’action et de force que la parole écrite. […] Ce n’était pas trop, à ses yeux, pour acquérir la perfection du bien parler et du bien écrire, de ces trois moyens unis ensemble et combinés. […] Vaugelas semble dire comme un bon professeur à l’élève brillant qui a fini ses études : « Maintenant vous savez écrire ; il ne vous reste qu’à trouver de beaux et heureux sujets, des emplois originaux à votre talent.

515. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite.) »

« Nous avions beau nous attendre, écrivait-elle à sa mère, à l’événement devenu inévitable depuis deux jours, le premier moment a été atterrant, et nous n’avions pas plus l’un que l’autre de parole. […] Puis elle écrit le jour même à sa mère (10 mai 1774) et se montre à elle dans la vérité de son trouble et de sa sollicitude : « Mon Dieu, qu’allons-nous devenir ? […] Elle vivait, elle plaisait, elle se jouait aux enchantements de la vie : on n’écrit pas les riens, les mille inventions fugitives, les dissipations, les plaisirs. […] Necker à M. de Brienne à la date où elle écrit cela, un homme intact, tout fort et tout fier de sa popularité, à un personnage usé et décrié, était une idée invraisemblable, une impossibilité, un caprice. […] Je viens d’écrire trois lignes à M. 

516. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. Le Chateaubriand romanesque et amoureux. » pp. 143-162

Je le lis écrit de sa main dans une lettre intime, du 29 octobre 1832. […] Quand on sut que M. de Chateaubriand écrivait ses Mémoires, une femme du monde, qu’il avait dans un temps beaucoup aimée ou désirée, lui écrivit un mot pour qu’il eût à venir la voir. […] René, qui se croit en péril de mourir, écrit à Céluta, sa jeune femme indienne, une lettre où il lui livre le secret de sa nature et le mystère de sa destinée. […] dans une lettre écrite de Genève, en septembre 1832, à une femme aimable et supérieure, qui eut le don jusqu’à la fin (et sans être Mme Récamier) de le dérider un peu et de le distraire, il écrivait : Puissance et amour, tout m’est indifférent ; tout m’importune. […] Ce que Chateaubriand est là dans ses écrits à l’état idéal, il l’était aussi plus ou moins dans la vie, auprès des femmes qu’il désirait et dont il voulait se faire aimer.

517. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Frédéric le Grand littérateur. » pp. 185-205

Il se déclare en conséquence son disciple, son disciple non seulement dans ses écrits, mais dans ses actions ; car, trompé par la distance et par le nuage doré de la jeunesse, il voit en lui presque un Lycurgue et un Solon, un législateur et un sage. […] Voltaire en dit quelques-unes au roi, et Frédéric les lui rend : « Vous avez eu les plus grands torts envers moi, écrit-il à Voltaire… Je vous ai tout pardonné, et même je veux tout oublier. […] J’ai sous les yeux le recueil manuscrit et inédit des lettres écrites par d’Alembert à Mlle de Lespinasse pendant son séjour auprès du roi de Prusse24. […] C’était là un défaut capital de Frédéric ; il se privait difficilement de dire aux gens des choses désobligeantes ou d’en écrire de piquantes. […] Si vous saviez quel nombre d’écrits infâmes vos chers compatriotes ont publiés contre moi pendant la guerre, vous ririez de ce misérable folliculaire.

518. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Étude sur la vie et les écrits de l’abbé de Saint-Pierre, par M. Édouard Goumy. L’abbé de Saint-Pierre, sa vie et ses œuvres, par M. de Molinari. — II » pp. 261-274

Bergeret, secrétaire du cabinet du roi, il n’avait rien écrit, ou du moins il n’avait rien fait imprimer ; c’est un avantage qu’il ne garda pas toujours. […] Le second acte, possible seulement au lendemain de sa mort, était d’écrire contre le despotisme et le gouvernement personnel d’un seul. […] Ainsi chassé d’une académie, ayant eu une autre académie tuée sous lui, l’abbé, toujours serein et impassible, continua d’écrire tous les matins ses idées, de les lire tous les soirs à qui voulait l’entendre (ne fût-ce qu’à une jolie femme), et d’échec en échec, il ne laissa pas de dire : « Patience ! […] Voltaire l’a rencontré une fois en face et a eu affaire à lui comme adversaire pour l’histoire du règne de Louis XIV, que l’abbé s’était avisé d’écrire. […] Les écoles avancées et progressives sont allées chercher dans ses écrits des pensées à l’appui de leurs espérances ; les économistes ont pris plaisir à y relever les vues utiles et les projets d’améliorations positives.

519. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre IV. Cause immédiate d’une œuvre littéraire. L’auteur. Moyens de le connaître » pp. 57-67

Tel caractère d’un écrit ou d’un discours présuppose et permet d’affirmer l’existence de telle faculté correspondante chez l’écrivain ou l’orateur, et chacune des facultés ainsi constatées peut être considérée comme une des forces productrices cherchées. […] Si, en effet, on a reconnu dans les écrits d’un homme un style éclatant, riche en comparaisons et en métaphores, une grande fertilité de combinaisons dramatiques, une habileté remarquable à dresser en pied un être vivant ou à brosser un paysage à grands traits, déclarer après cela que cet homme est doué d’une forte imagination, c’est au fond répéter la même chose en d’autres termes. […] Il a écrit ainsi, parce qu’il avait le cerveau constitué de telle façon. […] Il s’ensuivrait que Racine, s’il eût vécu au moyen âge, aurait quand même écrit Andromaque et Phèdre telles que nous les possédons. […] Voltaire écrivait alors14 : « La plupart des livres ressemblent à ces conversations générales et gênées dans lesquelles on dit rarement ce que l’on pense. » Notre siècle a donc eu raison de ne pas négliger la biographie des auteurs.

520. (1899) L’esthétique considérée comme science sacrée (La Revue naturiste) pp. 1-15

Quiconque est susceptible d’écrire une noble églogue peut, d’une manière aussi aisée, entreprendre des conquêtes et bâtir des cités. […] Écrire des odes à l’aurore, faire des invocations aux races, consacrer les dons des prairies sont les moindres des devoirs que nous nous imposerons. […] Dieu semble leur inspirer les cantiques qu’ils écrivent. […] Qui sait si en croyant créer des strophes seulement belles et charmantes, nous n’écrivons pas pour le monde des livres sacrés ? […] Nous ne nous contenterons pas d’écrire des poèmes délicieux, nous avons l’auguste ambition de rendre à la vie sa beauté plastique.

521. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Évolution de la critique »

Elle fut l’examen des écrits classiques ou contemporains, selon le goût de celui qui entreprenait d’en parler, et encore selon le goût d’une coterie et selon certaines traditions. […] Ecrire sur un livre revenait donc à dire : ce livre plaît ou déplaît à son juge, comme il plaît ou déplaît à beaucoup de gens qui partagent habituellement son avis, comme il aurait plu ou déplu à certains auteurs respectables, en vertu d’une hypothèse confirmée par tel ou tel passage de leurs écrits. […] Brunetière, la majeure partie des histoires de l’art d’écrire qui, comme l’œuvre principale de M.  […] Sainte-Beuve explique qu’il ne peut juger une œuvre « indépendamment de la connaissance de l’homme même qui l’a écrite ». […] Il a écrit également des ouvrages sur l’œuvre de Shelley, et l’histoire du drame élisabéthain.

522. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Le Comte de Gobineau »

Ses secrétaires cachettent ses dépêches, mais il les écrit. Entre dépêches, il écrit aussi des livres, et des livres majestueux encore ! […] Vraiment, il faut avoir beaucoup d’esprit pour écrire ces choses-là, surtout quand on est diplomate et qu’on ne les écrit pas en caractères cunéiformes ! […] On invente des sociétés idéales et l’on écrit des pages charmantes, mais charmantes comme la femme qui caresse sa chimère. […] Qu’il écrive même, s’il veut, comme Talleyrand, ses Mémoires ; mais qu’il ne mette pas, comme Talleyrand, trente années à les publier.

523. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre II. Dryden. »

Il passe régulièrement sa matinée à écrire ou à lire, puis dîne en famille. […] Pendant que les gens de lettres apprennent à saluer, les gens de cour apprennent à écrire. […] Qu’est-ce que Dryden vient faire ici avec ses phrases écrites ? […] Il y a des mots naturels : le poëte écrit et pense trop sainement pour ne pas les trouver quand il en a besoin. […] C’est pourquoi la matière manque à l’art d’écrire.

524. (1888) La vie littéraire. Première série pp. 1-363

Le bon moine écrit. […] Il n’écrit point pour des curieux ; il écrit contre les manichéens. […] écrit-il en 1856. […] Napoléon écrivait autrement que Laplace, et ni l’un ni l’autre n’écrivaient comme M.  […] Il disait : « J’écris l’histoire comme elle doit être écrite » ; en réalité, il l’écrivait comme il pouvait l’écrire.

525. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre III. L’Âge moderne (1801-1875) » pp. 388-524

Il faut les joindre tous les deux ensemble, et les réconcilier dans la mort ; car s’ils écrivent mal l’un et l’autre, et même presque aussi mal que l’on ait jamais écrit en français, on ne peut pourtant pas dire qu’ils écrivent plus mal l’un que l’autre. […] « Quant à laisser voir mon opinion sur les gens que je mets en scène, écrivait-il à George Sand, non, non, mille fois non ! […] « L’esprit français, écrivait un bon juge, recouvre avec les écrivains actuels, 1858, des qualités qu’il semblait avoir perdues. […] Il l’a même mieux su que Dumas, quand celui-ci parlait de « moralisation » par le théâtre, et qu’il écrivait La Visite de noces. […] 2º Ses Œuvres critiques, qui sont : — ses Lettres sur les écrits et le caractère de J.

526. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — [M. de Latena, Étude de l’homme.] » pp. 523-526

Dans Le Moniteur du 4 février 1854, j’ai donné un article sur l’ouvrage intitulé Étude de l’homme, par M. de Latena, conseiller-maître à la Cour des comptes ; en voici une partie, jusqu’à l’endroit où je ne me suis pas fait comprendre : Écrire des pensées, résumer l’expérience de la vie dans quelques essais de morale, est une des formes naturelles à toute une classe d’esprits graves et polis. […] Après Montaigne et quand on eut vu son succès, il prit sans doute envie à plus d’un gentilhomme campagnard de jeter par écrit ses fantaisies sans beaucoup d’ordre, et de devenir auteur à ses moments perdus sans cesser de courir le lièvre. Du temps de La Rochefoucauld, le goût des maximes était général dans certains salons et menaçait de gagner la province : « Je ne sais si vous avez remarqué, écrivait La Rochefoucauld à Mme de Sablé, que l’envie de faire des sentences se gagne comme le rhume. […] Cependant quelques esprits dont c’est la forme favorite et la propension intérieure n’ont pas cessé d’écrire des réflexions morales, des pensées : nous autres critiques, à qui l’on s’ouvre volontiers de ses désirs ou de son faible, et qu’on traite confidentiellement comme des directeurs ou des médecins, nous recevons beaucoup de livres dont le public n’est pas informé, et qui nous montrent que la série des principaux genres a sa raison dans le jeu naturel et dans le cadre permanent des facultés. […] et, en supposant qu’il ne soit pas un peu téméraire d’écrire aujourd’hui sur une matière qui a exercé tant d’esprits supérieurs, n’aurais-je pas dû au moins étudier leurs ouvrages ?

527. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre XI. De l’ignorance de la langue. — Nécessité d’étendre le vocabulaire dont on dispose. — Constructions insolites et néologismes »

Je ne sais s’il y a aucun obstacle qui s’oppose autant au progrès, quand on essaye d’apprendre à penser et à écrire. […] Sans doute les grammairiens ont compliqué la grammaire ; ils ont inventé mille subtilités, mille chicanes, tout un réseau de lois capricieuses et rigides où l’esprit s’empêtre et qui doublent sans nécessité la difficulté déjà si grande de bien écrire. […] La conclusion de tout ce que je viens de dire est que l’étude de la langue, du vocabulaire est une partie essentielle de l’art d’écrire. […] Pour s’habituer à trouver vite et facilement les mots dont on a besoin, pour acquérir la facilité de parler avec propriété, il sera excellent de traduire, par écrit quelquefois, souvent de vive voix, des morceaux d’auteurs anglais ou allemands. […] De là ces expressions, que j’ai rencontrées dans des écrits récents : « Ôcourtetéde la sagesse humaine !

528. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre IV. Le Séminaire d’Issy (1881) »

Dès qu’on parle ou qu’on écrit, on cherche fatalement le succès. […] Les écrits de la philosophie moderne, en particulier ceux de MM.  […] Quant aux écrits d’une mysticité lus raffinée, tels que sainte Thérèse, Marie d’Agreda, Ignace de Loyola, M.  […] Les Vies de saints écrites d’une façon trop exaltée lui déplaisaient également. […] Non que cet ouvrage ne soit honnêtement pensé et assez bien écrit.

529. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre second » pp. 200-409

Il ignore que sa mort sera plus instructive que tous ses écrits. […] On a écrit autrefois des libelles contre les honnêtes gens comme on en écrit aujourd’hui ; mais peu sont parvenus jusqu’à nous. […] Cependant où ont-elles été écrites ? […] Quelle est la date de cet écrit ? […] ne le lisez pas. ; il écrivait pour d’autres que pour vous.

530. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Table des chapitres et des paragraphes Contenus dans ce premier Volume. » pp. -

Des écrits sur l’histoire de la Poésie françoise, 142 §.  […] Des écrits sur la poetique & sur divers autres genres de littérature, 216 Chap.  […] Des Ecrits sur l’éloquence de la chaire & du Barreau, 313 §.  […] Des Ecrits sur l’action de l’Orateur, 326

531. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Appendice à l’article sur Joseph de Maistre »

Il fonda une maison d’éducation, forma beaucoup d’élèves, et écrivit des brochures ou des articles de journaux sous le voile de l’anonyme et seulement pour satisfaire à ce qu’il croyait vrai. […] Quant à écrire de pareille encre et à colorer avec l’imagination, il ne l’aurait pas su ; mais il y a deux rôles : on a trop supprimé, dans ces derniers temps, le second. […] Il en faut (j’entends de l’impertinence) dans certains ouvrages, comme du poivre dans les ragoûts. » Ceci rentre tout à fait dans la manière originale et propre, dans l’entrain de ce grand jouteur, qui disait encore qu’un peu d’exagération est le mensonge des honnêtes gens. — A un certain endroit, dans le portrait de quelque hérétique, il avait lâché le mot polisson  ; prenant lui-même les devants et courant après : « C’est un mot que j’ai mis là uniquement pour tenter votre goût, écrivait-il. […] A Rome on n’a point compris cet ouvrage au premier coup d’œil, écrit M. de Maistre ; mais la seconde lecture m’a été tout à fait favorable. […] Les soirées de Rothaval, nouvellement publiées à Lyon, ne sont pas un pur hommage à M. de Maistre, comme l’écrit de M. 

532. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre IV »

On recevait de Paris des nouvelles écrites à la main ; elles étaient autorisées par le ministre de la guerre, et coûtaient, je crois, douze louis par an. […] En 1788790, le maréchal de Vaux, devant le soulèvement du Dauphiné, écrit au ministre « qu’il est impossible de compter sur les troupes », et, quatre mois après l’ouverture des États Généraux, seize mille déserteurs, rôdant autour de Paris, conduiront les émeutes au lieu de les réprimer791. […] Celui-ci insiste pour que, dans le cahier, on couche par écrit et tout au long ses griefs locaux et personnels, sa réclamation contre les impôts et redevances, sa requête pour délivrer ses chiens du billot, sa volonté d’avoir un fusil contre les loups796. […] Mais les assemblées de bailliages et de sénéchaussées ont été farcies de gens de robe qui absorbaient les opinions et voulaient primer sur tout le monde, et chacun, de son côté, intriguait et cabalait pour se faire députer. » — « En Touraine, écrit l’intendant798, l’avis de la plupart des votants a été commandé ou mendié. Les affidés mettaient, au moment du scrutin, des billets tout écrits dans la main des votants, et leur avaient fait trouver, à leur arrivée aux auberges, tous les écrits et avis propres à exalter leurs têtes et à déterminer leur choix pour des gens du palais. » — « Dans la sénéchaussée de Lectoure, une quantité de paroisses et de communautés n’ont point été assignées ni averties pour envoyer leurs cahiers et leurs députés à l’assemblée de la sénéchaussée.

533. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Jean-Baptiste Rousseau, et Joseph Saurin. » pp. 28-46

Le géomètre écrivit son factum en poëte, & le poëte composa le sien en géomètre. […] Le duc d’Orléans régent lui fit écrire qu’il pouvoit reparoître en France en toute sureté. […] En partant, il laissa un écrit entre les mains de M. l’abbé d’Olivet. […] M. l’abbé d’Olivet fit lecture de cet écrit dans une séance de l’académie Françoise. […] Ils trouvent que l’écrit de Boindin porte le caractère de l’évidence.

534. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre IV. Mme Émile de Girardin »

On le trouve dans le volume des Poëtes (3e volume des Œuvres et des Hommes, 1re série, les poëtes), car, avant d’écrire en prose, Mme de Girardin était poëte et c’est là même sa meilleure gloire. […] Elle a écrit des tragédies, des comédies et des romans. […] Il n’y a rien de moins homme que ces Lettres, et je défierais bien le plus neuf en sensation, donnée par le style, de se faire illusion une minute sur le sexe de la main qui a écrit de si délicieuses frivolités ! […] Il est vrai que l’honnête balourd qui s’exprimait ainsi écrivait dans un journal belge, ce qui l’excusait et atténue le délit, mais pour nous, voilà la merveille ! […] L’écrivain des Lettres parisiennes a le don des grands conteurs sur place, car des lettres, cela s’écrit comme cela se causerait.

535. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes de la Révolution » pp. 73-87

C’est toujours une bonne idée, pour qui tient à être lu et à faire son petit bruit immédiat, que d’écrire un livre sur les femmes… les femmes quelconques. […] Michelet, malgré sa dévotion pour les Saintes révolutionnaires dont il écrit la légende, a mieux aimé (peut-être n’était-il pas libre dans ce choix) se répéter et se recopier que de penser et d’écrire à neuf. On dirait que son enthousiasme n’a qu’un certain nombre de phrases clichées et de moules, et que ces phrases une fois écrites, et que ces moules une fois remplis, il est obligé de recommencer mécaniquement un tel travail. […] Mais Les Femmes de la Révolution n’ont pas été destinées seulement à ces Nina humanitaires qui disent chaque jour : « Ce sera pour demain. » C’est un livre arrangé, combiné et écrit pour tout le monde. […] Qui ne sait l’outrance de la pensée de l’écrivain qui a écrit Le Prêtre, la Femme et la Famille ?

536. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Balzac »

Ce Gaulois et ce Rabelaisien, qui a écrit les Contes drolatiques avec la gaieté de Rabelais, le Titan-Satyre, et qui y a mêlé les choses les plus inconnues à Rabelais, — l’attendrissement et la mélancolie, — était romanesque pour son propre compte, dans la plus noble acception de ce mot charmant : romanesque ! Les livres que nous écrivons, moulent toujours un peu notre vie. […] le plus touchant et le plus beau, l’intérêt majeur de ce volume de lettres, c’est particulièrement celles-là que Balzac a écrites à la femme qu’il a épousée, et qui fut, jusqu’à sa mort, son inspiration, son idée fixe, et comme il disait : « son étoile polaire ». […] Seulement, après cette aspiration prophétique de son immortalité, il ajoute, car c’est à Madame de Hanska qu’il écrit : « Mais il y aura en moi un être bien plus grand que l’écrivain et plus heureux que lui, c’est votre esclave. […] Si, comme le disent nos Saints Livres, à nous autres chrétiens, Dieu nous a faits à son image, il semble qu’il ait mis plus de lui dans le cœur de l’homme que dans son intelligence, — et c’est pour cela que la Correspondance de Balzac touche, surtout, par les lettres du cœur qui y sont écrites.

537. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame de Créqui »

Decourchant, comme l’écrit Sainte-Beuve, ou de Courchamp, comme récrivaient, je crois, la Quotidienne et la Gazette. […] Spirituel et du talent le plus vif quand il écrivait sous le nom des autres, il était plat et sans talent quand il écrivait sous le sien. […] La main d’une Créqui n’a pas écrit le livre, mais l’esprit d’une Créqui y circule, ou du moins l’esprit d’une société qui fut la sienne. […] Quand elle écrivait ses lettres, qui la réfléchissent d’autant mieux qu’elle ne s’y est jamais mirée, elle était vieille, et l’on croit qu’elle l’a toujours été. […] Après l’avoir trouvée sèche, il la déclare morose : « Elle fait — écrit-il — un assommoir de l’éternité, avec lequel elle écrase tout.

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