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617. (1949) La vie littéraire. Cinquième série

Il suivit pendant dix-huit mois le service de Lenoir à l’hôpital Necker. […] Ce qui suit appartient à M.  […] Notre état social est l’effet des états qui l’ont précédé, comme il est la cause des états qui le suivront. […] Sa vie entière est une idée suivie. […] Il faut avoir suivi les retraites et les pratiques du culte.

618. (1907) Propos de théâtre. Quatrième série

Mais les trois morceaux qui ont suivi, quoique signés, hélas ! […] l’émeute suit son cours. […] — Vous ne l’avez pas suivie ? […] De ce qui suit, ce me semble. […] C’est trop suivre les indications du texte.

619. (1927) André Gide pp. 8-126

Le mieux sera de suivre pas à pas le récit, en tâchant d’en dégager peu à peu la signification. […] Cette vérité commune admet sans doute que chacun doit suivre sa vocation, et que les grands écrivains sont originaux. […] Mais je ne puis suivre Gide dans tous les détours de cette espèce de causerie à’ bâtons rompus. […] Est-ce que l’abus du dostoïevskysme ne laisserait plus à Gide la faculté de suivre un raisonnement ? […] Je constate seulement que dans la querelle entre Wilde et Douglas, qui a suivi le procès, M. 

620. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre I. La Restauration. »

Les courtisans suivaient l’élan. […] Ils comprenaient du premier coup ses excès et ses caprices ; ils n’avaient pas besoin d’être préparés ; ils suivaient ses écarts, ses bizarreries, le fourmillement de ses inventions regorgeantes, les soudaines prodigalités de ses couleurs surchargées, comme un musicien suit une symphonie. […] L’Angleterre la suit dans cette voie, emportée par le courant universel du siècle, mais à distance, et tirée de côté par ses inclinaisons nationales. […] Et comme l’insinuation qui suit est d’une logique touchante ! […] Au convoi, deux frères du roi, des ducs, des comtes, des évêques, les premiers personnages de l’Angleterre portèrent ou suivirent le corps.

621. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « PARNY. » pp. 423-470

Ce fut à qui suivrait ce bon ton prétendu : En écrivant, chacun trembla d’être entendu ; Nos rimeurs à l’envi parlaient en logogriphes, Nos Saphos se pâmaient à ces hiéroglyphes, Nos plats journaux disaient : C’est le ton de la Cour ! […] Comme on avait perdu Delille l’année précédente, on remarquait que c’était ainsi que, dans l’antiquité, Virgile et Tibulle s’étaient suivis de près au tombeau. […] Voir encore, si l’on est curieux de suivre l’engagement, la Décade, an viii, troisième trimestre, p. 554, et quatrième trimestre, p. 47. […] La tristesse s’envolait, je répondais à ton sourire ; je suivais tes pas, ô Consolateur, avec le sentiment de la mort dans mon sein ; j’étais heureux au bord du néant. […] Quand je t’ai suivi, je déchirais encore ta tunique brillante, je froissais tes fleurs sur ta tête, mais, comme auparavant, elles ne se réparaient plus.

622. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIe entretien. Littérature politique. Machiavel » pp. 241-320

Vous vous en convaincrez quand vous m’aurez suivi jusqu’au bout. […] Machiavel y suit Tite-Live événement par événement, comme la lampe suit les contours d’une statue pour en faire jaillir les formes dans la nuit aux regards d’un statuaire. […] Il suit cette armée pour y poursuivre ses négociations dans leur camp sous les murs de Rome ; il assiste à la mort du connétable de Bourbon et à la prise de Rome. […] XIV Jusque-là le Piémont, peuplé de petites républiques municipales, telles que Turin, Novarre, Asti, Brescia, Alexandrie, suivait de loin les vicissitudes des républiques et des tyrannies lombardes. […] Le jeune roi, qui l’épiait pour la surprendre en flagrant délit d’insurrection, marcha sur elle avec résolution ; ses troupes, dont il était l’idole, le suivirent ; il triompha en un jour, comme le roi de Suède Gustave, du parti qui avait voulu l’entraver.

623. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (3e partie) » pp. 5-79

« Cependant l’enfant avait suivi sa pièce du regard, et l’avait vu. […] On dirait : Non, je n’irai pas plus loin ; ce n’est pas là l’homme, c’est le cauchemar du scélérat, et, puisque l’auteur veut en faire le type de la vertu populaire, qu’il aille tout seul, je ne le suivrai pas dans ces précipices du paradoxe. […] Le pays, qui y gagne aussi, ne lui marchande pas la considération monétaire qui suit le succès commercial. […] Ils suivent les armées de l’Empire, comme des corbeaux, pour dépouiller les morts. […] On sort de cette lecture ivre et anéanti comme un enfant qui s’essouffle à suivre un géant.

624. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (2e partie). Littérature de l’Allemagne. » pp. 289-364

« Nous remarquions, dit-il, cependant, en 1858, que la force et la résistance physique diminuaient visiblement, que ce corps si remarquablement privilégié devenait infirme, de sorte qu’il ne pouvait plus obéir à la juvénilité de l’esprit et suivre ses impulsions. […] « Un long cortège de personnes de toutes conditions suivait immédiatement, puis, aussitôt, les équipages d’honneur et, en tête, les voitures de gala du roi et de la reine, attelées de huit chevaux, puis les voitures du prince régent, de tous les princes, de la diplomatie, etc., puis le cortège se prolongeait à l’infini. […] Cette marche des idées est diamétralement opposée à celle que je me propose de suivre. […] Que l’on suive la classification de mon maître Blumenbach en cinq races (Caucasique, Mongolique, Américaine, Éthiopique et Malaie), ou bien qu’avec Prichard on reconnaisse sept races (Iranienne, Touranienne, Américaine, des Hottentots et Bouschmans, des Nègres, des Papous et des Alfourous), il n’en est pas moins vrai qu’aucune différence radicale et typique, aucun principe de division naturel et rigoureux ne régit de tels groupes. […] « Le langage est une partie intégrante de l’histoire naturelle de l’esprit ; et bien que l’esprit, dans son heureuse indépendance, se fasse à lui-même des lois qu’il suit sous les influences les plus diverses, bien que la liberté qui lui est propre s’efforce constamment de le soustraire à ces influences, pourtant il ne saurait s’affranchir tout à fait des liens qui le retiennent à la terre.

625. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre quatrième »

Ses sœurs, qui étaient fort pieuses, suivaient avec le plus tendre intérêt ses progrès dans cette nouvelle voie. […] Telle est la force de cette logique, qu’elle nous engage invinciblement dans la situation de celui qui prie ; on oublie l’écrivain sublime pour le chrétien convaincu, et si l’on résiste à le suivre, ce n’est pas sans une secrète inquiétude. […] Il porte au front cette tristesse où la philosophie chrétienne a reconnu le souvenir d’une chute, et qui suit nos joies de plus près que l’ombre ne suit le corps. […] C’était la première qu’il eût suivie, ce fut la dernière où il persévéra. […] Chacun des grands écrivains qui ont suivi Pascal ont eu, non plus pleinement, mais plus exclusivement, chacune de ses qualités.

626. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 novembre 1885. »

Il se met à courir pour les rattraper ; mais impossible de les suivre. […] Des adolescents les suivent vêtus de bleu et de blanc. […] Il brandit la lance et fait signe au vieillard et à la femme de le suivre. […] Parsifal entre, suivi de Gurnémanz et de Kundry. […] Mais j’ai trop de foi dans l’unité de la nature humaine pour ne pas croire que les autres arts suivront un jour leur sœur dans sa lumineuse ascension.

627. (1856) Cours familier de littérature. I « Ier entretien » pp. 5-78

Quand j’y montais jusqu’au sommet avec les autres enfants du hameau pour suivre les chèvres, je n’apercevais que trois ou quatre villages à peu près semblables, qui tachaient de blanc le pied d’autres collines pareilles, ou qui fumaient le soir dans le bleu du firmament. […] « On les suit de l’œil dans les vignes des coteaux voisins. […] L’entretien qui interrompait ou qui suivait les lectures prenait naturellement le ton grave, léger ou sentimental du volume. […] Un chien blanc et une chèvre familière, suivie de deux ou trois chevreaux noirs, étaient toujours couchés ensemble sur les marches de l’escalier ou sur le mur en parapet de la galerie. […] Elles fermèrent à grand bruit l’une des deux portes de la maison qui ouvrait sur le péristyle ; les chèvres effarouchées les suivirent.

628. (1910) Rousseau contre Molière

Je crois du reste que le public est assez indifférent à l’ordre qu’on suit, pourvu qu’il y en ait un et qu’on s’y tienne. […] Il faut bien faire attention à cela ; il faut que j’y fasse bien attention moi-même au cours de l’examen qui va suivre. […] On ne les suit plus qu’avec le seul plaisir esthétique que peuvent donner les produits d’une imagination débridée. […] — Oui, c’est plus difficile à entendre tout d’abord ; mais suivez bien. […] Est-ce qu’il ne suit pas la nature tout simplement ?

629. (1892) Un Hollandais à Paris en 1891 pp. -305

Un farceur les suivit. […] Sa femme ne l’y suivit pas ; elle avait séparé son sort du sien. […] Nous croyons volontiers qu’il ne s’arrêtera pas au milieu de sa route ; et nous sommes prêts à le suivre. […] Pourquoi, au moyen âge, n’avons-nous pas suivi, tous, l’exemple des Lévy, qui se sont convertis ? […] Avez-vous jamais suivi l’histoire d’un mot à travers les âges ?

630. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre deuxième. La connaissance des corps — Chapitre II. La perception extérieure et l’éducation des sens » pp. 123-196

Une fois établi, d’après le second cas, que tel emplacement attribué à telle sensation n’est qu’apparent, il suit invinciblement que, dans le premier cas, le même emplacement attribué à la même sensation n’est rien non plus qu’apparent. […] Je me suis convaincu, par des recherches suivies, que le sentiment dont il s’agit ne se perd jamais entièrement. […] C’est le cas dans ces apparitions qui suivent l’usage prolongé du microscope, lorsque les centres visuels de l’encéphale rentrent spontanément à plusieurs reprises dans l’état où l’action de la rétine les a mis trop souvent et trop longtemps. […] D’autres conséquences suivent. […] Tel est l’état actuel. — Il suit de là que, lorsque aujourd’hui je touche une table, l’objet touché doit m’apparaître non seulement comme autre que moi, mais encore comme en dehors de moi et de ma superficie sensible.

631. (1772) Discours sur le progrès des lettres en France pp. 2-190

  On se lasse à la fin de suivre les mêmes traces. […] Son exemple fut suivi par ses successeurs. […]   Ces premiers beaux jours de la Littérature furent suivis de jours plus sereins & plus brillans encore. […] C’est ainsi que la décadence du goût suivit le beau siècle d’Auguste ; c’est ainsi que le nôtre touche peut-être de près à l’époque humiliante de l’ignorance des premiers siècles. […] Vous qui suiviez avec le même attrait & l’austère sagesse & l’aimable folie !

632. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. de Falloux » pp. 311-316

Je me rappelle avoir eu l’occasion de rencontrer alors, et dans la première semaine qui suivit, deux hommes d’État, très inégaux par l’âge, mais qui avaient pris grande part l’un et l’autre à ce qui n’était plus, et jetés tous deux de côté par la tempête ; je fus frappé de voir que si l’un, le plus jeune, était sombre, estimant tout perdu, la société s’écroulant dans l’anarchie et le monde penchant à sa ruine, l’autre (c’était M.  […] Ici, je ne suivrai pas M. de Falloux dans ce qui peut sembler trop conjectural ou trop vague.

633. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXIV » pp. 247-253

On a déjà réfuté en partie cette fausse vue qu’ils ont trop suivie d’ailleurs dans le système de leur traduction : en les lisant, et si l’on ne revenait au texte ancien, on serait tenté de croire par moment qu’ils ont raison. […] Ce sera le moyen de le tenir en laisse par une correspondance suivie et qui soit de nature à pouvoir être publiée dans les journaux, afin qu’il soit presque toujours en scène.

634. (1875) Premiers lundis. Tome III «  Chateaubriand »

L’auteur, en retraçant dans la figure de René son propre portrait de jeunesse, son portrait idéalisé, a par là même présenté comme un type de la maladie morale des imaginations à cette époque et pour les générations qui ont suivi. […] Mais trop pressé déjà par le temps, trop appelé et tenté par la politique et par ses passions dévorantes, il se hâta de dresser le monument de son souvenir ; il fit ses personnages un peu roides ; il les drapa : au lieu de donner le ton cette fois, il semble avoir suivi lui-même le goût des peintres de l’Empire.

635. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre III » pp. 30-37

Aussi Boileau lui-même y reconnaît-il « une narration également vive et fleurie, des fictions très ingénieuses, des caractères aussi finement imaginés qu’agréablement variés et bien suivis Il fut fort en estime même des gens du goût le plus exquis17 ». […] Le champ a été ouvert à toutes les médiocrités novatrices, qui, n’ayant pas la faculté de suivre les progrès faits, se sont placées sur des lignes abandonnées.

636. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Odes et Ballades » (1822-1853) — Préface de 1826 »

Les gouttes d’eau suivent leur pente et font des fleuves, qui feront des mers ; les semences choisissent leur terrain et produisent une forêt. […] À entendre des écrivains qui se proclament classiques, celui-là s’écarte de la route du vrai et du beau qui ne suit pas servilement les vestiges que d’autres y ont imprimés avant lui.

637. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre X. Suite du Prêtre. — La Sibylle. — Joad. — Parallèle de Virgile et de Racine. »

Tous deux polissent leurs ouvrages avec le même soin, tous deux sont pleins de goût, tous deux hardis, et pourtant naturels dans l’expression, tous deux sublimes dans la peinture de l’amour ; et, comme s’ils s’étaient suivis pas à pas, Racine fait entendre dans Esther je ne sais quelle suave mélodie, dont Virgile a pareillement rempli sa seconde églogue, mais toutefois avec la différence qui se trouve entre la voix de la jeune fille et celle de l’adolescent, entre les soupirs de l’innocence et ceux d’une passion criminelle. […] « Ma mère infortunée qui a suivi mes pas, et que n’ont pu retenir ni les rivages de la patrie, ni les murs du roi Aceste. » Il ajoute un instant après : …… Nequeam lacrymas perferre parentis.

638. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre V. Harmonies de la religion chrétienne avec les scènes de la nature et les passions du cœur humain. — Chapitre VI. Harmonies morales. — Dévotions populaires. »

Il suit de là que, plus un culte a de ces dévotions populaires, plus il est poétique, puisque la poésie se fonde sur les mouvements de l’âme et les accidents de la nature, rendus tout mystérieux par l’intervention des idées religieuses. […] Le capitaine marchait à leur tête, et le peuple suivait en chantant avec eux l’Ave, maris Stella.

639. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

Les livres, comme les générations, se suivent et ne se ressemblent pas. […] mais bien : Suivez-vous telle affaire ? […] Avez-vous suivi le procès de M. de Flers ? […] Suivi ! […] Je l’ai suivi comme on suit un domino au bal masqué.

640. (1914) L’évolution des genres dans l’histoire de la littérature. Leçons professées à l’École normale supérieure

Suivons ces idées à l’application. — Pourquoi la Règle des trois unités !  […] La critique suit le mouvement. […] Mais si nous voulons suivre exactement l’ordre des faits, nous sommes bien obligés de la diviser. […] Vous connaissez le mot de ce démocrate : « Il faut bien que je les suive, disait-il en parlant des siens, puisque je suis leur chef ». […] Cette division se rapporte également aux deux époques du monde, celle qui a précédé l’établissement du christianisme et celle qui l’a suivi.

641. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

Sans la note dont il a fait suivre sa pièce, nous n’en saurions rien. […] Certaines journées par lui contées se peuvent suivre heure par heure sur le cadran. […] Shakspeare suit avec attention le progrès de leur mal et leur fait franchir savamment tous les degrés qui mènent du bon sens à l’insanité. […] Ce souci le suit partout : « Je travaille mon bon Saint Antoine de toutes mes forces. […] D’autres suivent en blouse, se présentant au hasard de la marche, vieux, jeunes, juchés sur les chevaux achetés, ou bien à pied.

642. (1940) Quatre études pp. -154

Mais une formule comme celle qui suit a une valeur générale : « Le but de l’art est presque divin ; ressusciter, s’il fait de l’histoire ; créer, s’il fait de la poésie. […] Le lecteur doit savoir que Lénore est une promise, et que ce titre justifie en Allemagne le parti qu’elle prend de suivre Wilhelm17. […] Condillac, nous le voyons, suit ici les traces de Locke, son maître vénéré, et n’a d’autre ambition que celle de perfectionner sa doctrine. […] — Avec quelque restriction, il le suivra ; et il attribuera à la molécule organique la sensibilité élémentaire, l’individualisme et le dynamisme de la monade de Leibniz. […] Cette citation, ainsi que les deux qui vont suivre (Fontenelle, Dialogues des Morts.

643. (1903) La pensée et le mouvant

Combien plus instructive serait une métaphysique vraiment intuitive, qui suivrait les ondulations du réel ! […] C’est une succession d’états dont chacun annonce ce qui suit et contient ce qui précède. […] Mais la vérité est que notre esprit peut suivre la marche inverse. […] Il ne suit pas de là que la vérité soit arbitraire. […] Ce sont les travaux d’un écolier docile et intelligent, qui a suivi un cours bien fait.

644. (1894) La bataille littéraire. Septième série (1893) pp. -307

Mais les minutes lui sont comptées, et c’est à travers les voiles que l’agonie a tendus sur ses yeux qu’il lui faut suivre sur l’horloge le pas trop lent des aiguilles. […] On ne craint pas de voyager avec une jeunesse aussi saine, et c’est plaisir de la suivre où sa gentillesse et son cœur nous conduisent. […] Allait-il, comme les autres, suivre le quai, sans lever les yeux vers le logis enfoncé entre les maisons neuves ? […] Il la suit heure par heure. […] Suit un morceau de haut intérêt littéraire, « ce que La Fontaine doit aux autres et notamment au prince duc de Bourgogne ».

645. (1939) Réflexions sur la critique (2e éd.) pp. 7-263

Il l’a avoué pour le Maître qu’il a suivi dans ses romans. […] Albalat, qui, « ébloui, suit des yeux » M.  […] laissez-moi suivre mon petit bonhomme de chemin. […] Lettre suit. » (Lisez Où nous en sommes ? […] Quelles pentes suivrait-elle ?

646. (1894) Études littéraires : seizième siècle

Il s’en suivait qu’elle était en lutte avec tout le monde, avec tout ce qui n’était pas elle-même. […] Quand il l’a montré mort, quand il l’a enterré, il y revient encore longuement, comme à regret de s’en séparer et un peu dégoûté à l’avance de ce qui va suivre. […] En 1524 il suivit le roi en Italie et fut blessé et pris à Pavie. […] Elle est très nette, quoi qu’il paraisse, et parfaitement suivie, encore qu’errante. […] Il suivit à Spire Lazare de Baïf qui y allait pour diplomatie.

647. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff » pp. 237-315

Il la suivit dans une agitation fiévreuse. […] Il avait espéré que Boris viendrait vivre avec lui, et Boris l’engageait au contraire à suivre sa fille dans sa nouvelle demeure. […] Étienne suivit la chienne, et de nouveau essaya de la prendre, et de nouveau elle lui glissa des doigts. […] Ses compagnes voulaient la suivre. […] Erochka le voyant venir, se retira à l’écart, et l’ayant laissé passer, le suivit de nouveau à quelque distance.

648. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Cromwell » (1827) »

C’est une étude curieuse que de suivre l’avènement et la marche du grotesque dans l’ère moderne. […] D’où il suit qu’après ces abstractions, il restera quelque chose à représenter, l’homme ; après ces tragédies et ces comédies, quelque chose à faire, le drame. […] On répète néanmoins, et quelque temps encore sans doute on ira répétant : — Suivez les règles ! […] d’Aubignac a suivi les règles, Campistron a imité les modèles. […] Il a pour habitude de suivre à tout hasard ce qu’il prend pour son inspiration, et de changer de moule autant de fois que de composition.

649. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LEBRUN (Reprise de Marie Stuart.) » pp. 146-189

Qui dit transition dit quelque chose de relatif à ce qui précède et à ce qui suit. […] Tu verras comme moi s’alarmer ta tendresse, Surtout si c’est l’enfant sorti de ta vieillesse, S’il a survécu seul à ses frères nombreux, S’il est l’unique bien que t’aient laissé les Dieux, S’il est l’appui dernier d’une maison qui tombe, Et si tous ses aïeux le suivent dans la tombe. […] ……… Suivez, suivez Napoléon, Mes chants, de rivage en rivage, Et que puisse ainsi d’âge en âge Mon nom accompagner son nom ! […] Revenu pourtant à sa pleine liberté et obéissant à l’aiguillon d’une émulation généreuse, il put, durant les quinze années qui suivirent, attacher avec honneur son nom à des ouvrages étendus et médités : Marie Stuart, le Cid d’Andalousie et le poëme de La Grèce. […] La Marie Stuart de Brantôme, celle qui mourut sur l’échafaud et qui fit ses adieux à la France, était restée dans toutes les imaginations, victime intéressante, victime embellie : Coupable seulement des erreurs d’une femme, Vos fautes dans le ciel ne suivront pas votre âme !

650. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Charles Labitte »

Il s’était perfectionné, depuis les trois dernières années, de la manière la plus sensible pour qui le suivait de près. […] Il suivait ses classes au collége d’Abbeville ; il passait une partie des étés à la campagne de Blangermont près Saint-Pol, et, durant cette adolescence si peu assujettie, il apprenait beaucoup, il apprenait surtout de lui-même. […] Nous ne le suivrons point ici pas à pas dans la série d’articles qu’il laissa échapper durant les premières années, et qui n’étaient que le trop-plein de ses études constantes. […] Suivre les phases diverses de la chaire à travers la Ligue, c’est comme qui dirait écrire l’histoire des clubs ou des journaux pendant la Révolution française, c’est à chaque moment tâter le pouls à cette révolution le long de sa plus brûlante artère. […] Bernard ne chercha pas moins querelle à notre ami, qui n’était coupable que d’avoir suivi, dans le partage des rôles, les données constamment transmises, et de s’y être joué, comme on fait en lieu sûr, avec quelque complaisance. — Mais qui nous prouve que Pithou a réellement écrit la harangue de d’Aubray, que Passerat et Nicolas Rapin ont fait les vers, que Florent Chrestien… ?

651. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIe entretien. Madame de Staël »

La société et la législation n’ont fait que suivre ses indications. […] Ses yeux étaient noirs et bien ouverts, mais ils supportaient le regard avec trop de fermeté pour une jeune fille ; ses cheveux, noirs comme ses yeux, étaient naturellement bouclés, mais ils n’avaient pas cette finesse de tissu qui fait suivre mollement à la chevelure les contours du front, des joues, des épaules, et qui déplie un voile naturel sur la femme ; son front était large, carré, un peu trop haut comme celui de son père ; son nez régulier, mais large comme celui des fils de l’Helvétie, où la grasse fécondité du sol donne à la charpente du visage humain, comme à celle du bœuf de ces pâturages, un peu plus de matière et de solidité qu’il ne convient à la délicatesse des traits. […] Ses yeux suivaient les regards et les mouvements de ceux qui causaient ; on aurait dit qu’elle allait au-devant de leurs idées. […] M. de Staël, de son côté, s’engagea, par contrat, à ne jamais forcer sa femme à le suivre en Suède. […] La littérature en ce moment était exclusivement politique ; madame de Staël suivit d’autant plus naturellement ce courant qu’elle-même l’avait créé.

652. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre I. Les chansons de geste »

Cette spontanéité créatrice tendait incessamment à s’exercer : la légende suivait de près les événements. […] Il ne compose pas : il n’organise pas l’unité diffuse du sujet par la dépendance et la proportion des parties ; il suit l’action, il ne la conduit pas. […] Chants épiques, bien entendu, non poème unique et suivi : naissance de Mérovée ; exil de Childéric ; mariage, baptême, guerres de Clovis ; la biche qui lui découvre un gué ; les murs croulant au son des trompettes ; meurtres des chefs francs, etc. […] L’assonance consiste dans la répétition de la dernière voyelle accentuée, tandis que la consonance (notre rime moderne) porte sur la voyelle accentuée et sur les consonnes et voyelles qui la suivent. — Je ne parle pas du vers octosyllabique qui se rencontre dans la seule chanson de Gormont, et dans le poème d’Alberic sur Alexandre : l’emploi de ce vers est très exceptionnel dans l’épopée française ; c’est le mètre ordinaire des romans bretons. […] Je suivrai pour les vers de l’ancienne langue que je traduirai l’excellente règle donnée par M. 

653. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, le 8 décembre 1885. »

… Quel était votre chemin, délicat artiste, subtil et charmeur, caressant, si moderne en vos sensualités et vos mysticismes attifés ; de vous sont les sensations mièvrement féminines, et très nôtres, très actuelles, très parisiennes : des rêveries, des poèmes d’un songe printannier, une chanson de passant, des poèmes d’amours, une fête napolitaine, un soir d’Alsace que vous avez rêvé en votre esprit d’affiné, des danses de bayadères-pierrettes, des soupirs de Madeleines en satins et soies, une sensation ; et quelque action imaginaire et impossible, que l’on suive, yeux demi clos, dans le confort d’une heure joyeuse ; quelque chimérique action où s’enrouleraient les chœurs et les belles cavatines, les marches, les ballets qui de votre pensée diraient mieux les gentillesses, — un moderne opéra, Papagena ou Manon, — les fines émotions d’une vie légère, légèrement créée, — et jamais Wotan, ni Tristan, ni Kundry. […] Le fidèle vassal avait pour son roi demandé celle qu’il ne voulait pas s’avouer aimer, Isolde, qui, fiancée de son maître, le suivait, parce qu’impuissante elle devait suivre le demandeur. […] Il est intéressant de suivre les modifications rapides de se motif, pages 159 et 160. […] Motif 51 (p. 158, 186, 187, 189, 190, 193, 196, 197, 198, 199, 201, 239, 240, 243, 251, 273, 274, 275, 276, 277, 278, 280, 281, 359). — En général ce motif, qui est celui de Beckmesser surtout, est hostile à Walther, mais il est surtout caractéristique des malheurs du greffier, et il règne surtout pendant le charivari qui suit la sérénade. […] J’ai suivi la grande édition in-4 de l’éditeur Schott, plus complète que l’édition in-8 : pour cette raison j’ai dû m’en tenir au texte allemand ; la réduction française de M. 

654. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Taine » pp. 305-350

Je l’ai suivi un peu partout, et je m’en vais le suivre encore. […] Cette méthode à l’aide de laquelle il étudie et construit l’Histoire est la méthode positiviste, la dernière méthode connue, — les méthodes étant comme les jours, qui se suivent et qui ne se ressemblent pas. […] Mais l’homme de talent, que je mets bien au-dessus du savant, y perdrait, de s’être mis dans les brassières d’une méthode, au lieu de suivre l’inspiration, qui domine toutes les méthodes quand on se sent la vocation d’écrire l’Histoire. […] Toujours est-il que, dans son histoire des Origines de la France contemporaine, il n’est et ne veut être que l’anatomiste impassible de la société dont nous sommes sortis avec la maladie héréditaire qu’engendre toute race et qu’elle lègue à la race dont elle est la mère et qui la suit. […] Les chefs réels, ceux qu’on suit, c’est Jourdan coupe-tête… c’est le premier coupe-tête venu, qui en a une au bout d’une pique !

655. (1769) Les deux âges du goût et du génie français sous Louis XIV et sous Louis XV pp. -532

Les Arts d’imitation se suivent dans leurs progrès. […] J’ignore s’il approuvera la marche que j’ai moi-même suivie. […] Tous s’efforçaient de la chanter & de la suivre. […] C’est, à peu près, aussi la marche que suit M. […] Corneille pourra être moins suivi sans devoir être moins estimé.

656. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — II. (Suite.) » pp. 155-174

Trois pourtant des sept cavaliers, les mieux montés, lui dirent adieu et, donnant de l’éperon, lui échappèrent ; les quatre autres le suivirent, non sans lui avoir mis en main la cornette blanche semée des croix noires de Lorraine, l’étendard principal de l’armée ennemie ; il n’était pas de force à la tenir longtemps, et il fut bientôt obligé de la confier à un page du roi qu’il rencontra. […] Il était suivi du valet de chambre monté sur une haquenée anglaise, lequel portait sur lui la casaque de son maître, casaque de velours orangé à clinquant d’argent, et, en la main droite, des tronçons d’épées, de pistolets et armes diverses, et des lambeaux de panaches, de son maître également, le tout lié en faisceau et formant trophée : Après cela, disent les secrétaires s’adressant à Rosny, vous veniez dans votre brancard (brancard fait à la hâte de branches d’arbres, surmonté de cercles de tonneaux), couvert d’un linceul seulement ; mais par-dessus, pour parade des plus magnifiques, vos gens avaient fait étendre les quatre casaques de vos prisonniers, qui étaient de velours ras noir, toutes parsemées de croix de Lorraine sans nombre en broderie d’argent ; sur le haut d’icelles les quatre casques de vos prisonniers avec leurs grands panaches blancs et noirs, tout brisés et dépenaillés de coups ; et contre les côtés des cercles étaient pendus leurs épées et pistolets, aucuns brisés et fracassés ; après lequel brancard marchaient vos trois prisonniers, montés sur des bidets, dont l’un, à savoir le sieur d’Aufreville, était fort blessé, lesquels discouraient entre eux de leurs fortunes… Après les prisonniers venaient le surplus des domestiques, puis la compagnie des gens d’armes et les deux compagnies d’arquebusiers, ou du moins ce qui en restait, non sans plus d’un brancard encore pour les blessés, et sans bien des têtes bandées ou des bras en écharpe : toute une ambulance victorieuse. […] Il prétend que ce gouvernement de Gisors lui appartient, et, le roi le lui refusant, toujours par les mêmes raisons de ne porter ombrage aux seigneurs catholiques, Rosny s’irritera encore, criera au passe-droit, et fera au roi les mêmes reproches qu’au lendemain d’Ivry : À tous lesquels reproches, il (le roi) ne vous répondit jamais autre chose sinon : « Je vois bien que vous êtes en colère à cette heure ; nous en parlerons une autre fois » ; et s’en alla d’un autre côté ; puis, vous voyant avoir fait de même, il dit à ceux qui le suivaient : « Il le faut laisser dire, car il est d’humeur prompte, et soudaine, et a même quelque espèce de raison ; néanmoins, il ne fera jamais rien de méchant ni de honteux, car il est homme de bien et aime l’honneur. » Voilà la mesure des bouderies de Sully, et le mot de Henri sur son compte demeure le vrai. […] Partant, prenez patience aussi bien que moi, et continuez à bien faire. » Cette grande et colossale fortune de Sully, ai-je dit, est lente à se construire et à s’élever : au moment où Henri IV entre dans Paris et pendant les années qui suivent, il n’est que simple conseiller d’État.

657. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — I. » pp. 495-512

Grâce à lui, on peut suivre le roi saint Louis dans son intérieur, dans ses habitudes de conversation et de propos, aussi bien que dans ses exploits et dans ses guerres. […] L’éditeur, Antoine-Pierre de Rieux, au lieu de suivre son manuscrit et de le reproduire, se vante dans sa dédicace à François Ier de l’avoir remanié et corrigé. […] Comme tous les jolis récits et les anecdotes de Joinville, qui remplissent la première moitié de son Histoire, ne se rapportent qu’à un temps postérieur à la croisade et aux années qui suivirent le retour, je remettrai d’en parler jusque-là, et je le prendrai au moment où lui-même commença de connaître saint Louis, et de s’attacher à ce prince, c’est-à-dire au début de la croisade. […] Le roi leur distribua ces capes dont ils se revêtirent, et ils le suivirent à la messe.

658. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — I. » pp. 204-223

Il montre, dans ces grandes perturbations financières, la souffrance frappant surtout et d’abord les artisans des villes, et il en suit les conséquences dans les diverses classes de la société telle qu’elle était constituée alors : La souffrance gagne toutes les classes de citoyens par une espèce d’ondulation, jusqu’à ce que l’État ait repris un peu de consistance. […] La mère de Duclos, sans le savoir avec précision, sent bien qu’il se dissipe à Paris et qu’il n’y suit pas son cours de droit en jeune homme studieux ; elle le rappelle à Dinan et le presse sur le choix d’un état. […] Si nous avions le temps de le suivre dans l’entresol du docteur Quesnay chez Mme de Pompadour, et de l’y entendre parlant des Bourbons et de leur race, et les louant de verve et comme par mégarde, nous trouverions en lui le type, en quelque sorte, du bourru flatteur. […] Les bons chapitres de Duclos n’ont que l’inconvénient d’être d’une observation morale trop suivie, trop continue, sans rien qui y jette du jour et de la lumière ; ils sont semés de jolis mots qui gagneraient à être détachés, et qui sont faits pour circuler comme des proverbes de gens d’esprit : L’orgueil est le premier des tyrans ou des consolateurs.

659. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le baron de Besenval » pp. 492-510

Besenval n’avait pu suivre cette œuvre de réforme en toute rigueur sans se faire bien des ennemis parmi ses compatriotes. […] Il en fit surtout lorsque, après vingt-cinq ans de disgrâce, il reparut sous Louis XVI et vint tout glacer et déjouer dans les projets sérieux qui s’agitaient alors, et qu’il eût été si urgent de suivre et d’accomplir avant l’heure de l’assaut populaire. […] De tels éclats de rire déchirent le cœur, et, si spirituels que soient les gens, rien ne ressemble plus à des rires de fous, quand on sait quels écroulements il s’en est suivi et quels rochers menaçaient déjà de tomber sur toutes les têtes. […] L’inconvénient de ce qu’on appelle les mémoires de Besenval, à la lecture, est d’être décousus, de n’offrir que des chapitres morcelés et qui ne se suivent pas.

660. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — III — Toujours Vauvenargues et Mirabeau — De l’ambition. — De la rigidité » pp. 38-55

Vous n’êtes donc pas fait pour vivre comme lui ; le repos vous est dangereux ; il vous faut tenir loin de vous ; votre cœur ne peut vous verser que le fiel dont il est pétri… Dans ce qui suit, et à dessein de détourner son impétueux ami de quitter le service, Vauvenargues le raille avec une légère ironie sur ce plan un peu trop doux de vie heureuse et toute privée, sur cette félicité tempérée et dans le goût d’Horace, qu’il se promet trop complaisamment. […] Mais, en solitaire qu’il est, il suit jusqu’au bout son idée et ne la quitte point. […] Un homme amolli me touche, s’il a l’esprit délicat ; la jeunesse et la beauté réjouissent mes sens, malgré l’étourderie et la vanité qui les suivent ; je supporte la sottise, en faveur du naturel et de la simplicité, etc. […] Dans les lettres qui suivent, la discussion continue et traîne un peu sur ce thème de l’éducation sociale du chevalier, Vauvenargues s’y dessinant de plus en plus comme un maître de grâce sérieuse et persuasive, et Mirabeau se redressant bientôt en homme de race et en patricien opiniâtre qui ne veut rien retrancher des défauts et qui entend respecter jusqu’aux tics de la famille.

661. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Étienne-Jean Delécluze, (suite et fin) »

Horace a remarqué que presque aucun mortel n’est content de son sort, et qu’on est disposé plutôt à louer et à envier ceux qui suivent des conditions différentes. […] Delécluze dont le bruit transpira peu à peu dans le monde lettré, furent bientôt très suivies, très animées ; jamais une femme n’y parut ; mais, en fait d’hommes, de jeunes hommes, ce qu’il y avait de plus distingué alors par l’esprit, par les prémices du talent, y venait, et la conversation y était souvent charmante ou du moins très amusante. […] À plus forte raison dut-il-penser de la sorte à Paris dans les années qui suivirent. […] » Je ne suivrai pas Étienne dans l’idée qu’il veut nous donner de divers autres salons, « tels qu’ils étaient tenus, dit-il, en 1826 » il a de ces expressions singulières et naturellement inélégantes.

662. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Le maréchal de Villars. »

De même le Français serait incomplet, qui applaudirait le Cid en son beau temps et qui ne suivrait pas dans son vol d’aigle et dans ses soudains mouvements la victoire de Rocroy ; de même encore, un Prussien qui, se reportant à l’époque de Frédéric, posséderait son Lessing et qui ignorerait la victoire de Leuthen. […] L’année qui suivit Malplaquet, dans la campagne de 1710, Villars, assez mal remis, de sa blessure, eut d’abord pour adjoint le maréchal de Berwick, comme il avait eu l’année précédente le maréchal de Boufflers. […] Villars, dans ses Mémoires, parle avec grand dédain et pitié de cette campagne de 1711, si peu féconde en entreprises et en résultats, et où l’on se ruinait misérablement en détail : l’historien des Mémoires militaires, qui a suivi de près le général dans ses moindres mouvements et dans ses lettres au roi et au ministre, lui rend plus de justice pour « la fermeté de ses vues, la justesse de ses combinaisons et la précision de ses manœuvres », pour être parvenu aussi à rétablir le bon esprit et la confiance dans l’officier et le soldat : « En résumant, dit-il, les détails contenus dans ce Mémoire, et en se rappelant non seulement les progrès que les alliés avaient faits la campagne précédente sur les frontières du royaume, mais aussi les vastes projets que leurs généraux avaient formés pour celle-ci, il est difficile de refuser à M. le maréchal de Villars la gloire d’avoir, pour la troisième fois, sauvé la France. » II. […] Denain, le salut de la France, les beaux sièges qui suivent, tout cela est d’un homme heureux, trop heureux pour ne pas être digne des faveurs de la fortune.

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