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560. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre IV. La folie et les lésions du cerveau »

Dans l’état normal, ce même fait se reproduit souvent : nous sentons notre esprit traversé par des idées fortuites, accidentelles, qui rompent la suite de nos conceptions ; mais nous avons la force de les écarter pour suivre un certain ordre d’idées, ou, si nous nous y livrons, c’est avec conscience, et sans prendre des rapports tout subjectifs pour des rapports réels. […] Si je viens à ressentir une grande douleur morale dans le moment où je suis occupé d’un travail intellectuel, je deviens incapable de le continuer, et si je veux m’y forcer, je ne sens mes idées ni si vives, ni si faciles, ni si suivies qu’auparavant. […] N’est-ce pas comme si l’on disait : J’apprends la nouvelle de la mort d’un ami ; cette nouvelle imprime une secousse anormale à mon cerveau, et à la suite de cette secousse j’éprouve une grande douleur, d’où il suivrait que le chagrin causé par la mort d’un ami ne serait en réalité que la conséquence d’un mal de tête.

561. (1860) Ceci n’est pas un livre « Mosaïque » pp. 147-175

* *  * Je suivais dernièrement le convoi d’un compositeur sexagénaire, mort en alignant des caractères d’imprimerie, sur le dernier feuilleton des Drames de Paris. […] * *  * Depuis quelque temps, je suis en proie à des préoccupations philologiques qui ne me laissent pas de repos. — Suivez bien mon raisonnement. […] Le farniente au travail, — mauvaise habitude ; Un fauteuil moelleux à une chaise de paille, mauvaise habitude ; L’étudiant aime mieux suivre une jolie femme que les cours de l’École, — mauvaise habitude !

562. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La Chine »

… Et malgré la plus excessive bienveillance, peut-on vraiment appeler méthode une enfilade de chapitres qui se suivent, comme les moutons de Dindenaut, et qu’on a cru classés parce qu’on leur a noué à la tête la plate cocarde d’une étiquette ? […] Sera-ce le Chinois, le Chinois, le plus faible de tous les peuples, qui se multiplie par la polygamie et se consomme par l’infanticide ; dont les troupes innombrables n’ont pu résister, même avec de l’artillerie, à quelques hordes armées de flèches ; qui, même avec l’imprimerie et quatre-vingt mille caractères, n’a pas su encore se faire une langue que l’étranger puisse apprendre ; qui, avec quelques connaissances de nos arts et la vue habituelle de notre industrie, n’a pas fait un pas hors du cercle étroit d’une routine de plusieurs mille ans… peuple endormi dans l’ombre de la mort, cupide, vil, corrompu, et d’un esprit si tardif qu’un célèbre missionnaire écrivait qu’un Chinois n’était pas capable de suivre dans un mois ce qu’un Français pourrait lui dire dans une heure. […] — suivies de changements de dynasties, qui sont, en Chine, l’événement le plus ordinaire, et l’on dirait presque le plus habituel.

563. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Roger de Beauvoir. Colombes et Couleuvres. »

Suivez-moi bien loin, — bien loin des méchants ! […] Colombes, c’est vous que mon vol va suivre ! […] À nos yeux c’est un livre charmant en beaucoup d’endroits et qu’on peut regarder comme un progrès dans la manière de l’auteur, mais nous espérons bien que ce progrès sera suivi d’un autre ; que là n’est pas le dernier effort du poète et son dernier résultat.

564. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. —  première partie  » pp. 126-268

Il est bien vrai que j’étais vivement menacé de ce sequestre, etc… » (Suivent des détails sans intérêt.) […] Nous pourrions le suivre cet hiver-là d’assez près. […] Il ne vise pas à l’effet, mais il l’atteint, si l’on consent à le suivre. […] Nous continuerons de le suivre. […] Cousin dans tout ce qui suit.

565. (1906) Propos de théâtre. Troisième série

Il suit Euripide pas à pas. […] Il le suit presque toujours docilement. […] Rivollet suit Euripide pas à pas. […] Ce serait à suivre, les deux textes en main, de très près. […] Il n’y avait ici qu’à suivre le texte ; mais encore il fallait le suivre avec intelligence et avec l’entente de la scène.

566. (1893) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Cinquième série

J’en vois aussi de tout à fait actuelles, et, naturellement, ce sont surtout celles-ci que je développerai dans les pages qui suivent. […] C’est seulement sa nature intellectuelle que nous voudrions dégager de l’ensemble de ses Œuvres — suivre ensuite à la piste les idées qu’il a jetées dans la circulation ; — et mesurer enfin l’influence qu’il a exercée sur son temps, comme sur celui qui l’a suivi. […] Esprit fragmentaire et décousu — nous l’avons dit, et on a vu qu’il l’avouait lui-même, — c’est un travail que de le suivre. […] Mlle de la Force suivi le conseil du bonhomme. […] Le luxe l’accompagne, et les agréments la suivent.

567. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

Léon Gautier, y découvre-t-il un plan suivi, qu’il distribue en trois parties, et tel autre, M. Paulin Paris, en cinq parties, un autre plan non moins suivi. […] Fillon va plus loin que nous ne pouvons le suivre, quand il veut que la troupe ait donné des représentations à Angoulême. […] Ils ne firent pourtant que suivre le mouvement, ils ne le créèrent pas. […] « Dans la bagarre qui suivit, il y eut un mort et plusieurs blessés.

568. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Littré. »

Émile était externe et suivait, ainsi que son frère, les classes à Louis-le-Grand. […] Littré, je suis obligé de prendre un parti et de diviser l’homme, sans quoi je ne pourrais le suivre de front dans tous les ordres de travaux. […] Ces travaux si voisins, et qui nous intéressaient de si près, étaient généralement inconnus parmi nous ; chacun suivait sa voie de routine sans profiter des efforts d’autrui et sans être informé des résultats obtenus ailleurs. […] En général, c’est ce qu’on peut opposer au procédé que suit en tout sujet l’esprit de M.  […] Il a mené tous ses grands travaux dans le plus humble et le plus étroit logis, ne s’isolant même pas de sa famille, attentif à suivre son idée et sa composition, tandis que la causerie du soir se fait à voix basse tout à côté.

569. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe » pp. 81-160

« La jeune fille prit quelques flacons vides et sortit ; je la suivis des yeux avec admiration. […] De nombreux suicides suivirent en effet ici la lecture de ce livre. […] Suivez avec attention l’analyse de ce poème épique en dialogue, que nous allons feuilleter avec vous. […] Il entre, suivi de Wagner et du chien, par la porte sombre de la ville. […] Méphistophélès l’y a suivi, comme le doute suit la foi, pour l’empêcher de s’enraciner dans l’âme pieuse.

570. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (2e partie) » pp. 161-239

De temps en temps aussi passait l’orfraie, suivie d’un aigle à tête blanche ; et leurs mouvements gracieux, au sein des airs, emportaient ma pensée bien loin au-dessus d’eux, dans les régions du ciel les plus sereines, et me conduisaient ainsi délicieusement et en silence jusqu’au sublime auteur de toutes choses. […] En conséquence, saisissant chacun de mes gros oiseaux, je les lançai l’un après l’autre sur la rive opposée, puis mon fusil, ma poire à poudre et mon carnier, et, tirant du fourreau mon couteau de chasse pour me défendre, s’il en était besoin, contre les alligators, j’entrai dans l’eau, suivi de mon chien fidèle. […] Mon camp ne se trouve pas loin d’ici ; et comme je sais que vous ne pouvez regagner votre demeure, ce soir, si vous consentez à me suivre, je vous donne ma parole d’honneur que vous serez en parfaite sûreté jusqu’à demain matin. […] Et comme j’avais conscience de le valoir tout au moins, et d’avoir en plus mon chien pour me seconder, je lui répondis que je voulais bien le suivre. […] Involontairement mes yeux suivaient leurs mouvements ; mais, croyant reconnaître en eux un profond désir de faire de moi leur confident et leur ami, je me relâchai peu à peu de ma défiance, et finis par mettre de côté tout soupçon.

571. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VIII »

Le cadre général et les noms sont empruntés au poème allemand de Gottfried de Strasbourg ; mais dans plusieurs points essentiels il ne le suit pas, mais il suit au contraire les poètes français. […] On peut suivre comment peu à peu la rime s’introduit et devient harmonieuse par la parfaite consonance de deux syllabes, et comment l’allitération, moins suivie mais cependant persistante, tend aussi à s’effacer par le choix de consonnes douces, telles que w et l. […] Or, grâce à la combinaison de la parole et de la musique nous pouvons suivre et revivre en nous-mêmes, pas à pas, toute l’évolution de ces âmes. […] » Dans l’œuvre elle-même on suit pas à pas le développement de la théorie Schopenhauérienne. […] Il rencontra Wagner à Paris dans les années 1830 et lui resta fidèle durant les vingt années qui suivirent.

572. (1926) L’esprit contre la raison

Le non-sens d’une telle formule est trop facile à éprouver et même, en dépit de sa grise humilité, comment admettre que ladite raison puisse épouser la matière, suivre les contours des choses ? […] Nous les avons suivis jusqu’au plan où Max Ernst nous dit qu’« au-dessus des nuages marche la minuit. […] André Breton, Manifeste du surréalisme, suivi de Poisson soluble, éditions du Sagittaire, Simon Kra, octobre 1924, O.C. t.  […] On continue discrètement de suivre ici par le relais de la citation d’Aragon les étapes d’un nouveau statut de l’esprit cheminant dans le surréalisme, et incidemment de reprendre le récit de fondation, avec la découverte de l’écriture automatique. […] La phrase anticipe la citation qui suit ; on reconnaît presque mot pour mot: « Nous vivons encore sous le règne de la logique, voilà, bien entendu, à quoi je voulais en venir.

573. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Voiture. Lettres et poésies, nouvelle édition revue, augmentée et annotée par M. Ubicini. 2 vol. in-18 (Paris, Charpentier). » pp. 192-209

Malgré l’amitié de M. d’Avaux, son ancien condisciple, avec qui il avait renoué un commerce familier, il ne brillait encore que dans les cercles bourgeois, lorsque M. de Chaudebonne, l’ayant un jour rencontré dans une maison, lui dit : « Monsieur, vous êtes un trop galant homme pour demeurer dans la bourgeoisie ; il faut que je vous en tire. » Par lui Voiture fut présenté chez la marquise de Rambouillet, l’oracle du mérite et de la politesse, et dès ce moment il entra dans sa vraie sphère ; il n’eût plus qu’à suivre sa vocation, qui était d’être le bel esprit à la mode dans une société d’élite. […] Il naviguait à fleur d’eau sur les courants du jour, s’amusant à y suivre ou à y précéder les autres, et à y faire mille jeux ; déroulant ses flatteries, dérobant ses malices. […] Suit toute une histoire burlesque de ce supplice à la Sancho-Pança, où s’entremêlent de fins compliments pour celle à qui il écrit ; on appelait cette lettre la lettre de la berne, elle était fameuse en son temps. […] Attaché à Monsieur (Gaston, frère du roi) en qualité d’introducteur des ambassadeurs, il dut suivre par fidélité son maître dans quelques-unes de ses équipées et de ses folles aventures.

574. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Sénecé ou un poète agréable. » pp. 280-297

Émile Chasles, qui, fort jeune, soutient par des travaux solides et avec une application suivie un nom brillant dans les lettres, se trouvant il y a peu d’années professeur à Mâcon, eut l’idée de rassembler tout ce qu’il pourrait recueillir sur le poète de cette province le plus célèbre avant M. de Lamartine. […] L’Espagnol Gongora prétend savoir le bon chemin et l’indique ; Annibal Caro et les Italiens, parmi lesquels Chiabrera, en indiquent un autre ; puis des Allemands, parlant un latin gothique, veulent en suivre un troisième : on les laisse aller, ils se perdent chacun de son côté ; les Espagnols, dans des taillis de pointes épineuses ; les Italiens sur des hauteurs et des escarpements lyriques qui mènent à des précipices ; les Allemands, dans des marécages. Le gros de la troupe, qui n’a pas suivi ces enfants perdus, après avoir tenu conseil, se résout, sur la proposition de Catulle, à prendre Virgile pour guide. Virgile remercie modestement de l’honneur qu’on lui fait, et expose son plan et la marche qu’il faut suivre pour arriver au susdit Bon Goût ; il donne à l’avance la carte du pays environnant, en homme qui l’a beaucoup pratiqué : La principale difficulté, dit Virgile, est de sortir de ce labyrinthe que nous avons devant les yeux ; mais j’espère y réussir.

575. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Madame Bovary par M. Gustave Flaubert. » pp. 346-363

Charles Bovary fils (car il a un père qui nous est dépeint aussi d’après nature) nous est montré dès le temps du collège comme un garçon rangé, docile mais gauche, mais nul ou incurablement médiocre, un peu bêta, sans distinction aucune, sans ressort, sans réponse à l’aiguillon, né pour obéir, pour suivre pas à pas une route tracée et pour se laisser conduire. […] Les adieux contraints, les chagrins étouffés, les nuances inégales de ce qui leur fait l’effet tout bas d’être un désespoir, le regret qui s’augmente chez elle par le souvenir et qui s’exalte après coup à l’aide de l’imagination, ce sont là des analyses parfaitement suivies et nettement creusées. […] Nous la suivrons de moins près désormais. […] Bovary, qui suit de près, est touchante et intéresse à ce pauvre excellent homme.

576. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. »

1815, par exemple, et ce qui suivit immédiatement la tempête des Cent-Jours, qui nous en rendra le vif sentiment ? […] On peut tout dire, on ne peut exagérer les sentiments de fureur et de frénésie qui transportèrent les hautes classes de la société blanche à l’occasion des procès de La Bédoyère, de Ney, de celui de M. de Lavalette avant et après son évasion ; on n’a pas exagéré non plus les horreurs qui sillonnèrent le Midi et qui y firent comme un long cordon d’assassinats depuis Avignon, Nîmes, Uzès, Montpellier, Toulouse, toutes villes en proie à l’émeute et où l’on suit à la trace le sang de Brune, des généraux La Garde, Ramel, et de tant d’autres, jusqu’à Bordeaux où l’on immolait les frères Faucher. […] Berryer et Dupin, et contre le système de défense qu’ils avaient adopté dans l’affaire du maréchal Ney, à des invectives tellement violentes, qu’il faut les citer textuellement, parce qu’aucune analyse n’en donnerait une juste idée : « A Dieu ne plaise, disait-il, que nous suivions jamais l’exemple qui nous a été donné dans une affaire récente dont les détails ont longtemps lasse notre patience… Nous avons une plus juste idée des devoirs que nous impose notre ministère, et si jamais ils se trouvaient, en opposition avec nos devoirs et nos sentiments de citoyens, notre choix ne serait pas douteux. […] Ils étaient accusés d’avoir, faisant partie de la garde urbaine, aidé la force militaire à repousser des émeutiers massacreurs le 27 juin 1815, c’est-à-dire dans l’espèce d’interrègne qui avait suivi la nouvelle de la perte de Waterloo ; ils avaient rempli leur devoir de citoyens et avaient été appelés régulièrement à faire partie de la force publique : ce furent les émeutiers, le lendemain triomphants, qui se vengèrent, les dénoncèrent, et auxquels la Cour prévôtale donna raison par une fiction rétroactive : condamnés à mort, ils furent presque immédiatement exécutés, le même jour, de nuit, à la lueur des flambeaux.

577. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis du Belloy (suite et fin.) »

On est touché sans qu’il y ait un mot de trop qui l’indique, ni aucun étalage de repentir, du sentiment dont est pénétrée cette courtisane mourante, et de cette pitié qu’elle a pour une pauvre enfant qu’elle ne voudrait à aucun prix, non pas voir (elle n’y sera plus), mais prévoir sur la même voie et dans les mêmes traces qu’elle-même a suivies. […] Remarquez, dirai-je à ceux qui voudraient suivre de près le texte, cet expectatum qui marque si bien la longueur de l’attente, ce tamen rejeté si joliment à la fin. […] Quand il arrive sur la scène, comme un jeune chien en défaut, courant, hors d’haleine, ayant perdu la piste de la beauté qu’il suivait, qu’il brûlait d’aborder, qu’un maudit fâcheux lui a fait tout d’un coup manquer, quel jeu de passion ! […] Ne rencontrerai-je pas une âme, pas un curieux qui me suive, qui me persécute et m’obsède de questions, pourquoi je suis gai, pourquoi je bondis, où je vais, d’où je viens, où j’ai pris cet habit (il est encore déguisé), ce que je cherche, si je suis sain d’esprit ou fou ? 

578. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Observations sur l’orthographe française, par M. Ambroise »

Il est d’avis de ne pas s’arrêter sans doute à l’orthographe impertinente de Ramus, mais aussi de ne pas s’asservir à l’ancienne orthographe, « qui s’attache superstitieusement à toutes les lettres tirées des langues dont la nôtre a pris ses mots » ; il propose un juste milieu : ne pas revenir à cette ancienne orthographe surchargée de lettres qui ne se prononcent pas, mais suivre l’usage constant et retenir les restes de l’origine et les vestiges de l’antiquité autant que l’usage le permettra. […] « À propos de l’Académie, écrivait-il à son confrère le président, il y a six mois qu’on délibère sur l’orthographe ; car la volonté de la Compagnie est de renoncer, dans la nouvelle édition de son Dictionnaire, à l’orthographe suivie dans les éditions précédentes, la première et la deuxième ; mais le moyen de parvenir à quelque espèce d’uniformité ? […] L’abbé de Saint-Pierre, qui fut le premier à réagir contre la mémoire de Louis XIV, faisait imprimer ses écrits dans une orthographe simplifiée qui lui était propre ; mais le bon abbé tenait trop peu de compte, en tout, de la tradition, et on ne le suivit pas. […] Je ne puis tout dire et je ne prétends en ce moment que signaler l’estimable et utile travail, depuis longtemps réclamé, que l’Académie vient d’entreprendre, en l’exhortant (sous la réserve du goût) à oser le plus possible ; car ses décisions qui seront suivies et feront loi peuvent abréger bien des difficultés, et, notre génération récalcitrante une fois disparue, les jeunes générations nouvelles n’auront qu’à en profiter couramment.

579. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet »

L’histoire de Malouet, à cette époque et depuis, se compose presque tout entière des abus, des iniquités dont il est témoin, contre lesquelles il lutte, même quand il en est en partie l’instrument ; des bons conseils qu’il donne et qu’on ne suit pas ; des utiles réformes qu’il propose, qu’il consigne dans des rapports et qui restent la plupart sur le papier. […] Inflexible dans la modération, il y portait un peu de roideur et n’évitait pas l’isolement : d’où vient qu’il fut toujours plus estimé qu’écouté, et plus écouté que suivi. […] Ce qui est vrai, c’est qu’il y a profit et plaisir à suivre Malouet dans ce voyage d’exploration en Guyane, dans ses visites chez les principaux colons, à les écouter, comme il fit lui-même, exposant chacun leurs observations pratiques. leurs expériences variées et concordantes sur ce sol trompeur qui rendait si vite, mais qui s’épuisait si promptement ; à le suivre encore dans ses courses à travers les forêts, à noter, chemin faisant avec lui, de curieux phénomènes d’histoire naturelle concernant les fourmis, les serpents, les singes, et en général sur les mœurs des animaux, qui, n’étant gênés par rien dans ces vastes solitudes, y forment librement des groupes et y atteignent atout le mode relatif de sociabilité dont ils sont capables.

580. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. PROSPER MÉRIMÉE (Essai sur la Guerre sociale. — Colomba.) » pp. 470-492

C’est ainsi qu’au sein de chaque sujet, de chaque situation donnée, il a opéré avec une sorte de détermination certaine et suivie, qui ne perdait aucun de ses coups. […] Nous n’avons pas à suivre M. […] Dirai-je qu’on reconnaît ici, sous la marche couverte et le procédé rigoureux de l’historien, un indice de cette sympathie qui l’a porté, en ses œuvres d’imagination, à suivre de près, à reproduire tour à tour le Corse, l’Illyrien, l’Espagnol en Fionie, les résistances héroïques et sauvages ? […] Le matin on a suivi Rob-Roy en son Écosse ; on se fait Klepte tout un soir, et l’on se jette dans le mâquis du fond de son fauteuil.

581. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre IV »

Il avait d’ailleurs, sur une note assez désinvolte, répondu à ce sujet au Dr Cabanès en 1891 : … Je n’ai fait aucune étude médicale suivie, j’ai lu beaucoup de livres de médecine, de physiologie et de biologie : Le dictionnaire de Robin et de Littré, le livre de Broca, avec préface de Pozzi, la clinique de Charcot, l’anthropologie de Bossu, mais tout cela bien décousu et bien incohérent. » Il termine finement : « … Je ne crois pas beaucoup à la médecine, ce qui me permet d’aimer beaucoup les médecins, n’ayant plus rien à redouter d’eux. […] Étant encore sur les bancs du collège, tandis que je faisais une année de philosophie à Douai, j’allais suivre le plus souvent que cela m’était possible les cours de médecine à l’École secondaire de Lille qui était voisine. […] Zola ne pouvait certes pas, en matière d’atavisme, prophétiser et devancer la science ; il eut, croyons-nous, le tort littéraire de vouloir la suivre sur ce terrain mouvant encore, et de s’y enliser. […] Il semble suivre, avec le soin d’un scrupuleux étudiant, les programmes usuels.

582. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre VI, « Le Mariage de Figaro » »

La jolie Rosine triomphe sur Bartholo, mais elle triomphe aussi sur Lindor, le très noble comte Almaviva, qui va se tenir heureux d’épouser cette petite bourgeoise : Beaumarchais a suivi le conseil de Diderot, il a enveloppé les caractères dans les conditions, et il y a trouve le moyen de caresser les goûts philosophiques du public. […] Elle eut une correspondance suivie avec Galiani quand celui-ci eut, quitté la France. […] Marie-Jeanne Phlipon (1754-1793), fille d’un maître graveur pour bijoux, étuis et dessus de montre, épouse Rolan en 1780, va habiter la province, revient à Paris en 1791, et meurt sur l’échafaud le 8 nov. 1793. — Éditions : Lettres autographes de Mme Roland adressées à Bancal des Issarts, Paris, in-8, 1835 ; Lettres aux demoiselles Cannet, paris, 2 vol. in-8, 1841 ; Étude sur Mme Roland et son temps, suivie des lettres de Mme R. à Buzot, par C. […] Il était allé en Espagne (1764) pour défendre une de ses sœurs abandonnée par un certain Clavijo : de cette aventure il tire son premier drame, Eugénie (1767), suivi bientôt des Deux Amis (1770).

583. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VI. Pour clientèle catholique »

L’ombre suivit le démiurge. […] Ils suivent une route toute faite et le flambeau que d’un jeune effort ils allumèrent à un esprit plus élevé, ils le portent ensuite très bas, à leur hauteur et à celle des gens qui applaudissent utilement. […] Charles Godard, qui auréole sa signature de divers titres éblouissants tels que « professeur agrégé de l’Université » ou bien encore « membre associé franc-comtois de l’académie de Besançon », est naturellement un esprit docile qui suit toujours quelque maître de très près et tremble de laisser échapper la traîne conductrice. […] Godard le tuait, il avait — choisissant peut-être la pénitence la plus répugnante au noble et clair latin qu’il est — suivi à Ligugé le grossier flamand Huysmans, alourdisseur, enlaidisseur et embreneur de toute la mystique catholique.

584. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XIII »

Resté seul avec Lebonnard, Cygneroi pousse le soupir essoufflé qui suit les corvées faites à contre-cœur, et déclare que sa femme ne reverra jamais plus son ancienne maîtresse. […] Cygneroi revient donc, plus que jamais prêt à passer sur le berceau de son enfant, pour suivre sa maîtresse devenue drôlesse. […] Elle a fait suivre par une camériste dévouée le prince qui l’a quittée, la veille, en lui disant qu’il allait chasser, à Versailles. […] Seulement, il la précède, au lieu de la suivre.

585. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres inédites de la duchesse de Bourgogne, précédées d’une notice sur sa vie. (1850.) » pp. 85-102

Les amateurs qui suivent depuis deux ans les ventes publiques savent bien si, de ce côté, le cours a fléchi le moins du monde. […] On peut suivre ses progrès dans les lettres de Mme de Maintenon, dont la tendresse la surveille avec tant de sollicitude. […] Elle avait donc suivi son grand-père à Marly, et le roi se promenait après la messe auprès du bassin des Carpes, quand arriva une dame de la duchesse, tout empressée, et qui annonça au roi que, par suite du voyage, la jeune femme était en danger d’une fausse couche. […] La manière dont elle sut défendre le prince son époux contre la cabale du duc de Vendôme, l’éclatante revanche qu’elle prit contre celui-ci en plein Marly, et le coup de revers par lequel elle l’évinça, font entrevoir ce qu’elle aurait pu, ce qu’elle pouvait de suivi et d’habile quand les choses lui tenaient à cœur.

586. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Mme de Genlis. (Collection Didier.) » pp. 19-37

En outre, j’avais un commerce de lettres très suivi avec une dame que j’avais vue à…, etc., etc. […] Mme de Genlis, quand la Révolution de 89 eut éclaté, ne s’y montra point d’abord contraire ; elle suivit ou peut-être même excita alors les ambitions du duc d’Orléans, et se brouilla ouvertement avec la duchesse. […] À la promenade, un pharmacien botaniste suivait les jeunes princes pour leur apprendre les plantes. […] Chénier, dans sa jolie satire Les Nouveaux Saints, a pu la railler sur cette disposition de maîtresse d’école, et la cribler de ses traits les plus perçants et les plus acérés : J’arrive d’Altona pour vous apprendre à lire ; et tout ce qui suit.

587. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — I. » pp. 441-459

Portalis, durant l’exil qui suivit la proscription de Fructidor, âgé pour lors de cinquante-quatre ans, pouvait écrire à un ami en toute vérité : Je ne dis point la sagesse, mais le hasard du moins a fait que je n’ai appartenu à aucun parti, et qu’en conséquence j’ai toujours été mieux placé pour bien voir et bien juger. […] Il expose, dans sa remontrance et dans l’examen qui suivit, l’ancienne doctrine française parlementaire, l’utilité des vérifications d’édits par les cours souveraines, le bienfait même de certaines lenteurs, profitables au bon conseil et à la prudence, de telle sorte qu’une volonté du monarque, annoncée comme loi, n’ait pas son brusque effet immédiat aussi infailliblement qu’« une boule jetée contre une autre doit avoir le sien ». […] » Il s’agissait de savoir si, de peur de porter atteinte à l’hypothèque et au crédit des assignats, la Convention redevenue libre resterait sourde aux cris des familles, réclamant contre les confiscations qui avaient suivi les jugements iniques rendus sous la Terreur. […] Ne pouvant le suivre dans la diversité des questions qu’il traita, je ne le prendrai que dans deux ou trois sujets et discours, qui me suffiront pour le caractériser.

588. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — I. » pp. 201-219

Mais Voltaire a de plus que Beaumarchais le goût ; Beaumarchais suivait son esprit sur toutes les pentes, s’y abandonnait et ne le dominait point. […] Dans ce drame d’Eugénie, et dans celui des Deux Amis qui suivit (janvier 1770), Beaumarchais n’est encore qu’un dramaturge sentimental, bourgeois, larmoyant sans gaieté, et procédant de La Chaussée et de Diderot. […] Voltaire disait encore : « Qu’on ne me dise pas que cet homme a empoisonné ses femmes, il est trop gai et trop drôle pour cela. » Et Beaumarchais disait de même en résumant sa vie : Et vous qui m’avez connu, vous qui m’avez suivi sans cesse ! […] Le soir de cette condamnation, le prince de Conti venait s’écrire chez Beaumarchais, et l’invitait à passer chez lui la journée du lendemain : « Je veux, disait-il dans son billet, que vous veniez demain ; nous sommes d’assez bonne maison pour donner l’exemple à la France de la manière dont on doit traiter un grand citoyen tel que vous. » Toute la Cour suivit l’exemple du prince et s’écrivit chez le condamné.

589. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Étienne, ou une émeute littéraire sous l’Empire. » pp. 474-493

On peut suivre aujourd’hui de point en point la série de ses essais et de ses progrès dans les quatre volumes d’Œuvres dramatiques publiées par la famille, et où M.  […] Mais l’exemple le plus frappant et le plus régulier, le cas le plus classique que je connaisse de la maladie parisienne, de cette fureur d’intérêt à propos de peu de chose, et de cette surexcitation passionnée suivie d’oubli et de silence, est peut-être ce qui arriva à l’occasion des Deux Gendres de M.  […] Après ce grand succès des Deux Gendres et l’éclat qui s’en était suivi, M.  […] Pensez à cette querelle soudaine des Deux Gendres et de Conaxa, à cette grande sédition littéraire qui s’en prend sous une forme futile au protégé des ducs de Bassano et de Rovigo, et qui marque par une guerre digne du Lutrin la dernière saison paisible et brillante de l’immortelle époque : l’hiver qui suivit, au lieu des bulletins de Conaxa, on avait ceux de la Grande Armée et de la retraite de Moscou.

590. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre V. Seconde partie. Des mœurs et des opinions » pp. 114-142

Les barons émancipaient leurs vassaux en même temps qu’ils réclamaient pour eux le bienfait de l’émancipation : voyez la Charte du roi Jean, fondement authentique de toutes les libertés qui ont suivi. […] Chez nous, par exemple, pour la certitude du calcul, il faut considérer les opinions où elles sont actuellement, et les mœurs où elles étaient avant la Régence ; car ce n’est qu’à cette époque que l’on peut juger de nos véritables mœurs nationales ; à présent elles sont trop voilées par nos opinions : les mœurs de la Régence et celles qui ont suivi sont une exception dans l’histoire de notre caractère, une sorte d’interrègne et de confusion. […] Je pourrais dire, ce que je crois vrai, que la masse d’une nation, qui d’ordinaire suit une marche progressive, mais lente, et par conséquent ne fait qu’obéir à une impulsion imprimée de plus haut et de plus loin, maintenant a une marche rapide et spontanée, et aide elle-même au mouvement, ce qui change toutes les données sociales. […] Dans les gouvernements qui ont suivi la chute de l’empire romain, le régime féodal est venu en quelque sorte ressaisir ceux que le christianisme avait affranchis.

591. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XIII : De la méthode »

La force n’est que la liaison ou dépendance du second vis-à-vis du premier, ou, si vous l’aimez mieux, la propriété qu’a le premier d’être nécessairement suivi du second. […] On voit que la contraction des fibres musculaires pousse l’aliment vers le pylore, lui fait suivre la petite courbure, le jette dans la grande, et le ramène au pylore, où le cercle recommence. […] Elle remplace cet instrument, lorsqu’à l’observation directe employée par Reid, elle substitue l’étude des signes qui précèdent la perception ou qui la suivent, et qui tiennent lieu de réactifs indicateurs. […] Vous avez d’abord traduit chaque mot par un fait suivi d’un groupe d’inconnues ; maintenant vous traduisez chaque mot par un groupe de faits connus.

592. (1730) Des Tropes ou des Diférens sens dans lesquels on peut prendre un même mot dans une même langue. Traité des tropes pp. 1-286

Dans le langage de l’eglise, les jours de la semaine qui suivent le dimanche sont apelés féries par extension. […] l’épée se prend pour la profession militaire ; la robe pour la magistrature, et pour l’état de ceux qui suivent le barreau. à la fin j’ai quité la robe pour l’epée. […] doner un frein à ses passions ; c’est-à-dire, n’en pas suivre tous les mouvemens, les modérer, les retenir come on retient un cheval avec le frein, qui est un morceau de fer qu’on met dans la bouche du cheval. […] Le second pié rime avec le quatrième, et le dernier mot d’un vers rime avec le dernier mot du vers qui le suit, à la manière de nos vers françois à rimes suivies : en voici le comencement : (…). […] Ne suit-il pas delà qu’il y a des mots synonimes, et que voiles est synonime à vaisseaux ?

593. (1894) Écrivains d’aujourd’hui

Mais, pénétrant en eux, il suit avec eux leur voie douloureuse. […] Le suivons-nous au Sénégal ? […] On aime à en suivre les effets chez ceux qui vous entourent. […] Mais ce qui suivit n’avait aucun rapport avec la prédication. […] Mais la méthode qu’ils suivent est déplorable.

594. (1927) Approximations. Deuxième série

Le lecteur suit les tâtonnements du narrateur qui font partie de l’action du roman, dans une « unité supérieure d’atmosphère ». […] Il a fourni le gage, et tranquilles désormais sur l’essentiel, nous sommes prêts à le suivre. […] J’avoue ne plus la suivre quand se demandant si sa poésie survivra aux siècles, elle répond : « Je n’ose l’affirmer ». […] Rien n’est plus attachant à cet égard que de suivre les mues de Volpelier où se reflètent toute la noblesse et tout le scrupule de l’incertitude de Jaloux. […] Cette agilité, je ne crois pas que puisse la méconnaître quiconque possède la seule qualité que Proust exige pour être suivi : le souffle.

595. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LVIII » pp. 220-226

Sans doute de tout temps il y a eu des regrets sur la fuite des années légères : Voltaire en cela ne faisait que suivre Horace et il l’égalait même le jour où il chantait à demi-voix : Si vous voulez que j’aime encore… Fontanes a fait aussi sur ce ton une pièce mélancolique et presque morose intitulée La Cinquantaine. […] L'auteur de Rancé est allé sur ce point au-delà de tout ce qu’on aurait pu imaginer, et on peut dire que, s’il est suivi par la foule des jeunes poëtes déjà vieillissants, il mène le deuil avec des pleurs et des plaintes qui sont d’un roi d’Asie.

596. (1874) Premiers lundis. Tome I « Dumouriez et la Révolution française, par M. Ledieu. »

Le général Dumouriez a-t-il dû suivre le parti de la Révolution ? […] Ledieu, dans la quatrième et dernière partie de son livre, suit Dumouriez hors de France, et nous esquisse sa vie depuis 93 jusqu’en 1823.

597. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre premier. De l’invention dans les sujets particuliers »

Une direction à suivre, des limites où se contenir sont fixées à l’imagination. […] Elle est le fil qui empêche l’esprit de s’égarer dans le labyrinthe des idées particulières, de suivre au hasard la série infinie des associations qui se croisent et se traversent, qui le retient toujours sur la véritable trace.

598. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Villiers de L'Isle-Adam, Auguste de (1838-1889) »

De grandioses symboles comme Vox populi, l’Impatience de la foule, s’y dressent tout à coup à côté de profondes visions d’au-delà de Véra, de l’Intersigne, des railleries aiguës, sinistres ou gravement lyriques des Demoiselles de Bienfilâtre, de la Machine à gloire, du fantaisiste humour qui distingue le Plus Beau Dîner du monde, l’Affichage céleste, etc… Les Contes cruels signalent avec une admirable netteté les deux courants que suit la pensée de Villiers : l’un positif, affirmant les croyances mystiques, les aspirations idéales ; l’autre négatif, dissolvant, aux acides d’une raillerie puissante, la dureté du temps présent abhorré du rêveur… Par sa fidélité, jamais démentie, aux formules de l’idéal romantique, Villiers de l’Isle-Adam s’est condamné à rester étranger aux courants novateurs de la littérature. […] L’influence de Villiers de l’Isle-Adam sur la littérature contemporaine est de beaucoup inférieure à celle exercée par MM. de Goncourt, Daudet, Zola, Huysmans, etc… On la retrouve dans les générations qui suivent le naturalisme et qui s’efforcent de réagir par des tendances soit psychologiques, soit simplement idéalistes, contre l’exclusivisme de la documentation.

599. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 211-219

Le Cancer brûlant qui les suit, voit briller après lui ce Lion féroce dont Hercule triompha dans la forêt de Némée. […] La Vierge Erigone le suit en portant dans ses bras le brillant épi.

600. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 181-190

A ces guides infideles, il substitue le flambeau de l’expérience, & trace la route qu’on doit suivre pour parvenir à la vérité. […] On peut adopter, à un certain point, ses sentimens sur la nécessité de connoître l’Homme ; mais il faut se garder de suivre son exemple, quant au genre d’étude exclusif auquel il s’attachoit.

601. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Examen du clair-obscur » pp. 34-38

Exemple de deux personnes qui montent d’une cave, dont l’une porte une lumière et que l’autre suit : si celle-ci a la quantité de lumière ou d’ombre qui lui convient, vous sentirez qu’en la plaçant sur la même marche que celle-là, elles seront toutes deux également éclairées. […] Ce projet ne fut point suivi.

602. (1761) Salon de 1761 « Peinture — M. Pierre » pp. 122-126

Elle est suivie de Joseph et de l’âne qui porte le bagage. […] Le beau tableau, si le peintre avait su faire des montagnes au pied desquelles la Vierge eût passé ; s’il eût su faire ses montagnes bien droites, bien escarpées et bien majestueuses ; s’il eût su les couvrir de mousses et d’arbustes sauvages ; s’il eût su donner à sa Vierge de la simplicité, de la beauté, de la grandeur, de la noblesse ; si le chemin qu’elle eût suivi eût conduit dans les sentiers de quelque forêt bien solitaire, et bien détournée ; s’il eût pris son moment au point du jour ou à sa chute.

603. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 3, que le merite principal des poëmes et des tableaux consiste à imiter les objets qui auroient excité en nous des passions réelles. Les passions que ces imitations font naître en nous ne sont que superficielles » pp. 25-33

Les passions que ces imitations font naître en nous ne sont que superficielles Quand les passions réelles et veritables qui procurent à l’ame ses sensations les plus vives ont des retours si facheux, parce que les momens heureux dont elles font joüir sont suivis de journées si tristes, l’art ne pourroit-il pas trouver le moïen de separer les mauvaises suites de la plûpart des passions d’avec ce qu’elles ont d’agréable ? […] Il n’est pas suivi des inconveniens dont les émotions serieuses qui auroient été causées par l’objet même, seroient accompagnées.

604. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 34, du motif qui fait lire les poësies : que l’on ne cherche pas l’instruction comme dans d’autres livres » pp. 288-295

Bien des personnes suivent même ce goût dans le choix qu’elles sont des livres de philosophie, et d’autres sciences encore plus serieuses que la philosophie. […] L’unité d’action y est si mal observée, qu’on a été obligé dans les éditions posterieures d’indiquer, par une note mise à côté de l’endroit où le poete interrompt une histoire, l’endroit du poeme où il la recommence, afin que le lecteur puisse suivre le fil de cette histoire.

605. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — I. Takisé, Le taureau de la vieille »

Elle se présenta, suivie de la vieille. « Ta fille est merveilleusement jolie dit le sartyi à cette dernière, je vais la prendre pour femme. — Sartyi, répondit la vieille, je veux bien te la donner comme épouse mais que jamais elle ne sorte au « soleil ou ne s’approche du feu, car elle fondrait « aussitôt comme de la graisse. » Le sartyi promit à la vieille que jamais Takisé ne sortirait aux heures de soleil et que jamais non plus elle ne s’occuperait de cuisine. […] » Telle était l’idée fixe du sartyi qui courut aussitôt vers le cours d’eau, suivi de son ancienne favorite.

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