M. de Ségur, dont l’esprit toujours jeune semble encore sous le charme, compare cette marche triomphale de la Cléopâtre du Nord à un chapitre des Mille et une Nuits. […] Celui de tous qui semble lui avoir laissé de plus chers souvenirs est le célèbre prince de Ligne, si étonnant par ses saillies, ses impromptus, et les grâces intarissables de ses lettres et de sa conversation, L’on devine et l’on sent presque revivre sous la plume de M. de Ségur l’attrait de ces causeries brillantes et superficielles dont le seul but était de plaire, où l’on parlait de tout sans prétendre rien prouver, où l’on posait tour à tour, avec une érudition finement moqueuse ou adulatrice, de la France à l’Attique, de l’Angle ferre à Carthage, de l’empire de Cyrus à celui de Catherine. […] On trouvera aussi une galerie variée de portraits originaux que nous ne pouvons qu’indiquer ici ; l’Espagnol Miranda, aventurier remuant, qui intriguait alors à Saint-Pétersbourg comme il intrigua plus tard en France, et qui fut en Amérique le précurseur de Bolivar ; l’Écossais Paul Jones, que l’animosité anglaise poursuivait d’infâmes calomnies jusqu’au milieu de ses triomphes sur la mer Noire ; le prince de Nassau, qui cherchait par toute l’Europe des périls à courir, des lances à briser, et qui semblait le dernier de ces paladins fabuleux rajeunis par Tressan.
Il me semble que cela ne serait pas très difficile. […] Brunetière est incapable, ce semble, de considérer une œuvre, quelle qu’elle soit, grande ou petite, sinon dans ses rapports avec un groupe d’autres œuvres, dont la relation avec d’autres groupes, à travers le temps et l’espace, lui apparaît immédiatement ; et ainsi de suite. […] Et, sans doute, le critique « impressionniste » semble ne décrire que sa propre sensibilité, physique, intellectuelle et morale, dans son contact avec l’œuvre à définir ; mais, en réalité, il se trouve être l’interprète de toutes les sensibilités pareilles à la sienne.
En somme, cette armée ne semble pas avoir eu la foi. […] L’auteur n’y semble pas ignorer son originalité. […] L’antiquité, dans ces comparaisons, me semble avoir trop d’avantages. […] Ce chrétien victime de ses passions, et qui est martyr, ce semble, par point d’honneur ! […] » Il semblait que cela, d’une sœur à un frère, allât sans dire.
Et le soleil semble une hostie de gloire offerte à l’univers. […] Je n’ai, me semble-t-il, rien à y apprendre. […] Pour Maître Phantasm, il semble de mauvaise humeur. […] Huysmans me semble employer des images bien singulières. […] Cela ne vous semble-t-il pas un peu maigre ?
— Il me semble l’avoir entendu prononcer. […] Pierre le regarda d’un regard qui semblait dire : En voilà une qui a le don de la parole ! […] Elle me semble très injuste, n’êtes-vous pas de mon avis ? […] Il semblait qu’il avait le désir de lui parler ; pourtant il se tut. […] Il semblait même que son absence ne servît qu’à le faire mieux apprécier.
Et quant aux couronnes du théâtre, auxquelles il semble avoir plus particulièrement visé, il y avait, pour y atteindre, des difficultés plus grandes encore que dans la branche lyrique. […] Casimir Delavigne, favorisé dès ses débuts et qui parut à un moment près d’exceller, ne se soutint bientôt qu’à l’aide de concessions multipliées et de sacrifices qu’il semblait faire à un goût contraire au sien. […] Il ne regardait pas ses auditeurs, même quand il relevait ses lunettes ; la direction de son regard comme de sa parole semblait se retourner sur lui-même comme dans un soliloque. […] Nisard, un peu postérieure à celle d’Ampère, semblait conçue tout exprès pour se dresser en vis-à-vis et en opposition avec elle. […] La vérité est que, de 1824 à 1826, Ampère aurait pu épouser Mlle Clémentine : par la gracieuse préférence qu’elle lui témoignait, il semble tout à fait qu’il n’eût tenu qu’à lui de se déclarer.
Et inversement, l’idée nue, l’idée pure semble peu accessible à notre mentalité d’êtres contingents. […] Elles semblent sortir d’admirables forêts éternellement vierges. […] Il me semble. […] Cette vue ne semble juste que si l’on remplace le mot romantique par celui de parnassien. […] Venise féerique, fragile et baroque semble reposer sur de la lumière.
Cet aristocratisme, à première vue, semble étrangement radical. […] Faguet ne me semble pas tout à fait équitable pour La Fontaine. […] Georges Duhamel ne semblait aspirer à y jouer le rôle de l’Ogre. […] C’est le poète qui parle, semble-t-il, plutôt que son héroïne. […] » Certaines de ces phrases semblent annoncer M.
Néanmoins cela semble si simple que chaque espèce se soit produite d’abord dans une contrée unique, que cette hypothèse captive aisément l’esprit. […] La nature et les proportions relatives des habitants des îles océaniques me semblent également opposées à la supposition de leur continuité récente avec nos continents. […] Une liste des genres recueillis sur les pics les plus élevés de Java semble dressée d’après une collection faite sur une colline d’Europe. […] Les chaînes de montagnes du nord-ouest de l’Himalaya et la longue ligne des Cordillères semblent avoir été deux grandes routes de migration. […] XXII), et elle ne lui semble pas complétement résolue, malgré sa grande importance.
Enfin, une vie plus douce semble commencer. […] Il me semble que l’Asie est plus riche d’humanité. […] Il semble qu’on irait jusqu’au bout du monde sans perdre l’alignement. […] Plus que jamais, l’occasion semble favorable à ceux qui désireraient l’occuper. […] Une guerre sociale semble imminente, où les appétits passeront avant les sentiments.
Taine admirait tant, semble un tableau de nature morte. […] J’en pourrais dire, me semble-t-il, et la matière et la facture. […] Au premier abord, il semble que tout écrivain objectif doive être aussi un visuel. […] Georges, il me semble que tu meurs ! […] Il y a lieu, semble-t-il, de l’étendre aux grands artistes littéraires.
Les faibles débris des Arts semblaient n’avoir plus d’asyle. […] Sa voix semblait être celle de l’Eloquence & des Loix mêmes. […] Il fit un signe, & il me sembla que lui-même alors me les demandait. […] Les termes, les couleurs les plus propres semblent prévenir son choix. […] Leur génie semble leur indiquer un plus vaste théatre.
Enfin, en sortant de chez Charpentier, je me cogne sous la porte cochère avec Bourget, qui veut absolument me reconduire un bout de chemin, pour s’entretenir avec moi du personnage de l’honorable Selwyn, dont sa cervelle semble grisée. […] Car le monsieur est le type de l’homme jouant, pour les maîtresses de maison où il va, une passion, qu’il semble avoir toutes les peines du monde à renfoncer, à museler. […] Et ce Nancy, dans lequel je courais éperdu, prenait le caractère brouillardeux et immense d’un Londres, et mes compatriotes, auxquels je m’adressais, semblaient ne pas me comprendre. […] Elle était si atrocement flambée, qu’elle semblait une négresse, et quand Larrey la vit, elle pouvait seulement se tenir dans son lit, à quatre pattes, sur la paume des mains et sur l’extrémité des genoux. […] La notion exacte du prix des choses semblait, à ma cervelle d’enfant, la science la plus difficile, la plus impossible à acquérir.
Tel est, nous semble-t-il, le cas de M. […] quand il le voit, que lui en semble ? […] Une répulsion instinctive semble le lui avoir interdit. […] Tout semble tellement relatif qu’on ne sait plus ce qui a une valeur réelle. […] Rien ne les justifie ; tout semble les contredire.
Nous semblions triomphants, Nous rêvions conquêtes lointaines, Mondes à découvrir aux limites des flots. […] Charles Reynaud, il semble qu’on échappe à un pédagogue et qu’on se trouve avec un aimable compagnon de route, doué de la faculté de traduire en beaux vers les impressions du voyage ; ou, pour parler un langage d’une actualité plus pittoresque, il semble que l’on quitte un de ces tableaux de haut style où MM. […] De quel côté vous semble-t-il qu’il y ait le plus de convenance, de délicatesse et de loyauté ? […] Quel talent pour mettre en éveil et en relief, d’un seul mot, tout un groupe d’idées, pour rajeunir un sujet où il semblait que tout était dit, pour en féconder un autre où il semblait qu’il n’y eût rien à dire ! […] M. de Beauchesne nous semble avoir admirablement résolu cette difficulté.
Mais il semble d’abord qu’à part cette juxtaposition chronologique, tout autre rapprochement entre cet homme et ce peuple doive être plus ingénieux que réel, plus académique qu’historique, l’apparition et la fortune de Bonaparte, en effet, se rattachent à des causes toutes modernes et très générales, à la Révolution française, à la disposition de l’Europe. […] Ainsi rien de plus étranger en apparence sous le rapport historique que l’homme de l’empire et les Hellènes ; et si le côté moral ou poétique semble plus fécond, il faut convenir que, sans l’appui de quelques faits, des pensées brillantes, mais nécessairement un peu vagues, ne suffiraient pas à un livre. […] Cependant, des commissaires envoyés à Corfou avaient ordre d’y rassembler des munitions de tous genres : des officiers du génie, d’artillerie, parmi lesquels on cite le général Foy, levaient le plan de la Macédoine et de la Servie ; Ali-Pacha, jaloux de la Porte, ne semblait pas défavorable aux Français.
Il est rare de rencontrer dans un même Homme deux qualités qui semblent s’exclure l’une l’autre. […] Autant l’esprit lumineux, méthodique & profond est au dessus de l’esprit superficiel, inconséquent & badin, autant le Législateur des Nations paroîtra au dessus du Peintre Historien de leurs mœurs, qui semble n’en avoir tracé le tableau, que pour amuser & tromper le Lecteur, au lieu de l’instruire. […] Les principes du Christianisme, bien gravés dans le cœur, seroient infiniment plus forts que ce faux honneur des Monarchies, ces vertus humaines des Républiques, & cette crainte servile des Etats despotiques… Chose admirable, dit-il ailleurs, la Religion Chretienne, qui ne semble avoir d’objet que la félicité de l’autre vie, fait encore notre bonheur dans celle-ci ».
Le don de prophétie et de sagesse, le mystère et la religion semblent résider éternellement dans leurs profondeurs sacrées. […] La lune sort enfin de l’Orient ; à mesure que vous passez au pied des arbres, elle semble errer devant vous dans leur cime, et suivre tristement vos yeux. […] Il faut plaindre les anciens, qui n’avaient trouvé dans l’Océan que le palais de Neptune et la grotte de Protée ; il était dur de ne voir que les aventures des Tritons et des Néréides dans cette immensité des mers, qui semble nous donner une mesure confuse de la grandeur de notre âme, dans cette immensité qui fait naître en nous un vague désir de quitter la vie, pour embrasser la nature et nous confondre avec son Auteur.
La distribution des figures, la couleur, les caractères des têtes, en un mot toute la composition me ferait le plus grand plaisir, si le St Benoit était comme je le souhaite, et ce me semble comme le moment l’exige. […] Chaque peuple a ses signes de vénération ; et il me semble que l’action de joindre les mains n’est ni des idolâtres anciens, ni des juifs, ni même des premiers chrétiens. […] Il semble qu’il ait renoncé à sa couleur, à sa sévérité, à son caractère, pour prendre la touche et la manière de son confrère.
Il semblerait qu’avant ce moment d’explosion publique et de danger où il se jeta si généreusement à la lutte, il vécût un peu en dehors des idées, des prédications favorites de son temps, et que, tout en les partageant peut-être pour les résultats et les habitudes, il ne s’en occupât point avec ardeur et préméditation. […] Le poëme devait avoir trois chants, à ce qu’il semble : le premier sur l’origine de la terre, la formation des animaux, de l’homme ; le second sur l’homme en particulier, le mécanisme de ses sens et de son intelligence, ses erreurs depuis l’état sauvage jusqu’à la naissance des sociétés, l’origine des religions ; le troisième sur la société politique, la constitution de la morale et l’invention des sciences. […] En somme, on y découvre André sous un jour assez nouveau, ce me semble, et à un degré de passion philosophique et de prosélytisme sérieux auquel rien n’avait dû faire croire, de sa part, jusqu’ici. […] Il s’est accrédité, parmi quelques admirateurs du poëte, un bruit, que l’édition de 1833 semble avoir consacré ; on a parlé de trois portefeuilles, dans lesquels il aurait classé ses diverses œuvres par ordre de progrès et d’achèvement : les deux premiers de ces portefeuilles se seraient perdus, et nous ne posséderions que le dernier, le plus misérable, duquel pourtant on aurait tiré toutes ces belles choses. […] André les avait tous présents à la fois. — Jusque dans les endroits où l’imitation semble le mieux couverte, on arrive à soupçonner le larcin de Prométhée.
Il semble que M. […] Taine comme un esprit français ; il me semble qu’un professeur de Tübingen ne procéderait pas autrement ; c’est même, je crois, la raison pour laquelle on le goûte si fort à l’étranger. […] Taine me semble toujours lire en vue de sa thèse. […] Il semble que les impressions du nerf optique n’atteignent pas la sensibilité générale et ne vont pas à l’intelligence. […] Il a certainement lu Joseph de Maistre ; enfin il emprunte à Taine, à Carlyle, à Renan, à Sainte-Beuve, bien qu’il semble mépriser ces trois derniers écrivains.
Il grimpait jusqu’à la fenêtre, Il s’arrondissait en arceau ; Il semble encor nous reconnaître Comme un chien gardien d’un berceau. […] Il y a entre l’homme et les murs qu’il a longtemps habités mille secrètes intimités à se dire, qui ne permettent jamais de se revoir, après de longues absences, sans qu’une conversation qui semble véritablement animée et réciproque ne s’établisse aussitôt entre eux. Les murs semblent reconnaître et appeler l’homme, comme l’homme reconnaît et embrasse les murs. […] Elle avait rompu d’une saccade de tête les tiges de houx auxquelles j’avais enroulé la bride ; elle galopait, allant et revenant sur elle-même dans le chemin creux, arrêtée par les cris et par les gestes épouvantés d’un vieillard qui levait et agitait comme à tâtons, d’une main tremblante, un grand bâton dont il semblait se couvrir contre le danger. […] Ma fille me disait : « Le pays est mort ; il semble que la cloche pleure au lieu de carillonner. » On disait aussi que vous ne reviendriez jamais ; qu’il y avait eu du bruit là-bas ; qu’on vous avait nommé un des rois de la république ; et puis qu’on avait voulu vous mettre en prison ou en exil, comme sous la Terreur.
Ses yeux sont petits ; toute la vie semble s’être concentrée en eux. […] Gaudry, l’humanité semble la merveille à laquelle a abouti la création. […] Il me semblait, toute proportion gardée, et qu’on ne croie pas que je veuille écraser M. […] Boulanger aimait à s’illusionner et semblait ne pas s’apercevoir de cet état maladif. […] Sous cette lumière qui tombe d’en haut, le modelé des visages semble plus âpre.
Ceux-ci me semblent, néanmoins, assez monotones. […] Il ne dit pas un mot. « Qu’est-ce qui vous embarrasse, semblait-il me demander ? […] Aussi, sa mort brutale semble-t-elle d’autant plus injuste. […] C’est en gros, il me semble, la pensée de l’auteur. […] Pour lui, semble-t-il, la Révolution n’a rien perdu de son actualité.
On semble presque aimable dès qu’on est absolument vrai. […] La Grande Ourse nous semble à jamais immobile. […] La route m’a été douce et m’a semblé courte. […] semble-t-il dire. […] Zola me semble fort méritoire.
Frédéric Moreau souhaitait un irréalisable, que lui semblait réaliser Mme Arnoux. […] Il semble qu’il ait dix ou douze sens. […] Les buissons noirs semblaient étendre des centaines de bras. […] Le père, la mère, deux jeunes filles et un enfant semblent heureux et tranquilles. […] Il semble en lisant que quelqu’un court et halète derrière ces strophes.
C’est dans ce costume que, ce me semble, il doit mourir. […] Il m’a semblé que cela voulait dire : « Mounet à l’Institut ! […] Voilà du moins, ce me semble, comment M. […] Mais il me semble que c’est pourtant le cas ici. […] Elle semble n’être qu’une précaution des auteurs.
Il semblait qu’un spectacle si doux N’attendait en ces lieux d’autre témoin que vous. […] La nécessité exige quelquefois qu’un héros fasse une démarche qui semble affaiblir son caractère. […] Racine n’a jamais manqué à cette règle ; il peint de grandes âmes qui semblent ignorer qu’elles sont grandes. […] L’égalité parfaite semble être nécessaire entre les amis, et relever le caractère de l’un et de l’autre. […] Il semble même que rien n’était plus rare que de si beaux sujets, puisqu’ils ne les puisaient ordinairement que dans une ou deux familles de leurs rois.
De quelque manière qu’on veuille interpréter ces symptômes évidents, qu’on y voie, comme les plus illuminés semblent le croire, l’annonce de je ne sais quelle femme miraculeuse destinée à tout pacifier ; qu’on y voie simplement, comme certains esprits plus positifs, la nécessité de réformer trois ou quatre articles du Code civil, nous pensons qu’il doit y avoir sous ce singulier phénomène littéraire une indication sociale assez grave ; nous aimons surtout à y voir un noble effort de la femme pour entrer en partage intellectuel plus égal avec l’homme, pour manier toutes sortes d’idées et s’exprimer au besoin en sérieux langage. […] Vers l’âge de trente ans, combien n’est-il pas actuellement de femmes qui, belles encore, ayant devant elles, ce semble, un riant automne de jeunesse, sentent pourtant en leur cœur l’ennui, la mort, l’impuissance d’aimer et de croire ! […] L’auteur de Lélia n’a point de ces oublis : il m’a semblé que quelquefois même son talent seul achevait un développement qui était commencé avec l’âme. […] Si la rumeur du moment lui semble contraire, la violence même de cette rumeur prouve assez pour l’audace de l’entreprise.
Telle est l’idée générale de ce volume qui se compose d’une suite de petits Mémoires, et dans lequel l’auteur semble n’avoir pris son sujet principal que comme un prétexte à quantité de remarques nouvelles, à des dissertations curieuses, et, ainsi qu’on aurait dit autrefois, à des aménités de la critique. […] — Et quand il est arrivé sur ces divers points à des résultats nets et précis ; quand, ayant franchi les préliminaires, et s’étant pris au texte même de la traduction en vers grecs, il l’a restitué et expliqué, ne croyez pas que l’auteur s’enferme dans les limites trop étroites d’un sujet qui pourrait sembler aride. […] Il semble véritablement avoir lu Théocrite plume en main, et avoir voulu bientôt en imiter et en placer les beautés, assez indifférent d’ailleurs sur le lieu. […] S’attachant particulièrement à la IVe églogue, et après en avoir déterminé le sens, selon lui, tout mystique, tout relatif aux traditions de l’oracle, après avoir assez bien démontré, ce me semble, que le poëte n’a fait qu’y prendre un thème, un prétexte à la description de l’âge d’or vers l’époque de la paix de Brindes, et que le mystérieux enfant promis n’était pas tel ou tel enfant des hommes, mais un de ces dieux épiphanes ou manifestés (præsentes divos) très-connus de l’antiquité entière, M.
De la littérature du Nord Il existe, ce me semble, deux littératures tout à fait distinctes, celle qui vient du Midi et celle qui descend du Nord, celle dont Homère est la première source, celle dont Ossian est l’origine38. […] L’imagination des hommes du Nord s’élance au-delà de cette terre dont ils habitent les confins ; elle s’élance à travers les nuages qui bordent leur horizon, et semblent représenter l’obscur passage de la vie à l’éternité. […] C’est à tort, ce me semble, qu’on a dit que les passions étaient plus violentes dans le Midi que dans le Nord. […] Il semble que la peinture de ce sentiment devrait dépendre uniquement de ce qu’éprouve l’écrivain qui l’exprime.
Montesquieu semble donner la vie aux idées, et rappelle à chaque ligne la nature morale de l’homme au milieu des abstractions de l’esprit. […] Le penchant de leurs philosophes pour les abstractions semblait devoir les entraîner dans des systèmes qui pouvaient être contraires à la raison ; mais l’esprit de calcul, qui régularise, dans leur application, les combinaisons abstraites, la moralité, qui est la plus expérimentale de toutes les idées humaines, l’intérêt du commerce, l’amour de la liberté, ont toujours ramené les philosophes anglais à des résultats pratiques. […] Il semble que les Anglais n’osent se livrer entièrement, que dans l’inspiration poétique : lorsqu’ils écrivent en prose, une sorte de pudeur captive leurs sentiments : comme ils sont tout à la fois timides et passionnés, ils ne peuvent se livrer à demi. […] Il n’y a point en Angleterre de mémoires, de confessions, de récits de soi faits par soi-même ; la fierté du caractère anglais se refuse à ce genre de détails et d’aveux : mais l’éloquence des écrivains en prose perd souvent à l’abnégation trop sévère de tout ce qui semble tenir aux affections personnelles.
Pour Alfred de Musset, la poésie était le contraire ; sa poésie, c’était lui-même, il s’y était rivé tout entier ; il s’y précipitait à corps perdu ; c’était son âme juvénile, c’était sa chair et son sang qui s’écoulait ; et quand il avait jeté aux autres ces lambeaux, ces membres éblouissants du poète qui semblaient parfois des membres de Phaéton et d’un jeune dieu (se rappeler les magnifiques apostrophes et invocations de Rolla), il gardait son lambeau à lui, son cœur saignant, son cœur brûlant et ennuyé. […] Il est mort et il nous semble que tous les jours nous l’entendons parler. […] S’il semble s’être drapé, à ses débuts, dans les guenilles romantiques, on croirait aujourd’hui qu’il a pris ce costume de carnaval pour se moquer de la littérature échevelée du temps. […] Et si l’on constate enfin qu’il a été l’un des hommes les plus impressionnables de ce temps et un des plus spirituels ; qu’il a été le plus sincère des écrivains, et le plus gracieux ; — qu’il nous prend à la fois par le charmé aisé d’un esprit de pure lignée française et par la profondeur et la vérité du sentiment et de la passion… ; il me semble qu’il ne restera plus rien à faire qu’à le relire.
Il semble d’ailleurs se contenter de la distribution de biens et de maux qui, malgré les apparences, se fait, selon lui, tôt ou tard en ce monde. […] Il n’en voulait pas trop à Louis XV ; il avait mieux auguré de ce prince dans sa jeunesse, il avait cru un moment qu’il serait un bon roi ; du temps que Mme de Mailly était la maîtresse favorite (décembre 1738), il lui semblait qu’elle n’avait qu’un crédit limité ; que le roi ne lui cédait pas trop, « et que, comme Henri IV, il aimait mieux les affaires de son État que celles de sa maîtresse. […] » Je ne suis pas très sûr d’avoir compris, mais il me semble qu’il fait de Montesquieu un virtuose en politique. […] Il semblera naturel, quand on juge si sévèrement Mme de Sévigné, qu’on ait un goût marqué pour l’abbé Terrasson. […] C’est dans un endroit où lui-même il semble démentir la belle parole dite précédemment à son frère sur la valeur guerrière, qui était la seule vertu restée aux Français : L’on ne doit point aller à la guerre qu’on ne se sente une très grande résignation à perdre la vie en la postposant à l’ambition et à la gloire.
Sauf un ou deux cas d’exception, — Pascal, Bossuet, — on reconnaît et l’on peut toujours nommer quelque ancien derrière un moderne il eût semblé autrement que la caution, la marque de garantie lui manquait. […] Après cette peinture un peu embellie de sa vie, elle ajoute, revenant à son cher objet, à cette autre existence qui l’occupe : « Mais, sais-tu que tu me parles bien légèrement du sacrifice de la tienne, et que tu sembles l’avoir résolu fort indépendamment de moi ? […] Faugère, auquel il est temps de venir, en nous donnant à son tour une édition des Mémoires de Mme Roland, semble presque l’organe et le représentant de la famille. […] Pour moi, il me semble qu’il n’y a rien à faire de plus en faveur de Roland. […] Faugère la fait mourir le 10 ; mais il me semble, en comptant bien, que le 18 brumaire répond au 9 novembre.
Il semblerait ressortir au premier coup d’œil, rien qu’à voir cette table de cérémonie à triple service, le tout faisant 143 plats, que la capacité des estomacs du Nord dépasse et enfonce de beaucoup celle des estomacs de l’Ouest et du Midi. […] Ce qui semble d’ailleurs au-dessous de l’histoire revient comme de droit à l’étude morale de l’homme. […] Il semblait être revenu par goût à l’existence du Nord, aux mœurs copieuses, aux habitudes et aux orgies paternelles. […] A l’âge de cinquante-quatre ans, il semblait jeune encore et nageait dans la plénitude des pensées et des sens. […] Une lettre fort belle et d’une noble franchise de Paris Du Verney au maréchal, à la date du 6 novembre, nous met bien au fait des prétentions du victorieux et des résistances de ses meilleurs amis à, ce qui ne leur semblait pas raisonnable.
76, de dix ans plus jeune que Franceschi, courait en toute hâte la même carrière, car ils semblaient tous, alors, pressés de se signaler, d’immortaliser leur nom et de mourir. […] L’ancienne France et la France nouvelle, le vieux maréchal disciple de Boufflers et le jeune colonel d’après Marengo se rencontrent dans un sentiment d’esprit patriotique et de moralité militaire élevée, Austerlitz semblait présager à Franceschi le plus beau sort. […] Un vaste champ de bataille semblait ouvert d’abord à ses talents : il n’aspirait qu’à les déployer au grand jour. […] Le gouverneur de Majorque, à son tour, le général Reding, Suisse au service d’Espagne, se refusa obstinément à les recevoir ; « il y mit même une dureté qui semblait tenir de la cruauté bien plus que des circonstances, car il accompagna son refus de la menace de couler bas le navire, s’il n’avait pas viré de bord dans les vingt-quatre heures. » On dut reprendre le large. […] Telle est cette touchante histoire qui tranche, ce me semble, sur les autres récits de cette époque célèbre.
La chose littéraire (à comprendre particulièrement sous ce nom l’ensemble des productions d’imagination et d’art) semble de plus en plus compromise, et par sa faute. […] Il semble qu’on n’ait pas affaire à un fâcheux accident, au simple coup de grêle d’une saison moins heureuse, mais à un résultat général tenant à des causes profondes et qui doit plutôt s’augmenter. […] Peu importe que cela semble plus criant en littérature. […] Au reste, nous parlons d’autant plus à l’aise de cette Société des Gens de Lettres, que, le grand nombre nous en étant parfaitement inconnu, une portion suffisante du moins nous semble offrir, par les noms, toute sorte de garanties. […] que de jeunes gens étudient, et dans une bonne direction, ce semble !
lorsque, après bien des efforts et des détours qui purement souvent lui sembler bien pénibles et lointains, M. […] Deux tendances principales semblent s’être partagé de bonne heure l’esprit et l’imagination de M. […] Vous chantez si hautement les triomphes de l’Église et les fêtes de l’État, la mort des martyrs et la naissance des princes, qu’il semble que vos vers ajoutent de la gloire à celle du ciel et des ornements à ceux du Louvre ; les saints semblent recevoir de vous une nouvelle félicité, et M. le Dauphin une seconde noblesse. » Une étude particulière sur Balzac démontrerait à fond cette identité de nature qu’il a avec les rhéteurs des siècles inférieurs retracés par M. […] C’est ce qui semble, en effet, respirer et soupirer dans une délicieuse pièce de lui que notre indiscrétion dérobe à un Album, et qui révèle tout un coin charmant et attristé de cette âme. […] A rêver quelquefois si je semble occupé, C’est qu’un passage obscur, en lisant, m’a frappé.
Magnin, sans se révolter ou s’engouer, sans parti pris, mais avec curiosité, ouvrait le livre, le lisait plume en main, l’analysait, citait ce qu’il trouvait de neuf et d’acceptable sans taire ce qui lui semblait un peu fort et outré. […] Esprit consciencieux, attentif jusqu’au scrupule, des plus constants et des mieux en règle avec lui-même, s’il semble un peu plus lent à partir, il ne recule jamais et ne revient guère sur ses pas. […] Dans de telles conjonctures, la critique a souvent, ce me semble, à marquer les temps, à battre les changements de mesure, à dénoncer les revirements. […] Le rôle piquant et utile en ce genre est ainsi de maintenir, de prolonger et d’asseoir la tradition là même où elle semblerait faire faute. […] Il nous a semblé seulement, en relisant d’excellentes pages écrites, il y a quatorze ans, par M.
La témérité semblerait grande, mais on est dans le siècle des témérités. […] Il est impossible, ce nous semble, d’apporter une érudition plus complète, mieux munie de tous les textes, de les mieux colliger, épuiser et discuter, de les passer à un creuset plus sévère que M. […] En face des érudits et des philosophes également ardents de nos jours et emportés à toutes sortes d’espérances, il est bon de ne pas laisser tout à fait tomber ce droit de rappel à l’homme qui semble relégué chez les défunts moralistes. […] L’utilité et le jour qui en rejailliraient pour l’appréciation littéraire des époques qui semblent épuisées, ne paraissent point avoir été sentis. […] Voilà un assez bel idéal de plan, ce semble.
Il ne nous semble même pas impossible que quelque circonstance particulière de son aventure l’ait excité à composer Mélite, quoiqu’on ait peine à voir quel rôle il y pourrait jouer. […] La querelle du Cid, en l’arrêtant dès son premier pas, en le forçant de revenir sur lui-même et de confronter son œuvre avec les règles, lui dérangea pour l’avenir cette croissance prolongée et pleine de hasards, cette sorte de végétation sourde et puissante à laquelle la nature semblait l’avoir destiné. […] Pompée semble s’écarter un peu de la prudence d’un général d’armée, lorsque, sur la foi de Sertorius, il vient conférer avec lui jusqu’au sein d’une ville où celui-ci est le maître ; mais il était impossible de garder l’unité de lieu sans lui faire faire cette échappée. […] Il semblait que les succès de Quinault et de Racine l’entraînassent sur ce terrain, et qu’il voulût en remontrer à ces doucereux, comme il les appelait. […] Pour nous, le style de Corneille nous semble avec ses négligences une des plus grandes manières du siècle qui eut Molière et Bossuet.
Bourget, apparemment si apte à la spéculation abstraite, auquel il semblerait que la pure forme philosophique eût dû sourire exclusivement. […] France n’en témoigne pas moins de vouloir rester, à part lui, le sceptique imperturbablement indulgent de L’Orme du mail, du Mannequin d’osier et de L’Anneau d’améthyste, à cela près qu’il semble plus naturel et plus aisé. […] Sans doute, ce pouvoir qui semble d’essence supérieure, qui a l’air de condenser de l’expérience, et de l’expérience éduquée, qui se révèle riche en lignes exactes et en presciences ordonnées, — témoigne, surtout lorsqu’il est aussi déterminé qu’en M. […] Ce n’est donc même pas, à vrai dire, par idiopathie, qu’il a pu s’aventurer dans une métaphysique fort peu propre à s’accommoder d’une méditation sommaire, et qui ne semble d’ailleurs avoir servi qu’à exercer les transcendances récréatives d’un cerveau purement déductif. — Qu’il soit vraisemblable, après cela, que M. […] France doit de nous avoir charmés, nous est-il permis de rechercher en quelque sorte la nature du secours qu’en reçoit son intellectualisme même, c’est-à-dire cette pensée dont l’audace nous déconcerte, en lui, en proportion du petit effort qu’il semble faire pour l’habiller irréprochablement.
Ce cardinal, si agréable de sa personne et si bel-esprit, semblait fait exprès pour cette cour à la Rambouillet. […] Un enseignement sérieux ne pourrait-il pas se tirer déjà à la vue d’une telle existence et d’une telle nature, qui nous semblent aujourd’hui fabuleuses ? […] Toute volonté autre que la sienne lui eût semblé une impertinence et une révolte. […] Sa vanité est d’un genre singulier ; mais il semble qu’elle soit moins choquante, parce qu’elle n’est pas réfléchie, quoiqu’en effet elle en soit plus absurde. […] Il semblait que Mme du Maine ne pouvait se passer de cette duchesse, qui était devenue l’intendante de ses plaisirs, le Malezieu des dernières années.
La paix se négociait enfin et allait, ce semble, remettre Bonneval plus en accord avec ses instincts généreux. […] Il eut un beau moment en 1716 et qui sembla tout réparer. […] Je vous jure que, si je ne regardais que moi, la mort me semblerait une ressource à laquelle tous mes désirs auraient recours. […] Cependant il me semble que nous devrions balancer votre cœur ; et lorsqu’elle vous fera exposer votre vie, je devrais vous faire prendre les précautions qu’elle permet. […] L’exemple de Bonneval nous prouve, ce semble, qu’il faut quelque point d’arrêt, quelque principe, je dirai même quelque préjugé dans la vie : discipline, subordination, religion, patrie, rien n’est de trop, et il faut de tout cela garder au moins quelque chose, une garantie contre nous-même.
… Alors la vertu me semblait naturelle et facile. […] Il semble, à certains moments, hésiter entre sa première vocation aventureuse, et sa seconde et dernière vocation qui est d’écrire. […] Ils étaient venus, il y avait plusieurs années, chercher fortune ; ils avaient quitté leurs parents, leurs amis, leur patrie, pour passer leurs jours dans un lieu sauvage, où l’on ne voyait que la mer et les escarpements affreux du morne Brabant ; mais l’air de contentement et de bonté de cette jeune mère de famille semblait rendre heureux tout ce qui l’approchait. […] Les pages que Bernardin a écrites sur lui sont peut-être ce qui donne la plus simple et la plus naturelle idée du personnage et de son caractère : car, à force d’écrire sur Rousseau, on finit, ce me semble, par l’alambiquer terriblement et le mettre à la torture. […] Vous êtes bon, simple, modeste, et il y a des moments où vous semblez avoir pris pour modèle votre ami Jean-Jacques, le plus vain de tous les hommes.