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992. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « M. Deschanel et le romantisme de Racine »

Les hommes de génie n’ont pas tous été des saints ? […] On connaît la mystique invocation d’Hippolyte à Artémis, ce chant vraiment pieux et dont le ton rappelle celui des cantiques à la sainte Vierge : « … Ô ma souveraine, je t’offre cette couronne cueillie et tressée de mes mains dans une fraîche prairie, que jamais le pâtre et ses troupeaux ni le tranchant de fer n’ont osé toucher, où l’abeille seule au printemps voltige, et que la Pudeur arrose de ses eaux limpides, etc. » Cette image (la Pudeur et ses eaux limpides), M. 

993. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre cinquième »

Certains héros de la Grèce primitive, certains saints du moyen âge, en qui la critique s’évertue à chercher des mythes, sont historiques, parce que nous nous reconnaissons dans leurs pensées, dans leurs actions, dans leur grandeur même, pour peu qu’elle ne soit pas inaccessible. […] On l’invitait à épancher dans les derniers et les plus beaux de ses vers les trésors d’adoration, les tendresses chrétiennes, les souvenirs des saints livres, qu’il avait amassés pendant douze ans d’une vie employée à expier sa célébrité.

994. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE IX »

» Qu’elle serait moins touchante si elle avait porté devant l’échafaud la sérénité souriante qu’il appartient seulement aux saintes et aux martyres de présenter à la mort. […] Ce doit être un portrait que cette tête charmante, pleine de compassion ingénue et de sainte bonté.

995. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1878 » pp. 4-51

Mardi 22 janvier On se demandait dans un coin de notre table de Brébant, comment on pourrait remplacer, plus tard, dans la cervelle française, les choses poétiques, idéales, surnaturelles : la partie chimérique que met dans l’enfance, une légende de saint, un conte de fée. […] * * * — À Glascow, le dimanche, les protestants, pour associer l’animalité entière au repos du saint jour, recouvrent de linge les cages des oiseaux, y faisant la nuit.

996. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre IV. Shakespeare l’ancien »

Pie V en saint personnifie l’inquisition ; le canoniser suffisait, pourquoi l’innocenter ? […] C’était lui qui disait : Il n’est chasse que de vieux chiens et châsse que de vieux saints ; et quoiqu’il n’aimât pas les nouveaux venus de la sainteté, il était l’ami de saint François de Sales, sur le conseil duquel il fit des romans.

997. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. »

Le plus grand orateur, quand ce serait un ange, Ne pourrait contenter en semblables desseins Deux belles, deux héros, deux auteurs, ni deux saints.

998. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET (La Confession d’un Enfant du siècle.) » pp. 202-217

Comme une lampe d’or dont une vierge sainte Protége avec la main, en traversant l’enceinte, La tremblante clarté.

999. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre I. Les mémoires »

Biographie : Bernard Palissy (1510-1589), Agénois, vécut longtemps à Saintes ; d’abord ouvrier en vitraux, arpenteur, peut-être employé dans des mines, il voyagea, selon M. 

1000. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre IV. Cause immédiate d’une œuvre littéraire. L’auteur. Moyens de le connaître » pp. 57-67

Quelques grands hommes sont devenus l’objet d’une véritable idolâtrie ; ils ont eu leurs pontifes, leurs dévôts, leurs fanatiques ; leurs livres ont été commentés comme un texte sacré ; les plus minces événements de leur vie ont donné lieu à des querelles quasi théologiques ; des reliques problématiques de ces nouveaux saints ont même été pieusement recueillies sous verre et exposées à l’adoration des fidèles.

1001. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « M. de Montalembert orateur. » pp. 79-91

Comme écrivain, M. de Montalembert a publié, en 1836, l’Histoire de sainte Élisabeth de Hongrie, une touchante et poétique légende dont il s’était épris durant un séjour en Allemagne.

1002. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces diverses — Préface du « Rhin » (1842) »

Il a presque un sentiment lilial pour cette noble et sainte patrie de tous les penseurs.

1003. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre V. Les âmes »

Tel esprit exact est en même temps visionnaire ; comme Newton qui commente l’Apocalypse ; comme Leibnitz qui démontre, nova inventa logica, la sainte Trinité.

1004. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre V. Les esprits et les masses »

Le voisinage de la nature le rend propre à l’émotion sainte du vrai.

1005. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre IV. Suite du parallèle de la Bible et d’Homère. — Exemples. »

Par là nous espérons (du moins aussi loin que s’étendent nos lumières) avoir fait connaître aux lecteurs quelques-unes des innombrables beautés des livres saints : heureux si nous avons réussi à leur faire admirer cette grande et sublime pierre qui porte l’Église de Jésus-Christ !

1006. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 15, le pouvoir de l’air sur le corps humain prouvé par le caractere des nations » pp. 252-276

Les francs qui s’établirent dans la terre sainte après qu’elle eut été conquise par la premiere croisade, y devinrent après quelques génerations aussi pusillanimes et aussi enclins à mal faire que les naturels du païs.

1007. (1864) De la critique littéraire pp. 1-13

Sans doute il est beau de s’animer, de se passionner, de communiquer la flamme sainte de l’enthousiasme ; mais il est maladroit de s’animer hors de propos, de se passionner pour des sottises, et de brûler autrui avec le feu qui doit l’éclairer.

1008. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IV. Des changements survenus dans notre manière d’apprécier et de juger notre littérature nationale » pp. 86-105

Mais, je le demande encore, désaccoutumés que nous sommes de la forte nourriture des livres saints, pourrions-nous remarquer dans ce dernier Père de l’Église, sa merveilleuse facilité à s’approprier les textes sacrés, et à les fondre tout à fait dans son discours qui n’en éprouve aucune espèce de trouble, tant il paraît dominé par la même inspiration ?

1009. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXII. La comtesse Guiccioli »

… Le Byron vertueux qu’on trouve ici, le Byron éthéré, le Byron même anachorète — comme saint Antoine, — ce Byron enfin de perfection idéale, angélique et archangélique, m’inquiète légèrement, je l’avoue ; et quoique je n’aie jamais cru aux bêtises et aux calomnies du bégueulisme sur Byron, je ne crois pas pourtant qu’il fût si ange et si archange que cela… Il devait faire, très bien, ses sept petits, péchés mortels par jour, — comme on dit que les font les Justes… L’auteur du Byron jugé, qui est une Italienne et une catholique, nous a enlevé un Byron de vitrail et de sainte chapelle, mais ce n’est pas plus le Byron vrai que le Henri de La Rochejacquelin de Hopwood — un ange aussi, — toujours les anges ! 

1010. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’empire russe depuis le congrès de vienne »

Qu’y a-t-il de compliqué, d’entremêlé, de profond, de savant, de nuancé, dans cette société russe, imitatrice par en haut, sauvage par en bas, et qui croit à ses maîtres comme à saint Serge et à sainte Anne, c’est-à-dire plus qu’à Dieu, pour qu’il nous faille un observateur et un peintre, sous peine de ne pas la comprendre ?

1011. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’Empire Chinois »

Comme ils le font tous, quand il le faut, ces admirables possesseurs d’eux-mêmes et de la lumière, il y tait ses contemplations intérieures, et la critique est d’autant plus à l’aise vis-à-vis de lui qu’il n’a voulu faire qu’un livre de voyage et d’histoire, et qu’il a traité le public français comme il avait traité le public chinois, quand il ne craignit pas de revêtir la magnificence orientale et quand ces humbles pieds, dont il est dit dans nos livres saints : « Qu’ils sont blancs et beaux, les pieds des envoyés du Seigneur ! 

1012. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le capitaine d’Arpentigny »

Au vol de la mitraille, vous l’auriez vue, comme une troupe d’oies effarouchées, s’enfuir en poussant de grands cris et en injuriant les saints.

1013. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VI. M. Roselly de Lorgues. Histoire de Christophe Colomb » pp. 140-156

On sent que l’enthousiasme de l’auteur pour les Saints ne l’empêche pas de juger fermement les hommes.

1014. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VIII. M. de Chalambert. Histoire de la Ligue sous le règne de Henri III et de Henri IV, ou Quinze ans de l’histoire de France » pp. 195-211

Quelque royaliste qu’ait été autrefois ce pays qui depuis a fait la Convention et qui ne craint pas de la souffleter aujourd’hui sur le visage de la sainte Ligue, la théorie du pouvoir quand même, en France, n’a jamais triomphé.

1015. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Gaston Boissier » pp. 33-50

Et comme il est arrivé, ce phénomène renversant, en pleine corruption romaine, et qu’il fait des martyrs et des saints de ces abominables corrompus, pour nous assourdir à ce coup de tonnerre, pour ne pas voir l’éclat de cette foudre, on a dit — des gens d’esprit comme M. 

1016. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Le comte de Gasparin » pp. 100-116

C’est la même foi peut-être, mais, on le conçoit, l’accent sorti de l’âme d’une femme qui aimait Jésus-Christ comme nos Saintes, à nous, peuvent l’aimer, ne devait pas se retrouver dans le livre d’un homme, — d’un prédicant, — d’un polémiste, tel qu’a voulu l’être le comte de Gasparin en ses Conférences.

1017. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Monselet »

Certainement, je ne sais pas au juste et je n’affirmerais pas à quel point Charles Monselet appartient au groupe des inventeurs qui ont la sainte horreur de la Critique ; mais, sans déterminer nettement leurs affinités respectives, il est impossible de ne pas reconnaître, quand on le lit, cette tendance de toute une école à repousser et à insulter la Critique en vertu des plus considérables, des plus exorbitantes prétentions.

1018. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Marie Desylles » pp. 323-339

Elle n’est pas une sainte comme mademoiselle de Condé.

1019. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXI. De Thémiste, orateur de Constantinople, et des panégyriques qu’il composa en l’honneur de six empereurs. »

Si le prince veut un culte, au lieu de se faire consacrer une statue d’or ou de bronze sur un autel, qu’il fasse lui-même de son âme et le temple et l’autel, et, pour ainsi dire, le simulacre saint de la divinité ; nous l’adorerons alors.

1020. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VII. »

Mais ce que veut le destin, ni les augures ni les cérémonies saintes ne le détourneront. » D’autres traits épars dans les poésies de Solon frappent sur les erreurs de la vie publique, l’avidité des citoyens à s’enrichir, l’injustice des chefs du peuple, le pillage des domaines sacrés et du trésor public, la corruption amenant l’esclavage qui ramène la sédition et réveille la guerre endormie.

1021. (1901) L’imagination de l’artiste pp. 1-286

Le moyen âge lui a demandé de traduire sa foi en symboles visibles qui ont été vénérés comme des choses saintes. […] « Il s’agissait de faire rayonner une vertu différente sur la face de chaque saint… La vie des saints proposait toutes ces nuances exquises à l’art. Il en est résulté que l’art du moyen âge, qui n’a guère représenté que des saints, est l’art idéaliste par excellence ; car on ne lui demandait que de faire transparaître des âmes. […] « S’il en fallait croire les anciens Actes des saints, remarque Émile Mâle, presque tous nos vieux évêques de France, et surtout les fondateurs des sièges épiscopaux, auraient eu à lutter contre des monstres. […] Perché sur un rocher, un monstre menaçant vise le saint de son nez qui se prolonge en espingole.

1022. (1882) Types littéraires et fantaisies esthétiques pp. 3-340

Don Quichotte croit aux andriaques et autres monstres merveilleux sur la foi des romans de chevalerie ; mais demandez à sainte Thérèse si ces monstres n’existent pas. […] Doutez-vous des enchanteurs, la même sainte vous apprendra ce qu’il faut en penser. Un jour, un prêtre en état de péché mortel lui ouvrit son âme ; sainte Thérèse se fit remettre une amulette magique qu’il portait sur lui, la jeta au fond d’un puits, et dès lors les obsessions du péché disparurent. […] Tout saint a porté en lui les deux sortes de dons qui distinguent Dante et Goethe. Tout saint a été comme eux métaphysicien par le choix et la nature de l’objet de son amour, et poète par l’ardeur de son amour.

1023. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

Que de fois a-t-on entendu des tirades de ce genre : Toutes leurs démarches, dit l’Esprit Saint, sont vagues, incertaines, incompréhensibles. […] Des charpentes abattues, des bancs boiteux, des stalles démantibulées, des tronçons de saints roulés et poussés contre les murs, servaient de gradins aux spectateurs crottés, poudreux, soûls, suants, en carmagnole percée, la pique sur l’épaule ou les bras nus croisés. […] La cloche sainte venait d’appeler aux prières du soir les fidèles de la vallée. […] Le chant du prêtre, les cantiques des montagnards et les douces voix de l’enfance s’élevant en chœurs aux dômes éternels avaient plongé l’âme d’Élodie dans une pieuse et sainte tristesse… À la faible clarté perçant les vieux vitraux de la chapelle latérale, elle aperçoit un étranger… L’office du soir est achevé : un silence profond succède aux hymnes saintes. […] (Panégyrique de sainte Thérèse.

1024. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

Il était le livre saint, où l’on puise la santé morale. […] Point d’Ave Maria, point d’Écriture sainte ni de Pères. […] Peut-on enterrer en terre sainte ? […] On enterrera en terre sainte. […] Elle était née sainte, comme d’autres naissent mécaniciens.

1025. (1904) En lisant Nietzsche pp. 1-362

Cela me fut démontré tout de suite, Richard Wagner, le plus victorieux en apparence, en réalité un romantique caduc et désespéré, s’effondra soudain, irrémédiablement anéanti comme devant la sainte croix. […] Votre conscience, votre sainte conscience ! […] Et que seraient devenus, sans ora, ces malheureux qui se refusaient le labora, les saints ? […] La sainte piété est encore une transformation et non pas la moins notable, ni la moins odieuse, de l’égoïsme. […] Et si vous ne pouvez pas être les saints de la connaissance, soyez-en du moins les guerriers.

1026. (1902) La poésie nouvelle

Les voilà dans la monotonie rigoureuse de leur existence, en procession dès l’aube vers les offices, enclos dans leurs cellules, partagés entre leurs besognes quotidiennes et leurs contemplations, émerveillés des soirs féeriques où passent des anges, en guirlande, aux horizons silencieux, et puis agonisants, la cendre sainte sur le front, illuminés de cierges, et puis, mains jointes, enveloppés de la bure dernière, jetés au trou des fosses de la nuit mortuaire…‌ Une égale intensité de vie a suscité en ces têtes fiévreuses le mysticisme et, au creux des labours, la fougue virile dans les cœurs chauds des gars. […] Le paysage est changé : ruisselets et ramures chantantes, insectes d’or dans la lumière, frais jardins de jacinthes, pâles et hautes, et de fleurs comme des âmes blanches ; et les Saintes s’y tiennent, belles dans leurs robes pures, et celle-ci est le Pardon, et celle-là encore est l’Amour, et l’autre est le Sacrifice.    ‌ […] L’action se révèle à lui dans toute sa noblesse, capable de beauté, sainte et grandiose.

1027. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIIe entretien. Cicéron (2e partie) » pp. 161-256

Ici, ici même, parmi nous, pères conscrits, dans ce conseil, le plus auguste et le plus saint de l’univers, sont assis ceux qui méditent la ruine de Rome et de l’empire ; et moi, consul, je les vois et je leur demande leur avis, et, ceux qu’il faudrait faire traîner au supplice, ma voix ne les a pas même encore attaqués ! […] « À cette voix sainte de la République, à ces plaintes qu’elle peut m’adresser, pères conscrits, voici quelle est ma réponse. […] Mes écrits ont remplacé mes harangues au sénat et au peuple, et j’ai substitué les méditations de la philosophie aux délibérations de la politique sur les destinées de la patrie. » On voit par les lignes suivantes combien la philosophie, la religion raisonnée et le patriotisme en vue des devoirs imposés à l’homme par la Divinité, étaient pour Cicéron une même et sainte chose.

1028. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (1re partie) » pp. 313-408

Je croyais voir alors l’Ange à la torche sainte : Terrible, il me chassait du divin paradis, Et, debout à la porte, il en gardait l’enceinte,        Ainsi qu’il la garda jadis. […] Mais où la retrouver, quand elle s’est perdue, Cette humble foi du cœur, qu’un Ange a suspendue                  En palme à nos berceaux ; Qu’une mère a nourrie en nous d’un zèle immense ; Dont chaque jour un prêtre arrosait la semence                  Au bord des saints ruisseaux ? […] Toute autre amitié que celle-là serait trompeuse, légère, bonne pour un temps, et bientôt épuisé ; elle mériterait qu’on lui appliquât la parole sévère du saint auteur de l’Imitation : “Noli confidere super amicos et proximos, nec in futurum tuam differas salutem, quia citius obliviscentur tui homines quam æstimas.

1029. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre dixième. Le style, comme moyen d’expression et instrument de sympathie. »

Où sont nos lyres d’or, d’hyacinthe fleuries, Et l’hymne aux Dieux heureux, et les vierges en chœur, Eleusis et Délos, les jeunes théories, Et les poèmes saints qui jaillissent du cœur ? […] Misérable homme, fait pour la révolte sainte, Ramperas-tu toujours parce que tu rampas ? […] Le saint ordre de paix ; d’amour et d’unité.

1030. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre III. Variétés vives de la parole intérieure »

Tous ces phénomènes simultanés et successifs étaient parfaitement coordonnés ; Jeanne communiquait avec un véritable monde surnaturel composé de quatre personnages : saint Michel, le premier apparu et le garant des trois autres, saint Gabriel, sainte Catherine et sainte Marguerite. […] Il ne paraît pas non plus que chacun des saints ait eu, comme conseiller de la jeune fille, son rôle spécial.

1031. (1904) Essai sur le symbolisme pp. -

Dans ce cas il suffirait qu’un discours soit écrit en vers pour se ranger dans la cohorte sainte des œuvres poétiques. […] Son objet est d’incarner l’idée. » Le Christ, pour pénétrer ses disciples de sublimes vérités, usa de paraboles par où sa doctrine sainte s’éclaire et se penche vers les humbles sans abdiquer sa grandeur. […] N’allez pas croire que le saint, que le soldat consentiraient à s’ensevelir dans un froid linceul intellectuel.

1032. (1888) Poètes et romanciers

Vous savez que mon âme N’avait pour aliment que l’amour d’une femme, Puisant dans l’amour seul plus de sainte vigueur Que mes cheveux divins n’en donnaient à mon cœur. […] Le culte du saint tend à remplacer le culte du héros. […] Il n’aurait pas fallu voir à l’œuvre ces gladiateurs du beau, du saint, du juste, si majestueux dans leur programme, si faibles, si humains dans la vie. […] Combien peu, parmi les saints, qui pourraient en dire autant ! […] Qui s’intéresse maintenant au Juge de Charenton, à Monsieur Judas, à L’Ermite et ses saints, aux Capucins, ou bien encore à toutes ces chansons contre les jésuites et contre les papes, qui faisaient le bonheur des libéraux d’alors ?

1033. (1886) Le roman russe pp. -351

N’y cherchez pas la piété chrétienne des épopées occidentales, la dévotion à la Vierge et aux saints, le ciel intimement mêlé à l’action. […] Les puissances auxquelles il croit, ce sont les forces élémentaires, la vie obscure de l’univers ; ses invocations s’adressent aux fleuves, à la mer, aux ténèbres, aux vents, au soleil « trois fois saint ». […] Son bonheur veut qu’il encoure à l’avance la colère impériale ; des vers impertinents et une incartade avec des images de saints renouvelée d’Alcibiade lui valurent cette disgrâce. […] Madeleine des Misérables, dégonflé du grand souffle épique : un saint laïque et millionnaire, qui prêche, pardonne, influence et arrange tout. […] Sur un seul point il tint son serment, il porta son coup, un coup terrible, au droit de servage ; contre cet ennemi, la guerre était sainte, et tous étaient déjà de connivence.

1034. (1859) Critique. Portraits et caractères contemporains

Le nom de cette enfant se trouvait inscrit désormais à côté des plus honnêtes et des plus saintes pauvretés de la France. […] de ne songer, dans ces tumultes, qu’à la gloire exquise et quasi sainte de la poésie et des belles-lettres ! […] Chère sainte ! […] maladroits surnuméraires, maladroits et sans pitié, qui brisez d’un trait de plume une sainte espérance ! […] à quels saints pouvaient-elles se vouer, ces pauvres femmes ?

1035. (1925) Feux tournants. Nouveaux portraits contemporains

Le peintre Maurice Denis qui est un ami de Brillant, dont il a illustré un poème, Cantilène pour une sainte, a créé un atelier d’art sacré où il forme le goût de jeunes ouvriers catholiques. […] Sainte Thérèse42, saint Jean de la Croix et les héros des Ballets russes43 sont, pour Brillant, prétexte à des effusions dont je ne peux, hélas ! […] Et si certains osent douter encore du sentiment qui anime ce Roman sur le Rhin, qu’ils relisent les lignes qu’en pleine guerre Barrès lui consacrait ; ils surprendront, notamment à travers l’Agonie dans les étangs (les Saints de la France) 71, cette humanité qu’à chaque ligne il exprimait. « Il me faut encore deux ou trois ans pour y repenser, disait Barrès de ce livre, j’ai trouvé la pensée à placer dans le chant: à Charmes, cela se fera très vite. » Il espérait aussi avoir le temps de publier lui-même ses Mémoires. […] La libération ne devait se faire que cent ans après la mort de cette espèce de saint protestant, de ce lucide patriote dont la mémoire fut honorée l’an dernier au cours d’une fête populaire par son descendant lui-même. […] Cantilène pour une jeune sainte, poèmes par Maurice Brillant.

1036. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVIe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (2e partie) » pp. 417-487

Quelle plus vile profession de foi d’un matérialisme absolu, réduisant toute la sociabilité, même celle de l’amour, de la génération et du sang, à la grossière sensation de la peine, du plaisir, ou des besoins physiques dans le père, dans la mère, dans l’enfant, blasphème qui donne pour toute moralité à cette trinité sainte de la famille, quoi ? […] Les lois sont des règlements obligatoires promulgués par les gouvernements pour faire vivre les sociétés nationales en ordre plus ou moins durable, en justice plus ou moins parfaite, en moralité plus ou moins sainte entre eux.

1037. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVIe Entretien. Marie Stuart (reine d’Écosse) »

La plus belle, la plus faible, la plus entraînante et la plus entraînée des femmes ; créant sans cesse, par une irrésistible attraction autour d’elle, un tourbillon d’amour, d’ambition, de jalousie, où chacun de ses amants est tour à tour le motif, l’instrument, la victime d’un crime ; passant, comme l’Hélène grecque, des bras d’un époux assassiné dans les bras d’un époux assassin ; semant la guerre intestine, la guerre religieuse, la guerre étrangère sous tous ses pas et finissant par mourir en sainte, après avoir vécu en Clytemnestre ; puis laissant une mémoire indécise, également défigurée par les deux partis : protestants et catholiques, les uns intéressés à tout flétrir, les autres à tout absoudre, comme si ces mêmes factions qui se l’arrachaient pendant sa vie devaient encore se l’arracher après sa mort ! […] Il y parut en habit calviniste, le manteau court, drapé sur l’épaule, la Bible sous le bras en guise de glaive : « Satan, dit-il, ne peut rien contre l’homme dont la main gauche jette une flamme qui éclaire sa main droite, quand il copie la nuit les saintes Écritures !

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