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826. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Anatole France, le Lys rouge »

Si, tout en goûtant la grâce infinie de cette forme, presque unique dans notre littérature, je regarde ingénument ce qu’elle recouvre, j’aperçois, au travers des guirlandes de causeries et d’épisodes dont il est délicieusement fleuri, un drame très simple, très violent, surprenant d’âpreté et de cruauté. […] D’un bout à l’autre du livre, il se regarde aimer, et être fou, et être malheureux, et être méchant.

827. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre V. Le théâtre des Gelosi (suite) » pp. 81-102

Arlequin regarde attentivement la fenêtre de Flaminia. […] Moi, je le laisserai ou je mourrai. » De même, lorsque le capitaine revient à Silvia, ils n’ont d’autres paroles à échanger entre eux que celles que prêtent à leurs personnages les auteurs des Ingannati : Regardez, messer Spavente, reconnaissez votre page, celui qui s’est fait votre serviteur si fidèle, si dévoué ; celle qui vous a aimé d’un amour si brave et si constant.

828. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre XII. L’antinomie morale » pp. 253-269

Mais si l’on y regarde de plus près, ou voit bien vite que la personnalité glorifiée par les moralistes est toujours, au fond, l’essence idéale de l’humanité, la raison impersonnelle, une et identique en tous les individus. […] La casuistique est regardée par ses ennemis comme une sophistique au service de l’instinct de liberté et d’anomie morale ; comme un prétexte qu’invoque trop aisément l’instinct égoïste toujours disposé à se dérober à l’autorité de la règle.

829. (1882) Qu’est-ce qu’une nation ? « II »

L’importance politique qu’on attache aux langues vient de ce qu’on les regarde comme des signes de race. […] La religion est devenue chose individuelle ; elle regarde la conscience de chacun.

830. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. John Stuart Mill — Chapitre III : Théorie psychologique de la matière et de l’esprit. »

Ces postulats posés, « la théorie psychologique maintient qu’il y a des associations naturellement et même nécessairement produites par l’ordre de nos sensations et de nos réminiscences de sensations, lesquelles, en supposant qu’il n’existât dans la conscience aucune intuition d’un monde extérieur, en produiraient inévitablement la croyance et le feraient regarder comme une intuition. » Et d’abord, que voulons-nous dire par ces mots : un monde extérieur, une substance externe ? […] Avec ce goût de la libre critique et cette parfaite loyauté qui lui sont propres, il se plaît à citer ses adversaires, à mettre en relief certaines objections et à dire même nettement celles qu’il regarde comme insolubles.

831. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXI » pp. 338-354

Il faut s’éclaircir de leurs vrais sentiments à mon égard en leur proposant quelque chose de présent et de solide… Je veux que madame de Richelieu voie la froideur et l’indifférence de madame de Montespan sur tout ce qui regarde mes affaires essentielles. » Une lettre, datée de Versailles, le 6 août, au même abbé Gobelin, ne laisse aucun doute sur la brouillerie des deux dames, et sur sa cause, et sur la mauvaise humeur qu’en avait prise le roi, fatigué de leurs altercations. […] « J’en parlai hier au matin à madame de Montespan, et je lui dis que je priais le roi et elle de ne point regarder la mauvaise humeur où je leur paraissais être, comme une bouderie passagère contre eux ; que c’était quelque chose de plus sérieux ; que je voyais à n’en pouvoir douter que j’étais très mal avec elle et qu’elle m’avait brouillée avec le roi. » Brouillée avec le roi !

832. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Œuvres littéraires de M. Villemain (« Collection Didier », 10 vol.), Œuvres littéraires de M. Cousin (3 vol.) » pp. 108-120

C’est déjà un salutaire exemple que de voir des hommes, si comblés par la renommée, se recueillir pour donner à des œuvres qui ont eu dès longtemps leur succès, et qui n’en sont plus à attendre la faveur publique, ce degré de perfection et de fini qui n’est sensible qu’à des lecteurs attentifs, et qui ne s’apprécie que si l’on y regarde de très près. […] Seulement si quelqu’un, frappé chez celui-ci de tant de grandes parties qui enlèvent, était tenté, entre les deux, de le préférer comme écrivain et de le lui dire, nous sommes bien sûr que lui-même serait le premier à renvoyer l’admirateur au style de l’autre, en disant : « Regardez bien, vous n’y avez pas tout vu. »

833. (1902) L’humanisme. Figaro

Que ce soit le grand soleil ineffable de Dieu ou le grand soleil noir du néant, je saurai le regarder en face, sans être aveuglé par la lumière, sans être ébloui par l’ombre. […] Les empêcherez-vous de franchir vos barrières, de regarder au-delà de votre horizon ?

834. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre troisième. De la sympathie et de la sociabilité dans la critique. »

C’est à l’œuvre, après tout, qu’il faut en revenir, et c’est elle qu’il faut apprécier, en la regardant du point de vue même d’où son auteur l’a regardée. […] Regardez dans les yeux un passant indifférent : ces yeux, clairs pourtant et transparents, vous diront sans doute peu de chose, peut-être rien.

835. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — L’abbé d’Aubignac, avec Ménage, Pierre Corneille, Mademoiselle de Scudéri et Richelet. » pp. 217-236

Cet abbé regarda cela comme un outrage. […] D’Aubignac, enchanté de voir le grand Corneille docile à ses avis, s’accoutume à le regarder comme son disciple, l’encourage, le cite avec complaisance dans sa Pratique du théâtre Cette attention marquée de d’Aubignac lui parut en devoir mériter une autre de la part de Corneille.

836. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre II. Mademoiselle Mars a été toute la comédie de son temps » pp. 93-102

Vous l’avez accompagné en silence sur le bord de la mer : l’heure du départ est arrivée, le ciel est noir, la mer rugit au loin, le frêle esquif se balance d’une façon formidable, votre ami reste calme, il vous tient la main dans les siennes, il vous la serre, il vous regarde avec assurance, il vous sourit une dernière fois ; vous, cependant, vous avez la mort dans le cœur. […] « Voilà ce que disent nos maîtres, les critiques qui ont vu, qui se souviennent et qui regardent, à la fois, dans le présent et dans le passé.

837. (1760) Réflexions sur la poésie

Ceci ne regarde pas nos grands poètes vivants ; leur génie, leur succès, la voix publique les exceptent et les distinguent : mais pour la foule qui se traîne à leur suite, la carrière est devenue d’autant plus dangereuse, que la plupart des genres de poésie semblent successivement passer de mode. […] La Fontaine surtout, qu’on regarde assez mal à propos comme le poète des enfants, qui ne l’entendent guère, est à bien plus juste titre le poète chéri des vieillards : il l’est même plus que Racine.

838. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XV. Mme la Mise de Blocqueville »

elle tremble pour son salut, dit-elle, quand elle songe à quel point elle est une grande et hardie Voluptueuse intellectuelle, lorsqu’elle regarde les comètes !!! […] Vous pouvez, pour vous en divertir ou vous en attrister, y aller regarder ce que le bas-bleuisme peut faire d’une femme qui fut spirituelle, et Parisienne et du faubourg Saint-Germain, et qui se moque bien de tout cela, maintenant que la voilà passée comète et, dans son ascension à travers les astres, ne touchant plus à cette misérable terre que par l’extrémité de ses peignoirs !

839. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXIV. Mme Claire de Chandeneux »

Évidemment, c’est par ce côté de leur esprit et de leur style, inépuisablement aqueux et capables d’éternellement couler, qu’on peut les regarder comme étant les successeurs naturels de cet Alexandre ! […] On n’a eu que la peine de l’y porter, — et les premiers jours qu’on l’y a vue, elle y a été regardée avec l’œil rond d’une foule badaude, qui fait une plaisanterie morne et puis, qui s’en va… Le vieux xixe  siècle, — car le voilà vieux, — ressemble au vieux célibataire, qui souffre qu’une femme soit tout chez lui et s’y permette tout.

840. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Joubert » pp. 185-199

… Je n’en serais pas étonné ; mais regardez bien ce Joubert, et voyez s’il n’est pas Platon à sa manière, — un Platon moderne, chrétien, par conséquent plus Platon, par là, que Platon lui-même. […] Seulement Fénelon, le beau Fénelon, dont on a dit qu’il fallait faire effort pour cesser de le regarder, est un grand ondoyant aux mouvements de cygne et même de serpent… innocent, — s’il en est, et si, à la première tortuosité, à la première ramperie, on n’est pas serpent tout à fait, — tandis que Joubert a la simplicité d’Astrée.

841. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Guizot » pp. 201-215

Guizot soutint que sa traduction n’était pas morte, il ne voulut pas avoir le démenti de cette traduction, il ne voulut pas qu’elle fût regardée comme non avenue. […] Et si ce congé aux historiens n’était qu’un mot de désespoir, un mot de renard qui regarde la grappe et la trouve bonne pour les goujats, je n’en tiendrais que le compte qu’il faudrait ; mais ce n’est pas cela, c’est bien autre chose, c’est tout un système que la Critique doit dénoncer et flétrir, parce qu’il est mauvais et funeste et qu’il peut devenir populaire.

842. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Histoire des Pyrénées »

Ce grand spectacle de l’ensemble et de l’unité de l’Europe aurait replacé, pour l’historien des Pyrénées, dans leur véritable perspective les hommes, les événements et les choses de cette encoignure historique, qu’il nous a grossis parce qu’il les a regardés de trop près, et il n’eût pas fait l’honneur d’une si longue et si pieuse histoire à ces bouillonnements de peuplades, écumant ici ou là, un instant, aux avant-postes des vraies nations, de ces nations aux pieds de marbre qui constituent l’Europe actuelle, et qui n’ont point passé entre deux soleils ! […] Entre les deux dates dans lesquelles Cénac-Moncaut renferme son sujet, puisque la féodalité est toute l’histoire, c’était la féodalité qu’il devait regarder dans le fond de l’âme, par-dessus la tête des faits.

843. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Madame de Montmorency » pp. 199-214

Seulement, si l’ardente sympathie qu’il éprouve pour madame de Montmorency lui donne le courage de regarder, les yeux bien ouverts, cette robe rouge qui les fait ordinairement baisser, tant elle est rouge, trempée du sang des Montmorency ! […] Il regardait le coup qu’elle allait frapper comme une délivrance.

844. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. le vicomte de Meaux » pp. 117-133

Pour qui regarde attentivement l’état des esprits à cette époque, il n’est nullement prouvé que Henri IV, même sans conversion, ne pût être Roi. […] Mais, aux yeux de M. de Meaux, qui a une manière à lui de regarder les choses catholiques, c’est peut-être une preuve de la profondeur du catholicisme de Henri IV, qu’il l’ait promulgué ?

845. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Funck Brentano. Les Sophistes grecs et les Sophistes contemporains » pp. 401-416

Funck Brentano ne regarde pas Locke et Bacon comme des sophistes. […] Les formes que le génie artistique de la Grèce mettait à tout les grandissait… Quand nous les regardons à distance, nous nous trouvons bien loin de nos minces claque-dents, avec leur guenille noire moderne sur leurs maigres jambes.

846. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Roger de Beauvoir. Colombes et Couleuvres. »

D’où vient qu’après avoir quitté vos bras charmants, Et regagné l’alcôve à la tenture noire, Nous regardons souvent, le crucifix d’ivoire, Le front humide encor de vos embrassements ? […] À nos yeux c’est un livre charmant en beaucoup d’endroits et qu’on peut regarder comme un progrès dans la manière de l’auteur, mais nous espérons bien que ce progrès sera suivi d’un autre ; que là n’est pas le dernier effort du poète et son dernier résultat.

847. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Stendhal et Balzac » pp. 1-16

Autrefois, en effet, il y avait des libraires qui regardaient leur fonction comme une magistrature. […] Ces Contes drolatiques, écrits dans cette merveilleuse langue du xve  siècle, touffue, feuillue, verdissante et rayonnante dans ses obscurités, — aurore du Corrège se levant à travers les riches épaisseurs d’un bois sacré, — Balzac les choyait et les regardait comme son chef-d’œuvre.

848. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Édouard Gourdon et Antoine Gandon » pp. 79-94

Regardez, en effet, le portrait placé à la tête de ce volume, et voyez si sur cette face résolue et tranquille de lion au repos il n’y a pas la tristesse immense de notre âge, cette tristesse qui pénètre tout, hélas ! […] Prenez-le comme il est là, assis sur ce banc, qui est probablement le banc de pierre du corps de garde, son képi posé près de lui avec ses deux simples contre-épaulettes, sa large poitrine, qui n’a pour toute décoration que son pauvre cœur intrépide, et son sabre, entre ses deux jambes écartées, sur lequel il s’appuie comme sur un ami sans avoir besoin de le regarder : il est, en vérité, à sa façon, aussi simple que M. de Turenne, ce soldat d’hier mort aujourd’hui tout entier, mais dans l’ombre du drapeau, qui vaut presque la gloire !

849. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Francis Wey »

L’auteur est plus un curieux, qui se regarde en se retournant, qu’un pathétique romancier qui épouse ardemment et les personnages et les événements de son histoire. […] On sent que pour résister à cette poignante et cruelle ironie de l’ange qui regarde la terre et lève les épaules sous ses ailes, — dernier mouvement de la femme que la religieuse n’ait pas réprimé, — il faut que Christian ait jeté dans l’âme troublée d’Éliane de bien brûlantes impressions.

850. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVI. Des sophistes grecs ; du genre de leur éloquence et de leurs éloges ; panégyriques depuis Trajan jusqu’à Dioclétien. »

Dès que la vérité condamne, elle est regardée comme un outrage, et bientôt comme un crime. […] Niger le regarda en pitié, et voici sa réponse : « Orateur, faites-nous l’éloge de Marius, ou d’Annibal, ou de quelqu’autre grand homme qui ne soit plus, et dites-nous ce qu’il a fait, pour que nous l’imitions ; car louer des vivants, est intérêt ou faiblesse, et surtout louer les princes, dont on espère, dont on craint, qui peuvent donner, qui peuvent mettre à mort, qui peuvent proscrire.

851. (1788) Les entretiens du Jardin des Thuileries de Paris pp. 2-212

Il ne se mouche qu’à trois temps, il regarde son ombre. […] C’est presqu’un crime que de les regarder, à moins qu’on ne le fasse d’un air très-respectueux. […] ma sœur, dirent-elles les unes les autres, en n’osant presque se regarder. […] Il ne fut question que de l’antimoine le siecle passé, selon les lettres de Guy Patin, & présentement on le regarde comme le remede le plus dangereux. […] Autrement, on bâille & l’on regarde d’un air de mépris celui qui a cru pouvoir amuser la compagnie.

852. (1903) Légendes du Moyen Âge pp. -291

» Nous le regardâmes longtemps, longtemps, et nous écrivîmes sur une des pierres, avec la pointe d’un couteau, nos noms et nos surnoms… Puis, l’ayant regardé une dernière fois, nous partîmes tout doucement, nous retournant bien des fois pour revoir encore Roncevaux, qu’il nous déplaisait de quitter15. […] Le récit du faux Turpin, quoiqu’il présente des confusions, est encore celui qui conserve le plus de traits qu’on peut regarder comme appartenant à la réalité. […] Son petit oiseau nous charme autant que son lourd vilain nous amuse, et ce petit poème peut être regardé comme un des joyaux les plus finement taillés de notre vieille poésie. […] — Je n’ai plus le droit de te regarder ! » — La variante bas-allemande est d’une beauté antique : « Quand il arriva devant la montagne, — il regarda de tous côtés autour de lui : — « Adieu, soleil, — adieu, lune, — et aussi tous mes chers amis ! 

853. (1894) La bataille littéraire. Septième série (1893) pp. -307

Une tête brune et forte se pencha en dehors, et regarda les deux fenêtres l’une après l’autre. […] Elle me força à relever la tête, à là regarder, et mon visage lui prouva que je disais vrai. […] Des races entières périssent du mal d’eau-de-vie : regardez du côté des Peaux-Rouges, bientôt ils ne seront plus. […] Un détail navrant : elle vient de mourir, il la regarde avec stupeur, il ne la reconnaît plus dans ce pâle profil à l’œil entrouvert et terni ! […] À y bien regarder, Astre noir doit être considéré comme le récit d’un voyage autour de l’orgueil humain que, d’ailleurs, M..

854. (1864) Physiologie des écrivains et des artistes ou Essai de critique naturelle

. — « Je remplirai d’or ton sac à orge », répondit Hassad, qui regardait comme un affront de n’avoir pas réussi. […] Nous devons regarder du bon côté chaque personne et chaque chose. […] Ils se croyaient alors inspirés, et ils étaient fous ; leurs accès étaient précédés d’une espèce d’abrutissement, qu’ils regardaient comme l’état de l’homme sous la condition de nature dépravée. […] « Haydn resta toujours l’enfant de chœur enrégimenté dans ce vaste empire, qu’il ne pensa jamais à regarder avec sa conscience d’homme libre. […] Les peuples du Midi et de l’Occident recherchèrent les tableaux religieux, — dont quelques-uns, participant au merveilleux des légendes qu’ils représentaient, furent regardés eux-mêmes comme des miracles.

855. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XV » pp. 61-63

Il croit que ce succès le regarde ; lui, il n’a ni goût, ni littérature, — rien.

856. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Préface de la première édition du quatrième volume »

Vainement me serais-je efforcé de ne regarder leurs œuvres que par le côté de l’art ; le philosophe invoqué par l’esprit d’anarchie m’aurait caché l’écrivain supérieur.

857. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 245-247

On peut donc le regarder dans ce démêlé, comme le Comte de Gormas devenu la victime du premier coup d’essai du jeune Rodrigue.

858. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 252-254

Ceux qui l’ont entendu ont donc raison de le regarder comme un Orateur dont la maniere n’appartient qu’à lui seul, qui, laissant aux autres le soin de prouver les dogmes de la Religion, se borne à un objet non moins estimable, & plus utile peut-être, celui d’en développer la morale, d’en faire aimer les devoirs & respecter l’autorité.

859. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 275-277

M. l’Abbé Bergier à composé aussi quelques Ouvrages de pure Littérature, qu’on peut regarder comme les préludes de sa plume, qui devoit dans la suite s’exercer sur les plus grands objets.

860. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 134-135

Toutes les fois qu’il n’écoute que la raison & le bon goût, on ne peut s’empêcher de le regarder comme le modele des bons Critiques.

861. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 378-380

On peut le regarder, avec Montagne & Bayle, comme un de ces Sceptiques qui, voulant tout approfondir, n’ont rien digéré, & dont les résultats ne sont qu’un amas d’incertitudes & de ténebres.

862. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — N. — article » pp. 408-410

Celui qui a pour titre, les quatre fins de l’Homme, peut sur-tout être regardé comme un des meilleurs Traités de Morale Chrétienne, c’est-à-dire, de vraie Philosophie.

863. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 84-86

Son Testament fût-il réduit au mérite du style, il pourroit être encore regardé comme un Ouvrage estimable.

864. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Dumont le Romain  » pp. 115-116

À gauche de celui qui regarde, la Paix qui descend du ciel et qui présente au monarque une branche d’olivier qu’il reçoit et qu’il remet à la femme symbolique de la ville de Paris ; d’un côté la générosité qui verse des dons ; de l’autre un génie armé d’un glaive qui menace la Discorde terrassée sous les pieds du monarque ; les rivières de Seine et de Marne étonnées et satisfaites.

865. (1761) Salon de 1761 « Peinture — Pastorales et paysages de Boucher. » pp. 120-121

Quand on a longtemps regardé un paysage tel que celui que nous venons d’ébaucher, on croit avoir tout vu.

866. (1869) Philosophie de l’art en Grèce par H. Taine, leçons professées à l’école des beaux-arts

La mer y entre par une infinité de golfes, d’anfractuosités, de creux, de dentelures ; si vous regardez les vues que rapportent les voyageurs, une fois sur deux, même dans l’intérieur des terres, vous apercevez sa bande bleue, son triangle ou son demi-cercle lumineux à l’horizon. […] Ses colonies sont maîtresses d’elles-mêmes ; elles reçoivent de la métropole un pontife et la regardent avec un sentiment d’affection filiale ; mais à cela se réduit leur dépendance. […] Il n’a pas besoin d’inventer des salles de spectacle et des décors d’opéra ; il n’a qu’à regarder autour de lui ; la nature les lui fournit plus beaux que ne ferait son art. […] Les personnages s’asseyent, se lèvent, se regardent en disant des choses ordinaires, sans plus d’effort que les figurines peintes sur les murs de Pompéi. […] Il avait son chef, ses moniteurs, ses répétiteurs spéciaux, sa fête en l’honneur d’Hermès ; dans l’intervalle des exercices, les adolescents jouaient ; les citoyens y entraient à volonté ; il y avait des sièges nombreux autour du champ de course ; on y venait pour se promener, pour regarder les jeunes gens ; c’était un lieu de conversation ; la philosophie y naquit plus tard.

867. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre I. Les Saxons. » pp. 3-71

Sigurd a enfoncé son épée dans le cœur du dragon Fafnir, et « à ce moment tous deux se regardent. » Alors Fafnir chante en mourant : « Jeune homme, jeune homme !  […] — Car bientôt tu deviens hideux,  — et odieux à regarder. » Jérémie Taylor a-t-il trouvé une peinture plus lugubre ? […] Il lui commanda alors de bien faire attention de ne pas regarder par derrière après qu’il serait parti, et dit que, s’il regardait par derrière, il perdrait sa femme. […] Quand il fut arrivé à la lumière, il regarda derrière lui du côté de sa femme. […] Encore celle-ci est peut-être trop relevée pour eux : « Cette fable apprend à tout homme qui veut fuir les ténèbres de l’enfer et arriver à la lumière du vrai bien, à ne point regarder ses anciens vices, de façon à les pratiquer derechef aussi pleinement qu’auparavant.

868. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

On avait peine dans le sérail à croire le rapport de ce conjuré ; toutefois, comme la chose était trop importante pour en négliger l’avis, et que la reine et les eunuques, que la conjuration regardait, croyaient à tout moment qu’on les venait mettre en pièces, le roi se laissa pousser à faire mourir le lendemain matin tout ce nombre d’assassins, sans autre forme de procès. […] Et quand il me l’aurait voulu celer, ne m’aurait-il pas été plus aisé qu’à vous d’en découvrir quelque chose, puisque je demeure dans le palais intérieur, et que je sais tout ce qui s’y passe de plus secret ; que vous n’y entrez jamais, et que vous ne le pouvez regarder que par dehors ? […] Au contraire, tout le monde s’élèvera contre vous pour soutenir le parti de l’héritier légitime ; et quand il ne le ferait pas, vous serez chargés de malédictions et toujours regardés comme les auteurs d’un attentat exécrable ; vous en rougirez de honte toute votre vie et en aurez un regret perpétuel dans l’âme. Hamzeh-Mirza lui-même, pour qui vous avez prostitué vos consciences, ne vous en saura pas de gré un jour ; il vous regardera comme des chiens, qui ne lui auront procuré cet honneur que dans le désir de faire curée, et qui, dans l’espérance de s’engraisser pendant son bas âge, auront laissé Dieu et la loi, le Prophète et le livre, l’explication, la droite raison et la justice. […] Un demi-quart d’heure se passa sans que pas un d’eux ouvrît la bouche: ils se regardaient l’un l’autre, sans dire mot, dans l’embarras que leur donnait ou la honte de se dédire, ou la crainte du péril qu’ils couraient s’ils osaient s’obstiner à maintenir le sentiment qu’ils avaient témoigné d’abord.

869. (1898) Émile Zola devant les jeunes (articles de La Plume) pp. 106-203

Il regarde le monde avec épouvante. […] Ils regardaient l’humanité à la loupe, l’expertisant avec minutie, et cherchant des nuances singulières et des traits pittoresques. […] Elle le regardait, elle tâchait de lui trouver des ressemblances. […] En attendant, accoudés à nos fenêtres hautes, nous regardons, avec une émotion religieuse, poindre l’aube là-bas, l’aube de la justice humaine, l’aube d’une humanité plus grande. […] Tout est symbole, si vous voulez en convenir, selon celui qui regarde.

870. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1867 » pp. 99-182

Quand on regarde ce pays, sa surface vous paraît trop heureuse et trop égayée, pour produire un talent tourmenté et nerveux : le talent moderne. […] De ma cabine je regarde bêtement par l’œil rond, par le hublot du bateau, l’échevèlement éternel des vagues, où dedans parfois, un petit bateau s’encadrant dans cette grosse lentille, semble une marine peinte sur un galet de cristal. […] La maîtresse de maison, je la regarde, je l’étudie. […] Mais, je le répète, il n’y a qu’à regarder ses lèvres, dans sa statue de Houdon. […] Des yeux qui jamais ne regardent, un mélange de clowns et de bestiaux : des bêtes splendides et inquiétantes.

871. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1895 » pp. 297-383

« Et si la femme, ainsi représentée dans son intérieur, sort de chez elle, regardez-la, sur cette merveilleuse planche : “La femme devant les trois crayons de Watteau, du Louvre”, regardez-la, une main sur une ombrelle, avec toute l’attention de sa séduisante et ondulante personne, penchée sur les immortels dessins de la vente d’Imécourt. […] Un jeune divorcé disait à un de mes amis : « Aujourd’hui, la généralité des jeunes filles supérieures, regarde le mariage comme un essai, un essai sans chance de durée : ces demoiselles ne se cachant pas de dire, que lors de ce mariage, elles n’ont pas la connaissance des hommes, et que cette première union, n’est qu’un apprentissage, une étude pratique de l’homme dans le mari : apprentissage qui les met en état de faire un choix judicieux, au second tour, au second mariage. » Tout à la fin de la soirée, Daudet me jette de son fauteuil, où il écrit : — Au dîner de Fasquelle de vendredi dernier, les Charpentier vous ont-ils dit quelque chose ? […] Je suis revenu, un superbe panier de fleurs à la main, un panier mis devant moi, pendant le repas, et que, dans mon émotion, je n’avais pas regardé attentivement, ayant pris seulement connaissance du billet de Mme Mirbeau, qui me l’avait envoyé. […] Mercredi 19 juillet Rue de Berri, le prince Louis Napoléon parle des usages et des superstitions russes, nous apprenant que là, donner la main gantée, donner la main, dans un entre-deux de porte, c’est regardé comme une impolitesse. […] » Jeudi 21 novembre Le notaire d’un de mes amis, lui disait ces jours-ci, qu’en présence des lois financières qui se préparaient, la plus grande partie des gens qui avaient de l’argent, le plaçaient à l’étranger, et qu’il regardait de son devoir d’avertir ses clients de l’effroi du capital français, devant l’avenir que lui préparait le gouvernement.

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