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1020. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre V. Les figures de lumière »

Mais le fait que, consciemment ou non, la théorie de la Relativité substitue au temps des lignes de lumière met en pleine évidence un des principes de la doctrine. […] En ce qui concerne plus spécialement le temps, c’est de l’horloge sidérale qu’on a usé pour le développement de la physique et de l’astronomie : notamment, on a découvert la loi d’attraction newtonienne et le principe de la conservation de l’énergie.

1021. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre premier : M. Laromiguière »

Donc il détruit les principes de la science, qui sont des vérités absolues. Donc il détruit les principes de la morale, qui sont des vérités absolues.

1022. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVII. Des éloges en Italie, en Espagne, en Angleterre, en Allemagne, en Russie. »

Parcourez tous les états d’Italie ; est-ce à Venise, dont l’aristocratie sévère est fondée sur la crainte ; où la politique inquiète et soupçonneuse marche quelquefois dans la nuit entre des inquisiteurs d’état et des bourreaux ; où tout est couvert d’un voile ; où le gouvernement est muet comme l’obéissance ; où la barrière qui sépare la noblesse et le peuple défend aux talents de s’élever ; où le plaisir même est un instrument de politique ; où, par système, on a substitué à la liberté qui élève les âmes, la licence qui les amollit ; Venise, où tout ce qui serait grand serait suspect ; où enfin le caractère de tous les principes de gouvernement est d’être immobile et calme, et où, depuis des siècles, tout tend à la conservation et à la paix, rien à l’agrandissement et à la gloire ? L’aristocratie de Gênes, quoique fondée sur des principes un peu différents, n’est guère plus favorable aux orateurs.

1023. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XXII. L’affichage moderne » pp. 283-287

Soit doux types d’affiches intelligentes, et deux types d’affiches indifférentes : ces exemples amèneront au principe théorique auquel je veux arriver.

1024. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Première partie. Plan général de l’histoire d’une littérature — Chapitre premier. Nécessité d’une histoire d’ensemble » pp. 9-11

Sont-ils conçus d’après les mêmes principes ?

1025. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre VII. Objections à l’étude scientifique d’une œuvre littéraire » pp. 81-83

A qui n’arrive-t-il pas de se tromper, même en appliquant des principes justes ?

1026. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 202-207

Le style qui y regne, annonce, nous en convenons, une plume exercée, le ton d’un Critique pénétrant, qui croit démêler le principe des actions & apprécier justement les hommes ; mais des Critiques plus pénétrans retrouvent trop souvent le Romancier dans l’Historien, le Bel-Esprit académique dans l’Ecrivain, l’homme à prétention dans le Moraliste.

1027. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 303-308

L’Auteur y est Observateur éclairé, profond Politique, Dissertateur plein de sagacité, toutes les fois qu’il s’agit de remonter aux principes des troubles, d’en faire connoître les dangers, & d’indiquer les moyens de les empêcher de renaître.

1028. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 293-297

Outre l'Eloge de M. le Chevalier de Solignac, M. l'Abbé Ferlet a publié d'autres Discours, qui lui donnent le droit de figurer parmi les Littérateurs de nos jours qui ont cultivé l'Eloquence avec une sorte de distinction : tel est celui où il examine le bien & le mal que le commerce des femmes a faits à la Littérature, & qui a mérité le prix de l'Académie de Nancy ; tel est encore son Discours sur l'abus de la Philosophie par rapport à la Littérature, Ouvrage dont l'élocution se ressent un peu de la jeunesse de l'Auteur, mais dont les vûes & les principes annoncent un esprit vraiment éclairé & capable d'éclairer les autres.

1029. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre premier. Beaux-arts. — Chapitre VIII. Des Églises gothiques. »

Vitruve raconte autrement l’invention du chapiteau, mais cela ne détruit pas ce principe général, que l’architecture est née dans les bois.

1030. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

Cependant, le grand théoricien de la race n’a pas, vous le devinez bien, renoncé à son principe. […] Elle se justifie donc parfaitement en principe. […] Mais il y va d’un principe capital que l’on est stupéfait de voir encore méconnaître et discuter. […] » On considérera peut-être les principes de M.  […] C’est une pétition de principe.

1031. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome II pp. 1-419

Les principes que Giusti a défendus, malgré leur grandeur, leur sainteté, ne suffiront pas pour assurer une longue durée à son nom. […] Vouloir le juger, d’après les principes de notre poétique, serait donc tout simplement faire preuve de cécité. […] Le parti presbytérien professait en matière religieuse des principes analogues. […] Malheureusement les principes de l’orateur sont aussi mobiles que l’onde. […] J’admets volontiers la vérité des principes posés par Vico, sauf à discuter les conséquences extrêmes de ces principes, après la triple évolution mythique, héroïque et humaine ; cependant le procédé adopté par Niebuhr et suivi par M. 

1032. (1902) Symbolistes et décadents pp. 7-402

Ma conjecture est que se demandant de plus en plus et avec inquiétude sur quelles bases sérieuses on s’appuierait pour boucler l’évolution rythmique et la réduire à des variations sur le principe binaire, on ira au vers libre. […] Si les principes même du réalisme, ne raconter que des faits de vie sans les interpréter et expliquer un décor réel sans le transposer, sont la forme la plus expresse de la haine de l’art, si les fondateurs du réalisme, M.  […] Dans le second cas il n’agit pas et il ne connaît pas Mitka ; le fait seul s’impose à lui d’une erreur sociale, dont il serait le principe. […] Or, il n’a pas le choix de par sa misère ; Sonia l’attire parce qu’il voit en elle comme un problème, ou plutôt l’énigme qui vient aussi de ce que ses actes, inspirés de ses principes, sont la complète raillerie des dits principes, et puis parce qu’il cherche un être faible et vaillant et qu’il trouve cela dans Sonia ; Sonia, comme beaucoup de femmes, est courageuse, mais élémentaire d’idées ; elle conseille de s’en remettre au consentement universel, avouer, et de relever du mysticisme, expier. […] Descendant de ses principes, Villiers, s’il considère le monde vivant, le traduira dans les Contes cruels, et sous ce titre : Chez les Passants.

1033. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre IV. La philosophie et l’histoire. Carlyle. »

Si vous avez un peu d’imagination, vous ferez de cette force un être distinct, situé hors des prises de l’expérience, spirituel, principe et substance des choses sensibles. […] Son principe est que dans une œuvre d’esprit la forme est peu de chose, le fond seul est important. […] Ces furieux, ces ouvriers, ces Jacques sans pain, sans habits, se battaient à la frontière pour des intérêts humanitaires et des principes abstraits. […] Les lois de Dieu sont transformées en principes du plus grand bonheur possible, en expédients parlementaires ; le ciel ne dresse sa coupole au-dessus de nous que pour nous fournir une horloge astronomique, un but aux télescopes d’Herschel, une matière à formules, un prétexte à sentimentalités. […] Notre constitution pose en principe que, pour découvrir le vrai et le bien, il n’y a qu’à faire voter deux millions d’imbéciles.

1034. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Camille Jordan, et Madame de Staël »

Il s’appuya directement, dès le principe, sur l’article de la Constitution qui déclarait que nul ne pouvait être empêché, en se conformant aux lois, de professer le culte qu’il avait choisi. […] Camille retrouva en Allemagne Mounier, avec qui il se lia d’une amitié étroite, cimentée d’une communauté de principes et de sentiments. […] Si, comme je le crois, vous avez depuis senti combien les principes de la liberté sont supérieurs à tout cela, vous écrirez une fois de manière à vous faire connaître, et vous vous classerez quand vous le voudrez dans un parti qui recevra toujours le talent et le courage avec reconnaissance. […] Après tout, quand on le considère de près et qu’on l’étudie, on reconnaît qu’il suivit toujours la même ligne de principes, le même ordre d’inspirations, puisées aux mêmes sources morales ; mais il était en progrès. […] Dans cette triple carrière et en ces trois grandes conjonctures, Camille Jordan fut fidèle à ses principes et à lui-même ; mais sous la Restauration il avait toute sa maturité, son autorité croissait de jour en jour, son éloquence dans un corps usé avait grandi, et le poids de chacune de ses paroles, auquel s’ajoutaient tous les titres du passé et l’honneur d’une belle vie, était considérable.

1035. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DAUNOU (Cours d’Études historiques.) » pp. 273-362

Son discours, qui est moins un éloge qu’une discussion historique, remporta le prix et fut publié en 1787 ; il a reparu plus tard corrigé, augmenté, ou plutôt totalement refondu, en tête de l’édition de Boileau (1809), et de nouveau modifié en 1825 ; mais, dans sa première formé, il donne mieux idée des principes et du but de l’auteur. […] Daunou, fidèle à ses sentiments humains, à ses principes d’équité miséricordieuse, ne conçoit pas l’ombre d’une réaction et d’une vengeance à exercer contre les ennemis de sa cause, et ce qu’il a de plus épouvantable à leur offrir en perspective, c’est l’horreur de se voir pardonnés. […] Or, si nous voulons imprimer une marche plus sûre à l’esprit humain, je pense que les nouveaux livres élémentaires devront différer des anciens beaucoup plus encore par la méthode que par les objets : il ne faudra point qu’ils aient pour base des définitions scientifiques, des divisions abstraites ou des principes généraux, mais des sensations pures ou les comparaisons d’idées qui se rattachent le plus immédiatement h de pures sensations. […] Daunou n’avait pas le principe de curiosité, ou bien quelque chose de plus fort en lui le réprimait. […] Daunou, a paru adopter dans un écrit récent, il n’est pas vrai que l’autorité arbitraire puisse suppléer aux principes d’une administration nationale.

1036. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre premier. La Formation de l’Idéal classique (1498-1610) » pp. 40-106

Mais ce sont les poètes de la Pléiade qui en ont vraiment connu le pouvoir, qui nous l’ont révélé, Pontus de Tyard, Joachim du Bellay, Ronsard, Baïf ; et là même est le principe de la révolution qu’ils ont opérée dans la langue, dans la littérature et dans la poésie. […] Rien ne saurait être plus erroné ni d’une philosophie plus superficielle, que de se représenter la Réforme comme analogue en son principe à la Renaissance ; elle en est précisément le contraire ; et le seul point qu’elles aient eu de commun c’est d’avoir, un court moment, travaillé l’une et l’autre à l’émancipation de l’individu. […] Quand on essaie d’atteindre le principe même de leur opposition, il semble qu’on le trouve dans une de ces oppositions de races qui sont de toutes les plus irréductibles. […] Entendez par cette restriction qu’elle s’attachera moins à traduire dans ses œuvres ce que toute morale a d’absolu dans son principe que ce qu’elle a toujours de relatif dans ses applications. […] — Le style de Montaigne est une « création perpétuelle » ; — il n’y a pas plus de métaphores, ni de plus naturelles, ni de plus nouvelles, dans Shakespeare même ; — et, à ce propos, de la métaphore comme principe et moyen de la « fructification des langues ». — Universalité du vocabulaire de Montaigne. — Le jugement de Sainte-Beuve sur le style de Montaigne [Cf. 

1037. (1892) Portraits d’écrivains. Première série pp. -328

La société repose sur certains principes ; elle doit en maintenir l’intégrité. […] Feuillet a conservé jusqu’au bout, son dernier livre le prouve, une prédilection pour ce principe. […] Mais l’honneur est-il un principe suffisant et qui puisse tenir lieu de tous les autres ? […] C’est que chez eux le principe intérieur est nul. […] En art il n’y a pas de principes faux : il n’y a que des principes mal appliqués.

1038. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 317-322

Le premier Ouvrage fait admirer un esprit lumineux, qui se joue de l’embarras des systêmes, procede avec dextérité à travers les contradictions, développe sans gêne les principes qu’il a établis, & fait adopter ses idées, non en faisant sentir la touche intime de la persuasion, encore moins la force de la conviction, mais par le talent de plaire & d’amuser.

1039. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 223-229

On est sur-tout fatigué d’y voir régner un style énigmatique, qui obscurcit les choses les plus claires, en voulant les expliquer par principe & les prouver par raisonnemens.

1040. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 532-537

Tout ce que le Poëte y débite est toujours d’accord avec les vrais principes.

1041. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Étienne Dolet, et François Floridus. » pp. 114-119

Il se faisoit, dit-on, aimer ou haïr avec une sorte de fureur ; traitoit de préjugés absurdes tous les principes de religion & de probité ; ne connoissoit de divinités que la présomption, la haine & la vengeance.

1042. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre VI. La Mère. — Andromaque. »

Le chrétien se soumet aux conditions les plus dures de la vie : mais on sent qu’il ne cède que par un principe de vertu ; qu’il ne s’abaisse que sous la main de Dieu, et non sous celle des hommes ; il conserve sa dignité dans les fers : fidèle à son maître sans lâcheté, il méprise des chaînes qu’il ne doit porter qu’un moment, et dont la mort viendra bientôt le délivrer ; il n’estime les choses de la vie que comme des songes, et supporte sa condition sans se plaindre, parce que la liberté et la servitude, la prospérité et le malheur, le diadème et le bonnet de l’esclave, sont peu différents à ses yeux.

1043. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre IV. Si les divinités du paganisme ont poétiquement la supériorité sur les divinités chrétiennes. »

Voilà deux avantages que nous reconnaissons, et qui peuvent, à quelques égards, justifier vos principes, et balancer les beautés de la fable.

1044. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre IX. Application des principes établis dans les chapitres précédents. Caractère de Satan. »

Application des principes établis dans les chapitres précédents.

1045. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 49, qu’il est inutile de disputer si la partie du dessein et de l’expression, est préferable à celle du coloris » pp. 486-491

Chacun opine donc en supposant, comme une chose décidée, que la partie de la peinture qui lui plaît davantage est la partie de l’art qui doit avoir le pas sur les autres, et c’est en suivant le même principe, que les hommes se trouvent d’un avis opposé.

1046. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Alcide Dusolier »

Avec de pareilles qualités, le critique existe déjà, — mais il ne sera tout à fait venu que quand Dusolier y ajoutera ces principes sans lesquels la critique n’est jamais que les préférences de l’esprit d’un monsieur quelconque, plus ou moins bien doué… Le critique qui doit juger les autres ne peut avoir de scepticisme, car la première qualité du juge, c’est la plus inébranlable certitude qu’il est dans le droit.

1047. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Appendice. Histoire raisonnée des poètes dramatiques et lyriques » pp. 284-285

Tout ceci s’accorde avec nos principes : les hommes des premiers siècles qui étaient essentiellement religieux, ne pouvaient louer que les dieux.

1048. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre I. Introduction. Trois sortes de natures, de mœurs, de droits naturels, de gouvernements » pp. 291-295

Introduction Nous avons au livre premier établi les principes de la Science nouvelle ; au livre second, nous avons recherché et découvert dans la sagesse poétique l’origine de toutes les choses divines et humaines que nous présente l’histoire du paganisme ; au troisième, nous avons trouvé que les poèmes d’Homère étaient pour l’histoire de la Grèce, comme les lois des douze tables pour celle du Latium, un trésor de faits relatifs au droit naturel des gens.

1049. (1899) Préfaces. — Les poètes contemporains. — Discours sur Victor Hugo pp. 215-309

Ô Poètes, éducateurs des âmes, étrangers aux premiers rudiments de la vie réelle, non moins que de la vie idéale ; en proie aux dédains instinctifs de la foule comme à l’indifférence des plus intelligents ; moralistes sans principes communs, philosophes sans doctrine, rêveurs d’imitation et de parti pris, écrivains de hasard qui vous complaisez dans une radicale ignorance de l’homme et du monde, et dans un mépris naturel de tout travail sérieux ; race inconsistante et fanfaronne, épris de vous-mêmes, dont la susceptibilité toujours éveillée ne s’irrite qu’au sujet d’une étroite personnalité et jamais au profit de principes éternels ; ô Poètes, que diriez-vous, qu’enseigneriez-vous ? […] Et plus tard, quand les intelligences profondément agitées se seront apaisées, quand la méditation des principes négligés et la régénération des formes auront purifié l’esprit et la lettre, dans un siècle ou deux, si toutefois l’élaboration des temps nouveaux n’implique pas une gestation plus lente, peut-être la poésie redeviendra-t-elle le verbe inspiré et immédiat de l’âme humaine. […] En même temps que l’Aphrodite Anadyomène du Corrège sort pour la seconde fois de la mer, le sentiment de la dignité humaine, véritable base de la morale antique, entre en lutte contre le principe hiératique et féodal. […] Cette absence de principes esthétiques, ce dénûment déplorable de toute perception d’art, l’ont contrainte de choisir pour critérium d’examen la somme plus ou moins compacte d’enseignement moral contenu dans les œuvres qu’elle condamne ou qu’elle absout, et dont elle vit, si c’est là vivre. […] Dès qu’un vers bien construit, bien rhythmé, d’une riche sonorité, viril, net et solide, nous frappe l’oreille, il est jugé et condamné, en vertu de ce principe miraculeux que nul ne possède toutes les puissances de l’expression poétique qu’au préjudice des idées, et qu’il ne faut pas sacrifier le fond à la forme.

1050. (1903) Articles de la Revue bleue (1903) pp. 175-627

Certaines combinaisons de syllabes sont, en effet, plus favorables que d’autres à la traduction rythmique de la pensée ; on pourrait le démontrer mathématiquement, et c’est sur ce principe que repose la poétique elle-même. […] Faisons effort pour en maintenir le principe. […] J’y suis visé directement et ma fidélité aux principes de notre poétique traditionnelle en ce qui touche les rythmes y est combattue avec autant d’élévation que de déférence. […] Ils ont chacun leur valeur propre ; chacun d’eux répond à une réalité particulière, et tout le tort de nos devanciers fut de s’attacher uniquement à l’un d’eux pour nier les autres, ou de mélanger naïvement et grossièrement comme certains symbolistes le firent, des principes qui étaient sans rapports entre eux. […] Il est un point sur lequel on ne saurait trop insister, c’est sur la nécessité qui s’impose à nous de ne pas les confondre : leurs principes sont différents.

1051. (1860) Cours familier de littérature. X « LIXe entretien. La littérature diplomatique. Le prince de Talleyrand. — État actuel de l’Europe » pp. 289-399

C’est ce que M. de Talleyrand, redevenu en une heure l’oracle de la France et de l’Europe, définit admirablement dans le conseil des rois : « La république est une impossibilité ; la régence, c’est Napoléon continué, avec le ressentiment de sa déchéance et l’inimitié de l’Europe ; Bernadotte (candidat alors de la Russie), c’est une intrigue : la légitimité seule est un principe. » Cette note verbale était l’expression exacte et forte de la France, de l’Europe et du temps ; elle portait en peu de mots un sens souverain et irréfutable. […] M. de Talleyrand, fidèle au principe de toute sa vie, démontra au roi, dans une longue conférence, la nécessité de la paix pour asseoir son gouvernement sur les sympathies de l’Europe. […] Sans doute, il devait lui en coûter de paraître apostasier son principe, la légitimité, pour aller représenter le principe de l’illégitimité dynastique à Londres ; mais peu lui importait cette inconséquence apparente, pourvu qu’il sauvât son principe supérieur, la paix.

1052. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre II. Le rôle de la morale » pp. 28-80

L’idée de liberté complète est un excellent point de départ pour arriver à une réglementation insupportable destinée en principe à sauvegarder cette liberté. […] Il n’est pas possible que nous n’acceptions pas en principe comme justes, en moyenne, les jugements des tribunaux et des cours d’assises ; comme relativement honnêtes, les fonctionnaires ; comme relativement instruits, les professeurs. […] Il échappe, en principe, à toute critique, on ne discute pas avec le devoir : examiner un devoir, c’est se disposer à le trahir. […] § 13 Ce que veut le sens social en nous imposant le devoir, c’est faire triompher le principe d’autorité, et c’est installer en nous sa puissance.

1053. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Introduction, où l’on traite principalement des sources de cette histoire. »

Je raconterais encore plus sommairement les persécutions du commencement du IVe siècle, dernier effort de l’empire pour revenir à ses vieux principes, lesquels déniaient à l’association religieuse toute place dans l’État. […] Laissant de côté tout ce qui appartient au tableau des temps apostoliques, nous rechercherons seulement dans quelle mesure les données fournies par les évangiles peuvent être employées dans une histoire dressée selon des principes rationnels 14 ? […] Il est surtout une classe de récits à propos desquels ce principe trouve une application nécessaire, ce sont les récits surnaturels. […] Jusqu’à nouvel ordre, nous maintiendrons donc ce principe de critique historique, qu’un récit surnaturel ne peut être admis comme tel, qu’il implique toujours crédulité ou imposture, que le devoir de l’historien est de l’interpréter et de rechercher quelle part de vérité, quelle part d’erreur il peut receler.

1054. (1856) Cours familier de littérature. II « XIe entretien. Job lu dans le désert » pp. 329-408

…………………………………………………… …………………………………………………… …………………………………………………… …………………………………………………… Créateur tout-puissant, principe de tout être ! […] Quant à moi (toujours toute religion à part), cette condition de la vie physique, cette anthropophagie de toute la nature aurait suffi à elle seule pour me faire rejeter l’existence à un tel prix, et si jamais un doute impie effleura mon âme sur l’existence ou sur la nature du premier principe, c’est en réfléchissant à cette dépravation véritablement surhumaine, à cette méchanceté préméditée et sanguinaire de la nature ; c’est en me demandant avec une horreur éperdue, mais logique : Qui a donc inventé cette loi suprême de destruction ? […] Le principe de destruction que vous portez en vous, comme le fruit porte le ver, ou comme le temps porte la mort, ou comme le commencement porte la fin, commence à vous disputer, pied à pied, avec douleur, cette petite pincée de matière organisée, ce petit point d’espace, et ce petit éclair de durée que la nature a donnés à une âme, assez grande pour contenir des éternités, et assez vivante pour user des mondes. […] L’âme de l’homme, selon moi, est incontestablement un principe immatériel ; je ne saurais pas le prouver, mais je le sens et je le crois ; c’est la meilleure des preuves.

1055. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre V. Des orateurs anciens et Modernes. » pp. 223-293

Ce qui a dû rendre son travail plus pénible, ce sont les principes qu’il s’est fait sur la traduction en elle-même. […] Suivant ce principe, M. de Villefore a conservé les dénominations usitées chez les Romains. […] Et puis, par le jeûne du ventre, l’homme s’unit mieux à Dieu ; car c’est un principe des Géomètres, qu’un corps rond ne peut toucher une surface que dans un point : or Dieu est cette surface, suivant ces paroles : Justus & rectus Dominus. […] On y trouve des choses, des pensées, des principes lumineux sur divers points de la belle Littérature, les caractères de nos principaux auteurs parfaitement bien tracés, &c.

1056. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — II » pp. 263-279

Bossuet, combattant en évêque Richard Simon et les principes de socinianisme qu’il voit poindre de toutes parts dans ses écrits, s’aperçoit bien qu’un ennemi formidable approche ; il appelle et convoque tant qu’il peut les défenseurs sur toute la ligne, mais il se trompe sur le point menacé. […] Nous assistons, grâce au journal de Le Dieu, aux derniers sermons de Bossuet, qu’il prêche à l’âge de soixante-quatorze et soixante-quinze ans : le 1er novembre 1701, jour de la Toussaint, « il recueille les restes de ses forces pour exciter les cœurs à l’amour de Dieu, dans un sermon de la béatitude éternelle. » Une autre fois, le 2 avril 1702, dimanche de la Passion, il fait un grand sermon dans sa cathédrale pour l’ouverture du jubilé : Il réduit tout à ce principe : Cui minus dimittitur, minus diligit, que plus l’Église était indulgente, plus on devait s’exciter à l’amour pour mériter ses grâces et parvenir à la vraie conversion.

1057. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) «  Œuvres et correspondance inédites de M. de Tocqueville — II » pp. 107-121

Je vous rendrai franchise pour franchise, et puisque, d’un bout à l’autre, je ne partage aucun des sentiments ou des principes qui vous l’ont inspirée, j’aurai le courage de vous le dire. […] Périsse le malade plutôt qu’un principe !

1058. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. » pp. 31-51

Elle n’est pourtant qu’à demi prêtresse ou plutôt elle n’est que dévote et, comme qui dirait, ayant le petit voile ; elle a été nourrie et a vécu jusque-là dans la contemplation, dans le culte de la déesse Tanit, l’éternelle Vénus, le principe femelle, de même que Moloch est le principe mâle.

1059. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Souvenirs d’un diplomate. La Pologne (1811-1813), par le baron Bignon. (Suite et fin.) »

L’opinion prit alors ce caractère énergique qui la rend maîtresse des événements ; et c’est ainsi que le grand mouvement qui a abattu la puissance gigantesque créée par la Révolution, loin de démentir l’esprit primitif de celle-ci et le génie du siècle, n’a fait que déployer le principe fondamental de l’une et de l’autre, sous de plus nobles auspices et dans une direction plus heureuse. » Quand il écrivait ainsi, M. de Senfft était encore libéral, et il avait foi encore en l’avenir des peuples. — Mêlant des idées mystiques et des pensées de l’ordre providentiel à ses observations d’homme politique, il voyait, l’année suivante (1812) et lors de la gigantesque expédition entreprise pour refouler la Russie, il voyait, disait-il, dans « cette réunion monstrueuse » de toutes les puissances de l’Europe entraînées malgré elles dans une sphère d’attraction irrésistible et marchant en contradiction avec leurs propres intérêts à une guerre où elles n’avaient rien tant à redouter que le triomphe, « un caractère d’immoralité et de superbe, qui semblait appeler cette puissance vengeresse nommée par les Grecs du nom de Némésis » et dont le spectre apparaît, par intervalles, dans l’histoire comme le ministre des « jugements divins. » Il lisait après l’événement, dans l’excès même des instruments et des forces déployées, une cause finale providentielle en vue d’un résultat désiré et prévu : car telle grandeur d’élévation, telle profondeur de ruine. […] Il ne manquait pas de quelque talent ni de connaissances ; mais, avec un caractère vulgaire et sans principes, il avait une fatuité et une insolence qui allaient mal au pays où sa nouvelle destination l’appelait.

1060. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « La civilisation et la démocratie française. Deux conférences par M. Ch. Duveyrier »

Mais le principe, mais le foyer, mais le mobile… ! […] Les chrétiens, ne l’oublions jamais, ont pour mobile un principe surnaturel, et en perspective, après la vie, une éternité de récompenses.

1061. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre IV. De l’amour. »

Sans doute, il est des hommes dont le caractère est une honorable exception ; mais telle est l’opinion générale sous ce rapport qu’il en est bien peu qui osassent, sans craindre le ridicule, annoncer dans les liaisons du cœur la délicatesse de principes, qu’une femme se croirait obligée d’affecter si elle ne l’éprouvait pas. […] Je crains qu’on ne m’accuse d’avoir parlé trop souvent, dans le cours de cet ouvrage, du suicide comme d’un acte digne de louanges ; je ne l’ai point examiné sous le rapport toujours respectable des principes religieux, mais politiquement, je crois que les républiques ne peuvent se passer du sentiment qui portait les Anciens à se donner la mort ; et dans les situations particulières, les âmes passionnées qui s’abandonnent à leur nature, ont besoin d’envisager cette ressource pour ne pas se dépraver dans le malheur, et plus encore, peut-être, au milieu des efforts qu’elles tentent pour l’éviter.

1062. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre V. La Fontaine »

Il appartient à ce groupe qui finira par s’emparer du principe cartésien, de la méthode scientifique, qui les déviera pour les séparer de la religion et y trouver un moyen de la battre. […] Rien ne compense et ne contrepèse chez les derniers poètes du grand siècle les navrantes désillusions de l’égoïsme voluptueux : plus tard, le dévouement à l’humanité, la bienfaisance, la recherche du progrès social apporteront au sensualisme un principe de joie et de sérénité, aideront l’homme à se reprendre, à se relever par l’action.

1063. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIX. Cause et loi essentielles des variations du gout littéraire » pp. 484-497

C’est après le duel entre ces extrêmes qu’une conciliation provisoire s’opère entré les principes ennemis ; il faut d’abord, si nous les comparons à des courants électriques, qu’il y ait eu décharge de fluide par la rencontre du pôle positif et du pôle négatif. […] Chacun de ces ensembles, où un principe commun unit opinions, croyances, institutions, tendances, peut être considéré comme le produit d’une force unique qui agit sur les hommes durant une longue période, et l’on peut dire que cette force va d’abord croissant, s’assimilant ce qui l’entoure, conquérant et organisant à son profit le milieu où elle évolue, jusqu’au moment où elle atteint son maximum d’extension ; après quoi, épuisée par son effet même (car vivre, c’est se tuer à petit feu), elle décline, perd de sa vigueur et finit par laisser se désagréger les éléments de tout genre dont elle était l’âme et le Jien.

1064. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre troisième. L’appétition »

Nous avons montré le contraire dans nos Principes d’une Philosophie des idées-forces. […] Voir nos Principes d’une philosophie des idées-forces.

1065. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Despréaux, avec le plus grand nombre des écrivains de son temps. » pp. 307-333

Avec de pareils principes, & voulant empêcher que le parnasse ne fût une école d’impiété, qu’on n’y affichât une philosophie antichrétienne, est-il étonnant qu’il ait si peu ménagé Saint-Pavin & Liniere. […] Linière mourut ferme dans ses principes, aussi bien que Saint-Pavin, quoiqu’on ait publié qu’il s’étoit converti au bruit d’une voix effrayante qu’il avoit cru entendre à la mort de Théophile.

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