Cependant il est certain que l’étude de l’histoire, la connaissance de tous les malheurs qui ont été éprouvés avant nous, livre l’âme à des contemplations philosophiques, dont la mélancolie est plus facile à supporter que le tourment de ses propres peines.
Samuel Bailey Par le nombre de ses publications philosophiques, dont quelques-unes remontent à une époque déjà fort ancienne272, M.
Après sa sortie des Jésuites, il ne renonça pas aux Lettres ; mais la manie philosophique éteignit le feu de son imagination, & égara son jugement.
des esprits toujours en exploration, ardents aux longues lectures à travers les grands auteurs, curieux des investigations philosophiques, enflammés pour le grec, idolâtres des vers latins, en un mot ne faisant la part de l’utile que pour réserver plus sûrement et plus largement la part du Beau !
Et quoique les amours qui suivirent celui-là et se succédèrent les uns aux autres avec une précision et une rapidité presque militaires, fussent des amours plus passionnés, il ne faut jamais perdre de vue qu’ils étaient toujours plus ou moins des amours de bas-bleu, dans lesquels le galimatias philosophique et littéraire se mêlait sans cesse au galimatias involontaire de la passion.
Le pinceau maigrelet d’un homme qui ne se doute ni de la taille et de la musculature de ses modèles, ni de la profondeur de leurs physionomies, ni du caractère des événements qui les éclairent et qui les colorent, et dont la petitesse de raison philosophique fausse à tout instant le sens même extérieur de l’histoire.
Quel est leur credo religieux, ou, s’ils n’en ont pas, quel est du moins leur symbole philosophique ?
Malgré la force d’un esprit qu’il finira par énerver, et sur laquelle nous avons assez insisté, l’auteur de l’Individu et l’État a prouvé une fois de plus, et pour son compte, à quel degré la manie des théories vagues et l’idéologie philosophique portait malheur à la netteté de la pensée.
Mais pour cela il ne faudrait pas que les idées philosophiques de l’auteur eussent préexisté au roman qu’il devait écrire, pour en diminuer ou pour en détruire le pathétique et la vérité !
. — Bayle, dans son Dictionnaire, article Charron ; — Franck, Dictionnaire des sciences philosophiques, article Charron ; — Poirson, Histoire du règne d’Henri IV [V. ci-dessus] ; — Vinet : Moralistes français au xvie siècle. […] Que son rôle philosophique n’a pas été non plus sans réelle importance. — De sa traduction du Manuel d’Épictète et de son Traité de la philosophie des Stoïques. — Comment son œuvre est connexe de celle de Charron, qu’elle éclaire ; — mais, de plus que Charron, il a été mêlé aux grandes affaires, et de là sa supériorité d’expérience ; — le champ de l’observation psychologique et morale s’en élargit d’autant. — Il se fait aussi de la dignité de la raison et du pouvoir de la volonté une idée plus « stoïcienne » ; — et plus haute, par conséquent, de la hauteur dont le point de vue stoïque dépasse le point de vue épicurien. — Enfin, dans son Traité de la sainte philosophie, il accomplit le dernier pas : — après avoir essayé de séculariser la morale, il y renonce ; — et ne voyant plus de remède à la corruption que dans le retour à la morale chrétienne, il en proclame la nécessité. — Analogie de cette évolution avec celle de la pensée de Pascal. — Les Traités philosophiques de Du Vair sont aussi nécessaires que la Sagesse à l’intelligence du mouvement d’où va sortir le jansénisme. 3º Les Œuvres. — Les éditions de Du Vair étant très nombreuses, nous suivons ici pour l’énumération de ses œuvres l’ordre de la plus complète, qui nous a paru être celle de 1617 à Cologne, chez Pierre Aubert. — 1º Actions et Traités oratoires, 1586-1614, parmi lesquels on notera : Exhortation à la paix adressée à ceux de la Ligue et la Suasion de l’arrêt pour la loi salique au Parlement ; — 2º De l’éloquence française, comprenant le traité proprement dit et les trois traductions ci-dessus citées ; — 3º Arrêts prononcés en robe rouge, dont il y a trois de plus dans l’édition de 1641, in-fº, que dans l’édition de 1617, soit en tout huit ; — 4º Traités philosophiques, comprenant, en plus des ouvrages déjà mentionnés, un Traité de la Constance et une Exhortation à la vie civile ; — 5º Traités de piété et méditations, comprenant le Traité de la sainte philosophie, et des Méditations sur l’Oraison dominicale, sur le cantique d’Ézéchiel, sur les Psaumes de la Pénitence, etc., etc. […] Nous n’avons pu réussir à retrouver les dates précises de la première publication des Œuvres séparées de Du Vair ; et nous devons faire observer que, par exemple, on assigne à ses Traités philosophiques la date de 1606, qui est certainement erronée, puisqu’on en trouve des passages entiers dans La Sagesse de Charron, qui est mort en 1603.
L’érudition a démenti bien des assertions données comme irréfutables dans l’Essai sur les mœurs ; le Dictionnaire philosophique a été convaincu d’ignorance sur bien des points : la prose historique et la prose philosophique de Voltaire n’en demeurent pas moins des modèles de clarté. […] Sans cette pensée prévoyante que le poète lui-même nous a révélée, le mélange des chansons grivoises et des chansons philosophiques ne se comprendrait pas. […] Ainsi l’inspiration du poète, chrétienne au début, s’altère à son insu, et prend un caractère cosmopolite et purement philosophique. […] Hugo, fidèle à ses habitudes littéraires, veut bien nous expliquer le sens historique et philosophique de Ruy Blas ; nous devons le remercier de cette généreuse condescendance. […] Il en est ainsi de Ruy Blas ; placez-vous, pour juger cette œuvre, au point de vue philosophique, historique ou littéraire, et vous y trouverez des mérites différents, des significations diverses.
C’est seulement quand nous parvenons au point de vue élevé de la réflexion philosophique et que nous voyons notre propre personnalité projetée dans l’immensité du tout que nous sommes capables de nous estimer, nous et ce qui nous touche avec un peu d’exactitude. […] Cosima, drame oratoire, trop oratoire, et drame philosophique, trop philosophique, ne réussit pas, point du tout. […] Les Idées de Madame Aubray, c’est Claudie repensée, méditée, approfondie et tournée au drame philosophique ; mais en son fond, la comédie les Idées de Madame Aubray, c’est Claudie. […] » Elle le dit très bien, et elle dit en même temps quelque chose de très juste, c’est que le philosophique ne doit pas prêcher, mais convier à penser et à chercher ; et encore que le théâtre philosophique, « théâtre à idées », ne doit exprimer des idées que sous forme de passions, que quand — l’ai-je assez dit, sans me douter que je plagiais George Sand ? […] De leur côté Télamon et Néère se querellent, en amoureux qu’ils sont, et la présence de la source inspire à Néère des considérations philosophiques : « Tu m’aimes… depuis quand !
Rien ne faisait pressentir l’illustration littéraire et philosophique, à la fois tardive et soudaine, dont il allait se couronner. […] Entre une Rome à laquelle on ne croit plus qu’assez difficilement, et une Providence philosophique qui n’est guère qu’un mot vague pour les discours d’apparat, bien des esprits inquiets et sincères se réfugient dans une sorte de religion de la nature et de l’ordre absolu, qui a déjà essayé plusieurs costumes en ces derniers temps. […] Le chevalier, le Français, homme du monde et honnête homme, c’est le bon sens noble, ouvert et loyal ; le sénateur, le Russe-grec, c’est la science élevée, religieuse, un peu subtile et irrégulière, c’est l’élan philosophique ; le comte est ou veut être le théosophe prudent et rigoureux : on a, dans ce concert des trois, quelque chose d’un Platon chrétien. […] Il est vrai que, sous le règne de rois sages et éclairés, les circonstances n’exigent pas de grands sacrifices, parce qu’on ne voit pas de grandes injustices ; mais il en est que les meilleurs souverains ne sauraient prévenir ; et si quelqu’un ose assurer qu’en remplissant ses devoirs avec une inflexibilité philosophique, on ne court jamais aucun danger, à coup sûr cet homme-là n’a jamais ouvert les yeux. […] Toute l’œuvre prochaine, l’œuvre philosophique et théosophique de De Maistre, va sortir de là : c’est le premier instant où on la voit poindre.
Je ne canonise pas le non-sens ; je me borne à constater qu’il ne détruit pas irrévocablement le charme de tel poème où il s’est glissé ; ce qui me permet de conclure que, même du plus haut poème philosophique le charme proprement poétique ne réside pas dans le sens. […] il s’agit, commence-t-il, d’un problème de critique littéraire, non de dogmatique ou de critique philosophique… nous sommes critiques. […] Une quarantaine, qui invite ces malheureux ou bien à rétrograder doucement vers la demeure des simples, qu’ils n’auraient jamais dû quitter, ou bien à s’élever peu à peu jusqu’au réalisme supérieur-poétique, philosophique et religieux — du troisième état. […] Le passage de l’état liquide à l’état gazeux, ou vice-versa, a lieu par voie de résonance de « rotation-expansion »… etc : nous arrivons en biodynamique à la physiologie où, d’un tourbillon vital d’éther, par la prépondérance de l’éther gazeux naîtraient et agiraient divers organes, les uns et les autres créateurs des sens, et, par leur entremise, des sensations. ces sensations obéiraient : les unes, par le toucher, par l’ ouïe à des modes de vibration, correspondant, comme les courants galvaniques de conduction ou comme la chaleur sensible, à des mouvements longitudinaux de translation ; — auxquels se rattacheraient, au degré psychologique individuel, les émotions, les réflexes ; au degré philosophique, l’action extérieure de la volonté, c’est-à-dire l’ autorité exercée et subie ; les secondes, par le goût, à des modes de rotation correspondant, comme les flux d’ induction magnétique ou comme la chaleur latente, à des mouvements de conservation ; — auxquels se rattacheraient, au degré psychologique individuel, les phénomènes de la mémoire, des habitudes, des instincts ; au degré philosophique, la sympathie, base de la morale ; les troisièmes, par la croissance, la génération, la vue (l’auteur donne aux yeux des pouvoirs multiples plus complexes qu’aux autres organes des sens), à des modes de déformation élastique, correspondant, comme les effluves électrostatiques ou comme la chaleur rayonnante, à des mouvements de distorsion transversale et d’ expansion volumique ; — auxquels se rattacheraient, au degré psychologique individuel, en même temps que les jugements et les conceptions, les sentiments et les intuitions ; au degré philosophique, avec l’ éducation, tous les faits esthétiques, tous les faits éminemment psychiques et religieux, les faits de création. la manière est remarquable dont M.
Fort peu de gens, en effet, se préoccupent des bases philosophiques sur lesquelles reposent les dogmes d’une école littéraire. […] Qu’importe les théories philosophiques aussi extravagantes que fragiles de George Sand ? […] En résumé, Stendhal rachète ses défauts nombreux et indéniables par la haute valeur philosophique de ses beautés, et ses œuvres sont comme de riches joyaux de diamants montés et sertis sans nul goût. […] La critique littéraire et philosophique ne trouverait pas dans ses œuvres un sujet sur lequel s’exercer. […] Puis oubliant ses idées philosophiques, étudions ses procédés artistiques et sa rhétorique spéciale.
Mais les questions philosophiques veulent être traitées philosophiquement : il ne nous appartient pas d’en changer le caractère. […] Ce mysticisme philosophique repose sur une notion radicalement fausse de l’être absolu. […] On comprend qu’il n’appartenait pas à l’école empirique de faire revivre cette noble partie de la science philosophique. […] Les systèmes philosophiques sont nécessairement imparfaits, sans quoi il n’y en aurait jamais eu deux dans le monde. […] Mais les systèmes philosophiques suivent leur temps bien plus qu’ils ne le dirigent ; ils reçoivent leur esprit des mains de leur siècle.
Telle est la source du comique Anglois, d’ailleurs plus simple, plus naturel, plus philosophique que les deux autres, & dans lequel la vraissemblance est rigoureusement observée, aux dépens même de la pudeur. […] Dans l’épitre philosophique, la partie dominante doit être la justesse & la profondeur du raisonnement. […] Jupiter n’est qu’un homme dans les choses familieres ; le moucheron est un héros lorsqu’il combat le lion : rien de plus philosophique & en même tems rien de plus naïf, que ces contrastes. […] On voit l’exemple des progrès de la poésie philosophique dans les tragédies de M. de Voltaire. […] Qu’on ne confonde pas l’esprit métaphysique avec l’esprit philosophique ; le premier veut voir ses idées toutes nues, le second n’exige de la fiction que de les vêtir décemment.
Cette accusation d’obscurité qui menace toute conception élevée et philosophique est particulièrement à redouter en France ; c’est l’anathème le plus irrémissible jeté sur un écrivain. […] S’il est demeuré l’œuvre la plus connue de Ballanche, il le doit au fait même de l’absence de tout symbolisme et de ces intentions philosophiques qui rendent la poésie moins accessible à toutes les intelligences. […] La langue allemande, plus riche que la nôtre en termes philosophiques, distingue nettement ces deux sortes d’imaginations. […] Il serait peu philosophique, sans doute, de s’arrêter dans l’analyse des causes secondes et d’isoler chaque fait, en l’expliquant par une intervention directe du premier principe des choses. […] Sans essayer de le définir, distinguons-le soigneusement du véritable esprit philosophique.
Tant qu’il leur restera du sang, elles viendront l’offrir, et bientôt une rare jeunesse se fera raconter ces guerres désolatrices produites par les crimes de ses pères. » Et il conclut ce magnifique dithyrambe philosophique par ces mots les plus fatalistes qu’aucune plume ait osé écrire : La guerre est donc divine, puisque c’est une loi du monde. […] Il a jeté notre terre sur ces deux pôles ; car Jéhovah est le maître des deux pôles, et sur eux il fait tourner le monde. » IX Tel est ce livre, la grande œuvre philosophique du comte de Maistre : un style étonnant de vigueur et de souplesse ; des vues neuves, profondes, incommensurables d’étendue sur les législations, sur les dogmes, sur les mystères, et quelquefois des plaisanteries déplacées en matière grave ; un grand génie doublé d’un sophiste, un Diderot déclamateur dans un philosophe chrétien et sincère, un Platon souvent, quelquefois un Diogène. […] Quel sujet intarissable de profondes méditations philosophiques et religieuses !
Il vient fréquemment me surprendre à table, et, mettant de côté la sévérité philosophique, il est avec nous d’une humeur charmante… Que vous dirai-je de Bruttius ? […] On se plaît à retrouver son âme dans leurs sites favoris ; l’âme doucement philosophique d’Horace est à Ustica, ce recueillement de sa vie rurale entre deux montagnes de la Sabine ; l’âme voluptueuse et poétique d’Horace est à Tibur, ce délassement passager de la cour et des plaisirs de Rome, à l’ombre de la villa de Mécène, qui la couvrait de son amitié : l’amitié, en effet, fut sa véritable muse ; c’est par excellence le poète de l’amitié, parce que l’amitié est une passion douce et tempérée qui échauffe l’âme sans la consumer comme l’amour. […] Maupertuis gâta tout ; l’orgueil philosophique Aigrit de nos beaux jours la douceur pacifique ; Le plaisir s’envola : je partis avec lui !
Peinture wagnériennebh Le Salon de 1885 L’œuvre de Richard Wagner, sous l’incomparable valeur d’une Révélation philosophique, a, encore, pour nous, le sens, clair et précieux, d’une doctrine esthétique. […] — L’Idée. — Schopenhauer, comme Platon, entend par Idées, des entités douées d’une réalité d’un ordre plus élevé que celle qui appartient aux phénomènes. — Ce sont les études artistiques qui ont amené Schopenhauer à élaborer son système philosophique ; pour comprendre sa doctrine des Idées, il faut étudier son Esthétique. […] Wyzewa définit le wagnérisme comme une « doctrine esthétique » qui a la valeur d’une révélation philosophique et qui suppose « l’alliance naturelle, nécessaire, des trois formes de l’Art, plastique, littéraire, musicale, dans la communion d’une même fin unique, créer la vie, inciter les âmes à créer la vie. » Ainsi, cette doctrine s’applique-t-elle à toutes les formes de l’art, et surtout pas à la seule musique.
» Image aussi naïve et aussi philosophique, selon moi, qu’aucune image d’Horace pour assigner leur rôle différent au printemps et à l’hiver des poètes ! […] Si on met les noms propres, tous éclatants au moins de jeunesse, sur chacune de ces innombrables catégories d’esprits alors en sève ou en fleur, si on y ajoute, dans l’ordre des sciences exactes (où le génie consiste à se passer d’imagination,) La Place, qui sondait le firmament avec le calcul ; Cuvier, qui sondait le noyau de la terre et qui lui demandait son âge par ses ossements ; Arago, qui rédigeait en langue vulgaire les annales occultes de la science ; Humboldt, qui décrivait déjà l’architecture cosmogonique de l’univers, et tant d’autres leurs rivaux, leurs égaux peut-être, qui négligèrent d’inscrire leurs noms sur leurs découvertes ; si on rend à tout cela le souffle, la vie, le mouvement, le tourbillonnement de la grande mêlée religieuse, politique, philosophique, littéraire, classique, romantique de la restauration, on aura une faible idée de cette renaissance, de cet accès de seconde jeunesse, de cette énergie de sève et de fécondité de l’esprit français à cette date. […] Ses œuvres, à dater de ce jour, nous prouvent assez qu’une foi quelconque, soit religieuse, soit philosophique, soit même politique, lui manqua aussi ; nous n’en voudrions d’autre preuve que ses vers.
» Roederer, qui, sans être proprement un idéologue, était très au fait et assez imbu des doctrines philosophiques courantes, rappela alors au général plusieurs points, d’ailleurs incontestables : que les signes des idées abstraites et des modes mixtes sont nécessaires pour les arrêter, pour les enregistrer dans notre tête et pour nous donner les moyens de les comparer, etc., etc. […] Pendant ces années 1798-1799, où se fit l’expédition d’Égypte, Roederer, comme s’il eût compris qu’il n’y avait qu’à attendre, s’occupa moins de discussions politiques ; il écrivit de préférence sur la littérature ; il s’attacha à réfuter l’ouvrage de Rivarol contre la philosophie moderne ; car, en fait de doctrines philosophiques et autres, la pensée de Roederer était de rectifier le xviiie siècle sans l’abjurer.
Boissonade sous d’aussi larges aspects, le montrer aussi ouvert et aussi hardi de vues qu’on le fait ici ; il avait réellement un peu peur, quoi qu’on puisse dire, des idées générales et de tout ce qui y ressemble, il s’en garait et s’en abstenait le plus possible ; on l’aurait bien étonné si on lui avait dit « qu’il préparait l’avènement de la presse philosophique » ; il avait, moins que personne, « de ces lueurs qui semblent des anticipations de l’avenir. » Tout cela est à côté et au-delà. […] Loudierre, ancien professeur de rhétorique à Saint-Louis, qui aurait pu faire des livres comme un autre, et à meilleur titre que beaucoup d’autres, mais qui a mieux aimé faire des élèves ; un esprit philosophique et fin, qui sait l’Antiquité sans superstition, et qui s’est toujours rendu compte de ce qu’il enseignait.
Ses sentiments religieux et philosophiques, nous venons de les voir, au sein même de cette douleur : il les confondait volontiers et évitait peut-être de distinguer le point précis, la ligne exacte où il aurait pu établir entre eux, entre la religion et la philosophie, une différence essentielle. […] Je retourne à mes vieilles études philosophiques et littéraires.
Cette parcelle ignée en effet, cet esprit pur qui, à peine éclos, se loge dans une bulle hermétique de cristal que la reine Mab a soufflée, c’est toute sa chanson, c’en est le miroir en raccourci, la brillante monade, s’il est permis de parler ce langage philosophique dans l’explication d’un acte de l’âme, qui certes ne le cède à aucun en profondeur. […] Le Juif errant, les Contrebandiers continueront, on le verra, ce genre de ballade philosophique qui touche aux limites extrêmes de la chanson ; presque toujours Béranger a pris soin de rattacher ces excursions, assez vagabondes en apparence, à une prophétique pensée d’avenir.
En paraissant admettre comme correctif que probablement la dame, en cela, n’avait suivi que des idées poétiques qui ne tirent pas à conséquence, Bayle a soin d’ajouter tout aussitôt, selon sa méthode de nous dérouter : « Ce n’est pas qu’on ne puisse cacher beaucoup de libertinage sous les priviléges de la versification. » A côté des vers du Ruisseau, on en trouverait bon nombre d’autres notables par la portée philosophique, et moins contestables pour la doctrine. […] Rousseau est bien sévère : ses Stances à lui, trop vantées, sur les Misères de l’homme : Que l’homme est bien durant sa vie, etc., sont loin de valoir le couplet philosophique de Mme Des Houlières qu’on a lu plus haut (p. 369) : Homme, vante moins ta raison… C’est le même sentiment, mais les vers sont bien autrement concis et frappés. — Sur les relations de Fontenelle et de Mme Des Houlières, il y a une note de Trublet (Mémoires sur Fontenelle).
Il y a de l’avantage à se proposer pour but de son travail sur soi, la plus parfaite indépendance philosophique ; les essais même inutiles, laissent encore après eux des traces salutaires ; agissant à la fois sur son être tout entier, on ne craint pas, comme dans les expériences sur les nations, de disjoindre, de séparer, d’opposer l’un à l’autre toutes les parties diverses du corps politique. […] ce n’est pas assez d’avoir juré, que dans les limites de son existence, de quelque injustice, de quelque tort qu’on fut l’objet, on ne causerait jamais volontairement une peine, on ne renoncerait jamais volontairement à la possibilité d’en soulager une ; il faut essayer encore si quelque ombre de talent, si quelque faculté de méditation ne pourrait pas faire trouver la langue, dont la mélancolie ébranle doucement le cœur, ne pourrait pas aider à découvrir, à quelle hauteur philosophique les armes qui blessent n’atteindraient plus.
Sarcey se joue depuis vingt ans avec une aisance robuste et quelque chose de la souple curiosité d’un Voltaire écrivant Certains petits articles du Dictionnaire philosophique ou d’un Galiani abattant de verve son Dialogue sur les grains. […] Avez-vous lu le Dictionnaire philosophique et les Facéties de Voltaire ?
Sauf dans les grands journaux dits d’information, comme Le Journal ou Le Matin où la critique littéraire est nulle, il y a en effet dans certains journaux comme L’Ère nouvelle, un effort pour renseigner le public sur le mouvement littéraire et philosophique. […] Mais aux qualités de culture littéraire, philosophique et scientifique qu’on exige de ce Messie, qui serait digne… Pourtant Il existe peut-être, et attend qu’on lui fasse signe.
Mill, avec sa grande autorité philosophique, n’ait traité nulle part des rapports de la psychologie et de la logique. […] Mais les meilleures autorités philosophiques ne supposent plus maintenant que n’importe quelle cause exerce sur son effet cette coaction mystérieuse110. » Le tort des nécessitariens, c’est d’entendre par la nécessité qu’ils reconnaissent dans nos actions plus qu’une simple uniformité de succession qui permet de les prévoir : ils ont au fond l’idée qu’entre les voûtions et leurs causes il y a un lien beaucoup plus serré.
Quand je formai le dessein de mon Livre, la contagion philosophique avoit infecté les objets les plus intéressans pour l’humanité ; ses ravages faisoient tous les jours de nouveaux progrès : j’avois donc à prémunir les Esprits contre un poison qui se glissoit par-tout & sous toute sorte de formes, qui menaçoit tous les individus : il falloit, pour le détruire, l’attaquer toutes les fois que je pouvois en reconnoître les traces. […] L’Analyse de Bayle, où ce qu’il y a de plus licencieux dans cet Ecrivain se trouve réuni ; l’Histoire des Querelles Littéraires, où l’on avance sans preuve, que Bossuet & Fénélon avoient, sur la Religion, des sentimens bien différens de ceux qu’ils ont professés ; l’Histoire Politique & Philosophique des établissemens des Européens dans les deux Indes, où l’on prétend que les Peuples seront plus heureux, lorsqu’ils n’auront ni Prêtres, ni Maîtres : ces trois Ouvrages, & beaucoup d’autres non moins licencieux, sont universellement attribués à des Ecclésiastiques de nos jours, qui ne les ont pas désavoués.
André Chénier va nous personnifier en lui une autre manière d’être et de se comporter en temps de révolution, une manière de sentir plus active, plus passionnée, plus dévouée et plus prodigue d’elle-même, une manière moins philosophique sans doute, mais plus héroïque. […] Lui, amateur des sources antiques, toujours en quête des saines et « bonnes disciplines », qui voudrait produire dans son style la « tranquillité modeste et hardie » de ses pensées ; lui qui, dans les belles pages de prose où il ébauche des projets d’ouvrages sévères, aspire et atteint à la concision latine, à la « nerveuse et succulente brièveté » d’un Salluste honnête homme et vertueux, on conçoit la colère à la Despréaux, et plus qu’à la Despréaux, qui dut le saisir en voyant un tel débordement de déclamations soi-disant philosophiques, de facéties galantes et de gentillesses libertines, découlant de la plume d’un bel esprit formé à l’école de Danton.
C’est un fait qu’il faut accepter : il est le levier de toute spéculation philosophique. […] Mu par ce sentiment de malaise qui fait partie de sa constitution la plus intime, l’homme se croit propre à y porter remède en modifiant l’univers : de là tout son effort scientifique pour comprendre et utiliser les lois, son effort philosophique pour les interpréter à son profit, son effort artistique pour se créer des jouissances nouvelles.
Il nous reste, pour compléter cette étude, à interroger M. de Tocqueville sur ses doctrines philosophiques et religieuses. Chose remarquable, Tocqueville, qui avait un esprit si philosophique, si porté à rechercher le comment et le pourquoi des choses historiques et politiques, n’avait aucun goût pour la philosophie elle-même.
Ses vers ont de la force, de la précision, & en plusieurs endroits on voit un grand fond de morale philosophique. […] in-12., & d’un autre choix de Poésies philosophiques & agréables, traduites de l’Anglois & de l’Allemand, imprimé à Avignon en 1770. en deux volumes in-12. ; nous avons beaucoup d’écrits particuliers qu’on a fait passer dans notre langue.
37 » En termes philosophiques, l’objection contenue dans ces deux maximes s’exprimerait ainsi : Toute pensée naissante, et encore enveloppée, a son expression immédiate, expression provisoire, mais adéquate à l’état actuel de l’idée qu’elle accompagne. […] — Dans les Recherches philosophiques, chap.
Pour échapper à l’horreur de ces apostasies philosophiques, je me suis orgueilleusement résigné à la modestie : je me suis contenté de sentir ; je suis revenu chercher un asile dans l’impeccable naïveté. […] C’est là que ma conscience philosophique a trouvé le repos ; et, au moins, je puis affirmer, autant qu’un homme peut répondre de ses vertus, que mon esprit jouit maintenant d’une plus abondante impartialité.
Ce mot d’ennui, pris dans l’acception la plus générale et la plus philosophique, est le trait distinctif et le mal d’Oberman ; ç’a été en partie le mal du siècle, et Oberman se trouve ainsi l’un des livres les plus vrais de ce siècle, l’un des plus sincères témoignages, dans lequel bien des âmes peuvent se reconnaître.
Le bon sens, non moins que le génie, quand il s’applique à quelque grand résultat philosophique ou politique, est sujet à cet excès : Jefferson n’y a pas échappé, à sa manière.
Loève-Veimars par une pointe de cet esprit philosophique de Voltaire et de Chamfort, de Chamfort qui n’aurait pas fait de tragédies et qui aurait beaucoup lu Brantôme et les mémoires de la reine Marguerite.
Sous la Restauration, on se figurait beaucoup trop l’Allemagne littéraire et poétique soumise sans contestation aux pieds de Goethe, l’Allemagne philosophique obéissant de plein gré aux formules de Kant ou de Hégel, l’Allemagne politique sans velléité ni chance de se déclarer.
La première idée, la conception du Globe, lorsqu’il fut fondé il y a près de sept ans (et celui qui parle ici est plus compétent que personne pour décider ce point), consistait à recueillir et à présenter au public français tous les travaux scientifiques, littéraires et philosophiques de quelque importance dans le grand mouvement pacifique qui commençait à emporter de concert les nations civilisées du monde.
Pour la période révolutionnaire et impériale, il faut s’arrêter surtout à la Décade philosophique, fondée en floréal an II : elle est l’organe des « idéologues », admirateurs et continuateurs de Locke et de Condillac, de Condorcet et de Volney, apôtres de la perfectibilité de la raison humaine.
Et de plus, une sorte de tristesse philosophique imprègne certaines scènes, où la désillusion pessimiste apparaît à la suite de la ruine de la volonté.
Tel est le point de vue original de cet écrivain, tel que chacun peut le vérifier dans son œuvre : dans ses chroniques et ses critiques ; dans ses romans : Mal éclos, histoire d’un répétiteur, — Une belle journée, poème des adultères ratés, roman en trois cents pages dont l’action dure six heures, petit chef-d’œuvre de psychologie bourgeoise, — la Saignée, intéressante évocation des laideurs secondaires du Siège de Paris ; dans son théâtre : mise en drame de Renée Mauperin, — La Pêche, une ironique pochade, — Les Résignés, sa maîtresse œuvre, d’une valeur suprascénique, un oratorio philosophique.