Et je prendrai tout d’abord pour exemple cette Anthologie même qui paraît aujourd’hui traduite au complet : il y a certes du mélange dans ce nombre si considérable d’épigrammes ; mais, en général, et à n’en prendre que la meilleure partie, tous les érudits gens de goût en ont fait leur régal ; Grotius les a traduites, d’après le recueil de Planude, en vers latins élégants ; les poètes de tout pays s’en sont inspirés, et souvent une seule goutte de cette liqueur exquise, tombée dans leur coupe, a suffi pour aiguiser le breuvage. […] Sous un ciel clair où les nuages blancs semblent des éclats de marbre, au milieu d’une mer semée d’îles, s’étend ce petit pays, hérissé de montagnes et de rochers sculptés, coupé de ruisseaux, pénétré de golfes sinueux, bordé de côtes anguleuses, de promontoires aux arêtes vives. […] Matthew Arnold, précédemment cité dans le courant de cet article, est le fils du célèbre docteur, et s’est placé lui-même au premier rang parmi les critiques littéraires de son pays.
Il y a des mots qui sont vivants comme des hommes, redoutables comme des conquérants, absolus comme des despotes, impitoyables comme le bourreau ; enfin il y a des mots qui pullulent, qui, une fois prononcés, sont aussitôt dans toutes les bouches… « Il est d’autres mots qui, pris dans une mauvaise acception, énervent, glacent, paralysent les plus forts, les plus ardents, les plus utiles, les plus éminents, tous ceux enfin sur qui ils tombent, mots plus funestes au pays qui ne les repousse pas que la perte d’une bataille ou d’une province… 70» Je ne demande rien de plus, et, cela dit et réservé, je conçois, j’admets volontiers que dans un pays aguerri au feu des discussions, chez un peuple de bon sens solide, raisonneur, calculateur, entendant ses intérêts, d’oreille peu chatouilleuse, qui ne prend pas la mouche à tout propos, une grande part de ce qui n’est qu’imaginaire dans le danger d’une presse libre disparaisse et s’évanouisse ; que les inconvénients puissent même s’y contre-balancer de manière à laisser prévaloir grandement les avantages. On connaît des pays comme ceux-là.
J’acquérais ainsi l’habitude du travail, de la maturité dans mes idées ; je m’étais déjà exercé sur divers objets, j’avais vu différents pays, beaucoup d’hommes et de choses ; j’avais donc, dès cette époque, des opinions arrêtées sur les intérêts et les devoirs des hommes, sur la morale, sur l’administration, sur la politique. […] Son Voyage à la Guyane vient bien après le Voyage à l’Ile de France de Bernardin de Saint-Pierre (publié en 1773), et avant celui de Chateaubriand au pays des Natchez. […] Malouet, explorant le pays, fut fort surpris de rencontrer dans un îlot, au milieu de l’Oyapock, un invalide du temps de Louis xiv, blessé à la bataille de Malplaquet, et qui avait 110 ans en 1777.
Cette identité place entre les hommes de ces deux pays un caractère commun qui les fera toujours se prendre l’un à l’autre et se reconnaître ; ils se croiront mutuellement chez eux quand ils voyageront l’un chez l’autre ; ils échangeront avec un plaisir réciproque la plénitude de leurs pensées et toute la discussion de leurs intérêts, tandis qu’une barrière insurmontable est élevée entre les peuples de différent langage qui ne peuvent prononcer un mot sans s’avertir qu’ils n’appartiennent pas à la même patrie ; entre qui toute transmission de pensée est un travail pénible, et non une jouissance ; qui ne parviennent jamais à s’entendre parfaitement, et pour qui le résultat de la conversation, après s’être fatigués de leurs efforts impuissants, est de se trouver mutuellement ridicules. Dans toutes les parties de l’Amérique que j’ai parcourues, je n’ai pas trouvé un seul Anglais qui ne se trouvât Américain, pas un seul Français qui ne se trouvât étranger. » Après l’inclination et l’habitude, il relève l’intérêt, cet autre mobile tout-puissant, surtout dans un pays nouveau où « la grande affaire est incontestablement d’accroître sa fortune. » Et comment ne seraient-elles point encore de Talleyrand ces réflexions morales si justement conques, exprimées si nettement, sur l’égalité et la multiplicité des cultes, dont il a été témoin, sur cet esprit de religion qui, bien que sincère, est surtout un sentiment d’habitude et qui se neutralise dans ses diversités mêmes, subordonné qu’il est chez tous (sauf de rares exceptions) à l’ardeur dominante du moment, à la poursuite des moyens d’accroître promptement son bien-être ? […] « Que l’on considère ces cités populeuses d’Anglais, d’Allemands, de Hollandais, d’irlandais, et aussi d’habitants indigènes, ces bourgades lointaines, si distantes les unes des autres ; ces vastes contrées incultes, traversées plutôt qu’habitées par des hommes qui ne sont d’aucun pays : quel lien commun concevoir au milieu de toutes ces disparités ?
Ainsi, dans ce premier retour de Louis XVIII, dans ce voyage de Calais à Compiègne, il montre le pays oubliant volontiers ses droits au milieu de l’attendrissement, et se donnant tout entier, tandis que les politiques à Paris stipulent et marchandent encore : Il (Louis XVIII) sentit, au tressaillement universel et spontané de sa patrie, qu’il était maître de ce peuple, et qu’on ne lui marchanderait pas sérieusement le règne à Paris. Il était évident pour lui et pour tous que si le pays confiant et versatile eût été seul en face de son roi, le roi aurait dicté arbitrairement et sans obstacle les conditions du nouveau pacte entre le trône et le pays ; l’empereur Alexandre stipulait pour la liberté plus que la liberté, à ce moment, ne stipulait pour elle-même.
Il sort bientôt du cercle étroit que lui prescrit le dogme, pour entrer dans les régions immenses que lui ouvre l’opinion. » Le jeune homme, nourri dans la tradition et dans la pratique religieuse, paraît préoccupé des querelles et des dissensions théologiques qui agitaient encore à ce moment plusieurs classes de la société : « Un enthousiaste, dit-il spirituellement, ne cherche point dans les ouvrages divins ce qu’il faut croire, mais ce qu’il croit ; il n’y démêle point ce qui s’y trouve, mais ce qu’il y cherche… Les livres sacrés sont comme un pays où les hommes de tous les partis vont comme au pillage, où ils s’attaquent souvent avec les mêmes armes et livrent bien des combats d’où tous croient sortir également victorieux69. » On devine, à la manière dont il parle du « judicieux abbé Fleury », qu’il n’est disposé à donner dans aucun extrême en fait de doctrine ecclésiastique, de même qu’on le trouve très en garde contre les écrits de Rousseau. […] En 1778, il fut élu assesseur d’Aix, c’est-à-dire l’un des quatre administrateurs électifs du pays. […] Cela était vrai surtout de la Provence, de la Nation provençale comme on disait, chez laquelle le roi n’était admis à faire les lois qu’à titre d’héritier des comtes souverains du pays.
Quand il parle de poésie proprement dite, il lui manque, je le crains, quelque chose : « Celui qui veut comprendre le poète, a dit Goethe, doit aller dans le pays du poète. » M. Guizot a trop vécu dans d’autres pays que celui-là : mais Corneille, mais Shakespeare, c’est encore l’histoire, et il est bon d’écouter un esprit aussi éminent et aussi ferme que M. […] Nous osons rappeler, au milieu des portions florissantes et triomphantes de la nation industrielle et militaire, qu’il y a aussi un pays moral, littéraire ; et, sans trop imaginer les moyens de le rétablir et de le réconforter, nous désirons que de plus habiles que nous y songent.
Pas une larme ne coula sur sa tombe ; les services qu’il avait rendus à son pays étaient depuis longtemps oubliés. […] Aujourd’hui on peut se demander si son amour de l’ordre, et sa ferme volonté d’introduire d’utiles réformes dans son pays, ne furent pas les motifs réels de la haine que lui vouèrent ses contemporains. […] Trop doux, généreux et clément, il était, à ce qu’il paraît, préoccupé d’imiter notre Henri IV, le glorieux roi du moment ; ce qui devra sembler assez hors de propos en un tel pays et quatre-vingts ans avant Pierre le Grand.
« Je ne connais pas de pays, dit Tocqueville, où il règne moins d’indépendance d’esprit et moins de véritable liberté de discussion qu’en Amérique. […] Sans doute il est étrange de dire qu’un gouvernement périt parce qu’il est trop fort, car il est évident qu’au moment où il a succombé il était le plus faible ; mais c’est l’extrême concentration qui a permis de l’attaquer avec avantage sur un point unique, comme on s’empare d’un pays en prenant sa capitale. […] Sans doute, lorsqu’une question particulière est soulevée, le publiciste doit lui donner une solution pratique et proposer des moyens proportionnés aux conjonctures ; mais dans la science il doit se borner aux principes : c’est à cette condition qu’il peut espérer de vivre au-delà d’un temps et d’un pays particulier.
On y apprendra comment l’amour de l’égalité devient la ruine de l’égalité même, s’il ne sait pas se renfermer dans ses vraies limites, si, non contents d’être égaux comme citoyens, nous voulons l’être comme fils et comme pères, comme jeunes et comme vieux, comme sujets et comme magistrats ; on apprendra encore combien l’obéissance à la loi est nécessaire dans un pays où la loi est faite par les citoyens eux-mêmes, comment la modération est le salut de tous les gouvernements, mais surtout des gouvernements populaires, enfin combien la probité est indispensable aux magistrats dans ces sortes de gouvernement. […] Ainsi le principe de la liberté appartient en propre à Montesquieu, au moins dans notre pays. […] Enfin, dans une histoire littéraire, je ne voudrais pas oublier qu’il est en quelque sorte l’auteur du renouvellement littéraire de notre pays.
[Le Pays, 8 décembre 1858.] […] [Le Pays, 13 février 1861.] […] Reconnu presque comme un artiste de génie, dans un pays où le talent, à tort ou à raison, rend imposants ceux qui prêtent le plus au sourire, Michelet a, surtout en ces derniers temps, fidèlement porté à sa boutonnière une fleur de gaieté qu’y plaçaient les autres et qui fleurissait d’un peu de ridicule son talent.
Et pour ne parler que de notre pays, Lamartine, Victor Hugo, Alfred de Musset, Sainte-Beuve, Théophile Gautier, sont des prosateurs presque identiques en valeur à ce qu’ils sont comme poètes ; et Alfred de Vigny, qui est de cette constellation poétique éclose dans le ciel de feu de 1830, doit être nommé, non après eux, mais avec eux… Seulement, comme quelques-uns d’entre eux, Vigny n’a pas eu tout à coup le double génie et n’a pas trouvé dans son âme les deux aptitudes entrelacées comme deux sœurs dans le même berceau. […] C’est un livre pâle d’un Walter Scott du faubourg Saint-Germain, pays qui n’a ni originalité ni montagnes, mais beaucoup d’élégance et fort peu d’énergie ; c’est enfin de l’histoire de France en vignettes, gracieusement dessinées même quand le sujet de la vignette est terrible, très digne donc en tout de l’album des jeunes filles qui se mariaient, dans ce temps-là, à Saint-Thomas d’Aquin. […] Œuvres complètes ; Journal d’un poète (Pays, 15 mai 1860 ; Nain Jaune, 24 janvier 1867).
Pour cela, nous n’avons qu’à suivre les voyageurs des deux pays qui à ce moment franchissent la Manche. […] Elles sont nombreuses en ce pays, et c’est sur elles que la doctrine a prise. […] Un étranger qui en ce moment visiterait le pays ne verrait dans cette religion qu’une vapeur suffocante de raisonnements, de controverses et de sermons. […] Au fond, les gens de ce pays ne se soucient pas de la métaphysique ; pour les intéresser, il faut qu’elle se réduise à la psychologie. […] Si j’étais Américain comme je suis Anglais, tant qu’un bataillon étranger aurait le pied sur mon pays, je ne poserais pas mes armes !
Charles Frémine, le plus connu des deux, a, dans ses recueils (Floréal ; Vieux airs et jeunes chansons), consacré çà et là d’excellents vers à son pays.
L'Histoire de ses Voyages est peu intéressante pour le commun des Lecteurs, parce qu'il parcourut peu de pays, & que la découverte des Livres rares, soit imprimés, soit manuscrits, fut son principal objet.
Cette crainte commune du soleil était d’autant plus caractéristique chez Charles Cros que son pays était Fabrezan, près Narbonne, où il naquit le Ier octobre 1842. […] L’auteur affecte la plupart du temps cette allure d’un voyage un peu partout dans ses pays aimés, l’Italie, la Suisse, l’Allemagne, un peu de France pittoresque et Paris, fréquemment. […] Là, il s’abouche avec des négociants trafiquant vers Aden et Hérat ; c’est dans ce dernier pays qu’il se fixe, non sans encore des pointes en Europe, et cette fois plutôt en France, dans son département. […] Non sans que la nécessaire, j’allais dire la légendaire, la traditionnelle ou si, comme moi, vous préférez, la belle, la noble, l’essentielle mélancolie de ce pays de rêve… et de réalité, n’ait là pris place. […] En outre, je me trouvais dans un pays tout à fait étranger, de langue diamétralement opposée, comme vocabulaire et comme syntaxe, à la mienne, de mœurs différentes et sans doute en dehors, bien entendu, des bienveillances qui m’entouraient, plus ou moins, sinon hostiles, à coup sûr indifférente aux choses de mon pays à moi.
Il feint de mépriser tout ce qu’on peut voir dans ce pays. […] Mais le deuil de la Nature revêt aussi dans ce pays une forme de beauté surprenante. […] Le maître d’école qui est du pays l’affirme. […] Il faisait paître son troupeau dans un pays arrosé par des lacs. […] Enfin il quitta l’Université et le pays.
Nous dirons donc qu’il y a un accord entre l’âpreté de ce pays et de cette race, et l’âpreté voilée du théâtre de Racine. […] Si le pays de soi (par lui-même) avait un peu plus de délicatesse et que les rochers y fussent un peu moins fréquents, on le prendrait pour un vrai pays de Cythère. […] Telle est l’humeur des gens de ce pays : ils portent les passions au dernier excès. […] comme les pays sont prospères, avec beaucoup de misères au fond). […] Il est impossible que tous ces pays, cultivés avec tous les soins imaginables, aient été fort peuplés.
Quoique le xve siècle ait donné tort à Pétrarque, nous comprenons sa défiance envers la langue vulgaire de son pays. […] Faut-il s’étonner qu’un Italien qui prend au sérieux l’idée de la patrie, qui aime et vénère son pays, refuse d’accepter l’arrêt prononcé par le poète français ? […] Si l’Italie est la terre des morts, si la vie s’est retirée de ce beau pays, de ce pays autrefois si puissant, pourquoi donc toute l’Europe va-t-elle respirer l’air des tombeaux ? […] Cependant, malgré son penchant pour la déclamation, il occupe un des premiers rangs parmi les orateurs politiques de notre pays. […] Michelet n’a pas craint de l’appliquer à l’histoire de notre pays.
. — Au pays des épées (1888). — France toujours (1890). — Demi-Tons (1892). — Dans le monde de l’art (1898)
L’épisode de Nausicaa l’obsède visiblement ; il y revient malgré lui dans beaucoup de ses notes de voyage ; il rêve de reproduire cette idylle épique dans sa langue moderne et en appliquant aux mœurs bourgeoises de son pays allemand les chastes couleurs de la poésie homérique. […] « En suivant, dit-il, la route qui mène au village où la colonne fugitive va passer la nuit, j’aperçus une lourde charrette traînée par deux bœufs, les plus gros et les plus vigoureux de ce pays des étrangers. […] Et cependant la scène est d’hier, les mœurs sont du jour et du pays, et le sentiment en est de tous les temps. […] « Je crains, leur dit-il, qu’elle n’ait déjà frappé dans la main d’un heureux jeune homme de son pays, et je me vois tout honteux devant elle de mes propositions rejetées. » Les deux négociateurs le rassurent en vain ; ils lui proposent de sonder le cœur de la jeune étrangère. […] Le délicieux poème finit par une allusion patriotique et héroïque aux devoirs sévères que l’orage du continent et l’invasion française imposent à tous ceux qui peuvent porter les armes et sacrifier même la plus tendre épouse à la mort acceptée pour défendre son pays.
Son père était un de ces caractères aventureux, romanesques, galants, poétiques, qui laissent des traditions populaires de bravoure et de licence, dans l’imagination de leur pays, tels que François Ier et Henri IV, de France. […] Le messager d’Angleterre m’a rapporté plusieurs beaux habillements de ce pays esquels, si me venez voir promptement, aurez bonne part qui vous doit bien engager à partir du lieu où vous estes et à faire activement vos préparatifs pour me demeurer quelque temps, et donnerai bon ordre pour qu’il vous soit pourvu à tout. […] Tout le monde connaît les vers délicieux qu’elle écrivit à travers ses larmes sur le pont de son vaisseau en voyant fuir les côtes de France : Adieu, plaisant pays de France, Ô ma patrie La plus chérie, Qui a nourri ma jeune enfance ! […] Murray était digne, par son caractère et par son esprit, de la confiance de sa sœur ; jeune, beau et éloquent comme elle, il avait de plus qu’elle la connaissance du pays, l’amitié des seigneurs, des ménagements prudents avec les presbytériens, l’estime du peuple, et cette habileté à la fois adroite et loyale qui est le don des grands politiques. […] À son retour en France, l’ambassadeur avait amené Rizzio avec lui, à la cour de François II ; attaché à un des seigneurs français qui avait escorté Marie Stuart en Écosse, la jeune reine l’avait demandé à ce seigneur pour conserver auprès d’elle, dans ce royaume où elle se sentait moins reine qu’exilée, un souvenir vivant des arts, des loisirs et des délices de la France et de l’Italie, pays de son âme ; musicienne elle-même autant que poëte, charmant souvent ses tristesses par la composition des paroles et des airs dans lesquels elle exhalait ses soupirs, la société du musicien piémontais lui était devenue habituelle et chère.
Après François Ier, c’est Henri II, dont le règne passa entre le coup d’épée de Jarnac et le coup de lance de Montgomery ; Henri II, livré à un autre croissant, non moins honteux que celui du Turc, car c’était le croissant de Diane, la concubine de son père, contre lequel l’auteur des Guise ne trouve que cette phrase à coller : « Guerres malheureuses, pays plus malheureux encore, prodigalités mal placées ; il n’en fut pas moins pleuré par les Français. » Et cela le désarme, ces larmes françaises. […] L’incrédulité de Catherine de Médicis (au fond, du pays athée de Strozzi), qui disait en mourant : « Je m’en vais où depuis six mille ans s’en vont les autres et je renie Dieu. […] Il pèse sur tout cela, par la juste raison que, dans tout pays et dans tout siècle, tout cela, c’est la ruine, la dévastation, la misère et la honte d’un gouvernement et d’un peuple. […] VI Le volume de l’histoire de Forneron se ferme à la prise de possession des Flandres par don Juan d’Autriche, assez généreux pour risquer sa gloire de Lépante à essayer de fermer une blessure mortelle faite au cœur de tout un pays. […] Elle n’était pas qu’en France, son pays natal.
Tous les pays par où il passa, & il en vit beaucoup, furent marqués par ses disgraces.
Ses Noëls Bourguignons sont fort goûtés dans sa Patrie ; mais il faut être né dans ce pays-là, pour en sentir le mérite.
En souvenir et en reconnaissance de cette constante harmonie qui m’a rendu facile et douce la carrière de professeur en pays étranger, j’ai voulu laisser à ceux et à celles dont je fus le maître un instrument de travail que j’eusse éprouvé par un long usage et qui leur permit de se passer de moi.
Le premier Ouvrage a eu une vogue étonnante, & cette vogue se soutient encore dans les Provinces & les Pays étrangers.
Le style de cet Auteur est coulant & rapide, mais incorrect, négligé ; défaut ordinaire à ceux qui écrivent en pays étranger, où l’Ecrivain oublie son langage, & où les Lecteurs ne sont pas difficiles à contenter.
Ils nous faisaient observer que plusieurs avaient été traduites et éditées séparément, dans divers pays, en forme de brochure : l’une d’elles (l’Introduction à la métaphysique) était maintenant à la disposition du public en sept ou huit langues différentes, mais non pas en français.
Certes, dans ce pays, le labour aurait pu être aisé et la moisson abondante, à cause du sol fort gras. […] Nous voulons retourner à notre pays, mais Zeus, sans doute, nous en écarte. […] À Saint-Béat, pays des marbres, j’ai mangé, au bord de l’eau, des écrevisses et des confitures de carotte. […] Mais sa vogue dura peu, et il retourna dans son pays au bord de la Creuse. […] Ce rocher porte les ruines d’un château-fort, nid d’aigle des Carafa, anciens seigneurs du pays.
On connaît assez dans tous les pays ces fluctuations de la gloire. […] La forte et rude jovialité, un peu lourde et appuyée, la robuste et grasse gaîté sont tout à fait de son pays. […] Henri Heine ne fut point patriote, et il a assez détesté les patriotes de tous les pays (en quoi il eut tort) pour que ce point soit hors de doute : mais il aima son pays ; il n’eut pas de patriotisme, mais il eut l’amour du sol natal ; il ne tenait à son pays ni par une communauté de pensées, ni par une communauté dépassions et d’espérances ; mais il y tenait par toutes les racines de son cœur. […] Les pays que vous traversez, vous les peignez très bien. […] Le Français est un peu dépaysé dans ce pays-là, à moins qu’il ne revienne du Caire, de Java ou de Moscou.
La muse du poète n’a pas fixé son séjour dans le seul pays des rêveries ; bien qu’elle nous en rapporte de hautes inspirations, elle se plaît surtout aux choses, aux belles choses de la nature et ne dédaigne pas l’humour.
Sir Samuel Romilly, faisant le voyage d’Italie en 1815, était très-frappé de l’influence bienfaisante qu’avait exercée la domination française dans le pays. […] J’ai été assez étonné de lui trouver l’esprit si libre, et il m’a paru plus spirituel que je ne le croyais. » Et quelques jours après (25 mars) : « … Chateaubriand a parlé de religion chez Mme de Duras ; il la ramène sans cesse, et ce qu’il y a d’assez étrange, c’est le point de vue sous lequel il la considère : il en croit une nécessaire au soutien de l’État, il aime les souvenirs, et il s’attache à celle qui a existé autrefois dans son pays ; mais il sent fort bien que les restes auxquels il veut s’attacher sont réduits en poudre ; il croit nécessaire aux autres et à lui-même de croire ; il s’en fait une loi, et il n’obéit pas. […] Comme vous, je suis persuadé que c’est un enseignement tout nouveau qui serait nécessaire pour satisfaire les âmes pieuses ; comme vous, je ne vois commencer nulle part cet enseignement : bien au contraire, je vois reproduire la religion par ses abus, par son côté haïssable. » Sismondi représente à Channing qui, de loin, paraît avoir jugé trop indulgemment les choses, comment en Amérique, pays neuf, on n’a pas eu à supporter le vieil échafaudage religieux avec tout ce qui en était l’accompagnement et la conséquence, cette institution toute-puissante et intolérante qu’il a fallu, avant tout, renverser au XVIIIe siècle : ce fut une lutte et une crise par où il était nécessaire de passer. […] Lui-même a eu besoin, pour comprendre et s’expliquer cette colère, de voir de près la lutte engagée dans d’autres pays arriérés qui retardaient sur 89 : « Je n’aurais point compris, je crois, cette disposition des esprits, la haine, le fanatisme antifanatique de l’école encyclopédique, si je n’avais passé une grande partie de ma vie en Italie, si je n’y avais vu régnante cette même hiérarchie que j’avais laissée persécutée en France.
Pendant quelque temps, cette circonstance fut inexplicable, jusqu’à ce que, sur enquête, on trouva qu’elle était née dans le pays de Galles, qu’elle avait parlé le langage de ce pays pendant son enfance, mais qu’elle l’avait entièrement oublié dans la suite. » — Des impressions fugitives, qu’on n’a point remarquées, peuvent aussi surgir de nouveau, avec une puissance étrange et une exactitude automatique. […] Il en est de même d’un air qu’on ne chante plus, d’une pièce de vers qu’on ne récite plus, d’un pays qu’on a quitté depuis longtemps. […] Il guérit par degrés. » Un autre malade, qui était venu à Édimbourg depuis dix à douze ans, ne se rappelait plus rien de cette portion de sa vie ; au contraire, la portion antérieure qu’il avait passée dans un autre pays lui était très présente. — Dernièrement, on a vu en Russie un célèbre astronome oublier tour à tour les événements de la veille, puis ceux de l’année, puis ceux des dernières années, et ainsi de suite, la lacune gagnant toujours, tant qu’enfin il ne lui resta plus que le souvenir des événements de son enfance ; on le croyait perdu ; mais, par un arrêt soudain et un retour imprévu, la lacune se combla en sens inverse, les événements de la jeunesse redevenant visibles, puis ceux de l’âge mûr, puis les plus récents, puis ceux de la veille. […] « À son départ pour la Grèce, un de nos savants fut renverse de sa voiture par une violente secousse ; une boîte, peu lourde pourtant, lui tomba sur la tête ; il ne s’ensuivit ni douleur ni plaie des téguments ; mais le blessé oublia totalement le pays d’où il était sorti, le but de son voyage, le jour de la semaine, le repas qu’il venait de faire, toute l’instruction qu’il avait acquise.
Si, au contraire, les projets du roi sont d’anéantir notre liberté, nous nous en apercevrons bientôt ; et il vaut mieux acquérir cette lumière par la ruine d’un seul que par celle de tous… D’un autre côté, comme j’ai joui au milieu de vous de plus d’honneurs et de considération sans doute que je n’avais droit d’en attendre, et que peut-être on n’en a accordé à aucun simple citoyen, je me crois plus particulièrement obligé qu’aucun autre à servir les intérêts de mon pays, même aux dépens de ma propre vie. […] Si le succès de cette démarche répond à mes vœux, je me réjouirai d’avoir rendu la paix à mon pays, et recouvré la sécurité pour moi-même. […] VI Ainsi le génie de Laurent, secondé par la fortune, le rendait cher à son pays ; une conjuration sanglante avait été le sacre de sa maison. […] La paix qu’il venait de rapporter à son pays lui laissait le loisir de se livrer aux arts et aux lettres.
Beaucoup de personnes, surtout en certains pays, suivent la règle justement opposée ; ce qui les mène à de grandes injustices. […] J’ai toujours été aux ordres de mon pays ; sur un signe, en 1869, je me mis à sa disposition. […] Mon siècle et mon pays ont eu pour moi bien plus d’indulgence. […] L’étranger même m’a aidé dans mon œuvre autant que mon pays ; je mourrai ayant au cœur l’amour de l’Europe autant que l’amour de la France ; je voudrais parfois me mettre à genoux pour la supplier de ne pas se diviser par des jalousies fratricides, de ne pas oublier son devoir, son œuvre commune, qui est la civilisation.
Le pays n’est pas riche. […] Élevé dans le catholicisme, vivant en pays catholique, Michelet n’a songé au christianisme que sous la forme du catholicisme. […] C’est l’un des pays les plus libéraux de France en politique et en religion. […] C’est sûrement là le programme du pays où il se présent et peut-être de la province en général. […] Aucune racine pour le socialisme et pour les idées niveleuses dans ce pays.
Quand il trouve quelques traits de ressemblance entre des Héros de différens pays, il les saisit avec justesse, les rapproche avec désintéressement, & les développe avec des réflexions morales, non moins utiles qu'intéressantes.
On a pu comparer son règne (en tenant compte de la différence des deux pays et des deux nations) à celui de Louis XIV. […] Je suis persuadée que si j’avais été comme les femmes de mon pays qui y vont en voyageant, on ne m’y aurait jamais donné à souper. » C’est ce souper de Paris qu’elle se donnait par lettres avec Voltaire, et il y a des moments où ils ont l’air en effet de se griser légèrement l’un l’autre de leurs paroles et de leurs louanges.
Aussi peut-on dire qu’il resta Comtois toute sa vie ; au milieu de sa diction si pure et de sa limpide éloquence, il avait gardé de certains accents du pays qui marquaient par endroits, donnaient à l’originalité plus de saveur, et l’imprégnaient à la fois de bonhomie et de finesse. […] C’est un honneur de ce pays-ci et de cette France, on l’a remarqué, que l’esprit, à lui seul, y tienne tant de place, que, dès qu’il y a eu sur un talent ce rayon du ciel, la grâce et le charme, il soit finalement compris, apprécié, aimé, et qu’on sente si vite ce qu’on va perdre en le perdant.
L’expérience de tous les pays, de tous les siècles vérifie avec éclat la loi : il apparaît, et que toujours les ouvrages transmis à l’immortalité ont leur unité, et que cette unité est obtenue par mille moyens et susceptible de mille formes. […] Avec une netteté glacée, il accentuait les détails de ce chaos de pierres qui est l’Islande ; tout ce pays, vu de la Marie, semblait plaqué sur un même plan et se tenir debout.
La Loi, qui représentait, non les anciennes lois du pays, mais bien les utopies, les lois factices et les fraudes pieuses du temps des rois piétistes, était devenue, depuis que la nation ne se gouvernait plus elle-même, un thème inépuisable de subtiles interprétations. […] La négation du miracle, cette idée que tout se produit dans le monde par des lois où l’intervention personnelle d’êtres supérieurs n’a aucune part, était de droit commun dans les grandes écoles de tous les pays qui avaient reçu la science grecque.
Le dieu accorda à Yma trois cents autres pays encombrés bientôt comme les premiers. […] Qui l’accordait, livrait le pays ; il tenait tout entier dans cette double offrande.
[Le Pays, 28 février 1864.] […] Homme d’esprit dans le sens le plus léger du mot, doué d’un de ces genres de talent que je ne nie point, mais qui n’était pas de nature à donner de grandes jalousies à personne, Prévost-Paradol est arrivé, dès les premiers pas qu’il a faits dans la littérature, à monter les trois échelons, mystérieux toujours quoique très connu, après lesquels en France, dans ce pays de la moquerie despotisé par les coutumes dont on se sera le plus moqué, il ne reste rien de bien difficile à grimper.
[Le Pays, 3 octobre 1860.] […] Nous savons ce que c’est… dans notre pays !
Il était Breton, il était du pays des dolmens immobiles et des pierres de Karnac, à la vibration continue et à l’équilibré éternel. […] Ce n’était pas alors le temps (son temps) de la floraison des littératures étrangères dans notre pays.