/ 1877
1770. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (1re partie) » pp. 413-491

Et en effet, quoique le terrain ne fût pas encore assez préparé pour recevoir et féconder une telle semence, je lus néanmoins çà et là, pendant le mois de juillet, bien des fragments de Machiavel, outre le récit du fait de la conjuration ; et alors non-seulement je conçus sans différer le plan de ma tragédie, mais, épris de cette façon de dire si originale et si puissante, il me fallut laisser là pour quelques jours toutes mes autres études, et, comme inspiré de ce génie sublime, écrire d’une haleine les deux livres de la Tyrannie, tels ou à peu près que je les imprimai quelques années plus tard.

1771. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (3e partie) » pp. 193-271

IX Nous avons dit en commençant que tous les manuscrits originaux d’Aristote, recueillis à Athènes par Sylla, furent emportés par lui à Rome.

1772. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIe entretien. Balzac et ses œuvres (1re partie) » pp. 273-352

disait-il en se promenant par la chambre dans sa douillette de soie puce, et la tête enfoncée dans la grosse cravate qu’il avait conservée de la mode du Directoire ; on m’appellerait encore original (ce titre le courrouçait), et il n’y aurait pas un être étiolé ni un rachitique de moins !

1773. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXIXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (1re partie) » pp. 241-314

J’en ai déjà fait prendre des copies que vous aurez plus tard pour les comparer avec l’original.

1774. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre V. Jean-Jacques Rousseau »

C’était une pensée originale et haute d’essayer de fonder les relations de deux êtres unis par la société sur la franchise absolue de tous les deux, à l’égard de l’autre, et à l’égard de soi-même.

1775. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre onzième »

Quoique moraliste parfois supérieur, aucun n’a exprimé sur la nature humaine plus d’idées contestables sans être originales.

1776. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IX »

En attendant il faut reconnaître que leurs études sur la trame musicale des Maîtres Chanteurs et de Parsifal, et surtout leur examen des conditions optiques et acoustiques du théâtre de Bayreuth sont pleins d’intérêt et de remarques originales.

1777. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre cinquième. Genèse et action des principes d’identité et de raison suffisante. — Origines de notre structure intellectuelle »

L’action interne du vouloir n’est pas une simple « séquence entre deux impressions » ; elle est une impression originale ; ou plutôt, elle n’a plus le caractère d’une impression, d’une réceptivité, comme cela a lieu dans la sensation proprement dite ; elle n’est plus une présentation de quelque objet, et par conséquent elle ne peut plus être elle-même représentée ; mais elle est une conscience immédiate d’agir qui n’a pas besoin d’être représentée pour exister : étant subjective, étant le subjectif même, elle ne peut s’objectiver ni s’extérioriser.

1778. (1885) La légende de Victor Hugo pp. 1-58

D’ailleurs c’était l’opinion générale des politiciens sur celui que Rochefort devait surnommer le Perroquet mélancolique : car même dans l’erreur, Hugo ne fut pas original, en se trompant il imitait quelqu’un.

1779. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIe entretien. Boileau » pp. 241-326

Peut-être l’émonda-t-il trop, nous ne le nions pas ; mais remarquez cependant qu’il n’empêcha de naître et de grandir ni Molière, ni Corneille, ni Racine, ni Bossuet, ni Fénelon, ni Pascal, ni surtout Voltaire, qui naissait à côté de lui, sur sa trace, et qui, avec un esprit mille fois plus original, plus indépendant et plus étendu, fut cependant, comme il l’avoue partout en s’en glorifiant lui-même, son disciple et son ouvrage dans le domaine de la langue, de la critique et du bon sens dans l’art d’écrire.

1780. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIe entretien. Littérature italienne. Dante. » pp. 329-408

Les premières traductions qu’on en donna en France, à la fin du dernier siècle, ne sont que des paraphrases enluminées ou affadies ; il est impossible d’y trouver trace de l’original : ce sont des dentelles sur le corps d’Hercule.

1781. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre III. De la survivance des images. La mémoire et l’esprit »

Et comme, d’une part, on a noyé dans l’image le souvenir pur qui en faisait un état original, comme, d’autre part, on a rapproché encore l’image de la perception en mettant dans la perception, par avance, quelque chose de l’image elle-même, on ne trouvera plus entre ces deux états qu’une différence de degré ou d’intensité.

1782. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. de Fontanes »

Cette fois, l’auteur, pénétré de la majesté de son sujet, n’a nulle part fléchi ; il est égal par maint détail, et par l’ensemble il est supérieur aux Discours en vers de Voltaire ; il atteint en français, et comme original à son tour, la perfection de Pope en ces matières, concision, énergie : Vers ces globes lointains qu’observa Cassini, Mortel, prends ton essor ; monte par la pensée, Et cherche où du grand Tout la borne fut placée. […] En somme, toutes les antipathies qu’on se figure que Voltaire aurait eues si vives durant la Révolution et de nos jours, Fontanes les a eues et nous les représente, et non par routine ni par tradition, mais bien vives, bien senties, bien originales aussi ; il était né tel.

1783. (1898) La poésie lyrique en France au XIXe siècle

Il faut un peu flatter l’original, parce que, à force de se l’être entendu dire, une femme se croit presque toujours un peu plus agréable qu’elle ne l’est ; mais il ne faut pas trop flatter, parce que ce serait désobligeant. […] Or, remarquez que les premiers recueils de Victor Hugo n’étaient pas du tout des recueils originaux et ou la poésie eut quoi que ce soit de nouveau.

1784. (1912) Réflexions sur quelques poètes pp. 6-302

Racine, qui s’en est servi sans se demander ce que c’est que d’écrire à la moderne, fut le plus de son temps et le plus vraiment original, bien que ne répugnant pas à « ces larcins qu’on appelle imitation des auteurs anciens », comme tu dis. […] Mais suivre les exemples du Cavalier Marin, voilà qui est original. […] Je crois aussi que la prose n’est pas bonne pour faire vivre sur la scène une tragédie ou une haute comédie versifiées dans l’original.

1785. (1887) George Sand

C’est à la même source d’inspiration champêtre qu’il faut rapporter quelques œuvres, plus voisines de nous par le temps, comme les Maîtres sonneurs, un récit bien original, et les Visions de la nuit dans les campagnes, piquante fantaisie d’une imagination qui aime à traduire les naïves terreurs, les superstitions et les légendes, non sans s’émouvoir elle-même de ces jeux de la peur, qui sont la poésie de minuit et le drame nocturne des champs. […] Le sujet de Jean de la Roche est peut-être le plus original et le plus simple. […] Même quand on ne les a pas vus dans la réalité, on s’écrie devant eux, involontairement, comme devant le portrait d’un grand maître, quand on ne connaît pas l’original : « C’est bien cela ! 

1786. (1949) La vie littéraire. Cinquième série

Taine vient de donner dans la Revue des Deux Mondes, en deux numéros, un Napoléon Bonaparte d’un travail à la fois minutieux et robuste, fait de pièces et de morceaux, et pourtant original, bourré de petites choses, et avec cela énorme. […] En somme, la littérature du prolétariat actuel n’est, ce me semble, ni bien originale ni très abondante. […] Il était original avec une bonhomie parfaite.

1787. (1880) Une maladie morale : le mal du siècle pp. 7-419

A l’époque même où, dégagé des liens dans lesquels il s’était plu à s’envelopper, il exprime des idées et des sentiments plus originaux, lorsque, sous la Restauration et depuis, il donne au public des romans, des nouvelles tirés de son propre fonds, on y retrouve la trace de ses anciennes habitudes. […] Quand on questionnait celui-ci sur les originaux d’Adolphe, il répondait qu’il s’agissait d’une femme, qu’il nommait, que Chateaubriand a appelée la dernière des Ninon, qui avait été liée, sous le Consulat, à un homme du monde et à laquelle Benjamin Constant avait été lui-même attaché. […] Un peu plus d’un mois avant Roulland, s’éteignait la jeune Élisa Mercœur, dont on a publié, en 1843, les œuvres, peu originales et visiblement inspirées de la littérature de l’époque. […] Macarée dépeint les progrès de son développement, la vigueur de sa jeunesse, ses courses enivrantes à travers les montagnes ou les vallées, les rochers ou les fleuves, soit sous les feux du jour, soit à la clarté des étoiles, « l’inconstance sauvage et aveugle qui dispose de ses pas », son mépris pour cet être inférieur, l’homme, qu’il rencontre en parcourant la nature, les entretiens qu’il eut dans sa jeunesse avec le vieux centaure Chiron ; enfin il annonce sa fin en ces mots : « Je reconnais que je me réduis et me perds rapidement comme une neige flottant sur les eaux, et que prochainement j’irai me mêler aux fleuves qui coulent dans le vaste sein de la terre. » Sainte-Beuve n’a pas hésité à rattacher à l’école mélancolique cette œuvre originale et puissante dans sa brièveté. « Guérin, sous forme de Centaure, dit-il, a fait là son René et raconté sa propre histoire, sa source réelle d’impressions, en la projetant dans les horizons fabuleux.

1788. (1905) Études et portraits. Portraits d’écrivains‌ et notes d’esthétique‌. Tome I.

Et ces dehors frustes achèvent de donner au poète ce caractère profondément, suprêmement original qui le met à part de tous ses confrères en gloire.‌ […] Ces deux poèmes manifestent une conception du type féminin, si passionnée à la fois et si intellectuelle, si originale et en même temps si humaine, qu’elle n’a pas été surpassée, d’autres poètes ont aimé, souffert de leur amour et chanté leur souffrance. […] Sur quoi le dilettante réclame des dommages-intérêts. « Parbleu », dis-je, « voilà un étrange original. […] Etant donnée une espèce sociale, celle des avocats, des médecins, des professeurs, le psychologue qui fait l’anatomie de cette espèce rencontre aussitôt un certain nombre d’habitudes communes, imprimées par le métier ; puis, dans chaque échantillon de cette espèce, un certain nombre d’habitudes spéciales et originales, attribuables à la nature propre de celui qui les possède. […] J’essayerai de caractériser cette forme originale, de marquer en quoi elle se rattache à l’ensemble des travaux de son auteur, quelle me paraît être sa puissance et par cela seul sa limite. ‌

1789. (1905) Études et portraits. Sociologie et littérature. Tome 3.

On ferait un petit livre qu’on pourrait intituler Esprit ou même Génie de M. de Bonald, et qui serait très substantiel et très original. » Quand l’analyste des Lundis s’exprimait de la sorte, il ne cédait pas seulement à ce sens intime du talent qui avait en lui la force, presque la fatalité d’un instinct. […] Les lettres majuscules sont nécessaires ici pour mieux caractériser ce phénomène d’un ordre presque mystique, auquel Sainte-Beuve lui-même n’a pas échappé entièrement, et dont Taine ; ne s’est guéri qu’en étudiant sur les documents originaux l’histoire vraie de la Révolution.

1790. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

» Et saint Bernard : « La femme est l’organe du diable. » Et saint Antoine : « Sa voix est le sifflement du serpent. » Et saint Bonaventure : « Elle est un scorpion. » Et saint Grégoire le Grand : « Elle a le poison de l’aspic et la malice du dragon… » Seulement Max Nordau, comme son maître le célibataire Arthur Schopenhauer, a développé avec un acharnement très original les aphorismes indignés de ces vertueux personnages qui, sans doute, ne connaissaient pas très bien leur sujet. […] Les visitandines ont gardé dans leur maison, fermée aux bruits du siècle, sinon le génie original des instituteurs de leur règle, du moins la tradition du langage mesuré, ample, grave, que parlait la bonne compagnie, au temps où naquit leur congrégation. […] Frédéric Masson, l’homme incomparable auquel je voudrais qu’on élevât des autels… » Et plus loin : « On arrive à trouver en Napoléon une faculté d’aimer aussi grande que l’est chez lui la faculté de penser et d’agir, et qui montre un amant et un époux aussi étonnants qu’ont pu être le guerrier et l’homme d’État. » Je ne sais si l’empereur eût goûté cette forme particulière de l’admiration, qui confie au public des détails ordinairement réservés à l’intimité ; et j’incline à croire qu’il eût ordonné à son ministre de la police de mettre au pilon, avec tous les égards dus aux bonnes intentions de l’auteur, le livre, d’ailleurs original et intéressant, qui s’intitule : Napoléon et les femmes. […] Au débotté, tandis que son ordonnance, dans la pièce voisine, fourbissait, astiquait et cirait, avec le moins de bruit possible, afin de laisser son officier « inventer des canons », Art Roë s’asseyait devant sa table et, pendant des heures, il écrivait : heures bien employées, qui maintenant doivent remonter dans son souvenir, lumineuses et bénies, et qui nous ont valu (je le dis très sincèrement et sans vouloir le moins du monde offenser les littérateurs professionnels) un des livres les plus originaux et les plus émouvants de ce temps-ci.

1791. (1888) Études sur le XIXe siècle

La légende, à quelque époque et à quelque nation qu’elle appartienne, a l’avantage de comprendre exclusivement ce que cette époque et cette nation ont de purement humain23, et de le présenter sous une forme originale très saillante, et, dès lors, intelligible au premier coup d’œil. […] Les besoins sont encore simples et se ramènent presque tous aux préoccupations matérielles ; mais à mesure qu’on monte dans la hiérarchie sociale, quand la sphère s’élargit, quand disparaît le souci absorbant du pain quotidien, les besoins se raffinent, les passions se compliquent : les types, moins originaux peut-être, deviennent plus intéressants, par l’influence de leur éducation et de tout ce qu’il y a d’artificiel dans la civilisation, Alors apparaîtraient l’activité des richesses, les vanités aristocratiques, des ambitions de toutes sortes, jusqu’à ce qu’on arrive au dernier héros de la série, l’homme de luxe, « qui réunit toutes ces convoitises, toutes ces ambitions, tous ces besoins, toutes ces vanités pour les comprendre et en souffrir, qui les a dans le sang et en est consumé ». […] Ainsi quand je trouve un peintre si absolument original que l’est Holman Hunt décrit comme étant mon “disciple”, il m’est impossible de ne pas me sentir humilié en face de la vérité, et de ne pas vous assurer du contraire avec le plus grand empressement.

1792. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. THIERS. » pp. 62-124

Parlant de lui-même naturellement et volontiers, écrivant avant le règne des bienséances, il est naïf, original, un peu cynique ; il fatigue par son érudition, qui est de trop dans son livre comme dans sa tête ; il doit beaucoup au tour piquant de son esprit, mais beaucoup à sa langue ; il instruit, mais plus souvent il fournit, pour les vérités usuelles, des expressions inimitables.

1793. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Gabriel Naudé »

L’intervalle des deux Frondes fut un assez bon temps pour Naudé ; il y composa (1649) son ouvrage le plus intéressant, le plus original et le plus durable : Jugement de tout ce qui a été imprimé contre le cardinal Mazarin, depuis le sixième janvier jusques à la Déclaration du premier avril mil six cens quarante-neuf, ou plus brièvement le Mascurat.

1794. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre III. — Du drame comique. Méditation d’un philosophe hégélien ou Voyage pittoresque à travers l’Esthétique de Hegel » pp. 111-177

Mais dans cette continuelle explosion de métaphores, de plaisanteries, de réflexions, de larmes et d’éclats de rire, il y a moins de verve originale que de labeur factice.

1795. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCIXe entretien. Benvenuto Cellini (1re partie) » pp. 153-232

Ce télescope unique, c’est-à-dire original, bizarre, passionné, vaniteux, que je vais analyser, ce sont les Mémoires de Benvenuto Cellini.

1796. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (2e partie) » pp. 409-488

Oui, mais pour que cette perfection soit parfaite, il faut qu’elle soit originale.

1797. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (2e partie) » pp. 315-400

Je pus en même temps vanter son talent, qui n’est pas ordinaire, et Goethe, qui connaît quelques-unes de ses œuvres, la loua comme moi. » « Une de ses poésies, dit-il, dans laquelle elle décrit un site de son pays, a un caractère très original.

1798. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVe entretien. Ossian fils de Fingal »

Le deuxième volume, quoique composé de plusieurs chants écrits par des bardes de l’école d’Ossian plus que par Ossian lui-même, n’est ni moins original, ni moins lugubre, ni moins beau.

1799. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paul Féval » pp. 107-174

Mais il nous donne, dans son Chevalier de Kéramour, monsieur Polduc Le Bihan, le fort buveur de cidre, qui a inventé tout un ordre de jurons pour jurer tout son saoul sans offenser Dieu, et qui proteste, l’épée nue à la main, à la fin de chaque repas, en l’absence perpétuelle d’un chapelain qu’il ne peut appointer et qu’il dit en vacances, contre l’usurpation de la duchesse Anne de Bretagne, laquelle lui a volé sa couronne ducale ; et cette tête de monsieur Polduc Le Bihan est excellente, et d’une verve qu’aurait assurément goûtée avec délices le grand peintre en originaux et le grand connaisseur écossais.

1800. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Bossuet et la France moderne »

En quelle partie de sa métaphysique, de sa morale, de ses sermons, de ses oraisons, de ses histoires, s’est-il prouvé original ou génial, créateur ou intuitif ?

1801. (1891) La vie littéraire. Troisième série pp. -396

Enfin, une figure tout à fait originale. […] Si ce dormeur éveillé a emporté avec lui le secret de ses plus beaux rêves, s’il n’a pas dit tout ce qu’il avait vu dans ce songe qui fut sa vie, du moins il a écrit assez de pages pour nous laisser une idée de l’originale richesse de son imagination. […] Amélineau a constitué la biographie d’après des documents historiques, tels que règles monastiques, lettres d’administration, sermons, actes, etc., est un personnage extraordinaire, digne d’être étudié même après les Antoine, les Macaire et les Pacôme, qui donnèrent au christianisme d’Égypte une physionomie si originale. […] Mais il est original et singulier par un certain don de rêve, par un certain sentiment de l’idéal, par je ne sais quoi d’héroïque et de fier.

1802. (1884) Cours de philosophie fait au Lycée de Sens en 1883-1884

Combien d’idées que nous croyons originales, et qui ne sont que des réminiscences de notre enfance ! […] La mémoire assurément ne donne à l’homme rien d’original, rien de personnel. […] Mais c’est la seconde partie de cette tâche qui est son œuvre propre et original. […] Il exprime cette idée par une expression originale : « Dieu est la nature naturante ; le monde, la nature naturée ».

1803. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Lamartine »

Tout cela approfondit sa sensibilité ; il en résulte qu’il écrit, pour la première fois, des vers originaux, des vers « lamartiniens ». […] Deschanel et Reyssié ; mais notre fastueux Sarrasin voulait reculer le plus possible dans le passé l’époque où il n’était pas encore original, et nous communiquer en même temps cette impression que les Méditations s’élevèrent tout à coup comme un chant céleste, absolument spontané, involontaire, inattendu, et sans lien apparent, même dans le développement intellectuel de l’auteur, avec aucune autre poésie, quelle qu’elle fût.

1804. (1836) Portraits littéraires. Tome II pp. 1-523

Villemain n’est pas un esprit original et ne prend guère sous sa responsabilité la promulgation des vérités nouvelles ; mais il excelle à dire l’opinion déjà soutenue par une phalange serrée ; il marque volontiers au coin de sa parole le métal coulé en lingots par des mains plus hardies que la sienne ; il se fait le tribun des causes gagnées ou qui touchent à leur triomphe ; il ne se compromet pas à l’étourdie pour les idées aventureuses, mais il proclame d’une voix claire et sonore les idées qui ont entamé les lignes ennemies. […] D’où il suit que les poèmes d’Alfred de Vigny, compensation faite des défauts et des qualités, sont un recueil précieux à plusieurs titres, original dans la pensée, élégant dans l’exécution, et, selon nous, un beau et durable monument.

1805. (1859) Critique. Portraits et caractères contemporains

Vous confondez les livres originaux avec les imitateurs. […] 2º Votre attaque est injuste ; car, au lieu de se contenter d’immoler les copies, elle immole les originaux ; au lieu de frapper les copistes, elle frappe les modèles. […] Marmontel ou de M. de La Harpe dans le Mercure. — Un autre dépensier de la même espèce, un original qui s’est ruiné en gilets de dessous, un Rothschild (Rothschild de l’esprit) qui a dépensé tous ses millions en gros sous, c’était Piron. — Ces deux-là et deux ou trois autres avec eux, enfants chéris de la chanson, du cabaret, de la bonne chère, ils ont suivi l’exemple que Voltaire, leur maître, leur avait donné, de jeter à pleines mains la grâce, l’ironie, le poème, le conte, la chanson, sans se douter, les innocents !

1806. (1927) Les écrivains. Deuxième série (1895-1910)

Je voudrais, pourtant, parler aujourd’hui d’un homme singulièrement doué, d’un personnage original et puissant qui mérite, à tous égards, l’attention des lettrés et des curieux d’âmes peu banales. […] Pas respectueux, certes, pas même toujours juste, du moins quant à quelques-unes de nos amitiés littéraires, qui ne sont peut-être, après tout, que des habitudes, il n’était pas insultant, non plus, et, quoi qu’on en ait dit, nullement pasticheur, puisque l’écrivain nous arrivait avec un style bien à lui, qui, tout au long du volume, gardait une unité verbale, l’originale saveur de sa verve, et que sous les figures différentes et les âmes diverses qu’il faisait évoluer et parler devant nous, c’était surtout lui-même qui se racontait. […] La vision est exacte, la compréhension multiple, la composition originale et bien ordonnancée, l’intérêt soutenu.

1807. (1894) La bataille littéraire. Septième série (1893) pp. -307

Fernand Calmettes qui rapporte cette confession, de bon augure pour le lecteur, dans l’intéressante préface qu’il a mise en tête du premier volume des curieux Mémoires du général baron Thiébault, publiés d’après le manuscrit original, sous les auspices de sa fille, Mlle Claire Thiébault. […] Legouvé une brochure d’une donnée aussi originale que juste : Napoléon Ier depuis sa mort. […] J’y retrouve la forme originale des causeries que nous a donnée parfois le Figaro, j’y sens la science sous tous les mots, des pensées, des assimilations, des théories qui s’élancent d’elles-mêmes d’un cerveau richement muni, mais je ne sais dans quel labyrinthe m’entraîne cet écrivain que j’aime, et j’ai peur de perdre le fil conducteur à chaque pas que j’y fais.

1808. (1902) Le chemin de velours. Nouvelles dissociations d’idées

Que des doigts trop fiévreux aient usé prématurément les premières éditions de l’Astrée, des Aventures du baron de Fœneste, des Odes de Ronsard7, cela prouve seulement le succès immédiat de ces œuvres qui ne cessèrent durant plus d’un demi-siècle d’être en les mains de tous les curieux ; et on en dirait autant des éditions originales des premiers romans d’Alexandre Dumas, qui ne peuvent être rangées, en grande partie, parmi les livres perdus8. […] Et d’ailleurs très peu d’hommes sont capables d’une originale émotion esthétique ; la plupart de ceux qui l’éprouvent ne font qu’obéir, tout comme le peuple, à la suggestion d’un maître, au commandement de leurs souvenirs, aux influences de leur milieu, à la mode. […] Tous les hommes, par cela seul que leur cerveau fonctionne, se représentent un monde ; mais peu d’hommes se représentent un monde original.

1809. (1911) Visages d’hier et d’aujourd’hui

Son visage était étrange, original, amusant, avec une expression très marquée, des rides qui ne bougeaient pas beaucoup et qui donnaient à la physionomie une sorte d’immobilité fine et puissante. […] Son tempérament d’artiste était trop original et son intelligence trop riche d’idées, trop curieuse de nouveauté, son imagination et sa sensibilité étaient trop ardentes et inquiètes pour que pussent l’asservir des formules d’art jadis réalisées. […] Mais notre Schumann, un Schumann de France, et un Schumann tout autre, à sa manière originale et si particulière qu’on la distingue dans la surprenante diversité de ses compositions.

1810. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome II

Les Goncourt ont été des romanciers originaux, quoiqu’il leur ait manqué une des vertus essentielles, du récit : le mouvement. […] Ils ont été des historiens non moins originaux, et plus réussis encore. […] Vogüé lisait Tolstoï et Dostoïevsky dans l’original.

1811. (1890) La bataille littéraire. Troisième série (1883-1886) pp. 1-343

Sa mère fit même la remarque que cette robe originale ne pouvait être mise qu’une fois. […] Nous avons pu le constater nous-même en voyant le manuscrit original qui porte à la première page, de la main du maître, cette date : 12 avril 1854.

1812. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Malherbe »

C’est à ces grands hommes en effet, et à ce qu’ils eurent de ferme, d’imposant et de suivi, que la littérature de cet heureux siècle dut (avec ce qui lui venait de l’inspiration originale et naturelle des talents ou des génies) d’acquérir et de combiner un élément tout nouveau de grandeur, de gravité, de dignité, de noblesse, d’autorité, tellement que cette littérature conservant les beautés propres à notre race, on aurait dit par moments que le vice national, la légèreté gauloise, avait disparu, ou n’y restait que pour la grâce.

1813. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre I. Le Roman. Dickens. »

. —  Mais si le goût littéraire de votre nation, joint à la direction naturelle de votre génie, vous impose des intentions morales, vous interdit la grande peinture des caractères, vous défend la composition des ensembles, il offre à votre observation, à votre sensibilité et à votre satire, une suite de figures originales qui n’appartiennent qu’à l’Angleterre, qui, dessinées par votre main, formeront une galerie unique, et qui, avec l’image de votre génie, offriront celle de votre pays et de votre temps. » 3.

1814. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers » pp. 81-176

Son esprit était brillant, original, mais inculte.

1815. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Discours prononcé à la société des visiteurs des pauvres. » pp. 230-304

Ainsi, — et là est, à mon sens, l’idée vraiment originale de M. 

/ 1877