/ 3278
1068. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance de Buffon, publiée par M. Nadault de Buffon » pp. 320-337

Il dit crûment ce qu’il aime, il appelle volontiers les choses par leur nom. […] les expressions lui manquent, et la langue elle-même, qu’il possède si bien, lui fait défaut : Je n’écris jamais de sang-froid, s’écrie-t-il, dès qu’une fois mon cœur a prononcé le nom de ma grande amie ; mais aujourd’hui c’est une émotion, un transport, par l’espérance qu’elle me donne d’une faveur prochaine qui mettrait le comble à mon bonheur. « J’irai en pèlerinage à cette tour. […] En suivant à la lettre de tels ordres, le fils de Buffon ne courut risque ni d’avoir à rougir de l’éclat de celle qui portait son nom, ni encore moins de paraître en profiter66. […] Nadault de Buffon qui appartient, comme son nom l’indique, à la famille du grand écrivain, et qui est son arrière-petit-neveu.

1069. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Essai sur l’Histoire générale des sciences pendant la Révolution française. »

Un général qui assistait à l’exercice demanda le nom de l’adroit tireur, et voulut donner au canonnier Biot une pièce de cinq francs qui fut noblement refusée. […] Biot demande au jeune homme de savoir le nom de celui à qui il a tant d’obligations. — Il lui fut répondu : Saint-Just, — avec l’adresse à un certain hôtel. — Après un mois et plus de maladie, lorsque le convalescent put aller à l’adresse indiquée, Saint-Just n’y était plus, et M.  […] Quoi qu’il en soit, il est difficile de supposer qu’un autre que Saint-Just ait exercé cette autorité durant le voyage et ait usurpé son nom au dernier moment. […] » — « J’ai bien osé davantage, répondit-il, quand, j’ai mis mon nom au bas du Rapport. » Le mot, dans son genre, est sublime.

1070. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Daphnis et Chloé. Traduction d’Amyot et de courier »

Théocrite venu tard, et le dernier des beaux noms de poètes, a cultivé et développé à part, avec Bion et Moschus, cette branche oisive, jusque là un peu éparse et flottante, à laquelle il a eu l’art, en la travaillant, de laisser pourtant toute sa saveur agreste et naturelle. […] Il y a en tête, de ce manuscrit : Discours des choses de Lesbos ; de ce mot discours (λόγοι) lu de travers, on aurait fait Longus, qui a si peu l’air en effet d’un nom grec ; la faute une fois mise en circulation, et voilà un auteur célèbre de plus à l’adresse de la postérité11. Quel que soit le nom, l’œuvre est des plus agréables. […] Le nom de Daphnis et Chloé ne se rencontre chez lui que dans ses Fragments sur J.

1071. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La Grèce en 1863 par M. A. Grenier. »

Moi-même, si parva licet…, si j’ose, en présence de tant de noms et d’œuvres d’alors, me rappeler tout bas ce premier souvenir de ma vie littéraire, lorsqu’en 1824 j’entrais comme apprenti rédacteur au Globe, que me demandait comme échantillon, comme premier essai de ma plume, mon ancien maître M.  […] Byron, qui avait pour la première fois, non-seulement traversé, comme Chateaubriand, mais parcouru en tous sens et habité la Grèce et l’Orient en 1809, 1810, 1811, en avait rapporté, déjà écrits ou en germe, cet immortel Childe Harold, dont les deux premiers chants parurent en 1812, le Giaour et tous ces poëmes bientôt populaires en Europe, qui mirent le feu aux imaginations à partir de 1816, et qui bientôt consacrèrent dans une même admiration, dans un intérêt commun, à demi mystérieux, les noms de Byron et de la Grèce. […] , tous ses maîtres lui avaient dit et répété bien des fois, avant de partir, ce que Pline le Jeune disait à un de ses amis qui était envoyé de Rome pour être quelque chose comme préfet à Sparte ou à Athènes : « Souviens-toi bien et ne perds pas un moment de vue que c’est en Grèce que tu vas, et au cœur de la plus pure Grèce, là où d’abord la civilisation, les lettres, toute culture, celle même du blé, passent pour être nées… Respecte les dieux fondateurs et instituteurs de toutes ces belles choses, et jusqu’au nom des dieux. […] Grenier ne s’est pas laissé séduire à la magie des noms : il ne se laisse pas non plus décourager par les mécomptes et l’ironie des événements, Il nous fait bien sentir en quoi consiste la difficulté de tout gouvernement en Grèce.

1072. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite.) »

L’ouvrage n’étant qu’une attaque à fond, une guerre déclarée aux romans de chevalerie dont n’entendirent jamais parler ni Aristote, ni Cicéron, ni saint Basile, il n’est pas plus à propos de venir citer ces grands noms que de s’inquiéter des règles de la rhétorique auxquelles un tel sujet, né si tard et si étranger aux anciens maîtres, échappe naturellement. […] » Tout traducteur est admis, je le sais, à faire valoir les bons côtés de son auteur ; mais il y a lieu de s’étonner que l’écrivain français n’ait pas mieux ressenti l’insulte que ce continuateur pseudonyme faisait, dès les premières lignes, à celui dont il allait suivre si pesamment et dont il eût dû baiser les traces, insulte malheureuse qui est la seule chose de lui qui restera pour qualifier son procédé et dénoncer son âme à défaut de son nom. […] J’ai sous les yeux une ingénieuse brochure sans nom d’auteur, imprimée à Porto en 1858, écrite en français et qui a pour titre : Don Quichotte expliqué par Gœtz de Berlichingen. […] Votre nom n’est plus guère qu’une enseigne et un symbole.

1073. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre. »

Quelques grands noms de négociateurs et de plénipotentiaires apparaissaient de loin, dominaient l’attention et acquéraient la gloire ; mais au dedans, et sous eux, toute une armée ou plutôt un état-major de rédacteurs ou secrétaires inconnus travaillait dans l’ombre. […] Je voudrais être assez initié à ces choses d’État pour pouvoir faire en regard une esquisse de l’humble rédacteur ou publiciste des Relations extérieures, de celui dont le nom ne se prononçait jamais et dont toute la vie se passait devant des cartons verts, dans les bureaux ou les corridors : Nourri dans le sérail, j’en connais les détours. Ils étaient là, de père en fils, laborieux, instruits, secrets, sachant l’échiquier, alors si compliqué, des États de l’Europe, le personnel des Cours, le droit public et les traités, le mécanisme et l’organisme du Corps germanique et de l’Empire, les prétentions et les casus belli de tout genre, tous les mystères et les arcanes des chancelleries ; on leur demandait des mémoires sur les questions les plus ardues ; ils les rédigeaient aussitôt, du jour au lendemain, avec exactitude, clarté, sans qu’on eût même l’idée d’y rattacher leur nom. […] Il ne faut pas que le secrétaire se presse et empiète sur son chef, qu’il devance d’une minute son moment, qu’il commence par en faire à sa tête et par se poser en personnage, sur un pied à lui, comme Chateaubriand prétendit faire à Rome avec le cardinal Fesch ; il ne faut pas qu’il laisse soupçonner ni percer, comme on l’a vu récemment chez un secrétaire revêtu d’un nom illustre (Bellune), une inclination politique différente de celle de son ministre : cela est élémentaire ; il faut qu’il vive en parfaite harmonie et ne fasse qu’un avec lui, qu’il s’efface soigneusement et qu’il s’éclipse, et en même temps toutefois qu’il se tienne tout prêt, le cas échéant, à le remplacer, à le suppléer, à faire même, s’il y a urgence, un pas décisif sans lui ; il peut, sous ce titre secondaire, être chargé par intérim de missions délicates et d’une haute importance.

1074. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Jean-Baptiste Rousseau »

Tantôt, flottant entre un passé gigantesque et un éblouissant avenir, égarée comme une harpe sous la main de Dieu, l’âme du prophète exhalera les gémissements d’une époque qui finit, d’une loi qui s’éteint, et saluera avec amour la venue triomphale d’une loi meilleure et le char vivant d’Emmanuel ; tantôt, à des époques moins hautes, mais belles encore et plus purement humaines, quand les rois sont héros ou fils de héros, quand les demi-dieux ne sont morts que d’hier, quand la force et la vertu ne sont toujours qu’une même chose, et que le plus adroit à la lutte, le plus rapide à la course, est aussi le plus pieux, le plus sage et le plus vaillant, le chantre lyrique, véritable prêtre comme le statuaire, décernera au milieu d’une solennelle harmonie les louanges des vainqueurs ; il dira les noms des coursiers et s’ils sont de race généreuse ; il parlera des aïeux et des fondateurs de villes, et réclamera les couronnes, les coupes ciselées et les trépieds d’or. […] Et à toutes les époques de trouble et de renouvellement, quiconque, témoin des orages politiques, en saisira par quelque côté le sens profond, la loi sublime, et répondra à chaque accident aveugle par un écho intelligent et sonore ; ou quiconque, en ces jours de révolution et d’ébranlement, se recueillera en lui-même et s’y fera un monde à part, un monde poétique de sentiments et d’idées, d’ailleurs anarchique ou harmonieux, funeste ou serein, de consolation ou de désespoir, ciel, chaos ou enfer ; ceux-là encore seront lyriques, et prendront place entre le petit nombre dont se souvient l’humanité et dont elle adore les noms. […] Mêlé toute sa vie aux querelles littéraires, salué, comme Crébillon, du nom de grand par Des Fontaines, Le Franc et la faction anti-voltairienne, Rousseau avait perdu sa réputation à mesure que la gloire de son rival s’était affermie et que les principes philosophiques avaient triomphé ; il avait été même assez sévèrement apprécié par la Harpe et Le Brun. […] Si nous avions trouvé le nom de Jean-Baptiste sommeillant dans un demi-jour paisible, nous nous serions gardé d’y porter si rudement la main ; ses malheurs seuls nous eussent désarmé tout d’abord, et nous l’eussions laissé sans trouble à son rang, non loin de Piron, de Gresset et de tant d’autres, qui certes le valaient bien.

1075. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre II »

Un autre jour, ce nom de Watteau qui était pour lui comme un nom de famille, il n’en retrouvait plus l’orthographe. […] Deux fois il a dit distinctement un nom de femme aimée : “Maï-a, Maï-a…”. […] Flaubert n’ignorait point les stigmates hystériques de Salambô ; ni de Goncourt que la crise dramatique où la « Faustin », ayant quitté son lit, en chemise, « au milieu de sa chambre, dans un rayon de lune, déclamait la tirade d’Hermione », avait nom somnambulisme naturel ; ni M. 

1076. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre onzième. »

L’un est un grand seigneur, de ceux qui avaient pu croire que l’autorité royale usurpait sur la leur ; l’autre, sans naissance, appartient à cette classe moyenne qui devait donner à la littérature française ses plus grands noms. […] La Rochefoucauld n’est qu’un spéculatif, que sa naissance, ses amitiés, les passions de sa jeunesse ont jeté dans l’action ; qui paye fort décemment de sa personne, et qui joue sa vie pour l’honneur de son nom, peut-être par dégoût pour l’action. […] Ces personnes auxquelles l’avaient lié des goûts et peut-être des préventions communes, c’étaient Mme de la Fayette et d’autres dames de la cour, dont l’esprit délicat aiguisait le sien, et au tact desquelles il éprouvait, comme à une pierre de touche, la vérité de ces réflexions qui, sous le nom de Maximes, allaient devenir des vérités immortelles. […] Les Maximes de La Rochefoucauld sont comme les catégories dans des listes de suspects : les degrés du délit y sont si rapprochés, les cas si analogues, l’innocent si près de ressembler au coupable, que le plus en règle court le risque d’y lire son nom.

1077. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre III. Le Bovarysme des individus »

Le Bovarysme de l’homme de génie n’a pas reçu, comme le snobisme, Un nom spécial, mais un cliché bien connu le désigne et ouvre une rubrique sous laquelle se classent aussitôt nombre de faits analogues. […] C’est un geste, une coiffure, c’est un port de tête, un mot, une piété en commun pour un nom d’artiste nouveau ou oublié, et ce signe, qui symbolise leur supériorité, reçoit son efficacité et sa puissance de suggestion de l’unanimité de leur accord. […] Il nous les a montrés misant sur le succès de tous les noms nouveaux, sur celui de Racine remplaçant Corneille dans l’admiration de la cour et de nos jours sur ceux de Tolstoï, d’Ibsen ou de Nietzsche. D’une façon générale ce qui détermine le suffrage des snobs lorsqu’ils s’attachent soit à quelque opinion, soit à quelque nom de philosophe, d’écrivain ou d’artiste, c’est la nouveauté et la rareté du choix, c’est l’obscurité de l’objet sur lequel il se fixe.

1078. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre II. Marche progressive de l’esprit humain » pp. 41-66

Ce n’est donc point par hasard que ce roi reçut le nom de fils aîné de l’Église, c’est-à-dire fils aîné de la société européenne. […] À chaque âge il y a des rois qui gouvernent, des généraux qui gagnent de grandes batailles, des poètes et des philosophes qui laissent un nom, des savants qui étendent le domaine des sciences ; et, autour des rois, des générations obscures qui s’éteignent au pied du trône ; et, autour des grands capitaines, des soldats sans renommée qui ont acheté de leur vie la gloire de leur général ; et, autour des poètes, des philosophes, des savants, une multitude vaine et tumultueuse qui a honoré de ses suffrages le fruit de tant de veilles, sans laisser elle-même aucune trace dans la mémoire des hommes. […] Virgile, que l’on peut considérer comme le dernier des poètes antiques, donne à Énée le nom de père. […] Ils parlent en leur propre nom, au lieu d’invoquer les muses, c’est-à-dire le génie des traditions.

1079. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — [Introduction] » pp. 132-142

Y eut-il dès autrefois, dans ce qu’on appelle du nom sommaire et trop uniforme d’Antiquité, y eut-il chez les Grecs et chez les Latins une querelle des anciens et des modernes ? […] En un mot, il y a un peu trop de choses, trop de noms (bien que le mien n’ait pas à s’en plaindre) dans ces chapitres que je considère comme préliminaires. […] Chaque matin il l’accompagnait au café Procope (ce n’était pas au café Procope), où ils discutaient avec des amis communs devant une galerie attirée par le nom et l’esprit des causeurs.

1080. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Un jour (vers 1828) qu’il s’entretenait avec M. de Latour, comme celui-ci avait amené dans la conversation quelques noms contemporains de femmes-poètes, Lamartine s’était écrié : « Mais il y a bien autre chose au-dessus, bien au-dessus de tout cela ! […] … » Et lui-même avait aussitôt retrouvé le nom. […] « Elle ne vous lègue qu’un nom ; mais que de fortunes voudraient s’échanger contre un pareil titre de noblesse !

1081. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Appendice à l’article sur Joseph de Maistre »

Deplace, c’était le nom du correspondant de M. de Maistre. […] Deplace prêtait souvent sa plume aux idées et aux ouvrages de ses amis ; pour lui, il ne chercha jamais les succès d’amour-propre, et je ne saurais mieux le comparer qu’à ces militaires dévoués qui aiment à vieillir dans les honneurs obscurs de quelque légion  : c’est le major ou le lieutenant-colonel d’autrefois, cheville ouvrière du corps, et qui ne donnait pas son nom au régiment. […] De nos jours, les esprits aristocratiques n’ont pas manqué, qui ont cherché à exclure de leur sphère d’intelligence ceux qui n’étaient pas censés capables d’y atteindre : de Maistre, par nature et de race, était ainsi ; les doctrinaires, les esprits distingués qu’on a qualifiés de ce nom, ont pris également sur ce ton les choses, et par nature aussi, ou par système et mot d’ordre d’école, ils n’ont pas moins voulu marquer la limite distincte entre eux et le commun des entendements.

1082. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Préface »

J’ai donc changé plusieurs noms propres. […] Le nom seul du manoir est de ma façon. […] Au nom des croyances réelles ou prétendues du grand nombre, l’État se croit obligé d’imposer à la pensée des exigences qu’elle ne peut accepter.

1083. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIV. L’auteur de Robert Emmet »

Et qu’est-ce que ce Robert Emmet lui-même, le héros de cette histoire qui porte son nom ? […] … Aujourd’hui, la femme qui l’a écrit, nous donne deux autres ouvrages : la Jeunesse de lord Byron et les Dernières Années de lord Byron, et elle ne les signe pas de son vrai nom. […] S’il me plaisait de vous dire le nom de l’auteur de Robert Emmet, je vous le dirais : mais il ne me plaît pas.

1084. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XVII. Le Retour du Christ. Appel aux femmes ! »

La femme de l’Appel aux femmes, inconnue de nom, n’est pas inconnue de métier. […] Lord Byron, qui a cravaché les bas-bleus dans une comédie de leur nom, prétendait que sa femme, qui était un bas-bleu, savait les mathématiques… Mais de ces temps-là à ces temps-ci, la tendance des femmes vers le bas-bleuisme, ce ridicule transcendant de l’histoire des mœurs contemporaines, s’est généralisée et précisée d’une façon si effroyable, qu’on ne trouvera bientôt plus de femmes en France, on n’y trouvera que des bacheliers. […] À ces esprits de vanité insensée, la Vierge Marie, invoquée sous tant de noms magnifiques dans les Litanies, apparaît surtout comme une femme ; et cette femme prend, à ces orgueilleuses d’être femmes, l’imagination et le cœur plus fort même que le Dieu-Homme ; et c’est ainsi que le bas-bleuisme se retrouve dans leur foi religieuse qu’il infecte, et qu’il fait son impertinente poussée jusque dans le ciel !

1085. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Mathilde de Toscane »

IV Laissons donc dire le titre de ce livre, qui nous invite avec un nom de femme ; laissons même les détails charmants et naïfs de ce poème retrouvé du chapelain de la comtesse Mathilde, dont Renée, l’habile enchâsseur qui sait faire reluire les moindres pierres, a orné les pages de sa chronique ressuscitée. […] dès la première ligne de son ouvrage, l’éloquent historien en convient, du reste : « A côté de la puissante figure de Grégoire VII, il en est une — dit-il — qui semble s’effacer d’elle-même et se mettre pieusement dans l’ombre où les historiens l’ont laissée… » Et après un rapide coup d’œil sur ce qui restait de l’empire de Charlemagne et de la domination allemande au temps de Mathilde, comme pressé et presque haletant d’arriver au grand homme qui d’un geste arrêta l’empereur et toute sa féodalité derrière lui aux portes de l’Église épouvantée, il s’adresse, dès la page 4, la question brûlante : « D’où venait cet homme qui, de son autorité, se rangea parmi les maîtres du monde, et dont le nom est un des noms les plus retentissants du passé ? 

1086. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Histoire de la Révolution »

Grue ou cabestan, ou de quelque nom qu’il vous plaise de le nommer, Hippolyte Castille a été construit pour nous transporter à travers soixante ans d’histoire, non comme des voyageurs avec lesquels on discute et on peut s’entendre, mais comme des ballots, ficelés et paquetés, avec lesquels il n’y a pas de discussion. […] C’est bien quelque chose que de n’avoir pas écrit, même par distraction, une seule fois le nom de Dieu dans un volume de cinq cents pages où il s’agit d’un des plus grands événements qui se soient passés sur la terre, et d’avoir substitué à ce nom de Dieu, qui éclaire et apaise l’histoire, les mots de vent, de souffle, de trombe et de nécessité !

1087. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « VII. Vera »

Vera, — un nom heureux pour un philosophe !  […] Universitaire français sous un nom espagnol (descend-il de l’historien Vera ?) […] Sous des noms différents, destinée commune.

1088. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXIV. Des panégyriques depuis la fin du règne de Louis XIV jusqu’en 1748 ; d’un éloge funèbre des officiers morts dans la guerre de 1741. »

Je n’en citerai que deux, que le nom seul de leur auteur suffirait pour rendre célèbres ; l’un est le panégyrique de Louis XV, et l’autre l’éloge funèbre des officiers morts dans la guerre de 1741. […] Le panégyrique du roi est fondé sur les faits qui se sont passés depuis 1744 jusqu’en 1748 ; et cette époque, comme on sait, fut celle de nos victoires ; ce qu’il n’est pas inutile de remarquer, c’est que l’auteur se cacha pour louer son prince, comme l’envie se cache pour calomnier ; mais les grands peintres n’ont pas besoin de mettre leurs noms à leurs tableaux ; celui-ci fut reconnu à son coloris facile et brillant, à certains traits qui peignent les nations et les hommes, et surtout au caractère de philosophie et d’humanité répandu dans tout le cours de l’ouvrage. […] Souvent même l’orateur prononcerait devant le souverain le nom de simples soldats ; il célébrerait en eux une sorte d’héroïsme inculte et sauvage, qui fait de grandes choses avec naïveté, et qui étonne quelquefois les autres sans se connaître lui-même.

1089. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXV. Avenir de la poésie lyrique. »

Candie, cette terre admirable par le commerce et les arts, cette compensation dans un partage inévitable, ne peut rester barbare ; et ces changements qui s’apprêtent, ces révolutions suspendues sur l’orient de l’Europe, conduiront à la plus grande œuvre que puisse se proposer l’esprit moderne, à la renaissance de ces belles contrées, de ces riches cultures, qui, du golfe de Clazomène au mont Olympe d’Asie, et des sept villes de l’Apôtre aux murs d’Antioche et de Nicomédie, formaient, sous le nom de province d’Asie, un si fertile empire. […] Dès aujourd’hui, que de souvenirs, que d’imitations, que de glorieux vestiges de l’ancien monde, de ses monuments, de ses capitales, de ses grands noms de tout genre, de ses arts, de quelques-unes de ses traditions antiques et de ses plus récentes inventions ! […] On ne peut donc en douter : à cette race sans nom, et ce peuple multiple et mêlé qui s’étend si loin du nord au sud de l’Amérique, appartient déjà le meilleur des enthousiasmes patriotiques, celui qui tient à la liberté comme au sol, et qui a respiré l’amour des lois avec l’air natal.

1090. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XVI » pp. 64-69

Bruckère (auteur du Maçon et connu autrefois dans la littérature sous le nom de Michel Raymond) ou M. Bonnellier, ancien sous-préfet destitué, auteur de plats romans, et qui a débuté récemment comme acteur à l’Odéon, sous le nom de Max, et ces messieurs font des motions ; et ils expliquent comme quoi ils sont catholiques, comme quoi Voltaire est le fils du jansénisme, et autres vérités de cette saveur.

1091. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires sur Voltaire. et sur ses ouvrages, par Longchamp et Wagnière, ses secrétaires. »

Ce n’est point aux Mémoires mêmes qu’il faut s’en prendre de cet empressement qu’ils rencontrent plutôt qu’ils ne le font naître ; ce n’est pas non plus à la vénération nationale pour un grand nom qu’il faut en savoir gré seulement. […] Qu’on ne s’étonne donc pas que le nom de Voltaire et des autres reste des cris de ralliement, et qu’on batte des mains à tout ce qui les concerne.

1092. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Ponsard, François (1814-1867) »

Viennet, il peut s’appeler la Fosse, Saurin, du Belloy, la Touche, c’est-à-dire du nom de tous les gens de lettres qui ont bâti des tragédies ! […] On rencontre également dans Timon d’Athènes un certain philosophe chagrin, du nom d’Apémantus, qui s’en va en disant à chacun son fait et exhalant à chaque pas sa sagesse bourrue.

1093. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre premier. Préliminaires » pp. 1-8

Or les Mystères et les Moralités étaient de vastes compositions entre lesquelles la Farce fluette ne se faisait qu’une toute petite place : pour quelques scènes de Maître Pathelin, combien de lourdes Moralités comme celle des Blasphémateurs du saint nom de Dieu, ou d’immenses Mystères comme ceux de l’Ancien et du Nouveau Testament ! […] Au moment où Jean-Baptiste Poquelin, entraîné par sa vocation, engagé dans la troupe de l’Illustre Théâtre, représentait aux fossés de Nesle ou au port Saint-Paul les tragédies de Tristan et de Magnon, ce n’étaient pas seulement les Montfleury, les Floridor, les Madeleine Beauchâteau qui lui enlevaient la faveur du public et rendaient l’Illustre Théâtre désert, c’étaient aussi Tiberio Fiurelli sous les traits du noir Scaramouche, Domenico Locatelli sous le masque de Trivelin, Brigida Bianchi sous les atours et le nom d’Aurélia.

1094. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXVII. Sort des ennemis de Jésus. »

Cent ans au moins devaient encore s’écouler avant que le nom de leur obscur sujet, devenu dieu, revînt dans ces contrées éloignées rappeler sur leurs tombeaux le meurtre de Jean-Baptiste. […] Jérôme, De situ et nom. loc. hebr.

1095. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Appendice. Note concernant M. Laurent-Pichat, et Hégésippe Moreau. (Se rapporte à la page 395.) » pp. 541-544

. — Cette petite vérole courante, — nous savons son nom : — c’est l’égoïsme et l’envie, c’est la médiocrité de certains Carons, meneurs de spectres, qui refusent l’entrée des champs Élysées aux Ombres couronnées du laurier immortel, et qui les laissent errer sur des rivages sans nom, parce qu’elles n’ont pas, pour frayer leur passage, l’obole frappée à l’effigie des camaraderies.

1096. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre II »

On a fort bien dit que le nom n’a pas pour fonction de définir la chose, mais seulement d’en éveiller l’image. […] Le télescope aurait pu encore, sans aucun danger, être appelé tube ou tuyau ; c’est ce dernier nom qu’il eût sans doute reçu, si le peuple avait été appelé à le baptiser14.

1097. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre deuxième. »

La morale de cet Apologue est si évidente, que le goût ordonnait peut-être de ne pas y joindre d’affabulation ; c’est le nom qu’on donne à l’explication que l’auteur fait de sa fable Fable VIII. […] et que c’est La Fontaine qui dit en son propre nom les deux vers suivans ; mais cette conjecture n’est pas assez fondée.

1098. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XVIII. Des Livres sur l’Art Militaire & sur les sciences qui y ont rapport. » pp. 370-378

Son nom étoit parmi ceux des plus grands Géométres. […] Il y a un autre auteur du même nom, qui a publié en 1738. à Paris un Traité de la décoration des Edifices en général, en un vol.

1099. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 25, des personnages et des actions allegoriques, par rapport à la poësie » pp. 213-220

On peut s’en servir avec succès dans les fables et dans plusieurs autres ouvrages qui sont destinez pour instruire l’esprit en le divertissant, et dans lesquels le poëte parle en son nom et peut faire lui même l’application des leçons qu’il prétend nous donner. […] Les françois se sont mépris comme les autres sur la nature du drame, lorsqu’ils ont commencé à faire des pieces dramatiques qui meritassent d’avoir un nom.

1100. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre VI. Des éloges des athlètes, et de quelques autres genres d’éloges chez les Grecs. »

Les poètes immortalisaient la patrie et les noms de ces hommes robustes ; et les concitoyens d’Homère et de Platon, d’Euripide et de Socrate, chantaient dans les assemblées et sous les portiques d’Athènes, des vers destinés à célébrer la souplesse ou la force des muscles d’un lutteur. […] Périclès ayant institué un prix de musique, voulut que, chaque année, le sujet du chant fût aussi les louanges de ces deux citoyens, et dans la suite on y ajouta le nom de Thrasibule, qui chassa les trente tyrans.

1101. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XII. Des panégyriques ou éloges des princes vivants. »

Ces malheureux étaient vils, et ceux pour qui ils se donnaient la peine de l’être, ignoraient jusqu’à leur nom ; fleurs obscures bassesses restaient dans la même poussière qu’eux, et, malgré leurs efforts, ils ne pouvaient réussir même à se déshonorer. […] Pour suivre notre plan, nous allons tâcher de les faire connaître, indiquant rapidement et le nom des écrivains et le caractère des ouvrages ; c’est une branche de littérature qui mérite son coin dans l’histoire philosophique des hommes.

1102. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Addition au second livre. Explication historique de la Mythologie » pp. 389-392

Lorsque l’idée d’une puissance supérieure, maîtresse du ciel et armée de la foudre, a été personnifiée par les premiers hommes sous le nom de Jupiter, la seconde divinité qu’ils se créent est le symbole, l’expression poétique du mariage. […] [Le nom d’or passa ensuite aux belles laines.

1103. (1896) Les Jeunes, études et portraits

Rod essaya de la baptiser du nom d’« Intuitivisme ». […] Constellations, planètes, étoiles y sont nommées par leur nom. […] Tous nos rêves, toutes nos aspirations se sont cristallisées autour de son nom. […] Mais il faut restituer son vrai nom à ce qu’on voudrait décorer du titre de « pardon ». […] Quand on a pour chacun d’eux cité une trentaine de noms, on a épuisé la liste des écrivains fameux.

1104. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

Mais ce qu’il y a de fort louable, c’est que, quelque emportement qui leur arrive et parmi quelques débauchés ou gens perdus que ce soit, le nom de Dieu est toujours sacré et réservé. […] Mais on ne saurait les louer de même de ne prendre pas son saint nom en vain, l’ayant à toute heure à la bouche, sans sujet et sans nécessité. […] Ils font connaître cette civilisation soi-disant chrétienne, mais en réalité sans nom. […] Sabatar (j’ai dit que c’était le nom du gentilhomme à qui elle appartenait) sortit dehors pour recevoir son message. […] Cette conférence fut longue et le grand vizir y fit de rudes reproches aux Anglais, de ce qu’ils faisaient passer sous leur nom des marchandises qui ne leur appartenaient pas.

1105. (1899) Préfaces. — Les poètes contemporains. — Discours sur Victor Hugo pp. 215-309

Or, cet enseignement consiste à répandre dans le vulgaire, à l’aide du rhythme et de la rime, un certain nombre de platitudes qu’elle affuble du nom d’idées. […] Que de noms à l’appui ! […] Ne suffit-il pas, pour s’en convaincre, de remarquer que ces deux cents années n’ont produit aucun poète lyrique digne de ce nom ? […] L’humanité les tient pour les révélateurs antiques du Beau et immortalise les noms d’Homère et de Valmiki. […] Cette langue si neuve, si riche et si précise, ces figures, ces péripéties dramatiques, ces noms ne sortiront plus de notre mémoire ; la vision du Poète est devenu la nôtre.

1106. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre III. Le Petit Séminaire Saint-Nicolas du Chardonnet (1880) »

Le séminaire Saint-Nicolas du Chardonnet, situé à côté de l’église de ce nom, entre la rue Saint-Victor et la rue de Pontoise, était devenu, depuis la Révolution, le petit séminaire du diocèse de Paris. […] Cette paroisse, qui tirait son nom du champ de chardons bien connu des étudiants de l’Université de Paris au moyen âge, était alors le centre d’un quartier riche, habité surtout par la magistrature. […] La vieille maison de la rue Saint-Victor fut ainsi, pendant quelques années, la maison de France où il y eut le plus de noms historiques ou connus ; y obtenir une place pour un jeune homme était une grâce chèrement marchandée. […] Autant le sérieux de ma foi religieuse avait été atteint en trouvant sous les mêmes noms des choses si différentes, autant mon esprit but avidement le breuvage nouveau qui lui était offert. […] Il y a quelques années, un de nos anciens condisciples me dit qu’il avait cru reconnaître parmi les noms des fusillés de la Commune un nom qui ressemblait au sien.

1107. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1876 » pp. 252-303

Il me confessait que ces petits êtres ont quelque chose d’adorable : le rire de leur sommeil, le rire aux anges, — c’est le nom que les sages-femmes ont donné à ce rire. […] C’est au nom des principes absolus de l’égalité, le commencement de la démolition de l’aristocratie de l’intelligence. […] Il se rend chez le pope, le grise, s’empare de son registre, gratte le nom de l’homme, puis… vous croyez qu’il substitue un autre nom — non, sur le nom gratté, il remet le même nom. […] Et il passe une revue générale, en citant les noms, de la situation financière des commerçants du boulevard.

1108. (1856) La critique et les critiques en France au XIXe siècle pp. 1-54

Toutefois on eut alors plutôt le nom que la chose. […] Les noms de Kant, de Herder, de Schelling, de Hegel marquent les divers degrés par lesquels elle a cherché à élever la science de l’esthétique14. […] Vingt ou vingt-cinq élèves, parmi lesquels nous retrouvons quelques-uns des noms les plus célèbres de notre époque, se groupent autour de lui. […] Pour obtenir qu’ils s’occupent d’une œuvre, il faut un nom célèbre ou un puissant patronage. […] Gottlieb Baumgarten qui lui donna ce nom, parce qu’il lui assignait pour origine l’impression produite sur les sens (Ἀσθήσεις) : il la définissait : Scientia cognitionis sensitivæ .

1109. (1907) Le romantisme français. Essai sur la révolution dans les sentiments et dans les idées au XIXe siècle

Sous une telle perspective, toutes choses changent de qualité et de nom. […] Nul ne fut moins « honnête homme », mais nul ne mérita moins le nom de « scélérat ». […] N’est-ce pas un trop beau nom pour ces sautes nerveuses ? […] Il aurait pu apporter à la monarchie l’aide de son nom célèbre. […] Tant de noms illustres et charmants parlent assez haut.

1110. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome II

L’auguste disciple n’avait aucun goût pour les lettres : il ne fut même jamais capable de faire les mauvais vers qu’on mettait sous son nom. […] (On ne donnait pas d’autre nom à la voix de Néron.) […] Voltaire se serait bien aussi emparé du nom de Zatime, confidente de Roxane ; mais il l’a trouvé trop doux pour une duègne rébarbative, qui, sans pitié, prêche la religion à une fille amoureuse ; voilà pourquoi il a jugé à propos de lui donner le nom de Fatime, comme beaucoup plus rude. […] La Phèdre d’Euripide, au contraire, préfère à tout l’honneur : toute morte qu’elle est, elle calomnie encore Hippolyte, pour ne pas laisser après elle un nom couvert d’opprobre. […] Je crois qu’il serait juste, quand on annonce la pièce, d’accoler son nom à celui de Quinault.

1111. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers » pp. 81-176

Il faut être philosophe, ou tout au moins honnête homme, car toute histoire digne de ce nom doit être un cours de morale en action. […] Thiers pour tout ce qui porte le nom, le cœur, le drapeau français, contribuera sans doute à la vogue militaire de son livre dans son temps et dans son pays ; mais cette noble faiblesse ne contribuera pas, dans l’avenir, à l’universalité d’estime que ce livre mérite et qu’il obtiendra sous d’autres rapports. […] Son nom était si populaire alors qu’il en usurpa peu à peu toute la gloire, et que la France la lui concéda par habitude ; mais l’histoire vraie ne la lui concédera pas si exclusivement. On voit par les bulletins successifs qu’il écrivit lui-même, qu’il corrigea après coup, qu’il effaça pour les corriger encore, tous les efforts qu’il eut à faire pour dérouter la gloire des noms de Desaix et de Kellermann, afin de la revendiquer toute sur lui-même. […] Desaix, dont le nom était universellement chéri et respecté dans l’armée, dont les talents administratifs égalaient les talents militaires, aurait parfaitement gouverné la colonie et se serait garanti de toutes les faiblesses auxquelles se livra Kléber, du moins pour un moment.

1112. (1879) À propos de « l’Assommoir »

Le résultat de tout ce tapage fut que le public apprit à connaître le nom de M.  […] Il habitait une mansarde sans air, rue de Meaux ; deux petites pièces formaient ce logement, si l’on veut donner ce nom à ce taudis. […] Chacun s’attendait à y lire le nom de M.  […] Le nom de M.  […] Ils ne se laissèrent non plus effrayer ni les uns ni les autres par le bruit qu’on faisait autour du nom de M. 

1113. (1880) Goethe et Diderot « Gœthe »

Quant au personnage de Méphistophélès, le Deus ex machinâ de la pièce de Faust, et dont le nom même n’appartient pas à Gœthe, certes ! […] Le grand nom de Gœthe couvre tout et fait croire à tout. […] Or, puisque j’ai lâché ce mot de philosophie, qu’on trouve embusqué derrière tout nom allemand ou toute chose allemande, j’oserai me permettre la généralité suivante, que je vous supplie, vu la grosseur du cas de Gœthe, de me pardonner. […] qu’on cite de lui un caractère, méritant ce nom de caractère par la profondeur de son unité ou de sa complexité. […] Et les Affinités électives, qui ne sont pas lues du tout, malgré madame de Staël, qui les voulut tirer de leurs limbes et de la brume de leur nom allemand ; car le titre français et clair des Affinités électives serait : les Concubinages du sentiment.

/ 3278