La reine fut très sensible au peu d’effet que causa cette mort, au milieu des graves événements qui se préparaient. […] La Cour était à Marly dans le premier deuil de la mort du petit Dauphin ; avant le Conseil, la reine voulut voir M. […] J’ai vu la mort de près ; on s’y fait, monsieur le comte. […] À la mort de mon pauvre cher petit Dauphin69, la nation n’a pas seulement eu l’air de s’en apercevoir. […] Le premier Dauphin mort en juin 1789.
L’effet de douleur que lui causa la mort de Louis XVI fut le premier coup porté à cette sensibilité profonde ; la mort de M. de Kersaint suivit de près25. […] Les souvenirs de cette émigration, du séjour en Angleterre, de la mort du roi, composaient en elle un fond de tableau ; elle y revenait souvent et aimait à les retracer. […] Dans la première, qui a pour titre Veillez et priez, on lit31 : « Presque toutes ces douleurs morales, ces déchirements de cœur qui bouleversent notre vie, auraient été prévenus, si nous eussions veillé ; alors nous n’aurions pas donné entrée dans notre âme à ces passions qui toutes, même les plus légitimes, sont la mort du corps et de l’âme. […] L’attrait d’un intérêt nouveau, le changement des cœurs, l’inconstance, l’ingratitude, la mort, dépeuplent peu à peu ce monde enchanté dont la jeunesse faisait son idole…Aimer Dieu, c’est adorer à leur source les perfections que nous espérions trouver dans les créatures et que nous y avons vainement cherchées. […] Comment croire qu’on puisse causer de sang-froid et volontairement ces chagrins déchirants qui font souffrir mille morts avant de mourir ?
En 1636, deux tragédies notables paraissent : la Mort de César de Scudéry, où Plutarque n’est pas mal découpé, mais où l’action trop visiblement ne sert que de prétexte aux exercices oratoires dans le goût de Lucain, et la Marianne de Tristan, qui n’ajoutait guère à celle de Hardy que la boursouflure d’une rhétorique échevelée. […] Aussi ne les montrera-t-on pas, l’unité du lieu faisant son office : la mort du comte, la bataille, le duel de Rodrigue et de don Sanche resteront dans la coulisse, parce qu’ils ne servent qu’à traduire ou modifier les éléments psychologiques du sujet. […] Sans doute la mort du comte est un événement fortuit qui met obstacle au bonheur de Rodrigue et de Chimène, mais qui ne voit que le fait matériel de cette mort n’est rien, et que les sentiments déterminés chez les deux amants par cette mort sont tout l’obstacle ? […] Lire : parmi les tragédies de Hardy, Didon, la Mort de Daire, la Mort d’Alexandre, Marianne, parmi les tragi-comédies, Gesippe, Phraarte, Frégonde.
la formule est là ; notre révolution moderne n’a pas d’autre base ; c’est la mort fatale de l’antique société, c’est la naissance d’une société nouvelle, et c’est nécessairement la poussée d’un nouvel art, dans ce nouveau terrain… Oui, on verra la littérature qui va germer pour le prochain siècle de science et de démocratie ! […] vois-tu, quand on veut poser, il ne faut pas avoir d’enfants. » — Son enfant mort, il n’a rien de plus pressé que de faire le portrait du pauvre petit hydrocéphale, ce qui est bien, et de le présenter au Salon, ce qui est mieux. […] Double duel à mort entre le peintre et cette image qui résiste, qui ne veut pas se laisser peindre comme il la voit, et qui pourtant l’attire et le retient invinciblement, et, d’autre part, entre cette femme peinte et la femme de chair. […] et elles sont mortes, les femmes que tu aimes. » Et Christine s’enlace à lui, s’écrase contre lui, l’emporte comme une proie… Elle le force à blasphémer. « Dis que la peinture est imbécile La peinture est imbécile. » Mais bientôt, quand Christine est endormie, une voix appelle Claude. […] Ou bien (page 261): « Elle triomphait, dans une flambée de tous tes feux héréditaires que l’on croyait morts. » Eh oui, c’est un ange, mais un ange de beaucoup de tempérament !
Il se représente, en une page trop vive pour être citée, comme aux prises, dans la solitude, avec un fantôme qui vient mêler l’idée de mort à celle du plaisir : « Mêlons des voluptés à la mort ! […] J’ai mon plan de solitude en Italie, et la mort au bout. […] Comme poète, en donnant à la passion une expression plus pénétrante et parfois sublime, il a surtout usé de ce procédé qui consiste à mêler l’idée de mort et de destruction, une certaine rage satanique, au sentiment plus naturel et ordinairement plus doux du plaisir ; et c’est ici que j’ai à mieux définir cette sorte d’épicuréisme qui est le sien, et dont j’ai parlé. […] Horace, Pétrone, Salomon lui-même, qui était déjà de la décadence, ils aiment tous à mêler l’idée de la mort et du néant à celle du plaisir, à aiguiser l’une par l’autre. […] Attendez ma mort et mes mémoires pour vous détromper. » — Un jour, on lui avait dit que quelqu’un avait parlé de lui avec intérêt, avec bienveillance.
Et le cardinal Du Perron, le grand controversiste, disait également, quand on proposait de lui amener des calvinistes à combattre : « S’il ne s’agit que de les convaincre, je crois posséder assez de savoir pour cela ; mais, s’il est question de les convertir, conduisez-les à M. de Genève, qui a reçu de Dieu ce talent. » C’est à la fin de ce voyage de Paris que François de Sales apprit la mort de l’évêque de Genève dont il était le successeur désigné, et il s’empressa aussitôt de revenir en son diocèse. […] C’est en France, c’est à Lyon qu’était saint François de Sales quand la mort le prit le 28 décembre 1622, consumé de zèle et accablé d’infirmités, à l’âge seulement de cinquante-cinq ans. […] Il a, dès le premier livre, une méditation sur la mort qui est pleine d’énergie et de beauté morale. Le point de la mort est la grande pierre de touche du christianisme. Les anciens, même les plus sages, enviaient volontiers une mort brusque et soudaine : Pline l’Ancien a dit de la mort subite, « qu’elle est le plus grand bonheur qui puisse arriver dans la vie ».
Il est mort… serait-ce de nostalgie ? […] Né avec un talent de poète, d’une délicatesse presque fragile, — mais la perle, dit-on, est malade, — Brizeux, dont le nom seul exprime tout ce qu’il fut, est mort comme poète, non pas hier, — il y a quelques jours, — comme les journaux l’ont annoncé, mais il y a déjà longtemps. […] La Critique, qui dit, comme la Médecine, au perçant regard : « Cet homme que vous voyez là, et qui va encore, il est mort ! […] Cependant elle aurait pu noter le jour et presque l’heure de cette mort prématurée. […] Brizeux, tué par elle, n’était pas si bien mort qu’il n’eût conscience parfois des dévorants amphigouris dont il était victime.
Des André Chénier sont-ils morts à Wattignies ou à Eylau ? […] Ce livre qui aujourd’hui nous paraît mort a été l’un des plus glorieux de son temps. […] À Montaigne, qui demandait des gens : « Comment est-il mort ? […] Ce mort saisit ce vif. […] En 1842, la mort du duc d’Orléans laisse entrevoir à brève échéance une minorité, une régence.
L’animal est mort ce matin, c’est-à-dire environ quinze heures après l’opération. […] Mais si l’on y recherche le sucre un ou deux jours après sa mort, lorsque la bile est restée dans la vésicule en contact avec le tissu du foie, déjà même le lendemain de la mort de l’animal on y trouvera du sucre en quantité notable. […] Il est intéressant de remarquer que ce phénomène n’a lieu qu’après la mort. […] Aussi, quand nous avons voulu savoir si la fonction dont nous nous occupons existait chez l’homme, avons-nous dû prendre des foies d’individus morts en état de santé, des foies de suppliciés, par exemple, ou d’individus morts subitement par accident. […] Examinons maintenant le foie de l’animal mort par le froid en 1 heure 1/2.
Et puis, il faut qu’il soit mort ? […] On peut préférer les fleurs à juste titre, mais l’arbre les domine et souvent les protège de la mort par l’ombre discrète dont il les rafraîchit. […] Catulle Mendès qui, fidèle à sa vieille politique, acclame les poètes morts pour mieux étouffer les vivants. […] voici près de dix-huit mois qu’il est mort. […] Mais il manque, même à Mistral, d’être mort pour qu’on soit libre de le proclamer immortel.
Puis, dans une autre planche, on voit la pauvre mère arrivée à l’endroit où est mort son plus jeune fils, avoir la vision, à travers les branches d’un saule, du cher mort, dans une robe lumineuse éclairant le paysage. […] Alors des scènes de torture et la mort. […] Ce sont deux apparitions de femmes mortes. […] Des natures mortes, parmi lesquelles une série de coquilles. […] Hokousaï avait deux frères aînés et une sœur cadette, tous morts dans leur jeunesse.
Ce profil si doux, si arrêté pourtant, si pur, — ces yeux innocents et braves, cette longue et angélique chevelure blonde, allaient bien au gentilhomme, au guerrier qui fut de notre race, et qui jetait son manteau de comte sur le corps débile et nu des poètes morts à l’hôpital. […] Voyez la Mort du Loup. […] Paul Bourget Après les poésies, après les romans, voici que paraît le Journal d’un poète, ce précieux recueil de pensées intimes, choisies, avec un tact irréprochable, dans les papiers de l’écrivain mort, par M. […] L’occasion est bonne à la critique pour revenir une fois encore sur l’auteur de Moïse , d’Éloa, de la Maison du Berger, de la Mort du Loup et de la Colère de Samson, — poèmes d’une beauté inaltérée, et qui brillent, sous notre ciel littéraire d’aujourd’hui, avec une douce clarté de lointaines étoiles.
« De taille moyenne et assez spontanément épanoui, il porte, pas trop haut, une longue tête enfantine ; cheveux châtains s’avançant en pointe sur un front presque sacré et retombant, plats et faibles, partagés par une pure raie droite, celer deux mignonnes oreilles de jeune fille ; masque imberbe sans air glabre, d’une pâleur un peu artificielle mais jeune ; deux yeux bleu-gris partout étonnés et timides, tantôt frigides, tantôt réchauffés par les insomnies ; un nez sensuel ; une bouche ingénue, ordinairement aspirante, mais passant vite du mi-clos amoureux à l’équivoque rictus des gallinacés… Il ne s’habille que de noir et s’en va, s’en va, d’une allure traînarde et correcte, correcte et traînarde5. » Il dit encore : Mon père (un dur par timidité) Est mort avec un profil sévère ; J’avais presque pas connu ma mère, Et donc vers vingt ans je suis resté. […] J’ai la tête si lourde que je m’endors de bonne heure. » Il traînait ainsi désemparé, songeant à la mort, abattu par une immense tristesse, lorsque la protection de M. […] C’était la détresse fière et décente, le ménage soutenu par la vente lente d’albums, de collections, de bouquins rares, et puis la maladie, aggravée… Une nuit, Mme Laforgue, au réveil, trouvait son mari mort à côté d’elle. […] Ysaye, le pianiste, quelques parents lointains dans une voiture avec Mme Jules Laforgue, Paul Bourget, Fénéon, Moréas, Adam et moi ; et la montée lente, lente à travers la rue des Plantes, à travers les quartiers sales, de misère, d’incurie et de nonchalance, où le crime social suait à toutes les fenêtres pavoisées de linge sale, aux devantures sang de bœuf, rues fermées, muettes, obscures, sans intelligence, la ville telle que la rejettent sur ses barrières les quartiers de luxe, sourds et égoïstes ; on avait dépassé si vite ces quartiers de couvents égoïstes et clos où quelques baguettes dépouillées de branches accentuent ces tristesses de dimanche et d’automne qu’il avait dites dans ses Complaintes, et, parmi le demi-silence, nous arrivons à ce cimetière de Bagneux, alors neuf, plus sinistre encore d’être vide, avec des morts comme sous des plates-bandes de croix de bois, concessions provisoires, comme dit bêtement le langage officiel, et, sur la tombe fraîche, avec l’empressement, auprès du convoi, du menuisier à qui on a commandé la croix de bois et qui s’informe si c’est bien son client qui passe, avec trop de mots dits trop haut, on voit, du fiacre, Mme Laforgue riant d’un gloussement déchirant et sans pleurs, et sur cet effondrement de deux vies, personne de nous ne pensait à la rhétorique tumulaire6. » Jules Laforgue représente le type accompli de l’intellectuel en 1880.
La mort seule du chef de la sédition empêcha que tout ne fût à feu & à sang. […] du sein des morts rallumant son couroux, Il se fait craindre encore, & me porte des coups ! Après la mort du redoutable Phyllarque, dom André reconnut ses torts avec Balzac, & lui demanda son amitié. […] Sa mort, arrivée en 1654, fut une perte véritable pour les lettres.
Ovide qui, après la mort de cet Octave qu’il devait abhorrer, lui consacra un éloge funèbre en vers gètes, lui dressa une chapelle, lui composa des hymnes, et allait tous les matins encenser son image, pour que l’odeur de l’encens parvînt au Capitole, à cet autre tyran nommé Tibère ! […] Ainsi, pour salaire de ses mensonges, il eut l’ingratitude d’un tyran, une vie honteuse, une mort sanglante, et le déshonneur chez la postérité : c’était bien la peine d’être vil. […] Et puis le panégyrique du mort, panégyrique qui consiste surtout à dire que le mort était digne d’un pareil frère.
Ce fut, nous dit Fustel de Coulanges, une conception particulière que les hommes de cette race avaient alors formée sur le destin de l’âme après la mort. La mort, selon leur sentiment, n’était qu’un changement de vie. […] Mais ils se persuadaient qu’il continuait à vivre sous terre, qu’il demeurait uni au corps avec lequel il était né, et que l’homme après la mort continuait d’être animé des mêmes besoins qu’il avait ressentis durant la vie. […] Le puissant intérêt qui était ici en jeu engendra le moyen d’intimidation coutumier, une religion fut inventée, les morts furent divinisés ; les tombeaux furent leurs temples et leur culte fut réglé suivant des rites. […] Bien plus elle va rendre le culte à d’autres dieux, à d’autres morts, à ceux qui sont les ancêtres de son mari.
Schiller a composé trois pièces sur la conspiration et sur la mort de Wallstein. La première est intitulée le Camp de Wallstein ; la seconde, les Piccolomini ; la troisième, la Mort de Wallstein. […] Ce n’est que dans la troisième pièce, dans la Mort de Wallstein, que le poëte a placé le dénouement. […] Ils sont là pour écouter, quelquefois pour répondre, et, de temps en temps, pour raconter la mort du héros, qui, dans ce cas, ne peut pas nous en instruire lui-même. […] Il n’y a que les choses qu’il a façonnées pour son usage qui soient muettes, parce qu’elles sont mortes.
Il monte en perfection les lieux communs de l’amour, de la mort et de la fortune, il frappe excellemment les petites pensées de circonstance. Il voulait que chaque vers offrît un sens complet, et cette règle du détachement du vers était la mort du lyrisme ; elle condamnait la poésie aux découpures, au martelage, au pailletage, enfin au prosaïsme brillant et sec. […] Il ne veut pas être autre chose qu’un homme d’esprit qui écrit quelquefois, et c’est son neveu Pinchêne qui fera de lui un homme de lettres après sa mort, en l’imprimant. […] Je n’en parlerai pas : ce sont les parties mortes et bien mortes de la littérature classique. […] Mais surtout les héros causent ; en paix, en guerre, en prison, ils causent, galamment, spirituellement, de la mort, de l’éducation, des femmes, de la politesse, des lettres, de tout enfin.
Toutes ces choses n’empêchèrent pas M. le Prince d’en être jaloux jusqu’à la fureur et jusqu’à sa mort. […] C’est peu d’obtenir des distinctions de gloire, il faut obtenir des distinctions de honte : les bâtards simples du roi ont la joie de draper à la mort de leur mère, au désespoir des bâtards doubles qui ne le peuvent pas. […] De là cette peinture de la cour après la mort de Monseigneur, tableau d’agonie physique, sorte de comédie horrible, farce funèbre, où nous contemplons en face la grimace de la Vérité et de la Mort. Les passions viles s’y étalent jusqu’à l’extrême ; du premier mot on y aperçoit tout l’homme ; ce n’est pas le mort que l’on pleure, c’est un pot-au-feu perdu. […] Il s’agit de la conduite du duc de Bourgogne après la mort de sa femme.
— La mort d’Arthur. […] Le désespoir croît, et à la fin la rêverie devient vision : « Mort, mort, mort depuis longtemps ! […] Son long poëme In memoriam, écrit à la louange et au souvenir d’un ami mort jeune, est froid, monotone et trop joliment arrangé. […] Il est mort, et il nous semble que tous les jours nous l’entendons parler. […] Les fenêtres sont fermées ; une lumière çà et là perce à travers un volet mal clos et montre un dahlia mort sur le rebord d’une croisée.
C’est un édifice obscur ou à demi-jour dans lequel l’architecte n’a percé que cinq fenêtres, mais où la lumière entrera à torrents quand les murailles tomberont sous la main divine de la mort. […] Aujourd’hui nous ne voulons vous entretenir que d’un homme de nos jours, que la mort a retiré à elle après nous l’avoir seulement montré : Léopold Robert. […] Ces lettres, comme ces poteaux funèbres plantés dans la neige des Alpes, au bord du précipice, jalonnent la route de la gloire à la mort. […] On laisse rêver ceux qui ne connaissent encore ni la vie ni la mort, et qui se font la mort et la vie à l’image de leurs douces ignorances. […] Mais ce désir même, qui n’était encore que rêve confus du cœur, qui devint plus tard passion, et enfin mort, ne faisait que de naître en lui et peut-être ne le reconnaissait-il pas encore lui-même : c’était un amour.
Madame Récamier, quelques jours après la mort du cardinal, se promenait solitaire dans les jardins de la villa Borghèse, hors des murs de Rome. […] Sion, où j’ai passé, était le royaume que m’avait destiné Bonaparte ; c’est ce royaume que la mort du duc d’Enghien m’a fait abdiquer. […] M. de Chateaubriand avait de l’humeur, lui, contre la vie et contre la mort ; il était le tyran de l’amitié ; il fallait autant de patience que de tendresse à son amie pour le distraire de ses passions littéraires et de ses passions politiques. […] L’homme du siècle des Bourbons se reposait enfin là, en jouissant de son beau soir et en attendant la mort sur sa chaise curule comme les derniers des Romains. […] On peut dire qu’il fut le privilégié, car il n’aurait pu supporter la mort de son amie.
Deux heures avant sa mort, il s’est fait lire les Contes philosophiques de Voltaire. […] la postérité, ce sont les gens qui ont connu un homme, qui en parlent, qui le racontent… — Oui, quand il est mort et encore tout chaud », dis-je au critique qui vient de proclamer que la postérité, c’est lui ! […] Sans le sommeil, qui est la mort temporaire du chagrin et de la souffrance, l’homme ne patienterait pas jusqu’à la mort. […] Le génie est le talent d’un homme mort. […] Il nous apparaît, pour la première fois, comme quelqu’un vers lequel nous voyons s’approcher la mort, et nos yeux s’attachent involontairement à lui, comme à une personne aimée qu’on va perdre et dont on veut garder le souvenir.
Toutes ces ironies et toutes ces tristesses, toutes ces colères et toutes ces révoltes aboutissent en somme au culte de la mort. […] Le monde saisi de vertige se rua à de sombres plaisirs, où le sang se mêlait à la volupté, où la luxure s’enlaçait à la mort. […] Aujourd’hui on ne voyage plus que pour s’ébahir devant des choses mortes. […] Ce culte de la mort et de la pourriture, tel fut bien le vice caché du romantisme comme du naturalisme. […] Tout est mort.
Il va sans dire qu’elle méprise absolument la mort, que l’idée de la mort ne lui donne pas le plus petit frisson. […] je l’aimerais mieux mort qu’amoureux d’une autre ! » Mais devant la mort, après la mort, ce mot féroce ne peut guère venir à l’esprit de personne. La mort fait réfléchir. […] Elle pleurera le mort ; elle dira : « Oh !
C’est du reste une des rares allusions d’Hésiode à la mort. […] Et pourquoi s’occuperait-il de la mort ? […] Toutes les deux affirment quatre états de l’âme après la mort. […] Il nous fera rire même de la mort. […] La mort Va donc devenir inutile !
L’homme de l’opposition bonapartiste est mort ; l’homme de l’opposition orléaniste contre les Bourbons de 1815 est mort ; l’homme de la raison humaine et de la charité populaire ne mourra pas ! […] Par un hasard que j’étais loin de prévoir la veille, c’est moi qui reçus l’enfant sur mes bras ; mais l’enfant était mort ! […] Je serais mort avec des angoisses sur son sort, et tout est pour le mieux. […] Il y aura cette différence entre ma naissance et ma mort que je suis arrivé malgré moi et que je partirai de mon plein gré ! […] Les journaux du 16 juillet m’apprirent à la fois la mort et les funérailles.
C’est quand il parle des eaux calmes, des eaux presque mortes, et qu’il assimile les silencieux aquariums aux cerveaux humains, où les idées glissent ou rampent, où les actinies s’entr’ouvrent un instant, c’est par le détail heureux qu’il est poète. […] Invinciblement, son œuvre fait songer à quelque patient Hollandais, grand créateur de tulipes, colleur de timbres-poste, et qui, dans ses vitrines jalonnées d’insectes rares, en serait venu, maniaque mégalomane, à piquer d’abondance, sur le liège des coléoptères de hasard, de vagues cloportes, de banales araignées, des feuilles mortes, que sais-je ? […] Charles Merki On doit la vérité aux morts, dit-on ; j’ai trop souvent regretté de voir Rodenbach s’en tenir à Bruges-la-Morte et à ses puérilités exquises cependant, pour ne pas le dire une fois.
Le plus jeune est mort. […] Du reste, s’il s’en croyait capable, un sentiment pieux que comprendront quelques personnes le pousserait, le pousse aujourd’hui à vouloir qu’il en soit de ce livre, ainsi que de la chambre d’un mort bien-aimé, où les choses demeurent telles que les a trouvées la mort.
Est-ce là un tête-à-tête avec l’infini, l’intuition de la grande mort ? […] Comment va mourir cet homme qui a si souvent parlé de la mort ? […] Nous n’avons à dire qu’Amen. » — Peu de lectures nous ont autant impressionné que celle des dernières pages du Journal intime : peu de lits de mort nous ont tant fait redouter la mort. […] Savez-vous que c’est une chose effrayante de penser que Goethe est mort, que Musset est mort, et que leur œuvre peut encore mettre une arme à la main d’un enfant qui souffre ? […] Scherer pouvait mourir, il était déjà mort.
Ô Mort, vieux capitaine, il est temps ! […] Ce pays nous ennuie, ô Mort ! […] Quand Victor Hugo, en strophes admirables, raconte la mort de sa fille, l’angoisse première s’est déjà apaisée. […] Ils se rapprocheront encore davantage sur la question du but final de la vie et des destinées qui nous attendent au lendemain de la mort. […] Déjà l’Ecclésiaste avait déclaré « les morts, qui sont morts depuis longtemps, plus heureux que les vivants demeurés vivants jusques ici.
Pauloun était mort pendant la traversée. […] — Qui est mort ? […] le fou qui croit que la Mort nous regarde ! […] … Cette heure est ma vie, et la voir finir — c’est ma mort ! […] Mort sombre, que n’es-tu venue plus tôt ?
La mort de son frère aîné, celle de son père et de sa mère, qui l’ont frappé coup sur coup, achèvent d’égarer son âme. […] La nature est forcée de contraindre ses plus justes et ses plus généreux mouvements, sous peine de mort. […] Déjà, tout au début, la mort du duc d’Enghien avait amené une première et violente crise. […] » Poëte du Jour des Morts et de la Chartreuse, tout son cœur revenait dans ce cri suprême. […] Elle prit soin, par exemple, de citer un vers du Jour des Morts au liv.
Don Juan, tout au rebours ; il méprise la mort, mais il la redoute. Il ne craint que la mort dans ce monde ouvert à ses caprices. […] Allons, voici l’heure ou votre crédit d’argent est mort aussi bien que votre bonne renommée ! […] Voilà par sa mort un chacun satisfait, il n’y a que moi seul de malheureux, mes gages ! […] À peine mort, il devint le sujet de louanges sans fin… le héros de mille apothéoses !
Environ douze mille Prussiens et Saxons, morts ou blessés, environ quatre mille Français, morts ou blessés aussi, couvraient la campagne d’Iéna à Weimar. […] — J’étais l’épouse d’un officier qui est mort à votre service. […] Sur six ou sept mille combattants, quatre mille environ, morts ou blessés, jonchaient la terre. […] Le général d’Hautpoul est frappé à mort par un biscaïen. […] Le caractère qui fait supporter les revers est plus rare que l’héroïsme qui fait braver la mort.
Un jour, je lus sa mort dans un journal. […] D…, son ami, comment il était mort. […] J’ai bien examiné la vie, et la nature, cette source intermittente de la vie, et la mort muette qui ne dit rien, et l’innombrable série des fables par lesquelles des hommes aussi ignorants que vous et moi ont cherché à interpréter ce silence ! […] Du curé, du notaire, amis de la famille, Pieux hommes de bien, dont j’ai rêvé les traits, Morts pourtant sans savoir que jamais je naîtrais. […] pensai-je alors, la tristesse dans l’âme, Humbles hommes, l’oubli sans pitié nous réclame, Et, sitôt que la mort nous a remis à Dieu, Le souvenir de nous ici nous survit peu ; Notre trace est légère et bien vite effacée ; Et moi, qui de ces morts garde encor la pensée, Quand je m’endormirai comme eux, du temps vaincu, Sais-je, hélas !
Je désire que ma mort soit le sceau d’une réconciliation générale entre tous nos frères. […] Les correspondances surabondantes que nous avons sous les yeux, et qui comprennent les deux années qui suivirent, jusqu’à la mort de sa femme, représentent pour nous, avec un intérêt aussi intime et dans une révélation aussi naïve, le journal qui précéda le mariage et qui ne reprend qu’aux approches de la mort. […] J’entrai dans l’église d’où sortait un mort. […] J’eusse préféré la mort ; mais je ne méritais pas le ciel, et vous n’avez pas voulu me plonger dans l’enfer. Daignez me secourir pour qu’une vie passée dans la douleur me mérite une bonne mort dont je me suis rendu indigne.
Voilà pourquoi aussi le public goûte tant ces petits livres intitulés les Souvenirs : c’est qu’ils sont en littérature une protestation de notre fugitivité contre la mobilité du temps, contre la brièveté de notre existence et contre la pire des morts, la mort de notre nom, la sépulture de l’oubli. […] Elle devait rester jeune jusqu’à la mort. […] Elles lui cachaient, par un rideau pieux de beautés, de sourires, de caresses, de culte, l’approche de la mort et le jugement beaucoup moins féminin de la postérité. […] Il est permis à un vieillard d’être détrompé, mais jamais d’être comédien devant la mort. […] Le matin du jour de sa mort, elle m’écrivit encore les pressentiments de son agonie.
Je remis ma lettre d’une main toute tremblante dans la loge du portier de Talma, et je rentrai dans mon hôtel pour y attendre ou le silence de mort, ou la réponse de vie du grand tragédien. […] Je n’aime pas les Bourbons, mais je ne veux la mort de personne. […] Joram était mort ; son fils Ochosias lui avait succédé. […] Joas, laissé pour mort, frappa soudain ma vue. […] La mort le cueillit avant son déclin.
Souviens-toi que le Méonide, Notre modèle et notre guide, Ne devint grand qu’après sa mort. […] J’appris à connaître la mort sur les lèvres de celui qui m’avait donné la vie. […] Pourquoi la mort, qui sait tout, n’aurait-elle pas gravé sur le front de sa victime les secrets d’un autre univers ? […] Le prêtre, l’étole au cou, le livre à la main, commence l’Office des morts ; de jeunes vierges le continuent. […] « Ma sœur avait touché aux portes de la mort ; mais Dieu, qui lui destinait la première palme des vierges lui réservait aussi de mourir avant moi.
L’immortalité de ces morts demeurerait, sans cela, quelque peu léthargique, car nous n’avons pas le loisir de relire leurs œuvres tous les matins. […] Je souffris et fus guéri entre deux de vos lettres, sans vous le dire. » Il se tait comme le loup dans la Mort du Loup, et par le même sentiment. […] À mesure qu’il souffre davantage et que la mort approche, il se détache de la jolie « apparition », et en reconnaît mieux l’inutilité. Il désire même ne plus la voir, sinon en passant. « … Si vous continuez à faire chaque jour vos trente visites nécessaires, indispensables, supposez-moi à Londres, et vous vous acquitterez de ces délicieux devoirs. » Ce qu’il attend d’elle, c’est, tout au plus, la dernière vision d’une forme agréable… Oui, sa mort sera bien la « Mort du Loup ». […] Et c’est pourquoi, parmi la banalité ou la hâte forcée des panégyriques que cette mort a suscités, il y a eu — chose rare en telle circonstance — de la tendresse, une émotion non jouée, des larmes ou, comme le disaient les Grecs, pères lointains d’Alphonse Daudet, « un désir de larmes ».
La Mort s’y promène avec la Volupté sa sœur, toutes deux pareilles et défiant l’œil de distinguer celle qui attire ou celle qui repousse. […] Nous fermons ici cette énumération : les huit derniers morceaux consacrés au Vin et à la Mort n’ont plus rien de satanique. […] La Mort ferme le livre du poète, comme elle ferme les courtes joies et les sinistres égarements de la vie. […] Le pauvre salue la Mort comme la consolatrice divine ; l’artiste espère par-delà le tombeau l’achèvement de la destinée et un incorruptible avenir ! […] Les solitaires ont auprès d’eux des têtes de mort, quand ils dorment.
Si pourtant l’objet de notre étude ce jour-là, et en quelque sorte de notre dévotion, est un de ces morts fameux et si rares dont la parole remplit les temps, l’effet ne saurait être ce que nous disons ; l’autel alors nous apparaît trop lumineux ; il s’en échappe incessamment un puissant éclat qui chasse bien loin la langueur des regrets et ne rappelle que des idées de durée et de vie. […] Je cherchai ma consolation durant cinq ou six ans, dans les charmes de l’étude ; mes livres étoient mes amis fidèles, mais ils étoient morts comme moi ! […] L’amour du marquis pour dona Diana, l’assassinat de cette beauté et surtout le mariage au lit de mort, sont d’un intérêt qui, dans l’ordre romanesque, répond assez à celui de Bérénice en tragédie. […] Des paysans survinrent ; on le porta au prochain village, et, le croyant mort, un chirurgien ignorant procéda sur l’heure à l’ouverture. […] Ceux qui m’accusent, comme ce léger M. de Loménie (qui n’est qu’un écho de son monde), d’avoir attendu la mort de M. de Chateaubriand pour laisser voir ma pensée à son sujet, ne m’ont pas bien lu.
Pourquoi la mort ? Et puis après la mort ! […] Et que personne de ceux qui sont morts ne soit revenu dans le rêve d’un vivant, à ce moment où il est délié de la vie, un père pour avertir son fils, une mère, une mère ! […] Au fond de ce monologue à bâtons rompus, je sens la préoccupation et la terreur du au-delà de la mort, que donne aux esprits les plus émancipés l’éducation religieuse. […] Nous, dans un duel par exemple, quand nous ne voyons pas notre mort, nous voyons la mort de notre adversaire, la prison qu’il faudra faire, la pension qu’il faudra payer à la famille !
Ce fut le Lord Sommers & le Docteur Atterbury, depuis Evêque de Rochester & mort en France, qui voulurent enfin que l’Angleterre eût un Poëme épique. […] Sa Tragédie de la mort de César offre plusieurs morceaux du Jules-César de Shakespear. […] On a mieux accueilli la Mort d’Abel, Poëme en cinq Chants traduit de l’Allemand de M. […] Le Poëme de la mort d’Abel, excellent dans son genre, est au Paradis perdu de Miltron au moins ce que Télémaque est à l’Odyssée. On nous a donné aussi la Mort d’Adam, Tragédie traduite de l’Allemand de M.
On la rencontre à Versailles, en 1750, y allant faire une révérence à l’occasion de la mort de M. de Rouverel son beau-père, ce qui doit faire supposer qu’à cette date elle n’était point encore séparée de son mari et qu’il n’y avait pas eu éclat ; le moment toutefois approchait. […] A la date de sa mort, 4 juillet 1730, son jeune élève le prince de Conti avait treize ans. […] Ce fusil était chargé à balle, et il le tenait en main, lorsque malheureusement, en le tournant et le retournant, le coup vint à partir et tua roide mort le Père du Cerceau qui était vis-à-vis de lui. […] Sur la fin il accorda à Diderot une pension de mille livres, à l’effet de payer un secrétaire pendant sa vie, et réversible sur sa femme après sa mort. […] Mais cette consolation et cette illusion lui manquèrent à dater de 1764, lorsque la mort imprévue de son mari vint tout à coup la délier.