C’est qu’il y a un beau idéal qui touche plus à l’âme qu’à la matière.
Le temps des hérésies théologiques, si orageux et si humiliant tout à la fois pour l’espèce humaine, est heureusement passé ; celui des hérésies littéraires, moins dangereux et plus paisible, est peut-être venu : peut-être même, dans ces matières frivoles abandonnées à nos disputes, ce qui serait aujourd’hui hérésie scandaleuse sera-t-il un jour vérité respectable.
Telle est la question, pourtant, qui domine cette matière.
Le matérialiste qui demandait tout à la matière n’en a tiré que ce qu’elle peut donner, et c’est insuffisant.
Avant d’exposer à nos lecteurs un catalogue et une appréciation des principaux de ces ouvrages, constatons un fait assez curieux qui pourra leur fournir matière à de tristes réflexions.
Il sent bien que ses talents sont peu de chose, surtout si on les compare à ceux de tant de célèbres orateurs : « Mais dans un combat, dit-il, au milieu du son des clairons et des trompettes, on mêle aussi quelquefois le son de la flûte. » Après ce début il entre en matière.
Corollaires relatifs aux contrats qui se font par le simple consentement des parties Les nations héroïques, ne s’occupant que des choses nécessaires à la vie, ne recueillant d’autres fruits que les productions spontanées de la nature, ignorant l’usage de la monnaie, et étant pour ainsi dire tout corps, toute matière, ne pouvaient certainement connaître les contrats qui, selon l’expression moderne, se font par le seul consentement.
Ponsard a très justement senti ce qui plaît au gros du public en pareille matière, et ce qu’il réclame. […] Certains objets, abordés franchement comme matière d’art, deviennent par là inoffensifs. […] Encore cela peut-il être matière à tragédie ou à mélodrame. […] Il s’en faut que les deux se vaillent, en tant que matière dramatique. […] Est-ce que cela est matière d’art ?
Remarquons d’ailleurs que ces mouvements ont pour résultat d’augmenter l’activité mentale, non de concentrer l’attention ; ils lui fournissent simplement une matière. […] Elle a pour matière des images ou des idées. […] C’est une forme (la tendance au monoïdéisme) qui s’impose à une matière (le cours ordinaire des états de conscience) ; son point de départ est dans le hasard des circonstances (attention spontanée) ou dans la position d’un but déterminé d’avance (attention volontaire). […] Les perceptions, images, idées, émotions, sont sa matière ; elle ne les crée pas, elle ne fait que les isoler, les renforcer, les mettre en lumière ; elle n’en est qu’un mode. […] Ce qui vient du cœur, des vaisseaux, des organes digestifs, respiratoires, sexuels, en un mot de tous les viscères, est la matière première de la sensibilité, comme tout ce qui vient des sens externes est la matière première de l’intelligence : et de même que, physiologiquement, la vie végétative précède la vie animale qui s’appuie sur elle, de même, psychologiquement, la vie affective précède la vie intellectuelle qui s’appuie sur elle.
Il lui échappe par plus d’un point, et si ses prémisses sont matérialistes, c’est pourtant l’âme que l’on sent, plus encore que la matière. […] À force de se pencher sur la matière pour la connaître, on finit par ne plus voir que la matière, par ne plus croire qu’en elle. […] Pour lui répondre dignement, il faudrait un spécialiste en chacune de ces matières ; encore trouverait-on que la besogne n’est point aisée. […] Nous estimons qu’un peu d’hésitation est permise en ces matières et qu’elle honore autant la cause de la vérité défendue que le caractère de ceux qui la défendent. […] Nous remuons la matière, nous fouillons le globe, nous le parcourons en tous sens, rien ne nous échappe, hors nous-mêmes.
Sauf par son droit de justice si écourté, le seigneur est oisif en matière publique61. […] Institué pour que la souveraineté et le patronage ne soient pas divisés, il ruine les nobles, depuis que la souveraineté et le patronage n’ont plus de matière propre. « En Bretagne65, dit Chateaubriand, les aînés nobles emportaient les deux tiers des biens, et les cadets se partageaient entre eux tous un tiers de l’héritage paternel. » Par suite, « les cadets des cadets arrivaient promptement au partage d’un pigeon, d’un lapin, d’une canardière et d’un chien de chasse. […] Instituée pour gouverner, une aristocratie se détache du sol lorsqu’elle ne gouverne plus, et elle a cessé de gouverner depuis que, par un empiètement croissant et continu, presque toute la justice, toute l’administration, toute la police, chaque détail du gouvernement local ou général, toute initiative, collaboration ou contrôle en matière d’impôts, d’élections, de routes, de travaux et de charités, a passé dans les mains de l’intendant et du subdélégué, sous la direction suprême du contrôleur général et du Conseil du roi74.
L’habitude de n’entendre ou de ne lire jamais la poésie que dans ces formes sonores et symétriques fit confondre la poésie avec le vers, la liqueur avec le vase, la matière avec le moule. […] L’ordre des matières, qui est le fil dans le labyrinthe, n’en sera toutefois brisé qu’en apparence pour l’ouvrage tout entier ; car nous aurons soin de ne point entrecroiser, dans le même entretien, des sujets appartenant à des temps, à des nations, à des auteurs différents, ce qui jetterait la confusion dans l’ouvrage, mais de consacrer chaque entretien tout entier ou plusieurs entretiens à un seul et même sujet ; nous placerons en tête ou en marge de chacun des entretiens l’époque à laquelle il se rapporte, en sorte qu’à la fin du Cours chacun des lecteurs pourra, en faisant relier ensemble les livraisons, rétablir sans peine l’ordre chronologique, interverti un moment pour la liberté et pour l’agrément de la conversation littéraire. […] Le philosophe, devenu poète pour s’attirer l’imagination du peuple, chante la Loi de la délivrance de l’âme, ou de son émancipation des liens de la matière.
Les sens usés au service d’une intelligence immortelle, qui tombent comme l’écorce vermoulue de l’arbre, pour laisser cette intelligence, dégagée de la matière, prendre plus librement les larges proportions de son immatérialité ; les cheveux blancs, ce symbole d’hiver après tant d’étés traversés sans regret sous les cheveux bruns ; les rides, sillons des années, pleines de mystères, de souvenirs, d’expérience, sentiers creusés sur le front par les innombrables impressions qui ont labouré le visage humain ; le front élargi qui contient en science tout ce que les fronts plus jeunes contiennent en illusions ; les tempes creusées par la tension forte de l’organe de la pensée sous les doigts du temps ; les yeux caves, les paupières lourdes qui se referment sur un monde de souvenirs ; les lèvres plissées par la longue habitude de dédaigner ce qui passionne le monde, ou de plaindre avec indulgence ce qui le trompe ; le rire à jamais envolé avec les légèretés et les malignités de la vie qui l’excitent sur les bouches neuves ; les sourires de mélancolie, de bonté ou de tendre pitié qui le remplacent ; le fond de tristesse sereine, mais inconsolée, que les hommes qui ont perdu beaucoup de compagnons sur la longue route rapportent de tant de sépultures et de tant de deuils ; la résignation, cette prière désintéressée qui ne porte au ciel ni espérance, ni désirs, ni vœux, mais qui glorifie dans la douleur une volonté supérieure à notre volonté subalterne, sang de la victime qui monte en fumée et qui plaît au ciel ; la mort prochaine qui jette déjà la gravité et la sainteté de son ombre sur l’espérance immortelle, cette seconde espérance qui se lève déjà derrière les sommets ténébreux de la vie sur tant de jours éteints, comme une pleine lune sur la montagne au commencement d’une claire nuit ; enfin, la seconde vie dont cette première existence accomplie est le gage et qu’on croit voir déjà transpercer à travers la pâleur morbide d’un visage qui n’est plus éclairé que par en haut : voilà la beauté de vieillir, voilà les beautés des trois âges de l’homme ! […] C’était la beauté métaphysique n’empruntant à la matière que juste assez de forme pour être perceptible aux yeux d’ici-bas. […] Musset fait plus que de badiner avec les grands sentiments, il les raille, soit que ces grands sentiments s’appellent amour, soit qu’ils s’appellent religion, soit qu’ils s’appellent patriotisme : lisez, sur les matières religieuses et politiques, sa profession ironique adressée à un ami.
» Et je répondis, pour avoir matière de parler : « Nenni. » — « Et je vous le dirai, dit l’écuyer, afin que vous le mettiez en mémoire perpétuelle quand vous serez retourné dans votre pays et que vous aurez de ce faire plaisance et loisir. » De cette parole je fus tout réjoui et répondis : « Grand merci. » Notez qu’à la première question que lui adresse l’écuyer, s’il a déjà entendu parler de ce voyage, Froissart fait semblant de n’en rien savoir pour mieux tout apprendre. […] La grâce de Dieu est bonne quand on la peut avoir, et elle a certes son prix ; mais on voit peu de seigneurs terriens présentement augmenter leurs seigneuries, si ce n’est par force et puissance ; et quand je serai retourné en la comté de Hainaut, où je suis né, et que je parlerai de cette matière, sachez que j’en serai examiné et questionné très avant.
Chamillart, dans une lettre à Catinat du 22 juillet, en demandant pardon « de s’expliquer sur une matière aussi délicate, sur laquelle il ne raisonne, dit-il, que par le bon sens que Dieu lui a donné, et sans aucune expérience », se prodigue en exhortations des plus vives : Il me semble que des troupes aussi bonnes que celles que vous avez, et en aussi grand nombre, ne doivent point appréhender l’armée de l’empereur, pourvu que vous les puissiez rassembler avant que le siège de Landau soit fini. […] Un de ses principes (car Villars a des principes, et sous son fracas il a le fond), c’est « qu’à la guerre, comme dans toute autre matière importante, il est dangereux de n’avoir qu’un objet, parce que, si on le manque, on se trouve sans vues et sans desseins, et par conséquent dans une inaction ruineuse ».
Il ne trouve dans tout cela que matière à plaisanterie, et il y revient à tout propos avec un malin plaisir : « J’ai su (septembre 1722) que le poète Arouet prenant congé du cardinal Dubois pour aller à Bruxelles, où il est allé voir Rousseau et tenir avec lui une conférence pacifique sur les coups de bâton des poètes, il dit au ministre : « Je vous prie, Monseigneur, de ne pas oublier que les Toiture étaient autrefois protégés par les Richelieu », se mettant ainsi hardiment au niveau de Voiture, dont il est bien loin. […] Newton qui est merveilleux, et qui ne pouvait être fait que par un aussi grand mathématicien que M. de Fontenelle, qui a su donner une idée nette d’une matière aussi inconnue.
On pourrait, au contraire, en choisissant les matières,, ne présenter que des sujets qui eussent des rapports plus ou moins directs avec notre état social et politique. […] Pour varier le ton, pour relever la matière et accidenter, si j’ose dire, le paysage, il n’avait pas à son service l’imagination, comme Montesquieu.
Les circonstances récentes ont fait apparaître dans notre Parlement, en matière d’affaires étrangères, deux partis extrêmes, également dangereux : l’un qui rêve de conquêtes et aime la guerre, soit pour elle-même, soit pour les révolutions qu’elle peut faire naître ; l’autre qui a pour la paix un amour que je ne craindrai pas d’appeler déshonnête, car il a pour unique principe non l’intérêt public, mais le goût du bien-être matériel et la mollesse du cœur. […] Il me semble qu’il se trouve là la matière d’un très-grand livre ; mais les difficultés sont immenses.
Malgré les difficultés, que nous connaissons trop bien, de juger du fond en des matières si complexes et d’oser apprécier la forme en des hommes si honorés de nous, cette fois nous nous sentons presque à l’aise vraiment ; nous avons affaire à une destinée droite et simple qui, en se développant de plus en plus et en élargissant ses voies, n’a cessé d’offrir la fidélité et la constance dans la vocation, la fixité dans le but ; il est peu d’exemples d’une pareille unité en notre temps et d’une rectitude si féconde. […] La matière trop souvent en manquera ; et, là même où elle se rencontrerait, le rédacteur ingénieux et méthodique, l’ordonnateur habile et supérieur, tel que M.Mignet, manquera encore plus souvent.
L’hôtel Rambouillet n’avait pas réduit toute la matière en vapeur. […] Mlle Des Houlières, recevant le 4 juin 1711 la visite de Brossette, le dévot commentateur de Boileau et le curieux questionneur en matières littéraires, lui répondait, entre autres choses, sur cette animosité qui s’était déclarée entre sa mère et M.
Nous vivons à une époque fort mêlée en tout genre, où les opinions les plus sincères peuvent être diamétralement opposées sur les questions les plus importantes ; où le vrai, dans tout ce qui n’est pas matière de science, se distingue malaisément du faux, et où, même en se bornant à ce qui est de l’utilité politique, on peut hésiter entre différentes voies et différents moyens. […] Bonjean, qui traite si pertinemment de ces matières.
Mais elle en a de fâcheux : la blague donne à l’esprit l’habitude de ne plus compter avec le vrai ni avec le faux, de chercher partout matière à raillerie. […] Sarcey a, sur ces matières, précisé et jeté dans la circulation une foule d’idées dont beaucoup de critiques se servent sans le dire, et même ceux qui les combattent.
La matière était presque intacte. […] La nature est une grande hérésiarque : elle nie l’indignité de la matière.
Généralement, n’importe les matières. […] Que, l’agencement évoluât à vide depuis, selon des bruits perçus de volant et de courroie, trop immédiats, n’est pas le pis ; mais, à mon sens, la prétention d’enfermer, en l’expression, la matière des objets.
Si la pensée a eu quelque chose de trop timide au dix-septième siècle sur certaines matières de grande conséquence, le dix-huitième siècle y supplée, et rend à l’esprit humain, avec la liberté, la vérité. […] Les Pères de l’Église ne s’y étaient pas trompés, eux qui, dans les premiers siècles de l’Église, sur tous les points du monde romain, partout où il y avait des hommes vivant en société, c’est-à-dire de la matière pour l’extrême bien comme pour l’extrême mal, avaient si profondément médité sur la nature humaine.
C’est, pour les uns, motif à se distraire du monotone ennui de vivre et, pour les autres, matière à enrichir leur sensibilité et vivre un chapitre de la « Culture du moi ». […] Il n’est plus, comme au xvie siècle, après les guerres d’Italie, matière à rébus, à charades, à épigrammes, à concetti et à madrigaux.
L’éclat que produisit cette affaire du livre De l’esprit, la position fausse où elle plaça tant de personnes considérables, et le conflit des juridictions qui s’y produisit ouvertement, suggérèrent un moment l’idée de dresser une loi qui régirait la matière, loi qu’il valait mieux que le roi fît que de la laisser faire au Parlement ; et c’est à cette occasion que M. de Malesherbes se mit à rédiger ses intéressants Mémoires sur la librairie. […] Dupin, dans son excellent travail, s’est attaché à montrer que Malesherbes ne s’était pas trompé, je ne dis pas en conduite, mais dans les vues, et que sur tous les points capitaux de liberté religieuse, de liberté de la presse, de liberté individuelle, d’égalité en matière d’impôt, cet homme éclairé n’avait fait que devancer les idées que les diverses chartes et constitutions ont mises en vigueur depuis.
» * * * — Maintenant, quand j’écris un morceau de style, j’ai besoin avant de l’écrire, de m’entraîner, de me monter le bourrichon, comme disait Flaubert, en regardant des matières d’art colorées, mais une fois cette griserie cérébrale obtenue, il me faut éviter la vue de ces choses, tout le temps que j’écris. […] Puis encore au sujet d’une faïence Henri II, de montrer le peu de perfection de la matière, la tristesse du décor, l’insenséisme des prix.
Or voilà bien la matière dont il faut s’entretenir de nos jours, matière qui s’impose à nos cerveaux comme si nous pressentions en elle la solution longtemps cherchée d’une énigme.
Et M. d’Argenson, qui est sans gêne dans son tête-à-tête et dont tous les jugements d’ailleurs ne sont pas articles de foi, note dans ce volume de l’abbé de Pons qu’il vient de lire « un petit traité De l’origine des âmes qui est, dit-il, une miniature de métaphysique. » L’abbé Trublet, autorité peu considérable en matière le goût, mais témoin exact des faits, nous dit de son côté : Je n’ai connu personne qui écrivît plus facilement que l’abbé de Pons, quoique d’un style très singulier et en apparence très recherché.
Presque chacune de ces biographies fournirait matière à un petit appendice à l’appui de La Rochefoucauld et aurait ainsi son revers.
Ampère, Albert Stapfer ; dans une correspondance curieuse et touchante que j’ai sous les yeux, et qui, entre les mains de l’ami qui me la confie, pourra devenir un jour la matière d’un beau livre de souvenirs, je lis d’autres noms encore de cette jeune intimité ; j’en lis un que j’efface, parce que l’oubli lui vaut mieux ; j’en lis deux inséparables, qui me sont chers comme si je les avais connus, parce qu’un grand charme de pureté les enveloppe, Edmond et Lydia, amants et fiancés.
Je citerai surtout l’endroit où, discutant la loi du sacrilége de 1825, il se met lui-même en scène par un brusque mouvement, et se peint tel qu’il était alors sur ces matières avec les agitations de son esprit et les perplexités de sa conscience.
Leur extrême patience, s’appliquant ici à des matières bien définies et à des textes, produit des merveilles.
Ses écrits nombreux sur les matières économiques, son Voyage en Italie, attestent beaucoup de justesse, de finesse et de connaissances ; ses descriptions de machines dans l’Encyclopédie méthodique surpassent, assure-t-on, en précision élégante celles de Diderot.
Mais la dissolution du Globe n’en résultait pas nécessairement ; l’idée première, la conception fondamentale dont le développement avait dévié en se resserrant dans la politique de la Restauration ; qui pourtant s’était reproduite plus d’une fois dans des applications partielles, dans des pressentiments organiques ; qui, en plus d’une page, à l’occasion de l’union européenne et de la politique de Napoléon, à l’occasion du Comité de salut public et de sa tentative avortée ; qui, plus récemment, au sujet du libéralisme de Benjamin Constant, jugé par le noble et infortuné Farcy, avait percé au point d’offenser dans le journal le principe dominant, et d’y scandaliser les politiques pratiques ; cette idée qui nous en avait inspiré le début ; qui, par le choix intérieur des matières et des faits, en alimentait le fond ; qui, par des renseignements nombreux, par d’amples informés sur l’instruction primaire aux frais de l’État, sur l’émancipation des artisans, sur les essais divers de système coopératif et sur une foule d’autres sujets, avait sourdement lutté contre les doctrines économiques d’indifférence et de laisser-faire professées dans des colonnes plus officielles ; cette idée qu’une plume ingénieuse et délicate avait autrefois effleurée, sans l’entamer, dans un article intitulé de la Critique de la critique, et qui s’était hardiment résumée en Juillet sous ce cri prophétique, bien qu’un peu étrange : Plus de criticisme impuissant ; cette féconde et salutaire idée d’association universelle et d’organisation future restait entière à exploiter ; elle demeurait à nu, dégagée de tous les voiles factices, de toutes les subtilités prestigieuses que la Restauration avait jetées devant.
La Fontaine s’est tiré d’affaire en n’inventant pas sa matière, et ce n’est pas la moindre preuve de son génie.
Il était mieux d’entrer tout de suite en matière, et de dire : V. 10.
Pour être matière et sujet d’histoire, il faut être quelqu’un ; et ni avant sa mort ni après sa mort ce marquis de Grignan n’a été quelqu’un… Ce qu’on en connaît, on ne le sait que par sa grand’mère, qui même ne s’appelait pas Grignan, — qui s’appelait de son chef Rabutin de Chantal, et du chef de son mari Sévigné, et qui, elle, ne fut pas comme son petit-fils.
C’est matière de bréviaire, aurait dit Rabelais.
Il a des mollesses de rythme qui sont l’entente encore de la matière, car la fondre sous son haleine, est aussi difficile que de la faire saillir et de la dresser sous ses doigts !
Mais les discours sur une ample matière étant divisés par de longs intervalles, exigent, chaque fois qu’on reprend la parole, une récapitulation des éléments que l’on a posés d’abord. […] Récapitulation succincte des matières traitées. […] Voyons quelle autre matière d’analyse nous a fournie l’Angleterre relativement à l’objet que nous coordonnons sous vos yeux. […] Notre analyse est partie d’Homère, qui, pour ainsi dire, a fourni la matière première, et l’a d’abord façonnée. […] Cette précaution de mesurer d’avance les effets de la matière qu’on traite, et souvent même de les déguiser en commençant, est remarquée surtout chez les bons poètes.
Le silence est une opinion en cette matière et il est d’or, dit le proverbe arabe. […] De plus en plus captivées par la matière, de plus en plus enivrées par la vie, elles se précipitent comme une pluie de feu, avec des frissons de volupté à travers les régions de la Douleur, de l’Amour et de la Mort, jusque dans leur prison terrestre, où tu gémis toi-même retenu par le centre igné de la terre, et où la vie divine te paraît un vain rêve. […] Si dans son amour effréné de la matière, elle perd le souvenir de son origine, l’étincelle divine qui était en elle et qui aurait pu devenir plus brillante qu’une étoile, retourne à la région éthérée, atome sans vie — et l’âme se désagrège dans le tourbillon des éléments grossiers. […] En pareil cas, l’âme désincarnée parvient à donner momentanément à son corps spirituel une apparence visible, quelquefois même tangible, au moyen du dynamisme particulier que l’esprit exerce sur la matière par l’intermédiaire des forces électriques de l’atmosphère et des forces magnétiques des corps vivants. […] Dans notre état corporel présent, nous avons peine à croire et même à concevoir la réalité de l’impalpable : dans l’état spirituel, c’est la matière qui nous paraîtra l’irréel et le non-existant.
Pour la pratique du style, il y aurait là matière à des avis motivés que M. […] Les mots, qui sont des signes, sont presque toujours aussi des chiffres ; le langage conventionnel inconscient est fort usité, et il y a même des matières où c’est le seul en usage. […] La vraie religion est matière à croyance et non à controverses. Elle est matière à expériences, mais non à démonstrations historiques ou philosophiques. […] Mais les Germains appliquaient, en matière d’adultère, la peine de mort, et ils avaient occasion de l’appliquer.
Sans doute, en vous étonnant aujourd’hui de tout ce que je crus devoir exprimer alors, vous verrez qu’il était temps de m’arrêter, et que ce ne furent ni la paresse ni la stérilité qui m’empêchèrent de poursuivre les matières qui s’offraient à mon analyse. […] « Le seul courroux d’Achille avec art ménagé « Remplit abondamment une Iliade entière : « Souvent trop d’abondance appauvrit la matière. […] Les littérateurs qui jugent de ces matières d’après leurs impressions, et non sur les principes, n’ont pas manqué de la mettre au-dessus de tout, par la raison même qui condamne son action. […] Quelle était la matière de ce chant ? […] Principium et fons, voilà notre matière première.
Mais demandez-lui son avis en matière d’engrenages et de poulies ; à côté de lui tous les autres sembleront des bavards. […] Voltaire a déjà prononcé deux mots impolis sur son compte, et sur cette matière les sentiments de Voltaire sont maintenant dans le cœur de tout le monde. […] Il n’y a pas d’esprit, tout est matière ; chaque portion de la matière est douée de force et d’intelligence, et existe ainsi de toute éternité. […] Il est de plus fort clair, écrit en style abondant par un homme compétent, décidé, point pédant, excellent logicien et très au fait des matières philosophiques. […] Selon eux, il n’y a point de matière première, point de principe qui se développe, point de Dieu créateur et antérieur au monde.