On se connaît peu, et le cœur est un peu à froid ; mais les conversations sont dignes et élevées ; il s’y mêle peu de banalités et de commérages.
il demeure en une perception amortie de vous ; le temps s’embrouille, l’espace s’embrume en chaos de végétations ; et il songe d’il ne sait quelles piétés, quelles souffrances ; il songe obscurément de religiosités et de douleurs ; un sommeil mental est en la rigidité des chairs ; l’âme est ensommeillée ; elle ouit comme une qui sommeillerait ; et c’est, en cette âme, un très lointain écho des entourants cantiques mêlés de silences, des emmêlés cantiques, pieux, lamentants et virginaux.
Ces ressouvenirs sont mêlés de plaisir et d’amertume ; mais quoi ?
Est-ce Corneille, qui pèche à tout moment contre cet art, même dans ses scènes les plus heureuses ; qui fait raisonner l’amour avec une subtilité sophistique, et déclamer la douleur avec emphase, qui mêle sans cesse la familiarité populaire au ton de l’héroïsme ?
L’amour, comme je crois que vous n’en doutez pas, c’est le désir d’être aimé ; il n’est pas uniquement cela ; mais il est surtout cela, et voilà un sentiment, sinon tout à fait intéressé, du moins très mêlé d’intérêt L’amitié, comme l’a dit La Rochefoucauld, l’amitié est un commerce où l’on se propose toujours quelque chose à gagner.
Étendez à tous les Gentils, le passage suivant où Eusèbe parle des seuls Égyptiens, il devient précieux : Originairement la théologie des Égyptiens ne fut autre chose qu’une histoire mêlée de fables ; les âges suivants qui rougissaient de ces fables, leur supposèrent peu à peu une signification mystique.
L’auteur parle des femmes de mauvaise vie qui osent prier les saintes, leurs patronnes. « La femme impudique n’a pas crainte avec son bordeau se mesler parmi les saintes vierges, et de invoquer celle dont elle porte le nom, qui est tant différente et dissemblable par sa luxure et mauvaise volonté, sans avoir été contraincte et ces dames ont tant souffert pour garder leur intégrité. » Lisez : « Elle n’a pas crainte de se mêler… et d’invoquer la vierge dont elle porte le nom, elle qui est si différente de cette sainte patronne par sa luxure et sa mauvaise volonté, et cela bien qu’elle n’ait subi aucune contrainte, au lieu que les saintes ont souffert pour garder leur vertu. » Vous voyez ce que j’entendais tout à l’heure par « syntaxe amorphe », et comme cela est loin de la précision et de la netteté de Rabelais. […] J’avais donc raison ; une comédie mêlée de tragique, et, si vous voulez, la tragédie bourgeoise, pouvait sortir beaucoup plus naturellement du théâtre de Molière que de celui de La Chaussée. […] quand nous marcherons dans les noires mêlées, Songeons dans notre esprit aux divins Propylées, ………………………………………………………… Car Sophocle est vivant ! […] Et il mêle à cette opulence l’esprit d’un Parisien d’aujourd’hui. […] Mais à cette vision, sa mère est forcément mêlée ; il est impossible qu’il ne l’y aperçoive pas.
Ils se sont mêlés ensemble, et cela fait une teinte universelle où tout se trouve broyé et confondu… Malade, irrité, en proie mille fois par jour à des moments d’une angoisse atroce, sans femme, sans vie, sans aucun des grelots d’ici-bas, je continue mon œuvre lente comme le bon ouvrier qui, les bras retroussés et les cheveux en sueur, tape sur son enclume sans s’inquiéter s’il pleut ou s’il vente, s’il grêle ou s’il tonne. […] Elle était très bien accueillie chez Mme Récamier ; elle-même tenait rue de Sèvres un salon brillant, de société un peu mêlée, où fréquentait une bonne partie du monde académique. […] Carthage, l’Afrique, l’armée des mercenaires où tous les peuples sont mêlés, ce sont ces Babels complexes que Barrès voudrait voir sur l’Acropole d’Athènes pour en faire une Acropole carthaginoise : on a reconnu la question de la tour franque. […] Je n’ai pas assez de plaisir dans le monde pour me refuser ceux-là. » C’est à ce moment qu’avec des souvenirs de famille, songeant ainsi à des objets vides et à des visages morts, il écrit Un cœur simple, où il met en scène sa grand-tante et la servante Julie, mêlée ici à une servante de Trouville qui s’appelait Léonie, le perroquet authentique de Léonie. […] Mêlés de tendresse et d’amertume, modèles du ton tempéré, l’un et l’autre vont vers le triomphe et la paix.
Barrès, qui m’attire sur les quatre domaines où les Baillard ont porté leur grande passion de bâtisseurs. » Une piété élargie où se mêlent les plaisirs de la mélancolie, quel exact blason intellectuel d’un héritier de Chateaubriand ! […] Le public ne peut d’ailleurs jamais compter sur la critique pour le guider dans cette production mêlée : tout ce qu’on pourrait faire, ce serait écrire un petit indicateur, une sorte de Baedeker qui désignerait les endroits où l’on est sûr de trouver, après chaque roman bon ou mauvais de M. […] Pratiquement, c’est le roman qui satisfait l’esprit romanesque, c’est-à-dire imagine et fait imaginer l’amour non comme venu d’un intérieur et mêlé à la trame ordinaire de la vie, mais descendu par un vol inattendu de la destinée, et prenant une figure extraordinaire et lyrique. […] Dans tous ses romans, on retrouve ces moments privilégiés qui se détachent en fils d’or, mais mêlés profondément à la texture suivie du récit. […] Et le jour où Gertrude a cessé d’être physiquement aveugle, le contraste entre l’erreur où elle était mêlée et la vérité à laquelle lui donne accès son sens nouveau lui rend sa destinée contradictoire et la vie impossible.
Elles y ont fondu sous l’effort de la chaleur intense ; elles y ont mêlé leurs laves avec des frémissements et des explosions, et voilà qu’enfin la porte s’ouvre : un lourd ruisseau de feu descend dans le canal ménagé d’avance, embrasant l’air qui frissonne, et ses teintes flamboyantes brûlent les yeux qui s’obstinent à le regarder. […] S’il s’est enfoncé dans les arts magiques, ce n’est point par curiosité d’alchimiste, c’est par audace de révolté. « Dès ma jeunesse, mon âme n’a point marché avec les âmes des hommes, — et n’a point regardé la terre avec des yeux d’homme. — La soif de leur ambition n’était point la mienne. — Le but de leur vie n’était pas le mien. — Mes joies, mes peines, mes passions, mes facultés — me faisaient étranger dans leur bande ; je portais leur forme, — mais je n’avais point de sympathie avec la chair vivante… — Je ne pouvais point dompter et plier ma nature, car celui-là — doit servir qui veut commander ; il doit caresser, supplier, — épier tous les moments, s’insinuer dans toutes les places, — être un mensonge vivant, s’il veut devenir — une créature puissante parmi les viles, — et telle est la foule ; je dédaignais de me mêler dans un troupeau, — troupeau de loups, même pour les conduire1290… — Ma joie était dans la solitude, pour respirer — l’air difficile de la cime glacée des montagnes, — où les oiseaux n’osent point bâtir, où l’aile des insectes — ne vient point effleurer le granit sans herbe, pour me plonger — dans le torrent et m’y rouler — dans le rapide tourbillon des vagues entre-choquées, — pour suivre à travers la nuit la lune mouvante, — les étoiles et leur marche, pour saisir — les éclairs éblouissants jusqu’à ce que mes yeux devinssent troubles, — ou pour regarder, l’oreille attentive, les feuilles dispersées, — lorsque les vents d’automne chantaient leur chanson du soir. — C’étaient là mes passe-temps, et surtout d’être seul ; — car si les créatures de l’espèce dont j’étais, — avec dégoût d’en être, me croisaient dans mon sentier, — je me sentais dégradé et retombé jusqu’à elles, et je n’étais plus qu’argile1291. » Il vit seul, et il ne peut pas vivre seul.
Il lui persuada de feindre une guerre avec ses voisins et de faire tuer Sîfrit dans la mêlée, souvenir biblique de la trahison de David ; le roi accepte ; Kriemhilt, l’épouse de Sîfrit, conçoit des soupçons, fait venir Hagene, qu’elle croit fidèle et s’ouvre à lui sur le secret profond qui rend Sîfrit invulnérable. […] Il savait bien ce qu’avaient accompli leur bras dans les terribles mêlées et les exploits qu’ils avaient faits ; car il les avait vus à l’œuvre.
si la Providence ne s’en mêle pas, ce sera grotesque la première. […] Alors l’idée un peu méphistophélique de jeter de l’imprévu, dans les combinaisons arrêtées d’avance du corps savant, nous prend d’improviser cette candidature, qui va produire le même effet qu’un pied posé dans une fourmilière, et cela est aussi mêlé de la pensée ironique du désarroi, que ça va mettre dans la hiérarchie maritime, cette anomalie d’un lieutenant de vaisseau, académicien.
Et voici donc, volontairement mêlées, pour ne point nous astreindre aux puérilités de palmarès, les savantes consultations reçues. […] Courte et claire, la réponse de notre aimable correspondant, le « chansonnier mystique » (comme il aime à s’appeler lui-même), dont les Chansons d’Amour et de Jeunesse volètent à toutes les lèvres : Cher ami, En art, toute révolution est bonne, pourvu que le génie s’en mêle.
Au théâtre, devant des spectateurs réunis en grand nombre et mêlés, l’effet de ce drame, à la fois si lugubre et si animé, est irrésistible ; l’âme est remuée dans ses dernières profondeurs, en même temps que l’imagination et les sens sont occupés et entraînés par un mouvement extérieur continu et rapide. […] Le pain et la bière qu’on leur livra avaient été mêlés du jus d’une baie extrêmement narcotique, en sorte que, s’en étant rassasiés avec avidité, ils tombèrent dans un sommeil dont il fut impossible de les tirer. […] Shakspeare excelle à voir les sentiments humains tels qu’ils se présentent, tels qu’ils sont réellement dans la nature, sans préméditation, sans travail de l’homme sur lui-même, naïfs et impétueux, mêlés de bien et de mal, d’instincts vulgaires et d’élans sublimes, comme l’est l’âme humaine dans son état primitif et spontané. […] Exemple et organe à la fois de la colère céleste, Marguerite, par les cris de sa douleur, appelle sans cesse la vengeance sur ceux qui ont commis tant de forfaits, sur ceux même qui en ont profité ; c’est elle qui leur apparaît quand cette vengeance les a atteints ; son nom se mêle à l’effroi de leurs derniers moments, c’est sous sa malédiction qu’ils croient succomber autant que sous les coups de Richard, sacrificateur du temple sanglant dont Marguerite est la sibylle, et qui lui-même tombera, dernière victime de l’holocauste, emportant avec lui tous les crimes qu’il a vengés et tous ceux qu’il a commis.
Renée dans sa jeunesse a eu ses Heures de poésie 60, il a eu son hymne À la beauté idéale, il s’est mêlé en fidèle au cortège d’André Chénier ; il a connu intimement, il a aimé et apprécié Maurice de Guérin, ce poète du Centaure, qui promettait à l’art un génie original.
A cette époque et avant que la politique s’en mêlât, elle et son frère, et cette jeune cabale, déjà décidée à l’être, ne songeaient encore, est-il dit158, qu’à faire briller leur esprit dans des conversations galantes et enjouées, qu’à commenter et raffiner à perte de vue sur les délicatesses du cœur.
La voici : Il existait un homme naturel, on a introduit au dedans de cet homme un homme artificiel, et il s’est élevé dans la caverne une guerre civile qui dure toute la vie… Si vous vous proposez d’être son tyran…, empoisonnez-le de votre mieux d’une morale contraire à la nature, faites-lui des entraves de toute espèce, embarrassez ses mouvements de mille obstacles ; attachez-lui des fantômes qui l’effrayent… Le voulez-vous heureux et libre, ne vous mêlez pas de ses affaires… Et demeurez à jamais convaincu que ce n’est pas pour vous, mais pour eux que ces sages législateurs vous ont pétri et maniéré comme vous l’êtes.
De ces livres, quelques-uns sont exclusivement réservés aux érudits hellénistes ; d’autres contiennent, à côté des textes grecs, des commentaires anecdotiques qui mêlent avec grâce et naïveté l’homme au mot, et qui révèlent les mœurs des peuples par une leçon sur leur idiome.
Socrate en fut la victime ; mais Platon, ce saint Paul du spiritualisme grec, mêla à la sublime doctrine de son maître tant de sophismes, tant de puérilités, tant de chimères et tant de dépravations d’idées, de lois, de mœurs, que cette pure philosophie socratique en fut viciée presque dans sa source, et qu’en se sanctifiant avec Socrate, on craint toujours de se corrompre avec Platon.
D’un côté, une tendre admiration mêlée de pitié pour le génie d’un grand poète, qui était en même temps le plus beau et le plus héroïque des jeunes courtisans de la maison d’Este ; une reconnaissance chevaleresque et poétique de l’autre côté pour une femme accomplie, que son rang et sa piété élevaient au-dessus des soupçons : voilà les seuls rapports que l’histoire sérieuse puisse constater entre Léonora et le Tasse.
Tout ce qu’il y a de plus immortel en lui, comme talent et comme caractère, date de Ferney, à l’exception de Zaïre et de Mérope ; mais le Siècle de Louis XIV, le Dictionnaire philosophique, l’Essai sur l’histoire et sur les mœurs des nations, cette véritable histoire universelle en fragments retrouvés sous des ruines, l’Orphelin de la Chine, Tancrède, les romans philosophiques, les contes en prose et en vers, les articles improvisés pour l’Encyclopédie, les épîtres horatiennes, les satires légères sans modèle dans l’antiquité, les stances reposées comme une eau limpide dans une coupe d’or, les lettres familières, où le vers accidentel se mêle involontairement à la prose comme l’écume pétillante au vin généreux sur les bords du verre, les Commentaires sur Corneille et Racine, la Correspondance enfin, cette véritable encyclopédie du cœur, de l’âme, de l’esprit, du bon sens, de l’amitié, du charme, des passions de ce grand homme universel, tout cela date du bord du Léman, tout cela est le fruit de ce qu’on appelle la caducité dans les hommes vulgaires.
En vivant chrétiennement on risque infiniment peu, quelques années de plaisir mêlé, pour gagner l’infini, la joie éternelle.
Victor Wilder l’a faite : son texte est de signification beaucoup plus fidèle qu’on ne le croit généralement ; le principal, le terrible défaut est le manque de « style » : style d’opéra, style romantique, classique, parnassien, tout s’y mêle un peu ; les poèmes de M.
Le Figaro du 21 avril annonce officiellement la première de Lohengrin pour le samedi 23 ; fait un tableau encourageant des préparatifs ; donne la liste des gens inscrits pour la première, public bizarrement mêlé d’anciens wagnéristes connus, de quelques noms respectables, et de beaucoup d’inconnus, d’étrangers, de faux-mondains et de rastaquouères : d’où cette étrange première aux costume ; cérémonieux et vieille mode, si différente des grandes simples fêtes de Bayreuth !
La portion du beau Sexe qui se pique de Philosophie, c’est-à-dire, une douzaine de femmes passablement folles, précisément depuis qu’elles se mêlent de philosopher, ont crié & crient encore tous les jours à l'injustice, au blasphême.
Elles se mêlent, comme Dante, au chœur paisible des vieux poètes, sans crainte d’irriter ceux même qu’elles gourmandent.
Il se mêle à ces substantielles réalités des velléités philosophiques émouvantes.
Il y a des mots comiques où ce motif se retrouve à l’état de résonance lointaine, mêlé à une naïveté, sincère ou feinte, qui lui sert d’accompagnement.
Prendre des séries d’événements et les répéter dans un nouveau ton ou dans un nouveau milieu, ou les intervertir en leur conservant encore un sens, ou les mêler de manière que leurs significations respectives interfèrent entre elles, cela est comique, disions-nous, parce que c’est obtenir de la vie qu’elle se laisse traiter mécaniquement.
Chose inouïe dans ce siècle, il imagine le physique, comme Victor Hugo ; sans métaphore, ses portraits sont des portraits : « Harlay était un petit homme, vigoureux et maigre, un visage en losange, un nez grand et aquilin, des yeux beaux, parlants, perçants, qui ne regardaient qu’à la dérobée, mais qui, fixés sur un client ou sur un magistrat, étaient pour le faire rentrer en terre ; un habit peu ample, un rabat presque d’ecclésiastique, et des manchettes plates comme eux, une perruque fort brune et fort mêlée de blanc, touffue mais courte, avec une grande calotte par-dessus.
Notice Albert Thibaudet ne se dissimulait pas, mais s’exagérait plutôt, les difficultés et la part d’arbitraire, que comporte un classement par générations : d’où vient, sans doute, qu’il n’a pas écrit moins de trois à quatre fois certains chapitres de cette Histoire ; tantôt faisant varier la durée des générations de base, tantôt essayant, d’une génération à l’autre, de nouveaux recoupements ; et dans tous les cas, laissant mêlés dans ses papiers et confondus page à page les divers états d’un même chapitre. […] Historiquement, et dans le panorama littéraire du siècle, le mouvement romantique, le romantisme du mouvement, couplé d’ailleurs avec une littérature de la résistance, laisse, comme Custine le prévoyait, mêlés à la vie de l’esprit et des lettres, des éléments durables encore actuels. […] Il écrivit sa Chute d’un Ange avec la Fin de Satan et Dieu, il devint le poète épique de la Légende des siècles, reprit les Misères pour en tirer les dix volumes des Misérables, se divertit dans les Chansons des rues et des bois en répandant parmi les étoiles les gaillardises de Béranger, écrivit le roman de l’Océan avec les Travailleurs de la mer, le conte fantastique démesuré de l’Homme qui rit, se fit une vie puissante, prestigieuse, de prophète dans une île où se mêlaient les images de Patmos, de Sainte-Hélène, du Grand Bey. […] Cette souveraineté du monologue est d’autant plus frappante qu’elle est juxtaposée sans s’y mêler à une personnalité commune et dialoguante, celle d’un homme d’esprit, d’un homme du monde parfait, d’un causeur charmant, d’un ami attentif et généreux, d’un fils admirable, d’un père affectueux, d’un amant aussi délicat que tendre.
Ils s’étaient mêlés avec un égal empressement aux détracteurs les plus acharnés de L’École des femmes. […] La Reine assista à ces exercices, mais cette machine étonnante lui causa une surprise mêlée d’effroi. […] qui faisait entendre aux philosophes qu’il était connaisseur dans cette matière ; mais il eut la prudence de ne se point mêler dans une conversation aussi échauffée, surtout avec des gens qui ne paraissaient pas ménager leur adversaire. […] Robinet nous apprend, dans sa Lettre du 11 juin, que ce retard du Sicilien, lequel du reste n’attira pas la foule, fut occasionné par une crise survenue à l’auteur acteur, dont une toux invétérée avait délabré la poitrine : Depuis hier pareillement On a pour divertissement Le Sicilien, que Molière, Avec sa charmante manière, Mêla dans le Ballet du Roi, Et qu’on admire, sur ma foi. […] Quelques injures qu’on puisse dire à un innocent, on craint de le défendre lorsque la religion y est mêlée ; l’imposteur est toujours à couvert sous ce voile, l’innocent toujours opprimé, et la vérité toujours cachée.
Le talent de Béranger, mêlé activement à la lutte des partis politiques, est toujours demeuré étranger à la lutte des partis littéraires. […] Aucun de ces personnages n’a été mêlé à sa vie ; il les a vus, il les a regardés, il s’en souvient, il nous les montre, et la pleine connaissance du milieu où il a vécu n’ajoute rien à ce que vous savez de sa nature, car il a pris soin de la poser d’avance comme prédestinée. […] Si les sens parlent haut dans ce cantique amoureux, ils ne parlent pas seuls ; l’idéal se mêle aux peintures les plus séduisantes de la beauté visible, et la présence permanente de l’idéal donne à toutes les strophes une grandeur, une sérénité que la passion purement sensuelle n’atteindra jamais. […] Littérature et Philosophie mêlées .
Son domaine propre étant l’esprit, elle voudrait saisir dans les choses, même matérielles, leur participation à la spiritualité, — nous dirions à la divinité, si nous ne savions tout ce qui se mêle encore d’humain à notre conscience, même épurée et spiritualisée. […] Rien n’empêcherait d’autres mondes, correspondant à un autre choix, d’exister avec lui, dans le même lieu et le même temps : c’est ainsi que vingt postes d’émission différents lancent simultanément vingt concerts différents, qui coexistent sans qu’aucun d’eux mêle ses sons à la musique de l’autre, chacun étant entendu tout entier, et seul entendu, dans l’appareil qui a choisi pour la réception la longueur d’onde du poste d’émission. […] Mais on n’admettrait pas qu’un homme simplement intelligent se mêlât de trancher les questions scientifiques, alors que l’intelligence précisée en science devient esprit mathématique, physique, biologique, et substitue aux mots des signes mieux appropriés. […] Si nous la découpons en notes distinctes, en autant d’« avant » et d’« après » qu’il nous plaît, c’est que nous y mêlons des images spatiales et que nous imprégnons la succession de simultanéité : dans l’espace, et dans l’espace seulement, il y a distinction nette de parties extérieures les unes aux autres. […] Pour choisir un exemple plus frappant, un cas où la notation est plus complètement symbolique, supposons qu’on me présente, mêlées au hasard, les lettres qui entrent dans la composition d’un poème que j’ignore.
Il me faisait l’effet de Robinson Crusoé lorsqu’il veut faire des vases de terre à l’épreuve du feu, et qu’il s’aperçoit tout-à-coup que le vernis leur est venu à force de chaleur, par la fonte du gravier qui était mêlé à l’argile et qui a sué à travers les pores : c’est ainsi qu’un jour le vernis s’est trouvé venu à son style et à sa parole par l’excès de chaleur qu’il y mettait. » — En effet, en 1829, on disait du style de Guizot qu’il était pâteux. […] CII Le baron Charles Dupin : — Ni chair, ni poisson ; un savant ou demi-savant qui, depuis près de cinquante ans, parle de tout, se mêle de tout, rabâche de tout, et qui ne sait pas une seule chose à fond ni tout à fait bien, avec précision et supériorité82.
Insistons-y, car c’est une singularité qui situe Mérimée à part, comme Stendhal, dans la phalange romantique à laquelle ils se mêlent par ailleurs. […] Cette dualité qu’il a reconnue en lui, et dans laquelle il s’est complu, l’abus d’une part de l’esprit d’analyse, et, de l’autre, l’appétit de l’émotion forte, le goût de sentir et le besoin de se regarder sentir, n’est-ce pas un des caractères pathétiques de beaucoup de nos contemporains et tout simplement une des formes du conflit qui s’établit, dans les sociétés très raffinées, entre la pensée toujours plus consciente et les énergies de la vie toutes mêlées d’inconscience ? […] La dispersion est venue, enfin la mort, et de cette longue et tragique aventure, rien n’est resté que des noms, répétés dans des récits tout mêlés d’admiration et de terreur, de raillerie et de pitié. […] Nous avons une bonne année devant les mains. » Tous ceux qui l’ont approché à cette époque, comprendront que vous ayez écrit : « Pénétrer dans son âme, mêler mes idées aux siennes, fut une des joies les plus profondes qu’il m’ait été donné d’éprouver. » Tannery, qui est mort en 1910, professeur à la Sorbonne et sous-directeur des études à l’École normale, fut l’homme d’un très petit nombre d’œuvres. […] Jetez-le, pendant des mois, au plein d’une mêlée comme l’humanité n’en a pas connu.
Puis, le climat se refroidit et voici, avec les « langues de chat » de Saint-Acheul, le rhinocéros laineux et bientôt le mammouth ; le froid augmente encore et voici, avec le renne, sa preuve, les élégants silex lancéolés des fabriques moustériennes, puis les « feuilles de laurier » de Solutré et enfin la civilisation magdalénienne, où les outils de pierre taillée se mêlent aux bois et aux ivoires sculptés ou gravés, aux jaspes travaillés, aux menus instruments du ménage, perçoirs, aiguilles en os avec chas, bibelots sculptés, telle cette petite femme nue en stéatite trouvée près de Menton. […] Voyez tout le reste, maintenant : broyer ces grains et les réduire en une farine, même très grossière, y mêler de l’eau, pétrir une pâte et la faire cuire, non au feu, mais, exactement comme aujourd’hui, sur une pierre chauffée au feu. […] Si le cuivre, qui se trouve à l’état natif, a été travaillé d’abord, il est certain qu’on ne tarda pas à y mêler l’étain qui le durcissait ; et si le fer a été connu presque aussitôt, il n’est pas moins certain qu’il a été délaissé pour le bronze. […] Après avoir donné la vie, la rivière a deux manières de mourir ; elle se répand dans le sein d’une plus grande rivière ou bien s’en va tout droit se mêler à la mer ; la mer est le grand cimetière de toutes les rivières, des plus petites et des plus grandes.
Cependant sur le fleuve lui-même, du côté du couchant, on voit se lever une forêt inextricable de mâtures, de vergues et de câbles ; ce sont les navires qui se déchargent, accrochés, mêlés parmi les cheminées des maisons, parmi les poulies des magasins, parmi les grues, les cabestans et tout l’attirail du labeur incessant et gigantesque.
Dans cette pénombre obscure et blafarde où il rampait, chaque fois qu’il tournait le cou et qu’il essayait d’élever son regard, il voyait avec une terreur mêlée de rage s’échafauder, s’étager et monter à perte de vue au-dessus de lui, avec ses escarpements horribles, une sorte d’entassement effrayant de choses, de lois, de préjugés, d’hommes et de faits, dont les contours lui échappaient, dont la masse l’épouvantait, et qui n’était autre chose que cette prodigieuse pyramide que nous appelons la civilisation.
Quand je revenais à l’aube du jour prier Dieu sous ces arbres, la porte de la tour s’ouvrait doucement, et la voix de ma sœur se mêlait insensiblement à la mienne.
Nombre de comédiens393 se mêlent d’écrire, et l’ont prédominer dans leurs œuvres, selon la tradition offerte parle répertoire qu’ils jouaient ordinairement, l’intrigue à surprises et la bouffonnerie haute en couleur.
Son père, savant de mérite, s’était mêlé personnellement aux discussions de Descartes avec Fermat et Roberval, et Pascal n’en avait pas ignoré l’objet.
Indépendamment de tout système, excepté celui qui prêche dogmatiquement le néant, le tombeau a sa poésie, et peut-être cette poésie n’est-elle jamais plus touchante que quand un doute involontaire vient se mêler à la certitude que le cœur porte en lui-même, comme pour tempérer ce que l’affirmation dogmatique peut avoir de trop prosaïque.
Il mêle la connaissance musicale à la pensée ésotérique sans tomber dans les travers fantasques de Péladan.
Cette représentation d’objets se mêle toujours à l’affection du plaisir ou de la douleur, ainsi qu’à la volonté.
Elle retrace enfin avec des souvenirs bien personnels et vécus — l’expression est acceptée aujourd’hui — des sentiments qui ont le mérite de représenter rigoureusement, à la scène, les sentiments humains et contradictoires de deux hommes d’âge différent, confondus et mêlés dans une même existence.