On aurait dévoré sa jeunesse en quelques semaines de curiosité passionnée. […] Madame Récamier n’y perd pas, et M. de Chateaubriand y gagne ; on voit combien l’une était digne d’être aimée, indépendamment de sa beauté déjà pâlie ; on voit combien l’autre sut aimer, indépendamment de sa jeunesse morte et du désintéressement de toute espérance. […] XXXIV Celui de madame Récamier était, par la nature neutre des affaires de son mari, accessible à toute cette jeunesse ; un banquier est l’homme de toutes les nations et de tous les partis ; tout le monde a besoin de lui et il prospère de ses relations avec tout le monde. […] On se précipitait à l’envi dans cette société ; les principaux courtisans du château de Clichy, qu’elle habitait pendant les mois de fête de l’année, étaient des hommes de lettres sauvés du naufrage, tels que La Harpe, Lémontey, Legouvé, Dupaty ; des hommes de politique, tels que Barrère, Regnaud de Saint-Jean d’Angély, Lucien Bonaparte, Fouché, Masséna, Bernadotte, Moreau, Camille Jordan, le jeune Beauharnais ; des hommes de monarchie, tels que les deux Montmorency (Matthieu et Adrien), le duc de Guignes, le comte de Narbonne, M. de Lamoignon, fleur d’aristocratie de naissance qui ne craignait pas de se mésallier parmi les adorateurs de l’aristocratie du cœur, la jeunesse, la grâce et la pureté : cette reine de dix-huit ans régissait cette cour si diverse avec un sourire.
Je puis dire qu’après le trépas de mon frère, — alors que j’étais presque enfant, — la mort de la princesse Ruspoli fut pour ma jeunesse et pour mon âge mûr la première de toutes les pertes si cruelles que j’eus à déplorer par la suite. […] Il en donna le commandement au général Caprosa, employé alors au service de l’Autriche, et nomma une commission militaire, à la tête de laquelle il éleva Consalvi, malgré sa jeunesse : il n’avait alors que trente-cinq ans. […] « Il se chargea donc avec joie de la négociation, et, ne doutant pas de son omnipotence près des siens, il craignit plutôt que la jeunesse de Chiaramonti et ses autres obstacles extrinsèques lui fissent tort près de plusieurs cardinaux de son parti. […] Il ajouta qu’il redoutait toutefois beaucoup ces obstacles, et en particulier la jeunesse de Chiaramonti, et que peut-être ils auraient trop de force auprès de beaucoup d’électeurs, surtout quand ces électeurs réfléchiraient que Chiaramonti devait succéder à un Pape qui avait si longtemps régné.
Il nous entretient d’une création qui a fort occupé sa jeunesse, aussi bien que quelques-uns de ses amis, et surtout son intime, Poitevin, un camarade de collège qu’il nous peint comme un métaphysicien très fort, une nature un peu sèche, mais d’une élévation d’idées extraordinaire. […] * * * — Mon cousin me contait que dans une maison de Jeu, au 36 de la rue Dauphine, il avait vu, dans sa jeunesse, un homme après avoir perdu une grosse somme, dans une contraction nerveuse, chiffonner son chapeau de feutre comme un linge, se moucher dedans, et le mettre dans sa poche. […] 29 novembre À propos d’un croquis de Mme Hercule, le modèle de femme, célèbre par ses histoires extravagantes, Gavarni revient sur sa jeunesse, sur cette vie de noctambule qu’il affectionnait, sur ces nuits où il se trouvait avec Mlle Aimée et toute une bande de jeunes et honnêtes femmes au bois de Boulogne, dans le faubourg du Roule, à la campagne, sur ces parties qui n’avaient que le plaisir apporté par le rire fou de Mlle Aimée et les cocasseries de Chandellier. C’est étonnant, c’est particulier comme cette génération de 1830, comme cette société de Gavarni, qui n’était pas une exception, s’amusait de peu, et quelle ingénuité de la première jeunesse restait à ces hommes qui avaient très peu besoin du fouet et du charme irritant de l’orgie, et qui semblent avoir passé beaucoup de leur vie avec des bourgeoises très adultes ou mariées, nourrissant des tendresses secrètes pour eux.
Jeudi 25 mars Je disais aujourd’hui à Daudet, que son intimité m’avait donné une seconde jeunesse de l’esprit, qu’il était, après mon frère, le seul être contre l’esprit duquel, le mien aimait à battre le briquet. […] En prenant le café, Zola et Daudet causent des misères de leurs jeunesses. […] Quant à mon ancienne adorée, c’est une bien portante bourgeoise, aux yeux noirs d’Espagnole encore pleins de jeunesse, aux dents éclatantes, et portant joyeusement et gaillardement ses années. […] En résumé, un corps ayant conservé l’apparence de la jeunesse, ainsi que dans un resserrement, une constriction des tissus.
Il n’y a dans ce fait aucun symptôme de dépérissement de son génie ni de stérilité dans sa sève ; il y a, au contraire, le symptôme d’une soif d’infini et de merveilleux qui atteste la jeunesse d’imagination dans les peuples. […] Oui, quand on jette un regard sur les États de l’Europe moderne aujourd’hui, on se demande en vain où sont les hommes qu’ont vus nos pères ou que nous avons vus nous-même dans notre jeunesse ? […] Mais la Fontaine cependant, tout en corrompant la morale de l’enfance et les cœurs de la jeunesse, a bien mérité de la langue en lui restituant quelques-uns de ces tours gaulois qui sont les dates de son origine et les familiarités de son génie. […] Nous avons été injuste quelquefois envers cette langue dans notre jeunesse, en l’accusant d’être trop rebelle à la poésie et trop avare pour l’imagination.
Il serait à désirer pour sa mémoire que quelques-uns de ceux qu’on connaît, et qui ont été imputés à sa jeunesse, ne fussent point de lui. […] Il n’y a plus, à proprement parler, de lats, de ces fats transcendants, qui primaient dans la société, donnaient des lois sur la parure et les modes, qui subjuguaient les femmes et en imposaient aux hommes par l’audace et les succès, et dont la jeunesse s’empressait de copier les manières et d’imiter le ton.
Qu’il les termine enfin à son honneur, et alors sa saison d’Italie, sa période de lutte, d’illusion, de jeunesse et de conquête sera close : l’homme du Nord, l’homme de famille reparaîtra et se donnera une satisfaction trop différée ; il s’en retournera volontiers vivre dans ses montagnes avec son frère et ses sœurs : il y découvrira une Suisse pittoresque peut-être ; il s’y nourrira d’affections paisibles. […] il semble qu’on n’a plus rien à y mettre, et qu’il est fermé aux sentiments qui donnent tant de jouissances à la jeunesse. » Il résistait à l’égoïsme et à ce goût de jouissances positives qui prend certaines natures, même distinguées, dans la seconde partie de la vie : « Une vie matérielle qui peut convenir à beaucoup n’a jamais pu m’accommoder ; et, à présent que pour nous elle pourrait remplacer celle des illusions, il est impossible qu’elle me satisfasse assez pour me donner du plaisir d’être habitant de la terre. » C’est ainsi qu’il parlait à ses amis Schnetz ou Navez ; mais avec M.
Un homme plus jeune, sorti comme Ginguené de la philosophie du xviiie siècle, et qui tenait par ses habitudes premières à la société d’Auteuil, Fauriel était destiné à opérer ce changement profond dans le goût, je ne dirai pas du public, mais de tous les littérateurs instruits et de la portion la plus éclairée de la jeunesse française. […] Villemain étaient comme un nuage électrique et coloré qui passait sur les têtes de la jeunesse.
Ajoutons aussi que Chateaubriand, malgré une éducation classique très incomplète, avait su dans les solitaires études de sa jeunesse revenir directement et mordre tant bien que mal au texte d’Homère ; il en avait ressaisi, pour les reproduire, l’esprit, la grandeur, ou même le charme, autant qu’on le peut sans la simplicité. […] Il est revenu à la paraphrase, et c’est à son aise qu’il rejoint son modèle, qu’il le développe et le transforme, sans lutte, sans paraître y viser ; Il soupire en repos l’ennui de sa vieillesse Dans ce même foyer où sa tendre jeunesse A vu dans le berceau ses bras emmaillottés·.
Cette heureuse modification qui tempérait la rigidité, devenue impossible, de Calvin, et qui mettait Genève plus en accord avec l’air extérieur, fut, en grande partie, due à un ministre et prédicateur, Alphonse Turretin, lequel avait beaucoup voyagé dans sa jeunesse, avait visité Newton et Saint-Évremond à Londres, Bayle et Jurieu en Hollande, Bossuet, Fontenelle et Ninon à Paris, et qui, après bien des comparaisons de curieux, était revenu dans sa patrie, mitigé, modéré et tolérant. […] nous-même autrefois, en notre verte jeunesse, nous nous en sommes permis bien d’autres : Le premier qui se présente (entre les beaux esprits vivants) est leur poète célèbre, l’auteur des satires, qui balaye le Parnasse français et en chasse la foule des beaux esprits qui le sont à faux titre.
Il a obtenu dans sa première jeunesse le prix d’éloquence à l’Académie française pour l’Éloge de Bernardin de Saint-Pierre ; je ne vois pas qu’il ait même fait imprimer cet Éloge ; il n’en a donné qu’un court extrait sur Paul et Virginie. […] Entré à l’École normale au sortir d’études brillantes et où le tour bien français de son talent se marquait déjà, moins latin d’abord et bien moins grec que d’autres, il en vint sans trop d’effort, au bout d’un an, à être le premier de sa volée, comme on disait autrefois, et l’un des princes, unanimement reconnus, de sa génération de jeunesse.
La résistance le mettait en fureur : c’est ce dont j’ai été souvent témoin dans sa première jeunesse. […] Rassemblez en idée toutes les fameuses éducations royales : je ne sais comment s’y prenait Aristote pour dompter et diriger, tout en l’enflammant, la jeunesse tumultueuse et l’âme affamée de gloire d’un Alexandre.
Armand Lefebvre, qui devait être cet historien, se trouvait donc, selon une expression heureuse3, voué et comme promis dès sa première jeunesse à la carrière diplomatique. […] En classant les notes innombrables que le jeune attaché avait recueillies dès ce temps dans la mine inépuisable des Archives, son digne fils (car on est dans cette famille à la troisième génération diplomatique) me faisait remarquer combien la jeunesse de son père avait été laborieuse, et avec quel soin il s’était appliqué, pour mieux comprendre l’Europe moderne, à étudier jusque dans ses plus minutieux détails et aux sources les plus authentiques l’Europe du xviiie siècle, celle du cardinal de Fleury, de Marie-Thérèse, de Frédéric le Grand, du duc de Choiseul.
Le comte de Gisors nous montre en action ce même modèle, ce parfait exemple d’une jeunesse sérieuse, appliquée, tournée au bien. […] Frédéric, dans une lettre à l’abbé de Prades, avait dit peu de jours après son arrivée à Berlin : « Écrivez en lettres d’or qu’il est arrivé ici un jeune seigneur français, rempli d’esprit, de bon sens et de politesse. » À son départ pour la Suède, c’était le prince Henri qui écrivait à M. de Gisors en manière d’adieu : « Unir à la jeunesse le caractère et les talents, c’est être né avec des qualités rares ; les perfectionner, les embellir et les rendre utiles, mérite l’admiration de tout le monde.
On partait chaque printemps ; chaque fleur de génération, chaque élite nouvelle s’envolait à son tour à travers le monde et par les vastes espaces de la terre habitable, comme disait Homère : on allait tout droit devant soi, au hasard, à la découverte, selon les versants et les pentes, à la rencontre d’un meilleur climat, d’un plus beau soleil, en quête des terres fécondes, des moissons et des vignes là où il y en avait ; on avait pour droit sa passion, sa jeunesse, l’impossibilité de vivre où l’on était, — le droit du plus jeune, du plus fort, du plus sobre, sur les races voluptueuses et amollies. […] Ceux qui ont connu Jomini dans sa jeunesse nous le dépeignent comme un caractère vif, chaleureux, un peu susceptible, un peu cassant.
Cette fièvre d’audace et de propre bonheur, cette ébullition, ce rien qu’on appelle la jeunesse se passe, et l’attaquant, s’il a quelque valeur et s’il cherche dans la société toute la place à laquelle il peut prétendre, commence un jour à lorgner de loin l’Académie. […] Ce fut un moment unique pour tous ; que n’était-ce pas pour ceux qui y arrivaient dans le flot montant et l’aurore de leur propre jeunesse !
Une première acclamation l’avait désigné le poëte de la jeunesse, et, comme avec des qualités éminentes il n’a pas toutes celles que ce type impose, sa rapide popularité a dû par degrés faiblir. […] Hâtons-nous d’effacer et de couvrir, par cette éclatante citation, les taches nombreuses qu’il nous a coûté de relever si sévèrement : Et toi qu’on veut flétrir, Jeunesse ardente et pure De guerriers, d’orateurs, toi, généreux Essaim, Qui sens fermenter dans ton sein Les germes dévorants de ta gloire future, Penché sur le cercueil que tes bras ont porté, De ta reconnaissance offre l’exemple au monde : Honorer la vertu, c’est la rendre féconde, Et la vertu produit la liberté.
Aussi de curieuses tendances s’indiquent-elles dans la jeunesse : après plusieurs générations de savants et de struggle-for-lifers, nous avons vu paraître des générations en qui le culte de la science n’est pas amoindri sans doute, et qui ne professent pas non plus le hautain renoncement, mais qui ont enfin, au moins dans l’imagination, par saillies d’intention, par bouffées de bonne volonté, la religion de la morale. […] Et il a rejeté Shakespeare, qu’en sa téméraire jeunesse il avait presque accepté.
Moréas avait gardé pour la littérature anglaise l’éblouissement de sa jeunesse et son admiration rejaillissait sur l’ensemble du peuple insulaire. […] C’était La Jeunesse qui nous avait aperçus du fond du café aux glaces ouvertes.
Ce Ducis, auteur dramatique, qui fut très contesté en son temps, mais qui réussit, somme toute, en dépit des résistances de Le Kain, des impatiences de Voltaire, des rudesses de Geoffroy, ce Ducis, qui fit couler bien des larmes sous Louis XVI, et que Talma, dans notre jeunesse, nous a ressuscité parfois avec génie, est aujourd’hui mort, ou à peu près mort ; et, s’il n’y avait que ce côté-là en lui, nous ne viendrions pas le tirer de ses limbes. […] Dès sa jeunesse, au milieu de ses travaux dramatiques, il avait un livre secret dans lequel il écrivait tout son examen de conscience, ses sujets de confession et de scrupule devant Dieu ; ce registre avait pour titre : Ma grande affaire, c’est-à-dire l’affaire du salut.
De la sorte l’humanité historique tout entière parvient à composer un seul et même être, un être dont la jeunesse est illimitée puisqu’elle se retrempe dans la jeunesse individuelle de chaque génération naissante, un être aussi dont la mémoire et l’expérience vont s’enrichissant sans cesse.
Je l’ai déja dit, les livres qui firent l’occupation de notre jeunesse, la vrai-semblance qu’on trouve à voir un heros secouru par les dieux qu’il adoroit, nous mettent en disposition de nous prêter sans aucune peine à la fiction. à force d’entendre parler durant notre enfance des amours de Jupiter et des passions des autres dieux, nous sommes en habitude de les regarder comme des êtres qui auroient autrefois existé, étant sujets à des passions du même genre que les nôtres. […] Le heros durant sa jeunesse s’étoit trouvé lié d’interêt avec les ennemis de l’état, et il avoit fait une partie de ses belles actions quand il ne portoit pas les armes pour sa patrie.
La jeunesse de Mme de Longueville, p. 199. […] La jeunesse de Mme de Longueville, p. 67, 62, 361, 166.
La jeunesse de Mme de Longueville, p. 140. […] La jeunesse de Mme de Longueville, p. 265, 81.
Court de Gébelin, Olavidès, d’Eprémesnil, de Jaucourt, de Chastellux, de Choiseul-Gouffier, de La Fayette, et de bien d’autres encore, on croirait vraiment, ceci soit dit sans reproche, qu’en dépit des railleries des incrédules et même des siennes propres, M. de Ségur n’est pas complètement revenu de ce péché de jeunesse, et que son ancienne foi magnétique, non moins que sa foi politique, a résisté à la mode des conversions.
On sort de son œuvre comme d’un bain de jeunesse et de santé, plus vaillant, meilleur, presque en confiance avec cette compagne si peu sûre qui s’appelle l’humaine destinée.
Elle devient laurier, plante qui conserve sa verdure en se renouvelant par ses légitimes rejetons, et jouit ainsi que son divin amant d’une éternelle jeunesse.
Si notre jeunesse littéraire était telle, qu’elle veut paraître présentement, il faudrait, suivant l’expression de Talleyrand, la ramasser à la cuillère. […] Jules Case y a mis tout ce que sa véritable jeunesse avait de foi et d’observation. […] Le pauvre René se révolte au nom de son amour, de son honnête jeunesse ; dans son indignation, il va jusqu’à lever la main sur l’infâme et court s’enfermer pour se tuer. […] cette enfant éperdue à ses pieds, cette odeur de jeunesse qui s’exhalait de sa nuque ployée devant lui ! […] Celle dont le souvenir le torturait depuis vingt ans de pénitence, avait cette jeunesse odorante, ce col d’une fierté et d’une grâce de lis.
Les contradictions mêmes de sa pensée lui ont servi de méthode pour découvrir et mettre en lumière certaines idées sur l’amour, sur la jeunesse contemporaine et sur la nostalgie mystique particulière à notre siècle. […] Ce vulgaire modèle, sans autre pouvoir que l’instinct féminin, finit par briser chez son amant même cette foi dans l’art qui avait été le noble roman de sa jeunesse. […] Toute sa jeunesse s’est écoulée parmi des réflexions et des raisonnements. […] Voilà ce qui distingue Tourguéniev des écrivains de notre race : cette jeunesse de la sensation qui lui venait de son sang, de son existence aussi, de ses goûts de chasseur. […] Cette même jeunesse du tempérament et de la race a préservé Tourguéniev de l’insignifiance, écueil redoutable pour les romanciers qui veulent peindre l’humanité par des personnages moyens.
Frappé de la valeur nationale que représentent chez nous les grandes écoles scientifiques, il entreprit une campagne d’emprise à la fois intellectuelle et personnelle sur la jeunesse de ces écoles. […] Boulevard Saint-Germain, peu de personnes étaient admises à lui prendre un peu de ce temps dont il faisait, à cinquante ans, un aussi fervent usage qu’aux jours de sa jeunesse studieuse. […] Elles nous prouvent trop que nous n’avons plus les puissances d’enthousiasme de notre jeunesse, en même temps qu’elles portent atteinte à des souvenirs où nous ne pourrons plus nous attarder aussi complaisamment. […] Pour ce qui me concerne, il remonte en moi cet intérêt aux premiers jours de ma jeunesse. […] Tel nous l’avons connu à la fin de son existence, tel il se révèle dans cette correspondance de jeunesse qu’anime une seule ambition : servir la France.
Heureusement qu’il ne m’a pas manqué des juges bienveillants pour estimer que j’ai racheté le défaut de mes écrits de jeunesse par quelque mérite de sobriété dans les écrits de mon âge mûr. […] Pourquoi, par exemple, tout ce travail d’équivalents pour donner un faux air de jeunesse et de nouveauté aux vieilles choses qu’on va lire ? […] Rien n’est plus pénible que le dépaysement d’un disciple de la tradition classique au milieu des écrits de sa jeunesse. […] Sa loi est de vivre, n’importe comment, et non pas de se mettre sur les bras une jeunesse nourrie d’études fortes et de croyances. […] C’est l’empressement toujours croissant de la jeunesse aux cours de la Sorbonne.
Donc, tout cela, qu’on a voulu, en cette levée récente, nous faire croire la « jeunesse littéraire », qu’est-ce ? […] La vraie jeunesse, la voilà, en poésie. […] S’il eût vécu, aujourd’hui ce serait l’incontesté maître de la jeunesse ; il est notre adoré frère aîné. […] Oui, je pense qu’ils gâchent leur temps, leur jeunesse à faire des choses qu’ils brûleront dans quelques années. […] voyez-vous, il ne faut jamais rire d’un jeune, la jeunesse c’est sacré.
« Aimé Piron, dit un biographe bien informé79, avait un grand esprit de prévoyance, et, voulant connaître à fond le caractère de ses trois fils dans leur jeunesse, il les enivra un jour. […] On a publié, dans ces derniers temps81, des vers et des lettres de Piron datant de sa première jeunesse ; il était amoureux d’une sienne cousine et soupirait pour elle sous le nom de Lysis ; il chantait les beautés d’Amaryllis et se plaignait de ses rigueurs. […] Piron, sentimental et langoureux, n’était pas encore lui-même ; en donnant dans l’idylle et dans l’élégie, à la suite de Segrais ou de Mme de La Suze, il payait le tribut que toute première jeunesse doit à l’imitation. […] Louis XV, dit-on, à qui l’évêque Boyer porta la fameuse Ode qui était le péché de jeunesse de Piron, fit l’ignorant et se donna le plaisir d’en faire réciter au prélat les premiers vers. […] » Et moi je dis : Quand on en est là, quand on voit le monde si fou, si bête, si perdu, si à l’envers ; quand, après avoir passé sa jeunesse à respecter très-médiocrement le goût et les mœurs, on se fait tout d’un coup le champion déclaré du goût et des mœurs ; quand, après avoir composé tant de farces bonnes ou mauvaises pour les boulevards, on crie contre le genre des boulevards ; quand, après avoir fait parler Arlequin et Polichinelle, on s’en prend de tout le mal à Polichinelle et à Arlequin ; quand on en est venu à regretter ses amusettes d’enfant et les ânes de Beaune, on n’a plus qu’une chose à faire, c’est de s’en aller.
Nous les y retrouverons à chaque pas, et nous les y retrouverons avec d’autant plus de charme que la langue merveilleuse dans laquelle Homère retrace la nature et l’homme avait alors sur sa palette, en apparence indigente et novice d’un peuple naissant, une transparence d’images, une fraîcheur de coloris, une naïveté de tours qui semblent associer dans les vers d’Homère l’enfance, la jeunesse, la maturité et la vieillesse d’un idiome. […] Si beau de jeunesse, prends donc pitié de mon désespoir ; reste ici sur la plate-forme de cette tour ; ne laisse pas ton épouse veuve, ton fils orphelin ! […] Et si on ajoute à cette admiration que cet interprète si intelligent, si fidèle et si éloquent, décrit, parle et chante dans une langue aussi divine et aussi harmonieuse que sa pensée ; si on ajoute que cette langue cadencée et transparente comme les vagues et comme l’éther dont il est entouré dans ses paroles rythmées, l’ordre logique des idées, le nœud puissant et serré du verbe qui relie en faisceau la phrase, la clarté du plein jour sous un soleil d’Orient, la force de l’expression, la délicatesse des nuances, la saillie du marbre, la vivacité des couleurs, la sonorité des armures d’airain dans le combat, des vagues de la mer dans les cavernes du rivage, le sifflement de la tempête dans les vergues et dans les voiles, le susurrement du zéphire dans les brins d’herbe ou dans les feuilles des forêts, enfin jusqu’aux plus imperceptibles palpitations du cœur dans la poitrine des hommes, on reste confondu, en présence d’un tel prodige d’expression, de tout ce que les sens perçoivent, de tout ce que l’âme sent et pense, et l’on se demande par quel étrange phénomène le plus ancien des poètes en est en même temps le plus parfait, par quel contresens apparent le génie poétique de la Grèce sort des ténèbres le chef-d’œuvre des chefs-d’œuvre à la main ; et on ne peut s’empêcher de se récrier sur le blasphème ou sur la cécité de ceux qui préconisent notre vieille jeunesse au détriment de cette jeune antiquité. […] cessez de calomnier cette verte jeunesse de l’esprit humain dans l’antiquité ! Respectez la jeunesse du monde, ou montrez-nous une langue et un vers supérieurs à une pareille langue et à de pareils vers.
Sa jeunesse, on le sait, a été fort pénible. […] En voici un échantillon : « Le roman sur l’art, dont Claude Lantier sera le héros — Si nous sommes bien renseignés, ce sera le récit de la jeunesse de M. […] Après les luttes de sa jeunesse, la tranquillité lui est chère ; peut-être pourtant regrette-t-il le temps où rien ne venait le distraire dans son travail, où le bruit de son nom ne lui attirait ni troubles, ni ennuis. […] Busnach dans les coulisses de l’Ambigu, un soir que l’on donnait La jeunesse de Louis XIV. […] Zola, c’est-à-dire un défenseur qui ne se ménage pas ; toute la jeunesse littéraire, c’est-à-dire l’avenir.
Car cela semble bien dans cette vue qu’elle gave la jeunesse et il semble bien aussi que cette vue ne soit plus absolument compatible avec le parti que cette jeunesse entend tirer de la vie. […] On parlait encore beaucoup de lui au temps de ma jeunesse. […] Cette gloire, qui ne se comprend plus bien, si on se met au seul point de vue littéraire, ne dura pas plus longtemps que sa première jeunesse et que son état de jeune fille. […] Je disais peu de chose, soit que je sois devenu plus indulgent, soit que je recherche dorénavant dans les œuvres littéraires des qualités différentes de celles qui enthousiasmaient ma jeunesse.
Sandeau d’avoir su plus qu’un autre s’y soustraire, y échapper ; il l’a presque félicité d’avoir su se préserver au milieu de la contagion, et d’avoir paru dès sa jeunesse à l’épreuve du feu, comme les trois enfants dans la fournaise.
Tout à fait libre alors, et prenant son grand vol, chantre adopté de la jeunesse et de la patrie, amoureux de ses gloires, attristé de ses deuils, la consolant par ses souvenirs et ses espérances, il ne voulut point d’autre rôle ; et, dans sa vieillesse, quand il vit s’accomplir plus d’événements qu’il n’en avait sans doute attendu, quand il se reconnut meilleur prophète encore qu’il ne l’avait pensé, il eut la sagesse, et de vouloir rester le même, le simple et grand chansonnier comme devant, et à la fois de ne point répudier les prodigieux résultats publics auxquels, pour sa part, il avait concouru.
Ce sont des fruits de ma jeunesse qui n’ont plus de goût ni pour moi, ni pour les autres.
Il est résulté de cette bizarre péripétie, à propos de flétris, que les républicains et les gens du mouvement sont, pour le quart d’heure, dans le sens et dans l’intérêt du parti légitimiste, et que la jeunesse des écoles, par exemple, est allée en corps faire visite à Chateaubriand, lui offrir compliments et hommages.
L’une épouse, l’autre fille d’un ministre, elles furent portées dans la vie publique, plutôt qu’elles ne s’y jetèrent ; élevées, l’une dans le recueillement des mœurs bourgeoises, et l’autre au bruit des discussions philosophiques, elles avaient contracté dès l’enfance de fortes et sérieuses habitudes d’esprit, qu’elles déployèrent dans l’occasion avec toute l’énergie de la jeunesse et de la vertu.
Parmi eux, celui que l’avenir distinguera sans doute avec le plus de compassion, parce que tous ses excès naquirent d’illusions de jeunesse, et que le dernier, le seul acte honorable de son parti se rattache surtout à son souvenir, c’est le rédacteur du Vieux Cordelier, Camille Desmoulins.
Bœrne une jeunesse naïve qu’on envie ; il est heureux d’admirer la France, de l’offrir en exemple à son pays.
Les premières œuvres de nos grands écrivains, quand ils les ont écrites en pleine jeunesse, sont rarement exemptes de rhétorique.
Ce volume de mélange inclut : un supplément à la première partie, armoricaine, des Souvenirs de jeunesse ; les relations du Dîner celtique, avec les allocutions prononcées à d’autres diners : chez les Félibres, à Bréhat, etc. ; des discours d’Académie (Réponse à M.
Il y a étudié les écrivains qui lui paraissent avoir fait passer le plus de leurs pensées et de leurs sentiments dans la jeunesse dont il faisait partie lui-même.