/ 2128
544. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 495-496

Dès sa jeunesse, l’érudition tenoit en lui du prodige.

545. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre III. Le théâtre est l’Église du diable » pp. 113-135

La chanson de la jeunesse et du printemps. […] Son front, où brillait cependant la majesté d’un dieu, portait une couronne de rubis cachés dans les fleurs, et si jeune, il avait déjà la teinte rubiconde des buveurs. » À sa suite heureuse, il entraînait les grâces, les élégances, les beautés, les jeux et les fêtes, mêlés aux plus douces odeurs. — Voilà un des tyrans de la jeunesse, et prenez garde, il enchante l’esprit pour le corrompre. […] Le beau remède, en effet, aux fêtes de l’amour et aux charmantes folies de la jeunesse, que de se mettre à se moquer et à rire. […] Mais à l’aspect de cette ingénue, de cette jeune fille riante, et de ces beaux yeux qui brillent si doucement, je me mets inévitablement à songer combien de méchants vers, combien d’horribles parodies, combien d’affreux quolibets, combien de sales équivoques deviendront la pâture quotidienne de cette jeunesse honnête et florissante !

546. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 359-360

Nous parlerons toujours avec estime de ceux qui, comme lui, se sont occupés avec succès de l’instruction de la Jeunesse.

547. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préface des « Chansons des rues et des bois » (1865) »

Le cœur de l’homme a un recto sur lequel est écrit Jeunesse, et un verso sur lequel est écrit Sagesse.

548. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Coppée, François (1842-1908) »

. — Toute une jeunesse (1890). — Le Petit Marquis (1891). — La Guerre de Cent Ans (1892). — Mon franc-parler (trois séries de 1893 à 1896). — Contes tout simples (1894). — Pour la Couronne (1895). — Le Coupable, roman (1897). — Les Vrais Riches (1898) […] Sa tête, presque toujours inclinée en avant, a en général une expression triste, que parfois éclaire et déchire, en dépit de tout, le confiant sourire de la jeunesse, et, pour dernier trait, j’ajouterais, si ce n’était abuser même des privilèges excessifs de l’hypothèse, qu’en le regardant silencieux, je songe irrésistiblement aux quatrains adressés en 1829 à Ulric G.

549. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVI. M. E. Forgues. Correspondance de Nelson, chez Charpentier » pp. 341-353

C’est sous le coup de ces découragements qu’on le vit retiré au prieuré de Burnham Thorpe, entre son père qu’il aima toujours et sa femme qu’il aimait encore, y passer des années entières de jeunesse, lui, l’éblouissant officier, fou de la gloire comme Charles XII, qui devait être le vainqueur d’Aboukir, de Copenhague et de Trafalgar, et qui, — détail piquant dans son contraste même !  […] Il s’agit, enfin, d’expliquer ou du moins d’éclairer ce mystère de contradiction humaine, de force et de faiblesse, de stoïcisme et d’infirmité, de beauté morale, aussi pure que puisse l’être la plus pure beauté, et de passion aussi fatale et aussi profonde qu’il put en exister jamais, dans un être à peine vivant par les organes, borgne, manchot, rapporté du feu en débris, indifférent, d’ailleurs, au destin de son corps dès sa jeunesse, mais si étrangement, si énergiquement vivant par l’âme, que dès cette vie, cette âme prodigieuse eût pu démontrer aux athées l’immortalité.

550. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Nelson »

C’est sous le coup de ces découragements qu’on le vit, retiré au prieuré de Burnham-Thorpe, entre son père, qu’il aima toujours, et sa femme, qu’il aimait encore, y passer des années entières de jeunesse, lui, l’éblouissant officier, fou de la gloire comme Charles XII, qui devait être le vainqueur d’Aboukir, de Copenhague et de Trafalgar, et qui — détail piquant dans son contraste même !  […] Il s’agit, enfin, d’expliquer ou du moins d’éclairer ce mystère de contradiction humaine, de force et de faiblesse, de stoïcisme et d’infirmité, de beauté morale aussi pure que puisse l’être la plus pure beauté et de passion aussi fatale et aussi profonde qu’il put en exister jamais, dans un être à peine vivant par les organes : borgne, manchot, rapporté du feu en débris, indifférent, d’ailleurs, au destin de son corps dès sa jeunesse, mais si étrangement, si énergiquement vivant par l’âme, que dès cette vie cette âme prodigieuse eût pu démontrer aux athées l’immortalité.

551. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Sophie Arnould »

J’ai admiré, au commencement de ce chapitre, qu’il ait conservé son bel éclat de vie et de jeunesse, — car les livres sont parfois plus heureux que les hommes, — mais si, à cet éclat de jeunesse et de vie qui n’a point pâli, M. 

552. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Henri Cantel »

Cantel a-t-il reçu pour l’y durcir, en l’y noyant, la frissonnante jeunesse de sa pensée ? […] D’un autre côté, malgré sa jeunesse, l’auteur d’Impressions et Visions ne s’est pas donné à l’antiquité tout entier.

553. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Jules Janin » pp. 159-171

Jules Janin n’a jamais été qu’une jeunesse. […] L’étonnement ne me vient pas de Ninon Janin : il ne me vient pas de ce que cette Ninon est toujours Janin, le Jules Janin du meilleur temps de sa jeunesse, mais bien de ce que, dans le rajeunissement de son être, l’auteur de cette Fin d’un Monde et du Neveu de Rameau fût positivement, littéralement un autre que lui ; c’est, enfin, que fils de Diderot, — tout le monde lui connaissait cette généalogie intellectuelle, — il fût devenu si subitement semblable à son père, qu’on peut dire maintenant de Diderot « Janin Ier », comme on peut dire de M. 

554. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Théophile Gautier. » pp. 295-308

L’amour-propre de l’homme a voulu tenir un engagement de jeunesse, et de toutes les conditions qui puissent être faites à l’inspiration, je n’en connais pas de plus triste. […] Même dans cette fameuse et coupable Mademoiselle de Maupin, ce sujet flétrissant, que l’auteur n’a peut-être abordé dans sa jeunesse que par amour de la difficulté vaincue, l’indécence, froide et maniérée sous le relief et le luxe des mots, manque de la vraie chaleur de la vie, et le danger d’un pareil livre vient bien moins de ce qu’on le lit que de ce qu’on le prend pour le lire.

555. (1912) Réflexions sur quelques poètes pp. 6-302

Le poète avait quitté l’âge de la première jeunesse ; deux lustres le séparaient déjà de son séjour studieux à Bologne et il connaissait maintenant les atteintes des passions. […] Ainsi à l’époque de son séjour à Rome, du Bellay sortait déjà de l’âge plus dispos, c’est-à-dire de la première jeunesse. […] Sa version des Odes anacréontiques est un ouvrage de sa jeunesse. […] Nourri dès sa première jeunesse à la Cour, Ronsard était habitué à veiller tard. […] Il fut joueur et dissipé dans sa jeunesse.

556. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 258

Les Belles-Lettres furent l’étude de sa jeunesse, & la Poésie latine fut, tout le temps de sa vie, l’objet de ses délassemens.

557. (1885) L’Art romantique

Sans doute il avait beaucoup aimé la femme aux heures agitées de sa jeunesse. […] Outre la beauté du diable, c’est-à-dire la grâce charmante et l’audace de la jeunesse, il contient le rire, et le meilleur rire. […] L’histoire de la jeunesse, sous le règne de Louis-Philippe, est une histoire de lieux de débauche et de restaurants. […] L’enfance et la jeunesse de Pierre Dupont ressemblent à l’enfance et à la jeunesse de tous les hommes destinés à devenir célèbres. […] Cependant ce n’était pas dans les pompes condamnables du théâtre que Rouvière devait d’abord abîmer sa jeunesse.

558. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1875 » pp. 172-248

Zola a commencé un des tableaux les plus noirs de sa jeunesse, des amertumes de sa vie de tous les jours, des injures qui lui sont adressées, de la suspicion où on le tient, de l’espèce de quarantaine faite autour de ses œuvres. […] M. d’Haussonville a fait entendre à Dumas qu’il était à peu près un rien du tout, que sa jeunesse s’était passée au milieu des hétaïres, qu’il n’avait pas le droit de parler de Corneille : une exécution, où se mêlait le mépris de sa littérature au mépris d’un grand seigneur pour un croquant. […] Il a eu une jeunesse fiévreuse, une jeunesse aimant les coups, les trimballements dans les milieux canaille, une jeunesse qui a longtemps gardé, selon son expression, les vagues retardataires, les dos de monstres de la mer après une tempête. […] Chez Flaubert, Tourguéneff nous traduit le Prométhée et nous analyse le Satyre : deux œuvres de la jeunesse de Goethe, deux imaginations de la plus haute envolée. […] Un jeune homme, dont la mère tenait un commerce de dentelles à Groslay, passe sa jeunesse toute entière à courir à cheval les villages des environs, à surveiller le travail des ouvrières, et à leur faire des enfants.

559. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 64-65

Ce Livre n’est pas tout-à-fait à la portée de la Jeunesse qu’on instruit dans les Colléges ; mais tout homme, accoutumé à concevoir & à réfléchir, y puisera de quoi s’instruire ; le Grammairien comme le Poëte, l’Orateur comme le Logicien, l’Historien comme le Philosophe.

560. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 69-70

Ses excellentes Grammaires font d’un grand secours, pour faciliter à la Jeunesse la connoissance du Grec & du Latin.

561. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 175

Une anecdote qui doit surprendre, c’est que ses Sermons, tous d’une froideur insupportable, ont été le fruit de sa jeunesse, & que ses Histoires, où respirent tant de vivacité, ont été composées dans un âge mur.

562. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 198

Les leçons de la Morale sont très-bien fondues avec les regles de la Littérature ; attention aussi nécessaire qu’utile, quand on veut instruire la Jeunesse.

563. (1826) Mélanges littéraires pp. 1-457

Les filles sont envoyées à l’école, dès leur plus tendre jeunesse. […] Car qui eût pu seulement penser que les années eussent dû manquer à une jeunesse qui semblait si vive ? […] puisses-tu savoir qu’il en est ainsi dans la jeunesse, lorsque nous poursuivons les chimères de la vie ! […] salut, vous dont les vers, pleins d’une douceur sublime, charmèrent mon enfance et instruisirent ma jeunesse ! […] Où est la jeunesse de la France !

564. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

Le gai trouvère de l’Ombria qu’il avait été au temps de sa jeunesse était resté le gai trouvère de la pauvreté et de la douleur. […] Fernand Vandérem est plein de jeunesse, et ce qui s’est éteint en lui, ce n’est pas l’ardeur du sang, mais la faculté passionnelle d’aimer. […] Ce sont là des choses qui ne perdront jamais de leur prix, bien loin de là : car c’est en vieillissant qu’on s’aperçoit combien est belle la fraîcheur de la simple jeunesse. […] Il nous le montre en proie aux désirs, aux passions de la jeunesse, et finalement le marie à une femme qui le trompe. […] J’aurais mis la jeunesse à la fin de l’existence humaine.

565. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome I

Que nous pussions confondre ces deux régimes atteste le trouble intellectuel où la jeunesse française d’alors se débattait, suggestionnée par ses aînés. […] Examinez, à la lumière de ces deux idées, toutes les sympathies, tous les mouvements de la jeunesse contemporaine. […] Elles expliquent aussi quel écho a éveillé dans cette jeunesse l’appel de M.  […] Cette formule décèle un état mental qui semble avoir été celui de toute une élite de la jeunesse française avant 1914 et la terrible guerre. […] Ce défaut de sa nature s’est manifesté dès sa jeunesse, et n’a fait que s’accentuer avec l’âge.

566. (1922) Gustave Flaubert

L’ami de toute la jeunesse de Flaubert, Le Poittevin, était un rêveur comme lui, non un homme d’action comme Henry. […] Sa jeunesse avait été pleine d’hallucinations sensuelles. […] Elle ne sera jamais qu’une étape de jeunesse ou un pis-aller de vieillesse. […] Mais la Tentation n’est que la mise au point d’un ouvrage de jeunesse. […] J’ai été lâche dans ma jeunesse, j’ai eu peur de la vie.

567. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Pyat, Félix (1810-1889) »

C’était en 1846 : j’appris que l’auteur d’Ango et des Deux Serruriers venait de composer un Diogène, une comédie athénienne ; j’étais fou, comme je le suis encore, de tout ce qui touche à la Grèce maternelle, et, avec la confiance de la jeunesse qui ne doute de rien, j’allais trouver Pyat, que je n’avais jamais vu, et je lui dis combien je serais heureux de connaître sa pièce.

568. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — Q — Quellien, Narcisse (1848-1902) »

[Souvenirs d’enfance et de jeunesse (1883).]

569. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Préface » pp. -

Il faut de la jeunesse pour donner le fini à un ouvrage du genre de celui-ci.

570. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 232-233

Rien de si agréable & de si intéressant que plusieurs Plaidoyers qu’il composa pour l’instruction de la Jeunesse, & l’exercer dans l’art de la déclamation.

571. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 255-256

Les Notes critiques dont il l’a accompagnée, annoncent un Littérateur instruit, éclairé, zélé pour les bons principes, & qui, pour garantir la jeunesse de la contagion philosophique, s’est fait un devoir de réfuter les propositions licencieuses qu’on rencontre dans les diverses Harangues que rapporte l’Historien qu’il a traduit.

572. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 282-283

Les richesses de l’imagination, les graces de l’esprit, la délicatesse du sentiment, la vivacité de l’expression, qui brillent dans les Productions de sa jeunesse, sont la plus foible partie de sa gloire.

573. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — II. (Fin.) » pp. 322-341

Je ne veux faire la cour à personne, mais moins encore au peuple qu’au ministre. » Beyle est donc très frappé de cette disposition à faire son chemin, qui lui semble désormais l’unique passion sèche de la jeunesse instruite et pauvre, passion qui domine et détourne à son profit les entraînements mêmes de l’âge : il la personnifie avec assez de vérité au début dans Julien. […] Beyle a combiné avec les souvenirs de sa lecture d’autres souvenirs personnels de sa jeunesse, quand il partait à cheval de Genève pour assister à la bataille de Marengo. […] Au sortir de cette lecture, j’ai besoin de relire quelque roman tout simple et tout uni, d’une bonne et large nature humaine, où les tantes ne soient pas éprises de leurs neveux, où les coadjuteurs ne soient pas aussi libertins et aussi hypocrites que Retz pouvait l’être dans sa jeunesse, et beaucoup moins spirituels ; où l’empoisonnement, la tromperie, les lettres anonymes, toutes les noirceurs, ne soient pas les moyens ordinaires et acceptés comme indifférents ; où, sous prétexte d’être simple et de fuir l’effet, on ne me jette pas dans des complications incroyables et dans mille dédales plus effrayants et plus tortueux que ceux de l’antique Crète.

574. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le baron de Besenval » pp. 492-510

« M. de Besenval, a dit le vicomte de Ségur, héritier et premier éditeur de ses Mémoires, joignait à la taille la plus imposante une figure pleine de charmes dans sa jeunesse, et de dignité dans un âge avancé. » Son organisation était forte et robuste, en même temps que fine et distinguée. […] Si l’on joint à ce chapitre celui qui concerne la jeunesse de la maréchale de Luxembourg, on aura les aveux les plus complets du désordre et de la dépravation du tempsas, de la part du témoin et du complice le moins fait pour s’en scandaliser. […] Demandez donc à de telles âmes qui, dès la tendre jeunesse, ont logé en elles un si faux idéal, une si misérable forme de bonheur, d’avoir une grande ambition, de se tourmenter pour un noble but, et eussent-elles reçu de la nature des facultés supérieures et fortes, de les tourner vers de généreux emplois.

575. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — I » pp. 249-267

Chez lui rien d’essayé, rien de livré au hasard de la jeunesse : il est entré tout armé ; il a pris place avec une netteté, une vigueur d’expression, une concentration et un absolu de pensée qu’il a appliqués tour à tour aux sujets les plus divers, et dans tous il s’est retrouvé un et lui-même. […] Cela renouvelle d’ailleurs, de s’occuper de ceux qui arrivent, même quand ces jeunes gens n’ont de la jeunesse que la force et se produisent déjà très faits et très mûrs. […] Ce qu’on ne saurait oublier en le lisant, c’est qu’il a été élève de l’École normale, qu’il s’y est formé dans le recueillement et la méditation, que sa première jeunesse, dont il est à peine sorti, a été forte, laborieuse, austère.

576. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet »

Horace Vernet est de force ; au reste, à supporter vos dédains ou vos encouragements protecteurs ; il a eu, en effet, cette vive et brillante saison de jeunesse, cette fleur première trop tôt passée et dont rien ne vaut le charme ; mais il ne s’y est pas tenu : il est allé travaillant, étudiant d’après nature, voyant, regardant sur place, se développant et se fortifiant sans cesse dans sa voie principale jusqu’à ce qu’il soit devenu vers 1840 le plus grand peintre, non plus d’épisodes et d’anecdotes, mais le plus grand peintre d’histoire militaire que nous ayons eu. […] Horace Vernet, qui garda plus longtemps qu’aucun le sentiment vif et actif de la jeunesse, put n’avoir pas de ces regrets qui supposent un peu de rêverie ; mais comment, nous qui faisions en 1822 le pèlerinage à son atelier de la rue de la Tour-des-Dames, comment, nous dont la vie, en présence de ces batailles de l’Art, s’est passée à regarder, à espérer, à faire des vœux ou à regretter, comment ne dirions-nous pas pour lui et presque en son nom ce que ce retour sur le passé nous inspire ? […] Chambry, amateur d’autographes, un passage intéressant, en ce qu’il marque bien le moment de transition en lui de la première à la seconde jeunesse, cette première crise de réflexion et d’expérience ; Horace, qui faisait un premier voyage en Italie, écrit à un de ses oncles, frère de Carle, et à qui il portait beaucoup d’affection : « (Rome, 3 mars 1820.)

577. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Œuvres complètes de Molière »

Sa première vie étant peu connue, on fouille en tous sens, on s’attache aux moindres vestiges, on voudrait lui reconstituer sa jeunesse : on s’inquiète de tout ce qui l’a connu, approché, jalousé même ou rivalisé. […] Dès l’âge de vingt et un ans (ce qui ne veut pas dire qu’il fût majeur, on ne l’était alors qu’à vingt-cinq), on le voit émancipé, lié avec des enfants de famille dont il va faire ses camarades de jeunesse, et bientôt chef de la troupe dite de l’Illustre Théâtre qui s’amuse à jouer la comédie dans les jeux de paume aux faubourgs de Paris. […] Si je voulais suivre, par exemple, la jeunesse entière de Molière durant ses courses en province et dans ces douze années d’apprentissage, je n’aurais qu’à me confier à M. 

578. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. (suite) »

Gavarni, on l’a vu, a eu dans un temps, à un moment de sa jeunesse, non pas des prétentions, mais des velléités ou de vagues projets littéraires ; au nombre de ces projets était un roman, non terminé, dont, je puis cependant donner une idée assez précise et citer quelques pages arrachées qui seront autant de jours ouverts sur sa manière de penser et de sentir. […] Et maintenant qu’on sait comment Gavarni entendait le sentiment dans sa jeunesse, lorsqu’on verra ensuite tel de ses dessins, et pour n’en citer qu’un seul, cette aquarelle, par exemple, — véritable élégie, — où une châtelaine penchée au bord d’une terrasse attend impatiemment et semble appeler une lettre, apportée par le messager qui s’avance à pas lents et lourds dans un chemin couvert ; à ce moment de fièvre et de désir où elle croit distinguer le bruit de ses pas sans l’apercevoir encore, et où visiblement elle hâte de ses vœux, de son geste et comme de toute l’attitude de son corps, la marche du bonhomme qui ne se presse guère, on comprendra qu’il ne faisait que rendre là une de ces images de tout temps familières à sa fantaisie et à sa sensibilité gracieuse. […] À côté de la vie qui dans sa jeunesse lui permettait de semblables rêves, il en avait une autre, une double et toute visible.

579. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

Il y a dans le cœur des hommes plus de pauvreté qu’il n’y a de misère dans la vie. » La sévérité morale, si naturelle à la première jeunesse que rien n’a corrompue, s’y marque en bien des pensées : « Dès que l’on aime, on a besoin de s’estimer ; la dignité est inhérente à tous les sentiments passionnés et au désir de plaire. » « La sensibilité profonde est aussi rare que la vertu ; … le cœur qui peut se laisser séduire un instant ne s’attache véritablement qu’à ce qu’il respecte. […] M. de Girardin y a fait, sans y songer, le testament de sa première jeunesse. […] Ceux qui l’ont connu à cet âge de première jeunesse et à cette heure de transition nous le dépeignent le plus charmant jeune homme, d’une figure agréable, très-distingué de tournure, très-élevé de sentiments, tout à fait de race ; tel d’ailleurs de caractère et d’humeur qu’on le voit encore aujourd’hui dans l’intimité, avec des intermittences de gaieté et de sérieux, habituellement doux comme un enfant, naïf même, et, quand il le faut, d’une audace, d’une vaillance et d’une intrépidité rares ; ayant naturellement le goût du bien, mais subissant l’influence des divers milieux.

580. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre »

Quand on en venait au fait et au prendre, le succès pour lui ne répondait pas aux vues, et il ne retrouva jamais à la guerre de quoi couronner ou confirmer les exploits plus ou moins faciles de sa jeunesse. […] Mais il paraît bien aussi que chez le duc de Noailles, dans sa jeunesse et même de tout temps, il y avait excès, surabondance et afflux d’idées, et par suite mobilité et conflit. […] « Tel parut le maréchal de Noailles dès sa première jeunesse.

581. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SÉVIGNÉ » pp. 2-21

On s’aperçoit d’abord que, comme notre bon fabuliste, elle a lu de bonne heure l’Astrée, et qu’elle a rêvé dans sa jeunesse sous les ombrages mythologiques de Vaux et de Saint-Mandé. […] Certes, une femme qui, mêlée dès sa jeunesse aux Ménage, aux Godeau, aux Benserade, se garantit, par la seule force de son bon sens, de leurs pointes et de leurs fadeurs ; qui esquive, comme en se jouant, la prétention plus raffinée et plus séduisante des Saint-Évremond et des Bussy ; une femme qui, amie, admiratrice de Mlle de Scudéry et de Mme de Maintenon, se tient à égale distance des sentiments romanesques de l’une et de la réserve un peu renchérie de l’autre ; qui, liée avec Port-Royal et nourrie des ouvrages de ces Messieurs, n’en prise pas moins Montaigne, n’en cite pas moins Rabelais, et ne veut d’autre inscription à ce qu’elle appelle son couvent que Sainte liberté, ou Fais ce que voudras, comme à l’abbaye de Thélème ; une telle femme a beau folâtrer, s’ébattre, glisser sur les pensées, et prendre volontiers les choses par le côté familier et divertissant, elle fait preuve d’une énergie profonde et d’une originalité d’esprit bien rare. […] Veuve de bonne heure, aux belles années de sa jeunesse, elle paraît n’avoir jamais aimé d’amant.

582. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 193-236

Le bargello et sa femme étaient là pleurant ; ils ne s’étonnaient pas de mon absence, pensant que ma jeunesse et ma pitié pour le prisonnier me retenaient dans ma tour ; ne voulant pas me condamner si jeune à un tel spectacle, au contraire, ils bénissaient le bon Dieu. […] Elle craignit pour elle, à cause de sa jeunesse et de son extrême beauté qui nous avait déjà fait tant de mal, les dangers et les propos des mauvaises gens qui hantent les grandes villes ; elle lui envoya par le père Hilario une lettre de recommandation pour la supérieure des sœurs de charité de Saint-Pierre aux Liens, couvent de Livourne. […] CCLXXII Enfin, monsieur, nos deux figures amenaient trop de foule dans la rue, et la supérieure me fit venir pour me dire que l’enfant et moi nous étions trop beaux à présent pour rester plus longtemps à Livourne, que cela pourrait donner lieu à de nouveaux bruits, bien qu’il n’y eût rien à me reprocher que l’enfant, dont tout le monde ne connaissait pas l’origine ; que Hyeronimo n’avait plus que six semaines pour achever sa peine, après quoi il pourrait revenir en liberté rejoindre, dans notre montagne, sa femme, son fils, sa mère et son oncle, et qu’il convenait que je disparusse immédiatement de Livourne, où ma jeunesse et ma figure faisaient trop de bruit et de scandale.

583. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Pensées, essais, maximes, et correspondance de M. Joubert. (2 vol.) » pp. 159-178

Joubert, dans sa jeunesse, venu de sa province du Périgord à Paris, en 1778, à l’âge de vingt-quatre ans, y trouva ce qu’on n’y trouve plus aujourd’hui ; il y vécut comme on vivait alors : il causa. Ce qu’il fit en ces années de jeunesse peut se résumer en ce seul mot. […] De ce côté se trouvaient alors la jeunesse, le sentiment nouveau et l’avenir.

584. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « M. de Féletz, et de la critique littéraire sous l’Empire. » pp. 371-391

Qu’on se rappelle Le Globe, ce journal si sérieux, si distingué, qui croyait ressembler si peu à un autre, et qui a eu de l’influence sur la jeunesse lettrée, dans les dernières années de la Restauration. […] Jean-Jacques Rousseau dit quelque part que, dans sa jeunesse, une femme de sa connaissance lui prêta Gil Blas, et qu’il le lut avec plaisir ; mais il ajoute qu’il n’était pas mûr encore pour ces sortes de lectures, et qu’il lui fallait alors des romans à grands sentiments. […] Il sentait surtout certaines beautés mâles des anciens, du Sophocle, du Démosthène ; et quelquefois, à la fin d’un dîner, se mettant à parler de ces dieux de sa jeunesse, il trouvait je ne sais quels accents émus qui se faisaient jour à travers la gourmandise, même avec des larmes.

585. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mme du Châtelet. Suite de Voltaire à Cirey. » pp. 266-285

J’aimerais à voir la jeunesse s’apprivoiser et s’adoucir petit à petit à ce style plus simple, à ces manières de dire vives et faciles, qui étaient réputées autrefois les seules françaises. […] Simonide le disait mieux dans des vers dont voici le sens : « La santé est le premier des biens pour l’homme mortel ; le second, c’est d’être beau de nature ; le troisième, c’est d’être riche sans fraude ; et le quatrième, c’est d’être dans la fleur de jeunesse entre amis. » Ces traités où la théorie s’évertue à démontrer les machines et les industries de détail du bonheur, et à inventer à grande peine ce qui naît de soi-même dans la saison, me rappellent encore un joli mot de d’Alembert, et qui ne sent pas trop le géomètre : « La philosophie s’est donné bien de la peine, dit-il, pour faire des traités de la vieillesse et de l’amitié, parce que la nature fait toute seule les traités de la jeunesse et de l’amour. » Il est pourtant des endroits bien sentis dans le traité de Mme du Châtelet : elle y parle dignement de l’étude, qui, « de toutes les passions, est celle qui contribue le plus à notre bonheur ; car c’est celle de toutes qui le fait le moins dépendre des autres ».

586. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Vauvenargues. (Collection Lefèvre.) » pp. 123-143

  Les orages de la jeunesse sont environnés de jours brillants. […] Périclès, ayant à parler de guerriers morts pour la patrie, disait : « Une ville qui a perdu sa jeunesse, c’est comme l’année qui aurait perdu son printemps. » Vauvenargues a de ces traits d’une imagination jeune, nette et sobre, comme on se les figure chez Xénophon et chez Périclès. […] Ce qu’il aimait dans la jeunesse, c’était le naturel, la pudeur, les grâces déjà sérieuses, la modestie unie à une honnête confiance, l’amour de la vertu.

587. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Étienne Pasquier. (L’Interprétation des Institutes de Justinien, ouvrage inédit, 1847. — Œuvres choisies, 1849.) » pp. 249-269

Au retour, il débuta comme avocat au barreau de Paris (1549), et en même temps, pour occuper ses loisirs, il se livra à la poésie, à la composition littéraire, caractère qui distingue sa génération d’avocats, et Pasquier entre tous les autres : « Lorsque j’arrivai au Palais, dit-il, ne trouvant qui me mît en besogne, et n’étant né pour être oiseux, je me mis à faire des livres, mais livres conformes à mon âge et à l’honnête liberté que je portois sur le front : ce furent des Dialogues de l’amour… » Les dialogues galants et amoureux, les sonnets qu’Étienne Pasquier publia dans ces années de jeunesse, et auxquels il se reportait avec complaisance et sourire en vieillissant, ne prouvent rien autre chose que de l’esprit, de la facilité, de la subtilité ingénieuse, et on n’y trouve d’ailleurs aucun trait original qui puisse assigner rang à leur auteur parmi les vrais poètes. […] Il est pour le mariage dès la jeunesse ; il en traite un peu gaiement et d’un ton un peu cru parfois, mais avec sagesse et chasteté au fond. […] À peine investi par la confiance de Henri III de la charge d’avocat général du roi en la Cour des comptes, il en usa pour s’opposer à certain enregistrement d’édit qu’il croyait inique ; et, comme il arriva qu’une grande princesse qu’il vit peu après lui fit part du mécontentement du roi, si bien disposé pour lui auparavant, Pasquier répondit, en se ressouvenant de son ancienne courtoisie galante et de sa poésie de jeunesse pour corriger la sévérité de son procédé, que ce n’étaient là que brouilleries et querelles d’amant et maîtresse ; que « l’issue de ceci serait telle que d’un amoureux, lequel, ayant été éconduit par sa dame, s’en va infiniment mal content, mais qui, revenant peu après à soi, l’aime, respecte et honore davantage » ; et qu’ainsi le roi l’en regarderait bientôt de meilleur œil que devant. — C’est dans ce haut esprit de dévouement que Pasquier ne craignit pas de s’opposer à Henri IV lui-même pour l’enregistrement d’un édit qui allait à démembrer la Cour des comptes, et cela pendant le séjour du Parlement à Tours, c’est-à-dire pendant que les magistrats loyaux partageaient les fortunes diverses du Béarnais et son exil de Paris.

588. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « De la poésie et des poètes en 1852. » pp. 380-400

La difficulté, c’est que l’art préside à ces successions rapides et donne à ces productions d’une saison la vraie jeunesse et la durée. […] Sans doute il y a lieu toujours à d’agréables distractions dans l’intervalle, à ce que j’appelle la poésie du diable, à celle du printemps et de la jeunesse ; mais les productions fortes, et qui pourraient marquer socialement, sont très compromises dans leur germe. […] Dans ses pièces plus développées, parmi lesquelles on remarque l’Hymne à la jeunesse, il a de la distinction toujours, de la grâce, mais une grâce un peu artificielle, un peu roide et cassante, si l’on peut ainsi parler : là est le défaut.

589. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — I. » pp. 186-205

Le récit que Barthélemy a donné de ses premières années de jeunesse, passées en Provence à diverses études, à apprendre l’hébreu, l’arabe, les médailles, les mathématiques et l’astronomie, est piquant, et il a essayé de le rendre tel, moyennant quelques anecdotes bien contées. Cette étude des mathématiques et de l’astronomie, où il s’était assez longtemps oublié, lui semblait un des égarements et une des dissipations de sa jeunesse. […] Le jeune abbé, invité par lui à ses dîners des mardis et des mercredis, y connut les savants du jour, les hommes de lettres de l’Académie des inscriptions, et quelques gens du monde qui se piquaient d’érudition et d’art ; il ressentit la première fois en leur présence quelque chose de ce même respect et de cette émotion qu’il avait prouvés à quinze ans en voyant d’abord M. de La Visclède : Ce profond respect pour les gens de lettres, dit-il, je le ressentais tellement dans ma jeunesse, que je retenais même les noms de ceux qui envoyaient des énigmes au Mercure.

/ 2128