Un seul genre de vie intéresse au dix-septième siècle, la vie de salon ; on n’en admet pas d’autres ; on ne peint que celle-là ; on efface, on transforme, on avilit, on déforme les êtres qui n’y peuvent entrer, l’enfant, la bête, l’homme du peuple, l’inspiré, le fou, le barbare ; on finit par ne plus voir dans l’homme que l’homme bien élevé capable de discourir et de causer, irréprochable observateur des convenances.
V Quant aux massacres de septembre, mystère qui n’a pas encore été sondé après soixante ans de recherches, la langue humaine a-t-elle une exécration et un anathème qui puissent égaler l’horreur que ce forfait de cannibales m’inspire, comme à tous les hommes civilisés ?
Ce vieillard pieux n’aurait pas menti pour déshonorer la mémoire d’un confrère dont il avait partagé la faute contre l’Église, mais dont les dispositions posthumes et intéressées ne lui inspiraient ni foi ni estime.
Sa figure, éminemment prussienne, m’avait frappé, sans m’inspirer ni attrait ni prestige.
Voici l’heure à laquelle il vient m’entretenir de Dieu, après la bénédiction de l’Ave Maria (sept heures du soir), je vais lui révéler notre amour et lui arracher son consentement, si Dieu l’inspire de nous l’accorder.
On n’inspire que des désirs brutaux.
Le Décaméron, plusieurs fois traduit, devient le bréviaire des gens de cœur : et Boccace, le Pogge fournissent une partie de leur matière aux conteurs des Cent Nouvelles nouvelles, inspirent le reste.
En ceci encore il s’inspirait de Mme de Staël, lorsque, se détournant des œuvres classiques de goût antique et païen, il étudiait les œuvres romantiques du moyen âge chrétien.
Ô les douces choses que sa piété lui inspire !
Ce qui me frapperait plutôt chez le public actuel, ce n’est pas sa passion pour les choses de la scène, c’est le respect qu’elles lui inspirent.
Innocente illusion qui ne convertit personne et n’inspire aux raffinés qu’une très facile résignation.
Ce sont les deux inspirés du masque antique.
Ce n’est plus bientôt qu’un je ne sais quoi qui n’a plus de nom dans aucune langue. » Oui, la théologie chrétienne décrit savamment le mal, pour nous en inspirer l’horreur, pour nous commander le retour laborieux au bien.
Bien que toutes les sciences fondamentales n’inspirent pas aux esprits vulgaires un égal intérêt, il n’en est aucune qui doive être négligée dans une étude comme celle que nous entreprenons.
Le Louvre vous inspirera de plus belles choses, de plus nobles et de plus grandes idées que ne l’aurait jamais fait le Parnasse.
C’est un esprit intéressant, d’ailleurs, plus volontaire qu’inspiré, qui se développe dans des efforts très laborieux.
Ignorants comme ils étaient, ils appliquèrent mal cette idée, mais l’effroi que leur inspirait la divinité telle qu’ils l’imaginèrent, commença à ramener l’ordre parmi eux.
Fielding n’avait jamais été très délicat ni très difficile sur le choix de ses sociétés ; et probablement celles que sa place le condamnait à fréquenter, habituellement ne durent pas lui inspirer des goûts très relevés. […] Il est très vrai, comme l’a remarqué l’auteur de Rob Roy, que cette Sapho irlandaise ne s’inspire pas aux mêmes paysages et aux mêmes passions que l’improvisatrice italienne. […] Il y a quelque chose de si douloureux et de si poignant dans les doutes d’une âme élevée qui, sans pouvoir s’assurer de la trahison qu’elle redoute, ne réussit pas à se convaincre de la fidélité qu’elle exige ; la jalousie, si folle qu’elle puisse être, naît d’un amour si ardent et si exclusif, que le crime commis par elle inspire plus de pitié que d’horreur. […] À coup sûr, je ne prétends pas révoquer en doute la vertu des dames anglaises : la solidité de leur première éducation, la gravité habituelle de leur vie de famille, l’amour qu’on leur inspire de bonne heure pour leurs devoirs d’épouse et de mère, les goûts austères et recueillis qu’on leur enseigne avant de les mener dans le monde, garantissent, au-delà de toutes les prévisions humaines, la pureté irréprochable de leur conduite à venir. […] Quant au reproche adressé à Pelham par les critiques anglais pour la sympathie personnelle qu’il nous inspire, je suis loin de l’adopter.
L’idée de Némésis est alors à son apogée : tout la proclame ou s’en inspire, Par exemple, où trouverait-on un plus beau témoignage en faveur du précepte cher à la sévère déesse. […] Je vomirai sur mes contemporains le dégoût qu’ils m’inspirent, dussé-je m’en casser la poitrine ; ce sera large et violent. » Le 28 octobre, il écrit à Ernest Feydeau : « Avant de crever, ou plutôt en attendant ma crevaison, je désire vuider le fiel dont je suis plein. […] La littérature de cette époque, sans être « inspirée », au sens rigoureux d’un tel mot, contient et laisse fermenter les germes de la Révélation. […] Il ajoute : « J’avais pour le monde entier la tendresse et l’indulgence qu’inspirent les allégories. » Qu’est-ce en effet qu’une allégorie ? […] Mais relisons ce que dit Jacques, dans L’École des indifférents : « J’avais pour le monde entier la tendresse et l’indulgence qu’inspirent les allégories. » Jacques dit encore : « De grandes ressemblances balafrent le monde et le marquent ici et là de leur lumière.
On a remarqué avant nous que s’il périssait avec nos ouvrages, on le retrouverait dans beaucoup d’historiens qui s’en inspirent en le combattant. […] l’homme et ses ouvrages auront le caractère de l’unité absolue et de l’uniformité, là où tout tend à la division, où tout inspire le sentiment de la variété et de la vie ! […] Ce spectacle, au lieu d’engendrer le scepticisme, doit inspirer une grande foi dans cette excellente raison humaine, dans cette admirable humanité, pour laquelle travaillent tous les hommes de génie, qui profite de leurs erreurs, de leurs luttes, de leurs défaites et de leurs victoires, qui n’avance que sur des ruines, mais qui avance incessamment. […] Son succès avait été immense : dès son apparition on avait été frappé des idées générales qu’il renfermait et de la manière dont quelques parties ôtaient traitées ; on entreprit d’aller plus loin dans la route qu’il avait tracée ; on se livra à l’étude approfondie de chacun des éléments de l’humanité et de chacune de ses grandes époques ; voilà pourquoi aujourd’hui, lorsque la critique, éclairée par les travaux des quarante dernières années, se remet en présence de l’écrit qui les inspira, elle ne retrouve plus son premier enthousiasme, ce qui est impossible, à moins que la science n’ait point avancé. […] Remarquez que l’histoire n’est pas chose facile, qu’elle exige des travaux longs et pénibles, dans lesquels on ne s’engage pas sans un grave motif ; et ce motif est par-dessus tout le vif intérêt que cette science nous inspire.
« L’Europe entière parle par sa voix, et cette voix s’élève au-dessus du siècle présent26. » Déjà son œuvre inspire un grand nombre d’imitateurs, elle est le moteur initial de quantités d’énergies lyriques décidées à évoquer les inventions modernes et, derrière ces inventions, les forces cosmiques. […] Il se pourrait que l’auteur des Serres Chaudes ait été le Jason de cette jeune armée d’Argonautes inspirés, partis sans retour à la conquête de leur moi transcendant. […] C’est enfin le geste noble et inspiré d’un Paul Fort. […] « Quand Dieu fit l’homme à son image, ce fut donc qu’il lui inspira cette passion de reproduire l’Unité divine, de vouloir sans repos restituer son auteur. » La Beauté est donc « une sensation d’unité que nous procure l’ouvrage harmonieux ». […] I Je ne crois pas que l’œuvre d’Albert Mockel ait jamais inspiré aux critiques de profession cette étude d’ensemble qu’elle mérite et que je ne cesse de réclamer depuis longtemps.
Ses couleurs, semblables à celles de la rose, avaient cet éclat qui inspire l’amour. […] Vous avez inspiré de l’amour à ma sœur, et elle a conçu beaucoup d’inquiétudes pour mon frère.
» Au fond, c’est curieux qu’une boutade comme celle-là, ait le pouvoir d’inspirer de tels ressentiments dans une classe de gens. […] Je retrouve en rentrant du cimetière, au Grenier, Rodenbach qui me dit écrire un poème inspiré par sa maladie, où il cherche à peindre l’affinement produit par la souffrance, l’espèce d’étape supérieure, que cela fait monter à notre humanité.
Le Génie qui inspira Mireille, Calendal, les Îles d’Or ne peut péricliter. […] Je ne ferai même pas, en ce cas, d’exception pour mon maître Ronsard, le plus inspiré mais non le plus parfait, ni le plus poli de nos poètes.
Le Socialiste en paletot et le Républicain en redingote lui inspirent un identique mépris et il ne conçoit guère comment les malheureux, doucement leurrés par les politiciens gras, peuvent encore écouter sans rire la honteuse promesse d’un bonheur illusoire autant que futur. […] Mas que l’on ne prenne pas cette opinion pour absolue ; on pourrait la contrarier en citant l’extraordinaire Sarcophage vif, par exemple, ou le Subtil Empereur : En l’or constellé des barbares dalmatiques, La peau fardée et les cheveux teints d’incarnat, Je trône, contempteur des nudités attiques Dans la peau royale où mon rêve s’incarna… Je regarde en raillant agoniser l’empire Dans les rires du cirque et les cris des jockeys, Et cet écroulement formidable m’inspire Des vers subtils fleuris de vocables coquets ! […] Leurs fictions, plus que toutes autres, inspirent confiance ; on peut y étudier la vie comme dans la vie elle-même ; les faits, transposés selon le ton nécessaire, loin d’être défigurés, sont encore accentués et rendus plus vivants par l’art qui les remet en leur place et en leur lumière logiques.
Son Jupiter olympien passa pour le plus grand effort de l’art : on disoit que, pour rendre avec tant d’expression la divinité, il falloit qu’il fût inspiré par la divinité même, Après la bataille de Marathon, il travailla sur un bloc de marbre que les Perses, dans l’espérance de la victoire, avoient apporté pour ériger un trophée, & choisit pour sujet Némésis, qui humilioit les hommes superbes. […] Quelque société, quelque secte que ce soit, exige un lien qui la rende respectable, & qui puisse inspirer de l’intérêt pour le corps.
… Nous saisissons ici, avec une pleine évidence, le procédé d’un artiste qui risque de mal calculer le sens que les témoins de sa vie réelle peuvent donner à cette juxtaposition de vers inspirés par des aventures différentes. […] Ce recueil de pages, inspirées par l’horreur de l’invasion et de l’insurrection, atteste, chez ce dilettante des impressions d’histoire et d’art, une singulière lucidité de coup d’œil. […] Même quand son détachement de toutes les choses de la terre l’eut conduit à écrire que « les Sciences abstraites ne sont pas propres à l’homme », le noble orgueil du savant lui inspire son cri si pathétique dans sa bouche de malade en qui la chair défaille : « Toute la dignité de l’homme est dans la pensée. » Et qu’est-ce qu’une science, sinon cette adœquatio rei et intellectûs dont parlait Spinoza, l’esprit s’adaptant au réel ? […] Leur souvenir m’inspire la joie du renoncement et l’amour de la paix. » Rappelez-vous maintenant ses romans et voyez comme ils se raccordent à cette jeunesse et à cette éducation.
Et en le nommant ainsi je voudrais éviter, quoique cela soit bien difficile, de nommer et d’indiquer l’Église spirituelle ; je voudrais séparer tous ces esprits, toutes ces âmes respectables et intérieures, tous ces croyants qui ne vivent que du suc intime du christianisme et dont la vie est soumise à des préceptes de douceur et de charité ; — et ce n’est pas ici un hommage d’apparat que je leur rends : j’ai le bonheur d’en compter plusieurs pour amis, et à travers les dissidences de la pensée, je n’ai jamais cessé de sympathiser avec eux par le cœur ; — mais il faut bien le dire, des circonstances récentes, des déterminations politiques qui étaient peut-être nécessaires, ont donné aux hommes actifs et d’humeur ingérante, aux meneurs politiques qui dirigent le parti, des encouragements et des espérances qui, dans leur exaltation bruyante et leur redoublement fiévreux, sont faits pour inspirer des craintes, — non pas de l’effroi, — et pour inquiéter du moins ceux de mon âge, qui, se souvenant des misérables luttes du passé, voudraient en prévenir le retour.
Le Tasse s’exprime ainsi lui-même dans sa correspondance sur Alphonse : « Ce prince me releva avec la main de mon obscure fortune, au grand jour, et à l’estime de sa cour ; il me fit passer de l’indigence à la richesse, il donna lui-même une considération et un prix de plus à mes productions poétiques, en assistant fréquemment et attentivement à la lecture de mes vers, et en traitant leur auteur avec toutes sortes d’égards et de marques d’admiration ; il m’admit honorablement et familièrement à sa table et à ses entretiens ; il ne me refusa aucune des faveurs que je lui demandai. » La félicité du Tasse à Ferrare, à cette époque, était de nature à inspirer l’envie.
— « Nous ne savions rien de tout cela, monsieur, si ce n’est qu’on disait chez nous que la République inspirée par vous avait sauvé la France en 1848.
Ne devriez-vous pas plutôt louer Dieu de ce qu’il inspire à votre maîtresse courage et résignation ?
Sa métaphysique a inspiré deux hommes de génie.
On voit double et triple en le contemplant, il se multiplie dans la vapeur d’ivresse qui l’entoure ; toutes les sensations diverses qu’il inspire, enthousiasme ou fureur, délire ou effroi, le suscitent sous un aspect différent.
Son monstrueux magot devrait savoir des pieds de fange visibles à l’œil nu, de façon à inspirer un mépris net et un dégoût prononcé.
C’est la pierre de touche que La Bruyère nous offre pour distinguer le bon du mauvais : « Quand une lecture vous élève l’esprit et qu’elle vous inspire des sentiments nobles et courageux, ne cherchez pas d’autre règle pour juger de l’ouvrage ; il est bon et fait de main d’ouvrier. » Mais pour appliquer cette règle excellente, il faut une âme capable de nobles émotions.
Ce recueil de poèmes inspirés par l’Afrique, imprimé en 1919 sur les presses de l’imprimeur-libraire François Bernouard, avec une gravure sur bois de Vlaminck, ne comporte pas d’informations sur l’auteur qui publie une nouvelle, « Les hommes de la mort », dans ce même numéro d’Action : « Les hommes de la mort.
— La bergeronnette ou hochequeue ; on s’en servait dans les enchantements dont le but était d’inspirer de l’amour.
Ces royalistes d’émigrés ne furent eux-mêmes que des révolutionnaires, comme leurs ennemis, et, véritablement, ils n’inspirent ni plus d’intérêt ni plus de respect que ceux-là qui n’émigrèrent pas.
La transposition, généralement comique, de l’ancien en moderne s’inspire de la même idée.
Un autre vint à la porte du Parlement avec une épée tirée et blessa plusieurs des assistants, disant que le Saint-Esprit lui avait inspiré de tuer tous ceux qui siégeaient dans la Chambre. […] L’imagination inspirée, qui a produit ici tant de beautés, cause aussi les imperfections de l’ouvrage et inquiète les lecteurs qu’elle a charmés. […] Qui garantira la vérité du reste, et quelle confiance le public, qui n’a point entrepris ces recherches, prendra-t-il en des idées dont on ne lui donne pas les preuves, et qui sont exprimées de manière à lui inspirer la défiance la plus juste et la mieux fondée ? […] En quoi consiste cette imagination inspirée, que ses amis et ses ennemis lui reconnaissent, et qui est la source de ses qualités et de ses défauts ? […] Elles lui inspirent l’aversion de la politique spéculative, le goût de l’expérience, le sentiment du possible, le respect de l’antiquité, le culte de la loi, bref toutes les habitudes qui peuvent contenir et diriger l’essor de la liberté imprudente.
Magistrat quelques années ; voyageur en Amérique et en rapportant un très beau livre ; député très considéré une douzaine d’années ; ministre sous la présidence Louis-Napoléon, après avoir combattu la candidature Louis-Napoléon ; rentré dans la vie privée après le coup d’Etat et publiant son admirable travail sur l’Ancien régime ; saisi, sur le tard, d’une maladie de poitrine, il s’en alla s’éteindre à Cannes à l’âge de 54 ans, très peu de temps après avoir cité quelque part cette parole d’un philosophe antique : « Supporte patiemment la mort en songeant que tu n’as pas à te séparer d’hommes qui pensent comme toi. » C’était ce que nos écrivains classiques appelaient un « généreux », une âme loyale, pure, dévouée aux grandes causes, très courageuse, très désintéressée, capable des sentiments de famille dans toute leur délicatesse, d’amitiés pour des amis obscurs, c’est-à-dire d’amitiés véritables, très dédaigneuse, mais par suite non pas de l’estime de soi, mais de cet étonnement que les médiocrités de l’esprit et du cœur inspirent aux natures élevées ; et dans ce cas le dédain n’est pas précisément de la répulsion, mais une sorte de désorientation et de gaucherie en pays inconnu. […] L’idée de loi, l’idée d’ordre, pure et simple, non personnifiée, certes ne poussera à aucun excès ; elle n’entraînera non plus à aucun héroïsme, elle ne donnera même jamais le désir d’accomplir aucun acte ; elle n’inspirera rien du tout, si ce n’est résignation et tranquillité.
À tous, et particulièrement aux philosophes, j’aurais voulu demander s’ils croyaient que les tendances nouvelles l’emporteraient sur les anciennes, pour quelles raisons, par quels moyens ; si leurs manifestations esthétiques se liaient à des mouvements de l’ordre social, si elles s’inspiraient d’idées religieuses et philosophiques. […] Il reparaît étrange, travesti, lointain, et en même temps impressionnant comme ce qui s’inspire d’une religion. […] Les draperies qui flottent et jusqu’à cet épiderme et le désir qu’elle inspire, c’est Maïa l’illusoire qu’il faut vaincre, mais dessous il y a une étincelle d’éternité, un pleur d’infini. […] Parmi les jeunes actuels, le poète Albert Jhouney qui a paraphrasé le Zohar en de fort beaux vers ; notre maître, Catulle Mendès, qui a écrit les vers superbes d’Hespérus, inspiré de Swedenborg, sont, eux, des interprètes conscients de la Kabbale.
Enfin, si, grâce à son bon naturel elle ne fut pas tout à fait subjuguée, c’en fut assez du moins pour empêcher en grande partie, l’effet des bonnes maximes que je m’efforçais de lui inspirer… Les enfants vinrent ; ce fut encore pis. […] Le mépris que mes profondes méditations m’avaient inspiré pour les mœurs, les maximes et les préjugés de mon siècle, me rendait insensible aux railleries de ceux qui les avaient, et j’écrasais leurs petits bons mots avec mes sentences comme j’écraserais un insecte entre mes doigts. […] J’ajoute que les Mémoires de madame d’Épinay sont « romancés » et suspects, et que Marmontel, quand il rapporte ce qu’il ne sait pas directement, m’inspire beaucoup de méfiance. […] Impossible d’en imaginer une seule… Bouvard et Pécuchet firent lire à leurs élèves des historiettes tendant à inspirer l’amour de la vertu.
Je n’ai pas besoin de rappeler autrement l’affaire des Calas, et quelles questions s’y trouvaient impliquées, si ce n’est pour dire qu’ayant inspiré d’assez médiocres « mémoires » à Voltaire, cependant ils valent encore mieux que ceux de Loyseau de Mauléon. […] Son œuvre est posthume ; et, quoique plusieurs de ses Idylles aient paru dans les journaux du temps de la Révolution et de l’Empire, — où Millevoye, par exemple, a fort bien su les retrouver pour s’en inspirer, — cependant, son influence ne saurait dater que de la première édition, très incomplète encore, du recueil de ses Poésies, c’est-à-dire de 1819. […] Quand il ne se serait pas inspiré, dans la Nouvelle Héloïse, des souvenirs de madame de Warens et de l’amour qu’il éprouvait alors pour madame d’Houdetot ; quand son Émile ne serait pas les mémoires de son enfance et de ses préceptorats ; ses Confessions, avec ses Dialogues, ses Rêveries, sa Correspondance, ne laisseraient pas de composer à peu près la moitié de son œuvre. […] À cette humanité, qui leur paraît inférieure, ils font porter la peine du dédain qu’elle leur inspire. […] Cela s’est vu dans l’histoire de la peinture religieuse, où, de nos jours mêmes, à travers six ou sept générations de peintres, c’est de Raphaël que s’inspirent la plupart de ceux qui peignent encore des saintes familles.
Dirais-je que cela ne m’inspire aucune confiance et aussi que cela n’est pas très nouveau. […] En France, par exemple, le jury inspire de sérieuses inquiétudes.
Si même un emportement capable de troubler la tête, et d’ôter presque la liberté, a laissé souvent une tache ineffaçable, quel dégoût n’inspirera pas un consentement donné de sang-froid ? […] C’est un esprit romanesque et philosophique, de la lignée de Gœthe ; une de ces année, lorsqu’il aura reconnu l’impuissance de la pensée sur la marche des choses, son inutilité sociale, le mépris qu’elle inspire à cet amas de corpuscules dénommé la Société, l’indignation lui viendra, et, comme l’action, même illusoire, lui est à tout jamais fermée, il se réveillera armé de l’ironie : cela complète singulièrement un écrivain : c’est le coefficient de sa valeur d’âme.