Catherine de Médicis en avait introduit l’usage à la cour de France et inspiré le goût à ses enfants.
Sunt multae mansiones in domo… L’art réaliste, l’art impassible à la Flaubert, l’art décadent sont des formes d’art peut-être moins puissantes que l’art classique admiré par Nietzsche ; mais cet art est le seul capable de captiver certaines natures et d’inspirer certains artistes.
Son doux et pénétrant génie lui inspirait, quand il était seul avec ses disciples, des accents pleins de charme : « En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui n’entre pas par la porte dans la bergerie est un voleur.
Les mouvements lents amènent le sommeil ; ils produisent le calme après une agitation morbide ; ils inspirent la gravité et la tristesse.
Ce que le charbon en combustion est à la machine, la nourriture et l’air inspiré le sont à l’organisme vivant ; et la conscience qui se produit du pouvoir dépensé n’est pas plus la cause de ce pouvoir, que l’illumination, projetée par le fourneau de la machine, n’est la source des mouvements engendrés. » N’est-il pas d’ailleurs étrange de penser que la conscience de l’effort est la cause du mouvement volontaire, quand on voit que si le pouvoir est aussi grand que possible, l’effort est nul, et que si l’effort est aussi grand que possible, le pouvoir est nul ?
Mais le plus grand charme de ma voix est dans sa douceur et la tendresse qu’elle inspire ; et j’ai enfin des armes de toute espèce pour plaire, et jusques ici je ne m’en suis jamais servie sans succès.
Il faut voir comme Ney retrouve et inspire un dernier élan pour s’acquitter de cet ordre avec honneur.
Tout ceci, à vrai dire, nous inspire une grande pitié.
Piranèse ne s’inspire point de Dédale.
Chapitre II Le cerveau chez les animaux Ou sait l’admiration qu’inspirait à Voltaire le troisième chant du poème de Lucrèce.
Depuis longtemps, le protestantisme s’est mis d’accord avec les principes de la société moderne, et d’ailleurs l’Église catholique elle-même, si elle est bien inspirée et si elle suit les conseils de ses vrais amis, de ses plus généreux adhérents, se hâtera de faire disparaître les causes de cette fâcheuse défiance en s’alliant hardiment et librement avec l’esprit nouveau.
Mais tout ce spectacle n’inspire qu’une terreur et qu’une pitié plus capables d’abattre le cœur que de l’affermir.
Elle affecte profondément sans inspirer de l’horreur.
Non seulement, en voyant ces démonstrations, on ne peut s’empêcher de se dire qu’un seul fait pourrait suffire à les infirmer, mais les faits mêmes sur lesquels elles sont établies n’inspirent pas toujours confiance.
Vous désiriez savoir quel effet ferait sur vous Montaigne, et vous ne savez pas si ce qui vous vient à l’esprit, en lisant Montaigne, vous vient en effet de Montaigne ou de Nisard ; vous vouliez connaître votre sensibilité modifiée par Montaigne ; vous connaissez une modification faite peut-être par Montaigne, mais préparée par Nisard ; vous connaissez quelque chose en vous qui est de Montaigne, de Nisard et de vous-même ; il y a un terme de trop ; ce n’est pas lire Montaigne que de le lire à travers Nisard, que de le lire en y cherchant instinctivement, et en y trouvant forcément, moins les pensées de Montaigne que les pensées que Montaigne a inspirées à Nisard ; et pour lire Montaigne vraiment, ce qui s’appelle lire, il faudrait d’abord que vous missiez Nisard en total oubli.
Ainsi que tous les Tartuffes qui possèdent l’esprit de leur vice et la majorité des hommes doublés d’une idée qu’ils ne disent pas, mais qui chatoie dans leur silence comme le jais brille malgré sa noirceur, Stendhal inspire un intérêt dont on ne saurait se défendre.
Ainsi que tous les tartuffes qui possèdent l’esprit de leur vice, et la majorité des hommes doublés d’une idée qu’ils ne disent pas, mais qui chatoie dans leur silence, comme le jais brille malgré sa noirceur, Stendhal inspire un intérêt dont on ne saurait se défendre.
cette comédie du mariage, qui a inspiré tant de choses et de rires cruels aux grands comiques et aux grands moralistes de tous les âges, est, au fond, l’histoire du désenchantement de deux cœurs unis.
non, rien n’est vain de ce que la reconnaissance inspire.
La tragédie d’Esther est donc très théâtrale, très dramatique, puisqu’elle est animée par cet intérêt si puissant qu’inspire toujours la punition du méchant et le triomphe de la vertu et de l’innocence opprimée. […] Racine observe que le grand-prêtre n’est que le ministre passif du dieu qui l’inspire et le fait agir : c’est la doctrine constante de la Bible, que Dieu lui-même conduit ses serviteurs. […] Joad, sans être inspiré de Dieu, a pu imaginer cette ruse, qui n’est contraire ni aux lois de la guerre ni à celles de l’honneur : il fut toujours permis de tromper un trompeur. […] Voltaire l’écouta ; mais bientôt, emporté par l’enthousiasme que lui inspirait l’ouvrage, il interrompit l’acteur, et s’écria : Quel style ! […] Mais, encore une fois, Racine n’avait point composé cet ouvrage pour des comédiens et pour une scène profane : il avait voulu laisser à la fois un monument de sa piété et de la hauteur divine à laquelle pouvait atteindre le génie guidé et inspiré par la religion.
En revanche, après Garat et Destutt de Tracy, les trois Mentors de la jeunesse nouvelle, les trois voix puissantes de la Sorbonne inspirée, arrivent et se montrent, dans tout l’éclat de la parole et dans toute la verve de leur enseignement. […] Madame Dubarry demandant grâce au bourreau pourra remuer les furies de guillotine ; elle inspire un profond dégoût à ces honnêtes gens qui meurent la tête haute et la conscience tranquille. […] Philoctète remplit les bois et les rivages de ses lamentations ; il a tous les sentiments de l’homme, l’amour, la haine, la colère, les regrets ; seulement, il aura honte de nous inspirer de la pitié pour son corps, quand, lui-même, il n’est attristé que par le délire de son âme. […] Villemain s’est inspiré de l’élégance et de l’admirable bon sens de Racine historien ? […] Il a rencontré, là, tout de suite, un poète inspiré, un poème admiré, ou plutôt une suite de poèmes d’un ton si vrai, d’une douleur si grande et si charmante, que, soudain, à cette boutique à peine ouverte, accourut la foule, implorant ces poèmes consolants qui soulageaient sa douleur et consolaient son orgueil.
Ce qui est beau, ce n’est pas, ici, la révolte, là, la soumission : c’est le sentiment qui les inspire. […] … Sans nier, ce qui serait simplement absurde, l’influence de l’amour sur les actions humaines, il n’est pas téméraire d’affirmer que l’intérêt en inspire un bien plus grand nombre. […] Si elle l’est, pourquoi Olivier ne m’inspire-t-il qu’une sympathie si incertaine ? […] Et cette rage d’entasser l’or sur l’or, d’accroître encore et toujours un gain déjà formidable, ce besoin inassouvissable de butin et de proie, s’ils ne m’inspirent pas de mésestime, ne m’inspirent non plus aucune sorte de respect. […] Et à cause de cela on ne me fera jamais croire qu’il soit en vie, et, dans tout le cours de l’action, il ne m’inspirera rien, absolument rien, que de l’étonnement.
Il est alors, au fil de cette chronique des années 90, saisissant de retrouver certaines de ces intuitions dans les poétiques de l’époque : Ghil montre ainsi combien les derniers écrits de Mallarmé (le prélude et le finale d’Hérodiade en particulier) s’inspirent de sa propre « conviction d’une valeur émotive des timbres vocaux ». […] Formels avant tout, Pierre Quillard et Ephraïm Mikhaël allaient vers Leconte de Lisle et Mendès, tandis que, tout en se montrant inquiet de l’apport Science au principe de mon œuvre (cette œuvre préconçue en unité dont l’insolite leur inspirait à tous un respect ami, mais quelque trouble). […] Ses « mariages républicains »7 m’ont inspiré une idée… Vous savez ce qu’il en était ? […] Au numéro de mars 1884, à noter un poème qui paraît nouvellement s’inspirer de Mallarmé, participer à son atmosphère : … J’ai vécu mille ans en vingt années. […] et l’un de vous tous pour l’ingénuité. » Si, par surcroît, l’on sait que l’églogue du Faune avait été écrite sur la demande même de Banville pour être récitée par Coquelin (récitation qui n’eut pas lieu, d’ailleurs) nul doute : Mallarmé est si séduit par l’art de son Aîné et son amitié attentive et dévouée, qu’il va même à s’inspirer d’une de ses inventions poétiques comme hier il s’inspirait tout aussi entièrement de l’œuvre de Baudelaire.
Molière a pu prendre à Plaute l’Amphitryon, à la comédie latine ses dénouements commodes, il s’est peu inspiré de ce qu’elle avait de meilleur. […] Peut-être les pages colériques, guignolesques et truculentes de la Correspondance ont-elles quelque peu inspiré les styles succulents de Huysmans et de Léon Bloy. […] Il ne faut pas liquider dédaigneusement les livres qu’elle inspire en Suisse ou en Allemagne parce qu’ils nous rebutent d’abord par leur aspect d’excentricité et de lourdeur. […] La couverture de ce traité pourrait s’inspirer heureusement de celle que M. […] Mais il est excellent que cet idéal y soit représenté, il ne l’est nulle part mieux qu’en France et la critique doit particulièrement s’en inspirer.
… A vrai dire, ce couple du stropiat farceur et de la belle fille prudente m’inspire des sentiments incertains et contradictoires. […] Je ne sais pas non plus si je dois admirer sa conduite, ou m’abandonner au petit mouvement de répugnance qu’elle m’inspire lorsque j’y réfléchis. […] Leur gaieté est trop visiblement inspirée par le sentiment du devoir… Mais peu à peu le plaisir naît des efforts qu’on a faits pour l’exprimer ; plaisir brutal et tout physique. […] Elle exprime et elle inspire les sentiments qu’un honnête homme doit avoir l’été. […] Il lui inspirait, une heure auparavant, la plus profonde horreur, et c’est elle qui l’a dénoncé.
Comparez sa prose aux divers textes dont il s’inspire, et vous verrez que, tout ce qu’il a pris aux autres, il l’a fait plus clair, plus simple, plus rapide, plus vivant. […] Et il arrive pour elle, comme pour Marie Stuart, que l’intérêt tendre qu’elle nous inspire s’irrite et s’accroît de ce qu’il y a de mystérieux et d’à jamais indéchiffrable dans sa vie. […] Quand il voit l’épouvante qu’inspire à Anna Kamby l’idée d’épouser lord Melvil, il devine, le malin ! […] » Il inspire de la confiance et de l’admiration. […] … Ciel, inspire-moi !
Pareillement, si la transposition en est adroite et heureuse — du mode antique sur le mode moderne et parisien — l’Idylle d’Alfred de Musset est inspirée de la Dryade. […] Marie-Joseph communiquait volontiers les papiers de son frère, et l’on sait que Millevoye ne s’était pas fait faute de s’en inspirer. […] Paléologue, que « Vigny n’appartient pas seulement à notre littérature nationale ; qu’il a sa place marquée dans l’histoire générale des esprits, dans la lignée des Lucrèce, des Dante et des Goethe, dans l’élite des grands inspirés » ? […] Taine y souscrit quand il fait de ce qu’il a nommé le « degré de bienfaisance du caractère », le juge suprême de la valeur littéraire des œuvres ; et qu’hier encore il inspirait tout un livre : l’Art au point de vue sociologique, du regretté M. […] Cependant les romanciers auraient tort de s’en inspirer.
je l’aurais raté, pour sûr, c’est trop loin. » Ce sont les seules réflexions que lui aient jamais inspirées les oiseaux. […] Nous n’avons pas à insister sur l’intérêt qu’inspire toute œuvre de l’auteur de tant de remarquables conceptions ; un livre de lui est un grand événement littéraire. […] En vain l’âme de Gilberte est-elle restée immaculée, la souillure de son corps inspire un dégoût invincible à Maxime. […] Ils s’étaient abordés en inconnus et se quittaient eu étrangers ; la jouissance fugitive qu’ils avaient goûtée ne leur inspirait ni le regret du départ ni le désir du retour. […] … Une mère qui prie pour son enfant malade ne peut-elle donc espérer que son enfant sera sauvé, non par un miracle, mais par ses propres soins, providentiellement inspirés et dirigés ?
Si les mots ont un sens, je voudrais donc qu’on m’expliquât une fois, — lorsqu’un « galant homme », après tant de succès, laisse derrière lui une œuvre aussi considérable et, pendant quarante ans, si manifestement inspirée du même esprit — je voudrais que l’on m’apprît comment les qualités de son caractère n’auraient point passé jusques à son talent. […] que ne suis-je né dans le saint archipel Aux siècles glorieux où la Terre inspirée Voyait le Ciel descendre à son premier appel. […] La création de la religion pure a été l’œuvre, non pas des prêtres, mais de libres inspirés. […] Il ne semble pas, d’autre part, qu’en dépit des efforts qu’on a faits pour signaler dans l’animalité « des facteurs mythogéniques », il y ait rien de commun, ni de vaguement analogue, entre l’espèce de vénération que l’on prête au chien pour son maître et la terreur sacrée que ses idoles inspirent au Polynésien. […] Mettons beaucoup de choses, le plus de choses que nous pourrons, — la gloire, l’honneur, la patrie, le devoir, — au-dessus de l’horreur instinctive que la guerre et la mort nous inspirent.
Il s’appelle le spleen ; il inspire ces grandes et tristes œuvres, plaintes douloureuses que l’humanité exhale à travers les âges en se pleurant elle-même, et qu’elle a répétées avec plus d’amertume encore en notre siècle pour aboutir à la théorie du suicide et à la recherche du néant. […] certaines lignes se rapprochent à tel point du texte de Tolstoï que l’on jurerait qu’un des deux écrivains s’est inspiré de l’autre, si l’on n’avait l’assurance qu’ils s’ignoraient absolument. […] En quoi le poème chrétien, grave, majestueux et pur, à l’image de la religion qui l’inspire, se rapproche-t-il de cette épopée cruelle dont il émane une sensation complexe, à la fois admirative et pénible, faite de l’attrait esthétique pour les beautés qu’elle recèle et d’une sorte de douleur nerveuse devant les tableaux qu’elle évoque, en somme un peu morbide et malsaine, comme le cerveau même de l’écrivain qui l’a fixée. […] Sur les cinq grands ouvrages, auxquels il a usé son existence, deux seulement rappellent le poète épique et lyrique, le visionnaire démesuré qu’il était ; les trois autres, Madame Bovary, l’Éducation sentimentale, Bouvard et Pécuchet, les plus longs de beaucoup, indiquent un psychologue plus encore qu’un artiste, un observateur pénétrant plutôt qu’un rêveur inspiré, et ils procèdent d’un genre très sensiblement différent. […] Somme toute on pourrait le définir un imaginatif exalté parfois jusqu’au délire, un inspiré en qui le don d’illusion avait atteint la limite extrême au-delà de laquelle eût éclaté la machine humaine, et c’est par là que sa personnalité devient particulièrement intéressante.
Le meilleur moyen est de s’inspirer des deux et de corriger l’un par l’autre. […] Voilà ce que peut inspirer l’usage de l’antithèse. […] « J’étudiais, écrit M. de Ségur, en 1815, avant d’entreprendre son histoire, j’étudiais nos livres d’histoire moderne ; quel que fût leur mérite, il m’inspira peu. […] La force de l’âme qui l’inspire est d’usage dans tous les temps : elle met toujours la vertu au-dessus des événements, et ne consiste pas à se battre, mais à ne rien craindre. […] L’imitation de Rousseau a inspiré à peu près toute la littérature révolutionnaire depuis le commencement de la Législative jusqu’à la fin de la Convention.
L’humanité prise en masse, d’ailleurs, ne lui inspire pas grande confiance. […] Cette opération de toucher un chèque semblait lui inspirer une terreur irrésistible. […] La perversité de son ami lui inspirait tout autre chose que de l’admiration. […] Bérenger, comme à ses maîtres et à ses confrères, la vue du monde moderne inspirait à Walt Whitman une morale toute d’action et de compassion. […] Il s’éploie en liberté, mais c’est le même pouvoir, et inspiré du même esprit tout chrétien, toujours préférant au plaisir avec les grands la souffrance avec les petits.
Zola et à ses amis Meneurs de l’abominable tapage actuel, il faut vous dire enfin les raisons profondes de la haine, de la belle et solide haine que vous nous avez inspirée, à nous qui ne sommes ni catholiques, ni antisémites, ni cocardiers, à nous internationalistes décidés en même temps qu’adversaires irréconciliables de ces deux anachronismes modernes, l’esprit militaire et l’esprit religieux. […] Oui, vous êtes la fleur insolente et abominable de cette Bourgeoisie qui, au travers des empires, des monarchies et des républiques, mène le peuple avec des mots quand, ignorant et aveugle, il est sage, avec du plomb quand, instruit et clairvoyant, il bouge ; cette Bourgeoisie qui a assassiné les princesses légitimes, Liberté, Fraternité, Justice, pour mettre à leur place et saluer de leurs noms sacrés on ne sait plus quelles immondes courtisanes, vieilles et fardées… oui, nous la démasquons en vous, cette Bourgeoisie exécrée, et elle s’offre ainsi à nos yeux avec une de ses caractéristiques les plus importantes, sa volonté d’ignorer la souffrance humaine hors de ses accidents particuliers, et ses pratiques égoïstes de charité individuelle inspirées par la crainte de la révolution ou de l’enfer, par le désir du paradis ou d’un siège à la Chambre, de popularité ou de gloire, par besoin d’excuse pour certaines faiblesses devant sa propre conscience ; elle s’offre à nous avec sa terreur de la justice absolue, de l’égalité absolue, proclamées il y a dix-huit cents ans par le Christ, il y a plus de cent ans par la France, et aujourd’hui dans le monde entier par tout ce qui a un cerveau et un cœur, justice et égalité qui ne seront d’ailleurs une loi sociale universellement acceptée que le jour où, les frontières disparues, les possédants n’auront plus l’excuse de la Patrie à défendre pour entretenir des armées qui ruinent les peuples et qui, aux jours où ils se lèvent pour sauvegarder leurs libertés menacées, les massacrent. […] … Non, le trouble qui suit la lecture de tels livres (le sillage d’effroi qu’ils laissent en nous) n’est-il pas fait pour inspirer aux uns la croyance de l’effort sans trêve, aux autres, plus subtils, le scepticisme triste apportant ce bienfait que Clemenceau nomme la suprême sagesse du doute, à tous une souffrance purifiante et un besoin de vie plus belle et plus intense !
L’ode moderne est toujours inspirée, mais n’est plus ignorante. […] Que si nous avions le droit de dire quel pourrait être, à notre gré, le style du drame, nous voudrions un vers libre, franc, loyal, osant tout dire sans pruderie, tout exprimer sans recherche ; passant d’une naturelle allure de la comédie à la tragédie, du sublime au grotesque ; tour à tour positif et poétique, tout ensemble artiste et inspiré, profond et soudain, large et vrai ; sachant briser à propos et déplacer la césure pour déguiser sa monotonie d’alexandrin ; plus ami de l’enjambement qui l’allonge que de l’inversion qui l’embrouille ; fidèle à la rime, cette esclave reine, cette suprême grâce de notre poésie, ce générateur de notre mètre ; inépuisable dans la variété de ses tours, insaisissable dans ses secrets d’élégance et de facture ; prenant, comme Protée, mille formes sans changer de type et de caractère, fuyant la tirade ; se jouant dans le dialogue ; se cachant toujours derrière le personnage ; s’occupant avant tout d’être à sa place, et lorsqu’il lui adviendrait d’être beau, n’étant beau en quelque sorte que par hasard, malgré lui et sans le savoir ; lyrique, épique, dramatique, selon le besoin ; pouvant parcourir toute la gamme poétique, aller de haut en bas, des idées les plus élevées aux plus vulgaires, des plus bouffonnes aux plus graves, des plus extérieures aux plus abstraites, sans jamais sortir des limites d’une scène parlée ; en un mot, tel que le ferait l’homme qu’une fée aurait doué de l’âme de Corneille et de la tête de Molière. […] Notre infirmité s’effarouche souvent des hardiesses inspirées du génie, faute de pouvoir s’abattre sur les objets avec une aussi vaste intelligence.
Il a inspiré de grandes passions et de longues amitiés. […] Cette seconde image d’une des plus hautes personnifications de l’esprit humain sous la forme d’une femme m’inspira un second respect pour la fécondité de mon siècle. […] Je m’y tenais dans l’ombre et dans le silence, mais madame de Raigecourt ne manquait pas une occasion de m’y faire apercevoir et d’inspirer aux hommes ou aux femmes célèbres de la société le désir de me connaître.
Fut-il également inspiré le lendemain ? […] Je m’aperçus que je lui avais plu aussi, et que la sincérité de mon attrait pour lui avait promptement prévalu, dans son esprit si scrutateur, sur les ombrages que la naissance, la fortune, les opinions, les prétentions supposées devaient lui avoir inspirés contre moi. […] Il s’efforçait, dans sa sphère privée, comme moi dans la mienne, d’inspirer un peu de raison à ces sectes imprudentes : il n’y réussit pas.
D’ailleurs la terreur même jette ordinairement les hommes dans le désespoir ; le désespoir leur inspire l’audace ; et l’audace les précipite dans les attentats les plus monstrueux. […] J’ajoute que l’impuissance radicale de la science à résoudre les questions d’origine et de fin semble avoir désormais opéré la séparation du domaine respectif de la certitude « scientifique » et de la certitude « inspirée » ? […] C’est un Dieu jaloux que le Dieu de Luther et de Calvin, et il inspire plus de crainte que d’amour.
M…, se promenaient sur le boulevard, le soir d’une première représentation qui leur inspirait des inquiétudes que le public ne devait pas réaliser. […] Eh bien, cette même personne, dont le cœur restait fermé à triple tour et en dedans, à tous les plus ingénieux Sésames que peut inspirer le désir, fut, dit-on, attendrie l’autre soir au bal de l’Opéra-Comique. […] Cette sorte de sigisbéisme naît quelquefois de la sympathie que l’on éprouve pour les œuvres d’un écrivain, et de l’attachement que vous inspire sa personne. […] Je lui avais inspiré quelque confiance, sans doute, — et, sans que je m’en sois aperçu, il a opéré dans mes poches un travail pneumatique qui a parfaitement réussi. […] Mais ne serait-il pas temps d’en finir avec ce reproche banal qu’on jette à toutes les œuvres qui s’inspirent un peu vivement des mœurs de leur époque ?
Ces réflexions préliminaires me sont inspirées par un très intéressant ouvrage que M. […] On dut transiger avec l’esprit hindou et composer avec les mœurs de ce singulier pays. » Les Européens inspirent à tous les Hindous un dégoût profond, non pas tant un dégoût moral qu’un dégoût physique. […] Un témoin oculaire inspirait toute confiance. […] Les chevaux inspirent des affections généralement financières ; rien de plus violent, rien de plus dévoué que la passion, d’un paysan pour le poulain qu’il espère vendre à la prochaine foire un joli sac d’écus. […] La douleur a beaucoup inspirées poètes, les moralistes, les philosophes, et elle leur a fait dire, hélas !
Oui, c’est Armande, c’est évidemment Armande qui lui inspire, dans L’École des femmes, cette peinture de l’amour absolument ridicule en lui-même, mais qui, à force d’être vrai, sincère, devient à certains moments pathétique. C’est encore Armande qui lui inspire dans le rôle d’Alceste cette peinture de l’amour noble, élevé, et, quant à son objet, fourvoyé, qui ne peut éviter par moments une teinte de ridicule, qui est comme l’empreinte de l’indigne objet auquel il s’attache. […] La preuve que Molière n’accepte pas les opinions de Chrysale, c’est qu’il les a mises sous une forme ridicule dans ce passage du rôle d’Arnolphe, pour qui certes il ne prétend nous inspirer aucune admiration. […] C’est un résultat abusif de l’autorité morale acquise de longue main sur lui, de la confiance qu’on lui inspire ; craignez et prenez garde qu’il n’ait une opinion qu’il n’aurait pas, qu’il ne fasse un choix qu’il ne ferait pas, s’il était moins mené et mieux éclairé. […] ——— Rêver la lumière et être aveugle ; se sentir un génie vivifiant et se voir, comme Salomon de Caus, jeté dans un hôpital de fous ; embrasser le monde par la pensée du fond d’un cachot d’où l’on ne sortira point ; éprouver encore l’amour et ne plus l’inspirer ; qui dira de ces supplices lequel est le plus affreux ?
On notera d’abord pour mémoire une littérature personnelle de jeunesse, plus ou moins inspirée de Rousseau, et qui ressemble à celle que pouvait griffonner en garnison tout jeune officier. […] Avec le vœu obstiné de suggérer à la postérité un « Napoléon et lui », il éprouve une terreur d’inspirer un « Rousseau et lui ». […] L’aventure intime, tragique, la destinée incestueuse de René et d’Amélie, imposait aux imaginations des femmes une figure inspirée et inspiratrice de l’auteur. […] Ils valent souvent ce que valent les ouvrages de seconde main dont la lecture les a inspirés à l’auteur. […] Corinne au cap Misène, inspirée par ce Platon au Cap Sunium qu’avait inventé l’Abbé Barthélemy, appartient pour nous à l’industrie de la pendule Empire.
Une certaine légèreté d’agrément qui est, à proprement parler, l’honneur poétique et littéraire, manqua donc à la culture genevoise ; Senebier le reconnaît lui-même et en recherche les raisons : « La plupart des écrivains genevois, profonds dans l’invention et la déduction de leurs idées, sont faibles pour le coloris et pesants dans le style ; ces défauts ne naîtraient-ils pas de la gravité et de la réflexion que le sentiment de la liberté inspire, que le goût de prononcer sur les objets importants du gouvernement nourrit109… » Cela me paraît venir surtout de ce qu’en écrivant, les auteurs genevois, même ceux qui ont le sentiment du style, ne se sentent pas complétement chez eux dans leur langue ; la vraie mesure, le vrai niveau si mobile de cette langue, n’est pas au bord du Léman, mais au bord de la Seine ; ils le savent bien, ils s’efforcent, ils se contraignent de loin pour y atteindre, et l’on s’en aperçoit. […] Prévère paraît avoir été plutôt inspiré de la manière de Réguis, éloquence simple et mâle, et qui rappelle la belle école française123.
Ce mélange même d’admiration et de crainte, d’affection et de défiance, que lui inspire Louis XI, donne l’idée la plus exacte de ce personnage si grand et si singulier, qui faisait de si grandes choses sans gloire, et qui rendit tant de services à notre nation sans mériter sa reconnaissance. […] Il y a d’ailleurs tant de vérité dans une morale qui fait sortir des conseils de Dieu les grandes fortunes comme les grandes catastrophes d’ici-bas, qu’elle devait inspirer des pages durables à un homme qui ne pensait qu’à mettre des notes sur le papier.
Mais en même temps nous ne pouvons vivre que par la domination relative de l’instinct social et des illusions qu’il nous inspire, et par le règne, fictif ou ébauché, à l’intérieur de nos groupes, de ce que chaque groupe considère, selon le besoin qu’il en a, comme la « justice » et comme la « moralité ». […] Alors l’esprit social inspire ou tourne à son profit de nouvelles idées.
Aussi est-ce à un point de vue non officiel et absolument amical qu’il vous prie de faire connaître votre pièce à l’homme de lettres Édouard Thierry, à qui elle inspire une vive curiosité. […] Un journal nous a accusé de nous être inspiré pour le type de Boussanel du Cimourdain de M.
Quand à l’un des chantres inspirés de la solitude, à Mme de Staël, on parlait des beautés du lac Léman, elle répondait : « Oh ! […] IV Mme de Staël vécut des années dans un intime et forcé tête-à-tête avec les Alpes et leur virginale neige, leurs mystérieux précipices et leurs mélancoliques sapins, sans en être plus inspirée que ça : elle ne découvrit les beautés de la nature qu’après un voyage en Italie, qu’après surtout des études à bâtons rompus de métaphysique kantienne, que l’on introduisait en France pour l’opposer au matérialisme rendu responsable des crimes et des horreurs de la révolution.