Vous reculez d’horreur devant notre charité « scientifique » habilement organisée par des gens « qui connaissent la valeur monétaire de la philanthropie » et devenue une fructueuse « opération industrielle ». […] Je l’approuve aussi, malgré toutes les foudres de Tailhade, peut-être par un reste de romantisme, plutôt, je crois, par mépris pour les gens qui fréquentent les casinos : de quel droit ces grecs et ces mondains repoussent-ils leur sœur la courtisane, et quelle étrange présomption peut bien leur persuader qu’ils lui sont, en quoi que ce soit, supérieurs ? […] Ils vont encore, ces dédains olympiens, à toutes sortes de gens qui, la plupart, méritent le mépris de plusieurs façons. […] Autant que par ses pédanteries, Tailhade éblouit ces pauvres gens par ses prétentions aristocratiques.
En 1800, après le Directoire et sous le Premier consul, on eut en critique littéraire la monnaie de Malherbe et de Boileau, c’est-à-dire des gens d’esprit et de sens, judicieux, instruits, plus ou moins mordants, qui se groupèrent et s’entendirent, qui remirent le bon ordre dans les choses de l’esprit et firent la police des lettres. […] Les gens du métier, cependant, en font cas toujours, et y trouvent encore d’utiles remarques. […] Tout judicieux et sensé qu’il se montrait d’ordinaire, il n’était pas sans aimer le paradoxe ; c’est le faible des gens qui sont oracles et qui ont l’habitude d’être écoutés. […] Ses connaissances classiques lui permettaient de parler des auteurs latins, des traductions alors à la mode, d’une manière à satisfaire les gens instruits, et il y mettait l’amorce pour les gens du monde.
Elle jugea du premier coup d’œil les esprits des grands et ne se fit aucune illusion sur le degré d’appui qu’on pouvait espérer d’eux : « Avec ces gens-ci, écrivait-elle à M. de Torcy, le plus sûr est de témoigner de la fermeté. […] Trouvant de la résistance à son rappel dans l’esprit de son petit-fils et de la jeune reine, il leur écrivit en père et en roi : Vous me demandez mes conseils, disait-il à Philippe V (20 août 1704), je vous écris ce que je pense ; mais les meilleurs deviennent inutiles, lorsqu’on attend à les demander et à les suivre que le mal soit arrivé… Vous avez donné jusqu’à présent votre confiance à des gens incapables ou intéressés… (Et parlant du rappel d’Orry et d’un autre agent :) Il semble cependant que l’intérêt de ces particuliers vous occupe tout entier, et, dans le temps que vous ne le devriez être que de grandes vues, vous le rabaissez aux cabales de la princesse des Ursins, dont on ne cesse de me fatiguer. […] Les gens comme nous doivent s’élever au-dessus des démêlés particuliers, et se conduire par rapport à leurs propres intérêts et à ceux de leurs sujets, qui sont toujours les mêmes. […] Effectivement, quoique je puisse me vanter d’avoir entretenu en France, en Italie et en Espagne, tout ce qu’il y a de gens du meilleur esprit et du plus agréable, je ne me suis jamais tant plu avec eux que je me plaisais avec Sa Majesté.
Je ne profiterai en rien de sa faute ; je tâcherai d’avoir du mérite, et je forcerai l’estime. » La guerre alors offrait aux gens de qualité une ample carrière, et un homme de cœur pouvait y faire ses preuves aux yeux de tous. […] Dans son éducation domestique à Bonnefons, le jeune d’Antin n’avait pas manqué d’apprendre par les gens de la maison, surtout par les femmes de chambre, l’aventure de sa mère : Comme elles comptaient que j’en profiterais, dit-il, et, par conséquent, qu’elles en auraient leur part, elles me parlaient toujours, à l’insu de mon père, du roi, de la Cour, des grands biens et fortunes qui m’attendaient. […] Mais que l’on ne puisse jamais espérer de plaire et de mériter la moindre part dans l’amitié de quelqu’un à qui vous êtes attaché uniquement, que vous servez avec dévouement, auprès duquel vous passez votre vie entière dans un abandon total de vous-même, et occupé jour et nuit de ce qui peut lui être plus agréable ; en vérité, c’est un état trop douloureux pour les gens qui ont le malheur d’avoir le cœur sensible. […] C’était lui qui avait dit de d’Antin ce mot décisif : « Voilà comme un vrai courtisan doit être, sans humeur et sans honneur. » Il semblait que d’Antin eût fait son temps, et il se disposait à pratiquer enfin sa morale de retraite : Je voyais, dit-il (dans les huit jours qui précédèrent la mort du roi), je voyais tout le monde courre au soleil levant ; les gens attachés de longue main à M. le duc d’Orléans épanouissaient leur visage.
Chez Sardou, rien de Dumas, rien de sa hauteur méprisante pour les gens qu’il ne connaît pas. […] Des directeurs de journaux, qui sont obligés d’avoir l’air de dire quelque chose, sur n’importe quoi, à n’importe qui, arrivent à ne plus faire la distinction des gens auxquels ils parlent. […] 15 novembre Les partis politiques ressemblent, dans ce moment, à ces gens, que de Vigny vit, un jour, se battre dans un fiacre emporté. […] Elle répond à peine aux gens, qui lui font la politesse de venir s’asseoir, sur la petite chaise placée à ses pieds, relevant le nez à chaque entrant à qui elle jette : « Eh bien, sait-on quelque chose ?
Les critiques d’humeur et d’habitude étaient pires que tout : gens hargneux, qui faisaient profession de tout déchirer, et de défaire à belles dents les réputations. […] Et de là vient que la satire n’avilit point son auteur : au lieu qu’à l’ordinaire, dans les querelles des gens de lettres, le mépris des rieurs ne distinguait guère celui qui faisait rire de celui qui apprêtait à rire. […] Mais, peut-on dire encore, est-ce user comme il faut de la critique que d’assommer les gens sans en dire la raison.
Aux yeux de ceux-là, nous sommes fiers de passer pour des gens d’un autre âge, pour des fous et des rêveurs ; nous nous faisons gloire d’entendre moins bien qu’eux la routine de la vie, nous aimons à proclamer nos études inutiles ; leur mépris est pour nous ce qui les relève. […] Aux yeux du réalisme, un homme à genoux devant l’invisible ressemble fort à un nigaud, et, si les libations antiques étaient encore d’usage 51, bien des gens diraient comme les apôtres : Utquid perditio haec ? […] (perte sèche, comme diraient les gens positifs) des prémices à l’invisible.
Le climat, la langue, l’éducation façonnent et transforment les gens avec une telle puissance qu’on s’expose à de singulières erreurs, lorsqu’on prétend reconnaître en eux ce qu’ils doivent uniquement à leurs ancêtres. « Nourriture passe nature » ? […] Or, il semble que la discordance, la difformité, la bizarrerie se retrouvent alors jusque dans l’extérieur des gens Le grand Condé, avec son nez en bec d’aigle, a l’apparence d’un oiseau de proie. […] Théophile Gautier l’a décrit avec amour48 : « Ce nez invraisemblable se prélasse dans une figure de trois quarts, dont il couvre entièrement le petit côté ; il forme sur le milieu une montagne qui me paraît devoir être, après l’Himalaya, la plus haute montagne du monde ; puis il se précipite vers la bouche qu’il obombre largement, comme une trompe de tapir, ou un rostre d’oiseau de proie ; tout à fait à l’extrémité, il est séparé en deux portions… Cela fait comme deux nez distincts, dans une même face, ce qui est trop pour la coutume… » Les gens de lettres sont alors riches en particularités comiques du même genre.
C’était sous l’influence de l’heureux besoin dont les esprits étaient alors pressés, que s’ouvrait l’hôtel de Rambouillet aux gens de la cour ennemis des scandales, aux gens du monde poli de la capitale, aux gens de lettres de profession, aux esprits cultivés de toutes les classes ; c’était par cet intérêt que les femmes les plus distinguées y étaient amenées et reçues avec des hommes d’élite, par une des plus belles, des plus jeunes, des plus riches et des plus respectables femmes de la cour. […] Peu de gens ignorent le mérite des écrivains qui formèrent la société de Rambouillet dans la première période de son existence.
Voudroit-on supposer que tous les habiles gens qui vivent ou qui ont vécu depuis que ces nations se sont polies aïent conspiré de mentir au désavantage de leurs concitoïens, dont la plûpart morts dès long-temps ne leur étoient connus que par leurs ouvrages, et cela pour faire honneur à des auteurs grecs et romains, qui n’étoient pas en état de leur sçavoir gré de cette prévarication. […] Ce n’est donc pas d’aujourd’hui que les gens de lettres ont tâché de s’acquerir, en contredisant les opinions reçûës, la réputation d’hommes qui avoient des vûës supérieures, et qui étoient nez pour donner le ton à leur siecle, et non pour le recevoir de lui. […] Il ne sçauroit comprendre que les gens sages l’aïent loüé, et il se promet d’empêcher le mal et de procurer le bien mieux que lui.
., acceptèrent Bonnaire et Buloz pour les quartiers-maîtres de l’entreprise avec la naïveté de gens à talent, toujours un peu fats, et qui se croient irrésistibles. […] Tous les brillants écrivains de la première heure se brouillèrent successivement avec Buloz et s’en allèrent, les uns après les autres ; les uns à travers des éclats publics, les autres discrètement, en gens fiers blessés qui avaient la fierté pudique. […] … Il n’y a que le premier pas qui coûte aux gens modestes.
Lorsque le bas commande au haut, la hiérarchie des choses et des gens est renversée. […] Il y a deux sortes d’obstacles pour l’homme d’action : ceux qui viennent des gens ; ceux qui viennent des choses. […] Puis passez aux autres, à Daudet, à Arène, gens d’oc en français, à Mistral, à Aubanel, à Roumanille, gens d’oc en provençal, et vous m’en donnerez des nouvelles ! […] Les gens frivoles sont les mêmes à toutes les époques. Mais les gens sérieux, quand ils n’ont rien dans la tête, sont un danger.
Il y a, dans la langue française, dans celle que parlent les trois quarts des gens, tout un vocabulaire qui sert à ne pas penser ; ce sont ces mots mal définis, qui s’adaptent à tout, qui n’empruntent leur sens que de l’objet auquel on les applique, et qui signifient plus ou moins selon l’esprit de l’auditeur ou du lecteur. […] Que de gens ressemblent au marquis de Molière !
On ne doit cependant pas condamner cette réserve : il auroit pu faire comme beaucoup d’autres Philosophes, ses subalternes, ne garder aucune mesure, déclamer à outrance, insulter sans égard, prodiguer des épithetes dures, traiter de style de laquais les Ecrits anti-philosophiques, qualifier de libelles les Ouvrages où l’on venge l’honneur outragé de quelques Gens de Lettres, &c. […] Son Essai sur les Gens de Lettres est un assemblage de sagacité, d’élévation, d’une noble indépendance, qu’il seroit à souhaiter, pour l’honneur du Monde littéraire, que chaque homme de Lettres pût réduire en pratique.
Quelques Gens de Lettres, sans doute intéressés à ce qu’elle ne fût point jouée, ont crut devoir lui opposer l’autorité, au défaut du talent, arme plus convenable cependant à des Génies qui rougiroient de subsister autrement que par eux-mêmes. […] L’Auteur décele trop l’envie qu’il a de blesser ; ce qui inadispose les Lecteurs contre lui, loin de les muser : de sorte qu’en y déchirant presque tous les Gens de Lettres, il n’a eu la satisfaction d’en affliger aucun, comme l’a dit un homme de beaucoup d’esprit.
Je ne compte point Denys le tyran, que le démon des vers posséda toute sa vie ; qui briguoit d’en remporter le prix dans les jeux olympiques ; & chargeoit des lecteurs d’une poitrine forte & d’une voix admirable, d’y faire valoir ses poësies ; qui avoit dans son palais l’élite des gens de lettres comme autant de flatteurs à gages, employés à se récrier sur ses poëmes, à lui prostituer l’encens & des hommages ; qui ne trouva la vérité que dans la bouche d’un Philoxène, cet homme toujours le même malgré la crainte des supplices & la peine des carrières où il fut condamné. […] Cette multitude de gens parvenus excita la bile de Juvénal ; il se sentit emporté par les fougues de son caractère.
Que de gens seroient de grands auteurs s’ils avoient moins écrit. Si Martial ne nous avoit laissé que les cent épigrammes, que les gens de lettres de toutes nations sçavent communément par coeur, si son livre n’en contenoit pas un plus grand nombre que le livre de Catulle, on ne trouveroit plus une si grande difference entre cet ingénieux chevalier romain et Martial.
Voltaire est particulièrement le séducteur des imbéciles, l’empoisonneur des gens malsains, et l’Esprit Saint de la canaille. […] on posera encore d’ici longtemps, les gens d’esprit, qui voient de plus haut que leur esprit même, doivent se montrer implacables, inexorables, inflexibles.
Cependant la contagion avait gagné même les gens officiels, et Henri VIII enfin permettait de publier la Bible anglaise342. […] En vain le roi, dans sa proclamation, avait ordonné aux gens « de ne pas trop accorder à leur propre sens, à leurs imaginations, à leurs opinions ; de ne pas raisonner publiquement là-dessus dans leurs tavernes publiques et dans leurs débits de bière, mais d’avoir recours aux gens doctes et autorisés » ; la semence germait, et on aimait mieux en croire Dieu que les hommes. […] Ils se sont enrichis et accrus extraordinairement en quatre-vingts ans, comme il arrive toujours aux gens qui travaillent, vivent honnêtement et se tiennent debout à travers la vie, soutenus par un grand ressort intérieur. […] Les gens n’hésitaient pas à se lever avant le jour et à franchir une grande distance pour avoir le bonheur d’entendre la parole de Dieu. — Il n’y avait point de maisons de jeu, ni de maisons de filles. […] Les gens du lieu le chargent de coups, le jettent en prison, le condamnent comme traître et révolté, brûlent son compagnon Fidèle.
Il me semble cependant que le père Porée et les gens d’église auraient encore préféré les fades amours de Philoctète aux sarcasmes virulents du poète contre les prêtres. […] S’il eût écrit à Nicole ou bien au grand Arnaud, il n’aurait pas manqué de dire que les gens de lettres étaient aussi ambitieux et aussi intrigants que les jésuites. […] Le surintendant était le plus généreux des Mécènes : heureux si cette qualité, qui le fit adorer des gens de lettres, avait pu le soustraire aux intrigues des courtisans ! […] Si le sieur de Montauron imitait la libéralité d’Auguste envers les gens de lettres, Corneille a pu, sans le comparer à Auguste, observer qu’il avait une des qualités de cet empereur. […] Qu’y a-t-il de plus contraire à l’ordre social, que la fortune des gens qui en sont indignes ?
Je ne rencontre que gens qui me disent : « Vous ne croyez à rien ! […] Pour des gens de bon sens et d’un goût sain, Le Morne au diable vaut mieux que ses Mystères de Paris. […] Mais, en fait de passion, on ne discerne en ce temps-ci que les gens qui crient à se tordre les entrailles. […] Il y a peut-être des gens qui admirent cela. […] De là tant de gens qui sont occupés à faire quelque chose de peu ou de rien.
On voit de pauvres gens vendre leurs femmes et leurs enfants pour leur faire les présents qu’ils exigent ; et les pauvres gens trouvent cela tout naturel. […] Des gens de métier visitaient l’Exposition universelle. […] Les gens hargneux le « mirent en demeure » et les gens calmes le « prièrent » d’étudier les moyens d’éviter le retour de semblables catastrophes. […] Il y a bien des gens qui croient aux revenants. […] Des gens pleins de morale parlent.
Il n’aimait pas les gens éclopés. […] Avec cela, tous les trois, bien que la morale vulgaire ne les ait pas beaucoup gênés, furent de braves gens. […] ces gens de lettres ! […] De même, il y a des gens qui prennent un austère plaisir à voir courir des feux follets dans les cimetières. […] Les gens d’Arkhangelsk étaient fiers des anneaux d’or qui tintaient à leurs poignets et à leurs chevilles.
Voilà des gens qui, comme nous, parlent le français de naissance et d’enfance, qui ne sont pourtant pas le moins du monde obligés d’être Français de sentiments, puisqu’ils appartiennent à une autre nation ; ils ne nous ont vus que de loin ou en passant ; depuis les guerres de la Révolution et par nos annexions ou conquêtes, nous les dérangeons dans leur vie, nous les blessons dans leur nationalité, dans leurs convictions ou leurs habitudes les plus chères ; nous troublons tout chez eux ou autour d’eux ; s’ils sont liés intimement avec des Français, c’est avec des personnes de la haute société et de l’aristocratie, qui demeurent hostiles aux principes du nouveau régime et qui sont peu sensibles à ses gloires. […] Il n’y a que des fous ou des gens intéressés qui peuvent compter sur ces petits grands hommes. […] Nous sommes, chacun, fidèles à l’objet primitif de notre attachement ou de notre haine, moi aux choses, vous aux gens. […] Vous, Madame, vous conservez les mêmes sentiments pour les gens, dans quelque situation qu’ils soient. […] Presque tous les hommes accoutumés à penser, et dont les opinions s’étaient formées avant la Révolution, appartiennent encore à l’école de Voltaire, mais ils ont aujourd’hui soixante-dix ans, et ils sont seuls : aucune des générations venues depuis n’a adopté ni leur tour d’esprit ni leurs opinions ; aucun homme, âgé de soixante ans et au-dessous, qui sache écrire, qui exerce la moindre influence, ne professe une incrédulité moqueuse ; il y a des doutes, mais du désir de se rattacher à des opinions plus relevées ; il y a un besoin de religion et de respect pour des croyances que peu de gens, cependant, peuvent adopter complètement.
On le met à part : l’idée de disputer à La Fontaine le prix de son art, ou même de se faire compter après lui, n’est venue à personne, pas même aux gens d’esprit qui se sont crus fabulistes. […] Quant à la morale de ces fables, elle n’est guère que locale, parce que les personnages sont des gens de parti. […] Ne donnons-nous pas ce nom à sa science profonde de la vie, science qui ne condamne ni n’absout, mais qui fait voir toutes choses au vrai, et qui en porte des jugements dont peuvent s’autoriser également les gens sévères pour condamner, les indulgents pour absoudre ? […] Il y fallait être dur pour les gens ; il s’agissait de peindre l’espèce de méchants auxquels ressemblent ces chiens de village qui se jettent sur les chiens étrangers, et qui, … n’ayant en tête Qu’un intérêt de gueule, à cris, à coups de dents, Tous accompagnent ces passants Jusqu’aux confins du territoire68 . […] Ce sont deux modèles de cette sensibilité douce, sans vapeurs ni fausses grâces, propre aux gens dont le cœur est bon et l’esprit juste.
A Bayreuth, déjà une grande affluence ; un plus grand nombre d’Allemands, mais beaucoup d’Anglais, et des gens un peu de tous les pays. […] Mais les détails de chaque rôle ayant été réglés par Wagner et la tradition s’en imposant aux artistes, la comparaison ne peut plus être que sur des points très secondaires ; d’ailleurs, n’y a-t-il pas quelque étroitesse, surtout au théâtre de Bayreuth, à tant se préoccuper des spéciales qualités des acteurs ; serait-ce encore, même ici, l’histoire des gens qui écoutent l’acteur, non la pièce ? […] Oui, car dans ce théâtre chacun donne toute sa force à cette tâche au-dessus des moyens des gens de théâtre, réaliser une pensée artistique. […] Le premier acte, c’est l’instant décisif où, après de longues luttes, de longs mensonges, apparaît enfin la passion victorieuse ; puis c’est comme l’épanouissement du nouvel amour, la scène où Isolde frémissante attend Tristan, la scène où Tristan et Isolde, unis, cherchent vainement l’apaisement de leur insatiable désir, et la scène où, en présence de Marke et de ses gens, les deux amants, oublieux de Marke et des hommes et du monde, se donnent enfin, au dernier instant, le baiser par lequel ils entrevoient la suprême délice de leur libération ; enfin, le troisième acte, dans ce paysage de mer et de plage dont les bruissements s’enroulent autour de leurs âmes, la mort au monde et la transfiguration des amants ; la mort au monde, le déchirement de l’heure dernière, la torture des dernières humaines souffrances, et l’entrée à l’apaisement infini, — à la consolation de ceux qui ont gémi. […] Librairie de la Société des Auteurs et Compositeurs dramatiques et de la Société des Gens de Lettres. 1870. in-8° Le Vaisseau Fantôme : Opéra en Trois Actes de Richard Wagner.
Ajoutons seulement, qu’on aura peine à croire, en le lisant, qu’un Auteur ait pu débiter tant de faussetés manifestes, travestir tant d’événemens, les présenter d’un profil si contraire à la bienséance & à la vérité, sous les yeux d’une infinité de gens, témoins oculaires des faits qu’il y dénature. […] Faut-il s’étonner, après cela, qu’il ait trouvé le secret d’en imposer à tant de Gens, de leur faire adopter ses idées, à peu près comme le subtil Charlatan qui amuse, fait acheter sa drogue à ceux même qui n’y ont pas de foi ? Qu’opposent à tous ces tours d’adresse, à ce torrent d’approbation, les Gens de goût & les Hommes sages ? […] Les Jeunes gens apprendront à son école à secouer le joug du devoir, à répéter des blasphêmes, à triompher de leurs déréglemens : les Gens de Lettres, à peu respecter les modeles, à déguiser leurs larcins, à violer les regles, à oublier les bienséances, à se déchirer sans égard : les Nations à abandonner leurs principes, leurs loix, leur caractere, pour se repaître d'idées frivoles, de vûes chimériques, de goûts fantasques & passagers ; à préférer à leur intérêt, à leur gloire, à leur repos, l'attrait du plaisir, les honneurs du persiflage, & les charmes de la constance. […] Mais la Postérité juge les Auteurs & les Siecles : elle réduira, d'un côté, l'Ecrivain à sa juste valeur : de l'autre, elle saura que son Apothéose n'a pas été l'ouvrage de la Nation, mais l'effet des intrigues de quelques Gens de Lettres, qui, pour lors, seront vraisemblablement inconnus.
Le temps était beau, et les petites allées étaient pleines d’hommes et de femmes, à l’air heureux de gens qui sortent de l’hiver et respirent le printemps. […] * * * Il ne veut plus aller nulle part, il ne veut plus se montrer aux gens, « il a honte de lui », m’a-t-il dit. […] Il ne possède plus les gradations de la politesse, selon l’échelle sociale des gens avec lesquels il se rencontre, il ne possède plus les gradations de l’intelligence, selon la compréhension des êtres avec lesquels il se trouve en contact. […] * * * Parmi les gens qui attendent dans le jardin, il y a un vieillard que je ne connais pas. […] il y aura des gens qui diront que je n’ai pas aimé mon frère, que les vraies affections ne sont pas descriptives.
« Les pauvres gens, comme ils discutent ! […] Depuis, des gens qui aiment à parler m’apprirent que la poésie fut de tout temps symboliste. […] — Je vois des gens qui s’intitulent mystiques. […] À part les gens qui personnifient notre siècle avec M. […] Vous avez dû voir des gens, pas vrai !
Je sais des gens qui font reproche à M. […] Tous les gens qui parlent ou écrivent d’abondance en sont là. […] Je frémis quand je songe que des gens qui portaient l’adultère au fond de leur cœur osaient parler de vertu. […] Il faut appeler les choses et les gens par leur nom, si l’on veut n’être point dupe. […] Mais ces gens-là ont tort, M.
Il peut goûter les gens, il peut vouloir leur plaire ; mais une tendre et vraie amitié, l’abandon, le dévouement, sont choses qu’il ne faut pas attendre de lui. […] c’est comme un court mariage ; toujours et toujours ensemble, on se voit trop ; les défauts ne trouvent pas de coin pour se cacher : un enfant gâté, comme elle, de la nature et du monde, doit, certes, avoir les siens pour le matin, pour les moments de fatigue et d’ennui ; et je connais quelqu’un qui se cabre, lorsqu’il rencontre une tache chez les gens qu’il aime. […] Sans doute elle ne se liera qu’avec des gens qui sachent bien le français, car pour qu’elle mette ses pensées en italien, elle, c’est impossible. […] Mme d’Albany goûta peu Werner ; elle le vit le moins possible, et Sismondi remarque très-justement à ce sujet que « l’extravagance des gens d’esprit n’est pas, à la longue, moins fatigante, que celle des sots ; il n’y a rien de durable pour la curiosité, pour la conversation, pour le sentiment, sans un mélange de raison. » Benjamin Constant aussi est très-bien montré, toutes les fois qu’il paraît dans ces lettres.
Il souffrait et l’on souffrait autour de lui d’être hors d’état de rien entreprendre et de ne pouvoir renouveler la leçon de La Marsaille : « Au nom de Dieu, écrivait Tessé le 30 juin 1694. que le roi se détermine à prendre la vaisselle d’argent de cent hommes qui la lui enverront de bon cœur, et ayons une fok dans la vie de quoi donner les étrivières à tous ces gens-là. […] Je crois que bien des gens seraient surpris s’ils connaissaient jusqu’où va mon intérieur sur ce sujet ; j’ai bien fait des réflexions en ma vie sur les révolutions qui peuvent arriver aux hommes, et particulièrement à ceux qui sont honorés d’être en place ; j’y ai trouvé quelque appui et quelque consolation dans l’étourdissement où ce coup m’a mis. […] Les pauvres gens savent gré au-delà de tout de cette bonté, de cet esprit d’égalité dans un supérieur et un homme célèbre, à plus forte raison dans un guerrier. […] À cette date, l’on ouvrit le cercueil pour enlever le plomb ; mais les gens du lieu, toujours pleins de vénération pour les restes illustres, les remirent religieusement dans la tombe.
Depuis lors, la plupart des gens de talent en vers et en prose sont fats plus ou moins, c’est-à-dire affichent ce qu’ils n’ont pas, affectent ce qu’ils ne sont pas, même les critiques, ce qui devrait sembler assurément de moindre nécessité. […] L’improbité est un mot bien dur à articuler : il ne demeure que trop constant néanmoins que cette qualification flétrissante pourrait, sans trop d’impropriété, s’appliquer à bien des actes et des relations où des gens de talent obérés s’engagent et se dégagent tour à tour. […] Napoléon était de ceux qui sentent tout ce qu’une grande époque littéraire ajoute à la gloire d’un règne ; il essaya de classer, d’échelonner sur les degrés du trône les gens de lettres de son temps, de dire à l’un : Tu es ceci ; et à l’autre : Tu feras cela. […] Quand on ne connaît les gens, surtout ceux de sensibilité et d’imagination, qu’à partir d’un certain âge, et durant la seconde moitié de leur vie, on est loin de les connaître du tout comme les avait faits la nature : les doux tournent à l’aigre, les tendres deviennent bourrus ; on n’y comprendrait plus rien si l’on n’avait pas le premier souvenir.
Après le débordement de la Régence, en effet, les vices du siècle avaient légèrement rentré ; la corruption s’était faite élégante, et ne circulait que mieux sous un vernis de persiflage ; on avait à combattre une seconde rouerie plus convenable d’apparence et plus périlleuse peut-être que la première ; armée d’une diction polie, acérée, elle se faisait gloire d’une sécheresse spirituelle et d’une scélératesse de bon ton qui, même entre gens qui se piquaient d’honneur, devait en plus d’un cas passer des paroles jusqu’aux procédés. […] ce sont des gens qui ont la bêtise d’être heureux. […] Confiné et, pour tout dire, confit dans les solennités provinciales, dans la coterie littéraire du lieu et dans les admirations bourgeoises, il put encore avoir de bons, d’aimables instants en petit comité, entre le digne évêque M. de la Motte, qui le dirigeait, et MM. de Chauvelin, gens d’esprit, dont l’un était intendant de Picardie ; mais il ne retrouva plus désormais, il ne posséda plus son talent ; il eût été incapable, à sa manière, d’un grand et vivant réveil, comme en eut Racine. […] Ce sont là de ces faiblesses telles qu’il en arrive aux gens honnêtes un peu amollis par la vie domestique ; mais on se demande ce qu’est devenu l’homme d’esprit.
Les Lettres de Lausanne sont un de ces livres chers aux gens de goût et d’une imagination sensible, une de ces fraîches lectures dans lesquelles, à travers de rapides négligences, on rencontre le plus de ces pensées vives, qui n’ont fait qu’un saut du cœur sur le papier : c’est l’historien de Mlle de Liron qui a dit cela. […] C’est ainsi qu’on voit dans les lettres latines d’Héloïse à Abélard que celle-ci refusa de devenir la femme du théologien, comme il était permis alors, mais peu honorable, aux gens de sa robe, et qu’elle aima mieux rester sa maîtresse, afin d’avoir seule la tache, et qu’il n’y en eût pas au nom de l’illustre maître. […] Les amants que chaque femme prend et laisse à la file ; les fureurs au théâtre pour ou contre la Lemaure et la Pelissier ; le duc d’Épernon, qui, par manie de chirurgie, va trépanant à droite et à gauche, et tue les gens pour passer son caprice d’opérateur ; la mode soudaine des découpures, comme plus tard celle du parfilage, mais poussée au point de découper des estampes qui coûtent jusqu’à 100 livres la pièce : « Si cela continue, ils découperont des Raphaël ; » la manière dont on accueille les bruits de guerre : « On parle de guerre ; nos cavaliers la souhaitent beaucoup, et nos dames s’en affligent médiocrement ; il y a longtemps qu’elles n’ont goûté l’assaisonnement des craintes et des plaisirs des campagnes : elles désirent de voir comme elles seront affligées de l’absence de leurs amants ; » on entend tous ces récits fidèles, on assiste à cette décomposition du grand règne, à ce gaspillage des sentiments, de l’honneur et de la fortune publique ; on s’écrie avec la généreuse Mlle Aïssé : « A propos, il y a une vilaine affaire qui fait dresser les cheveux à la tête ; elle est trop infâme pour l’écrire ; mais tout ce qui arrive dans cette monarchie annonce bien sa destruction. […] Elle, ses gens, tout ce qu’elle possède, j’en dispose comme elle, et plus qu’elle ; elle se renferme chez moi toute seule et se prive de voir ses amis ; elle me sert sans m’approuver ni me désapprouver, c’est-à-dire elle m’a offert son carrosse pour envoyer chercher le Père Boursault, etc… » Ce qui ne touche pas moins que les sentiments de piété tendre dont Mlle Aïssé présente l’édifiant modèle, c’est l’inconsolable douleur du chevalier à ses derniers moments.
Les gens de Vaucouleurs eux-mêmes, mus d’intérêt pour elle, s’étaient mis en frais pour lui procurer un équipement. […] Une fois montée sur son coursier, la Pucelle, continue Gui de Laval, « se tourna vers l’huis de l’église qui était bien prochain, et dit en assez claire voix de femme : “Vous les prêtres et gens d’Église, faites procession et prières à Dieu.” » Puis elle reprit son chemin, en disant : « Tirez avant, tirez avant ! […] Voilà bien Jeanne dans toute sa beauté et sa grâce militaire, parlant d’une voix de femme, mais avec le ton du commandement, soit qu’elle s’adressât à ses pages, soit qu’elle donnât ses ordres aux prêtres et gens d’Église. […] Elle se fût sentie de force à commander aux gens d’Église et aux prêtres, à les redresser et à les remettre dans leur chemin, tout comme elle y remettait les princes, chevaliers et capitaines.
Mme Necker écrivait à Diderot : « Je continue à m’amuser infiniment de la lecture de votre Salon : je n’aime la peinture qu’en poésie ; et c’est ainsi que vous avez su nous traduire tous les ouvrages, même les plus communs, de nos peintres modernes. » Voilà bien l’éloge, et qui, selon quelques gens de goût, est la plus grande critique. […] Ces gens-là ne savent pas que les paupières ont une espèce de transparence ; ils n’ont jamais vu une mère qui vient, la nuit, voir son enfant au berceau une lampe à la main, et qui craint de l’éveiller. […] Dis-nous combien de ce temps as-tu laissé ravir par un créancier, par une maîtresse, par un patron, par un client… Combien de gens n’ont-ils pas mis ta vie au pillage, quand, toi, tu ne sentais même pas ce que tu perdais ! […] que Buffon est bien plus net que tous ces gens-là !
De là un désaccord qui frappe tous les gens de bon sens. […] Il sentait, du reste, tout ce qu’il y avait de discordant dans un tel lieu rapproché des circonstances où il le proférait : « Comment parler d’avenir, disait-il, à des gens que le présent dévore ? […] Lorsque le gouvernement retira aux gens de lettres les logements du Louvre, Le Brun alla23 se loger au Palais-Royal, maison du café de Foy, dans les combles. Il réunissait volontiers chez lui quelques gens de lettres, même quelques femmes sensibles à l’esprit.
Louis XIV a lui-même exposé la première idée qu’il se fit des choses, et cette première éducation intérieure qui s’opéra graduellement dans son esprit, ses premiers doutes en vue des difficultés, ses raisons d’attendre et de différer ; car « préférant, comme il faisait, à toutes choses et à la vie même une haute réputation, s’il pouvait l’acquérir », il comprenait en même temps « que ses premières démarches ou en jetteraient les fondements, ou lui en feraient perdre pour jamais jusqu’à l’espérance » ; de sorte que le seul et même désir de la gloire, qui le poussait, le retenait presque également : Je ne laissais pas cependant de m’exercer et de m’éprouver en secret et sans confident, dit-il, raisonnant seul et en moi-même sur tous les événements qui se présentaient ; plein d’espérance et de joie quand je découvrais quelquefois que mes premières pensées étaient les mêmes où s’arrêtaient à la fin les gens habiles et consommés, persuadé au fond que je n’avais point été mis et conservé sur le trône avec une aussi grande passion de bien faire sans en devoir trouver les moyensm. […] Ce discours nous livre à nu Louis XIV jeune, dans son premier appareil d’ambition : « Il me semble, dit-il, qu’on m’ôte de ma gloire quand on en peut avoir sans moi. » Ce mot de gloire revient à chaque instant dans sa bouche, et il finit lui-même par s’en apercevoir : « Mais il me siérait mal de parler plus longtemps de ma gloire devant ceux qui en sont témoins. » Dans cette exaltation et ce commencement d’apothéose où on le surprend, on le trouve pourtant meilleur et valant mieux que plus tard : il a quelques mots de sympathie pour les amis, pour les serviteurs qui s’exposent et se dévouent sous ses yeux : « Il n’y a point de roi, dit-il, pour peu qu’il ait le cœur bien fait, qui voie tant de braves gens faire litière de leur vie pour son service, et qui puisse demeurer les bras croisés. » C’est pourquoi il s’est décidé à sortir de la tranchée et à rester exposé au feu à découvert : dans une occasion surtout, dit-il, « où toutes les apparences sont que l’on verra quelque belle action, et où ma présence fait tout, j’ai cru que je devais faire voir en plein jour quelque chose de plus qu’une vaillance enterrée ». […] Je montrais l’autre jour, j’énumérais les gens de lettres qui se groupaient autour du surintendant Fouquet, et qui florissaient à l’envi sous ses auspices. […] [1re éd.] les gens habiles et consommés, et persuadé au fond que je n’avais point été mis et conservé sur le trône avec une aussi grande passion de bien faire sans en devoir trouver les moyens.
Pour moi je lui trouve la simplicité, l’espèce de rusticité, la bonhommie domestique des gens de son temps. […] Si vous eussiez consulté ces gens à petit goût raffiné qui craignent des sensations trop fortes, vous eussiez passé la brosse sur votre frénétique qui s’élance de l’hôpital, sur ce malade qui se déchire les flancs au pied de votre massif ; et moi j’aurais brûlé le reste de votre composition, j’en excepte toutefois la femme au chapelet, à qui que ce soit qu’elle appartienne. […] Il ne consiste pas seulement dans la succession des idées, le choix des expressions y fait beaucoup, d’expressions fortes ou faibles, simples ou figurées, lentes ou rapides ; c’est là surtout que la magie de la prosodie qui arrête ou précipite la déclamation, a son grand jeu. ô les pauvres gens que la plupart de nos faiseurs de poétiques… . […] En effet son style et son pinceau ne sont qu’à lui ; il ne veut s’endetter qu’à Raphaël, le Guide, le Titien, le Dominiquin, Le Sueur, le Poussin, gens riches que nous lui permettrons d’interroger, de consulter, d’appeler à son secours, mais non de voler.
… Fût-il le saint Siméon Stylite des gens de lettres, il ne descendit donc jamais de sa colonne ? […] Mais le Christianisme, qui nous sauve de tout, — qui donne du bon sens à ceux qui n’en ont pas, — l’a sauvé de ce danger du paradoxe, qui tentera toujours les gens d’assez d’esprit pour l’avoir audacieux. Or, Hello était de ces gens-là. […] Le miracle, qui est le signe des Saints (hoc signo vinces), le miracle, qui démonte tant de gens mal en selle, ne le démonte point.
Que les gens du siècle et les philosophes, et les chrétiens dissidents, ne s’étonnent pas trop de retrouver le clergé français si puissant : un tel corps ne s’écrase pas aisément, il renaît bien des fois ; c’est déjà beaucoup que ce clergé et les intérêts d’ambition encore plus que de conscience qu’il représente, ne soient plus qu’à l’état de parti. […] La parole et l’accent sont là pour déterminer le sens quand on a affaire à l’orateur ; mais un écrivain, c’est autre chose, et je cours risque de me noyer dans ces grandes flaques d’eau douce qui ne me portent plus en aucun sens. — Après tout, c’est un bon et méritant ouvrage, qui dispense de beaucoup d’autres et qu’il faut conseiller aux gens du métier.
» Cela est fort noble assurément ; mais comment de telles gens ont-ils l’effronterie de dire qu’ils admirent Homère ? […] Lemercier, L’esprit français repoussera surtout le galimatias allemand que beaucoup de gens appellent Romantique aujourd’hui.
On me proposait d’être royaliste ou républicain, démocrate ou conservateur, socialiste ou bonapartiste : je n’étais rien de tout cela, ni même rien du tout, et parfois j’enviais tant de gens convaincus qui avaient le bonheur d’être quelque chose. […] Mes gens affirmatifs construisaient une constitution comme une maison, d’après le plan le plus beau, le plus neuf ou le plus simple, et il y en avait plusieurs à l’étude, hôtel de marquis, maison de bourgeois, logement d’ouvriers, caserne de militaires, phalanstère de communistes, et même campement de sauvages.
Il n’y a que des barbares ou des gens à courte vue qui puissent se laisser prendre à des objections superficielles comme celles que fait naître au premier coup d’œil la multiplicité des emplois scientifiques. […] Certaines gens en concluraient qu’il faut supprimer tous les autres.
C’est sur-tout à ce défaut de modestie & de bienséance, dans la maniere de présenter ses idées, que M. de la Harpe doit attribuer le peu de succès de ses Ouvrages, & le peu d’estime dont il jouit parmi les Littérateurs, parmi les Gens du monde, & même parmi les Philosophes, ses Protecteurs. […] Pauvres gens » !