Pour Alfred de Musset, la poésie était le contraire ; sa poésie, c’était lui-même, il s’y était rivé tout entier ; il s’y précipitait à corps perdu ; c’était son âme juvénile, c’était sa chair et son sang qui s’écoulait ; et quand il avait jeté aux autres ces lambeaux, ces membres éblouissants du poète qui semblaient parfois des membres de Phaéton et d’un jeune dieu (se rappeler les magnifiques apostrophes et invocations de Rolla), il gardait son lambeau à lui, son cœur saignant, son cœur brûlant et ennuyé.
Mais les masques consacrés par la tradition l’emportèrent toujours, et toujours aussi ils gardèrent quelque chose de leur physionomie première et de leur première origine : à Paris, au dix-septième et au dix-huitième siècle, le docteur parlait encore le dialecte de Bologne et Arlequin le dialecte de Bergame.
Commencez à l’épousseter, et gardez-vous de faire mal aux habits qui ne sont pas coupables.
N’importe, ces chansons gardent une valeur documentaire indiscutable.
L’étude superficielle du tout doit faire place à l’examen approfondi et successif des parties ; mais il faut se garder de croire que là se ferme le cercle de l’esprit humain et que la connaissance des détails en soit le terme définitif.
Virgile, dans ses Géorgiques, s’est bien gardé de tomber dans cet écueil : les images, les descriptions, les épisodes, tout se rapporte au but qu’il s’est proposé, l’instruction du Cultivateur.
Dès ce moment, l’abbé de Clairvaux se crut dispensé de garder aucun ménagement.
Aussi, même dans l’erreur, Mme de Belgiojoso a gardé son sexe, son rang, sa qualité, tout ce que Mme Stern a perdu volontairement et irrémédiablement par sa faute, en déchirant sa robe comme Caïphe et en reniant le Seigneur dans des philosophies menteuses.
Et, tous les deux, voici qu’ils font la preuve, à leur tour, que la Diplomatie, dont le plus grand mérite pendant l’action est presque toujours le silence, après l’action, devrait aussi le garder… Talleyrand, qui fut le plus silencieux des diplomates, Talleyrand qui n’écrivait que des billets, ne disait que des mots, et dont toute la puissance ne fut guères que dans des monosyllabes et des airs, avait-il conscience de cela quand il prescrivait de ne publier ses Mémoires que trente ans après sa mort ?
On a beau se faire du xviiie siècle par la pensée, par l’étude, par l’admiration, par les affectations, on a gardé un peu de son cœur, on l’a arraché aux mauvaises mains de son esprit ; et le moyen de ne pas être grave, même à Trianon, même à la comédie chez les Polignac, quand on y suit cette reine enchanteresse qui sera au Temple tout à l’heure !
On a beau se faire du xviiie siècle par la pensée, par l’étude, par l’admiration, par les affectations, on a gardé un peu de son cœur, on l’a arraché aux mauvaises mains de son esprit ; et le moyen de ne pas être grave, même à Trianon, même à la comédie chez les Polignac, quand on y suit cette reine enchanteresse, qui sera au Temple tout à l’heure !
Il l’a gardé, — et le plus incroyable, c’est qu’il le méritait !
» et l’autre disant : « En Europe, maintenant, il fait nuit. » Il savait qu’il n’y avait plus, puisqu’il l’avait vue disparaître, de Monarchie, en France, qu’on pût conseiller ou qu’on pût avertir… Aussi garda-t-il stoïquement son livre.
Il était donc mieux de garder le silence ; et c’est ainsi que nous avons failli nous taire sur le livre que nous vous vantons maintenant.
Il était donc mieux de garder le silence ; et c’est ainsi que nous avons failli nous taire sur le livre que nous vous vantons aujourd’hui !
Enveloppé dans la grande parole de Leibnitz : le passé est gros de l’avenir , comme dans un talisman de vérité, il a cherché dans le passé la clef du difficile problème qu’on pose en ce moment, comme un sphinx qui le garderait au seuil d’une société à reconstruire.
Chastel porte la marque, l’ineffaçable marque de cette chattemite de philosophie qui fait la sobre, la modérée, l’honnête, quand elle frappe à la porte tranquille des Académies, et qui n’en est pas moins cette philosophie dangereuse qui prendra le monde qu’il a fait au catholicisme, si le catholicisme ne sait pas le garder !
Le monde du Croissant avait, tant de fois, essayé de faire tant de mal au monde de la Croix, qu’il eût été tout simple que les |philosophes du xviiie siècle eussent gardé pour cela à Mahomet un peu de reconnaissance.
Mais nul sentiment, venant de plus haut ou de plus profond qu’un épiderme, rougissant ou pâle, ne passe dans cette langue ouvragée comme une cassolette pour contenir, à ce qu’il semble, les plus immatériels éthers de la vie, et qui ne gardera pas même cette goutte de larmes moins pure !
» Évidemment, chez ce M. de Châtillon, beaucoup de pensées, — celles-là que le cœur garderait, — sont venues sous l’action de ce vin, quoique, hélas !
Et quand on y réfléchit, tant mieux peut-être, après tout, que le vieux portrait ait gardé sa fumée et que M.
Seulement l’originalité et le sens de ce petit roman, digne d’être publié à part, ne sont pas dans la passion criminelle du pasteur protestant et dans les détails de sa chute ; ils sont dans la situation de cet homme supérieur, dont le cœur est dévoré, les sens enivrés, mais dont, malgré ces tumultes, la haute raison touche au génie, et qui succombe, entraîné par la nature humaine, parce que son Église, à lui, ne l’a pas gardé, en faisant descendre dans sa vie la force de l’irrévocable !
Désormais les enfants qui liront cet Arioste du coin du feu et à leur usage garderont, dans cette imagination qui se souvient toujours des premiers baisers qu’on lui donne, la trace des deux lèvres paternelles qui s’y seront appuyées et y auront laissé leur phosphore.
Il fallut tout le talent de Cicéron pour empêcher Sextus Ebutius de garder la terre de Cecina, parce qu’il manquait une lettre à la formule.
Les dents serrées sans heurt gardaient une pâleur nacrée. […] A-t-elle gardé sa puissance ? […] Stéphane Mallarmé et Paul Verlaine — très peu gardèrent en eux l’influence de Victor Hugo ; la dilection de ceux qui restaient des disciples se portait plus généralement sur Baudelaire ou M. de Banville ; des vénérations saluaient M. […] C’est lui, le prince, qui l’a rencontrée près de la fontaine où elle gardait ses moutons ; il l’a regardée, elle l’a aimé, il l’a caressée, elle s’est donnée, et tout le village a envié sa gloire grande d’être la mie du roi. […] Sans doute d’autres que Rousseau et Voltaire vécurent la vie des faits, Lamartine, Hugo ; mais ne se gardèrent-ils pas de confondre les genres, et n’y eut-il point deux parts dans leur vie et dans leurs livres ?
Mme de Verdelin mérite d’être distinguée entre les diverses dames amies de Rousseau, en ce qu’elle n’était nullement bel esprit ni bas-bleu, ni rien qui en approche70 ; qu’avec un esprit fin elle n’avait nulle prétention à paraître ; qu’elle aimait l’écrivain célèbre pour ses talents et pour son génie sans doute, mais pour lui surtout, pour ses qualités personnelles, non pour sa réputation et sa vogue : elle n’apporta dans cette liaison aucun amour-propre ni ombre de susceptibilité, lui resta activement fidèle tant qu’il le lui permit, et elle ne cessa, elle ne renonça à la douceur de le servir que lorsqu’il n’y eut plus moyen absolument de l’aborder ni de l’obliger ; et alors même elle garda intact son sentiment d’amitié, comme un trésor, hélas ! […] Je vous avoue que votre secret a été mal gardé ; il a fallu batailler pour ne pas recevoir l’argent sur-le-champ. […] Après l’avoir étudiée de si près et dans ses propres confidences, je crois quelquefois, en vérité, qu’elle est là devant moi, intelligente et parlante ; je me la représente en personne, avec cette physionomie pétrie de tendresse, de finesse, de douce malice et de bonté : l’amour a passé par là, on le sent, non point précisément celui qui enflamme et qui ravage, mais celui qui brûle à petit feu et qui, toutes peines éteintes, laisse après lui une réflexion légèrement mélancolique et attendrie ; arrivée à cet âge où l’on n’espère plus et où l’on a renoncé à plaire, sans pour cela se négliger, dans sa mise de bon goût et simple, tout en elle est d’accord, tout se nuance, et s’assortit ; elle ne craint pas de laisser voir à son front et à ses tempes la racine argentée de ses cheveux où il a neigé un peu avant l’heure ; elle ne cherche pas à prolonger une jeunesse inutile et qui ne lui a donné que des regrets ; elle est aussi loin de l’illusion sentimentale et de l’éternelle bergerie d’une d’Houdetot, que de la sécheresse mordante et polie d’une Luxembourg ; elle a gardé la seule jeunesse du regard, l’étincelle aimante ; elle continue de sourire à cette vie qu’elle n’a guère connue que triste et amère ; elle rêve fidèlement à ce passé qui lui a valu si peu de douceurs, elle a le culte d’un souvenir, et si elle tient encore dans ses mains un livre à couverture bleue usée (comme dans ce portrait de femme attribué à Chardin), je suis bien sûr que c’est un volume de la Nouvelle Héloïse.
S’il s’est trouvé à côté quelque vieille bâtisse, abbaye ou château, on l’a gardée. […] Partout les beaux ormes, les ifs, les grands chênes, précieusement gardés, groupent leurs bouquets ou dressent leurs colonnes. […] On y a prévu, devancé les moindres besoins ; il n’y a rien que de correct et de perfectionné ; on soupçonne tous les objets d’avoir eu le prix, ou du moins une mention à quelque Exposition d’industrie ; et le service vaut les objets ; la propreté n’est pas plus méticuleuse en Hollande ; proportion gardée, ils ont trois fois plus de valets que chez nous ; ce n’est pas trop pour les détails minutieux du service.
Maintenant, est-ce moi qui vous emmènerai à Rome ou vous qui me garderez à Paris ? […] Sans mentir, je serais fâché de ne plus garder une idée de vous. […] Legouvé, le plus éclectique des hommes, le plus généreux des cœurs, applaudit à cette profession de foi d’une femme, et il en garda la mémoire, pour me prouver qu’il n’y avait rien de double dans madame Récamier que son cœur et son esprit : deux forces qu’elle mettait au service de ses amis présents ou absents, quand l’occasion demandait du courage.
Quelques vagues, attardées comme nos cœurs, gardent leurs derniers reflets et les roulent jusqu’à la nuit, d’un rivage à l’autre, avec des lueurs et des soupirs qui donnent leur mélancolie même aux éléments. […] Elle lui avait déjà donné et gardé son cœur. […] Sa charmante mère était moins émue, mais pas moins charmée ; elle recueillait son plaisir intérieur sous ses longs cils fermés sur ses yeux ; mais, pendant que le haut du visage gardait ainsi la gravité de l’attention, ses lèvres souriaient par moments comme en rêve.
On le méprisait, disent les historiens, pour ce mépris qu’il faisait des hommes et des richesses, et pour cette estime qu’il gardait aux choses immatérielles. […] Enfin c’était un petit nombre de jeunes gens des premières maisons de Rome, tels que Clodius, César, Catilina, Crassus, Céthégus, qui, ayant gardé le crédit en perdant les vertus de leur ancêtres, corrompus de mœurs, pervertis de débauche, ruinés de prodigalités, signalés de scandales, indifférents d’opinions, avides de fortune, trahissant leur sang, leur caste, leurs traditions, la gloire de leur nom, se faisaient les flatteurs, les instigateurs, les tribuns, les complices masqués ou démasqués de la populace, et cherchaient leur richesse perdue et leur grandeur future dans l’abîme de leur patrie ! […] Ils se présentent en effet en armes au point du jour à la porte du consul, dont ils avaient promis la tête ; ils trouvent cette porte gardée par une poignée de bons citoyens.
Le xixe siècle me donne l’impression, belle mais un peu inquiétante, d’un être qui arrive à sa puberté et qui, après avoir été longtemps gardé en tutelle, trouve enfin l’occasion de permettre à ses sens de courir la bride sur le cou. […] J’estime, pour ma part, que le rôle du xxe siècle, plus critique et plus pondéré que son devancier, sera de les garder près de lui mais en laisse. […] Je vois bien les tares du Romantisme, et que nous en gardons une sensibilité un peu détraquée ; mais de là à rejeter en bloc l’héritage… non, tout de même !
S’il ne trouve rien de plus fort contre mes passions que le consentement passager que lui donne ma raison naturelle, au moment où il développe des maximes que j’ai déjà lues dans les livres, je risque fort de garder mon mal. […] Comme peintre de mœurs et de caractères, il faut se garder de comparer Vauvenargues au modèle du genre, La Bruyère. […] Quoi qu’il en soit, Vauvenargues a eu tort de ne pas appliquer à Corneille sa très juste maxime, « qu’il ne faut pas juger des hommes par leurs défauts. » Remarquer les défauts de Corneille est le droit de la vérité ; s’y montrer sensible jusqu’à garder, en lisant les beaux endroits, un peu de la mauvaise humeur que donnent les fautes, c’est un travers.
L’habileté des gouverneurs, précepteurs, serviteurs de toute nature, consistait à se faire mépriser des enfants ; ils se gardaient bien d’y manquer, sachant que c’était faire leur cour aux parents. […] Rousseau n’avait pas connu l’amitié ; il n’avait pas su garder un ami, parce qu’il n’avait pas su le trouver. […] Non, il n’y a jamais eu de société qui pût ainsi pervertir et dénaturer un homme ; non, pas même la société romaine, au temps où un Tacite, pour échapper aux délateurs de Domitien, pouvait bien tenir ses lèvres fermées et enfouir sa pensée, comme on enfouit son or en temps d’invasion, mais gardait intact ce sens moral par lequel « le plus grand peintre de l’antiquité117 » en est un des plus grands moralistes.
La fille de l’heure présente n’est plus même cette lorette de Gavarni qui avait gardé au fond d’elle un petit rien de grisette, et consacrait un peu de son temps à amuser son cœur… Du reste, le bas monde de l’amour ne fait que refléter le haut monde de l’amour, ce monde où les femmes de la société commencent à prendre l’habitude de se faire entretenir. […] Elle-même n’a nullement gardé rancune d’avoir été, sur les ordres de notre grand-père, plusieurs fois plongée dans la pièce d’eau, pour lui rafraîchir le sang, quand elle éprouvait la tentation de se marier. […] Du reste, un chef de famille pas commode ; notre père qui était chef d’escadron à vingt-cinq ans et qui passait pour un vrai casse-cou parmi ses camarades de la Grande Armée, racontait qu’il lui arrivait de garder dans sa poche, huit ou dix jours, une lettre de son père, avant d’oser l’ouvrir.
Il s’agit de la vente de nos fermes des Gouttes, de ce morceau d’orgueil de notre famille, de cette grande propriété terrienne du grand-père, de cette chose vénérable, respectée, sacrée, qu’en dépit de leur petite aisance, notre père et notre mère se sont entêtés à garder contre les tentations d’offres magnifiques, pour conserver à leurs enfants, ce titre et cette influence de propriétaire, et ce pain solide, que seule la terre représentait, sous Louis-Philippe, pour l’ancienne famille. […] On est réuni dans cet atelier rustique du parc, ancienne chapelle qui a gardé son autel, et pêle-mêle, sont là, assis au hasard, sur les marches de l’autel ou sur des chaises, hommes, femmes et enfants, toute la maisonnée du moment. […] On nous fait vaguer par ce labyrinthe et ces obscurités, qui semblent garder, dans le dédale embrouillé du grand théâtre, le directeur contre les créanciers et les manuscrits.
Minutes d’art II De Miss Cassatt, talent comme tous les féminins fait de réminiscences, gardons le souvenir des deux femmes aux épaules d’ablutions, couleur de bai sable de mer, et de peut-être aussi l’espalier encore chez Durand-Ruel1. […] Mentionnons pourtant deux de ces visions encore inconnues : l’une parce qu’elle n’est point terminée (qui rejoindra un de ces jours la Sainte Cécile chez Le Barc : une famille de Bretons, des figures plus grandes qu’à l’ordinaire) ; l’autre sur une lettre à M. de Gourmont, voici deux ans, un bien vrai Filiger10 : je découpe deux morceaux au hasard de l’encadrement, car on sait que Filiger, œuvres assez reconnaissables, les aime signer en plus sur la bordure (j’ai gardé sa ponctuation rythmée de lied) : « La petite vierge en tête de ma lettre a été faite à votre intention, voilà quelques jours déjà… Vous voyez que je n’ai pas attendu de recevoir de vos nouvelles pour penser à vous ? […] Augier, Dumas fils, Labiche, etc., que nous avons eu le malheur de lire, avec un ennui profond, et dont il est vraisemblable que la génération jeune, après les avoir peut-être lus, n’a gardé aucun souvenir.
Dis-moi si le sycomore Prend ses feuilles de printemps ; Si ma mère y vient encore Garder ses jolis enfants ; Si sa voix, qui les appelle, A des accents aussi doux ; Si la plus petite épelle Le livre sur ses genoux ; Si sa harpe dans la salle Fait toujours, à l’unisson, Tinter, comme une cigale, Les vitres de la maison ; Si la source où tu te penches, Pour boire avant le matin Dans le bassin des pervenches, Jette un sanglot argentin ; Si ma mère, qui l’écoute, En retenant mal ses pleurs, De ses yeux mêle une goutte À l’eau qui pleut sur ses fleurs ; Et si ma sœur la plus chère, En regardant le ruisseau, Voit l’image de son frère Passer en rêve avec l’eau. Je ne lus ces vers qu’à mes deux amis, Aymon de V… et Louis de V… Ils se récrièrent sur mon prétendu talent ; ils copièrent mon chef-d’œuvre pour le montrer à leurs parents ; mais nous nous gardâmes bien de le laisser voir à nos maîtres, car on nous interdisait avec raison de composer des vers français avant d’avoir des idées ou des sentiments à exprimer dans cette langue. […] Il me gardait seulement à vue comme le chevrier garde le chevreau qu’on lui a confié et qu’il doit ramener au bercail.
Ils n’ont plus assez de goût pour garder un peu d’esprit, ils n’ont plus assez d’esprit pour garder un peu d’honneur550. […] alors tu vas rester ici et garder la porte à ma place, pendant que j’entre à ta place. […] La science gardait sa séve et n’y perdait que ses épines. […] La vraisemblance n’est pas bien gardée ; il y a des déguisements mal arrangés, des folies mal simulées, des mariages de paravent, des attaques de brigands dignes de l’opéra-comique. […] On passait la nuit à l’écouter ; nul ne l’égalait dans un souper ; même ivre, il gardait son esprit.
Les critiques de 1830 gardèrent longtemps rancune à « ce jeune gentilhomme » qui « persiflait tout ». […] Tu en garderas la mémoire. […] Musset, qui avait gardé de son passé moins d’illusions que George Sand, sentait la nausée lui monter aux lèvres au milieu de ses serments d’amour. […] Gardons-nous de faire fi de ce régal, tout en reconnaissant qu’il faut chercher dans le volume suivant les vrais procédés techniques de Musset, qui lui attirent aujourd’hui de si dures critiques, et le font traiter de mauvais ouvrier. […] Elles ont le charme des natures saines, et n’ont pu être créées que par un poète qui avait gardé intact, à travers les désillusions et les déchéances, le respect de la jeune fille.
En effet, j’observe que ces gens si paisibles sur les injustices publiques sont toujours ceux qui font le plus de bruit au moindre tort qu’on leur fait et qu’ils ne gardent leur philosophie qu’aussi longtemps qu’ils n’en ont pas besoin pour eux-mêmes. […] mon cher, gardez votre argent ; ne faites pas le commerce ! […] Quand vous l’aurez, gardez qu’on ne vous la dérobe. […] Vous croyez que tout le bonheur possible consiste à avoir de l’argent et à le garder. […] Nulle part assurément, si ce n’est à la première scène du premier acte, où Arnolphe expose ses théories sur l’éducation des femmes et sur « les vertus d’ignorance que les femmes doivent avoir et doivent garder.
Telle est, du moins, la légende contée au public par les critiques bien informés et qui savent garder leur sérieux. […] Il est gardé par la vertu de Célimène. […] Et cela, parce que la Critique, cette veuve Conrart, gardait sur lui un opiniâtre silence. […] gardez-vous de laisser traîner sur le tapis de la confiance les idées dont vous comptez le nourrir ! […] L’artiste et le poète, résolus à traduire fidèlement leur époque, doivent garder jalousement leur pleine liberté.
Victor Hugo n’a pas gardé pour ses maîtres cette vénération affectueuse qui honore le disciple, même quand il est déjà d’un âge mûr, même quand il est illustre. […] Il y a même un passage très irrévérencieux sur les Muses et Musettes, que je me garderai bien de transcrire. […] Plus les sujets étaient difficiles, plus il convenait que le poète gardât toute sa liberté pour les exprimer. […] Une femme aussi naïve au fond, aussi charmante, aussi noble et distinguée, doit garder une sorte de délicatesse jusque dans son désespoir. […] Mais cette étude, chacun doit la garder pour soi ; la confidence que l’on en ferait au public ressemblerait à un abus de confiance.
»), que les jeunes travaillent au lieu de protester, et gardent les injures à ceux qui sont arrivés pour le jour où leur printemps sera parti et que de fruits verts ils seront passés à l’état de fruits secs. […] — n’ayant le droit d’engager que son appréciation personnelle ; il devrait se garder de dire à des gens qui, généralement, savent mieux que lui le métier qu’il exercent : — Voici la scène à faire, la page à écrire ! […] Mais la maison entière en gardait le frisson, scellée à ces vieilles pierres, fondues en elles, vivant de leur sang. […] Ses yeux d’aigle restaient fixes, sa belle face pâle, sous les épaisses boucles de ses cheveux blancs, gardait une majesté. […] Elles s’assirent pour nous voir, tristes et sages, Leurs mains jointes semblaient garder leurs cœurs en cages !
« Gardez-vous, lui écrivit-elle, de croire ceux qui vous conseillent d’épouser une veuve à si bon marché. […] Biré s’en est bien gardé ? […] Cependant, il a gardé jusqu’ici le silence, et j’en cherche vainement les raisons. […] Gumplowicz n’a pas assez su s’en garder. […] Mais, pour cela, gardons-nous de la présenter à l’humanité comme une loi nécessaire, et surtout incommutable, de son développement.
Gardons-nous de confondre le vrai don d’écrire, qui a en lui quelque chose de divin, avec ce funeste mal d’écrire qui nous dévore. […] Voulez-vous trouver l’inspiration, voulez-vous la garder intacte ? […] On consentit enfin à l’admirer à condition de n’en plus parler et l’on ne sembla garder le culte de son nom que pour mieux dédaigner son œuvre. […] L’un et l’autre ont fini leur vie dans la même solitude désabusée et ont gardé le tourment stérile des choses auxquelles ils ne croyaient plus. […] Ceux qui vivent dans l’intimité de cette lecture en garderont une longue empreinte.
Homère a comparé les générations humaines, — Horace a comparé la succession des mots et vocables à la frondaison des bois, aux feuilles passagères qui verdissent, gardent leur fraîcheur plus ou moins de temps, puis jaunissent et tombent. […] Chapelain aurait voulu, par respect pour l’étymologie, qu’on gardât la vieille orthographe de Charactère, Cholère, avec ch, et qu’on laissât l’écriture hérissée de ces lettres capables de dérouter à tout moment et d’égarer en ce qui est de la prononciation courante.