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603. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Lundberg » pp. 169-170

Lundberg portrait du baron de Breteuil, en pastel. ma foi, je ne connais ni le baron ni son portrait.

604. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome III pp. 5-336

Sa raillerie donne au profane un appareil sacré, quelquefois montre le sacré sous un air profane : le paganisme et la foi, les saints et les diables, tout lui est présent et opère les vicissitudes qu’éprouvent ses héros. […] Tout se souleva, tout se ligua, tout s’arma pour la réparation d’un attentat à la majesté des lois, aux dieux hospitaliers, à la foi des traités les plus saints, et à la pureté des mœurs. […] Le rapt d’Hélène n’était pas le premier outrage de cette espèce dont les Grecs eurent à se plaindre, et leurs annales héroïques font foi qu’ils avaient usé déjà de représailles à l’occasion d’un fait pareil. […] Ces révélations semblables, et toutes deux consacrées par la foi des nations en des temps éloignés, ont fourni aux poètes deux faits simples, extraordinaires, et rehaussés au suprême degré de l’idéal. […] L’Olympe des païens n’est qu’obscurité, en comparaison de ce Paradis où le Dante porte les lumières de la foi.

605. (1901) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Deuxième série

Son premier livre, d’où toutes ses œuvres sont sorties, l’Avenir de la science, enfanté dans l’ardeur de la méditation solitaire, était un acte de foi profonde. […] Toute idée soutenue avec foi et passion doit faire des prosélytes prochains. […] La parole vivante, même faible, peut avoir beaucoup plus d’efficacité que l’écriture : que ne devient-elle pas capable d’accomplir avec l’accent d’une foi sincère ? […] Herbert Spencer remarque que « souvent une simple assertion articulée avec assurance produit, en l’absence de preuves ou même en présence de preuves contraires, une conviction inébranlable… Nous voyons non seulement le ton affirmatif et l’air d’autorité créer la foi, mais encore la foi diminuer à la suite d’explications. […] Ce n’est pas deux ans, ni vingt ans, ni un siècle, c’est l’éternité que nous anticiperons comme jadis, avec la même foi qu’au temps d’Horace, foi devenue folie et absurdité.

606. (1932) Le clavecin de Diderot

Ma foi, ces messieurs vous rendraient poètes. […] Sur la foi de ces découvertes, un courant d’opinion se dessine, à la faveur duquel l’explorateur humain pourra pousser ses investigations. […] Mais combien de sacrifices humains, la foi catholique, la foi protestante n’ont-elles pas offerts au Dieu des chrétiens ? […] Savoir à quoi s’en tenir, comment, où se tenir, une fois pour toutes, c’est la foi. La foi, c’est la fois pour toutes.

607. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Diderot »

D’Alembert était prudent, circonspect, sobre et frugal de doctrine, faible et timide de caractère, sceptique en tout ce qui sortait de la géométrie ; ayant deux paroles, une pour le public, l’autre dans le privé, philosophe de l’école de Fontenelle ; et le xviiie  siècle avait l’audace au front, l’indiscrétion sur les lèvres, la foi dans l’incrédulité, le débordement des discours, et lâchait la vérité et l’erreur à pleines mains. Buffon ne manquait pas de foi en lui-même et en ses idées, mais il ne les prodiguait pas ; il les élaborait à part, et ne les émettait que par intervalles, sous une forme pompeuse dont la magnificence était à ses yeux le mérite triomphant. Or, le xviiie  siècle passe avec raison pour avoir été prodigue d’idées, familier et prompt, tout à tous, ne haïssant pas le déshabillé ; et quand il s’était trop échauffé en causant de verve, en dissertant dans le salon pour ou contre Dieu, ma foi !

608. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Bruyère »

Il était religieux, et d’un spiritualisme fermement raisonné, comme en fait foi son chapitre des Esprits forts ; qui, venu le dernier, répond tout ensemble à une beauté secrète de composition, à une précaution ménagée d’avance contre des attaques qui n’ont pas manqué, et à une conviction profonde. […] Il est obligé d’alléguer son chapitre des Esprits forts et de supposer à l’ordre de ses matières un dessein religieux un peu subtil, pour mettre à couvert sa foi. […] Le registre des naissances de la paroisse Saint-Christophe-en-Cité eu fait foi.

609. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mendès, Catulle (1841-1909) »

Catulle Mendès a prise hier soir dans la littérature dramatique du Théâtre-Français ; mais, ma foi, cela semblait presque celle d’un petit Dauphin… qui grandira et qui sera peut-être un jour, qui sait ? […] Ainsi tient dans le creux de la main l’historique de cet Art au théâtre dont notre ami Eugène Fasquelle lance aujourd’hui la première édition, qui sera suivie de tant d’autres : livre extraordinairement nouveau, tout à fait beau, je le répète, débordant de bonne foi, ce qui est bien, et de foi, ce qui est encore mieux, et où alternent avec un égal bonheur les envolées et les culbutes, les coups d’aile et les coups de bâton. […] N’ayant pas, comme tant d’autres, une foi absolue en l’infaillibilité de son esprit, il cherche patiemment à s’initier aux ouvrages qui lui sont mystérieux.

610. (1889) Les premières armes du symbolisme pp. 5-50

Ma foi, on le saura dans cinquante ans. […] Un journal, qui reçoit d’ordinaire les manifestes des princes, vient de publier la profession de foi des symbolistes. […] Jean Moréas, le rédacteur de la profession de foi, repousse ces vocables comme impropres : «  Les littératures décadentes se révèlent, dit-il, essentiellement coriaces, filandreuses, timorées et serviles : toutes les tragédies de Voltaire, par exemple, sont marquées de ces tavelures de décadence.

611. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre deuxième »

Il y invite ceux qui annoncent le saint Évangile, et qui veulent la foi profonde. […] Pourquoi, d’ailleurs, ferait-on faire à Rabelais en chose quelconque, une profession de foi qu’il a toujours éludée ? […] La raison d’où elles tirent leur origine les reprenait à la philosophie qui n’en avait rien su faire, et à la théologie qui les avait confondues toutes en une seule, la vérité selon la foi.

612. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « I »

Cette influence fut profonde, mais aussi n’est-ce pas à la surface qu’on en trouvera les traces ; on peut la résumer en ceci, qu’elle élargit et précisa les vues de Wagner, et qu’elle lui infusa de nouvelles forces et une foi toute joyeuse et inébranlable en lui-même, en raffermissant sa foi dans la mission divine, toute puissante, de l’artiste. […] Seules la foi et la confiance dans le Graal permettent d’y accéder.

613. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre III. Des Livres nécessaires pour l’étude de l’Histoire sacrée & ecclésiastique. » pp. 32-86

Mais vivant au milieu de payens qui haïssoient & méprisoient sa nation, il diminue autant qu’il peut la foi que l’on doit aux miracles ; & quand il parle de certains effets d’une Providence extraordinaire de Dieu dans la conduite de son peuple, il ajoute à son récit qu’on peut croire de ces merveilles ce qu’on en jugera à propos. […] Une des plus importantes est celle des Hérétiques, c’est-à-dire, de ces hommes hardis & entreprenans qui ne pouvant plier leur tête orgueilleuse sous le joug de la Foi, ont troublé l’Eglise par des erreurs qui ont fait quelquefois couler le sang humain. […] Il y fait l’histoire du Monastère & des Moines distingués par leur sainteté par leur doctrine ou par leurs travaux pour l’établissement, l’avancement, ou la réforme de l’Ordre monastique, de la discipline ecclésiastique, ou de la Foi.

614. (1898) Les personnages de roman pp. 39-76

Je me souviens que, dans mes notes sur l’Espagne, j’évoquais le souvenir de cette assemblée de savants tenue à Salamanque, et dans laquelle Christophe Colomb, méconnu et combattu, essaya de communiquer à ses auditeurs sa foi dans l’Amérique future. […] Tandis que la patience, le don de voir et de composer suffisent pour animer d’une vie parfaite un gentilhomme ou un bourgeois, il est besoin ici d’autre chose, et c’est de la foi, ou tout au moins de l’intelligence de la foi.

615. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XIII. »

N’en devait-il pas sortir quelque chose de ces belles maximes de la sagesse divine ou de ces chants sublimes du prophète, de ces images lamentables ou de ces prophéties triomphantes, dont Israël dispersé nourrissait en tous lieux la foi de ses enfants ? […] Tels sont en particulier ces hymnes mis sous le nom d’Orphée, fabrication ancienne, puisque Platon en cite quelques vers, mais évidemment reprise et accrue plusieurs fois, à l’époque des trois premiers Ptolémées, et dans cette ville d’Alexandrie, où Clément et saint Justin martyr les recueillirent plus tard comme un germe antique de la foi naturelle, qu’on aimait alors à rapprocher des vérités de la foi révélée.

616. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Joseph de Maistre »

Presque tous les autres (et M. de Maistre de ce nombre), les femmes surtout et les enfants, rentrèrent en Savoie sur la foi de l’Assemblée. […] Mais c’était à son imagination qu’il accordait ce plaisir, sans jamais laisser entamer l’idée ni la foi. […] Sous ce dernier aspect, on peut le donner comme le plus conséquent des hommes, celui de tous chez qui la foi, l’idée acceptée et crue, était le plus devenue la substance et faisait le plus véritablement loi. […] L’omniprésence de sa foi y pourvoyait. […] Pourtant, jusque dans l’excès de sa théorie pontificale, M. de Maistre ne faisait encore que marquer sa foi vive et à tout prix au gouvernement providentiel.

617. (1896) Les Jeunes, études et portraits

La foi se perd, non la discipline de l’esprit. […] Ils avaient la foi. […] Il s’arrête au désir, à l’aspiration vers une foi qui ne sera jamais la sienne. […] Il a la foi. […] Qu’est-ce que la piété sans ses angoisses et la foi sans les extases ?

618. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXXVI » pp. 147-152

Je crois qu’il serait injuste d’imputer le scepticisme réel aux principaux éclectiques de l’école : ils ont sur deux ou trois points des convictions, des principes ; ils ont foi intellectuellement à la liberté humaine et au spiritualisme de l’âme ; mais, à part ces quelques points, le reste est court et le symbole intérieur pourrait sembler bien flottant.

619. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre troisième. »

J’en conviens ; mais de quoi sert-elle, Avec des ennemis sans foi ?

620. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 26, que les jugemens du public l’emportent à la fin sur les jugemens des gens du métier » pp. 375-381

Le plus grand effet des préjugez que les peintres et les poëtes sement dans le monde contre un nouvel ouvrage, vient de ce que les personnes qui parlent d’un poëme ou d’un tableau sur la foi d’autrui, aiment mieux en passer par l’avis des gens du métier, elles aiment mieux le repeter, que de redire le sentiment de gens qui n’ont pas mis l’enseigne de la profession à laquelle l’ouvrage ressortit.

621. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 27, qu’on doit plus d’égard aux jugemens des peintres qu’à ceux des poëtes. De l’art de reconnoître la main des peintres » pp. 382-388

Or les anciens étoient si bien persuadez qu’on pouvoit contrefaire l’écriture tracée sur leurs tablettes, parce qu’on pouvoit en retoucher les caracteres sans qu’il y parut, que les actes ne faisoient foi chez eux que moïennant l’apposition du cachet de celui qu’ils engageoient.

622. (1882) Autour de la table (nouv. éd.) pp. 1-376

Sa foi parle le langage de la légende. […] C’est par la foi, ce rêve sublime, que tout ce à quoi l’homme aspire devient une certitude, une conquête, une réalité. […] Cette nouvelle sottise du Vatican ébranlera-t-elle la foi du chantre des Méditations ? […] Il se borna à personnifier, dans l’abbé de Saint-Maurice, la bonté, l’humble zèle, la foi, la charité. […] Sa foi est faite ; il veut arranger son culte ; il veut pénétrer les éléments et les attributs de la Divinité.

623. (1895) Hommes et livres

Ce n’est pas qu’il se défiât particulièrement de la science, comme mortelle à la foi. […] Elle est le résultat d’un accord entre la science et la foi, accord trop parfait pour n’être pas singulier, et qui peut-être ne se représentera jamais. […] J’ai dit combien il était profondément chrétien, il n’est pas étonnant que ses plus heureuses inspirations lui viennent de sa foi. […] Cette foi au hasard est plus naturelle chez ceux qui, comme Alberoni, manquent du sens psychologique. […] Mais, chez ceux-là aussi, combien cette foi est plus dangereuse !

624. (1891) Impressions de théâtre. Cinquième série

Fini, la foi ! […] Ainsi nous allons, selon les événements, de la négation à la foi ou au désir d’une foi, et inversement. […] J’ai foi en ce qui gît au fond de vous, Krogstad. […] Ils étendent notre connaissance et diminuent notre foi. […] Je viens du quai : la course est longue, par ma foi !

625. (1891) La vie littéraire. Troisième série pp. -396

Qui nous apportera une foi, une espérance, une charité nouvelles ? […] Au fond, il n’eut jamais qu’une demi foi. […] Il n’avait point une foi dont il pût témoigner dans les flammes. […] L’impiété chez lui semble un condiment à la foi. […] Je la rapporte sur la foi de dom Mabillon.

626. (1888) La vie littéraire. Première série pp. 1-363

Vous étiez vêtu — ma gravure en fait foi — à la dernière mode de France. […] Il possède la foi et avec elle l’intolérance qui la suit de près. […] C’est faute d’espérance et de foi, c’est faute de vertu. […] La foi chrétienne a même arraché à ce superbe des accents d’humilité. […] La foi lui oppose la grâce, et la nature l’amour.

627. (1905) Études et portraits. Portraits d’écrivains‌ et notes d’esthétique‌. Tome I.

Puis, de ces arguments, il fait jaillir la foi. […] Donc parions que Dieu est. — Mais je n’ai pas la foi. — La foi s’acquiert, crie Pascal, « prenez de l’eau bénite, abêtissez-vous ».‌ […] Il a établi que la foi en Dieu est la suprême habileté du calcul humain. […] combien ont gardé la nostalgie de la foi, après avoir perdu la foi elle-même, et ceux-là qui soupirent : « Notre Père, qui étiez aux cieux… » sont les plus misérables de tous ! […] Je ne vois pas au-delà de mes yeux, pas au-delà, ma foi non !

628. (1890) Derniers essais de littérature et d’esthétique

Sladen a naturellement grande foi dans les perspectives qui s’ouvrent à la poésie australienne. […] Son dernier ouvrage  : « Brindilles de Novembre », — tel est le titre qu’il lui donne, — publié dans l’hiver de la vie du vieillard, nous révèle, non point à vrai dire, la tragédie d’une âme, car la dernière note en est une de joie et d’espoir, et de noble, d’invincible foi en tout ce qui est beau et digne d’une telle foi, — mais à coup sûr, le drame d’une âme humaine. […] Bayliss est plein de la foi la plus ardente et parle très gravement de portraits authentiques de Saint Jean, de Saint Pierre, de Saint Paul datant du premier siècle, et de l’établissement par les Israélites d’une école d’art dans le désert, école qu’aurait dirigé un certain Bezaleel, peu apprécié de nos jours. […] Il s’adresse au cœur de l’un, au cerveau de l’autre, il attire celui-ci par sa haine de l’injustice, son voisin par sa foi en l’avenir, un troisième, peut-être par son amour de l’art, ou par son culte ardent pour un passé mort et enterré. […] Mais la pensée et la foi sont choses trop puissantes pour que le temps puisse les entamer, quand une fois elles ont été rendues splendides par la parole ou sublimées par le chant.

629. (1920) Action, n° 2, mars 1920

C’est afficher la foi la plus hurone en la fausse nouveauté. […] Il avait autant de piété et de foi chrétiennes dans ses ouvrages qu’il peut subsister de libertinage dans ceux d’à présent. […] Faite de foi et de contemplation, peu suffit à la distraire du temps et des occurrences incolores. […] Des professionnels laïques les secondaient, mais le livre est chose longue à faire et la meilleure foi du monde n’y suffit pas toujours. […] Pur surcroît, à notre époque, qui est la plus matérialiste et la plus vile, les artistes et les sensibles ont besoin d’une nouvelle foi, d’une profonde émotion intérieure.

630. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIIe entretien. Fior d’Aliza » pp. 177-256

Va-t-il, le cœur brûlant d’une foi magnanime, Conquérir une tombe au désert de Solyme ; Ou, pèlerin armé, son bourdon à la main, Laver ses pieds souillés dans les flots du Jourdain ? […] Le dieu qu’adore Harold est cet agent suprême, Ce Pan mystérieux, insoluble problème, Grand, borné, bon, mauvais, que ce vaste univers Révèle à ses regards sous mille aspects divers : Être sans attributs, force sans providence, Exerçant au hasard une aveugle puissance ; Vrai Saturne, enfantant, dévorant tour à tour ; Faisant le mal sans haine et le bien sans amour ; N’ayant pour tout dessein qu’un éternel caprice ; Ne commandant ni foi, ni loi, ni sacrifice ; Livrant le faible au fort et le juste au trépas, Et dont la raison dit : « Est-il ? […] » Ses compagnons épars, groupés sur le navire, Ne parlent point entre eux de foi ni de martyre, Ni des prodiges saints par la croix opérés, Ni des péchés remis dans les lieux consacrés, D’un plus fier évangile apôtres plus farouches, Des mots retentissants résonnent sur leurs bouches : Gloire, honneur, liberté, grandeur, droits des humains, Mort aux tyrans sacrés égorgés par leurs mains, Mépris des préjugés sous qui rampe la terre, Secours aux opprimés, vengeance, et surtout guerre ; Ils vont, suivant partout l’errante Liberté, Répondre en Orient au cri qu’elle a jeté ; Briser les fers usés que la Grèce assoupie Agite, en s’éveillant, sur une race impie ; Et voir dans ses sillons, inondés de leur sang, Sortir d’un peuple mort un peuple renaissant. […] « Le ciel avec amour tourne sur toi les yeux ; Quelque chose de saint sur les tombeaux respire, La Foi sur tes débris a fondé son empire !

631. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « III. M. Michelet » pp. 47-96

Cardinal, il résista à Rome sans manquer à sa foi ; et féodal de naissance, il n’abaissa point les féodaux, comme on l’a dit étourdiment, pas plus que Louis XI, son aïeul, dont on l’a dit aussi ; mais il frappa les nobles qui avaient failli, en s’appuyant pour cela sur la conscience même de la noblesse ! […] Ventura, homme d’immense doctrine, de foi profonde, de vigueur de parole, un vrai lion évangélique enfin, n’aurait-il pas pu se reposer de ses travaux de prédicateur en nous écrivant cette majestueuse histoire ? Nous l’avions cru, et il nous eût été doux de rendre compte d’un tel ouvrage ; il nous eût été doux de démontrer la différence qu’il y a entre les héroïnes de la foi en Dieu et les héroïnes de la foi en soi-même, car, malgré l’éternelle mêlée des systèmes et le fourré des événements, il n’y a que cela dans le monde, le parti de Dieu ou le parti de l’homme, et il faut choisir !

632. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Nouveaux voyages en zigzag, par Töpffer. (1853.) » pp. 413-430

Et ne croyez pas que ce dernier mot soit une épigramme ; car tout aussitôt, dans une page très belle et pleine d’onction, tout en réservant son principe de foi, il va rendre hommage à ce trait d’ingénue et d’absolue soumission qui est obtenue plus facilement par la religion catholique et qui procède du dogme établi de l’autorité même ; il y reconnaît un vrai signe de l’esprit religieux sincère : Et en effet, dit-il, être chrétien, être vrai disciple de Jésus-Christ, c’est bien moins, à l’en croire lui-même, admettre ou ne pas admettre telle doctrine théologique, entendre dans tel ou tel sens un dogme ou un passage, que ce n’est assujettir son âme tout entière, ignorante ou docte, intelligente ou simple, à la parole d’en haut, pas toujours comprise, mais toujours révérée. […] Près de mourir, Töpffer reviendra sur cette idée d’assujettissement, d’acquiescement intime et volontaire qui était le trait essentiel de sa foi : « Qui dispute, doute ; qui acquiesce, croit… Je crois et je me confie, deux choses qui peuvent être des sentiments vagues, sans cesser d’être des sentiments forts et indestructibles. » Dès le temps où il visitait la Grande-Chartreuse, Töpffer, voyant ce renoncement absolu qui imprime le respect et une sorte de terreur, s’était posé dans toute sa précision le problème qui est fait pour troubler une âme préoccupée des destinées futures : le chartreux, le trappiste, en effet, le disciple de saint Bruno ou de Rancé vit chaque jour en vue de sa tombe, tandis que d’autres, la plupart, ne vivent jamais qu’en vue de la vie et comme s’ils ne devaient jamais mourir : Destinée étrange que celle de l’homme !

633. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

À son retour, Sibylle se déclare vaincue ; elle avait compris que le vrai Dieu et la vraie foi pouvaient seuls inspirer ces grands et sublimes dévouements. […] La question de foi et d’orthodoxie s’introduit à un certain moment dans l’action et en devient le nœud.

634. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, — Antiquité et Moyen Âge — Par M. J. Zeller. »

Je conçois au Moyen-Age de grandes intelligences, de celles qui sont surtout de grands talents, je les conçois comme n’ayant jamais dépassé ni essayé de franchir le cercle rigoureux que la foi traçait autour d’elles : mais je ne comprends plus pareille chose au XVIIe siècle. […] Il n’a pas plus douté, à aucune heure de sa vie, des fondements de la foi que celui qu’on appelait le grand Arnauld, mais qui n’était pas vraiment grand par l’étendue de l’esprit.

635. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite.) »

La jeunesse est sujette à prendre au pied de la lettre tout ce qui s’écrit ; et, ce qui doit donner à penser à ceux qui écrivent, elle met ses actions, sa personne et sa vie au bout des phrases ; elle s’embarque, corps et âme, sur la foi des paroles. […] J’irai, je parcourrai, je sonderai les mers Où l’histoire agita jadis ses flots amers ; Hardi navigateur, sur la foi d’une étoile, Dans nos fastes passés je lancerai ma voile.

636. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine. (suite et fin.) »

Il avait la foi dans toute la force du mot, la foi des petits et des simples.

637. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre VIII. De l’invasion des peuples du Nord, de l’établissement de la religion chrétienne, et de la renaissance des lettres » pp. 188-214

C’est au milieu de cet affaissement déplorable, dans lequel les nations du Midi étaient tombées, que la religion chrétienne leur fit adopter l’empire du devoir, la volonté du dévouement et la certitude de la foi. […] La religion leur demandait de braver les souffrances et la mort, pour la défense de sa foi et l’accomplissement de ses devoirs.

638. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Ducis. » pp. 456-473

La Révolution, en approchant, le prit dans son mouvement et lui souffla de son ardeur ; il était très lancé à certains égards, bien qu’il restât inébranlable sur le chapitre de la foi religieuse et de l’orthodoxie. […] Quel vif et pur sentiment de foi à l’immortalité dans ce mot : doucement à l’avenir !

639. (1913) Le bovarysme « Troisième partie : Le Bovarysme, loi de l’évolution — Chapitre I. Le Bovarysme de l’individu et des collectivités »

La foi religieuse pourra disparaître, ne subsistant plus en effigie que dans l’extériorité de quelques pratiques, à l’état de beauté archéologique et de vestige d’un passé, sans lequel la réalité actuelle du groupe social n’eût pu se constituer ; mais elle ne pourra sans danger être remplacée par une autre. Non plus, la coutume morale issue de cette foi ancienne, accommodée au moyen de mille compromis ingénieux au tempérament de la race, ne pourra être remplacée par une coutume morale dérivée d’une forme religieuse différente et apprêtée par le tempérament d’une autre race.

640. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — I. La métaphysique spiritualiste au xixe  siècle — Chapitre I : Principe de la métaphysique spiritualiste »

La vie future est l’objet de la foi et de l’espérance, non d’une vision directe : de grandes raisons morales, de solides inductions rationnelles, viennent à l’appui des pressentiments naturels de l’âme ; mais l’expérience intérieure est muette sur cet anxieux problème, et, si l’induction et l’analogie nous autorisent à affirmer la permanence de notre être, nulle induction, nulle analogie, ne nous permettent de nous représenter sous une forme quelconque cet état futur de notre être dans des conditions d’existence absolument différentes de celles que nous connaissons. De là cette terreur de la mort dont la foi la plus vive ne parvient pas toujours à triompher, car la vie dans des conditions absolument inconnues nous est encore comme une espèce de mort, et le néant lui-même semble moins effrayant pour l’imagination que cette transformation radicale où le moi actuel continuerait à subsister dans un autre moi.

641. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une croisade universitaire » pp. 107-146

Ma foi, tant pis ! […] Nous n’avons qu’une crainte : c’est que tu veuilles écrire toi-même ta profession de foi aux électeurs.

642. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre V. Mme George Sand jugée par elle-même »

Ma foi, qu’elle me laisse le lui dire : Dans un temps plus fort et plus organisé que le nôtre, moins dépravé par les fausses délicatesses du sophisme, c’est ce que nous devrions être tous, nous qui faisons de la critique ! […] Voyez si vous trouvez pour exprimer les choses du cœur et de la pensée, plus que les vieilles images surannées, « d’autels renversés dans la fange, d’orages, de ruines qui croulent, de par vis, de feuilles sèches que disperse le vent de la mort, de la colombe qui construit son nid solitaire (pour dire le célibat), de volcans à peine fermés du sol (pour dire les passions apaisées), du forum (pour dire comme les avocats, là vie publique), de l’ange de la destinée, de la lampe de la foi, du vent, de la pluie, mais sur-« tout du vent, et pourquoi ?

643. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IV : M. Cousin écrivain »

De qui les hommes ont-ils reçu ces nobles principes : qu’il est plus beau de garder la foi donnée que de la trahir ; qu’il y a de la dignité à maîtriser ses passions, à demeurer tempérant au sein même des plaisirs permis ? […] Cet amour passionné de la démonstration pure qui fait le philosophe, ce scrupule inquiet sur le sens des mots, ces habitudes algébriques, ce retour incessant sur soi-même, ce doute inné qui l’empêche de se faire illusion et le porte à mesurer perpétuellement le degré de probabilité de ce que les autres appellent certitude, ce mépris du sens commun, cette haine pour les arguments du cœur, cette foi absolue en l’observation et en la preuve, ce besoin éternel de vérifications nouvelles, voilà les qualités qui seraient des défauts dans un orateur.

644. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VIII : M. Cousin érudit et philologue »

Il est impossible de ne pas éprouver une impression profonde et presque solennelle en présence de cette argumentation, quand on ne se dit que c’est là peut-être la première fois que, dans la Grèce au moins, l’esprit humain a tenté de se rendre compte de sa foi et de convertir ses croyances en théories. […] Au reste, le jeune homme suivit tous les pas de son maître ; il fut comme lui théologien et philosophe ; il voulut comme lui allier la raison et la foi ; il accabla de superbes paroles les matérialistes qui commençaient à lever la tête ; il aima la liberté pour lui-même, et défendit contre Rome les privilèges français, qui étaient les siens.

645. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « En guise de préface »

Elle nous demande, en outre, de continuels actes de foi.

646. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Une petite revue ésotérique » pp. 111-116

Léon Bazalgette recherchait les éléments constitutifs du mage, il notait qu’à mesure que l’idéal religieux de la masse s’amoindrit, celui de l’élite se concentre et s’élève, comme pour transmettre à la foi nouvelle, qui ne peut tarder, le trésor des traditions.

647. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 196-203

Quoiqu'ils aient débité, au préjudice de sa Foi, des Anecdotes démenties par la vérité, il étoit bien éloigné de partager leurs sentimens.

648. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre II. Des Époux. — Ulysse et Pénélope. »

Mon cœur frémissait de crainte qu’un étranger ne vînt surprendre ma foi par des paroles trompeuses…… Mais à présent j’ai une preuve manifeste de toi-même, par ce que tu viens de dire de notre couche : aucun autre homme que toi ne l’a visitée : elle n’est connue que de nous deux et d’une seule esclave, Actoris, que mon père me donna lorsque je vins en Ithaque, et qui garde les portes de notre chambre nuptiale.

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