Hier, nous étions de feu pour les drames d’Ibsen, où je sens bien de la puissance, mais qui, de bonne foi, sont tout de même informes et obscurs. […] mais vingt-quatre pièces de campagne feront douze décharges successives ; puis les bataillons feront feu l’un après l’autre et l’artillerie tirera de nouveau. […] Pas d’incendie, pas de cochon rôti ; Le hasard refusant de s’en mêler, on l’aida en mettant le feu à une ou deux huttes, qu’on savait pourvues du précieux habitant. […] Celui-ci persistant à se taire, ils lui emplirent la bouche de foin et y mirent le feu. […] Il se peut que les frères connus ou inconnus qui veillaient sur eux aient détruit par le feu la dépouille de leur maître, pour la soustraire à la profanation des ennemis.
Ses prunelles, étoiles de jais, brillaient de feux noirs sur une sclérotique jaune, et sa figure s’encadrait d’une légère ombre de barbe fine et soyeuse dont on eût pu compter les poils comme dans les miniatures indiennes. […] Sous la cendre de ce feu cuisait le souper de deux amis d’une sobriété plus que érémitique, — des pommes de terre ! […] Après avoir essuyé le feu de la redoute, la main sur la hampe du drapeau ennemi, il se tint debout un instant dans la fumée du combat, et redescendit tranquillement au bas de la muraille conquise, sans plus se soucier de son triomphe. […] Amour, enthousiasme, étude, poésie, C’est là qu’en votre extase, océan d’ambroisie, Se noîraient nos âmes de feu ! […] Nous avons possédé autrefois un exemplaire de Feu et Flamme avec dédicace autographe de l’auteur.
Ce thème prêtait à l’érudition géographique et généalogique, aux épisodes, et il y en a d’agréables, même de charmants, et à tout instant éclairés de comparaisons ingénieuses ou grandes, d’images vraiment homériques ; mais tout cela est successif, développé dans l’ordre des faits et des temps, sans beaucoup de feu ni d’action, et surtout sans ce flumen grandiose continu, qui est le courant d’Homère. […] Et ce chant (notez-le) n’est pas un chant de dimension ordinaire ; il n’a pas moins de 1,400 vers ; si l’on y joint les 250 premiers vers du suivant, qui exposent les derniers actes de Médée en Colchide et sa fuite à bord du vaisseau Argo, on a là une suite de plus de 1,600 vers pleins de beautés diverses, animés de feu, de passion et de grâce. […] Comme une femme, ouvrière laborieuse, qui vit du travail pénible de ses mains, répand tout autour d’un tison ardent des broussailles sèches afin de s’apprêter de nuit une lumière dans sa chambre, car elle s’éveille de très-bonne heure, et ce feu, s’allumant tout grand d’un si petit tison, consume à la fois toutes les broussailles : tel, ramassé sous le cœur de la jeune fille, brûlait en secret le funeste Amour : elle laissait ses joues délicates tourner tantôt à la pâleur et tantôt à la rougeur, au hasard de ses pensées. » Nous voilà dans l’invasion rapide de la passion, dont ce chant tout entier va offrir les alternatives et le développement. […] Elle en avait les yeux tout ravis113 ; elle en fondait de chaleur au dedans, comme autour des roses la rosée s’échauffe et fond aux feux de l’Aurore.
» Et après cette réflexion atténuante il attribue l’exécution nocturne et précipitée à une prolongation de sommeil du conseiller d’État Réal ; comme si quelqu’un dormait parmi les confidents et les exécuteurs du drame pendant que le premier Consul veillait lui-même à la Malmaison, attendant l’accomplissement de l’acte le plus terrible et le plus hâtif de sa vie, et pendant qu’une telle victime était sous le feu des juges ! […] XXIII Le vingt et unième livre est une accumulation d’intérêt historique pressé dans l’espace d’une demi-année par les événements comme sous la plume de l’écrivain : création du royaume d’Italie, second couronnement à Milan ; coalition européenne contre l’ambition du nouveau César ; négociation entre la Russie, l’Angleterre et l’Autriche ; anxiété de Napoléon attendant en vain la concentration de ses flottes sous l’amiral Villeneuve ; sa fureur quand il voit tous ses plans déjoués par Villeneuve, qui a fait voile pour Cadix au lieu de se diriger sur la Manche ; le renversement subit de toutes les pensées et de tous les efforts de volonté de Napoléon, au moment de l’exécution si longtemps et si laborieusement préparée ; l’improvisation non moins subite de son plan d’invasion en Allemagne ; la marche de son armée en six colonnes, des bords de l’Océan aux sources du Danube, marche sans parallèle dans l’histoire par l’ordre, la précision, l’arrivée au but marqué à heure fixe ; l’investissement de l’armée autrichienne dans Ulm ; la reddition de toute l’armée du général Mack ; quatre-vingt mille ennemis anéantis en vingt jours ; pendant ce triomphe sur le continent, le plus grand revers maritime dont le monde moderne ait été témoin dans la bataille navale de Trafalgar ; toutes les pensées d’invasion de l’Angleterre par Napoléon englouties avec nos vaisseaux sous le canon de Nelson ; description vivante de ce combat naval ; mort de Nelson, qui paye de sa vie tant de gloire ; marche sur Vienne entre le Danube et les Alpes ; bataille d’Austerlitz livrée aux Russes ; aptitude unique de l’historien pour exposer homme à homme l’organisation des armées, et pour suivre pas à pas les plans et les marches d’une campagne ; feu de l’âme du général transvasé dans l’âme de l’écrivain ; scènes pittoresques du champ de bataille décrit sans autre éclat que la topographie exacte et que l’éclat sévère des armes sur la terre ou sur la neige des plaines ou des coteaux. […] Il descendit jusqu’au village de Puntowitz, situé au bord du ruisseau qui séparait les deux armées, et aperçut les feux presque éteints des Russes sur les hauteurs de Pratzen. […] « L’empereur François partit donc pour Nasiedlowitz, village situé à moitié chemin du château d’Austerlitz, et là, près du moulin de Paleny, entre Nasiedlowitz et Urschitz, au milieu des avant-postes français et autrichiens, il trouva Napoléon qui l’attendait devant un feu de bivouac allumé par ses soldats.
L’art d’employer l’air, l’eau, la terre ou la pesanteur et le feu, est l’art d’épargner le temps et les bras de l’homme qui en fait ses domestiques. […] La physique expérimentale est une imitation en petit des grands phénomènes de la nature, un essai de ses principaux agents, l’air, l’eau, la terre, le feu, la lumière, les solides, les fluides, le mouvement. […] Celle de Port-Royal n’est qu’un essai superficiel, elle peut toutefois servir de modèle et de guide, la bonne édition est celle de feu M. […] Le feu, toujours entretenu, devait produire une circulation incessante de la matière en expérience.
Mais quand tout l’univers se matérialiserait, quand partout la philosophie et la liberté seraient en disgrâce, il est cependant un lieu qui devrait rester inaccessible à de semblables lassitudes, et où il faudrait conserver le feu sacré : « Ce lieu est l’enceinte de l’Institut, qui est comme le sanctuaire de l’esprit humain. » Et presque comme exemple aussitôt, comme preuve de cette force inviolable de la pensée, M. […] Jouffroy pour les études philosophiques et pour l’observation intérieure, j’ai toujours cru qu’après son premier feu jeté, il eût été bon pour lui de se détourner de cette contemplation absolue et un peu stérile où il s’est consumé, et d’appliquer son beau talent à des matières qui l’eussent nourri et renouvelé.
» Il eut presque autant de plaisir à voir à Zurich le vieux Bodmer, « le Nestor de la Suisse et le patriarche de la littérature allemande, qui avait conservé le feu, la gaieté de la jeunesse, et qui jouissait à la fois de sa gloire et de ses vertus ». […] Que l’humanité soit conduite à la conquête de la terre par la colonne de nuages ou par la colonne de feu, elle marche : bénissons la Cause directrice qui assortit les moyens à l’état de nos sociétés, et que notre courte sagesse s’incline devant la Sagesse profonde qui dirige au même but ce que nous appelons l’erreur et ce que nous appelons la vérité !
Un des plus beaux sonnets de Ronsard, et qui le caractérisent le mieux dans son feu d’étude, dans sa lièvre de poésie et de travail, c’est celui qui commence par ces vers empressés, impétueux : Je veux lire en trois jours L’Iliade d’Homère, Et pour ce, Coridon, ferme bien l’huis sur moi… Il y ordonne à ce laquais, Corydon, de tenir sa porte exactement close et de ne le déranger pour rien au monde, sous peine d’éprouver à l’instant sa colère. […] Ce n’est pas, à cette heure, que je ne lui trouve bien des défauts hors de ce feu et de cet air poétique qu’il possédait naturellement, car on peut dire qu’il était sans art et qu’il n’en connaissait point d’autre que celui qu’il s’était formé lui-même dans la lecture des poètes grecs et latins, comme on le peut voir dans le traité qu’il en a fait à la tête de sa Franciade.
À ce déjeuner de Golgao commence à figurer et à se distinguer déjà par l’émotion de la parole un noble et enthousiaste militaire, qui revenait en toute hâte de Paris où il avait causé avec Napoléon, « le général Foy, si célèbre depuis comme orateur, joignant à beaucoup de bravoure, à beaucoup d’esprit, une imagination vive, souvent mal réglée, mais brillante, et qui éclatait en traits de feu sur un visage ouvert, attrayant, fortement caractérisé ». […] Mais aussi il y a un historien des plus heureusement doués dont le procédé est autre : il lit, il étudie, il se pénètre pendant des mois et quelquefois des années d’un sujet, il en parcourt avec étendue et curiosité toutes les parties même les plus techniques, il le traverse en tous sens, s’attachant aux moindres endroits, aux plus minutieuses circonstances ; il en parle pendant ce temps avec enthousiasme, il en est plein et vous en entretient constamment, il se le répète à lui-même et aux autres ; ce trop de couleur dont il ne veut pas, il le dissipe de la sorte, il le prodigue en paroles, en saillies et en images mêmes qui vaudraient souvent la peine d’être recueillies, car, plume en main, il ne les retrouvera plus : et ce premier feu jeté, quand le moment d’écrire ou de dicter est venu, il épanche une dernière fois et tout d’une haleine son récit facile, naturel, explicatif, développé, imposant de masse et d’ensemble, où il y a bien des négligences sans doute, bien des longueurs, mais des grâces ; où rien ne saurait précisément se citer comme bien écrit, mais où il y a des choses merveilleusement dites, et où, si la brièveté et la haute concision du moraliste font défaut par moments, si l’expression surtout prend un certain air de lieu commun là où elle cesse d’être simple et où elle veut s’élever, les grandes parties positives d’administration, de guerre, sont si amplement et si largement traitées, si lumineusement rapportées et déduites, et la marche générale des choses de l’État si bien suivie, que cela suffit pour lui constituer entre les historiens modernes un mérite unique, et pour faire de son livre un monument.
Le bon gros Saint-Amant comme il s’appelait lui-même en riant tout le premier de sa bedaine, ne réussit plus qu’à être un franc poète de la race pantagruélique ; il chanta La Vigne, Le Melon, Le Fromage, celui de Brie, celui du Cantal, l’« orgie », la « crevaille », comme il dit ; il y mit sa verve, une verve réelle, copieuse, rabelaisienne, grotesque avec feu, mais souvent repoussante et avec des odeurs de taverne ou de fond de cale. […] Aussi ma main les désavoue ; Leur feu trop estimé me fait rougir le front ; Leur honneur ne m’est qu’un affront, Et, fussent-ils tout d’or, je les crois tout de boue ; Enfin dans mon regret, mon cœur sincère et franc, Pour en effacer l’encre, offrirait tout mon sang.
Mais il y a aussi le fond du sentiment et le feu sacré. […] Le mérite de Villars et le trait dominant de son tempérament militaire fut de rester jeune de cœur et entier de zèle pendant ces ennuis et ces retardements, qui en eussent usé ou fatigué d’autres ; et il se trouva le plus entreprenant des maréchaux, à cinquante ans, c’est tout simple, et à soixante, ce qui est plus rare, — j’allais dire, et à quatre-vingts —, car il garda jusqu’à l’extrême vieillesse, et quand il prenait Milan en 1734, la vivacité de son feu et de son allure.
., espèce de poète-orateur-philosoplie philologue ambulant, de professeur errant, partout dès l’abord s’annonçant avec éclat, mais se relâchant vite, et soutenant mal son premier feu. […] De Brosses, visitant, de compagnie avec son ami Sainte-Palaye, la Bibliothèque de Modène sur la fin de l’hiver de 1740, y avait rencontré le docte Muratori : Nous trouvâmes ce bon vieillard, dit-il, avec ses quatre cheveux blancs et sa tête chauve, travaillant, malgré le froid extrême, sans feu et nu-tête dans cette galerie glaciale, au milieu d’un tas d’antiquités ou plutôt de vieilleries italiennes ; car, en vérité, je ne puis me résoudre à donner le nom d’antiquité à tout ce qui concerne ces vilains siècles d’ignorance.
j’ai quelque regret d’assister à ces menus détails, je ne blâme point qu’on s’y livre, et même il le faut bien, puisqu’on les exige aujourd’hui et qu’une étude n’est pas censée complète sans cela : mais je regrette qu’ils soient devenus possibles ; je regrette qu’on n’ait pas brûlé, une bonne fois, tous ces brouillons, aussitôt employés, que tous ces copeaux tombés à terre n’aient pas été jetés au feu. […] Vous savez qu’il doit remettre quinze cents francs dans ce même temps à feu votre femme.
Celui qui écrivait avec ce premier feu n’était pas encore si loin du canonnier de Hondschoote, et n’avait pas oublié l’odeur de la poudre. […] Un jour, un officier dépêché d’une de nos frontières arrive au Comité de salut public ; il annonce que les armées sont en présence, mais qu’on n’ose envoyer le soldat au feu parce que les eaux-de-vie sont empoisonnées : des malades qui en ont bu dans les hôpitaux sont morts.
Michelet poursuit sans relâche, à travers les récréations d’histoire naturelle qui le délassent plutôt qu’elles ne le détournent, la série des études qui ont pour objet de continuer et de compléter les premiers volumes de son Histoire de France, commencée en 1833, interrompue en 1844, et qui doivent bientôt la rejoindre à son Histoire de la Révolution, conçue et composée depuis lors dans le feu des agitations sociales et des tempêtes civiles. […] Il reconnut aussitôt à quel point la matière sur laquelle il allait avoir à travailler était bouillante et rebelle, d’autant plus, dangereuse qu’elle était pleine d’esprit et comme pétrie de salpêtre et de feu.
Il le voudrait tel ; il lui voudrait souffler le feu sacré, et il sent trop bien que le jeune homme trop morigéné ne l’a pas ; il voudrait lui élargir les vues et lui dilater le cœur, et il sent que cela ne se peut pas. […] Mémoire des principaux actes de vertu qu’une personne de probité a remarqués en feu Monseigneur le Dauphin (1712).
Byron, qui avait pour la première fois, non-seulement traversé, comme Chateaubriand, mais parcouru en tous sens et habité la Grèce et l’Orient en 1809, 1810, 1811, en avait rapporté, déjà écrits ou en germe, cet immortel Childe Harold, dont les deux premiers chants parurent en 1812, le Giaour et tous ces poëmes bientôt populaires en Europe, qui mirent le feu aux imaginations à partir de 1816, et qui bientôt consacrèrent dans une même admiration, dans un intérêt commun, à demi mystérieux, les noms de Byron et de la Grèce. […] Lorsque âgé de moins de vingt-deux ans il débarquait en Albanie, ce jeune homme déjà blasé, — aussi blasé que pouvait l’être un Benjamin Constant à cet âge, mais portant de plus que lui je ne sais quel feu sacré inviolable, inextinguible, — voulait simplement renouveler et rafraîchir ses sensations au contact d’une nature étrange et sauvage.
« Son œil est plein de feu, mais d’un feu doux, sa conversation riche et abondante, son expression toujours pittoresque, et sa pensée rarement ordinaire. » Rien n’égale à mes yeux le prix des témoignages contemporains quand ils sont donnés avec cette précision, cette justesse, et qu’ils nous arrivent contrôlés par les juges les plus compétents.
La Savoie, qui était alors la tête de l’Italie, et une tête française, se sentait opprimée et contrainte ; la jeunesse des écoles, à Chambéry, s’exalta et prit feu. […] Le poëte se compare tout d’abord à cet ange de Klopstock, Abbadona, entraîné dans la révolte de Lucifer et qui était resté, jusque dans l’Enfer, triste et malade du regret des cieux : Sire, quand Lucifer, le prince de lumière, Se lassant de marcher dans sa gloire première, Ivre d’orgueil, osa, contre celle de Dieu, Déployer dans le ciel sa bannière de feu, Parmi les révoltés de la sombre phalange Un esprit se trouvait, doux et sensible archange, Qui, découvrant soudain dans le camp des élus Un ami qu’il aimait et qu’il ne verrait plus, Pencha son front, brisé d’un désespoir sublime, Et s’en alla pleurer dans un coin de l’abîme.
Les Tragiques de D’Aubigné ne verront le jour qu’au XVII° siècle, et nous les retrouverons au temps où le rude partisan se sera fait décidément homme de plume : mais il faut bien noter ici que ce chef-d’œuvre de la satire lyrique est né des guerres civiles, conçu dans le feu des combats, sous l’impression actuelle des vengeances réciproques ; même une partie du poème s’est fait « la botte en jambe », à cheval, ou dans les tranchées ; c’était un soulagement pour cette âme forcenée d’épancher dans ses vers le trop-plein de ses fureurs, qui ne s’épuisaient pas sur l’ennemi. […] Du Vair220 n’a pas la brusquerie nerveuse ni le feu intérieur de L’Hôpital.
Il a dans ses caprices d’imagination une sagacité qui voit loin, et de ses feux d’artifice il reste toujours autre chose que du papier brûlé. […] En revanche, il ne peut approcher Regnard, Scribe ni Dumas père sans prendre feu (et je ne veux pas croire qu’il y ait quelque artifice dans cet échauffement).
Ils veulent faire la part du feu. Qui attise ce feu ?
Laissons ces esprits sans amour et sans flamme, sans désir ; ce sont les tièdes : ils manquent du feu sacré dans les lettres. […] Il est dit, dans une bulle datée du 17 janvier 1536, qu’il lui est permis d’exercer en tous lieux l’art de la médecine, à titre gratuit toutefois, et jusqu’à l’application du fer et du feu exclusivement ; ces sortes d’opérations étaient interdites aux prêtres.
Un des commissaires chargés de visiter la jeune princesse au Temple l’a représentée dans son attitude digne, souffrante et appauvrie ; tricotant, assise près de la fenêtre et loin du feu (car elle ne voyait pas assez clair pour son travail près de la cheminée), les mains enflées par le froid et pleines d’engelures (car on ne lui donnait pas assez de bois pour la chauffer à cette distance). […] Le 21 janvier et le 16 octobre, jours de la mort de son père et de sa mère, elle s’enfermait seule, ou quelquefois elle faisait demander, pour l’aider à passer ces journées cruelles, quelque personne avec laquelle elle était à l’unisson de deuil et de piété (feu Mme de Pastoret, par exemple).
Si l’éditeur les avait jetés au feu, nous aurions eu le plaisir de nous figurer un Ducis aussi indépendant et plus calme. […] Dans sa cellule de Versailles, à côté de son Horace, de son Virgile et de son La Fontaine, il lisait les Vies des Pères des déserts, traduites par Arnauld d’Andilly : Je continue auprès de mon feu des lectures douces et des heures paisibles qui vont à petits pas comme mon pouls et mes affections innocentes et pastorales.
L’auteur de ces poésies a ; inventé pour elles une musique qui fait ouvrir des ailes de feu à ses vers et qui enlève fougueusement, comme sur un hippogriffe, ses auditeurs fanatisés. […] Il ne pouvait pas être un succès uni comme le plat de la main, facile à enlever comme un ballon dans lequel il n’y a personne, fluant, sans rencontrer d’obstacle, comme une inondation de bêtise satisfaite rappelant, par exemple, le grand succès de feu Ponsard, dont la Lucrèce fut d’abord un succès de lecture dans je ne sais plus quel salon et qui devint célèbre du soir au matin, tant cet adorable médiocre de Ponsard était délicieusement en accord parfait avec la médiocrité universelle, qui décide de tout dans un pays où la majorité fait loi.
Dans le Dernier Flagellant, ce sont les « Dames noires », la femme et la fille de ce Rouziac, de ce mauvais riche qui a sucé, par l’usure, le sang et la vie de toute une contrée, et qui, vouées à un deuil éternel et grandiose, tiennent, pour les restituer un jour, le livre des biens volés de Rouziac, à mesure qu’il les vole, et chantent à Dieu, quand l’émeute furieuse met le feu chez elles, un si bel hymne de délivrance devant leur château incendié ! […] Notre amphitryon n’a point d’égal pour découper des aiguillettes dans la vanité de quelque sot, cuit à point au feu roulant des épigrammes.
Ils avaient reçu le feu sacré des mains de leurs aînés. Mais ce feu, à cause d’un aliment insuffisant, finit par jeter un éclat de plus en plus pâle.
— L'esclandre de Londres est fini ; cette petite expédition jacobite a jeté son feu ; dans quelques jours il n’en sera plus du tout question et on l’aura oubliée, sinon qu’il y aura un jour à la Chambre des députés quelque interpellation à MM.
La veille encore, à cinq heures du soir, cet ami de quarante ans était assis à mon coin du feu, causant, non sans quelque ombre de tristesse, de toutes ces choses qui nous étaient communes et chères, idées d’art et de philosophie sociale, souvenirs du passé, perspectives un peu sombres et voilées de l’avenir.
Il tombe près de la cheminée et roule, les jambes dans le feu.
Feu mon père en fit, à mon avis, Qui sentaient leur Dorat ; à ce compte, tes fils En feront d’excellents, et tout cela fait croire Que notre nom doit vivre au Temple de Mémoire.
Elle dit que de tous les millions de lettres que madame de Richelieu a reçues, celle de M. de Grignan était la meilleure, qu’on ne saurait écrire ni plus galamment, ni plus noblement, ni plus tendrement pour feu madame de Montausier. » 83.
Pendant qu’il parloit ainsi, le Philosophe historien étoit tombé en foiblesse, ses petits yeux de feu s’étoient fermés, & sa grande bouche restoit ouverte.
Cependant elle se lève, et, descendant les degrés, elle franchit le seuil de pierre, et va s’asseoir à la lueur du feu, en face d’Ulysse, qui était lui-même assis au pied d’une colonne, les yeux baissés, attendant ce que lui dirait son épouse.
Le dernier trait du tableau mêle la double poésie du songe et de la vision ; en emportant dans ses bras la statue de Vesta et le feu sacré, on croit voir le spectre emporter Troie de la terre.
La Méchanique du feu, ou traité des nouvelles cheminées, à Amsterd. 1696.
Il faut même remercier cet indiscret, s’il a sauvé du feu ces nobles pensées, ingénument formulées.
Effacez l’histoire, toutes les théories de l’humanité seront neuves ; aucune n’aura été éprouvée par l’épreuve du feu, qui est l’application ; il faudra recommencer à chaque génération ce travail immense et long de l’expérience des siècles qui nous a dotés de tout ce que nous savons sur nous-mêmes. […] La seconde de ces qualités, c’est la cordialité, c’est-à-dire cette ouverture de cœur qui ne sait pas contenir la haine, et qui laisse évaporer la colère après le combat, comme la fumée après le feu sur le champ de bataille. […] Au feu près, qui ne manque pas à son âme, mais qui manque un peu à son style, c’est l’historien des batailles. […] Il obéit sous le général Bonaparte, mais en murmurant ; il commanda quelquefois, mais sous le nom d’autrui, sous le général Jourdan, par exemple, prenant par une sorte d’inspiration le commandement au milieu du feu, l’exerçant en homme de guerre supérieur, et, après la victoire, rentrant dans son rôle de lieutenant, qu’il préférait à tout autre. […] Simple, timide, même un peu gauche, la figure toujours cachée sous une ample chevelure, il n’avait point l’extérieur militaire ; mais, héroïque au feu, bon avec les soldats, modeste avec ses camarades, généreux avec les vaincus, il était adoré de l’armée et des peuples conquis par nos armes.
Il recueille les fulgurations de l’Être sur l’écran de son esprit, mais n’ose se plonger dans la source de feu intérieur, éblouissante. […] L’un n’affronte la torture, l’autre le combat, qu’au moment précis où Dieu et la Patrie descendent sensibles dans leur cœur, qu’après que l’idée les a pénétrés par une manière d’intus-susception, dirait Maine de Biran, et que, nouvelle tunique de Nessus collée à leur peau, elle les brûle d’un feu quasi-charnel. […] Il s’éleva, un vent furieux et puissant à renverser les montagnes, à briser les rochers devant lui, mais l’Éternel ne fut pas dans ce vent ; après le vent ce fut un tremblement de terre, mais l’Éternel ne fut pas dans ce tremblement de terre ; alors ce fut le feu ; mais l’Éternel n’était pas dans ce feu. Mais après le feu, il se fit un léger murmure dans l’air et en l’entendant Élie se couvrit le visage de son manteau. » Rois III, chap.
Comme le vent mollissait, on fabriqua, avec des hamacs et des couvertures, une espèce de voile ; la brise tomba ; le ponton échoua, à 800 mètres de terre, sous le feu des canonniers espagnols, heureusement très maladroits. […] Tel, le brahme de Bénarès s’attend aux plus grands malheurs s’il aperçoit une corneille à sa gauche, un milan à sa droite, un serpent, un chat, un lièvre, un chacal, un vase vide, un feu qui fume, une veuve, un borgne ; au contraire, il est joyeux s’il aperçoit, le matin, une vache, un cheval, un éléphant, un perroquet, un lézard, un feu bien brillant, une jeune fille vierge. […] Il ne faut pas laisser les trépieds sur le feu ; car les morts, qui ont toujours froid, pourraient s’asseoir dessus et se feraient mal. […] La nuit de la Saint-Jean on allume des feux pour que les morts puissent se chauffer. […] Et tous deux allèrent dans une chambre où il y avait du feu.
Serait-il possible que le critique du Temps n’eût pas reconnu dans Les Marrons du feu la double parodie d’une tragédie classique et de la forme romantique ? […] Bagatelle pour bagatelle, j’aimerais encore mieux recommencer Les Marrons du feu et Mardoche. » (4 août 1831.) […] Les lettres de Venise continuaient à jeter de l’huile sur le feu. […] Je ne montai pas si haut pour m’en délivrer, et je me contentai de les jeter au feu. […] Il est dans la chambre du haut de notre tourelle où il a un bon lit, un bon feu, et un rouet avec une quenouille, et il file.
Sandeau d’avoir su plus qu’un autre s’y soustraire, y échapper ; il l’a presque félicité d’avoir su se préserver au milieu de la contagion, et d’avoir paru dès sa jeunesse à l’épreuve du feu, comme les trois enfants dans la fournaise.
Là des beautés tristes et pâles, Maudissant leurs feux violents, Murmuroient contre leurs galants Ou se plaignoient de leurs rivales.
Il suffisait d’une étincelle pour mettre le feu : l’incident de la séance de vendredi 26 est venu faire l’explosion.
Quand le feu a une fois trouvé son bois, il se tient tranquille et on n’a qu’à ne pas s’en approcher, pour être en sûreté ; mais la flamme sans aliment s’élance de tous côtés avec avidité, lèche çà et là et incendie mille objets avant qu’elle tienne sa proie et que sa proie la tienne.