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979. (1914) En lisant Molière. L’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

Par la bouche et par l’exemple de son personnage sympathique, Molière se prononce pour l’indépendance et la liberté, et il entasse le ridicule sur ceux qui sont partisans de l’autre solution. […] Ceci est un exemple curieux de cette loi, que la civilisation, en raffinant les sentiments, a multiplié les moyens et les occasions de souffrir et a multiplié aussi les types, les caractères. […] Il voulait que l’on ne fût dévoué qu’au roi, que l’on n’aimât que le roi et, comme c’était son devoir, des vertus qu’il voulait qu’on eût, il donnait l’exemple. […] Je commence par discuter l’exemple pris par Bossuet : Molière approbateur d’une infâme complaisance pour les maris. […] Elle ne veut goûter que les pures délices de l’intelligence et l’orgueil de mépriser tout le reste et de montrer par son exemple qu’on peut le laisser bien loin.

980. (1892) Essais sur la littérature contemporaine

En veut-on des exemples ? […] J’imagine qu’ils le doivent à la pratique des Fleurs du mal et aux pernicieux exemples de Charles Baudelaire. […] Leconte de Lisle en est un exemple. […] On nous donne donc le change, et on le prend soi-même quand on oppose ici à la critique l’exemple et le nom de Molière. […] Vous en trouverez dans nos Dictionnaires d’argot autant d’exemples que vous en voudrez.

981. (1892) Les idées morales du temps présent (3e éd.)

C’est dans les articles qu’il publia vers cette époque qu’il faut chercher des exemples de la certitude naïve et sereine qu’il promenait sur toutes choses. […] La jeune femme a eu tous les bons exemples sous les yeux ; en outre, elle est d’un sang pâle qui ne la tourmente d’aucun désir. […] Là, les exemples sont plus rares, car M.  […] Bourget est un exemple : Un cœur de femme plus frappant peut-être encore que les autres. […] Par malheur il y en a peu, très peu, trop peu pour que leurs théories ou leurs exemples donnent aux règles de la morale le caractère absolu qu’il faudrait.

982. (1923) Critique et conférences (Œuvres posthumes II)

La Fontaine lui a donné le fatal exemple et leur génie ne les absout pas plus que son esprit — en prose, n’absout Le d’ailleurs « affreux Voltaire ». […] Exemple : Drole, Brome, dol, d’oc. […] ou, si l’exemple des chansons populaires se voyait suivi par nos versificateurs, un élément de confusion, de désordre même, pour cette pauvre Poésie, qui n’existe, en somme, que par l’harmonie, quelque vie, d’ailleurs, quelque frisson qu’il importe de lui donner par une observance éclairée de ces choses intrinsèques elles-mêmes. […] Mais que ceci ne serve pas d’exemple. […] Tant d’exemples encore qu’il serait douloureux d’ajouter.

983. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre I. Les personnages »

Jusque sous la griffe du milan, il sait ce qu’il se doit, et garde sa gravité, au risque de perdre son nez. « Il n’éclate pas : les cris sont indécents à la majesté souveraine. »28 Louis XIV avait de la tenue même quand on l’opérait de sa fistule, et sa perruque comme ses beaux gestes seront l’éternel exemple de tous les rois. […] « Ordonnons que toutes personnes qui s’exercent à des travaux vils et mécaniques, lesquels n’ont jamais été au lever de Notre Majesté, n’achètent désormais d’habits à eux, à leurs femmes et à leurs enfants, que de quatre ans en quatre ans. »59 De temps immémorial, c’est ainsi que le budget s’est fabriqué en France ; et nous suivons encore aujourd’hui le bel exemple de nos pères. […] Echevin, prévôt des marchands, Tout fait sa main ; le plus habile Donne aux autres l’exemple, et c’est un passe-temps De les voir nettoyer un monceau de pistoles. […]          Le pédant, de sa grâce,          Accrut le mal en amenant          Cette jeunesse mal instruite, Le tout, à ce qu’il dit, pour faire un châtiment Qui pût servir d’exemple et dont toute sa suite Se souvînt à jamais comme d’une leçon. […] On entendit, à son exemple, Rugir en leur patois Messieurs les courtisans.

984. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIe entretien. L’homme de lettres »

Rousseau consume notre âme par l’exemple de Julie oubliant tout dans les bras de son amant ; Bernardin de Saint-Pierre nous pénètre d’un sentiment divin en nous offrant la douce image de Virginie. […] Épouvanté d’une scène sans exemple dans l’histoire des sociétés humaines, il se persuade qu’il doit tenter un dernier effort, et se hâte d’écrire quelques pensées qui doivent porter la conviction dans l’âme de ses auditeurs. […] « Mais j’ai honte moi-même de vous exciter à votre devoir, chers confrères, vous dont les lumières m’éclairent et dont les vertus m’animent: décidez-vous donc à l’exemple des représentants du peuple, vous qui êtes les représentants permanents des lois et des mœurs. […] Quand il lui réserve une réputation illustre, il l’élève sur un grand théâtre, et la met aux prises avec la mort ; alors son courage sert d’exemple, et le souvenir de ses malheurs reçoit à jamais un tribut de larmes de la postérité. […] L’Ancien et le Nouveau Testament nous fournissent quantité d’exemples de songes qui se sont réalisés.

985. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

J’ai vu mille exemples de cette conduite, et un qui est étonnant, entre les autres, en la personne d’un eunuque, qui avait été longtemps mehter ou grand chambellan 7, et durant deux ans le favori reconnu et tout-puissant, disposant et commandant, comme s’il eût été le roi de Perse, et qui par conséquent pouvait amasser des trésors immenses. […] Voici un exemple de ces aventures: Le fils de la reine d’Imirette vivait retiré, sous la protection du pacha turc, mais ce jeune homme se souvenait de la beauté merveilleuse de la princesse caucasienne, fille de la reine, qu’il avait vue dans son enfance. […] Je vais en produire un autre exemple: Le feu roi de Perse fit faire une tente, qui coûta deux millions. […] Ce seigneur avait été, comme je l’ai dit, quatorze mois dans la disgrâce, et, durant ce temps-là, il n’y avait point eu de premier ministre, chose dont on n’avait point d’exemple en Perse. […] Le Moscovite allégua l’exemple du Lesqui et protesta de se ressentir de l’affront qu’on lui faisait.

986. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIe entretien. Madame de Staël »

Cette femme était une institutrice génevoise, froide, vertueuse, un peu puritaine, sincère dans sa tendresse, mais habile à donner l’exemple du fanatisme pour son mari. […] Il y a peu de leçons comparables à cet exemple : la publicité à laquelle on a témérairement voué la fille devient le fléau du foyer. […] C’est après ce dernier effort qu’il marcha tranquillement au supplice, dont sa constance a fait la gloire de la religion et l’exemple de l’univers.

987. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVe entretien. Vie de Michel-Ange (Buonarroti) »

Le goût des arts était tellement universel à cette époque en Italie, qu’un tombeau de marbre, sculpté par la main d’un Phidias moderne, paraissait un monument suffisant à tout un règne et que les papes, à l’exemple des Pharaons, croyaient construire eux-mêmes leur mémoire en construisant, dès leur couronnement, leur sépulcre. […] On sent sur ce mâle génie l’influence d’une femme, qui de son type de beauté physique, est devenue insensiblement son type de beauté morale, et qui l’entraîne par son exemple aux sommets de la pensée contemplative, ce dernier repos des cœurs aimants et des esprits lassés de la vie. […] « Que son exemple serve pour mille, puisqu’il n’y eut jamais d’exil aussi indigne que son exil, comme il n’y eut jamais sur la terre un plus grand proscrit que lui ! 

988. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre I. Le quatorzième siècle (1328-1420) »

L’abandon, les défaillances des classes d’où l’on était habitué de recevoir une direction, le spectacle et les exemples de leur dégradation, répandent partout un matérialisme cynique, un scepticisme désolant, le culte de la force, de la ruse plus que de la force, du succès plus que de tout. […] Pour ne rien laisser à l’invention de ce qu’on peut donner à la science, aux libres et personnelles combinaisons de rythmes dont les troubadours avaient donné l’exemple à la poésie du Nord, on substitue des formes fixes, dont les types dérivent des anciennes chansons à danser, le rondeau, le virelai, la ballade, le chant royal 97 ; on s’ingénie à multiplier, à compliquer les règles de ces genres, pour en rendre la pratique plus difficile, et la perfection, à ce qu’on croit, plus admirable. […] Maurice de Sully et Alain de Lille, dès le xiie  siècle, ont donné l’exemple : leurs successeurs sont légion au xive  siècle.

989. (1857) Articles justificatifs pour Charles Baudelaire, auteur des « Fleurs du mal » pp. 1-33

J’ai d’ailleurs, pour agir ainsi, une excuse excellente, l’exemple du recueil même qui me prend aujourd’hui pour organe. […] Cette vérité, que j’essaye de prouver par le raisonnement, est démontrée d’ailleurs par l’exemple et par la transformation progressive de la poésie moderne. […] Si je voulais citer d’autres preuves de cette rare faculté de magie et de création pittoresque, les exemples afflueraient sous ma plume.

990. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — II. (Fin.) » pp. 213-233

Au commencement du règne de Charles IX (1560), lors de la tenue des États à Pontoise, puis à Saint-Germain, Mézeray fait un tableau des plus animés et des mieux définis de l’air de la Cour à ce moment et des dispositions diverses qui partageaient les esprits par tout le royaume : Or, comme l’exemple du prince transforme toute la Cour, et que le reste de l’État se règle sur elle, la reine mère penchant du côté des huguenots pour récompense de la faveur qu’elle avait reçue de l’Amiral, le calvinisme était la religion à la mode, et il semblait que celle de l’Église romaine eût une vieille robe qui ne fût plus en usage que pour les bonnes gens. […] Son indépendance, d’ailleurs, luttait en lui avec une très réelle avarice, comme nous l’avons vu de nos jours dans l’exemple de l’historien libéral Lémontey.

991. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — I. » pp. 431-451

Il fait voir que la connaissance véritable de l’Antiquité est le résultat d’un ensemble très varié, très détaillé, sans lequel on ne fait qu’entrevoir les beautés des grands classiques : « La connaissance de l’Antiquité, voilà notre vrai commentaire ; mais ce qui est plus nécessaire encore, c’est un certain esprit qui en est le résultat ; esprit qui non seulement nous fait connaître les choses, mais qui nous familiarise avec elles et nous donne à leur égard les yeux des anciens. » Il cite des exemples tirés de la fameuse querelle des anciens et des modernes, et qui prouvent à quel point, faute de cette connaissance générale et antérieure, des gens d’esprit comme Perrault ont décidé en aveugles de ce qu’ils n’entendaient pas. — Il y a, chemin faisant, des vues neuves et qui sentent l’historien. […] Dans les considérations qui sont de plus en plus positives en avançant, et où il a déjà pied sur son terrain, il a de bonnes vues, des exemples neufs.

992. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — I » pp. 93-111

Il se citait lui-même en exemple, et lui disait de quelle manière il s’était conduit. […] Je ne puis ici que présenter de courts exemples, mais je les donnerai.

993. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. (Suite et fin) »

Et Goethe que l’on peut citer à côté de Boileau, Goethe le grand et judicieux critique, a observé excellemment que « lorsqu’une famille s’est fait remarquer durant quelques générations par des mérites et des succès divers, elle finit souvent par produire dans le nombre de ses rejetons un individu qui réunit en lui les qualités et les défauts de tous ses ancêtres : il en est de même, ajoute-t-il, des peuples célèbres qui, la plupart, ont vu naître dans leur sein des hommes profondément empreints de la physionomie nationale, comme si la Nature les avait destinés à en offrir le modèle. » Et il cite en exemple Voltaire, le plus Français des hommes, celui que la Nature semble avoir chargé de représenter la France à l’univers. Mais, comme phénomène non moins mémorable, il remarque que « dans les diverses classes et jusque dans les rangs les plus élevés de l’ordre social, des hommes se sont produits qui en ont rassemblé en eux tous les traits caractéristiques, au point d’identifier leur nom avec l’idée même de ces rangs et de ces classes, et d’en paraître comme la personnification vivante. » Et il cite pour exemple Louis XIV, que la Nature créa, dit-il, l’homme souverain par excellence, le type des monarques, le roi le plus vraiment roi qui ait jamais porté la couronne.

994. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre (suite et fin) »

On aime peu à voir cette décadence de la nation, avouée et reconnue d’un roi jeune, et qui devrait protester contre, ne fût-ce que par son exemple. […] Les exemples que j’en pourrais donner seraient trop fastidieux. — Au printemps suivant (mai 1744), à grand renfort de Mme de Châteauroux, du duc de Richelieu et du maréchal de Noailles, ligués et conspirant pour sa gloire, Louis XV se décide enfin ; il visite ses frontières du nord et se met à la tête de l’armée.

995. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Idées et sensations : par MM. Edmond et Jules de Goncourt. »

J’en veux citer un exemple. […] Et cette idée me rend triste. » Si j’avais à tracer une histoire de l’élégie et de l’amour, je ne voudrais pas d’exemple plus piquant pour montrer où en vient l’imagination qui caresse en tout son rêve d’art ; que le cadre domine, et que la manière enchante.

996. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Il se joignait à ces raisons irritantes d’autres circonstances encore que le comte de Senfft nous fait entrevoir ; car les intrigues de divers genres à cette cour impériale étaient plus nombreuses et plus entrecroisées qu’on ne le suppose généralement : Napoléon voulut avertir et faire un exemple : « L’orage éclata sur M. de Talleyrand, qui perdit alors sa place de grand chambellan avec toutes les marques de la disgrâce. […] Jamais il n’aura d’entretien particulier avec moi ; il ne pourra plus dire qu’il m’a conseillé ou déconseillé une chose ou une autre… » — Ce jugement de Napoléon, tout à huis clos, où il n’entre aucun emportement, où Talleyrand ne vient que comme incident et par manière d’exemple, doit être la vérité.

997. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « THÉOPHILE GAUTIER (Les Grotesques.) » pp. 119-143

Si de plus il avait voulu donner des échantillons marquants de l’extravagance littéraire durant le xvie  siècle, il aurait fallu prendre d’autres exemples que celui de Scalion de Virbluneau. […] J’en donnerai un exemple.

998. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN FACTUM contre ANDRÉ CHÉNIER. » pp. 301-324

Qu’on relise la pièce originale, qu’on relise ensuite l’élégie xxxii de Chénier, et l’on verra, dans un excellent exemple, comment l’aimable moderne prend naturellement racine chez les Anciens, et par quel art libre il s’en détache. […] Parmi les exemples qu’il cite, on en verrait d’abord qui ne sont pas si répréhensibles qu’il paraît croire : ainsi De la jeunesse en fleur la première étamine me semble très-bien rendre le prima lanugine malas des Latins.

999. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SOUZA » pp. 42-61

Qu’importe qu’en peignant son aimable héros l’auteur ait cru peut-être proposer un exemple à suivre aux générations présentes, qui n’en sont plus là ? […] Quant à Mme de Souza, récompensée par le glorieux sourire, elle aime à citer cet exemple pour preuve que l’habitude du monde et de laisser naître ses pensées les fait toujours venir à propos : « car, dit-elle, cette réponse s’était échappée si à part de ma volonté et presque de mon esprit, que je fus tentée de me retourner aussitôt pour voir si personne ne me l’avait soufflée. »

1000. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre IV. Des figures : métaphores, métonymies, périphrases »

La règle de Condillac, « ne rien ajouter qui ne soit dans l’analogie du premier trope », ne subsiste pas, après les exemples que j’ai donnés ; et d’autre part, toutes les discordances ne sont point acceptables ; il y a une certaine harmonie dont il faut observer la secrète finesse. Si l’on regarde les exemples contradictoires que j’ai rassemblés, on verra peut-être surgir quelques indications.

1001. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre III. Comédie et drame »

Il s’y trouvait plus libre qu’à la Comédie-Française, plus indépendant des règles et des exemples. […] Mais, si l’on y regarde de plus près, il subsiste des idées, des exemples, des aptitudes, des germes : tout cela reparaîtra à son heure.

1002. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre III. La poésie : V. Hugo et le Parnasse »

Il faudrait trop d’exemples pour mettre en lumière cette partie du génie de V. […] Mais nous ne pouvons regarder ici que les chefs de file pour ainsi dire, ceux qui se séparent par une énergique originalité, ou dont l’impérieux exemple indique des directions nouvelles.

1003. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Émile Zola, l’Œuvre. »

Il n’y a pas d’exemple qu’un écrivain se soit chargé de plus de chaînes et enfermé dans une prison plus étroite que ce superbe romancier. […] Eût-il été d’un bon exemple que Dieu permît à l’auteur de Pot-Bouille et de Nana de raconter innocemment une histoire innocente ?

1004. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre X. Les sociales »

Goron, de Saint-Georges de Bouhélier ou même de mon ami Jean-Bernard : « À part l’escarbot merdivore, à part les saints déjà nommés, nul être humain ne barbota dans la crotte avec de pareilles délices. » Certes quand je cite de telles phrases chez Saint-Georges de Bouhélier c’est pour faire connaître par des exemples la manière ordinaire de mon auteur ; ici, je ris d’un accident plutôt rare, mais qui ne serait jamais arrivé au Tailhade ancien. […] Il n’y a pas d’exemple d’une gloire populaire qui ne soit devenue la proie des puissants.

1005. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Discours sur l’histoire de la révolution d’Angleterre, par M. Guizot (1850) » pp. 311-331

Ce qui s’est passé sous nos yeux en février est un grand exemple. […] Et comme ce même Auguste nous le dit si éloquemment par la bouche du grand Corneille : Mais l’exemple souvent n’est qu’un miroir trompeur ; Et l’ordre du Destin, qui gêne nos pensées, N’est pas toujours écrit dans les choses passées.

1006. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Confessions de J.-J. Rousseau. (Bibliothèque Charpentier.) » pp. 78-97

Avant lui, le seul La Fontaine, chez nous, avait connu et senti à ce degré la nature et ce charme de la rêverie à travers champs ; mais l’exemple tirait peu à conséquence ; on laissait aller et venir le bonhomme avec sa fable, et l’on restait dans les salons. […] Toutefois, le style de Rousseau reste encore le plus sûr et le plus ferme qu’on puisse offrir en exemple dans le champ de l’innovation moderne.

1007. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Vauvenargues. (Collection Lefèvre.) » pp. 123-143

Les grands exemples des Richelieu, des La Rochefoucauld, des Retz, des Guillaume Temple, et de tous ces hommes d’État et d’action qui avaient demandé le surcroît et le sceau de leur illustration à leurs écrits, revinrent l’enhardir. […] Il offre le rare exemple d’un homme supérieur longtemps retenu au-dessous de son niveau, comprimé, abreuvé de disgrâces, qui ne s’aigrit ni ne se révolte, mais prend sa revanche noblement et se rouvre la carrière dans l’ordre de l’esprit avec vigueur et sérénité.

1008. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Nouveaux documents sur Montaigne, recueillis et publiés par M. le docteur Payen. (1850.) » pp. 76-96

Regardons à terre : les pauvres gens que nous y voyons épandus, la tête penchante après leur besogne, qui ne savent ni Aristote ni Caton, ni exemple ni précepte, de ceux-là tire nature tous les jours des effets de constance et de patience plus purs et plus roides que ne sont ceux que nous étudions si curieusement en l’école. […] Il écrivait ce chapitre (xiie du livre III) au milieu même des maux publics qu’il dépeignait, et avant qu’ils eussent pris fin : il le terminait encore à sa manière poétique et légère, en le montrant comme un assemblage d’exemples, un « amas de fleurs étrangères », auxquelles il n’avait fourni du sien que le « filet » pour les « lier ».

1009. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Rulhière. » pp. 567-586

Mon homme est marié ; la femme qu’il a placée la troisième est sûrement la sienne, et il m’a appris son nom en la nommant. » En nous racontant cette preuve de la sagacité un peu méthodique et raffinée de Rulhière, Diderot donne à entendre que toutes ces choses déliées, conçues en des termes fort déliés, l’étaient trop pour lui, bonhomme tout uni et rond, et qui, à chaque fois, demandait des exemples : « les esprits bornés ont besoin d’exemples ».

1010. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Charles Perrault. (Les Contes des fées, édition illustrée.) » pp. 255-274

Il ne manquerait à ces distinctions pour les vérifier et les éclaircir, que des exemples que chaque lecteur aujourd’hui peut alléguer, depuis Hamlet de Shakespeare jusqu’à René. […] [NdA] Fléchier fut le premier qui en profita (1673) et qui donna l’exemple de ce genre de menuet solennel et applaudi. — Vingt ans après (1693), le discours de réception de La Bruyère, qui fit bruit et même tapage, et qui parut excéder la mesure, amena un nouveau statut de l’Académie qui décida que le discours du récipiendaire serait lu désormais devant une commission avant d’être prononcé en séance publique.

1011. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — II. (Suite et fin.) » pp. 421-440

Mme de Maintenon aspirait à en sortir comme une femme et comme beaucoup trop d’hommes alors, comme une femme de sens qui voit de près le mal, qui en souffre en elle et pour ceux auxquels elle est attachée, qui n’a rien d’une héroïne, qui est toute résignée et chrétienne, qui voit la main de Dieu non seulement dans les revers redoublés et les défaites, mais encore plus directement dans les fléaux naturels, dans les hivers tels que celui de 1709 (dont on n’avait point eu d’exemples depuis plus d’un siècle), et dans la famine qui s’ensuivit. […] Elle s’attache de bonne heure à Villars et semble deviner que ce général qu’on appelle fou sera en définitive le sauveur : « Car il y a trop de sages, dit-elle, ou au moins trop de gens qui croient l’être quand ils ne hasardent rien ; et je suis persuadée qu’il faut quelquefois laisser les choses au hasard, pourvu qu’on ne les pousse pas jusqu’à une témérité qui n’appartient qu’aux héros de romans. » Ce dernier défaut, elle le sent bien, serait volontiers celui de Villars ; elle le lui pardonne pourtant au milieu de l’abaissement trop universel : « Ce maréchal de Villars parle et agit, dit-elle, comme ces héros de romans qui croient porter la victoire partout où ils vont : j’aime assez ces airs-là présentement, si opposés à ceux qui nous ont jetés si près du précipice. » L’héroïque défense du maréchal de Boufflers dans Lille la transporte et tire d’elle de nobles accents : L’exemple que ce maréchal a donné en défendant Lille comme il l’a fait devrait bien causer de l’émulation et de la honte en même temps, si l’on compte encore pour quelque chose l’honneur.

1012. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — I. » pp. 186-205

Il fit ses études au collège des Oratoriens à Marseille ; et, s’il fallait choisir un élève qui exprimât dans son beau cette forme d’éducation qu’on recevait à l’Oratoire, libre, fleurie, variée, assez philosophique et moralement décente, on ne pourrait citer un meilleur exemple que celui de Barthélemy. […] L’abbé Barthélemy, par son mérite et par la nature du sentiment qui le liait à M. et à Mme de Choiseul, s’élève au-dessus de cette classe, ou plutôt il la personnifie à nos yeux dans un exemple supérieur et comme idéal.

1013. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Saint François de Sales. Son portrait littéraire au tome Ier de l’Histoire de la littérature française à l’étranger par M. Sayous. 1853. » pp. 266-286

L’objet principal de son livre, qu’il adresse à Philothée, c’est-à-dire à une âme amie de Dieu, est de faire voir en exemple encore plus qu’en préceptes comment la piété peut se mêler aux nombreuses occupations de la société, et doit être différemment exercée selon les conditions diverses, par le gentilhomme, par l’artisan, par le valet, par la femme mariée, par la veuve, et toujours d’après le même esprit qui répand la vie et la joie au-dedans. […] On ne saurait s’imaginer jusqu’où va chez lui cet abus, cette sorte de crédulité ou de complaisance, mi-partie poétique et scientifique ; et j’aime trop saint François de Sales pour citer des exemples qui compromettraient l’impression agréable sur laquelle il convient de rester avec lui.

1014. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Marguerite, reine de Navarre. Ses Nouvelles publiées par M. Le Roux de Lincy, 1853. » pp. 434-454

Chaque histoire est l’objet d’une moralité, d’un précepte bien ou mal déduit ; chacune est racontée à l’appui d’une certaine maxime, de quelque thèse en question sur la prééminence de l’un ou de l’autre sexe, sur la nature et l’essence de l’amour, et comme exemple ou preuve (souvent très contestable) de ce qu’on avance. […] C’est à ce point précis de la société, et pour ce monde devenu plus chatouilleux, que La Fontaine a donné le précepte encore plus sûrement que l’exemple, en d’agréables vers souvent cités : Qui pense finement et s’exprime avec grâce        Fait tout passer, car tout passe ;        Je l’ai cent fois éprouvé :        Quand le mot est bien trouvé, Le sexe, en sa faveur, à la chose pardonne : Ce n’est plus elle alors, c’est elle encor pourtant.

1015. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre X : M. Jouffroy psychologue »

Ce n’est pas assez d’imposer avec vous à la psychologie l’observation et l’induction, à l’exemple des sciences physiques ; il faut encore, malgré vous, la renfermer dans l’étude des faits, seules choses réelles, à l’exemple des sciences physiques.

1016. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVI. Des oraisons funèbres et des éloges dans les premiers temps de la littérature française, depuis François Ier jusqu’à la fin du règne de Henri IV. »

On ne sait comment de pareils exemples n’ont point dégoûté à jamais les souverains d’être loués. […] Mais il ne faut pas trop exiger des hommes ; et s’il y a un exemple d’une statue élevée à un roi après sa mort, il n’y en a pas de panégyrique adressé à un ministre après sa disgrâce.

1017. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XV. »

Autres essais de poésie lyrique à Rome en dehors de la scène, mais toujours à l’exemple des Grecs. — Art savant de Catulle. — Lucrèce. […] Quelle sanction sublime auraient reçue les fragments de vérité, les éclairs de sentiment moral, les premiers cris de justice et d’humanité mêlés souvent aux erreurs de sa philosophie et aux pernicieux exemples de son siècle corrompu !

1018. (1855) Louis David, son école et son temps. Souvenirs pp. -447

Exemple étrange des vicissitudes humaines ! […] Or, pour remplir cette mission, nous devons agir avec audace et courage ; ainsi, j’en avertis d’avance ceux d’entre vous qui ne se sentiraient pas disposés à imiter mon exemple ; qu’ils se retirent ! […] « Je demande qu’à l’exemple des Égyptiens et des autres peuples de l’antiquité, ces deux monuments soient élevés en granit, comme la pierre la plus durable et qui portera à la postérité le souvenir de la gloire dont se sont couverts les habitants de Lille, ainsi que ceux de Thionville. […] Pour l’établir, il faut le double concours de la domination sacerdotale et de la tyrannie politique, comme l’Inde et l’Égypte en fournissent des exemples. […] En outre, David savait, par expérience, qu’à cette époque tous ses confrères, ne trouvaient aucune occasion de se faire payer de leurs travaux ; et il pensait qu’en prenant sous sa responsabilité l’essai si peu populaire de faire payer pour montrer son ouvrage, il assurait, en cas de réussite, une ressource nouvelle aux peintres qui suivraient son exemple.

1019. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — [M. de Latena, Étude de l’homme.] » pp. 523-526

Ainsi, pour n’en citer qu’un exemple, M. de Latena dit : « Une femme sincère, qui baisse ou détourne subitement les yeux au seul aspect d’un homme, trahit pour lui un amour naissant ou à son déclin, un amour dédaigné ou tourmenté par le remords.

1020. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XI » pp. 39-46

Exemple : un jésuite prédicateur est envoyé de Paris dans un diocèse ; il prêche, il a du succès, on vient à lui pour la confession.

1021. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Note »

Comme exemple de la manière absurde dont tout se défigure et dont les incidents de société se déforment avec le temps et même avant le temps, je citerai encore un estimable écrivain, M.

1022. (1874) Premiers lundis. Tome II « H. de Balzac. Études de mœurs au xixe  siècle. — La Femme supérieure, La Maison Nucingen, La Torpille. »

Ce noble exemple, tant ridiculisé par un monde aveugle, me paraît, à lui seul, capable de racheter les erreurs de sa vie… Il y a loin de la dignité d’action du pauvre Rousseau à la pompeuse fortune littéraire des spéculateurs en philanthropie, Voltaire et son écho lointain Beaumarchais… » M. de Balzac, après avoir, non sans raison, remarqué que cette sévérité contre les auteurs qui vendent leurs livres siérait mieux peut-être sous une plume moins privilégiée à tous égards que celle de M. de Custine, se donne carrière à son tour, se jette sur les contrefaçons, agite tout ce qu’il peut trouver de souvenirs à la fois millionnaires et littéraires : la conclusion est qu’à moins de devenir riche comme un fermier général, on se maintient mal aisément un grand écrivain.

1023. (1875) Premiers lundis. Tome III «  La Diana  »

M. de Persigny qui, il y a neuf ans, présentait à la signature de l’empereur un plan d’inventaire sommaire de toutes les Archives de l’Empire et organisait ce travail qui n’a cessé depuis de se poursuivre et qui vient de produire ses premiers résultats imprimés, a compris où est le point de la difficulté et suggéré un moyen qui peut être d’un utile exemple.

1024. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Retté, Adolphe (1863-1930) »

Adolphe Retté nous donne l’exemple de tout ce que peut la force du sang.

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