Je m’arrête ; car cette imitation deviendrait aussi fatigante que la réalité même : mais on pourrait extraire des adresses, des journaux et des discours, des pages nombreuses, dans lesquelles on verrait la parole marcher sans la pensée, sans le sentiment, sans la vérité, comme une espèce de litanie, comme si l’on exorcisait avec des phrases convenues l’éloquence et la raison. […] Mais en France, la force, en recourant à la terreur, a voulu cependant y joindre encore une espèce d’argumentation ; et la vanité de l’esprit s’unissant à la véhémence du caractère, s’est empressée de justifier par des discours les doctrines les plus absurdes et les actions les plus injustes.
Le bonheur des femmes perd à toute espèce d’ambition personnelle. […] Eh bien, à côté du tableau de ce bal, où les prétentions les plus frivoles ont mis la vanité dans tout son jour, c’est dans le plus grand événement qui ait agité l’espèce humaine, c’est dans la révolution de France qu’il faut en observer le développement complet : ce sentiment, si borné dans son but, si petit dans son mobile, qu’on pouvait hésiter à lui donner une place parmi les passions ; ce sentiment a été l’une des causes du plus grand choc qui ait ébranlé l’univers.
Rien, sinon une première série de mots abstraits qui désignent le genre de la figure, et une seconde série de mots abstraits qui désignent l’espèce de la figure, la seconde étant combinée avec la première, comme une condition ajoutée à une condition. […] La complication des composés va croissant ; elle est indéfinie ; tous ensemble, ils forment un royaume à part d’objets qui ne sont pas réels, mais qui sont distribuables, comme les objets réels, en familles, genres, espèces, et dont nous découvrons les propriétés en considérant à côté d’eux les propriétés des formules qui sont leurs substituts.
L’auteur nous a présenté un groupe historique, nullement une espèce morale : il y a là autant d’espèces que d’individus.
4º À quelle espèce d’individualisme conduit la constatation d’antinomies insolubles ? […] Enfin, en se plaçant encore au point de vue objectif, on peut constater, au sein même de la société, un conflit au moins virtuel entre deux espèces d’esprits ou, si l’on préfère, entre deux types de tempérament : le tempérament ou le caractère social (ou grégaire) et le caractère individualiste.
La Bruyère marque décidément l’ère nouvelle, et il inaugure cette espèce de régime tout à fait moderne dans lequel la netteté de l’expression veut se combiner avec l’esprit proprement dit, et ne peut absolument s’en passer pour plaire. […] Au train dont y va le monde, l’espèce de ces esprits rares se perdra-t-elle ?
D’ailleurs, dans son état de grandeur & de considération, elle n’eut pas été flattée en se mettant à la tête d’une espèce de parti. […] Ils sollicitoient vivement à Rome en faveur de l’amour pour & désintéressé, pendant qu’on les accusoit en France de rejetter toute espèce d’amour divin.
Claude Bernard confirment ces vues quant aux sens du goût, et la pluralité des sens du toucher n’est plus un doute pour personne. » Ce qui paraît du reste certain, c’est qu’il est impossible d’admettre autant d’espèces de nerfs qu’il y a d’espèces de sensations, car il en faudrait un nombre infini.
Il affecte de rappeler à Janin le temps où celui-ci logeait rue Madame dans la même maison que Harel et mademoiselle Georges (espèce de ménage établi), et venait en tiers sans troubler l’harmonie parfaite et par manière d’accompagnement.
Une fois seulement mademoiselle Rose nous apprend que l’espèce de brouillerie qui divisait la reine et les tantes du roi se rattachait à la politique : madame Adélaïde tenait pour M. de Maurepas, et la reine pour M. de Choiseul : indè iræ ; on sent qu’un pareil temps est déjà loin de nous.
C’est, à l’usage des architectes futurs, une espèce de cahier des charges ou de mémoire à consulter.
Telle espèce s’est éteinte presque sans laisser de traces.
Le zele du Mécene pour la Poésie, n’a pas dû le rendre indulgent sur celle de son Homere, quoiqu’il n’ait jamais dédaigné aucune espece de louange.
La mort des personnes les moins connues est bientôt suivie d'une espece d'apothéose, & le moindre Artiste, sur le point de finir une carriere ignorée, pourroit presque dire comme Vespasien : Voici le temps où je vais devenir un Dieu.
La plus ingénieuse de ses petites Poésies est une espece de Poëme lyrique, à qui le Poëte a donné le nom de Philosophisme.
I À l’instigation du Génie de l’Espèce et du Génie de la Connaissance, l’homme se conçoit autre qu’il n’est quant aux conséquences de son activité.
Ainsi il y aurait, entre les esprits, des liens électifs plus libres et plus vivaces que cette longue communauté du sang, du sol, de l’idiome, de l’histoire, des mœurs qui paraît former et départager les peuples ; ceux-ci ne seraient pas divisés par d’irréductibles particularités comme l’école historique moderne s’est appliquée à le faire admettre ; la France, l’Allemagne plus encore, dont la littérature est grecque et cosmopolite, aurait conservé intacte une sorte d’humanité générale et large, toute à tous, sensible à l’ensemble des manifestations spirituelles de l’espèce, payant cet excès de réceptivité par quelque défaut de production originale, le compensant en universelle intelligibilité, réduite à emprunter souvent et à ouvrer pour ainsi dire à façon, mais travaillait pour le monde, plutôt foyer de réflexion, de convergence et de rayonnement que flambeau proprement et solitairement éclatant.
L’autorité qu’emploie Alvarez est d’une autre espèce : il met en oubli son âge et son pouvoir paternel, pour ne parler qu’au nom de la religion.
Ils ne savent pas que les paupières ont une espèce de transparence.
Et, en effet, si vous la séparez un instant des passions terribles qui s’en sont servies et qui sont prêtes à s’en servir encore, si, la regardant aux entrailles, vous lui demandez, comme aux autres spéculations de la pensée, ses titres réels à l’estime ou à l’admiration des hommes, vous serez bientôt convaincu de l’impuissance et de l’inanité de cette espèce de littérature, qui depuis le commencement du monde de la métaphysique pivote sur trois ou quatre idées dont l’esprit humain a cent fois fait le tour, qui tient toute, en ce qu’elle a de vrai, dans sept chapitres d’Aristote, sans que jamais personne en ait ajouté un de plus, et à laquelle Dieu a plusieurs fois envoyé des hommes de génie inutiles, comme s’il avait voulu par là en démontrer mieux le néant !
Ils commencent par faire une espèce d’enquête générale sur l’état de l’opinion. […] et quelle espèce d’intérêt nous présenterait-il ? […] Ce critique, ou plutôt cette espèce de cornac littéraire, depuis plusieurs années déjà, le naturalisme l’a demandé vainement aux échos d’alentour. […] Comme le bourgeois était très consciencieux, et qu’il connaissait bien les ridicules de son espèce, on peut trouver plaisir à lire l’Éducation sentimentale. […] Ils se tromperont, du plus au moins, selon les espèces, mais jamais autant que dans le cas de George Eliot !
On peut se proposer de dire quel fut cet homme, quelle espèce d’homme, triste ou gaie, basse ou noble, digne de haine ou d’admiration. […] Je le crois, pour ma part ; et qu’il l’est même d’autant plus que nous sommes plus libres et plus dégagés de toute espèce de confession. […] Tout symbole est en ce sens une espèce de révélation. […] Ils n’ont qu’une manière de le représenter, comme une espèce d’exaspération ou de délire des sens. […] C’est une perfidie, c’est une trahison, c’est une espèce de guet-apens.
Le lendemain, on prend une espèce de congé de son mari en prenant son nom et sa livrée. […] quelle espèce d’enthousiasme voulez-vous donc que la barbarie renaissante nous inspire ? […] Au lieu de critiquer l’espèce d’argot qui a conscience de lui-même et qui se croit drôle, M. […] Vous y verrez Saladin, sultan d’Égypte et de Syrie, toujours représenté comme un diable de la plus noire espèce, et les croisés comme des anges de lumière. […] Ce qu’il salue en lui avec une espèce d’adoration, c’est l’empire absolu de la conscience, rare parmi les hommes et presque introuvable chez les rois.
La jeune aveugle n’ayant reçu de la vieille, ignorante, et sourde par dessus le marché, aucune espèce de soins physiques ni spirituels, est horriblement sale et à peu près idiote. […] Il faut bien dire que l’espèce d’esthétisme émotif recommandé par M. […] Mais les sympathies qu’on accorde justement au caractère et au talent de cet écrivain jovial n’empêchent point qu’en l’espèce il n’ait tout à fait tort. […] Mais je ne puis suivre Gide dans tous les détours de cette espèce de causerie à’ bâtons rompus. […] … est un petit tract édifiant, une espèce de prêche ou de manuel dévot, tel qu’en distribuent les officines méthodistes et les armées du salut.
Son père qui le voyait dans une espèce d’extase, l’attribuant à la majesté du monument, lui dit: Eh bien, Henri, que penses-tu de cela ? […] L’espèce de mépris qu’on lui avait témoigné en le reléguant parmi les valets avait accru sa fierté et redoublé sa tristesse. […] Aussitôt chacun songe à retrouver ses bagages, et les domestiques font approcher les yswoschtschiki, espèce de traîneaux qui rendent à Moscou les mêmes services que les fiacres rendent à Paris. […] Ce dernier argument dut lui paraître sans réplique, car il se tut soudain ; on vit sa physionomie s’épanouir, et les yeux fixés sur M. de Saint-Pierre, il resta dans une espèce d’admiration de lui-même. […] Avec l’angle d’une pierre, il fit un petit trou sur une branche d’arbre bien sèche, qu’il assujettit sous ses pieds ; puis, avec le tranchant de cette pierre, il fit une pointe à un autre morceau de branche également sèche, mais d’une espèce de bois différente.
Les ingénieurs étaient donc à l’œuvre ; on essayait de tracer à la moderne bande des novateurs dramatiques une route qui tournât les temples de Racine et de Corneille et qui n’en fût pas écrasée ; car les vieux critiques, logés dans ces temples, en faisaient des espèces de forteresses d’où ils tiraient sur les nouveaux venus et croyaient leur barrer le passage.
Dureté et indifférence de Mme Récamier durant cette espèce de persécution.
» C’est ce poète passionné qui va se révéler dans les Amertumes ; son recueil, espèce de romancero de la douleur, est composé de pièces distinctes et unies cependant par une chaîne invisible, si bien que toutes les phases de la passion s’y développent, comme les péripéties d’un drame.
Après avoir lu les Romans de Madame de Villedieu, on est fâché de savoir qu’elle est l’Auteur de Manlius, de Nicetis, & d’une espece de Tragi-Comédie, intitulée, le Favori, trois Pieces qui prouvent combien elle a méconnu son talent.
Il a vu que la plupart des hommes étoient méchans : sans réfléchir sur les causes de cette dépravation, il a conclu qu'elle leur étoit naturelle, & a appliqué à l'espece les vices de l'individu.
Pour que deux hommes soient parfaits amis, ils doivent s’attirer et se repousser sans cesse, par quelque endroit ; il faut qu’ils aient des génies d’une même force, mais d’une différente espèce ; des opinions opposées, des principes semblables ; des haines et des amours diverses, mais au fond la même sensibilité ; des humeurs tranchantes, et pourtant des goûts pareils ; en un mot, de grands contrastes de caractère et de grandes harmonies du cœur.
sans doute, en censurant les choses déshonnêtes, et en louant les bonnes, ces grands génies n’ont pas cru que la liberté d’écrire consistât à fronder les gouvernements, et à ébranler les bases du devoir ; sans doute s’ils eussent fait un usage si pernicieux de leur talent, Auguste, Trajan et Louis les auraient forcés au silence ; mais cette espèce de dépendance n’est-elle pas plutôt un bien qu’un mal ?
Ce qui lui appartient en propre, c’était le génie, si on entend par génie cette espèce de force intellectuelle qui déplace beaucoup d’idées et renverse toutes les traditions.
Usant d’abord du langage muet, ils montrèrent autant d’épis ou de brins de paille, ou bien encore firent autant de fois le geste de moissonner, qu’ils voulaient indiquer d’années… Dans la chronologie ordinaire, on peut remarquer quatre espèces d’anachronismes. 1º Temps vides de faits, qui devraient en être remplis ; tels que l’âge des dieux, dans lequel nous avons trouvé les origines de tout ce qui touche la société, et que pourtant le savant Varron place dans ce qu’il appelle le temps obscur. 2º Temps remplis de faits, et qui devaient en être vides, tels que l’âge des héros, où l’on place tous les événements de l’âge des dieux, dans la supposition que toutes les fables ont été l’invention des poètes héroïques, et surtout d’Homère. 3º Temps unis, qu’on devait diviser ; pendant la vie du seul Orphée, par exemple, les Grecs, d’abord semblables aux bêtes sauvages, atteignent toute la civilisation qu’on trouve chez eux à l’époque de la guerre de Troie. 4º Temps divisés qui devaient être unis ; ainsi on place ordinairement la fondation des colonies grecques dans la Sicile et dans l’Italie, plus de trois siècles après les courses errantes des héros qui durent en être l’occasion.
S’il est encore des nations barbares dans les parties les plus reculées du nord et du midi, c’est que la nature y favorise peu l’espèce humaine, et que l’instinct naturel de l’humanité y a été longtemps dominé par des religions farouches et bizarres. — Nous voyons d’abord au septentrion le czar de Moscovie qui est à la vérité chrétien, mais qui commande à des hommes d’un esprit lent et paresseux. — Le kan de Tartarie, qui a réuni à son vaste empire celui de la Chine, gouverne un peuple efféminé, tels que le furent les seres des anciens. — Le négus d’Éthiopie, et les rois de Fez et de Maroc règnent sur des peuples faibles et peu nombreux.
On avait tout dit, tout pensé, tout rêvé ; on avait exprimé les idées et les recherches en toute espèce de style, dans une langue en général forte, mais chargée et bigarrée à l’excès. […] Ce qu’il parvint à réaliser à grand-peine vingt ans plus tard avec le cardinal Mazarin, il le concevait, jeune, auprès du président de Mesmes ; il préludait à cette création (car c’en fut une), à cette espèce d’institution et d’œuvre. […] Je ne fais qu’indiquer d’autres opuscules latins, tous également de circonstance, ses cinq thèses médico-littéraires, agréables réminiscences du doctorat237, espèces d’étrennes et de cartes de visite qu’il envoyait à des amis anciens ou nouveaux ; son traité de la Bibliographie politique, adressé au Père Gaffarel, qui l’avait consulté sur ces sortes d’écrits. […] Le Mascurat de Naudé, c’est une espèce de salmigondis épais et noir, un vrai fricot comme nos aïeux l’aimaient, où il y a bien du fin lard et des petits pois. On y lit (p. 231) une grande discussion sur la poésie macaronique ; ce livre est une espèce de macaronée aussi.
La nature s’en attristera quelquefois, et ce sera beaucoup si vous le supportez en silence. » Il avait fait de la métaphysique, et il en était revenu : « Qu’avons-nous à faire de ces disputes de l’école sur le genre et l’espèce ? […] Il est, dans sa vie, dans son caractère et dans son esprit, un des types les plus nobles — et les plus précoces — de cette espèce si étrangement mêlée. […] Tandis que Taine se travaille à voir en eux les produits du moment, du milieu et de la race ; il nous les montre surtout comme des producteurs d’une certaine espèce de beauté où nous ne saurons jamais au juste ce qui revient à la race, au milieu et au moment. […] Et non seulement il refusa des obsèques civiles qui, seules, eussent été sincères, mais il ne se laissa point enterrer simplement selon le rite de sa religion natale, ce qui n’aurait eu, dans l’espèce, qu’une très faible signification : il demanda — ou accepta — des funérailles protestantes. […] Même, il s’y complaît, et c’est la seule espèce de volupté à laquelle il soit publiquement accessible.
La critique a beau jeu d’exiger, sous toute espèce de forme d’imagination, des qualités supérieures, dont il lui serait fort incommode, souvent, de fournir le modèle après la théorie. […] devant être pratiquée de telle sorte que le numéro du jour tienne au suivant par une espèce de cordon ombilical et qu’il donne à tous l’impatient désir du lendemain. […] Rien de si aisé vraiment que cette espèce de cuisine littéraire. […] On y verrait, se reposant ou travaillant, deux catégories distinctes de gens de lettres : en haut, les heureux ou les habiles de la profession, étalant au revers des journaux et sur les couvertures libresques, leur étiquette brillante et bien famée ; en bas, les anonymes, les publicistes sans occupation connue, les déshérités de la librairie, les esclaves de la copie, comme on les appelle dans la presse, les tâcherons obscurs, qui sous-traitent toute espèce de commande et qui, pressés par la famine, mènent à la diable des préparations de deuxième ou de troisième main. […] Il est bon de relever à la décharge des romanciers japonais que leurs ouvrages ne vont qu’à une seule espèce de gens, qu’ils sont fort dédaignés des classes supérieures, qu’on les paye d’autant plus mal (en moyenne, 75 francs par volume ; et qu’à la différence de nos feuilletonistes, pour une besogne pareille, ils ne récoltent ni le matériel bénéfice, ni la réputation.
Alors le correspondant du Times, mais le correspondant du Times, avec un traitement de 75 000 francs et la considération d’un ambassadeur, était lord Oliphant, ce personnage extraordinaire qui avait été une espèce de Brummel, un familier de princes, un diplomate en Chine et au Japon, un martyr portant encore aux deux poignets les stigmates de la martyrisation, le fondateur d’une religion à laquelle il avait donné toute sa fortune, un homme, pendant quelque temps, descendu à être un brouetteur de feuilles mortes, et redevenu dans le Times, l’intermédiaire entre l’Angleterre et la France, au moment où la France traversait ces années tragiques. […] Au bout d’une causerie sur l’art qui lui apporte une espèce d’enivrement, s’arrêtant au milieu de l’escalier qu’il descend, et renversé sur la rampe, en face d’un dessin de Watteau, représentant : Le Printemps, peint par le maître dans la salle à manger de Crozat, les yeux tout ronds, le bout du nez fébrilement dilaté, la bouche contractée comme en une dégustation gourmande, Groult au milieu de paroles en déroute, coupées par cette phrase : « Vous les verrez, Monsieur, chez moi ! […] Et je dois le dire, j’éprouve un espèce de revenez-y d’amitié pour l’homme redevenu affectueux, comme aux premiers jours de notre liaison. […] Il a dans l’amabilité, une espèce de bonne amitié calme, tout à fait séduisante. Jeudi 17 avril Sans un constant feuilletage des impressions japonaises, on ne peut vraiment se faire à l’idée, que dans ce pays d’art naturiste, le portrait n’existe pas, et que jamais la ressemblance de la figure n’est reproduite dans sa vérité, et qu’à moins d’être comique ou théâtralement dramatique, la représentation d’un visage d’homme ou de femme est toujours hiératisée, et faite de ces deux petites fentes pour les yeux, de ce trait aquilin pour le nez, de ces deux espèces de pétales de fleurs pour la bouche.
Le bourgeois, chez Molière, n’a qu’une seule vertu, et elle n’est pas héroïque : la prudence ; il n’a aucune espèce de point d’honneur. […] Molière n’y avait mis aucune espèce de mauvaise intention ni contre la religion, ni contre les dévots, cela est certain ; je vais dire pourquoi. […] Il y a l’article homme, dans lequel vous trouvez encore les expressions genre humain, espèce humaine, famille humaine ; vous n’y trouvez pas le mot humanité. […] Et il y a à côté de cela, je regrette de dire un mot si vif, il y a un cuistre, un Sganarelle, une espèce de M. […] Ils nous offriront à la lecture une autre espèce d’intérêt qui nous échapperait au théâtre où nous songeons trop à chercher un divertissement, pour faire l’effort de nous instruire.
. — D’ailleurs il est aisé de voir que les objections de cette espèce proviennent toutes d’une méprise, et que l’adversaire, sans s’en douter, est la dupe des mots. […] La province est bien loin, et le peuple n’est pas de la même espèce que les seigneurs. […] Michelet est un poète, un poète de la grande espèce ; à ce titre il saisit les ensembles et les fait saisir. […] Quand il s’agit « d’espèces », comme les favoris et les bâtards, il est intraitable. […] « Plus avant commençait la foule des courtisans de toute espèce.
Vous entrez dans une usine : ce ne sont que piliers de fer épais comme des troncs d’arbres, cylindres larges comme un homme, arbres de locomotives qui ressemblent à de grands chênes, machines à entailler qui font sauter des copeaux de fer, laminoirs qui plient la tôle comme une pâte, volants qui disparaissent dans l’essor de leur vitesse ; huit ouvriers, commandés par une espèce de colosse paisible, poussaient et retiraient de la forge un arbre de fer rougi gros comme mon corps. […] Vers le sommet, les inventions du bien-être sont si multipliées, qu’on en est gêné ; il y a trop de journaux et de revues sur votre table de nuit, trop d’espèces de tapis, de cuvettes, d’allumettes, de serviettes dans votre cabinet de toilette : leur raffinement est infini : vous songerez, en fourrant vos pieds dans les pantoufles, qu’il a fallu vingt générations d’inventeurs pour porter la semelle et la doublure jusqu’à ce degré de perfection. […] — Ils se piquent de peinture, du moins ils l’étudient avec une minutie étonnante, à la chinoise ; ils sont capables de peindre une botte de foin si exactement, qu’un botaniste reconnaîtra l’espèce de chaque tige ; celui-ci s’est installé sous une tente pendant trois mois dans une bruyère afin de connaître à fond la bruyère ; beaucoup sont des observateurs excellents, surtout de l’expression morale, et réussiront très-bien à vous montrer l’âme par le visage ; on s’instruit à les regarder, on fait avec eux un cours de psychologie ; ils peuvent illustrer un roman ; on sera touché par l’intention poétique et rêveuse de plusieurs de leurs paysages. […] On peut la traiter comme une affaire, ramasser et vérifier des observations, combiner des expériences, aligner des chiffres, peser des vraisemblances, découvrir des faits, des lois partielles, posséder des laboratoires, des bibliothèques, des sociétés chargées d’emmagasiner et d’accroître les connaissances positives ; en tout cela ils excellent ; ils ont même des Lyell, des Darwin, des Owen capables d’embrasser, de renouveler une science ; dans la construction du vaste édifice, les maçons industrieux, les maîtres de second ordre ne manquent pas ; ce sont les grands architectes, les penseurs, les vrais spéculatifs qui leur manquent ; la philosophie, surtout la métaphysique, est aussi peu indigène ici que la musique et la peinture ; ils l’importent ; encore en laissent-ils la meilleure partie en chemin ; Carlyle est obligé de la transformer en poésie mystique, en fantaisies d’humoriste et de prophète ; Hamilton l’effleure, mais pour la déclarer chimérique ; Stuart Mill, Buckle, n’en prennent que l’espèce la plus palpable, un résidu pesant, le positivisme.
Phidias, par Louis de Ronchaud (2e partie) I Qu’ai-je dit, en effet, en commençant ce cours littéraire d’une nouvelle espèce ? […] Cette littérature palpable n’en produit pas moins des impressions, des sensations et des pensées ; elle est la plus naturelle, la plus simple et la plus réelle des reproductions de la nature par la main de l’homme, et par cela même il est vraisemblable qu’elle a été le premier des arts inventés par l’espèce humaine. […] » V Soit par cet instinct amoureux de la beauté des formes, soit par cet autre instinct d’éterniser ce qui est beau, soit par un goût plus physique et plus grossier pour le marbre, soit encore par cette espèce d’attrait irréfléchi et mécanique qui porte l’homme rêveur à s’asseoir auprès des ouvriers qui bâtissent un mur ou qui taillent la pierre, à rester en silence des heures entières à les regarder, et à écouter avec un ravissement indolent les coups du marteau cadencé sur la pierre musicale, l’atelier d’un sculpteur qui s’appelle Phidias, Michel-Ange, Canova, Pradier, David, Jouffroy, Préault, Salomon, n’importe ; l’atelier, dis-je, d’un sculpteur a toujours été pour moi un lieu de repos, d’attrait, de pensée ; Socrate, le plus spiritualiste des hommes, avait le même goût : il aimait à causer des choses invisibles, assis sur un bloc encore fruste de marbre pentélique, dans l’atelier de Phidias ; la poussière du marbre l’enivrait d’immortalité, la sonorité du bloc accompagnait mélodieusement ses entretiens. […] Tout se tait devant l’impression incomparable du Parthénon, ce temple des temples bâti par Ictinus, ordonné par Périclès, décoré par Phidias ; type unique et exclusif du beau, dans les arts de l’architecture et de la sculpture ; espèce de révélation divine de la beauté idéale reçue un jour par le peuple artiste par excellence, et transmise par lui à la postérité en blocs de marbre impérissables et en sculptures qui vivront à jamais.
Il voyait avec inquiétude s’ébranler au dedans de lui l’espèce de calme affreux que l’injustice de son malheur lui avait donné. […] « Pour résumer en terminant ce qui peut être résumé et traduit en résultats positifs dans tout ce que nous venons d’indiquer, nous nous bornerons à constater qu’en dix-neuf ans, Jean Valjean, l’inoffensif émondeur de Faverolles, le redoutable galérien de Toulon, était devenu capable, grâce à la manière dont le bagne l’avait façonné, de deux espèces de mauvaises actions : premièrement, d’une mauvaise action rapide, irréfléchie, pleine d’étourdissement, toute d’instinct, sorte de représailles pour le mal souffert ; deuxièmement, d’une mauvaise action grave, sérieuse, débattue en conscience et méditée avec les idées fausses que peut donner un pareil malheur. […] On sentait dans la salle cette espèce de terreur religieuse qui saisit la foule lorsque quelque chose de grand s’accomplit. […] Avant le bagne, j’étais un pauvre paysan, très peu intelligent, un espèce d’idiot ; le bagne m’a changé.
« Le climat de la Chine est tel qu’il favorise prodigieusement la propagation de l’espèce humaine ; les femmes y sont d’une fécondité si grande que l’on ne voit rien de pareil sur la terre. » Montesquieu ignore-t-il donc que l’empire de la Chine renferme tous les genres de climats depuis le printemps éternel de Canton jusqu’aux glaces perpétuelles de la Tartarie, et qu’en conséquence on ne peut attribuer à la douceur du climat l’immense population de l’empire ? […] Des causes, tirées la plupart du physique du climat, ont pu forcer les causes morales dans ce pays, et faire des espèces de prodiges. […] J’ai vu, avec un microscope, sur ces mamelons, de petits poils ou espèce de duvet ; entre les mamelons étaient des pyramides qui formaient, par le bout, comme de petits pinceaux. […] « Nous voyons encore dans les relations que la Grande Tartarie, qui est au midi de la Sibérie, est aussi très-froide ; que le pays ne se cultive point ; qu’on n’y trouve que des pâturages pour les troupeaux ; qu’il n’y croît point d’arbres, mais quelques broussailles, comme en Islande ; qu’il y a, auprès de la Chine et du Mogol, quelques pays où il croît une espèce de millet, mais que le blé ni le riz n’y peuvent mûrir ; qu’il n’y a guère d’endroits, dans la Tartarie chinoise, aux 43e, 44e et 45e degrés, où il ne gèle sept ou huit mois de l’année ; de sorte qu’elle est aussi froide que l’Islande, quoiqu’elle dut être plus chaude que le midi de la France ; qu’il n’y a point de villes, excepté quatre ou cinq vers la mer Orientale, et quelques-unes que les Chinois, par des raisons de politique, ont bâties près de la Chine ; que, dans le reste de la Grande Tartarie, il n’y en a que quelques-unes placées dans les Boucharies, Turkestan et Charrisme ; que la raison de cette extrême froidure vient de la nature du terrain nitreux, plein de salpêtre et sablonneux, et de plus de la hauteur du terrain.
Une étude attentive des diverses zones affectives de l’espèce humaine révélerait partout non pas l’identité des éléments, mais la composition analogue, le même plan, la même disposition des parties, en proportions diverses. […] L’individualisme apparaît partout ; le genre et l’espèce se fondent presque sous l’analyse du naturaliste ; chaque fait se montre comme sui generis ; le plus simple phénomène apparaît comme irréductible ; l’ordre des choses réelles n’est plus qu’un vaste balancement de tendances produisant par leurs combinaisons infiniment variées des apparitions sans cesse diverses. […] Cela est si vrai qu’en se plaçant à ce point de vue on ne doit plus faire la science de l’âme, car il y en a de diverses espèces, mais la science des âmes. […] L’anatomie comparée tire bien plus de résultats de l’observation des animaux inférieurs que de l’observation des espèces supérieures.