mais ici c’est un langage précis, étonnamment grammatical (c’est-à-dire étymologique et syntaxial), d’une condensation inouïe dans la littérature allemande et d’un tel affinement ; c’est un langage de hautaine littérature, resserré en le strictement nécessaire du discours, émondé des préfixes et des particules vaines, tout de sommets, essentiel, et qui ressemble aux parodies d’un M. […] les paroles y chantées : vagues, sans précision littéraire, presque quelconques (discours des amants, discours de Mark), elles n’existent (hors deux ou trois explications de l’anecdote établie) que parce que le musicien voulait faire chanter à ses voix des paroles articulées. […] un discours en latin, un thème de grec, une dissertation.
Quand dans Bleak House, l’avoué qui figure dans ce récit, regarde l’heure qu’il est à diverses horloges, en se dirigeant vers sa maison où l’attend une femme qui va l’assassiner, Dickens discute sur les avertissements qu’auraient dû donner au promeneur ces cadrans taciturnes et leur fait tenir les discours que, pour son malheur, l’homme de loi ne put entendre. […] Mme Dorrit a suivi son pauvre homme de mari à la prison pour dettes ; elle est sur le point d’accoucher, il lui faut une garde, celle-ci se présente et le discours graphique par lequel elle débute montre tout entière cette singulière personne bavarde, niaisement serviable et toute prête à se consoler la première par ses bonnes paroles. […] Quilp dans Le Magasin d’antiquités, Raiph, Nickleby, l’humble et visqueux Heep de David Copperfield, d’autres, et toute la foule des personnages épisodiques sont dessinés de même par de continuels discours qui révèlent à la fois tous leurs plans et toute leur humeur, qui les dessinent en relief, en traits sommaires, il est vrai, gros et redoublés, mais avec une saillie et des raccourcis qui les font visibles et mémorables. […] Il fut libéral, presque radical dans ses opinions politiques, à une époque où cela était moins commun et moins avantageux qu’aujourd’hui ; il témoigna à plusieurs reprises dans ses discours de peu de vénération pour les institutions monarchiques, de peu de respect pour les classes dirigeantes et le régime parlementaire.
Combien l’algèbre abrège de discours et de temps ! […] J’en dirais autant de la Grammaire française de Beauzée si l’auteur avait eu plus de clarté dans le discours et plus de goût dans le choix des exemples. […] Mais entend-on Démosthène, ses Philippiques, ses autres discours, sans être instruit des lois, des usages et de l’état de la République, lorsqu’il parut ? […] L’art imite les actions de l’homme, ses discours et les phénomènes de la nature.
Certes, ce beau génie d’une époque de décadence, cet orateur qui, s’il est permis de mêler deux termes contraires, nous semble un Isocrate passionné, se laisse entraîner parfois, dans ses discours mêmes, à des mouvements d’une vivacité presque lyrique : témoin ses adieux à sa tribune patriarcale de Constantinople, à son peuple, à son auditoire, au sanctuaire qu’il a défendu, aux fidèles qu’il a charmés, à la terre, au ciel, à la Trinité même. […] » Et dans d’autres vers, animés de l’amertume et des menaces du prophète : Les chemins de Sion pleurent », dit-il207, regrettant le peuple adorateur de la loi sainte, dans les jours de solennité : je pleure aussi, du regret qu’on ne voie plus ce peuple accourant à mes discours, comme faisait autrefois Constantinople et tout ce qu’elle avait d’habitants étrangers que la Trinité sainte éclairait de sa lumière. […] Vous y reconnaissez, dans une allusion rapide, jusqu’à ces deux cratères d’où le maître de l’Olympe versait les biens et les maux, antique symbole que le philosophe Thémiste avait déjà rajeuni, dans un discours sur les devoirs et la double puissance de la royauté. […] Il aura rempli son saint ministère d’évêque, comme il le concevait, comme il l’exprimait dans un de ses discours, non moins poétique, non moins élevé que ses hymnes.
Molière, après la représentation de Nicomède, s’avança sur le bord du théâtre, et prit la liberté de faire au roi un discours, par lequel il remerciait Sa Majesté de son indulgence, et louait adroitement les comédiens de l’hôtel de Bourgogne, dont il devait craindre la jalousie : il finit en demandant la permission de donner une pièce d’un acte, qu’il avait jouée en province. […] On peut hardiment avancer, que les discours de Cléante, dans lesquels la vertu vraie et éclairée est opposée à la dévotion imbécile d’Orgon, sont, à quelques expressions près, le plus fort et le plus élégant sermon que nous ayons en notre langue ; et c’est peut-être ce qui révolta davantage ceux qui parlaient moins bien dans la chaire, que Molière au théâtre. Voyez surtout cet endroit : Allez, tous vos discours ne me font point de peur ; Je sais comme je parle, et le ciel voit mon cœur : Il est de faux dévots, ainsi que de faux braves, etc. […] Mais la folie du bourgeois est la seule qui soit comique, et qui puisse faire rire au théâtre : ce sont les extrêmes disproportions des manières et du langage d’un homme, avec les airs et les discours qu’il veut affecter, qui font un ridicule plaisant ; cette espèce de ridicule ne se trouve point dans des princes ou dans des hommes élevés à la cour, qui couvrent toutes leurs sottises du même air et du même langage ; mais ce ridicule se montre tout entier dans un bourgeois élevé grossièrement, et dont le naturel fait à tout moment un contraste avec l’art dont il veut se parer.
Il faut y voir plutôt une noble construction, conçue en idée et en présence de l’Histoire naturelle de Buffon : des discours généraux en tête, puis une narration suivie, faite pour être lue et, jusqu’à un certain point, entendue de tous, des gens du monde comme des savants ; la discussion des faits, les preuves ou éclaircissements étaient rejetés dans une seconde partie du volume, plus particulièrement destinée aux astronomes et aux savants, mais nullement inaccessible au reste des lecteurs, pour peu qu’ils fussent attentifs et curieux. […] Mais en même temps on voit que dans les séances publiques des diverses académies où il avait à parler, que ce fut à l’Académie des inscriptions ou dans celle des sciences, et même quand il s’agissait de la chronologie des Indiens, ses discours écrits et prononcés avec grâce se faisaient écouter avec plaisir.
On lit le journal, le regard tombe sur un discours (du temps qu’il y avait des discours) ou sur un rapport concernant les chemins de fer ou tout autre matière d’intérêt public ; on en connaît l’auteur, on essaie de le lire, et il en reste quelque expression de style administratif et positif, qui ensuite se glisse par mégarde sous la plume aux endroits les plus gracieux.
Est-ce à dire, parce que Tite-Live est éloquent par nature et cherche des sujets riches et féconds, des sujets propices au développement des talents qu’il a en lui, qu’il soit orateur en tout et partout dans son histoire, orateur au pied de la lettre, et orateur en quelque sorte dépaysé quand il fait autre chose que des discours, tellement que lorsqu’il peint, par exemple, des caractères, Annibal, Fabius, Scipion, Caton, Paul-Émile, s’il les conçoit d’une façon un peu plus noble et un peu plus adoucie qu’un autre ne les eût présentés, tout ce qu’on peut louer ou blâmer dans cette manière de traiter les portraits soit l’effet de l’esprit oratoire, un effet rigoureux, nécessaire, découlant de là directement comme un corollaire d’un principe ? […] Ses jugements tombent comme des sentences d’oracle, détachés, un par un, avec une concision et une vigueur incomparables, et le discours marche d’un pas superbe et lent, laissant aux lecteurs le soin de relier ses parties, dédaignant de leur indiquer lui-même sa suite et son but.
Après le témoignage de force et d’intrépidité qu’il venait de donner, il reprit son discours avec la même douceur qu’auparavant ; il peignit l’amour des hommes et toutes les vertus avec des traits si touchants et des couleurs si aimables que, hors les officiers du temple, ennemis par état de toute humanité, nul ne l’écoutait sans être attendri et sans aimer mieux ses devoirs et le bonheur d’autrui. […] Lui ployait le fort et consolait le faible, et les génies les moins proportionnés entre eux le trouvaient tous également à leur portée ; il ne haranguait point d’un ton pompeux, mais ses discours familiers brillaient de la plus, ravissante éloquence, et ses instructions étaient des apologues, des entretiens pleins de justesse et de profondeur.
Un sentiment personnel élevé domine et donnera le ton au discours, à l’apologie tout, entière : Si j’étais sorti de l’arène comme un vaincu renversé et mis hors de combat par ses vainqueurs, je ne tenterais pas, dit-il, de parler aujourd’hui des luttes que j’ai soutenues. » M. […] Guizot, après bien des discours sur ses charges domestiques, sur les chances de l’avenir, et en lui prenant tout à coup les mains avec effusion : « Je vous dis, mon cher ministre, que mes enfants n’auront pas de pain. » C’était vers la fin son idée fixe et par trop bourgeoise.
Sauzet ne présidait point à ces luttes sonores ; le salut ou l’honneur de l’État n’en sortirent à aucun jour, armés du glaive ou du bouclier ; aucun acte mémorable ne suivait ces discours si transportants : vous n’aviez assisté qu’à un admirable spectacle de talent oratoire ! […] à qui parlons-nous de l’insuffisance des discours en politique ?
Simart aimait la sculpture comme ce Florentin aimait sa patrie. » De tels petits à-propos bien jetés sont comme des roues qui marchent d’elles-mêmes et qui font courir le discours. […] Lebrun avait présidé, et où il s’était fait plusieurs lectures, à commencer par le discours du président, M.
Il y a en tête, de ce manuscrit : Discours des choses de Lesbos ; de ce mot discours (λόγοι) lu de travers, on aurait fait Longus, qui a si peu l’air en effet d’un nom grec ; la faute une fois mise en circulation, et voilà un auteur célèbre de plus à l’adresse de la postérité11.
Cousin, dans un de ces éloquents discours funéraires, tels qu’il les savait prononcer, a très-bien défini Charles Loyson en ce peu de mots : noble esprit, âme tendre, jeune sage, et le pied sur cette tombe entrouverte, le bras solennellement étendu, il s’écriait en finissant : « Encore un mot, mon cher Loyson. […] Il était chargé par M. de Serre de revoir pour l’impression ses discours, et M.
Les Discours en vers de Millevoye, ses Dialogues rimés d’après Lucien, ses tragédies, ses traductions de l’Iliade ou des Églogues selon la manière de l’abbé Delille, nous semblent, chez lui, des thèmes plus ou moins étrangers, que la circonstance académique ou le goût du temps lui imposa, et dont il s’occupait sans ennui, se laissant dire peut-être que la gloire sérieuse était de ce côté. […] Dans un fort bon discours sur l’Élégie, qu’il a ajouté en tête, Millevoye, qui se plaît à suivre l’histoire de cette veine de poésie en notre littérature, marque assez sa prédilection et la trace où il a essayé de se placer.
La première phrase du discours de réception de Ducis (4 mars 1779) fut saluée d’un long applaudissement : « Messieurs, il est des grands hommes à qui l’on succède et que personne ne remplace… » Ainsi Voltaire fut remplacé et célébré par celui même dont il avait tant de fois parlé comme d’un auteur wisigoth ou allobroge et ne sachant pas écrire : Vous avez vu sans doute Hamlet, écrivait-il à d’Argental lors de la première pièce de Ducis qui eut du succès ; les Ombres vont devenir à la mode ; j’ai ouvert modestement la carrière, on va y courir à bride abattue : domandava acqua, non tempesta. […] » — Je m’arrête dans ma citation, car, dans le reste du discours que Ducis prête à sa mère, ou qu’il poursuit en son propre nom, il est question du « service des Muses » et du « fantôme de la gloire ».
Après un discours que fit d’abord l’avocat de Franklin à l’appui de la pétition, discours qui s’entendit à peine parce que cet avocat était très enroué ce jour-là, l’avocat général Wedderburn (depuis lord Loughborough) prit la parole, et, déplaçant la question, se tourna contre Franklin qui n’était nullement en cause ; il l’insulta pendant près d’une heure sur le fait des lettres produites, le présentant comme l’incendiaire qui attisait le feu entre les deux pays.
Il est inutile de mentionner les livres si connus de Descartes16, de Pascal17, de Newton18; mais je rappellerai quelques ouvrages du xviiie siècle, peu lus aujourd’hui, et où nos logiciens pourront trouver des détails intéressants : par exemple, la Logique 19 de Mariotte, le célèbre et ingénieux physicien, le premier ouvrage français de ce genre où la méthode expérimentale ait pris la place qui lui appartient (encore n’y est-elle pas très-nettement distinguée de la méthode géométrique) ; le Traité de l’expérience, du docteur Zimmermann, célèbre médecin du xviiie siècle, né en Suisse et connu surtout par son beau livre sur la Solitude ; l’Essai sur l’art d’observer, de Jean Sénebier, ministre protestant de Genève, traducteur de Spallanzani, et lui-même naturaliste distingué de cette grande école de Genève qui a produit les Réaumur, les Trembley, les Bonnet, les de Saussure, les de Gandolle et tant d’autres hommes supérieurs ; les Fragments de Lesage, de Genève20, personnage original, doué d’un esprit méditatif et profond, connu surtout comme l’auteur d’une hypothèse sur la cause mécanique de la gravitation ; enfin le Discours sur l’étude de la philosophie naturelle, de W. […] Descartes, Discours de la Méthode. — Règles pour la direction de l’esprit.
Corneille et Racine ont fait des discours admirables, et n’ont pas créé un seul personnage tout à fait vivant. Shakspeare n’a pas fait un seul discours concluant et éloquent, et toutes ses figures ont le relief, la vérité, l’animation, l’originalité, l’expression des physionomies réelles.
[Discours prononcé à Lyon à l’inauguration du monument de Pierre Dupont (le 30 avril 1899).]
L’action dramatique ne paraît pas avoir été très naturelle à l’esprit français qui a toujours été fort enclin aux discours.
Il fit imprimer à Padoue, 1590, un nouveau discours en confirmation de ses sentimens.
Platon vante même assez cette partie de l’art poëtique, laquelle sçait rendre un discours plus pompeux et plus agréable à l’oreille, en introduisant dans ses phrases un nombre et une harmonie qui lui plaisent plus que la cadence de la prose.
Cette attention à imiter le discours ordinaire auroit été perduë, si l’on eut chanté ces vers.
Le recueil de ses discours est la plus magnifique table de matières qu’on ait jamais tracée pour un traité de morale qu’il n’écrivit pas, mais dont il parla peut-être quelques chapitres, les jours où l’inspiration de la chaire, cette inspiration qui consume tout du génie d’un homme, le saisissait !
Ainsi à Sparte on prononçait tous les ans l’éloge de Léonidas sur son tombeau ; nous n’avons aucun de ces discours, mais nous ne pouvons douter qu’il y en eût quelquefois de très éloquents.
Explication historique de la Mythologie (Voyez l’Appendice du Discours, p.
Nous savons tous ce que c’est que le Discours académique, le discours du récipiendaire et la réponse du directeur de l’Académie. […] C’est une vie d’un moment qu’ont de tels discours, même lorsqu’ils réussissent, une vie bien éphémère ; le lendemain, imprimés, on n’y retrouve plus, bien souvent, les grâces ou les malices de la veille. […] On cite toujours sa strophe, son unique strophe, sur ses promenades avec un ami aux bords de l’Orne, et dans laquelle se réfléchit l’étendue des paysages et des horizons de Normandie : L’Orne, comme autrefois, nous reverrait encore, Ravis de ces pensers que le vulgaire ignore, Égarer à l’écart nos pas et nos discours ; Et couchés sur les fleurs, comme étoiles semées, Rendre en si doux ébats les heures consumées, Que les soleils nous seraient courts. […] Quant à Hugo, il y a de très-bonnes choses dans son discours, mais il a trop professé et d’un ton trop solennel.
S’il s’y montrait autrement, ses discours ne feraient plus d’effet. […] Pour obéir à cette inclination de la foule, les auteurs mettent le plus souvent sur la scène un personnage qui, soit par ses actes, soit par ses discours, donne la leçon morale à remporter chez soi. […] Ariste, de l’Ecole des maris, est précisément le raisonneur que désirerait Rousseau, c’est à savoir un sage qui parle et qui aussi agit conformément à ses discours et qui prêche par l’exemple autant que par les paroles. […] Mais le fond des discours de Sganarelle, d’Arnolphe et de Chrysale est exactement le même, et ce que Molière donnait en 1661-1662 comme propos de burlesques, il le donne en 1672 comme propos de très honnête homme. […] Leurs discours ne doivent avoir de formes communes que celles de la vérité. » Donc, encouragez le babil chez les jeunes filles.
Ce fut dans son discours de réception académique (30 mai 1895). […] Il lisait ses discours. […] Nous le plaisantions sur le discours qu’il prononcerait. […] Son discours faisait un bruit énorme. […] Son discours dura près d’une heure, et l’attention ne languit pas un instant.
Mais aujourd’hui laissons tout sujet de satire ; A Bâville aussi bien on t’en eût vu sourire, Et tu tâchais plutôt d’en détourner le cours, Avide d’ennoblir tes tranquilles discours, De chercher, tu l’as dit, sous quelque frais ombrage, Comme en un Tusculum, les entretiens du sage, Un concert de vertu, d’éloquence et d’honneur, Et quel vrai but conduit l’honnête homme au bonheur.
Il était nécessaire de le dire, car la littérature ici ne reflète pas tout le génie national : si le Parthénon et une tragédie de Sophocle, un discours de Bourdaloue et les jardins de Versailles sont des manifestations étroitement apparentées du même génie, rien dans les formes littéraires du moyen âge français n’évoque l’idée de la conception esthétique qui fit surgir les grands monuments de l’art roman ou gothique.
. ; des discours d’Académie (Réponse à M.
Discours prononcé à Tréguier 2 août 1884 Messieurs et amis, Que je vous remercie de m’avoir enlevé, moi déjà si peu enlevable, à cet éternel fauteuil où je m’ankylose, à ces douleurs par lesquelles je me laisse envahir, à ces hésitations d’où j’ai besoin d’être tiré de force !
Après les avoir vus à l’œuvre deux ans sous les obus, à Reims, le cardinal Luçon leur rend ce témoignage : « Mêlés à leurs camarades dans le rang, les Jeunes Catholiques ont certainement exercé par leurs discours et leurs exemples un véritable apostolat et secondé très efficacement celui du prêtre soldat. » Rares seront les survivants, constate l’un de leurs chefs, et relevant avec fierté une phrase effroyable, il dit : « Il est trop vrai que la jeune génération catholique est enterrée dans les tranchées.
Ordre dans lequel furent trouvées les parties du discours dans la langue articulée ou vulgaire.
Il lut alors un discours composé avec goût, simple et court, d’un juste à-propos. […] Dans ce dernier discours prononcé à l’Académie, il avait comme pris plaisir à y faire allusion et à célébrer l’alliance étroite de la diplomatie et de la théologie, sous prétexte que le protestant Reinhard avait lui-même passé par le séminaire. […] La déclaration, au moment de signer, fut lue à haute voix devant lui, et quand on lui demanda quelle date il désirait y attacher, il répondit : « La date de mon discours à l’Académie. » — Ces deux démarches préméditées, celle de ses adieux au public et celle de son raccommodement avec l’Église, étaient liées dans son esprit.
Montaigne préférait les subtilités de Sénèque, qui le piquaient et qui excitaient sa nonchalance, à cette beauté égale et pure d’un discours ni subtil ni téméraire, ni paradoxal, où l’auteur pense moins à jouir de ses pensées particulières qu’à faire part aux autres de ce qu’il sent en commun avec tous. […] Méthode attrayante, mêlée de tous les genres et de tous les tons ; le dogmatique arrêté à temps, coupé par des récits et de piquantes confidences sur lui-même, jamais pédantesque, même aux endroits où Montaigne paraît être le plus sérieusement de l’opinion qu’il professe la causerie jamais vaine ; l’auteur remplaçant à propos par un discours serré le laisser-aller du causeur ; tous les genres de style agréablement mêlés, depuis le plus relevé jusqu’au plus familier, sans attendre que le relevé ait trop tendu l’esprit du lecteur, ni que le familier l’ait relâché, toutes les formes du discours appelant toutes les ressources de la langue.
Charles Edmond arrive, mis en retard par le long discours de Clemenceau. […] On parle du discours de Clemenceau, à la fin duquel l’orateur était très fatigué… Une conversation générale, où l’on entend la voix tendre du gros Spuller, disant à Berthelot : « Il a trouvé dans le cerveau de notre grand ami, une finesse… » Et les apartés se taisent, et l’on écoute Spuller parlant de son grand ami mort, avec un peu de la religion d’un amoureux. […] Et il avait ce talent, dit Spuller, de faire avaler cette politique à la fois papaline et libre penseuse de l’Empereur, et son discours faisait dire à des malandrins comme moi : « Non, il n’est pas changé, il est toujours avec nous », et faisait dire en même temps au parti impérialiste catholique : « Billault, il défend les grands principes moraux !
Je ne voudrais d’autre preuve de cette immatérialité de la révolution française au commencement, que ceci : c’est que le jour où cette révolution donna son premier signe de vie en France, elle ne fut plus française, elle fut européenne et même universelle ; c’est que l’Europe tout entière, attentive, haletante, passionnée, ne fut plus en Europe, mais à Paris ; c’est que chaque grand esprit de chaque nation étrangère, Fox, Burke, Pitt lui-même en Angleterre ; Klopstock, Schiller, Goethe en Allemagne ; Monti, Alfieri en Italie, la saluèrent dans leurs discours, dans leurs poèmes ou dans leurs hymnes, comme l’aurore non d’un jour français, mais d’un jour nouveau et universel, qui allait se lever sur le monde et dissiper les ténèbres épaissies depuis des siècles de barbarie sur l’esprit humain ? […] Elle prit dans les discours de l’Assemblée Constituante une élévation, une solennité, une autorité, un accent qui dépasse tout ce que nous connaissons des discussions antiques d’Athènes et de Rome. […] Ces chants, de ma prison témoins harmonieux, Feront à quelque amant des loisirs studieux Chercher quelle fut cette belle : La grâce décorait son front et ses discours, Et, comme elle, craindront de voir finir leurs jours Ceux qui les passeront près d’elle.
Son discours excita l’enthousiasme ; aujourd’hui même c’est une des harangues de l’orateur que nous lisons avec le plus d’intérêt. […] Tibère, dans un discours ambigu, parut laisser quelque espérance à Pison, pleura Germanicus, et blâma le zèle trop ardent de ses amis. […] Les séances du sénat étaient secrètes ; mais on répandit dans le public, sous le nom de quelques sénateurs, des discours que l’on supposait prononcés contre Séjan. […] Il visita deux fois Rome, où la hardiesse de ses discours sur les questions religieuses donna quelque sujet d’inquiétude à ses amis. […] Cet enthousiasme anime tout le premier chant ; il se soutient dans le second par l’éloquence et la variété des discours.
Niebuhr, lisant à Bonn le discours de Sauzet dans le procès des ministres, Polignac, Peyronnet, Chantelauze, etc., disait à un ami : « Ce M. […] Molé, on se mit à remarquer que, s’il avait la conversation distinguée, il devenait aisément commun dans sa parole publique et dans ses discours de tribune. […] — Ses trois grands et magnifiques discours sur les finances, sur l’Italie et sur la Suisse, sont ce qu’il a jamais dit de mieux comme orateur politique, de même que son septième volume de l’Histoire de l’Empire, est ce qu’il a fait de mieux comme historien. […] Guizot, à la tribune, répond bien à Thiers ; mais ses discours, à la lecture, ont quelque chose de sec et de stérile, de tout opposé à la fertilité d’idées de son adversaire. […] » Après avoir entendu un discours de M. de Montalembert, l’abbé Lacordaire disait : « Cet homme sera donc toujours le disciple de quelqu’un !
Sidoine Apollinaire, étant évêque, composa un discours en latin, très-travaillé et maniéré selon son usage, pour être récité devant la population réunie de Bourges où il avait été appelé comme médiateur entre les factions opposées qui se disputaient pour le choix d’un évêque. Sidoine nous avertit que, dans ce discours, il visa à être simple, familier, populaire : il fut pourtant académique malgré lui et précieux. Le discours fut prononcé, très-bien entendu de la population, et produisit son effet. […] Il y avait aussi dans les villes des restes dégénérés du théâtre antique, des espèces de farces ou discours scéniques en latin, qui ne nous sont guère connus que par les déclamations et les invectives des écrivains ecclésiastiques qui les proscrivent : — petits théâtres où le peuple gallo-romain se précipitait avec fureur.
De Valéry aux surréalistes, tous se réclament de « l’esprit », mais se trouvent pourtant sur des positions antagonistes : ainsi L’Esprit contre la raison peut-il apparaître comme une tentative de résolution philosophique d’une contradiction personnelle qui place Crevel en porte à faux : on le sent à la fois épris de rêve et de conséquence dans la pensée et le discours ; agacé par les attractions irrationnelles des surréalistes autant que par l’apologie de la rationalité occidentale, qu’il voit lui aussi comme une « rationalité restreinte ». […] Crevel reprend le leitmotiv surréaliste : « les usages littéraires ne seront jamais que des simagrées » ; mais la dénonciation de la rhétorique passe par une surenchère ironique, aux limites du pastiche de discours de remise des prix jusqu’à ce que déraille la métaphore filée. […] bs » Quel discours mieux que cette page d’André Breton pourrait préciser l’état des choses ? […] L’assimilation du progrès matériel à la culture allemande peut paraître assez opportuniste quand tant de discours de haine ont été répandus contre l’Allemagne, ses philosophes et ses musiciens.
Si les héros, d’ailleurs, n’ont pas tenu exactement les discours que l’historien leur prête, ils ont dû les penser ; et ces considérations en général sont si nécessaires que l’historien, s’il ne les mettait dans leur bouche, serait obligé de les faire lui-même pour son compte. […] Il aura, en se perfectionnant, de ces rapidités de récit qui sont même d’un grand écrivain ; parlant, dans l’Abrégé chronologique, des premiers succès de Conradin en Toscane : « Ces beaux commencements, dit-il, trahirent le jeune Conradin et le flattèrent pour le mener à la mort. » Il ne faut point faire, toutefois, comme Perrault, et aller jusqu’à comparer Mézeray à Thucydide ; les discours qu’il place dans la bouche de certains de ses personnages ont de la pensée sans doute, mais on a très bien remarqué que Mézeray écrit d’abondance et n’a point de phrase, c’est-à-dire de forme à lui ; il suffit que sa diction soit naturelle, sincère, expressive, sa narration pleine et bien démêlée.
L’abbé de Montesquiou, étant venu faire part d’un arrêté au nom de l’ordre du clergé, prononce un discours et loue le secrétaire de l’Assemblée, c’est-à-dire Bailly, comme l’ami des pauvres et l’écrivain des hôpitaux : J’ai promis, s’écrie Bailly, que mon âme serait ici toute nue, et en conséquence je dirai que cette justice qui me fut rendue inopinément au milieu de mes collègues, dans une si digne assemblée et par un autre ordre que le mien, me causa une vive et sensible émotion. […] Le résultat de ce discours, dans la veine de générosité et d’entraînement où l’on était alors, fut de le faire nommer député de Paris, et le premier de tous.