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38. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXV » pp. 299-300

Mérimée a eu lieu le 6 ; le discours du récipiendaire a complétement réussi. […] — Nous allions oublier de dire que le discours de M. […] Une autre remarque nous est suggérée encore ; c’est que dans ce discours d’Académie, M. […] Tout cela rend ce discours sobre très-piquant.

39. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — L’abbé d’Aubignac, avec Ménage, Pierre Corneille, Mademoiselle de Scudéri et Richelet. » pp. 217-236

Il donne un discours sous ce titre : Térence justifié, ou discours sur la troisième comédie de Térence, adressé à M. […] Le discours fit effet. […] Il y avoit mis sa réponse au discours de d’Aubignac, précédée de ce même discours. […] Il le fit imprimer avec son premier discours sur Térence. […] On n’estime point les vers de Pélisson, mais bien ses excellens Discours pour M.

40. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre I. Polémistes et orateurs, 1815-1851 »

Didon, ce n’est pas le livre : c’est le discours, l’action directe et personnelle sur les âmes. […] Discours. 2 vol. in-8, 1865 […] Discours, 1828, 2 vol. in-8. […] Discours du 17 mai 1820, sur la loi électorale. […] Discours du 21 nov. 1815, sur l’inamovibilité des juges.

41. (1730) Discours sur la tragédie pp. 1-458

On a raison dans le monde de ne pas croire les gens sur leur parole, parce qu’alors il y a une personne et des discours ; ce n’est pas de même au théatre, ce sont les discours qui constituent la personne, et il n’y a rien à distinguer. […] Ses beautés croissent ; et ses défauts diminuent par l’élégance singuliere de ses discours. […] Il est vrai que chaque discours fait une magnifique suite de vers qui s’embellissent encore par la continuité. […] On est impatient des effets que les discours des acteurs font les uns sur les autres. […] Que cette mascarade du discours est étrange !

42. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De la dernière séance de l’Académie des sciences morales et politiques, et du discours de M. Mignet. » pp. 291-307

De la dernière séance de l’Académie des sciences morales et politiques, et du discours de M.  […] Mais comment, dans son discours, M.  […] Il s’agissait de faire applaudir par un auditoire de salons un discours dont les allusions allaient adroitement flatter et caresser les passions de cet auditoire. […] Il l’a notablement ornée et même assouplie, cette manière, dans les derniers de ses discours. […] Mignet en a mêlé un peu trop à son dernier discours, sans compter que son apprêt était à double fin.

43. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LE COMTE MOLÉ (Réception à l’Académie.) » pp. 190-210

C’est malgré une coterie qu’y entrait La Bruyère, lequel s’en est si fort souvenu dans la préface de son discours de réception. […] De tout le discours de M. […] Je ne relèverai que quelques traits du discours çà et là. […] Il est juste de reconnaître que le discours de réception qui est, à proprement parler, le menuet du bal, n’a pas été inventé par Richelieu. Le premier académicien qui ait introduit la mode de ce discours est Patru.

44. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre V »

Je passe sur l’invraisemblance d’un parti réduit, pour rédiger un discours, à emprunter la plume d’un bravo de lettres. […] Maréchal, tout glorieux du discours confié à sa voix de chantre. […] Les discours font d’étranges miracles dans la comédie de M.  […] Pour compléter son œuvre pie, la baronne brouille Maréchal avec son parti, en lui retirant son discours. […] il fabriquera sans scrupule les discours postiches d’un tribun de paille !

45. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — II. (Suite et fin.) » pp. 436-455

Sur quoi il avait répondu : « J’ai assez de voix pour lui parler à six pas de distance. » Mais le Nestor mélodieux n’en avait pas assez pour prononcer son discours en séance publique ; ce fut François de Neufchâteau qui le lut pour lui. Je ne sais s’il le lut mal, mais ce discours très long et plein de hors-d’œuvre, venant après trois discours consécutifs, parut peu agréable à l’assemblée. […] François de Neufchâteau de la prendre pour lui ; la première partie de son discours a été écoutée, et elle méritait de l’être. […] Je n’ai rien retenu de la dernière partie du discours qu’une longue nomenclature de noms et de personnages qu’on ne s’attendait point à voir paraître en cette occasion. […] Pour moi, si j’avais voulu montrer combien le talent de Bernardin de Saint-Pierre est peu flexible et peu capable de se plier aux divers emplois, j’aurais cité précisément ce discours.

46. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Discours sur le système et la vie de Vico » pp. -

D’abord ennemi de Vico, Aulisio se réconcilia avec lui après la lecture du discours De nostri temporis studiorum ratione. […] la fin du Discours). […] Discours sur l’histoire universelle, 1681. — Voltaire. […] Discours sur les avantages que l’établissement du christianisme a procurés au genre humain. […] Discours sur l’histoire ; traduits.

47. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre quatrième »

Discours en vers ; Êpîtres ; Poésies légères. […] Le Discours sur la liberté nous laisse libres de croire qu’elle n’existe pas. Le Discours sur la modération nous invite à nous ménager dans les plaisirs pour être en état de recommencer. […] Lamotte, Discours sur l’ode. […] Discours IIe.

48. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre premier. La Formation de l’Idéal classique (1498-1610) » pp. 40-106

La Noue, avec son Discours sur les Amadis, n’a pas prévalu davantage contre la mode des romans et l’imitation des mœurs espagnoles. […] Voyez encore sur Amadis de Gaule : La Noue, dans ses Discours politiques et militaires. […] Brunetière : Discours prononcé à l’inauguration de la statue de J. du Bellay à Ancenis, 1894. […] Sacy, Variétés littéraires]. — Le Discours merveilleux des déportements de Catherine de Médicis, 1575, est-il d’Henri Estienne ? […] Recommandation singulière qu’il fait au prédicateur de semer son discours d’« exclamations familières : comme ô Dieu !

49. (1914) Note sur M. Bergson et la philosophie bergsonienne pp. 13-101

Discours de la Méthode et qu’il vaut mieux écrire discours de la méthode pour bien conduire sa raison et pour chercher ou pour trouver la vérité dans les sciences. […] Il en est de ce discours de la méthode comme des fameuses règles baconiennes. […] Ce n’est pas en fonction du discours de la méthode que l’on réadoptera l’hypothèse des tourbillons cartésiens. […] On ne reprendra pas l’hypothèse des tourbillons cartésiens parce quelle sera en règle avec le Discours de la Méthode mais parce qu’elle sera en règle, ou que l’on pensera qu’elle sera en règle avec le discours de la réalité. […] Et encore dans ce discours de la méthode il n’y a qu’une partie, sur six, la deuxième, qui soit des règles de la méthode.

50. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Agrippa d’Aubigné. — I. » pp. 312-329

Il intervient plus d’une fois dans son Histoire par des discours qu’il est censé tenir à son prince ; il aime cette partie oratoire et y excelle ; il la traite en homme de talent et en écrivain. Un de ses plus beaux discours est celui qu’il adresse au roi de Navarre captif à Paris, en 1575, pour l’exhorter à la fuite, à se dérober aux mollesses et aux dangers dont il est environné, et à reprendre son rang dans le parti, à la tête de ses affectionnés serviteurs. […] Voilà un discours tout à fait dans le goût et le ton de ceux des meilleurs historiens de l’Antiquité, ferme, pressé, plein d’oppositions et d’antithèses pour les pensées comme pour les mots : un tel discours retravaillé et refait après coup est certes d’un écrivain, et, si d’Aubigné a mis de la négligence et du laisser-aller dans les intervalles, il a dû porter tout son soin sur ces parties de prédilection. […] Ce discours de d’Aubigné est de toute fierté et de toute beauté ; il le faut lire en entier dans l’original. […] [NdA] Se rappeler le discours de Porcie à Brutus dans le Jules César : Dites-moi, Brutus, a-t-on fait pour nous cette exception aux liens du mariage que je ne connaîtrais point les secrets qui vous appartiennent ?

51. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rivarol » pp. 245-272

Qu’est-ce que son discours l’Universalité de la langue française ? Son titre le dit, un discours ! […] Necker, si ce n’est des discours avec tous les caractères du discours ? […] Et qu’est-ce enfin que la préface de ce Dictionnaire impossible, qui fut la chimère caressée de toute sa vie, sinon encore, comme toute préface, un discours préliminaire, — un discours ! C’est ainsi qu’il fut toujours cloué au discours, quand il voulut s’échapper au livre.

52. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XI. Des éloges funèbres sous les empereurs, et de quelques éloges de particuliers. »

Il ne nous reste aucun des discours d’Auguste ; nous savons seulement que ce meurtrier avait un genre d’éloquence plein de simplicité et de grâce : il faisait des vers aisément16, et il avait composé les mémoires de sa vie : tout cela s’est perdu ; on se doute bien qu’il fut hué après sa mort ; on célébra son humanité et sa clémence sur la tribune où la tête sanglante de Cicéron avait été attachée. […] Jusqu’à lui les Césars avaient composé eux-mêmes tous leurs discours ; pour lui il s’était persuadé qu’un prince a mieux à faire que d’être éloquent, et le maître de l’univers était plus jaloux du titre de joueur de flûte et de bon cocher, que de celui d’orateur ; ainsi, lorsqu’il avait à parler, il empruntait ordinairement la plume et l’esprit de Sénèque. […] Nous ajouterons, pour l’honneur de l’éloquence et des lettres, qu’il eût mieux valu imiter Papinien, qui cent cinquante ans après, pressé par Caracalla de lui composer un discours pour justifier devant le sénat de Rome le meurtre de son frère, dit pour toute réponse : Il est plus aisé de commettre un parricide que de l’excuser  ; et aima mieux mourir que de se déshonorer. […] Il paraît que son discours était écrit avec soin : il le lut au lieu de le réciter. […] On trouve dans le Jules César de Shakespeare une imitation éloquente et forte de ce discours d’Antoine ; et le même morceau, fort embelli dans la tragédie française de La Mort de César, est sûrement un des discours les plus éloquents qu’il y ait jamais eu dans aucune langue.

53. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXX. De Fléchier. »

De là tous ces arrangements symétriques dans les jardins, dans les palais, dans les discours, dans les poèmes, dans les phrases même. […] On remarque et l’on sent tous les repos de son imagination : au lieu que les discours de son rival, et peut-être tous les grands ouvrages d’éloquence, sont ou paraissent du moins comme ces statues de bronze que l’artifice a fondues d’un seul jet. […] Il n’y a aucun de ses discours qui n’ait de riches détails. […] « Turenne meurt, tout se confond, la fortune chancelle, la victoire se lasse, la paix s’éloigne, le courage des troupes est abattu par la douleur et ranimé par la vengeance ; tout le camp demeure immobile ; les blessés pensent à la perte qu’ils ont faite et non aux blessures qu’ils ont reçues ; les pères mourants envoient leurs fils pleurer sur leur général mort, etc. » Cependant, malgré l’éloquence générale et les beautés de cette oraison funèbre, peut-être n’y trouve-t-on point encore assez le grand homme que l’on cherche ; peut-être que les figures et l’appareil même de l’éloquence le cachent un peu, au lieu de le montrer ; car il en est quelquefois de ces sortes de discours comme des cérémonies d’éclat, ou un grand homme est éclipsé par la pompe même dont on l’environne. […] Fléchier avait été l’ami du duc de Montausier : « Ne craignez pas, dit-il, que l’amitié ou la reconnaissance me prévienne ; vous savez que la flatterie jusqu’à présent n’a pas régné dans mes discours.

54. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 94-98

Mais nous assurerons avec la même vérité, qu'après la lecture de son Discours sur les progrès des Lettres en France, mis à la tête de la nouvelle édition des Bibliotheques de la Croix du Maine & de du Verdier, nous nous sommes applaudis de voir nos principes conformes aux siens. Cet excellent Discours qui présente les révolutions de notre Littérature depuis son origine jusqu'à présent, est tout à la fois un Tableau historique des Productions du génie, un Code abrégé des regles du bon goût, & une habile Critique des travers de nos Littérateurs actuels. […] Un tel Discours ne peut être que le fruit de l'érudition la plus étendue, d'une connoissance réfléchie de l'Histoire, de la Politique, de la Morale, & de la Religion. […] L'Introduction qu'il a mise à la tête de la Bibliographie de du Verdier, & qui paroît une suite naturelle du Discours sur les progrès des Lettres, est un morceau de critique qui ne fait pas moins d'honneur à son discernement & à sa plume.

55. (1874) Premiers lundis. Tome II « Étienne Jay. Réception à l’Académie française. »

Il s’agissait de remplacer et de louer M. l’abbé de Montesquiou, ancien membre de l’Assemblée constituante et ministre de Louis XVIII, rédacteur, pour toute littérature, de quelques discours sur les affaires du clergé en 89 et du préambule de la Charte de 1814, académicien du reste en vertu de l’ordonnance Vaublanc. […] Ce mot de M. de Montesquiou a paru au public le trait le plus piquant peut-être du discours de M.  […] Nous avons cru remarquer dans le discours de M.  […] Nous n’en voudrions pour preuve que le discours de réception prononcé aujourd’hui par M.  […] Viennet, placé à droite, malgré la foudre qu’il tâchait de mettre dans ses regards et la pose toute martiale qu’il affectait, n’a pu communiquer à ce discours la moindre apparence de vie, le moindre éclair.

56. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. VILLEMAIN. » pp. 358-396

Le Discours sur la Critique montre à quel degré le jeune écrivain en avait déjà le génie pour toute la partie du style et des convenances. […] Villemain afin de bien saisir ce qui était derrière, l’idée et le sens du discours n’en souffraient jamais. […] Villemain, professeur, a toujours aimé toucher vers la fin du discours, comme on arrivait avec joie près du temple de Delphes, sur ce terrain sacré où cessaient les guerres. […] Le discours que M. […] Ce discours devra donc fournir matière à plus d’une discussion approfondie dont nous ne nous sentons pas ici le goût ni la force.

57. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Broglie. » pp. 376-398

Ses premiers discours, ses opinions exprimées à la Chambre des pairs, appartiennent sans réserve à la nuance de gauche. […] Le premier de ces discours est celui qu’il prononça au sujet de la guerre d’Espagne (14 mars 1823). […] Que si vous le voulez absolument, mettez ce noble discours en regard d’autres discours plus récents du même honnête homme politique, lesquels ne sont ni moins sentis, ni moins animés d’un accent de vérité, et vous aurez sous les yeux en abrégé toute la leçon de l’expérience, l’éternelle leçon qui recommence toujours. […] Au milieu de toutes les parties sérieuses et élevées de ce discours, je remarque un exemple d’une des qualités et des formes de l’esprit de M. de Broglie, la raillerie et l’ironie. […] Une haute ironie règne dans bien des passages des discours que M. de Broglie prononça à cette occasion devant la Chambre des députés.

58. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « L’abbé Maury. Essai sur l’éloquence de la chaire. (Collection Lefèvre.) » pp. 263-286

On a grand besoin de se reporter aux circonstances pour s’expliquer le succès extraordinaire qu’obtint ce discours. […] Ne perdant point de vue sa carrière dans le monde, l’abbé Maury recueillit en 1777 ses Discours choisis sur divers sujets de religion et de littérature, et il se mit en mesure de postuler un fauteuil à l’Académie française. […] Aujourd’hui, lorsqu’on veut lire le recueil des discours prononcés par l’abbé Maury à l’Assemblée constituante, on est fort désappointé. […] Buchez et Roux, le discours avec les circonstances indiquées des interruptions, il est impossible, si l’on n’est pas déjà averti et si l’on prend le tout au pied de la lettre, de saisir l’esprit du drame. […] Ne lui demandez ni grande finesse, ni grande nouveauté, ni curiosité vive ; mais il est large, il est plein, il va au principal ; il s’entend à poser l’architecture et les grandes avenues du discours ; il les démontre en maître chez les maîtres.

59. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Bourdaloue. — I. » pp. 262-280

D’Aguesseau a très bien loué en Bourdaloue « la beauté des plans généraux, l’ordre et la distribution qui règnent dans chaque partie du discours, la clarté et, si l’on peut parler ainsi, la popularité de l’expression 66, simple sans bassesse et noble sans affectation ». […] Je ne crois pas qu’il y ait rien de plus parfait dans le genre pur du sermon que ce discours qui fut fait pour le mercredi des Cendres (1672), et qui a pour texte le Memento : « Souvenez-vous, homme, que vous êtes poussière, et que vous retournerez en poussière. » Tous les mérites de Bourdaloue y sont réunis. […] Je lisais tout cela à haute voix ; et avec ce ressouvenir des premières années où l’on eût la foi vive et entière, avec ces sentiments sérieux et rassis que l’âge nous rend ou nous donne, et aussi avec ce goût d’une littérature apaisée, qui est désormais la mienne en vieillissant, je trouvais ce discours aussi excellent de forme que de fond, beau et bon de tout point. […] C’est en effet l’impression que donne la savante disposition de son discours, cette forme de dialectique morale et de démonstration ferme qui s’avance d’abord sur deux ou trois lignes de front, et qui aime encore à se subdiviser dans le détail par groupes de trois ou quatre arguments. […] Les traditions des vieillards que j’ai vus dans mon enfance m’ont fait connaître que ce discours n’était pas sans quelque fondement.

60. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XX. De Libanius, et de tous les autres orateurs qui ont fait l’éloge de Julien. Jugement sur ce prince. »

On avait défendu à ce jeune prince de le voir, et il se faisait apporter en secret tous ses discours, qu’il achetait à prix d’or. […] Il faut avouer que les discours de Libanius n’exciteraient pas le même enthousiasme aujourd’hui. […] Photius lui reproche de laisser trop apercevoir dans ses discours l’empreinte du travail, et d’avoir éteint, par un désir curieux de perfection, une partie de ces grâces faciles et brillantes que lui donnait la nature lorsqu’il parlait sur-le-champ. […] Le premier discours qu’il prononça à la mort de Julien ressemble moins à une harangue qu’à une espèce de chant funèbre ; le second offre des beautés d’un autre genre. […] Le discours finit par une apostrophe touchante à Julien même.

61. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre quatrième. Éloquence. — Chapitre premier. Du Christianisme dans l’éloquence. »

Les modernes doivent à la religion catholique cet art du discours qui, en manquant à notre littérature, eût donné au génie antique une supériorité décidée sur le nôtre. […] Les discours des orateurs chrétiens sont des livres, ceux des orateurs de l’antiquité ne sont que des discours. […] Enfin Vergniaud ne s’est élevé à la grande éloquence, dans quelques passages de son discours pour Louis XVI, que parce que son sujet l’a entraîné dans la région des idées religieuses : les pyramides, les morts, le silence et les tombeaux.

62. (1730) Des Tropes ou des Diférens sens dans lesquels on peut prendre un même mot dans une même langue. Traité des tropes pp. 1-286

Les tropes ornent le discours. […] C’est-à-dire, je ne sai point deviner les discours énigmatiques. […] Ce discours ne doit point renfermer de circonstance qui ne conviène pas au mot de l’énigme. […] Ainsi l’ironie fait une satire, avec les mêmes paroles dont le discours ordinaire fait un éloge. […] Celles qui ne servent ni à la clarté, ni à l’ornement du discours, sont défectueuses.

63. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 532-537

On chercheroit en vain, dans ses Epîtres & dans ses Discours philosophiques, ce ton d’aigreur & de cynisme, qu’un coloris séduisant n’est pas capable d’adoucir ; ces maximes hardies qui défigurent toutes notions ; cet appareil de sentiment qui n’échauffe que l’imagination & laisse le cœur froid. […] Nous ne citerons rien de ses Discours philosophiques, parce que tout y est d’une égale beauté ; nous dirons seulement qu’ils suffiroient pour faire la réputation d’un grand Poëte, & qu’ils passeront à la Postérité, malgré les cris de l’Envie, comme un des plus beaux monumens de la Littérature de ce Siecle. […] L’Eloge historique du Duc de Bourgogne est un morceau d’éloquence qui nous retrace la noble simplicité des Anciens ; son Discours de réception à l’Académie, malgré tout le persifflage qu’il lui attira, peut être regardé comme la production de l’honnête homme, du sage Littérateur, du vrai Philosophe ; ses autres Discours Académiques offrent par-tout l’Ecrivain élégant, & assez formé sur les bons Modeles, pour en devenir un à son tour.

64. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre III. La Déformation de l’Idéal classique (1720-1801) » pp. 278-387

De l’esprit, discours II, ch. 17]. […] De l’esprit, discours II, ch. 15]. […] D’Alembert en fait naïvement l’aveu, dans le Discours préliminaire de l’Encyclopédie. […] Dans le Discours de Dijon, dans le Discours sur l’inégalité, dans la Lettre sur les spectacles, les contemporains ont reconnu les accents de cette éloquence dont on pouvait craindre que depuis cinquante ans le secret ne se fût perdu. […] De l’esprit, Discours II, ch. 15) ; — et, sur cela, qu’il n’est rien que ne puisse l’éducation [Cf. 

65. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Virgile et Constantin le Grand par M. J.-P. Rossignol. »

Or il existe, parmi les œuvres de l’historien ecclésiastique Eusèbe, un discours grec qui passe pour la traduction d’un discours latin attribué à Constantin, et dans ce discours, qui n’est qu’une démonstration du Christianisme, l’Empereur s’appuie sur le témoignage des Sibylles, et particulièrement sur la IVe églogue qu’il produit et commente. Cette églogue se lit aujourd’hui en vers grecs dans le discours. […] Rossignol, qui se pose cette question et plusieurs autres encore, est ainsi amené de point en point à douter de l’authenticité du discours attribué à l’Empereur, et, rassemblant tous les indices qu’une critique sagace lui fournit, il n’hésite pas à conclure que c’est Eusèbe lui-même qui l’a fabriqué. […] Rossignol, les caractères généraux de la poésie pastorale ; on a déterminé avec assez de précision quels devaient être le lieu de la scène, le rôle des acteurs, le ton du discours, les qualités du style ; mais l’organisation intérieure, le mécanisme secret, la structure savante et ingénieuse de cette poésie, ont été jusqu’ici peu étudiés.

66. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Alfred de Vigny. »

C’était exactement le même discours, et il paraissait tout autre. […] Il y a dans tout succès dramatique (et ce fut un succès dramatique que celui du discours de M.  […] Après un spirituel discours de M. de Vigny, débité avec bon goût et bonne grâce, on eût trouvé M.  […] Molé, à armer ce discours en guerre, à l’amorcer en ce sens. Il faut savoir en effet que les discours communiqués à l’avance, une fois lus et arrêtés, on n’y doit plus rien changer.

67. (1874) Premiers lundis. Tome I « A. de Lamartine : Réception à l’Académie Française »

L’occasion d’entendre sur ce sujet l’opinion de nos poètes est rare ; pour ceux que leur réputation a portés jusqu’ici à l’Académie,  ç’a été presque toujours une affaire de tactique et de bon ton de ne pas se prononcer : leur discours de réception a ressemblé souvent à un discours du trône, vague et insignifiant à dessein. […] Voix sonore et retentissante, timbre éclatant et pur, geste simple ; puis une parole facile, abondante, harmonieuse ; une manière de style étrangère à toute affectation, à toute enflure ; un laisser-aller plein de ressources ; un art heureux de diriger, de détourner sa pensée, de la lancer chemin faisant dans les questions, et de l’arrêter toujours à propos ; un penchant à s’étendre sur les moralités consolantes quand il y a jour, et, sitôt qu’on arrive aux hommes, un parfait mélange de discrétion et de loyauté, voilà ce qui nous a surtout frappé dans l’éloquent discours de M. de Lamartine. […] Mais c’est quand M. de Lamartine, au terme de son discours, est venu à jeter un regard en arrière et autour de lui, quand il a porté sur le xviiie  siècle un jugement impartial et sévère, quand il s’est félicité de la régénération religieuse, politique et poétique de nos jours, qu’il appelle encore une époque de transition, et qu’il s’est écrié prophétiquement : « Heureux ceux qui viennent après nous ; car le siècle sera beau » ; — c’est alors que l’émotion et l’enthousiasme ont redoublé : « Le fleuve a franchi sa cataracte, a-t-il dit ; plus profond et plus large, il poursuit désormais son cours dans un lit tracé ; et, s’il est troublé encore, ce ne peut être que de son propre limon. » Puis il a insinué à l’Académie de ne pas se roidir contre ce mouvement du dehors, d’ouvrir la porte à toutes les illustrations véritables, sans acception de système, et de ne laisser aucun génie sur le seuil. […] Toute la partie du discours de M. 

68. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre I. De l’action »

Vous allez la suivre dans les récits, les descriptions et les discours. […] Le discours prend aussitôt un tour particulier ; il se distingue des autres, il est donc nouveau et intéressant. […] Tout récit, tout discours, toute description, tout ensemble de récits, de descriptions et de discours, concourt à un effet, et n’a son prix et son entrée dans la fable que parce qu’il concourt à cet effet. […] En doute-t-on après ce discours ? […] Comment se fait-il qu’il n’y ait pas plus d’accent dans son discours ?

69. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXIV » pp. 294-298

Saint-Marc Girardin à l’Académie française ; les discours du récipiendaire et de M. […] Saint-Marc Girardin, vers la fin de son discours, avait assez délicatement touché cette situation en disant : « Et pardonnez-moi, messieurs, si le souvenir de nos jeunes princes50me ramène naturellement vers ces écoles d’où ils sont sortis, vers ces lieux où j’ai mes plus doux devoirs, où il m’est donné de vivre avec les jeunes gens, et d’observer l’avenir de la patrie à travers le leur ; là aussi je vois la jeunesse toujours favorable aux bons sentiments et aux nobles pensées, toujours aisément émue quand on lui parle des saintes obligations de la famille ou de la gloire de la France ; bienveillante, j’ai droit de le croire, pour ceux qui l’instruisent, pour ceux même qui l’avertissent. […] Victor Hugo, en répondant, a eu un vrai succès dans la première partie de son discours ; mais bientôt un grand lieu commun sur les femmes a un peu dérouté les auditeurs ; puis est venu l’éloge des lettrés, et une espèce de tableau idéalisé de ce que c’est que l’Académie ; c’était tout à fait une transfiguration. […] Hugo dans son discours atteignait par instants à l’éloquence, mais jamais à l’urbanité.

70. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXI. De Thémiste, orateur de Constantinople, et des panégyriques qu’il composa en l’honneur de six empereurs. »

Je vais tâcher de faire connaître ces discours, beaucoup moins connus qu’ils ne méritent de l’être. […] Dans un discours tout entier, il lui parle de clémence. […] « Il ne tient qu’à eux, dit-il, de déraciner la haine et d’apprivoiser la fureur. » Dans un autre discours adressé au même prince, après la cinquième année de son règne, on trouve un long morceau sur les finances ; il respire cette philosophie pleine d’humanité, qui devrait être celle de tous les rois. […] Nous n’avons plus le discours de Thémiste, mais il nous reste celui où il félicite l’empereur de son changement ; c’est l’ouvrage à la fois de l’éloquence et de la raison. […] L’éloge est un tribut qu’on paie à la vertu. » Dans un de ses derniers discours à Théodose, il s’interrompt tout à coup : « Tu vois, prince, lui dit-il, que je ne suis pas venu ici pour te flatter : conviendrait-il à un philosophe en cheveux blancs, qui a familièrement vécu avec tant d’empereurs, aujourd’hui que le plus humain de tous est sur le trône, de mendier sa faveur par des bassesses ?

71. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre premier »

Ce caractère devint plus sensible dans certaines lettres composées, comme les harangues antiques, sur quelque vérité générale, avec toutes les parties du discours. […] Sur ce dernier point surtout, il est très abondant, et il tire à chaque instant son discours sur les blessures faites à sa vanité. […] Bien des chefs-d’œuvre avaient déjà paru : le Cid, Polyeucte, le Discours de la méthode. […] « J’ai reçu, dit-il, le discours latin que vous avez fait : je n’oserais l’appeler votre jugement sur mes écrits, parce qu’il m’est trop avantageux et que peut-être votre affection a corrompu votre intégrité. » Dans cette lettre, Balzac rappelle à Descartes L’Histoire de son esprit. C’est le titre que Descartes donna d’abord au Discours de la méthode.

72. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre IV. Unité et mouvement »

Il est nécessaire dans un discours et une dissertation, dans un paragraphe de discours et de dissertation, tout autant que dans un roman ou une comédie, dans un chapitre de roman ou une scène de comédie. […] Quand il y a dans le discours un véritable mouvement, nulle part on n’aperçoit de solution de continuité : le développement s’achemine tout d’une suite à son but, comme, dans l’être vivant, chaque état du corps, chaque moment de la vie plongent dans l’état et dans le moment qui précèdent, et ne sauraient s’en distinguer : l’enfant devient homme insensiblement, et change en restant le même. […] On a beau savoir à fond la chose, et où elle se termine : on ne trouve pas l’idée et la phrase de la fin, celles qui doivent achever l’impression et conclure le discours ; on reprend son propos, on revient sur ses pas, on change un peu sa direction, sans pouvoir tomber juste au but. […] Quand les idées se succéderont, nombreuses et pressées, ne restant devant les yeux que le temps justement nécessaire pour en être bien reconnues et cédant la place à l’instant qu’on les a saisies, le mouvement sera vif, et le discours sera bref ; si chacune d’elles, au contraire, est retenue en scène, tournée et retournée sous tous ses aspects, le mouvement sera lent et le discours sera ample.

73. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 326-344

La plupart de ces Discours sont sans plan, sans ordonnance, sans suite. […] Les armes de la Nature se changent sous sa main en ornemens du Discours. […] Le Lecteur est étonné de se trouver sans cesse aux prises avec des expressions scientifiques, toujours déplacées dans des Ouvrages de pure littérature, plus encore dans des Discours. […] Lisez la Note du Discours, & vous saurez que cela signifie que le Maréchal de Saxe apprit les Mathématiques. […] Thomas dans son Discours prononcé à l'Académie Françoise, le jour de sa Réception.

74. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre II. Deuxième élément, l’esprit classique. »

Bien loin de finir avec l’ancien régime, elle est le moule d’où sortent tous les discours, tous les écrits, jusqu’aux phrases et au vocabulaire de la Révolution. […] Un jour, à l’Académie, Gresset, dans un discours, en osa lâcher cinq ou six359 : il s’agissait, je crois, de voitures et de coiffures ; des murmures éclatèrent ; pendant sa longue retraite, il était devenu provincial et avait perdu le ton  Par degrés, on en vient à ne plus composer le discours que « d’expressions générales ». […] À mesure que le discours avance, chaque emplacement doit se remplir à son tour, jamais avant, jamais après, sans que jamais un membre parasite soit introduit, sans que jamais un membre légitime usurpe sur son voisin ; et tous ces membres, liés entre eux par leur position même, doivent concourir de toutes leurs forces à un seul objet. […] Non seulement il impose aux œuvres dramatiques un plan exact, une distribution régulière368, des proportions calculées, des coupures et des liaisons, une suite et un progrès, comme dans un morceau d’éloquence ; mais encore il n’y tolère que des discours parfaits. […] Le discours d’Ergaste dans l’École des maris.

75. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre VII. D’Isocrate et de ses éloges. »

Ayant perdu des biens considérables, il ouvrit une école et y acquit des richesses immenses ; le fils d’un roi lui paya soixante mille écus un discours ou il prouvait très bien qu’il faut obéir au prince ; mais bientôt après, il en composa un autre, où il prouvait au prince qu’il devait faire le bonheur des sujets. […] C’est à la tête de ce discours qu’Isocrate se plaint que de son temps on aimait à louer des héros, qui peut-être n’avaient jamais existé, tandis qu’on refusait quelques éloges à d’excellents citoyens avec qui on avait vécu. « Accoutumons, dit-il, les hommes et l’envie à entendre louer ceux qui l’ont mérité, et pardonnons aux grands hommes d’avoir été nos contemporains. » Le quatrième éloge, et en même temps le plus fameux discours d’Isocrate, est celui qui est intitulé le Panégyrique. […] On a dit que c’était la lecture de ce discours qui avait décidé Alexandre à conquérir l’Asie. […] Isocrate prit enfin le parti de répondre ; ce discours d’un vieillard, qui, pour réfuter l’envie, fait la revue de ses pensées depuis quatre-vingts ans, et avant de descendre au tombeau, rend compte à la patrie et aux lois, de l’usage qu’il a fait de son éloquence, n’était pas moins susceptible de pathétique que de force ; mais l’ouvrage, avec des beautés, est bien loin d’avoir ce caractère ; le sujet est grand, l’exécution est faible.

76. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 128-129

Dans le Discours pour la Profession de Madame Louise-Marie de France, elle se montre avec une élévation, une chaleur & une onction parfaitement assorties à l'auguste cérémonie qui y donnoit lieu. L'idée principale de ce Discours est grande, les tableaux en sont frappans, les détails pathétiques, les preuves lumineuses, le style riche en images & en expressions. […] Dans son Discours de réception à l'Académie Françoise, autre genre de talent.

77. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 203-204

Il remplaça Mézeray à l’Académie Françoise, & eut pour successeur M. de Clermont-Tonnerre, Evêque de Noyon, qui dédaigna de le louer dans son Discours de Remercîment. M. l’Abbé de Caumartin, alors Directeur de l’Académie, répara cette omission dans sa réponse au Discours du Prélat ; & chaque louange qu’il donna au Récipiendaire, étoit un trait de satire ingénieusement lancé contre son orgueil. […] Il se rendit à ces raisons, & fit par écrit ce qu’il n’avoit pas voulu faire de vive voix : Barbier d’Aucour fut loué dans son Discours imprimé.

78. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — I. » pp. 180-197

Depuis ce temps, quels discours pourraient vous dépeindre leur faim enragée, leur fureur et leur désespoir ? […] Un passage de ce discours en donne la date : à l’occasion des discordes civiles qui éclatent dans Jérusalem assiégée et qui font que ces insensés, en rentrant du combat contre l’ennemi commun, en viennent aux mains les uns avec les autres, Bossuet a un retour sur la patrie : Mais peut-être vous ne remarquez pas que Dieu a laissé tomber les mêmes fléaux sur nos têtes. […] La langue de ce sermon, comme de tous les discours de ces années, est un peu plus ancienne que celle de Bossuet devenu l’orateur de Louis XIV ; on y remarque des locutions d’un âge antérieur : « Or encore que nous fassions semblant d’être chrétiens, si est-ce néanmoins que nous n’épargnons rien, etc. » Il est dit que l’exemple de la ruine de Jérusalem et de cette vengeance divine, si publique, si indubitable, « doit servir de mémorial ès siècles des siècles ». […] Comment était-il de sa personne dans sa jeunesse, à l’âge où il prononçait ces discours, déjà si puissants, avec une autorité précoce qui rayonnait d’une inspiration visible et qui s’embellissait, pour ainsi dire, d’un reste de naïveté ? M. de Bausset se l’est demandé et y a répondu autant qu’il l’a pu, en des termes bien généraux : La nature, dit-il, l’avait doué de la figure la plus noble ; le feu de son esprit brillait dans ses regards ; les traits de son génie perçaient dans tous ses discours.

79. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. Biot » pp. 306-310

Biot a voulu lire lui-même son discours ; il a pensé que la personne même donnait un intérêt de plus aux paroles, qu’elles n’avaient tout leur sens et tout leur accent que sur les lèvres de celui qui les disait comme il les avait trouvées ; et en effet, si la physionomie avec sa finesse, si le geste dans son naturel et sa bonhomie pouvaient suppléer au timbre et à l’organe, on aurait eu un plaisir complet. […] Les lecteurs vont se dédommager à présent, et ils goûteront ce discours net, ingénieux et sensé, nourri de conseils, aiguisé d’une douce malice, et qui, vers la fin, présente un portrait si noble et si élevé du savant pur. […] Il a été trop bien loué dans les deux discours qu’on va lire pour que je me permette d’y rien ajouter en ce moment. […] La fin du discours de M. 

80. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XII. Des panégyriques ou éloges des princes vivants. »

Ferme l’oreille à des discours dangereux ; tu mérites sans doute l’hommage qu’on va te rendre, achève de le mériter en le dédaignant ; aujourd’hui la vérité te loue, demain la flatterie t’attend ; de tous côtés l’orgueil te tend des pièges et te poursuit ; l’esclavage en silence te trompe et te flatte ; iras-tu encore permettre à un orateur de te corrompre avec art ? […] Quel discours, prononcé devant toi, serait plus éloquent !  […] Quand on remercie, il faut louer ; et quand on loue, on veut plaire : rien de plus naturel ; et ce qui ne l’est pas moins, c’est de vouloir ajouter chaque année à ce qui a été dit l’année précédente ; ce qui n’était donc qu’un remerciement devint peu à peu un discours, et le discours devint un panégyrique, et le panégyrique fut ce qu’il devait être, c’est-à-dire, qu’on y louait toujours un peu plus les mauvais princes que les bons.

81. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre deuxième »

Du Discours de la méthode. — § V.  […] Du Discours de la méthode. […] Les autres écrits de Descartes ne furent que les développements de ce Discours, et les preuves des principes qui y sont exposés. […] Discours de la méthode, deuxième partie, § I. […] Discours de la méthode.

82. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — I » pp. 248-262

Ces discours si loués des contemporains et qu’ils s’accoutumaient à personnifier dans le mot du texte toujours heureusement choisi, ce Depositum custodi, prêché devant la reine mère, ce Surrexit Paulus de l’abbé Bossuet, comme on les appelait, nous deviennent présents et distincts, chacun avec sa physionomie particulière. […] Ces grands orateurs composaient leurs sermons et les apprenaient, les récitaient avec plus ou moins d’art ou de naturel : le discours qu’ils savaient le mieux par cœur était celui qu’ils disaient le mieux et qui souvent aussi produisait le plus d’effet. La méthode ou, pour mieux dire, le procédé de Bossuet était autre, non pas qu’il ne lui arrivât sans doute de répéter le même discours ; il y en a qu’on lui redemandait d’une année à l’autre ; mais, dans ce cas encore, il est douteux qu’il les récitât exactement de même. […] Au travail, il jetait sur le papier son dessin, son texte, ses preuves, en français ou en latin indifféremment, sans s’astreindre ni aux paroles, ni au tour de l’expression, ni aux figures : autrement, lui a-t-on ouï dire cent fois, son action aurait langui et son discours se serait énervé. […] Maître de toutes les pensées présentes à son esprit, il fixait dans sa mémoire jusqu’aux expressions dont il voulait se servir, puis, se recueillant l’après-dînée, il repassait son discours dans sa tête, le lisant des yeux de l’esprit, comme s’il eût été sur le papier ; y changeant, ajoutant et retranchant comme l’on fait la plume à la main.

83. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVII. De l’éloquence au temps de Dioclétien. Des orateurs des Gaules. Panégyriques en l’honneur de Maximien et de Constance Chlore. »

Pour bien juger et des discours et de l’orateur, il est bon de se rappeler que Maximien, d’abord paysan, ensuite simple soldat, quand il fut prince voulut avoir un nom, et prit celui d’Hercule. […] Ensuite on représente Rome désespérée d’avoir perdu un si grand prince ; Rome suppliante et à genoux, lui tendant les mains, lui adressant un discours pathétique et touchant, pour le conjurer de vouloir bien encore régner sur elle. […] Le discours d’Eumène roule tout entier sur les bienfaits accordés à sa patrie et aux lettres. On respire au moins quand, parmi tant de sujets d’éloges, ou ridicules ou atroces, on en trouve un de raisonnable : mais le sujet du discours est ce qu’il y a de mieux dans le discours même.

/ 1788