B. de Fouquières aura l’honneur d’avoir désormais attaché son nom d’une façon inséparable à la destinée d’un jeune dieu.
Ce n’est pas avec une vertueuse sensibilité que ces poètes nous peignent la passagère destinée de l’homme ; si leur âme se montrait capable d’émotions profondes, on leur demanderait de combattre la tyrannie, au lieu de chanter l’usurpateur.
Si l’on quitte la vie pour échapper aux peines du cœur, on désire laisser quelques regrets après soi ; si l’on est conduit au suicide par un profond dégoût de l’existence qui sert à juger la destinée humaine, il faut que des réflexions profondes, de longs retours sur soi, aient précédé cette résolution ; et la haine qu’éprouve l’homme criminel contre ses ennemis, le besoin qu’il a de leur nuire, lui feraient craindre de les laisser en repos par sa mort ; la fureur dont il est agité, loin de le dégoûter de la vie, fait qu’il s’acharne davantage à tout ce qui lui a coûté si cher.
le voici : « Parce que ces deux mamelles superflues étaient destinées à être les nourrices du genre humain. » Vous doutiez-vous que « la nature oppose sur la mer l’écume blanche des flots à la couleur noire des rochers, pour annoncer de loin aux matelots le danger des écueils596 »?
Il part là-dessus avec une gravité de membre de l’Académie de médecine écrivant un rapport : « Une curieuse épidémie sévit depuis quelque temps sur les billets de cinq cents francs ; ils ne meurent pas tous, mais tous sont frappés d’un vague discrédit Le symptôme pathognomonique de la maladie est un épaississement accentué des tissus, avec complication de troubles dans le filigrane, etc… » Ou encore : « On vient de découvrir l’antisarcine ; comme son nom l’indique, ce médicament est destiné à combattre les effets du Francisque Sarcey qui sévit avec une si cruelle intensité sur la bourgeoisie moyenne. » Et alors il fait l’historique de la découverte ; il raconte que les études sur le virus sarcéyen ont démontré l’existence d’un microbe spécial qui a reçu le nom de Bacillus scenafairus (bacille de la scène à faire) ; que les premiers microbes ont été recueillis dans la bave d’un abonné du Temps, un malheureux qui « jetait du Scribe par les narines et délirait sur des airs du Caveau… et que son teint blafard (et Fulgence) désignait clairement comme un homme épris des choses du théâtre » ; que ces bacilles ont été recueillis, cultivés dans les « bouillons » du Temps et de la France, etc… Ce qui double encore l’effet de ces méthodiques extravagances, c’est le style, qui est d’un sérieux, d’une tenue et d’une impersonnalité effrayantes.
[Les Destinées de la nouvelle poésie provençale (1876).]
Il a rédigé un journal destiné à la multitude universelle.
Cette mère qui, seule de toutes les Troyennes, a voulu suivre les destinées d’un fils ; ces habits devenus inutiles, dont elle occupait son amour maternel, son exil, sa vieillesse et sa solitude, au moment même où l’on promenait la tête du jeune homme sous les remparts du camp, ce femineo ululatu , sont des choses qui n’appartiennent qu’à l’âme de Virgile.
Pour initier les étudiants à la pratique de la médecine, on établira dans un hôpital adjacent à l’école, deux salles chacune de vingt-cinq lits, l’une de ces salles destinée aux maladies aiguës, l’autre aux maladies chroniques.
Mais Homere, en qualité de citoïen et d’historien, en qualité de faiseur de cantiques, destinez principalement à servir d’annales aux grecs, a souvent été obligé de conformer ses récits à la notorieté publique.
C’est un esprit d’après la Révolution française, sans hostilité (du moins montrée) contre le catholicisme, mais parfaitement indifférent à sa destinée et trouvant même bon, dans les intérêts de la civilisation comme il la comprend, qu’il ait perdu la partie au temps de Philippe II ; car, il faut bien le dire, nous, les vaincus, il l’a perdue !
Elle oubliait qu’au sortir de la Révolution française Napoléon ne s’était pas contenté de relever l’autorité, sans laquelle nul gouvernement n’est possible, mais que ce grand passager du pouvoir et de la gloire avait créé tout un ensemble d’institutions, et que c’est par là, justement, qu’il ne passerait pas, et qu’au contraire il confondrait sa destinée avec l’avenir de la France !
Or, puisque nous cherchons à prévoir quelle doit être la destinée de ce livre, c’est là-dessus que nous voulons compter !
Or, pour ceux que la destinée des livres fait rêver, il est curieux de voir la bienfaisance aveugle du hasard s’étendre de l’œuvre originale à l’œuvre imitée, et le pastiche trouver son traducteur de grand talent, comme le chef-d’œuvre avait trouvé le sien. — Incontestablement, M.
— il la fait tinter ; et voilà la sensation. » Ainsi, nous ne sommes en réalité que des possibilités de sonnettes (quelle destinée, ô hommes fiers !)
Le malheureux aveugle, à qui la destinée refusait même le dernier honneur d’être aveugle comme Homère et Milton, fit ce geste horrible qu’il était obligé de faire pour y voir.
L’étendue des cieux, la profondeur des forêts, l’immensité des mers, la richesse et la variété des campagnes, cette multitude innombrable d’êtres en mouvement, destinés à servir d’ornement au globe qu’il habite, tout ce vaste assemblage dut porter à son esprit une impression de grandeur.
On s’étonne qu’après avoir goûté la douceur et les charmes du repos, il veuille bien se donner encore la peine de commander ; et l’on finit par prier sa divinité de vouloir bien, du faîte où elle est placée, veiller sur l’univers, et de sa tête céleste faire quelques signes, pour marquer aux choses humaines le cours de leur destinée.
Ses premiers écrits pourtant, qui datent de l’année suivante, furent des écrits d’opposition, destinés à signaler la triste inauguration de l’Église constitutionnelle et inspirés par cette faculté d’indignation en présence de l’injustice, généreuse faculté qui ne devait jamais se refroidir en lui et qu’il garda intacte jusqu’à son dernier soupir. […] pourquoi a-t-il poussé si vite ses destinées jusqu’à l’Empire ? […] Cependant Mme de Staël s’était cruellement trompée sur la destinée de son livre. […] Mais à chacun sa destinée, à chacun son lot ! […] Sur un fragment de lettre de Mme de Staël, qui n’a ni commencement ni fin, mais qui doit se rapporter à ces derniers temps de Coppet, on lit : « … Je ne pouvais guère, moi, être plus malheureuse sur cette terre, et il fallait un million de chances pour que ce résultat eût lieu ; mais tel qu’il est jusqu’à ce jour, je n’ai point encore manqué de respect à l’Auteur de la destinée, et je dis comme Job : Pourquoi n’accepterais-je pas les maux de la main de Celui dont j’ai reçu les biens… ?
Quand il laisse une œuvre posthume qui, ne pouvant plus être à lui, devrait donc appartenir au public auquel il l’a tacitement destinée, elle est pourtant assimilée à un capital quelconque et revient tout entière, sans restrictions, à ses ascendants ou descendants, à ses héritiers naturels. […] La fameuse objection tirée des « tiers » a toujours été — et est aujourd’hui encore — un merveilleux épouvantail, un véritable attrape-nigaud, destiné à empêcher la diffusion de la pensée des écrivains, qui sont entrés définitivement dans le public. […] Lorsque ces biens intellectuels sont alors mal gérés et se trouvent perdus, ce ne sont pas les héritiers eux-mêmes qui souffrent de leurs fautes, comme s’il s’agissait d’une succession ordinaire foncière ou industrielle, mais c’est toute la collectivité, et même les générations futures qui sont gravement lésées et privées sans recours possible de richesses qui leur étaient avant tout destinées. […] Destinée peut-être fatale. […] Valery Larbaud, Sainte-Beuve eût répondu que c’était au critique de se débrouiller et de savoir lire, au besoin entre les lignes, mais que la spontanéité de ces lettres non destinées au public leur conférait souvent une rare valeur documentaire.
Une mer de barbarie était destinée providentiellement à recouvrir l’Angleterre, et, le flot chassant le flot, l’invasion dura six siècles. […] Alors Shakespeare réfléchit que la pièce qu’il destine à la clôture de sa carrière, à laquelle il met la dernière main, répond par quelques-uns de ses caractères à la pièce qu’on lui demande. […] Nous connaissons Shakespeare auteur de sonnets et de petits poèmes, nous pourrions aussi bien connaître Shakespeare auteur de grands poèmes épiques et lyriques, si la destinée l’avait voulu. […] dit Lucifer, comment donc, vous qui disiez si bien aux autres leur bonne fortune, n’avez-vous pas prévu que votre propre destinée vous mènerait à cette prison ? […] Est-ce que votre théorie si ingénieuse sur les noms de baptême va se vérifier encore sur les noms propres, et cet enfant ainsi nommé à rebours est-il donc destiné à tout faire à rebours ?
Le hasard le lui a fourni et, destiné à demeurer secret, il en prend encore plus de force, de poids et de valeur. […] Leur réunion n’a pas eu lieu et c’est à nous de leur inventer des destinées. […] Je dis héros, car il y eut de l’héroïsme dans sa destinée. […] Il les accueillait avec joie et avec une discrète ironie, comme s’il devinait, à travers les bonheurs et les succès, le secret de sa destinée. […] Oui, les livres ont leurs destinées, et quelle sera celle de tous ces volumes qui sollicitent incessamment notre curiosité et ne requièrent rien moins que notre admiration ?
C’est ce que Feuillet a étudié en nous retraçant dans sa progressive déchéance la destinée de M. de Camors. […] Il pousse invinciblement l’un à l’autre ceux dans la destinée de qui il était de s’aimer. […] Cette œuvre, par le peu d’intérêt général et humain qu’elle contient, était destinée à ne séduire qu’un public assez restreint. […] Et on aurait donné par là quelque idée de la destinée qui a été celle de M. […] Mais le roman d’aujourd’hui ne daigne s’occuper que des destinées exceptionnelles.
Le caractère de Castruccio Cesarini est destiné à contraster avec celui d’Ernest Maltravers. […] Les trois femmes destinées, dans la pensée de M. […] Mais elle ne veut pas garder près d’elle un homme dont l’intelligence et le caractère sont appelés aux plus hautes destinées, et qui a besoin de sa liberté pour jouer le rôle qui lui est dévolu. […] À Milan, il rencontre une cantatrice, Teresa Cesarini, qui a quitté le théâtre pour épouser un Français, M. de Montaigne, réservé, comme Ernest, aux plus hautes destinées. […] Dans tous les ordres d’études, ces esprits indolents sont voués à la même destinée : en croyant faire acte de modestie, ils font acte de vanité.
Elle est froide comme le sont les beautés parfaites, destinées à ravir les yeux plutôt qu’à troubler les sens, et pour lesquelles l’amour devrait n’être qu’une contemplation. […] Il est le gage que l’homme laisse après lui en partant pour le voyage inconnu, sa caution, son répondant, l’hypothèque de sa destinée. […] » L’époque où s’agita cette destinée excentrique rehausse encore son prestige. […] 15 » Les princesses étrangères fiancées aux rois d’Espagne partaient avec terreur pour leur destinée. […] Qu’y a-t-il de changé dans sa destinée ?
Elles ont été dictées dans le même esprit que les premières, et sont destinées à tenir les médecins et les physiologistes qui s’intéressent aux progrès de la science au courant des questions nouvelles qui ne peuvent surgir et bien se développer qu’en dehors de l’enseigne ment régulier des Facultés. […] Cette pointe que vous voyez est destinée à blesser la moelle allongée, vers le plancher du quatrième ventricule, pour faire apparaître le sucre dans l’urine des lapins. […] Toutefois, comme il y a un certain nombre de ces glandes qui sécrètent des liquides destinés à des usages physiques, ces dernières sont sujettes à des variations assez considérables ; tandis que les glandes dont les produits de sécrétion sont destinés à des usages purement chimiques ne subissent ordinairement que des modifications beaucoup moins sensibles. […] La salive parotidienne a, comme nous le verrons, des caractères physiques propres à jouer un rôle spécial dans la mastication des aliments qu’elle est surtout destinée à imbiber. […] A, tube d’argent sur lequel est fixé la vessie ; — B, vessie ; — C, robinet destiné à recueillir le suc à mesure qu’il s’accumule dans la vessie.
Virgile l’avait très-présente à la pensée, et lui doit beaucoup ; elle ne le cède en rien à Didon (si même elle ne la surpasse point) pour tout le premier acte de la passion, et ce n’est que dans le traînant de la terminaison, et par le prolongement d’une destinée dont on sait trop la suite odieuse, qu’elle perd de ses avantages. […] » — Elle dit, et des larmes de pitié ruisselaient le long de ses joues… » Il me semble qu’il n’y a rien à ajouter après de telles beautés, après un tel élan de passion et ce premier cri qui, dans sa violence, renferme déjà toute la tragique destinée. […] Mais cela est plus utile à apprendre en morale qu’agréable à voir en poëme ; et d’ailleurs ici on n’entrevoit cette seconde destinée qu’incomplétement.
Quand on destine ses vers à la popularité contemporaine on se condamne à lui donner ce montant ; quand on les destine à la postérité il faut mépriser ces malignités et ces personnalités contemporaines. […] XXV Cependant il y a un soir pour la vie des hommes heureux comme pour la vie des hommes obscurs ; celle d’Auguste touchait à son déclin ; ce déclin de son bonheur se révélait par la mort de Drusus, à qui il destinait le trône et qui promettait de rendre la liberté aux Romains.
Roland, qui est occupé au siège de Paris, près de son oncle Charlemagne, gémit nuit et jour sur la destinée inconnue d’Angélique. […] ô destinée si douce, qu’unis comme l’étaient leurs corps, je ne doute pas que leurs âmes, également enlacées, s’en allèrent ensemble au même ciel ! […] Roger, s’accommodant assez bien de cette habitation de l’ermite et d’une chère frugale, passa plusieurs jours avec le saint anachorète, qui, non-seulement lui parlait de tout ce qui tient à la religion, mais l’instruisait aussi sur son départ prochain, et même sur la postérité que le ciel lui destinait.
Le pessimisme qu’affirme Bouvard et Pécuchet ne ressort pas plus des tristes dénouements des romans, que des farouches destinées qui s’appesantissent dans Salammbô et des continus effarements avec lesquels saint Antoine contemple l’écroulement de ses erreurs. […] Sur la stupidité et la méchanceté de certains êtres, sur l’inconsciente grossièreté d’autres, sur l’injustice ironique de la destinée, sur l’inutilité de tout effort, la muette et formidable insouciance des lois naturelles, Flaubert ne tarit pas en dissimulés sarcasmes. […] Dans les deux premiers des Trois Contes, dont l’un, Un cœur simple, décrit l’humble vie de sacrifices d’une servante, et l’autre, la Légende de saint Julien l’hospitalier raconte la dure destinée d’un innocent parricide, l’écrivain paraît compatir aux maux qu’il montre, et peut-être est-il juste de croire qu’aux abords de la veillesse, Flaubert a senti qu’il ne convenait pas de séparer la cause des grands de celle des petits, qui, victimes autant que bourreaux, prennent sans doute leur part des souffrances qu’ils contribuent à aigrir.
Rien n’est que fragments dans notre destinée, et nous ne sommes nous-même qu’une rognure de ces fragments : tout homme, quelque bien doué qu’il paraisse être, n’est qu’une statue tronquée. […] et à quoi vous destinez-vous ? […] Mais, si vous vous destinez au théâtre, venez souvent me voir à Brunoy ; nous ferons la poétique de ce temps-ci à l’ombre de mes allées.
Cet ouvrage était destiné à être imprimé à la tête du Molière in-4°. édition de Paris. On pria un homme très-connu de faire cette vie et ces courtes analyses destinées à être placées au devant de chaque pièce. […] Son père, Jean-Baptiste Poquelin, valet de chambre tapissier chez le roi, marchand fripier, et Anne Boutet, sa mère, lui donnèrent une éducation trop conforme à leur état, auquel ils le destinaient : il resta jusqu’à quatorze ans dans leur boutique, n’ayant rien appris outre son métier, qu’un peu à lire et à écrire.
C’était du meilleur vin vieux de Bourgogne que j’avais destiné pour ce festin. […] Il ne prétendait point d’ailleurs, en son temps, agir sur les destinées de l’État ni sur l’opinion du public, hors du cercle de ses devoirs et de sa profession.
. — Le Directoire exécutif, tel que le projet l’annonce, est un berceau, qu’on nous passe ce mot, un nid de factions ennemies ; et sa destinée serait de ressembler bientôt à tous les conseils de gouvernement que nous avons vus en France depuis trois ans, où Roland et Pache, Robespierre et Billaud se sont tour à tour arraché la puissance… Je n’entre pas dans le détail des voies et moyens, des remèdes plus ou moins efficaces qu’il proposait ; je ne fais qu’indiquer la ligne générale de Roederer en ces années. […] Mais, quelques jours après, ayant appris par M. de Talleyrand que le premier consul lui destinait un présent de grand prix, une boîte émaillée représentant la Fédération de Milan, et enrichie de diamants et pierreries, Roederer s’empressa d’écrire à Regnault de Saint-Jean-d’Angély une lettre des plus honorables : Mon cher ami, cette idée de présent me tracasse ; je ne suis pas assez sûr que vous en ayez détourné le projet ; mais, si vous ne l’avez pas fait, je compte assez sur votre amitié pour espérer que vous le ferez le plus tôt possible, et je vous en prie.
Mme Brun en a fait une description exaltée, qui nous paraîtrait aujourd’hui fort ridicule, et qui n’était que dans le goût du temps : « Les mains serrées dans les mains, nous vous promîmes fidélité, — à toi, ô Nature, — à toi, ô Amitié ; — et à toi, reconnaissance filiale, arbitre suprême de nos destinées ! […] C’est la destinée de la vieillesse de faire ressortir tous les défauts du corps et de l’esprit pour faire de l’homme une caricature.
J’y ai bien souvent rêvé, messieurs, et je me suis demandé, sous toutes les formes et en prenant quantité d’exemples particuliers, en me mettant à tous les points de vue ce qu’il en aurait été de la destinée moderne littéraire (pour n’envisager que celle-là), si la bataille de Marathon avait été perdue et la Grèce assujettie, asservie, écrasée avant le siècle de Périclès, lors même qu'elle aurait gardé dans son lointain la large et incomparable beauté de ses premiers grands poètes de l’Ionie, — mais sans le foyer réflecteur d’Athènes. […] L’homme de goût, quand même il n’est pas destiné à enseigner, et s’il avait tout son loisir, devrait pour lui seul, revenir, tous les quatre ou cinq ans, ce me semble, sur ses anciennes et meilleures admirations, les vérifier, les remettre en question comme nouvelles, c’est-à-dire les réveiller, les rafraîchir, au risque même de voir s’y faire, çà et là, quelque dérangement : l’essentiel est qu’elles soient vives.
Royer s’était, en quelque sorte, refusée de bonne heure à lui-même par la hauteur et la difficulté de son goût ; mais, comme homme, Tocqueville était plus faible, moins décisif ; sa complexion physique le disait assez ; la nature, à première vue, ne l’avait pas destiné à une grande autorité actuelle et présente, à une prépondérance imposante dans les Assemblées ; il ne tranchait pas comme l’autre ; il ne se faisait pas écouter. […] Vous êtes jeune et destiné à traverser bien des événements : il n’est pas avantageux de s’être engagé de si bonne heure, au risque d’être jeté violemment hors de sa route, et si violemment qu’on n’y peut plus rentrer.
Il y a eu entre les destinées d’Homère et celles de Virgile, dans les temps modernes, une grande différence. […] — L’éditeur nous dit également qu’il a suivi la ponctuation de Wagner un peu malgré lui ; car les virgules lui semblent trop multipliées dans ce système, lequel est d’ailleurs beaucoup plus sobre que celui de nos éditions françaises. « S’il n’eût fallu prendre garde, dit-il, de trop heurter les habitudes des lecteurs auxquels est destiné le présent livre, j’aurais fait comme M.
Armand-Jean Le Bouthillier de Rancé, né en 1626, neveu d’un surintendant des finances, neveu aussi de l’évêque d’Aire et de l’archevêque de Tours, cousin germain du ministre d’État Chavigny, fut tonsuré encore enfant, chargé de bénéfices et destiné à l’héritage ecclésiastique de son oncle de Tours. […] On a fort relevé le contraste de cette édition précoce avec la destinée future de l’enfant.
La mère de Béranger, qui fut surtout douce et jolie, paraît n’avoir eu dans l’organisation et les destinées de ce fils unique que la part la moins active, contre l’ordinaire de la loi si fréquemment vérifiée, qui veut que les fils de génie tiennent étroitement de leur mère : témoin Hugo et Lamartine. […] Un établissement à part fut destiné aux jeunes filles.
C’est la destinée et l’honneur de certains esprits, c’est la magie de certains talents illustres, de ne pouvoir toucher à une question qu’elle ne s’anime à l’instant d’un intérêt nouveau, qu’elle ne s’enflamme et n’éclate aux yeux de tous. […] Tu n’as plus ton chasseur, ton fidèle serviteur… Et le dialogue continue sur ce ton ; Thésée s’y mêle, et la déesse réconcilie le père désolé avec son fils : « Je ne connais point, dit M e Schlegel, de scène plus touchante dans aucune tragédie ancienne ou moderne. » Au moment où elle profère les nobles et clémentes paroles, Diane, qui s’aperçoit qu’Hippolyte va trépasser, termine ainsi : « … Et toi, Hippolyte, je t’exhorte à ne point détester ton père ; c’est ta destinée qui t’a fait périr.
Les conseils du Mentor à son élève, son souci continuel et respectueux pour la gloire de cet aimable marquis ; ce qu’il lui recommande et lui permet de lecture, le Télémaque, la Princesse de Clèves ; pourquoi il lui défend la langue espagnole ; son soin que chez un homme de cette qualité, destiné aux grandes affaires du monde, l’étude ne devienne pas une passion comme chez un suppôt d’université ; les éclaircissements qu’il lui donne sur les inclinations des sexes et les bizarreries du cœur, tous ces détails ont dans le roman une saveur inexprimable qui, pour le sentiment des mœurs et du ton d’alors, fait plus, et à moins de frais, que ne pourraient nos flots de couleur locale. […] Arrivé à terre, le digne gouverneur rejoint son beau-frère lui-même, et les voilà se racontant leurs destinées mutuelles depuis la séparation.
Aucun poème épique ne présente une plus touchante contradiction entre l’ambition et le cœur dans la destinée de deux adolescents qui s’aiment, pendant que leur destinée s’abhorre !
Entraîné par cette illusion, je me mis à considérer combien était cruelle la destinée de ceux qui l’avaient aimée ; ensuite j’examinai s’il y avait dans cette ville quelque autre dame qui méritât tant d’honneurs et de louanges, et je pensai à la félicité dont jouirait un mortel assez heureux pour rencontrer un objet si digne de ses vers. […] J’y fus entraîné malgré moi, en quelque sorte, par plusieurs de mes compagnons, et sans doute aussi par ma destinée : car depuis un certain temps j’évitais ces sortes de spectacles, ou si quelquefois je m’y rendais, c’était moins par goût pour ces amusements que par égard pour l’usage.
De plus, avec le chapitre du Souverain, placé au milieu du volume, il est destiné à désarmer les pouvoirs temporel et spirituel, à servir de passeport pour l’indépendante franchise de l’observation dans le reste des Caractères. […] L’idée générale du livre est de soumettre la politique à la morale chrétienne : il faut reconnaître qu’il n’y avait pas d’autre façon de montrer les choses à un enfant destiné à régner ; l’essentiel était qu’il tirât de ses études une bonne règle de conduite.
On saurait comment se comporte un prêtre chez lui et avec ses confrères ; on se serait imprégné de leurs façons ; on les aurait vus au naturel ; car, n’étant qu’un enfant, et un enfant destiné au sanctuaire, on ne les aurait pas gênés et ils vous auraient laissé tourner autour de leurs plus intimes réunions. […] C’est que ni leur éducation ni leurs préoccupations habituelles ne sont bien propres à leur faire connaître le train du monde ; puis, leur confiance en Dieu est absolue, et elle ne peut être absolue que si elle est folle, si elle trouve le miracle chose naturelle Une dernière marque enfin, c’est que cette charité sans bornes est pourtant une charité catholique, pour qui les hommes sont frères moins par une communauté de destinée et une solidarité d’intérêt que parce qu’ils ont été rachetés tous par le Christ ; et cette charité n’a point pour véritable but le soulagement de la souffrance, mais elle poursuit, par le bien qu’elle fait aux corps, la conversion des âmes.