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547. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXII. La comtesse Guiccioli »

… Il y a de la sottise et du mensonge dans toute gloire faite par les hommes ; mais quelles plus charmantes et plus touchantes rectifications que celles de l’amour ? […] Mais il y a plus charmant et plus changeant encore que l’arc-en-ciel, pour exprimer toutes les nuances de la fantaisie, et c’est l’enfance ; c’est l’impatientante et adorable enfance !

548. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’empire russe depuis le congrès de vienne »

Caméléons qui prennent toutes les teintes, ayant dans l’esprit ces mouvements charmants du singe que Joubert discerne si bien dans l’esprit de Voltaire, ils sont, en raison de tout cela, de redoutables diplomates, mais, sans caractère comme tous ceux qui font beaucoup de personnages, ils n’ont à eux ni leur élégance, ni leurs mœurs, ni leur littérature, ni leurs vices. […] Tout grand pouvoir, qui se fait charmant, doit avoir pour les plus nobles esprits des fascinations d’Armide, mais quand on est un lynx, on garde ses yeux, et on ne permet même pas à la Toute-Puissance, devenue aimable, de vous les fermer avec sa plus douce main de fer, gantée de velours.

549. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le capitaine d’Arpentigny »

D’Arpentigny, qui ne répète point les observations des autres s’il en répète les procédés, a pris la main comme l’expression résumante de l’homme tout entier ; mais avec les ressources variées de son esprit, avec le sentiment des analogies, qui est en lui à une haute puissance, il aurait pu tout aussi bien prendre le pied, et pas de doute qu’il ne nous eût dit, à propos du pied comme à propos de la main, une foule de choses vraies et charmantes. […] Elle n’a plus à juger que de l’art avec lequel l’auteur de la Chiromancie ou la science de la main 9 a fait un livre d’analogies étincelant de rapprochements ingénieux, inattendus, saisissants, où la forme didactique, cette forme d’un ennui affreux, est sauvée par la qualité de l’esprit de l’auteur, dont l’expression ne faiblit jamais et qui couvre toutes les aridités et tous les pédantismes de la nomenclature avec le luxe des élégances les plus charmantes, les plus cavalières et les plus lestes !

550. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Buloz »

III Aussi eut-elle, sinon immédiatement, un succès qui se consolida, et avec une telle force qu’on put le croire indestructible… Pendant vingt-cinq ans pour le moins, en effet, ni les fautes de Buloz, — de piéton modeste et incomparable devenu directeur assis et incompétent, — ni ses humeurs peccantes qui feraient le bonheur d’un médecin de Molière, ni sa tyrannie bourrue et tracassière, ni son orgueil durci par la fortune, ni les bornes sourdes de son esprit, ni ses procédés hérissons, ni ses grognements ursins, ni l’horreur de ses meilleurs écrivains mis en fuite par cet ensemble de choses charmantes, ni l’ennui enfin le plus compacte qui soit jamais tombé d’un recueil périodique sur le lecteur assommé, rien n’a pu le diminuer, ce succès étrange, ou l’interrompre un seul jour… C’est à n’y pas croire ! […] Veut-on que nous parlions de ce pauvre Jules de la Madelène, cette charmante espérance littéraire, détruite dans sa fleur par le questionnaire qui ne donne pas la torture qu’aux œuvres ?

551. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « L’Abbé Prévost et Alexandre Dumas fils » pp. 287-303

quelque chose du principe morbide qui avait putréfié nos pères, et il nous en restait assez dans l’âme pour trouver charmante l’abominable sincérité de ce type de Manon Lescaut. […] Un autre jour, quand il faut sortir de Saint-Lazare, Desgrieux, qui appelle rompre ses fers casser la tête d’un portier d’un coup de pistolet, trouve un supérieur d’une bénignité si charmante que ni dans le moment, ni plus tard dans le cours du roman, car Desgrieux continue de cultiver cet aimable supérieur, il ne lui parle de cette bagatelle d’une cervelle de portier brûlée sous ses yeux !

552. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Marie Desylles » pp. 323-339

I Voici un livre mystérieux, douloureux et charmant, dont on peut se demander s’il est plus que de la littérature, et si ce ne serait pas de la vie, — de la vie réelle, qui aurait palpité et brûlé là-dedans… Est-ce un roman ou une histoire ? […] Ce qui me fait, ce sont ces lettres où elle a laissé l’empreinte tour à tour charmante et brûlante de son âme, et ces lettres-là, je les ai, et, à elles seules, elles m’en apprennent plus que ces déchirures d’histoire qui ne sont peut-être qu’un conte.

553. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Le Comte de Gobineau »

On invente des sociétés idéales et l’on écrit des pages charmantes, mais charmantes comme la femme qui caresse sa chimère.

554. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « IX » pp. 33-36

Mademoiselle Rachel a été un grand fait ; son avénement a été un de ces temps dont je vous parlais dans ma dernière chronique ; en effet, las de tous ces efforts prétentieux, pesants, ou de ces licences immorales, on s’est rejeté au classique pur, interprété par cette jeune et charmante actrice.

555. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lebrun, Pierre (1785-1873) »

Lebrun, en publiant en 1858 une édition complète de ses œuvres, nous a montré, par quelques pièces de vers charmantes, que, dès l’époque du premier Empire, il y avait bien des élans et des essors vers ces heureuses oasis de poésie qu’on a découvertes depuis et qu’il a été des premiers à pressentir, comme les navigateurs devinent les terres prochaines au souffle odorant des brises..

556. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre troisième. Histoire. — Chapitre V. Beau côté de l’Histoire moderne. »

Inquiets et volages dans le bonheur, constants et invincibles dans l’adversité, formés pour les arts, civilisés jusqu’à l’excès, durant le calme de l’État ; grossiers et sauvages dans les troubles politiques, flottants comme des vaisseaux sans lest au gré des passions ; à présent dans les cieux, l’instant d’après dans les abîmes enthousiastes et du bien et du mal, faisant le premier sans en exiger de reconnaissance, et le second sans en sentir de remords ; ne se souvenant ni de leurs crimes, ni de leurs vertus ; amants pusillanimes de la vie pendant la paix ; prodigues de leurs jours dans les batailles ; vains, railleurs, ambitieux, à la fois routiniers et novateurs, méprisant tout ce qui n’est pas eux ; individuellement les plus aimables des hommes, en corps les plus désagréables de tous ; charmants dans leur propre pays, insupportables chez l’étranger ; tour à tour plus doux, plus innocents que l’agneau, et plus impitoyables, plus féroces que le tigre : tels furent les Athéniens d’autrefois, et tels sont les Français d’aujourd’hui.

557. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre VI. La poésie. Tennyson. »

On se trouva surpris, et d’une surprise charmante. […] Et ce n’est pas trop d’un art si juste, si consommé, pour peindre les miévreries charmantes, les subites fiertés, les demi-rougeurs, les caprices imperceptibles et fuyants de la beauté féminine. […] II Ce charmant rêveur n’était-il qu’un dilettante ? […] Il y a une grâce charmante et moqueuse dans cette peinture d’une Université de filles. […] Cette simplicité et cette paix sont étranges et charmantes ; on se laisse aller, on est bien, on ne désire pas aller plus vite ; il semble que volontiers on resterait toujours ainsi.

558. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIe entretien. Ossian fils de Fingal, (suite) »

Astre charmant, tu n’as pas brillé longtemps sur nos montagnes. […] Astre charmant, tu as bientôt disparu ! […] c’est ton père : « Pourquoi, dit-il, pourquoi brilles-tu sitôt sur nos nuages, astre charmant de Lutha ? […] Là, sommeille l’aimable Roscana ; là, le matelot, quand il arrête son navire dans une nuit orageuse, voit son ombre charmante, vêtue du plus blanc des brouillards de la montagne. « Tu es aimable, dit-il, ô Roscana ! […] Le vaillant Colgar et la charmante Anyra vivent sous tes yeux.

559. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1872 » pp. 3-70

« Lourmel, un garçon charmant, avec une élégance, un chic à lui seul. […] Elle était charmante, toute blanche, avec un trait dans l’œil, ce qui est assez commun chez nous. […] Elle disait à une amie : « Tu ne sais pas, comme maintenant il est charmant… comme il est doux, même quand il est malade… et puis, comme il est bon pour le bon dieu !  […] Au milieu du déjeuner, à propos de l’huile d’une salade, qu’il trouve excellente, il se met à faire un historique imagé des huiles et des miels de la Grèce, qu’il termine, en comparant le miel de l’Hymète « à du sablon jaune entrelardé de bougie. » Les phrases charmantes, qui sortent de sa bouche, ont quelque chose de mécanique ; elles finissent, elles s’arrêtent, tout à coup, comme une phrase, qu’aurait mise Vaucanson dans le creux d’un automate. […] Au milieu de cette bibelotterie écrasante, une très charmante petite femme, aux paupières lourdes, les paupières d’une houri turque, aux interrogations enfantines, à l’air boudeur d’une pensionnaire en pénitence, une jeune Rothschild s’ennuyant, s’ennuyant, comme seuls les millionnaires savent s’ennuyer.

560. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Conclusions »

Il resterait encore à montrer que l’indéfini, par ce qu’il oblitère dans les objets et par ce qu’il ne peut eu altérer que certaines catégories, coïncide le plus souvent avec le beau, le charmant, le suprême. […] Il décrit de préférence des lieux abrupts et sauvages ou féerique-ment riches, représente volontiers l’homme comme malade, difforme, pâle, blessé ou charmant et magnifique, l’analyse en ses passions extrêmes et déchaînées : l’amour éperdu, le remords angoissant, la mélancolie profonde, la douleur de préférence ou la joie lyrique et folle, le doue d’une noblesse ou d’une férocité d’âme également démesurées, le place en des incidents forcés où la crise des émotions se trouve grandie par leur conflit. […] Tourguénef fut, jusqu’à la fin de sa vie, le conteur charmant et l’esprit libre qu’il avait été à ses débuts. […] C’est ainsi que dans les œuvres de certains poètes, des sensations ordinairement joyeuses, une journée de printemps, le déferlement d’une belle mer grise sur une plage sinueuse, le regard charmant d’une femme, se trouvent décrites en termes de mélancolie ; tandis que d’autres, renfermant en elles une particule de tristesse, sont dénoncées et calomniées. […] À l’exemple des grands écrivains de ces pays, nos romantiques et leurs prédécesseurs donnèrent à sentir les émotions charmantes et grandioses que suscite la vue de beaux et sombres paysages, ils conçurent l’homme non plus à la manière de Descartes, comme un animal surtout raisonnable et dont la sensibilité aisément gouvernée se manifeste par de doux et calmes mouvements, mais comme un être surtout et violemment passionné, fou d’amour et de colère, désespéré de mélancolie, exalté et ravi d’enthousiasme, d’autant plus grand et plus admirable que ses accès de douleur et de joie le transportaient et le déréglaient davantage.

561. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIIe entretien. I. — Une page de mémoires. Comment je suis devenu poète » pp. 365-444

Ses conversations familières avec nous dans les jardins, pendant les heures de délassement, étaient les meilleures et les plus charmantes de ses leçons. […] La nuit, tour à tour charmante ou sinistre, a le rossignol et le hibou ; l’un chante pour le zéphyre, les bocages, la lune, les amants, l’autre pour les vents, les vieilles forêts, les ténèbres et les morts. […] Mille palais s’élèvent, et chaque palais est un nid ; chaque nid voit des métamorphoses charmantes : un œuf brillant, ensuite un petit couvert de duvet. […] J’ai dit, dans cette demi-confidence de première jeunesse, que, pendant notre séjour dans l’île, j’écrivais de temps en temps des vers mentalement adressés à la charmante fille du pêcheur, bien qu’elle ignorât ce que c’était que des vers et dans quelle langue ces vers étaient écrits. […] XI De lichens et de joncs sordidement vêtue, De ses habits mouillés le flot s’égoutte en vain ; Dans ses haillons verdis la charmante statue Sous l’outrage du sort conserve un front divin ; Le filet de cristal que sa robe distille Abreuve le pasteur, l’enfant, le matelot, Fait boire l’oranger dans les ravins de l’île, Et, quand il a rempli mille cruches d’argile, Va jusque dans la mer se perdre à petit flot.

562. (1896) Impressions de théâtre. Neuvième série

mais, se récriait-on, ce Jean Giraud est charmant. […] Ceci posé, Brignol est charmant. […] Et l’on me dit qu’il est charmant et que tous ses amis l’adorent. […] Charmante figure, que M.  […] Mais elle est charmante, charmante, charmante.

563. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1893 » pp. 97-181

Il hérite aussi de papiers, parmi lesquels il y a des correspondances amoureuses de Gautier, de Saint-Victor, de Doré, et surtout tout un gros paquet de lettres d’About, qu’il déclare tout à fait charmantes de passion et d’esprit. […] J’avais ce soir, en chemin de fer, vis-à-vis de moi, une vieille femme, toute charmante, d’une grâce séductrice. […] -S. — Et ainsi que vous l’avez ajouté à la plume sur votre carte de visite : chevalier de la Légion d’honneur. » * * * Une excursion à Thiers en compagnie de mon jeune et charmant compagnon d’eau, Maurice Pottecher. […] Ainsi Macherin ferait-il un original nom d’ouvrier républicain, et les charmantes localités pour un roman : le Grand-Vert et : le Petit Vert ! […] Ces œils-de-bœuf de lumière du fond des loges, ça tue tout, ça éteint tout, et le doux éclat des toilettes claires et des décolletages, et aujourd’hui, comme me le disait la comtesse Greffulhe, qui était charmante en blanc, il y avait trop d’uniformes de militaires, attirant l’œil à leurs chamarrures, et empêchant les femmes de ressortir du fond sourd des habits noirs.

564. (1888) Poètes et romanciers

Chaque siècle, comme chaque année, a son printemps ; avec ces chers et charmants poètes, ce printemps est parti. […] Dans un de ses derniers Entretiens, M. de Lamartine a un mot charmant. […] Il convient admirablement à l’inspiration courte des jeunes parnassiens, qui en ont tiré de charmants effets. […] Feuillet n’ait su peindre que ces amours éphémères, ces légères ivresses d’une heure charmante que l’heure prochaine dissipe. […] Jusque-là, c’est moins un roman qu’une charmante psychologie de bébés.

565. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Alphonse Karr. Ce qu’il y a dans une bouteille d’encre, Geneviève. »

Les deux enfants de madame Lauter, après la disparition de son mari, grandissent et deviennent, Léon un artiste charmant, Geneviève une personne adorable et sensible : Albert et Rose, leur cousin et cousine germaine, avec qui ils ont grandi, ont aussi une vive fleur d’âme et de jeunesse.

566. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bonnières, Robert de (1850-1905) »

M. de Bonnières, dans ce coquet volume, a tenté de ressusciter la jolie langue et la charmante allure de style des conteurs du xviiie  siècle.

567. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Donnay, Maurice (1859-1945) »

Horace Valbel Phryné, de Maurice Donnay, qui se révéla maître fantaisiste, d’une impeccabilité absolue, poète charmant, ironiste précieux, que Porel arracha au Chat-Noir à prix d’or et dont il fit, à l’Éden, représenter Lysistrata.

568. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Pierre » pp. 200-201

Dormez, charmante, dormez.

569. (1763) Salon de 1763 « Peintures — La Grenée » pp. 206-207

Ils ont une douceur charmante et le moelleux du pinceau du Guide.

570. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1891 » pp. 197-291

Après Marmottan, Jules Simon adresse à la mariée une allocution charmante, la vraie allocution d’un mariage civil. […] C’était, disait-il, le coquet surplis avec lequel il servait la messe, l’élégante calotte qu’il avait sur ses cheveux bouclés, les compliments sur sa charmante petite personne, les louanges sur sa jolie voix de ténorino, qui lui donnaient l’air d’un enfant confit en dévotion. […] Dimanche 21 juin Hermant qui arrive de Moscou, disait assez spirituellement, et peut-être assez justement des Russes : « Oui, ils sont charmants, mais un peu étonnés de la grandissime sympathie qu’ils trouvent chez nous pour eux, sans l’éprouver pour nous !  […] Je crois qu’à l’heure présente, il y a peu de fêtes d’écrivain, où l’on fête de si haute littérature, et c’était charmant, l’espèce de griserie poétique qui nous avait tous pris, hommes et femmes. […] L’homme a une élégance fluette, élancée, et des yeux d’une douceur charmante.

571. (1848) Études critiques (1844-1848) pp. 8-146

À ce moment sérieux pour nous, nous ressentons comme une crainte d’avoir été trop sévère, et feuilletant les volumes que nous avons sur notre table, nous nous souvenons des impressions charmantes que nous leur avons dues ; cette pensée nous fait réfléchir. […] Charmante imagination royale ! […] Campe, surtout, le respectable libraire, était d’une jovialité charmante. […] Sainte-Beuve ne se trompe pas quelquefois ; le contraire serait à peine croyable ; mais prenons qu’il erre souvent et tombons d’accord aussi qu’il est tout à fait charmant de se laisser égarer par lui, tant il y a de piquant et d’ingénieux dans ces indiscrétions littéraires. […] Il a beaucoup aimé André Chénier, et certes, il a eu raison ; mais ce poète charmant trompe aujourd’hui plus de gens qu’il n’en éclaire.

572. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « [« Pages extraites d’un cahier de notes et anecdotes »] » pp. 439-440

Il s’en pique ; déjà il ne l’aimait plus et avait eu des liaisons avec Mme Talma (Julie) dont il a laissé un portrait si charmant.

573. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — E — Elskamp, Max (1862-1931) »

Sa poésie est charmante et purificatrice… Max Elskamp chante comme chante un enfant ou un oiseau de paradis.

574. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Franc-Nohain (1873-1934) »

il chante les nostalgies de la petite éponge qui s’étiole parmi les objets de toilette et songe à sa jeunesse vécue sur un libre rocher couvert d’algues vertes, en pleine mer, dans la familiarité sauvage des crabes, des homards et des crevettes… Les fables de Franc-Nohain, ingénues, falotes et charmantes, sont certes d’une puissante gaîté.

575. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Louÿs, Pierre (1870-1925) »

Seul, en effet, le génie charmant qui habite son front a inspiré à M. 

576. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — N — Nodier, Charles (1780-1844) »

En avançant dans la vie, il modula, sur un ton plus humble, des inspirations plus charmantes.

577. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Soulary, Joséphin (1815-1891) »

Oui, cette forme curieuse, bizarre, ce jouet charmant, mais qui n’est qu’un jouet, est le mode préféré, que dis-je ?

578. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Ollivier » pp. 299-300

La couleur locale est charmante partout.

579. (1890) Le massacre des amazones pp. 2-265

Certes il en est de charmants, mais ils rappellent une manière connue. […] Ce qui dans un livre d’homme serait ingéniosité et amusante trouvaille littéraire est ici charmant de spontanéité : une douceur épeurée de mains féminines qui vont frôler une blessure. […] *** Joseph de Nittis fut un peintre charmant. […] Marni, écrivain charmant et pénétrant dans ses dialogues, est inférieure dans les notes qu’elle signe Simone à l’Écho de Paris. […] Sully-Prudhomme la présente en une préface charmante, un peu longue seulement et ennuyeuse.

580. (1895) Impressions de théâtre. Huitième série

. — Rotrou était charmant : une grande habitude du monde, une mine haute et fière. […] Le symbole est charmant, et il est clair. […] Cela est charmant aux yeux et, çà et là, glorieux et sonore aux oreilles. […] que le troisième acte, presque tout entier, est charmant ! […] Ce gros homme paresseux et inutile est charmant, quand même, de bienveillance adipeuse.

581. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

Il avait trente-deux ans ; elle en avait vingt-huit et elle était très belle et jolie et charmante, comme dit M.  […] Quelle charmante et pénétrante conférence j’ai entendue jadis à l’Odéon sur ce sujet ! […] Il était charmant et charmeur. […] La pièce est charmante. […] Champfleury oublie de se négliger, et cela arrive fort souvent, Dieu merci, sa forme devient charmante ».

582. (1905) Propos littéraires. Troisième série

Sous les plis charmants de ton voile, elle sourit. […] Il se sentait devenir plus pur, plus charmant et plus grand à savoir toujours davantage. […] Mais communiquer aux autres l’espérance que l’on n’a point, est-ce pas meilleur encore et plus charmant ? […] Elle est charmante. […] C’est la phase la plus charmante et la plus entêtante aussi.

583. (1902) Propos littéraires. Première série

Tout cela est plaisant, ridicule, spirituel et charmant. — Et vrai ! […] Elle est charmante, comme tout ce qu’écrivait M.  […] Cela fait une moitié de volume au moins tout à fait distinguée et toute charmante. […] Rien ne lui manque de toutes les qualités aimables, charmantes, délicates et incolores. […] Parfaitement incapable de prendre au sérieux cette philosophie, je suis très capable de la trouver charmante.

584. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXVIII » pp. 113-116

Cette jeune femme était en effet charmante, sensée, fine, discrète et au-dessus de son âge.

585. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gregh, Fernand (1873-1960) »

Erreur charmante, qui ne nuisait en rien au mort — tant le Menuet est le pastiche de la pièce : Chanson d’automne dans les Poèmes saturniens — et qui devait être si bienfaisante pour le jeune écrivain un moment frustré.

586. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Schwob, Marcel (1867-1905) »

Mais les cadres, les sujets, et jusqu’aux tons de conversation du poète antique, voilà ce que s’est assimilé Marcel Schwob, avec l’aisance charmante d’un talent averti patient et heureux.

587. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Strada, José de (1821-1902) »

Il ne commandera pas non plus au respect, parce qu’il ne sut pas — ou ne voulut pas — donner à son art la forme impeccable devant laquelle s’agenouillent si dévotement les jeunes, qui sont de si charmants et de si vains poètes.

588. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviie entretien. Un intérieur ou les pèlerines de Renève »

Le pays devenait charmant de plus en plus, mais toujours aussi sauvage. […] Personne ne lui avait parlé de vous, mais à la vue de votre maigreur, de votre pâleur et des femmes qui vous parlaient à table, il a demandé qui vous étiez, et ayant appris que pendant que votre père était à gagner son pain et le vôtre aux moissons, vous restiez toute seule avec des pommes de terre souvent gâtées et la peur des loups à la maison, il n’a point eu de repos, ainsi que ses charmantes filles, qu’il ne vous ait obtenu ce changement d’état. […] Nous redescendîmes par un joli hameau champêtre appelé le village de la Nourrice, du nom d’une pauvre femme qui donna son lait à votre charmante fille. […] XXVI Un quart d’heure après je leur présentai mes charmantes nièces, ces fleurs qui croissent sur mes ruines et quelques hôtes du château qui étaient venus en charmer les dernières bonnes heures.

589. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre troisième »

Ces restes de l’esprit gaulois auraient cédé naturellement place à l’esprit français entrevoyant pour la première fois, sous les mots charmants de tragédie et de comédie, l’idéal d’un art que le dix-septième devait réaliser. […] Le même charme qui attirait nos pères nous y attire nous-mêmes, quoique nous n’ayons plus le tour d’imagination de l’époque, qui faisait aimer jusqu’aux défauts d’une si charmante nouveauté. […] Voilà pourquoi Chimène, si spirituelle et si subtile quand elle combat son amour par son devoir, est d’une bonne foi si naïve et d’un naturel si charmant quand elle laisse parler sa passion. […] Oserai-je la comparer au premier épanouissement d’une fleur, plus belle quand elle s’est ouverte tout entière, plus charmante quand elle vient de s’entrouvrir ?

590. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre III »

Elle se révèle à ce trait charmant, et vous reconnaissez en elle une de ces grandes dames naturelles, qui peuvent naître sans déroger dans une cabane ou dans une boutique ; car c’est au cœur qu’elles portent leur blason. […] Augier : au milieu de toute sorte de qualités discrètes et charmantes, elles ont un coin de sentimentalité prétentieuse. […] Quant à cette Caliste, si tendre d’ailleurs et si charmante par endroits, le moyen de ne pas la trouver un peu maniérée dans ses cantiques éternels à la pauvreté ! […] Il est charmant, ce premier acte, habilement fait, largement posé, plein d’engagements et de promesses ; il n’a qu’un tort, celui de promettre ce que les actes suivants ne tiendront pas.

591. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1876 » pp. 252-303

Vendredi 7 janvier Chez Daudet, gai et charmant dîner, autour d’une soupière de bouillabaisse et d’un rôti de grives de Corse. […] Mon petit Pierre Gavarni expliquait, ce soir, assez ingénieusement, le talent de Fromentin : un manque d’études suivies, une inexpérience curieuse du métier de la grande peinture, mais le jet sur la toile d’un milieu et d’une heure, que le peintre peuple après d’Arabes et de chevaux mal dessinés et incomplètement peints, mais qui sont au fond charmants, presque vrais, et qui vivent par l’exquise et poétique trouvaille de la nature ambiante. […] Il disait encore : « La musique, je crois encore que j’étais né pour en faire, c’est étonnant comme les airs m’arrivent naturellement, et il chantonnait un air qui était une réminiscence de : Au clair de la lune… » Seulement chez lui, aucune bêtise administrative… Il a été toujours charmant pour moi, ne me demandant que de me faire couper les cheveux… Ce qu’il y a de curieux, c’est par quoi je l’ai séduit. […] Il me semblait entendre un très charmant et très méchant fou, venant dire à notre table, sous une forme quelconque, leurs vérités à nos seigneurs les démocrates.

592. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — IV. La Poësie dramatique. » pp. 354-420

On accuseroit aujourd’hui de maladresse, selon ces mêmes défenseurs de nos tragédies attendrissantes, un poëte qui négligeroit de plaire aux femmes, de mettre dans ses intérêts cette charmante partie des spectateurs, un poëte qui croiroit trouver les cœurs accessibles à d’autres mouvemens que ceux de l’amour. […] Il faut convenir que la pièce est charmante, pleine de sentiment & de chaleur. […] On peut voir son épigramme sur les deux Thalies, dont l’une simple & charmante a le rire de Vénus  ; & l’autre, nouvellement introduite est froide & pincée . […] Nanine, la charmante comédie de Nanine, fut encore un essai dans le même genre.

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