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1105. (1902) Propos littéraires. Première série

J’aimerais mieux qu’on lût davantage les auteurs eux-mêmes. […] On nous lit comme on lit les auteurs, parce que nous sommes intéressants. […] Tous les auteurs ne sont bien compris que de ces deux façons-là. […] C’était le petit camarade de l’auteur. […] L’auteur de Ohé !

1106. (1874) Premiers lundis. Tome I « Anacréon : Odes, traduites en vers française avec le texte en regard, par H. Veisser-Descombres »

Je me bornerai à l’imitation suivante, dans laquelle Ronsard a substitué à l’idée de l’auteur grec une idée tout aussi gracieuse, et l’a revêtue de formes encore plus charmantes : Les Muses lièrent on jour De chaînes de roses Amour ; Et, pour le garder, le donnèrent Aux Grâces et à la Beauté, Qui, voyant sa desloyauté, Sur Parnasse l’emprisonnèrent. […] Plus fidèle à son auteur, il doit quelquefois à cette exactitude même d’assez heureuses rencontres, témoin ces vers de l’ode suivante :  L’oiseau fend l’air ; le poisson nage ;  Le lièvre, au défaut de courage,  Sait déployer l’agilité ; L’homme seul eut pour lui la prudence en partage. […] Cette traduction d’ailleurs, qui peut aider à l’interprétation de l’auteur grec, est accompagnée d’un texte élégant, et suivie des nombreuses imitations anacréontiques tirées de nos meilleurs poètes.

1107. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 181-190

Le but que l’Auteur s’y propose, est de développer les erreurs dans lesquelles nous entraînent les sens, l’imagination, les préjugés, l’esprit, quand il est abandonné à lui seul, & principalement les passions, principe général de toutes nos méprises. […] On doit penser qu’un pareil Ouvrage étoit fait pour s’attirer des critiques ; aussi ne manqua-t-on pas de s’élever contre plusieurs des opinions de l’Auteur. […] Il eût été difficile d’être en liaison particuliere avec un homme toujours plein d’un systême qu’on eût rejeté ; & si l’on recevoit le systême, il n’étoit pas possible qu’on ne goûtât infiniment le caractere de l’Auteur, qui n’étoit, pour ainsi dire, que le systême vivant.

1108. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 308

Blondel, [David] Ministre Protestant, né à Châlons en 1581, mort à Amsterdam en 1655, Auteur de plusieurs Ouvrages pleins de recherches, mais mal écrits. […] Cette célébrité s’est perdue dans la nuit du temps ; car les Ouvrages de cet Auteur sont aujourd’hui inconnus même à la plupart des Bibliographes.

1109. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » p. 420

On a de cet Auteur un Ouvrage intitulé : L’origine des Loix, des Sciences, & de leurs progrès chez les anciens Peuples, où l’on considere le progrès des connoissances humaines, depuis Adam jusqu’à Cyrus. […] Le travail, il est vrai, s’y fait plus sentir que le génie ; mais le génie perce quelquefois de maniere à donner une idée très-favorable des vûes & du mérite de l’Auteur.

1110. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 342

Ses Amusemens philosophiques offrent une variété de sujets qui plairoit davantage, par les vûes excellentes qui y étincellent de temps en temps, pour peu que le style en fût plus naturel, & dégagé d’un entortillage que l’Auteur a peut-être pris pour de la force, mais qui n’est, dans le fond, qu’un effort pénible d’imagination, qui conduit à l’obscurité. […] Mais un Auteur sans prétention, qui travaille moins pour la gloire que par attrait, ne doit pas être jugé à la rigueur, d’autant plus que celui-ci a, par intervalles, des lueurs de talent, propres à faire oublier ses défauts.

1111. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Victor Hugo »

c’est un usage de tous les temps dans les journaux que, quand on y introduit des citations de quelque auteur, ces citations sont imprimées en petit texte, ou du moins en caractères plus fins que l’article du critique qui veut bien les faire. […] Et pourtant ce livre, attendu comme tout ce que fait encore son auteur, n’a pas produit l’effet que devaient certainement espérer son orgueil et le fanatisme de ses amis. […] L’auteur nous dit : en Angleterre. […] … Autrement dit, prévoit-elle que les redites de l’auteur lui imposeraient des redites à elle-même ? […] Rien de changé d’ailleurs ici dans les déportements de l’auteur des Misérables.

1112. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 136-137

Plusieurs Poëtes s’empresserent de lui adresser des Madrigaux, des Epîtres : l’Auteur de la Henriade y fut trompé comme les autres, & lui fit des déclarations. […] Cette anecdote prouve combien l’indulgence est naturelle à l’égard des femmes, & combien sont plus prudens les Auteurs qui continuent d’emprunter le nom de quelques-unes pour en parer leurs Ouvrages, sans dévoiler indiscrétement le mystere.

1113. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 306

Cet Ouvrage, dont le style a vieilli, annonce un Critique consommé dans l’étude des Auteurs Grecs & Latins, & donne à l’Auteur le droit de figurer à la tête de tous les Mythologues qu’a produits notre Nation, sans en excepter le savant Abbé Bannier.

1114. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » p. 509

Si ses Ecrits manquent d’élégance, ils ont du moins cette noble simplicité qui suppose la conviction dans l’Auteur, & offrent cette abondance de preuves & cette clarté de raisonnement, qui persuadent tout esprit droit & impartial. […] Quoique cet Ouvrage ne soit pas aussi piquant que le plan de l’Auteur sembloit le promettre, il n’en annonce pas moins un homme zélé pour les bons principes, & digne en cela de l’estime & de la reconnoissance de tous les Citoyens qui s’intéressent à la gloire de la Religion & au maintien des bonnes mœurs.

1115. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » p. 528

On a répandu du ridicule sur sa personne & sur ses Ouvrages, mais il pouvoit être un homme simple & crédule, sans être un Auteur médiocre. […] Poinsinet a été véritablement l’Auteur de la petite Comédie du Cercle, on peut dire que, tout ridicule qu’il pouvoit être, il savoit assez bien saisir & peindre le ridicule de la plupart de nos Sociétés.

1116. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — W. — article » p. 523

Le nouveau Grammairien auroit dû au moins répandre quelque jour sur les connoissances que nous devons aux Auteurs qu'il a mis à contribution ; mais il s'en faut bien qu'il se soit donné cette peine, si indispensable quand on travaille pour les Jeunes gens. […] L'Auteur de la Grammaire Françoise n'eût pas dû l'oublier.

1117. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre V. De la lecture. — Son importance pour le développement général des facultés intellectuelles. — Comment il faut lire »

Si l’on visait à donner une connaissance pratique de l’ancienne langue, si l’on avait aussi de bons textes appropriés aux nécessités scolaires, ce ne serait pas une grande affaire, et ce serait un plaisir de lire couramment quelques vieux auteurs. […] Ils écarteront tous les rhétoriqueurs, versificateurs, imitateurs, déclamateurs : ceux qui ont dit quelque chose, quoi qu’ils aient dit, et qui l’on dit excellemment, voilà les auteurs où ils doivent s’appesantir. […] Il faut se mêler pour ainsi dire à sa lecture, jeter tout ce qu’on a d’esprit et d’idées acquises à la traverse des raisonnements de l’auteur, le contrôler par sa propre expérience, et contrôler la sienne par lui. […] Pour se faciliter la tâche, il ne serait pas mauvais de prendre de ces livres comme il y en a — et d’admirables parfois — qui choquent, irritent, exaspèrent, et qui donnent envie de penser autrement que l’auteur. […] Vous nierez que la sympathie, l’admiration dont on ne peut se défendre pour Alceste aillent contre le but de l’auteur, et vous reconnaîtrez au contraire que c’est un des plus merveilleux effets du génie de Molière, d’avoir su unir dans un même caractère la sympathie et le ridicule, comme il a su associer dans don Juan la souveraine grâce et l’odieux.

1118. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Bossuet, et Fénélon. » pp. 265-289

» Que ces paroles devoient faire une impression profonde dans le cœur tendre & vertueux de l’auteur de Télémaque, lui dont l’imagination s’embrasoit par l’idée de la candeur & de la vertu, comme celle des autres s’enflamme par les passions ! […] L’auteur des Maximes des Saints vouloit y rectifier tout ce qu’on reprochoit à madame Guyon. […] Le monarque étoit prévenu contre l’auteur & contre son systême. […] Il fut imprimé la première fois sur une copie qu’un domestique de l’auteur lui vola. […] Les auteurs de cette anecdote veulent, sans aucun fondement, que le neveu de Bossuet l’ait publiée.

1119. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — I. La Poësie en elle-même. » pp. 234-256

Platon, qui en avoit une des mieux organisées, est le premier auteur du systême anti-poëtique. […] Au nom d’Arioste, de l’auteur du poëme d’Orlando furioso, tous ces brigands tombèrent à ses pieds, l’assurèrent qu’il n’avoit rien à craindre, l’accablèrent d’honnêtetés, & le reconduisirent jusqu’à la forteresse ; ajoutant que la qualité de poëte leur faisoit respecter, dans sa personne, le titre de gouverneur. […] Rollin, en condamnant l’usage des fictions dans un poëte chrétien, n’interdit point certaines figures hardies qui font image, & par lesquelles on donne de la voix, du sentiment, de l’action même aux choses inanimées : « Il sera toujours permis, dit il, d’adresser la parole aux cieux & à la terre ; d’inviter la nature à louer son auteur ; de supposer des aîles aux vents pour en faire les messagers de dieu ; de prêter une voix de tonnerre aux cieux pour publier sa gloire ; de personnifier les vertus & les vices. […] Cest en suivant l’exacte vérité, qu’à travaillé l’auteur de la Henriade. […] Ses poësies ne sont point indignes de lui, quoiqu’on ait dit qu’elles ne sont que des plagiats ; qu’on y voit moins son esprit que celui des autres ; que l’auteur a fait des vers dans notre langue, comme nous en faisons dans celle des Romains.

1120. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — Se connaître »

L’auteur, prenant texte des déclarations pessimistes de ceux qui se déclarent « inquiets des signes d’épuisement trop visibles » que présente notre pays, se propose de démontrer que ce pessimisme est tout à fait hors de saison. « Sommes-nous si malades ?  […] » se demande l’auteur. […] Voici trois textes qui ont été écrits presque simultanément, sous l’empire de la même impression pourrait-on dire, et qui semblent révéler de la part de leurs auteurs, une certaine tendance momentanée à l’esprit de comparaison et au sentiment de la réalité. […] Je sais bien qu’il y a quelque dilettantisme et quelque littérature dans les phrases pessimistes que nous venons de citer, et que leurs auteurs ne sont peut-être aussi persuadés qu’ils en ont l’air. […] Foncin, l’auteur des Géographies scolaires, d’aussi véridiques paroles : « Si nous voulons, nous, Français, conserver une place dans le monde et résister aux flots anglo-saxon, allemand, américain, russe, qui menacent de nous submerger, nous, notre commerce, notre industrie, notre agriculture, notre richesse, notre race, notre influence politique et intellectuelle, il faut, par un vigoureux effort, sortir de nous-mêmes…. »‌ 52.

1121. (1904) Zangwill pp. 7-90

Zangwill Le cahier que l’on va lire nous a été apporté tel que par le traducteur, mademoiselle Mathilde Salomon, directrice du Collège Sévigné, 10, rue de Condé, Paris sixième ; le nom du traducteur et sa qualité recommandaient amplement le cahier ; le nom de l’auteur n’est point connu encore du public français ; il m’était totalement inconnu. Quand nous ne connaissons pas le nom d’un auteur, nous commençons par nous méfier ; et par nous affoler ; nous nous inquiétons ; nous courons aux renseignements ; nous nous trouvons ignorants ; nous sommes inquiets ; nous demandons à droite et à gauche ; nous perdons notre temps ; nous courons aux dictionnaires, aux manuels, ou à ces hommes qui sont eux-mêmes des dictionnaires et des manuels, ambulants ; et nous ne retrouvons la paix de l’âme qu’après que nous avons établi de l’auteur, dans le plus grand détail, une bonne biographie cataloguée analytique sommaire. […] Ce n’est pas moi qui invente ce circuit, cette circumnavigation mentale excentrique ; c’est mon auteur ; ce sont tous nos auteurs ; je me reporte à ce La Fontaine et ses fables, qui eut tout l’éclat, qui reçut tout l’accueil, et qui obtint tout le succès d’un manifeste ; il s’agit d’étudier La Fontaine et ses fables ; si nous commencions par parler d’autre chose ; et voici la préface : « On peut considérer l’homme comme un animal d’espèce supérieure, qui produit des philosophies et des poëmes à peu près comme les vers à soie font leurs cocons »,… À peu près ! […] Volontiers il citerait Platon et remonterait au déluge pour expliquer les faits et les gestes d’une belette, et, si l’on juge par l’issue »,… Il n’a pas bien vu toute la malice du bonhomme remontant exprès aux sources, aux citations, aux causes bizarrement éloignées ; il n’a pas bien vu tout ce qu’il y a de Molière comique dans La Fontaine, et cette fausse ou amusante érudition, qui n’est qu’une parodie amusée de l’érudition cuistre ; il enrégimente un peu vite son auteur parmi les historiens modernes. […] Le bonhomme avait prévu tout cela ; il en avait prévu bien d’autres ; il avait, croyons-le, nommément prévu Taine ; il savait qu’un faisceau est plus et autre que la somme arithmétique des dards ; il savait que l’homme est plus et autre que la somme arithmétique des sections, qu’un livre est plus et autre que la somme arithmétique des chapitres ; séparer les éléments du faisceau, c’est le meilleur, c’est le seul moyen de le rompre ; mais dans l’histoire il ne s’agit pas de rompre la réalité, de briser son auteur, de fracturer son texte ; il faut les rendre, les entendre, les interpréter, les représenter ; on me permettra de citer sur une édition non savante : Un vieillard près d’aller où la mort l’appeloit, Mes chers enfants, dit-il, (à ses fils il parloit), Voyez si vous romprez ces dards liés ensemble.

1122. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 217-218

Peu d’Auteurs ont autant mérité que lui de leurs contemporains, & ont plus travaillé à se rendre utiles à leurs descendans. […] Il a écrit sur la Marine, sur diverses parties de l’Agriculture, sur plusieurs branches de Commerce, sur les Arts mécaniques, & peut être regardé, dans tous ces Ouvrages, comme un Auteur élémentaire.

1123. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » p. 293

] né à Besançon, Auteur de plusieurs Drames médiocres qui n’ont eu aucun succès, malgré le goût de la multitude pour les tableaux tristes & déchirans. […] Fenouillot une espece de Tragédie intitulée les Jammabos, où l’Auteur se déchaîne courageusement contre des hommes respectables qui n’existent plus, & qui existeroient encore s’ils n’avoient eu pour ennemis que des détracteurs de cette espece.

1124. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — J. — article » p. 514

Quelques-uns des nôtres en ont, sans doute, jugé de même ; car il est facile de reconnoître dans leurs Discours plusieurs morceaux de cet Auteur. […] Le style de cet Auteur est coulant & rapide, mais incorrect, négligé ; défaut ordinaire à ceux qui écrivent en pays étranger, où l’Ecrivain oublie son langage, & où les Lecteurs ne sont pas difficiles à contenter.

1125. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. THIERS. » pp. 62-124

Thiers sont d’un heureux augure ; elles attestent déjà un auteur qui pense par lui-même et qui n’a nullement besoin de déclamation ; elles n’ont pas d’efforts, et elles ont de la portée. […] Marseille, qui se croyait encore royaliste, y est démontrée la cité la plus démocratique du Midi ; et, lui promettant dans un très-prochain avenir l’union de la richesse et des lumières, l’auteur finit le tableau d’un trait : « Il tient à son sol, à son sang, de tout faire vite, le bien comme le mal. » Mais je n’aurais pas tout dit de cet écrit presque oublié, et je croirais manquer à ce que la critique doit aux premiers essais de l’auteur qu’il étudie, si je n’indiquais, ou plutôt si je n’extrayais tout un tableau qu’on ne songerait pas à y chercher, et qui me semble la perfection même. […] L’auteur ne raffine jamais sur le détail, et on ne s’arrête pas un instant chez lui à l’écrivain. […] L’auteur tient encore, et avec raison, à cet ancien travail dans lequel il jeta ses propres idées sur les banques. […] Duchâtel parla de ce travail sur Law, dans deux articles du Globe (2 et 12 août 1826), et discuta, avec quelque contradition et en toute franchise, certaines des idées financières, relatives au papier-monnaie, que l’auteur y avait rattachées.

1126. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE CHARRIÈRE » pp. 411-457

Pour qui, il y a vingt ans, a jeté parfois un œil curieux, dans une attente chérie, et a promené une main distraite sur quelqu’un de ces volumes préférés, rien de plus connu que Caliste, ou Lettres écrites de Lausanne ; rien ne l’est moins que l’auteur. […] Au titre de l’ouvrage, on croirait l’auteur de Lausanne même ou de la Suisse française. […] Le bien, c’est qu’il n’y a pas eu ici ombre de système, rien qui sente l’auteur ; rien même qui sente le peintre : ce délicieux Terburg est venu sans qu’il y ait eu de pinceau. […] Je vous remercie, Auteur de tout ce que je vois, d’avoir voulu que ces choses fussent si agréables à voir. […] Amsterdam, petit in-12 de 119 pages, sans nom d’auteur.

1127. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Gabriel Naudé »

Montjoie, l’auteur des Quatre Espagnols, si oublié, ne prit que le temps d’y entrer, de s’en réjouir et d’y mourir. […] Ôtez encore une fois l’enveloppe et l’écorce, je résume le sens et j’appelle mon auteur par son vrai nom : un sceptique moraliste sous masque d’érudit. […] Composé, on le voit, en vue d’un patron, comme la plupart de ses autres écrits, celui-ci du moins nous traduit la plus chère des pensées de l’auteur, sa véritable et intime passion. […] Je ne pousserai pas si loin, en parlant de Naudé, la transfusion et la métamorphose, je serrerai de près mon auteur, sans pour cela m’y confondre ni l’approuver. […] Quoi qu’il en soit, le coup était porté pour l’auteur même ; l’intégrité et l’honneur de l’œuvre unique avaient péri

1128. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1890 » pp. 115-193

Descendant l’escalier : « Vous ne savez pas… figurez-vous qu’en venant chez vous j’ai rencontré un auteur… Connaissez-vous Grenet-Dancourt ? […] Mais il y a contre les auteurs les mauvaises dispositions de la presse théâtrale, et j’entends au milieu d’applaudissements frénétiques, un jugeur chic s’écrier : « Ça ne peut pas avoir de succès ! […] Et d’après les paroles du dîneur, il me semble que Dostoïevsky, est dans ces années, l’auteur le plus russe, l’auteur reproduisant le plus fidèlement l’âme de ses compatriotes. […] Et pour les êtres, dont Flaubert a peuplé le monde de ses livres, ce monde fictif à l’apparence réelle, l’auteur s’est trouvé posséder cette faculté créatrice, donnée seulement à quelques-uns, la faculté de les créer, un peu à l’instar de Dieu. […] D’un lunch, dont Maupassant nous a fait luire l’offre, tout le trajet du chemin de fer de ce matin, il n’est plus question, avec la disparition de l’auteur normand chez un parent.

1129. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » p. 327

Cet Auteur a su parer des graces de la Littérature, les richesses de l’Erudition. […] Ses Dissertations, insérées dans les Mémoires de l’Académie des Inscriptions & Belles-Lettres, sont autant de morceaux précieux qui enrichissent ce Recueil, & prouvent que la délicatesse de notre Langue n’étoit pas moins familiere à leur Auteur, que celle des Latins.

1130. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 220

Marin, un grand respect pour la Morale & la Religion », sont autant de traits dignes d’éloges, auxquels l’Auteur de l’Année Littéraire paye un juste tribut. L’Histoire de Saladin mériteroit l’estime des Savans, quand elle ne feroit recommandable que par les recherches qu’elle suppose, & la clarté avec laquelle l’Auteur a su débrouiller les fastes obscurs de la Chronologie arabesque ; mais une qualité plus estimable, c’est l’adresse avec laquelle il a su dire la vérité, sans insulter aux préjugés du Public.

1131. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — O. — article » p. 429

L’érudition de cet Auteur n’est point parasite ; elle est instructive, quelquefois agréable, & toujours nécessaire. […] Il y a un autre Auteur du même nom, Conseiller en la Cour des Monnoies, né aussi à Reims en 1736, dont nous connoissons quelques Poésies fugitives, qui supposent le talent d’exprimer de petites choses d’une maniere aussi facile qu’agréable, & un Dictionnaire des origines, qui donne une idée trop succincte des objets qui en font la matiere.

1132. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » p. 50

Rapin, [Nicolas] Grand Prévôt des Maréchaux, né à Fontenai-le-Comte, mort à Poitiers en 1609, âgé de 60 ans, & selon quelques Auteurs, de 74 ; Poëte Latin & François, plus connu par la part qu’il eut à la Satyre Ménippée, que par ses Ouvrages qu’on ne lit plus. […] La tournure & l’expression de cette épitaphe peuvent donner une idée des talens & de la présomption de l’Auteur, aussi bien que du ton du Siecle où il écrivoit.

1133. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » p. 167

Il a fait dix-neuf Pieces de Théatre, mortes avant lui, & seize Traductions d'Auteurs Latins, qui ne lui ont pas survécu. […] Et un Auteur de son temps n'a-t-il pas eu raison de dire de ce Poëte : magis fami quàm famæ inserviebat ?

1134. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « François Ier, poëte. Poésies et correspondance recueillies et publiées par M. Aimé Champollion-Figeac, 1 vol. in-4°, Paris, 1847. »

Richelieu, qui était presque un roi, s’est donné un ridicule avec ses prétentions d’auteur. […] Brantôme, qui parle avec de grands éloges du talent poétique de la reine d’Écosse, nous apprend qu’on lui attribuait déjà, dans le temps, des vers qui ne ressemblaient nullement à ceux de l’aimable auteur, et qui, selon lui, ne les valaient pas. […] Quand, au lieu de copier, on en vint à traduire, on se sentit encore plus autorisé, et l’on prit de toutes mains, en disant les noms des auteurs ou en les taisant, indifféremment. […] Les railleries à la Brantôme et les demi-sourires, dont on pouvait jusqu’alors s’accorder la fantaisie en prononçant le nom de l’auteur de l’Heptamèron, ont fait place peu à peu à une appréciation plus sérieuse et plus fondée. […] Chaque auteur y entrerait, selon son rang, avec un bagage très-allégé.

1135. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIVe entretien. Mélanges »

Le volume m’était arrivé, sans nom d’auteur, par la poste. Les premières pages me transportèrent à d’autres temps, et, bien que je ne fusse pas dévot à la manière de l’auteur, ses doctrines exaltées et passionnées, la nouveauté et la perfection de son style me firent croire pendant quelques jours que l’auteur anonyme de ce livre, encore inconnu pour tout le monde, ne l’était pas pour moi. […] Quand j’eus fini, j’écrivis à Louis de Vignet que je l’avais reconnu et que je le priais de m’avouer son subterfuge ; on m’écrivit de Paris quelques jours après, pour me nommer l’auteur de cette belle diatribe. […] Gosselin continua à des prix tout différents à éditer pendant plusieurs années l’auteur qu’il avait créé. […] J’ai fait à l’auteur les observations que vous faites vous-mêmes, il les a consenties et vous pouvez être rassurés.

1136. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre dixième. »

Pour les grands auteurs dramatiques, on n’est pas d’aussi bonne composition ; on ne se rend pas après Corneille, Racine, Molière ; on a imaginé des théories qui permettent de faire mieux, ou tout au moins de tenter autre chose. […] Une autre fois, La Rochefoucauld, l’auteur des Maximes, lui donne un sujet de fable. […] Par elle il remonta jusqu’aux poètes du seizième siècle, dont plus d’un excellent tour était passé de mode ; par ces poètes il donnait la main aux auteurs des fabliaux. […] Ses illustres amis cultivaient plus étroitement certains auteurs ; La Fontaine pratique l’antiquité tout entière ; il pensait même en être ridicule, comme quelqu’un qui s’opiniâtrerait à une vieille mode. […] Il se fit auteur licencieux par laisser-aller, sans se douter qu’il fît tort aux mœurs.

1137. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « II »

Presque tous ceux qui s’occupent aujourd’hui de Wagner, le considèrent comme un artiste puissant, inventeur de nouveaux procédés qui rendent ses drames meilleurs que ceux des auteurs précédents. […] Gefühle Nous pouvons dire en France que nos auteurs à la mode ont le public qu’ils méritent, et que le public mérite et au-delà les auteurs dramatiques qu’il paie. Les uns et les autres ont un théâtre à la portée de leurs œuvres ou de leurs appétits ; les auteurs sont généralement incapables d’imposer un enseignement, une vérité au moyen de l’art ; le public n’est pas susceptible d’accepter la réalité dans l’art non plus que l’art dans la réalité. […] Le critique marque les oscillations de la mode entre le public et les auteurs, et ne juge sévèrement les derniers que pour plaire au public, n’ayant ni le courage, ni la sagesse de comprendre que le légitime objet de la préoccupation incessante du critique, ce doit être le public. […] A la fin de sa vie, il défend le végétarisme et combat la vivisection, en particulier dans sa Lettre ouverte au docteur Ernst von Weber, auteur de l’essai sur «  les chambres de torture de la science  », publiée en 1879.

1138. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gill, André (1840-1885) »

De ce minuscule ouvrage de poésies, souvent volontairement risquées et vraiment peu recommandables dans les couvents et dans les lycées, j’extrais une pièce qui m’a paru charmante de grâce et de forme ; elle est écrite sans prétention et rappelle par certains côtés la délicate manière de Murger et de Thiboust : Le Chat botté… Pas de nom d’auteur ! […] Aujourd’hui que l’auteur est mort, j’ajoute que ce charmant petit poème était d’André Gill, le grand caricaturiste, qui a laissé d’exquises poésies manuscrites.

1139. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 293

A l’âge de près de soixante ans, il commença à se douter qu’il pouvoit devenir Auteur ; exemple rare dans un siecle, où l’on n’attend pas si long-temps à se croire en droit d’assommer le Public par ses Ecrits. […] Au reste, le nom de cet Auteur peut augmenter la liste des Ecrivains infortunés.

1140. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 365-366

Cet Auteur employa la métaphysique la plus profonde en faveur de la prémotion physique, c’est-à-dire qu’il travailla beaucoup pour établir un systême dont le moindre défaut est d’être incertain, & dont les conséquences, de l’aveu des meilleurs Théologiens, sont de porter atteinte à la liberté de l’homme. […] A cela près, l’Auteur a su en rendre la lecture intéressante ; ce qui n’est pas un petit mérite dans un Ouvrage de pure Métaphysique.

1141. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » p. 199

On y trouve des ressources infinies pour l’éclaircissement de l’Histoire, pour l’explication des mots hors d’usage, pour l’intelligence des Auteurs Grecs & Latins, tant des beaux siecles de leur Littérature, que des siecles où cette Littérature commença à s’affoiblir & se dégrader. […] Leur gloire n’est pas aussi brillante que celle des Auteurs ingénieux & agréables ; elle est plus solide.

1142. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » p. 134

L’Auteur y critique, avec les égards dus à un de nos premiers Ecrivains, plusieurs observations de M. de Buffon. […] Peut-être les pensées qu’il eût tirées de son propre fonds, n’eussent-elles pas été aussi sublimes que celles de l’Auteur des Provinciales ; mais on peut juger, par ses Ouvrages, qu’il étoit en état de composer un bon Livre, sur un aussi solide fondement.

1143. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 173-174

Le principal objet de l’Auteur est d’expliquer, par des conjectures bizarres, les différentes révolutions de notre Globe. […] Après tout, les Auteurs où ils ont puisé les rêveries qu’ils débitent, ne valent guere mieux que Telliamed.

1144. (1887) Essais sur l’école romantique

Est-ce que l’auteur a voulu nier la liberté humaine ? […] Pouvais-je obtenir pour le critique un loisir que l’auteur obtient à peine pour lui ? […] Se rencontre-t-il un homme d’un cœur assez libéral pour aimer l’auteur, sans haïr le critique ? […] Son attention est ailleurs : les écrivains ; auteurs et critiques, n’en ont que le rebut. […] L’auteur luttait avec courage contre les répugnances du public et ses hésitations, plus difficiles à emporter que ses répugnances ; la critique prêtait son aide désintéressée à l’auteur, mais sans lui inféoder son suffrage à tout jamais.

1145. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — La synthèse »

— Nous avons terminé l’énoncé des raisonnements qui permettent de déduire de l’analyse d’une œuvre d’art la connaissance précise, scientifique, — c’est-à-dire intégrable dans une série de notions analogues conduisant à fonder des lois — de l’œuvre même, de son auteur, des groupes d’hommes en qui l’œuvre produit une émotion esthétique. […] C’est ce groupe, ses principaux représentants, sa formation, sa durée, sa condition, ses mœurs, que la synthèse sociologique devra retrouver avec de délicats procédés d’enquête, conjecturant, décrivant, résumant, agglomérant les données les plus hétérogènes, parvenant enfin à exprimer visiblement les créatures dans lesquelles a vécu l’esprit de l’œuvre et de son auteur. […] Taine reprend toute sa valeur et toute son importance ; elle est celle qu’il faut prendre pour tenter de recréer en pleine vie le groupe d’individus humains dont on aura déterminé grossièrement mais exactement le mécanisme interne par l’analyse de leurs admirations, et que l’on aura appris à considérer, non plus comme les producteurs premiers ni de l’œuvre qui les rallie, ni des œuvres de leur temps, mais au contraire comme des êtres faiblement semblables à l’auteur de ce qui les émeut, et fixés dans cette similitude par cette émotion même. […] Les contemporains, les auteurs de mémoires, les comiques et les moralistes du temps, les représentations graphiques, des tableaux aux caricatures, les mille faits épars de la vie de tous les jours, la reconstitution architecturale et géographique des lieux, des monuments et des villes, tous les départements de la vie publique, de la politique à la théologie, seront mis à contribution, fouillés en quête de détails typiques et significatifs ; ces notions sur le vêtement, la demeure, le séjour, sur les habitudes intimes et sociales, sur le type ethnique, sur les relations célestes et humaines, sur toute la vie en somme du groupe formé autour d’une œuvre ou autour d’une famille d’œuvres, groupe qui comprendra tantôt tout ce qui est notable d’une nation, tantôt toute une classe, tantôt enfin un nombre épars d’individus dont il faudra rechercher les points d’union, — seront dégagés, fondus ensemble, ordonnés, et plaqués enfin sur la sorte de squelette psychologique que l’on aura obtenu antérieurement par l’ordre de recherches que nous avons exposé au précèdent chapitré.

1146. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — II. La versification, et la rime. » pp. 257-274

Les partisans de l’illustre Fénélon ont fait le contraire ; ils ont soutenu que la versification n’est pas de l’essence de la poësie Croyant assurer à la nation la gloire d’avoir enfin un poëme épique, ils décorèrent de ce nom le Télémaque, quoique l’auteur lui-même ne l’ait jamais fait paroître sous ce titre, mais sous celui d’ Aventures de Télémaque. […] La première ne fut pas même lue : la seconde fut jouée trois fois, & c’étoit beaucoup, quoique l’auteur, dans un avertissement à la tête de cette tragédie imprimée avec ses autres œuvres dramatiques, prétendre qu’elle fut interrompue au milieu du plus grand succès. […] Dans la seconde strophe l’auteur invective ainsi contre la mesure : « Mesure tyrranique, mes pensées seront-elles toujours vos esclaves ? […] Racine & l’auteur de la Henriade ont-ils perdu le leur ?

1147. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La révocation de l’Édit de Nantes »

L’auteur de l’Histoire des réfugiés protestants, Charles Weiss, a pris à part cette faute de Louis XIV. […] Tous, au contraire, en supputant sur leurs dix doigts les dommages faits à la France de l’industrie par la politique de Louis XIV, trouveront sérieusement moins grand ce grand homme à la lueur tremblotante de leurs chiffres… Et quoique Weiss n’ait pas dans l’âme cette profondeur de rancune qui attend le moment pour frapper et fait jeter un livre à la foule, comme Ravenswood, dans Walter Scott, jette sur la table la tête coupée de son taureau, l’auteur de l’Histoire des réfugiés aura peut-être, en fin de compte, le mieux vengé le protestantisme en démontrant placidement, et d’un ton très doux, à une société qui ne croit plus guères qu’à des chiffres, qu’économiquement la révocation de l’Édit de Nantes fut une grande faute, — car, en faisant cela, il aura insurgé contre Louis XIV la seule chose qui soit vivante et qui ressemble à une passion dans notre temps ! […] Le talent réel de l’auteur assurera davantage cette portée que nous redoutons. […] Rien de plus fatigant que cela… L’auteur rappelle trop ce personnage dont on dit si gaîment, dans une de nos meilleures comédies : Il ne nous a pas fait grâce d’une laitue !

1148. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XI. Gorini »

L’auteur de ce travail, M. l’abbé Sauveur Gorini, ne peut pas passer pour un écrivain dans le sens littéraire du mot, quoiqu’il ait souvent ce qui fait le fond de l’écrivain, — une manière de dire personnelle, — mais c’est un érudit, et un érudit d’une nouvelle espèce, venu en pleine terre, à la campagne, comme une fleur sauvage ou comme un poëte… Jusqu’ici vous aviez cru, n’est-ce pas ? […] Ce lynx de texte, qui déchiquetait si bien en détail les livres de ce temps, se fît myope, plus que myope pour les défauts et les débilités de l’auteur ! […] Pour cette raison, apparemment, l’auteur de la Défense de l’Église, livre déshonorant au fond, — car l’honneur des historiens, c’est l’exactitude !  […] Il serait difficile pour ne pas dire impossible, à l’analyse de prendre pour vous la montrer, dans le fond de sa main, toute cette poussière de textes broyés par l’auteur de la Défense de l’Église sur toutes les questions les plus variées et les moins liées les unes aux autres, sur les saints, saint Pierre, saint Irénée, Saint-Vincent de Lérins, saint Boniface, sur la bibliothèque d’Alexandrie, sur la croyance religieuse des seigneurs gallo-romains aux quatrième et cinquième siècles, sur l’Église celtique, sur la hiérarchie ecclésiastique, sur les rapports de la Papauté avec les églises particulières, italienne septentrionale, espagnole, gallicane, etc., etc.

1149. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « A. Dumas. La Question du Divorce » pp. 377-390

Alexandre Dumas n’est pas un livre de la supériorité qu’on accorde généralement à son auteur. […] Dumas, qui n’a cependant, comme auteur dramatique, ni comique, ni verve, ni feu, ni abondance, ni aucune des qualités de tempérament de son père, a trouvé le moyen de se faire préférer à son père, si desséché dans la personne de son fils, mais cette sécheresse a suffi. […] Ce n’est plus là l’auteur dramatique, qui, dans l’intérêt de son art, était resté observateur : ce n’est plus, à présent, qu’un homme de parti, parlant le langage des partis dans toute leur grossièreté et aussi parfois dans toute leur bêtise. […] Il est vrai que, depuis cette déclaration de catholicisme, il avait malproprement insulté la Vierge, justement dans cette lettre adressée à l’auteur de l’Appel au Christ, et ce souvenir nous a empêché de nous étonner beaucoup de ses insultes présentes.

1150. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Charles De Rémusat »

L’auteur de ce volume a souvent éprouvé que ses idées n’allaient pas aussi vite que les événements… On doit donc s’attendre à trouver, dans ce livre, des idées qui ont vieilli… (Souvenirs et Regrets !)  […] Malgré le dépit très vrai de vaincu et le désir très vif d’être impertinent pour le vainqueur qui anime l’auteur de l’Angleterre au xviiie  siècle, on reconnaît pourtant dans ce nouveau livre l’impérissable goût de la substance bien connue… C’est du navet aigri, mais, au bout du compte, c’est toujours du navet ! […] il les a choisis ; la Critique n’a plus qu’à demander si ces biographies sont bien faites, si l’auteur y peint les hommes dont il s’occupe en portraitiste éclatant ou profond, et si, après les avoir peints, il les juge… Eh bien, pour mon compte, je ne le crois pas ! […] Ainsi, vous le voyez, même dans la partie de l’histoire qui résiste aux petits attentats qu’on essaie de commettre sur elle, l’auteur de l’Angleterre au xviiie  siècle est demeuré, par le fait de ses facultés, au-dessous de son intention, — ou plutôt de ses intentions, car il en avait deux : la seconde était bien d’écrire une histoire, mais la première, de faire un pamphlet !

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