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1354. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre II. La vie de salon. »

. — Vous êtes loin de compte, répartit le roi, car cette voiture, telle que vous la voyez, me revient à 30 000 francs… Les voleries dans ma maison sont énormes, mais il est impossible de les faire cesser ». — En effet, les grands tirent à eux comme les petits, soit en argent, soit en nature, soit en services. […] Six cents paysans et les gardes rangés en file forment le matin une chaîne longue d’une lieue et battent la campagne environnante ; cependant les chasseurs, hommes et femmes, sont postés. « De crainte que les dames n’eussent peur seules, on leur laissait toujours l’homme qu’elles haïssaient le moins, pour les rassurer », et, comme il était défendu de quitter son poste avant le signal, « il devenait impossible d’être surpris »  Vers une heure après midi, « la compagnie se rassemblait sous une belle tente, au bord d’un ruisseau ou dans quelque endroit délicieux ; on servait un dîner exquis, et, comme il fallait que tout le monde fût heureux, chaque paysan recevait une livre de viande, deux de pain, une demi-bouteille de vin, et ne demandait qu’à recommencer, ainsi que les dames ».

1355. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIVe entretien. Littérature, philosophie, et politique de la Chine » pp. 221-315

Il construit sur ce rêve une pyramide d’autres rêves qui, partant tous d’un principe faux, arrivent aux derniers sommets de l’absurde et de l’impossible en application. […] Nous avons lu souvent et attentivement tout ce qui a été écrit sur ce livre sacré des Kings et une partie de ce que leur commentateur Confucius en a extrait ; il est impossible d’y méconnaître l’empreinte d’une vétusté de civilisation, de sagesse morale et d’industrie humaine qui reporte la pensée au-delà des bornes et des dates du monde européen.

1356. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (1re partie) » pp. 397-476

Décidément la nature sincère et grave de l’enfant du Jura se refuse à cet effort impossible. […] Il était ou il semblait heureux, mais déjà le bonheur était devenu pour lui impossible.

1357. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIIe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin » pp. 225-319

« Au reste, c’est un jour de bonnes actions aujourd’hui ; je viens de Cahuzac et, comme chaque fois, merveilleusement disposée à bien faire ; faire mal ce jour-là me semble impossible. […] Sa sœur ne le perdait pas de vue ; elle souffrait tout ce qu’il souffrait, elle espérait quand il désespérait, elle rêvait pour lui l’impossible.

1358. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (3e partie) » pp. 193-271

La métaphysique est, dans une certaine mesure, un antécédent obligé de la science du mouvement, et si l’on ne sait pas d’abord ce que c’est que l’infini, le temps et l’espace, il est bien à peu près impossible de savoir ce que c’est que le mouvement, et à quelles conditions il s’accomplit dans le monde. […] Sans la communion morale, la société humaine serait impossible.

1359. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXIXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (1re partie) » pp. 241-314

Les révolutions seront absolument impossibles, dès que les gouvernements seront constamment équitables, et toujours en éveil, de manière à prévenir les révolutions par des améliorations opportunes, dès qu’on ne les verra plus se roidir jusqu’à ce que les réformes nécessaires leur soient arrachées par une force jaillissant d’en bas. […] Si j’avais fait une faute, je l’avais faite seul, et je pouvais la réparer ; mais si nous avions été plusieurs à la faire, la réparer eût été impossible, parce que chacun aurait eu une opinion différente. » Lamartine.

1360. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre troisième »

Il n’est pas impossible, d’ailleurs, qu’en parlant des bureaux d’esprit il ait songé au salon de la marquise de Lambert : la page a dû être écrite vers 1742, au plus beau moment du retour au précieux. […] L’idéal du maître dans Rollin est un homme de bon sens et de bien, comme il s’en rencontre plus d’un, Dieu merci, qui, par des moyens appropriés et des vertus accessibles à tous ceux qui ont la bonne volonté, forme des élèves, non pour atteindre une vertu impossible, mais pour apprendre, par le bon emploi de leur jeunesse, à bien user du reste de leur vie.

1361. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre sixième »

Où l’on peut se modérer, il n’est pas impossible qu’on se corrige, et si l’on se corrige du jeu, un joueur n’est pas un caractère. […] Un mélange extravagant d’incidents impossibles, de violents démentis à l’expérience, à la vie, de perfections et de perversités imaginaires, voilà ce que des spectateurs prévenus applaudirent un moment comme un retour à la nature !

1362. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XV. La littérature et les arts » pp. 364-405

On comprend que dans l’enfilade de ces salles élégamment aménagées, embaumées du parfum des fleurs, revêtues de tapis mœlleux, illuminées de l’éclat des bougies, grands seigneurs et grandes dames aient pu prendre plaisir à mille jeux d’esprit impossibles ailleurs, s’amuser à des bouts-rimés et à des énigmes, se divertir à tracer des caractères ou à chercher des formules brillantes à leurs pensées ; on comprend que les jeunes filles s’y soient parfois déguisées en nymphes et en bergères ; que la galanterie et la poésie légère y aient germé comme sur leur terrain naturel139. […] Impossible de rêver contraste plus frappant.

1363. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VIII »

Et en prenant pour exemple la symphonie du Dante de Liszt, il démontre comment un auditoire qui n’existe que dans l’imagination de l’artiste peut l’influencer pour créer une œuvre qu’il lui aurait été impossible de faire, si jamais l’idée d’un public réel avait traversé son esprit. […] Or, l’œuvre de Wagner étant faite expressément pour être entendue sur le théâtre, non point pour être lue chez soi, Il est impossible de douter que l’intention de l’auteur est que nous ne comprenions que tort vaguement les paroles, que nous ne saisissions que des fragments de phrases.

1364. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VII, seconde guerre médique. »

Le mot « Impossible » n’était pas plus persan pour Xerxès qu’il n’était latin pour Héliogabale. […] La dénombrer tête par tête étant impossible, une sorte de métrique grossière fut inventée pour l’additionner.

1365. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1869 » pp. 253-317

vous, c’est encore autre chose que vous voulez… C’est du mouvement dans la couleur, comme vous dites… C’est l’âme des choses… C’est impossible… Je ne sais pas, moi, comme on prendra cela plus tard, et où on ira ! […] Elle a beau essayer de prendre des poses tranquilles, de croiser ses bras dans l’immobilité, impossible de tenir en place.

1366. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre onzième. La littérature des décadents et des déséquilibrés ; son caractère généralement insociable. Rôle moral et social de l’art. »

La théorie de la décadence doit donc s’appliquer à des groupes d’écrivains, à des fragments de siècle, à des séries d’années maigres et stériles : toute généralisation est ici impossible. […] Hugo, cela paraît impossible.

1367. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Conclusions »

Le mépris des choses réelles ne les détourne pas de chercher à atteindre l’impossible destinée qu’ils ambitionnent dans une société hostile. […] Bien qu’il soit impossible de savoir de quel tirage sont les édifions de la bibliothèque à 1 fr. de la maison Calmann-Lévy, il paraît douteux qu’elle ait écoulé de nombreux milliers de cet ouvrage et quant aux Nouvelles histoires extraordinaires, au Voyage d’Arthur Gordon Pym, la vente a dû en être moindre encore, puisqu’on trouve parfois leurs éditions originales.

1368. (1856) Cours familier de littérature. II « XIIe entretien » pp. 429-507

Soit qu’on se rattache aux traditions indiennes, qui font échapper quelques naufragés sur l’Hymalaïa ; soit qu’on se rattache aux livres de la Chine, qui font réfugier un petit nombre de peuples sur les montagnes centrales ; soit qu’on se rattache aux monuments de l’Éthiopie ou de la haute Égypte, qui font creuser longtemps aux Troglodytes des cavernes dans les hauts lieux pour éviter une seconde inondation de la plaine ; soit qu’on se rattache aux récits bibliques, qui font naviguer Noé sur les eaux avec une élite de la famille humaine, il est impossible de nier les traditions orientales d’une grande submersion de cette partie du monde. […] Qu’on en pense ce qu’on voudra, c’est mon idée ; il m’est impossible d’en avoir une autre en trouvant ce diamant si divinement taillé dans ce sable sans traces du désert de Hus.

1369. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIe entretien. Littérature italienne. Dante. » pp. 329-408

Il y a néanmoins cette différence : c’est que l’intérêt est impossible dans le plan du Dante, attendu que son poème n’est qu’un spectacle auquel il assiste sans y prendre part, une espèce de revue rapide des supplices de quelques ombres de ses ennemis. […] Les premières traductions qu’on en donna en France, à la fin du dernier siècle, ne sont que des paraphrases enluminées ou affadies ; il est impossible d’y trouver trace de l’original : ce sont des dentelles sur le corps d’Hercule.

1370. (1857) Cours familier de littérature. IV « XIXe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset (suite) » pp. 1-80

Quand l’unique pensée où s’abîme son âme Fuit et grandit sans cesse, et devant son désir Recule comme une onde, impossible à saisir ! […] J’aime, et je veux pâlir ; j’aime, et je veux souffrir ; J’aime, et pour un baiser je donne mon génie ; J’aime, et je veux sentir sur ma joue amaigrie Ruisseler une source impossible à tarir.

1371. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVIII. J.-M. Audin. Œuvres complètes : Vies de Luther, de Calvin, de Léon X, d’Henri VIII, etc. » pp. 369-425

Lorsqu’on arrivera aux détails personnels de l’histoire, Charles IX, Catherine de Médicis et le cardinal de Lorraine prendront chacun leur part dans ce conseil suprême qui précéda une exécution impossible à empêcher, et dont la Haine a fait plus tard un guet-apens ; mais les hommes qui ont le sentiment des nécessités politiques ne s’abaisseront jamais à reprocher à ces trois têtes, jusqu’à présent maudites, d’avoir voulu transformer un coup de peuple en coup d’État. […] Il se proposait de commencer par les réformateurs d’une époque où la révolte naissait de la révolte, et réalisait, dans la sphère morale, la divisibilité impossible de la matière à l’infini.

1372. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — I. » pp. 195-212

Elle a eu tant de princes, tant de grands seigneurs et tant de démêlés, soit avec les autres nations de la terre, soit avec ses propres sujets, à raison d’un nombre infini de petites seigneuries qui l’ont divisée cinq cents ans durant, qu’il est impossible à un esprit seul de les pouvoir toutes débrouiller.

1373. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gabrielle d’Estrées. Portraits des personnages français les plus illustres du XVIe siècle, recueil publié avec notices par M. Niel. » pp. 394-412

Il est impossible aujourd’hui de prononcer là-dessus avec certitude, même avec vraisemblance.

1374. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — II. (Fin.) » pp. 62-79

J’ai vu une fois cette princesse s’endormir, et, un instant après, se réveiller en sursaut et continuer d’écrire… Madame confesse quelque part qu’elle dormait à l’église : « Le matin, je n’y dors pas, mais le soir, après dîner, il m’est impossible d’y rester éveillée. — Je ne dors pas à la Comédie, ajoute-t-elle, mais très souvent à l’Opéra. » Ici nous venons de la surprendre dormant même dans ce qu’elle aime le mieux après la comédie, dans sa correspondance.

1375. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — I. » pp. 80-97

Kervyn de Lettenhove se flatte d’avoir retrouvé dans la bibliothèque de Bourgogne à Bruxelles deux poèmes inconnus et inédits de Froissart, la Court de may et le Trésor amoureux ; ni l’un ni l’autre, il est vrai, ne portent le nom de l’auteur ; « mais pour quiconque a étudié Froissart, dit M. de Lettenhove, il est impossible de ne pas y reconnaître aussitôt son style ».

1376. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — III. (Suite et fin.) » pp. 454-472

Cette république noble et marchande, dont l’origine se perd dans les plus anciens débris de l’Empire romain ; qui eut la première en Italie, en face et à côté de la nouvelle politique romaine, une politique à elle, profonde, suivie, consommée, indépendante ; qui eut ses épisodes de grandeur héroïque et de chevalerie maritime, bien qu’un intérêt de commerce fût toujours au fond ; qui, dans le cours de sa longue et séculaire décadence, sut trouver tant de degrés encore brillants et des temps d’arrêt si glorieux ; qui ne s’abaissa véritablement que depuis la fin du xviie  siècle ; ce gouvernement jaloux, mystérieux, si longtemps sage, de qui la continuelle terreur était tempérée par un carnaval non moins continuel, comme en France la monarchie absolue l’était par des chansons ; cette cité originale en tout, et qui le fut hier encore jusque dans l’insurrection dernière par laquelle, déjà si morte, elle essayait d’un réveil impossible ; cet ensemble d’institutions, d’intérêts, d’exploits et de prouesses, de conjurations, d’espionnages et de crimes ; tant de majesté, de splendeur et d’austère vigilance, se terminant en douceurs molles et en plaisirs, tout cela se suit et se comprend d’autant mieux dans le récit de M. 

1377. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — II. (Fin.) » pp. 36-54

Il ne dépend pas de vous de faire l’impossible ; mais ce qui peut soutenir la réputation des armes du roi et la vôtre est que vous fassiez jusqu’à la fin tout ce qu’un vieux et grand capitaine ferait pour redresser les choses.

1378. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — III » pp. 337-355

L’affaire était désespérée, selon lui, et tenir plus longtemps était impossible sans s’exposer à un désastre.

1379. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — II » pp. 414-431

Je ne précipiterai rien, mais aussi me sera-t-il impossible de changer de sentiments… Je suis très résolu de lutter encore contre l’infortune ; mais en même temps suis-je aussi résolu de ne pas signer ma honte et l’opprobre de ma maison… Quant à vous, mon incomparable sœur, je n’ai pas le cœur de vous détourner de vos résolutions.

1380. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « La princesse des Ursins. Ses Lettres inédites, recueillies et publiées par M. A Geffrot ; Essai sur sa vie et son caractère politique, par M. François Combes » pp. 260-278

Il y a, dans une lettre du 18 décembre 1712, une phrase impossible, que l’on a peine à croire d’elle ; il s’agit des plans et dessins pour les jardins du Retiro : « Elles (Leurs Majestés catholiques) seront bien aises, auparavant que de les faire mettre à exécution, que M. le duc d’Antin les fasse voir au roi dont elles ont une grande opinion du goût » ; au lieu de : du goût duquel elles ont une grande opinion.

1381. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mémoires de Mme Elliot sur la Révolution française, traduits de l’anglais par M. le comte de Baillon » pp. 190-206

Il m’était impossible de dormir : l’image de ce malheureux monarque était sans cesse devant mes yeux.

1382. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Lammenais » pp. 22-43

Ce sont quatre cents bûches pourries : « J’éprouve tous les jours une chose que j’aurais crue impossible ; c’est un accroissement de mépris pour les hommes de ce temps.

1383. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Caractères de La Bruyère. Par M. Adrien Destailleur. »

Lorsqu’on sut que l’Académie songeait à lui encore plus qu’il ne songeait à elle, ce furent des cris d’indignation, des rires ironiques ; on parut croire que c’était impossible.

1384. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

Ne regardant point le théâtre comme étranger à la politique, pensant même qu’une route immense serait ouverte à l’auteur qui oserait tenter de donner, par le spectacle, une direction à l’esprit public, il me serait impossible d’accorder mon utopie théâtrale avec les maximes précédemment débitées dans la chaire où l’on me ferait monter.

1385. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

» Cela semble impossible.

1386. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français »

Non qu’il fût impossible qu’un poëte de talent et de génie naquît vers le xve  siècle et, moins gêné alors par les données et les règles de la tradition sacrée, ne marquât de son cachet une œuvre qui fût par quelque coin originale et d’un mérite encore appréciable aujourd’hui.

1387. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis du Belloy (suite et fin.) »

» Et M. de Belloy, homme de goût, serait le premier à confesser qu’il a été dans un embarras inexprimable en présence de ces beautés simples et courantes où les liaisons surtout et les petits mots, les mille attaches du discours, sont si difficiles ou plutôt impossibles à rendre.

1388. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vie de Jésus, par M. Ernest Renan »

Il semble presque impossible, au point de vue de l’art et en prétendant conserver l’intérêt du récit, d’opérer une réduction quelconque de ce grand drame, consacré dans les imaginations par l’admirable liturgie du Moyen-Age et par tant de chefs-d’œuvre du pinceau.

1389. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite.) »

L’infini dans le clair est bien autrement sublime et prodigieux que l’infini dans l’obscur. » On vient de supprimer, à l’École des Beaux-Arts, le grand prix de paysage, et l’on a bien fait : en fait de paysages, les comparaisons sont impossibles ; les plus humbles, les plus inattendus, les plus agrestes sont souvent ceux qui plaisent le plus : et cependant il y a une grandeur dans l’éclat qu’il n’appartient qu’aux vrais maîtres de savoir saisir, et dans cette belle page le peintre a tout réuni.

1390. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset. »

Se maintenir neutre entre l’Allemagne et la France, dans un parfait équilibre, obtenir le respect et la faveur de l’une et de l’autre, était chose impossible.

1391. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

Il en est du courant des opinions comme des vents en météorologie : la cause des vents et de leurs variations reste inconnue ; tant d’influences y concourent, qu’il a été jusqu’ici impossible de déterminer la part exacte de chacune.

1392. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise par M. Taine. »

Paul et Virginie porte certainement des traces de son époque ; mais, si Paul et Virginie n’avait pas été fait, on pourrait soutenir par toutes sortes de raisonnements spécieux et plausibles qu’il était impossible à un livre de cette qualité virginale de naître dans la corruption du xviiie  siècle : Bernardin de Saint-Pierre seul l’a pu faire.

1393. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre (suite et fin.) »

Selon lui, il a toujours été très-difficile ou plutôt impossible à Napoléon, héritier de la Révolution française, son représentant armé en face de la vieille Europe, et le point de mire de toutes les haines du passé, de s’arrêter dans sa progression de lutte croissante et de conquête, et de trouver une station à laquelle il pût se tenir pour y asseoir une paix durable, une paix sincèrement observée et acceptée par les adversaires.

1394. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. (Suite) »

. — La nouvelle dauphine désirerait garder non seulement son confesseur, mais au moins une femme de chambre à elle : impossible ; c’était contre l’étiquette !

1395. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet »

» Il n’est pas impossible, en effet, qu’il y ait un reflet de l’un à l’autre.

1396. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — Lamennais, Affaires de Rome »

Pourtant ce rôle impliquait de nombreuses inconséquences qui tendaient à sortir, et qui rendaient la tenue prolongée de la position, scabreuse et à peu près impossible.

1397. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. PROSPER MÉRIMÉE (Essai sur la Guerre sociale. — Colomba.) » pp. 470-492

Il est impossible, en effet, de se rendre compte du rôle et des desseins de César sans retracer à fond l’état de la république, telle que l’avaient faite les dernières luttes de Marius et de Sylla.

1398. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre V. De la littérature latine, pendant que la république romaine durait encore » pp. 135-163

Il était impossible d’aller plus loin avant l’établissement d’une religion bienfaisante, et l’abolition de l’esclavage politique et civil.

1399. (1892) Boileau « Chapitre VII. L’influence de Boileau » pp. 182-206

Mme de la Fayette arrive à la Princesse de Clèves, type du roman classique, fine étude de passion vraie, par Zayde, roman héroïque et précieux, qui amalgame les aventures impossibles et les grands sentiments : elle abrège Mlle de Scudéry avant d’être l’émule de Racine.

1400. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Pierre Loti »

Au reste, s’ils les voyaient bien, ils y prendraient tant de plaisir qu’ils n’auraient plus de courage pour l’action ; puis ils comprendraient l’abîme qui sépare les races et renonceraient à leur tâche impossible et sublime.

1401. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jean Richepin »

Il était impossible de traiter avec moins de sérieux un sujet plus grave.

1402. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre dixième »

Dans Descartes, l’âme se révèle d’abord à elle-même, puis reconnaît Dieu, son auteur ; après quoi, regardant son enveloppe, elle la distingue de soi, mais sans l’affirmer, tant il lui est impossible d’être assurée d’une autre existence que la sienne.

1403. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Stéphane Mallarmé » pp. 146-168

André Gide quand il écrit : Leconte de l’Isle était mort, Rimbaud perdu, Verlaine hagard, impossible à saisir.

1404. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XIII »

Ce dénouement n’est pas seulement injuste, il est impossible, sans lendemain et sans avenir.

1405. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Éloges académiques de M. Pariset, publiés par M. Dubois (d’Amiens). (2 vol. — 1850.) » pp. 392-411

Sans refuser enfin à son style toute espèce de qualité littéraire, il est impossible de n’y pas sentir des longueurs et des pesanteurs de phrases, des portions qui y sont comme opaques, et qui empêchent d’y pénétrer la lumière et l’agrément.

1406. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres inédites de la duchesse de Bourgogne, précédées d’une notice sur sa vie. (1850.) » pp. 85-102

Pour tout le reste, il est impossible de voir dans ces pages autre chose qu’une charmante description physique, extérieure, mondaine, sans la moindre préoccupation des qualités intérieures et morales.

1407. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Le Palais Mazarin, par M. le comte de Laborde, de l’Institut. » pp. 247-265

Que si plus tard Mazarin (comme cela n’est pas impossible) passa outre et triompha des scrupules jusqu’à l’entière possession, c’est qu’il y vit pour lui un moyen plus sûr de gouvernement.

1408. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Mme de Genlis. (Collection Didier.) » pp. 19-37

Mademoiselle de Clermont, une très courte nouvelle publiée en 1802, passe pour son chef-d’œuvre en effet : moi-même j’ai longtemps aimé à croire que c’en était un, mais je viens de la relire, et il m’est impossible de ne pas reconnaître que ce qu’il y a eu là-dedans d’agréable, de touchant et d’à demi bien, est désormais tout à fait passé.

1409. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Droz. » pp. 165-184

Bien des iniquités violentes, bien des guerres par exemple, qui étaient très faciles autrefois, deviennent presque impossibles aujourd’hui devant le contrôle du sentiment et de l’intérêt universel.

1410. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Patru. Éloge d’Olivier Patru, par M. P. Péronne, avocat. (1851.) » pp. 275-293

Pour exprimer la situation embrouillée de la seconde Fronde, dans laquelle il était impossible aux plus habiles de faire prévaloir un dessein et un plan quelconque de conduite, Patru disait qu’il n’y avait d’autre parti à suivre que de « trousser à l’aveugle », c’est-à-dire de marcher à travers bois et broussailles, sans savoir où.

1411. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le surintendant Fouquet. (Article Fouquet, dans l’Histoire de Colbert, par M. P. Clément.) 1846. » pp. 294-312

Fouquet, bien que surintendant, avait gardé sa place de procureur général au parlement de Paris, ce qui rendait impossible de le faire juger par commissaires en violation des droits et privilèges de sa compagnie.

1412. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « La reine Marguerite. Ses mémoires et ses lettres. » pp. 182-200

possédez la chose aimée. » C’était pour échapper au moins en idée à ce prompt désenchantement, à ce triste et rapide réveil, qu’elle prodiguait ainsi les expressions figurées, mythologiques, impossibles : elle cherchait à se faire un voile ; le cœur n’y était pour rien.

1413. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Regnard. » pp. 1-19

À la distance où nous sommes, il nous est impossible de nous décider entre ces diverses suppositions, dont aucune n’est contraire à l’idée qu’on peut se faire du régime ou même des principes de Regnard.

1414. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre II : Philosophie politique de Tocqueville »

Peut-être Tocqueville a-t-il exagéré les chances que la société avait de tomber dans une de ces égalités au lieu de s’élever à l’autre ; mais que de pareilles chances existent dans une société démocratique, c’est ce qu’il est impossible de nier.

1415. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre III : La littérature du xviiie et du xixe  siècle »

Soyez l’interprète, l’avocat de cette grande époque, et réveillez dans ma conscience le goût de ces sortes de vérités que j’oublie trop, j’y donne les mains ; mais, pour me toucher, il faut que vous partagiez ma passion, car vouloir que je sois un contemporain de Bossuet qui accorde quelque chose à Voltaire et à Montesquieu, voilà qui est impossible : ce n’est pas là la réalité.

1416. (1912) Le vers libre pp. 5-41

Il termine sa prosodie en donnant des exemples d’un mètre qu’il a quelques pages auparavant déclaré impossible.

1417. (1912) L’art de lire « Chapitre III. Les livres de sentiment »

» Un je ne sais quoi nous avertit que peut-être ce n’est pas si faux que nous croyons ; nous nous interrogeons et il arrive souvent que nous nous disions : « du moins, ce n’est pas impossible ».

1418. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Philarète Chasles » pp. 111-136

Quelques bas-bleus fidèles à son cours du Collège de France, à ce professeur qui avait, disons-le (c’était son défaut), un peu de bas-bleu dans l’esprit ; puis parfois un article, çà ou là, une ébullition attardée d’un talent qui avait régulièrement et vastement déferlé longtemps sur la plage du Journal des Débats, voilà tout ce qui restait de Philarète Chasles, l’Impossible à l’Académie !

1419. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Fervaques et Bachaumont(1) » pp. 219-245

Et on les appréciera d’autant plus, qu’avec les plates mœurs dont la démocratie nous menace il sera peut-être impossible de les recommencer !

1420. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Michelet »

Les citations, pour prouver le mieux ce que nous disons, sont radicalement impossibles ; il faudrait les faire en latin et nous ne sommes pas à Leipzig.

1421. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XIII : De la méthode »

Mais il a gardé la politesse du dernier siècle, et, si vivement qu’il vous réfute, il est impossible que vous lui vouliez du mal.

1422. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XIV : De la méthode (Suite) »

Est-il impossible qu’il soit homme comme le reste, semblable aux autres et pourtant souverain des autres ?

1423. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

Le Parisien stupide… Oui, la province a produit ce résultat, qui paraissait impossible. […] Par conséquent, il est impossible qu’il ne glisse pas, çà et là, d’involontaires partis pris et — M.  […] C’est peut-être très beau, ont-ils répondu, du haut de leurs trois cents représentations, mais c’est impossible en France. […] À mon regret, cela m’est impossible. […] Mais les livres de Lombard sont si vastes, si complexes, qu’il me serait impossible de les expliquer dans un bref article de journal.

1424. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

M. de Gramont est le seul poëte français qui ait pu réussir la Sextine, ce tour de force qu’on croirait impossible dans notre langue. […] Maintenant nous voici dans un grand embarras : il conviendrait de mettre à la suite de ces écrivains, qui ont versifié avant 1848, et versifient encore de nos jours, un auteur qui nous est cher, mais qu’il nous serait difficile de louer et impossible de maltraiter. […] Un nouveau poëte n’allait pas tarder à surgir, et si dans Pierre Dupont on sentait palpiter l’époque où il a chanté, il serait impossible d’assigner aucune date aux Poëmes antiques de Leconte de Lisle, dont s’émurent tout de suite ceux qui, en France, sont sensibles encore à l’art sérieux. […] À mesure que nous avançons dans notre tâche, elle se complique et devient de plus en plus impossible à remplir. […] Par l’ordinaire effet du temps, qui consacre ce qu’il n’a pas détruit et ne détruit rien de de ce qui excelle, cette comédie, née de l’ironie d’un poëte mal accueilli à ses débuts, jetée en défi à-toutes les conventions du genre et ouvertement dédiée au génie de Shakspeare, ce théâtre que le poëte avait fait impossible à plaisir était devenu en moins de vingt ans un théâtre classique.

1425. (1894) La bataille littéraire. Septième série (1893) pp. -307

… » Quant à la tromperie sur la marchandise, il m’est impossible de la raconter, je la défends aux jeunes filles et aux jeunes garçons, mais je la prescris à tous les autres, les défiant de ne pas rire en ma lisant ; il y a là une histoire de pommade des houris dont je garantis l’effet. […] À quoi bon de calculs ronger l’immensité, Et creuser l’impossible, et faire, ô songeurs sombres, Ramper sur l’infini la vermine des nombres ? […] Raconter un pareil livre est à peu près chose impossible ; car, pour l’analyser, il faudrait le prendre chapitre à chapitre et briser le lien insensible des transitions ingénieuses qui les rattache les uns aux autres ; le charme du récit est tel, en effet, que l’action constamment diverse semble une, et que l’on est tout étonné, au bout d’un voyage qui paraît fort court, du nombre des étapes qu’on a faites. […] Cette pensée est irréductible en moi ; elle me vaudra, j’espère, l’indulgence des « esprits forts » qui professent ce que Montaigne appelait « l’opinion si rare et incivile de la mortalité des âmes », opinion qu’il m’est impossible d’admettre. […] Il voulait qu’on le condamnât à être assommé par la main du bourreau. — C’est odieux et idiot, mais ce n’est pas une raison pour que ce soit impossible.

1426. (1809) Tableau de la littérature française au dix-huitième siècle

Dans cette histoire des opinions humaines, toutes les circonstances sont enchaînées de manière qu’il est impossible de dire laquelle pouvait ne pas résulter nécessairement de la précédente. […] Mais il est quelquefois guindé, et son enthousiasme ne part pas toujours du fond du cœur ; défaut qu’il est peut-être impossible d’éviter complétement dans la poésie lyrique française. […] Il est impossible, même en l’examinant avec réflexion, de ne pas être frappé de ce caractère de force, de facilité et de grâce, qui distingue la muse tragique de Voltaire. […] Oui, sans doute, elles sont tout, car il est impossible d’en séparer ce qu’on a nommé le style ; il est leur production immédiate. […] On essaya, pendant quelque temps, de faire fléchir les institutions ; les circonstances s’y opposèrent ; la chose parut impossible ; les institutions s’écroulèrent.

1427. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Jean-Jacques Ampère »

Cet ami, dont la santé continuait elle-même de s’altérer de plus en plus, appelait des sollicitudes et des soins qu’il était impossible de partager à distance entre deux affections presque égales ; mais déjà cette égalité n’existait plus. […] » quand il nous annonce en tête d’un chapitre la vérité sur l’enlèvement des Sabines, je souris en l’écoutant ; il m’est impossible de voir autre chose dans les diverses sortes d’interprétations auxquelles il se livre qu’un jeu d’esprit soutenu de l’érudition la plus animée. […] Cependant son respect pour les convenances était tel, ses égards pour ses amis allaient si loin, sa sensibilité par moments empiétait si fort sur sa pensée, qu’il n’est pas impossible, à ne juger qu’humainement et par les dehors, — qu’il est même assez probable, — qu’il eût accordé, s’il en avait eu le temps, satisfaction aux vœux et aux instances de ses entours.

1428. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLe entretien. L’homme de lettres »

Il est impossible d’exprimer l’âpreté de l’air et du froid. […] Un autre habitant prit la parole, et nous dit qu’il avait traversé plusieurs fois l’île d’Ambre de la côte ; qu’il l’avait sondé ; que la tenure et le mouillage en étaient très bons, et que le vaisseau y était en sûreté, comme dans le meilleur port. « J’y mettrais toute ma fortune, ajouta-t-il, et j’y dormirais aussi tranquillement qu’à terre. » Un troisième habitant dit qu’il était impossible que ce vaisseau pût entrer dans ce canal, où à peine les chaloupes pouvaient naviguer. […] Dans cette position où le vent et la mer le jetaient à terre, il lui était également impossible de s’en aller par où il était venu, ou, en coupant ses câbles, d’échouer sur le rivage, dont il était séparé par de hauts-fonds semés de récifs.

1429. (1939) Réflexions sur la critique (2e éd.) pp. 7-263

Désormais il sera impossible d’isoler l’œuvre de ses entours et de ses racines. […] Ce qui étonne seulement chez un tel maître, c’est la médiocrité de sa Correspondance. » « Il nous est impossible, continuez-vous, d’y reconnaître avec M.  […] Il ne serait même pas impossible que Victor Hugo qui, à la suite du « coup d’Agadir » de 1840, avait écrit dans la seconde partie du Retour de l’Empereur son Rhin français, ait conçu le Mariage de Roland comme une sorte de Marseillaise de la Paix ; il l’a bâti en tout cas sur le thème du soldat courageux et sans haine, celui d’Après la Bataille (bons coups d’air pur, tout cela, pour chasser aujourd’hui les miasmes d’après-guerre). […] Cousin, Guizot, Vignet, Vitet, Mignet, Villemain, Mérimée, il est impossible de l’appeler un grand écrivain ».

1430. (1911) L’attitude du lyrisme contemporain pp. 5-466

. — Les Impossibles Noces. — Le Pauvre Pécheur, son chef-d’œuvre. […] Cet espoir perpétuellement trompé de concilier des contraires, Mithouard l’appelle encore les Impossibles Noces 55. […] Malgré les récents travaux suscités par l’emploi de ces cadences flexibles, je crois qu’il est encore impossible à cette heure d’enfermer en des règles fixes notre prosodie, pour toujours affranchie des canons statiques. […] Il est très difficile de la définir d’un mot, car elle n’est pas un état, mais une action, non une attitude, mais un mouvement, non l’image d’une vague, mais l’image impossible à figurer de son élan. […] Avec les progrès faits par la musique à la fin du xixe  siècle il était impossible que la poésie ne transformât ses modes d’expression.

1431. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Benjamin Constant et madame de Charrière »

Réservons cette matière pour une conversation ; il est impossible de s’expliquer par lettres. […] « … Il m’est impossible d’être aussi complaisant pour vous sur le chapitre de Mme de Staël que sur celui de M.  […] Il est impossible d’avoir plus d’esprit que ce jeune homme et une expression plus heureuse. […] Benjamin Constant a bien de la peine à persuader à ses amis qu’il les aime ; ceux-ci pressentent qu’il lui sera impossible de ne pas leur échapper bientôt.

1432. (1907) Jean-Jacques Rousseau pp. 1-357

J’eus beau vouloir unir tous nos intérêts ; cela me fut impossible. […] Il est presque impossible de s’en rendre compte. […] Mais si c’est impossible ? […] Impossible d’en imaginer une seule… Bouvard et Pécuchet firent lire à leurs élèves des historiettes tendant à inspirer l’amour de la vertu. […] Ce n’est que par là, je crois, qu’on peut « insérer », comme je disais, le Contrat social dans la vie personnelle et intime de Jean-Jacques : Jean-Jacques veut démocratiser Genève par rancune des sentiments trop tièdes du gouvernement genevois à son égard. — Il n’est pas impossible.

1433. (1883) Essais sur la littérature anglaise pp. 1-364

Aussi est-il à peu près impossible de déterminer rigoureusement quels sont les traits principaux d’un caractère national, sans s’exposer à recevoir un démenti formel de quelque fait inattendu ou ignoré. […] Ainsi, pour prendre l’exemple déjà cité, Shakespeare n’est si grand que parce que ces trois éléments de la race, du milieu, du moment, se sont combinés en lui dans des proportions extraordinaires et se sont fondus dans une unité qu’il est impossible de concevoir plus parfaite. […] Il est absolument impossible de comprendre Molière exprimant ses pensées autrement que sous la forme dramatique ; la nature particulière du génie a été en rapport tout à fait exact avec la profession, et les fatalités de la vie n’ont en rien contraint la liberté de l’esprit. […] Lorsqu’on a terminé la lecture de quelqu’une de ces œuvres étonnantes, c’est en vain qu’on essaie de la soumettre au scalpel de l’analyse pour en découvrir les infirmités et les faiblesses ; il est impossible de trouver en défaut le génie du poète. […] Juliette peut donc n’avoir jamais aimé ; mais il est impossible d’admettre qu’elle soit le premier amour de Roméo.

1434. (1905) Propos littéraires. Troisième série

. — Flaubert a biffé : quoique à plaindre, qu’en effet il m’est impossible de comprendre. […] Il lui était impossible, tant parce qu’il était intelligent que parce qu’il était courtois, de ne pas voir bien des points justes, oh ! […] Il est impossible d’être modeste plus modestement qu’il ne l’est là. […] Il était impossible de lui arracher une conversation sur la littérature et même sur son art à lui. […] Si Zola voulut faire l’expérience de dépasser la mesure, il dut voir qu’il était à peu près impossible de la dépasser et qu’elle est, pour ainsi parler, à l’infini.

1435. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Bourdaloue. — II. (Fin.) » pp. 281-300

La princesse de Conti, présente au sermon et ayant cru reconnaître ses amis « dans ces hommes zélés, mais d’un zèle qui n’est pas selon la science, dans ces esprits toujours portés aux extrémités, qui, pour ne pas rendre la pénitence trop facile, la réduisent à l’impossible et n’en parlent jamais que dans des termes capables d’effrayer », témoigna par quelque geste qu’elle était blessée de l’allusion : ce que Bourdaloue ayant remarqué, il alla après le sermon voir la princesse, qui s’en expliqua avec lui et qui lui dit très nettement que la seconde partie l’avait fort scandalisée.

1436. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le marquis de la Fare, ou un paresseux. » pp. 389-408

La Fare cite à ce sujet un mot de M. de La Rochefoucauld qui avait été l’un des principaux acteurs de cette dernière guerre civile, et qui lui disait : « Il est impossible qu’un homme qui en a tâté comme moi veuille jamais s’y remettre. » La Fare en conclut que l’histoire est un va-et-vient, un jeu de bascule perpétuel ; que l’abus qu’on fait d’un des éléments pousse à l’élément contraire, jusqu’à ce qu’on en abuse comme on avait fait du premier ; que « l’idée des peines et des maux venant à s’effacer peu à peu de la mémoire des hommes, et frappant peu l’esprit de ceux qui ne les ont point éprouvés, les mêmes passions et les mêmes occasions rengagent les hommes dans les mêmes inconvénients ».

1437. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Instruction générale sur l’exécution du plan d’études des lycées, adressée à MM. les recteurs, par M. Fortoul, ministre de l’Instruction publique » pp. 271-288

Parmi ces inspecteurs généraux dont le tribut s’est versé et fondu si utilement dans la nouvelle Instruction, il est impossible de ne pas rappeler des hommes tels que MM. 

1438. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Une Réception Académique en 1694, d’après Dangeau (tome V) » pp. 333-350

Il n’y aurait pourtant rien d’absolument impossible ni de trop étonnant à cette omission première.

1439. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — III — Toujours Vauvenargues et Mirabeau — De l’ambition. — De la rigidité » pp. 38-55

Il me tomba, en même temps, un Sénèque dans les mains, je ne sais par quel hasard ; puis des lettres de Brutus à Cicéron, dans le temps qu’il était en Grèce, après la mort de César : ces lettres sont si remplies de hauteur, d’élévation, de passion et de courage, qu’il m’était bien impossible de les lire de sang-froid ; je mêlais ces trois lectures, et j’en étais si ému, que je ne contenais plus ce qu’elles mettaient en moi ; j’étouffais, je quittais mes livres, et je sortais comme un homme en fureur, pour faire plusieurs fois le tour d’une assez longue terrasse (la terrasse du château de Vauvenargues), en courant de toute ma force, jusqu’à ce que la lassitude mît fin à la convulsion.

1440. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance inédite de Mme du Deffand, précédée d’une notice, par M. le marquis de Sainte-Aulaire. » pp. 218-237

je le suis de vous et de mon Horace… » Mais ces moments sont rares et passent vite ; ils font place à de longs intervalles de sécheresse et de stérilité : alors elle veut savoir ce qu’on pense d’elle au fond, si on l’aime vraiment, et de quelle manière : « Vous savez que vous m’aimez, dit-elle à Mme de Choiseul, mais vous ne le sentez pas. » Elle semble persuadée de cette terrible et cruelle maxime que j’ai vu professer à d’autres qu’elle, et dont le christianisme seul fournirait le correctif ou le remède, que « connaître à fond, et tel qu’il est, un être humain et l’aimer, c’est chose impossible ».

1441. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Étienne-Jean Delécluze, (suite et fin) »

Puisque j’ai rencontré le souvenir d’un aimable érudit, il est impossible de ne pas remarquer, à l’honneur de M. 

1442. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire. »

Il faudrait, pour me soutenir, de l’extraordinaire dans les situations. » Et continuant sa pensée, il explique à son ami pourquoi, entre autres choses, il ne saurait réussir à ces nuances de sentiment, à cette finesse et à ce délié de la passion où excelle Racine ; il a l’instinct, sans bien s’en rendre compte, d’un genre opposé à celui de Racine et qui procède autrement que par analyse, qui marche et se développe à l’aide de situations visibles, frappantes, extraordinaires : « Il me semble, dit-il ingénument, que je ne manquerais ni de chaleur ni de vérité ; mais il y a, dans cette passion, une certaine délicatesse fine qui m’échappe, peut-être parce qu’il m’a toujours été impossible de tromper une femme, et que toutes ces ruses d’amour ne me sont pas seulement venues dans l’idée.

1443. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Les quatre moments religieux au XIXe siècle, (suite et fin.) »

des choses impossibles sans doute, et d’ailleurs fort diverses.

1444. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame, secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. »

En même temps qu’il savait les affaires et qu’il était en mesure de parler et de répondre sur toutes avec un à-propos et une pertinence suprême, il apportait dans ce haut emploi de président un tact, un talent particulier à manier les esprits, à ménager les amours-propres, à prévenir et à conjurer les conflits de toute espèce, et il obtenait par la douceur et par la persuasion ce qui eût semblé impossible à un autre.

1445. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. (suite) »

» Malheureuse Marie, belle, spirituelle, aimée, qui a eu trop d’esprit seulement, qui a trop craint la vulgarité, qui n’a pas compris que l’imagination ne consiste pas à rêver l’impossible, et que son plus sublime effort est de trouver « la poésie de la réalité » ; âme malade des préjugés de l’éducation et du faux idéal qui flottait dans l’air à cette époque ; une de ces femmes qui, avec toutes leurs délicatesses, ont des sécheresses soudaines qui froissent les cœurs délicats, et à laquelle enfin, pour tout reproche, Michel, en se séparant, a pu dire : « Marie, vous manquez de simplicité ! 

1446. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite et fin.) »

La langue ne gardera ou n’adoptera pas tous les termes d’art qu’il y a versés journellement ; mais il suffit pour son honneur qu’il en ait introduit un bon nombre et qu’il ait rendu impossibles après lui les descriptions vagues et ternes dont on se contentait auparavant.

1447. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois par M. Camille Rousset. Victor-Amédée, duc de Savoie. (suite et fin.) »

Puis bientôt, passant outre, il déclara ce voyage impossible et se montra prêt à l’empêcher à tout prix, à ce point, signifiait-il, que « si le duc de Savoie ne voulait pas absolument changer de résolution, il ferait passer les Alpes à sept or huit mille hommes qui séjourneraient en Piémont et tiendraient le pays. » L’ambassadeur de Louis XIV, ce même abbé d’Estrades, crut devoir taire les menaces qui auraient aigri le duc ; il lui en dit pourtant assez pour lui faire comprendre l’improbation royale.

1448. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite et fin.) »

je vous en garde un pour la bonne bouche, qui sera le parfait et le superfin dans ce genre d’aventures. » Il ne s’apercevait pas en parlant ainsi, que par son gai succès de Don Quichotte il allait rendre son succès sérieux impossible ; il tirait d’avance sur son futur roman, et Persilès et Sigismonde n’avait plus lieu de naître.

1449. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

Il était difficile, on en conviendra, et à peu près impossible que dans ce groupe brillant, éloquent, qui l’entourait et dont elle était l’âme, Mme Roland ne fît pas un choix ; qu’elle n’eût pas une préférence secrète, un faible.

1450. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

J’ai pris pour Tacite une sorte de passion ; je le lis pour la quatrième fois de ma vie avec un goût tout nouveau, je le saurai par cœur ; je ne puis me coucher sans en avoir savouré quelques pages. » Et elle redit la même chose dans ses Mémoires : « Il me semble que nous voyons de même (Tacite et moi), et avec le temps, sur un sujet également riche, il n’aurait pas été impossible que je m’exprimasse à son imitation. » Mais pourquoi imiter Tacite ?

1451. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite.) »

Il est impossible, au moment où la mort de Louis XV les porta un peu prématurément au trône, d’avoir une plus grande envie de faire le bien, un plus haut sentiment de la responsabilité que ne l’avaient Marie-Antoinette et Louis XVI.

1452. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite et fin.) »

Il est impossible de mettre plus de grâce et de courage que la reine n’en a mis depuis huit jours.

1453. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat. »

Si le major général est réduit à sa charge, et que l’estime, l’amitié, l’amour de la patrie et de la gloire ne l’unissent point avec le général, la machine ne se meut que lourdement, et la présence d’une seule personne étant impossible en tous lieux dans le même instant, on ne peut remédier aux accidents parce qu’on ignore l’intention du général.

1454. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire de la Grèce, par M. Grote »

On aura beau dire qu’il est difficile que des faits réels et positifs ne soient pas cachés sous ces fables, qu’il n’y a jamais tant de fumée sans feu ; qu’il est presque impossible qu’il n’y ait pas eu quelque expédition nautique qui ait donné prétexte à la fable des Argonautes ; que certainement quelque grande expédition de la Grèce aux côtes d’Asie a donné naissance à la légende de Troie : quand on aura accordé le fait général et vague, en sera-t-on plus avancé pour l’histoire proprement dite ?

1455. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre »

Pour moi, il me paraît impossible, au point où en est la question, de couler, comme le fait le présent éditeur, sur tout le passé du duc de Noailles antérieurement à l’époque de sa Correspondance avec Louis XV, et de trancher en deux mots son différend avec Saint-Simon, en disant : « Le duc de Noailles fit repousser au début de la Régence la banqueroute proposée par le duc de Saint-Simon ; grief énorme que Saint-Simon ne lui a jamais pardonné.

1456. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Saint-Simon considéré comme historien de Louis XIV, par M. A. Chéruel »

On peut trouver qu’il conteste à Louis XIV quelques qualités que ce roi eut peut-être plus qu’il ne l’a dit : ce serait matière à examen et à discussion ; mais il est impossible, en lisant Saint-Simon, de ne pas être frappé d’une chose, c’est qu’il a infiniment plus donné au grand roi qu’il ne lui a ôté devant la postérité : il le fait vivre, marcher, parler, agir sous nos yeux en cent façons et toujours en roi, avec majesté, grandeur, avec séduction même.

1457. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Idées et sensations : par MM. Edmond et Jules de Goncourt. »

Tout est bon au peintre écrivain pour arriver, non au fac-similé direct des choses (toujours impossible par un coin et toujours infidèle), mais à l’impression pleine et juste qu’il veut en laisser.

1458. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. »

Au retour de ces détachements, le prince me faisait rendre compte des détails et de la nature du pays que nous avions parcouru ; il commença à me marquer de la confiance et beaucoup de satisfaction de mon zèle et de mon activité. » C’est à ce moment que le comte de Clermont fut pris d’une maladie qu’on ne désigne pas, mais si violente qu’au départ du camp de Walheim il fut impossible de le transporter.

1459. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

« À ce moment, l’abbé de Pradt, archevêque de Malines, qui aimait passionnément jouer au moins le rôle de marmiton dans toutes les cuisines politiques, eut vent de l’affaire, et il me conta (c’est Berryer qui parle) l’anecdote en ces termes : « Je voulais savoir (disait donc l’abbé de Pradt) de quoi il était question, et il était impossible de faire parler le prince de Talleyrand entouré de monde et sur ses gardes.

1460. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « THÉOPHILE GAUTIER (Les Grotesques.) » pp. 119-143

Je confesserai pourtant, avant d’aller plus loin, ma faiblesse : je suis de ceux qui ont toujours reculé devant cette poésie Louis XIII, et je n’ai jamais pu m’en inoculer le goût ; tout en désirant qu’il s’en écrivît une histoire exacte et critique, et en croyant qu’il en résulterait des jours curieux et utiles sur la formation définitive du genre Louis XIV, il m’a été impossible d’admirer à aucun degré (j’excepte bien entendu Corneille et Rotrou) aucun de ces poëtes.

1461. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXVIIIe entretien. Tacite (1re partie) » pp. 57-103

Ces dons, ou ces conditions nécessaires pour former un historien immortel, sont presque impossibles à réunir dans un même homme.

1462. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre IV. Des figures : métaphores, métonymies, périphrases »

Je n’ai pas à insister sur l’importance de la métaphore : sans elle, il est impossible de parler ou d’écrire.

1463. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Henry Rabusson »

Un critique, ou quelque chose d’approchant, ne lui avait-il pas déclaré net qu’il était impossible de s’intéresser à des personnages qui étaient tous comtes ou marquis ? 

1464. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Alphonse Daudet, l’Immortel. »

L’aventure d’Astier-Réhu me paraît tout bonnement impossible.

1465. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre X. Les sociales »

Du moins, ils sont, pour un travail impossible mais noble, des instruments fragiles mais nobles.

1466. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Pensées, essais, maximes, et correspondance de M. Joubert. (2 vol.) » pp. 159-178

C’est dans le fond des esprits que sont les littératures. » Aussi, lui qui sent si bien les anciens, l’Antiquité de Rome, de la Grèce, et celle de Louis XIV, il ne nous demande pas l’impossible ; il nous dira de la sentir, mais non point d’y retourner.

1467. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « M. de Féletz, et de la critique littéraire sous l’Empire. » pp. 371-391

Sur quoi Geoffroy dit crûment : Rousseau s’est trompé lui-même… Il a dû lire avec plaisir Gil Blas, puisqu’il est impossible qu’un homme d’esprit ne trouve pas cette lecture agréable ; mais il a raison de dire qu’il n’était pas encore mûr pour un tel ouvrage, et il ne l’a jamais été.

1468. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Frédéric le Grand littérateur. » pp. 185-205

Pourtant la vie intérieure et privée de Frédéric est entièrement connue ; toutes les parties de son caractère sont éclairées ; on a ses lettres, ses vers, ses pamphlets, boutades et facéties, ses confidences de toutes sortes ; il n’a rien fait pour les supprimer, et il est impossible de ne pas reconnaître en lui un autre personnage bien essentiel, et qui est au cœur même de l’homme.

1469. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Étienne Pasquier. (L’Interprétation des Institutes de Justinien, ouvrage inédit, 1847. — Œuvres choisies, 1849.) » pp. 249-269

De tous ces princes et seigneurs qui ne parlent en sens divers que de la religion de Dieu, du service du roi, de l’amour de la patrie, « je n’en vois pas un tout seul, dit-il, qui, sous ces beaux prétextes, ne ruine totalement le royaume de fond en comble… Il seroit impossible de vous dire quelles cruautés barbaresques sont commises d’une part et d’autre : où le Huguenot est le maître, il ruine toutes les images, démolit les sépulchres et tombeaux… En contr’échange de ce, le catholique tue, meurdrit, noie tous ceux qu’il connoît de cette secte ; et en regorgent les rivières… » Quant aux chefs, bien qu’ils fassent contenance de n’approuver tels déportements, Pasquier remarque qu’ils les passent aux leurs par connivence et dissimulation.

1470. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Maintenon. » pp. 369-388

D’un tempérament infatigable et d’une patience à toute épreuve, si ce que vous lui demandez en touchant la fibre de l’amour-propre et de l’honneur n’est qu’impossible pour un autre, elle le fera.

1471. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. » pp. 103-122

Il justifiait ce joli mot de l’abbé de Boismont, son confrère à l’Académie : « Nous aimons tous infiniment M. de La Harpe notre confrère, mais on souffre en vérité de le voir arriver toujours l’oreille déchirée. » L’abbé Maury écrirait cette année même (9 décembre 1778), dans une lettre à Dureau de La Malle, la page suivante sur La Harpe ; elle en dit plus que toutes nos réflexions ; il est impossible de peindre d’une manière plus expressive le décri qui le poursuivait en ce moment, et l’injustice publique soulevée par de pures imprudences, mais dont il faillit demeurer victime : Il n’est pas vrai, écrit l’abbé Maury, qu’on ait ôté à La Harpe le Mercure ; il n’est plus chargé de la rédaction de ce journal, et on a réduit ses honoraires à mille écus, en bornant son travail à un article de littérature et à la partie des spectacles.

1472. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Charles Perrault. (Les Contes des fées, édition illustrée.) » pp. 255-274

Mais, à propos de ce crédit de Perrault et de ce rôle d’intermédiaire entre le ministre et les Académies, à en juger simplement, il m’est impossible, je l’avoue, de partager, l’opinion plus que sévère d’un critique respecté (M. 

1473. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « De la poésie et des poètes en 1852. » pp. 380-400

Il est impossible de passer auprès de ces poètes de l’ancien Artiste et de la nouvelle Revue de Paris sans remarquer et saluer au milieu d’eux M. 

1474. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — I. » pp. 401-420

Mais ce sont là de ces conjectures qu’il est trop aisé de former à l’occasion d’un cœur de femme et trop impossible de vérifier.

1475. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le duc d’Antin ou le parfait courtisan. » pp. 479-498

Ce sont là, d’ailleurs, des points délicats où il nous est impossible, à cette distance, de venir prononcer un jugement.

1476. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame Sophie Gay. » pp. 64-83

Il était impossible qu’une conversation dont elle était tombât dans le nul ou dans le commun ; toujours elle la relevait par une saillie, une gaieté, un trait d’ironie ou de satire, ou même un mot d’une douce philosophie.

1477. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — I. » pp. 322-340

Il est impossible de découvrir en lui, à ce moment, celui qui bientôt dira au peuple qu’il est sensé et sage, et qu’un bon gouvernement n’est qu’un cocher à qui tout le monde a le droit de dire : Mène-moi là.

1478. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — II. (Fin.) » pp. 246-265

Richelieu, par exemple, ne se croit nullement tyrannique dans le sens où l’était le devancier qu’il flétrit : Lui, au contraire, dit-il, ayant la force en main, méprisait de contenter aucun, estimant qu’il lui suffisait de tenir leurs personnes par force, et qu’il n’importait de les tenir attachées par le cœur : mais en cela il se trompait bien ; car il est impossible qu’un gouvernement subsiste où nul n’a satisfaction et chacun est traité avec violence.

1479. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 33, que la veneration pour les bons auteurs de l’antiquité durera toujours. S’il est vrai que nous raisonnions mieux que les anciens » pp. 453-488

Dailleurs, dès que la boussole a été trouvée, il étoit necessaire que l’art de la navigation se perfectionnât, et que les europeans fissent un peu plûtôt ou un peu plus tard les découvertes qu’il étoit absolument impossible de faire sans un pareil secours, et qu’ils ont faites depuis la fin du quinziéme siecle.

1480. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « IX. Mémoires de Saint-Simon » pp. 213-237

Ce n’est pas au xixe  siècle, quand les penseurs à faire mourir de rire de ce siècle fameux cherchent le moyen impossible de se passer de la main de l’homme dans le gouvernement des peuples, qu’on peut apprécier Louis XIV, le plus grand des rois personnels, un de ces rois qui, à force d’expédients et de génie, dispensent les peuples d’institution, quand il n’y en a plus qui se tiennent debout et qu’on puisse rajuster.

1481. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Saint-Bonnet » pp. 1-28

En creusant cette notion si pleine et si profonde, impossible de ne pas toujours dégager l’une ou de raconter l’autre, quand on ne fait pas tous les deux ; car, de rigueur et en tout, l’invisible donnant le visible, je ne sache comment on pourrait toucher à l’histoire de l’Église sans toucher au principe par lequel elle est, par conséquent sans faire de la philosophie, — et comment toucher à son principe, qui est sa philosophie, sans faire de l’histoire, qui prouve les principes par les faits !

1482. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « J. de Maistre » pp. 81-108

Son Traité du Prince, on le trouve dans les lettres de la Correspondance diplomatique, qu’il est impossible de ne pas croire de lui, à leur style, quoique certains passages de ces lettres, à leur style aussi, n’en soient pas.

1483. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Baudelaire  »

… Impuissante qui veut l’infini… impossible !

1484. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Jean Richepin »

Il a, comme eux, ce je ne sais quoi, impossible à déterminer et même à nommer, mais qu’on sent dans les profondeurs de l’âme maîtrisée… Les poètes qui diffèrent le plus de ce dernier venu par le sujet de leurs chants, lui ressemblent par cela seul qui les fait poètes.

1485. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre IV. L’unification des sociétés »

Nous n’avons plus à craindre en effet que deux des conditions que nous disions favorables à l’égalitarisme se contredisent, de telle sorte qu’il leur serait impossible de se rencontrer dans les mêmes sociétés pour collaborer à la même œuvre.

1486. (1929) La société des grands esprits

Rien ne démontre rigoureusement que ce soit impossible, mais ce serait un phénomène unique dans l’histoire et vraiment prodigieux : car raffinement général du goût et de la culture, indispensable à l’éclosion d’œuvres parfaites dans quel genre que ce soit, devrait se faire sentir au moins dans plusieurs autres genres, sinon dans tous. […] Pierre-Paul Plan, auteur d’une fameuse Bibliographie rabelaisienne, nous dirait si l’entreprise a été tentée ; elle n’est certes pas impossible. […] Les Pensées ne sont qu’un amas de notes et de brouillons, que tous les éditeurs se sont évertués à classer, sans qu’aucun d’eux ait trouvé un ordre satisfaisant, parce que c’est impossible. […] Nietzsche ne souhaite pas et juge impossible d’arracher les esclaves à leur esclavage. […] C’est, d’après lui, une « œuvre laborieuse, vulgaire et coupable », dont il est impossible de donner seulement une analyse.

1487. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

« C’est qu’il n’y a plus de caractères, ou bien ils sont impossibles à découvrir ; il faudrait courir douze ans la province, comme Molière, pour trouver des originaux comiques ; et, à Paris, la vie de société absorbe et efface tout ». […] Cela est impossible, cela est contre nature. […] L’âme d’un titi supérieur sonne dans son rire, dont il est impossible de ne pas aimer le joli timbre légèrement nasillard. […] Mais à cette vision, sa mère est forcément mêlée ; il est impossible qu’il ne l’y aperçoive pas. […] Elle n’a pas été récompensée, naturellement ; mais j’affirme qu’il était tout à fait impossible de savoir si elle méritait ou non de l’être.

1488. (1898) Essai sur Goethe

Il y a des volumes et des volumes, des brochures et des brochures, qui paraissent chaque jour, qui s’accumulent, qui rendent impossible, par leur nombre, l’établissement d’une biographie définitive. […] Les idées de son père — personnage qu’il est impossible de se représenter autrement qu’en pur style rococo —, l’occupation de Francfort, pendant sa petite enfance, par des troupes françaises ; les représentations du Théâtre-Français, installé dans la ville, qu’il fréquentait avec passion ; le commerce du comte de Thorane, lieutenant du roi, qui, logé dans sa maison paternelle, se prit pour lui d’une affection très vive : tout cela devait l’incliner, de bonne heure, vers la culture d’outre-Rhin, à laquelle adhéraient, en ce temps-là, la plupart des beaux esprits de son pays. […] Le public suivit ce mouvement : mise en vente au prix de douze groschen, la pièce recut un tel accueil que, dès 1774, l’acteur Karle, de Berlin, essaya de la mettre à la scène ; quelque difficile ou impossible qu’elle fût, cette entreprise n’en excita pas moins l’intérêt général : et la pièce lui valut de si bonnes recettes, qu’il put la jouer treize fois dans la même année. […] Tel d’entre eux touche deux thalers par semaine : il lui est impossible de se loger et de se nourrir à moins d’un thaler et demi. […] Il était impossible de séparer plus nettement qu’on ne l’a fait ici la grossièreté et l’insulte de l’esprit et de la gaîté. » Ce qu’il y a de fâcheux dans cette passe d’armes, c’est qu’elle a pu tromper les contemporains, comme elle trompe encore quelquefois la critique, sur l’amitié des deux poètes : elle en accentue le côté d’entente et d’alliance.

1489. (1895) Nouveaux essais sur la littérature contemporaine

Elles se disent, non sans raison, qu’il est impossible que le monde fasse autour de l’amour tant de bruit pour rien ; qu’il est impossible que cette grande passion qui remplit la fable et l’histoire, chantée par tous les poètes, glorifiée par tous les arts, éternel entretien des hommes et des dieux, ne soit en réalité qu’une vraie et déplaisante chimère ; elles ne peuvent imaginer que de tels hommages soient rendus à une divinité vulgaire, que de si magnifiques autels soient dressés de siècle en siècle à une plate idole. […] Mais qu’entre l’un et l’autre il n’y ait rien de commun, que la vulgarité du talent n’ait pas souvent sa cause dans la bassesse du caractère, ou, réciproquement, que la dignité de la vie ne se retrouve pas dans le caractère de l’œuvre, c’est ce qu’il nous est impossible d’admettre ; et — je n’en ai pas fait le compte — mais c’est de quoi je doute que l’on trouvât un exemple. […] déserts où l’âme ouvre une aile éperdue, Adieu, songe sublime impossible à saisir ! […] Le romantisme, c’est l’espérance, la chimère ou l’hippogriffe qu’on chevauche à travers l’impossible ; c’est la croyance aussi, les raisons du cœur qu’on oppose victorieusement « aux raisons de sa raison ». […] « Il est impossible, dit-il, que la somme des forces sociales agissant depuis les temps les plus lointains dans le domaine de l’humanité diminue jamais.

1490. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

Dans Les Sœurs Vatard, un garçon et une fille qui ne s’aiment point, qui ne se désirent point, et qu’une commune horreur de la solitude a rapprochés un temps, jugent bientôt toute cohabitation impossible, et de lassitude concluent qu’il vaut encore mieux retourner chacun chez soi. […] Dujardin, et qu’il l’eut intégralement exécuté (chose que je tiens pour impossible), pensez-vous que son œuvre produirait l’impression de vie qu’il en attend ? […] Ne dites pas que de telles amitiés sont impossibles. […] J’ai réussi à établir un peu d’ordre dans un livre comme celui-ci, qui embrasse un cycle assez large ; la chose eût été impossible, si je m’en étais strictement tenu aux deux ou trois dernières années. […] Il y a là-dessus un mot bien terrible de Sophocle et presque impossible à traduire : Πολλοι γαρ ηδη καν ονειρασιν βροτων / Μητρι ξυνευνασθησαν… (Œdipe-Roi, 966-967.)

1491. (1875) Revue des deux mondes : articles pp. 326-349

C’est ce qui nous serait arrivé, si nous eussions fait l’autopsie de notre grenouille le lendemain : nous aurions eu un cadavre empoisonné par le curare qui ne nous aurait offert aucune lésion, qu’il nous eût été impossible de distinguer sous aucun rapport du cadavre d’une grenouille morte d’une tout autre manière. […] Il ne s’agira pas d’ailleurs de parler ici de la physiologie du cœur en entrant dans tous les détails d’une étude analytique expérimentale complète et impossible pour le moment : c’est une simple tentative, et il me suffira d’exprimer mes idées physiologiques en les appuyant par les faits les plus clairs et les plus précis de la science. […] D’un autre côté, tous les phénomènes des animaux vivants sont reliés par la sensibilité et maintenus par elle dans une harmonie réciproque telle qu’il paraît impossible de séparer une partie de leur organisme sans amener immédiatement un trouble dans tout son ensemble. […] Les connaissances humaines sont tellement enchevêtrées et solidaires les unes des autres dans leur évolution, qu’il est impossible de croire qu’une influence individuelle puisse suffire à les faire avancer lorsque les éléments du progrès ne sont pas dans le sol scientifique lui-même. […] Il serait d’ailleurs impossible de séparer ces deux termes ou ces deux idées corrélatives, car ce qui vit, c’est ce qui mourra, ce qui est mort, c’est ce qui a vécu.

1492. (1929) Critique et conférences (Œuvres posthumes III)

Puis, après tout, à me bien sonder le cœur et les reins, je veux dire le cœur et ses tréfonds, ses tenants et ses aboutissants, et ses entours, il ne serait point impossible, il serait même probable, il est même à craindre que quelque chose qui ressemblerait à une sympathie plus vive et plus active qu’il n’est prudent pour bien faire n’y couve. […] Du talent des artistes dramatiques, si désintéressés, eux, d’ailleurs, qu’en dire, sinon qu’il fut parfait, et combien de remerciements je leur adresse m’est impossible à dire. […] Varié : impossible de l’être davantage, le plan, tout simple, du livre, sinon son titre d’une abstraction peut-être excessive, en fait foi, et ce sont, bonnement et bellement, des impressions triées sur le volet, de voyage un peu partout. […] En outre, j’y étais « impossible », mot à la mode en ces temps-là : Est-elle en marbre ou non la Vénus de Milo ? […] le créateur subtil de « rythmes, le rimeur rusé s’il en fut » — et telles et telles complimentailleries plus ou moins, plutôt moins, sincères — « vous venez nous préconiser ces vers pour la plupart médiocrement rimés et d’une allure parfois maladroite, gauche » — et tous les et cœtera de partisans, au fonds et au tréfonds, de mauvaise foi, d’une impossible impeccabilité.

1493. (1891) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Première série

Or un patriotisme de cette sorte est impossible en démocratie. […] Je ne trouve point qu’aucun philosophe ait jamais dit qu’un bienfaiteur de l’humanité ait inventé la parole ; mais il n’est pas impossible qu’il y en ait un qui eût cette idée. […] Elle est d’abord, si l’on veut, au tempérament national ; car il est à peu près impossible à un Français d’être libéral, et le libéralisme n’est pas français. […] Je veux que la révolution soit la pensée de Voltaire, et, en vérité, il n’est pas impossible ; mais ce sera l’idée de la tolérance tellement changée en voyage qu’elle sera devenue à son arrivée la passion intolérante la plus absolue. […] Elle lui a permis d’être un grand écrivain politique, tout en étant un grand politicien, chose rare et désormais impossible, mais déjà peu commune au temps dont il était.

1494. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre II. Les couples de caractères généraux et les propositions générales » pp. 297-385

. — Or, cette difficulté si grave se rencontre dans presque tous les cas du mouvement, car presque tout mouvement est l’effet d’un concours de forces, et les effets respectifs des diverses forces se trouvent mêlés en lui à un tel point qu’on ne peut les séparer sans le détruire, en sorte qu’il semble impossible de savoir quelle part chaque force a dans la production de ce mouvement. […] — Nous n’en savons rien ; tout ce que nous pouvons dire, c’est que notre expérience et notre imagination ne découvrent dans cette construction rien d’impossible. […] — On démontre aisément que son écartement va croissant à mesure qu’elle se prolonge ; car si, à un moment quelconque, cet écartement diminuait ou cessait de croître, deux points pris sur elle à partir de ce moment seraient à égale distance de la première parallèle, et, comme deux points suffisent pour déterminer une droite, l’oblique se confondrait avec une troisième parallèle qui passerait par ces deux points, ce qui est impossible, puisque, par la proposition précédente, deux parallèles ne peuvent se rencontrer, et puisque, par hypothèse, notre oblique rencontre la première parallèle.

1495. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff (suite) » pp. 317-378

— Parce que c’est impossible. […] Impossible ! […] Il y a dans la vie de ces moments, de ces émotions… à peine s’il est permis d’en parler… s’y arrêter est impossible.

1496. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1894 » pp. 185-293

Spirituellement causante, elle décrit les grandes fêtes de la cour, les Fêtes des Palmiers, où dans un souper de mille personnes, chaque table est dressée autour d’un palmier, dans un luxe de fleurs impossible à imaginer, en un éclat de costumes d’hommes indescriptible, et où l’Impératrice, qui est toute petite, disparaît sous les bouchons de carafe de ses admirables diamants. […] Mardi 10 juillet Une maîtresse de maison parlait des domestiques impossibles, qu’avait faits le service militaire, de ces paresseux, ayant pris l’habitude de passer leur vie à fumer des cigarettes, couchés sur leur lit, et de ces révoltés, incapables de supporter une observation, quand on tombe sur un domestique, qui a été caporal ou sergent. […] Je ne connais pas d’ennui pareil à celui du chemin de fer, un ennui si démoralisant, qu’il est impossible de penser sérieusement à une chose, et que ce n’est dans le secouement de votre cervelle, qu’une succession de choses fugaces et bêtes.

1497. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

Je m’efforcerai dans un prochain in-octavo, Comment on devient mage, de rendre impossible à répéter cette assertion idiote qu’il y a cinq cents mages à Paris. […] Mais, je le répète, il est impossible de suivre rigoureusement la marche d’un entretien avec lui. […] D’abord, c’est impossible, ensuite, ce serait un péché. […] Le matérialisme crève ; le spiritualisme pur est impossible ; le juste milieu, en cela, comme en tout, est écœurant… Je vous le dis, je n’en sais rien ; il faut attendre le Messie… s’il doit venir. […] et qu’il est impossible de trouver dans les modernes une liberté poétique dont on ne puisse découvrir l’équivalent chez les classiques !

1498. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

J’ajoute qu’il y a dans la construction d’une fable tragique des défauts qu’il est presque impossible de faire sentir, sans qu’il se mêle à la critique un peu d’ironie. […] Si ces reproches sont vrais, ils rendent impossible le pardon généreux qui fait le dénouement : un brigand assez lâche pour faire appliquer un brave guerrier à la torture, afin de le forcer à découvrir son or, est totalement incapable d’un sentiment noble et d’une conduite héroïque. […] Je réponds d’abord qu’il leur était impossible de prévoir ce résultat, et que personne n’osait l’espérer. […] lorsque toute la ville, quand son père lui-même l’accuse d’une intelligence criminelle avec Solamir, lorsqu’elle est condamnée à mort pour ce crime honteux qu’elle ne désavoue pas, Aménaïde juge qu’il est impossible que son amant la soupçonne ! […] Montesquieu savait mieux que personne que depuis longtemps il n’y avait plus à Rome de gouvernement, que toutes les lois se taisaient devant la violence, que l’ancienne démocratie n’existait plus, qu’il était même impossible de la rétablir.

1499. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

Je concéderai, pour ma part, qu’il serait difficile, sinon impossible, d’emprunter à la Comédie humaine de ces phrases à mots bien choisis et à savantes cadences qui peuvent être données comme de beaux exemples de grammaire ou d’harmonie. […] Cette étrangeté n’est pas le jeu d’un écrivain en quête d’originalité, c’est l’aventure vécue par Sainte-Beuve que nous revivons avec lui, transposée, certes, mais à peine ; et nous souvenant de l’histoire de Mme Hugo, il est impossible de fermer le livre sans se demander si le frère réel d’Amaury a jamais éprouvé pour elle un autre sentiment que le culte idéal que son sosie littéraire professait pour Mme de Couaën. […] Les Pensées ressemblent à ce paysage par une de ces analogies impossibles à bien rendre, mais évidentes pour ceux qui aiment et l’Auvergne et Pascal. […] D’ailleurs, cette sorte d’objectivité n’est pas seulement une mutilation, elle est impossible. […] La vie spirituelle était impossible dans cet étouffement du déterminisme absolu.

1500. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « LEOPARDI. » pp. 363-422

Sa santé s’altérant de plus en plus, et les études philologiques lui devenant presque impossibles, la douleur et la solitude lui inspirèrent un redoublement de révolte et de plainte ; sa poésie en prit un plus haut essor, et son malheur, comme à tant d’autres, fit sa gloire. […] Il oubliait un peu que Socrate déjà avait dit qu’il était impossible de vaquer aux choses publiques en honnête homme et de s’en tirer sain et sauf, et que Simonide avait déjà déploré amèrement la misère de la race des hommes ; ou plutôt il ne l’oubliait pas, mais il croyait qu’à travers ces plaintes et ces écueils inévitables, il y avait lieu, en ces temps-là, de vivre d’une vraie vie, au lieu d’être, comme aujourd’hui, jeté dans le monde des ombres.

1501. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Gabriel Naudé »

Un moderne penseur l’a répété, et il nous est impossible de le dédire : Ne mesurons pas les hommes publics à l’aune des vertus privées ; s’ils sont véritablement grands, ils ont leur point de vue et leur rôle à part : ils font ce que d’autres ne feraient pas, ils maintiennent la société. […] Ruiné et criblé de dettes, on lui conseillait d’écrire ses Mémoires et de raconter tant de choses curieuses qu’il savait sur la haute société, dans laquelle il avait passé sa vie ; un libraire de Londres lui promettait bien des guinées pour cela ; quelques amis même le pressaient : « Non, c’est impossible, répondit le comte : je ne trahirai jamais des gens avec qui j’ai diné. »  — Le comte d’Orsay et Gabriel Naudé !

1502. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre III. — Du drame comique. Méditation d’un philosophe hégélien ou Voyage pittoresque à travers l’Esthétique de Hegel » pp. 111-177

Mais si ces petites âmes prennent au sérieux leurs petites passions, si elles s’enferment, sans rien apercevoir au-delà, dans les étroites limites de leur propre sottise, au point de poursuivre l’impossible, l’absurde et le faux avec une âpre volonté de réussir, puis d’être consternées et tout abattues par leur échec final, cette lourde et stupide impuissance de l’homme à s’élever au-dessus de sa propre contradiction offre le spectacle le plus pénible, et retient la comédie à terre bien loin de l’idéal. […] Il faut donc que le héros de cette lutte impossible combatte avec insouciance, succombe avec bonne grâce, et, au même instant, se relève le sourire sur les lèvres, montrant par là qu’il n’a lutté que pour rire.

1503. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VII. Les poëtes. » pp. 172-231

—  La pastorale antique est impossible dans les climats du Nord. —  Le sentiment de la campagne est naturel en Angleterre. —  Thompson. […] Impossible de les reproduire ici, avec une langue étrangère.

1504. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (3e partie) » pp. 249-336

Nous n’approuvons pas tous ces jugements, nous ne ratifions pas tous ces plans personnels qu’il expose souvent avec trop de jactance en opposition avec les plans de Moreau, de Masséna, de Jourdan, de Soult, de Bonaparte ; mais il est impossible de nier que cette vive et vaste intelligence s’adaptait à la guerre aussi bien et mieux peut-être qu’à la paix, et que, si la destinée, au lieu de le pousser à la tribune, au ministère, à la froide table de l’historien, l’avait poussé sur les champs de bataille, l’Europe aurait compté un grand général de plus dans ses fastes. […] Il n’y a plus, en effet, que cette manœuvre à exécuter jusqu’à la nuit, car il est impossible, soit d’éloigner l’ennemi, soit de le fuir par le pont qui conduit à l’île de Lobau.

1505. (1864) Cours familier de littérature. XVII « Ce entretien. Benvenuto Cellini (2e partie) » pp. 233-311

Vous avez raison, Sire, osai-je lui dire, les princes qui, comme Votre Majesté, savent encourager ceux qui les servent, ne trouvent jamais en eux rien d’impossible ; et, puisque Dieu m’a donné un si bon maître que vous, j’espère achever tout ce que vous m’avez commandé. […] À ces mots, un maître fondeur, nommé Alexandre Lastricati, me répondit que je voulais faire une chose impossible.

1506. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (2e partie) » pp. 409-488

Je sens que je suis honnête homme, et qu’il me serait impossible de ne pas l’être, non pour plaire à un Être suprême qui n’existe pas, mais pour me plaire à moi-même, qui ai besoin de vivre en paix avec mes préjugés et mes habitudes, et pour donner un but à ma vie et un aliment à mes pensées. […] … « Il ne serait pas impossible, je le crois, dans un pèlerinage aux bords du Mincio, de deviner à très peu près (comme on vient de le faire pour la villa d’Horace) et de déterminer approximativement l’endroit où habitait Virgile.

1507. (1899) Les industriels du roman populaire, suivi de : L’état actuel du roman populaire (enquête) [articles de la Revue des Revues] pp. 1-403

— C’est impossible ! […] Pour les cerveaux naïfs, exaltés ou mal équilibrés, ces aventures abracadabrantes, ces situations impossibles, ces crimes atroces ne sont pas sans danger.

1508. (1893) Du sens religieux de la poésie pp. -104

Écoutez pourtant chez Baudelaire la douleur s’adoucir, bien exceptionnellement, il est vrai, et voyez comment la pensée aussi forte, mais plus lointaine que chez Vigny, s’enveloppe aussi de plus d’art : à ce point qu’il est impossible de dire autrement que-par les longues et les brèves, comme une mélopée, ces vers de Baudelaire : Que diras-tu ce soir, pauvre âme solitaire, Que diras-tu, mon cœur, cœur autrefois flétri, À la très belle, à la très bonne, à la très chère Dont le regard divin t’a soudain refleuri ? […] Il souffrira de sa joie impossible et la réalisera dans son rêve par le verbe de la parabole ou du poème ; il jouira de sa douleur où il puisera une nouvelle intensité de vie ; et de sa joie et de sa douleur il parviendra par la mort à la gloire — comme Jésus, comme Orphée.

1509. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 avril 1885. »

Le Maître raconte ses hésitations devant l’opéra moderne : c’est un genre italien, français, mais impossible aux Allemands, De ce dégoût pour l’opéra, naît en lui l’intuition de l’œuvre future. […] , La Patrie (24 mars) : M. de Thémines : Rassurez-vous ; je ne vous parlerai pas des Maîtres Chanteurs, poème et musique de Richard Wagner… M. de Thémines, qui « admire, tout autant que le fait le plus acharné et le plus convaincu wagnérien, la partie symphonique des œuvres du grand pontife », ne peut comprendre que Richard Wagner n’ait point voulu écrire des cavatines pour « des voix comme celles de la Patti ou de Faure, de Krauss ou de Richard, de Lassalle ou de Talazac. » … Si par malheur et par impossible, on donnait les Maîtres Chanteurs à Paris, j’en parlerais — contraint et forcé.

1510. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1890 » pp. 115-193

Et à la suite de cette séance, impossible de réunir Thiers et le comte d’Arnim : Thiers boudant le comte, et le comte, qui était un homme distingué et bien élevé, ne se souciant plus de se rencontrer avec ce cacochyme pleurard. […] Il dit que la prison est supportable trois mois, mais que, passé ce terme, il se développe chez le prisonnier un besoin de sortir qui s’accentue tous les jours, et il déclare que le travail est impossible en prison : le travail ne pouvant s’obtenir que dans une séquestration volontaire et non forcée.

1511. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre I. Des poëtes anciens. » pp. 2-93

“Il seroit sans doute à souhaiter, dit M. de Querlon, que tout le feu de ce génie pût passer dans la traduction de son Poëme ; mais ne demandons pas l’impossible. […] Son travail porte par-tout l’empreinte du génie sublime, de l’esprit juste, & du goût délicat ; & si quelques parties de ce poëme ne frappent pas autant que les autres, c’est qu’il est impossible, & qu’il ne convient pas même dans un long ouvrage que tout soit également beau.

1512. (1753) Essai sur la société des gens de lettres et des grands

Car il en est de l’esprit et du goût comme de la philosophie, rien n’est plus rare que d’en avoir, plus impossible que d’en acquérir, et plus commun que de s’en croire beaucoup. […] Cet usage, tout bizarre et peut-être tout injuste qu’il est, est pourtant fondé sur quelques raisons ; car il est impossible que tous les hommes admettent, sans des motifs au moins plausibles, un préjugé onéreux au plus grand nombre.

1513. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre IV. De la pluralité des temps »

On a beau alors leur attribuer le même Temps mathématique, comme on l’avait toujours fait jusqu’à Lorentz et Einstein, il est impossible de démontrer strictement que les observateurs placés respectivement dans ces deux systèmes vivent la même durée intérieure et que par conséquent les deux systèmes aient le même Temps réel ; il est même très difficile alors de définir avec précision cette identité de durée ; tout ce qu’on peut dire est qu’on ne voit aucune raison pour qu’un observateur se transportant de l’un à l’autre système ne réagisse pas psychologiquement de la même manière, ne vive pas la même durée intérieure, pour des portions supposées égales d’un même Temps mathématique universel. […] Donc, impossible au théoricien de la Relativité de ne pas admettre la simultanéité intuitive 31.

1514. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — I. » pp. 325-345

Elle applique assez pour distraire ; elle n’exige pas assez d’application pour être impossible à un homme dont le malheur n’a pas affaibli la raison. 2º Depuis longtemps je désirais m’exercer à la langue latine que j’ai mal apprise dans ma jeunesse : ce que je comprends de Tacite, de Tite-Live, de Salluste, d’Horace et de Virgile m’a donné une grande curiosité pour le reste. 3º Hobbes m’a paru avoir un mérite éminent comme écrivain politique, etc.

1515. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire de la maison royale de Saint-Cyr, par M. Théophile Lavallée. » pp. 473-494

Mais il y avait dans la première recherche de Mme de Maintenon et dans ce mélange de solidité, de raison et d’agrément, une mesure impossible à observer ; il aurait fallu que toutes les maîtresses et les élèves eussent autant de sagesse et de force qu’elle-même.

1516. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — II. (Fin.) » pp. 513-532

Il est impossible de parler de Joinville sans citer (fût-ce pour la centième fois) cette page qui est sa plus douce gloire : Mainte fois advint qu’en été il (le roi) allait s’asseoir au bois de Vincennes après sa messe, et s’accotait à un chêne et nous faisait seoir autour de lui.

1517. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — I. » pp. 301-321

[NdA] Je ne voudrais pas faire de rapprochement forcé ; mais il m’est impossible de ne pas remarquer que Beyle, dans un ordre d’idées plus léger, ne fait autre chose qu’adresser aux Français de ces reproches que le comte Joseph de Maistre leur adressait également.

1518. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — I. » pp. 473-493

Peut-être aussi était-il impossible de réunir ces qualités dans une traduction ; car je ne prétends pas rabaisser la gloire de cette femme judicieuse et savante114.

1519. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — I » pp. 139-158

Toutes études agréables lui étaient devenues impossibles, et ses plus chères lectures ne lui procuraient aucun soulagement.

1520. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — II » pp. 375-394

Il lui faut une marche ; il est impossible qu’il agisse par lui-même, et je pense que ce serait un malheur s’il le voulait.

1521. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — I » pp. 432-453

Or, le fabricateur des mémoires, qui ne le sait pas et qui ne s’en soucie guère, uniquement préoccupé qu’il est de satisfaire ses rancunes et ses aigreurs politiques et de donner cours à toutes les malignités qui, dans un certain coin du grand monde, s’attachaient depuis la Révolution à la personne de Mme de Staël et de ses parents, suppose que sa marquise en est aussi tout imbue ; il lui met sous la plume des pages impossibles de méchanceté et de diffamation.

1522. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « I » pp. 1-20

… J’ajouterai à tout ce que je viens de vous dire qu’il est impossible de bien travailler dans le découragement où je suis.

1523. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — IV » pp. 103-122

Il se plaignit au roi ; il lui dit avec sa hardiesse ordinaire à demander, et avec cette aisance à parler pour soi qui serait la chose la plus impossible à des âmes de la race pudique de Catinat : Ayant mon départ pour Bade, j’ai supplié Votre Majesté de vouloir bien se souvenir de moi lorsque la charge de chef du Conseil des finances viendrait à vaquer.

1524. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Mémoires ou journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guetté. Tomes iii et iv· » pp. 285-303

Mémoires ou journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guetté Tomes iii et iv 45· Lundi, 30 mars 1857· J’ai précédemment parlé dans Le Moniteur 46 des deux premiers volumes de cet ouvrage : la lecture des deux derniers qui viennent de paraître, et qui complètent la publication du journal de Le Dieu, suggère quelques réflexions qu’il est impossible à la critique de dissimuler.

1525. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Maine de Biran. Sa vie et ses pensées, publiées par M. Ernest Naville. » pp. 304-323

Il m’est impossible de faire autrement ; mon malheur et mon trouble, mon inutilité, tout vient de n’être pas commandé, de n’être soutenu par rien : je manque d’idée fixe et de but.

1526. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — II — Vauvenargues et le marquis de Mirabeau » pp. 17-37

Je sens par moi-même, qui, ayant plus d’imagination que de jugement, embrasse toute sorte d’objets, que les plus dignes de moi sont dans un avenir presque impossible.

1527. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Vie de Maupertuis, par La Beaumelle. Ouvrage posthume » pp. 86-106

Michel Nicolas ne vienne pas nous dire : « Ses ouvrages, même ceux de sa jeunesse, annoncent un observateur judicieux, souvent un penseur profond, toujours un écrivain guidé par le seul amour de la vérité. » Il est impossible, quand on arrange la vérité d’autrui de la sorte et qu’elle se fausse, pour ainsi dire, d’elle-même sous la plume, qu’on en ait grand souci dans aucun de ses propres ouvrages.

1528. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — II » pp. 126-147

S’étant trouvé un jour chez le célèbre coadjuteur de Paris, le futur cardinal de Retz, comme on vint à parler des traductions des poètes et que ce prélat eut avancé qu’il ne croyait pas qu’on en pût faire une de Virgile, à la fois agréable et juste, Marolles répliqua qu’avant de déclarer la chose impossible il faudrait essayer, et il se mit à l’œuvre incontinent : il a bien soin de nous avertir dans sa préface qu’il n’y employa que peu de mois.

1529. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Journal et mémoires du marquis d’Argenson, publiés d’après les manuscrits de la Bibliothèque du Louvre pour la Société de l’histoire de France, par M. Rathery » pp. 238-259

Il est impossible que, procédant de la sorte et avec cette brusquerie, il n’ouvre pas bien des brèches qui nous font voir clair au-dedans des choses et des gens.

1530. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. De Pontmartin. Causeries littéraires, causeries du samedi, les semaines littéraires, etc. »

» Lorsque Gustave Planche vivait, il m’était impossible de le lire sans me rappeler aussitôt le modèle du critique que rêvait Pope : je m’en souviens, et par contraste également, lorsque j’en lis d’autres aujourd’hui.

1531. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid(suite et fin.)  »

Cela eût été impossible à laisser même entrevoir en France et eût tout compromis.

1532. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette »

Non, il est impossible de s’amuser davantage et de reprendre plus drôlement son sérieux que notre auditoire qui tenait sur une chaise.

1533. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite et fin.) »

Je vous avoue que tout cela ne tente pas un général à hasarder l’honneur des armes du roi, et que, pour peu que l’on soit naturellement précautionné, les réflexions et difficultés viennent en foule. » Catinat n’avait plus Louvois ; il se méfiait de Versailles ; il commençait, à tout ce qu’on proposait d’un peu hardi, par se mettre en garde et par faire toutes les difficultés « que la prévoyance et la pratique de l’algèbre lui pouvaient fournir. » Après cela, il était autant et plus que personne en état, comme disait Tessé, de « faire le possible » ; car il n’était pas de la race de ceux qui font l’impossible.

1534. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite.) »

Il lui a paru impossible que Mirabeau, le premier, eût fait une démarche auprès de Malouet pour arriver à MM. 

1535. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [III] »

Dans la confusion et le sauve-qui-peut de la retraite, toute règle, toute mesure d’administration, étaient humainement impossibles, et Smolensk, où l’armée avait espéré trouver une étape et un abri, ne fut qu’un cruel mécompte, une amère déception de plus ; les premiers arrivants avaient tout dévoré48.

1536. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — M. de Sénancour, en 1832 »

M. de Sénancour, en 1832 Nous vivons dans un temps où la publicité met un tel empressement à s’emparer de toutes choses, où la curiosité est si indiscrète, la raillerie si vigilante, et l’éloge si turbulent, qu’il semble à peu près impossible que rien de grand ou de remarquable passe désormais dans l’oubli.

1537. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — Note »

Et non-seulement cela, mais toute espèce d’avance affectueuse ou d’insistance quelconque pour entretenir une liaison qui semblerait me fuir serait pour moi chose odieuse et impossible.

1538. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET. » pp. 177-201

Le plus beau passage du volume, ces stances du milieu de Namouna, que nul ne se chantera sans larmes, ce Don Juan vraiment nouveau, réalisé d’après Mozart, qu’est-ce encore, je le demande, sinon l’amas de tous les dons et de tous les fléaux, de tous les vices et de toutes les grâces ; l’éternelle profusion de l’impossible ; terres et palais, naissance et beauté ; trois mille71 noms de femmes dans un seul cœur ; le paradis de l’enfer, l’amour dans le mal et pour le mal, un amour pieux, attendri, infini, comme celui du vieux Blondel pour son pauvre roi ?

1539. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « QUELQUES VÉRITÉS SUR LA SITUATION EN LITTÉRATURE. » pp. 415-441

Rien de plus difficile, de plus impossible, on le croira, que de régler les hommes d’imagination, de les discipliner et de les classer, de les diriger aux œuvres qui les appellent et qui leur siéraient ; mais il faut convenir, à leur décharge, que jamais, à aucun moment, on ne s’est moins occupé de ce soin qu’aujourd’hui.

1540. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « GRESSET (Essai biographique sur sa Vie et ses Ouvrages, par M. de Cayrol.) » pp. 79-103

On lit dans une lettre de d’Argens à Frédéric le Grand, datée de Paris, 5 septembre 1747 : « Tout ce qui a dans ce pays un certain mérite est presque impossible à déplacer.

1541. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN DERNIER MOT sur BENJAMIN CONSTANT. » pp. 275-299

Il nous a été impossible seulement, à la lecture de ces lettres premières, de ne pas remarquer, ne fût-ce que pour la décharge de l’homme, que, par le malheur de l’éducation et des circonstances, son adolescence dissipée et déjà gâtée avait fait place aussitôt à une jeunesse toute fanée et sans ardeur.

1542. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Boileau »

Il nous est impossible pourtant de ne pas préférer le style de Regnier ou de Molière.

1543. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre III »

La populace, délivrée du frein auquel elle est accoutumée, s’abandonnerait à des violences d’autant plus cruelles qu’elle ne saurait elle-même où s’arrêter… Tant que le pain de Gonesse ne manquera pas, la commotion ne sera pas générale ; il faut que la halle779 y soit intéressée, sinon les femmes demeureront calmes… Mais si le pain de Gonesse venait à manquer pendant deux marchés de suite, le soulèvement serait universel, et il est impossible de calculer à quoi se porterait cette grande multitude aux abois, qui voudrait se délivrer de la famine, elle et ses enfants. » — En 1789, le pain manque à Gonesse et dans toute la France.

1544. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre V. Transition vers la littérature classique — Chapitre I. La littérature sous Henri IV »

Le temps de Henri IV est donc comme un relais qu’il nous est impossible de brûler.

1545. (1894) Propos de littérature « Chapitre II » pp. 23-49

Pour le concevoir, il faudrait saisir l’universalité des Formes, ce qui est impossible ; mais nous reconnaissons Brahma dans Maya lorsque la concordance parfaite de quelques formes nous présente un reflet de la toute Harmonie future.

1546. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre IX, les mythes de Prométhée »

Il semblait impossible que l’homme eût pu, sans violence ou sans fraude, s’emparer du rayon et capter l’éclair.

1547. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre IV »

Augier ne remplit point — c’était impossible — ce sujet immense ; mais elle en indique vivement le trait distinctif, à savoir la prudence anticipée, le souci précoce, le froid hors de saison, dont est saisie la jeunesse, qui, dès le printemps, entrevoit l’hiver, et tremble d’avance.

1548. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XII »

c’est impossible ! 

1549. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) «  Mémoires et correspondance de Mme d’Épinay .  » pp. 187-207

Pour lui, ce n’était qu’un homme de plaisir, un dissipateur extravagant, outrageusement indélicat dans tout son procédé à l’égard de cette jeune femme, et qui se conduisit avec elle de telle sorte qu’il est impossible d’en rien rapporter ici, et qu’il faut renvoyer à ce qu’elle-même nous en raconte.

1550. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame Geoffrin. » pp. 309-329

Dès l’année 1743, cette femme d’intrigue a des éclairs de coup d’œil qui percent l’horizon : « À moins que Dieu n’y mette visiblement la main, écrit-elle, il est physiquement impossible que l’État ne culbute. » C’est cette maîtresse habile que Mme Geoffrin consulta et de qui elle reçut de bons conseils, notamment celui de ne refuser jamais aucune relation, aucune avance d’amitié ; car si neuf sur dix ne rapportent rien, une seule peut tout compenser ; et puis, comme cette femme de ressource disait encore, « tout sert en ménage, quand on a en soi de quoi mettre les outils en œuvre ».

1551. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur Bazin. » pp. 464-485

Mais il est du moins devenu impossible de se faire désormais une idée complète de cette époque de la Fronde sans écouter le témoignage, le rapport habile et si bien dressé de M. 

1552. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Diderot. (Étude sur Diderot, par M. Bersot, 1851. — Œuvres choisies de Diderot, avec Notice, par M. Génin, 1847.) » pp. 293-313

Il n’était tout à fait à son aise que dans une société familière et intime, et alors il se déployait en plein abandon, avec des facultés riches, puissantes, colorées et affectueuses, qui enchaînaient à lui tous ceux qui l’écoutaient : il était impossible de le connaître et de le haïr.

1553. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Saint-Évremond et Ninon. » pp. 170-191

Je ne l’ai point voulu chercher parmi les hommes, parce qu’il manque toujours à leur commerce je ne sais quelle douceur qu’on rencontre en celui des femmes ; et j’ai cru moins impossible de trouver dans une femme la plus forte et la plus saine raison des hommes, que dans un homme les charmes et les agréments naturels aux femmes.

1554. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le Brun-Pindare. » pp. 145-167

Quand il serait vrai qu’un tel marché honteux eût été conclu, et que le prince eût, dans les premiers temps, acheté ou obtenu de Le Brun le droit du seigneur, toute allusion de la part du mari ou de la femme, dans le procès, devenait impossible à cause de l’inviolabilité du personnage sérénissime.

1555. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame de Motteville. » pp. 168-188

Les plus sages, qui jusqu’alors avaient désapprouvé les entreprises de cette compagnie, ne pouvaient dans leur cœur haïr cette proposition ; ils la blâmaient en apparence, parce qu’il était impossible de la louer à la vue du monde, mais ils l’aimaient en effet, et ne pouvaient s’empêcher d’estimer cette hardiesse, et de souhaiter qu’elle eût un favorable succès ».

1556. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — I. » pp. 1-22

Au passage du Saint-Bernard, dans la campagne de Marengo, il fit le miracle, qu’on croyait impossible, de transporter l’artillerie pendant cinq lieues de chemins impraticables aux voitures : Je fis démonter toute l’artillerie, dit-il ; on porta à bras tous les affûts ; des traîneaux à roulettes, faits à Auxonne, furent abandonnée parce qu’ils étaient d’un service dangereux sur les bords des précipices ; ils furent remplacés par des sapins creusés en étui.

1557. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — I. » pp. 127-148

En un mot, je crois qu’il est impossible qu’un homme, eût-il toute la ruse d’un démon, puisse vivre et mourir comme un misérable, et pourtant le cacher si bien qu’il emporte au tombeau la réputation d’un honnête homme.

1558. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — I. » pp. 287-307

Et ses voisins verront sa gloire, et n’y pourront atteindre… Et quand je pouvais éclairer de mon flambeau et le Breton et l’Espagnol, et le Germain et l’habitant du Nord, parce que rien ne m’est impossible, je ne l’ai pourtant pas fait.

1559. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre sixième. Genèse et action des idées de réalité en soi, d’absolu, d’infini et de perfection »

Son autorité s’élève au-dessus de toute autorité ; car, non seulement il est donné dans la constitution de notre propre conscience, mais il est impossible d’imaginer une conscience constituée de façon à ne pas le donner.

1560. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre quatrième. L’expression de la vie individuelle et sociale dans l’art. »

En effet, le caractère agréable ou désagréable des sensations est réglé par des lois ne serait scientifiques qu’il pas impossible de déterminer un jour.

1561. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse esthétique »

Pour le moment, cela est impossible, et le critique est obligé à s’en tenir à d’imparfaits qualificatifs, d’un sens extrêmement variable.

1562. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Émile Zola » pp. 70-104

Et cette lamentable fin encore du ménage artistique, cette noire existence misérable et débraillée dans l’atelier du haut de Montmartre, Claude se brutalisant, s’exaltant et s’affolant à l’impossible labeur de s’extorquer un chef d’œuvre, tandis que Christine s’attache à son amour tari, lutte contre le desséchement de cœur de son mari, finit par l’arracher à l’art auquel il tenait de toutes ses fibres, mais l’abîme et le lue du coup ; toute cette tragédie humaine donnant à toucher de pauvres chairs frissonnantes, à voir des larmes dans des orbites creux, et des mâchoires serrées, et des poings abandonnés, nous a enthousiasmé et ému.

1563. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre II : La littérature du xviie  siècle »

Il n’y a eu ni chute par trop d’ambition, ni mauvaise foi, ni erreur de jugement, ni une volonté libre, à qui la passion fait prendre le faux pour le vrai : il y a eu l’impossible.

1564. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — II. L’histoire de la philosophie au xixe  siècle — Chapitre II : Rapports de l’histoire de la philosophie avec la philosophie même »

Le bon sens se contente de comprendre et de recueillir, sans en faire un système, les vérités découvertes par les hommes de génie : il fait la part à chaque système, à chaque point de vue, il les concilie comme il peut ; souvent même il renonce à les concilier, parce qu’il reconnaît que cela lui est impossible ; il ne sacrifie point pour cela une vérité à une autre, car il sait que ce qui ne se concilie pas pour nous peut se concilier dans la nature des choses.

1565. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Doyen » pp. 178-191

Mais cela est peut-être impossible, du moins cette alliance ne s’est point encore vue ; et le premier de tous les peintres n’est que le second dans toutes les parties de la peinture.

1566. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Ernest Hello » pp. 207-235

J’eusse aimé, par exemple, à lui voir entreprendre l’histoire des Stylites, qui paraît au bégueulisme de ce temps impossible à écrire, ne fût-ce que pour la lui voir jeter, après l’avoir écrite, à la face du inonde et de l’orgueil du monde écrasé !

1567. (1903) Propos de théâtre. Première série

Jusserand, on est saisi au spectacle de ses beautés : c’est un résultat heureux ; nous n’avons nulle raison de souhaiter davantage et ce serait d’ailleurs souhaiter l’impossible ; tous les soins imaginables ne feront pas pousser de beaux oliviers en Écosse ni de beaux sapins à Alger. […] On s’aimait, on soupirait, on pleurait ; mais on se disait très net que c’était impossible. […] Il est impossible de plus détester un homme qu’on aime et de plus aimer un homme qu’on déteste. […] J’aurais montré peu de bon goût en ces temps éloignés ; car il m’est impossible de ne pas considérer Tartuffe comme un drame assez rude. […] On a exprimé ses regrets. « Impossible.

1568. (1910) Victor-Marie, comte Hugo pp. 4-265

Or vous savez que c’est notre état constant, puisque les œuvres passées ne pèsent rien, puisque les œuvres futures, éventuelles, rêvées, impossibles, pèsent sur nous éternellement. […]     Il est impossible, il est indéniable, je plains celui qui ne sentirait pas instantanément que ce jour-là il s’est passé dans la tête de Hugo, (d’une sourde instantanéité, profonde, immédiate, directe), dans la tête temporelle de Hugo une tout autre opération, infiniment autre, infiniment plus que la facture, que la fabrication, (ou la fiction), que la confection même d’un très grand poème. […] Le premier vers horizontal, grand, balancé sur deux noms propres, les deux noms propres à l’hémistiche ; l’un à l’hémistiche, l’autre à la rime : Tout reposait dans Ur et dans Jérimadeth : Comme dormait Jacob, comme dormait Judith, (et alors il est impossible de ne pas voir comme Jérimadeth, ainsi placé (je ne parle pas de Judith) est hébraïque, quand on y pense. […] Corneille n’a jamais pu faire que des êtres gracieux, Racine n’a jamais pu faire que des êtres disgraciés, et ce qu’il y a de tragique c’est qu’il est impossible de nier qu’il les faisait tout naturellement, qu’ils sortaient de lui, qu’ils lui venaient naturellement ainsi. […] Nous luttons dans les conditions les plus difficiles, dans des conditions presque impossibles.

1569. (1890) Causeries littéraires (1872-1888)

Il était impossible que Lantier fît et dît autre chose que ce qu’il fait et dit. […] Non qu’elles soient de pure imagination ; mais ce qu’il y a de vrai en elles est tendu jusqu’à se briser, poussé à outrance jusqu’à l’impossible. […] Quand le critique voudra être simplement ce qu’il est, sans se soucier de ce qu’il peut paraître, il ne gagnera pas comme éclat, ce qui serait impossible, mais il gagnera en autorité. […] La lutte est impossible contre cet homme, à moins que M.  […] » Non, il est impossible de peindre l’impression produite par cette scène qui touche au sublime.

1570. (1880) Une maladie morale : le mal du siècle pp. 7-419

Il semble que son amour même pour Charlotte soit un amour de tête bien plutôt que de cœur, et qu’il y entre beaucoup du sentiment qui le porte à se heurter contre l’impossible. […] Montégut « qu’il est impossible de voir en elles des types humains, ni des types du temps présent. » Sans doute, les proportions de ces personnages sont excessives. […] Il est impossible de mentionner toutes les productions poétiques, se rapportant à notre sujet, que la Restauration vit éclore et périr aussitôt. […] Cette idée me décourage. » Et l’année suivante, le 25 octobre, après avoir fait à son ami le récit d’une passion malheureuse, il ajoutait, non sans éloquence : « L’irréparable, le passé, l’impossible, tout est négation dans le monde. […] Quoi qu’elle ait pu dire, ici il est impossible de ne pas la reconnaître.

1571. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

Apôtre autant qu’on peut l’être parmi des disciples frivoles, il fut un type de réformateur en un temps où les Luther, les Calvin et même les Melanchthona sont impossibles. […] — Impossible ! […] D’ailleurs, il m’est impossible de faire autrement, étant séparé de ma table par une centaine de lieues, et plus occupé aux travaux guerriers qu’aux arts de la paix. […] Toutefois, son œuvre de synthèse eût été impossible sans cette patiente analyse et ce travail souterrain auxquels se sont appliqués, dans toutes les régions de l’Orient hellénique, ses aînés, ses contemporains, ses cadets. […] Impossible d’aller aux visions de l’Iliade, aux rêves de Platon, si l’on ne passe d’abord par cette poussière.

1572. (1913) Les idées et les hommes. Première série pp. -368

Impossible prétention et qui aboutit à de faux semblants. […] L’anéantissement total n’est pas admissible ; la survivance de notre conscience actuelle est aussi impossible que le néant. […] Voilà l’histoire : et elle n’a pas cette « objectivité » parfaite (et, d’ailleurs, impossible) à laquelle prétendirent les maîtres de la « méthode ». […] Il m’est impossible de les approuver. […] Un conseil de famille, hâtivement réuni, décida que cet être impossible serait embarqué pour l’Inde, à bord d’un vaisseau marchand.

1573. (1876) Romanciers contemporains

Il est impossible de ne pas voir dans ces longs apartés où Mérimée brûlait ce qu’il venait d’adorer en public, une revanche de l’homme du monde se croyant trop haut placé pour qu’il fût digne de lui de frayer longtemps avec des auteurs. […] Aussi l’illusion du lecteur est complète, et il lui est impossible de ne pas être persuadé que ce qu’il lit est réellement arrivé. […] Dans ces études, nécessairement rapides, il nous est impossible d’analyser toutes les œuvres d’un auteur, et nous sommes réduits à nous borner. […] Il est impossible de s’honorer davantage en étant plus noblement utile à son semblable. […] Analyser par le menu plus de soixante volumes est chose impossible.

1574. (1889) Ægri somnia : pensées et caractères

Est-il impossible, par exemple, d’améliorer le régime du travail ? […] Il paraissait impossible, non seulement que la liberté eût à craindre des disgrâces d’un esprit si élevé et si large, mais encore que l’autorité et la liberté ne fissent pas désormais bon ménage dans un pays qui ne pouvait pas plus se passer de l’une que de l’autre. […] », lassant et décourageant les esprits les plus pratiques et les plus persuasifs par ce muet refus de comprendre que le secours ou la réparation fût impossible. […] Et un général peut le dire, comme la chose la plus simple du monde, à la fleur de nos jeunes gens, dans un pays où la vie et la jeunesse ont tant de prix ; et, parmi cette foule qui l’écoute, nul ne pense que le général ne dit vrai, et qu’il exhorte à des vertus impossibles. […] — Dès ce soir, m’écriai-je, c’est impossible !

1575. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre II. Les directions divergentes de l’évolution de la vie. Torpeur, intelligence, instinct. »

Mais que chaque instant soit un apport, que du nouveau jaillisse sans cesse, qu’une forme naisse dont on dira sans doute, une fois produite, qu’elle est un effet déterminé par ses causes, mais dont il était impossible de supposer prévu ce qu’elle serait, attendu qu’ici les causes, uniques en leur genre, font partie de l’effet, ont pris corps en même temps que lui, et sont déterminées par lui autant qu’elles le déterminent ; c’est là quelque chose que nous pouvons sentir en nous et deviner par sympathie hors de nous, mais non pas exprimer en termes de pur entendement ni, au sens étroit du mot, penser. […] Il est impossible de considérer certains instincts spéciaux de l’animal et de la plante, évidemment nés dans des circonstances extraordinaires, sans les rapprocher de ces souvenirs, en apparence oubliés, qui jaillissent tout à coup sous la pression d’un besoin urgent. […] Qu’un effort de ce genre n’est pas impossible, c’est ce que démontre déjà l’existence, chez l’homme, d’une faculté esthétique à côté de la perception normale.

1576. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — I. » pp. 235-256

Il m’est impossible de ne pas noter en passant cette disposition de Saint-Martin à tirer de toutes choses signe, indice et présage.

1577. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — II » pp. 112-130

Joignant à cela une grande application, qui amène nécessairement quelque intelligence, il est impossible qu’on ne soit pas recherché de degrés en degrés pour les premiers emplois, car on a besoin de vous.

1578. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — III » pp. 81-102

Le roi aurait bien voulu terminer cette campagne, il vient de le dire, par quelque entreprise considérable, telle que le siège de Landau par exemple ; n’étant pas militaire, Louis XIV demandait quelquefois à ses généraux des choses impossibles.

1579. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Don Carlos et Philippe II par M. Gachard Don Carlos et Philippe II par M. Charles de Mouy »

Un nouveau Cid, de nos jours, est impossible.

1580. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français et de la question des Anciens et des Modernes »

Comment traduire en effet, à l’usage de tous, cette quantité de petites pièces qui exigent tant d’explications, de notes, une connaissance si particulière, et dont quelques-unes, par leur sujet, semblent si impossibles dans nos mœurs, et si faites à bon droit pour éloigner ?

1581. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid (suite.) »

Victoire cependant, qui ne le cède à nulle autre, et dont l’honneur rejaillit sur le règne même de Louis XIII et de ce Richelieu qui s’est trop montré jaloux de Corneille : il est, malgré tout, impossible de ne pas confondre le triomphe du Cid avec le leur et avec le plus beau moment de leur gloire.

1582. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.) »

L’humanité est ainsi faite : après tout grand succès et pour le compléter, il y a toujours un M. de Rubentel, un monsieur aigri, outré, impossible, qui vous en veut à mort de ce jour-là, qui vous saluait la veille et qui ne vous salue plus.

1583. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Essai de critique naturelle, par M. Émile Deschanel. »

On lui a opposé, d’une part, qu’il disait des choses trop évidentes et qui étaient tout accordées, et de l’autre, qu’il en demandait d’impossibles, en croyant pouvoir saisir et dérober le secret du génie, et en voulant suppléer au sens indéfinissable du goût.

1584. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. »

Mais il est impossible que dans les dictées d’un homme de guerre d’une vocation aussi décidée il n’y ait pas de bonnes et fines remarques de détail (comme chez Montluc en son temps), des observations pratiques utiles au métier et d’autres qui touchent au moral de l’art et qui sont supérieures : Mes Rêveries en sont semées ; Napoléon, en les lisant, y a fait les deux parts10 ; et le comte Vitzthum a raison d’y signaler, à son tour, de bonnes et même de tout à fait belles pages : ainsi l’exposé de la bataille de Pultava, ainsi un curieux récit de l’affaire de Denain au point de vue du prince Eugène11 ; ainsi des réflexions sur la défaite de Malplaquet, sur la déroute de Ramillies ; de singulières anecdotes sur des paniques d’hommes et de chevaux même après la victoire gagnée, racontées à l’auteur par Villars ; mais surtout un admirable endroit sur l’idée du parfait général d’armée que le comte de Saxe avait vu à peu près réalisé en la personne du prince Eugène.

1585. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [I] »

Il m’est impossible toutefois de ne pas remarquer l’exagération qui s’attache à ces Études ou monographies, comme on dit aujourd’hui.

1586. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [II] »

À défaut du Roland devenu impossible, il y aurait eu moyen, j’imagine, d’aller choisir quelque grand fait, quelque épisode de nos chroniques nationales, de nos dernières guerres séculaires, comme les récits chevaleresques de Froissart en sont pleins ; quelque combat des Trente ; et, sans tant chercher, que n’est-on allé donner la main à la dernière chanson de geste de la seconde moitié du xive  siècle, à la chronique de Du Guesclin !

1587. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo en 1831 »

Victor Hugo perdit sa mère en 1821 : ce fut pour lui une affreuse douleur, tempérée seulement par l’idée que son mariage n’était plus désormais si impossible.

1588. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. CHARLES MAGNIN (Causeries et Méditations historiques et littéraires.) » pp. 387-414

Plus d’analyse conviendrait peu, à propos des deux volumes que nous annonçons ; et puis il nous serait impossible, en continuant de les feuilleter, de ne pas nous rencontrer nous-mème face à face sous la plume de M.

1589. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DE BARANTE. » pp. 31-61

Monnard18, on trouve dans les tomes VII et VIII, à titre d’appendice, d’excellentes dissertations de M. de Gingins, qui prennent ces événements fameux par un revers assez inattendu, mais désormais impossible à méconnaître, sauf la mesure.

1590. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. Joubert »

Je renvoie au livre ; ceux qui en seront avides et dignes sauront bien se le procurer ; ils forceront d’ailleurs par leur clameur à ce qu’on le leur donne : il est impossible que de tels élixirs d’âme restent scellés.

1591. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Le comte de Ségur »

Il nous est toutefois impossible de ne pas admirer la sagacité et presque la prophétie de Favier, quand il insiste sur les inconvénients constants de cette alliance autrichienne qu’on a vue depuis encore si fertile en erreurs et en déceptions : « Il faut, écrivait-il en faisant allusion au mariage du Dauphin (Louis XVI) et de Marie-Antoinette, il faut avoir peu de connaissance de l’histoire pour croire qu’on puisse en politique se reposer sur les assurances amicales qu’on se prodigue, ou au moment de la formation d’une alliance, ou à celui d’une union faite ou resserrée par des mariages.

1592. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIe Entretien. Chateaubriand »

Sa figure, sans être belle, était perçante ; il était impossible d’apercevoir dans un théâtre ou dans un salon cette figure de fils des preux, fière, gracieuse, accentuée, sans demander quel était ce jeune gentilhomme, et sans se souvenir de lui.

1593. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre I. Roman de Renart et Fabliaux »

La sympathie pourrait bien être, dans la littérature réaliste, la marque décisive, impossible à contrefaire, de la sincérité.

1594. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre I. Renaissance et Réforme avant 1535 — Chapitre II. Clément Marot »

Cette vie de cour essayée par Anne de Bretagne, splendidement développée par François Ier, cette perpétuelle conversation des hommes et des femmes les plus illustres dans les maisons du roi, rendaient impossibles la lourdeur, le pédantisme, la prolixité, la platitude d’autrefois.

1595. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre IV. Le patriarche de Ferney »

Ensuite, que, sans Voltaire, Renan était impossible.

1596. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Anatole France »

Et même quand l’objet observé est pour toujours arrêté dans ses formes, il suffit que l’esprit où il se reflète soit muable et divers pour qu’il nous soit impossible de répondre d’autre chose que de notre impression du moment.

1597. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Octave Feuillet »

Cela est variable et impossible à déterminer.

1598. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « La jeunesse du grand Condé d’après M. le duc d’Aumale »

Oui, c’est bien lui qui eut le principal honneur de la journée : il est impossible d’en douter après le récit de M. le duc d’Aumale.

1599. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIII. Retour de Molière à Paris » pp. 225-264

Il est impossible de faire de la grammaire un pire usage.

1600. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre douzième. »

La Rochefoucauld, en poursuivant de son analyse amère et impitoyable tous les déguisements de notre mauvaise nature, en nous faisant peur de nos mouvements les plus naïfs, aurait pu nous ôter jusqu’au désir de l’innocence, à force de nous prouver qu’elle est impossible.

1601. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les poètes décadents » pp. 63-99

Nous pouvons faire une application ironique et nouvelle de ce mot, en y sous-entendant la nécessité de réagir par le délicat, le précieux, le rare, contre les platitudes des temps présents ; même s’il était impossible de laver complètement le mot décadent de son mauvais sens, cette injure pittoresque, très automne, très soleil couchant, serait encore à ramasser, en somme ! 

1602. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre II »

C’est là l’erreur capitale de la comédie ; en versant le génie dans l’être misérable que nous allons voir à l’œuvre, elle a fêlé son type, dénaturé sa morale et produit un caractère odieux, nauséabond, répulsif, nectar aigri, ambroisie tournée, mixture impossible de ce qu’il y a de plus élevé dans l’âme.

1603. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Goethe et de Bettina, traduites de l’allemand par Sébastien Albin. (2 vol. in-8º — 1843.) » pp. 330-352

Vous savez qu’il m’est impossible de rester assise, en personne bien élevée.

1604. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Biographie de Camille Desmoulins, par M. Éd. Fleury. (1850.) » pp. 98-122

Il me serait trop aisé de prouver tout cela par des exemples ; quand je dis trop aisé, je me vante, car, si je voulais citer, ce me serait difficile et le plus souvent impossible, à cause du cynisme et de la grossièreté des passages, même là où c’est spirituel.

1605. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La duchesse du Maine. » pp. 206-228

Tout examen est impossible à sa légèreté, et le doute est un état que ne peut supporter sa faiblesse.

1606. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame Necker. » pp. 240-263

Ainsi elle dira : « Vouloir contenir le génie dans les bornes du goût n’est pas une chose impossible.

1607. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « L’abbé Maury. Essai sur l’éloquence de la chaire. (Collection Lefèvre.) » pp. 263-286

Buchez et Roux, le discours avec les circonstances indiquées des interruptions, il est impossible, si l’on n’est pas déjà averti et si l’on prend le tout au pied de la lettre, de saisir l’esprit du drame.

1608. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires de Marmontel. » pp. 515-538

Pour nous, à parler franchement, dans un genre aussi faux que l’était la tragédie à cette époque, il nous serait impossible, si nous n’étions guidé par le résultat, d’exprimer aucune préférence pour l’une ou pour l’autre de ces cinq ou six tragédies ; nous ne pouvons nous former un avis qui les différencie et les distingue, tant l’insipidité et l’ennui, en les lisant, paralysent tout d’abord notre attention.

1609. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le comte-pacha de Bonneval. » pp. 499-522

Quoique je ne sois pas vaine, il serait impossible de n’être pas flattée de ce qui se publie sur votre compte ; je ne fais pas un pas que je n’entende faire votre éloge, et d’une façon que je vous avouerai qui séduit mon oreille et touche véritablement mon cœur.

1610. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Rollin. » pp. 261-282

Dans tout ceci, en resongeant au bon Rollin dont le nom revient encore par un reste d’habitude, je crois qu’il est impossible d’en faire autre chose qu’un honorable, un pieux et lointain regret.

1611. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Mémoires de Daniel de Cosnac, archevêque d’Aix. (2 vol. in 8º. — 1852.) » pp. 283-304

Mon zèle me fit, dans ces commencements, regarder cette occupation avec dépit, et comme un mauvais présage de ce qui arriverait dans la suite ; et je fis réflexion qu’on avait bien raison de dire qu’il était presque impossible de changer la nature, quand elle avait une fois pris sa pente.

1612. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Voltaire et le président de Brosses, ou Une intrigue académique au XVIIIe siècle. » pp. 105-126

Quant à Voltaire, il est impossible, lorsqu’on le connaît bien et qu’on l’a vu en ses divers accès, de le prendre pour autre chose que pour un démon de grâce, d’esprit, et bien souvent aussi (il faut le dire) de bon sens et de raison, pour un élément aveugle et brillant, souvent lumineux, un météore qui ne se conduit pas, plutôt que pour une personne humaine et morale.

1613. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Histoire » pp. 179-240

Le livre eût été impossible, sans l’aide, le concours, les communications obligeantes des amateurs d’autographes.

1614. (1889) L’art au point de vue sociologique « Introduction »

L’idée philosophique de l’évolution universelle « est voisine de cette autre idée qui fait le fond de la poésie : vie universelle9. » Si le mystère du monde ne peut être complètement éclairci, il nous est pourtant impossible de ne pas nous faire une représentation du fond des choses, de ne pas nous répondre à nous-mêmes dans le silence morne de la nature : « Sous sa forme abstraite, cette représentation est la métaphysique ; sous sa forme imaginative, cette représentation est la poésie, qui, jointe à la métaphysique, remplacera de plus en plus la religion. » Voilà pourquoi le sentiment d’une mission sociale et religieuse de l’art a caractérisé tous les grands poètes de notre siècle ; s’il leur a parfois inspiré une sorte d’orgueil naïf, il n’en était pas moins juste en lui-même. « Le jour où les poètes ne se considéreront plus que comme des ciseleurs de petites coupes en or faux où on ne trouvera même pas à boire une seule pensée, la poésie n’aura plus d’elle-même que la forme et l’ombre, le corps sans l’âme : elle sera morte. » Notre poésie française, heureusement, a été dans notre siècle tout animée d’idées philosophiques, morales, sociales.

1615. (1888) La critique scientifique « La critique et l’histoire »

Le fait par lequel un grand écrivain, parti d’on ne sait quelles origines impossibles à dégager, ayant senti en lui un monde nouveau l’émouvoir, faisant appel à des dispositions, à des pensées, aune sensibilité intacte jusque-là et dormantes, groupe autour de lui eu cercles concentriques toujours plus étendus, ses congénères intellectuels, dégage de la masse humaine confondue, la classe d’êtres qui possèdent en eux un organisme consonnant au sien, vibratileei sous les impulsions mêmes qui sont en lui puissantes au point de l’avoir contraint à leur trouver l’expression et à les extérioriser ainsi généralement intelligibles et efficaces — ce phénomène est le semblable de celui par lequel, dans un autre ordre, l’ordre des actes et non plus des émotions, un homme ayant connu une entreprise, portant en lui cet ensemble d’images préalables de réussite, de gloire, de fortune qui constituent une impulsion, ces visions d’effet à réaliser, de moyens, de détails, d’acheminements, de dispositifs, qui constituent un but, parvient par persuasion, par des ordres, par simple communication, à les faire passer rudimentairement, vaguement, clairement, dans l’âme des milliers de suivants que forment ses lieutenants, une armée, des alliés ; que forment encore des ouvriers, des ingénieurs, des collaborateurs ; ou un public, des courtiers, des banquiers, des associés ; ou simplement le peuple, des agents électoraux, des députés, des ministres.

1616. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre I. La critique » pp. 45-80

Jean Mélia, devraient être compris dans cette étude, mais nous retrouverons ailleurs tous ces noms et d’autres — car les limites de l’essai sont vagues et le domaine de l’érudition se subdivise en tant de districts qu’il nous serait impossible de les connaître tous.

1617. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Plan, d’une université, pour, le gouvernement de Russie » pp. 433-452

Plusieurs objections pourraient ne pas signifier davantage, puisqu’il ne serait pas impossible que le plan qui en fournirait le plus ne fût encore le meilleur.

1618. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Le Prince » pp. 206-220

Dans ces dernières y aurait-il certains traits fins, subtils et cachés, faciles à sentir quand on les a sous les yeux, infiniment difficiles à retenir quand on ne les voit plus, impossibles à rendre par le discours ; ou serait-ce de ces physionomies rares et des traits spécifiques et particuliers de ces physionomies que seraient empruntées ces imitations qui nous confondent et qui nous font appeller les poëtes, les peintres, les musiciens, les statuaires du nom d’inspirés ?

1619. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Loutherbourg » pp. 258-274

J’ajouterai de ses dessins qu’il était impossible d’y montrer plus d’esprit et plus d’intelligence.

1620. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre X. Première partie. Théorie de la parole » pp. 268-299

Si Boileau se fût élevé à cette haute considération, il aurait connu les ressources de l’épopée chrétienne ; son esprit réservé et sévère n’aurait pas été effrayé d’une profanation qui était impossible pour le véritable poète ; et il n’aurait pas continué à perpétuer parmi nous le règne caduc des divinités de la Grèce.

1621. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Philarète Chasles » pp. 147-177

Et voici comment Cydalise s’y est prise pour tout gâter : Elle savait trop qu’il était impossible d’accuser directement l’Église, en une circonstance où l’Église avait été si admirablement maternelle.

1622. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Sainte-Beuve. Les Poésies de Joseph Delorme, Les Consolations, les Pensées d’août. »

Impossible de l’oublier !

1623. (1868) Curiosités esthétiques « VII. Quelques caricaturistes français » pp. 389-419

Faire une analyse complète de l’œuvre de Daumier serait chose impossible ; je vais donner les titres de ses principales séries, sans trop d’appréciations ni de commentaires.

1624. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — La rentrée dans l’ordre »

Ce dilemme, le voici : ou bien le prêtre est sincère et donne de bonne foi son adhésion pleine et entière au dogme intégral dont l’Église lui impose la croyance, et dans ce cas, il fait preuve, tout en demeurant respectable, de la déraison la plus indéniable, puisqu’il est actuellement impossible de ne pas considérer le dogme comme un tissu d’inepties, de monstruosités et de mensonges, puisque valeur intellectuelle et croyance dogmatique se nient ; ou bien, il n’a pas foi dans le dogme, et dans ce cas, il ne peut être qu’un imposteur, puisqu’il fait profession d’enseigner ce qu’il sait être l’erreur.

1625. (1890) La bataille littéraire. Troisième série (1883-1886) pp. 1-343

Presque tous ont une certaine valeur, et si chacun d’eux n’est pas mentionné par nous, c’est parce qu’il nous est impossible de tout lire et, disons-le, de tout signaler, en raison des crudités que renferment quelques-uns d’entre eux. […] Richepin ait voulu défendre à la mémoire du lecteur de retenir, pour la réciter, une seule pièce de ses beaux vers, et je le sens d’autant mieux qu’il m’est impossible, malgré toute ma bonne volonté, d’en reproduire une ici dans son entier. […] — Mais, songes-y donc, si j’avais été académicien, il m’était impossible d’écrire le Nabab, les Rois en exil et Sapho ! […] Tout en écoutant son gentil babil, je ne pouvais penser sans tristesse à la destinée qui l’attendait probablement, à cette existence de harem sous les aspects de laquelle il m’était encore impossible de ne pas considérer la vie des mormonnes. Et, cependant, j’étais bien obligé de convenir à part moi qu’il était impossible aussi d’imaginer un intérieur plus décent, plus respectable, plus uni au moins d’apparence que celui où je me trouvais.

1626. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

L’ignorance pas plus que le silence ne sont des crimes en pareil cas ; il est impossible de connaître toutes les petites églises de gens de lettres qui se sont formées depuis une dizaine d’années, et par conséquent d’en parler. […] Il se fit un lit dans une stalle vide, et ferma les yeux ; mais il lui fut impossible de dormir, et il se leva, se promena. […] Ma foi, me répondit-il, en se grattant la nuque, il m’est impossible de vous satisfaire ; oui ; mais, ajouta-t-il en m’indiquant à quelque distance une massive bâtisse récemment récrépie, on vous enseignera là, certainement, à votre gré… dites-donc, autrement, il fait bon, aujourd’hui, n’est-ce pas ?  […] nous eûmes beau, l’un et l’autre, étudier de très près une multitude de pancartes chargées d’épures et de notices, il nous fut impossible d’y découvrir un trait, un mot, la moindre trace de l’état civil et de l’extrait mortuaire de l’obscur à la fois et lumineux trépassé. […]   Impossible de suivre M. 

1627. (1916) Les idées et les hommes. Troisième série pp. 1-315

Les opérations de grande envergure sont impossibles : on cherche de menus résultats qui se coordonneront avec d’autres et au moins rattraperont des bouts de sol. […] Impossible ! […] Or, les libertés germaniques maintenues, c’est l’unité allemande  impossible ; et c’est la liberté de l’Europe assurée. […] Impossible de ne pas céder. […] Émile Ollivier le sent bien que, faute de cette impossible conclusion, toute sa dialectique chancelle.

1628. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mademoiselle Aïssé »

Non, messieurs, cela est impossible, et voici mes raisons : Mme de Ferriol servait de mère à Mlle Aïssé ; elle avait mêlé son éducation à celle de ses enfants. […] Parlant du relâchement et de l’anarchie croissante au sein du pouvoir, elle prédit la ruine aussi nettement qu’Aïssé l’a fait tout à l’heure : «  À moins que Dieu n’y mette visiblement la main, il est physiquement impossible que l’État ne culbute. » (Lettre de Mme de Tencin au duc de Richelieu, du 18 novembre 1743.)

1629. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. de Rémusat (passé et présent, mélanges) »

Peut-être l’imagination seule opére-t-elle ce prestige, l’imagination qui sait tout embellir, la douleur qu’elle adoucit, comme le plaisir qu’elle relève…. » Doué de la sorte et sentant comme il sentait, il était impossible qu’il contînt sa chanson aux simples sujets d’amour ou de table et à la camaraderie de collége ; les intérêts de gloire, de patrie, les événements publics, devaient y retentir aussi, et, en un mot, lui qui chantait depuis 1812, devait naturellement, inévitablement, entrevoir et pressentir dans ses refrains les mêmes horizons que découvrait vers le même temps Béranger. […] Il m’est impossible d’y rien noter de juvénile, si ce n’est peut-être une certaine forme condensée, un enchaînement parfois si serré qu’il peut paraître obscur, en un mot une légère exagération de la maturité.

1630. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre I. Le Roman. Dickens. »

Depuis Voltaire, Tartufe est impossible. […] Il sera impossible de l’écouter sans avoir le cœur attendri.

1631. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins » pp. 185-304

… Il m’était impossible de m’y rallier. […] XXIX Il m’était impossible d’accepter, pour le parti légitimiste libéral mais loyal dont je sortais, le rôle d’auxiliaire de mauvaise foi des factions démagogiques dans la chambre et dans la presse ; cette tactique ne répugnait pas moins à ma loyauté qu’à mon bon sens.

1632. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLIXe Entretien. L’histoire, ou Hérodote »

Mitradate lui répondit : « qu’il lui était impossible de ne pas exécuter ce qui lui avait été ordonné ; que les espions d’Harpagus ne manqueraient pas de venir observer ce qui se passerait, et qu’il serait perdu sur-le-champ s’il désobéissait. » La femme, voyant qu’elle ne pouvait persuader son mari, eut recours à un autre moyen, et lui dit : « Puisque je ne saurais te déterminer à conserver cet enfant, et qu’il faut pour ta sûreté que tu puisses en montrer un étendu à terre, fais ce que je vais t’indiquer. […] Enfin, les Perses voyant, après ces inutiles tentatives, qu’il leur était impossible de s’emparer d’aucun point du défilé, prirent le parti de se retirer.

1633. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1862 » pp. 3-73

Ça le désole, mais il a eu beau chercher, il lui a été impossible de faire autrement… Voulez-vous savoir ce qu’il y a dans la maison ?  […] — Comment, mais c’est impossible, soixante-douze francs pour sept ans.

1634. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre dixième. Le style, comme moyen d’expression et instrument de sympathie. »

l’humanité dans ta tombe scellée, Ô jeune Essénien, garde son dernier Dieu… Mais nous, nous consumés d’une impossible envie, En proie au mal de croire et d’aimer sans retour, Répondez, jours nouveaux ! […] Dans les plus belles pages d’Hugo il y a bien des passages gâtés par la superstition de la rime riche ; voyez même le Satyre : Oui, l’heure énorme vient, qui fera tout renaître, Vaincra tout, changera le granit en aimant, Fera pencher l’épaule en morne escarpement Et rendra l’impossible aux hommes praticable.

1635. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre III. Variétés vives de la parole intérieure »

Il est impossible de ne pas voir dans le phénomène démonique habituel à Socrate une manifestation originale et particulièrement vive de la parole intérieure morale, ou, tout au moins, un phénomène analogue. […] Suite : les dieux d’Homère ; la prosopopée Socrate ne rattachait ses idées propres sur les rapports des dieux avec les hommes qu’aux idées religieuses de son temps ; néanmoins, il est impossible de ne pas remarquer une certaine analogie entre le rôle qu’il attribuait à son démon et le rôle que prennent dans Homère les divinités protectrices à l’égard des héros : tantôt elles leur révèlent l’avenir ; tantôt et plus souvent, elles les invitent à certaines actions déterminées, ou bien elles les retiennent au moment d’agir, elles leur imposent le calme et la réserve ; enfin, prédiction et conseil ont souvent dans les discours des dieux de l’Olympe le rapport de principe à conséquence : l’avenir dévoilé justifie le conseil présent.

1636. (1902) Les poètes et leur poète. L’Ermitage pp. 81-146

— Il me serait à peu près impossible de répondre d’une façon nette et définitive à la question posée par votre enquête. […] — Il m’est impossible, dans les termes où elle pose, de satisfaire à votre intéressante enquête.

1637. (1926) La poésie pure. Éclaircissements pp. 9-166

Une série d’analyses m’ayant démontré que, d’une part, il n’est pas impossible qu’un théologien éminent manque tout à fait de vie religieuse, que, d’autre part, il se rencontre des âmes profondément religieuses qui manquent tout à fait de théologie, je conclus sans hésiter de ces deux séries extrêmes d’expériences, que religion et théologie cela fait deux, sans contester pour si peu les relations nécessaires qui existent entre religion et théologie. […] il est vrai que, dans les vers, tout ce qui est nécessaire à dire est presque impossible à bien dire. voilà du Valéry des grands jours ! […] « (la prisonnière, II, 76.) » rapprochez de ces lignes ce que Proust nous dit sur la beauté dénuée de signification de la fille de Minos et de Pasiphaé (p. 193)… « ces vers d’autant plus beaux qu’ils ne signifiaient rien du tout… (du côté de chez Swann, p. 89.) » ; et sur ces impressions… pour ainsi dire « sine materia… », ces motifs à peine discernables, connus seulement par le plaisir particulier qu’ils donnent, « impossibles à décrire », à se rappeler, à nommer, « ineffables… (p. 194.) » ; et enfin sur les ressources uniques de l’art, qui seul nous fait connaître tout le résidu réel que nous sommes obligés de garder pour nous-mêmes, et que la causerie ne peut transmettre…, « cet ineffable qui différencie qualitativement ce que chacun a senti et qu’il est obligé de laisser au seuil des phrases », où il ne peut communiquer avec autrui qu’en se limitant à des points extérieurs communs à tous et sans intérêt… « (la prisonnière, II, p. 75.) » comment ne raccorderait-on pas ces passages à nos citations de Bergson et aux déclarations de tant de poètes, critiques, philosophes qui sentent profondément, poétiquement, par là même mystiquement ?

1638. (1896) Le IIe livre des masques. Portraits symbolistes, gloses et documents sur les écrivains d’hier et d’aujourd’hui, les masques…

» Le rêve de Wagner, interprété sur un théâtre, par des cabotins, par des décors et des costumes (« qui en sont l’extériorisation »), échoue à donner l’impression d’un art absolu, complet ; tel qu’il fut conçu, le drame wagnérien est « impossible ». […] Ils sont très doux ces poèmes en prose paresseusement rythmée et d’une grande pureté de ton ; et toujours Antonia surgit aux dernières lignes, rappelant le poète aux impossibles amours. […] Ghil lui a rendu ce rôle impossible. […] Il continue :      « Peut-être une définition complète du génie est-elle impossible, parce que le génie fait éclater toutes les formules.

1639. (1864) Études sur Shakespeare

Si l’on n’aborde ces considérations générales, il est impossible le répondre aux idées, confuses peut-être, mais actives et pressantes, qu’un tel sujet fait naître maintenant dans tous les esprits. […] Arrivés au lieu du rendez-vous, les braves de Stratford trouvent les Francs Buveurs partis pour la foire voisine ; les Gourmets, moins redoutables, selon toute apparence, demeuraient seuls, et proposent d’essayer la fortune des armes ; la partie est acceptée ; mais, dès les premiers coups, la troupe de Stratford, mise hors de combat, se voit réduite à la triste nécessité d’employer ce qui lui reste de raison à profiter de ce qui lui reste de jambes pour opérer sa retraite ; l’opération paraissait même difficile, et devient bientôt impossible ; à peine a-t-on fait un mille que tout manque à la fois, et la troupe entière établit, pour la nuit, son bivouac sous un pommier sauvage, encore debout, s’il en faut absolument croire les voyageurs, sur la route de Stratford à Bidford, et connu sous le nom de l’arbre de Shakespeare. […] Il est donc à peu près impossible de prononcer aujourd’hui avec certitude sur l’authenticité des pièces contestées de Shakespeare. […] Sans cet emploi du comique, sans cette intervention des classes inférieures, combien d’effets dramatiques, qui contribuent puissamment à l’effet général, deviendraient impossibles !

1640. (1853) Propos de ville et propos de théâtre

. — Il est impossible d’entrer dans un restaurant sans tomber au milieu d’un repas nuptial. — Les voitures publiques deviennent insuffisantes, et, dans certains quartiers populeux, on a été obligé de mettre en réquisition les tapissières pour le transport des époux et de leurs familles. — M.  […] Quant à la chaleur, elle était véritablement torride ; non-seulement les bougies fondaient, mais encore on a eu à craindre un moment que le bronze des lustres n’entrât lui-même en fusion. — Il a été impossible de se procurer une glace avant trois heures du matin. — Dans le parcours des buffets aux loges, elles se transformaient en eau bouillante. — Mademoiselle A… e…, qui, sans doute par amour de l’antithèse, s’était coiffée avec une couronne de fleurs d’oranger, en rentrant le matin chez elle, a trouvé des oranges parfaitement mûres, à la place des fleurs et des boutons symboliques. — Cette atmosphère, qui aurait fait crier grâce au ver à soie le plus frileux, a causé également plusieurs accidents, sans compter les rhumatismes qui pourront en résulter. — On cite notamment une aventure dont l’héroïne est une actrice qui n’a pas encore débuté, et qui a été surnommée Bérésina, à cause de sa réserve tellement glaciale, qu’un seul de ses regards suffisait pour donner des engelures. […] Malheureusement, le dictionnaire de conversation ressemble à ces instruments à vent dont il est impossible déjouer si on ne possède pas ça que les musiciens appellent l’embouchure. […] — Il est impossible que ma femme ait pu engraisser de quarante-cinq kilos dans une soirée, reprit gravement le mécanicien ; et conduisant les deux amis dans la chambre voisine, avant que le poids supplémentaire ait pu se dissimuler, il requit leur témoignage pour constater le flagrant délit devant la loi. — Le juge devant lequel l’affaire avait été portée avait condamné le séducteur à un farthing d’amende (deux liards de notre monnaie). — Quant à la femme, son mari avait été autorisé à la rendre à sa famille. — Le mécanicien a dû partir pour la France, où il compte exploiter son invention. […] Les salons sont divisés en compartiments, — ce qui rend l’isolement absolu à peu près impossible. — Mais ce que la morale y peut gagner, elle le perd dans les parcs qui restent ouverts toute la nuit

1641. (1903) Le problème de l’avenir latin

Il est impossible de ne pas voir là le plus sacré de ses devoirs, auquel correspond le devoir de l’individu qui est d’acquérir l’instruction. […] On ferait en sorte que toute manifestation du culte, même sous la forme la plus atténuée, fût absolument impossible sur l’étendue du territoire et qu’une fois pour toutes on s’habituât à considérer comme un délit le fait d’appartenir en qualité de ministre à une Eglise qui a, depuis des siècles, fait ses preuves de malfaisance à l’égard des sociétés. […] Même annihilés au point de vue des grands intérêts du monde, ils posséderont encore assez de motifs d’intérêt pour subsister, durant une période impossible à déterminer, mais qui pourrait être plus longue qu’on ne pense. […] Nous venons de voir que cela est impossible et que la loi qui pèse sur le propriétaire, en matière internationale, est inéluctable. […] Il semble qu’il y ait là une force de tradition, un poids de siècles, impossible à vaincre ou à soulever.

1642. (1924) Intérieurs : Baudelaire, Fromentin, Amiel

Il y a là une figure de l’ironie qui n’est ni celle de Socrate, ni celle de Swift, ni celle de Voltaire, ni celle de Stendhal, mais qu’il faut savoir reconnaître, et où il n’est pas impossible de doser avec justesse des cléments positifs de triste vérité. […] Il nous fait penser à un grand peintre — peut-être impossible — qui eût été dans la lumière d’Orient comme Claude Lorrain dans la lumière de Rome : « C’est une sorte de clarté intérieure qui demeure, après le soir venu, et se réfracte encore à travers mon sommeil. […] Traduire avec la perfection du génie, cela ne se voit, ne s’est vu et ne se verra jamais, d’abord parce que si on a du génie on ne l’emploie pas à des traductions, ensuite et surtout parce qu’il est aussi impossible à un génie individuel de faire passer l’âme d’une langue dans une autre langue qu’à un roi absolu de changer un homme en femme. […] Mais tout aveu, toute légitimation d’amour sont rendus impossibles par cette disproportion des âges, conventionnelle et non réelle, puisque tous deux sont nés à quelques mois de distance. […] « La conscience, la timidité, l’hésitation, le manque de mémoire rendent la composition quasi impossible.

1643. (1924) Critiques et romanciers

Dieu n’a pas voulu nous rendre l’erreur impossible ; et il n’a pas refusé tout le génie, tout le talent et la beauté aux fils de Caïn, ni à ses filles, pour donner ces attraits divers aux fils et aux filles d’Abel. […] Les deux critiques, les voilà, bien nettement opposées l’une à l’autre, si différentes qu’il paraît impossible de les concilier : l’une détruit l’autre. […] Il ne faut pas la copier, mais la représenter : et des symboles remplacent l’impossible copie. […] Ce n’est pas impossible ; soit qu’un traité vous les rende, si, en échange, vous cédez « à l’appétit colonial de l’Allemagne l’une de nos possessions exotiques », ou si vous tâchez de vous acquitter à prix d’argent ; soit qu’il vous plaise de recourir aux armes, « et alors il n’est plus de motif de retard ». […] Mais c’est sûr ; et il est impossible que ce ne soit pas comme ça ! 

1644. (1882) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Deuxième série pp. 1-334

S’il n’est qu’un homme, il devient impossible de tirer de son appauvrissement et de son anéantissement, comme disent les orateurs chrétiens, la leçon d’humilité qu’on en tire, et c’est l’orgueil qui devient une vertu ; s’il n’est qu’un Dieu, il devient impossible de nous le proposer en exemple, et de le donner en imitation quotidienne à notre faiblesse ; il n’y a donc plus de morale chrétienne, ou il faut qu’il soit l’Homme-Dieu. […] Qui donc a dit qu’il n’était pas impossible que Marianne eût inspiré les romans de Richardson ? […] Lambert est venu me proposer un nouveau censeur… Mais, monsieur, votre dessein n’est pas de me ruiner, et cela m’arrivera cependant… Il est impossible que ma pièce plaise partout à cet homme, quel qu’il soit. […] Si le lecteur était curieux des faits sur lesquels j’appuie ce jugement sommaire, il m’est impossible de citer, et je suis obligé de le renvoyer à la Correspondance de Diderot157. […] La nuit, j’eus la fièvre avec de fortes convulsions… Depuis, l’appétit n’est pas revenu, ni les forces, ni le sommeil, et voici le quatrième jour qu’il m’est impossible de manger.

1645. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — II. (Suite.) » pp. 346-370

Quand Bonaparte me demanda si je ne voyais pas de grandes difficultés à ce que la chose se fît, je répondis : « Ce que je crois difficile, même impossible, c’est qu’elle ne se fasse pas ; car elle est aux trois quarts faite. » Les moyens de l’exécution importaient beaucoup.

1646. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — II. (Fin.) » pp. 98-121

Le cas de ce savant homme est piquant et nous offre un singulier phénomène : c’est que plus il a étudié et approfondi son auteur, plus il en a collationné de manuscrits, et plus aussi la tâche de choisir et de fixer un texte lui est devenue impossible.

1647. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure  »

Avec cela il aima vivement les Lettres et les alla prendre à leur source ; il aima et cultiva plusieurs des grands hommes de son temps en ce genre, Despréaux, Bayle, le président Bouhier, se fit estimer d’eux, leur fut des plus utiles comme auditeur plein de justesse et de savoir, comme informateur aussi et correspondant excellent ; il est si bien entré dans les intérêts de leur gloire et dans l’intelligence de leur esprit, qu’il est impossible de parler d’eux au complet, sans parler un peu de lui.

1648. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de la Mennais (suite et fin.)  »

Cet excellent père consent à être mon guide ; il me permet de ne le point quitter… » On ne peut se dissimuler, en lisant ces lettres de La Mennais, que son absolue déférence et sa tendresse pour l’homme à qui il s’est donné ne soient pour beaucoup dans sa volonté suprême : « (Londres, 12 septembre 1815)… Il m’est impossible de peindre sa tendresse et ses bontés pour moi.

1649. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Vie de Rancé »

Il n’est pas jusqu’à cette vogue religieuse du moment qui ne semble jusqu’à un certain point devoir se rapporter à lui : sans doute, en ce qu’elle aurait de tout à fait sérieux et de profond, lui-même il n’en accepterait pas l’honneur, et il l’attribuerait à une cause plus haute ; sans doute, en ce qu’elle offre d’excessif et de blessant, il aurait le droit d’en décliner la responsabilité, lui qui a surtout présenté la religion par ses aspects poétiques et aimables ; mais enfin il est impossible de ne pas remarquer que la vogue religieuse, dont le Génie du Christianisme fut le signal, est encore, après toutes sortes de retours, la même qui va accueillir la Vie de Rancé.

1650. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Béranger en 1832 »

Soit que des plumes ingénieuses et sagaces nous aient déjà dérobé heureusement ce qui nous eût attiré peut-être ; soit que cette prédilection vive que nous apportons dans l’étude des modèles et qu’on a pu blâmer, mais à laquelle nous tenons, ne s’étende pas à l’infini ; soit qu’enfin l’espèce de détails que l’indulgence ou la convenance prescrit de taire, les faiblesses qui enchaînent, les vanités qui rapetissent, ces sentiments mêlés et attristants, nous semblent, dans plusieurs des cas que nous excluons, à la fois trop essentiels et trop impossibles à dévoiler ; par tous ces motifs, nous serons plus que jamais sobre de choix à l’avenir.

1651. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. VINET. » pp. 1-32

Vinet, égarait la poésie loin de la veine heureuse, que son siècle et lui-même avaient rencontrée. » Il est impossible de plus enfermer en un l’adoucissement dans la critique, de plus précisément greffer l’éloge dans le blâme.

1652. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SUE (Jean Cavalier). » pp. 87-117

J’ai (et sans superstition, je crois), j’ai une si grande idée de l’époque de Louis XIV, je la trouve si magnifiquement et si décidément historique, que je me figure que rien n’est plus difficile et peut-être plus impossible que d’y établir, d’y accomplir à souhait un roman.

1653. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. NISARD. » pp. 328-357

Nisard, dans une lettre adressée à la Revue des Deux Mondes 15 novembre 1836), a pris le soin de relever quelques-unes de nos assertions : nous nous sommes d’autant plus aisément abstenu d’y répondre alors, qu’il nous a été impossible d’y voir, de sa part, autre chose qu’une démonstration développée de nos paroles.

1654. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « L’abbé Prévost »

son recours en désespoir de cause au père du marquis, au noble duc, qui reçoit l’affaire comme si elle lui semblait par trop impossible, et l’effleure avec une légèreté de grand ton qui serait à nos yeux le suprême de l’impertinence ; ces traits-là, que l’âge a rendus piquants, ne coûtaient rien à l’abbé Prévost, et n’empruntaient aucune intention de malice sous sa plume indulgente.

1655. (1875) Premiers lundis. Tome III «  À propos, des. Bibliothèques populaires  »

J’ai beaucoup lu et médité les écrits du prisonnier de Ham, et il m’a été impossible de ne pas reconnaître en loi un socialiste éminent.

1656. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre I »

Dans le Quercy et ailleurs, point de bas, ni de souliers, ni de sabots. « Impossible, dit Young, pour une imagination anglaise de se figurer les animaux qui nous servirent à Souillac, à l’hôtel du Chapeau Rouge ; des êtres appelés femmes par la courtoisie des habitants, en réalité des tas de fumier ambulants.

1657. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIIe entretien. Poésie sacrée. David, berger et roi » pp. 225-279

Bien qu’il soit impossible de diviser les facultés indivisibles de notre nature pensante, on appelle âme, dans les langues des idées, cette partie de notre être immatériel qui est la plus distincte de nos sens et qui se confond ainsi le plus avec l’essence divine.

1658. (1892) Boileau « Chapitre IV. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » » pp. 89-120

Et peut-être cela ne lui est-il pas aussi impossible qu’on pourrait croire.

1659. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre III. Littérature didactique et morale »

Il était impossible qu’à la longue il n’en fût pas ainsi.

1660. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre III. Montaigne »

Je remarque que ce sont celles qui dépassent l’expérience et le raisonnement, sur lesquelles nombre de gens, qui n’étaient pas sceptiques, ont déclaré impossible à l’esprit humain d’acquérir aucune certitude, et que divers dogmatismes très positifs ont dénommé l’inconnaissable.

1661. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Francisque Sarcey »

Il lui est impossible, en vertu de sa forme même, qui se réduit au dialogue, et à cause du peu de temps dont elle dispose, de reproduire la vie avec autant d’exactitude que le peut faire le roman.

1662. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Victor Hugo, Toute la Lyre. »

Il m’est impossible de voir en quoi l’Idylle de Florian est inférieure à n’importe quel morceau des Chansons des rues et des bois, ni en quoi la dernière partie, la Corde d’airain, diffère de l’Année terrible.

1663. (1894) Propos de littérature « Chapitre V » pp. 111-140

Même lorsqu’il parle de son âme — ce qui arrive trop fréquemment, — il semble impossible qu’il ne s’agisse pas d’une âme supposée.

1664. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre troisième »

Calvin s’était trahi dans une lettre écrite dès 1546, à l’époque où Servet songeait à venir à Genève : « S’il y vient, écrivait-il à son collègue Farel, pour peu que mon autorité puisse prévaloir, je ne souffrirai pas qu’il en sorte vivant76. » Le logicien de la prédestination exécutait sept ans d’avance les prétendus jugements de Dieu, tant il croyait le repentir impossible au prédestiné !

1665. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. John Stuart Mill — Chapitre II : La Psychologie. »

Bon nombre de propositions ont été tenues pour inconcevables, qui sont maintenant passées dans la science à l’état de vérités incontestées : ainsi l’existence des antipodes, ainsi l’existence de la gravitation, que les cartésiens repoussaient parce qu’ils jugeaient impossible un mouvement sans contact.

1666. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — Y. — article » pp. 529-575

Pour justifier leurs déclamations anti-Chrétiennes, l'Auteur du Systême de la Nature, & celui du livre de l'Homme & de ses Facultés, prétendent, d'un côté, que le joug de la foi contredit & humilie la raison, &, de l'autre, que sa morale flétrit & endurcit le cœur : ils rejettent la Doctrine comme incroyable, & les préceptes comme impossibles.

1667. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre VIII »

Madame Caverlet Toute justice rendue au talent qui éclate dans quelques belles scènes de Madame Caverlet, à l’esprit un peu gros de quelques parties du dialogue, il m’est impossible de classer au rang des bons ouvrages de l’auteur cette pièce morose et inanimée.

1668. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de Pompadour. Mémoires de Mme Du Hausset, sa femme de chambre. (Collection Didot.) » pp. 486-511

» Elle envisagea la mort d’un œil ferme, et, comme le curé de la Madeleine était venu la visiter à Versailles et s’en retournait : « Attendez un moment, monsieur le curé, lui dit-elle, nous nous en irons ensemble. » Mme de Pompadour peut être considérée comme la dernière en date des maîtresses de roi, dignes de ce nom : après elle, il serait impossible de descendre et d’entrer décemment dans l’histoire de la Du Barry.

1669. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Bussy-Rabutin. » pp. 360-383

Je n’y ai ni maître ni maîtresse, parce que je n’ai ni ambition ni amour ; et j’éprouve, ce que je croyais impossible il y a deux ans, qu’on peut vivre heureux sans ces deux passions.

1670. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1861 » pp. 361-395

Ça devait être, dans le même milieu et la même tonalité, une vieille fille dévote et chaste… Et puis j’ai compris que ce serait un personnage impossible. » En rentrant à la maison, nous trouvons notre manuscrit de Sœur Philomène que nous retourne Lévy, avec une lettre de regret, s’excusant sur le lugubre et l’horreur du sujet.

1671. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre III. L’histoire réelle — Chacun remis à sa place »

Ceci la rend impossible.

1672. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre V. La parole intérieure et la pensée. — Premier problème : leurs positions respectives dans la durée. »

Un exemple récent prouve que, même aujourd’hui et dans notre langue, si réfractaire au néologisme, la chose n’est pas impossible : par son livre sur Les maîtres d’autrefois Eugène Fromentin [Référence précise : Eugène Fromentin, Les Maîtres d’autrefois, Belgique-Hollande, Paris, 1877] a « notablement accru les ressources expressives de la langue française » (Ed.

1673. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre II. Le fond et la forme dans la littérature indigène. »

Malgré de nombreux efforts et quoique je me sois renseigné près de divers Indigènes, je n’ai pu trouver d’explications satisfaisantes ni surtout concordantes du sens de ces mots : soutoura, hakilé et dyiké, et, par suite, il m’est impossible de déterminer le sens des symboles auxquels ils correspondent.

1674. (1868) Curiosités esthétiques « IV. Exposition universelle 1855 — Beaux-arts » pp. 211-244

On dirait qu’elles portent dans les yeux un secret douloureux, impossible à enfouir dans les profondeurs de la dissimulation.

1675. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — La solidarité des élites »

Je ne le crois pas ; cela est d’ailleurs impossible, à moins d’un manque absolu de personnalité.

1676. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre VI. De la politique poétique » pp. 186-220

Les pères étant rois et souverains de leurs familles, il était impossible, dans la fière égalité de ces âges barbares, qu’aucun d’entre eux cédât à un autre ; ils formèrent donc des sénats régnants, c’est-à-dire composés d’autant de rois des familles, et, sans être conduits par aucune sagesse humaine, ils se trouvèrent avoir uni leurs intérêts privés dans un intérêt commun, que l’on appela patria, sous-entendu res, c’est-à-dire intérêt des pères.

1677. (1922) Gustave Flaubert

Pour moi il est mort deux fois. » La deuxième fois ce fut deux ans après son mariage, en avril 1848, ayant Flaubert à son chevet, et lisant Spinoza jusqu’à ce qu’il lui fût impossible de lire. […] « Il serait maintenant impossible à aucun de nous de rien se rappeler de lui. […] Mais c’est impossible ! […] C’est, comme sur le bateau où l’on contemple les rives, le spectacle incessamment renouvelé des vies impossibles. […] « — Ainsi le bonheur est impossible ?

1678. (1886) Le roman russe pp. -351

Tout cela est conté dans une langue grasse et savoureuse, chargée de mots petits-russiens, de locutions naïves ou triviales, de ces diminutifs caressants qui rendraient seuls la traduction impossible dans un idiome plus formé. […] Il lui explique tout avec tant de détails qu’il serait impossible d’y rien ajouter : « Tenez, ma petite âme Yuzicée, tout ce peuple que vous voyez là est venu à cette fin, pour voir comme on va supplicier les condamnés. […] Impossible de la mieux décrire et différencier qu’il ne fait dans une des Lettres. […] Ce tableau s’achève par une image où se concentrent toutes les misères et les aspirations du peuple dont nous venons d’entendre le bruit souterrain ; les pages précédentes sont comme ramassées dans cette dernière phrase, superbe et impossible à rendre, qui fuit au loin avec le chant de peine des aventuriers : — « C’est là que vous peinez, bourlakis ! […] Assia est une jeune fille russe, une enfant effarouchée, fantasque, vive comme une fauvette ; impossible d’oublier après l’avoir lu le portrait de cette étrange fille.

1679. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

Mais ce qui est purement impossible, c’est l’aventure même d’Œdipe. […] Il est impossible, je crois, d’expliquer, avec un plus vif sentiment de la réalité, tout le mécanisme moral des personnages d’une fiction, ni de mieux mettre au jour l’âme cachée et toujours jeûne d’un chef-d’œuvre ancien. […] Scribe. ) Or, cette sanctification de la tragédienne par la tragédie n’est sans doute pas impossible, et nous sommes ainsi faits que nous finissons souvent par avoir les sentiments que nous avons coutume d’exprimer. […] Je trouve une vraie grandeur dans leur attente obstinée et calme, dans leur croyance à l’impossible. […] Il devient presque impossible d’être sombre ou méchant.

1680. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

Et, de fait, lorsqu’on se reporte du roman à l’histoire, il est impossible de ne pas admirer l’art prodigieux avec lequel Le Sage a extrait de l’histoire générale ce qu’il en peut pour ainsi dire tenir dans la vie d’un simple Gil Blas. […] … Enfin, quoi qu’il en soit, depuis vos romans, il m’est impossible d’en lire aucun des nôtres. » Elle allait trop loin à son tour, ne faisant pas métier de critique, se laissant guider tout entière à l’impression du moment, et Walpole avait raison de défendre notre Gil Blas contre ce dédain de grande dame. […] Il s’en est au moins défendu si vivement que l’on éprouve en vérité quelque embarras à le contredire, et cependant il est bien difficile, pour ne pas dire impossible, de douter que cette platitude soit de lui. […] Bien de tout cela n’est impossible, mais rien de tout cela n’est prouvé. […] Lorsque parurent, on peut dire coup sur coup, en moins de dix ans, de 1755 à 1764, le Discours sur l’inégalité, la Lettre à d’Alembert, la Nouvelle Héloïse, le Contrat social, l’Émile, la Lettre à Christophe de Beaumont, les Lettres de la montagne, il est impossible d’abord que Voltaire ne comprît pas que ce nouveau venu lui dérobait une part de l’empire de l’opinion.

1681. (1903) La vie et les livres. Sixième série pp. 1-297

« Il est impossible, écrivait-il au prince de Condé, il est impossible d’avoir une conduite plus aimable, plus tendre, plus constamment parfaite sous tous les rapports, que quelqu’un que vous devinerez bien et dont je vous ai déjà parlé souvent… À force de sentiments, de soins vrais et touchants, ce quelqu’un a fixé mon cœur. » Il partageait ses loisirs, à Ettenheim, entre la promenade, la lecture et la chasse. […] Il faudrait remonter, dans nos traditions nationales, jusqu’aux narrations fabuleuses de nos « chansons de geste », pour rencontrer un tel accès d’aventureuse folie, un semblable désir de tenter l’impossible, un si bel appétit de se battre quand même, un contre dix. […] Il est impossible que tant de force morale ait été dépensée en vain. […] Le Chinois. — C’est impossible. […] Ce serait, de gaieté de cœur, s’exposer à des redites superflues ou à des tentatives d’imitation impossible.

1682. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxvie entretien. L’ami Fritz »

C’est impossible autrement. » Et tandis que Hâan et Schoûltz se laissaient bercer, qu’ils s’étendaient, riant en eux-mêmes, et laissant filer la fumée tout doucement de leurs lèvres, pour mieux la savourer, lui se dressait à chaque seconde, regardant en tous sens et trouvant que les chevaux n’allaient pas assez vite. […] Fritz comprit qu’en insistant davantage, il pourrait donner l’éveil à tout le monde ; c’est pourquoi, prenant son parti, tout à coup il s’écria d’un ton assez joyeux : « Eh bien donc, puisque c’est impossible, n’en parlons plus.

1683. (1895) La science et la religion. Réponse à quelques objections

Nous, qui le croyons d’une certitude absolue, comment donc serions-nous étonnés ou choqués de ces paroles de l’encyclique Humanum Genus : « La nature humaine ayant été viciée par le péché originel, et, à cause de cela, étant devenue beaucoup plus disposée au vice qu’à la vertu, l’honnêteté est impossible si l’on ne réprime pas les mouvements tumultueux de l’âme et qu’on ne place pas les appétits sous l’empire de la raison… Mais les naturalistes nient que le père du genre humain ait péché, et par conséquent que les forces du libre arbitre soient en aucune façon débilitées ou inclinées vers le mal. […] c’est surtout aux évolutionnistes qu’il est impossible de se former une autre idée de la nature humaine.

1684. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre II. La parole intérieure comparée à la parole interieure »

Bien plus, il arrive quelquefois, dans l’état hypnagogique, que les paroles entendues ne sont déterminées ni comme nôtres ni comme proférées par autrui141; si le tactum buccal accompagnait toujours l’imagination de notre parole, cette indétermination serait impossible. […] Mais je soupçonne ici une illusion : l’attention une fois dirigée sur l’idée de l’image tactile, il est difficile que la mémoire ne complète pas l’idée générale par un exemple particulier, et cet exemple particulier est naturellement déterminé dans sa nature propre par l’image sonore actuellement présente à la conscience ; l’idée d’une image n’est autre chose qu’un groupe d’images effacées ; cette idée se précise si au groupe d’états très faibles se joint un état plus distinct du même genre, et il est à peu près impossible, en portant l’attention sur le groupe, de ne pas susciter tout spécialement à la conscience, parmi les phénomènes qui le composent, celui d’entre eux qui, à ce moment même, se trouve dans les circonstances les plus favorables à sa reproduction [ch.

1685. (1911) Études pp. 9-261

L’échange est le crime essentiel ; mais il est aussi le crime impossible ; car il ne peut subsister. […] Cette recherche fiévreuse de l’expression dramatique que nous avons entreprise avec Wagner, nous pensions qu’elle exigeait d’abord l’abandon de tous les moules musicaux, de toutes les formes prescrites ; elle nous semblait impossible sans ce sacrifice préalable. […] Nous n’avons le temps d’accueillir que des notions achevées. — Mais Gide, il nous est impossible de le définir ; non pas qu’il se cache, mais c’est qu’il se dit tout entier. […] Il est impossible de prévoir quelle sera maintenant sa destinée : en voulant la définir à l’avance nous ne ferions que l’embarrasser. […] Sans doute il est impossible de ne pas tenir compte d’un assez grand nombre de poèmes révoltés ; la révolte est le sujet même de certains. — Baudelaire s’engage si fort dans le parti de l’imparfait qu’il finit par se tourner contre la perfection.

1686. (1899) Arabesques pp. 1-223

On dirait les tapisseries d’artisans maladifs, occupés à tisser leurs rêves d’un univers impossible, à la clarté de lampes multicolores, dans des cellules dont les fenêtres sont murées… L’illusion où se confinent les bons écrivains du symbolisme a quelque chose de touchant : la société actuelle leur apparaît tellement odieuse et répugnante qu’ils ne veulent pas la connaître, fût-ce pour la détruire. […] Lutte impossible, absurde, car c’est tout l’homme qu’il s’agit de changer, tuer la chair, tuer la raison, détruire dans chaque passion une énergie coupable, poursuivre le diable jusqu’au fond des eaux, des monts et des forêts, pour l’y anéantir avec la sève du monde. […] Il se rendait compte qu’il serait impossible de désigner les individus propres à préparer le Surhomme. […] Voici : étant admis qu’il n’existe pas de commune mesure qui permette d’établir la valeur absolue d’un travail cérébral ou manuel, étant donné qu’il est impossible de déterminer la somme d’efforts que ce travail nécessite de la part du producteur, il faudrait comprendre que tout homme, qui contribue, par son art, sa science ou son métier, au bien-être et aux jouissances esthétiques de la communauté, a droit à toutes les ressources de celle-ci sans que nul puisse prétendre à limiter ses besoins.

1687. (1902) Le critique mort jeune

Je donne ma main à baiser et je commande à Paul des choses impossibles. […] (À propos de Hugo encore, il a cette parole de grand sens : « Dans ces modernes, il semble impossible que la mesure exquise ne soit pas toujours un peu dépassée. ») Il sait tout cela. […] Or ces idées devraient être condamnées, ne fût-ce qu’au nom de l’hygiène pure et simple, car elles « désorganisent les mœurs », et, abolissant la passion réelle, abolissent en même temps la sensation et rendent impossible le bonheur. […] On a tant parlé, à propos des « Deux Vies », de pétition à la Chambre, de commissions parlementaires, de groupe émancipateur ou de la libre pensée, on a cité tant de jurisconsultes, tant de lois et tant d’arrêts qu’il est presque impossible, quittant les espèces données par les romanciers, de ne pas discuter la question du divorce dans son principe même, puisque c’est elle qu’ils ont posée.

1688. (1932) Les idées politiques de la France

L’heure présente, et les trente dernières années que cette heure a derrière elle, nous permettent-elles de discerner en France ces éléments libéraux, que Faguet y déclarait, après l’Affaire, introuvables et impossibles ? […] Je dis presque, car il en resta une, impossible à trancher, vu qu’elle fait corps avec le Saint-Siège, et qui a suffi depuis à régénérer les autres. […] Un Proudhon, si Français moyen, si impossible en un autre pays que le nôtre, du seul fait qu’il a des idées originales et qu’il ne pense pas en série, est classé par l’opinion parmi les socialistes, qu’il détestait. […] Il faut qu’ils s’adressent aux militants, qu’ils s’efforcent de les convaincre, ou de les enchanter, ce qui d’ailleurs, en ce qui concerne les cadres radicaux, n’est pas impossible.

1689. (1829) Tableau de la littérature du moyen âge pp. 1-332

Ces monuments si nombreux, et la plupart mal connus, cette confusion de langues et de civilisations, ces lacunes et cette abondance tout à la fois rendent presque impossible de faire ce que cependant je veux essayer. […] À défaut de l’étude, impossible pour nous, des originaux, nous pouvons recueillir des anecdotes répandues dans le moyen âge, et qui attestent cette influence. […] C’est un détail historique qu’il serait impossible de trouver ailleurs, et qui vous étonnera. […] Quand nous avons une fois caractérisé cette liberté, ce cynisme ignoré de lui-même, qui distingue la littérature des trouvères, la démonstration nous est impossible, et nous ne pouvons que le dire, sans le prouver. […] C’est par là qu’on peut expliquer le caractère prématuré de quelques expressions de Joinville, qui semblent encore toutes fraîches et toutes nouvelles, tant elles étaient heureuses et impossibles à remplacer.

1690. (1930) Les livres du Temps. Troisième série pp. 1-288

Car « il nous est impossible de faire mieux connaître l’homme sans servir la religion catholique », dont Pascal prouve la vérité « par la conformité de ses mystères avec ceux de notre cœur ». […] Impossible de mieux montrer qu’on n’a rien compris à l’invention littéraire. […] Cela est impossible. […] Ce sont des causes générales, de vastes ensembles, des mouvements de masses, des concours de circonstances impossibles à dénombrer et encore plus à produire ou à déjouer, qui déterminent d’une façon inéluctable les guerres et les révolutions des empires. […] Il est absolument impossible de s’y hâter, et ce serait d’ailleurs un contresens.

1691. (1912) Chateaubriand pp. 1-344

Il me paraît impossible qu’un homme d’un si fort tempérament, si « bon garçon » et d’une gaieté si facile avec ses amis ; qui a tant écrit et qui a été tellement possédé de la manie d’écrire ; dont la vie est une si superbe « réussite » ; qui a tant joui, non seulement de sa gloire, mais de ses titres et de ses honneurs ; qui a joui avec tant de surabondance et si naïvement d’être ministre ou ambassadeur ; et qui d’ailleurs a exprimé son ennui par un choix de mots et avec un éclat dont il se savait si bon gré ; il me paraît impossible que cet homme-là se soit ennuyé beaucoup plus que le commun des hommes. […] Effrayé de mes innovations, il m’avait paru impossible de me passer d’un enfer et d’un ciel ( !) […] Il dit dans le Congrès de Vérone : « Sensible à l’affront, il nous était impossible d’oublier tout à fait que nous étions le restaurateur de la religion » (simplement) « et l’auteur du Génie du christianisme. » Et dans les Mémoires : « … On avait compté sur ma platitude, sur mes pleurnicheries, sur mon ambition de chien couchant, sur mon empressement à me déclarer moi-même coupable, à faire le pied de grue auprès de ceux qui m’avaient chassé : c’était mal me connaître. » Il enrage ouvertement et candidement. […] Il est impossible de n’en être pas agacé, et finalement chagriné. Et il est peut-être impossible de ne pas compatir à une si énorme et naïve faiblesse.

1692. (1923) Nouvelles études et autres figures

Je pourrais à la rigueur concevoir un Racine, un Corneille, un Shakespeare, un Lope de Vega, un Calderon uniquement romanciers ou poètes épiques ou poètes lyriques ; mais il nous est impossible de concevoir Molière, à n’importe quelle époque de l’histoire où nous le placions, écrivant autre chose que des comédies. […] En même temps il mettait la dernière main à un autre poème, Laon et Cythna, inspiré par la Révolution française que, du reste, il est impossible d’y reconnaître et qu’il n’a jamais comprise. […] Il est impossible d’y arriver absolument ; mais on risque de croire qu’on y est arrivé : et c’est là le danger. […] Mais il foule une terre d’épopée où le courage et les souffrances de nos soldats lui ont créé de beaux loisirs ; il assiste à la première organisation d’une colonie dont il est impossible de ne pas comprendre la valeur, de ne pas soupçonner l’avenir. […] Il nous donne lui-même dans sa correspondance le vrai nom de son Olivier, de ce jeune blasé, qui s’est épuisé le cœur en vaines passions et en vains plaisirs et « dont l’étrange regard flottait comme une étincelle impossible à fixer ».

1693. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite et fin). »

Il m’est impossible de m’occuper d’affaires : elles me répugnent ; j’en ai l’horreur.

1694. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Appendice. »

car ni moi, ni vous, ni personne, aucun ancien et aucun moderne, ne peut connaître la femme orientale, par la raison qu’il est impossible de la fréquenter.

1695. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance. »

J’ai visité quelques monuments, quelques cabinets pour l’acquit de ma conscience plus que pour mon plaisir… J’ai peu vu jusqu’à présent le théâtre ; l’heure des dîners et des soirées rend presque impossible d’en profiter… C’est donc dans la société presque uniquement que j’ai trouvé le charme de Paris, et ce charme va croissant à mesure qu’on remonte à des sociétés plus âgées ; je suis confondu du nombre d’hommes et de femmes qui approchent de quatre-vingts ans, dont l’amabilité est infiniment supérieure à celle des jeunes gens.

1696. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « L’Académie française »

Il est et il sera impossible de retrouver jamais de qui il s’agit.

1697. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DES MÉMOIRES DE MIRABEAU ET DE L’ÉTUDE DE M. VICTOR HUGO a ce sujet. » pp. 273-306

Pour les détails de sa vie et de ses aventures guerrières, il fallut à son fils beaucoup de soin et d’attention à se les procurer : car ce n’était pas un homme qu’on questionnât, fier, imposant à tous, de près de six pieds, la tête haute et soutenue par un col d’argent qui remplaçait des muscles hachés, « un de ces hommes qui ont le ressort et, pour ainsi dire, l’appétit de l’impossible, et à qui la nature a déféré le commandement. » Dans sa vieillesse, même quand il racontait ses guerres, il ne parlait jamais de lui que pour désigner à l’occasion le jour et le combat où, disait-il, il avait été tué.

1698. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — I. » pp. 166-193

Ainsi elle écrit à Bancal : « Il n’est pas encore question de mourir pour la liberté ; il y a plus à faire, il faut vivre pour l’établir, la mériter, la défendre. » Et ailleurs : « Je sais que de bons citoyens, comme j’en vois tous les jours, considèrent l’avenir avec un œil tranquille, et, malgré tout ce que je leur entends dire, je me convaincs plus que jamais qu’ils s’abusent. » Et encore : « Je crois que les plus sages sont ceux qui avouent que le calcul des événements futurs est devenu presque impossible. » Elle s’étend en un endroit (p. 233) avec un sens parfait sur cette patience, vertu trop négligée et toutefois si nécessaire aux gens de bien pour arriver à des résultats utiles ; mais, par une singulière contradiction, elle manque, tout aussitôt après, de patience.

1699. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Bruyère »

Cela est moins facile à celui qui est engagé ; il semble que le mariage met tout le monde dans son ordre. » Ceux à qui ce calcul de célibat déplairait pour La Bruyère, peuvent supposer qu’il aima en lieu impossible et qu’il resta fidèle à un souvenir dans le renoncement.

1700. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre III »

Impossible de rien démêler dans ses explications, « sinon une perfection théorique de gouvernement, douteuse à son point de départ, risquée dans ses développements et chimérique quant à ses fins ».

1701. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre premier. Mécanisme général de la connaissance — Chapitre II. De la rectification » pp. 33-65

Impossible de ne pas la voir telle ; les règles de l’optique et de la vision nous y contraignent.

1702. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXVIIe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (3e partie) » pp. 5-56

V Mais est-ce donc en vertu d’un misérable contrat impossible même à concevoir (car pour contracter il faut être, et avant d’être la prétendue association locale n’était pas, ou elle n’était qu’en penchant et en germe dans les instincts naturels de l’homme), est-ce donc en vertu d’une misérable convention que la société s’est constituée en gouvernement ?

1703. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVe entretien. Chateaubriand, (suite) »

« Voici Chateaubriand en prose : « La solitude absolue, le spectacle de la nature me plongèrent dans un état impossible à décrire ; sans parents, sans amis, pour ainsi dire, seul sur la terre, n’ayant point encore aimé, j’étais accablé d’une surabondance de vie.

1704. (1824) Observations sur la tragédie romantique pp. 5-40

Et vous, spectateurs routiniers, vous est-il donc impossible de comprendre qu’un héros peut plaisanter quelquefois et parler autrement qu’en vers alexandrins, qu’une action se développe bien mieux en six mois qu’en vingt-quatre heures, et que le tableau d’un supplice est plus attendrissant que le récit qu’on vient vous en faire ? 

1705. (1892) Boileau « Chapitre V. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » (Fin) » pp. 121-155

Un art supérieur le domine ou l’apprivoise, lui insinue la vérité qu’il rejette, et lui fait croire ce qu’il estimait choquant et impossible.

1706. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mendès, Catulle (1841-1909) »

Impossible d’aller plus loin dans l’assemblement mélodieux des rimes, dans la virtuosité menue et fleurie du badinage.

1707. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre cinquième »

Car qu’y a-t-il la d’impossible à un poète médiocre ?

1708. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre septième. »

Il le voulait également éloigné de deux dispositions alors générales, par l’effet des guerres de religion, le relâchement né de l’idée que Dieu ne fait pas attention aux hommes, et le désespoir où conduit l’idée qu’il veille sur nous pour nous punir, et que la piété est impossible.

1709. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quinzième. »

Ses Mémoires ont été, en plus d’une page, fort au-delà de ce mérite ; s’ils ne rendent pas impossible une histoire raisonnée du règne de Louis XIV, ils détourneront à jamais tout homme sensé d’en entreprendre l’histoire pittoresque.

1710. (1890) L’avenir de la science « VIII » p. 200

J’ai la conscience que j’ai tout pris de l’expérience ; mais il m’est impossible de dire par quelle voie j’y suis arrivé, de quels éléments j’ai composé cet ensemble (qui peut avoir très peu de valeur sans doute, mais qui enfin est ma vie).

1711. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 août 1885. »

En sortant du théâtre ou du concert, impossible de rentrer chez moi : il me fallait errer par les rues monotones, sous le regard des statues de généraux ou de héros grecs dégouttants de pluie, ou bien me réfugier à la Kneipe où j’étais toujours sûr de trouver quelques compatriotes attablés devant la bonne bière brune.

1712. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 janvier 1886. »

Notes sur Lohengrin Mes succès comme « compositeur d’opéra » reposent, en grande partie, sur un malentendu qui rend directement impossible le vrai succès, le seul que je souhaitais.

1713. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur de Latouche. » pp. 474-502

Fragoletta est un livre impossible à analyser, c’est l’histoire d’un hermaphrodite.

1714. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Chamfort. » pp. 539-566

C’est par rapport au très grand monde seulement que Chamfort a pu dire : « Il paraît impossible que, dans l’état actuel de la société, il y ait un seul homme qui puisse montrer le fond de son âme et les détails de son caractère, et surtout de ses faiblesses, à son meilleur ami. » C’est ce grand monde uniquement qu’il avait en vue quand il disait : « La meilleure philosophie relativement au monde est d’allier, à son égard, le sarcasme de la gaieté avec l’indulgence du mépris. » C’est pour avoir trop vécu sur ce théâtre de lutte inégale, de ruse et de vanité, qu’il a pu dire son mot fameux : « J’ai été amené là par degrés : en vivant et en voyant les hommes, il faut que le cœur se brise ou se bronze. » J’ajouterai, pour infirmer l’autorité de certaines maximes de Chamfort et pour en dénoncer le côté faux, qu’elles viennent évidemment d’un homme qui n’a jamais eu de famille, qui n’a pas été attendri par elle ni en remontant ni en descendant, qui n’a pas eu de père et qui, à son tour, n’a pas voulu l’être.

1715. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Sieyès. Étude sur Sieyès, par M. Edmond de Beauverger. 1851. » pp. 189-216

La révision des connaissances ou la vérification des leçons reçues ne se fait plus dans les générations éduquées, si leur malheur a permis que ces signes postiches s’opposassent à cette opération, la montrassent comme périlleuse, ou même comme impossible.

1716. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre V. Le Bovarysme des collectivités : sa forme idéologique »

Il a semblé qu’il était désormais impossible d’accorder la croyance ancienne avec les conceptions nouvelles.

1717. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1856 » pp. 121-159

Impossible d’ouvrir.

1718. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre III. Le théâtre est l’Église du diable » pp. 113-135

Ainsi parlait Henri ; ceux qui le connaissent comme je le connais, savent très bien qu’une fois lancé, il est impossible de l’arrêter.

1719. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre III. Des Livres nécessaires pour l’étude de l’Histoire sacrée & ecclésiastique. » pp. 32-86

L’ouvrage de Baillet, malgré un assez grand nombre d’erreurs, qu’il étoit impossible d’éviter dans un si long travail, est le plus exact, le plus achevé & le plus utile qui ait encore paru en françois.

1720. (1913) La Fontaine « VII. Ses fables. »

Vous avez pu être étonnés, au commencement de ce cours de conférences, de ce que je n’eusse attribué, dans mon programme, qu’une seule leçon aux fables de La Fontaine ; mais vous avez vu très vite quelle en était la raison : c’est que je prévoyais, d’une façon certaine, que je vous parlerais des fables de La Fontaine à peu près dans toutes les conférences que je ferais, puisqu’il est absolument impossible de parler des idées générales de La Fontaine, ou de son caractère, ou de ses tendances d’esprit, ou de ses idées philosophiques, ou de ses Contes, etc., sans faire au moins allusion à quelques-unes de ses fables, et c’est ainsi que pendant six ou sept conférences, je vous ai parlé des fables de La Fontaine en vous parlant d’autre chose.

1721. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XIX. M. Cousin » pp. 427-462

… D’un autre côté, indépendamment du choix impossible d’un sujet de plus, M. 

1722. (1897) Un peintre écrivain : Fromentin pp. 1-37

Elle est prise au piège de toutes les délicatesses qu’elle a eues pour Dominique malheureux, de toutes les paroles de conseil qu’elle lui a dites, de toutes les longues pensées qui n’avaient pour objet, croyait-elle, que de sauver un ami d’un amour impossible et mauvais.

1723. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XIII. »

Plus quelques-uns de ses monuments poétiques avaient été liés à la liberté de ses villes, à leurs fêtes religieuses, à leur ancien héroïsme, plus ils restaient admirés, en paraissant désormais impossibles à imiter.

1724. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

Impossible, avec mon genou. […] Paul Verlaine, il m’a vraiment été impossible de m’en faire la moindre idée. […] Mr (Camille Mauclair) au « Mercure de France » : il est presque impossible d’ouvrir une Revue dont les numéros aient paru entre 1890 et 1900, sans trouver une chronique ou un écho contre René Ghil, le Fondateur de l’Ecole évolutive. […] Visions impossibles au tempérament serein de qui la rêverie s’approfondit tout au plus d’un frisson de trop de chasteté  en ronde du miroir de solitude où s’apparaît Hérodiade : « cette singulière enfant !  […] Il est impossible de le dire, puisque lui-même s’en est tû.

1725. (1902) Symbolistes et décadents pp. 7-402

François Coppée, et comparez : mieux que toute explication la confrontation des œuvres indiquera de quel art Verlaine sait ennoblir le sujet en y touchant avec de menues ressources, mais avec son rythme particulier d’une ligne si noble que toute vulgarité est impossible ; ce n’était pas seulement la vulgarité qu’il chassait du vers, mais la pointe, mais l’éloquence ou, mieux, la rhétorique, et la rime folle et ce qui n’était que littérature. […] Lors sa complainte est tantôt une sérénade à l’impossible, ou la parade du clown qui pourrait expliquer le sens des choses du cirque, mais ne veut qu’y faire réfléchir par un trait topique, encore un bilan de recueilli qui rentre en sa chambre de travail, et récapitule, d’une ironie un peu triste, les disproportions (d’autres diront monstruosités) qu’il entrevit tout le jour. […] Son découragement se traduira par L’Ève future, nœuds d’impossibilité sur impossibilités dénouées par un impossible savant, pour un homme taxé à l’avance d’être unique. […] Il n’est pas impossible que, grâce à son activité, des manuscrits soient retrouvés, et de quelle curiosité heureuse nous les accueillerions ! […] Et si l’amour ne comble pas cette âme inquiète, ni l’art qu’il veut impossible, alors le travail, la science — ce n’est point son affaire, c’est trop simple et il fait trop chaud.

1726. (1900) La culture des idées

Véritablement l’association et la dissociation des idées (ou des images : l’idée n’est qu’une image usée) évoluent selon des méandres qu’il est impossible de déterminer et dont il est difficile même de suivre la direction générale. […] La mode change ou dure selon des caprices impossibles à prévenir et difficiles à déterminer. […] D’ailleurs, si on peut faire l’anatomie d’une croyance ou d’une conviction, il est impossible et illégitime d’aller plus loin. […] La mort de Ruskin a clos une ère d’activité esthétique ou du moins de tentatives intéressantes pour l’impossible fusion des idées de beauté et de vie humaine. […] La contradiction étant impossible, toute puissance appartenant à l’État, seuls pourront parler ceux qui penseront comme l’État ; mais personne n’aura l’inutile courage d’écrire, sinon les scribes officiels appointés pour cette besogne.

1727. (1925) Comment on devient écrivain

« Il est actuellement impossible, dit un programme de la Chronique des lettres, de suivre le mouvement littéraire. […] Tout le monde en demeure d’accord, et chacun reconnaît qu’une pareille réforme est une chose impossible. […] Il vous familiarise d’avance avec le merveilleux, en vous environnant d’un horizon qui vous présente de tous les côtés de pareils prodiges ; et, par ses ornements accessoires, il vous prépare, il vous amène à entendre sans surprise les détails d’un rêve où il n’est question que d’une poule, dont il semblait impossible, ou, pour mieux dire, presque ridicule de parler97. » Une autre fois, dans le même discours, Bossuet n’hésite pas à employer les mots les plus familiers. « On ne peut retenir ses larmes, dit-il, quand on voit cette princesse épancher son cœur sur de vieilles femmes qu’elle nourrissait. […] Le style, l’enchaînement des idées, les transitions, les saillies burlesques, les expressions inaccoutumées, tout le caractère de l’originalité allemande a été rendu mot à mot dans cette traduction française des Reisebilder, avec une fidélité qu’il était impossible de pousser plus loin. […] Il va aussi loin qu’il peut et ne s’arrête que devant l’impossible. » En signalant ses « hardiesses de mots ou de constructions », le P. de la Broise ne cesse de louer le grand orateur « d’avoir été littéral, d’avoir enrichi par une heureuse audace notre vocabulaire et notre syntaxe, d’avoir brisé les moules convenus », « Les traductions de Bossuet, dit-il, où les expressions de l’original sont si scrupuleusement respectées, ont par là même une certaine couleur locale.

1728. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Molière »

Pour vous répondre donc sur la connoissance parfaite que vous dites que j’ai du cœur de l’homme par les portraits que j’en expose tous les jours, je demeurerai d’accord que je me suis étudié autant que j’ai pu à connoître leur foible ; mais si ma science m’a appris qu’on pouvoit fuir le péril, mon expérience ne m’a que trop fait voir qu’il est impossible de l’éviter ; j’en juge tous les jours par moi-même. […] Et quand je considère combien il m’est impossible de vaincre ce que je sens pour elle, je me dis en même temps qu’elle a peut-être une même difficulté à détruire le penchant qu’elle a d’être coquette, et je me trouve plus dans la disposition de la plaindre que de la blâmer.

1729. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre quatrième. Les conditions physiques des événements moraux — Chapitre premier. Les fonctions des centres nerveux » pp. 239-315

Elle est morte subitement ; j’ai trouvé les nerfs optiques atrophiés depuis leur entrecroisement jusqu’à leur entrée dans le globe de l’œil ; certainement dans ce cas la transmission des impressions était impossible ». — « Deux individus avaient perdu un œil par phtisie du globe, et les hallucinations se produisaient chez eux aussi bien de ce côté que du côté sain. » — « Nous avons en ce moment à la Salpêtrière, dit Esquirol, deux femmes absolument sourdes qui n’ont d’autre délire que celui d’entendre diverses personnes avec qui elles disputent jour et nuit. » — À la rigueur on pourrait objecter que dans ces exemples la partie centrale et encore intacte du nerf est le point de départ de l’irritation ; mais cela n’est point vraisemblable ; l’hallucination est trop systématique ; si elle provenait du nerf, il faudrait que ses diverses fibres entrassent en action dans l’ordre compliqué et avec le degré exact que l’excitant extérieur peut seul leur imposer. […] En ce cas, non seulement, dans l’appareil moteur, le bout initial qui lance les impulsions motrices est tronqué, mais encore, dans l’appareil intellectuel, le bout terminal où réside l’articulation mentale est altéré ou détruit ; ainsi les deux bouts sont voisins l’un de l’autre. — D’autres portions de l’écorce, principalement autour du sillon de Rolando, paraissent avoir un emploi du même genre ; selon l’endroit désorganisé143, tel ou tel groupe de contractions musculaires, tel ou tel mouvement du pied, de la jambe, du bras, de la main, du poignet, de la tête, flexion, projection, supination, devient impossible.

1730. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre II. Le Roman (suite). Thackeray. »

. —  Il n’est pas impossible peut-être que (par hasard) vous entendiez un littérateur dire du mal de son frère ; mais pourquoi ? […] Ainsi soutenus, le monstre impossible et le grotesque littéraire entrent dans la vie réelle, et le fantôme de l’imagination prend la consistance des objets que nous touchons.

1731. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CLe entretien. Molière »

Pour vous répondre donc sur la connaissance parfaite que vous dites que j’ai du cœur de l’homme par les portraits que j’en expose tous les jours, je demeurerai d’accord que je me suis étudié autant que j’ai pu à connaître leur faible ; mais si ma science m’a appris qu’on pouvait fuir le péril, mon expérience ne m’a que trop fait voir qu’il est impossible de l’éviter: j’en juge tous les jours par moi-même. […] Ma passion est venue à un tel point, qu’elle va jusqu’à entrer avec compassion dans ses intérêts ; et quand je considère combien il m’est impossible de vaincre ce que je sens pour elle, je me dis en même temps qu’elle a peut-être une même difficulté à détruire le penchant qu’elle a d’être coquette, et je me trouve plus dans la disposition de la plaindre que de la blâmer.

1732. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1888 » pp. 231-328

Elle contiendrait une collection de domestiques, impossibles, terribles, dont les brouilles amèneraient une interruption dans le voyage. […] Des décors impossibles.

1733. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1891 » pp. 197-291

Janvier, lui, ce jeune acteur d’un si grand talent, gagne cent francs par mois, dans une compagnie d’assurances, et comme on le pousse à quitter sa compagnie, et qu’on lui prédit qu’il lui sera impossible de ne pas faire sa carrière du théâtre, il s’y refuse doucement, disant qu’il ne veut pas faire trop de peine à son père, qui peut très bien ne connaître rien aux choses d’art, mais qui l’aime beaucoup, et qu’il veut le laisser tranquillement évoluer, persuadé, qu’un jour, il le laissera jouer, mais alors sans trop de répugnance. […] Et voici ses paroles textuelles : « Je sors, avec deux collègues, d’examiner les comptes de l’isthme de Panama… écoutez… quatorze cents millions ont été dépensés… eh bien, quatre cents millions ont été dépensés dans l’isthme… il y a un milliard qu’on ne retrouve pas… il est impossible qu’on ne poursuive pas Lesseps. » Puis causant des clubs d’une manière générale, Marin me disait, que pour y entrer tout de go, il fallait s’y présenter très jeune, parce qu’un homme, qui jouit à Paris d’une certaine notoriété, s’est fait nombre d’ennemis à quarante ans, et est presque assuré de plus de boules noires qu’il n’en faut pour être refusé.

1734. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre premier. Aperçu descriptif. — Histoire de la question »

En effet, dans son principal ouvrage contre les quiétistes20, Bossuet cite un certain nombre de passages des mystiques orthodoxes où il est question, en termes assez énigmatiques, de la suppression des « discours » pendant la « pure contemplation » ou dans l’« oraison de transport », qu’il appelle lui-même « une espèce d’extase » ; cet état d’âme, Bossuet ne le connaît pas par lui-même ; il en cherche dans les textes autorisés une définition précise, qui puisse être opposée aux fausses descriptions des quiétistes ; or voici quelques-unes de ses citations : un confesseur de sainte Thérèse rapporte que l’oraison de cette sainte « était de faire cesser les discours par intervalles pour la présence de Dieu » ; le même Père ajoute que « ce silence de l’âme et cet arrêt attentif en silence ne fait pas cesser de tout point les actes des puissances (de l’âme), parce que cela est impossible » ; la Mère de Chantal « réduisait la suppression des actes de discours… au temps de l’oraison ». […] Comme il sépare l’habitude et la mémoire100, sans paraître se douter que la mémoire n’est qu’un cas particulier de l’habitude, tout ce qu’il dit des rapports de la parole intérieur avec l’habitude est vague et de peu de portée ; et, quand ses vues sont exactes, il est impossible d’en montrer la justesse sans les formuler en un langage plus précis.

1735. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre II. Vérification de la loi par l’examen de la littérature française » pp. 34-154

Quelle que fût sa langue, latine, ou franque, ou romane, le peuple n’a pas cessé de chanter ; il est impossible, de par les lois psychologiques et de par l’expérience, d’admettre un seul instant un silence séculaire ; au contraire, la nouvelle religion, le nouvel état politique et social devaient provoquer une nouvelle poésie. […] Pour les idées, cela lui était impossible, heureusement ; pour les formes, ce fut plus facile.

1736. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

Elle se réduit à la bataille ; la bataille à des combats singuliers qui rendent impossible la tactique, inutiles les calculs de l’intelligence. […] Je suis venu à Paris uniquement pour lui, car il m’est impossible de me procurer à Rouen les livres dont j’ai besoin actuellement : je suis perdu dans les religions de la Perse. […] Écrit-on l’histoire d’une jeune fille : il est impossible d’y réussir, à moins d’avoir étudié toute sa race, non seulement dans ses tares ou ses vertus morales, mais encore dans la qualité de ses moelles, dans les générosités ou les vices de son sang. […] Mais son projet le travaille et le ronge : « Absorbé par son idée fixe et préoccupé, comme tous les entêtés qui entreprennent une chose impossible, il se tourmentait, non des difficultés d’exécution, mais de la défaillance qui, en s’emparant de lui au moment décisif, paralyserait son action et lui enlèverait toute estime de lui-même. » Il poursuit, cependant. […] « Je voudrais que les êtres que je représente aient l’air voués à leur position et qu’il soit impossible d’imaginer qu’il leur puisse venir à l’idée d’être autre chose que ce qu’ils sont ».

1737. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre I. La Renaissance païenne. » pp. 239-403

. —  Les événements impossibles. —  Comment ils deviennent vraisemblables. —  Belphœbe et Chrysogone. —  Les peintures et les paysages féeriques et gigantesques. —  Pourquoi ils doivent être tels. —  La caverne de Mammon et les jardins d’Acrasia. —  Comment Spenser compose. —  En quoi l’art de la Renaissance est complet. […] Qu’il soit romanesque, impossible même, ce tableau n’en est que plus charmant. […] Solitaire et indépendant dans son château, affranchi de tous les liens que la société, la famille, le travail, imposent d’ordinaire aux actions humaines, l’homme féodal avait tenté toutes les aventures ; mais il avait encore moins fait qu’imaginé ; l’audace de ses actions avait été surpassée par la folie de ses rêves ; faute d’un emploi utile et d’une règle acceptée, sa tête avait travaillé du côté du déraisonnable et de l’impossible, et la persécution de l’ennui avait agrandi chez lui, outre mesure, le besoin d’excitation. […] La pratique impose à la science la certitude et l’exactitude, parce que la pratique est impossible quand elle n’a pour appuis que des conjectures et des à-peu-près.

1738. (1730) Discours sur la tragédie pp. 1-458

Ce n’est pas que je pousse le merveilleux jusqu’à l’impossible, et l’histoire romaine nous fournit un fait encore plus incroyable que celui de ma tragedie. […] Il est vrai que les auteurs, pour rassembler les éclaircissemens, et les démarches dans le cours de l’action présente, avoient besoin de l’ignorance et de l’imprudence des personnages : mais une action qui ne marche qu’à ce prix, et où l’on sent toûjours que le poëte a pris ses avantages, aux dépens de la vraisemblance, perd infiniment de sa force : l’illusion n’a plus de lieu ; et l’on est trop averti de ne rien croire d’un fait qui ne subsiste qu’à la faveur de suppositions presque impossibles. […] L’écrivain le plus sur est sujet à de grandes méprises dans la chaleur de la composition ; et quand il vient à s’éclairer par ses propres réflexions, ou par la critique des autres, ce qu’il voudroit ôter est tellement uni à ce qu’il y a de plus heureux, qu’il renonce bientôt à des changemens impossibles : il aura plûtôt fait de mettre à justifier sa faute, l’esprit qu’il devroit employer à la corriger. […] Franchement je ne le crains pas non plus, quoique le cas ne me paroisse pas absolument impossible.

1739. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome II

Encore aujourd’hui nous les voyons fonctionner et rendre difficile, sinon impossible, toute stabilité gouvernementale. […] L’anecdote, en effet, racontée par un intermédiaire indirect, comporte toujours un à peu près, et, transmise par un témoin, une de ces falsifications involontaires de la mémoire ou du langage qui exigeraient une rectification presque toujours impossible. […] Et, rentrant en lui-même, toujours sans dire « je », — mais l’accent est si douloureusement personnel qu’il est impossible de s’y tromper, — il s’écrie : « Quand l’homme a parcouru la moitié de sa carrière, qu’il compte ce qu’il a étouffé de ses ambitions, ce qu’il a arraché de ses espérances, et tous les morts qu’il porte enterrés dans son cœur, la magnificence et la dureté de la nature lui apparaissent ensemble. » Avec quelle mélancolie il note « le sourd sanglot de ces funérailles intérieures » ! […] Jusqu’à quel point Guillaume II influençait-il ce parti, jusqu’à quel point était-il influencé par lui, c’est un départ impossible à établir.

1740. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

— il m’est impossible de parvenir à cette bienheureuse unité. […] Il est impossible que les critiques professionnels n’en usent pas quelquefois de façon analogue. […] L’Introduction à la Méthode de Léonard, pas plus que d’autres œuvres de Valéry, n’aurait sans doute été écrites, s’il ne lui avait été donné de vivre avec un poète qui, lui aussi, avait joué sa vie et sa pensée sur cette impossible algèbre et cette ineffable mystique. […] C’est dire que lorsque nous parlons de critique créatrice, qui épouserait la genèse même de l’œuvre qu’elle a à expliquer, nous nous plaçons à une limite, nous imaginons un idéal théorique qu’il est impossible d’atteindre.

1741. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Charles Magnin ou un érudit écrivain. »

Chéron, de lui recueillir tout ce qu’il trouverait là-dessus ; mais il le remercia un matin et lui dit de ne plus donner suite à ses recherches, déclarant qu’un tel sujet funèbre, remis sans cesse sous ses yeux, lui devenait impossible à supporter : la mort, même en peinture, il ne pouvait la regarder fixement !

1742. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite et fin.) »

J’avais voulu prévenir la guerre, je croyais que la France liée à l’Angleterre la rendait impossible ; j’avais voulu, de plus, obtenir pour la Révolution française du mois de juillet 1830 le droit de bourgeoisie en Europe, et tranquilliser le monde sur l’esprit de propagandisme que l’on supposait à notre gouvernement.

1743. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Jocelyn (1836) »

La portion de progrès, telle qu’elle s’offre par M. de Lamartine, n’a rien d’âcre ni de blessant ; jamais de bile ni au bord ni au fond ; on a beau presser, il est impossible qu’aucun sentiment équivoque sorte de là.

1744. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LOUISE LABÉ. » pp. 1-38

C’est une question assez piquante et qu’il n’est pas tout à fait inutile d’agiter, quoiqu’il semble impossible de la résoudre.

1745. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Quelques documents inédits sur André Chénier »

Mais voici quelques projets plus esquissés sur lesquels nous l’entendrons lui-même : « Il ne sera pas impossible de parler quelque part de ces mendiants charlatans qui demandaient pour la Mère des Dieux, et aussi de ceux qui, à Rhodes, mendiaient pour la corneille et pour l’hirondelle ; et traduire les deux jolies chansons qu’ils disaient en demandant cette aumône et qu’Athénée a conservées. » Il était si en quête de ces gracieuses chansons, de ces noëls de l’antiquité, qu’il en allait chercher d’analogues jusque dans la poésie chinoise, à peine connue de son temps ; il regrette qu’un missionnaire habile n’ait pas traduit en entier le Chi-King, le livre des vers, ou du moins ce qui en reste.

1746. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre II. Principale cause de la misère : l’impôt. »

Nous vous le demandons, sire, avec tous vos autres sujets, qui sont aussi las que nous… Nous vous demanderions encore bien d’autres choses, mais vous ne pouvez pas tout faire à la fois. » — Les impôts et les privilèges, voilà, dans les cahiers vraiment populaires, les deux ennemis contre lesquels les plaintes ne tarissent pas728. « Nous sommes écrasés par les demandes de subsides…, nos impositions sont au-delà de nos forces… Nous ne nous sentons pas la force d’en supporter davantage…, nous périssons terrassés par les sacrifices qu’on exige de nous… Le travail est assujetti à un taux et la vie oisive en est exempte… Le plus désastreux des abus est la féodalité, et les maux qu’elle cause surpassent de beaucoup la foudre et la grêle… Impossible de subsister, si l’on continue à enlever les trois quarts des moissons par champart, terrage, etc.

1747. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIe entretien. Poésie lyrique » pp. 161-223

Le froid le saisit ; il rentra chancelant dans sa chambre solitaire, chercha lentement l’inspiration, tantôt dans les palpitations de son âme de citoyen, tantôt sur le clavier de son instrument d’artiste, composant tantôt l’air avant les paroles, tantôt les paroles avant l’air, et les associant tellement dans sa pensée qu’il ne pouvait savoir lui-même lequel de la note ou des vers était né le premier, et qu’il était impossible de séparer la poésie de la musique et le sentiment de l’expression.

1748. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXIXe entretien. Tacite (2e partie) » pp. 105-184

LXII Voyez enfin l’embarras de l’explication qu’il charge Sénèque de donner par lettre au sénat, puis la bassesse des prétoriens qui le félicitent les premiers, toujours prêts à prostituer l’épée, pourvu que l’épée règne ; puis la vilité des sénateurs, qui feignent de croire à l’impossible pour avoir le prétexte de congratuler ; puis, dans un coin, la figure muette ou indignée du seul honnête homme, de Thraséa, qui sort du sénat, sachant bien à quoi il s’expose, et n’espérant rien de l’exemple pour la liberté, mais faisant seul rougir Néron, Burrhus, Sénèque, et toute l’armée, et tout le sénat, et tout le peuple, parce qu’il représente à lui tout seul plus que l’empire, l’armée, le sénat, le peuple, c’est-à-dire la conscience, la vertu, la postérité.

1749. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIe entretien. La passion désintéressée du beau dans la littérature et dans l’art. Phidias, par Louis de Ronchaud (1re partie) » pp. 177-240

XIII Hugo, qu’il faut toujours nommer le premier dans ces nomenclatures des belles imaginations, nous dit qu’il est par la moitié de son sang Franc-Comtois ; Rouget de Lisle, qui eut le rare bonheur d’être un jour le chant héroïque de la patrie menacée, le tocsin des cœurs, le sursum corda des baïonnettes, était Franc-Comtois ; Charles Nodier, le plus aimable des hommes, le plus fantaisiste des poètes, le plus Romain et le plus Français à la fois des ennemis de la terreur démagogique et de la tyrannie soldatesque, était Franc-Comtois ; Fourier, Considérant, Proudhon, tous ces esprits spéculatifs qui écrivent leur poésie en chiffres et qui jettent leur imagination par-dessus l’ordre social, aimant mieux inventer l’impossible que de ne rien inventer du tout, sont Francs-Comtois.

1750. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (3e partie) » pp. 161-219

Il était impossible de le voir sans attrait ; le son de sa voix avait toute la délicatesse de son âme ; il n’y avait jamais eu ni un geste faux dans sa main féminine, ni un ton affecté dans sa voix.

1751. (1892) Boileau « Chapitre I. L’homme » pp. 5-43

Ils se consultent souvent sur leurs productions, défiants d’eux-mêmes, et difficiles à contenter ; car ils ont une idée très haute de la perfection, et ne se lassent point qu’ils ne sentent impossible de s’en approcher davantage : ils donnent et reçoivent des avis et des critiques avec une absolue candeur, et jamais l’amour-propre n’a été plus absent du commerce de deux poètes.

1752. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre V. Le roman romantique »

Cela lui rend impossible les notations délicates de sentiments poétiques, les fines analyses de passions tendres, d’exaltations idéalistes : là Balzac s’enfonce dans le pire pathos, étale un pâteux galimatias ; lisez, si vous pouvez, le Lys dans la vallée.

1753. (1839) Considérations sur Werther et en général sur la poésie de notre époque pp. 430-451

« Jamais homme d’un génie égal au leur, mais ému par les profondes secousses de notre France, de notre Europe, n’aurait pu avoir la patience de peindre pour peindre, sans beaucoup de lyrisme au fond du cœur, comme Scott, avec une froide et étonnante impartialité ; ou, comme Cooper, avec une mélancolie assez vague, une pensée sociale incertaine et douteuse, et seulement le sentiment vif et profond de la nature extérieure : un tel homme n’aurait pu s’intéresser comme eux à ces mille petites nuances qui les intéressent ; et, tourmenté par les rudes problèmes qui occupent l’Humanité de notre âge, il lui eût été impossible de relever curieusement les moindres accidents de jour, de lumière, de paysage, de costume.

1754. (1920) Enquête : Pourquoi aucun des grands poètes de langue française n’est-il du Midi ? (Les Marges)

Même s’il est vrai que tous les grands poètes français soient nés dans le nord de la France, il paraît impossible d’y voir autre chose qu’un pur hasard.

1755. (1841) Matinées littéraires pp. 3-32

Lorsqu’un tableau est mis tout à coup devant nos yeux, il nous est impossible d’en discerner immédiatement les défauts et les beautés ; nous en recevons une impression générale qui fait qu’au premier coup d’œil le tableau nous plaît ou nous déplaît.

1756. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IX. Le trottoir du Boul’ Mich’ »

Il est impossible de dire autrement que par des exemples combien ça écrit mal, un Faguet.

1757. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre X »

Il revient du Havre ; cette innocente promenade a fait tomber les actions de sa maison dans les bas-fonds de la baisse ; il les a rachetées à cinquante pour cent au-dessous du pair : le tour est fait… Mais ce tour est celui d’un Mercadet à ses débuts et non celui d’un homme six fois millionnaire ; mais cette fausse sortie, exécutée sur le théâtre sérieux des affaires, conduirait tout droit son homme en police correctionnelle ou en cour d’assises ; mais c’est là une fourberie impossible, imaginaire, fantastique, et dont ce pauvre diable de millionnaire sacrifié ne peut être responsable aux yeux du public !

1758. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre deuxième. Le développement de la volonté »

— Le désir, dit-on encore, n’a pas de bornes : il peut s’étendre même à l’impossible, tandis que la volition s’étend seulement au possible. — Mais c’est là une distinction d’objet, non de nature, qui revient à dire : tantôt nous désirons avoir telle ou telle chose (ce qui permet de tout désirer) ; tantôt nous désirons faire telle ou telle chose (ce qui réduit alors le désir à ce que nous considérons comme réalisable par notre action).

1759. (1904) En méthode à l’œuvre

ne hanta pas de Beautés impossibles à réaliser mon cerveau qui tout de suite, ne put pas séparer en ses conceptions le geste des hommes des nocturnes et stellaires expansions.

1760. (1707) Discours sur la poésie pp. 13-60

Il est cause ordinairement qu’un traducteur idolâtre, pour vouloir rendre trop exactement toutes les beautés de son auteur, n’en rend en effet aucune ; car il est impossible, sur-tout en vers, que toutes les circonstances d’une pensée passent avec un bonheur égal d’une langue dans une autre.

1761. (1857) Cours familier de littérature. III « XVe entretien. Épisode » pp. 161-239

Je cachais mon visage dans mes deux mains ; je regardais furtivement entre mes doigts les tours, le balcon, le jardin, le verger, la fumée sur le toit, les bois derrière bordés de chaumières connues, la prairie, la rivière, les saules sur le bord de l’étang ; et, recevant de chacun de ces objets un souvenir, une image, un son de voix, une personne, une voix à l’oreille, une vision dans les yeux, un coup au cœur, je fondis en eau, et je m’abîmai dans l’impossible passion de ce qui n’est plus !

1762. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre II : Règles relatives à l’observation des faits sociaux »

Et cependant, il est impossible de savoir par une simple inspection si réellement la coopération est le tout de la vie sociale.

1763. (1913) La Fontaine « VI. Ses petits poèmes  son théâtre. »

avec ses soins, ma mère, et ces clefs-là, La garde d’une femme est-elle si terrible, Et croyez-vous encor cette chose impossible ?

1764. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vii »

Nous repartons en première ligne, écrit le jeune soldat, en date du 24 mai, près d’Arras ; nous avons encore une crête à enlever ; ce sera dur, mais « impossible n’est pas français », et alors c’est la trouée de Lille et la percée est faite.

1765. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre VI. L’espace-temps à quatre dimensions »

Oui, vous avez deviné juste en croyant possible la coexistence d’images comme les vôtres, s’étendant chacune sur une « surface » infinie, alors qu’elle est impossible dans l’Espace tronqué où la totalité de votre univers vous paraît tenir à chaque instant.

1766. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Appendices de, la deuxième édition »

Il est impossible, comme nous le disions, de la présenter en termes plus nets.

1767. (1870) La science et la conscience « Chapitre II : La psychologie expérimentale »

Mais, quand des esprits aussi attentifs, aussi sagaces, aussi pénétrants que les psychologues dont nous venons de parler, explorent une réalité positive, bien que d’une observation délicate et difficile, il est impossible qu’il n’y ait pas quelque chose de vrai et d’instructif dans leurs analyses et leurs explications, quel que soit d’ailleurs le point de vue auquel ils se placent.

1768. (1892) Impressions de théâtre. Sixième série

Cela dépend de l’inspiration… d’une suggestion… Il est presque impossible de dire à quelle époque cela aboutira. — Mais cela avance cependant ? […] Sous Louis XIV, c’était impossible. […] Ce travail toujours inachevé, cette œuvre impossible et délicieuse, M.  […] Il m’est impossible de ne pas l’aimer. […] Mais il paraît qu’il lui est impossible de travailler en compagnie de sa mère et de sa sœur ; elles remuent trop, elles ne respectent pas assez l’auguste labeur de sa pensée.

1769. (1905) Études et portraits. Sociologie et littérature. Tome 3.

Ils doivent être, des quantités égales, pour me servir d’une expression géométrique », ce qui est impossible, il l’avait dit ailleurs : « L’égalité sera peut-être un droit, mais aucune puissance humaine ne saurait convertir ce droit en fait. » Il en conclut qu’une majorité issue du vote de gens, inégaux en fortune, en capacités, en intérêts sociaux, ne représente qu’un chiffre brutal, sans signification réelle. […] Je me sentis en moi-même assez d’honneur et de volonté pour vivre en honnête homme, même après m’être défait de ma religion… » Et il continue : « Les trois années qui suivirent furent douces… » Il est impossible de ne pas rapprocher de ce morceau le fragment de Jouffroy sur l’agonie morale de sa Nuit de décembre. […] Ne discutons pas les inconséquences de théoriciens qui font sur ce point un acte de foi impossible à légitimer rationnellement Ils le font, et nous devons le constater. […] Quelles eussent été à la fois libres et liguées, indépendantes et associées — ce n’est pas là un rêve impossible, puisque les Etats-Unis d’Amérique l’ont réalisé dans des conditions bien autrement complexes — quels prodiges n’eût pas accomplis cette nation qui a su trouver le secret de faire pousser chez elle une humanité plus vivace, ce qu’Alfieri appelle dans son mot souvent rapporté « une plante humaine plus verte qu’ailleurs !  […] Excessifs, aussi naturellement que les autres sont réfléchis, toute règle leur est insupportable, toute acceptation odieuse, toute soumission impossible.

1770. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Lamartine »

Il m’est impossible de souffrir que, discrètement et sans y toucher, on rapproche ainsi Lamartine d’un improvisateur napolitain, d’un « ténor », d’une « prima donna » et de ces « féministes » qui, d’avoir été féministes, moururent jeunes. […] L’exhortation Aux chrétiens dans les temps d’épreuves, l’Hymne à l’Esprit-Saint, l’Hymne au Christ, les Révolutions dégagent le sens véritable de l’Évangile, s’indignent des emplois où les politiques ont abaissé la sainte parole, affirment le progrès humain par la bonté et le sacrifice, et la croyance à un dessein divin dans le gouvernement du monde et dans l’économie de l’histoire… Et ces choses avaient été dites, je crois ; et l’on s’est mis, depuis dix ans, à en répéter quelques-unes, mais non pas mieux ni plus clairement, ni plus magnifiquement, parce que cela est impossible. […] Il serait tout à fait impossible de démontrer que les applications de la science aux commodités de la vie nous aient vraiment faits plus heureux.

1771. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Camille Jordan, et Madame de Staël »

Ce sera une telle émotion pour moi et les miens que vous voir — Je vous remercie des renseignements que vous m’avez envoyés ; mais vous avez ôté le nom de l’homme, de manière qu’il est impossible de lui écrire directement. — Croyez-vous que Mme Lyonne de Boyer ait vraiment envie de venir ici ? […] « Il est impossible, cher Camille, d’écrire une plus charmante lettre que celle que je reçois de vous ; elle m’a émue jusqu’au fond du cœur.

1772. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VI. Les romanciers. » pp. 83-171

Impossible de tout traduire. […] To abstract the mind from all local emotion would be impossible if it were endeavoured, and would be foolish if it were possible.

1773. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre V. La philosophie. Stuart Mill. »

Et cette difficulté si grave se rencontre dans presque tous les cas du mouvement, car presque tout mouvement est l’effet d’un concours de forces, et les effets respectifs des diverses forces se trouvent en lui mêlés à un tel point qu’on ne peut les séparer sans le détruire, en sorte qu’il semble impossible de savoir quelle part chaque force a dans la production de ce mouvement. […] Or cette suppression est, dans l’un et l’autre de ces cas, matériellement impossible.

1774. (1841) Discours aux philosophes. De la situation actuelle de l’esprit humain pp. 6-57

c’est parce qu’il était impossible de concevoir que l’homme, puni et condamné par Dieu, pût se sauver par lui-même : donc le Sauveur était Dieu. […] Dans une pareille société, l’adultère est flagrant, public, effréné, frappant à toutes les portes ; il est reçu, salué, fêté ; on en rit : le mariage n’existe plus. » Lorsque la femme, qui est le sentiment dans la nature humaine, se lance dans le mal, parce qu’elle ne sait plus où est le bien, et que, l’ancien bien n’étant plus le bien, la règle du bien lui fait défaut, il est impossible que la société ne s’abîme vite et avec fracas.

1775. (1904) Zangwill pp. 7-90

Le langage devient impossible, si l’on pousse à l’excès le purisme à cet égard. […]   Nous sommes ainsi conduits au seuil du plus grand débat de toute la pensée moderne ; au cœur de la plus grande contrariété moderne ; et c’est sur ce seuil que nous nous arrêterons, pour aujourd’hui, car il est évident que ce simple avant-propos ne peut devenir ni un traité, ni même un essai de la manière d’écrire l’histoire ; c’est déjà beaucoup, peut-être, que d’avoir commencé de contribuer à la position du débat ; et nous reconnaissons ici que ce débat n’est autre que le vieux débat de la science et de l’art ; mais c’est un cas nouveau, et particulièrement éminent, de ce vieux débat général ; d’un côté ceux que nous avons nommés les historiens modernes, c’est-à-dire, exactement, ceux qui ont voulu transporter, en bloc, les méthodes scientifiques modernes dans le domaine de l’histoire et de l’humanité ; nous avons aujourd’hui recherché leurs intentions, mesuré leur présomption, non pas seulement sur des exemples éminents, sur deux exemples capitaux, mais sur les deux exemples qui commandent tout le mouvement, étant à l’origine, au commencement, au moment de la franchise enfantine, et le dominant tout ; de l’autre côté, en face des historiens modernes, et non pas contre eux sans doute, car il s’agit d’un débat, et non pas d’un combat sans doute, en face des historiens modernes tous ceux de nous qui ne transportons point en bloc les méthodes scientifiques modernes au domaine de l’histoire et de l’humanité, qui ne transmutons point servilement les méthodes scientifiques modernes en méthodes historiques ; tous ceux de nous qui croyons qu’il y a, pour le domaine de l’histoire et de l’humanité, des méthodes historiques et humaines propres ; des méthodes humainement historiques ; nous nous arrêterons, pour aujourd’hui, au seuil de ce débat ; c’est assez écrit pour un cahier, pour l’avant-propos d’un cahier ; gardons-nous quelque travail pour les veillées de cet hiver ; en outre, je parviens au point de nos recherches où il me serait presque impossible de continuer sans commencer à parler de Chad Gadya !

1776. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1863 » pp. 77-169

— À la campagne, le travail m’est presque impossible. […] Il y a dans le jeune homme beaucoup de Flaubert, et de ses désespérances, et de ses aspirations impossibles, et de sa mélancolie, et de sa misanthropie, et de sa haine des masses… Toute la composition, sauf le dialogue très enfantin, est d’une puissance étonnante pour l’âge où Flaubert l’a écrite.

1777. (1864) Le positivisme anglais. Étude sur Stuart Mill

Et cette difficulté si grave se rencontre dans presque tous les cas du mouvement, car presque tout mouvement est l’effet d’un concours de forces, et les effets respectifs des diverses forces se trouvent en lui mêlés à un tel point qu’on ne peut les séparer sans le détruire, en sorte qu’il semble impossible de savoir quelle part chaque force a dans la production de ce mouvement. […] Or cette suppression est, dans l’un et l’autre de ces cas, matériellement impossible.

1778. (1882) Hommes et dieux. Études d’histoire et de littérature

Il veut et il peut ; et il veut à tout moment, et sa volonté, surexcitée par l’exécution immédiate, s’enfle, grandit, s’exagère, s’étend démesurément, s’agite avec convulsions et se heurte contre l’impossible. — La lune dans un seau d’eau ! […] Il ne reste plus que l’impossible ; c’est à l’impossible que Néron s’adonne dans ses derniers jours. […] Il les exploite, il les bafoue, il les trompe, il les flatte, il les effraye, il les fatigue d’ambassades et de négociations dérisoires ; il leur demande l’impossible, l’épée sur la gorge, et l’impossible lui est accordé. […] Il est impossible, d’ailleurs, de voir sans pitié ce prince énervé, fait pour croupir au fond d’un harem, ou pour présider les fêtes d’une petite cour d’Italie au XVIIe siècle, dépaysé dans cette âpre et violente époque.

1779. (1890) Les princes de la jeune critique pp. -299

Je le tiens quitte de l’impartialité, et pour cause ; je la crois chimérique, partant impossible à atteindre et, qui plus est, dangereuse à poursuivre. […] Impossible d’être plus tranchant, plus intransigeant. […] Au reste, impossible de ne pas être frappé, quand on le lit, du ton excellent dont il ne se départ jamais. […] Il expliqua comment le vagabondage à travers le temps et l’espace, devenu une habitude et un besoin de notre civilisation, a multiplié parmi nous la race des dilettantes ; il s’attacha à prouver que l’esprit d’analyse et le raffinement du goût ont perverti l’amour, quand ils ne l’ont pas rendu impossible ; il montra l’usure que l’abus de la pensée et le surmenage du cerveau produisent sur le corps, le sentiment et la volonté ; il constata des conflits entre la spéculation et l’action, entre la science et la poésie, entre la démocratie et la haute culture ; il conclut qu’il se dégageait de tout cela comme une vapeur de tristesse qui enveloppait le monde d’un nuage chaque jour plus épais, et il donna pour le dernier mot de la philosophie du jour un pessimisme très sombre teinté d’un vague mysticisme.

1780. (1896) Les Jeunes, études et portraits

Impossible d’échapper à cette contagion de platitude qui a tout envahi et qui altère jusqu’aux cérémonies de l’Église. […] Est-il impossible d’amener jusqu’à ce spasme suprême la tension du cerveau et l’ébranlement des nerfs ? […] Il est impossible de se substituer plus complètement à un autre et d’éprouver davantage comme présentes des douleurs passées. […] Tout contribue à nous montrer dans Hippolyte l’être inférieur et délicieux, objet pour l’homme de tous les rêves, source de tous, les bonheurs, instrument de toutes les déchéances et de toutes les ruines. — Entre cet homme et cette femme va se passer l’éternel drame de l’humanité : c’est d’abord le mirage du bonheur parfait dans l’amour, c’est le désir d’arriver à l’entière possession, d’absorber une autre vie dans la sienne et de s’absorber dans autrui ; et c’est enfin devant le démenti des faits, et dans la nécessité de renoncer à réaliser l’impossible, la déception qui aboutit à la haine. […] Où ne règne que la plus cordiale entente, il devient désormais impossible de parler sans mauvaise foi de dissensions intestines.

1781. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE VIGNY (Servitude et Grandeur militaires.) » pp. 52-90

Ce qui frappe, ce qui irrite presque les personnes qui ont vu ce que M. de Vigny raconte, c’est, selon elles, la manière non-seulement fictive, mais impossible, dont il romance tout cela.

1782. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « M. DE LA ROCHEFOUCAULD » pp. 288-321

Ils disent qu’il est dangereux de mettre de telles pensées au jour, et qu’ayant si bien montré qu’on ne fait les bonnes actions que par de mauvais principes, la plupart du monde croira qu’il est inutile de chercher la vertu, puisqu’il est comme impossible d’en avoir si ce n’est en idée ; que c’est enfin renverser la morale, de faire voir que toutes les vertus qu’elle nous enseigne ne sont que des chimères, puisqu’elles n’ont que de mauvaises fins.

1783. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Charles Labitte »

Lui, dont plus tard les convictions politiques ou philosophiques n’eurent guère d’occasion bien directe de se produire et semblaient plutôt ondoyer parfois d’un air de scepticisme sous le couvert de l’érudition, il croyait vivement à l’amour, surtout à l’amitié, à l’immortalité volontiers, à la liberté toujours, à la patrie, à la grandeur de la France, à toutes ces choses idéales qu’il est trop ordinaire de voir par degrés pâlir autour de soi et dans son cœur, mais qu’il est impossible de sauver, même en débris, après trente ans, lorsqu’on ne les a pas aimées passionnément à vingt.

1784. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre I. Succès de cette philosophie en France. — Insuccès de la même philosophie en Angleterre. »

Impossible de lui résister, la contagion est trop forte.

1785. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Introduction. » pp. -

En sorte qu’à chaque moment on peut considérer le caractère d’un peuple comme le résumé de toutes ses actions et de toutes ses sensations précédentes, c’est-à-dire comme une quantité et comme un poids, non pas infini2, puisque toute chose dans la nature est bornée, mais disproportionné au reste et presque impossible à soulever, puisque chaque minute d’un passé presque infini a contribué à l’alourdir, et que, pour emporter la balance, il faudrait accumuler dans l’autre plateau un nombre d’actions et de sensations encore plus grand.

1786. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (5e partie) » pp. 65-128

Bien que j’aie, dans le livre trente-neuvième des Girondins, trop caressé peut-être quelques tendances erronées de la Convention, on verra cependant que ces sophismes d’égalité impossible des biens et des fonctions me révoltaient déjà, comme des démentis donnés par l’utopie à la nature.

1787. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIe entretien. Vie du Tasse (1re partie) » pp. 5-63

Nous n’avons plus d’amis à Naples, nos parents y sont nos ennemis ; et, à cause de ces circonstances, chacun craint de nous tendre la main… Mon angoisse est telle, excellente dame, que le désordre de mon esprit se communique à mes paroles ; c’est à Votre Excellence à se représenter l’excès des peines qu’il m’est impossible d’exprimer ! 

1788. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXVe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (4e partie) » pp. 429-500

Il ne manque pas d’ailleurs de bruits dont il est impossible de se rendre compte, et qui laissent les indigènes aussi embarrassés que M. 

1789. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXVIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 385-448

J’étais vaincue, monsieur, et je demandais à Dieu de mourir en cet instant pour tous mes parents, afin de m’éviter l’horrible et impossible choix, ou d’abandonner mon père et ma tante, ou d’abandonner mon cher et malheureux Hyeronimo, lorsqu’une voix, comme si elle fût descendue du ciel, interrompant tout à coup le silence de nos embrassements, dit d’un ton d’autorité à mon père et à ma tante : « Ne résistez pas à Dieu, qui parle par le cœur des innocents, laissez Fior d’Aliza courir sur les traces de son frère, la protection de Dieu la suivra peut-être dans la foule, comme elle a suivi Sarah dans le désert.

1790. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXIXe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 129-192

m’a-t-il dit alors, tranquillisez votre pauvre âme malade, mon cher fils, ce que vous me demandez est bien difficile, impossible à obtenir des hommes peut-être, mais Dieu est plus miséricordieux que les hommes, et celui qui a emporté la brebis égarée sur ses épaules ramène au bercail l’âme blessée par tous les chemins.

1791. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIe entretien. Madame de Staël »

L’amour s’éteindrait le jour où la femme, affectant une égalité de droit impossible, lutterait de tyrannie avec l’homme, au lieu de le dompter par le charme, cette seule tyrannie adorée des yeux et du cœur.

1792. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVe entretien. Vie de Michel-Ange (Buonarroti) »

« En sorte que mille ans après notre départ d’ici-bas, on comprenne combien tu fus belle et combien je t’aimai, et combien la nature rendait impossible de ne pas t’aimer ! 

1793. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIIe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

« La solitude absolue, le spectacle de la nature me plongèrent bientôt dans un état presque impossible à décrire.

1794. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « M. Deschanel et le romantisme de Racine »

Il ne serait pas impossible, avec un peu d’art, de soutenir ce badinage.

1795. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Paul Verlaine et les poètes « symbolistes » & « décadents ». »

Et c’est pourquoi, Sagesse à part, il est à peu près impossible de résumer ses recueils, d’en donner la pensée abrégée.

1796. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Mme Desbordes-Valmore » pp. 01-46

Il est impossible, après avoir lu ces lettres, de croire que Latouche ait jamais été pour Marceline autre chose qu’un ami, à moins de prêter à cette noble femme une puissance diabolique de dissimulation.

1797. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre cinquième »

Il lui était impossible de s’excepter de son admirable bon sens.

1798. (1772) Éloge de Racine pp. -

Qui est-ce qui n’est pas délicieusement ému de ces vers si simples qui descendent si avant dans le coeur, et qu’il est impossible de ne pas retenir dès qu’on les a entendus ?

1799. (1856) Cours familier de littérature. I « Digression » pp. 98-160

II Sans doute il est impossible de séparer complètement dans une telle femme la grâce du génie, et la beauté des traits de la beauté de l’intelligence : comment séparer ce que Dieu a si bien uni sur une physionomie éloquente ?

1800. (1913) La Fontaine « I. sa vie. »

Les amis de La Fontaine  car il a des amis très chauds, très passionnés, même encore, même au point de vue de sa vie, de sa biographie, de son caractère  les amis de La Fontaine, en ce moment-ci, ou il y a quelques années, et ils continuent, insistent infiniment et grossissent même tous les faits, et ils en ont peu à leur disposition ; ils insistent infiniment sur l’inconduite de Mllc de La Fontaine pour excuser La Fontaine, pour l’innocenter, pour le faire absolument blanc ; pour nous dire par exemple que si La Fontaine a abandonné sa femme, c’est qu’il lui était absolument impossible de demeurer avec elle ; que, s’il n’a pas connu son fils, s’il n’a pas voulu le connaître, c’est qu’il avait peut-être des raisons, c’est qu’il avait certainement, disent-ils, des raisons pour n’être pas sûr qu’il fût son fils, etc.

1801. (1913) La Fontaine « VIII. Ses fables — conclusions. »

Je vous ai dit il y a quelques semaines que La Fontaine est un épicurien qui croit à la Providence ; c’est précisément ce qu’il est dans cette fable : un épicurien qui croit à une providence dans les destins de laquelle il est impossible d’entrer et sacrilège de prétendre entrer : Cette aventure en soi, sans aller plus avant, Peut servir de leçon à la plupart des hommes.

1802. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre VI. L’effort intellectuel »

Il n’est donc pas impossible que nous en découvrions des traces jusque dans l’attention sensorielle elle-même, encore que cet élément n’y joue plus qu’un rôle accessoire et effacé.

1803. (1881) Études sur la littérature française moderne et contemporaine

Je ne demande plus, ce qui est impossible, qu’elle ait quelque pudeur ; mais moi, je veux guérir, je veux être débarrassé de cette affreuse maladie ! […] Désormais, au lieu de chercher l’impossible, on devrait moins inventer et conserver davantage. […] Impossible de voir un contraste plus absolu. […] La sensibilité matérielle et maladive est surexcitée chez nous aux dépens du sens moral et de l’intelligence… Quand j’ai fermé les yeux à ces flammes de Bengale, quand la dernière vibration de ces cuivres ne tinte plus dans mes oreilles, quand je regarde là dedans avec mon esprit tout seul, il m’est impossible d’y découvrir quelque chose qui ressemble à une pensée et qui dénote l’exercice de la raison… L’imagination ne manque pas aux races inférieures ; voyez les nègres. […] Au fond de presque toutes nos controverses philosophiques et religieuses se trouvent des mots dépourvus d’une signification définie… Il est presque impossible de nous exagérer cette influence, car nous ne devons pas penser que l’effet en ait été borné aux ouvrages des philosophes.

1804. (1858) Du roman et du théâtre contemporains et de leur influence sur les mœurs (2e éd.)

C’est toujours la même histoire sous des titres différents ; toujours le même tableau dans des cadres peu variés ; c’est-à-dire le monde peint comme une caverne de brigands, la société représentée comme composée de fripons et de dupes, de victimes et de bourreaux ; toutes les femmes adultères, tous les hommes vils ou féroces ; un incroyable entassement de crimes possibles et impossibles, d’horreurs invraisemblables, de dépravations sans nom. […] Il croit fermement toute amélioration humanitaire impossible tant qu’un état, démocratiquement organisé, ne s’emparera pas des jeunes citoyens, à l’heure même où les soins de la femme leur sont devenus inutiles, pour les élever en commun et chacun selon la direction indiquée par l’ensemble de ses facultés cérébrales. […] Il en a fait des êtres impossibles, qui n’ont d’homme que le nom, dont les caractères sont aussi faux que les sentiments sont odieux.

1805. (1913) Les livres du Temps. Première série pp. -406

Sans doute, j’ai dû négliger quelques livres d’un réel intérêt : il est impossible de tout dire en une fois. […] Il m’est impossible de partager ces craintes. […] Et je te bénis dans la mort pour le bonheur que j’ai eu auprès de toi… Il est impossible de n’avoir pas les larmes aux yeux en lisant cette page sublime, et les plus adorables héroïnes de Shakespeare, les Desdémone, les Imogène, les Cordélia n’éclipsent point cette figure céleste, la pauvre petite Isabelle de M.  […] Charles Péguy, de ce style si original, si savoureux, mais volontairement bizarre, enchevêtré, surchargé, empâté, dont il a été fondé à dire lui-même : « Dieu merci, quand même je le voudrais, il m’est bien impossible d’écrire une ligne anonyme.

1806. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviiie entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

L’époux de Kriemhilt veut le dépasser, mais la bête se réfugie dans une clairière d’arbres abattus ; la poursuite y était impossible. […] Sept bêtes de somme auraient dû nous amener du vin clairet et de l’hydromel, ou si cela était impossible, on aurait dû nous faire camper aux bords du Rhin. » « Hagene de Troneje répondit : « Chevaliers nobles et impétueux, je connais tout près d’ici une fraîche fontaine, et, afin que vous ne vous irritiez point, nous allons nous y rendre. » L’avis qu’il donnait devait causer bien des maux à maints guerriers.

1807. (1925) Feux tournants. Nouveaux portraits contemporains

Vous me direz que cette opération est impossible au Grand Hôtel, car les chambres y sont bien tenues, et que les buvards sont remplacés aussitôt qu’un client a quitté sa chambre. […] Souday, avec beaucoup plus de mesure, indique, estime que le Bal est mieux « peigné » que le Diable au corps, où nous avons remarqué, comme lui, des fautes de syntaxe indéfendables, et qu’il n’est pas impossible qu’une main amie lui ait accordé quelques soins, nous le suivons. […] Le surréalisme pur, comme vous l’entendez, est impossible, la parole même le fausse, et l’écriture.

1808. (1925) Portraits et souvenirs

L’équipée, entreprise à la suite de quelque reine de Saba vers les royaumes de l’Impossible, se terminait dans l’asile de la rue Berton. […] Avec Laurent Evrard, cette opération de dosage semble presque impossible à accomplir. […] Or, cette transformation eut plusieurs causes qu’il ne serait pas impossible de déterminer, mais dont l’une fut certainement que M. 

1809. (1803) Littérature et critique pp. 133-288

Mais il était impossible qu’un homme tel que lui, doué d’une tête active et d’un caractère entreprenant, ne jouât pas un rôle principal dans les nouvelles destinées de la France. […] C’est quand il fut impossible à l’ambition de rien usurper, qu’il accepta, du choix de ses concitoyens, l’honneur de les gouverner pendant sept années. […] Quand tout désabuse, il est impossible de se passionner : quand tout est soumis à l’analyse philosophique, tout perd son charme en perdant son mystère ; et l’âme ne se plaît que dans les sentiments mystérieux et infinis.

1810. (1940) Quatre études pp. -154

Il détestait le peuple, cette zoocratie ; il niait le progrès, cette tromperie, ce mensonge pour imbéciles : le vrai progrès, le seul progrès, eût été d’abolir en nous le sens du péché, ce qui était impossible aux enfants des hommes. […] Tout ce qui, par impossible, manquerait à la perfection de son bonheur, il l’obtiendrait lors de cette seconde naissance. […] Mais tout est relatif ; et s’il est vrai qu’après ce grand créateur et ses émules, une poésie pauvre et desséchée est devenue impossible chez nous, dirons-nous cependant que l’imagination est la qualité dont nous pouvons nous vanter le plus communément ?

1811. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre III. La Déformation de l’Idéal classique (1720-1801) » pp. 278-387

» Voilà des principes hardis, que nous n’avons pas d’ailleurs à discuter ici, mais dont il ne serait pas impossible que Montesquieu eût eu quelque connaissance, et en tout cas dont on voit la ressemblance avec ceux de l’Esprit des lois. […] , p. 170, 175], — ainsi que la fortune qui leur était promise un jour, — que là peut-être est l’explication de l’oubli dans lequel il est tombé. — La comédie est déjà difficile à traiter en vers ; — et le drame bourgeois impossible. […] — Elle l’aurait en tout cas plus mal encore inspiré quand elle lui a dicté ses Bijoux indiscrets, 1748 ; — un mauvais roman dans le goût de ceux de Duclos et de Crébillon ; — infiniment plus grossier ; — et un livre dont il dira plus tard « qu’il se couperait volontiers un bras pour ne pas l’avoir écrit ». — Sa Lettre sur les aveugles à l’usage de ceux qui voient, 1749 ; — et de l’intérêt qu’en offre la comparaison avec le Traité des sensations, de Condillac. — Elle vaut d’ailleurs à Diderot d’être mis à Vincennes ; — non point pour aucune hardiesse qu’elle contienne ; — mais pour une phrase qui déplaît à Mme Dupré de Saint-Maur, — l’amie de Réaumur, de l’Académie des sciences. — De la différence de situation entre Diderot et d’Alembert ; — et qu’il n’est pas impossible qu’elle soit pour quelque chose dans les tiraillements qui se produiront entre eux. — Le vrai portrait de Diderot tracé quelque part par Bacon : « Sunt qui cogitationum vertigine delectantur, ac pro servitute habent fide fixa aut axiomatis constantibus constringi. » IV. — Les premières difficultés de l’Encyclopédie Si les Jésuites qui rédigeaient le Journal de Trévoux ont été jaloux du succès de l’Encyclopédie ?

/ 1982