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1000. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre premier. Table chronologique, ou préparation des matières. que doit mettre en œuvre la science nouvelle » pp. 5-23

C’est trois siècles avant l’époque adoptée par les chronologistes ; mais ont-ils le droit de s’en étonner, eux qui varient de quatre cent soixante ans sur le temps où vécut Homère, l’auteur le plus voisin de ces événements.

1001. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VI. »

À part deux comédies, sous le titre de Phaon, l’une de Platon le poëte, l’autre d’Antiphane ; il part une comédie, la Leucadienne, par Ménandre, et une pièce d’Antiphane, le Leucadien, on joua dans Athènes six comédies de différents auteurs, portant toutes le titre de Sapho, et pleines d’allusions à sa gloire poétique et aux événements fabuleux ou vrais de sa vie.

1002. (1913) Les livres du Temps. Première série pp. -406

Ni les événements ni les personnages ne sont les mêmes. […] Jules Lemaître sur Chateaubriand ont été l’événement littéraire de l’année. […] Peut-être néanmoins, dans l’interprétation des événements, sa dévotion napoléonienne se montre-t-elle parfois un peu ombrageuse et jalouse. […] Mais il avait si fort spéculé sur cet événement chez les usuriers que la succession paternelle est absorbée par le paiement de ses dettes. […] Dans ces trois premières parties, point d’événements d’aucune sorte : nulle action dramatique ; pas davantage de descriptions ni de scènes pittoresques.

1003. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Deuxième série

Tel fut son rôle au moyen âge ; les événements indiquent que tel doit être son rôle encore aux temps modernes. […] Le même qui a toujours été le sien en présence des grands événements historiques : le connaître, d’abord, et avant les autres, gouverner étant prévoir ; et puis l’accepter ; et puis le diriger. […] L’événement qui a précédé notre entrée dans le monde nous paraît le plus grand événement de l’histoire de l’humanité, une date comme il n’y en a pas trois dans les annales de la civilisation, un fait marqué de Dieu, et nous en tirons toute une philosophie historique, quelquefois toute une philosophie. […] Ce n’est pas tant l’événement auquel nous avons assisté qui nous fascine, c’est l’événement qui nous a immédiatement précédés, et qui est pour nous doublement formidable comme déjà légendaire et encore voisin. […] — Aussi une idée religieuse, si mince et peut-être puérile qu’elle vous paraisse, au milieu des événements les plus redoutables, se moque des événements, n’en tient compte, et elle a bien raison de les mépriser.

1004. (1874) Histoire du romantisme pp. -399

Déjà à une époque où nous ne pensions pas que jamais il nous serait donné d’achever cette difficile tâche, nous avions dans une faible proportion collaboré à de premiers essais ; l’exécution en fut interrompue par les événements qui agitèrent ces dernières années. […] Comme Bouchardy était devenu notre voisin, nous l’allâmes chercher pour nous guider dans ce dédale d’événements ; mais après une ou deux heures de marches et de contremarches, il nous avoua qu’il ne s’y retrouvait pas, n’ayant pas son plan devant lui. […] Par sa nature nerveuse, impressionnable, Delacroix, plus que personne, vibrait au passage des idées, des événements et des passions de son temps. […] Comme il serpentait à travers ce dédale d’événements fantastiques et mystérieux, dominant l’action, ayant toujours une riposte prête aux coups du sort, se relevant au moment où on le croyait écrasé, plein de sang-froid, d’aplomb et d’audace ! […] Son souvenir est lié à celui d’œuvres qui ont été les événements de notre jeunesse, et il nous semble qu’une partie de nous-même s’en aille avec elle.

1005. (1876) Romanciers contemporains

Des événements enchevêtrés les uns dans les autres et étalés avec fracas ? […] Les événements qu’ils racontent sont simples et racontés simplement. […] Certains événements ne sont pas suffisamment préparés. […] L’apparition de Fleurange fut un véritable événement littéraire. […] Ne vous avisez pas de contester avec lui la vraisemblance d’un événement qu’il a exposé.

1006. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Notes et pensées » pp. 441-535

Degérando ne sent pas que Royer-Collard a été un événement en philosophie, et Lacretelle, que Guizot en a été un en histoire. […] Nul homme, à ce qu’il me semble, ne s’était jusqu’à ce jour aussi intrépidement assis devant le clavier de la Providence pour en presser de ses doigts les touches mystérieuses et pour y moduler au gré de ses aventureuses fantaisies sur le thème des événements. […] Tous ceux qui m’ont vu en février 1848 savent quels étaient mes sentiments, et de quel air j’observais jour par jour les événements et les hommes. […] Voici cet article du Globe, cet en-tête qui est de moi : La poésie s’est montrée empressée de célébrer la grandeur des derniers événements ; ils étaient faits pour inspirer tous ceux qui ont un cœur et une voix.

1007. (1899) La parade littéraire (articles de La Plume, 1898-1899) pp. 300-117

Et je dirai presque, à ce propos, que si les écrivains naturalistes se sont préoccupés de réhabiliter, de grandir, d’embellir ce qui paraissait encore grossier et vulgaire, dans l’être humain, les poètes de la dernière génération sont tout simplement en train de doter d’une grâce esthétique ce côté banal des événements courants qu’on avait négligé jusqu’à ce jour. […] C’est, toutefois, d’une écriture un peu gauche, mais le moindre événement devient émotionnant lorsque Eugène Rouart le raconte. […] Mais où je suis tout à fait de l’avis d’Henry Bérenger, c’est lorsqu’il réprouve les théories des Goncourt, des Gautier et des Leconte de Lisle, qui méprisaient la vie civique, qui ne regardaient les événements contemporains qu’en se préoccupant de leur attrait pittoresque et de leur aspect artistique. […] Lorsque Proudhon, en effet, résolut d’écrire ce livre, dont tant de circonstances et d’événements ont retardé la parution, lorsqu’il prononça sa menace implacable et surtout téméraire : Delebo eum de memoriâ hominum , on était au lendemain du coup d’État du Deux Décembre.

1008. (1835) Critique littéraire pp. 3-118

Il y a tels événements qui transportent, pour ainsi dire, une langue d’un pôle à l’autre. […] En effet, Jacquemont vit bien aux empressements de la foule, aux félicitations qui l’accueillirent, et surtout à l’attention grave et respectueuse dont il devint l’objet de la part de ses hôtes de la Grande-Bretagne, que la révolution de juillet l’avait grandi de plusieurs pieds, et que toute l’importance politique de ce prodigieux événement se résumait en quelque sorte dans sa personne : « Je défie M. de La Fayette lui-même, écrit-il à son père, d’avoir donné en un jour plus de poignées de main. » Jacquemont en conçut un légitime orgueil ; mais en même temps il eut le bon esprit de comprendre que l’enthousiasme, assurément très réel, de ses hôtes pour la nouvelle révolution, couvrait je ne sais quelle anxiété tout anglaise qui avait besoin d’être calmée. […] Il la prédisait du fond de l’Indoustan, à quelques mille lieues du théâtre des événements, et plus de trois ans avant que lord Palmerston eût fait entendre, dans le parlement anglais, ces paroles mémorables : « Les relations qui unissent la France et l’Angleterre deviennent de jour en jour plus amicales. À mesure que les deux gouvernements se connaissent mieux, ils s’apprécient davantage, et c’est pour moi, je l’avoue, un véritable sujet d’orgueil et de satisfaction de songer que les préjugés qui divisaient les deux pays sont presque entièrement effacés4. » Ainsi, le bon sens de Victor Jacquemont devançait les événements, et du premier coup frappait juste sur leurs résultats les plus cachés.

1009. (1923) Nouvelles études et autres figures

Les événements de notre vie n’ont pas toute l’importance que nous leur attribuons. […] Dans cette vie que baigne un crépuscule légendaire, brille un événement précis. […] Mais ses livres avaient été attaqués, réfutés ; les événements de la France lui avaient infligé des démentis. […] Elle fut marquée par la mort de son grand-père, qui le tira de ces tracas d’argent, et par un événement assez mystérieux. […] Le milieu nous livre la clef des événements et des actes précis.

1010. (1895) Nos maîtres : études et portraits littéraires pp. -360

Le romantique Dickens n’est point plus soucieux que Hugo de l’analyse rationnelle : mais ses romans recréent une vie plus naturelle, d’événements plus réels et plus simples. […] Il a pu vivre les événements et les pensées qu’il racontait, en même temps qu’il les imprégnait de sa métaphysique. […] La représentation écrite des événements passés. Mais qu’est-ce qu’un événement ? […] Ce sont en effet les mêmes événements ; Mme Barine, à ce point de vue, n’a rien ajouté de nouveau.

1011. (1890) La bataille littéraire. Deuxième série (1879-1882) (3e éd.) pp. 1-303

S’il est un auteur dont toute production soit désormais un événement littéraire, c’est sans conteste M.  […] Comme les livres d’Alphonse Daudet présentement, ceux de M. de Goncourt ont été et sont encore aujourd’hui des événements littéraires. […] Les événements n’agissaient plus sur lui que comme la pile de Volta sur un cadavre. […] L’événement littéraire de la semaine est l’apparition du nouveau livre de poésies de Victor Hugo : Religions et Religion. […] Voici un événement littéraire, car c’en est un que le livre que M. 

1012. (1884) L’art de la mise en scène. Essai d’esthétique théâtrale

En peinture, quand il ne s’agit pas d’un événement historique, et que la nécessité d’une fin ne s’impose pas, le peintre choisit souvent les attitudes et les gestes de ses personnages pour le charme et le pittoresque de leur mouvement, et non pour déterminer l’esprit à envisager un événement subséquent, dont la possibilité n’est pas en cause. […] Il n’y a là rien de plus que la constatation du milieu où va se dérouler la suite des événements. […] Voilà donc une modification de costume qui résulte des péripéties de la pièce ; car il est nécessaire que Théramène porte et conserve ainsi la trace de l’événement tragique auquel il a été mêlé directement. […] On en a une preuve dans ce fait que dans une seconde de sommeil le rêve fait entrer une suite considérable d’événements. La durée des entractes est donc sans rapports avec le temps supposé écoulé par le poète et avec le nombre d’événements qu’il imagine s’être passés entre deux actes.

1013. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre I. Les Saxons. » pp. 3-71

Nul art, nul talent naturel pour décrire une à une et avec ordre les diverses parties d’un événement ou d’un objet. […] Les événements n’apparaissent pas nus dans ces cerveaux passionnés, sous la sèche étiquette d’un mot exact ; chacun d’eux y entre avec son cortége de sons, de formes et de couleurs ; c’est presque une vision qu’il y suscite, une vision complète, avec toutes les émotions qui l’accompagnent, avec la joie, la fureur, l’exaltation qui la soutiennent. […] Cette année Londres fut brûlée, la nuit d’avant l’Assomption de sainte Marie, si terriblement qu’elle ne l’avait jamais été autant depuis qu’elle fut bâtie. » Ainsi parlent avec une sécheresse monotone les pauvres moines qui, après Alfred, compilent et notent les gros événements visibles ; de loin en loin, quelques réflexions pieuses, un mouvement de passion, rien de plus.

1014. (1899) Préfaces. — Les poètes contemporains. — Discours sur Victor Hugo pp. 215-309

La poésie ne consacrera même plus la mémoire des événements qu’elle n’aura ni prévus ni amenés, parce que le caractère à la fois spéculatif et pratique de ce temps est de n’accorder qu’une attention rapide et une estime accessoire à ce qui ne vient pas immédiatement en aide à son double effort, et qu’il ne se donne ni trêve ni repos. […] S’il se garde d’attacher son nom aux faits étroitement contemporains et de le laisser clouer, en guise d’écriteau, sur un événement quelconque, souvent insignifiant et même ridicule à certains égards, tel que la révolution de 1830, par exemple ; s’il possède les vertus propres à la poésie, c’est-à-dire la puissance de généraliser, l’emportement lyrique et la certitude de la langue ; si le vers est de trempe solide, habile, voulu, non sermonneur et vierge de plates maximes à l’usage du troupeau banal, tout est bien. […] L’histoire de la Poésie répond à celle des phases sociales, des événements politiques et des idées religieuses ; elle en exprime le fonds mystérieux et la vie supérieure ; elle est, à vrai dire, l’histoire sacrée de la pensée humaine dans son épanouissement de lumière et d’harmonie.

1015. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre septième. Les altérations et transformations de la conscience et de la volonté — Chapitre deuxième. Troubles et désagrégations de la conscience. L’hypnotisme et les idées-forces »

L’idée de la veille peut donc établir un lien d’association entre tel événement et la veille même ; elle rattache l’événement hypnotique au domaine de la veille. D’autre part, le rappel des événements de l’hypnose pendant la veille, lorsqu’il s’agit d’un ordre à exécuter, peut reproduire pour un instant l’état hypnotique ; l’idée fixe de l’hypnose devient alors l’hypnose même.

1016. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1866 » pp. 3-95

— De grands événements sont souvent confiés à de petits hommes, comme ces diamants que les joailliers de Paris donnent à porter à des gamins. […] 30 août Pourquoi cette sensation continuelle que nous avons tous les deux de manquer d’une chaleur intérieure, d’un montant physique, non pour le travail de la pensée et la fabrication d’un livre, mais pour le contact social, le choc avec les hommes, les femmes, les événements ? […] Il était très épris de l’idée de l’émancipation de la Sibérie, répétant que cette émancipation serait un événement curieux de l’histoire, faite au nom d’une Napoléon.

1017. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Troisième partie. Dictionnaire » pp. 243-306

Collaboration : Événement, Cri de Paris, Revue Bleue, Nouvelle Revue, Revue Hebdomadaire. […] Colllaboration. — Le Journal, Figaro, L’Événement, La Plume, etc… À consulter. — Laurent Tailhade : La Genèse d’un Héros, Écho de Paris, nov. 1896. — Charles Maurras : St-Georges de B. […] L’Événement, 1901. — Henri Cellerier.

1018. (1921) Esquisses critiques. Première série

Jusqu’au dénouement, on croit que les portes vont s’ouvrir sous la poussée d’événements ou de personnages imprévus. […] Enfin, indispensable qualité de l’historien, il a l’esprit clair, parfaitement objectif, apte à reconnaître sous l’enchevêtrement des faits, la structure logique des événements directeurs, l’enchaînement des circonstances, et leur suite nécessaire. […] Qu’alors viennent en question les choses les plus ordinaires, des choses triviales, — qu’un prolétaire à ceinture de flanelle rouge exprime grossièrement des revendications, qu’une petite femme tombe d’un omnibus81, ces événements se dépourvoient de leur vulgarité, et même de leur sens naturel. […] Ce qui l’intéresse dans l’homme, c’est comme il se manifeste, comme il entre en contact avec les événements, comme il les subit ou réagit contre eux. […] Les épisodes et les événements mettent successivement en valeur ses différentes caractéristiques comme une lampe, tournant autour d’une statue qu’elle éclaire, y dessine de grands pans d’ombre et de lumière déplacés selon son mouvement.

1019. (1860) Cours familier de littérature. IX « Le entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier (2e partie) » pp. 81-159

IX J’étais en Savoie pendant les événements de Paris ; je quittai Aix et Chambéry pour la Suisse peu de jours avant l’arrivée du duc de Laval à Aix. […] Il cherchait aventure dans les événements et dans les partis ; véritable condottiere de la parole, conspirant, dit-on, peu d’années auparavant avec le duc de Brunswick contre la révolution française, conspirant maintenant avec quelques femmes la chute de Bonaparte, bientôt après fanatique à froid de la restauration de 1814, puis sonnant le tocsin de la résistance à Napoléon au 20 mars 1815 dans une diatribe de Caton contre César, huit jours après se ralliant sans mémoire et sans respect de lui-même à ce même Napoléon pour une place de conseiller d’État, prompt à une nouvelle défection après Waterloo, intriguant avec les étrangers et les Bourbons vainqueurs pour mériter une amnistie et reconquérir une importance ; échappé du despotisme des Cent-Jours, reprenant avec une triple audace le rôle de publiciste libéral et d’orateur factieux dans la ligue des bonapartistes et des républicains sous la monarchie parlementaire, poussant cette opposition folle jusqu’à la haine des princes légitimes sans cesser de caresser leurs courtisans, tout en fomentant contre eux l’ambition d’une dynastie en réserve, prête à hériter des désastres du trône légitime ; caressant et caressé après les journées de Juillet par le nouveau roi, recevant de lui le subside de ses nécessités et de ses désordres ; puis, honteux de l’avoir reçu, ne pouvant plus concilier sa dépendance du trône avec sa popularité républicaine, réduit ainsi ou à mentir ou à se taire, et mourant enfin d’embarras dans une impasse à la fleur de son talent : tel était cet homme équivoque, nourri dans le sein de quelques femmes politiques du temps.

1020. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 14 mars 1885. »

Naïf comme ces pâtres de Norvège qui se plaisaient jadis à entendre autour de la flamme du pin résineux le récit des Scaldes inspirés, il laisse aux histoires primitives leur charme d’enfance ingénue ; mais, penseur et critique, il sait, sans nuire à sa propre émotion ni à celle des autres, montrer la loi nécessaire des événements dans la suite en apparence désordonnée des circonstances, et il contraint l’humanité vieillie à s’aimer, à se haïr, à se plaindre, à se reconnaître en un mot, dans les contes qui l’ont bercée. […] Telle est, sans entrer dans le détail des quatre drames, poignants et terribles, pleins d’événements et de situations hardies, — telle est la trilogie de l’Anneau du Niebelung, ou du moins l’idée qui s’en dégage.

1021. (1856) Cours familier de littérature. I « Ve entretien. [Le poème et drame de Sacountala] » pp. 321-398

Mais ne crois pas que je parle en plaisantant ; car, d’après ce que j’ai entendu plusieurs fois de la bouche du vénérable Canoua lui-même, un pareil signe ne peut être pour toi que l’annonce de l’événement le plus heureux. […] — D’ailleurs, dans les choses sujettes au doute, l’événement est toujours favorable aux pressentiments du sage.

1022. (1856) Cours familier de littérature. I « VIe entretien. Suite du poème et du drame de Sacountala » pp. 401-474

Je vais vous dire quels événements troublent nos pieuses méditations… Deux petits enfants, apportés par quelque divinité dans ces forêts, sont arrivés dans nos ermitages et ont détourné nos religieux de leurs graves études. […] … » XIX Ici la scène change tout à coup de décoration et d’aspect ; le poète, pour amener le dénouement, la reconnaissance des fils et du père, le second couronnement de Sita, remonte de douze ans le cours du temps et des événements.

1023. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre III. Le comique de caractère »

Ici personnages et situations sont soudés ensemble, ou, pour mieux dire, les événements font partie intégrante des personnes, de sorte que si le drame nous racontait une autre histoire, on aurait beau conserver aux acteurs les mêmes noms, c’est à d’autres personnes que nous aurions véritablement affaire. […] Ce que le dramaturge nous met sous les yeux, c’est le déroulement d’une âme, c’est une transe vivante de sentiments et d’événements, quelque chose enfin qui s’est présenté une fois pour ne plus se reproduire jamais.

1024. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Geoffroy de Villehardouin. — II. (Fin.) » pp. 398-412

Quand je vois ces qualités et ces défauts de l’historien d’une époque finissante, cet arrangement élégant et peigné, ces comparaisons disparates où les images d’Endymion ou de tel autre personnage mythologique sont jetées à travers les événements les plus positifs et les plus désastreux de l’histoire, je les oppose aux qualités et aux défauts du narrateur français qui commence, à cette simplicité grave, sèche et roide, mais parfois épique, et je me demande : « Lequel des deux est véritablement le plus voisin d’Homère ou d’Hérodote ? 

1025. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — I. » pp. 131-146

Mais quand tout s’écroule et se renouvelle, quand les institutions antiques tombent en ruines et que l’état futur n’est pas né, que toutes les règles de conduite et d’obéissance sont confondues, que la justice et le droit hésitent entre les cupidités, les intérêts révoltés qui courent aux armes, c’est alors que le don de sagesse est bien précieux en quelques-uns, et que les hommes qui le possèdent sont bientôt appréciés des chefs dignes de ce nom, qu’ils sont appelés, écoutés longtemps en vain et en secret, qu’ils ne se lassent jamais (ce trait est constant dans leur caractère), qu’ils attendent que l’heure du torrent et de la colère soit passée pour les événements et pour les hommes, et qu’habiles à saisir les instants, à profiter du moindre retour, ils tendent sans cesse à réparer le vaisseau de l’État, à le remettre à flot avec honneur, à le ramener au port, non sans en faire eux-mêmes une notable partie et sans y tenir une place méritée.

1026. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Fanny. Étude, par M. Ernest Feydeau » pp. 163-178

Après avoir raconté qu’il a vu mourir sous ses yeux une vieille amie, une femme âgée et d’un esprit supérieur, avec qui il avait souvent épuisé, en conversant, toutes les réflexions morales et anticipé l’expérience de la vie : Cet événement, continue Adolphe, m’avait rempli d’un sentiment d’incertitude sur la destinée, et d’une rêverie vague qui ne m’abandonnait pas… Je trouvais qu’aucun but ne valait la peine d’aucun effort.

1027. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers (tome xviie ) » pp. 338-354

Son dix-septième volume, qui est peut-être le plus beau de tous, et qui est certainement le plus émouvant, le plus poignant d’intérêt pour tout cœur français, comprend les événements des deux derniers mois de 1813 et des quatre premiers de 1814 : il ne reste plus à l’auteur, pour clore entièrement son œuvre, qu’à écrire l’histoire des Cent-Jours, cette histoire pénible, où d’autres, avides de désastres, se sont jetés avant lui, où lui il n’arrive qu’à regret et comme par nécessité, et où, venant le dernier, il saura apporter, sur des points encore controversés, des lumières, à quelques égards nouvelles et peut-être décisives.

1028. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Mémoires du duc de Luynes sur la Cour de Louis XV, publiés par MM. L. Dussieux et E. Soulié. » pp. 369-384

. — Ce sont ces graves événements de l’intérieur des cabinets et des petits appartements, dont les premiers volumes du duc de Luynes nous donnent le fil continu et comme le canevas tout uni : il n’y a plus qu’à broder là-dessus des fleurs, si l’on veut, et à semer des couleurs.

1029. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Mémoire de Foucault. Intendant sous Louis XIV »

Cette suite de notes et d’analyses, bien que décousues d’ordinaire et tout à bâtons rompus, représente donc bien les événements et les faits dans leur expression la plus précise et avec un parfait caractère d’authenticité.

1030. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. » pp. 31-51

Que d’autres aillent s’amuser et s’éterniser dans ces vieilles contrées usées de Rome, de la Grèce ou de Byzance, lui il était allé choisir exprès un pays de monstres et de ruines, l’Afrique, — non pas l’Égypte trop décrite déjà, trop civilisée, trop connue, mais une cité dont l’emplacement même a longtemps fait doute parmi les savants, une nation éteinte dont le langage lui-même est aboli, et dans les fastes de cette nation un événement qui ne réveille aucun souvenir illustre, et qui fait partie de la plus ingrate histoire.

1031. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Souvenirs d’un diplomate. La Pologne (1811-1813), par le baron Bignon. »

Vous ne retrouverez dans ces Mémoires que les principaux événements de notre vie commune : vous y verrez des erreurs que vous m’avez pardonnées, des mécomptes que vous avez prévus, et si votre nom ne s’y rencontre que rarement, vous savez qu’en écrivant les lignes qui suivent, votre pensée n’a pu me quitter un seul instant. » J’avoue que dans les Mémoires qui nous sont donnés, je ne vois pas trace d’erreurs dans le sens où on le pourrait supposer, dans le sens malin et français ; je n’y vois que des mécomptes.

1032. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine »

Il s’était passé dans l’intervalle un grand événement domestique que l’état de sa santé l’avait averti sans doute de conclure sans trop de retard.

1033. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — Note »

J’aurais aussi rempli moins mal la destination à laquelle le concours des événements et de mes penchants a borné mes projets. 

1034. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « GLANES, PÖESIES PAR MADEMOISELLE LOUISE BERTIN. » pp. 307-327

Mademoiselle Bertin a moins bien réussi, ce me semble, pour le chant même qu’elle prête à Homère : c’est, en strophes régulières, un résumé peu entraînant des événements de l’Iliade : La plaine attristée et déserte De tentes est bientôt couverte, Et l’une d’elles, entr’ouverte, Doit laisser partir Briséis.

1035. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre IV. De l’amour. »

Quand on n’a pour but que son propre avantage, comment peut-on parvenir à se décider sur rien ; le désir échappe, pour ainsi dire, à l’examen qu’on en fait ; l’événement amène souvent un résultat si contraire à notre attente, que l’on se repent de tout ce qu’on a essayé, que l’on se lasse de son propre intérêt comme de toute autre entreprise.

1036. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Gaston Paris et la poésie française au moyen âge »

La date exacte d’un ouvrage peut être indifférente : elle peut aussi marquer clairement l’influence d’une littérature sur une autre, ou des événements politiques sur la littérature.

1037. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens III) Henri Rochefort »

Rochefort fût moins un cas moral qu’un cas littéraire ; que l’intransigeance croissante de son rôle public correspondit moins au développement d’une conviction qu’à celui d’un certain tour d’esprit, et que ce développement n’eût été déterminé que par des événements extérieurs.

1038. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre VII. L’antinomie pédagogique » pp. 135-157

L’un est fait de tous les états mentaux qui ne se rapportent qu’à nous-mêmes et aux événements de notre vie personnelle.

1039. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Le symbolisme ésotérique » pp. 91-110

« La seule pensée de mourir auparavant le révoltait comme une injustice, tant il avait conçu dans un abîme de prières l’assurance d’être le créancier de cet événement » (Léon Bloy).

1040. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre XI. Quelques philosophes »

Arréat refuse de le suivre « dans cette région philosophique, où les sciences particulières trouvent leurs points de rencontre, où les définitions deviennent explicatives, quoique avec un inégal succès, et plus larges aussi que les événements positifs qui ont servi à les construire ».

1041. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Poésies nouvelles de M. Alfred de Musset. (Bibliothèque Charpentier, 1850.) » pp. 294-310

» Cet amour fut le grand événement de la vie de M. de Musset, je ne parle que de sa vie poétique.

1042. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie-Antoinette. (Notice du comte de La Marck.) » pp. 330-346

Lorsqu’elle fut amenée à s’occuper habituellement des choses publiques et à avoir un avis sur les mesures et les événements extraordinaires qui, chaque jour, forçaient l’attention, elle y apporta les dispositions les moins politiques qui se peuvent imaginer, je veux dire l’indignation contre les lâchetés, des préventions personnelles dont son intérêt le plus évident ne parvenait point toujours à la faire triompher, un ressentiment des injures qui n’était pas le désir de la vengeance, mais bien la souffrance délicate et fière de la dignité blessée.

1043. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Saint Anselme, par M. de Rémusat. » pp. 362-377

En ce temps-là le merveilleux semblait toujours tout près des moindres événements de la vie.

1044. (1759) Observations sur l’art de traduire en général, et sur cet essai de traduction en particulier

Préjugé de traducteur à part, comme il est sans comparaison le plus grand historien de l’antiquité, il est aussi celui dont il y a le plus à recueillir ; mais ce que j’offre aujourd’hui suffira, ce me semble, pour faire connaître les différents genres de beautés dont on trouve le modèle dans cet auteur incomparable, qui a peint les hommes avec tant d’énergie, de finesse et de vérité, les événements touchants d’une manière si pathétique, la vertu avec tant de sentiment ; qui posséda dans un si haut degré la véritable éloquence, le talent de dire simplement de grandes choses, et qu’on doit regarder comme un des meilleurs maîtres de morale, par la triste, mais utile connaissance des hommes, qu’on peut acquérir par la lecture de ses ouvrages.

1045. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre III. Contre-épreuve fournie par l’examen de la littérature italienne » pp. 155-182

Si les événements politiques s’étaient déroulés selon son désir, que la monarchie de ses rêves se fût réalisée, la Comédie serait peut-être en son genre un Roland plus sublime, la glorification d’une jeune Italie.

1046. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVIII et dernier. Du genre actuel des éloges parmi nous ; si l’éloquence leur convient, et quel genre d’éloquence. »

Mais si un peuple a des mœurs frivoles et légères ; si, au lieu de cette sensibilité profonde qui arrête l’âme et la fixe sur les objets, il n’a qu’une espèce d’inquiétude active qui se répande sur tout sans s’attacher à rien ; si, à force d’être sociable, il devient tous les jours moins sensible ; si tous les caractères originaux disparaissent pour prendre une teinte uniforme et de convention ; si le besoin de plaire, la crainte d’offenser, et cette existence d’opinion qui aujourd’hui est presque la seule, étouffe ou réprime tous les mouvements de l’âme ; si on n’ose ni aimer, ni haïr, ni admirer, ni s’indigner d’après son cœur ; si chacun par devoir est élégant, poli et glacé ; si les femmes même perdent tous les jours de leur véritable empire ; si, à cette sensibilité ardente et généreuse qu’elles ont droit d’inspirer, on substitue un sentiment vil et faible ; si les événements heureux ou malheureux ne sont qu’un objet de conversation, et jamais de sentiment ; si le vide des grands intérêts rétrécit l’âme, et l’accoutume à donner un grand prix aux petites choses, que deviendra l’éloquence chez un pareil peuple ?

1047. (1929) Amiel ou la part du rêve

Les événements de sa vie, en ce moment du premier Journal, ce sont ses lectures. « Je voudrais tellement lire et apprendre de choses à la fois que les bras me tombent de découragement, et que je reste devant l’ouvrage sans pouvoir me résoudre à me borner à un seul sujet. […] Berlin ayant eu sa révolution, ainsi que toute capitale qui se respectait, il publie en avril, mai et juin, dans la Bibliothèque universelle de Genève, deux articles, écrits l’année, précédente, sur Berlin avant les derniers événements, et un autre, d’actualité plus hâtive, Berlin après la Révolution. […] L’événement du 6 octobre a, dans l’ordre du jour de cette assemblée parlementaire qu’est le cerveau d’Amiel, fait passer à l’urgence cette question : mariage. […] Il continua de publier des livres, des vers, des poèmes de circonstance pour les événements genevois. […] De même, quelques années plus tard, une lettre d’Amiel signale cet événement : « M. 

1048. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre III. La Révolution. »

L’Anglais, naturellement sérieux, méditatif et triste, n’est point porté à regarder la vie comme un jeu ou comme un plaisir ; il a les yeux habituellement tournés non vers le dehors et la nature riante, mais vers le dedans et vers les événements de l’âme ; il s’examine lui-même, il descend incessamment dans son intérieur, il se confine dans le monde moral et finit par ne plus voir d’autre beauté que celle qui peut y luire ; il pose la justice en reine unique et absolue de la vie humaine, et conçoit le projet d’ordonner toutes ses actions d’après un code rigide. […] Sa famille a entendu des bruits surnaturels ; son père a été poussé trois fois par un revenant ; lui-même voit la main de Dieu dans les plus vulgaires événements de la vie ; un jour, à Birmingham, ayant été surpris par la grêle, il découvre qu’il reçoit cet avertissement parce qu’à table il n’a point exhorté les gens qui dînaient avec lui ; quand il s’agit de prendre un parti, il tire au sort, pour se décider, parmi les textes de la Bible. […] Enfermons-nous dans notre petit domaine et travaillons-y diligemment. « Notre affaire en ce monde n’est pas de connaître toutes choses, mais celles qui regardent la conduite de notre vie. » Si Hume, plus hardi, va plus loin, c’est sur la même route ; il ne conserve rien de la haute science ; c’est la spéculation entière qu’il abolit ; à son avis, nous ne connaissons ni substances, ni causes, ni lois ; quand nous affirmons qu’un fait est attaché à un fait, c’est gratuitement, sans preuve valable, par la force de la coutume ; « les événements semblent être par nature isolés et séparés844 » ; si nous leur attribuons un lien, c’est notre imagination qui le fabrique ; il n’y a de vrai que le doute ; encore faut-il en douter ; la conclusion est que nous ferons bien de purger notre esprit de toute théorie et de ne croire que pour agir. […] Mais ce qui le distinguait entre tous les autres, c’était une large intelligence compréhensive qui, exercée par des études et des compositions philosophiques868, saisissait les ensembles, et, par-delà les textes, les constitutions et les chiffres, apercevait la direction invisible des événements et l’esprit intime des choses, en couvrant de son dédain « ces prétendus hommes d’État, troupeau profane de manœuvres vulgaires, qui nient l’existence de tout ce qui n’est point grossier et matériel, et qui, bien loin d’être capables de diriger le grand mouvement d’un empire, ne sont pas dignes de tourner une roue dans la machine. » Par-dessus tant de dons, il avait une de ces imaginations fécondantes et précises qui croient que la connaissance achevée est une vue intérieure, qui ne quittent point un sujet sans l’avoir revêtu de ses couleurs et de ses formes ; et qui, traversant les statistiques et le fatras des documents arides, recomposent et reconstruisent devant les yeux du lecteur un pays lointain et une nation étrangère avec ses monuments, ses costumes, ses paysages et tout le détail mouvant des physionomies et des mœurs.

1049. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

N’avons-nous pas vu tout récemment encore une Revue se fonder pour hâter l’heure de l’apothéose, et donner, selon le mot du fondateur, à la découverte d’une signature, à « l’indice d’un autographe du maître, les proportions d’un événement public » ? […] Ils aimaient ces sortes de rapprochements, qui ne coûtent pas beaucoup en somme à la vérité de l’histoire, et qui confondaient le nom de leurs grands historiens ou de leurs grands poètes avec le souvenir des grands événements de leur vie nationale. […] L’événement de la lutte va dépendre du parti que prendra Frédéric. […] C’est un événement politique que le Mariage de Figaro : s’il touche à la littérature, ce n’est que par occasion. […] Éclairée par l’expérience de la Révolution, elle a très bien vu qu’en somme, au jour de l’action, dans le partage de l’influence, les écrivains et les publicistes avaient été les dupes de l’événement qu’ils avaient si fort appelé de leurs vœux et hâté de leurs œuvres.

1050. (1883) Essais sur la littérature anglaise pp. 1-364

Qui a jamais été assez aveugle pour ne pas reconnaître que les événements de la vie imposaient à l’âme tels ou tels modes de pensée et de sentiment, l’enflammaient ou l’alanguissaient, la corrompaient ou l’ennoblissaient, la rendaient active ou paresseuse ? […] Augustin Thierry, qui faisait poursuivre la lutte entre les Normands et les Saxons jusqu’à l’événement fameux que les Anglais appellent la grande rébellion, et qui considérait la révolution d’Angleterre comme la revanche de la conquête. […] Votre attention était tout entière fixée sur la brutale succession d’événements qui se déroulait devant vous. […] Si des caractères et des événements du drame nous passions à l’examen du dialogue, nous trouverions bien autre chose. […] Son père mourut pendant qu’il était encore à Halifax, laissant sa famille sans ressources ; mais l’avenir de Laurence ne souffrit en rien de cet événement.

1051. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome I pp. 1-402

Je ne pense pas qu’il ait donné quinze jours à la lecture des poétiques : l’activité de son intelligence s’est portée d’un autre côté, et l’événement a prouvé qu’il avait choisi la voie la plus féconde. […] Suivant d’un œil attentif tous les événements qui s’accomplissaient en France, toutes les transformations du gouvernement de la métropole, il réglait sa conduite sur les nouvelles qu’il recevait. […] Les événements qui vont s’accomplir sont trop grands, trop terribles, pour que le roman ne s’efface pas devant l’histoire. […] Un homme de guerre qui voudrait, à l’exemple de Marlborough, apprendre les grands événements du passé en assistant aux drames de M.  […] Car l’étude des lois éternelles de la nature et des événements accomplis, malgré les innombrables tâtonnements imposés à notre intelligence, est assurément une des joies les plus grandes de notre vie.

1052. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

Tel chapitre — sur les causes de la disgrâce du comte duc d’Olivarès, par exemple, ou sur la guerre de Portugal — est un résumé d’événements qui ne serait pas mal à sa place dans quelque endroit de l’Essai sur les mœurs. […] Chacune de ces lettres est un commencement de mise en scène de ce que nous appelons un petit événement parisien. — Lettre d’un acteur dramatique qui a donné une pièce nouvelle au Théâtre-Français et qui se plaint à son ami du mauvais succès qu’elle a eu. […] Cependant, bien qu’il y fût le principal ressort des événements et l’ouvrier plus ou moins caché de toutes les grandes catastrophes, c’étaient peut-être, à vrai dire, ces catastrophes et ces événements eux-mêmes qui demeuraient la matière essentielle du roman, et qui en faisaient le plus vif intérêt. […] Mais on avait pu dire, avec tout autant de raison, que la durée moyenne d’une existence humaine aurait difficilement contenu tout ce qui se presse d’événements dans celle de Gil Blas. […] Rien n’est plus simple : c’est de faire envisager du côté moral tous les événements dont il se propose le récit.

1053. (1896) Études et portraits littéraires

En d’autres termes, il n’y a pas de corps, mais seulement des faisceaux d’événements psychologiques, présents ou futurs. […] Les « événements » qui constituent les esprits et les corps, les « courants » de phénomènes qui composent la figure de l’univers jaillissent comme des feux d’artifice dont les fusées se croisent, mêlent leurs trajectoires dans l’immensité de l’espace et du temps. […] quels événements d’airain, quels rois de fer,                 « Quels géants à l’horrible forme, « Vont sortir de votre ombre, et qu’allons-nous donc voir ? […] Ils trouvent les événements trop raisonnables. […] Il sait la vie ; les leçons des événements ne lui ont point manqué, ni les rencontres instructives avec les hommes.

1054. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre III. Le lien des caractères généraux ou la raison explicative des choses » pp. 387-464

. — Il suit de là que jamais notre ignorance n’est un indice de son absence ; d’où il suit que jamais, même pour les événements qui ont précédé la naissance de notre nébuleuse, et nulle part, même par-delà les plus lointains des firmaments visibles, nous n’avons le droit de supposer son absence. […] Stuart Mill a donc tort de dire que « dans les portions lointaines des régions stellaires, où les phénomènes peuvent être tout à fait différents de ceux que nous connaissons, ce serait folie d’affirmer le règne d’aucune loi générale ou spéciale, et que, si un homme habitué à l’abstraction et à l’analyse exerçait loyalement ses facultés à cet effet, il n’aurait pas de difficulté, quand son imagination aurait pris le pli, à concevoir qu’en certains endroits, par exemple dans un des firmaments dont l’astronomie stellaire compose à présent l’univers, les événements puissent se succéder au hasard, sans aucune loi fixe, aucune portion de notre expérience ou de notre constitution mentale ne nous fournissant une raison suffisante ni même une raison quelconque pour croire que cela n’a lieu nulle part ». — Sans doute il est possible que là-bas les corps ne s’attirent pas. […] Une sensation est un composé de sensations élémentaires plus petites, celles-ci de même, et ainsi de suite, tant qu’enfin, au terme de l’analyse, on est autorisé à admettre des sensations infinitésimales, toutes semblables, lesquelles, par leurs divers arrangements, produisent les diversités de la sensation totale. — Ceci est le point de vue de la conscience, qui est interne et direct ; il en est un autre, celui des sens, qui est indirect, externe, et d’après lequel les événements précédents consistent en mouvements moléculaires des cellules cérébrales. — Par ces décompositions successives, on arrive aux derniers éléments de la connaissance, et dès lors il est aisé de voir comment ils s’assemblent.

1055. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CLe entretien. Molière »

Non ; Molière commença comme tout commence, comme Shakespeare lui-même, par balbutier, tâtonner, hésiter ; puis il suivit laborieusement et pas à pas, tantôt heureux, tantôt malheureux dans sa conception, le goût de son siècle et l’ornière des événements de sa vie, jusqu’ici triomphe où la mort jalouse le prit et l’enleva pour l’immortalité. […] Il devait, du moins, frapper ceux qui jugent avec équité par les connaissances les plus communes ; et Molière avait bien raison d’être mortifié de l’avoir travaillé avec tant de soin, pour être payé de sa peine par un mépris assommant ; et si j’ose me prévaloir d’une occasion si peu considérable par rapport au roi, on ne peut trop admirer son heureux discernement, qui n’a jamais manqué de justesse dans les petites occasions comme dans les grands événements. […] Faire sonner son âge, c’est avertir tout le monde qu’on est jeune, comme une cloche avertit d’un grand événement.

1056. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Saint-Arnaud. Ses lettres publiées par sa famille, et autres lettres inédites » pp. 412-452

Dès lors les événements se pressent ; ceux auxquels le général Saint-Arnaud prit part sont trop considérables et trop voisins encore pour pouvoir être exposés avec tout leur développement. […] À l’armée même, et parmi les officiers de toute arme, de tout grade, il ne manquait pas de contradicteurs et d’opposants à cette audacieuse entreprise : « L’opposition à la guerre de Crimée continue, écrivait un jour le maréchal, sourde chez les pusillanimes, plus ouverte chez ceux qui sont décidés à faire leur devoir. » Cette opposition, qui ne se déclara pas tout d’abord, tenait surtout aux événements qui étaient venus affecter l’état de l’armée à la fin du mois de juillet et pendant le mois d’août : choléra, incendie, tous les contre-temps et toutes les calamités.

1057. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Ma biographie »

L’intervalle qu’il y eut entre la publication de plusieurs des volumes s’explique par les travaux ou les événements qui traversèrent la vie littéraire de M.  […] Dans les provinces, ou l’on n’est pas sans cesse distrait d’une idée par de mouvants et changeants spectacles, où un événement lugubre a le temps de marquer et de se graver profondément, il est impossible d’oublier, à des années de distance, ce qu’on a vu quand on y a été témoin d’une époque de terreur. — M. 

1058. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre I. De l’action »

C’est une mort, un vol, une fuite, une dispute, une guerre, bref un événement complet, je veux dire un tout naturel. Sur la trame continue et illimitée des événements, notre attention fortement frappée découpe et détache quelque lambeau saillant ; elle néglige les fils par lesquels il se continue dans les voisins, et se concentre sur lui comme sur un monde à part.

1059. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre (2e partie) » pp. 5-80

« Au mois de juillet 1809, à la fin d’une journée des plus chaudes, je remontais la Néva dans une chaloupe avec le conseiller privé de T…, membre du sénat de Saint-Pétersbourg, et le chevalier de B…, jeune Français que les orages de la révolution de son pays et une foule d’événements bizarres avaient poussé dans cette capitale. […] Quarante années se sont écoulées depuis ces soirées de Chambéry où vous prophétisiez en famille des évolutions d’idées et d’événements qui devaient renouveler l’univers sur des plans humains que votre génie un peu trop altier prêtait à la Providence ; quarante ans sont passés, et, à l’exception de nos cheveux qui blanchissent et de nos idées qui ont mûri comme des fruits différents de saisons diverses, qu’y a-t-il de si prodigieusement changé autour de nous et autour de votre tombeau dans le monde ?

1060. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIVe entretien. Cicéron (3e partie) » pp. 257-336

Restreindre le Piémont, protéger toutes les nationalités italiennes, fédéraliser l’Italie par un lien qui ne serait dans la main de personne ; voilà quel aurait dû être le résultat de cette guerre, puisqu’on voulait cette guerre, dont l’heure légitime, c’est-à-dire l’heure inévitable, n’avait pas sonné d’elle-même à l’heure des événements. […] Les esprits despotiques et soldatesques lui reprochent son amour pour la liberté ; les esprits fanatiques lui reprochent sa mesure avec les événements et sa résignation désintéressée, et douloureuse cependant, avec César ; les esprits courts lui reprochent son étendue ; les esprits spéciaux lui reprochent son universalité ; les esprits stériles lui reprochent son abondance ; les esprits incultes lui reprochent sa perfection continue ; les impies lui reprochent sa piété ; les sceptiques, sa foi ; les excessifs, sa modération ; les pervers, sa vertu.

1061. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CIXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (1re partie) » pp. 5-79

Mais Chiaramonti se rendit bientôt maître de lui-même, puis il courut à sa chambre, et, se tenant à l’écart, il laissa les événements marcher selon les vœux de la Providence. […] On ne peut douter que cet événement ne lui causât une satisfaction secrète.

1062. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIIe entretien. Madame de Staël. Suite. »

On voit à l’accent du récit qu’elle fait de cet événement, dans son livre Dix années d’exil, qu’elle éprouva quelque chose de semblable à ce qu’éprouva Agrippine à la première révélation de l’inhumanité de son fils, une consternation mêlée de joie tragique, parce qu’elle avait enfin le droit de haïr celui qu’elle craignait. […] Il est ébranlé par ses conceptions, comme par un événement de sa vie.

1063. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Gustave Flaubert. Étude analytique » pp. 2-68

L’Éducation sentimentale notamment, où Flaubert tâche d’enfermer dans une série linéaire les événements lointains et simultanés de la vie passionnelle de Frédéric Moreau et de tout son temps, présente l’exemple d’un livre incohérent et énorme. […] Puis ces caractères jetés dans l’existence, soumis à ses heurts et consommant leurs récréations, évoluent au gré des événements et de leur nature, avec toute l’unité et les inconséquences de la vie véritable, tantôt nobles, déçus et victimes comme Mme Bovary, tantôt perpétuant à travers des fortunes diverses leur permanente impuissance comme Frédéric Moreau, tantôt sages et victorieux comme Mme Arnoux.

1064. (1857) Cours familier de littérature. III « XIIIe entretien. Racine. — Athalie » pp. 5-80

Tâchez que les événements vous détachent du monde si ennemi de la piété. […] Par quels secrets ressorts, par quel enchaînement Le ciel a-t-il conduit ce grand événement ?

1065. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De la dernière séance de l’Académie des sciences morales et politiques, et du discours de M. Mignet. » pp. 291-307

Je comptais aujourd’hui parler encore du Roman de Renart et de ces malices du Moyen Âge ; mon second article est terminé, mais on me permettra de l’ajourner à huitaine pour m’occuper d’un petit événement littéraire et philosophique qui est d’hier, et dans lequel il s’est déployé du talent, de l’habileté, de la candeur, et même un peu de ruse.

1066. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — I. » pp. 343-360

M. de Mairan, ainsi défini, ressemble parfaitement à ce que Bailly aurait voulu être, à ce qu’il aurait peut-être été dans le souvenir des hommes, si les événements de la politique n’étaient venus le tirer brusquement de sa maison de Chaillot où il vivait en sage, et de sa fenêtre du Louvre où était aussi son observatoire, pour le porter au fauteuil de notre première assemblée publique, et l’installer bientôt en permanence au balcon populaire.

1067. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — I » pp. 1-17

Ces petits événements, ces particularités à peu près insignifiantes qu’il constate étaient la nouvelle et la curiosité du jour où il écrit, cela lui suffit.

1068. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « La Divine Comédie de Dante. traduite par M. Mesnard, premier vice-président du Sénat et président à la Cour de cassation. » pp. 198-214

Il avait déjà commencé ce poème avant les événements politiques qui le mirent à la tête des affaires de son pays, et qui bientôt le firent bannir de Florence à l’âge de trente-sept ans (1302), pour errer près de vingt ans encore (1321) sans y rentrer jamais.

1069. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — III » pp. 476-491

Cette correspondance, qui n’est qu’une indication de ce qui a fui et de ce qui ne s’écrivait pas, se termine assez naturellement, dans les premiers mois de 89 et avec l’ouverture des États généraux, d’abord parce que M. de Meilhan revint à Paris, et aussi parce qu’un commerce de lettres intimes sur les intérêts de société devenait insignifiant en présence des grands événements publics.

1070. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — I » pp. 39-56

Louis XIV, la première fois qu’il le revit après cet accident, « lui fit l’honneur de lui dire qu’il avait trop bonne opinion de l’étoile du marquis de Villars pour croire qu’il eût pu périr d’une chute dans les fossés de Bâle. » Dans les années de guerre qui suivirent et qui ne se terminèrent qu’à la paix de Riswick, Villars, d’abord commissaire général de la cavalerie, puis maréchal de camp, puis lieutenant-général et gouverneur de Fribourg en Brisgau, continua de se distinguer ; mais il souffrait beaucoup de l’inaction où l’on restait trop souvent avec de fortes armées, et se plaignait de ces campagnes trop peu remplies d’événements.

1071. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — I » pp. 107-125

Cet événement, on peut le dire, fait époque dans son existence et la partage en deux moitiés : jusque-là, il avait été du monde, de la Cour, des belles sociétés, s’y accordant bien des distractions permises, et non sans une pointe légère d’ambition : à partir de là (1645), il fit une demi-retraite et s’adonna tout à l’étude, à ses traductions des auteurs, à sa collection d’images, deux passions rivales qu’il mena de front jusqu’au bout ; il vécut beaucoup dans son cabinet, soit à son abbaye de Villeloin, soit à Paris (quand il y était), dans son faubourg Saint-Germain, ayant quitté l’hôtel de Nevers, mais logeant toujours près des Quatre-Nations.

1072. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Essais de politique et de littérature. Par M. Prevost-Paradol. »

J’avais regretté, en finissant, que Tocqueville eût été atteint et frappé si au cœur par les événements qui avaient déconcerté ses principes, et j’avais exprimé cette idée qu’un degré de calme de plus, si convenable chez un successeur d’Aristote et de Montesquieu, l’aurait peut-être conservé à ses amis.

1073. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Le Poème des champs, par M. Calemard de Lafayette (suite et fin) »

Vous savez aussi bien que moi ces beaux vers : Felix qui potuit rerum cognoscere causas… Fortunatus et ille deos qui novit agrestes…, ce qu’un de mes amis et qui l’est aussi des Littré, des Renan, et même de Proudhon, je crois, s’est amusé à paraphraser ainsi, à votre intention et presque à votre usage ; et c’est à peu près de la sorte, j’imagine, du moins pour le sens, qu’un Virgile, ou un parfait Virgilien par l’esprit, s’il était venu de nos jours, aurait parlé : « Heureux le sage et le savant qui, vivant au sein de la nature, la comprend et l’embrasse dans son ensemble, dans son universalité ; qui se pose sans s’effrayer toutes ces questions, terribles seulement pour le vulgaire, de fin et de commencement, de destruction et de naissance, de mort et de vie ; qui sait les considérer en face, ces questions à jamais pendantes, sans les résoudre au sens étroit et en se contentant d’observer ; auquel il suffit, dans sa sérénité, de s’être dit une fois que “le mouvement plus que perpétuel de la nature, aidé de la perpétuité du temps, produit, amène à la longue tous les événements, toutes les combinaisons possibles ; que tout finalement s’opère, parce que, dans un temps suffisant et ici ou là, tout à la fin se rencontre, et que, dans la libre étendue des espaces et dans l’infinie succession des mouvements, toute matière est remuée, toute forme donnée, toute figure imprimée40” ; heureux le sage qui, curieux et calme, sans espérance ni crainte, en présence de cette scène immense et toujours nouvelle, observe, étudie et jouit !

1074. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Etienne-Jean Delécluze »

Il nous initie à toutes ses impressions d’enfance ; il nous fait assister aux grands événements publics : Étienne y était, nous dit l’auteur, Étienne en fut témoin ; et à l’instant nous voilà satisfaits de la satisfaction d’Étienne ou émus de son émotion.

1075. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Sibylle, qui a en elle de la fée, aime fort à courir seule les bois : la rencontre qu’elle y fait d’un jeune peintre qui a nom Raoul et qu’elle surprend à dessiner un de ses sites favoris, la Roche-Fée, est un des événements de son enfance.

1076. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier. »

La comtesse mit dans ses intérêts le cardinal d’York, frère de son mari, qui lui écrivit de Frascati le 15 décembre 1780, c’est-à-dire quelques jours après l’événement : « Ma très chère sœur, je ne puis vous exprimer l’affliction que j’ai soufferte en lisant votre lettre du 9 de ce mois.

1077. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc »

L’apparition de la Notre-Dame de Victor Hugo fut un événement, un signal et comme un fanal allumé sur les hautes tours.

1078. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite.) »

Il propose de remédier aux excès du théâtre à l’aide d’un censeur d’office ; il souhaiterait ce censeur pour les romans aussi, pour les livres de chevalerie : il est si sérieux en parlant de la sorte, qu’il trace d’après un canevas-modèle le plan d’un roman de chevalerie exemplaire qui aurait les mérites du genre sans les défauts, qui permettrait de personnifier dignement toutes les qualités morales, toutes les vertus, d’introduire dans une trame variée toutes les vicissitudes d’événements, toutes les aventures tragiques ou joyeuses, de décrire toutes les merveilles, y compris celles de la magie, de prendre tous les tons.

1079. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Gisors (1732-1758) : Étude historique, par M. Camille Rousset. »

L’opération réussit et fit événement (15-19 avril 1756).

1080. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. EDGAR QUINET.— Napoléon, poëme. — » pp. 307-326

Du reste, dans cette épopée, la partie d’imagination populaire serait remise à sa place ; elle pourrait se faire jour par endroits, ou circuler dans le tout avec art, mais sans masquer jamais les événements réels et les situations historiques.

1081. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « APPENDICE. — CASIMIR DELAVIGNE, page 192. » pp. 470-486

Solennisant les événements contemporains avec les réminiscences de son ancienne manière, étouffant la pensée principale sous des hors-d’œuvre classiques, il semble n’avoir plus considéré ses sujets que comme des canevas donnés, des thèmes à la mode, dans lesquels il a inséré de beaux, de très-beaux vers assurément, mais des vers sans à-propos, sans liaison, sans conception profonde.

1082. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXe Entretien. Souvenirs de jeunesse. La marquise de Raigecourt »

Des événements inattendus lui enlevèrent sa fortune.

1083. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre III. Poésie érudite et artistique (depuis 1550) — Chapitre II. Les tempéraments »

Joachim du Bellay, cousin du cardinal et du sire de Langey ; le grand événement de sa vie est ce séjour de trois ans qu’il fit à Rome, comme intendant du cardinal.

1084. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre 2. La littérature militante »

Il concevait la tolérance religieuse, en bon Français comme une nécessite politique, en bon chrétien comme un commandement de l’Évangile : les événements du siècle lui semblaient en donner la démonstration expérimentale, et il ne cessa de la prêcher, aux Rois, aux États, aux Parlements : c’était l’unique moyen de rétablir la paix sociale et de maintenir l’unité du royaume, disait-il quarante ans presque avant l’édit de Nantes.

1085. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre III. Trois ouvriers du classicisme »

On s’explique ainsi la gloire de cet homme, devant qui s’inclinaient et Descartes et Corneille, et dont les moindres pages faisaient événement dans l’Hôtel de Rambouillet.

1086. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre V. Premiers aphorismes de Jésus. — Ses idées d’un Dieu Père et d’une religion pure  Premiers disciples. »

Le jour où le jeune charpentier de Nazareth commença à produire au dehors ces maximes, pour la plupart déjà répandues, mais qui, grâce à lui, devaient régénérer le monde, ce ne fut donc pas un événement.

1087. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « La Religieuse de Toulouse, par M. Jules Janin. (2 vol. in-8º.) » pp. 103-120

Jamais on n’a mieux parlé que lui de ces choses fugitives et rapides, qui pourtant ont été l’événement d’un jour, d’une heure, et qui ont vécu.

1088. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mme de Graffigny, ou Voltaire à Cirey. » pp. 208-225

Mais le grand événement du séjour de Mme de Graffigny à Cirey est la scène qui lui fut faite un soir pour un simple soupçon au sujet de la fameuse Jeanne, de La Pucelle en un mot, dont elle avait entendu et trop bien goûté certains chants.

1089. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame, duchesse d’Orléans. (D’après les Mémoires de Cosnac.) » pp. 305-321

L’époque de la mort de Madame fut un événement pour plusieurs.

1090. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Les regrets. » pp. 397-413

« Nous sommes les représentants du droit, de la justice, de la vérité et de la légitimité sociale ; vous, au contraire, enfants de la Révolution, vous êtes des usurpateurs et des hommes du fait. » Cela nous faisait sourire, car nous raisonnions sur ce grand fait révolutionnaire, nous montrions qu’il avait été provoqué, justifié en partie, qu’il avait ses raisons d’être ; et les plus fortes têtes d’entre nous poussaient cette logique des événements jusqu’à établir par maximes une sorte de loi et de fatalité historique inévitable.

1091. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — II. (Suite.) » pp. 149-166

Son attitude, son sang-froid, la promptitude et la propriété de ses réponses, sa profonde connaissance de la matière et des conséquences politiques qu’elle recelait, son intrépidité à maintenir les droits de ses compatriotes, ses expressions pleines de trait et de caractère, tout contribue à faire de cet interrogatoire un des actes historiques les plus significatifs et l’un de ces grands pronostics vérifiés par l’événement : Si l’acte du Timbre était révoqué, lui demanda-t-on en finissant, cela engagerait-il les assemblées d’Amérique à reconnaître le droit du Parlement à les taxer, et annuleraient-elles leurs résolutions ?

1092. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — II. (Fin.) » pp. 206-223

» L’abbé Barthélemy devait avoir, au fond du cœur, moins de facilité à bien augurer de l’avenir : c’est lui qui avait écrit dans une lettre de Callimédon à Anacharsis, en parlant des préjugés et des superstitions populaires : « Mon cher Anacharsis, quand on dit qu’un siècle est éclairé, cela signifie qu’on trouve plus de lumières dans certaines villes que dans d’autres, et que, dans les premières, la principale classe des citoyens est plus instruite qu’elle ne l’était autrefois. » Quant à la multitude, sans excepter, disait-il, celle d’Athènes, il la croyait peu corrigible et peu perfectible, et il ajoutait avec découragement : « N’en doutez pas, les hommes ont deux passions favorites que la philosophie ne détruira jamais : celle de l’erreur et celle de l’esclavage. » Tout en pensant ainsi, il n’avait nulle misanthropie d’ailleurs, et n’était point porté à se noircir la nature humaine : « En général, disait-il, les hommes ont moins de méchanceté que de faiblesse et d’inconstance. » Les événements de la Révolution vinrent coup sur coup contrister son cœur, et détruire l’édifice si bien assis de sa fortune.

1093. (1889) Méthode évolutive-instrumentiste d’une poésie rationnelle

Périodiquement, ont dit les superficiels se représentent mêmes les événements : tout est cyclique !

1094. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Th. Dostoïewski »

Il ne semble pas que Dostoïewski parle des événements et des êtres comme un homme qui les connaîtrait d’une longue familiarité.

1095. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « J. K. Huysmans » pp. 186-212

Huysmans l’expédie en quelques phrases et consacre ses chapitres non plus au récit d’une série d’événements, mais à la description d’une situation, d’une scène, procède non par narrations successives avec de courtes haltes, mais par de larges tableaux reliés de brèves indications d’action ; et, comme tous les écrivains de cette école  avec de profondes différences personnelles  il possède un vocabulaire étendu et un style riche en tournures, apte, par des procédés divers, à rendre l’aspect extérieur des choses, à reproduire les spectacles, les parfums, les sens, toutes les causes diverses et compliquées de nos sensations, de façon à les renouveler dans l’esprit du lecteur par la voie détournée des mots.

1096. (1914) L’évolution des genres dans l’histoire de la littérature. Leçons professées à l’École normale supérieure

Mais, sans entrer dans cette recherche, il nous suffît qu’en fait les choses se soient passées de la sorte et, qu’à la représentation des scènes de l’Olympe païen, on ait vu succéder, en Flandre comme en Italie, celle des grands événements de l’histoire. […] C’est bien tout ce que j’y vois d’idées ; car, je ne puis donner ce nom à de vagues pressentiments, dont, si quelques-uns se sont réalisés par la suite, il y en a bien la moitié que l’événement devait démentir. […] Des rois ou des héros en tiendront les principaux rôles ; elle roulera sur des événements qui enveloppent le destin des empires ; et elle finira dans le sang. […] L’esprit humain, dites-vous, coule avec les événements comme un fleuve ? […] Il n’y a plus aujourd’hui d’événement littéraire.

1097. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre premier. » pp. 15-203

Mais comment les détracteurs de Sénèque l’impliqueront-ils dans cet horrible événement ? […] L’horreur les saisit. « Parlez, leur dit Néron, et songez que vous répondrez de l’événement sur vos têtes. » Sénèque regarde Burrhus. et lui demande s’il faut ordonner aux soldats d’égorger la mère de l’empereur. […] « Si cet événement pouvait renverser l’État, n’était-il pas plus certain que Néron le renverserait ?  […] Avancez ou reculez la date d’un événement qui causa l’allégresse publique, et vous produirez la consternation. […] Lorsqu’un peuple les désire, l’imagination agitée par le malheur, et s’attachant à tout ce qui semble lui en promettre la fin, invente et lie des événements qui n’ont aucun rapport entre eux.

1098. (1914) Une année de critique

À l’occasion d’un événement quelconque, M.  […] Je ne vois pas Mme Vernet ; je vois la situation que nous nous sommes faite, la vie qui se prépare et ses événements possibles, l’adultère qu’il faudra consommer. […] Tout serait parfait, s’il suffisait, dans la vie, de s’abandonner au gré des événements ; or, il est des circonstances où l’on se trouve contraint de prendre une initiative. […] On constate alors la prodigieuse variété de caractères ou d’événements qui se cachent sous ce mot abstrait : le passé. […] De la sorte, tous les événements s’ordonnent autour d’un centre, que forment la pensée et la sensibilité du personnage qui parle.

1099. (1913) Poètes et critiques

L’idée, à vrai dire, n’était pas nouvelle : elle avait surgi des événements mêmes, après la Révolution de Février. […] L’éditeur s’est donné pour unique tâche de choisir les morceaux qu’il est bon de mettre en lumière, de relier ces morceaux par des analyses qui tiennent lieu des parties supprimées, de donner sur les sujets traités, sur les événements, sur les personnages, les explications indispensables. […] Très ordonné presque sans intention, et d’une composition rendue dramatique avec un minimum d’arrangement par la seule suite des événements de la vie intérieure, ce recueil de poèmes, pour la plupart excellents, aurait dû susciter le zèle d’un éditeur intelligent ou animé de quelque bon vouloir. […] IV Les changements profonds, bouleversant l’être du tout au tout, sont d’ordinaire préparés par plus d’un événement. […] Par contre, combien de pages du recueil imprimé trahissent la profane inspiration des Romances sans paroles ou semblent suggérées par le souci des événements politiques du jour !

1100. (1858) Du vrai, du beau et du bien (7e éd.) pp. -492

Comme nous croyons que tout corps est contenu dans un lieu, de même nous croyons que tout événement arrive dans un temps. Concevez-vous un événement qui arrive, si ce n’est dans un point quelconque de la durée ? […] Pour pouvoir dire : l’événement que je vois doit avoir une cause, il n’est pas indispensable d’avoir vu plusieurs événements se succéder. […] L’action devient donc bonne ou mauvaise selon l’événement. […] Les révolutions de la santé, l’âge, les événements apportent dans nos goûts, dans nos humeurs, de grandes modifications.

1101. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

Ce fut un événement comparable au Cid et venant d’un auteur qui n’était pas connu même par des essais, littéralement ignoré. […] Dépouillée des événements extérieurs qui s’y sont mêlés, la vie morale d’un homme tient dans quelques nages Après les Méditations Lamartine était épuisé. […] En 1848 il fut élu député de Paris à l’Assemblée Constituante, fonda le journal l’Evénement pour préparer sa candidature à la Présidence de la République, et devint un personnage politique. […] Il vit sur cette formule, en y ajoutant sa théorie des poètes considérés comme civilisateurs et apôtres de 1830 à 1848, et dans les articles qu’il dicte ou inspire à l’Evénement. […] L’article du jour, la chronique les deux ou trois réflexions banales qu’inspire un fait divers, un accident, un événement politique, est un genre d’ouvrage qu’il a toujours aimé.

1102. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre second » pp. 200-409

Vous trouverez, dans la Lettre XCI, le récit de l’incendie de Lyon, avec des réflexions sur ce terrible événement. […] Vespasien, persuadé que rien n’était au-dessus de sa fortune, et que l’incroyable même était au-dessous de sa puissance, prend un visage serein, satisfait aux vœux des deux malades, au milieu d’une multitude attentive à l’événement, et aussitôt l’aveugle voit, et le paralysé se sert de sa main. […] Incertitude des événements. […] Que les événements se passent à côté d’eux, ou qu’ils se soient passés il y a deux mille ans, ils y sont également présents ; leur cœur, d’intelligence avec leur imagination, franchit la distance des temps et des lieux. […] Ce dernier événement est le sujet de la Consolation.

1103. (1896) Écrivains étrangers. Première série

Comme le livre de Thackeray, son livre est une façon de chronique, la simple biographie d’un personnage qui assiste à de grands événements plutôt qu’il n’y prend part lui-même. […] Shorthouse s’est toujours préoccupé davantage du caractère même de son héros, et que les événements qui ont eu pour lui le plus d’intérêt sont ceux qui se passaient dans l’âme de John Inglesant. Ces événements, d’ailleurs, ne pouvaient manquer d’être intéressants. […] Avant de rejoindre la cour à Oxford, où, dans l’attente des événements, elle menait une singulière existence de fêtes et d’intrigues, il voulut aller revoir ses amis de Gidding. […] Des controverses, même, se sont produites à son sujet : on a discuté les dates de certains de ses Essais, comme s’il se fût agi de graves événements historiques.

1104. (1881) Le roman expérimental

Deux événements viennent de se produire, la première représentation de Ruy Blas à la Comédie-Française, et la réception solennelle de M.  […] Et, quand l’événement aura eu lieu, tout le monde le trouvera naturel. […] La vie est plus banale, les événements y coulent avec plus de bonhomie. […] Aujourd’hui, j’annonce la prochaine apparition des Frères Zemganno comme le grand événement littéraire de la saison. […] En un mot, la besogne de l’imagination n’est pas ici dans les événements, dans les personnages, mais dans l’analyse déviée et symbolisée des événements et des personnages.

1105. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Alfred de Vigny. »

« Les événements que je cherchais, a-t-il dit lui-même, ne me vinrent pas aussi grands qu’il me les eût fallu. […] Le discours de réception de M. de Vigny à l’Académie française est devenu le sujet de mille commentaires et presque d’une légende : étant parfaitement informé de tout ce qui se rapporte à cet événement littéraire, je demande à dire ce que je sais, en invoquant au besoin d’autres témoins qui pourront dire si je m’écarte en rien du vrai et si j’exagère.

1106. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

Au fond, dit-elle, ce ne sont pas les événements qui importent ici ; c’est l’impression que les événements racontés produisent sur Arnolphe.

1107. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre II. La vie de salon. »

Quand on en parle, c’est pour plaisanter ; les plus graves événements ne sont que des matières à bons mots. […] Un jour226, dans une assemblée de jeunes gens de la cour, comme on répétait le mot de la journée, l’un d’eux, ravi de plaisir, dit en levant les mains : « Comment ne serait-on pas charmé des grands événements, des bouleversements même qui font dire de si jolis mots ! 

1108. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre VI. La poésie. Tennyson. »

Il animait tour à tour les petits événements réels de la vie anglaise et les grandes aventures fantastiques de la chevalerie éteinte. […] Il faut d’abord que le lieu, les événements et les personnages n’existent pas.

1109. (1858) Cours familier de littérature. V « XXXe entretien. La musique de Mozart (2e partie) » pp. 361-440

… » « Quelque temps après cet événement, Mozart fut assez gravement malade. […] « Il faudrait n’avoir point de cœur dans la poitrine pour ne pas concevoir l’état d’un vieillard qui passait de beaucoup quatre-vingts ans dans un événement si surnaturel.

1110. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVe entretien » pp. 317-396

Mais les événements transforment la scène ; la main se lasse, le public se rassasie, les ennemis dénigrent : qui dit public dit hasard ; le métier d’hommes de lettres n’est qu’un jeu de dé avec l’opinion. […] Mais, ce qui ne sera peut-être pas au goût de toute l’Europe, il prétend que les hommes ont trop de besoins et trop peu de force pour que le superflu des uns ne soit pas le nécessaire des autres ; en conséquence il peint le luxe des couleurs les plus odieuses, le montre partout comme l’écueil du bonheur public, et affecte de prouver, par les événements, que la décadence des mœurs, qui en est la suite nécessaire, a entraîné celle des deux dynasties Hia et Chang.

1111. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Troisième partie de Goethe. — Schiller » pp. 313-392

Le prince de Talleyrand fut en France dans ces derniers temps le Goethe de la politique ; Goethe fut le prince de Talleyrand de l’Allemagne en littérature ; tous les deux très supérieurs au vulgaire, très dédaigneux des événements, peu soucieux de ces doctrines soi-disant immuables que les partis appellent des principes et que l’histoire appelle des circonstances. […] Si c’est dans l’ordre philosophique et littéraire, comme Goethe ils conservent leur indépendance de pensée et leur originalité de conception à travers toutes les vagues passagères de la médiocrité subalterne et toutes les aberrations du mauvais goût ; si c’est dans l’ordre politique, comme le prince Talleyrand ils conservent et grandissent leur haute influence à travers tous les événements secondaires et tous les écroulements du siècle ; ils se servent des vagues pour exhausser, pour gouverner leur navire au lieu de s’y noyer avec l’équipage.

1112. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier. — Correspondance de Chateaubriand (3e partie) » pp. 161-240

Seulement Saint-Évremond n’avait jamais d’humeur ni contre les événements, ni contre les hommes, ni contre la fortune ; il se laissait amuser, il se prêtait même en philosophe anacréontique au bonheur qu’on voulait lui faire ; il était le complaisant de la belle Hortense. […] Mathieu de Montmorency et le duc de Laval dorment dans une terre jonchée des débris du trône qu’ils ont tant aimé ; le sauvage Sainte-Beuve écrit, dans une retraite de faubourg qu’il a refermée jeune sur lui, des critiques quelquefois amères d’humeur, toujours étincelantes de bile, splendida bilis (Horace) ; il étudie l’envers des événements et des hommes, en se moquant souvent de l’endroit, et il n’a pas toujours tort, car dans la vie humaine l’endroit est le côté des hommes, l’envers est le côté de Dieu.

1113. (1860) Cours familier de littérature. X « LVe entretien. L’Arioste (1re partie) » pp. 5-80

Il y a, dans son poème, presque autant d’événements pathétiques qu’il y en a de grotesques. […] Il n’y a pas d’intérêt qui puisse résister à un tel éparpillement du sujet : il n’y a que la mémoire des Muses elles-mêmes qui soit capable de retenir l’innombrable multitude d’événements et de héros qui fourmillent dans son épopée.

1114. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIe entretien. Ossian fils de Fingal, (suite) »

CARTHON Événements des siècles passés, actions des héros qui ne sont plus, revivez dans mes chants ! […] Deux guerriers fameux, ô Malvina, reposent dans cette vallée… Revivez dans mes chants, événements des siècles passés, actions des héros qui ne sont plus !

1115. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XV. La littérature et les arts » pp. 364-405

La poésie possède une faculté de précision qui manque à la pensée musicale ; elle est donc appelée à formuler l’idée mère du drame, à combiner les événements et les passions dont la rencontre et le conflit amèneront des situations terribles ou plaisantes ; elle détermine ainsi la voie où doit s’engager après elle l’inspiration du compositeur. […] Les mariages des grands de la terre, les naissances d’enfants royaux, la célébration d’une victoire ou d’un traité de paix, l’érection d’une statue, commémorative d’un grand homme ou d’un grand événement, ont fait éclore par centaines les poésies et les pièces de circonstance.

1116. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VIII »

Par contre, il me faut maintenant parler d’un événement qui eut pour l’exécution de Tristan autant d’influence qu’en eurent pour sa conception le Ring et le public non-allemand. […] Le poète a saisi tous les fils d’événements nombreux et compliqués ; rapidement il les a fait converger en un unique point mathématique.

1117. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1857 » pp. 163-222

cette agonie monotone et sans événement, écrite sur le vif des souffrances, ce serait une bien belle étude que personne ne fera, parce qu’un rien de succès, l’éditeur trouvé, quelques cents francs gagnés, quelques articles à cinq ou six sous la ligne, votre nom connu par un millier de personnes que vous ne connaissez pas, deux ou trois connaissances, un peu de réclame, vous guérissent du passé et vous versent l’oubli… Elles vous semblent si loin, ces larmes dévorées, ces misères, aussi loin que votre jeunesse. […] Notre pensée vivant au-dessus des choses bourgeoises, a de la peine à descendre au terre-à-terre de la pensée ordinaire, tout entière alimentée par les basses réalités de la vie et la matérialité des événements journaliers.

1118. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIe entretien » pp. 5-85

Tout ce que je puis affirmer, c’est que les événements de juin, malgré leur gravité, ne m’auraient pas empêché de faire descendre en Piémont l’armée des Alpes. […] Si j’en ai eu quelquefois, comme tout le monde, à la fleur de ma vie, l’âge, les événements, les réflexions, les humiliations de cœur et d’esprit dont ma vie est pleine, ont assez pris le soin de l’abattre.

1119. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIIe entretien. I. — Une page de mémoires. Comment je suis devenu poète » pp. 365-444

Cette lettre me disait que le saint vieillard ne m’écrivait pas lui-même, parce qu’il pensait que les opinions et les événements avaient élevé trop de barrières entre lui et moi. Il se trompait bien : les opinions et les événements ne prescrivent pas contre les devoirs du cœur.

1120. (1903) La renaissance classique pp. -

Il a constamment sous les yeux la race dont il sort et dont le génie et la tradition l’enveloppent : ce qui ne l’empêche pas de franchir chaque fois qu’il le faut les limites de sa « petite patrie », de suivre avec une attention réfléchie la marche des événements dans le monde, et enfin de n’ignorer rien de tout ce qu’un esprit initié de bonne heure aux méthodes intellectuelles peut acquérir d’expérience et de savoir par les voyages, la culture et l’étude. […] Tout à coup, un jour non prévu, mais sûrement fixé dans l’ordre des destinées, un événement en apparence insignifiant frappe son esprit.

1121. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — II. (Fin.) » pp. 20-37

Mais ce qui n’était d’abord qu’une simple plaisanterie, qu’une conjecture maligne, va devenir bientôt une affaire sérieuse, un décri formel et public, le sujet de tous les entretiens : C’est un scandale qui vous survivra, s’écrie Massillon ; les histoires scandaleuses des cours ne meurent jamais avec leurs héros : des écrivains lascifs ont fait passer jusqu’à nous les satires, les dérèglements des cours qui nous ont précédés ; et il se trouvera parmi nous des auteurs licencieux qui instruiront les âges à venir des bruits publics, des événements scandaleux et des vices de la nôtre.

1122. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — I. » pp. 162-179

Mais durant cet intervalle s’était venu placer un événement qui fut décisif dans sa vie et qui brisa dès le commencement sa carrière.

1123. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — II. (Fin.) » pp. 36-54

Celui-ci aurait voulu que le jeune prince fît face à l’orage, qu’il demeurât à la tête de l’armée jusqu’à la fin de la campagne, qu’il cherchât à prendre quelque revanche sur la fortune ; il le lui disait non plus sur un ton de directeur spirituel et de précepteur, mais sur le ton d’homme d’honneur et de galant homme qui sent la générosité de conduite dans tous les sens : Quand un grand prince comme vous, Monseigneur, ne peut pas acquérir de la gloire par des succès éclatants, il faut au moins qu’il tâche d’en acquérir par sa fermeté, par son génie et par ses ressources dans les tristes événements.

1124. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — II. (Fin.) » pp. 198-216

Ce lieu commun éloquent se retrouve à la fois dans le troisième sermon Sur la Toussaint dont j’ai parlé, dans le Sermon sur l’amour des plaisirs, et dans celui Sur l’ambition avec quelque variante : Ô homme, ne te trompe pas, l’avenir a des événements trop bizarres, et les pertes et les ruines entrent par trop d’endroits dans la fortune des hommes, pour pouvoir être arrêtées de toutes parts.

1125. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Maucroix, l’ami de La Fontaine. Ses Œuvres diverses publiées par M. Louis Paris. » pp. 217-234

Louis Paris, nous apprend tout ce qu’on peut désirer, sinon sur les principaux événements de sa vie, du moins sur sa personne et son caractère.

1126. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — II. (Fin.) » pp. 361-379

J’en fus frappé ; je prévis un grand événement, un grand changement dans l’état des choses, et même dans la forme du gouvernement.

1127. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — I. » pp. 409-426

Les événements de 1814 et de 1815, qui détachèrent la principauté de Neuchâtel de la France, ôtèrent à Léopold Robert, avec la qualité de Français, l’espoir d’être envoyé à Rome comme premier grand prix de gravure, distinction à laquelle il touchait presque avec certitude.

1128. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — I » pp. 351-368

Cette année 1588, si grosse de complications et d’événements, fut sa pierre de touche en effet ; Henri, âgé pour lors de trente-cinq ans, en sortit l’homme d’État que nous connaissons.

1129. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — II » pp. 369-387

Ils sont à nous : je le juge par l’envie que vous avez de combattre ; mais pourtant nous devons tous croire que l’événement en est en la main de Dieu, lequel sachant et favorisant la justice de nos armes, nous fera voir à nos pieds ceux qui devraient plutôt nous honorer que combattre.

1130. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — I » pp. 20-38

Arrivé à un certain âge, il eut cependant une sorte d’événement dans sa vie, et une tentative de retour vers la gravité des mœurs et du ton.

1131. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — I » pp. 57-75

Si l’on voulait s’en prendre aux événements de ce que l’homme n’a pas su accomplir, il serait naturel de faire comme Ronsard et d’accuser les guerres civiles et domestiques ; elles lui furent plus contraires quJà personne, et dès 1562 il éprouva, pour s’être loyalement déclaré en faveur de l’ordre existant et de l’Église établie, la fureur et la malignité des factions.

1132. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Journal d’Olivier Lefèvre d’Ormesson, publié par M. Chéruel » pp. 35-52

Sa perspicacité ne devance point les temps, et, ce qui devient une qualité chez un témoin, il ne se presse point sur les événements, il suit toutes les vicissitudes et les fluctuations des choses, il passe lui-même par les états successifs de l’opinion et nous traduit au naturel l’inconséquence de beaucoup d’honnêtes gens.

1133. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

Renan me paraît le plus certainement atteint et convaincu de déisme latent, quoi qu’on en dise, c’est qu’il conçoit l’œuvre de l’humanité comme sainte et sacrée, qu’il y admire et y respecte, dans la suite des développements historiques, un ordre excellent, — non pas cet ordre tel quel, qui résulte nécessairement, fût-ce après coup, des rapports et de la nature des événements en cours et des éléments en présence, mais un ordre préétabli, et qui a tout l’air d’avoir été conçu quelque part dans un dessein supérieur et suprême.

1134. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Connaissait-on mieux la nature humaine au XVIIe siècle après la Fronde qu’au XVIIIe avant et après 89 ? »

Nisard, va jusqu’à accorder à la génération de 1660, c’est-à-dire des premières années du règne effectif de Louis XIV, à la génération qui était encore jeune ou déjà mûre alors, qui avait vu la fin de Richelieu et la Fronde, « une supériorité de lumières » sur les générations du xviiie  siècle qui lisait l’Esprit des Lois, les Lettres philosophiques et l’Émile ; admettant cette supériorité comme un fait, il l’explique par la nature même des événements politiques auxquels cette génération avait assisté, par les revirements étranges qui lui avaient découvert toutes les vicissitudes de l’opinion et qui l’avaient éclairée sur le fond de la nature humaine, tandis que les hommes du xviiie  siècle et d’avant 89 avaient perdu le souvenir des révolutions et des impressions qu’elles laissent, et n’avaient assisté qu’à des intrigues ministérielles, à des disputes de jansénisme et de molinisme, de gluckisme et de piccinisme, à de petites choses enfin, tout en en rêvant de grandes et d’immenses.

1135. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. Suite et fin. » pp. 73-95

Walter Scott, le maître et le vrai fondateur du roman historique, vivait dans son Écosse, à peu de siècles, à peu de générations de distance des événements et des personnages qu’il nous a retracés avec tant de vie et de vraisemblance.

1136. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

Les événements de Février dessinèrent vivement le rôle de M. de Girardin comme sentinelle avancée, et le montrèrent pendant les premiers mois toujours en scène, sur le qui vive !

1137. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée, par M. le chevalier Alfred d’Arneth et à ce propos de la guerre de 1778 »

Dans cet article, en parlant avec une sorte de sévérité de Joseph II pour sa conduite dans l’affaire de la succession de Bavière, je dois dire que je suis loin pourtant d’abonder dans le sens de ceux qui ne jugent en tout de ce souverain que d’après les événements et le succès.

1138. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. PROSPER MÉRIMÉE (Essai sur la Guerre sociale. — Colomba.) » pp. 470-492

Voilà le gros de l’événement ; mais toute l’originalité, toute la vérité gît dans le détail.

1139. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre IV »

« Pour la partie historique de la Fortune des Rougon écrit-il à la suite de la déclaration précitée75, je me suis adressé au livre de Ténot sur les événements tragiques qui se passèrent dans le Var, en décembre 1851 ; et je me souviens que ce fut Jules Ferry qui me fournit les notes dont j’avais besoin pour faire vivre dans la Curée, les transformations de Paris du baron Haussmann.

1140. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre II. Du goût, de l’urbanité des mœurs, et de leur influence littéraire et politique » pp. 414-442

Il permet aussi, sans doute, de transporter dans la littérature des beautés plus énergiques, un tableau plus philosophique et plus déchirant des grands événements de la vie.

1141. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre premier. Les signes — Chapitre II. Des idées générales et de la substitution simple » pp. 33-54

. — Nous faisons un détour ; nous associons à chaque qualité abstraite et générale un petit événement particulier et complexe, un son, une figure facile à imaginer et à reproduire ; nous rendons l’association si exacte et si étroite que désormais la qualité ne puisse apparaître ou manquer dans les choses, sans que le nom apparaisse ou manque dans notre esprit, et réciproquement.

1142. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre VI, « Le Mariage de Figaro » »

Quelques événements, par le dégagement d’opinions et de sentiments qu’ils provoquent, indiquent à quel ton les esprits sont montés.

1143. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Des lectures publiques du soir, de ce qu’elles sont et de ce qu’elles pourraient être. » pp. 275-293

Ces lectures ont commencé bien peu après les événements de juin 1848, et l’on sait que le Conservatoire n’est pas loin du clos Saint-Lazare.

1144. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres inédites de l’abbé de Chaulieu, précédées d’une notice par M. le marquis de Bérenger. (1850.) » pp. 453-472

Mais les événements déjouèrent ces espérances.

1145. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Pline le Naturaliste. Histoire naturelle, traduite par M. E. Littré. » pp. 44-62

Ce n’est pas qu’il n’accueille de son fait et n’autorise bien des erreurs, sur les songes, par exemple, sur les comètes, sur les présages dus à la foudre : dans l’ignorance où il est des explications naturelles, il regarde ces accidents singuliers, non pas comme la cause, mais comme le symptôme d’autres événements avec lesquels il les suppose liés d’une manière mystérieuse.

1146. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. de Lamartine. (Les deux premiers volumes. — Pagnerre.) » pp. 389-408

Lubis dans le sens royaliste, ont raconté avant M. de Lamartine ces grands événements ; et il est curieux de voir comme celui-ci, qui le reconnaît du reste hautement, profite de tous deux, les unit, les entrelace, les combine en les traduisant dans sa langue et en les recouvrant de sa couleur.

1147. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le surintendant Fouquet. (Article Fouquet, dans l’Histoire de Colbert, par M. P. Clément.) 1846. » pp. 294-312

Pellisson demande ce qu’on dirait si on lisait un jour dans une histoire, dans une de ces relations où l’on se plaît à faire remarquer combien les grands événements tiennent souvent à de petites causes : Cette année nous manquâmes deux grands succès, non pas tant faute d’argent que par quelques formalités des finances.

1148. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Étienne, ou une émeute littéraire sous l’Empire. » pp. 474-493

Bientôt les événements politiques, en venant le frapper, le servirent encore ; ils lui ouvrirent une carrière toute nouvelle, aussi utile et plus sûre, celle de l’opposition dite des quinze ans.

1149. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Les Faux Démétrius. Épisode de l’histoire de Russie, par M. Mérimée » pp. 371-388

Il l’a rendu aussi intéressant que peuvent l’être ces époques difficiles, ces événements mêlés d’obscurité, et il a traité le problème du faux Démétrius avec une sagacité piquante.

1150. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre III : La littérature du xviiie et du xixe  siècle »

Eh bien, si je regarde autour de nous, et si je considère les principaux événements de l’histoire du monde depuis le Contrat social, il me semble que le principe de la souveraineté sort de plus en plus de l’utopie pour entrer dans la réalité des faits.

1151. (1912) L’art de lire « Chapitre VIII. Les ennemis de la lecture »

Qui veut apprendre à connaître réellement quelque chose de nouveau, que ce soit un homme, un événement, un livre, fait bien d’adopter cette nouveauté avec tout l’amour possible, de détourner résolument sa vue de ce qu’il y trouve d’hostile, de choquant, de faux, même de l’oublier, si bien qu’à l’auteur d’un livre, par exemple, on donne la plus grande avance et que, d’abord, comme dans une course, on souhaite, le cœur palpitant, qu’il atteigne son but.

1152. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre premier. Le problème des genres littéraires et la loi de leur évolution » pp. 1-33

Ce poème, cette ode des temps primitifs c’est la Genèse… Peu à peu cependant la famille devient tribu, la tribu devient nation… L’instinct social succède à l’instinct nomade… Les nations se gênent et se froissent ; de là les chocs d’empires, la guerre… La poésie reflète ces grands événements ; des idées elle passe aux choses.

1153. (1925) Comment on devient écrivain

Abel Hermant s’est fait une réputation en nous donnant, sous forme de roman, des revues de fin d’année où défilaient les derniers événements contemporains. […] Les crises passionnelles sont des choses qui s’enchaînent comme des événements matériels. […] Certes l’historien a le devoir d’expliquer les causes et de dégager les conséquences des événements ; mais on ne doit pas uniquement considérer l’histoire comme un champ d’abstraction et de généralisation. […] Cela consiste à démontrer les effets et les causes et toute la liaison des événements humains, à expliquer comme quoi tout ce qui arrive ne pouvait arriver autrement. […] A cet aspect, Marie ne peut plus douter de la vérité du grand événement dont Gabriel est le porteur et le messager.

1154. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Camille Jordan, et Madame de Staël »

Camille Jordan eut un rôle actif dans tous ces événements et par la parole, et par la plume, et par le fusil quand il fallut combattre. […] Mais encore une fois, si vous ne l’avez pas, si je n’ai pas cet événement heureux pour me consoler de tant de peines, — ne dites jamais que je vous ai écrit un seul mot, c’est important. — Oui, mon ami, l’on est lassé du temps et bientôt aussi de la vie ; j’ai senti ma voix se briser dix fois en lisant haut votre lettre, en pensant même à ce bon Duchesne122, à qui je vais écrire un mot en lui envoyant le livre de mon père. — Oh ! […] Les événements de 1815 et l’absence de Mme de Staël, qui était partie après les Cent-Jours pour l’Italie, avaient causé une interruption de correspondance entre elle et Camille.

1155. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Jean-Jacques Ampère »

Les événements publics et des accidents privés ne tardèrent pas à déranger l’existence si bien remplie d’Ampère. […] « Mon cher ami, « Je vous écris de Marseille, où il y a eu hier huit jours j’arrivais de Rome et où la nouvelle entièrement inattendue de l’affreux événement m’a foudroyé. […] Je n’avais pas attendu, pour le qualifier ainsi, que les événements eussent marché, et j’écrivais de lui et de Magnin dans le plus beau temps de Louis-Philippe : « Magnin et Ampère sont très-susceptibles sur ce chapitre de la politique ; ils sont tout occupés d’être fidèles à leur ligne.

1156. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1865 » pp. 239-332

Est-ce curieux, et ça ressemble-t-il aux inventions d’auteur, les combinaisons dramatiques amenées par les événements de la vie ? […] Corriger les épreuves de la pièce pour L’Événement, faire les raccords, écrire vingt lettres par jour, remercier ici et là, lire tous les journaux, recevoir les gens qui viennent vous voir, rouler en coupé une partie de la journée, faire sa salle, distribuer son service, assister à toutes les représentations jusqu’au bout pour empêcher les acteurs de lâcher pied, emmener le soir des amis souper — et par là-dessus trouver le temps et le sang-froid d’écrire sa préface, par morceaux, par phrases crayonnées, en voiture, en mangeant, dans les cafés, dans les coulisses : c’est comme si on dépensait dix ans de sa vie, de son système nerveux, de son cerveau, en dix jours. […] Eugène Giraud nous dit ce soir dans les coulisses que la princesse a reçu des lettres anonymes affreuses à propos de notre pièce, lettres lui promettant que la première torche serait pour son hôtel… Je remarque que ma date de naissance est toujours marquée par un événement fatal dans notre vie : aujourd’hui c’est la suppression de notre pièce ; il y a une dizaine d’années, notre poursuite en police correctionnelle avait lieu à propos d’un article paru le 15 décembre.

1157. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

Ce qui compte dans la vie d’un artiste, ce qui remplit cette vie, ce ne sont pas les événements qu’enregistrent les biographes et qui peuvent être insignifiants ou médiocres : c’est sa pensée et son labeur. […] Mais le jugement d’ensemble à porter sinon sur son génie, du moins sur son rôle historique, dépend de celui qu’on adopte sur les événements politiques et littéraires dont il a manifestement la principale responsabilité. […] Dans la préface de sa traduction du Boustan, Barbier de Meynard assure que cet événement dut avoir lieu en 1203 ou 1204, vers la fin de la cinquième croisade. […] Et le lecteur n’y songe qu’à la réflexion, étant d’abord empoigné par l’intérêt des événements. […] C’est un si grand événement qu’il « ne pouvait être dépassé, dans l’ordre spirituel, que par la prise de Constantinople ».

1158. (1891) Esquisses contemporaines

Mais si l’homme est ainsi diminué, si son rôle est désormais de se laisser porter par les événements plutôt que d’agir sur eux, il faut, sans doute, autre chose pour remplir la vie, et la nature prendra la place que l’homme laisse vide. […] L’unité grandiose attire l’auteur plus que la diversité des paysages ou des événements, et son style répond au caractère de sa pensée. […] Tant que la vie était considérée comme le lieu où s’exerçait la volonté, où se formait le caractère, les livres étaient conduits, ils avaient une unité, un terme auquel ils arrivaient ; la vie n’est plus aujourd’hui qu’une suite d’événements qui se succèdent, et les livres sont fragmentaires, ils se composent d’une série de tableaux parallèles. […] Qu’on lise la Gazette des Tribunaux ou les romans en vogue, on verra qu’il existe entre ces criminels et ces héros de livres un trait commun : ils sont dominés par les événements, livrés aux circonstances ; ils n’agissent pas, ils « sont agis » (s’il m’est permis de renverser la syntaxe pour suivre ce renversement de conduite) par l’impulsion fatale de l’hérédité, l’influence du milieu et la convoitise du moment. […] Ces événements n’étaient point tout à fait inattendus.

1159. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

Plus encore que les détails visibles de la vie matérielle, les événements décisifs qui se passent dans les âmes ont attiré et retenu sa sympathique curiosité. […] Comme tous ceux qui se croient de moitié dans les desseins de la Providence, ils affectèrent de voir dans ces événements des vengeances de Iahveh. […] Le prophétisme est l’événement capital de l’histoire d’Israël. […] La représentation écrite des événements passés. Mais qu’est-ce qu’un événement ?

1160. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — II. (Suite.) » pp. 155-174

Lorsqu’on parle d’événements considérables où l’on a eu part, on est tenté d’exagérer cette part et de diminuer celle des autres.

1161. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Bourdaloue. — II. (Fin.) » pp. 281-300

Lorsque Bourdaloue parut dans la chaire (1670), un grand événement excitait au plus haut degré l’intérêt dans l’Église de France : les querelles envenimées entre ceux qu’on appelait jansénistes et le pouvoir temporel et spirituel, l’espèce de proscription qui avait mis quelques-uns des principaux chefs du parti à la Bastille, et qui avait dispersé les autres en tous sens, venaient tout d’un coup de s’apaiser ; Rome elle-même avait donné le signal de cette indulgence ; il y avait la paix de l’Église, qui ne devait être qu’une trêve.

1162. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — I » pp. 93-111

Il n’en fut rien ; la mode s’en mêla ; on se fit nouvelliste et jugeur des événements du jour : « Et véritablement, dit-il, nous frondions quelquefois tout notre soûl. » L’abbé de Pomponne, homme d’esprit, mais tête de linotte, allait répétant partout l’opinion qu’il venait d’entendre, et ébruitait d’un air de mystère des conversations bonnes à huis clos.

1163. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — I » pp. 395-413

Ce manuscrit donné, elle l’oublia sans doute ; de graves événements survinrent, qui occupèrent toutes les dernières années de sa vie.

1164. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « II » pp. 21-38

Linguet veut expliquer à ses contemporains comment Voltaire a pu être et paraître si universel, et par quel enchaînement de circonstances, par quelle suite d’événements qui ne furent des épreuves que le moins possible, la destinée le favorisa en lui donnant une jeunesse si aisée, si répandue, si bien servie de tous les secours, et en lui ménageant à Ferney une longue vieillesse si retirée et si garantie du tourbillon : « La jeunesse de presque tous les écrivains célèbres, disait Linguet, se consume ordinairement, ou dans les angoisses du malaise, ou dans les embarras attachés à ce qu’on appelle le choix d’un état.

1165. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

Ne voyez-vous pas ici le triomphe de la Révolution et la portée des événements ? 

1166. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. (Suite et fin) »

Louis XIV commence par rappeler ses bons offices constants et ceux de ses prédécesseurs envers les Provinces-Unies de la Hollande, et il raisonne, comme il aime à le faire, non-seulement à l’adresse et à l’intention de ses contemporains, mais en vue de l’avenir : « La postérité, dit-il, qui n’aura pas été témoin de tous ces événements, demandera quel a été le prix et la reconnaissance de tous ces bienfaits ; pour la satisfaire, je veux lui apprendre que, dans toutes les guerres que les rois mes prédécesseurs ou moi avons entreprises, depuis près d’un siècle, contre les puissances voisines, cette république ne nous a non-seulement pas secondés de troupes ni d’argent, et n’est pas sortie d’une simple et tiède neutralité, mais a toujours tâché de traverser, ou ouvertement ou sous main, nos progrès et nos avantages. » La Hollande n’est pas la seule ni la dernière république qui ait été ingrate envers la France pour prix des plus grands services reçus à leur berceau : ces sortes de gouvernements, où tant de passions et de volontés s’en mêlent, sont coutumiers du fait

1167. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Histoire du roman dans l’Antiquité »

C’est donc au sein de cette ville même que s’est passé l’événement que nous racontait, chemin faisant, le brave Aristomène ! 

1168. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Étienne-Jean Delécluze, (suite et fin) »

Beyle eut un mérite rare, incontestable : du sein de la littérature de l’Empire, qui retardait sur les grandes actions et des prodigieux événements contemporains, il sentit qu’une autre littérature devait naître.

1169. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Maurice et Eugénie de Guérin. Frère et sœur »

Son voyage de Paris fut un grand événement dans sa vie : elle dut, selon son expression, y être fréquemment tentée ; son intelligence si ouverte put y donner plus d’un secret assaut à sa foi ou du moins à son cœur.

1170. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Charles-Quint après son abdication, au monastère de Saint-Just »

Mais d’autre part, depuis qu’on a pu lire les lettres nombreuses écrites en ce même temps par les personnes de l’entourage de Charles-Quint, les consultations à lui adressées sur toutes les affaires politiques de l’Europe et les réponses, on a un double jour ouvert sur la pensée du grand solitaire ; il n’a plus été possible de dire avec Robertson : « Les pensées et les vues ambitieuses qui l’avaient si longtemps occupé et agité étaient entièrement effacées de son esprit ; loin de reprendre aucune part aux événements politiques de l’Europe, il n’avait pas même la curiosité de s’en informer. » Et sans faire de lui le moins du monde un ambitieux qui se repent, ni sans accuser les bons moines d’avoir falsifié la vérité parce qu’ils en ont ignoré la moitié, on est arrivé à voir le Charles-Quint réel, naturel, non légendaire, partagé entre les soins qu’il devait encore au monde et à sa famille, traité et considéré par elle comme une sorte d’empereur consultant, et en même temps catholique fervent, Espagnol dévot et sombre, tourné d’imagination et en esprit de pénitence aux visions de purgatoire ou d’enfer, et aux perspectives funèbres.

1171. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Œuvres complètes de Molière »

Ces erreurs si répandues et si accréditées, qui portent sur des points matériels, ne sont que l’image de celles, bien plus subtiles, qui se glissent dans les récits des faits et événements, et qu’il est si difficile de démêler après deux siècles.

1172. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. (suite) »

Pas un mot ne sera dit entre eux de ces circonstances en quelque sorte étrangères ; les difficultés ne naîtront pas du dehors ni d’aucun événement contraire, et c’est en cela que le roman est d’une grande délicatesse : elles sortiront uniquement du cœur et de l’esprit des personnages, et viendront de la femme en particulier.

1173. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni (suite et fin.) »

Grandville s’y prépara comme à un événement ; il se pommada, se parfuma et crut n’en avoir jamais fait assez pour être à la hauteur.

1174. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite et fin.) »

« Il faut bien, dit-il, se donner quelques dédommagements et des consolations ; il faut aussi montrer son petit talent, essayer dans son art quelque chose de ce que l’artiste dont on parle a fait dans le sien. » Et c’est ainsi que, terminant le premier article sur Eugène Delacroix lors de l’Exposition universelle de 1855, il disait : « … Outre leur mérite intrinsèque, les Femmes d’Alger marquent un événement d’importance dans la vie de M. 

1175. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Leckzinska (suite et fin.) »

Elle se méprend souvent du rire aux pleurs ; elle se réjouit des causes funestes et s’afflige d’événements comiques.

1176. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre (suite et fin) »

Sage pilote dans le calme et bon pour l’intérieur, les derniers événements de l’année 1742 l’avaient montré dans toute son insuffisance à l’heure de l’orage, en présence des soudains conflits extérieurs qui changeaient la face de l’Europe.

1177. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Saint-Simon considéré comme historien de Louis XIV, par M. A. Chéruel »

Il a parfaitement distingué chez Saint-Simon ce qu’il y faut distinguer, la différence des moments et des époques : lorsque Saint-Simon parle des événements et des hommes d’avant sa naissance, d’avant son entrée dans le monde, il est nécessairement moins bien informé ; il est sujet aux traditions et préventions qui lui ont été transmises : il a pu et dû se tromper plus fréquemment.

1178. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. »

Voltaire, de son côté, prenait acte de l’admiration des bourgeois de Paris, lorsque dans une pièce, assez faible d’ailleurs, sur les événements de l’année 1744, il s’écriait : L’Ombre du grand Condé, l’Ombre du grand Louis, Dans les champs de la Flandre ont reconnu leurs fils, L’envie alors se tait, la médisance admire.

1179. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

« Il bavait de colère, nous dit Chateaubriand ; le sang-froid de Louis XVIII l’avait démonté. » Les événements de 1814 approchaient : à l’annonce du désastre de 1812, Talleyrand avait dit le mot décisif : « Voilà le commencement de la fin. » La fin prévue se précipitait.

1180. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « HISTOIRE de SAINTE ÉLISABETH DE HONGRIE par m. de montalembert  » pp. 423-443

Depuis la dernière cène de Jésus-Christ avec ses disciples jusqu’après la résurrection, toute la série des événements de l’Évangile s’y trouve développée, variée, illustrée, comme par un témoin oculaire, dans un minutieux et touchant détail de conversation, de localité, de costume.

1181. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SÉVIGNÉ » pp. 2-21

C’était, comme dit Mme de Sévigné, des conversations infinies : « Après le dîner, écrit-elle quelque part à sa fille, nous allâmes causer dans les plus agréables bois du monde ; nous y fûmes jusqu’à six heures dans plusieurs sortes de conversations si bonnes, si tendres, si aimables, si obligeantes et pour vous et pour moi, que j’en suis pénétrée7. » Au milieu de ce mouvement de société si facile et si simple, si capricieux et si gracieusement animé, une visite, une lettre reçue, insignifiante au fond, était un événement auquel on prenait plaisir, et dont on se faisait part avec empressement.

1182. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE DURAS » pp. 62-80

Ses sentiments affectifs trouvèrent à s’employer sans contrainte dans le foyer domestique ; les événements de la Révolution commencèrent bientôt de les distraire et d’y introduire des émotions nouvelles.

1183. (1892) Boileau « Chapitre VI. La critique de Boileau (Fin). La querelle des anciens et des modernes » pp. 156-181

Les anciens sont inférieurs dans l’histoire : ils y mettent des harangues qui ne sont pas vraies, ils feraient mieux de dater les événements.

1184. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Émile Zola, l’Œuvre. »

Et que les états de certaines âmes sont plus intéressants en eux-mêmes que les événements extérieurs qui les « conditionnent » !

1185. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre X. Les sociales »

Les événements auxquels tu es mêlé te paraissent extraordinaires et le geste de ta main te cache l’univers.

1186. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre V »

Il y a des hommes qu’on peut discuter, accuser, condamner même sans trop d’injustice, mais qui, par leur âge, par leur gravité, par l’importance de leur vie, par la place considérable, sinon méritoire, qu’ils ont occupée dans les événements de leur temps, ne doivent pas, même de loin, être exposés aux rires du théâtre.

1187. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Campagnes d’Égypte et de Syrie, mémoires dictés par Napoléon. (2 vol. in-8º avec Atlas. — 1847.) » pp. 179-198

On y lit également le précis et la critique des événements militaires survenus en Europe pendant les années 98 et 99.

1188. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres de la marquise Du Deffand. » pp. 412-431

Mme Du Deffand en était là, aveugle, ayant un appartement dans le couvent de Saint-Joseph. rue Saint-Dominique (quelques chambres du même appartement qu’avait occupé autrefois Mme de Montespan, la fondatrice) ; elle avait soixante-huit ans ; elle vivait dans le très grand monde, comme si elle n’était pas affligée de la plus triste infirmité, l’oubliant tant qu’elle le pouvait, et tâchant de la faire oublier à tous à force d’adresse et d’agrément ; se levant tard, faisant de la nuit le jour ; donnant à souper chez elle ou allant souper en compagnie, ayant pour société intime le président Hénault, Pont-de-Veyle, le monde des Choiseul dont elle était parente, les maréchales de Luxembourg et de Mirepoix, et d’autres encore dont elle se souciait plus ou moins, lorsque arriva d’Angleterre à Paris, dans l’automne de 1765, un Anglais des plus distingués par l’esprit, Horace Walpole : ce fut le grand événement littéraire et romanesque (pour le coup, c’est bien le mot) de la vie de Mme Du Deffand, celui à qui nous devons sa principale correspondance et tout ce qui la fait mieux connaître.

1189. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Vauvenargues. (Collection Lefèvre.) » pp. 123-143

[NdA] Il s’est passé, depuis que ceci est écrit, de grands événements sur Vauvenargues.

1190. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Nouveaux documents sur Montaigne, recueillis et publiés par M. le docteur Payen. (1850.) » pp. 76-96

Au reste, il fera tout pour pressentir à l’avance les événements : « Je ferai ce que je pourrai pour sentir nouvelles de toutes parts, et, pour cet effet, visiterai et verrai le goût de toute sorte d’hommes. » Enfin, après avoir tenu le maréchal au courant de tout et des moindres bruits de ville, il le presse de revenir, l’assurant « que nous n’épargnerons cependant ni notre soin ni, s’il est besoin, notre vie pour conserver toutes choses en l’obéissance du roi ».

1191. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Maintenon. » pp. 369-388

Mme Du Deffand, qui est littérairement de la même école, a très bien rendu l’effet que font les lettres de Mme de Maintenon, et on ne saurait mieux les définir : Ses lettres sont réfléchies, dit-elle ; il y a beaucoup d’esprit, d’un style fort simple ; mais elles ne sont point animées, et il s’en faut beaucoup qu’elles soient aussi agréables que celles de Mme de Sévigné ; tout est passion, tout est en action dans celles de cette dernière : elle prend part à tout, tout l’affecte, tout l’intéresse ; Mme de Maintenon, tout au contraire, raconte les plus grands événements, où elle jouait un rôle, avec le plus parfait sang-froid ; on voit qu’elle n’aimait ni le roi, ni ses amis, ni ses parents, ni même sa place ; sans sentiment, sans imagination, elle ne se fait point d’illusions, elle connaît la valeur intrinsèque de toutes choses ; elle s’ennuie de la vie, et elle dit : « Il n’y a que la mort qui termine nettement les chagrins et les malheurs… » Il me reste de cette lecture beaucoup d’opinion de son esprit, peu d’estime de son cœur, et nul goût pour sa personne ; mais, je le dis, je persiste à ne la pas croire fausse.

1192. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — III. (Suite et fin.) » pp. 242-260

« Ce qui m’anime en tout objet, dit Beaumarchais, c’est l’utilité générale. » — « À chaque événement important, disait-il encore, la première idée qui m’occupe est de chercher sous quel rapport on pourrait le tourner au plus grand bien de mon pays. » Dans le courant de la guerre d’Amérique, il conçut plus d’une fois de telles idées et les mit en circulation avec bonheur ; comme, par exemple, le jour (1779) où, pour relever le courage des négociants et armateurs, il proposa au ministre de déclarer les protestants désormais admissibles dans les chambres de commerce, d’où ils étaient jusqu’alors exclus ; ou comme ce jour encore où, après la défaite navale de M. de Grasse (1782), il eut l’idée que chaque grande ville offrît au roi un vaisseau de ligne, portant le nom de la cité qui lui en ferait hommage.

1193. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — I. » pp. 186-205

Il a eu, en paraissant, un succès prodigieux, qui a fait un moment concurrence aux premiers événements de la Révolution, et qui a duré tant qu’ont vécu nos pères.

1194. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Saint François de Sales. Son portrait littéraire au tome Ier de l’Histoire de la littérature française à l’étranger par M. Sayous. 1853. » pp. 266-286

D’Urfé n’avait pas encore publié le premier tome de ce roman de L’Astrée, qui devait être aussi un événement.

1195. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre deuxième. Rapports du plaisir et de la douleur à la représentation et à l’appétition »

S’il était indifférent au point de vue de la sensibilité de perdre une dent ou de perdre un ami, comment comprendre que ces deux événements pussent produire dans la douleur une si grande différence, même d’intensité ?

1196. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre III. L’art et la science »

Les intelligences superficielles, aisément esprits pédants, prennent pour renaissance ou décadence des effets de juxtaposition, des mirages d’optique, des événements de langues, des flux et reflux d’idées, tout le vaste mouvement de création et de pensée d’où résulte l’art universel.

1197. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VI. Daniel Stern »

Comme toute femme qui a fait des observations sur son propre cœur, elle a écrit un roman, intitulé Nelida (on aimerait mieux qu’elle l’eût gardé dans son âme) ; puis des lettres politiques si pleines des erreurs du temps où elle les publia, qu’elle n’a pas osé les rééditer, tant les événements qui se sont produits depuis 1849 l’auraient confondue !

1198. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « IX. Mémoires de Saint-Simon » pp. 213-237

I Les Mémoires de Saint-Simon, tels qu’on les a récemment publiés, sont un véritable événement en littérature.

1199. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Xavier Aubryet » pp. 117-145

Il n’est donc pas étonnant que, dans un pareil état de choses, nous accueillions comme un bonheur et presque comme un événement dans la critique littéraire l’arrivée d’un jeune homme qui, lui, débute par regarder plus haut que la sensation et le fait, et se préoccupe de l’idée générale qu’exprime tout génie spécial et toute œuvre, quoique ce ne soit là cependant que la première marche de la critique dans la sphère de son intellectualité.

1200. (1900) La province dans le roman pp. 113-140

Mais ce que je vois clairement, c’est que, grâce à la presse, les hommes qui habitent les régions les plus différentes sont occupés des mêmes événements ou des mêmes incidents presque aux mêmes heures.

1201. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre III : M. Maine de Biran »

Il nous échappe, parce qu’il habite dans l’abstraction pure, à cinq cents pieds au-dessus de la terre ; faites l’en descendre, et ramenez-le au détail des circonstances précises, aux cas singuliers et distincts, aux événements visibles et palpables.

1202. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIII. »

Trop raffinée, trop amollie dans ses premiers rangs, trop inégale, trop disparate dans son assemblage, aussi forte par les lumières que faible par les mœurs, la société française était énervée pour l’invention, et avait besoin d’être rajeunie par des événements nouveaux.

1203. (1890) La bataille littéraire. Troisième série (1883-1886) pp. 1-343

Voici un livre qui, de par son intérêt dramatique et les événements extraordinaires qu’il rapporte, a le don d’intéresser dès la première page. […] Nous n’avons pas à insister sur l’intérêt qu’inspire toute œuvre de l’auteur de tant de remarquables conceptions ; un livre de lui est un grand événement littéraire. […] Sa science judiciaire n’a pourtant pas refroidi ses élans d’écrivain, et le Père est certainement un des événements littéraires de cette semaine. […] La preuve en est qu’une fois pris dans l’engrenage des événements tour à tour gais, tragiques, tendres, inattendus, il faut aller jusqu’au bout du livre. […] Plus cruel : La mort est un événement qui ne surprend point l’homme et que le chrétien ne craint ni ne redoute, et qui, par conséquent, fait verser peu de larmes en Angleterre

1204. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

Pendant l’espace d’un mois, à Paris, il se produit bien des incidents, auxquels on pourrait même, à un moment donné, accorder le nom d’événements ; dans le présent cela a une certaine importance, et le lendemain on ne comprend plus qu’on ait pu s’y intéresser. […] Cette exposition, dont on a fort peu parlé, mérite pourtant de prendre sa place parmi les événements du mois. […] Et, toutes réflexions faites, eu égard au grand événement historique de l’abolition des tourniquets de la Bourse, je penche décidément pour Mercure. […] Sainte-Beuve, qui a été presque un événement. […] Il n’y a pas de règle de perspective pour tous ces petits événements parisiens qui ne relèvent directement ni de la politique, ni de la religion, ni de la littérature, mais qui tiennent un peu à tout cela, et lorsqu’on les revoit, dépouillés de l’attrait de l’actualité, les proportions qu’on leur a données, à l’exemple du public, paraissent parfois grotesques.

1205. (1853) Portraits littéraires. Tome I (3e éd.) pp. 1-363

Or, ces études préliminaires sont aujourd’hui trop dédaignées, et lorsqu’il arrive aux poètes contemporains d’associer aux événements qu’ils célèbrent le souvenir d’un épisode antique, c’est presque toujours avec une espèce d’ostentation. […] Il n’a subi aucune persécution éclatante, son nom ne se trouve mêlé à aucun événement historique ; mais la mobilité de ses goûts, l’ardeur de ses passions ne lui ont pas permis de suivre avec profit les diverses professions qu’il a tour à tour embrassées, et, malgré le nombre prodigieux de ses ouvrages, il n’a jamais connu le loisir. […] Par un singulier privilège, il lui est donné de se montrer tour à tour lyrique, philosophique, épique, selon qu’il lui plaît d’entreprendre la peinture des passions, l’analyse de la pensée, ou le tableau des événements qui intéressent une nation tout entière. […] Je sais qu’un tel personnage était difficile à mettre en scène ; je sais qu’il était difficile d’intéresser le spectateur aux douleurs d’une reine répudiée qui semble condamnée à subir la marche des événements sans pouvoir la ralentir ou la hâter. […] N’est-ce pas assigner aux événements accomplis dans un siècle, dans un lieu déterminé, des causes ignorées jusque-là, mais pourtant revêtues d’un caractère de vraisemblance ?

1206. (1927) Quelques progrès dans l’étude du cœur humain (Freud et Proust)

De même que Freud devant un malade s’efforce avant tout de supprimer ses amnésies, de combler, comme il dit lui-même, les lacunes de sa mémoire, de lui faire retrouver les événements de sa vie que l’inconscient a engloutis, de lui refaire une personnalité psychologique complète, afin que ses forces spirituelles circulent de nouveau normalement dans tout son être et retrouvent tous les passages auxquels elles ont droit, de même Proust sans intention thérapeutique précise, — mais quel est l’écrivain qui dans le fond, comme Freud le remarque, ne cherche pas en écrivant avant tout à se guérir ? […] » Mais ce hochement de tête affecté ainsi d’habitude à un événement à venir, mêle à cause de cela de quelque incertitude la dénégation d’un événement passé ! […] Mais sans préjuger en aucune façon de la nature de l’âme, du fond dernier de notre conscience, sans sortir du phénoménisme, on peut dire qu’il y a aussi une constante du moi, qui le pousse à fournir en réponse à des événements différents une réaction toujours la même. […] Mais je ne peux m’empêcher de reconnaître qu’il touche à quelque chose d’important quand il signale le fait que, chez Proust, les actes des personnages et même les événements sont décrits non dans leur enchaînement, mais si j’ose dire dans leur gonflement.

1207. (1883) Le roman naturaliste

Lisez attentivement le volume : à mesure que les événements se presseront, chacun d’eux viendra mettre un accent nouveau dans cette physionomie ; et M.  […] Quel est l’événement parisien de l’année dernière dont le retentissement dure encore, ou dont on puisse espérer, à tout le moins, de réveiller aisément l’écho ? […] En d’autres termes, ils avaient bien décidé que la Dame du lac, roman parisien, serait suivie d’un autre roman parisien, mais ils ne savaient pas ce que serait ce roman ; et ils attendaient qu’un événement parisien à intervenir leur en suggérât le sujet, quel qu’il fût et pût être. […] Non, sans doute, on ne voulait plus de ces héros trop extraordinaires, suspendus comme entre ciel et terre, en dehors du temps et de l’espace, sous une lumière artificielle, au milieu d’un décor d’opéra, dans un monde où les événements s’enchaînaient, non plus même, depuis longtemps, sous la loi d’un effet dramatique à produire, mais au gré du libre caprice et de l’extravagante fantaisie de Balzac lui-même, d’Eugène Sue, de Frédéric Soulié ! […] Les événements ne créent rien en nous.

1208. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre II. Lord Byron. » pp. 334-423

III Ce n’était pas assez pour lui de la description et du monologue ; il avait besoin, pour exprimer son personnage idéal, d’événements et d’actions. Il n’y a que les événements qui mettent à l’épreuve la force et le ressort de l’âme ; il n’y a que les actions qui manifestent et mesurent cette force et ce ressort. Parmi les événements, il a cherché les plus puissants, parmi les actions, les plus fortes, et l’on a vu paraître coup sur coup la Fiancée d’Abydos, le Giaour, le Corsaire, Lara, Parisina, le Siége de Corinthe, Mazeppa et le Prisonnier de Chillon.

1209. (1883) La Réforme intellectuelle et morale de la France

Il était facile de voir que la révolution française, faiblement arrêtée un moment par les événements de 1814 et de 1815, allait une seconde fois voir se dresser devant elle son éternelle ennemie, la race germanique ou plutôt slavo-germanique du Nord, en d’autres termes, la Prusse, demeurée pays d’ancien régime, et ainsi préservée du matérialisme industriel, économique, socialiste, révolutionnaire, qui a dompté la virilité de tous les autres peuples. […] Sans les événements de 1814 et 1815, il est probable que la maison Bonaparte héritait du titre des Capétiens. […] Enfin, loin de se relever, la culture intellectuelle a reçu des événements de l’année des coups sensibles ; l’influence du catholicisme étroit, qui sera le grand obstacle à la renaissance, ne paraît nullement en train de décroître ; la présomption d’une partie des personnes qui président à l’administration semble par moments avoir redoublé avec les défaites et les affronts.

1210. (1889) Les artistes littéraires : études sur le XIXe siècle

Les événements sont raisonnables. […] Leconte de Lisle est de ceux qui ont mis le soin le plus jaloux à se tenir constamment à l’abri des regards et des indiscrétions du public : il a à peine donné çà et là quelques fragments relatifs à des événements modernes, ou quelques aveux très vagues et très chargés de réticences sur ses douleurs, ses aspirations et ses amours ; il n’a voulu laisser voir ni ses procédés de travail, ni les premiers essais du début, ni les inévitables hésitations de la maturité ; mais il a au contraire présenté une œuvre tout d’un bloc, homogène d’un bout à l’autre dans le fond et dans la forme, à peu près invariable dans sa majestueuse sérénité. […] Il lui faudra une succession d’années et une série d’événements pour s’épanouir on sa pleine maturité. […] Il aspire ainsi perpétuellement à tout ce qu’il ne possède pas ; il ne désire rien tant que ce qui lui semble impraticable, découragé et dégoûté d’ailleurs dès que les événements correspondent à ses vœux, et que les caprices de son imagination se fixent en une réalité. […] Ce fut là une de ses grandes faiblesses : il la dut sans doute à une prédisposition mentale apportée en naissant ; il la dut aussi aux événements et aux singulières conditions d’existence que lui fit la destinée.

1211. (1878) Nos gens de lettres : leur caractère et leurs œuvres pp. -316

Mais le roman historique, c’est la représentation du côté pittoresque, légendaire, familier, de l’histoire ; c’est le tableau de genre faisant pendant au tableau de batailles ; ce sont les mœurs, déduites des événements. […] Il ne devrait pas être permis de raconter les événements publics au premier venu, qui peut les tourner à sa fantaisie, les fausser et abuser ainsi le lecteur. […] Mais quel autre raconterait les événements publics autrement que le Moniteur, puisque, étant de création officielle, il obéirait nécessairement à la même inspiration, l’inspiration du pouvoir ? […] Il sera fatalement (la fatalité, c’est la justice des événements) époux coupable, s’il reste amant ; amant lâche et méprisable, s’il se retranche dans sa nouvelle condition. […] J’ai dû, nécessairement, ici comme dans l’analyse de la Vieille Maîtresse, omettre bien des personnages qui concourent pourtant à la terreur tragique des événements et qui ne sont certainement pas des personnages secondaires, tant l’auteur les a parfaits.

1212. (1891) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Quatrième série

Mme de Sévigné ne se lassait pas de louer cette « beauté de sentiments », cette « violence de passions », cette « grandeur d’événements », qui la faisaient tressaillir ou presque pâmer d’aise. […] Ne l’oublie-t-on pas trop quand on reproche si vivement à nos romanciers contemporains qu’ils s’inspirent de l’événement du jour ou du scandale de la veille ? […] En tant que les romanciers proposaient à l’admiration de leurs lecteurs le spectacle des grands événements de l’histoire, ou, comme ils disaient alors, la peinture des « belles âmes », la tragédie, dont c’était précisément aussi l’ambition, remuait bien plus fortement et bien plus profondément les imaginations et les cœurs. […] Ils vivent, et leur vie se compose au gré des événements. […] Je n’examine point à ce propos si Montesquieu lui-même a réussi dans cette recherche des causes, ni s’il n’en a point sacrifié quelques-unes, et des plus effectives, à son goût personnel d’expliquer les événements par les plus lointaines ou les plus générales.

1213. (1890) Derniers essais de littérature et d’esthétique

Sans doute on peut dire bien des choses en faveur de la préférence donnée à un sujet éloigné des événements actuels. […] Bayliss ait à nous offrir, c’est que la Chambre des Communes devrait faire choix, chaque année, d’un événement de l’histoire nationale et contemporaine et le faire connaître aux artistes qui désigneraient l’un d’entre eux pour en faire un tableau. […] Bayliss n’a pas l’air de se douter qu’un grand événement n’est point nécessairement un sujet de peinture. […] D’ailleurs, les tableaux qui représentent des événements contemporains, mariages royaux, revues navales ou autres faits analogues, et qui se voient chaque année à l’Académie, sont toujours extrêmement mauvais, tandis que ces mêmes sujets, traités en noir et blanc dans le Graphic ou le London News, sont excellents. […] Que gagne l’Art aux événements contemporains ?

1214. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre III. Ben Jonson. » pp. 98-162

Pour la première fois nous voyons un plan suivi, combiné, une intrigue complète qui a son commencement, son milieu et sa fin, des actions partielles bien agencées, bien rattachées, un intérêt qui croît et n’est jamais suspendu, une vérité dominante que tous les événements concourent à prouver, une idée maîtresse que tous les personnages concourent à mettre en lumière, bref, un art semblable à celui que Molière et Racine vont appliquer et enseigner. […] Ils le tirent au sort ; l’un des perdants, pour se venger, annonce d’avance au public tous les événements de la pièce.

1215. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCIXe entretien. Benvenuto Cellini (1re partie) » pp. 153-232

Quand je réfléchis sur cet événement, je fus effrayé de l’idée qu’on pouvait m’accuser moi-même de ce vol, et dire que je l’avais imaginé pour m’emparer des joyaux de Sa Sainteté. […] C’est l’usage en Italie de faire des sonnets pour toutes les fêtes et tous les événements un peu marquants.

1216. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVe entretien. Ossian fils de Fingal »

Quand les cent bardes de Cormac réunis eussent chanté les événements du combat, les cent bardes de Cormac auraient eu des voix trop faibles pour transmettre à l’avenir toutes les morts célèbres. […] Appuyé sur sa lance, il adresse ce discours au vieux Carril, à ce chantre vénérable des événements passés : « Cette fête sera-t-elle pour moi seul ?

1217. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1890 » pp. 115-193

Le contre-amiral Layrle qui a fait autrefois une station de quatre ans au Japon, et qui vient d’y passer encore deux années, parlait du silence que gardaient les Japonais sur les événements politiques vis-à-vis des Européens, et il nous contait que le président du conseil et le ministre de la marine, avec lesquels il est lié, qu’il avait connus à son premier séjour très petits jeunes gens, très petits bonshommes, il ne pouvait en tirer que des monosyllabes et des exclamations sans signification, quand il les interrogeait. […] En votre Normandie, Messieurs, au fond de ces antiques armoires, qui sont la resserre du linge, et de ce qu’a de précieux le pauvre monde de chez vous, quelquefois vos pêcheurs, vos paysans, sur les panneaux intérieurs de ces armoires, d’une maladroite écriture tracée par des doigts gourds, mentionnent un naufrage, une grêle, une mort d’enfant, enfin une vingtaine de grands et de petits événements : l’histoire de toute une misérable existence.

1218. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

je vous prie, si ce travail eût été fait, des mille nuances de la vie humaine, seulement à partir d’Aristophane ou seulement à partir de Théophraste, quelle histoire plus variée à la fois et plus charmante, avec un plus grand nombre d’événements, d’enseignements, de héros, de personnages ! […] Quelle fête c’était à la voir dans ce double événement, et quelle fête c’était de l’entendre !

1219. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIe Entretien. Le 16 juillet 1857, ou œuvres et caractère de Béranger » pp. 161-252

Les groupes se forment entre inconnus pour s’entretenir à voix émue des circonstances de cet événement. […] Or, la politique étant de sa nature une chose courte, temporaire, mobile comme les événements, les systèmes, les factions qui sont les éléments de la politique, la grandeur et l’immortalité du sujet manquent souvent au poète politique.

1220. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Bossuet et la France moderne »

À peine lui apprit-on à lire et à écrire, et il demeura tellement ignorant que les choses les plus connues d’histoire, d’événements, de fortune, de conduites, de naissance, de lois, il n’en sut jamais un mot. […] Écoutez cet hymne de triomphe saluant la défaite finale de la Réforme en France ; je ne puis résister à la joie de transcrire tout le morceau, tant il est imprégné de saveur :‌ « Prenez vos plumes sacrées, vous qui composez les annales de l’Église : agiles instruments « d’un prompt écrivain et d’une main diligente » hâtez-vous de mettre Louis avec les Constantin et les Théodose… Nos pères n’avaient pas vu,‌ comme nous, une hérésie invétérée tomber tout à coup ; les troupeaux égarés revenir en foule, et nos églises trop étroites pour les recevoir ; leurs faux pasteurs les abandonner, sans même en attendre l’ordre, et heureux d’avoir à leur alléguer leur bannissement pour excuse ; tout calme dans un si grand mouvement ; l’univers étonné de voir dans un événement si nouveau la marque la plus assurée, comme le plus bel usage de l’autorité, et le mérite du prince plus reconnu et plus révéré que son autorité même.

1221. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « Remarques finales. Mécanique et mystique »

C’est ainsi que la féodalité surgit dans des pays différents, à la suite d’événements différents, dans des conditions différentes ; il n’y eut de commun que la suppression de la force qui empêchait la société de se disloquer ; la dislocation se fit alors d’elle-même. […] Elles ne manifestent pas une nécessité qui dominerait les causes particulières d’alternance et qui s’imposerait d’une manière générale aux événements humains.

1222. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — I. » pp. 134-154

Il avait de tout temps écrit ou fait rédiger les journaux et mémoires des actions principales et des événements importants de sa vie ; il chargea en définitive quatre secrétaires d’en faire un extrait considérable et un recueil à l’usage du public : Monseigneur, est-il dit dans la dédicace, Votre Grandeur ayant commandé à nous quatre, que vous connaissez assez, de revoir et considérer bien exactement certains mémoires que deux de vos anciens serviteurs et moi avons autrefois ramassés et depuis fort amplifiés, etc., etc., de toutes lesquelles choses nous nous sommes acquittés le mieux qu’il nous a été possible, etc.

1223. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — I. » pp. 41-61

[NdA] Un de mes instruits et obligeants lecteurs me fait remarquer que la princesse n’était pas luthérienne comme je l’avais dit d’abord, mais réformée, c’est-à-dire plutôt calviniste : La conversion de la maison palatine au calvinisme ou à ce qui en approche est, dans l’histoire d’Allemagne, un événement important et qui eut de graves conséquences.

1224. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — I » pp. 139-158

Il continuait de vivre ainsi de cette vie sans règle et sans excès apparent, lettré amateur, agréable à sa société, badin, d’une espièglerie spirituelle et vive, semblant avoir pris pour devise ce mot d’un poète : « Dilecto volo lascivire sodali », et, pour tout dire, le plus aimable des compagnons, lorsque arriva le grand événement qui l’arracha à la société, le plongea en d’inexprimables angoisses et l’amena graduellement, et par des épreuves douloureuses, à un état de rajeunissement et de maturité d’où sortirent des productions de génie.

1225. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — III » pp. 178-197

Pour le lire comme il faut et pour bien entendre toutes ses cordes, et aussi pour se bien rendre compte du grand succès de son poème dès qu’il parut, il convient de se rappeler les événements de ces années, la guerre d’Amérique dont l’issue humiliait l’Angleterre, les débats passionnés du Parlement, les triomphes et les crimes dans l’Inde, les premiers efforts de Wilberforce pour l’affranchissement des noirs, les dilapidations et le désordre dans les plus hauts rangs et l’inconduite du jeune prince de Galles : Cowper, en ses moments lucides et tandis qu’il composait La Tâche, voyait tout cela de loin, en gros, mais avec bien de la curiosité et de l’ardeur : « Oh !

1226. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Le président Hénault. Ses Mémoires écrits par lui-même, recueillis et mis en ordre par son arrière-neveu M. le baron de Vigan. » pp. 215-235

La lecture du théâtre de Shakespeare, qu’on traduisait alors, donna au président l’idée d’un Nouveau Théâtre français, et de pièces historiques où se retraceraient en dialogues animés les principaux événements de nos annales : c’était une idée, et le président n’en manquait pas.

1227. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres, publiées par M. de Falloux. »

Elle même, la nobledame, aguerrie à toutes les vicissitudes par le christianisme, elle se montrait calme, indulgente, ne s’exagérant en rien la portée des événements déjà si graves, rendant justice à tout ce qui lui paraissait bon et méritoire chez les adversaires ou chez ceux qu’elle eût été tentée la veille d’appeler de ce nom.

1228. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. De Pontmartin. Causeries littéraires, causeries du samedi, les semaines littéraires, etc. »

D’abord, s’il y veut bien regarder, les critiques littéraires dont il parle ne se sont pas tenus si isolés des événements publics, et on pourrait en suivre le ressentiment et quelquefois le pressentiment jusque dans leurs études, publiées chaque semaine en ce temps-là.

1229. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers. »

Mais vous ne pouvez certainement vous attendre qu’un si grand événement se passe sans critique : il conviendrait mal à mon amitié de vous flatter sur ce chapitre.

1230. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier (suite et fin.) »

Elle regardait les événements qui bouleversaient l’Europe, de son fauteuil et par la fenêtre.

1231. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance »

À quelque chose malheur est bon : les événements politiques et l’insurrection révolutionnaire le délivrèrent de sa chaîne et le rejetèrent à temps hors de cette fausse carrière.

1232. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Dominique par M. Eugène Fromentin (suite et fin.) »

Il faut s’y accoutumer avec Dominique ; sa vie ne se compose d’aucun grand événement extérieur ; elle est toute de sensations, de sentiments et d’analyse.

1233. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid(suite et fin.)  »

Le Cid français fut un grand événement dans l’histoire littéraire.

1234. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. (Les Pleurs, poésies nouvelles. — Une Raillerie de l’Amour, roman.) » pp. 91-114

Voici comment on peut se figurer l’événement, selon moi.

1235. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET. » pp. 177-201

Son talent d’observation et son génie de peintre y triomphent dans le choc violent des événements et l’originalité des caractères.

1236. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « QUELQUES VÉRITÉS SUR LA SITUATION EN LITTÉRATURE. » pp. 415-441

Ces deux événements, ces deux succès, très-sensibles parce qu’ils ont éclaté au théâtre, et dans les circonstances les plus propres à les faire ressortir, ne sont au reste qu’une indication de ce qui se passe ailleurs et à côté dans toute l’étendue d’une certaine couche sociale : en religion, politique, arts, modes et costumes, réaction sur toute la ligne.

1237. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « DU ROMAN INTIME ou MADEMOISELLE DE LIRON » pp. 22-41

Ces événements étaient déjà accomplis, lorsqu’une amie de Mme de Ferriol, Mme de Calandrini de Genève, vint à Paris, et s’y lia d’une étroite amitié avec Mlle Aïssé.

1238. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — II. » pp. 195-213

Les lettres à Sophie se ressentent aussitôt de ce grave événement intérieur ; les post-scriptum à l’insu de la mère s’allongent et se multiplient ; le petit cabinet à jour où l’on écrit ne paraît plus assez sûr et laisse en danger d’être surprise : « Point de réponse, à moins qu’elle ne soit intelligible que pour moi seule.

1239. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre III »

En 1751, d’Argenson écrivait sur son journal : « Rien ne les pique aujourd’hui des nouvelles de la cour ; ils ignorent le règne… La distance devient chaque jour plus grande de la capitale à la province… On ignore ici les événements les plus marqués qui nous ont le plus frappés à Paris… Les habitants de la campagne ne sont plus que de pauvres esclaves, des bêtes de trait attachées à un joug, qui marchent comme on les fouette, qui ne se soucient et ne s’embarrassent de rien, pourvu qu’ils mangent et dorment à leurs heures733. » Ils ne se plaignent pas, « ils ne songent pas même à se plaindre734 » ; leurs maux leur semblent une chose de nature, comme l’hiver ou la grêle.

1240. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre V. Transition vers la littérature classique — Chapitre I. La littérature sous Henri IV »

Des stances de quatre ou de six vers, ou des alexandrins continus, voilà sa forme, fluide et harmonieuse : pour la matière, c’est parfois la galanterie, toute mouillée de sentimentalité, mais surtout les événements de la vie journalière.

1241. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Paul Bourget  »

Armand de Querne, le cœur desséché par une enfance sans mère, par l’immoralité des événements au milieu desquels il a grandi et enfin par l’abus de l’analyse, a pris Hélène sans pouvoir l’aimer et sans croire à la pureté de la jeune femme.

1242. (1887) Discours et conférences « Réponse au discours de M. Louis Pasteur »

… » Sa foi ne fut nullement atteinte par l’affaiblissement des organes. « Dans les temps modernes, dit-il à la fin du morceau que je citais tout à l’heure et qui est en quelque sorte son testament philosophique, est survenu un grave événement d’évolution, qui n’est plus ni une hérésie ni une religion nouvelle.

1243. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre IV »

L’action marche, elle entraîne, comme un événement de la vie réelle ; le second acte est un chef-d’œuvre, le dénouement une inspiration.

1244. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) «  Mémoires et correspondance de Mme d’Épinay .  » pp. 187-207

Or, pour arriver à cet heureux résultat, il a suffi d’élaguer tout ce qui ne tenait pas nécessairement aux mémoires, de substituer aux deux cents premières pages, dénuées d’intérêt dans le manuscrit, une courte introduction qui mit le lecteur au fait des événements antérieurs au mariage de Mlle d’Esclavelle avec M. d’Épinay ; de supprimer entièrement un dénouement tout à fait romanesque, en le remplaçant par une simple note ; enfin d’ajouter çà et là, dans le courant du texte, quelques phrases servant à rapprocher les passages entre lesquels il avait été fait des coupures indispensables : en sorte que, nous pouvons l’affirmer, c’est bien le manuscrit copié sous les yeux de Mme d’Épinay, et apostillé de sa main, qui a été mis entre celles des imprimeurs, et qu’ils ont suivi exactement dans tout ce qui a été conservé.

1245. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame Geoffrin. » pp. 309-329

Le grand événement de la vie de Mme Geoffrin fut le voyage qu’elle fit en Pologne (1766), pour aller voir le roi Stanislas Poniatowski.

1246. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon. » pp. 270-292

Puis en avant, après les valets, venaient les courtisans de toute espèce : « Le plus grand nombre, c’est-à-dire les sots, tiraient des soupirs de leurs talons, et avec des yeux égarés et secs louaient Monseigneur, mais toujours de la même louange, c’est-à-dire de bonté… » Puis, après les sots, on a les plus fins ; on en a même quelques-uns sincèrement affligés ou frappés ; on a les politiques et les méditatifs qui réfléchissent dans des coins aux suites d’un tel événement.

1247. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Saint-Évremond et Ninon. » pp. 170-191

Votre parole est la convention la plus sûre sur laquelle on puisse se reposer… La correspondance de Ninon avec Saint-Évremond, à travers les événements divers et les guerres, ne fut pas très exacte ni très soutenue, et les quelques lettres qui se sont conservées se rapportent aux dernières années de leur vie.

1248. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire des travaux et des idées de Buffon, par M. Flourens. (Hachette. — 1850.) » pp. 347-368

Ce fut un des événements du siècle.

1249. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Monsieur de Bonald, (Article Bonald, dans Les Prophètes du passé, par M. Barbey d’Aurevilly, 1851.) » pp. 427-449

Les grands événements dont il était témoin et en partie victime dégagèrent en lui la pensée forte et un peu difficile, et ce fut aux coups redoublés de l’orage qu’il sentit qu’il avait des vérités à exprimer.

1250. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Notice historique sur M. Raynouard, par M. Walckenaer. » pp. 1-22

L’Institut, qui était en retard sur les événements publics, avait proposé pour sujet du prix de poésie (1803) ce mot de Montesquieu : « La vertu est la base des Républiques.

1251. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le Brun-Pindare. » pp. 145-167

Ce dernier événement inspira Le Brun, qui, à vingt-six ans, prit place parmi les lyriques.

1252. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame de Motteville. » pp. 168-188

. — Les cabinets des rois, dit-elle encore, sont des théâtres où se jouent continuellement des pièces qui occupent tout le monde ; il y en a qui sont simplement comiques ; il y en a aussi de tragiques dont les plus grands événements sont toujours causés par des bagatelles.

1253. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) «  Mémoires de Gourville .  » pp. 359-379

En toute occasion et à tout événement, le prince de Condé le réclame, et il le trouve déjà présent.

1254. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Michaud, de l’Académie française. » pp. 20-40

Lancé à cet âge dans le tourbillon des événements publics, on ne peut lui demander compte que de la ligne générale qu’il suivit, et non des accidents particuliers ; il eut quelques écarts de plume ou de parole : et qui donc n’en eut point dans ces temps de convulsion universelle ?

1255. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — II. (Fin.) » pp. 63-82

Les événements où la prudence humaine n’eut que la plus petite part sont des époques plutôt que des conséquences.

1256. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — I. » pp. 224-245

Lorsque son Testament politique parut en 1687, de bons juges y reconnurent le cachet du maître : Ouvrez son Testament politique, dit La Bruyère, digérez cet ouvrage : c’est la peinture de son esprit ; son âme tout entière s’y développe ; l’on y découvre le secret de sa conduite et de ses actions ; l’on y trouve la source et la vraisemblance de tant et de si grands événements qui ont paru sous son administration : l’on y voit sans peine qu’un homme qui pense si virilement et si juste a pu agir sûrement et avec succès, et que celui qui a achevé de si grandes choses, ou n’a jamais écrit, ou a dû écrire comme il a fait.

1257. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — I. » pp. 455-475

Mon cher Algarotti, je suis fait pour les tristes événements.

1258. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Ivan Tourguénef »

Fourvoyé dans l’impasse, acculé à une occasion où les événements le forcent à se résoudre, Nejdanoff se soustrait aux tortures de son âme malade par l’échappatoire suprême.

1259. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Émile Zola » pp. 70-104

De sorte que, le lecteur voyant ces créatures, de visage et de caractère nettement défini, réagir aux événements sans hésitation, sans débat, sans trouble, d’une façon constamment conséquente, identique et directe, se sent parfois en présence d’êtres trop simples pour des hommes.

1260. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VII. Mme de Gasparin »

Talent d’expression, non de composition, l’auteur des Horizons prochains est un conteur de la plus extrême simplicité ; ses Nouvelles (presque sans événements) sont plutôt des études de têtes sur fond de paysage qu’autre chose ; seulement le paysage est si exubérant et si foisonnant, et ces belles têtes pâles, mourantes ou malheureuses, y portent si bien ou le nimbe de la sainteté ou l’auréole de l’idéal, que l’effet qui résulte de tout cela va parfois, — malgré les ténuités de femme qui s’y mêlent, — jusqu’à la grandeur.

1261. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Henri Heine »

Les événements de ces folles journées, où l’on vit les élus du crétinisme portés en triomphe et la sagesse aux abois, furent si inouïs, si fabuleux, qu’ils renversèrent les choses et les idées.

1262. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Ernest Hello » pp. 207-235

Mais il l’est pourtant des hommes attentifs aux événements intellectuels et qui ont l’œil à tout… Pour eux, peut-être il devait planer un jour dans ces hautes sphères de vérité où il pénètre quelquefois, mais par percées ; car l’esprit de Hello procédait comme certains oiseaux qui percent la nue et la traversent, comme s’ils voulaient monter plus haut et percer le ciel.

1263. (1889) La littérature de Tout à l’heure pp. -383

L’habitude se contracte vite de tout juger au point de vue de l’histoire, même les événements quotidiens dont on garde une information minutieuse, mais sans y prendre un intérêt immédiat : ils sont si neufs ! […] Comme de tout ce qui vit, la loi première de l’esprit est d’agir selon sa nature : or c’est la même causale force, — la Pensée, — qui produit les événements d’une révolution et les œuvres d’une période artistique. […] Mais ces quatre poëtes — et même le premier qui, s’il se plut à jouer dans la vie un rôle, ne le fit guère qu’à la façon d’un prince, pour passer le temps, jouant la comédie — furent des étrangers dans leur siècle, des rêveurs solitaires que les événements ne touchaient pas. […] Voici ce que l’on raconte de l’horrible événement qui termina les jours de la première. […] Pour voir plus vrai, il se recule de l’objet, il laisse intervenir entre ses yeux et la nature cette justesse de l’éloignement qui symboliserait dans le domaine des formes la justice des années dans le domaine des mœurs et des événements.

1264. (1894) Critique de combat

Le général s’est trouvé situé à mi-hauteur dans la société de son temps par la condition comme par l’esprit ; bourgeois touchant à la noblesse, homme de guerre frotté de littérature, il a côtoyé bien des mondes et bien des événements. […] madame, les événements dépendent de bien d’autres causes que de notre pauvre volonté. […] Vous ai-je dit que les événements se passent quand il vous plaira ? […] Tant d’écrivains nous racontant avec une ridicule minutie les très négligeables événements psychiques qui se passent dans leur cœur ou leur esprit et qui leur semblent gros, uniquement parce qu’ils les étudient avec le microscope de l’égoïsme ! […] Son roman romanesque n’est pas ennuyeux ni mal écrit : il est lestement mené ; il peut plaire à ceux qui aiment mieux les aventures que la vraisemblance ; les événements s’y pressent ; il n’y manque pas le piment obligé de scènes discrètement décolletées ; une partie, la première, est assez neuve.

1265. (1890) Causeries littéraires (1872-1888)

Les événements les plus banals prennent dès lors une physionomie distincte. […] En effet, quel beau tapage dès qu’Émile monta sur le chariot de l’Événement ! […] L’apôtre du naturalisme commence à travailler à un roman sans savoir ni quels événements en seront la trame, ni quels personnages y prendront part, ni enfin quel sera le commencement et quelle sera la fin ; non, il lui suffit de connaître le héros du premier plan. […] Voilà les raisons invoquées, et d’autres encore du même genre, mais toujours raisons en dehors de la littérature, qui est étrangère à l’événement. […] Types de fantaisie, ils s’agitent dans un milieu fantastique, aux prises avec des nécessités impossibles, provoquant ou subissant une foule d’événements invraisemblables.

1266. (1856) Articles du Figaro (1855-1856) pp. 2-6

quels événements si vulgaires de la vie sociale, quels détails si familiers de la vie domestique n’ont leur parfum et leur charme ? […] Non seulement l’historien des Bourgeois de Molinchart, dont la vue ne pénètre pas au-delà de l’écorce extérieure des choses, reproduit dans toute leur sécheresse glaciale les événements de la vie réelle, il n’en voit encore qu’une partie et la moins digne d’attention. […] Aussi le drame antique fut-il une tragédie toute nationale ; et la comédie grecque, tirant ses principales inspirations des événements de la vie publique, ne dépassa-t-elle guère les limites de la comédie politique. […] Il faut voir, à l’émotion silencieuse et haletante de la foule, si ces événements quotidiens de la vie réelle n’ont pas mille fois plus de prise sur elle que toutes les inventions d’un idéal démesuré et arbitraire.

1267. (1888) Impressions de théâtre. Deuxième série

Mais, enfin, on peut dire, d’une façon très générale, que l’intérêt de la tragédie est surtout dans le développement des caractères et des passions (les personnages se trouvant d’ailleurs engagés dans des situations propres à exciter en eux des sentiments violents), et que l’intérêt du mélodrame est surtout dans des combinaisons extraordinaires d’événements fortuits. […] Au contraire, dans le mélodrame, un hasard astucieux gouverne les événements d’un bout à l’autre. […] Gerfaut raconte à son ami Mertens les événements de la nuit, et le mouvement de Suzanne, et comme cela l’a « empoigné », et comme ce mouvement était « curieux », et comme c’était « fait ». […] répondez-vous ; et alors vous expliquez les choses, les circonstances de l’événement, le caractère des personnes qui y ont été mêlées, jusqu’à ce que votre ami vous dise : — Ah ! […] Son poème silencieux, aux ombres glissantes, est, je pense, la seule épopée que nous ayons dans notre littérature…   … Flânant un de ces soirs sur le boulevard le long des petites boutiques d’oranges, de jouets et de poupées, l’idée m’est venue d’entrer un peu dans la grande boutique des poupées illustres, au Musée Grévin, afin d’y passer la revue de nos gloires, et de m’y remémorer les événements remarquables accomplis dans l’année.

1268. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

Qu’un fils, sans le savoir, tue son père et épouse sa mère, voilà une combinaison d’événements qui, sur un milliard de chances, n’en a pas une de se produire. […] Œdipe roi, Antigone et Œdipe à Colone forment, comme vous savez, un vaste drame en trois parties qui sont liées entre elles, moins encore par les événements que par la démonstration graduelle d’une idée morale. […] A l’origine, ce qui intéresse et émeut le plus les hommes, ce sont les combinaisons extraordinaires d’événements, les bizarreries de certaines destinées humaines ; ce sont des aventures comme celles d’Œdipe, comme celles d’Oreste, comme celles d’Iphigénie. […] L’aventure de Scarron et de sa femme est, à coup sûr, une des plus facétieuses et des plus lugubres combinaisons d’événements qui se soient vues dans le cours infini des innombrables vies humaines. […] Car, ne vous y trompez pas, c’est bien un événement du même ordre que l’on célébrait l’autre jour.

1269. (1826) Mélanges littéraires pp. 1-457

Rien ne m’a plus donné la juste mesure des événements de la vie humaine et du peu que nous sommes. […] « En racontant les travaux et les simples événements qui remplirent la vie de Rollin, nous nous sommes quelquefois reporté à une époque qui s’éloigne de nous tous les jours, et une réflexion douloureuse s’est mêlée à nos récits. […] Montrez-moi dans les révolutions des empires, dans ces temps malheureux où un peuple entier, comme un cadavre, ne donne plus aucun signe de vie ; montrez-moi, dis-je, une classe d’hommes toujours fidèle à son honneur, et qui n’ait cédé ni à la force des événements, ni à la lassitude des souffrances : je passerai condamnation sur les gens de lettres. […] « Cette réunion de tant de souvenirs, cet héritage de tant de siècles, nous force à entrer dans quelques détails sur l’histoire de l’Espagne, pour indiquer la marche que l’on a adoptée dans la description du pays. » L’auteur, après avoir décrit les différentes époques, ajoute : « Telle est l’esquisse des principaux événements qui firent passer l’Espagne sous différentes dominations.

1270. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre I. La Renaissance païenne. » pp. 239-403

Ces sortes de livres ne montrent que les dehors, l’élégance et la politesse courante, le jargon du beau monde, bref, ce qu’il faut dire devant les dames ; et néanmoins on y voit la pente de l’esprit public : dans la Clélie, le développement oratoire, l’analyse fine et suivie, la conversation abondante de gens tranquillement assis sur de beaux fauteuils ; dans l’Arcadie, l’imagination tourmentée, les sentiments excessifs, le pêle-mêle d’événements qui conviennent à des hommes à peine sortis de la vie demi-barbare. […] La Reine des fées. —  Les événements impossibles. —  Comment ils deviennent vraisemblables. —  Belphœbe et Chrysogone. —  Les peintures et les paysages féeriques et gigantesques. —  Pourquoi ils doivent être tels. —  La caverne de Mammon et les jardins d’Acrasia. —  Comment Spenser compose. —  En quoi l’art de la Renaissance est complet. […] Un sourire de sa maîtresse, une boucle que le vent soulève, un geste, sont des événements. […] Ordinairement les événements ne s’y passent nulle part ; du moins ils se passent dans le royaume où les rois se font bergers et volontiers épousent des bergères. […] Artistes et savants, tous partent, sans s’en douter, de la même idée maîtresse, c’est que la nature subsiste par elle-même, que chaque être enferme dans son sein la source de son action, que les causes des événements sont des lois innées dans les choses : idée toute-puissante d’où sortira la civilisation moderne et qui en ce moment en Angleterre et en Italie, comme autrefois en Grèce, à côté de l’art complet suscite les vraies sciences ; après Vinci et Michel Ange, l’école des anatomistes, des mathématiciens, des naturalistes, qui aboutit à Galilée ; après Spenser, Ben Jonson et Shakspeare, l’école des penseurs qui entourent Bacon et préparent Harvey.

1271. (1913) Le mouvement littéraire belge d’expression française depuis 1880 pp. 6-333

Il se trompe (l’événement l’a prouvé) lorsqu’il semble l’imputer à la race même, et, partant, la considérer comme irrémédiable. […] Là, des événements soutiennent l’action : successivement frappent à la porte l’homme avec l’eau, l’homme avec le linge, l’homme avec le cercueil ; ici, rien ne se passe : à côté de la chambre où la mère agonise, les enfants et le père échangent des propos d’une parfaite banalité et l’atmosphère si impressionnante doit infiniment moins à la forme plastique du drame qu’à la vie intérieure des personnages. […] J’admire comme, avec si peu d’événements sur la scène, il parvint à donner, presque sans accalmie, la sensation poignante d’une vie violente et totale. […] À sa conception du monde se mêle toujours quelque effroi, mais il n’envisage plus la Fatalité comme une puissance extérieure inéluctable ; le tragique vrai de la vie est le tragique quotidien, celui qu’aucun événement ne met en relief, celui que nous ne voyons et ne sentons pas, celui qui n’émane ni de nos actes, ni de nos gestes, ni de nos paroles. […] Résolu à ne point voir dans la formation de la Belgique contemporaine un simple accident, Pirenne l’explique en reliant le peuple belge aux principaux événements de l’Histoire, en le faisant participer, en tant que peuple belge, depuis les temps les plus reculés, aux grands mouvements européens.

1272. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le cardinal de Bernis. (Fin.) » pp. 44-66

Les événements de la Révolution vinrent mettre à l’épreuve sa fermeté : il vit cette opulence presque royale dont il jouissait depuis plus de vingt ans et dont il usait avec une libéralité vraiment auguste, lui échapper tout à coup, et la misère, à soixante-seize ans, lui apparaître ; il fut le même : « À soixante-seize ans révolus, disait-il, on ne doit pas craindre la misère, mais bien de ne pas remplir exactement ses devoirs. » J’ai déjà cité quelques-unes de ses nobles paroles.

1273. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Étienne de La Boétie. L’ami de Montaigne. » pp. 140-161

Pour toi, ô Montaigne, ce qui t’a uni à moi pour jamais et à tout événement, c’est la force de nature, c’est le plus aimable attrait d’amour, la vertu.

1274. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — II. Duclos historien » pp. 224-245

Rien de tout cela n’est sans doute bien essentiel à rapporter, mais ces particularités animent le chemin ; elles dessinent et fixent les événements dans l’esprit, et surtout la suppression constante et systématique qu’on en fait en toute rencontre a tous les inconvénients de la sécheresse. — Pourquoi cela ne plaît-il pas ?

1275. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — I. » pp. 342-363

C’est ici que commence, à proprement parler, le roman : chaque événement va y être détaillé, analysé dans ses moindres circonstances, et la quintessence morale s’ensuivra : « Je ne sais point philosopher, dit Marianne, et je ne m’en soucie guère, car je crois que cela n’apprend rien qu’à discourir. » En attendant et en faisant l’ignorante et la simple, elle va discourir pertinemment sur toutes choses, se regarder de côté tout en agissant et en marchant, avoir des clins d’œil sur elle-même et comme un aparté continuel, dans lequel sa finesse et, si j’ose dire, sa pédanterie couleur de rose lorgnera et décrira avec complaisance son ingénuité.

1276. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — I. » pp. 235-256

[NdA] Ce serait à croire, si les dates permettaient de le supposer, qu’en répondant ainsi à son père, Saint-Martin faisait allusion à un événement très présent en Touraine, à la situation de M. de Choiseul exilé à son château de Chanteloup à la porte d’Amboise : mais il fit cette réponse plusieurs années auparavant, et pour se rendre si bien compte des temps divers d’une carrière ministérielle, il lui suffisait des disgrâces récentes et des exils de M. de Machault, de M. d’Argenson et du cardinal de Bernis.

1277. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — II. (Fin.) » pp. 257-278

J’ai traversé en outre trois fois presque tout le royaume pendant ces temps de trouble, et la paix s’est trouvée partout où j’étais (excepté l’aventure du Champ-de-Mars de l’été de 1791, pendant laquelle j’étais à Paris) ; tout cela me fait croire que, sans oser me regarder comme un préservatif pour mon pays, il sera cependant garanti de grands maux et de désastres absolus tant que je l’habiterai ; non pas, comme je viens de le dire, que je me croie un préservatif, mais c’est parce que je crois que l’on me préserve moi-même, attendu que l’on sait combien la paix m’est chère, et combien je désire l’avancement du règne de mon Dieu… Vous croyez peut-être que la suite des événements va le détromper : pas le moins du monde.

1278. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — II » pp. 150-171

Il rabat de cette pompeuse définition de Mme Dacier, et se borne à définir la fable du poème, « le tissu ingénieux des événements et des motifs, qui conduisent à l’action que le poète s’est proposé de célébrer ».

1279. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Benjamin Constant. Son cours de politique constitutionnelle, ou collection de ses divers écrits et brochures avec une introduction et des notes, par M. Laboulaye »

Armand Carrel, dans le National du 12 décembre 1830, consacra quelques lignes à la mort de Benjamin Constant ; mais cet article où le journaliste se représente, lui et son parti, comme si pressés par les événements, qu’on n’a pas même le temps de pleurer et de célébrer ses morts, semble trop avoir pour but d’éluder un plus complet éloge.

1280. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La femme au XVIIIe siècle, par MM. Edmond et Jules de Goncourt. » pp. 2-30

Je viens de compter quelques-unes des dates politiques et des événements, de cour qui font qu’à vue d’œil un salon de 1710 n’est pas un salon de 1730, ni celui-ci un salon de 1760, ni aucun de ceux-là un salon de 1780 : mais combien d’autres révolutions qui influent sur la nature des femmes, qui l’agitent et la renouvellent !

1281. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Don Carlos et Philippe II par M. Gachard Don Carlos et Philippe II par M. Charles de Mouy »

Philippe sentit qu’il devait sans retard, et pour en bien fixer le caractère, informer de cet événement les principales autorités de son royaume et les souverains ses alliés, à l’étranger ; des lettres furent écrites en ce sens pendant les jours suivants.

1282. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier. »

Son premier voyage en Espagne, qui est de 1840, et qui fut dans sa vie d’artiste un événement, lui avait fourni des notes nouvelles d’un ton riche et âpre, bien d’accord avec tout un côté de son talent ; il y avait saisi l’occasion de retremper, de refrapper à neuf ses images et ses symboles ; il n’était plus en peine désormais de savoir à quoi appliquer toutes les couleurs de sa palette.

1283. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc (suite et fin.) »

Ses Lettres sur la Sicile, insérées dans le Moniteur à l’époque de l’expédition de Garibaldi et pendant cette expédition même, précédaient, pour ainsi dire, les événements, et elles ont montré sa sagacité comme observateur.

1284. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Essai de critique naturelle, par M. Émile Deschanel. »

Cependant des événements imprévus, des orages étaient venus modifier profondément le régime général de la société, et deux courants d’idées s’entre-choquèrent.

1285. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. »

Il l’écrit au comte de Bruhl dès le premier jour (12 novembre 1740) : « Si le grand événement qui vient d’arriver nous conduit à la guerre et que le roi (de Pologne) me juge capable de le servir, je supplie Votre Excellence de l’assurer de mon zèle et de ma fidélité ; mais, si la chose se passe paisiblement, le roi n’a pas besoin de moi, et je pourrai lui être utile ici. » Sans prétendre, dit-il, se mêler de politique et même en ayant l’air de s’en défendre, Maurice, à partir de ce moment, ne fait autre chose que d’en traiter dans toutes ses lettres, et avec supériorité.

1286. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le Général Franceschi-Delonne : Souvenirs militaires, par le général baron de Saint-Joseph. »

Avant tout, le hasard et la bizarrerie des destinées ; cette fatalité « qui préside aux événements de notre vie, qui paraît dormir dans les temps calmes, mais qui, dès que le vent s’élève, emporte l’homme à travers l’air comme une paille légère » ; les premiers succès, l’entrain du début, les heures brillantes de la vie, les espérances déjà couronnées ; puis les revers, les lenteurs, les mécomptes, les difficultés tournant à la ruine ; la prison, la souffrance, une épreuve sans terme ; une longue agonie dans l’âge de la force ; une nature d’élite écrasée, victime et martyre des persécutions ; les haines aveugles des foules, les sauvages préjugés des races ; l’horreur des guerres injustes ; toujours et partout, çà et là, quelques âmes bienfaisantes et compatissantes ; notre pauvre humanité au naturel et à nu, en bien et en mal ; une belle mort enfin, délicate et magnanime.

1287. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite et fin.) »

Chacun d’eux avait ses demi-confidents, ses agents, ses négociateurs, qui ne pouvaient se concerter sur rien et devaient se contrarier souvent ; mais ce qui est tout à fait inconcevable quand on connaît bien tout ce qu’il y avait de raison, d’instruction et de bons sentiments dans ces trois augustes personnes, c’est qu’à aucune époque de la Révolution ils n’aient demandé ni accepté un plan de conduite raisonnable, et pas même un plan de défense dans le dernier moment de péril ; ou qu’ils aient laissé ignorer à ceux dont ils recherchaient et dont ils négligeaient les avis ce qu’ils voulaient substituer à telle ou telle proposition.. » Cependant les événements de l’intérieur se précipitaient, et le 10 août éclata.

1288. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [II] »

Les événements furent foin de lui donner tort, et ils faillirent lui donner trop raison.

1289. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine »

La mort d’Elvire, une maladie mortelle de l’amant, son retour à Dieu, le sacrifice qu’il fait, durant sa  maladie, de poésies anciennes et moins graves, quoique assurément avouables devant les hommes, tels sont les événements qui précèdent l’apparition des Méditations poétiques, laquelle eut lieu dans les premiers mois de 1820.

1290. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SCRIBE (Le Verre d’eau.) » pp. 118-145

Les petites causes seules n’enfantent pas sans doute les grands événements, elles n’en amassent pas la matière ; mais elles servent souvent à y mettre le feu, comme la lumière au canon : faute de quoi le gros canon pourrait rester éternellement chargé, sans partir.

1291. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LES JOURNAUX CHEZ LES ROMAINS PAR M. JOSEPH-VICTOR LE CLERC. » pp. 442-469

Des journaux privés, il n’en manqua jamais même alors : on écrivait à la dernière page de sa Bible ses bons on mauvais jours ; le moine ou le bourgeois de Paris notaient dans l’ombre les événements monotones ou singuliers.

1292. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Madame de Krüdner et ce qu’en aurait dit Saint-Évremond. Vie de madame de Krüdner, par M. Charles Eynard »

Les événements de 1815 surtout, et le rôle qu’y prit Mme de Krüdner par son influence sur l’empereur Alexandre, sont présentés sous un jour intéressant, dans un détail positif et neuf, emprunté aux meilleures sources.

1293. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (6e partie) » pp. 129-176

Cette page, écrite dans un de ces moments d’enthousiasme plus poétique qu’historique où l’on s’élève si haut dans l’espace qu’on cesse de voir les sinistres détails d’un événement pour n’en considérer que l’ensemble (et l’homme à faible vue n’a pas le droit de s’élever ainsi jusqu’à ce point où l’on ne distingue plus que les résultats dans un désintéressement soi-disant sublime, mais en réalité coupable, du crime ou de la vertu), cette page, dis-je, est une des deux grandes fautes involontaires que j’aie à me reprocher dans ma carrière d’écrivain.

1294. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre II. Corneille »

Cette retraite est le grand événement de sa vie.

1295. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIII. Retour de Molière à Paris » pp. 225-264

Ils viennent tous en riant et en complimentant Tebaldo de l’heureuse issue qu’il a donnée à l’événement.

1296. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre III. La notion d’espace. »

Le monde, après cette dilatation, continuerait son train sans que rien vienne nous avertir d’un événement aussi considérable.

1297. (1911) La valeur de la science « Troisième partie : La valeur objective de la science — Chapitre X. La Science est-elle artificielle ? »

J’entends bien que ses prévisions sont souvent démenties par l’événement ; cela prouve que la science est imparfaite et si j’ajoute qu’elle le restera toujours, je suis certain que c’est là une prévision qui, elle du moins, ne sera jamais démentie.

1298. (1900) Poètes d’aujourd’hui et poésie de demain (Mercure de France) pp. 321-350

Un récit est une description d’événements ; une élégie une description de pensées ; une ode est une description lyrique.

1299. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XI. La littérature et la vie mondaine » pp. 273-292

Piètre victoire, qui n’empêche pas son poème entier d’être, à cause de son effort persistant pour polir son style et ses personnages, revêtu d’une teinte grisâtre qui efface et les caractères et les événements !

1300. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVIII. Formule générale et tableau d’une époque » pp. 463-482

Le triomphe du catholicisme est pour Bossuet le couronnement de l’histoire universelle, et tous les événements depuis le commencement du monde n’ont eu d’autre raison d’être que de le préparer ; il admet implicitement que tout ce qui change est par là même inférieur, et de là son grand argument contre les Églises protestantes.

1301. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « V »

Grâce aux récents événements, grâce à la fortune qu’il tient entre ses mains, M. 

1302. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVII et dernier » pp. 442-475

J’ai voulu seulement montrer, dans le plus grand événement de sa vie, le triomphe d’une des plus illustres personnes de la société polie, et de cette société elle-même dont elle fut l’ornement et la gloire.

1303. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Goethe et de Bettina, traduites de l’allemand par Sébastien Albin. (2 vol. in-8º — 1843.) » pp. 330-352

Jamais enfance d’un dieu n’a été épiée et recueillie dans ses moindres événements avec plus de curiosité pieuse.

1304. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Gil Blas, par Lesage. (Collection Lefèvre.) » pp. 353-375

On ne sait de sa vie que bien peu d’événements.

1305. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La Grande Mademoiselle. » pp. 503-525

Je ne la suivrai pas dans ses diverses compositions et rapsodies littéraires (portraits, romans de société), et j’arrive au grand événement de sa vie pour achever de la saisir.

1306. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame Necker. » pp. 240-263

Les événements du second ministère de M. 

1307. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « L’abbé Maury. Essai sur l’éloquence de la chaire. (Collection Lefèvre.) » pp. 263-286

On loua quelques parties de son discours de réception ; mais ce qui parut à tout le monde un néologisme intolérable et une énormité du plus mauvais goût, ce fut d’avoir osé dire, en résumant les principaux écrits et les événements de la vie de son prédécesseur : « Tel est, messieurs, le tableau que présente la vie de l’écrivain justement célèbre qui entre aujourd’hui dans la postérité ! 

1308. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. Anecdotes. » pp. 123-144

J’arrive aux circonstances singulières qui marquèrent sa conduite dans la Révolution, et qui achèvent de prouver qu’au moral aussi il lui a manqué quelque chose, quelques lignes de plus pour être de la taille de ceux dont le courage domina les événements et ne s’y laissent point entraîner.

1309. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — I. » pp. 414-435

La lecture de Robinson fut pour lui un événement ; lui aussi, il cherchait en imagination son île, mais bientôt ce ne fut plus une île solitaire, il s’y donnait des compagnons ; il la peuplait à son gré d’un monde choisi, dont il se faisait le législateur pacifique : car il était ambitieux, et son penchant le portait naturellement ou à s’isoler ou à se donner le beau rôle.

1310. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Voltaire et le président de Brosses, ou Une intrigue académique au XVIIIe siècle. » pp. 105-126

Et après un exposé de l’état vrai de leurs relations premières : Il faut être prophète pour savoir si un marché à vie est bon ou mauvais : ceci dépend de l’événement.

1311. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — I. » pp. 389-410

L’événement prouva que je n’avais pas mal jugé cette affaire, puisque l’Assemblée nationale, aussitôt qu’elle en fut instruite, interdit à tous ses membres d’accepter aucune fonction à la nomination du roi.

1312. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Histoire » pp. 179-240

J’ai trouvé aussi qu’en cette étude, on ne sentait pas la succession des temps, que les années ne jouaient pas en ces pages le rôle un peu lent qu’elles jouent dans les événements humains ; que les faits, quelquefois arrachés à leur chronologie et toujours groupés par tableaux, se précipitaient, sans donner à l’esprit du lecteur l’idée de ces règnes et de ces dominations de femmes.

1313. (1694) Des ouvrages de l’esprit

Ce qu’il y a eu en lui de plus éminent, c’est l’esprit, qu’il avait sublime, auquel il a été redevable de certains vers, les plus heureux qu’on ait jamais lus ailleurs, de la conduite de son théâtre, qu’il a quelquefois hasardée contre les règles des anciens, et enfin de ses dénouements ; car il ne s’est pas toujours assujetti au goût des Grecs et à leur grande simplicité ; il a aimé au contraire à charger la scène d’événements dont il est presque toujours sorti avec succès : admirable surtout par l’extrême variété et le peu de rapport qui se trouve pour le dessein entre un si grand nombre de poèmes qu’il a composés.

1314. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XII] »

Les moralités qu’on trouve dans Homère sont presque toujours indépendantes de l’action céleste ; c’est une simple réflexion que le poète fait sur l’événement qu’il raconte, ou la catastrophe qu’il décrit.

1315. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vien » pp. 74-89

J’observai qu’à la plaine des sablons, un jour de revue, que la curiosité badaude y rassemble cinquante mille hommes, le nombre des masses y seroient infinis en comparaison des grouppes ; qu’il en seroit de même à l’église, le jour de pâques ; à la promenade, une belle soirée d’été ; au spectacle, un jour de première représentation ; dans les rues, un jour de réjouissance publique ; même au bal de l’opéra, un jour de lundi gras ; et que pour faire naître des grouppes dans ces nombreuses assemblées ; il fallait supposer quelque événement subit qui les menaçât.

1316. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « X. M. Nettement » pp. 239-265

Nettement, doivent tenir pour la vérité, ce fut cet enfant gâté de la Fortune qui passa toute sa vie à se plaindre d’elle, et qui, ingrat avec ses maîtres comme il l’était avec la Gloire, ne vit jamais, dans les idées ou les événements qui créent des devoirs aux âmes élevées, rien de plus que des occasions de colorer sa pensée et d’ajouter à sa popularité.

1317. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — La rentrée dans l’ordre »

L’événement coutumier s’accomplit alors : le séminaire entreprend sur l’enfant son œuvre méthodique et savante de dès-humanisation.

1318. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVIII. Des obstacles qui avaient retardé l’éloquence parmi nous ; de sa renaissance, de sa marche et de ses progrès. »

Les esprits se trouvaient dans cette disposition, quand Louis XIV, à qui il fut enfin permis d’être roi, développa son caractère, et fit naître de grands événements.

1319. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIV. »

Seconde patrie des arts, foyer de notre Occident moderne, vous que la France de 1800 aurait dû délivrer, quels événements et quelles leçons vous avez offerts, au début de ce siècle !

1320. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Thierry, de donner cette soirée au public ; les événements politiques l’ont privé de ce plaisir, qui eût été pour lui un honneur. […] L’événement lui donne tort ; Agnès se prend tout naturellement d’amour pour Horace ; non pas seulement parce qu’il a vingt ans, mais parce qu’il a suivi le meilleur chemin pour inspirer l’amour. […] On la détachera des faits qui semblent la constituer, et qui, en réalité, n’ont aucune importance, et on l’appliquera comme une immortelle catégorie, à tous les événements de même nature et de même ordre. […] Qu’importe la mesquinerie ou la grandeur des événements ! […] Les comédiens cédèrent enfin, et l’événement fit voir qu’ils avaient eu raison de se montrer bons princes.

1321. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

Tolstoï nous expose dans sa complexité la confusion presque inextricable des sentiments, des actions, des événements et des faits. — Ainsi le réalisme accepte sans distinction les éléments que la nature lui fournit. […] Selon eux, quand l’art représente un événement contemporain, ce doit être avec une exactitude absolue, et cela en vue du bien à faire aux âmes. […] Celui qui n’approfondit pas la raison d’être des événements s’empare de la première coïncidence qui le frappe pour s’écrier : Voilà la cause ! […] Ces événements, ces catastrophes accaparent l’attention de l’art idéaliste. […] N’est-ce pas le cri de notre amour-propre national que nous entendons quand Ramballe dit avec une emphase justifiée par les événements : « un Français », quand il croit avec une fatuité naïve qu’un Français seul est capable d’accomplir une grande action ?

1322. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome I

Cependant il y avait à Rome d’anciens monuments qui attestaient la réalité de cet événement mémorable. […] Corneille a donné à ses héros cette noble galanterie qui était à la mode du temps de la Fronde : l’amour se mêlait alors à toutes les intrigues politiques, coproduisait de grands événements. […] La tragédie n’est pas faite pour les événements bourgeois et communs, et la différence est grande entre l’extraordinaire et l’absurde. […] On ne s’intéresse plus du tout à la jalousie d’Orosmane, à la philosophie d’Alzire, aux forfanteries et aux horreurs de Mahomet ; mais les grands tableaux, les situations fortes, la divine éloquence d’Horace, de Cinna, d’Héraclius, entraînent et subjuguent des spectateurs que les événements dont ils sont environnés ont accoutumés à réfléchir. […] Distinguons toujours l’intrigue complexe, source de la curiosité et de l’intérêt, d’avec le désordre et le chaos d’une intrigue embrouillée et fatigante : il y a de la différence entre une énigme à deviner, et des événements compliqués dont il faut suivre le fil.

1323. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

me dira-t-on, ce qu’il voulait, dans l’incertitude de l’événement, c’était, se ménager des amis dans le camp dont il n’était pas, pour, s’ils devenaient vainqueurs, se mettre à leur tête et sauver sa mise et son empire. […] Elle vivait donc en expectative, sentant les événements passer au-dessus d’elle sans qu’elle y pût intervenir et, du reste, son heure marquée. […] C’est un petit événement européen que la disparition de ce journal, et c’est peut-être la première fois que la disparition d’un journal est un petit événement européen ; mais les choses sont bien telles. […] prophète de malheur, — une quarantaine d’années avant l’événement. […] Après Londres. — Quand Philippe et son inséparable Laclos revinrent de Londres, les événements avaient marché.

1324. (1864) Histoire anecdotique de l’ancien théâtre en France. Tome I pp. 3-343

En souvenir de cet heureux événement et pour en conserver la mémoire, on avait institué une fête anniversaire. […] La salle de l’Odéon, bâtie par ordre de Louis XVI, d’après les plans des architectes Peyre, Lainé et Vailly, fut incendiée en 1799 et la Comédie-Française s’installa, à la suite de cet événement, au théâtre de la rue Richelieu, où elle se trouve encore aujourd’hui. […] Toutefois, disons-le, ce retentissement fut en partie dû à cette circonstance, qu’à l’époque où on représenta l’ouvrage, les princes sortaient de prison et que plusieurs scènes semblaient une allusion à cet événement. […] La partie dramatique est traitée avec suite et régularité, les événements sont naturels, bien amenés et vraisemblables.

1325. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Alexis Piron »

Voltaire, moins impartial que Grimm et moins en position de l’être, écrivait à ses amis, dans le temps même des premières représentations de la pièce et quand elle était dans sa nouveauté (février 1733) : « On joue encore Gustave Vasa, mais tous les connaisseurs m’en ont dit tant de mal que je n’ai pas eu la curiosité de le voir M. de Maupertuis dit que ce n’est pas la représentation d’un événement en vingt-quatre heures, mais de vingt-quatre événements en une heure.

1326. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Malherbe »

Nous étonnerons-nous maintenant qu’on ait pu dire d’un air de plaisanterie, mais avec sens : « La poésie française était comme une demoiselle de vingt-huit à trente ans, sans fortune ou ruinée par les événements, laquelle avait déjà manqué trois ou quatre mariages, lorsque, pour ne pas rester fille, elle se décida à faire un mariage de raison avec M. de Malherbe, un veuf qui avait déjà la cinquantaine121. » Nous venons de toucher légèrement l’histoire de ces trois mariages manqués. […] La brouillerie à l’occasion et à la suite du mariage de Gaston avec Mademoiselle de Montpensier, la prison d’Ornano, le procès de Chalais, tous ces événements qui remplissent l’année 1626 : la lettre de Malherbe porte la date d’octobre.

1327. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIIe entretien. Cicéron (2e partie) » pp. 161-256

Dieu, l’âme du monde, la providence ou la fortune (appelée ainsi parce qu’elle fait naître mille événements imprévus dont les causes existent, mais dont nous ne pouvons apercevoir de si bas ni prévoir ces causes) gouverne l’univers. […] « Enfin la raison a je ne sais quelle supériorité majestueuse qui lui donne le droit de commander et qui lui fait mépriser de haut les événements humains, toujours élevée qu’elle est au-dessus de nos faiblesses et de nos erreurs.

1328. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Louis Veuillot »

Il y a quelque chose d’extraordinaire chez l’auteur des Libres Penseurs et de Paris sous les deux sièges : c’est  étant donné sa foi qui le lie et l’emprisonne  la puissance, la souplesse et quelquefois l’audace avec laquelle il interprète tous les événements, grands et petits, selon cette foi. […] Après le coup d’État, il est contre eux, et pour l’Empire, en homme aux yeux de qui l’intervention directe de la Providence dans les événements de ce monde est une réalité vivante.

1329. (1879) À propos de « l’Assommoir »

Mais non : les événements se conjurent pour les entraîner à leur perte. […] La première de L’Assommoir s’annonçait comme un événement.

1330. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1862 » pp. 3-73

On cause de l’histoire moderne, de sa supériorité sur l’ancienne, qui ne voyait jamais ni le cadre ni le milieu des événements, et Sainte-Beuve déclare que Villemain ne sait absolument des événements que ce qu’il y a dans les livres, et que la connaissance de l’art d’un temps manquait jusqu’ici aux historiens.

1331. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre VI. Milton. » pp. 411-519

Celui qui se nourrit incessamment de démonstrations est capable de croire, de vouloir, et de persévérer dans sa croyance et dans sa volonté ; il ne tourne pas à tout événement et à toute passion, comme cet être changeant et maniable qu’on appelle un poëte ; il demeure assis dans des principes fixes. […] Rien de semblable chez lui aux habiletés, ni aux atermoiements de l’homme d’État, calculateur avisé, qui s’arrête à mi-chemin, qui tâtonne, les yeux appliqués sur les événements, qui mesure le possible et use de la logique pour la pratique. […] À ce titre, ce style et ces idées sont des monuments d’histoire ; ils concentrent, rappellent ou devancent le passé et l’avenir, et dans l’enceinte d’une seule œuvre, on découvre les événements et les sentiments de plusieurs siècles et d’une nation.

1332. (1923) Critique et conférences (Œuvres posthumes II)

Villiers de l’Isle Adam et son Axël, œuvre préférée du si regretté ami, Une Journée parlementaire, par Maurice Barrès, sont le héros et l’événement « sensationnels » ou, pour parler français, « à la mode », de cette fin de février. […] Qui n’a lu avec vertige et enchantement ce superbe chapitre des Misérables, l’année 1817, sorte de danse macabre d’événements déjà si loin et pourtant si près encore de nous, et qu’un Holbein plus génial que le vieil Holbein peignait d’une brosse si vigoureuse et de couleurs si ardentes, sur l’indestructible mur d’enceinte de son immense épopée ? […] L’exposition de 1855 ouverte en pleine guerre de Crimée, celle de 1867, étalant ses splendeurs pendant qu’on fusillait au-delà des mers ce Maximilien l’Unique que notre gouvernement d’alors avait placé sur un trône acheté par tant de vies précieuses, celle de 1878 préludant au sanglant conflit russo-turc, enfin le centenaire et l’exposition dernière éclatant au milieu de luttes d’opinion sans exemple peut-être dans notre histoire et sous la menace d’une formidable coalition étrangère plus à nos aguets que jamais, démontrent à l’évidence l’inanité des rêveurs qui prétendent encore essayer de nous présenter ces gigantesques Concours Généraux comme des panacées universelles, comme les fêtes annonciatrices et les prémisses d’une fraternité prouvée dérisoire et odieusement mensongère par les événements eux-mêmes, et quels !

1333. (1891) Lettres de Marie Bashkirtseff

Mais ces avis sont superflus, rien au monde ne saurait empêcher l’événement, un homme qui a inspiré tant de passions, dépravé tant de cœurs, brisé tant de fidélités, doit fatalement se marier. […] Voilà le grand événement. […] Mais ne vous aurais-je rien écrit que vous n’en seriez pas moins convaincu de la profonde sympathie que vous trouverez toujours chez nous et chez moi à l’occasion de tout événement heureux ou malheureux dans votre famille. […] Alors il n’y a pas moyen d’être un honnête citoyen qui s’exprime librement sur ce qu’il voit, et qui traduit ses impressions sans songer quelles lunettes il doit mettre pour envisager l’événement ?

1334. (1853) Propos de ville et propos de théâtre

Mais, aux États-Unis, un accident de ce genre n’est jamais un événement. […] Que les deux graves événements redoutés par la science s’accomplissent ou non, l’absence de l’hiver se fait visiblement sentir. […] — La souveraineté dramatique qu’elle a exercée pendant près de vingt années, ses courses victorieuses à l’étranger, où elle allait populariser les œuvres de notre théâtre national, ont laissé d’elle, partout où elle a passé, un durable souvenir, qui fera de sa mort un événement européen, une date presque historique. […] Scribe et ses écoliers, quelques fervents, toujours en quête de l’inconnu, découvrirent dans cette enfant celle qui allait être la grande muse tragique de l’époque. — Une destinée favorable ne permit point cependant que ce début prît les proportions d’un événement […] Augier en fut victime à un point de vue, l’événement lui fut profitable à un autre, car le Mariage d’Olympe avait prouvé à ceux qui en doutaient encore, qu’il pouvait parler la langue virile de la comédie sérieuse. — La Jeunesse, qu’on vient de représenter à l’Odéon, est-elle un progrès sur les dernières productions du nouvel académicien ? 

1335. (1900) Molière pp. -283

Dans Le Dépit amoureux, quand il s’agit d’exposer tous les événements autour desquels roule la pièce, le nœud de la pièce, c’est-à-dire ce qu’il y a de plus important, de tout à fait nécessaire pour la conduite de tout le reste, enfin ce qui doit être fait clairement, Frosine fait une phrase de douze vers dont elle ne peut pas sortir, phrase où sont étrangement mélangés des incidents les plus divers, les plus abstrus et les plus forcés ; le forcé du style se joint au forcé de l’action pour jeter le spectateur dans une obscurité complète. […] En 1662, au début même de sa véritable carrière dramatique, il arriva à Molière un événement qui devait jouer un grand rôle et exercer une grande influence, non seulement dans sa vie privée et particulière, mais encore dans sa vie de poète ; il prit femme, et dans les conditions les plus inattendues de sa part. […] Il faut surtout qu’il l’exerce sous l’inspiration ou le pressentiment d’événements considérables, et, autant que possible, dans un de ces moments de crise qui sont rares, en bien comme en mal, dans l’histoire des peuples, et où l’émotion universelle des cœurs se communique et se fond en une seule âme, l’âme des poètes. […] Il plane au-dessus des événements de l’une ou de l’autre, il les domine, pour avoir action d’un côté ou de l’autre, indirectement ; ce n’est que de cette façon que les grands esprits qui ont été le plus l’expression de leur monde, qui l’ont le plus devancé et l’ont le plus poussé en avant, ont agi par la poésie sur les questions politiques ou sociales ; c’est ainsi qu’il a été donné d’agir à Goethe dans son siècle, à Molière dans le sien. […] Quand nous étudions l’histoire, l’éclat des événements politiques laisse notre vue obscurcie pour tout autre objet ; ce n’est que par le rapprochement laborieux de mille anecdotes diverses, par la recherche fatigante du détail, que nous parvenons à nous faire une idée, encore trop vague, de la vie intime d’un peuple.

1336. (1893) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Cinquième série

Les sujets qu’il préfère sont les sujets d’intérêt général et public, événements historiques ou lieux communs de morale ; Au roi Henri le Grand, allant en Limousin, ou : Au roi Henri le Grand, sur le succès du voyage de Sedan. […] En effet, comme l’histoire de chacun de nous, pareillement, l’histoire des nations est pleine de moments qui ne s’objectivent point, pour ainsi parler ; d’événements qui périssent en naissant ; d’accidents qui ne laissent point après eux de traces d’eux-mêmes ; et je sais bien que ce sont ceux que les chronographes ou les annalistes se complaisent à enregistrer, mais ce sont ceux aussi dont on a dit avec raison qu’il n’y avait rien de plus méprisable qu’un fait. […] C’est ce qu’il déclare en propres termes : « Nous concevons Dieu comme un être qui sait tout, qui prévoit tout, qui gouverne tout, qui fait ce qu’il veut de ses créatures, et à qui doivent se rapporter tous les événements du monde. […] En me plaçant à ce point de vue, je vais tâcher de préciser ce que, de 1685 à 1710, trois événements considérables ont fait pour le progrès de l’incrédulité ou de l’immoralité : ce sont la révocation de l’édit de Nantes, l’affaire du quiétisme, et la persécution dirigée contre les jansénistes. […] J’ose dire toutefois qu’en politique, c’est l’événement qui juge les conceptions, et le succès seul qui condamne ou qui justifie les desseins.

1337. (1891) Impressions de théâtre. Cinquième série

Ainsi nous allons, selon les événements, de la négation à la foi ou au désir d’une foi, et inversement. […] Restait une seule ressource : exposer par des récits ce qui ne pouvait être offert aux yeux, et nous montrer l’effet de ces récits sur le personnage le plus intéressé (après Théodore) à l’événement, c’est-à-dire sur Placide. […] Vous me direz que ce n’est pas la faute d’Anna, qu’elle avait épousé Osip malgré elle, qu’elle ne lui doit rien, que ce n’est pas elle qui a fait la loi de son pays, qu’elle n’est pour rien dans les événements qui ont rendu nécessaire aux yeux d’Osip sa sublime détermination… N’importe ; il y a des sacrifices qu’une âme simplement bonne et droite l’accepte pas. […] » — Ajoutez que Séméia songe depuis longtemps à l’événement de cette nuit solennelle, qu’elle s’y prépare avec une extrême tension d’esprit, et qu’une créature toute de sentiment, comme est cette aimable fille, croit aisément à ce qu’elle attend et à ce qu’elle souhaite. — Puis, ces choses se passent la nuit, sous la lune qui transfigure les objets, qui les revêt d’une lumière pâle et vibrante, où s’adoucit la précision des contours… La lune est un astre religieux : elle éclaire le monde comme une lampe éclaire un temple, en y laissant de grandes parties d’ombres où, ne voyant rien, on peut voir ce qu’on veut. […] c’est effrayant ce que ces événements-là vous causent de dépenses, d’embêtement… » puis, se reprenant : « … et de tristesse ».

1338. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

Pourtant, cette foisonnante galerie de figures, cette vie littéraire aux multiples événements piquants et au rythme tourbillonnant, est aussi surplombée par deux figures atemporelles, que Ghil élève au-dessus de sa chronique et auxquelles il rend un hommage appuyé. […] L’essai consacré à Mallarmé dévoile alors le second enjeu des Dates et les Œuvres : entre les événements de la chronique, entre les médaillons et les hommages rendus aux aînés, Ghil dissémine tous les éléments d’une poétique qui signe l’entrée dans la modernité et qu’il laisse en héritage aux avant-gardes poétiques de ce début du XXe siècle. […] Force m’est de protester que l’événement poétique de 86 a été la parution en août du Traité du verbe, ainsi que nous le verrons : ceci dit, simplement pour que tout soit en sa place et son temps. […] Le « Charivari » (31 Mars) après avoir consulté une somnambule extra-lucide se trouvait en mesure de révéler à ses lecteurs les événements sensationnels du lendemain 1er Avril, et Draner silhouetta un très vieil Académicien couronnant un poète  lyre au dos et genou en terre : devant lui un livre, qui était Le Geste ingénu ! […] C’est l’événement du jour, un événement bien parisien. ».

1339. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — II » pp. 57-80

Si vous vous trouvez à portée de faire quelque entreprise, n’appréhendez point que je vous rende garant du succès ; je prends sur moi tous les événements, et vous donne un plein pouvoir d’attaquer les ennemis et de les combattre forts ou faibles, lorsque vous les trouverez, en cas que vous le jugiez à propos ; tout ce que j’appréhende, c’est que vous ne vous retiriez en les laissant maîtres de l’Alsace et de la Sarre.

1340. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — III » pp. 455-479

« Inutile à mon pays, englouti sous les flots révolutionnaires, assourdi par les sons discordants de mille intérêts blessés, sans amis, entouré de haine et d’humeur, je quittai un pays qui, ne vivant que de souvenirs, était blessé à la fois dans sa gloire passée et dans ses intérêts présents et à venir. » Ainsi parlait Bonstetten de cette Berne où il s’était toujours senti dépaysé, mais qui dès lors n’était plus tenable après les événements de 1798.

1341. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « De la tradition en littérature et dans quel sens il la faut entendre. Leçon d’ouverture à l’École normale » pp. 356-382

Thucydide, vous le savez, pour la composition de sa belle et sévère histoire, avait, pendant vingt ans, amassé des notes ; il avait dû écrire des espèces de mémoires ou de journaux détaillés sur tous les événements auxquels il assistait du sein de l’exil.

1342. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure »

Celui qui avait extrait le Journal de Henri III n’en avait pas pris le meilleur ; et on a le plaisir de voir jour par jour tous les événements de la Ligue.

1343. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres de Virgile »

Je sais bien un exemple où une heureuse citation de Virgile a failli, chez nous, se rattacher à un grand événement politique.

1344. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

. — Juge si je suis contente et fière aujourd’hui de penser que tu consoles notre bien-aimé père de tout ce qu’il a enduré par un grand concours d’événements désastreux.

1345. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [IV] »

Dans deux jours, je saurai si je suis définitivement condamné ; car vous pensez bien que, dans cette horrible position, il s’agit d’être ou de ne pas être (to be or not to be) et si je ne suis rien après un événement comme celui de Bautzen, quel espoir me restera-t-il ?

1346. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres mêlées de Saint-Évremond »

L’expérience de la guerre et même des intrigues civiles, le voisinage de guerriers éminents tels que M. le Prince et M. de Turenne, ouvraient des vues et donnaient des jours sur les hommes et les événements d’autrefois.

1347. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Vie de Rancé »

Ce sont là les grands événements, les conflits qui faisaient diversion à cette première simplicité du labeur.

1348. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Béranger en 1832 »

Celui des jeunes garçons offrait l’image d’un club et d’un camp : on portait le costume militaire ; à chaque événement public, on nommait des députations, on prononçait des discours, on votait des adresses ; on écrivait au citoyen Robespierre ou au citoyen Tallien.

1349. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — L'abbé de Lamennais en 1832 »

Il commença de s’appliquer au latin, mais bientôt les événements de la Révolution le privèrent de maîtres ; il était à peine capable de sixième ; son frère, un peu plus avancé que lui, le guida pendant quelques mois et le mit presque tout de suite aux Annales de Tive-Live.

1350. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE BALZAC (La Recherche de l’Absolu.) » pp. 327-357

» Ailleurs, dans Louis Lambert, non loin des brûlantes et simples lettres du jeune homme, ce sent des expressions de mnémotechnie pécuniaire, un enfant dont je partageais l’idiosyncrase ; dans les Célibataires, je trouve une raison coefficiente des événements, des phrases jetées en avant par les tuyaux capillaires du grand conciliabule femelle, etc.

1351. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SUE (Jean Cavalier). » pp. 87-117

Il en est autrement dans Jean Cavalier : la révolte des Cévennes, qui ensanglanta les premières années du dix-huitième siècle, fut sérieuse ; elle sortit du plus profond des misères et du fanatisme des populations ; elle coïncida avec les grands événements de la guerre de la Succession ; elle fit ulcère au cœur de la puissance déclinante de Louis XIV.

1352. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « UNE RUELLE POÉTIQUE SOUS LOUIS XIV » pp. 358-381

Jay a écrit, dans des Observations sur elle et sur ses œuvres : « Supérieure sous tous les rapports à Mme Des Houlières, mais ne devant peut-être cette supériorité qu’à l’influence des grands spectacles dont elle fut témoin et dont elle reçut les impressions, elle a conquis une palme immortelle… » L’originalité poétique de Mme Dufrénoy (si on lui en trouve) n’est pas dans les chants consacrés à des événements publics, mais dans la simple expression de ses sentiments tendres.

1353. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Du génie critique et de Bayle »

Sa Critique générale de l’Histoire du Calvinisme du Père Maimbourg parut cette même année 1682, et jusqu’en décembre 1706, époque de sa mort, sa carrière, à l’ombre de la statue d’Érasme, ne fut plus marquée que par des écrits, des controverses littéraires ou philosophiques ; après ses disputes de plume avec Jurieu, Le Clerc, Bernard et Jaquelot, après son petit démêlé avec le domestique chatouilleux de la reine Christine, les plus graves événements pour lui furent ses déménagements (en 1688 et en 1692), qui lui brouillaient ses livres et ses papiers.

1354. (1875) Premiers lundis. Tome III «  À propos, des. Bibliothèques populaires  »

Dargaud, étude passionnée, d’une imagination vive, mais d’un esprit honnête qui veut être impartial, décrit les événements et les hommes des guerres civiles de France, au seizième siècle.

1355. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre II. Deuxième élément, l’esprit classique. »

Parcourez les harangues de tribune et le club, les rapports, les motifs de loi, les pamphlets, tant d’écrits inspirés par des événements présents et poignants ; nulle idée de la créature humaine telle qu’on l’a sous les yeux, dans les champs et dans la rue ; on se la figure toujours comme un automate simple, dont le mécanisme est connu.

1356. (1892) Boileau « Chapitre IV. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » » pp. 89-120

De là ce parti pris en faveur de la mythologie païenne, qui lui faisait ridiculement évoquer des divinités d’opéra dans le récit d’un événement tel que le passage du Rhin par une armée française.

1357. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre II. Littérature dramatique — Chapitre II. Le théâtre du quinzième siècle (1450-1550) »

Parmi tous les mystères indépendants où un événement particulier, une destinée individuelle sont exposés, trois compositions d’un caractère plus général se détachent : le Mystère du Vieil Testament, qui, en près de 50 000 vers, nous mène du Paradis terrestre jusqu’au temps d’Auguste ; le Mystère de la Passion, qui, en près de 35 000 vers dans l’œuvre de Gréban. embrasse tous les récits des Évangiles, et le Mystère des Actes des Apôtres, qui, en plus de 60 000 vers, expose la diffusion de la religion nouvelle et le martyre des premiers serviteurs du Christ.

1358. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. Le théâtre romantique »

Lemercier dans Pinto (1800) avait indiqué une façon assez originale de traiter en comédie les grands événements historiques, en montrant l’envers, les dessous, et comme les coulisses de la politique.

1359. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Francisque Sarcey »

Les mots importants, significatifs, doivent se détacher, être comme « lancés », non seulement par l’acteur, mais d’abord par l’écrivain, de façon à passer la rampe. « Il y a un style de théâtre comme il y a un style d’oraison funèbre, un style de traité de philosophie, un style de journal. » Souvent la situation initiale suppose des événements antérieurs qui ont quelque chose d’extraordinaire et d’invraisemblable.

1360. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre neuvième »

Le Mondain est sa véritable ode ; il y est plus lyrique que dans ses odes sur certains événements publics, où l’émotion n’est pas moins factice que la poésie.

1361. (1890) L’avenir de la science « XVIII »

La mort d’un Français est un événement dans le monde moral ; celle d’un Cosaque n’est guère qu’un fait physiologique : une machine fonctionnait qui ne fonctionne plus.

1362. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIII. La littérature et la morale » pp. 314-335

D’abord, par cela seul qu’elles déroulent une suite logique d’événements, un engrenage serré de causes et d’effets, elles donnent souvent de lumineuses leçons de choses ; elles montrent comment telle conduite engendre telle conséquence, et cela vaut un prêche.

1363. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. John Stuart Mill — Chapitre II : La Psychologie. »

Toutes ces uniformités, qui sont de simples résultats de causation, seraient alors mises à nu et expliquées, et chaque événement individuel pourrait être prévu, pourvu que nous eussions les données nécessaires.

1364. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XIV, l’Orestie. — Agamemnon. »

Partout ailleurs le prophète prédit des événements à long terme, redoutables seulement pour ceux qui l’écoutent ; il est exempt de leur menace, hors de leur atteinte.

1365. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre Premier »

Augier, c’est l’unité, l’ensemble, l’ordonnance, et cette liaison intime des événements sans laquelle une action s’éparpille en épisodes et en hors-d’œuvre.

1366. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Études sur Saint-Just, par M. Édouard Fleury. (2 vol. — Didier, 1851.) » pp. 334-358

À cette date, et avant que ses instincts cruels aient été mis directement aux prises avec les événements et avec les tentations ambitieuses, Saint-Just est encore imbu des doctrines philanthropiques du xviiie  siècle en matière pénale : c’est un élève de Beccaria.

1367. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préface des « Derniers Jours d’un condamné » (1832) »

Et pour que le plaidoyer soit aussi vaste que la cause, il a dû, et c’est pour cela que le Dernier Jour d’un Condamné est ainsi fait, élaguer de toutes parts dans son sujet le contingent, l’accident, le particulier, le spécial, le relatif, le modifiable, l’épisode, l’anecdote, l’événement, le nom propre, et se borner (si c’est là se borner) à plaider la cause d’un condamné quelconque, exécuté un jour quelconque, pour un crime quelconque.

1368. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre III. L’histoire réelle — Chacun remis à sa place »

Pythagore sera un plus grand événement que Sésostris.

1369. (1856) Les lettres et l’homme de lettres au XIXe siècle pp. -30

Pas un événement qui ne lui donne sa secousse : il semble qu’un fil électrique, vaste ceinture du globe, joint non seulement les lieux, mais les âmes ; et que, comme un corps organisé, le genre humain se sent tout entier dans chacune de ses parties.

1370. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre V. La parole intérieure et la pensée. — Premier problème : leurs positions respectives dans la durée. »

Ecartons, en terminant, une équivoque possible sur le mot intervalle ; nous entendons par là l’intervalle entre le commencement du mot et le commencement de l’idée ; nous ne pensons pas que la conscience soit vide de tout événement entre la disparition du mot et l’apparition de l’idée ; s’il en était ainsi, on comprendrait mal la correspondance habituelle des deux faits.

1371. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre II. Le fond et la forme dans la littérature indigène. »

A citer encore : Le mutisme tenacement observé au milieu de provocations insultantes ou en présence d’événements de nature à faire rompre le silence ; cf.

1372. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre IX. Eugénie de Guérin »

Elle quittait parfois sa terrasse et sa tourelle du Cayla, et s’enfermait une huitaine à ce Rayssac, par exemple, qu’elle nous a peint en trois coups, à la manière noire de son frère : « Rayssac, montagnes aux croupes de chameau, au front hérissé de forêts et de rochers, nature agreste et sauvage » Elle avait même ailleurs que dans son voisinage des amies épistolaires, qui devinrent plus tard des amies complètes, et c’est ici que nous touchons au grand événement et au seul bonheur, très vif, de cette existence que Dieu s’était, à ce qu’il semblait, particulièrement réservée : nous voulons dire au voyage à Paris de la bergère du Cayla et au mariage de son frère.

1373. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vi »

Ils viennent d’affirmer devant nous, tout en se battant, leur internationalisme et leur pacifisme ; mais tout de même les événements sont de grands maîtres, et, pour échapper au joug intolérable du kaiser, ces révolutionnaires soldats ont dû consentir de sérieuses retouches à leur conception de la vie.

1374. (1868) Curiosités esthétiques « IV. Exposition universelle 1855 — Beaux-arts » pp. 211-244

Tout y est tumultueux et tranquille, comme la suite d’un grand événement.

1375. (1899) Le roman populaire pp. 77-112

Tout récemment, un jeune écrivain, parlant déjà de l’école naturaliste au passé défini, comme d’un événement des siècles disparus, disait : « Ce fut le défaut des réalistes de goûter une volupté à surprendre les hommes en flagrant délit d’ignominie2. » Ce jeune avait peut-être tort d’employer un passé d’un recul si profond, mais il avait raison en signalant ce défaut littéraire qui n’est autre chose — il n’est pas inutile de le remarquer — qu’un défaut de sympathie véritable pour l’objet qu’on dépeint.

1376. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre III. La complication des sociétés »

Par là s’expliquent les avantages démocratiques de tout événement ou institution qui enchevêtre les différents ordres de la société.

1377. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre VI. De la politique poétique » pp. 186-220

Jamais il n’y eut au monde une nation d’athées, de fatalistes, ni d’hommes qui rapportassent tous les événements au hasard.

1378. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre premier. »

Nul des habitants de la terre n’a encore reçu des dieux un gage assuré de l’événement futur ; mais, sur l’avenir, les âmes ont été frappées d’aveuglement.

1379. (1894) Études littéraires : seizième siècle

C’est-à-dire qu’il créera des êtres et des événements : êtres qui sans doute ne feront souvent que traduire ses propres sentiments et pensées, et qui souvent ne seront que, projetés au dehors, les différents êtres que chacun de nous porte en soi ; événements qui sans doute ne seront souvent que les rêves caressés et poursuivis par l’auteur, et, réalisées par son imagination, les démarches de sa vie intérieure ; êtres et événements détachés de lui cependant, ayant acquis une apparence de vie propre, tableaux où l’auteur se retrouve, non portrait où il se peint ou glace où il se mire, choses enfin aussi impersonnelles que les choses littéraires le peuvent être. — L’humanisme partout où il s’établit fonde une littérature aussi impersonnelle qu’il est possible qu’une littérature le soit. […] Or, comme homme d’État et comme historien, il a vu, sinon le hasard gouverner le monde, du moins au-delà des conseils bien suivis et des plans bien conçus, quelquefois même contre eux, une force inexplicable régir les événements, décider des succès et des revers, changer brusquement la face des choses qu’on croyait le mieux connaître et sur lesquelles on s’avançait comme sur terrain ferme. […] Il aime mieux voir dans les événements imprévus les décisions d’une raison supérieure que notre raison ne connaît pas: « Il avait été dit que… Toutefois tout le contraire se fit… Et en cela montra Dieu que les batailles sont en sa main et dispose de la victoire à son plaisir… [Il faut] reconnaître que c’est un des accomplissements des œuvres que Dieu a commandées aucunes fois par petites movettes et occasions, donnant la victoire aucunes fois à un, aucunes fois à l’autre ; et est ce mystère si grand que les royaumes et grands seigneurs en prennent aucunes fois fin et désolation et les autres accroissement et commencements de règnes. » Ces occasions et petites movettes, ces légères impulsions insensibles qui font pencher d’un côté ou d’un autre le fléau de la balance, qu’on ne saurait prévoir, qu’on voit à peine, irrésistibles cependant, pour beaucoup c’est la part du hasard, pour Commynes c’est la part de Dieu. […] Il se borne à avoir, ce que les anciens enseignent très bien, un bon sens ferme, une raison pratique droite, et le mépris des événements qui ne dépendent pas de nous, sorte d’ataraxie allègre, qui est faite de beaucoup de réflexions sur un fond non altéré de bonne humeur. […] Calvin s’en alla à Strasbourg, s’y établit dans le personnage de pasteur et de professeur, et attendit les événements.

1380. (1890) La vie littéraire. Deuxième série pp. -366

L’histoire est la représentation écrite des événements passés. Mais qu’est-ce qu’un événement ? […] Du moins, cette vérité qu’on poursuit en vain quand il s’agit d’établir un événement ancien, pourra-t-on l’atteindre si l’on se borne à constater un fait contemporain ? […] Réfléchissant alors à la difficulté de connaître la vérité sur des événements lointains, quand il avait pu se méprendre sur ce qui se passait sous ses yeux, il jeta au feu le manuscrit de son histoire. […] Bourdeau veut que l’histoire, exclusivement consacrée jusqu’ici aux personnages illustres et aux événements extraordinaires, s’attache désormais aux actes journaliers de la vie des peuples.

1381. (1949) La vie littéraire. Cinquième série

Le vieux Jacob est vindicatif ; il attend le châtiment de ses persécuteurs et rapporte à lui seul tous les événements qui se produisent en ce monde. […] La représentation écrite des événements passés. Mais qu’est-ce qu’un événement ? […] Zola inaugura la publication de ses romans cycliques, et l’événement a prouvé qu’alors les longs espoirs et les vastes pensées lui étaient permis, puisque enfin le cycle est aujourd’hui presque achevé, non sans quelques disparates, à la vérité. […] En résumé, ces niaiseries apocalyptiques se rattachaient çà et là aux événements politiques.

1382. (1896) Les idées en marche pp. 1-385

Le penseur verra et traduira surtout de la vie le réseau qui enserre les événements et leurs lois. […] Tel est le problème que quelques-uns considèrent comme résolu par les événements, d’autant plus trouble pour ceux qui savent la part de la mode. […] Ces personnages virent, sur un court espace de temps, les idées devenir des actes, les théories se faire événements et les prédictions les plus invraisemblables s’accomplir. […] Quand les événements quotidiens s’entendent pour nous attrister, nous contracter, nous énerver, lui ne s’ingénie qu’à nous distraire. […] Elle tient aussi à un caractère, à une vision voulue des êtres et des choses assez analogue à celle d’un homme d’État retiré des affaires, désireux de projeter des rayons clairs sur la surface moutonneuse des événements.

1383. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

Elle a une notion vive et douloureuse de ces événements, déjà lointains, qui, pour les potaches d’à présent, sont lettre morte, matière d’examen, comme la bataille d’Azincourt ou les traités de Westphalie. […] Sa naissance avait été la dernière joie de Dumas, qui, aussitôt, avait pris sa plume pour annoncer l’heureux événement à son ami le général Brune. […] L’auteur insère dans un cadre vrai des événements fictifs. […] À travers le cours des événements et la diversité des fortunes, cette nation demeure inflexiblement attachée au même programme et à la même foi. […] Alfred et Maurice Croiset, n’a pas été un « événement parisien ».

1384. (1857) Réalisme, numéros 3-6 pp. 33-88

Depuis j’ai rencontré des hommes forts comme du bronze (steady bronze-men), et qui cependant jouissent de la vie comme si tous leurs pores étaient une langue ou un palais et que tous les événements, toutes les choses qu’ils voient fussent des aliments pleins de saveur. […] Balzac est un enthousiaste, un exagérateur ; le moindre fait, le moindre bonhomme, lui font entrevoir des événements formidables, un homme plus grand que nature. […] C’est parce qu’on sent très bien que le soleil brille, qu’il fait beau, parce qu’on espère, parce qu’un événement agréable est arrivé, qu’on se trouve dans cet état de poésie, et si on voulait exprimer ce qu’on sent à ce moment-là, on n’exprimerait rien de vague, puisqu’on en exprimerait ces causes, qui sont bien réelles. […] Je puis assurer que celles dont je vais parler ont vraiment existé et que leur histoire est vraie dans ses principaux événements, ils m’ont été certifiés par plusieurs habitants que j’ai connus à l’Île de France. […] Mais si nous laissons décider par un événement fortuit ce qu’implique la seule idée de notre propre être, nous devenons nous-mêmes les vains jouet ; du hasard, et notre personnalité aboutit au néant.

1385. (1892) Les idées morales du temps présent (3e éd.)

Mais le bonheur ou le malheur ne dépendent pas des événements extérieurs : nous les portons en nous-mêmes (voir le quatrième livre du Monde comme volonté. […] Ces trois bommes ne se connaissaient pas, il est probable qu’aucun d’eux n’avait encore, comme dit le plus grand des trois, le sentiment de ses futuritions ; mais les tragiques spectacles qui se déroulaient autour d’eux déposaient dans leurs esprits les germes d’où devaient sortir bientôt l’Essai sur les Révolutions, les Considérations sur la France, la Théorie du pouvoir politique et du pouvoir religieux  C’est ainsi que les grands événements, dans l’électricité de leurs orages, déterminent des carrières d’écrivains ou en changent la direction : sans la Révolution pour les menacer, les chasser, les exaspérer, de Maistre et de Bonald n’auraient peut-être jamais soupçonné la force qui sommeillait en eux ; quant à Chateaubriand, qui portait dans sa giberne de volontaire l’énorme manuscrit des Natchez, qui sait s’il n’eut pas été un simple romancier, une sorte de Walter Scott français ? […] Cette histoire-là, peu d’hommes savent la comprendre : elle échappe parce qu’elle est trop près ; pour la plupart, les événements contemporains ne sont qu’une bataille d’intérêts, sans signification haute, où l’on ne peut entrer sans laisser quelque chose de son caractère et de sa dignité, sur laquelle même il est plus sage de fermer les yeux. […] L’histoire du monde l’a convaincu de l’importance des événements humains, le préservant ainsi de ce nihilisme intellectuel et moral ou tant d’hommes de sa génération se sont laissé entraîner. […] Or il existe une parfaite harmonie entre les aspirations des écrivains que nous avons appelées positifs et celles du monde contemporain : car les événements de ces dernières années sont presqu’autant de symptômes d’une réaction très générale.

1386. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIVe entretien. Alfred de Vigny (1re partie) » pp. 225-319

Un événement étrange effrayait le peuple autant que l’horrible spectacle. […] Le deuxième acte est simple et naïf, d’un effet immense et cependant sans événement.

1387. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIe entretien. L’homme de lettres »

XIII Peu de mois avant ces derniers événements, Aimé Martin était mort d’une lente maladie qui ne nous donnait que des inquiétudes, mais point d’alarmes. […] « Mon fils, Dieu donne à la vertu tous les événements de la vie à supporter, pour faire voir qu’elle seule peut en faire usage, et y trouver du bonheur et de la gloire.

1388. (1856) Cours familier de littérature. II « Xe entretien » pp. 217-327

Je fus chargé de l’initier aux événements de la révolution de Naples et de Piémont qu’il allait avoir à manier. […] « Je me connais en hommes ; j’ai quatre-vingts ans, je vois plus loin que ma vue ; vous aurez un grand rôle dans les événements qui succéderont à ceci.

1389. (1899) Arabesques pp. 1-223

Voici la vérité : en 1893, à la suite d’une crise morale et d’événements inutiles à rapporter ici, je fis mon examen de conscience ; je m’aperçus que je déviais de plus en plus de la bonne voie et que j’égarais mon art dans des régions où je ne souhaite à personne de se perdre. […] Puis il y eut les drames dans lesquels des fantômes maniaques s’épouvantent parce que la fenêtre est ouverte, ouverte, ouverte, parce que sept femmes et douze brebis dorment dans la prairie, parce qu’on a perdu la clef de la tour du Nord ou à cause de tout autre événement d’une importance aussi capitale. […] Tu me fus un accès de fièvre, et le plus grand événement de ma vie a été ma guérison. […] « Si nous osions, disait-il, créer une architecture d’après notre âme, ce serait le labyrinthe qui devrait nous servir de modèle. » Et il définissait le philosophe : « Un homme qui éprouve, voit, entend, soupçonne, espère et rêve constamment des choses extraordinaires, qui est frappé par ses propres pensées comme si elles venaient du dehors, d’en haut, d’en bas, des événements et des éclairs… Un être qui, souvent, a peur de lui-même, s’enfuit hors de lui-même, mais qui est trop curieux pour ne pas toujours en revenir à lui-même. » C’était son portrait qu’il donnait là.

1390. (1902) Le critique mort jeune

Mais que sont ces désordres, que sont ces signes de santé, sinon les humbles événements de notre existence, de la mienne, de l’existence des hommes et des femmes que vous connaissez, que vous coudoyez ?  […] Pierre Lasserre, d’Homère à Racine, d’Anacréon au chevalier Bertin, c’est que Julie fasse, de ce qui lui est advenu sous les charmilles et que Corrège eût peint divinement, un événement théologique dont elle disserte du plus haut de sa tête. […] C’est pourquoi les romantiques, les purs, les vrais, ceux de toujours, ont tous, tôt ou tard, salué la Révolution comme un événement inouï et surnaturel, comme une véritable Révélation. […] On connaît leur grande entreprise d’enfermer dans une fiction romanesque toute l’histoire des événements de 1870.

1391. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 5482-9849

On apprend aussi par cet événement, que les peuples de l’Occident ont toujours été meilleurs marins que les peuples asiatiques. […] La monarchie d’Espagne n’a qu’un événement sous les rois Visigoths ; & cet événement est celui de sa destruction. […] Les médailles ne sont des témoignages irréprochables que lorsque l’événement est attesté par des auteurs contemporains ; alors ces preuves se soutenant l’une par l’autre, constatent la vérité.

1392. (1895) Hommes et livres

Ces ouvrages, qui ne sont souvent que des éditions et des compilations, plus souvent aussi rédigés en latin qu’en français, ne sont peut-être pas des monuments littéraires ; ce sont du moins des événements littéraires, à la date où ils apparurent. […] Dieu n’est qu’un nom commode pour désigner la dissociation du fait et du droit, l’écart entre le rationnel et le réel dans les événements humains. […] Il n’y a que l’identité de nom qui relie les divers événements de cette vie : je ne sens nulle part toute l’âme du personnage, une âme individuelle et complexe, engagée dans l’action. […] Combien rarement sent-on dans cette série d’événements la réaction du caractère intime ? […] Ces attitudes pittoresques par où les personnages expriment l’agitation de leur âme, si elles ne doivent pas naître d’une combinaison surprenante d’événements, quelle en sera la cause ?

1393. (1898) La cité antique

L’événement n’était pas très anicien ; il avait eu lieu au temps d’Épaminondas. […] Elle ne rapportait aussi que les événements dans lesquels la cité s’était trouvée engagée, et elle ne s’occupait pas du reste de la terre. […] Dans ces livres sacrés chaque page était contemporaine de l’événement qu’elle racontait. […] Car on croyait que tout événement venait des dieux, qu’il révélait leur volonté, qu’il donnait lieu pour les générations suivantes à des souvenirs pieux et même à des actes sacrés ; tout événement qui se produisait dans la cité faisait aussitôt partie de la religion de l’avenir. […] Ces erreurs mêmes, ayant encore l’avantage d’être contemporaines des vieux âges qu’il étudie, peuvent lui révéler, sinon le détail des événements, du moins les croyances sincères des hommes.

1394. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Première série

Sully-Prudhomme par les événements de 1870-71 ; car l’impression qu’il en a reçue a avancé, on peut le croire, la composition de ses poèmes philosophiques et s’y fait sentir en maint endroit. […] La rédaction d’un code, d’une législation, on discuterait ça publiquement, les journaux en parleraient, ça serait un événement. Eh bien, la rédaction définitive du Pentateuque, ç’a pas été un événement du tout ! […] Cet homme a passé vingt ans de sa vie à étudier l’événement le plus considérable et le plus mystérieux de l’histoire.

1395. (1904) En lisant Nietzsche pp. 1-362

N’importe ; l’événement inattendu me jeta une lumière soudaine sur l’endroit que je venais de quitter et me donna aussi ce frisson de terreur que l’on ressent après avoir couru inconsciemment un immense danger. […] Peu de temps après je fus malade, plus que malade, fatigué par la continuelle désillusion au milieu de tout ce qui nous enthousiasmait encore, nous autres, hommes modernes… fatigué par dégoût de tout ce qu’il y a de féminisme et d’exaltation désordonnée dans ce romantisme, de toute cette menterie idéaliste et de cet amollissement de la conscience qui de nouveau l’avait emporté, là, sur un des plus braves ; fatigué enfin, et ce ne fut pas ma moindre fatigue, par la tristesse d’un impitoyable soupçon : je pressentais qu’après cette désillusion, j’allais être condamné à me défier plus encore, à mépriser plus profondément, à être plus absolument seul que jamais… Je pris alors, et non sans colère, parti contre 3 moi-même et pour 4 tout ce qui justement me faisait mal et m’était pénible… Cet événement de ma vie — l’histoire d’une maladie et d’une guérison ; car cela finit par une guérison — n’a-t-il été qu’un événement à moi personnel ? […] Toute notre poésie, du plus haut au plus bas, est marquée et plus que marquée par l’importance diffuse que l’on donne à l’amour, présenté toujours comme événement principal. […] « Nous nous apercevons, un jour, en traversant une place publique, que quelqu’un se moque de nous… Selon l’espèce d’homme que nous sommes, ce sera un événement très différent. […] Les événements de notre vie sont bien plus ce que nous y mettons que ce qu’ils contiennent.

1396. (1895) La comédie littéraire. Notes et impressions de littérature pp. 3-379

Tous mes confrères considéraient d’un œil morne ce fâcheux événement, et dans les couloirs, ils se confessaient leurs embarras. « — Comment allons-nous faire ? […] Vous devinez l’influence de ces événements sur une âme romanesque. […] Et c’est tout… Et de cette historiette enfantine le romancier tire trois cents pages infiniment captivantes, il accomplit ce miracle de nous intéresser, sans coup de théâtre, sans événements extraordinaires, par le seul développement de son récit. […] Il n’arrive peut-être pas d’événements inutiles… N’y a-t-il pas, en ces paroles, comme une exquise fleur de philosophie ? […] Zola ne contemple pas les événements avec la froide raison de l’historien, qui plane dans les nuages et juge de loin les fautes humaines.

1397. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre IV. Shakspeare. » pp. 164-280

Que de misères dans ces minces événements de la vie courante ! […] Les événements intéressent ou touchent sans faire souffrir. […] Point d’événements ni d’intrigue.

1398. (1856) Le réalisme : discussions esthétiques pp. 3-105

Quels événements si vulgaires de la vie sociale, quels détails si familiers de la vie domestique, n’ont leur parfum et leur charme ? […] Non seulement l’historien des Bourgeois de Molinchart, dont la vue ne pénètre pas au-delà de l’écorce extérieure des choses, reproduit dans toute leur sécheresse glaciale les événements de la rie réelle, il n’en voit encore qu’une partie et la moins digne d’attention. […] Tout cela, sous les auspices du grand nom de Lélia, a certainement bien les proportions d’un événement, et au théâtre, les applaudissements du public l’ont assez prouvé.

1399. (1869) Philosophie de l’art en Grèce par H. Taine, leçons professées à l’école des beaux-arts

Elle est fixe ; nul être, homme ou Dieu, ne peut se soustraire aux événements compris dans son lot ; au fond, c’est là une vérité abstraite ; si les Moires d’Homère sont déesses, ce n’est guère que par fiction ; sous le mot poétique, comme sous une eau transparente, on voit apparaître l’enchaînement indissoluble des faits et les démarcations indestructibles des choses. […] Délicatesse de la perception, aptitude à saisir les rapports fins, sens des nuances, voilà ce qui lui permet de construire des ensembles de formes, de sons, de couleurs, d’événements, bref, d’éléments et de détails si bien reliés entre eux par des attaches intimes, que leur organisation fasse une chose vivante et surpasse dans le monde imaginaire l’harmonie profonde du monde réel. […] La pièce roule sur une légende héroïque qu’on leur a répétée dès leur enfance ; ils savent d’avance les événements et le dénomment.

1400. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite et fin.) »

Les événements de 1843 dérangèrent fort la vie et, un moment, la carrière d’Horace Vernet.

1401. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. (Suite et fin.) »

Il y a dans le cours des choses humaines, et des choses littéraires en particulier, de véritables instants décisifs, des crises : un bon conseil bien donné, bien frappé à ce moment, un coup de main de l’esprit fait merveille et peut faire événement.

1402. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Mémoires »

L’événement d’hier est déjà de la chronique, de la poésie ou de l’histoire ; l’œuvre de demain s’anticipe impatiemment, et la curiosité la dévore.

1403. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Diderot »

Ce petit événement décida son père à l’amener à Paris, où il le plaça au collège d’Harcourt.

1404. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la loi sur la presse »

Je sais très-bien moi-même tout ce qui s’est passé depuis ; je sais surtout que les événements de 1848 ont été pour beaucoup d’esprits un coup de tonnerre qui les a fait se retourner et rebrousser chemin.

1405. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre III »

Jusqu’à la fin du règne, la désaffection va croissant. « En 1744, dit le libraire Hardy, pendant la maladie du roi à Metz, des particuliers font dire et payent à la sacristie de Notre-Dame six mille messes pour sa guérison ; en 1757, après l’attentat de Damiens, le nombre des messes demandées n’est plus que de six cents ; en 1774, pendant la maladie dont il meurt, ce nombre tombe à trois. » — Discrédit complet du gouvernement, succès immense de Rousseau, de ces deux événements simultanés on peut dater la conversion du Tiers à la philosophie579  Au commencement du règne de Louis XVI, un voyageur qui rentrait après quelques années d’absence, et à qui l’on demandait quel changement il remarquait dans la nation, répondit : « Rien autre chose, sinon que ce qui se disait dans les salons se répète dans les rues 580 »  Et ce qu’on répète dans les rues, c’est la doctrine de Rousseau, le Discours sur l’inégalité, le Contrat social amplifié, vulgarisé et répété par les disciples sur tous les tons et sous toutes les formes.

1406. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIVe entretien. Mélanges »

Je le revis très-rarement avant les événements de 1848.

1407. (1892) Boileau « Chapitre V. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » (Fin) » pp. 121-155

On sait que l’événement lui a donné tort, et que le xviiie  siècle a créé deux formes dramatiques, pour lesquelles le xixe a délaissé la tragédie et réduit la pure comédie à la farce ; l’une, le drame bourgeois, qui emprunte ses personnages à la comédie et son action à la tragédie ; l’autre, la comédie larmoyante, ou mixte, la pièce, comme on dit assez vaguement de nos jours, qui associe et fond dans des proportions diverses les impressions tragiques et comiques, le rire et les larmes.

1408. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre IV. Chateaubriand »

Rentré en France, il se laissa marier avec une fille riche, qui fut plus tard une bonne et courageuse femme, toute dévouée au grand homme sans illusion et sans effacement : mais d’abord les événements les séparèrent.

1409. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mendès, Catulle (1841-1909) »

En ajoutant comme je le faisais : « Il y a d’ailleurs tout à attendre du cerveau extraordinaire qui enfanta tant de merveilles », je savais ce que je disais, et, à la fois, je ne croyais pas si bien dire ; n’ayant pas lieu de supposer qu’à quelques semaines de là l’événement donnerait raison — avec quel retentissement !

1410. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre cinquième »

L’histoire politique ne doit omettre que ceux qui ont subi les événements sans les comprendre, et qui ont ignoré et leur temps et eux-mêmes ; l’histoire de la littérature n’est fermée qu’aux écrivains qui n’ont fait que suivre, et qui ont porté la livrée soit d’un homme supérieur, soit de quelque mode littéraire aussi passagère qu’une mode d’habits.

1411. (1890) L’avenir de la science « VIII » p. 200

Mais ils étaient plus critiques ; ils jouissaient du bénéfice du temps et des connaissances acquises ; ils profitaient des heureuses circonstances amenées par les événements.

1412. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre deuxième. Le génie, comme puissance de sociabilité et création d’un nouveau milieu social »

Taine a écrit d’admirables études d’ensemble sur l’art en Grèce, en Italie, aux Pays-Bas ; mais vouloir connaître le génie propre et personnel de tel sculpteur ou de tel peintre d’après ces études de milieux extérieurs, c’est comme, si on voulait déterminer l’âge d’un individu d’après la moyenne d’une statistique, pu les principaux événements d’une vie par l’histoire d’un siècle.

1413. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre III. Des Livres nécessaires pour l’étude de l’Histoire sacrée & ecclésiastique. » pp. 32-86

Ce qui distingue encore les annales des Juifs de celles des autres Nations, c’est qu’elles sont vraies dans tous les points & qu’il n’est pas permis d’en révoquer en doute un seul événement.

1414. (1913) La Fontaine « II. Son caractère. »

Le voilà peint tout entier, du moins pour ce côté d’inconstance légère, d’inconstance aimable, de la nécessité où il était de varier ses plaisirs intellectuels et de varier les aspects de sa sensibilité, de jouir précisément de tous les aspects divers d’une sensibilité, du reste infiniment délicate et infiniment ployable à tous les événements et à toutes les impressions.

1415. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Sainte-Beuve » pp. 43-79

Dans sa critique, sans principe d’ailleurs, sans métaphysique, sans absolu, toute de goût et de sensation comme celle de Villemain, Sainte-Beuve, il faut le reconnaître, est encore supérieur à Villemain, qui ne fut jamais qu’un humaniste plus ou moins vernissé par l’Université, tandis que lui, Sainte-Beuve, est un talent qui existait par lui-même, et ce talent nous allons le juger à distance des tapages d’une mort qui, si on se le rappelle, fut un événement.

1416. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « II. M. Capefigue » pp. 9-45

Qu’il la touchât avec plus ou moins de vigueur, cette question qui renferme les autres, nous n’avons pas à l’examiner, mais il la posait, mais pour lui elle effaçait tout sous son importance, et c’était toujours de cette question suprême, c’était toujours de l’intérêt absolu du Gouvernement et du Pouvoir, quels qu’en fussent momentanément les titulaires, qu’il écrivait l’histoire et qu’il en jugeait les événements.

1417. (1897) Un peintre écrivain : Fromentin pp. 1-37

Dès lors il n’y a plus d’événements dans ces deux vies séparées et voisines, mais seulement des incidents grossis par la passion qui en souffre, et par le talent du romancier qui les analyse jusqu’en leurs dernières conséquences.

1418. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre II. La qualité des unités sociales. Homogénéité et hétérogénéité »

Pour l’anthropologiste, « les peuples sont des dépôts d’alluvions, de provenance et de nature diverses, mêlés et brassés par le flux et par le reflux des événements ».

1419. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XIII. »

Quoi qu’il en soit de ces rapports, parfois mystérieux, des événements publics et du génie particulier de quelques hommes, diverses nuances originales sont à recueillir aujourd’hui pour nous dans Théocrite, l’invention ou l’imitation lointainement reprise des mœurs pastorales, la forme mythologique, plus ou moins altérée par une lumière nouvelle apparue dans le monde, la couleur du temps enfin, et le reflet de la splendeur d’Alexandrie sur cette poésie que la passion fait paraître naïve, mais dont l’art savant égale au moins la passion.

1420. (1874) Portraits contemporains : littérateurs, peintres, sculpteurs, artistes dramatiques

Les événements font tant de bruit qu’on ne s’entend pas parler, et d’ailleurs peut-on parler ? […] Nous ignorons tout du fatal événement ; nous ne savons que la nouvelle dans toute ta sécheresse télégraphique ; mais nous dirons ce que notre mémoire nous rappellera, à travers notre trouble, du Léon Gozlan que nous connaissions depuis une trentaine d’années. […] Ce volume fut un événement rare dans les siècles. […] Depuis la mort de leur mère, arrivée en 1848, ils ne s’étaient pas quittés d’une heure, et ils avaient tellement pris l’habitude de cette vie en commun, que c’était un événement de voir un Goncourt seul. […] Ce voyage fut l’événement capital de sa vie, ou plutôt ce fut sa vie tout entière : l’éblouissement n’en cessa jamais pour lui, et les années qu’il vécut ensuite n’eurent d’autre emploi que de rendre les impressions reçues, à cette époque bienheureuse.

1421. (1911) Visages d’hier et d’aujourd’hui

Mais l’événement ne découle par des seules nécessités : il est amené par la collaboration des nécessités circonstancielles et des politiques. […] Il savait que, si les événements « se survivent en leurs conséquences », les « situations » ne réapparaissent en aucun temps pareilles à ce qu’elles furent : aussi demandait-il au passé des exemples, non des modèles. […] Ainsi, ce n’est pas de l’événement tragique que nous serons émus, effarés, affligés, mais du sort de quelque héros ou de quelque héroïne. […] Il y a autour d’elles de graves événements qu’elles ignorent, des combats d’idées où elles ne sont pas admises, des chutes de philosophies et des créations de systèmes où elles se figurent qu’elles ne sont pas intéressées. […] De tels événements troublèrent la dangereuse élaboration de son talent, à laquelle ne veillaient que trop les professeurs de chez nous et les maîtres italiens.

1422. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1885 » pp. 3-97

Mardi 3 mars À mon réveil, lecture d’un article de L’Événement, qui, sous des formes polies, et, avec des révérences même, révèle une sourde hostilité. […] Jeudi 17 septembre Pourquoi quelquefois, et sans qu’il ait un motif pour cela, vous réapparaît-il des événements de votre enfance, que vous voyez, un instant, comme si vous les aviez devant les yeux ?

1423. (1920) Action, n° 2, mars 1920

Jeunes, celles qui le paraissent ; qui, toujours neuves, semblent attendre l’événement ; prêtes au départ et n’être pas arrivées : cet air de fatigue, après un voyage, est la fin de la jeunesse. […] Comment des lettrés sincères ont-ils pu réduire cette verve qui ne veut rien laisser perdre des injonctions profondes que recèlent les événements les plus futiles, à de la simple facétie ?

1424. (1886) Le roman russe pp. -351

Pour éclairer le cours des événements, quelques volontés dominantes ne lui suffisent plus ; l’esprit des races, les passions et les misères cachées, l’enchaînement des menus faits, tels sont les matériaux avec lesquels on reconstruit le passé. […] Voyez à quelles exigences différentes répondent les compositions dramatiques ; dans les nôtres, une figure centrale, quelques rares figures secondaires, une action rigoureusement délimitée, le Cid, Phèdre, Zaïre ; chez les tragiques anglais ou allemands, une multitude tumultueuse qui se précipite au travers d’événements successifs et, si l’on peut dire, un morceau de la vie générale, détaché sans apprêts, sans mutilations : Henri VI, Richard III, Wallenstein. […] Et tout à coup, sans motif, sans événement tragique, par la seule pression de cette grandeur invisible qui s’accumule depuis une heure, une larme tombe sur le livre ; pourquoi, je défie le plus subtil de le dire ; c’est que c’est beau comme si Dieu parlait, voilà tout. […] Elle disparut et s’évanouit, la créature que personne ne protégeait, qui n’était chère à personne et n’intéressait personne, pas même le naturaliste qui pique sur un liège la mouche commune et l’étudie au microscope ; — la créature passive qui avait supporté les lardons d’une chancellerie et s’en était allée au tombeau sans aucun événement notable. […] Quelquefois une hirondelle vient voleter sous le hangar, c’est un gros événement, de la pensée pour plusieurs semaines.

1425. (1730) Discours sur la tragédie pp. 1-458

Ces conditions une fois observées, si on me demande de laquelle de ces méthodes doit résulter un plus grand plaisir pour les spectateurs, j’avoüe que je panche beaucoup pour la multiplicité d’incidens, par la raison que dans un événement trop simple, la variété ne peut être que fine, et que l’uniformité du fond est bien plus frappante que la diversité des circonstances : que dans la multiplicité (bien entendu qu’elle se rapporte toûjours à un seul intérêt) l’esprit et le coeur sont émus à tout moment par des tableaux sensiblement variés, et qu’ainsi et la curiosité et la passion y sont à la fois et plus sûrement satisfaites. […] Je ne sais si je me trompe ; mais il me semble que ce silence et ces larmes sont un avis aussi pathétique que celui d’Henriqe même ; et qu’on ne peut pas dire que ces deux juges n’ont pas de part à un conseil dont leur trouble détermine l’événement. […] Les auteurs savent bien, quoi qu’ils ne l’observent pas toûjours, qu’il faut distribuer l’action de maniere que les scenes d’un acte, liées les unes avec les autres, ne laissent point le théatre vuide ; que chaque personnage doit avoir sa raison d’entrer, et sa raison de sortir ; que les actes, en finissant, doivent laisser le spectateur dans l’attente de quelque événement ; et qu’il faut marcher ainsi jusqu’au dénoûment complet, qui décide clairement de tous les personnages ; et qu’enfin la piece doit finir, dès que la curiosité du spectateur est satisfaite. […] L’événement est des plus familiers ; et c’est sur ce défaut que rouloit la plaisanterie de ce tems-là.

1426. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Charles Magnin ou un érudit écrivain. »

L’article sur la reine Nantechild, publié dans la Revue (15 juillet 1832), fit sensation et presque événement par les vues neuves qui vêtaient exposées pour la première fois avec ensemble sur l’art du Moyen-Age, sur les diverses époques bien distinctes et les phases qu’il avait traversées.

1427. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Jocelyn (1836) »

Si les années en se déployant ne nuisent pas au cours d’inspiration du vrai poëte lyrique, les événements, les révolutions qui déconcertent et ruinent les talents de courte haleine, le servent aussi.

1428. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DÉSAUGIERS. » pp. 39-77

Cette maladie devint bientôt un événement pour tous, et sa mort fut un deuil public, car il avait été la joie de beaucoup.

1429. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Jouffroy »

« Les événements, a-t-il dit quelque part, sont si absolument déterminés par les idées, et les idées se succèdent et s’enchaînent d’une manière si fatale, que la seule chose dont le philosophe puisse être tenté, c’est de se croiser les bras et de regarder s’accomplir des révolutions auxquelles les hommes peuvent si peu. » Voilà tout entier dans cet aveu notre philosophe-pasteur : voir, regarder, assister, comprendre, expliquer.

1430. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre IV. Services généraux que doivent les privilégiés. »

Étant devenu par cet événement riche de plus de trois millions de rente, il a remis sa pension.

1431. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXIXe entretien. Tacite (2e partie) » pp. 105-184

« Agrippine avait, longtemps avant l’événement, prévu et méprisé son genre de mort, car, ayant interrogé les devins de Chaldée sur son fils Néron, alors enfant, les Chaldéens lui avaient répondu qu’il pourrait régner, mais qu’il tuerait sa mère : — Soit, dit-elle, qu’il me tue, pourvu qu’il règne ! 

1432. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIe entretien. La passion désintéressée du beau dans la littérature et dans l’art. Phidias, par Louis de Ronchaud (1re partie) » pp. 177-240

Nous pensâmes tout haut ou tout bas ensemble, car il y revint tous les ans à la chute des feuilles, jusqu’aux jours où les événements de 1848 me ravirent printemps, été et automne, et me précipitèrent dans le tourbillon où il n’y a plus de halte ni de repos dans la vie.

1433. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (1re partie) » pp. 305-364

Les événements ont des vicissitudes, le cœur n’en a pas.

1434. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 257-320

» Voilà pourquoi les temps et les événements m’ayant enlevé le loisir d’écrire en vers, comme Jocelyn, cette simple et touchante aventure, je l’écris en prose, et je demande pardon à mes lecteurs de ne pas en avoir fait un poème ; mais, vers ou prose, tout s’oublie et tout s’anéantit en peu d’années ici-bas, il suffit d’avoir noté, à quoi bon écrire ?

1435. (1892) Boileau « Chapitre I. L’homme » pp. 5-43

Il n’y en a pas de plus unie, de plus bourgeoise : vie de célibataire rangé, casanier, dont les événements sont un voyage aux eaux ou un accès d’asthme.

1436. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série «  M. Taine.  »

Son Napoléon est comme une statue de bronze jaillie d’une matrice inconnue, un bloc impénétrable, inaltérable, tel au commencement qu’il sera à la fin, et à qui le temps ni les événements ne pourront faire aucune retouche.

1437. (1839) Considérations sur Werther et en général sur la poésie de notre époque pp. 430-451

Mais, si les considérations que j’ai émises tout à l’heure sont vraies, une telle comparaison entre Werther et les œuvres analogues qui l’ont suivi, même en se restreignant à celles qui ont le plus de rapport avec lui, ne serait rien moins qu’un tableau et une histoire de la littérature européenne depuis près d’un siècle : ce serait la formule générale de cette littérature, donnant à la fois son unité et sa variété, ce qu’il y a de permanent en elle et ce qu’il y a de variable, à savoir la forme que revêt, suivant l’âge de l’auteur, suivant son sexe, son pays, sa position sociale, ses douleurs personnelles, et au milieu des événements généraux et des divers systèmes d’idées qui l’entourent, cette pensée religieuse et irréligieuse à la fois que le Dix-Huitième Siècle a léguée au nôtre comme un funeste et glorieux héritage.

1438. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre quatrième »

D’autres imperfections empêchent de lire certaines pièces d’un genre élevé qui appartiennent plus à Ronsard, et que lui ont inspirées les événements de son temps.

1439. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre I. Le broyeur de lin  (1876) »

Il s’interdit de penser à cet événement extraordinaire, et, dès qu’il vit clairement l’innocence de la sacristine, il dormit, dit sa messe et son bréviaire avec le même calme que tous les jours.

1440. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIV. La littérature et la science » pp. 336-362

Adieu dès lors le surnaturel, venant briser la suite logique des événements ; adieu le commode recours aux insondables desseins de la Providence, que chaque historien sondait avec désinvolture et accommodait au gré de ses convictions personnelles !

1441. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 avril 1886. »

Chronique du mois L’événement de la saison a été, outre l’exécution de la Cloche de M. d’Indy sur laquelle nous aurons à revenir, l’exécution du premier acte, presque entier, de la Walküre, au concert-Lamoureux.

1442. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juillet 1886. »

Marne est un vieillard ; il conçoit de l’événement plus de douleur que de colère et sa surprise s’épanche d’autant mieux que nulle sensualité ne souille son cœur royal.

1443. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IX. Le trottoir du Boul’ Mich’ »

Mais sa nature et les événements s’unirent contre ses ambitions.

1444. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vii »

Je trouve dans ses lettres plusieurs notes qui montrent soit les progrès naturels de son âme sous l’impulsion des événements, soit sa nature généreuse d’adolescent.

1445. (1893) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Première série

Cette nécessité logique et inflexible est belle, mais la liberté est bien belle aussi, et j’avoue que, dans l’échelle des gloires et des grandeurs humaines, on pourrait motiver une préférence pour les poètes et les artistes précisément sur ce fait que leur œuvre particulière n’est pas un événement prévu dans l’ordre universel. […] La fontaine de Vaucluse… je ne suis pas sûr seulement qu’elle existe ; mais Vaucluse est « dans l’endroit le plus triste qui se puisse imaginer, dans une gorge étroite serrée entre deux montagnes pelées » 71 : Pétrarque amoureux a fait de Vaucluse et de sa fontaine un séjour enchanteur, que nous ne voyons plus qu’avec les yeux de Pétrarque, La Bastille, en 1789, était presque une prison pour rire ; la prise de la Bastille ne fut en réalité que la poussée d’une foule en goguette contre des portes mal fermées et mal défendues par quelques gardiens invalides : cette échauffourée est devenue le symbole et l’annonce de l’affranchissement des peuples, et la légende, formée sur-le-champ, a pris une importance historique si rapidement et si immensément grandissante qu’aujourd’hui l’historien qui, sous prétexte de rétablir la vérité des faits, présente la prise de la Bastille comme un événement insignifiant, fausse l’histoire elle-même et fait preuve de myopie. […] Il est impossible de dégager aucune justice, aucune ombre de loi, des événements fortuits qui sont cause qu’un Elien est resté, qu’un Bollion et un Varius ont péri ; que des poésies telles que celles d’Alcman ont servi pendant des siècles de plastron à une momie, puis ont subitement reparu à la lumière. […] En toute chose, l’homme instruit et sage est celui qui ne s’étonne de rien, et qui, de chaque événement ou phénomène dont le vulgaire s’émeut, cherche et trouve avec calme la raison suffisante. […] La grosse difficulté reste toujours de concilier l’ordre antérieur et supérieur qu’il semble rationnel de reconnaître, en somme, dans la suite des événements humains avec la part de soudaineté et d’imprévu qu’il est impossible de méconnaître dans l’initiative individuelle.

1446. (1906) Propos de théâtre. Troisième série

Cela veut dire qu’Ulysse, au commencement, représente Calchas très suffisamment, mais qu’au dernier acte il n’est plus qu’un messager venant annoncer l’événement qui fait le dénouement de la pièce. […] A tout événement le sage est préparé. […] Vous savez, mieux que personne, que ce qui distingue un simple spectacle d’un drame et toutes les Agrippine de l’Hippodrome du Britannicus de Racine, c’est, non la quantité des faits, mais leur qualité, leur rapport, leur subordination morale ; et vous le savez aussi mieux que personne, si Britannicus est un drame, c’est moins parce que des faits s’y succèdent (on en trouvait beaucoup plus naguère dans l’Agrippine ou le Néron de l’Hippodrome, qui n’était qu’un spectacle), que parce que les faits ici, comme disait Mme de Staël, sont « événements de l’âme » ; ce qui revient à dire : ce qu’il faut avant tout à un drame, c’est un personnage, c’est une âme dramatique, c’est-à-dire vivante. — Des faits ? […] Il faut convenir qu’elle s’adaptait comme de cire aux événements du temps. […] Il n’est pas un événement important, il n’est pas une scène secondaire, il n’est pas une anecdote de la vie privée de Bonaparte ou de Napoléon qui ne soit, à partir de 1830, célébrée tout le long des boulevards.

1447. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Lamartine »

Et il y en a plusieurs, et contradictoires, sur les mêmes hommes et les mêmes événements. « Ce qui crée de la vie (c’est-à-dire la légende) est supérieur, dites-vous, à ce qui en détruit (c’est-à-dire à la critique). » Soit, n’ayons nul souci de la vérité, qui pourtant, même humble et fragmentaire, même inquiétante et triste, me semblait désirable et vénérable, uniquement parce qu’elle est la vérité. […] Tous ces souvenirs ont été rédigés de longues années après les événements. […] Il arrive même que, de très bonne foi, nous donnions successivement, du même événement de notre vie, des versions différentes.

1448. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VI. Les romanciers. » pp. 83-171

C’est la grande preuve qu’on offre alors aux incrédules ; le grave Johnson lui-même tâchera de voir un revenant, et il n’y a point d’événement qui en ce temps-là soit mieux approprié aux croyances de la classe moyenne. […] Les six ou huit volumes de Tristram Shandy sont employés à les compter ; car le moindre et le plus plat des accidents, un éternuement, une barbe mal faite, traîne derrière soi un réseau inextricable de causes entre-croisées les unes dans les autres, qui, en haut, en bas, à droite, à gauche, par des prolongements et des ramifications invisibles, s’enfoncent au plus profond des caractères et dans les plus lointains des événements.

1449. (1841) Discours aux philosophes. De la situation actuelle de l’esprit humain pp. 6-57

Ce n’est pas en vain qu’on a appelé Révolution la série d’événements qui a commencé en 89, afin de marquer par ce mot que rien de pareil n’avait eu lieu jusque-là dans notre histoire, qu’aucune des crises antérieures n’avait dépassé les limites de l’ordre social et religieux du Moyen-Âge, et que, pour la première fois, cet ordre était renversé. […] Mais ce n’est qu’un passage : il y aura une autre vie ; car Jésus, par sa mort, a racheté les hommes du péché. » Avec cela, tout homme avait, pour ainsi dire, une boussole pour tous les événements de sa vie.

1450. (1861) Questions d’art et de morale pp. 1-449

La diversité des événements dont il est témoin, leur contradiction apparente, n’a jamais rien changé au fond de ses idées ; sa pensée reste toujours d’accord avec elle-même, et son style d’accord avec sa pensée. […] L’aspect de ces événements formidables, au milieu desquels s’accomplissait une immense rénovation sociale, agit d’une façon déterminante sur la direction d’esprit du jeune Ballanche ; il a dû ses premières, ses plus profondes émotions, non pas à des événements personnels, mais à de grands faits politiques. […] Le poète s’est placé pour le faire à quinze siècles de date après l’événement, afin de pouvoir revêtir à son gré son époque de tout le prestige de l’antiquité. […] Nous le voyons, au contraire, ressentir très fortement le contrecoup de tous les événements contemporains. […] Dès son apparition, ce grand fait primitif engendre donc dans la société tout un ordre d’événements, dans l’intelligence tout un ordre de doctrines, dont l’influence se transmet nécessairement d’âge en âge et d’esprits en esprits.

1451. (1882) Hommes et dieux. Études d’histoire et de littérature

Quelquefois pourtant les événements extérieurs réagissent sur ce pur esprit. […] Il y a là des êtres occultes qui creusent, minent, complotent, machinent, font éclater souvent de grands événements, et dont on ne distingue pas les visages. […] Dieu seul, Sire, cognoist la cause d’un événement si tragique. […] Les rois passent, les dynasties se renouvellent, les événements se succèdent, mais le fond reste immobile, et Philippe II règne toujours. […] Chaque nuit efface pour lui les événements de la veille ; chaque matin il s’éveille au jour comme le papillon s’élance de sa larve.

1452. (1884) La légende du Parnasse contemporain

Certains événements historiques, aujourd’hui scientifiquement avérés et expliqués (ou tout comme), par exemple le Labarum de Constantin, les croix répercutées sur les nuages par des plaines de neige, les phénomènes de réfraction du mont Brocken et certains effets de mirage dans les contrées boréales, ayant singulièrement intrigué et, pour ainsi dire, piqué au jeu, un savant ingénieur méridional, M.  […] Car il s’appelait Francis et non François ; mais n’anticipons pas sur les événements. […] Sur ces entrefaites, il se produisit un événement considérable. […] — il y eut un jour un événement.

1453. (1904) Le collier des jours. Souvenirs de ma vie

C’est tout ce qui surnage, pour moi, de cet événement. […] C’était un événement insolite, pour lequel rien n’était disposé, et qui inspirait une sourde réprobation : le premier degré, peut-être, des pompes de Satan… On avait des hochements de tête, des haussements d’épaule, des yeux levés vers le ciel, et la sœur Dodo me confiait, innocemment, que le bain de la religieuse consistait, tout simplement, à secouer sa chemise ! […] Dans la classe, muette, le front contre une des vitres, je regarde de l’autre côté, les fenêtres que je connais bien, de l’appartement où se passe cet événement horrible et solennel. […] Sous la lumière opaline et douce de la veilleuse, je m’endormis bientôt, la tête bourdonnante d’une journée si pleine d’événements.

1454. (1902) Le problème du style. Questions d’art, de littérature et de grammaire

Mais il faut toujours compter avec le hasard, et savoir que rien n’est plus ordinaire que l’extraordinaire, plus légal, plus légitime ; « Nous rangeons par la pensée, dit Laplace 27, tous les événements possibles en diverses classes et nous regardons comme extraordinaires ceux des classes qui en comprennent un très petit nombre. […] La sortie d’une boule blanche, d’une urne, qui, sur un million de boules, n’en contient qu’une seule de cette couleur, les autres étant noires, nous paraît encore extraordinaire ; parce que nous ne formons que deux classes d’événements, relatives aux deux couleurs. Mais la sortie du n°79, par exemple, d’une roue qui renferme un million de numéros, nous semble un événement ordinaire ; parce que, comparant individuellement les numéros les uns aux autres, sans les partager en classes, nous n’avons aucune raison de croire que l’un d’eux sortira plutôt que les autres. » Le joueur à la loterie pense un chiffre et croit qu’il sortira ; le plagiaire pense un chiffre et croit qu’il ne sortira pas. […] Ces produits instables d’une vue historique, d’un événement politique, doivent demeurer tels que leurs éléments soient immédiatement perceptibles.

1455. (1903) Le problème de l’avenir latin

Le passé La romanisation Au cours de recherches antérieures sur les événements religieux du xvie  siècle, un trait de lumière jaillit pour nous, très fortuitement, des feuillets d’un banal atlas géographique. […] Il semble vraiment qu’à moins de se résigner au rôle de pur et simple annaliste, il faille tirer les conséquences de cet événement. […] L’étude des événements de notre naissance peut seule illuminer notre singulière histoire. […] Et lorsque l’événement fatal se produira, il est probable que personne parmi nous ne fera ce simple raisonnement : si, lorsqu’une nation — la France, par exemple — prend pied sur un territoire, c’est le congréganiste, le militaire et le fonctionnaire — éléments nuisibles ou neutres — qu’elle installe, tandis qu’une autre nation — mettons l’Angleterre — y verse des agriculteurs, des industriels, des trafiquants — éléments actifs — il est clair qu’au point de vue de la civilisation mondiale, du bonheur, de la justice et de la santé de l’ensemble, la diminution de la sphère d’influence de la première est un bien.

1456. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LEBRUN (Reprise de Marie Stuart.) » pp. 146-189

Sous l’Empire, il y avait cela de particulier : on pouvait faire des vers élégiaques, plus ou moins intimes, mais on les gardait, et en public, si on visait à la gloire, on ne donnait que des rimes grandioses sur des événements héroïques, sur des sujets qu’on s’appliquait à traiter.

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