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1450. (1890) L’avenir de la science « XXI »

Parcourez nos villes, nos promenades publiques, partout des barrières, des consignes, nécessaires il est vrai pour l’ordre, mais défendant toute fantaisie.

1451. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIII. Dernière semaine de Jésus. »

Ce malheureux, par des motifs impossibles à expliquer, trahit son maître, donna toutes les indications nécessaires, et se chargea même (quoiqu’un tel excès de noirceur soit à peine croyable) de conduire la brigade qui devait opérer l’arrestation.

1452. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre I : Des sens, des appétits et des instincts. »

On peut dire que c’est un pouvoir non appris d’accomplir des actions de toute sorte, et plus particulièrement celles qui sont nécessaires ou utiles à l’animal.

1453. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Les Confidences, par M. de Lamartine. (1 vol. in-8º.) » pp. 20-34

Est-ce Bernardin de Saint-Pierre qui, pour exprimer la facilité de liaison et de cordialité naturelle aux conditions simples, aurait dit : « Le temps qui est nécessaire à la formation des amitiés intimes dans les hautes classes, ne l’est pas dans les classes inférieures.

1454. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Chefs-d’œuvre de la littérature française (Collection Didot). Hamilton. » pp. 92-107

À partir de la seconde moitié du xviiie  siècle, le monde, à cet égard, changea ; la déclamation prit le dessus, et un certain faux montant devint nécessaire.

1455. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Journal de la campagne de Russie en 1812, par M. de Fezensac, lieutenant général. (1849.) » pp. 260-274

Un très petit nombre conservaient la présence d’esprit qui nous était si nécessaire.

1456. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre IV. Critique »

Il est utile, il est nécessaire que le souffle du peuple traverse ces toutes-puissantes âmes.

1457. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Jules Janin » pp. 137-154

Il n’était nullement nécessaire de jouer de tant de flûtes qui ont joué faux.

1458. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XV. M. Dargaud » pp. 323-339

Ce qu’ils voient, c’est le fait, c’est le livre, c’est le personnage que, sans l’imagination nécessaire à l’historien comme au poète, on n’eut pas certainement lire du tombeau !

1459. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Eugène Fromentin ; Maxime du Camp »

Mais ce qui ne sera pas perdu pour l’historien de la Commune, c’est, dans un récit nécessaire dont l’humanité ne pouvait se passer, d’être arrivé à temps, comme on arrive à temps dans la bataille, et du même coup dans la victoire et l’immortalité !

1460. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — Se connaître »

Le tressaut d’énergie nécessaire pour déterminer une nouvelle orientation ne surgira, en tous cas, que de la reconnaissance brutale de son état, comparé à celui des autres puissances.

1461. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre V. Les figures de lumière »

On établit en effet ainsi que, sur ce point encore, elle est l’aboutissement naturel et peut-être nécessaire de toute une évolution.

1462. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVII. Des éloges en Italie, en Espagne, en Angleterre, en Allemagne, en Russie. »

Ce goût, si nécessaire, mais quelquefois si incertain, est la faux qui retranche, mais n’est pas la sève qui fait produire.

1463. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre premier. Table chronologique, ou préparation des matières. que doit mettre en œuvre la science nouvelle » pp. 5-23

Les Égyptiens, dit Jamblique, rapportaient à cet Hermès toutes les inventions nécessaires ou utiles à la vie sociale.

1464. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Pour étudier les passions des hommes, et les porter sur la scène, il est nécessaire de les avoir ressenties soi-même, ou d’en avoir surpris les effets chez les autres. […] Je ne parle pas de sa prestance et de sa figure ; ce sont là assurément des qualités nécessaires au rôle. […] Je sais bien que Molière a quelquefois escamoté une tirade ennuyeuse, mais nécessaire, en la couvrant d’un jeu de scène qui occupe ailleurs l’attention du public. […] Mais, encore une fois, mettons qu’à la comédie la morale soit du luxe ; voyons le nécessaire. Le nécessaire, vous nous l’accorderez (avec Molière, qui s’y connaissait), c’est de faire rire les « honnêtes gens ».

1465. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

Ronsard est resté, reste et restera toujours un grand nom de l’histoire de notre littérature : c’est que sa réforme était nécessaire et qu’elle a véritablement ouvert des destinées nouvelles à la poésie nationale. […] Et plus tard enfin, la critique naturelle, à son tour, cette critique savante, mais parfois aventureuse, qui veut soumettre les grands hommes à la dépendance étroite, nécessaire, absolue des circonstances extérieures, de la « race », du « milieu », du « moment », s’empare du sujet, l’étend, l’anime, le renouvelle. […] Les travaux d’appropriation nécessaires n’ayant pas permis à l’Illustre Théâtre d’ouvrir ses portes avant la fin de l’année, 31 décembre 1643, on alla donner entre temps, pour s’essayer, des représentations à Rouen84. […] Il n’est pas nécessaire à la bonne ordonnance d’une société civilisée que les lettres conduisent leur homme à l’hôpital. […] Nos romantiques jadis, et depuis eux certains critiques, ont tellement accrédité l’opinion que ces façons de parler baroques auraient été familières à tous nos écrivains, petits et grands, d’avant 1830, qu’il est utile et même nécessaire de savoir qu’ils se trompaient.

1466. (1896) Impressions de théâtre. Neuvième série

La forme convenable à une action dramatique de ce genre, le « moule » nécessaire, c’était le moule de Racine. […] Vous ne pouvez pas abandonner votre ami ; car vous lui êtes nécessaire. […] » Il répond : « Je t’aime, mais ton être n’est point le nécessaire complément du mien. […] La patrie idéale ne nous suffit plus, la patrie fixe et territoriale nous est redevenue nécessaire, et je pars pour chercher et lever notre acte de naissance légalisé. […] Il n’est d’ailleurs pas nécessaire que l’homme soit de premier rang pour que nous lui pardonnions ces épanchements ; et ce qui nous plaît encore de Marmontel, esprit médiocre, ce sont ses Mémoires familiers.

1467. (1896) Le livre des masques

La gravité n’est pas nécessaire à l’expression de ce que l’on croit être la vérité ; l’ironie pimente agréablement la tisane morale ; il faut du poivre dans cette camomille ; affirmer avec dédain est un moyen assez sûr de n’être pas dupe, même de ses propres affirmations. […] D’autres ont et avouent la tendance à tout simplifier, n’observent et ne comparent les faits que pour en extraire des résumés et des quintessences ; ils ont scrupule et comme pudeur à raconter des mécanismes si souvent décrits : ils établissent des portraits d’âmes, ne gardant de l’anatomie physique que la seule matérialité nécessaire à soutenir le jeu des couleurs. […] L’architecture de Là-Bas est érigée sur un plan analogue, mais la liberté s’y trouve, non sans profit, restreinte par l’unité du sujet, qui est absolue sous ses faces multiples : ni le Christ de Grunewald, en son extrême violence mystique, son atterrante et consolante hideur, n’est une fugue hors des lignes, ni la démoniaque forêt de Tiffauges, ni la cruelle Messe noire, ni aucun des « morceaux » ne sont déplacés ou inharmoniques ; pourtant, avant la liberté du roman on les eût critiqués, pas en eux-mêmes, mais tels que non rigoureusement nécessaires à la marche du livre. […] Seul, l’ancien cadre peut encore servir ; il est quelquefois nécessaire, pour amorcer le public à des sujets très ardus, de simuler de vagues intrigues romanesques, que l’on dénoue selon son propre gré, quand on a dit tout ce que l’on voulait dire.

1468. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

« Il y a là bas une petite grotte pour y cacher tes brebis et tes jeûnes agneaux, ton tendre troupeau ; va, il n’est pas nécessaire de leur mettre des claies ; l’averse en tombant les pressera bien assez. […] Là sont tous les documents nécessaires à ceux qui veulent étudier la genèse de ces œuvres que nous jugeons toutes faites et telles que la presse les jette par milliers aux étalages des libraires et sur les tables de nos cabinets de travail, de nos salons et de nos boudoirs. […] Elle me ramène à ce que je disais de la pondération résultant de cette collaboration des deux frères, pondération nécessaire qui fait défaut chez Edmond, pour le moment du moins, et qui, dans son œuvre personnelle, n’est visible que dans Les Frères Zemganno par une sorte de miracle de l’amour fraternel. […] Dès lors, — et on comprend que dans ce tableau à grands traits il me soit nécessaire d’omettre d’intéressantes et curieuses personnalités, — dès lors, le théâtre s’établit en maître dans les mœurs à Aix, à Béziers, à Toulouse. […] Le voyage est donc résolu, et le conseil de famille convoqué vote, à grands efforts d’éloquence, les avances nécessaires pour l’effectuer, à charge par le jeune homme de les rembourser sur l’héritage paternel, s’il n’a pu le faire auparavant.

1469. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

Durantin, mais il était nécessaire de changer le titre et le nom des personnages pour dépister les personnes qui avaient eu connaissance du premier manuscrit. […] Quant aux Îles d’or, il est nécessaire pour naviguer dans leur archipel d’être muni d’un pilote. […] Ces trois études qui sont aussi des biographies, résument admirablement le rôle joué dans la philosophie et dans l’histoire par ces trois écrivains dont il est nécessaire, comme le dit très justement l’auteur, d’écouter la leçon particulière. […] Escoffier sauta à terre et donna son cheval au capitaine, en lui adressant ces mots sublimes : “Votre vie est nécessaire au salut de l’escadron ; la mienne est inutile ; peu importe que j’aie le cou coupé.” […] « À son retour à Paris, il détacha de son cou le sachet de taffetas noir où le poison était enfermé et le déposa dans une des boîtes de son nécessaire ; il y resta jusqu’en 1814.

1470. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

Avant d’entrer dans ce détail, il faut que je donne un avis que je crois nécessaire, pour empêcher de juger peu équitablement de cette description, sur ce que tout y est particularisé et mis en détail, au-dessus de ce qui semble qu’un voyageur ait pu la faire. […] Cette grande place se vide dans les fêtes et dans les solennités, comme aux audiences des ambassadeurs ; mais, en d’autres temps, elle est pleine de quincailliers, de fripiers, de revendeurs, de petits artisans ; en un mot, d’une infinité de petites boutiques, où l’on trouve les denrées les plus communes et les plus nécessaires. […] À cent pas de là sont les offices, les cuisines, les bains, divers magasins, et tout ce qui est nécessaire pour les besoins de la vie.

1471. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VI : Difficultés de la théorie »

Après un certain laps de temps et sous des conditions de vie nouvelles, si l’une de ces particularités d’organisation lui devient nuisible, elle se modifie ; ou si les modifications nécessaires ne peuvent s’effectuer, l’espèce s’éteint, comme des myriades se sont déjà éteintes. […] Si l’étonnante finesse d’odorat à l’aide de laquelle les mâles de beaucoup d’insectes trouvent leurs femelles mérite à juste titre notre admiration, pouvons-nous admirer de même la création de milliers de faux bourdons, entièrement inutiles à la communauté des Abeilles, et qui ne semblent nés en dernière fin que pour être massacrés par leurs laborieuses mais stériles sueurs, puisqu’un seul d’entre eux ou quelques-uns tout au plus sont nécessaires à la fécondation des jeunes reines nées dans la même communauté ? […] Nous avons vu que de si nombreux groupes de poissons, ou mieux de vertébrés ichthyoïdes ont autrefois nagé à la surface des mers aussi souvent qu’au sein même des eaux, un organe de respiration aérienne leur était aussi nécessaire qu’un organe de respiration aquatique.

1472. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vernet » pp. 130-167

Moi qui l’aime, j’ajoute : petit, vous avez raison ; c’est sa taille élégante, sa démarche légère, son vêtement simple et noble, le port de sa tête, le son de sa voix, de cette voix qui fait toujours tressaillir mon cœur… y aurait-il dans les choses quelque analogie nécessaire à notre bonheur ? […] Combien le silence est nécessaire, et combien il est rarement gardé autour d’une table de jeu ! […] La nature demande la chose nécessaire, il est fâcheux d’en être privé.

1473. (1894) La bataille littéraire. Septième série (1893) pp. -307

Abel Hermant s’est efforcé de faire tenir dans cet ouvrage une sorte d’étude de toutes les mœurs de ces temps étranges où le sang qui coulait sur les champs de bataille ou sous la guillotine semblait plutôt exciter l’amour sensuel que l’éteindre ; l’amour passionnel n’était pas mort, mais n’avait guère les loisirs nécessaires pour se développer. […] Les mauvais choix sont nécessaires à l’existence de cette assemblée. […] Un sage vint a passer parmi ces hommes simples et sans artifice. « Bonnes gens, dit-il, il n’est pas nécessaire de brûler une maison avec tout ce qu’elle renferme pour vous procurer la nourriture que vous aimez. » Et il leur apprit ce grand secret d’embrocher le cochon et de le faire tourner au-dessus d’une demi-douzaine bûches enflammées. […] Prévost qu’il avait chargé de l’éducation de son fils : … Je vous préviens que mon fils est un peu froid, peu parlant, et qu’il est nécessaire de gagner sa confiance par la douceur et de fréquentes conversations, pour en tirer meilleur party. […] Il est même nécessaire de l’empêcher de se livrer trop à la lecture et surtout à celle de la littérature, dans la crainte qu’il ne devienne particulier et trop en dedans de luy-même.

1474. (1890) Le massacre des amazones pp. 2-265

Tu m’en accables comme les Romains accablèrent cette pauvre Tatia de leurs boucliers. » Je possède un seul autographe de Mme de Witt, douze lignes datées de 1897 : les virgules les plus nécessaires y sont absentes. […] Ces fadaises sont contées dans le style qui leur convient, et avec les élégances nécessaires. […] Dans la vie pratique — sauf les rares occasions où un effort de synthèse est nécessaire — la femme dont on n’a pas tué l’initiative se montre souvent supérieure par l’ingéniosité dans le détail, la souplesse, le tact et l’attention minutieuse. […] La préface nous informe que l’auteur est une ignorante de génie et qu’il n’est pas nécessaire d’étudier pour connaître les vérités historiques […] « La nature l’a pourvue de tous les appareils nécessaires à ses instincts, à ses plans, à ses besoins.

1475. (1884) Propos d’un entrepreneur de démolitions pp. -294

Il n’était pas nécessaire de croire ce que l’on disait, puisque, dans ce siècle de décence et de convenances, il suffisait que l’illusion portât sur les surfaces. […] Il ne croit plus, comme au temps de Watteau, que l’existence soit amusante, mais il voudrait qu’elle le fût quand même, il le veut avec rage et il ira jusqu’à tuer si c’est nécessaire. […] Il n’est plus même nécessaire d’être un homme. […] C’est le début nécessaire, fatal, inéluctable. […] Le Christianisme enseigne que la souffrance est nécessaire et les hommes de génie qui sont les Pélicans de l’intelligence paraissent avoir reçu la mission de le démontrer, tant cette féroce amoureuse des hommes est jalouse des plus grands d’entre eux et tellement est intime son enlacement à ces rouvres mélancoliques de la patience.

1476. (1900) Molière pp. -283

On décida qu’il y aurait trois soirées par semaine, chaque soirée se partagerait deux conférences ; et on s’adressa au gouvernement pour obtenir l’autorisation nécessaire… Ombrageux et méfiant par nature, le Gouvernement impérial ne vit pas ces conférences d’un œil favorable. […] Toutes les jeunes filles, par exemple, ont l’air d’être des veuves ; toutes sont instruites de toutes sortes de choses qu’il n’est pas absolument nécessaire qu’une fille de vingt ans sache, et elles combinent avec art, avec aplomb, avec assurance, leurs luttes tantôt contre leurs pères, tantôt contre leurs futurs ; toutes ces demoiselles sont promptes et hardies. […] Molière, par la divination du génie, l’a vue telle ; et il l’a conçue comme le pendant et la conséquence nécessaire de la fausse dévotion, il a conçu Dom Juan comme le pendant de Tartuffe. […] Si l’on veut, messieurs, comprendre tout le prix des idées et des maximes de Molière sur la culture des femmes, sur le degré de liberté qu’il convient qu’elles aient, il faut songer qu’il y a toujours eu un courant contre ces idées, un courant fâcheux, qu’il est nécessaire de combattre. […] Quand elles se sont premièrement assuré par un mariage bien entendu l’opulence qui est le nécessaire, elles avisent autour d’elles quelque jeune homme simple et ignorant ; elles s’emparent de lui, ou plutôt elles lui prennent tout son cœur en lui laissant sa personne ; et elles s’abandonnent avec lui au bonheur d’aimer et d’être aimées qui est le superflu.

1477. (1856) Réalisme, numéros 1-2 pp. 1-32

Cette protestation est par elle-même une idée nouvelle en ce qu’elle est nécessaire, juste à ce moment précis pour réveiller un peu les esprits et les ramener à l’amour de la vérité, aujourd’hui que la littérature semble de nouveau avoir hérité de Scudéry, de Marini, de l’hôtel de Rambouillet et paraît une fille de ces vieux types d’affectation et de ridicule. […] On a trop rehaussé l’orgueil dans ces derniers temps : on en a fait une vertu théologale plus nécessaire qu’aucune autre à l’enfantement des chefs-d’œuvre, mais il était question seulement des chefs-d’œuvre romantiques, et Dieu sait combien il y en aurait si on jugeait d’après l’orgueil qui les a produits, tous les chefs-d’œuvre de ces messieurs ! […] Pour un métier pareil, le sens critique ne sert de rien ; il faut payer d’aplomb, et la seule qualité nécessaire est alors l’esprit de critique. […] La recette une fois comprise, pour peu qu’on ait lu un ou deux bons modèles, on est sûr d’écrire proprement un roman ; il n’est pas même absolument nécessaire de savoir l’orthographe. » Je réfléchis longuement à ces paroles de mon jeune ami, et mes propres observations me confirmèrent leur vérité. […] En faisant le contraire de ce que vous avez fait, en mettant les qualités hors nature au rang secondaire, vous auriez fait, madame, un excellent article sur Cooper, et vous auriez donné cours à des vérités de jugement bonnes pour tout le monde et qui, grâce à votre talent, auraient acquis la popularité si nécessaire à toute vérité.

1478. (1902) Le critique mort jeune

Mais aujourd’hui qu’un peu de clarté s’est faite, avec les départs nécessaires, dans ce qui fut en 1890 la « littérature de tout à l’heure », la raillerie, même rétrospective, ne serait plus légitime. […] Il raille de même ces prétendus libres penseurs qui reconstituent sur les dogmes de la Conscience, du Devoir ou de l’Impératif catégorique tout un édifice surnaturel, autour duquel se groupe un clergé laïque composé de prêtres, de vrais prêtres qu’on ne distingue pas d’abord parce qu’ils s’habillent comme tout le monde et qui peuvent d’autant plus dangereusement pulluler que l’ordination et le froc ne leur sont pas nécessaires. […] Il va plus loin et dans son étude sur Fourier montre qu’une religion elle-même n’a pas à son origine le seul « esprit d’amour » pourtant nécessaire à l’engendrer, mais aussi « les mobiles, élevés encore, mais ordinaires de l’activité humaine ‘ ». […] Un constant travail de désagrégation s’accomplit sur ces milieux improvisés, auxquels manquent les éléments nécessaires à toute durée humaine : un sol dont l’influence héréditaire ait passé dans le sang ; des coutumes qui aient façonné les sensibilités à la ressemblance les unes des autres ; une religion qui assure la communauté des espérances par-delà les séparations suprêmes… » La continuité, la durée, l’union, tels sont les biens que fait estimer M.  […] Enfin, la Révolution, pour satisfaire les vœux déraisonnables de l’individu, lui accorde, à l’infini, le Droit et la Liberté, mais, en supprimant les institutions nécessaires à l’existence des sociétés, supprime la condition des droits utiles et des libertés précises.

1479. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIIe entretien. Littérature latine. Horace (2e partie) » pp. 411-480

… « Modère ton imagination ; et Rhodes et Mytilène ne te seront pas plus nécessaires qu’un manteau dans la canicule, qu’une tunique légère par le vent de neige, que le coin du feu dans le mois d’août. […] Ils changent de ciel, et non d’âme, ceux qui naviguent au-delà des mers ; ce que tu vas chercher si loin, le bonheur, est ici : il est même à Ulubria. » XIX « Celui-là n’est jamais pauvre qui ne manque pas des choses nécessaires à la vie, continue-t-il dans la petite lettre en vers à Iccius.

1480. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (3e partie) » pp. 5-79

« Il y avait à Toulon une école pour la chiourme, tenue par les frères ignorantins, où l’on enseignait le plus nécessaire à ceux de ces malheureux qui avaient la bonne volonté. […] C’est véritablement l’héroïsme de la vertu, le martyre nécessaire, mais mortel, de tout ce qui est humain dans l’homme, contre tout ce qui est divin, la vérité, aux dépens de la vie.

1481. (1890) L’avenir de la science « X » pp. 225-238

Que dire encore de cette merveilleuse synthèse intellectuelle, qui fut nécessaire pour créer un système de métaphysique comme la langue sanscrite, un poème sensuel et doux comme l’hébreu ? […] L’histoire est la forme nécessaire de la science de tout ce qui est dans le devenir.

1482. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 14 mars 1885. »

Quelquefois il devient nécessaire que leur charme personnel s’efface, disparaisse, soit comme s’il n’était pas, jamais l’admiration pour l’une d’elles ne devant faire obstacle à l’émotion que leur union engendre. […] Naïf comme ces pâtres de Norvège qui se plaisaient jadis à entendre autour de la flamme du pin résineux le récit des Scaldes inspirés, il laisse aux histoires primitives leur charme d’enfance ingénue ; mais, penseur et critique, il sait, sans nuire à sa propre émotion ni à celle des autres, montrer la loi nécessaire des événements dans la suite en apparence désordonnée des circonstances, et il contraint l’humanité vieillie à s’aimer, à se haïr, à se plaindre, à se reconnaître en un mot, dans les contes qui l’ont bercée.

1483. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 novembre 1885. »

Ce ton, d’un pathétique élevé, sera toujours nécessaire dans les poèmes de notre époque classique. […] Il nous donne l’admirable vue d’un Artiste, qui, seul entre les Artistes, a compris nécessaire l’union de toutes les curiosités artistiques.

1484. (1896) Les origines du romantisme : étude critique sur la période révolutionnaire pp. 577-607

L’égoïsme féroce avait été une qualité nécessaire à la conservation de l’individu : « intérêt et cœur humain sont deux mots semblables », formule brutalement le Chateaubriand de l’Essai. […] L’égoïsme est demeuré la vertu bourgeoise par excellence : il est le produit nécessaire du système économique et de la libre concurrence, qui déchaînent et entretiennent dans la société capitaliste la guerre de tous contre tous sans trêve ni merci.

1485. (1870) La science et la conscience « Chapitre I : La physiologie »

Chapitre I : La physiologie Il n’est pas nécessaire d’être fort au courant des questions philosophiques du temps pour savoir qu’il n’y a point entente entre la science et la métaphysique. […] Pourtant cette distinction est presque aussi vieille que l’esprit humain, ce qui montre combien elle est naturelle et nécessaire.

1486. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — I. » pp. 131-146

Il y a des moments où, en transmettant à Villeroi les intentions du duc de Mayenne, il a l’air de résister aussi pour sa part à une transaction trop prompte et sans garantie : car cette conversion de Henri IV, qui est nécessaire avant toute chose, il ne la croit pas aussi prochaine ni aussi aisée que Villeroi la lui présente.

1487. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Les Chants modernes, par M. Maxime du Camp. Paris, Michel Lévy, in-8°, avec cette épigraphe. « Ni regret du passé, ni peur de l’avenir. » » pp. 3-19

Les arts rampaient péniblement dans l’ornière « d’une tradition à jamais usée… » Mais est-il donc nécessaire de rappeler que si MM. de Lamartine, Hugo, de Vigny, ont débuté dans les lettres vers 1820, à une époque où la France était encore voisine de 1815, c’est-à-dire du deuil de l’invasion, M. 

1488. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — II » pp. 263-279

Ainsi ayant affaire à la morgue des uns, à la mauvaise humeur et à la pétulance des autres, ayant à compter avec la politique des prélats, avec le formalisme des docteurs, Bossuet, sans amour-propre, sans impatience, poursuit son dessein, fait toutes les concessions nécessaires, écarte et tourne les obstacles, et n’a de cesse qu’il n’ait obtenu la condamnation des 127 propositions tant molinistes que jansénistes, maintenant par là l’Église de France dans la voie qui lui semble celle de la rectitude et du sage milieu.

1489. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Souvenirs et correspondance tirés des papiers de Mme Récamier » pp. 303-319

J’allais (tant l’art de l’arrangeur est parfait, et tant il a mis d’attention à se dérober), — j’allais oublier d’avertir que le tout est lié par un récit biographique rapide, par des transitions indispensables, par des fils adroits et légers ; que toutes les explications nécessaires au lecteur lui sont agréablement et brièvement données, qu’elles viennent à propos au devant de lui ; que tous les petits faits, toutes les anecdotes qui se rattachent au cercle de Mme Récamier, celles qu’elle aimait à raconter elle-même, nous sont rendues avec ce tour net et dans cette nuance qui était le ton particulier de son salon ; qu’une fine critique, toujours convenable, corrige et relève, par-ci par-là, le trop de douceur dans les portraits.

1490. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Campagnes de la Révolution Française. Dans les Pyrénées-Orientales (1793-1795) »

Quand il arrive pour prendre en main le commandement qui lui est déféré, les dispositions de crainte et d’alarme qui l’avaient fait paraître nécessaire sont déjà changées par suite d’un grand succès obtenu devant Perpignan, la victoire de Peyrestortes, remportée d’élan et comme de hasard, par un enthousiasme héroïque.

1491. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Chateaubriand, jugé par un ami intime en 1803, (suite et fin) » pp. 16-34

Ces appellations vraies et nécessaires, ces qualifications décisives ne sont cependant pas toujours si aisées à trouver, et bien souvent elles ne se présentent d’elles-mêmes qu’à un moment plus ou moins avancé de l’étude.

1492. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite et fin.) »

Toujours lumineux, toujours clair, décidé, ayant à toute heure assez d’énergie en lui pour mettre immédiatement à exécution ce qu’il avait reconnu avantageux et nécessaire.

1493. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite et fin.) »

On y assiste ; dans un tête-à-tête avec son fils, elle lui adresse successivement quatre requêtes, et lui demande au moins de quatre choses l’une : 1° de ne point mourir, lui son fils, de ne point souffrir mort, s’il est possible ; 2° cette première requête refusée, et puisque cette mort est jugée nécessaire, de ne point la souffrir si amère, si honteuse et si cruelle ; 3° cette requête rejetée encore par Jésus au nom des Écritures et des Prophéties, de permettre au moins que sa mère meure la première et n’ait point à voir de ses yeux une mort si terrible ; 4° puisque cette troisième pétition n’est pas plus accueillie que les deux autres, de vouloir bien qu’elle perde au moins connaissance pendant la durée de la Passion, qu’elle soit ravie en esprit et demeure comme une chose insensible, privée d’intelligence et de sentiment.

1494. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. » pp. 31-51

Il y vit une occasion toute naturelle et nécessaire de ressusciter Carthage et ses ruines si abattues depuis le temps de Marius.

1495. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Elles sont si bien revenues d’un court moment d’erreur qu’elles s’imaginent, en le lisant, qu’elles n’ont jamais failli ; et, voyant un si habile avocat plaider pour elles, elles s’attendrissent à penser qu’elles sont restées quasi des anges de vertu. » Ne soyons pas nous-même plus rigoriste qu’il ne convient ; un peu d’hypocrisie sociale est chose nécessaire et qui ne messied pas : il en faut même dans l’art ; il en faut, mais, comme dit la chanson, pas trop n’en faut.

1496. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Souvenirs d’un diplomate. La Pologne (1811-1813), par le baron Bignon. »

Le duc d’Otrante reconnut que, dans la branche du gouvernement qui lui était commise, la plus grande faute est de faire un mal qui n’est pas nécessaire à la sûreté de l’État ; et ce grand principe, appliqué dans toute son étendue sous un règne despotique, toutes les fois que la volonté absolue de l’Empereur, à laquelle il a souvent osé opposer de la résistance, n’est pas intervenue d’une manière directe, ce principe a rendu son administration bienfaisante pour la France et l’a fait chérir particulièrement des classes les plus exposées à la persécution. » N’oublions pas encore une fois que cela est écrit en 1814 et avant le rôle de Fouché en 1815, rôle que les honnêtes gens d’aucun parti ne sauraient, je pense, envisager sans dégoût.

1497. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, par M. J. Zeller. Et, à ce propos, du discours sur l’histoire universelle. (suite.) »

Enfin il y parvient avec quelque effort, et il veut bien accorder qu’à moins de coups extraordinaires que Dieu s’est expressément réservés pour rappeler sa présence, les choses se passent en général dans l’histoire comme s’il n’y avait que des causes naturelles et des conséquences nécessaires qui en découlent.

1498. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires du comte Beugnot »

Beugnot tenait fort à ces arbres, qu’il avait plantés en des temps plus heureux et qui faisaient la joie des habitants : il réussit à les sauver moyennant distribution de bois qu’il fit faire aux troupes, au double de ce qui était nécessaire, et il nous raconte comme il suit son succès : « Tel est, nous dit-il, l’excès de notre prévention pour ce qui est notre ouvrage, que j’étais dans le ravissement pour avoir préservé un jardin que, deux jours après, je devais quitter, peut-être pour ne jamais le revoir, mais à coup sûr pour ne plus le posséder.

1499. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite.) »

L’agrément du roi était nécessaire pour autoriser cet arrangement.

1500. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite et fin.) »

Son Altesse Sérénissime répondit tout en piss… : « Mortaigne, prenez garde de prendre votre c… pour vos chausses. » Sans doute, ajoute M. de Voyer, que ce prince sentit l’absurdité de tirer d’un point aussi éloigné que la droite le secours nécessaire à la gauche ; mais il eut la faiblesse de ne pas s’opposer à ce ridicule arrangement. » Supposez un moment en imagination que le prince de Condé, dans la gloire des journées de Rocroy et de Lens, et à la faveur d’un songe comme le figurent les poëtes épiques, aperçoive tout à coup, dans l’avenir, un de ses descendants perdant une bataille dans une telle posture et sur un tel mot, et demandez-vous ce qu’il en dira !

1501. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre IV. De l’amour. »

Le courage de se tuer ; mais dans cette situation le secours même de cet acte terrible est privé de la sorte de douceur qu’on peut y attacher ; l’espoir d’intéresser après soi, cette immortalité si nécessaire aux âmes sensibles, est ravie pour jamais à celle qui n’espère plus de regrets.

1502. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre IV. Poésie lyrique »

Elle n’avait guère vécu que d’une vie factice, n’ayant pas eu la bonne fortune de rencontrer un de ces esprits en qui elle se fût transformée, de façon à devenir une forme nécessaire du génie national.

1503. (1900) L’état actuel de la critique littéraire française (article de La Nouvelle Revue) pp. 349-362

C’est un logicien dogmatique, qui a rangé toutes les productions de l’esprit dans des catégories définies, et a de plus séparé les catégories bonnes des mauvaises, au nom d’une certaine destination morale de l’art qu’il a décrétée nécessaire en lui-même.

1504. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIV. La commedia dell’arte au temps de Molière (à partir de 1662) » pp. 265-292

» Fils d’un père et d’une mère qui jouaient la comédie, il avait été élevé pour la profession de comédien et possédait toutes les qualités, tous les talents nécessaires à cette profession, l’adresse, la souplesse, la dextérité.

1505. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre III. Grands poètes : Verlaine et Mallarmé, Heredia et Leconte de Lisle » pp. 27-48

On n’écrit pas. » III Sans doute, entre la critique de la postérité, soit des esprits assez distants pour rentoiler leurs souvenirs de lecture sur une trame historique adventice, et la critique non même du lendemain mais du matin ou de la veille, dont l’exactitude chaleureuse vaut d’abord en tant que d’intéressante information : citations heureuses presque encore inédites, découpées des « bonnes feuilles », anecdotes sur l’auteur, première impression non refroidie, adresse du libraire… sans doute entre ces deux critiques n’y a-t-il point une place nécessaire pour une tierce et intermédiaire, la nôtre, très contemporaine encore, et point toute fraîche cependant, advenant après, ai-je entendu dire, cent soixante-treize articles imprimés sur les Trophées de José-Maria de Heredia.

1506. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre VII. L’antinomie pédagogique » pp. 135-157

L’éducation assure la persistance de cette diversité nécessaire en se diversifiant elle-même et en se spécialisant : Elle consiste donc, sous l’un ou l’autre de ces aspects, en une socialisation méthodique de la jeune génération.

1507. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre II. L’analyse interne d’une œuvre littéraire » pp. 32-46

Il est nécessaire de recourir ici à l’aide de la psychologie.

1508. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIX. Cause et loi essentielles des variations du gout littéraire » pp. 484-497

Je ne pense pas qu’il soit nécessaire de démontrer plus longuement que c’est bien par un mécanisme de réaction et de développement qu’une littérature et une société se transforment.

1509. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 janvier 1887. »

La cause Wagnérienne triomphe en France comme partout : ce qui eût été imprudent au moment de la lutte devient nécessaire au moment de la victoire ; il importe aujourd’hui qu’une Revue « Wagnérienne » entre directement dans l’actualité de chaque jour pour y prendre la ferme attitude qui convient à son titre.

1510. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre II : L’intelligence »

Tels sont ceux nécessaires pour écrire, jouer du piano, tricoter, etc.

1511. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le cardinal de Retz. (Mémoires, édition Champollion.) » pp. 238-254

Selon lui, une armée à quelque distance et un général de renom agiraient à point sur le Parlement et lui rendraient l’énergie nécessaire sans le menacer, tandis que l’action du peuple à Paris est trop dangereuse, trop immédiate.

1512. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Walckenaer. » pp. 165-181

Il a de ces anachronismes de ton qu’on ne sait comment s’expliquer ; lorsqu’il dira, par exemple, à propos de Mme de Maintenon entrant dans le monde à cette date brillante de sa jeunesse : « Ce qu’on appelle le monde, le beau monde, est un Diorama. » Je ne sais si Mme de Maintenon, exacte et stricte comme elle est, lui aura pardonné ces discordances ; mais je suis bien sûr que Mme de Sévigné n’y regarde pas de si près avec un tel ami, avec un d’Hacqueville si serviable et si nécessaire.

1513. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Les romans de M. Edm. de Goncourt » pp. 158-183

I Il est en M. de Goncourt trois prédispositions originelles, sans lien nécessaire qui les relie : physiologique, intellectuelle, émotionnelle, affectant les trois départements principaux de son organisation psychique, qui, démontrées, peuvent suffire à l’analyse et à l’explication de cet artiste.

1514. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Despréaux, avec le plus grand nombre des écrivains de son temps. » pp. 307-333

Louis XIV en fut si content, qu’il le nomma sous-précepteur de Monseigneur : mais l’ignorance d’une langue nécessaire pour ce poste l’empêcha de le remplir.

1515. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence de la chaire. » pp. 205-232

L’imagination est refroidie ; l’attention nécessaire, détruite ; un plan, quelque beau, quelque grand qu’il puisse être défiguré.

1516. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Les deux cathédrales »

L’homme, ayant pris conscience de la réalité de son être et de la réalité du milieu où il vit, possède désormais la base nécessaire pour aborder ce mystérieux Univers dont l’énigme multiforme ne cessera plus de l’inquiéter.

1517. (1936) Réflexions sur la littérature « 6. Cristallisations » pp. 60-71

Il est donc naturel et nécessaire que la société ait construit, elle aussi, sa cristallisation.

1518. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XVI. »

On peut rêver à plaisir le pouvoir absolu ; on peut le prétendre un mal nécessaire, dans certain état du monde.

1519. (1856) Articles du Figaro (1855-1856) pp. 2-6

La fougue, l’énergie vivace, les excès de la force, seront le partage nécessaire de cette poésie tourmentée comme notre âge ; mais telle que nous la pressentons, elle aura certainement sa beauté et sa grandeur. Nous irons de la poésie au roman et du roman à l’histoire, nous appliquant à découvrir les sources où celui-là doit se retremper pour y trouver une jeunesse nouvelle ; signalant les écueils où trébuche celle-ci, défigurée de nos jours, tantôt en pamphlet tumultueux, tantôt en dithyrambe emphatique, nous disons aux romanciers que l’habileté du récit et la sagacité d’observation ne leur suffisent pas ; que s’il leur est nécessaire de voir, il leur est indispensable de juger et que le romancier implique le moraliste. […] C’est pour avoir compris cette mission nouvelle et nécessaire de la poésie, que le volume de M.  […] Toutefois, malgré sa valeur incontestable, était-elle bien nécessaire ? […] N’avions-nous pas raison de dire qu’une nouvelle traduction de Werther n’était pas chose bien nécessaire ?

1520. (1923) Critique et conférences (Œuvres posthumes II)

Mais un devoir sacré m’incombe, en dehors de toute diversion même quasiment nécessaire, vite. […] Oui, n’est-ce pas, ou peut s’en faut, et je vous ai prouvé que la rime est un mal nécessaire dans une langue peu accentuée, la rime suffisante pour le moins ? […] De quel amour, je dirais presque de quelle volupté, ne frémissent pas ces pages admiratives sur Chéret où renaissent, sous une forme tout aussi jolie, les miraculeuses imaginations du grand Affichier, s’il faut créer ce mot qui devient nécessaire. […] Je ne reprendrai pas ici l’histoire du mouvement littéraire de cette période, romantisme, parnasse contemporain, renouveau lui-même du romantisme, un romantisme en avant où gronda le formidable vers de Leconte de Lisle, où chatoya et tinta celui de Théodore de Banville, où celui de Baudelaire gémit et luisit, flamme funèbre et chant frissonnant ; trinité révérée et vénérée d’où, sans conteste, procédèrent les premières œuvres d’une génération déjà mûre, très mûre, pensent et disent presque d’aucuns impatients, génération dont je suis, dont est Stéphane Mallarmé, dont sont d’autres encore, pleins, ceux-là, d’un talent resté dans son aspect d’antan moyennant les nécessaires modifications (en mieux sans doute aucun) qu’apporte le temps plus ou moins écoulé...

1521. (1888) Poètes et romanciers

Un instinct de distinction extrême le porte à négliger certains ressorts et moyens très nécessaires à l’effet théâtral et au jeu de la scène. […] Les faits qu’exprime la musique sont des faits entièrement étrangers à la conscience et à la liberté morale ; ce sont des rapports nécessaires, des harmonies fatales entre notre âme et les choses, entre les choses elles-mêmes. […] On avouera qu’un commentateur est ici plus nécessaire que pour le vers le plus obscur d’Eschyle. […] Pour ce qui est des hommes, il les juge quand cela est nécessaire ou seulement à propos. […] Dans ces journées laborieusement oisives, quelle heure n’a son emploi nécessaire et marqué par la plus impérieuse des lois, la loi de la haute vie, high life, comme disent si bien nos voisins ?

1522. (1854) Causeries littéraires pp. 1-353

Débarrassé de Fédor, Boris joua la petite comédie d’usage chez les parvenus qui se croient nécessaires. […] Les Russes en buvaient beaucoup, du moins à cette époque, et cette rigueur les atteignait dans leur goût le plus vif, leur superflu le plus nécessaire. […] De Rousseau à madame Sand, de Julie à Diane de Lys, la dernière venue de cette orageuse famille, ne reconnaissez-vous pas ce paradoxe de l’orgueil se préférant aux vraies notions du bien et du mal, et inventant à son usage, au-delà des vertus et des devoirs véritables, un devoir imaginaire, une vertu chimérique, faite de superflu, et veuve du nécessaire ? […] Notre génération surtout, à la fois orgueilleuse et maladive, agitée et désabusée, associant le goût du superflu au mépris du nécessaire, a de vagues complaisances pour ces apôtres, ces prédicateurs, ces doctrines, où chacun peut apporter un peu de sa chimère et de son rêve. […] Ensuite, il était nécessaire que la même main, en nous ramenant vers ces ineffables douleurs, en fixât nettement le terme, et ne laissât plus planer sur cette destinée si courte ce je ne sais quoi de mystérieux et de légendaire, qui a, de nos jours, égaré sur la trace de Louis XVII un certain nombre d’imaginations royalistes.

1523. (1885) Le romantisme des classiques (4e éd.)

Il n’est pas nécessaire que les œuvres qu’on étudie soient nouvelles, lorsque le public est nouveau. […] Si l’unité est la condition nécessaire, la variété n’est pas exclue. […] La leçon d’aujourd’hui ne sera peut-être pas la plus intéressante ; mais elle me paraît nécessaire pour vous faire mesurer la distance entre le point de départ et le point d’arrivée du grand poète. […] Une autre modification ne lui a pas paru moins nécessaire. […] Après avoir étudié le Cid, il est nécessaire d’étudier aussi, le plus rapidement possible, les débats et les combats qu’il souleva.

1524. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

On pourrait toutefois se demander s’il est nécessaire de mettre l’exégèse à la portée des gens du monde. […] Il proclame que le travail, le bon sens, la raison, la société, le mariage, la famille sont « des choses utiles, salutaires et nécessaires ». […] Certaines amitiés, qu’il est nécessaire de rappeler si l’on veut bien comprendre la vie intellectuelle de Leconte de Lisle, contribuèrent à le détourner de l’idéal chrétien. […] Elles peignent si bien son état d’âme, qu’il est nécessaire de les citer. […] Exemple : Le mal est nécessaire.

1525. (1905) Propos de théâtre. Deuxième série

Cela est rude, mais nécessaire dans l’intérêt des mœurs et de la dignité de la corporation. […] Seulement il faisait quelquefois un bizarre usage de ce savoir, en effet si nécessaire. […] — Il est probable. » Cela était suffisant, mais nécessaire. […] Les cinq actes nécessaires et les quinze cents vers obligatoires sont abandonnés par eux. […] Olivier tous les documents et toutes les références nécessaires pour cela.

1526. (1930) Le roman français pp. 1-197

Mais n’était-elle pas nécessaire pour éclairer certaines parties du sujet ? […] Il faut aller plus loin : c’est la seule qui, sauf exception, fasse encore des martyrs dont on trouve tout naturel et nécessaire qu’ils soient martyrs : le patriotisme, qui est la même chose que le nationalisme (en excluant de l’acception de ce mot ce que les polémiques françaises y ont introduit de « réactionnaire »). […] Et enfin, comme ils nous font goûter la sensation dans une circonstance tout autre, ils la libèrent de toute contingence, ils nous en donnent l’essence extra-temporelle, celle qui est justement le contenu du style, cette vérité générale et nécessaire que la beauté du style traduit. […] Ceci, par un contraste qu’il faut signaler, au moment où l’enseignement de l’Église, au cours d’une retraite prudente, mais sans doute devenue nécessaire, atténue la rigueur de certains de ses dogmes, particulièrement en ce qui concerne le Péché Originel : au moment où le néo-thomisme tente un effort si intéressant — bien qu’on le puisse craindre un peu tardif et insuffisant, ainsi que le fait voir M.  […] Et si, jusqu’à ce jour, on ne l’a pas reconnu, n’est-ce point précisément par ce qu’elle a encore — et d’une façon légitime, nécessaire — de semblable ou d’analogue avec les autres productions actuelles, depuis Proust et André Gide ?

1527. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome IV pp. -328

Le chapitre avoit fait les démarches nécessaires pour cela. […] Ils profitent de ses cris & de ses douleurs pour le dépouiller souvent du plus étroit nécessaire. […] L’usage en est-il utile & nécessaire ? […] Il marqua le genre d’étude qui leur convient, les livres qui leur sont nécessaires, les vues qu’ils ont à se proposer, en s’appliquant aux sciences. […] De tous ces ouvrages nécessaires pour la perfection de la langue, le plus important étoit le dictionnaire.

1528. (1890) Derniers essais de littérature et d’esthétique

Il n’est nullement nécessaire de suivre M.  […] Rossetti est un homme entreprenant, un écrivain laborieux, mais il manque entièrement du sens nécessaire pour l’interprétation de la poésie telle que l’a écrite John Keats. […] Il semble que la rime soit absolument nécessaire à tout mètre anglais qui cherche à obtenir la rapidité du mouvement, et il n’y a pas dans notre langue assez de doubles rimes pour permettre de conserver ce pied final de deux syllabes. […] On aura beau barbouiller un mur de cave, on ne fera jamais comprendre à un homme le mystère des Sibylles de Michel-Ange, et il n’est point nécessaire d’écrire un seul drame en vers blanc pour être en état d’apprécier la beauté d’Hamlet. […] Gustave Masson, est peut-être au niveau des exigences intellectuelles des écoliers de Harrow, mais elle ne satisfera guère ceux qui regardent l’exactitude, la clarté, et la facilité comme les qualités nécessaires à une bonne traduction.

1529. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Molière »

Comme acteur, ses contemporains s’accordent à lui reconnaître une grande perfection dans le jeu comique, mais une perfection acquise à force d’étude et de volonté. « La nature, dit encore Mademoiselle Poisson, lui avoit refusé ces dons extérieurs si nécessaires au théâtre, surtout pour les rôles tragiques. […] Cette ingénieuse correction, qui, une fois faite, paraît si nécessaire et si simple, est proposée par M.  […] Dans le tome Ier des Hommes illustres de Perrault, l’article Molière se termine par cet éloge : « Il a ramassé en lui seul tous les talents nécessaires à un comédien.

1530. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Saint-Arnaud. Ses lettres publiées par sa famille, et autres lettres inédites » pp. 412-452

Je suis comme le juif errant. » Il n’a plus tout à fait pour ce qui peut en arriver la même indifférence qu’autrefois ; marié, bientôt père, il sent les obligations qu’il a contractées ; il a acquis une valeur pour ceux à qui sa vie est utile : « Cela ne m’empêcherait pas de l’exposer mille fois le jour avec sang-froid pour la gloire et le roi que je crois nécessaire à mon pays. […] Dieu ne me retirera pas sa grâce au moment où elle me sera le plus nécessaire.

1531. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Ma biographie »

Cet ouvrage de Port-Royal (3e édition) a été publié en six volumes (format in-12) en 1867 ; et cette dernière édition, très-augmentée, est nécessaire pour qui veut connaître non seulement Port-Royal, mais beaucoup de circonstances de la vie morale et littéraire de M.  […] Sainte-Beuve n’a jamais cherché à remonter plus haut dans sa généalogie ; il ne se croyait pas noble, et s’il a voulu, il y a quelques années, s’assurer de la particule paternelle, qui a été omise devant son nom sur son propre acte de naissance à lui-même, deux mois et demi après la mort de son père, s’il a écrit en 1805 à M. le maire de Moreuil qui a bien voulu lui communiquer très obligeamment le document nécessaire, avec les extraits de naissance de ses oncles et tantes, c’est qu’il avait besoin de faire constater le vrai nom de son père pour la régularisation d’un acte notarié (il s’agissait, s’il m’en souvient bien, car il est bon de préciser pour faire taire les malveillants de plus d’une espèce, d’une rente perpétuelle provenant de sa mère à Boulogne-sur-Mer). — Sur l’acte de mariage de ses parents, qui est daté du 30 ventôse an XII de la République (21 mars 1804, — déjà Napoléon perçait sous Bonaparte), M. de Sainte-Beuve père est bien positivement appelé citoyen Charles-François de Sainte-Beuve, ce qui expliquerait à la rigueur que le de peut faire partie du nom sans impliquer nécessairement la qualité nobiliaire. — Mais M. 

1532. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. BALLANCHE. » pp. 1-51

Il montra avec M. de Bonald et les catholiques que la parole n’a pu être inventée primordialement, qu’elle a été nécessaire et préexistante à la pensée, qu’elle a été donnée par Dieu à l’homme naturellement social ; mais, en arrivant aux temps de la parole écrite et imprimée, il montrait avec les autres philosophes la pensée humaine s’affranchissant peu à peu du joug de cette parole devenue plus matérielle et plus pesante, brisant l’enveloppe, acquérant des ailes, et dès lors s’élançant librement à de nouvelles croyances sociales, à de nouvelles interprétations religieuses. […] Il croyait que la Restauration pouvait et devait être l’incarnation politique et civile du Christianisme ; l’instrument bourbonien lui paraissait nécessaire à son idée, bien qu’il le sentît rebelle ; simple erreur de moyen et de circonstance !

1533. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre troisième. Les sensations — Chapitre II. Les sensations totales de la vue, de l’odorat, du goût, du toucher et leurs éléments » pp. 189-236

« On constate par l’analyse prismatique que le gris est identique au blanc, le brun au jaune, le rouge brun au rouge, le vert olive au vert, quand le blanc, le jaune, le rouge, le vert sont faiblement lumineux. » Cela établi, on a tous les éléments nécessaires pour expliquer toutes les sensations de couleur, et l’on voit les éléments de la sensation former des composés qui, s’unissant entre eux, forment des composés plus complexes et ceux-ci de même, comme on voit les atomes physiques former les molécules chimiques, celles-ci les composés chimiques et ceux-ci enfin les minéraux ordinaires de la nature. — Au plus profond de l’analyse, on atteint trois sensations élémentaires qui toutes ensemble, mais chacune différemment, sont excitées par un rayon simple du prisme. […] Dans l’explication psychologique, le fait admis est positif ; car il est certain que les trois sensations du violet, du rouge et du vert existent. — Je fais donc les changements nécessaires à l’exposé d’Helmholtz.

1534. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIe entretien. L’Arioste (2e partie) » pp. 81-160

Je ne le savais pas, je ne cherchais pas à le savoir ; mais c’était l’ensemble de cette situation, c’était ce groupe aimable, naïf, accompli, dont chaque figure était nécessaire à l’autre, et dont on ne pouvait en détacher une sans que le charme fût anéanti. […] Vous devrez également veiller aux intérêts de nos nationaux et leur accorder dans l’occasion la protection nécessaire.

1535. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIIe entretien. Madame de Staël. Suite. »

Je répondis à l’officier de gendarmerie que partir dans vingt-quatre heures convenait à des conscrits, mais non pas à une femme et à des enfants, et en conséquence je lui proposai de m’accompagner à Paris, où j’avais besoin de passer trois jours pour faire les arrangements nécessaires à mon voyage. […] « À la veille de se faire couronner par les mêmes hommes qui avaient proscrit la royauté, de rétablir une noblesse par les fauteurs de l’égalité, il crut nécessaire de les rassurer par l’affreuse garantie de l’assassinat d’un Bourbon.

1536. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre neuvième »

Le public même n’en demandait pas plus ; la preuve, c’est le succès de Mélite, qui n’excita guère moins d’applaudissements que le Cid, neuf ans après, et rendit nécessaire l’établissement d’une seconde troupe de comédiens. […] Scène d’autant plus belle qu’elle est l’effet nécessaire du caractère, et que le Menteur y est puni de ses mensonges.

1537. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VIII. La littérature et la vie politique » pp. 191-229

. — Il n’est pas nécessaire d’évoquer ces perturbations violentes pour mettre en lumière la liaison perpétuelle de l’évolution politique et de l’évolution littéraire. […] Est-il nécessaire de répéter que l’infiltration de l’esprit démocratique dans la littérature n’a pas été pour elle tout profit ?

1538. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1884 » pp. 286-347

J’avais bien débuté par le petit nécessaire en or de la vente Demidoff, qui a l’air d’avoir été ciselé sur un dessin d’Eisen, mais j’en suis presque encore, dans ma collection, à ce nécessaire.

1539. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Charles Dickens »

Ces développements nécessaires n’y eussent rien changé. […] Les sentiments qui l’ont ému ne sont guère que des nuances de l’aversion et de l’approbation ; ils versent dans la terreur, cet étonnement devant la réalité qui est une des affections de l’inintelligence ; ils poussèrent l’écrivain à quantités d’indignations déraisonnables, le firent se moquer et s’apitoyer, s’indigner et s’effrayer d’une quantité de choses qui n’en valaient pas la peine, l’engagèrent enfin à donner de tout, de la société, des institutions, des caractères, des vertus nécessaires, des actes répréhensibles, un jugement, sans réflexion, tout de premier mouvement, tel qu’en pourrait porter un enfant ou une femme émue.

1540. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Gustave Flaubert. Étude analytique » pp. 2-68

Ainsi pourquoi y a-t-il un rapport nécessaire entre le mot juste et le mot musical ? […] Quand Flaubert dit à la première phrase de Madame Bovary : « Nous étions à l’étude quand le proviseur entra suivi d’un nouveau, habillé en bourgeois, et d’un garçon de classe qui portait un grand pupitre, … » il dit simplement, en le moins de mots nécessaires, et en des mots simplement justes, un fait dont son imagination contenait l’image.

1541. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIIe entretien » pp. 87-159

Or pourquoi encore le merveilleux ou le surnaturel fait-il partie essentielle et nécessaire du poème épique ? […] VI J’en ai fini avec la métaphysique ; mais vous allez voir qu’elle était nécessaire même pour vous expliquer pourquoi l’Europe moderne n’avait pas et ne pouvait pas avoir de poème épique.

1542. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — I. Faculté des arts. Premier cours d’études. » pp. 453-488

J’oserais presque répondre : à personne, si ce n’est aux poètes, aux orateurs, aux érudits et aux autres classes des littérateurs de profession, c’est-à-dire aux états de la société les moins nécessaires. […] Il serait important de se procurer les meilleures éditions des auteurs anciens et de les réimprimer dans l’empire ; une société de savants consacrés à ce travail serait bien moins dispendieuse et beaucoup plus nécessaire qu’une Académie, car c’est ainsi que peu à peu on ferait naître l’art de, l’imprimerie et le commerce de la librairie.

1543. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres de François Arago. Tome I, 1854. » pp. 1-18

Laplace appuya ce projet ; le Bureau des longitudes les en chargea ; l’Empereur ordonna l’expédition et accorda les fonds nécessaires ; le gouvernement espagnol adjoignit aux deux savants français deux commissaires, MM. 

1544. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — III. (Fin.) » pp. 162-179

Et quelle plus belle image que celle du président Jeannin, de ce vieillard, comme on l’a dit, « si nécessaire au public, exercé par tant de rois, blanchi sous Henri le Grand, usé sous Louis le Juste », et qui nous apparaît jusqu’à la fin courbé, mais ferme, sous le fardeau des choses de l’État !

1545. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — I. » pp. 279-295

Partout où il le crut nécessaire, il n’hésita pas à sacrifier les animaux malades pour préserver ceux qui étaient sains, et il fit de larges hécatombes.

1546. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — II » pp. 76-92

J’avais alors beaucoup de choses à vous dire plus nécessaires que celles-là, et à peine avais-je assez de temps pour vous le dire.

1547. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — I » pp. 39-56

Louis XIV, dans son jugement de maître, le nota donc et le tint en réserve comme l’homme nécessaire et indiqué, pour le cas où il faudrait à tout prix agir et remonter par quelque action hardie le moral des Français.

1548. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance de Buffon, publiée par M. Nadault de Buffon » pp. 320-337

Ces démarches, honnêtes et nécessaires, loin de nuire à votre avancement, y serviront beaucoup.

1549. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — I » pp. 417-434

Il insistait vivement, et en homme pénétré, sur le courage d’esprit qui manque presque toujours là où il est le plus nécessaire, dans cette saison extrême de la vie, « qui n’a plus de prix que celui que nous savons lui donner. — Mais ce courage de l’esprit, où le trouver, vous tous qui n’avez jamais exercé votre âme par la lutte, je dirai presque la gymnastique de la pensée ? 

1550. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire de mon temps. Par M. Guizot. »

. — C’était une phase nécessaire par où il fallait passer au moins provisoirement, pensaient d’autres moins confiants, moins absolus

1551. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourgogne, par M. Michelet »

L’historien reconnaît, en effet, ses bonnes intentions, sa tendre pitié pour le peuple et toutes ses vertus chrétiennes, mais il marque en même temps les étroitesses et les limites d’esprit de ce vénérable enfant, et il trouve, pour peindre le contraste de cette manière d’être individuelle avec les vertus publiques et les lumières étendues si nécessaires à un souverain, des expressions qui se fixent dans la mémoire et des couleurs qui demeurent dans les yeux.

1552. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourg, par M. Michelet. (suite.) »

Or, ce nombre se trouvera toujours, sans qu’il soit nécessaire que le prince emploie des moyens extraordinaires pour le préparer.

1553. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc »

Prenant pour exemple, sur l’Acropole même d’Athènes, l’Erechtheïum, « ce groupe de trois temples ou salles dont deux se commandent, avec trois portiques à des niveaux différents », se replaçant en idée dans ce bel âge de la Grèce, il suppose que le monument terminé, au moment où l’échafaud disparaît et où l’effet d’ensemble se révèle, un mécontent, un critique sort de la foule et accuse publiquement l’architecte d’avoir violé les règles au gré de sa fantaisie ; et l’artiste alors, heureux d’avoir à s’expliquer devant un peuple véritablement artiste et qui saura le comprendre, réfute agréablement son contradicteur, non sans flatter un peu son auditoire : « Celui qui vient de parler si légèrement, Athéniens, est probablement un étranger, puisqu’il est nécessaire de lui expliquer les principes d’un art dans l’exercice duquel vous dépassez les autres peuples.

1554. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [I] »

Il devient évident que si la guerre a été le premier état naturel de l’homme barbare et sauvage, que si elle a été le triomphe et le jeu de quelques génies prééminents, l’élément nécessaire et l’instrument de grandeur des nations souveraines et des peuples-rois, la paix, avec tous les développements qu’elle comporte, est la fin dernière des sociétés humaines civilisées.

1555. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre quatrième. Les conditions physiques des événements moraux — Chapitre III. La personne humaine et l’individu physiologique » pp. 337-356

. — Jusqu’ici, cette illusion a tenu la psychologie enrayée, surtout en France ; on s’est appliqué à observer le moi pur ; on a voulu voir dans les facultés « les causes qui produisent les phénomènes de l’âme168 » ; on a étudié la raison, faculté qui produit les idées de l’infini et découvre les vérités nécessaires ; la volonté, faculté qui produit les résolutions libres.

1556. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre III. Théorie de la fable poétique »

J’aurai trop de détails indifférents et trop peu de traits nécessaires.

1557. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXe Entretien. Souvenirs de jeunesse. La marquise de Raigecourt »

Mais, si l’attachement à la Charte vous paraît dangereux pour mon avenir, condamnez-moi dès à présent, car j’ai cru cette conciliation nécessaire entre l’ancien régime et l’avenir de la France ; et si c’est vous offenser que de le dire tout haut dans une occasion solennelle, soyons ennemis dès aujourd’hui ; je ne vous en aimerai pas moins comme un de mes premiers amis. » Nous nous fîmes ces adieux.

1558. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre I. La lutte philosophique »

Diderot s’entêtait : il forçait au bout de huit ans les résistances de l’autorité (1765), remettait l’édition en bon train avec une permission tacite, intéressait à l’entreprise Mme de Pompadour, Richelieu, Bernis, Choiseul, Malesherbes, Turgot, atténuait l’effet fâcheux de la désertion de son collaborateur, abattait à lui seul une effrayante besogne, écrivait, commandait, arrachait les articles nécessaires, et finissait par vaincre.

1559. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre IX. Inquiets et mystiques » pp. 111-135

Je souhaite seulement qu’elle soit très sévère… Elle combattra par tous les moyens l’immoralité ou mieux l’inertie 4… Il sera nécessaire d’avoir un séminaire, un journal, etc. » Je sais bien que tout cela est puéril, mais les mêmes choses dites autrement pourraient ne l’être pas.

1560. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Oscar Wilde à Paris » pp. 125-145

Brummel voulait sauver du désastre égalitaire les droits de l’individu, substituer à la noblesse de caste, la noblesse de l’intelligence, opposer aux privilèges de la naissance les privilèges du génie et maintenir, comme armature des sociétés, une hiérarchie nécessaire, une échelle de valeurs.

1561. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre V. Premiers aphorismes de Jésus. — Ses idées d’un Dieu Père et d’une religion pure  Premiers disciples. »

Pour cela des voies moins pures sont nécessaires.

1562. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame, duchesse d’Orléans. (D’après les Mémoires de Cosnac.) » pp. 305-321

Lorsqu’il eut été exilé dans son diocèse, Madame ne cessa de lui écrire et de désirer, de demander son rappel ; cette instance même allait contre le but : Le roi, dit Cosnac, crut que Madame ne pouvait pas conserver un si violent et si continuel désir de mon retour, sans que nous eussions ensemble de grandes liaisons, et sans que je lui fusse fort nécessaire ; et ces liaisons, selon les idées qu’on lui en avait données, lui paraissaient une cabale formée, qu’on ne pouvait détruire avec trop de soin.

1563. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Les regrets. » pp. 397-413

Mais ici quelques remarques sont nécessaires : la prétention et la ressource de tous les pouvoirs déchus est d’invoquer aussitôt la justice et de s’identifier avec elle.

1564. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — II. (Suite.) » pp. 149-166

Il la considérait comme une navigation dont la traversée est obscure et dont le terme est certain, ou encore comme un sommeil d’une nuit, aussi naturel et aussi nécessaire à la constitution humaine que l’autre sommeil : « Nous nous en lèverons plus frais le matin. » Arrivé en Amérique, salué de ses compatriotes et ressaisi par le courant des affaires publiques, Franklin porte souvent un regard de souvenir vers ces années si bien employées, et où l’amitié et la science avaient tant de part.

1565. (1913) Le bovarysme « Troisième partie : Le Bovarysme, loi de l’évolution — Chapitre I. Le Bovarysme de l’individu et des collectivités »

C’est de cet état de fait qu’il déduit le conseil qu’il se donne à lui-même : « Sois en harmonie avec toi-même. » Cette maxime en effet, si on ne. la prend pas comme un frein trop fort de nature à paralyser le mouvement nécessaire à la vie, peut être utile à distinguer la limite où le Bovarysme cesse d’être l’expression d’un progrès normal pour dévier vers la pathologie : « Sois en harmonie avec toi-même », cela signifie avec plus de détail : Sache parmi le grand nombre de notions qui sont proposées à l’admiration de ton esprit, sache distinguer celles qui doivent demeurer pour toi de simples objets de connaissance, de celles qui peuvent être des buts pour ton activité.

1566. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre III : La science — Chapitre I : De la méthode en général »

Voici au contraire aujourd’hui le savant le plus positif, le plus circonspect, le plus fidèle à la méthode expérimentale, qui nous déclare que non-seulement l’hypothèse est légitime dans les sciences, mais qu’elle y est absolument nécessaire, que l’expérience est impuissante et inféconde, si elle n’est pas stimulée et guidée par une anticipation de l’esprit, que faire des expériences sans idée et sans théorie anticipée, c’est faire des expériences à l’aventure, sans savoir pourquoi.

1567. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Du Rameau » pp. 288-298

Le premier pas de la justice criminelle ne consisterait-il pas à décider sur la nature de l’action, du nombre de témoins nécessaires pour constater le coupable ?

1568. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre V. Mme George Sand jugée par elle-même »

Thiers, qui a toujours triomphé de la tête de mulet des bourgeois par le prudhommisme, Mme Sand a, pour se faire goûter d’eux, de fortes teintes de prudhommisme dans le langage, lesquelles ne me paraissent pas absolument nécessaires à la composition des styles immortels.

1569. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Maurice Rollinat »

Maurice Rollinat était trop du pays bleu des poètes pour ne pas s’enivrer de son bonheur et ne pas se fier aux sympathies de gens qui ne voulaient se servir de lui que comme d’un plumet pour leurs journaux· Ils lui avaient, pour leur compte, préparé et arrangé des exhibitions qu’il croyait nécessaires, puisqu’il était musicien et qu’il faut bien prendre les oreilles dont on a besoin où elles sont… À présent, il en a fini de ces exhibitions dont il a senti le dégoût.

1570. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Hippolyte Babou »

La clarté de Babou a trop de pétillement pour être jamais la fixe lumière nécessaire au critique.

1571. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre VII. Le cerveau et la pensée : une illusion philosophique »

Pour d’autres, elle vient de ce que l’état cérébral et l’état psychologique entrent respectivement dans deux séries de phénomènes qui se correspondent point à point, sans qu’il soit nécessaire d’attribuer à la première la création de la seconde.

1572. (1887) La banqueroute du naturalisme

Dans la poésie, maintenant que l’on disposait d’un instrument plus souple, nous avions donc espéré que l’on voudrait imiter et serrer de plus près l’exact contour de la réalité ; nous avions cru qu’au théâtre, on pourrait se débarrasser des conventions inutiles, pour n’en respecter que les nécessaires, qui ne sont pas plus de deux ou trois ; et, dans le roman, nous avions cru que la vie contemporaine était assez complexe, assez curieuse à étudier pour que l’imitation en pût suffire à plus d’un chef-d’œuvre.

1573. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VIII : M. Cousin érudit et philologue »

Il faut que quelque chose subsiste du passé, ni trop, ni trop peu, qui devienne le fondement de l’avenir et maintienne, à travers les renouvellements nécessaires, la tradition et l’unité du genre humain.

1574. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome II

Les procédés de force sont toujours possibles et souvent nécessaires. […] Une de ses expressions favorites était la coexistence nécessaire de l’oratoire et du laboratoire, ou pour parler sans images, de cette Science à laquelle il avait voué son effort et de la Religion, à laquelle il restait attaché par une foi aussi complète que celle de son grand ami, l’admirable cardinal de Cabrières. […] Pendant ce temps, la Prusse, érigée en royaume en 1701, grandissait, mais son développement n’empêchait pas que « les Allemagnes » — le pluriel est ici nécessaire — ne continuassent à vivre de leur vie propre. […] Il considère donc une guerre avec cette puissance comme nécessaire et prochaine. […] Comment citer cette phrase de Balzac sans se rappeler l’Appel des armes, de notre Ernest Psichari, tué à Charleroi, et cette déclaration si émouvante quand on pense à cette fin : « L’existence de l’armée est nécessaire moralement dans une nation… Elle lui apporte un principe utile à sa vie.

1575. (1908) Jean Racine pp. 1-325

Mais un peu plus loin, à propos d’Homère que Jean Racine expliquait à La Fontaine, Louis Racine ajoute : Il n’était pas nécessaire de lui en faire sentir les beautés : tout ce qui était beau le frappait. […] La pièce d’Euripide ainsi réduite, cette pièce dont Rotrou n’avait guère tiré plus de deux actes, Racine en tire ses cinq actes entiers, et cela, en ne gardant que les personnages strictement nécessaires à l’action. […] Il est temps de voir comment Bérénice est « faite », et comment l’ordonnance la plus habile et la plus savante y paraît le développement naturel et nécessaire de la situation une fois donnée. […] Mais, comme ce changement n’est pas fort considérable ; je ne pense pas qu’il soit nécessaire de le marquer au lecteur. […] Un fils que Rome craint, qui peut venger son père Pourquoi répandre un sang qui m’est si nécessaire ?

1576. (1922) Le stupide XIXe siècle, exposé des insanités meurtrières qui se sont abattues sur la France depuis 130 ans, 1789-1919

Tout libéral respecte l’union libre et considère le divorce, d’abord comme un mal nécessaire, puis, comme un presque bien légitimement acquis. […] Il ne manquait plus à l’imbécile doctrine littéraire du romantisme, puis du Parnasse, que ce grotesque diverticule de la douleur, de la torture, de l’angoisse, nécessaires et indispensables à la conception et création romanesque, poétique et littéraire. […] Il y a les œuvres volontaires, appliquées, patientes, quelquefois méritoires ; qui n’ont rien de nécessaire, ni d’exceptionnel. […] Il y a des moments, dans la famille comme dans l’État, où il est nécessaire de sévir, et alors, pour sévir moins longtemps, il est bon de sévir fortement. […] L’habitant français du XIXe siècle aura souffert des maux inouis, tenant à l’imbécillité de ses dirigeants, choisis par lui, encore plus qu’à leur malfaisance ; il aura cru que ces maux étaient nécessaires.

1577. (1855) Louis David, son école et son temps. Souvenirs pp. -447

La gravure, faite d’après l’esquisse dessinée, est trop répandue pour qu’il soit nécessaire de donner ici une description détaillée de la scène qui y est représentée. […] Ce n’est point ici le cas de reproduire les détails de la mort de cet homme, assassiné comme on sait, dans son bain, par Charlotte Corday, le 13 juillet 1793 ; mais il est nécessaire de revenir sur une circonstance de la carrière législative de David, qui se rattache à ce dernier événement. […] Peut-être eût-il été nécessaire cependant de donner ici le programme qu’il avait composé pour la fête de l’Être suprême et qu’il lut à la Convention le 19 prairial an II ; mais outre qu’il est très-étendu, on pourra le trouver en entier dans le Moniteur, sous la date précitée. […] À peine cette affaire parut-elle arrangée, que David s’empressa de faire les préparatifs, nécessaires pour recevoir son modèle et commencer son ouvrage. […] Chose certaine, quoique difficile à croire, il avait tellement embrouillé l’administration de ses biens ; les contestations, les petits procès s’étaient tellement accumulés, que c’est tout au plus s’il avait de liquide l’argent habituellement nécessaire pour son entretien.

1578. (1890) Causeries littéraires (1872-1888)

Mais, ai-je entendu demander, était-il si nécessaire d’y répondre ? […] Un seul passager ne doit pas mourir, car sa vie est nécessaire à la cause : c’est le paysan aux mains blanches, le général. […] Il avait pris toutes les dispositions nécessaires pour que son sépulcre ne fût pas hermétiquement scellé : il en sortira bien souvent encore à intervalles réguliers, et il reparaîtra parmi nous quelques instants. […] Ici, pas même le mélange — là-bas nécessaire — du détail matériel et banal. […] À l’égard du mari, le plus heureux des quatre, il n’est pas nécessaire de déployer de grandes ressources.

1579. (1774) Correspondance générale

Je vous laisse absolument le maître de tous les changements que vous jugerez nécessaires, et je suis sûr que mon ouvrage gagnera beaucoup à passer par vos mains. […] Bien qu’un peu bilieux et insociable, ce M. de Demidoff est un très-digne homme, et il ne sera pas nécessaire de le presser beaucoup sur un point où il s’est engagé déjà ; d’autant plus qu’il est lié par la réception toute obligeante que lui a faite M.  […] Quel est le rapport du salaire du journalier au prix des denrées nécessaires ou combien un ouvrier journalier pourrait-il acheter de pain avec son salaire ? […] Peut-être eussiez-vous moins rabaissé ces sublimes leçons de morale qui ne s’adressent qu’à la portion opulente, oisive et corrompue de la société, si vous eussiez considéré l’influence bonne ou mauvaise, mais nécessaire, des mœurs des citoyens distingués sur la multitude qui les environne et qui les imite sans presque s’en apecevoir. […] Je désire passionnément de m’entretenir avec vous, soit que vous pensiez être un de ses ouvrages, soit que vous pensiez être une portion nécessairement organisée d’une manière éternelle et nécessaire.

1580. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

Quelques-uns, même au premier rang des braves gens qui reconnaissent que la poésie a droit de cité parmi nous, que la philosophie, après tout, n’est pas faite pour se morfondre à la porte des écoles, que l’auteur dramatique est nécessaire au théâtre, et le romancier au foyer domestique ; — ils vont plus loin ; ils acceptent l’historien comme un vengeur nécessaire, ils ajoutent que la fable est utile aux enfants, que l’élégie est bien séante au jeune homme ; une nouvelle bien faite a son prix pour la femme oisive, un long poème endort agréablement le vieillard, un bon dictionnaire est la science de l’ignorant ; même le conte de fée a sa faveur et son charme, — ils en conviennent. — Mais, disent-ils, à quoi bon la critique, et que peut-on faire, ici-bas, de ces jurés peseurs de diphtongues, au sourcil dédaigneux, qui ne trouvent rien de bon, rien de vrai, rien de juste et de naturel ? […] D’abord, il y puise l’autorité nécessaire à qui veut faire la leçon aux beaux esprits de son temps ; en second lieu, cette profitable étude aura ceci d’utile et de bienséant que, faute d’un poète moderne à censurer, la critique aura toujours sous la main, quelque grand poète à admirer. […] » À ce mot : mon gendre, Sganarelle s’inquiète de plus belle ; mais le seigneur Alcantor ne lui laisse pas le temps de respirer : — « Entrez, mon gendre ; ma fille est parée et j’ai donné tous les ordres nécessaires pour cette fête. » Hélas ! […] Adraste, lui, est bien plus heureux ; il a toujours coutume de parler quand il peint, car il est besoin dans ces choses d’un peu de conversation « pour réveiller l’esprit et tenir les visages dans la gaîté nécessaire aux personnes que l’on veut peindre ! 

1581. (1769) Les deux âges du goût et du génie français sous Louis XIV et sous Louis XV pp. -532

Au reste, les nôtres n’imitaient leurs prédécesseurs que dans la division, très-peu nécessaire, de leurs discours. […] On écoutait, avec toute l’attention nécessaire, le subtil Auteur de Marianne & du Paysan parvenu. […] D’autres Physiciens, les Chymistes, s’approchaient avec les instrumens qui leur étaient nécessaires. […] Cette maniere de couper une scène devient, sur-tout, nécessaire dans un Opéra Ballet, où l’intérêt est toujours moins pressant que dans une Tragédie. […] Les écrits de cet Auteur célebre manquent, souvent, il est vrai, de cette clarté si nécessaire aux ouvrages de toute espece, particuliérement à ceux qui ont pour objet l’instruction.

1582. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Littré. »

L’interprétation, coûte que coûte, était nécessaire. […] Ce n’est qu’après avoir épuisé ces sens et acceptions de l’usage présent qu’il passe à l’historique du mot depuis les onzième ou douzième siècles jusqu’au seizième, et là il procède également par une série d’exemples incontestables et triés, ne mettant que le nécessaire ; ce n’est pas lui qui ferait un pas de plus pour aller cueillir la fleurette.

1583. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Alfred de Vigny. »

Cependant il n’y eut pas moyen pour lui de se méprendre plus longtemps sur l’impression générale, lorsque des amis l’eurent éclairé de toutes parts, comme on avait éclairé autrefois M. de Noyon ; mais ici il n’y avait rien eu de prémédité, comme cela avait eu lieu pour M. de Noyon, raillé et joué par l’abbé de Caumartin75 : la seule opposition sérieuse et réelle avait été dans la contradiction nécessaire et, s’il faut le dire, l’incompatibilité d’un esprit fin, net, positif, pratique, tel que celui de M.  […] Je suis ici, depuis dix mois, pour 300 p. : j’ai éprouvé tout ce qui peut affliger un cœur tendre et sensible ; si vous joignez à cela de manquer du nécessaire depuis deux mois, vous jugerez de quel prix serait le service que vous me rendriez.

1584. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Madame de Verdelin  »

Je vous assure que je ne cherche plus d’amis ; ceux que j’ai eus m’ont trompée : je n’ai que vous qui pouviez faire le bonheur et la douceur de ma vie, dont les conseils étaient si nécessaires à ma pauvre tête, et vous m’êtes enlevé ! […] « Je me lève avant le jour pour vous écrire ces deux mots, parce que, assujetti toute la journée à une opération nécessaire et douloureuse, je serais hors d’état d’écrire avant le départ du courrier.

1585. (1875) Premiers lundis. Tome III « Du point de départ et des origines de la langue et de la littérature française »

La comparaison des formes, les vues d’ensemble et de suite, l’idée de lois grammaticales nécessaires, le fil et la clef des étymologies précises, le sens naturel des permutations et altérations dans les mots, les analogies cachées, en un mot l’ organisation de leur sujet d’étude, ils ne s’en doutent pas. […] Ces langues sont pures dans leur transmission ; elles ont suivi, ou plutôt le latin a suivi en elles une marche nécessaire et ascendante, qui l’appropriait au nouvel esprit des temps nouveaux.

1586. (1929) Dialogues critiques

Dans l’ordinaire de la vie, bien des compromissions paraissent vénielles, mais on ne saurait mettre trop de scrupules dans le crime, l’état de grâce y est absolument nécessaire, comme pour approcher dignement des autels. […] Pierre Les thèses sont-elles si nécessaires ?

1587. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre II. La vie de salon. »

Elle dirait presque d’un ton demi-sérieux, demi-badin, avec Voltaire, « que les dieux n’ont établi les rois que pour donner tous les jours des fêtes, pourvu qu’elles soient diversifiées ; que la vie est trop courte pour en user autrement ; que les procès, les intrigues, la guerre, les disputes des prêtres, qui consument la vie humaine, sont des choses absurdes et horribles, que l’homme n’est né que pour la joie », et que, parmi les choses nécessaires, il faut mettre au premier rang « le superflu ». […] Hier matin, époque à jamais mémorable dans l’histoire des œufs, on apporte tous les instruments nécessaires à cette grande opération, un réchaud, du bouillon, du sel, du poivre, des œufs ; et voilà Mme de Lauzun qui d’abord tremble et rougit, et qui ensuite, avec un courage intrépide, casse les œufs, les écrase dans la casserole, les tourne à droite, à gauche, dessus, dessous, avec une précision et un succès dont il n’y a pas d’exemple ; on n’a jamais rien mangé de si excellent. » Que de rires aimables et légers autour de cette seule petite scène !

1588. (1858) Cours familier de littérature. V « XXXe entretien. La musique de Mozart (2e partie) » pp. 361-440

Au reste, les longues vies ne sont pas nécessaires aux grands artistes, dont le talent n’est que sensation ; elles sont nécessaires aux poètes, aux philosophes, aux historiens, aux orateurs politiques, parce que l’expérience et la pensée, ces fruits de l’âge, sont les produits de la maturité, souvent même de l’extrême vieillesse.

1589. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (1re partie) » pp. 397-476

Ce compatriote offrait à Léopold Robert son amitié et le subside nécessaire pour aller étudier son art dans la patrie de l’art. […] De plus, la scène est vraie : le vieux poète du môle de Terracine ou de Sorrente exerce sa profession en plein air pour gagner, en accompagnant ses stances de sa guitare, le pain, l’huile et le fromage nécessaires au souper de sa famille.

1590. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (2e partie) » pp. 5-80

La douce intimité dans laquelle il vivait avec le prince et la princesse suffisait à son existence ; lui-même paraissait nécessaire à leur bonheur. […] Son âme n’était pas responsable de sa main ; la nature ne l’avait pas doué ou il n’avait pas exercé en lui la force nécessaire à ces grands hommes, destinés à lutter avec ce qu’on nomme l’idéal ; l’idéal fait plus de victimes qu’on ne pense : c’est la maladie des grandes imaginations qui ont un faible cœur.

1591. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLe entretien. Littérature villageoise. Apparition d’un poème épique en Provence » pp. 233-312

Voilà toute l’histoire du jeune villageois de Maillane ; cette histoire était nécessaire pour comprendre son poème. […] Est-ce donc peu que le nécessaire, la paix, la poésie et l’amour ?

1592. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (2e partie) » pp. 161-239

Que mon doigt eût pressé la détente, et c’était fait de sa vie ; mais, m’étant aperçu que ce qu’il dirigeait sur ma poitrine n’était qu’une espèce de mauvais fusil qui ne pourrait jamais faire feu, je me sentis au fond assez peu effrayé de ses menaces et ne crus pas nécessaire d’en venir aux extrémités. […] Ce vieux substantif, qui sert de corrélatif au mot rauque, semble nécessaire, quoique l’emploi en soit peu usité et que plusieurs dictionnaires le condamnent.

1593. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre troisième »

On s’attendait à des préceptes sur l’objet et l’utilité des exercices ; le livre n’offre que des distinctions générales sur les études, divisées en nécessaires, utiles, curieuses, superflues. […] En France, du moins, le latin passe pour nécessaire, et la maxime qu’on n’apprend finement le français qu’à l’aide du latin, n’est contestée que de ceux qui ne savent ni l’un ni l’autre.

1594. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre septième »

Tout le nécessaire y est, et en perfection. […] La sévérité, l’ironie, la prévention qui tient en haleine même l’innocence, tout sert, tout est bon pour cette défense incessamment nécessaire de la conscience contre l’appétit, de l’âme contre le corps.

1595. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1872 » pp. 3-70

» J’ai beau lui objecter qu’il y a un sentiment général qui s’oppose à ce qu’il garde le commandement, j’ai beau lui dire que s’il ne commande plus, il est nécessaire qu’il abandonne son rôle de chevalier errant, qu’il est nécessaire qu’il soit sur son trône, qu’il rentre aux Tuileries.

1596. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre II. Les génies »

Soyons respectueux devant le possible, dont nul ne sait la limite, soyons attentifs et sérieux devant l’extra-humain, d’où nous sortons et qui nous attend ; mais ne diminuons point les grands travailleurs terrestres par des hypothèses de collaborations mystérieuses qui ne sont point nécessaires, laissons au cerveau ce qui est au cerveau, et constatons que l’œuvre des génies est du surhumain sortant de l’homme. […] Le chemin de Damas est nécessaire à la marche du progrès.

1597. (1885) La légende de Victor Hugo pp. 1-58

Nous la considérons… comme nécessaire… la Société avait une liberté gangrenée ; le cautionnement ce chirurgien redouté vient d’opérer le corps social ». […] … Les amis et les adversaires de Victor Hugo, ont accrédité des jugements téméraires portés sur lui par la crainte et l’admiration : dans l’intérêt de sa gloire il est nécessaire de les réviser.

1598. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIe entretien » pp. 5-85

Dans notre droit alors, et dans l’intérêt légitime de la sécurité de nos propres frontières au midi et à l’est, notre armée devait descendre des Alpes en Piémont, couvrir ce royaume, rallier les débris de la valeureuse armée piémontaise, faire face à l’armée autrichienne, et combattre, s’il était nécessaire de combattre, pour l’évacuation et pour l’indépendance de la Péninsule tout entière. Mais il n’était pas même nécessaire de combattre dans ce moment : la révolution combattait pour nous en Hongrie, en Prusse, à Francfort, à Rome, à Naples, en Toscane, à Vienne, et l’Autriche, qui n’existait plus que dans son unique armée d’Italie, ne songeait pas à se jouer elle-même dans une seule bataille ; elle ne songeait qu’à se ménager des conditions honorables de retraite.

1599. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXe entretien. Dante. Deuxième partie » pp. 81-160

et, avec ta parole suave et avec tout ce qui est nécessaire à son salut, aide-le dans sa route, afin que j’en sois réjouie ici ! […] On a toujours eu une peine, pour ne pas dire une impossibilité, d’esprit à admettre une éternité de supplices infinis et irrémédiables en punition de fautes temporaires, bornées dans leur durée, dans leur portée comme dans leur criminalité même ; on n’a pu, sans une répugnance invincible de l’esprit et du cœur, associer à l’idée de la bonté divine du Rémunérateur suprême une continuité et une éternité de supplices qui excluraient de l’Être divin une partie essentielle et nécessaire de cet Être, la miséricorde.

1600. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gabrielle d’Estrées. Portraits des personnages français les plus illustres du XVIe siècle, recueil publié avec notices par M. Niel. » pp. 394-412

Un historien du temps a très bien rendu ce caractère conciliant, adroit et facile, qui était une des puissances de Gabrielle, et c’est un correctif nécessaire à l’impression que laisserait, sans cela, le récit un peu aigre de Sully : Le plaisir, dit l’historien Matthieu en parlant de cet amour de Henri IV, n’était pas le principal objet de ses affections, il en tirait du service au démêlement de plusieurs brouilleries dont la Cour n’est que trop féconde.

1601. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — II. (Fin.) » pp. 198-216

Le propre de Bossuet est d’avoir ainsi du premier coup d’œil toutes les grandes idées qui sont les bornes fixes et les extrémités nécessaires des choses, et qui suppriment les intervalles mobiles où s’oublie et se joue l’éternelle enfance des hommes.

1602. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Agrippa d’Aubigné. — I. » pp. 312-329

Pour moi qui me suis occupé de d’Aubigné il y a vingt-sept ans pour la première fois quand je traversais le xvie  siècle, je ne dirai aujourd’hui que ce qui me semble nécessaire pour présenter cette forte figure en son vrai jour, sans exagérer ni ses vertus, ni sa pureté, ni ses mérites, mais sans rien oublier non plus d’essentiel en ce qui le distingue.

1603. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — II. (Fin.) » pp. 361-379

Je me croyais peu nécessaire aux États généraux ; sans facilité pour parler et timide à l’excès, il était facile de trouver dans un autre et le même zèle et la même droiture, et plus de talents.

1604. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — III. (Fin.) » pp. 479-496

Je ne suis occupé qu’à me défaire de ce que j’ai de trop ; je diminue ma bibliothèque et mes petites collections, ne garde que le nécessaire pour moi et mon fils, et lui garde surtout mon herbier, parce qu’il est l’histoire d’un demi-siècle de ma vie.

1605. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — II » pp. 369-387

Maintenant est-il nécessaire d’ajouter que Henri IV savait un peu de latin ; qu’il avait traduit, sous son précepteur Florent Chrétien, les Commentaires de César, et que sous un autre de ses précepteurs, La Gaucherie, il avait même appris par cœur deux ou trois sentences grecques ?

1606. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Préface pour les Maximes de La Rochefoucauld, (Édition elzévirienne de P. Jannet) 1853. » pp. 404-421

Il est nécessaire, recommande-t-il, d’écouter ceux qui parlent.

1607. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Voiture. Lettres et poésies, nouvelle édition revue, augmentée et annotée par M. Ubicini. 2 vol. in-18 (Paris, Charpentier). » pp. 192-209

Il n’y manque qu’une petite note, pour nous très nécessaire.

1608. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — III » pp. 337-355

Qu’on l’aide un peu du côté de France, qu’on le renforce d’infanterie et de cavalerie pour garder les passages, qu’on le secoure surtout d’argent, ce nerf de la guerre, et plus nécessaire encore au pays des Grisons ; que le duc de Savoie aussi veuille bien l’épauler, et Rohan, à la tête de 4000 hommes de pied et de 500 chevaux, son idéal de petite armée, répond d’entrer dans le Milanais avec des desseins tout mûris, de s’emparer de Lecco et de Côme, et maître de tout le lac, ruinant le fort de Fuentes qui en est la porte du côté de la Valteline, de condamner les Allemands à n’avoir plus que le passage du Saint-Gothard pour entrer dans le nord de l’Italie.

1609. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — I » pp. 356-374

Il le stimule et cherche à le porter aux études sérieuses, à l’application si nécessaire chez un prince qui peut être appelé à régner.

1610. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « La princesse des Ursins. Ses Lettres inédites, recueillies et publiées par M. A Geffrot ; Essai sur sa vie et son caractère politique, par M. François Combes » pp. 260-278

Nouvelle provocation indirecte, nouvelle insinuation (29 mars 1701) : Je ne dois, madame, vous laisser ignorer aucune des mesures que je prends pour faire réussir mon projet, puisque vos conseils me sont si nécessaires et que j’attends de votre activité la meilleure partie du succès de cette affaire.

1611. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mémoires de Mme Elliot sur la Révolution française, traduits de l’anglais par M. le comte de Baillon » pp. 190-206

J’ai remis partout les jours et dates problables ou nécessaires.

1612. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier »

si maladif de l’âme quand vous êtes vous-même dans une situation où tout votre courage vous est nécessaire ; mais il faut avant tout que vous sachiez ce qui se passe en moi.

1613. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Journal de la santé du roi Louis XIV »

À l’occasion de ce dernier, il nous a offert une définition complète de tout ce que comprend et qu’exige la charge de lieutenant de police, de préfet de police, comme nous dirions ; de même Cuvier, en louant Daru, a rassemblé, sous un point de vue exact, toutes les conditions et les qualités nécessaires à un intendant en chef des armées.

1614. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Lettres inédites de Jean Racine et de Louis Racine, (précédées de Notices) » pp. 56-75

Son malheur le détacha de tout, même de l’étude ; il avait, outre une belle collection d’estampes, un cabinet de livres assez nombreux et curieux ; il en fit faire une vente publique et ne garda que le nécessaire.

1615. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis du Belloy (suite et fin.) »

Et pourtant, ajoute-t-il, il n’est pas mon fils, il est celui de mon frère… Mais je l’ai adopté enfant ; je l’ai élevé, il m’est aussi cher que s’il était mien : il est ma seule joie, ma seule tendresse, et je fais tout, absolument tout, pour qu’il me rende la pareille : je donne, je pardonne, je ne crois pas nécessaire d’user en chaque rencontre de mon droit.

1616. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

car la liberté, ce n’est que le moyen auquel on avait droit : la liberté ne dispense pas d’être habile, et cette habileté, dans un tel ordre de société, est encore plus nécessaire aux gouvernés qu’aux gouvernants.

1617. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise par M. Taine. »

Lorsqu’il sortit de l’École, en 1851, de grands changements pourtant, et qui étaient devenus nécessaires, s’accomplissaient ; mais on était passé, selon l’usage, d’un excès à l’autre ; on entrait en pleine réaction.

1618. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. »

La prudence est encore plus nécessaire aux princes qu’aux simples particuliers… » Et il parlait avec sensibilité de la prochaine réunion des États Généraux, exhortant chacun de ceux qui y étalent appelés à faire effort pour le bien dans sa ligne et dans sa mesure, à concourir au règlement de la chose publique, au rétablissement de l’ordre dans les diverses parties de l’administration, « afin de redonner à notre bon roi, disait-il, la tranquillité et le bonheur qu’il a perdus et dont il est si digne. » Celui qui lui aurait prédit alors, et ce jour-là, que trois ans et demi après, nommé membre d’une Convention avec mandat de juger ce même roi, il aurait hâte d’en finir au plus tôt avec lui et de faire le plus sommairement tomber sa tête, — celui qui lui aurait prédit que son premier discours à cette Convention nationale serait non plus pour louer ce bon roi, mais pour célébrer « le bon peuple » qui l’y avait porté et qui venait de lui conférer à ses collègues et à lui une mission terrible, souveraine, une mission de nivellement estimée par lui légitime, irrésistible et régénératrice, l’aurait certainement bien étonné.

1619. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens. par M. Le Play, conseiller d’État. (Suite et fin.) »

» — « Le bon sens ou les habitudes d’un peuple d’agriculteurs sont bien plus près des plus hautes et des plus saines notions de la politique que tout l’esprit des oisifs de nos cités, quelles que soient leurs connaissances dans les arts et les sciences physiques. » — « Les grandes propriétés sont les véritables greniers d’abondance des nations civilisées, comme les grandes richesses des Corps en sont le trésor. » Il ne cesse d’insister sur les inconvénients du partage égal et forcé entre les enfants, établi par la Révolution et consacré par le Code civil : « Partout, dit-il, où le droit de primogéniture, respecté dans les temps les plus anciens et des peuples les plus sages, a été aboli, il a fallu y revenir d’une manière ou d’une autre, parce qu’il n’y a pas de famille propriétaire de terres qui puisse subsister avec l’égalité absolue de partage à chaque génération, égalité de partage qui, un peu plus tôt, un peu plus tard, détruit tout établissement agricole et ne produit à la fin qu’une égalité de misère. » Il trace un idéal d’ancienne famille stable et puissante, qui rappelle un âge d’or disparu : « S’il y avait, dit-il, dans les campagnes et dans chaque village une famille à qui une fortune considérable, relativement à celle de ses voisins, assurât une existence indépendante de spéculations et de salaires, et cette sorte de considération dont l’ancienneté et l’étendue de propriétés territoriales jouissent toujours auprès des habitants des campagnes ; une famille qui eût à la fois de la dignité dans son extérieur, et dans la vie privée beaucoup de modestie et de simplicité ; qui, soumise aux lois sévères de l’honneur, donna l’exemple de toutes les vertus ou de toutes les décences ; qui joignît aux dépenses nécessaires de son état et à une consommation indispensable, qui est déjà un avantage pour le peuple, cette bienfaisance journalière, qui, dans les campagnes, est une nécessité, si elle n’est pas une vertu ; une famille enfin qui fût uniquement occupée des devoirs de la vie publique ou exclusivement disponible pour le service de l’État, pense-t-on qu’il ne résultât pas de grands avantages, pour la morale et le bien-être des peuples, de cette institution, qui, sous une forme ou sous une autre, a longtemps existé en Europe, maintenue par les mœurs, et à qui il n’a manqué que d’être réglée par des lois ? 

1620. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, — Antiquité et Moyen Âge — Par M. J. Zeller. (Suite et fin.) »

Ici une question se présente : est-ce par une extension naturelle et nécessaire de l’idée romaine que s’est opérée cette adjonction et cette assimilation perpétuelle au sein d’une unité de plus en plus vaste ?

1621. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre (suite et fin.) »

L’avare Carthage, en son temps, n’était pas plus l’ennemie nécessaire de Rome.

1622. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet »

« Cependant, dans cette surabondance de moyens, il me manque ceux de rendre des comptes et de m’en faire rendre ; d’assurer les approvisionnements, de pourvoir aux besoins pressants, de régler les dépenses, de résister aux consommations, de m’occuper efficacement de ce qui est nécessaire et de proscrire ce qui est inutile ou nuisible, c’est-à-dire que ce que je ne fais pas constitue l’administration, et ce que je fais pourrait en être retranché, ainsi que ma place et une grande partie des papiers et des commis. » Quand on en est là dans tous les ordres, les réformes graduées, telles que les concevait Malouet et qu’il les provoquait de ses conseils comme de ses vœux, sont-elles possibles, et n’en est-on pas venu, bon gré, mal gré, à ce point extrême où, à moins d’un génie au sommet, il n’y a d’issue qu’une révolution ?

1623. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Un tel voyage est une sorte d’analyse pratique et vivante de l’origine des peuples et des États : on part de l’ensemble le plus composé pour arriver aux éléments les plus simples ; à chaque journée, on perd de vue quelques-unes de ces inventions que nos besoins, en se multipliant, ont rendues nécessaires ; et il semble que l’on voyage en arrière dans l’histoire des progrès de l’esprit humain.

1624. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Recueillements poétiques (1839) »

Pascal pensait qu’un bon poëte n’est pas plus nécessaire à l’État qu’un bon brodeur : il venait de lire un sonnet de Voiture.

1625. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DIX ANS APRÈS EN LITTÉRATURE. » pp. 472-494

La critique est la seconde face et le second temps nécessaire de la plupart des esprits.

1626. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. PROSPER MÉRIMÉE (Essai sur la Guerre sociale. — Colomba.) » pp. 470-492

L’Essai sur la Guerre sociale, dont nous avons à donner idée ici, n’est qu’une espèce d’introduction par laquelle il a cru nécessaire de préluder.

1627. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre I. Composition de l’esprit révolutionnaire, premier élément, l’acquis scientifique. »

Combien d’autres siècles ensuite pour l’invention des arts les plus nécessaires, pour l’usage du feu, la fabrication des « haches de silex et de jade », la fonte et l’affinage des métaux, la domestication des animaux, l’élevage et l’amélioration des plantes comestibles, pour l’établissement des premières sociétés policées et durables, pour la découverte de l’écriture, des chiffres, des périodes astronomiques341 !

1628. (1892) Boileau « Chapitre VII. L’influence de Boileau » pp. 182-206

Mais il est vrai que ces œuvres lui sont un peu supérieures, et ce que nous y voyons aujourd’hui de défectueux et de mort, fut nécessaire alors pour établir la communication entre elles et le public : c’est par ces formes passagères et fragiles que le monde abordait, par exemple, Bajazet, ou Phèdre, et s’élevait de là aux essentielles et solides beautés du poème.

1629. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre IV. Le roman »

L’égoïsme est réduit au minimum nécessaire à la vérité.

1630. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre dixième »

Les fleurs de l’Esprit des lois s’excusent comme les enjolivements de l’Histoire naturelle des animaux ; c’était l’appât nécessaire pour attirer à leurs beautés fécondes la foule qui ne regarde qu’où il y a du spectacle, et n’écoute que ce qui fait du bruit.

1631. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « La génération symboliste » pp. 34-56

Notre victoire prouve surabondamment que, sous la pression de la nécessité, notre race toujours capable d’héroïsme, sait retrouver l’énergie et la vigueur nécessaires.

1632. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Stéphane Mallarmé » pp. 146-168

Rentré à Paris, pourvu de ses diplômes nécessaires, il sollicite un emploi dans l’Université.

1633. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre III : Les Émotions »

L’esthétique, ainsi entendue, est une dépendance nécessaire de la psychologie : elle en forme comme un chapitre qu’on peut à peine détacher, et il semble qu’au moins dans un traité analytique des phénomènes de conscience, on ne peut l’entendre autrement.

1634. (1886) De la littérature comparée

Arrivée à ce point, — vous le remarquez sans qu’il soit nécessaire de pousser plus loin cette analyse — la critique sort du domaine de l’histoire, ou plus exactement pousse l’histoire dans celui de la psychologie, et, en résumant ses recherches, M. 

1635. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VI. Pour clientèle catholique »

Peut-être aussi la besogne mécanique de remonter ses vieilles marionnettes et de ranger dans un ordre différent toute sa vieille armée de formules invariables, lui était nécessaire comme un mouvement endormeur, comme un balancement monotone sans lequel il eût craint de s’éveiller enfin à la douleur de penser.

1636. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres inédites de la duchesse de Bourgogne, précédées d’une notice sur sa vie. (1850.) » pp. 85-102

La princesse qui arrivait en France à l’âge de onze ans, avait déjà reçu en Savoie une certaine éducation, surtout celle qui était nécessaire aux princes, et que la nature toute seule donne aux femmes, l’envie et le soin de plaire.

1637. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — I. » pp. 441-459

Il y disait en réponse à ceux qui regardaient le serment comme une garantie : Il eût été digne de notre siècle de reconnaître que le serment est une bien faible épreuve pour des hommes polis et raffinés ; qu’il n’est nécessaire que chez des peuples grossiers à qui la fausseté ou le mensonge coûte moins que le parjure ; mais que dans nos mœurs cette auguste cérémonie n’est plus qu’une forme outrageante pour le ciel, inutile pour la société, et offensante pour ceux qu’on oblige à s’y soumettre.

1638. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « De la retraite de MM. Villemain et Cousin. » pp. 146-164

Pour donner à ces vrais successeurs le temps de venir, un peu d’intervalle parfois est nécessaire.

1639. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « La reine Marguerite. Ses mémoires et ses lettres. » pp. 182-200

C’est à quoi il veut parer : En cette appréhension, continue-t-il, songeant les moyens d’y remédier, je trouve qu’il m’est nécessaire d’avoir quelques personnes très fidèles qui tiennent mon parti auprès de la reine ma mère.

1640. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — III. Franklin à Passy. (Fin.) » pp. 167-185

Vous pourriez aisément déployer vos excellents talents de raisonnement sur un moins hasardeux sujet, et par là obtenir un rang parmi nos auteurs les plus distingués : car parmi nous, il n’est pas nécessaire, comme chez les Hottentots, qu’un jeune homme, pour être admis dans la compagnie des hommes, donne des preuves de sa virilité en battant sa mère.

1641. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Les Faux Démétrius. Épisode de l’histoire de Russie, par M. Mérimée » pp. 371-388

Quand il a des comparaisons, c’est qu’elles sont indiquées ; elles sont nécessaires.

1642. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « La Fontaine. » pp. 518-536

À la fin de cette fable d’Un animal dans la Lune, La Fontaine célèbre le bonheur de l’Angleterre qui échappait alors aux chances de la guerre, et, dans cette première et pleine gloire de Louis XIV, il fait entendre des paroles de paix ; il le fait avec délicatesse et en saluant les exploits du monarque, en reconnaissant que cette paix si désirée n’est point nécessaire : La paix fait nos souhaits, et non point nos soupirs.

1643. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre V. Le génie et la folie »

Car, s’il n’y a qu’une différence du plus au moins entre le génie et la folie, comment n’arrive-t-il pas souvent que la folie, dans ses moments de rémittence, dans ses intervalles de lucidité, rencontre précisément le degré de vibration nécessaire pour produire de grandes choses ?

1644. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Philarète Chasles » pp. 111-136

Et si, malheureusement, il n’eut pas plus que Sainte-Beuve la conscience et la conviction morale, si nécessaires pour juger sainement les œuvres de l’esprit, il s’en vengea, du moins, par l’étendue, l’horizon, le mouvement d’esprit de sa critique.

1645. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — La banqueroute du préraphaélisme »

Vous avouerez que ces derniers n’ont pas su entendre « l’appel de toute la nature inférieure aux cœurs des hommes, l’appel du rocher, de la vague, de l’herbe, comme une part de la vie nécessaire de leurs âmes. »30.

1646. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre premier. Le problème des genres littéraires et la loi de leur évolution » pp. 1-33

— D’autre part, et a priori, il semble improbable que tant d’esprits pénétrants, depuis Aristote jusqu’à Brunetière, se soient trompés d’une manière aussi absolue, aussi irrémédiable, sur la valeur des genres littéraires… Il est certain que nos abstractions, nos groupements de faits, bien que nécessaires au raisonnement scientifique, ont quelque chose de brutal et de factice ; nous prétendons établir, en classifiant, des catégories aux cloisons étanches dans cet océan de la vie où tout se tient, où tout n’est que flux et reflux.

1647. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XIV : De la méthode (Suite) »

Mais elles ne sont que des commencements nécessaires ; elles ont une suite, et leur plus grand mérite est de la préparer.

1648. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

C’est lui qui fait le prêtre, le soldat et l’artiste, cette trinité nécessaire à la vie sociale. […] Maurice Barrès, d’une situation mondaine fragile comme la beauté d’une femme, ne puissent de longtemps lui conquérir cette nécessaire autorité. […] Ils sont quelques-uns à savoir combien il est difficile à résoudre, ce nécessaire problème. […] Sa place ne lui procure pas le pain nécessaire à la vie de sa famille. […] C’est une bonne leçon et méritée, et nécessaire.

1649. (1902) La poésie nouvelle

Ce qu’ils découvrent dans la nature, ou dans l’histoire, ou dans l’âme humaine, leur apparaît comme normal, comme nécessaire, comme explicable par des causes précises. […] Il y eut parmi eux de tels artistes enfin qu’à la consonne d’appui nécessaire ils joignirent le luxe d’une syllabe d’appui, que dis-je ? […] Mais, d’autre part, malgré cette préoccupation de la généralité nécessaire à l’œuvre d’art, il est évident que l’Art, tel que l’entend Gustave Kahn, est subjectif. […] Il suffit, du reste, que l’œuvre d’art soit intelligible par elIe-même ; il n’est pas nécessaire qu’elle soit d’un abord immédiatement facile, ainsi que l’est la plus vulgaire littérature.‌ […] Il entrevoit une manifestation possible de la force, exempte de brutalité, de frénésie, d’exubérance, mais tenace, entêtée à son œuvre nécessaire et féconde.

1650. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Jean-Jacques Ampère »

Ampère observait peu directement : il n’était pas organisé par la nature pour regarder à fond et pour exprimer puissamment ce qu’il avait devant les yeux ; c’était un lettré en voyage : il lui fallait de l’accessoire tiré des livres ; un souvenir, un rapprochement, une allusion, lui étaient nécessaires et venaient bien à propos se joindre à ce qu’il voyait pour le compléter et l’orner ; quand il avait trouvé son trait, il était content. […] De plus, il trouvait à l’Abbaye-au-Bois tout ce luxe, ce superflu de l’esprit, chose si nécessaire, et en même temps le lien souverain d’affection qui le ramenait sans cesse et qui donnait une limite à ses écarts. […] Nécessaire peut-être pour l’auteur, ce voyage l’était moins pour le public, et il ne ressortait d’un récit toujours agréable ni renseignements ni peintures d’un caractère original bien nouveau.

1651. (1898) Impressions de théâtre. Dixième série

Les nécessaires conventions en sont devenues plus loyales, moins effrontées, moins offensantes. […] Mais au reste, on oublie de faire deux distinctions bien nécessaires. […] Quand on est à même de faire un coup d’État que l’on croit nécessaire et juste, on le fait soi-même (c’est plus sûr) et pour soi. […] Les scènes affreuses que se font les parents ont leur répercussion nécessaire dans le ménage des enfants. […] Il ne se résignerait pas à ce que son nouveau rôle comporte de dureté nécessaire, d’indifférence aux souffrances individuelles.

1652. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome I pp. 1-402

Est-ce que pour parler de Platon il est absolument nécessaire de l’avoir lu ? […] Était-il nécessaire de coudre à la donnée historique un roman amoureux ? […] L’indulgence est difficile, la sévérité devient nécessaire. […] Or, la résistance n’est pas moins nécessaire au développement de la pensée que le choc des corps au développement de la force musculaire. […] Or, pour la respecter, il est nécessaire de la connaître.

1653. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

Indépendance, individualisme, souci de laisser à la personne humaine l’espace nécessaire à la pousse de ses facultés, voilà le trait essentiel de l’éducation anglaise. […] Au moment de mourir, se sentant emporté, englouti, comme tant d’autres, par l’effroyable consommation d’hommes qui était apparemment nécessaire à la gloire de notre pays, il s’écriait : « Oh ! […] Est-il nécessaire, après cela, d’expliquer la thèse impliquée dans ce récit ? […] « Nous ignorons, dit-il, si le ministre des affaires étrangères croira nécessaire d’aller à Kissingen pour délibérer…, pour s’incliner devant l’irascible chancelier de l’empire allemand. […] Ils ont accepté si scrupuleusement cette besogne nécessaire et rebutante qu’on admire comment leur sensibilité littéraire a pu rester si vive et si exquise, après ce fastidieux labeur.

1654. (1914) En lisant Molière. L’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

L’homme de sens social suit le troupeau parce qu’il sait et parce qu’il sait se dire que le troupeau est une chose nécessaire et qu’il ne vit et dure qu’à la condition qu’il n’y ait pas de divergents. […] Ce dédoublement du même type était nécessaire si l’on voulait respecter, mieux que dans Don Juan, l’unité de temps et ne pas nous montrer un personnage qui, presque, est enfant au premier acte et barbon au dernier. […] S’il marche par la ville et qu’il découvre de loin un homme devant qui il est nécessaire qu’il soit dévot, les yeux baissés, la démarche lente et modeste, l’air recueilli, lui sont familiers : il joue son rôle. […] Elle a la présence d’esprit dans la discussion et la justesse prompte de la repartie qui sont ; nécessaires à une femme tenant un salon. […] L’avarice est une crainte continuelle de manquer des choses nécessaires à la vie, l’avarice est une crainte continuelle de mourir de faim.

1655. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — II. (Fin.) » pp. 213-233

À ces causes, considérant que les sciences et les arts n’illustrent pas moins un grand État que font les armes, et que la nation française excelle autant en esprit comme en courage et en valeur ; d’ailleurs désirant favoriser le suppliant et lui donner le moyen de soutenir les grandes dépenses qu’il est obligé de faire incessamment dans l’exécution d’un si louable dessein, tant pour paiement de plusieurs personnes qu’il est obligé d’y employer que pour l’entretien des correspondances avec toutes les personnes de savoir et de mérite en divers et lointains pays ; nous lui avons permis de recueillir et amasser de foules parts et endroits qu’il advisera bon être les nouvelles lumières, connaissances et inventions qui paraîtront dans la physique, les mathématiques, l’astronomie, la médecine, anatomie et chirurgie, pharmacie et chimie ; dans la peinture, l’architecture, la navigation, l’agriculture, la texture, la teinture, la fabrique de toutes choses nécessaires à la vie et à l’usage des hommes, et généralement dans toutes les sciences et dans tous les arts, tant libéraux que mécaniques ; comme aussi de rechercher, indiquer et donner toutes les nouvelles pièces, monuments, titres, actes, sceaux, médailles qu’il pourra découvrir servant à l’illustration de l’histoire, à l’avancement des sciences et à la connaissance de la vérité ; toutes lesquelles choses, sous le titre susdit, nous lui permettons d’imprimer, faire imprimer, vendre et débiter soit toutes les semaines, soit de quinze en quinze jours, soit tous les mois ou tous les ans, et de ce qui aura été imprimé par parcelles d’en faire des recueils, si bon lui semble, et les donner au public ; comme aussi lui permettons de recueillir de la même sorte les titres de tous les livres et écrits qui s’imprimeront dans toutes les parties de l’Europe, sans que, néanmoins, il ait la liberté de faire aucun jugement ni réflexion sur ce qui sera de la morale, de la religion ou de la politique, et qui concernera en quelque sorte que ce puisse être les intérêts de notre État ou des autres princes chrétiens.

1656. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — I. » pp. 234-253

Je la jurai dans mon cœur aux Français, que l’on me faisait regarder comme nos ennemis nécessaires : j’en suis bien revenu ; et même alors, tant mon goût pour la guerre était violent, je m’étais arrangé avec un capitaine (français) de Royal-Vaisseaux, de garnison à deux lieues de là.

1657. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — II. (Suite.) » pp. 434-453

Suivre par la pensée leurs masses diverses dans tous ces mouvements compliqués que leur imprime le génie du chef ; calculer à chaque moment leur nombre sur chaque point ; distribuer avec précision le matériel dont on dispose, apprécier celui que peut fournir le pays ; tenir compte des distances, de l’état des routes, y proportionner ses moyens de transport, pour qu’à jour nommé chaque corps, la plus petite troupe, reçoive exactement ce qui lui est nécessaire : voilà une faible idée des devoirs de l’administrateur militaire.

1658. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — II » pp. 159-177

Ajoutons vite (car ceci n’est point une biographie que nous prétendons esquisser, et nous ne voulons que faire connaître l’homme et le poète par ses traits principaux) que dès que Cowper s’aperçut que la présence de lady Austen pouvait à la longue chagriner Mme Unwin, et que l’aimable fée apportait dans le commerce habituel un principe trop vif de sensibilité ou de susceptibilité, propre à troubler leurs âmes unies, il n’hésita point une minute ; et sans effort solennel, sans coquetterie, par une simple lettre irrévocable, il sacrifia l’agréable et le charmant au nécessaire, et l’imagination tendre à l’immuable amitié.

1659. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Une Réception Académique en 1694, d’après Dangeau (tome V) » pp. 333-350

Le public, ou du moins cette élite du monde qui tenait lieu alors de public, était décidée à être des trois quarts dans l’ironie pour peu qu’il s’y prêtât ; et il s’y prêta plus même qu’il n’était nécessaire : Monsieur, dit-il, si les places de l’Académie française n’étaient considérées que par les dignités de ceux qui les ont remplies, nous n’aurions osé vous offrir celle dont vous venez de prendre possession, et peut-être n’auriez-vous pas eu vous-même tout l’empressement que vous avez témoigné pour l’avoir.

1660. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — III — Toujours Vauvenargues et Mirabeau — De l’ambition. — De la rigidité » pp. 38-55

Mais l’homme dur et rigide, l’homme tout d’une pièce, plein de maximes sévères, enivré de sa vertu, esclave des vieilles idées qu’il n’a point approfondies, ennemi de la liberté, je le fuis et je le déteste… Un homme haut et ardent, inflexible dans le malheur, facile dans le commerce, extrême dans ses passions, humain par-dessus toutes choses, avec une liberté sans bornes dans l’esprit et dans le cœur, me plaît par-dessus tout ; j’y joins, par réflexion, un esprit souple et flexible, et la force de se vaincre quand cela est nécessaire : car il ne dépend pas de nous d’être paisible et modéré, de n’être pas violent, de n’être pas extrême, mais il faut tâcher d’être bon, d’adoucir son caractère, de calmer ses passions, de posséder son âme, d’écarter les haines injustes, d’attendrir son humeur autant que cela est en nous, et, quand on ne le peut pas, de sauver du moins son esprit du désordre de son cœur, d’affranchir ses jugements de la tyrannie des passions, d’être libre dans ses idées, lors même qu’on est esclave dans sa conduite.

1661. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance inédite de Mme du Deffand, précédée d’une notice, par M. le marquis de Sainte-Aulaire. » pp. 218-237

[NdA] Tout bas, je demanderai à l’éditeur de vouloir bien ajouter à ces deux excellents volumes deux choses, l’une utile, l’autre nécessaire : une table et un errata ; une table qui a été omise, et un errata indispensable pour réparer quelques erreurs typographiques de noms, qui se sont glissées surtout dans les notes : ainsi le nom de l’évêque de Lisieux, précédemment évêque de Gap et d’Auxerre, M. 

1662. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. »

Et sur cela, Monseigneur, je prendrai la liberté de vous dire que les affaires sont trop avancées pour en demeurer là ; car je suis accusé par des gens dont je saurai le nom, qui ont semé de très-méchants bruits de moi ; si bien qu’il est nécessaire que j’en sois justifié à toute rigueur.

1663. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Étienne-Jean Delécluze, (suite et fin) »

Cet avertissement était nécessaire pour ceux qui, sans connaître l’auteur, liront le volume publié aujourd’hui.

1664. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Charles-Quint après son abdication, au monastère de Saint-Just »

Une double source d’informations nous est donnée, toutes deux sincères, authentiques, et l’une est nécessaire pour compléter l’autre.

1665. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Œuvres complètes de Molière »

Soulié, que, le dimanche, dans la belle saison, on devait conduire les enfants chez leur grand-père pour leur faire prendre l’air des champs : « L’inventaire des objets restés dans la chambre de cette maison, occupée par les époux Poquelin, prouve qu’on trouvait là tout ce qui était nécessaire pour passer une nuit ; on n’y a oublié ni les boules de buis qui servaient sans doute de jouets aux enfants, ni la paire de verges destinée à les corriger. » Ce confort, cette opulence domestique de la maison Poquelin, tenaient en partie à la présence de la femme dans la maison : il est permis de le penser ; du moins, dans le dernier inventaire fait chez Jean Poquelin bien des années après, tout dénote négligence, désordre et abandon ; ce père, en vieillissant, n’était plus le même.

1666. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Le maréchal de Villars. »

Le règne si long de Louis XIV, à soixante-neuf ans d’intervalle, est comme enfermé entre Rocroy et Denain, un début si brillant et si glorieux, et un retour de fortune si tardif, si désiré et si nécessaire.

1667. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’Audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. »

Il insiste sur ce qu’il y a de juste, et de nécessaire en même temps, à se ranger à la discipline, à la règle commune et à ce qui prévaut, à ne pas faire bande à part en telle matière contre le sentiment universel.

1668. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois par M. Camille Rousset. Victor-Amédée, duc de Savoie. (suite et fin.) »

Les dernières réformes de ce grand organisateur ; comme quoi elles manquèrent et furent la plupart neutralisées ou révoquées après lui ; — comment lui-même, par sa brusque et foudroyante disparition, manqua tout à fait à la guerre qui était en plein cours et à celles qui suivirent ; — ce qu’était la guerre avec Louvois, et la guerre sans lui ; — comment il était trop nécessaire et indispensable quand il disparut, pour être à la veille d’une chute, ainsi qu’on l’a tant dit et répété : — tous ces points et bien d’autres, dans l’ouvrage de M. 

1669. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

J’ai eu occasion de passer quelques jours avec elle en 1791 ; cette femme, il faut en convenir, joignait un esprit supérieur à toutes les grâces de son sexe ; elle avait tout l’art nécessaire pour faire croire que tout chez elle était l’ouvrage de la nature.

1670. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire de la Grèce, par M. Grote »

Grote n’est pas un pur positiviste en histoire, et comment, pour être si scrupuleux dans l’examen et l’admission des preuves, il n’est nullement fermé pour cela ni insensible à ces flottantes perspectives qui, même ne devant se reconnaître ni se vérifier jamais, n’en sont pas moins l’horizon nécessaire de l’histoire à son aube et à son aurore.

1671. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre »

Il est devenu nécessaire de rappeler au moins les griefs essentiels de Saint-Simon contre le duc de Noailles, de les examiner en les réduisant, de distinguer ce qui est positif et ce qui n’est que conjectural ou purement imaginaire, mais de maintenir aussi ce qui paraît incontestable, et de se former une idée aussi entière que possible d’un homme qui a été l’objet d’un des plus éclatants portraits, le sujet d’une des plus prodigieuses autopsies morales qui existent en littérature.

1672. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre (suite et fin) »

Les affaires se tiennent par des liaisons qui les mettent dans une dépendance nécessaire les unes des autres, et ce n’est que par la combinaison de toutes les parties qu’on doit se décider sur ce qu’il est le plus avantageux de faire pour chacune d’elles en particulier. » Le maréchal de Noailles est âgé de soixante-quatre ans à cette date ; il représente une longue expérience acquise, il est un des rares demeurants du dernier règne ; il peut dire au roi avec autorité sur presque chaque sujet : « Le feu roi, votre auguste bisaïeul, pensait… le feu roi, votre auguste bisaïeul, disait… » Il s’offre pour ce genre de conseil avec un dévouement passionné, qui n’est pas sans dignité jusque dans son expansion : « Jusqu’à ce qu’il plaise à Votre Majesté de me faire connaître ses intentions et sa volonté, me bornant uniquement à ce qui regarde la frontière dont elle m’a donné le commandement, je parlerai avec franchise et liberté sur l’objet qui est confié à mes soins, et je me tairai sur tout le reste, toujours prêt, cependant, à vous exposer, Sire, lorsque vous le voudrez, etc., etc.

1673. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Saint-Simon considéré comme historien de Louis XIV, par M. A. Chéruel »

On jugea sur un point la présence de M. de Turenne nécessaire, à cause d’une colonne ennemie qui s’avançait.

1674. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par le chevalier d’Arneth »

J’ai commencé l’histoire de France, mais je ne m’en suis servi que comme d’un canevas sur lequel je pouvais broder tous les objets dont la connaissance est nécessaire dans le cours ordinaire de la vie.

1675. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Idées et sensations : par MM. Edmond et Jules de Goncourt. »

L’indépendance des idées est nécessaire à l’indépendance de l’admiration. » Ils veulent du présent, du vif, du saignant dans les œuvres : « En littérature, on ne fait bien que ce qu’on a vu ou souffert. » L’Antiquité leur paraît encore à juger ; ils ne paraissent accepter rien de ce qu’on en dit ; ils croient que tout est à revoir, et que le procès à instruire n’est pas même commencé ; ce respect du passé en littérature, ce culte des anciens à tous les degrés, qu’il s’agisse des temps d’Homère ou du siècle de Louis XIV, est, selon eux, la dernière des religions qu’on se prendra à examiner et à percer à jour : « Quand le passé religieux et politique sera entièrement détruit, peut-être commencera-t-on à juger le passé littéraire. » Ils ne font grâce entre les anciens qu’à Lucien, peut-être à Apulée, à cause de l’étonnante modernité qu’ils y retrouvent : ce sont pour eux des contemporains de Henri Heine ou de l’abbé Galiani.

1676. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. »

Les règles militaires me prescrivent cependant, avant toutes choses, de ne m’arrêter sur rien qui puisse nuire au service ; ainsi je laisse ce prince à son camp de Saint-Paul avec une garde de 50 maîtres, espérant que Votre Excellence voudra bien obtenir un même nombre de troupes pour sa sauvegarde ; elle trouvera ci-joint le passeport nécessaire pour cette troupe ; et les officiers généraux de l’armée que j’ai l’honneur de commander sont instruits de la confiance avec laquelle je fais cette demande à Votre Excellence.

1677. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « THÉOPHILE GAUTIER (Les Grotesques.) » pp. 119-143

J’avoue humblement que je ne me fais pas de la pédanterie une idée si particulière ni si limitée à telle forme d’affectation ; je pense avec Nicole que c’est un vice, non pas de robe, mais d’esprit, et, au lieu d’appeler pédants d’honnêtes écrivains qui s’appliquent à être exacts quand il importe de l’être, je serais tenté bien plutôt de voir une sorte de pédanterie retournée dans la prétention qu’on affiche de se passer de ces humbles qualités là où elles sont nécessaires.

1678. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DISCOURS DE RÉCEPTION A L’ACADÉMIE FRANÇAISE, Prononcé le 27 février 1845, en venant prendre séance à la place de M. Casimir Delavigne. » pp. 169-192

S’il céda quelquefois sur des points de détail, quand il le crut nécessaire et raisonnable, il ne se laissa jamais tenter ni entraîner aux séductions croissantes, ni aux souffles impétueux.

1679. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SÉVIGNÉ » pp. 2-21

Aujourd’hui qu’en s’éloignant de nous, la société, dont elle représente la face la plus brillante, se dessine nettement à nos yeux dans son ensemble, il est plus aisé, en même temps que cela devient plus nécessaire, d’assigner à Mme de Sévigné son rang, son importance et ses rapports.

1680. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 193-236

Fior d’Aliza reprit la place qu’elle avait laissée, et continua en regardant sa tante : — Je partis à pied avec cette lettre, et en promettant à mon père et à ma tante de revenir ainsi de Livourne tous les samedis pour leur rapporter tout ce qui serait nécessaire à leur vie, et pour passer avec eux le dimanche à la cabane, seul jour de la semaine où les galériens ne sortent pas pour travailler dans le port ou pour balayer les grandes rues de Livourne.

1681. (1892) Boileau « Chapitre VI. La critique de Boileau (Fin). La querelle des anciens et des modernes » pp. 156-181

Ronsard et ses imitateurs ont été bientôt décriés, parce qu’ils n’avaient point attrapé dans notre langue « le point de solidité et de perfection, qui est nécessaire pour faire durer et fixer à jamais des ouvrages ».

1682. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre II. Littérature dramatique — Chapitre I. Le théâtre avant le quinzième siècle »

Des scènes décousues qui défilent devant nous comme une collection d’images sous les yeux d’un enfant, nulle préoccupation des caractères, des sentiments et de la vie intérieure, une stricte déclaration des pensées précisément nécessaires pour rendre les actes intelligibles dans leur suite, mais non pas dans leur production, un courant facile et plat de style où sont semés des îlots de rondels, motets et chansons, certains raffinements d’art, et point de poésie : voilà ces Miracles de Notre-Dame.

1683. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Émile Zola, l’Œuvre. »

Je suis charmé que le naturalisme soit venu : il a fait une besogne utile et peut-être nécessaire ; mais quelle horreur et quel ennui, Dieu juste !

1684. (1829) De la poésie de style pp. 324-338

Ces divergences de goût ne viendraient-elles pas en partie de ce que l’allégorisme rend nécessaire qu’on se familiarise avec le style des écoles diverses et de chaque poète en particulier ?

1685. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre IV. Ordre d’idées au sein duquel se développa Jésus. »

La Grèce offrait à quelques lieues de distance Sparte et Athènes, les deux antipodes pour un observateur superficiel, en réalité sœurs rivales, nécessaires l’une à l’autre.

1686. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IV. Précieuses et pédantes »

L’adjectif est d’ailleurs plus banal ici que chez Barrès ou Paul Adam et seul, je crois, un naturiste oserait dire : « Il admira la moisson féconde, la substance magnifique du pain nécessaire. » Or c’est tout le temps comme ça.

1687. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre X. Les sociales »

Et la preuve c’est que malade des petites vanités de nos petits Napoléons, tu as fait, tout comme Hanotaux, le nécessaire pour être de l’Académie française.

1688. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Discours sur l’histoire de la révolution d’Angleterre, par M. Guizot (1850) » pp. 311-331

Dire en général aux gouvernants qu’il ne faut être à aucun degré révolutionnaire, ce n’est nullement leur indiquer les voies et moyens, les inventions nécessaires pour conserver ; car c’est dans le détail de chaque situation que gît la difficulté et qu’il y a lieu à l’art.

1689. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. Le Chateaubriand romanesque et amoureux. » pp. 143-162

Ainsi, sans prétendre éclaircir quelques obscurités d’allusion, nous tenons l’aveu essentiel : quand M. de Chateaubriand s’en allait au tombeau de Jésus-Christ pour y honorer le berceau de sa foi, pour y puiser de l’eau du Jourdain, et, en réalité, pour y chercher des couleurs nécessaires à son poème des Martyrs, le voilà qui confesse ici qu’il allait dans un autre but encore.

1690. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Confessions de J.-J. Rousseau. (Bibliothèque Charpentier.) » pp. 78-97

De telles pages étaient en littérature française la découverte d’un monde nouveau, d’un monde de soleil et de fraîcheur qu’on avait près de soi sans l’avoir aperçu encore ; elles offraient un mélange de sensibilité et de naturel, et où la pointe de sensualité ne paraissait qu’autant qu’il était permis et nécessaire pour nous affranchir enfin de la fausse métaphysique du cœur et du spiritualisme convenu.

1691. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Rulhière. » pp. 567-586

Chamfort, alors son ami, lui en adressa des condoléances, auxquelles Rulhière répondit par une épître en vers un peu longue, mais dans laquelle il développe avec facilité ses principes de philosophie et de sagesse, qui ne sont autres que ceux d’Horace :      L’astre inconstant sous lequel je suis né,      Des biens aux maux m’a souvent promené ; Mais aux événements payant mon caractère, En jouissant de tout, rien ne m’est nécessaire.

1692. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — I. » pp. 401-420

Dès l’abord elle charme la jeune reine, une gracieuse et vraiment spirituelle élève, lui devient nécessaire, et par elle arrive à l’être au jeune roi, prince d’un esprit juste, brave à la guerre, mais d’un caractère timide, d’un tempérament impérieux, et par là dépendant étroitement de sa femme (uxorius), en un mot chaste, dévot et amoureux.

1693. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le duc d’Antin ou le parfait courtisan. » pp. 479-498

Mais, avant tout, une petite explication est nécessaire sur ce qu’on doit entendre par les Mémoires du duc d’Antin.

1694. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — I. » pp. 84-104

Il dira de Cromwell, au moment où il se saisit du pouvoir, en chassant les indépendants : Il fut heureux pour l’Angleterre qu’un tel homme prît sur lui la responsabilité d’une violence inévitable, parce que l’ordre vint de l’usurpation au lieu de l’anarchie, et que l’ordre était nécessaire.

1695. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — III. (Suite et fin.) » pp. 242-260

Les frères Perrier, moyennant l’établissement de la pompe à feu, avaient entrepris de fournir Paris d’eaux salubres, abondantes, et à plus bas prix qu’on ne le faisait jusqu’alors ; chaque maison qui s’abonnait recevait par des conduits et tuyaux toute l’eau nécessaire, ce qui était très utile et très digne d’encouragement.

1696. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — II. (Suite et fin.) » pp. 436-455

À propos d’un changement de lune et d’un redoublement de pluie au mois de mai, il lui écrit : « Cette abondance d’eau accélère la pousse des végétaux ; elle est nécessaire à leurs progrès et à leurs besoins : le mois de mai est un enfant qui veut toujours téter. — Je t’embrasse, mes amours, mes délices, mon mois de mai. » Ce mois de mai, qui est un enfant qui veut toujours téter, n’est-il pas la plus gracieuse et la plus parlante image, surtout adressée à une jeune femme, à une jeune mère ?

1697. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — I. » pp. 186-205

Au xviiie  siècle, dans chaque maison riche, il y avait l’abbé, personnage accessoire et pourtant comme indispensable, commode au maître, à la maîtresse de la maison, répondant aux questions des enfants et des mères, ayant l’œil sur le précepteur, instruit, actif, familier, assidu, amusant, un meuble nécessaire à la campagne.

1698. (1899) Esthétique de la langue française « Le vers libre  »

Au lieu d’attirer l’attention sur des discontinuités même voulues et nécessaires, il faut les voiler et les rendre invisibles au premier coup d’œil ; que la note en discord aille par des harmoniques imperceptibles s’absorber dans l’accord des notes fondamentales.

1699. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre III. L’art et la science »

Oui, et nous revenons souvent, et nous reviendrons encore, sur cet encouragement nécessaire ; stimulation, c’est presque création ; oui, ces génies qu’on ne dépasse point on peut les égaler.

1700. (1767) Salon de 1767 « Adressé à mon ami Mr Grimm » pp. 52-65

Ce sont ces gens-là qui décident à tort et à travers des réputations ; qui ont pensé faire mourir Greuze de douleur et de faim ; qui ont des galeries qui ne leur coûtent guères ; des lumières ou plutôt des prétentions qui ne leur coûtent rien ; qui s’interposent entre l’homme opulent et l’artiste indigent ; qui font payer au talent la protection qu’ils lui accordent ; qui lui ouvrent ou ferment les portes ; qui se servent du besoin qu’il a d’eux pour disposer de son temps ; qui le mettent à contribution ; qui lui arrachent à vil prix ses meilleures productions ; qui sont à l’affût, embusqué derrière son chevalet ; qui l’ont condamné secrètement à la mendicité, pour le tenir esclave et dépendant ; qui prêchent sans cesse la modicité de fortune comme un aiguillon nécessaire à l’artiste et à l’homme de lettres, parce que, si la fortune se réunissait une fois au talent et aux lumières, ils ne seroient plus rien ; qui décrient et ruinent le peintre et le statuaire, s’il a de la hauteur et qu’il dédaigne leur protection ou leur conseil ; qui le gênent, le troublent dans son attelier, par l’importunité de leur présence et l’ineptie de leurs conseils ; qui le découragent, qui l’éteignent, et qui le tiennent, tant qu’ils peuvent dans l’alternative cruelle de sacrifier ou son génie, ou son élevation, ou sa fortune.

1701. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 33, que la veneration pour les bons auteurs de l’antiquité durera toujours. S’il est vrai que nous raisonnions mieux que les anciens » pp. 453-488

Comme le progrès de l’expérience n’est pas subit, il a été nécessaire qu’il s’écoulât un espace de près de quatre-vingt ans depuis l’invention des lunettes de longue vûë jusqu’au planisphere de l’observatoire, et à la mappemonde de Monsieur De L’Isle, les premieres cartes où les points principaux du globe terrestre aient été placez dans leur véritable position.

1702. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre III. Personnages merveilleux des contes indigènes »

Il est nécessaire, si l’on a parmi les provisions des douceurs (lait ou miel), d’en verser un peu dans le fleuve en offrande à la faro ; faute de le faire on courrait le risque d’être englouti.

1703. (1824) Discours sur le romantisme pp. 3-28

Dans cet état moral et politique de notre société reconstituée, il est d’une conséquence nécessaire que la littérature réponde aux besoins des âmes et des esprits.

1704. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « IX. Mémoires de Saint-Simon » pp. 213-237

Nous en étions venus à ce point qu’un tel gouvernement était seul nécessaire et possible, et nous sommes à ce point-là toujours.

1705. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Macaulay »

Guillaume Guizot a traduits avec un si rare sentiment des beautés de son auteur, et les limites de ce chapitre ne nous permettent pas des citations si nécessaires.

1706. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Saint-Bonnet » pp. 1-28

C’est la thèse qu’ont posée et soutenue partout les Pères, les théologiens et les écrivains catholiques qui ont eu à parler de l’Église depuis son établissement, — c’est la notion même de l’Église, se renversant, dans la tête humaine, si elle ne s’appuie à cette idée nécessaire d’infaillibilité.

1707. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Brizeux. Œuvres Complètes »

Il n’a aucune des majestés nécessaires aux entrepreneurs des vastes épopées.

1708. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Jean Richepin »

Richepin ne le sera probablement jamais, est très nécessaire au poète des Pauvres s’il veut creuser dans leurs abjections et leurs vices, dans leurs grandeurs et leurs vertus.

1709. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre IV. L’unification des sociétés »

L’économie reste domestique ; on fabrique autant que possible autour du château féodal tout ce qui est nécessaire au petit groupe.

1710. (1888) Impressions de théâtre. Première série

Tout à coup il prend un air confit et se fait dévot. « C’est, dit-il, un dessein que j’ai formé par pure politique, un stratagème utile, une grimace nécessaire où je veux me contraindre, pour ménager un père dont j’ai besoin, et me mettre à couvert, du côté des hommes, de cent fâcheuses aventures qui pourraient m’arriver. » Don Juan hypocrite ! […] Or, l’esprit vient assez tôt aux filles, et il n’est vraiment pas nécessaire d’en avancer l’heure. […] Olivier, trop peu expliqué, semble plus révolté qu’il n’était nécessaire, et il faut avouer aussi qu’il a parfois des allures de désespéré romantique. […] L’origine du drame paraît être dans cette page de la préface : « Je m’imagine souvent que, si l’humanité acquérait la certitude que le monde dût finir dans deux ou trois jours, l’amour éclaterait de toutes parts avec une sorte de frénésie ; car ce qui retient l’amour, ce sont les conditions absolument nécessaires que la conservation morale de la société humaine a imposées, etc. » M. 

1711. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

Mais justement parce qu’elle était nécessaire, nous ne saurons jamais ce qu’il s’y trouve de sincérité. […] Faisons ici une distinction nécessaire. […] que ce « par quelque côté » était nécessaire ici ! […] Mais il n’était point nécessaire pour cela que ce Dorante eût un rôle aussi démesuré. […] Mais pour être sincère, L’inutile, ici-bas, c’est le plus nécessaire.

1712. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

Il a répété que, dans l’état de division où étaient les Français, l’abdication était nécessaire. […] Or, chercher en soi et chez les autres ce qu’il y a de respectable, c’est un peu le créer, puisque, pour le trouver, il n’est, souvent, pas inutile, et quelquefois il est nécessaire, de l’inventer. […] Les éliminations nécessaires sont souvent très pénibles. […] Si les buissons épineux de la route sont un fond nécessaire aux fleurs ; si leur ton neutre et calme est, en lui seul, apaisant pour nos yeux ; si les pierres les plus aiguës ont de beaux angles fiers, et si même les encombrantes roches m’apparaissent magnifiques à dépasser ?  […] Et il y en a qui travaillent dans les soubassements, dans les substructions, aux réparations nécessaires ou aux contreforts indispensables sans quoi croulerait tout l’édifice.

1713. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

« Nous sommes, lui dit-il, deux êtres emportés, passionnés, impossibles pour les autres, mais nécessaires l’un à l’autre comme l’éclair à la foudre. […] Puisse-t-il, au lieu de se prévaloir de sa haute position pour faire absoudre de mauvaises actions, chercher, par l’exemple d’une vie honnête et morale, à reconnaître les sacrifices qu’un peuple fidèle s’impose si volontiers en faveur d’un bon roi, même en retranchant sur son nécessaire !  […] La question est de savoir s’il est possible d’éviter que ces croyances soient blessées parfois par l’indépendance de la science, et s’il est nécessaire, dans leur intérêt même, de les soustraire à tout contact avec l’esprit de libre investigation. […] Cet euphémisme est-il nécessaire ? […] J’aime à croire qu’il en est de même aujourd’hui ; mais il serait bon de ne pas oublier qu’au siècle dernier il existait des barrières sociales qui sont tombées aujourd’hui, et qu’en conséquence un peu plus de soin est peut-être nécessaire pour éviter toute confusion.

1714. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1871 » pp. 180-366

Tout le monde est bardé de sacs, de nécessaires, de poches gonflées de quelque chose qui se mange. […] L’apostrophe le trouble, le démonte, il ne peut répondre… Et je persiste à croire que pour parler art, il est nécessaire de connaître les couleurs des murs, entre lesquels on vit tous les jours, et que les yeux sont encore de meilleurs instruments de perception artistique que « l’élément rationnel ». […] Ces jours-ci, pour la première fois, j’ai acheté un volume avec l’intention, et je crois, la force d’intention nécessaire pour le lire. […] Il est vrai que ces messieurs rassurants, ces messieurs du nouveau pouvoir, ne gardent le pouvoir que juste le temps nécessaire pour livrer la société, désarmée par leurs bonnes mines, leurs douces paroles et leurs blanches cravates, à la bêtise et à la férocité des gens groupés derrière eux. […] Il ajoute que le Mont-de-Piété est une propriété privée ; qu’il faut pouvoir être sûr de lui rembourser, ce dont on le dépossède, que la Commune n’est pas un gouvernement de spoliation, qu’il est nécessaire qu’on le sache bien, et que ce sont les maladresses d’orateurs pareils à celui qui l’a précédé, qui répandent dans le public l’idée, que les hommes de la Commune sont des partageux, et que tout individu qui a quatre sous, sera obligé d’en donner deux.

1715. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre II. Les Normands. » pp. 72-164

notre terre est régie par une meilleure loi, et, à cause de cela, le peuple de ce pays n’est point dans une telle pénurie ; les gens n’y sont point non plus maltraités dans leurs personnes ; mais ils sont riches, et ont toutes les choses nécessaires pour l’entretien de leur corps. […] Et ceci est le fruit de ce jus politicum et regale sous lequel nous vivons… Tout habitant de ce royaume jouit des fruits que lui produit sa terre, ou que lui rapportent ses bêtes, et aussi de tous les profits qu’il peut faire par son industrie propre ou par celle d’autrui, sur terre et sur mer ; il en use à son gré, et personne ne l’en empêche, par rapine ou injustice, sans lui faire une juste compensation157… Il n’est point appelé en justice, sinon devant les juges ordinaires et selon la loi du pays, ni saisi dans ses possessions ou dans ses biens-meubles, ni arrêté pour un crime, si grand ou si énorme qu’il soit, sinon selon la loi du pays et devant les juges susdits… C’est pourquoi les gens de ce pays sont bien fournis d’or et d’argent et de toutes les choses nécessaires à la vie. […] Wicleff a paru, et l’a traduite comme Luther, et dans le même esprit que Luther. « Tous les chrétiens, hommes et femmes171, vieux et jeunes, dit-il dans sa préface, doivent étudier fort le Nouveau Testament, car il a pleine autorité, et il est ouvert à l’entendement des gens simples dans les points qui sont le plus nécessaires au salut. » Il faut que la religion soit séculière, qu’elle sorte des mains du clergé qui l’accapare ; chacun doit écouter et lire par lui-même la parole de Dieu ; il sera sûr qu’elle n’aura pas été corrompue au passage ; il la sentira mieux ; bien plus, il l’entendra mieux ; « car chaque endroit de la sainte Écriture, les clairs comme les obscurs, enseignent la douceur et la charité.

1716. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff (suite) » pp. 317-378

Il avait beaucoup écrit, mais jamais il n’avait eu la joie de voir aucune de ses œuvres publiée : il ne savait pas s’y prendre ; il n’avait pas le talent de faire à propos une courbette ou une démarche nécessaire. […] — Mais il n’est pas nécessaire d’inviter Panchine. — Non, cela n’est pas nécessaire », répliqua le vieillard avec un sourire presque enfantin.

1717. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviiie entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

« Lorsqu’il fut dans la force de l’âge et qu’il put porter des armes, ou lui donna tout ce qui lui était nécessaire. […] « — Certes nous quitterions librement ce pays, dit son frère Hagene, si nous avions nos armures qui nous sont si nécessaires et aussi nos bonnes épées ; nous saurions bien adoucir l’arrogance de cette belle femme. » « La noble vierge comprit très-bien ce que dit le guerrier. […] « Tout ce qui était nécessaire était là à leur usage, en grande profusion.

1718. (1848) Études critiques (1844-1848) pp. 8-146

Mais on ne saurait s’attendre à lui trouver la patience nécessaire pour accepter les dégoûts des premiers pas. […] Ce fonds, il n’est pas nécessaire de le dire, c’est la désolation de l’abomination sur un monde assez mal fait pour que moi je n’aie pas la satisfaction non pas de tous mes besoins mais de toutes mes passions. […] Les trépieds, les boîtes d’or, les surtouts de Laconie, et même quelquefois des mots grecs, peu nécessaires à la clarté du récit, papillotent devant les yeux d’une manière qui pourrait devenir fatigante.

1719. (1882) Types littéraires et fantaisies esthétiques pp. 3-340

Pour se figurer exactement cette forme d’imagination, il est nécessaire d’unir en un seul personnage les contrastes les plus baroques. […] D’ailleurs cet ennui si funeste avait fini par lui devenir nécessaire, il était devenu une habitude comme l’opium et le tabac. […] Si un jour vous en prenez le goût, usez-en largement : c’est une volupté dont il est nécessaire d’abuser pour la sentir, et qui perd toute sa saveur lorsqu’elle est prise à petites doses. […] Si le bonheur existe, je n’en veux rien savoir ; si la vérité existe, elle ne m’est plus nécessaire. […] Sans doute un miracle avait été nécessaire à un moment donné, et lui, indigne, avait été choisi pour être l’instrument de ce miracle ?

1720. (1894) La bataille littéraire. Cinquième série (1889-1890) pp. 1-349

Un gros bagage n’est pas nécessaire pour aller loin, c’est quelquefois même un embarras, et je pense qu’il suffira à M. de Maupassant de montrer un volume de ses nouvelles pour que la postérité ne lui soit pas trop difficile. […] En voyage est la suite nécessaire de cette merveilleuse suite d’impressions de voyages qui s’appellent : Le Rhin. […] Sainte-Beuve lui-même ne passa sur la sellette de l’Abbaye-aux-Bois que le temps nécessaire pour s’assurer un fauteuil au Palais Mazarin et pour y recueillir des souvenirs qui, plus tard, ont fait crier au scandale. […] Bien d’autres détails viennent ajouter à l’intérêt de ce livre qui est le complément nécessaire du premier. […] De telles réserves, qui semblent ne porter que sur des questions de détails, intéressent au contraire tout l’ensemble d’un pareil travail et une petite pierre est parfois aussi nécessaire qu’une grosse à la solidité d’un édifice.

1721. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

— C’est d’abord la réalisation de cette synthèse nécessaire dont je viens de vous parler. […] Mais cette nouvelle manière n’est pas un accident, elle est la conséquence nécessaire des diverses transformations de l’alexandrin. […] Les décadents auront du moins eu la céleste inconscience d’avoir précipité la réaction nécessaire. […] Un vent de naturalisme pénètre même à la Chambre, non pas, certes, les jours où nos honorables se traitent comme des crocheteurs ivres, mais les rares fois où ils accouchent de quelque réforme raisonnable et nécessaire. […] Les premiers naturalistes furent des êtres nécessaires, ils furent les apporteurs de choses nouvelles, bien plus que leurs rivaux les idéalistes ; car M. 

1722. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

De Pézenas Molière allait donner des représentations dans les petites villes voisines, Marseillan, Agde, Montagnac ; et on trouve encore dans les archives de la première de ces quatre villes l’ordre adressé par le prince de Conti aux consuls de mettre en réquisition les charrettes nécessaires pour transporter le théâtre de Molière et sa troupe de Marseillan à La Grange. […] On alla se plaindre au Roi, à qui M. de Ratabon dit que la place de la salle était nécessaire pour le bâtiment du Louvre, et que les dedans de la salle, qui avaient été faits pour les ballets du Roi, appartenant à Sa Majesté, il n’avait pas cru qu’il fallût entrer en considération de la Comédie pour avancer le dessein du Louvre. […] « Nous serions bien honorés, disait avec dépit M. de Louvois, d’avoir pour confrère un maître baladin. — S’il fallait pour faire votre cour au Roi, répondit Lulli au ministre, faire pis que moi, vous seriez bientôt mon camarade. » L’intervention du prince fut nécessaire pour lever les scrupules de ses secrétaires et les déterminer à revenir sur leur défense. […] Molière, comme nous avons déjà eu occasion de le dire, avait loué, à Auteuil, une maison dans laquelle, lorsque le théâtre et son service à la cour le lui permettaient, il allait respirer l’air de la campagne, que le mauvais état de sa santé lui rendait nécessaire, et chercher l’oubli des ennuis et des chagrins qui le poursuivaient chez lui. […] Il ne nous reste plus qu’à donner une idée de l’esprit de charité du Roy glorieux au monde, l’œuvre de ce doux pasteur : « Sa Majesté est maintenant en son château royal de Fontainebleau… mais elle n’y est allée qu’après une action héroïque et royale, véritablement digne de la grandeur de son cœur et de sa piété, et du respect qu’il a pour Dieu et pour l’Église, et qu’il rend volontiers aux ministres employés de leur part pour conférer les grâces nécessaires au salut.

1723. (1864) Le roman contemporain

C’est aussi nécessaire dans l’histoire des individus que dans l’histoire du genre humain. […] Je ne veux ni ne puis entrer dans les détails, je l’ai dit ; un mot cependant est nécessaire. […] Je demeure, en outre, convaincu qu’il n’est pas nécessaire de tomber dans le chimérique et dans le romanesque, comme Marguerite et Sibylle, pour s’élever au sentiment de la poésie et à la notion de la véritable grandeur. […] Mais si du côté de la foi il lui a ôté le nécessaire, il lui a donné le superflu du côté de la charité. […] Je ne veux dire de cet épisode que ce qui est seulement nécessaire à l’intelligence de la suite du roman.

1724. (1896) Études et portraits littéraires

Autant de faits donc liés entre eux par une solidarité nécessaire. […] Mais ces causes mêmes, ces lois, sont à leur tour les composants nécessaires de groupes sur lesquels l’opération peut se renouveler. […] Cette loi connue, on peut, en effet, tout en déduire, sûr qu’elle imprime à la machine « un système nécessaire de mouvements prévus ». […] Acceptons-les comme la rançon nécessaire de cette fantaisie, de ces saillies, de ces éclairs, de ce diable au corps. […] Les phénomènes physico-chimiques en sont les conditions nécessaires, non suffisantes.

1725. (1911) Études pp. 9-261

Pour rendre absolument exacte l’interprétation, il faudra se souvenir sans cesse que le procédé analytique, nécessaire à l’exposition, change l’aspect de la doctrine et lui fait perdre la force qu’elle a dans sa concentration et dans sa plénitude. […] Ce n’est pas seulement la compagnie de la femme qui lui est nécessaire ; il ne trouve pas en elle seule satisfaction ; son besoin est plus vaste, son indigence plus exigeante. Il faut Qu’à chaque homme soient donnés tous les hommes170, que des correspondances relient chacun à toute l’humanité : Je pense qu’il n’est point d’être si vil et si infime Qu’il ne soit nécessaire à notre unanimité171. […] Je ne pense pas qu’elles lui soient nécessaires pour se soutenir ; mais son émotion est si intime, si uniquement musicale qu’elle ne saurait comment composer d’elle-même son maintien extérieur et qu’elle accepte avec joie un visage tout fait, ainsi que les acteurs des tragédies grecques, n’accordant d’importance qu’à la substance même de leurs paroles, pour les prononcer sur la scène prenaient des masques. […] Dans Nuages chaque contour mélodique, chaque accord est pénétré de nécessité ; aucune spéculation orchestrale ; une fidélité perpétuelle à l’émotion ; si bien que de l’évanouissement lui-même il semble que le timide visage soit ici fixé ; la plus hésitante mobilité a coulé ses rythmes dans les seuls mouvements sonores qui la pouvaient avec exactitude représenter. — De là cette netteté frissonnante : parce que chaque trait est nécessaire et qu’une délicate rigueur parmi tous les autres le conduit, il évite de se confondre.

1726. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « LEOPARDI. » pp. 363-422

Mais, de quelque part que soit arrivée au jeune homme la première provocation au, doute et à l’examen, et quand il en aurait reçu l’initiative dans la conversation de quelqu’un de ses amis philosophes, comme Giordani ou tout autre, il faut reconnaître que l’esprit seul de Leopardi fit les frais de cette nouvelle opinion dans laquelle il s’engagea, et qui lui devint aussitôt comme un progrès naturel et nécessaire de sa pensée, un sombre et harmonieux développement de son talent et de sa nature. […] Un jour qu’après tous ces usages à peu près épuisés, M. de Sinner avait exprimé la pensée de renvoyer le dépôt confié, Leopardi lui répondait : « Les fleuves retourneront à leurs sources avant que je retrouve la vigueur nécessaire pour les études philologiques, et, quand ce miracle arriverait, mes paperasses, en revenant de vos mains aux miennes, ne feraient que perdre… Prima i fiumi torneranno alle fonti, » etc.

1727. (1864) Cours familier de littérature. XVII « Ce entretien. Benvenuto Cellini (2e partie) » pp. 233-311

m’écriai-je alors, tu ne la portais donc que pour faire le beau garçon dans Rome, et tu la quittais lorsqu’elle t’était le plus nécessaire ! […] Je répondis à ces paroles obligeantes que je n’avais jamais demandé, pour prix de mes peines, que les bonnes grâces de Son Excellence ; qu’elle me les avait promises, qu’il n’était pas nécessaire qu’elle s’interposât pour m’obtenir une récompense que je ne demandais pas, puisque je me contentais de la moindre, si le duc me continuait ses bontés.

1728. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

La cour était un monde à part, où il était nécessaire absolument, si l’on y voulait faire un grand chemin, d’être effronté, insolent, mendiant, avide et menteur ; où l’oubli, la fierté, l’arrogance, la dureté, l’ingratitude, étaient une courante monnaie ; où l’honneur, la vertu, la conscience, étaient des oripeaux passés de mode ; où l’on voyait, c’est toujours La Bruyère qui parle ainsi, « des gens enivrés et comme ensorcelés de la faveur, dégouttant l’orgueil, l’arrogance, la présomption ». […] D’où il suit qu’il est fort nécessaire de tenir compte aux anciens de leur comédie, et des difficultés qu’elle a rencontrée, en songeant aux difficultés de la comédie aux siècles à venir !

1729. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Shakespeare »

Mais s’il la nommait mal, cette langue nécessaire à une traduction de Shakespeare, François Hugo la comprenait et pouvait la parler. […] Il n’est permis à personne de confondre et de brouiller les notions nécessaires à expliquer l’homme dans la réalité de son être, fût-ce même pour faire honneur au génie de Shakespeare et plaisir à ceux qui l’aiment, mais cependant qui ne veulent pas l’aimer comme des idolâtres ou des fous !

1730. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre IV. De la pluralité des temps »

Mais il n’y a là qu’une convention, convention d’ailleurs nécessaire si je veux préserver l’intégrité des lois de la physique. […] Il n’en était pas moins nécessaire que ces physiciens fantasmatiques fussent évoqués ; et la théorie de la Relativité, en fournissant au physicien réel le moyen de se trouver d’accord avec eux, aura fait faire à la science un grand pas en avant.

1731. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Discours sur le système et la vie de Vico » pp. -

L’idolâtrie fut nécessaire au monde, sous le rapport social : quelle autre puissance que celle d’une religion pleine de terreurs, aurait dompté le stupide orgueil de la force, qui jusque-là isolait les individus ? […] Alors stupides, abrutis, insensibles aux raffinements qui les avaient corrompus, ils ne connaissent plus que les choses indispensables à la vie ; peu nombreux, le nécessaire ne leur manque pas ; ils sont de nouveau susceptibles de culture ; avec l’antique simplicité l’on verra bientôt reparaître la piété, la véracité, la bonne foi, sur lesquelles est fondée la justice, et qui font toute la beauté de l’ordre éternel établi par la Providence.

1732. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — I. » pp. 134-154

Et ici, comme nous sommes au xvie  siècle, il est nécessaire de remarquer qu’un des précepteurs de Sully, nommé La Brosse, qui se mêlait de tirer des horoscopes et de prédire des nativités, voyant que son élève, de six ans plus jeune que Henri de Navarre, était né, comme ce prince, le 12 ou 13 décembre, jour de Sainte-Luce, l’avait plus d’une fois assuré, avec de grands serments, que le prince, après maint labeur, serait un jour roi de France, et que lui Rosny serait des plus avant dans sa faveur et des mieux participants de sa prospérité.

1733. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — I. » pp. 325-345

Accusé à l’instant même par les violents de la Commune, comme plus tard par ceux du parti opposé, il dut se livrer à une apologie qui a perdu de son intérêt avec les passions qui l’avaient rendue nécessaire.

1734. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — I. » pp. 413-433

On le guette, on l’aborde au moment où il s’y attend le moins ; on lui demande avec douceur, et, s’il résiste, on va lui prendre de force ce vêtement nécessaire qui doit être l’instrument de la cure merveilleuse.

1735. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Le président Hénault. Ses Mémoires écrits par lui-même, recueillis et mis en ordre par son arrière-neveu M. le baron de Vigan. » pp. 215-235

Tant de talents soutenus ou plutôt rendus utiles par des qualités plus précieuses encore, par la douceur de vos mœurs, par la sûreté de votre commerce, par la conciliation que vous apportez aux affaires, par la pénétration aussi vive que réfléchie dont vous les démêlez, par l’attention que vous avez et qui est si nécessaire, en persuadant les autres, de leur laisser croire que vous ne pensez que d’après eux ; enfin par tout ce qui réconcilie les hommes de mérite avec ceux qui pourraient en être jaloux : voilà ce qui fait souhaiter de vous avoir pour confrère, et, si j’ose parler de moi, voilà ce qui rend votre amitié si désirable.

1736. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — II » pp. 375-394

Pendant que Frédéric s’appliquait, après tant de désastres, à rétablir toutes les parties de l’État qui avaient souffert, soignant l’agriculture et l’industrie, attirait chez lui les populations voisines, faisait bâtir des villages, rendait à l’armée sa discipline et le ton de solidité qu’elle avait autrefois, et, en cela comme dans le veste, moins inventeur et novateur que praticien, « se bornait à donner par la routine, par de continuels exercices, aux officiers et aux troupes, l’intelligence et la fermeté dans tous les mouvements, pour être sûr d’eux à l’occasion s’il était nécessaire de les employer dans le sérieux » ; pendant que chaque jour, depuis le matin jusqu’à la nuit, il remplissait ainsi en conscience son devoir de chef et de tuteur de peuple, il fut atteint de la plus cruelle des douleurs.

1737. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — I » pp. 432-453

Cela bientôt la mena à s’en faire un ami, un correspondant nécessaire, et, l’habitude prise, à sentir souvent qu’il lui faisait faute : « Êtes-vous pour toujours en Hainaut ?

1738. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Journal et mémoires du marquis d’Argenson, publiés d’après les manuscrits de la Bibliothèque du Louvre pour la Société de l’histoire de France, par M. Rathery » pp. 238-259

De son côté, M le ministre d’État52, en donnant et en maintenant l’autorisation nécessaire pour la publication d’un manuscrit appartenant à l’une des bibliothèques particulières de l’empereur, mérite aussi, et plus que personne, les remerciements des amis des études historiques.

1739. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers. »

Nous l’avons vu dans les assemblées du Parlement être l’oracle des opinions ; s’est-il agi de rédiger les avis, prendre la plume et, au milieu de cent cinquante personnes, aussi recueilli que dans son cabinet, nous lire des résumés qui ont été adoptés unanimement : aussi est-il la passion du Parlement, et il les a bien servis, et peut-être trop bien, lorsqu’il les a fait revenir de leur exil (1754) sans aucunes conditions qui auraient peut-être été nécessaires pour le maintien de l’autorité royale.

1740. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Lettres inédites de Michel de Montaigne, et de quelques autres personnages du XVIe siècle »

Ici pourtant il semblait qu’un plus grand zèle, et plus soutenu, était nécessaire, et qu’en devenant le premier magistrat de sa cité, il prenait, comme nous dirions aujourd’hui, une responsabilité plus grande qu’il ne l’avait jamais fait jusqu’alors.

1741. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Dominique par M. Eugène Fromentin »

Quelques citations nous familiariseront vite avec la manière du peintre ; outre qu’elles sont agréables, elles sont nécessaires pour motiver notre jugement et pour associer le lecteur aux conclusions que nous allons tirer au fur et à mesure : « Onze heures.

1742. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Dominique par M. Eugène Fromentin (suite et fin.) »

Tout ce qui est nécessaire à son effet s’y trouve, et rien de plus.

1743. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid(suite et fin.)  »

Elle engage Chimène à se désister de sa poursuite, et lui dit des paroles fort sensées ; ce qui était juste hier ne l’est plus aujourd’hui ; Rodrigue est devenu nécessaire à l’État.

1744. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.). Guerre des Barbets. — Horreurs. — Iniquités. — Impuissance. »

Les premières instructions qui lui furent données étaient restreintes et conditionnelles : détruire les Barbets d’abord, traverser le Piémont, porter la contribution dans le Milanais en assurant par l’occupation des postes nécessaires ses communications avec Pignerol ; puis, par de secondes instructions plus circonstanciées, on lui recommandait d’avoir raison à Turin des tergiversations du duc que l’ambassadeur du roi, M. de Rébenac, ne serrait point d’assez près ; de forcer ce prince à donner satisfaction au roi sur les points en litige, tels que l’envoi des régiments Piémontais en France, et la remise immédiate de deux places fortes, Verrue et surtout la citadelle de Turin, le menaçant de toute la sévérité du roi s’il n’obtempérait.

1745. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Réminiscences, par M. Coulmann. Ancien Maître des requêtes, ancien Député. »

Coulmann, et il est nécessaire, après lui, de les rassembler.

1746. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite.) »

Malouet est trop sage pour obtenir de ses amis les exagérés les concessions nécessaires, et le flot démocratique qui monte ne permet pas à ces digues légères de s’établir en face de lui pour lui barrer le chemin.

1747. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

On a raconté la scène de Mons, et comment lui qui s’était cru nécessaire, il se vit tout d’un coup évincé.

1748. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

que dis-tu de la séparation de Garat et de sa femme… c’est-à-dire sa femme… c’est égal, je l’appellerai toujours Mme Garat, c’est nécessaire pour la société.

1749. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN DERNIER MOT sur BENJAMIN CONSTANT. » pp. 275-299

Si l’on n’emporte que juste le nécessaire, on se trouve bientôt aux expédients.

1750. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « DU ROMAN INTIME ou MADEMOISELLE DE LIRON » pp. 22-41

. — Dans toutes les actions de ma vie, il y a toujours eu quelque chose qui ressortissait de la maternité. » Mademoiselle de Clermont, à Chantilly, ne se fût pas exprimée de la sorte en parlant à M. de Meulan ; mais Mlle de Liron était de sa province, et l’accent qu’elle mettait à ces expressions familières ou inusitées les gravait tellement dans la mémoire, qu’on a jugé apparemment nécessaire le nous les transmettre.

1751. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — II. » pp. 195-213

Adieu, le cœur me bat au moindre bruit ; je tremble comme un voleur. » Il ne tient qu’à l’amie en ces moments de se croire plus nécessaire, plus aimée, plus recherchée pour elle-même que jamais.

1752. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre V. Des ouvrages d’imagination » pp. 480-512

Quand le despotisme existe, il faut consoler les esclaves, en flétrissant à leurs yeux le sort de tous les hommes ; mais l’exaltation nécessaire à la liberté républicaine doit inspirer de l’éloignement pour tout ce qui peut tendre à dégrader la nature humaine.

1753. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre II. De l’expression »

Ainsi certaines gens qui font les empressés          S’introduisent dans les affaires,          Ils font partout les nécessaires, Et partout importuns devraient être chassés.

1754. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre V. Transition vers la littérature classique — Chapitre I. La littérature sous Henri IV »

Cette période est l’étape nécessaire qui conduit de Ronsard ou de Desportes au Malherbe de l’Ode au Roi parlant pour la Rochelle, de Montaigne à Balzac et à Descartes, ou à Pascal ; et là aussi, par Hardy, nous trouverons le passage des tragédies de la Pléiade à la tragédie du xviie  siècle.

1755. (1887) Discours et conférences « Réponse au discours de M. Louis Pasteur »

Et pourtant les deux gants sont également nécessaires ; tous deux se complètent.

1756. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) «  Mémoires et correspondance de Mme d’Épinay .  » pp. 187-207

Cette fine et rusée matrone s’est aperçue de l’amour de Francueil, et croit deviner celui qu’on lui rend ; elle veut le pénétrer, l’aider, s’y entremettre, se rendre utile, nécessaire, et le tout à son profit.

1757. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur Bazin. » pp. 464-485

« Peu de temps après ce rapprochement, dit l’historien sans avoir l’air d’y toucher, la princesse fut reconnue enceinte, et avant sept mois elle accoucha d’un enfant qui ne vécut pas. » Cela veut dire en bon gaulois que la princesse passait pour être déjà enceinte, quand elle jugea nécessaire de venir retrouver son mari.

1758. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Fontenelle, par M. Flourens. (1 vol. in-18. — 1847.) » pp. 314-335

Il montre que cette explication surnaturelle n’est point nécessaire, et qu’avant de rechercher la cause d’un fait, il importe de bien étudier ce fait en lui-même : « Je ne suis pas si convaincu de notre ignorance, dit-il, par les choses qui sont et dont la raison nous est inconnue, que par celles qui ne sont point et dont nous trouvons la raison.

1759. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Théodore Leclercq. » pp. 526-547

Théodore Leclercq, dans ses proverbes, a tout cela : il n’y manque, en général, qu’une action un peu nouée ou, ce qui y supplée, une charpente, ce qui est du métier, et qu’il a fallu y mettre pour les transporter au théâtre, mais ce qui n’était pas nécessaire entre deux paravents et pour l’horizon du salon.

1760. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Jasmin. (Troisième volume de ses Poésies.) (1851.) » pp. 309-329

Il serait difficile et injuste de faire dans ce succès la part à l’un des éléments plutôt qu’à l’autre : ils sont également nécessaires et se tiennent.

1761. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire des travaux et des idées de Buffon, par M. Flourens. (Hachette. — 1850.) » pp. 347-368

Arrivé à cette première grande division, animal, végétal et minéral, il en viendra à distinguer dans le règne animal les animaux qui vivent sur la terre d’avec ceux qui demeurent dans l’eau ou ceux qui s’élèvent dans l’air : Ensuite mettons-nous à la place de cet homme, continue Buffon, ou supposons qu’il ait acquis autant de connaissance et qu’il ait autant d’expérience que nous en avons, il viendra à juger des objets de l’histoire naturelle par les rapports qu’ils auront avec lui ; ceux qui lui seront les plus nécessaires, les plus utiles, tiendront le premier rang ; par exemple, il donnera la préférence dans l’ordre des animaux au cheval, au chien, au bœuf, etc.

1762. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Monsieur de Bonald, (Article Bonald, dans Les Prophètes du passé, par M. Barbey d’Aurevilly, 1851.) » pp. 427-449

Ainsi, dans la société, M. de Bonald croit à un ordre particulier, aussi naturel et aussi nécessaire que l’ordre général de l’univers : il marche donc dans sa voie, tranquillement, fermement, sous l’œil de Dieu et de ceux qu’il a préposés, comme au temps de Moïse et du Décalogue, comme au temps de Grégoire VII et  III, comme au temps de saint Louis.

1763. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — I. » pp. 471-493

Le maréchal de Castries, du côté des princes, frères du roi, lui écrivait : « J’ai vu l’impression que vos écrits faisaient sur tous les bons esprits… Il est temps de parler à la nation et de l’éclairer. » Mallet reprit la plume pour parler non à la nation, qui, à cette date, avait peu de liberté d’oreille et d’entendement, mais aux chefs des cabinets et à ceux de l’émigration, pour les éclairer, s’il se pouvait, sur ce qui, selon lui, était raisonnable et nécessaire ; car il ne voyait plus qu’un moyen de mener à bien cette grande « guerre sociale », comme il l’appelait : c’était d’en faire une guerre à la Révolution seule, à la Convention qui résumait en elle l’esprit vital de la Révolution, non à la France.

1764. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Mémoires du cardinal de Retz. (Collection Michaud et Poujoulat, édition Champollion.) 1837 » pp. 40-61

Il fait voir que tout dernièrement, du côté de la Cour, on avait, avec une insigne maladresse, mis le Parlement en demeure de définir ces cas où l’on pouvait désobéir et ceux où on ne le devait pas faire : « Ce fut un miracle que le Parlement ne levât pas dernièrement ce voile, et ne le levât pas en forme et par arrêt ; ce qui serait bien d’une conséquence plus dangereuse et plus funeste que la liberté que les peuples ont prise depuis quelque temps de voir à travers. » La conclusion de ce discours mémorable est de viser à réconcilier Condé avec le Parlement, sans le séparer absolument de la Cour, de lui proposer un rôle utile, innocent, nécessaire, qui le ferait le protecteur du public et des compagnies souveraines, et qui éliminerait infailliblement le Mazarin : c’était toujours compter sans le cœur de la reine.

1765. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — I. » pp. 1-22

Il fut envoyé à Dijon pour y achever les études nécessaires à son admission dans l’École d’artillerie.

1766. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — II. (Suite et fin.) » pp. 341-361

Dans cette formation du parti libéral où il entrait alors tant d’éléments divers, Courier reste ce qu’il était de tout temps, le plus antibonapartiste possible, ennemi des grands gouvernants, se faisant l’avocat du paysan, l’homme de la commune, prêchant l’économie, parlant contre la manie des places, voulant de gouvernement le moins possible, faisant des sorties contre la Cour et les gens de cour toutes les fois qu’il y a lieu, méconnaissant ce qu’il y a eu de grand, d’utile, de nécessaire dans l’établissement des Louis XIV, des Richelieu, des grands directeurs de nations, disant en propres termes, pour son dernier mot et son idéal : « La nation enfin ferait marcher le gouvernement comme un cocher qu’on paie, et qui doit nous mener, non où il veut, ni comme il veut, mais où nous prétendons aller, et par le chemin qui nous convient » ; disant encore, et cette fois plus sensément : Il y a chez nous une classe moins élevée (que les courtisans), quoique mieux élevée, qui ne meurt pour personne, et qui, sans dévouement, fait tout ce qui se fait ; bâtit, cultive, fabrique autant qu’il est permis ; lit, médite, calcule, invente, perfectionne les arts, sait tout ce qu’on sait à présent, et sait aussi se battre, si se battre est une science.

1767. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — I. » pp. 287-307

Il a très bien décrit cette vie assez dure et fort magnifique : Nous avons laissé les gros équipages ; malgré cela, à chaque marche, on voit défiler pendant trois heures notre nécessaire le plus indispensable.

1768. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — II. (Fin.) » pp. 308-328

Tout en s’étonnant de cette confiance qu’ont en leurs systèmes ces talents vigoureux, « qui n’abondent pas en idées », Grimm ne laisse pas de penser quelquefois que cette prévention leur est peut-être nécessaire pour donner à leurs écrits cette chaleur et cette force qu’on y remarque, tandis que « le modeste et humble sceptique est presque toujours en silence ».

1769. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre quatrième. L’expression de la vie individuelle et sociale dans l’art. »

L’idée est nécessaire à l’émotion même et à la sensation pour les empêcher d’être banales et usées, « L’émotion est toujours neuve, a dit V.

1770. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Ivan Tourguénef »

Si son intelligence lui dit les causes nécessaires de tout le mal, elle instruit sa sensibilité à n’en pas souffrir.

1771. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Émile Zola » pp. 70-104

Il vaut mieux %99 %faire observer qu’un précepte de facture reste une simple recette, que peindre d’une certaine façon ne veut jamais dire peindre bien de cette façon, que l’important est de peindre bien et que la façon n’y est pour rien, que Velasquez et Rubens se valent, que toutes les querelles et les gros mots sur les procédés manuels de l’art ne signifient rien, que la seule chose nécessaire est d’avoir du génie, que les procédés même de Cabanel, de Bouguereau, de Tony Robert Fleury, de Delaroche et d’Horace Yernet donneraient de magnifiques œuvres s’ils étaient employés par des artistes ayant le don, qu’enfin la formule du plein air est la dernière qu’il faille défendre, puisque, à l’heure actuelle, elle n’a pas encore donné un seul chef-d’œuvre ?

1772. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre I. Shakespeare — Sa vie »

Il est évident, par exemple, que dans le vers français l’orthographe Shakspeare est nécessaire.

1773. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre VI. Le beau serviteur du vrai »

Il est plus que jamais nécessaire de montrer aux hommes l’idéal, ce miroir où est la face de Dieu.

1774. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre VI. Des Livres qui traitent de la Rhétorique. » pp. 294-329

On a souvent mis en question, (& depuis que tout le monde se mêle de donner de nouveaux plans d’étude, on l’agite plus que jamais,) si la Rhétorique est nécessaire.

1775. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Saint-Simon »

Tel le droit que dans deux Mémoires55, restés inédits et remis aujourd’hui en lumière, Saint-Simon a établi de la manière la plus péremptoire et la plus irréfragable, avec la logique la plus victorieuse, car là où il y a l’obscurité d’un hiatus dans la chaîne des faits nécessaires au développement de sa thèse il répond par l’impérieuse et inévitable nature des choses, que les fautes et les crimes des gouvernements et des hommes peuvent violer, mais dont, pour l’avoir violée, les hommes et les gouvernements meurent nécessairement toujours !

1776. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rivarol » pp. 245-272

Qu’importe qu’elle énerve ou étiole le talent, qu’elle dissipe le temps nécessaire aux œuvres fortes et au développement des facultés, qu’elle tue l’originalité !

1777. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Ernest Hello » pp. 207-235

Jamais pareil livre ne fut plus nécessaire.

1778. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre v »

Aux premiers jours de la guerre, quand une émotion hostile se produisit dans l’ancien ghetto parisien (au 4e arrondissement) autour des juifs de Russie, de Pologne, de Roumanie et de Turquie, une réunion se tint chez l’un des rédacteurs du journal le Peuple juif, qui en donne le récit : « Ne croyez-vous pas, dit quelqu’un, qu’il soit nécessaire d’ouvrir une permanence spéciale pour les engagés juifs étrangers, afin que l’on sache bien que les juifs eux aussi ont donné leur contingent ? 

1779. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre III. “ Fantômes de vivants ” et “ recherche psychique ” »

Un point est en tout cas incontestable, c’est que, si la télépathie est réelle, elle est naturelle, et que, le jour où nous en connaîtrions les conditions, il ne nous serait pas plus nécessaire, pour avoir un effet télépathique, d’attendre un « fantôme de vivant », que nous n’avons besoin aujourd’hui, pour voir l’étincelle électrique, d’attendre comme autrefois le bon vouloir du ciel et le spectacle d’une scène d’orage.

1780. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

Pour que la littérature française achevât de réaliser son véritable caractère, plusieurs conditions étaient donc encore nécessaires au commencement du xviie  siècle ; et il fallait en premier lieu que l’opinion achevât de soumettre ou de refouler cet esprit d’individualisme, d’indiscipline et de licence qu’aussi bien, dans l’ordre politique lui-même, Henri IV n’avait pas entièrement comprimé ni réduit. […] Les genres se fatiguent, ils s’épuisent, ils meurent, comme les espèces dans la nature, et, comme elles, quand les conditions nécessaires à leur développement viennent à faire défaut autour d’eux. […] Cela ne manque en vérité que de composition, de profondeur et d’harmonie, qui sont de grandes choses, — mais non pas en tout temps ni partout nécessaires, puisque le manque même allait en contribuer à la fortune européenne de notre littérature. […] — Parce que l’on croyait alors qu’il existe une relation nécessaire entre la perfection des œuvres et l’observation des règles ou des lois des genres dont elles relèvent. […] 3º L’Influence immédiate de l’Académie. — Elle a substitué d’abord l’autorité d’un centre littéraire à la dispersion des coteries ; — et ainsi les efforts individuels ont commencé par elle et en elle de converger vers un but commun. — Inconvénients et avantages de la centralisation littéraire. — L’institution de l’Académie a enfoncé dans les esprits cette idée que la gloire des lettres fait partie intégrante et nécessaire de la grandeur d’un peuple [Cf. 

1781. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Lamartine »

que cette restriction était nécessaire ! […] C’est à cela pourtant que tient tout le poème ; c’est le postulat nécessaire afin que Jocelyn, devenu prêtre, ne puisse plus l’épouser. […] Cette force divine immanente au monde, c’est celle qu’adoraient les stoïciens (Mens agitat molem… Spiritus intus alit), et c’est aussi quelque chose d’analogue à la force que reconnaît, par un postulat nécessaire, la doctrine de l’évolution, à ce je ne sais quoi qui, dans les minéraux, veut s’agréger ou se cristalliser ; qui, dans le règne végétal ou animal, veut vivre et croître, s’adapte aux milieux pour en tirer le plus de vie possible, assouplit et achève les types, et les transmet perfectionnés… Nul poète, nul philosophe, nul historien n’a mieux senti que Lamartine, ni plus superbement exprimé la marche évolutive de l’histoire. […] Il ne semble point que son œuvre marque un moment nécessaire (ou qui soit démontré tel après coup) dans le développement de notre lyrisme.

1782. (1889) Derniers essais de critique et d’histoire

Une seule chose est nécessaire : la force et l’originalité du sentiment personnel, et ce double don éclate en celui-ci comme en peu d’hommes. Je me trompe, une seconde chose est nécessaire, c’est que l’esprit à qui la nature l’a départi l’emploie tout entier sur la matière qui peut lui fournir son meilleur emploi. […] Aussi bien, des électeurs du second degré sont tellement nécessaires qu’aujourd’hui, dans les campagnes, nombre de gens se plaignent, disant que, puisque le gouvernement ne leur indique plus le bon candidat, ils ne savent pour qui voter. […] Par la pratique de la vie et par l’étude des sciences, elle est arrivée au calme, elle a compris et loué le travail, le bon sens, la raison, la société, la famille, le mariage, toutes les choses utiles, salutaires ou nécessaires. […] Pour diminuer la corvée, il se réduisait au strict nécessaire, et, allégé par son abstinence, il pouvait suivre sa pensée qui planait ailleurs.

1783. (1888) La vie littéraire. Première série pp. 1-363

Parce que sans doute ces couleurs et ces formes étaient les vêtements nécessaires de sa pensée et le vrai corps de son âme poétique. […] « Je prendrai place, a-t-il dit, à une table de treize convives aussi souvent qu’il vous plaira, et je m’occupe des affaires les plus importantes le vendredi ou le 13 du mois, si c’est nécessaire. » Soit ! […] Les vertus qui lui manquaient pour faire un soldat exemplaire ne sont pas, peut-être, les plus éclatantes ; ce ne sont pas assurément les moins nécessaires. […] Il sait qu’elle est bonne, qu’elle est nécessaire, qu’elle est divine puisqu’elle est naturelle. […] Puisque cette transformation est nécessaire, puisqu’elle correspond au changement des mœurs, il ne serait pas bien philosophique de s’en affliger outre mesure.

1784. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Notes et pensées » pp. 441-535

Est-il bien nécessaire de venir ruiner cette illusion, et de les montrer par le dedans tels qu’ils sont, en leur ouvrant devant tous les entrailles ? […] Je répondis que le vrai talent savait vite se mettre au courant de ces conditions nouvelles ; mais ce que je ne dis pas et ce que je pensai, ce fut ceci : « Johnson avait un bon jugement et l’autorité nécessaire pour le faire valoir, qualités essentielles à tout critique et que les critiques de nos jours paraissent, au contraire, trop oublier ; car, avec tous leurs beaux et brillants développements, ils trouvent souvent le moyen de n’avoir ni jugement ni autorité. » Villemain, dans ses jugements contemporains, n’a jamais été que flatterie et complaisance. […] C’est là un art, peut-être nécessaire, pour mettre quelque ordre dans le fouillis des opinions humaines ; c’est une méthode créée pour permettre de les étudier.

1785. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Étienne de La Boétie. L’ami de Montaigne. » pp. 140-161

En dédiant les vers latins de La Boétie au chancelier de L’Hôpital, Montaigne développe cette même idée : il se console, dit-il, de voir tant de hasard présider au choix des hommes qui gouvernent les autres, et, là même où la chose publique est le mieux réglée, le discernement faire faute trop souvent sur ce point, en considérant qu’Étienne de La Boétie, « l’un des plus propres et nécessaires hommes aux premières charges de France, avait tout du long de sa vie croupi méprisé ès cendres de son foyer domestique ».

1786. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — II. (Fin.) » pp. 109-130

. — Vous ne savez pas, lui disait-il encore, que vous m’êtes nécessaire pour me remonter : vous êtes de l’éther pour moi.

1787. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — II » pp. 112-130

[NdA] Dans les derniers temps de sa vie, M. d’Argenson était devenu plus sévère pour M. de Chauvelin, et je trouve dans ses cahiers la note suivante, sous le titre de Véritables causes de la guerre de 1733 : Je n’ai jamais été si surpris que causant avec M. de Chauvelin, ancien garde des sceaux de France, et lui ayant dit que la guerre de 1733 avait pu être causée pour réhabiliter la France, dont le cardinal de Fleury avait flétri la réputation en se montrant pacifique jusqu’à l’excès, cet ancien ministre me répondit que ce n’était point cela, mais que le roi ayant épousé la fille du roi Stanislas qui n’avait été reconnu roi par aucune puissance de l’Europe, Sa Majesté se trouvait ainsi n’avoir épousé qu’une simple demoiselle ; qu’il était donc devenu nécessaire que la reine fût fille d’un roi, quoquo modo, et que c’élait à cela qu’il avait travaillé heureusement.

1788. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — III » pp. 132-153

Il lisait toutes sortes de livres anciens et nouveaux : c’était une nourriture qui lui était nécessaire. « Les jeunes gens surtout, disaii-il, devraient se mettre en tête cette maxime bien véritable, que plus on lit plus on a d’esprit… Celui qui a lu aurait encore plus d’esprit s’il avait lu davantage. » Il lisait toutes les nouveautés, et notait l’impression qu’il en recevait ; il n’était pas de ces dédaîgneurs (comme il les appelle) qui déclaraient d’un livre à première vue que cela ne valait rien ; il lisait jusqu’au bout le livre une fois commencé, biographies, mélanges, anecdotes, même les ana, même les contes de fées ; il les prenait par leur bon côté et y trouvait presque toujours sujet à quelque réflexion, à quelque plaisir : « Je dis à nos amis ordinaires : Que je vous plains de toujours critiquer !

1789. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Benjamin Constant. Son cours de politique constitutionnelle, ou collection de ses divers écrits et brochures avec une introduction et des notes, par M. Laboulaye »

Ouvrez la brochure des Réactions politiques (1797), on y voit « une tendance de l’esprit humain à englober dans ses regrets tout ce qui entourait ce qu’il regrette » ; on y voit « un mouvement rétrograde qui, se prolongeant au-delà de ses bornes nécessaires, ne laisse enfin pour vestige du changement qu’on voulut opérer, que des débris, des larmes, de l’opprobre et du sang. » Depuis lors, la langue de Benjamin Constant se rompit et se brisa ; elle devint facile, et parut encore plus élégante qu’elle ne l’était.

1790. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. (suite et fin) »

Bien aveuglés et infatués étaient les adversaires ; car, dans leur confiance en eux-mêmes, ils s’estimaient si nécessaires à la royauté qu’à cette seule pensée que le roi pût les dissoudre, il n’en était pas un seul qui n’eût dit : Il n’oserait !

1791. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

Tout ce conflit de propos et de jugements est nécessaire, inévitable, utile quelquefois peut-être à quelques-uns pour les tenir en éveil, le plus souvent inutile et irritant.

1792. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

Ces lettres de Russie, jointes à celles d’Orient et à quelques-unes d’Afrique, mériteraient de trouver un éditeur ami, homme de goût et de discrétion, ne s’arrêtant qu’aux vraies bienséances, qui choisirait, ne retrancherait que le nécessaire, qui surtout ne changerait rien et restituerait à peine quelques mots pour la correction.

1793. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français et de la question des Anciens et des Modernes »

Moi je n’ai rien, mais chez eux de plus amples provisions vous attendent. » Il avait connu l’exil et les misères chez l’étranger, et, bornant ses vœux au plus strict nécessaire, il s’écriait dans un ton bien éloigné de lHoc erat in votis d’Horace, et qui rappelle plutôt le Moretum de Virgile : « Ne te consume point, ô Homme !

1794. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Madame Roland, ses lettres à Buzot. Ses Mémoires. »

Après le trouble que venaient de jeter les documents nouveaux dans l’idée qu’on se faisait d’elle, il était nécessaire de repasser sur les traits de son caractère et de dresser de nouveau son image.

1795. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.) »

Louis XIV se refusa de ce côté aux dépenses nécessaires, et l’on se borna au statu quo comme si c’était possible.

1796. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Essai de critique naturelle, par M. Émile Deschanel. »

Il y faut tant de préparation en effet, que je me dis quelquefois qu’au milieu de cette vie pressée, affairée, bourrée de travaux et d’études, où chacun en a assez de sa veine à suivre et de sa pointe à pousser, ceux même qui sont du même métier et du même bord n’auront pas toujours le temps, l’espace, la liberté et l’élasticité d’impressions nécessaires pour être justes envers leurs devanciers.

1797. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [II] »

Est-il donc nécessaire que dans une armée bien ordonnée les choses se passent ainsi ?

1798. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [V] »

Dans sa charmante retraite de Passy, il était intéressant à visiter : il aimait la conversation, et bien qu’un cornet acoustique fût nécessaire, il suffisait d’y jeter quelques mots pour amener sur ses lèvres des récits vivants et où l’âge ne se faisait sentir que par plus d’à-propos et d’expérience.

1799. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine »

Consolante perspective, digne du poëte religieux qui veut allier l’enchaînement et l’essor, la soumission et la conquête, et qui conserve en son cœur le Dieu individuel, le Dieu fait homme, le Dieu nommé et prié dès l’enfance, sans rejeter pour cela le Dieu universel et presque sourd qui régénère l’humanité en masse par les épreuves nécessaires !

1800. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ULRIC GUTTINGUER. — Arthur, roman ; 1836. — » pp. 397-422

En les regardant, en les écoutant, je suis arrivé à goûter une indicible joie, rien qu’à voir rayonner ce beau et doux soleil sur un arbre que j’ai planté, et à trouver le strict nécessaire proprement servi sur ma table ; rien qu’à jouir du silence, de la retraite, de la lecture, ou d’une innocente occupation ; et je m’écrie vingt fois le jour, comme les Pères des déserts : « Seigneur, c’est assez !

1801. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DE LA LITTÉRATURE INDUSTRIELLE. » pp. 444-471

Ce qui la caractérise en ce moment cette littérature, et la rend un phénomène tout à fait propre à ce temps-ci, c’est la naïveté et souvent l’audace de sa requête, d’être nécessiteuse et de passer en demande toutes les bornes du nécessaire, de se mêler avec une passion effrénée de la gloire ou plutôt de la célébrité, de s’amalgamer intimement avec l’orgueil littéraire, de se donner à lui pour mesure et de le prendre pour mesure lui-même dans l’émulation de leurs exigences accumulées ; c’est de se rencontrer là où on la supposerait et où on l’excuse le moins, dans les branches les plus fleuries de l’imagination, dans celles qui sembleraient tenir aux parties les plus délicates et les plus fines du talent.

1802. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LOYSON. — POLONIUS. — DE LOY. » pp. 276-306

Six chants sont nécessaires à la conduite et à la conclusion de cette pensée.

1803. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. CHARLES MAGNIN (Causeries et Méditations historiques et littéraires.) » pp. 387-414

Magnin a une qualité à lui, quand il traite d’un sujet et d’un livre, une qualité que possèdent bien peu de critiques, et qui est bien nécessaire pourtant à l’impartialité : c’est l’indifférence.

1804. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LES JOURNAUX CHEZ LES ROMAINS PAR M. JOSEPH-VICTOR LE CLERC. » pp. 442-469

Il était naturel et nécessaire que, tôt ou tard, ce changement eût lieu.

1805. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. Joubert »

Elle permet qu’on recommence et rend les pauses nécessaires.

1806. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIe Entretien. Chateaubriand »

Le monde a soif de justice ; l’engouement nécessaire à toute vérité en Europe passe enfin du côté des persécutés.

1807. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre I. Renaissance et Réforme avant 1535 — Chapitre II. Clément Marot »

En 1529 Budé, dans une de ses Préfaces, rappelait au roi qu’il avait à doter une fille pauvre, la philologie : qu’il avait promis d’orner sa capitale d’une sorte de musée où les deux langues grecque et latine seraient enseignées, où des savants en nombre illimité trouveraient « un entretien convenable et les loisirs nécessaires ».

1808. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre IV. Le patriarche de Ferney »

De Ferney viennent des catéchismes portatifs, aux titres caractéristiques : Dictionnaire philosophique ou la Raison par alphabet (1764), Évangile de la Raison (1764), Recueil nécessaire (1768), puis, de 1770 à 1772, les neuf volumes de Questions sur l’Encyclopédie, qui ramassent dans toute l’œuvre philosophique de Voltaire les pages les plus efficaces sur toutes les matières.

1809. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre V. Le roman »

Un roman n’est plus seulement pour lui une observation qui décrit les combinaisons spontanées de la vie : c’est une expérience, qui produit artificiellement des faits d’où l’on induit une loi certaine et nécessaire.

1810. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Octave Feuillet »

Mais je ne pense pas qu’il ait jamais été nécessaire de nier l’existence de Dieu pour pécher avec une femme du monde ; et, si Gandrax s’empoisonne pour une rupture, c’est apparemment qu’il a la tête un peu faible.

1811. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « La jeunesse du grand Condé d’après M. le duc d’Aumale »

Mais la princesse, blessée par ces prescriptions, peut-être aussi trouvant que son fils « ne faisait pas d’assez bonne grâce son compliment aux dames », lui dit « qu’il n’était pas nécessaire de venir souvent ».

1812. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7761-7767

Il n’est pas nécessaire de savoir que le plaisir que nous donne une certaine chose que nous trouvons belle, vient de la surprise ; il suffit qu’elle nous surprenne & qu’elle nous surprenne autant qu’elle le doit, ni plus ni moins.

1813. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre III. La notion d’espace. »

Cela posé, si pour diviser un continu, il suffit de considérer comme coupures un certain nombre d’éléments tous discernables les uns des autres, on dit que ce continu est à une dimension ; si au contraire pour diviser un continu, il est nécessaire de considérer comme coupures un système d’éléments formant eux-mêmes un ou plusieurs continus, nous dirons que ce continu est à plusieurs dimensions.

1814. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les poètes décadents » pp. 63-99

La revue étant bi-mensuelle, nous n’avions guère le loisir de nous reposer entre deux numéros, si l’on considère que nous ne pouvions y sacrifier, accaparés par des besognes nécessaires, que le superflu de notre temps.

1815. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VII »

Mais en récit lui est nécessaire, et il se lance intrépidement dans cette narration pavée de charbons ardents.

1816. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Huet, évêque d’Avranches, par M. Christian Bartholmèss. (1850.) » pp. 163-186

Huet, que trop de savoir conduisait, comme il arrive souvent, à moins admirer, tout en reconnaissant dans ce passage le sublime de la chose racontée, se refusait à y voir, pour l’expression et même pour la pensée, rien de plus qu’une manière de dire, une tournure habituelle et presque nécessaire aux langues orientales, avec lesquelles il était si familier.

1817. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Broglie. » pp. 376-398

Sachons bien que la plupart des hommes de ce temps qui sont lancés dans le monde et dans les affaires ne lisent pas, c’est-à-dire qu’ils ne lisent que ce qui leur est indispensable et nécessaire, mais pas autre chose.

1818. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « L’abbé Galiani. » pp. 421-442

Une femme de Paris, Mme Du Bocage, lui avait proposé de remplacer auprès de lui Mme d’Épinay comme correspondante, pour le tenir au courant des choses et des personnes ; il refuse cette distraction et ce soulagement : Il n’y en a plus pour moi, s’écrie-t-il avec un accent qu’on ne saurait méconnaître ; j’ai vécu, j’ai donné de sages conseils, j’ai servi l’État et mon maître, j’ai tenu lieu de père à une famille nombreuse ; j’ai écrit pour le bonheur de mes semblables ; et, dans cet âge où l’amitié devient plus nécessaire, j’ai perdu tous mes amis !

1819. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Mme de Caylus et de ce qu’on appelle Urbanité. » pp. 56-77

Elle fléchit et reconquit sa tante ; elle lui redevint nécessaire.

1820. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La Grande Mademoiselle. » pp. 503-525

Cette idée de mariage, qui jouait toujours en perspective devant ses yeux, lui montrait alors une union possible, soit avec le prince de Condé dans le cas où il deviendrait veuf (elle ne répugnait point à ces sortes de suppositions), soit même avec le roi, si elle se rendait nécessaire et redoutable.

1821. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Hégésippe Moreau. (Le Myosotis, nouvelle édition, 1 vol., Masgana.) — Pierre Dupont. (Chants et poésies, 1 vol., Garnier frères.) » pp. 51-75

Pour s’élever au-dessus de ces circonstances en quelque sorte matérielles et physiques, deux choses sont nécessaires, et elles sont rares : du caractère et des principes.

1822. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mademoiselle de Scudéry. » pp. 121-143

Mais ce qu’il y a de plus nécessaire pour la rendre douce et divertissante, c’est « qu’il y ait un certain esprit de politesse qui en bannisse absolument toutes les railleries aigres, aussi bien que toutes celles qui peuvent tant soit peu offenser la pudeur… Je veux encore qu’il y ait un certain esprit de joie qui y règne. » Tout cela est assurément aussi bien dit et aussi agréable que judicieux, comme ne manque pas de le remarquer l’un des personnages de l’entretien.

1823. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame Necker. » pp. 240-263

Soyons plus amis encore à présent, quand l’âge mûr, qui diminue la vivacité des penchants, augmente la force des habitudes, et soyons encore nécessaires l’un à l’autre lorsque nous ne vivrons plus que dans le passé et dans l’avenir ; car, pour moi, je ne fais d’avance aucun cas du suffrage des nouvelles sociétés de notre vieillesse, et je ne désire rien dans la postérité qu’un tombeau où je précède M. 

1824. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires de Marmontel. » pp. 515-538

En perdant le privilège du Mercure, Marmontel ressentit ce coup d’aiguillon qui de temps en temps nous est bon et nécessaire ; il retrouva sa liberté et son temps pour les longs ouvrages, et il se rapprocha de l’Académie.

1825. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Rivarol. » pp. 62-84

Il n’y a qu’un gouvernement doux et respecté qui puisse donner à Paris le repos nécessaire à son opulence et à sa prospérité.

1826. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — II. (Suite.) » pp. 23-46

De telles précautions morales étaient alors nécessaires dans l’état des esprits, et si une transaction avait été possible à quelque moment, comme l’espérait le maréchal, elle ne l’était que moyennant ces ménagements mêmes.

1827. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Rollin. » pp. 261-282

En les écrivant, Rollin, qui aimait à marcher et à penser toujours sur la trace d’un ancien, se rappelait certainement cette parole de Pline le Jeune sur la maison de campagne que voulait acheter Suétone : Il ne faut à ces messieurs les savants, absorbés comme lui dans l’étude, que le terrain nécessaire pour délasser leur esprit et réjouir leurs yeux.

1828. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — II. (Fin.) » pp. 411-433

À ne considérer les religions qu’au moral et comme des vêtements nécessaires à la nudité humaine, comment croyait-il que l’homme pouvait subitement s’en passer ?

1829. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre II. Shakespeare — Son œuvre. Les points culminants »

Car les deux autres, Regane et Goneril, ne sont plus ses filles que de la quantité nécessaire pour avoir droit au nom de parricides.

1830. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre I. Après la mort — Shakespeare — L’Angleterre »

Ce commencement de connaissance des grands hommes est nécessaire au peuple.

1831. (1694) Des ouvrages de l’esprit

Le philosophe consume sa vie à observer les hommes, et il use ses esprits à en démêler les vices et le ridicule ; s’il donne quelque tour à ses pensées, c’est moins par une vanité d’auteur, que pour mettre une vérité qu’il a trouvée dans tout le jour nécessaire pour faire l’impression qui doit servir à son dessein.

1832. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Le Prince » pp. 206-220

Lorsque Rimbrand oppose des clairs du plus grand éclat à des noirs tout à fait noirs, il n’y a pas à s’y tromper, on voit que c’est l’effet nécessaire d’un local particulier et de choix ; mais ici la lumière est diffuse.

1833. (1920) Action, n° 4, juillet 1920, Extraits

Au chef futuriste dont les audaces me divertissaient s’était joint comme un antagoniste nécessaire le plus lauré des fantômes, l’ombre énorme et désuète de M. 

1834. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Philarète Chasles » pp. 147-177

Philarète Chasles, qui ne comprend plus la critique que comme un quaker, est tellement victime de son attendrissement humanitaire qu’il ne sait plus positivement où il en est quand il s’agit de juger les divers mérites intellectuels des hommes et d’établir, entre ces mérites, la hiérarchie incontestable et nécessaire.

1835. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pommier. L’Enfer, — Colifichets. Jeux de rimes. »

Pommier n’a pris que les grandes faces connues, nécessaires et impossibles à supprimer de l’idée féconde qu’il devait interroger et dévoiler sous toutes ses faces et dans toutes ses profondeurs.

1836. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre IV. Le rêve »

On a commencé en effet par déterminer expérimentalement le temps nécessaire à la vision d’une lettre de l’alphabet ; est donc facile de faire en sorte que le sujet ne puisse pas distinguer plus de huit ou dix lettres, par exemple, sur les trente ou quarante qui composent la formule.

1837. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre I. La quantité des unités sociales : nombre, densité, mobilité »

D’ailleurs, les formes sociales n’agissent pas seulement ni même principalement sur nos théories politiques par les modes qu’elles imposent à l’action collective, par les formes gouvernementales qu’elles rendent nécessaires : le spectacle particulier que notre société nous représente chaque jour détermine plus directement encore notre idéal.

1838. (1908) Esquisses et souvenirs pp. 7-341

Mais il portait en lui l’antidote nécessaire. […] Nous avions jugé nécessaire de répéter, la veille de la représentation, sur le théâtre même ; et nous arrivâmes à Champlieu, sous un blanc soleil qui brûlait la campagne à perte de vue. […] Pour en tirer profit, il n’est pas nécessaire de se renier… Mais écoutez plutôt les conclusions de Barrès : « La déesse m’a donné, comme à tous ses pèlerins, le dégoût de l’enflure dans l’art. […] Malheur au poète qui naît dans un de ces moments équivoques où la tradition de l’art est devenue caduque, où il est nécessaire de renverser l’ordre pour chercher ensuite à le rétablir sur une base plus solide. […] Il est vrai que, pour l’entendre, il est nécessaire d’avoir l’oreille fine ; mieux encore : le pouvoir de répercuter.

1839. (1911) Visages d’hier et d’aujourd’hui

Il est, à cette fin, nécessaire que nous remontions au-delà de nos écoles, comme on disait jadis, et jusqu’à nos enfances pour y trouver nos désirs profonds, nos clairs devoirs et nos volontés franches. […] Et leur acte aura des conséquences nécessaires : mais il leur appartenait d’agir de telle ou telle sorte. […] La solution juste dériverait logiquement des circonstances ; les circonstances fournissent les prémisses : elle serait la conclusion nécessaire de ce syllogisme impérieux. […] Il devait gagner durement les sommes nécessaires. […] En outre, ces études particulières, parmi lesquelles la pensée philosophique s’est éparpillée, détruisent la croyance à l’unité des choses, qui, d’ailleurs, n’était peut-être qu’une illusion, mais une illusion nécessaire à la philosophie.

1840. (1890) La bataille littéraire. Troisième série (1883-1886) pp. 1-343

Le titre le dit un peu, c’est déjà beaucoup et rien ne le rendait nécessaire. […] Parfois ce mot même était nécessaire dans la scène, mais fallait-il faire la scène ? […] Il était nécessaire de préciser ces points, pour qu’on ne fit pas confusion d’époques ; il n’y eut rien de commun entre le proscrit de 1848 et les redoutables ennemis contre lesquels le gouvernement russe sévit aujourd’hui de la même façon, mais à juste titre. […] Nous avons absolument besoin de son autorisation pour l’emprunt nécessaire aux arrangements que tu désires ; ne la mécontente pas, je t’en prie… Tu sais que ma mère est austère, qu’elle m’a élevé très sévèrement… Je ne suis pas à mon aise avec elle… PAULETTE, riant. […] Il n’est pas nécessaire d’être grand prophète pour prédire le succès à un nouveau livre d’Octave Feuillet ; ce qu’il importe c’est d’en connaître et d’en étudier les causes, et de savoir s’il sera durable.

1841. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

  Je fis remarquer à Julien Viaud que bien que ne faisant que dépouiller des notes de calepin, des impressions prises au jour le jour, il lui était nécessaire de faire un travail de rajustement de toutes ces observations, de ces souvenirs épars, en un mot qu’il devait avoir, comme tous les romanciers, une manière de bâtir ses livres. […] » Et sous le sourire minaudier de la baronne remerciant Son Excellence il y a : « Ce Turc est ignoble, il me dégoûte. » Parmi les types les plus francs du personnel du roman, je trouve le sculpteur Védrine, un philosophe qui regarde évoluer le monde de l’intrigue et qui a été à même d’étudier les petites stratégies nécessaires le plus souvent pour escalader un fauteuil sous la coupole. […] Elle avait bien vite reconnu que jamais elle ne pourrait se marier, pauvre comme elle était ; puis, tant de monde à qui elle était nécessaire. […] C’est une protestation élégante et éloquente contre la sottise de la mondanité, contre les tendances de ces esprits inférieurs qui ne peuvent se suffire, qui n’ont de joie et de plaisir que par autrui et pour qui l’élément extérieur est la nourriture nécessaire. […] Je suis bien loin de dire qu’il ne faille pas rimer, mais je crois qu’avant de se préoccuper de chercher comment on finira un vers, il est nécessaire de savoir ce qu’on mettra dedans.

1842. (1927) Approximations. Deuxième série

C’est par là que l’Inconstante rejoint le sentiment grec et atteint dans la dernière scène à ce tragique si pur et si serein : tout le nécessaire y est dit, mais nulle parole n’est prononcée pour amplifier l’événement, de ces vaines paroles qui, dans les circonstances dramatiques, ont surtout comme objet de nous renvoyer le son de notre voix. […] Et d’abord laissons de côté la question la plus controversée de toutes, — à laquelle on aimerait à voir un esprit sûr et délié apporter tous les développements et tous les éclaircissements nécessaires, — je veux dire la question de l’importance ou de l’indifférence des sujets, de la hiérarchie ou de l’équivalence des genres. […] Appuyés sur le plus scrupuleux examen des textes, les pénétrants aperçus de détail abondent ; et pas davantage ne leur font défaut ces indications des tournants dangereux que tout écrivain non infatué reçoit avec gratitude d’un critique lorsque celui-ci a fourni au préalable tout l’effort nécessaire pour le bien entendre69. […] qu’un contrepoids est nécessaire (mais à cet égard nulle crainte : ce contre-poids, le génie français le fournit de lui-même, et aussi tous les Français sans génie), — La Fin d’un beau jour y demeure fidèle, et il règne une unité supérieure d’atmosphère dans laquelle, comme en une sorte de bain chimique, plongent toutes choses analoguement influencées. […] Et cette imagination constructive m’était nécessaire ; ma coquetterie même avait été causée par elle.

1843. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

Les lettres dans lesquelles il rend compte de l’Exposition de Manchester, des œuvres des anciens maîtres et des libres essais des paysagistes anglais, feraient des feuilletons excellents, et où il n’y a en fait de description que le nécessaire. […] Bossuet est invinciblement un orateur, un prédicateur de la première volée, et tout ce qui lui est nécessaire en fait d’idées, de doctrines, de points d’appui, de considérations et d’images pour le plus grand développement de sa faculté oratoire, on peut être sûr qu’il l’aura.

1844. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mademoiselle Aïssé »

Il se passionne pour les vertus qui se trouvent en ses amis ; il s’échauffe en parlant de ce qu’il leur doit, mais il se sépare d’eux sans peine, et l’on serait tenté de croire que personne n’est absolument nécessaire à son bonheur. […] Mais ce qui intéresse avant tout dans ce petit volume, c’est Aïssé elle-même et son tendre chevalier ; la noble et discrète personne suit tout d’abord, en parlant d’elle et de ses sentiments, la règle qu’elle a posée en parlant du jeu de certaine prima donna  : « Il me semble que, dans le rôle d’amoureuse, quelque violente que soit la situation, la modestie et la retenue sont choses nécessaires ; toute passion doit être dans les inflexions de la voix et dans les accents.

1845. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. de Rémusat (passé et présent, mélanges) »

Sans me permettre d’entrer ici dans les différences qui les caractérisent et en laissant de côté ce qu’il y a de particulier dans chacun d’eux, j’avoue pour mon compte avoir ignoré jusque-là, avant de l’avoir considéré dans leur exemple, ce que c’est que la justesse d’esprit en elle-même, cette faculté modérée, prudente, vraiment politique, qui ne devance qu’autant qu’il est nécessaire, mais toujours prête à comprendre, à accepter sagement, à aviser, et qui, après tant d’années, se retrouve sans fatigue au pas de tous les événements, si accélérés qu’ils aient pu être. […] « Point de nouveauté si nécessaire et si légitime, écrivait-il, qu’ils ne crussent de leur devoir de repousser ; point d’usage reçu, point d’abus infime, pourvu qu’il fût ancien, qu’on ne les vît s’efforcer à tout prix de conserver ou de restaurer.

1846. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. Essai d’un élève de William Schlegel » pp. 25-96

Qui prouve trop, risque de lie rien prouver, et il n’était pas nécessaire défaire intervenir Swift et Pascal pour montrer que l’ironie est dépourvue de gaieté comique. […] Le poète nous présente, il est vrai, tout ce qu’il y a de plus extraordinaire ou même de plus incroyable ; il se permet souvent, dès l’entrée, une grande invraisemblance, telle que la parfaite conformité de deux figures ; mais il faut que tous les incidents qui dérivent de cette première donnée, en paraissent la suite nécessaire.

1847. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIIe entretien. Cicéron (2e partie) » pp. 161-256

Les vérités nécessaires sont contemporaines de tous les temps, parce qu’elles sont nécessaires à tous les hommes.

1848. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre huitième »

Il est évident que dans un sujet où l’unité d’action, de temps et de lieu, est dans la nature des choses, il n’y a pas de place pour les hors-d’œuvre, pas un instant pour les tirades d’un acteur aimé du public, ni pour les oiseuses répliques d’un confident, ni pour ces monologues qui dissimulent le mauvais emploi du temps ; que, là où l’action marche, l’exécution ne languit pas ; que, là où chaque sentiment, chaque pensée est un pas vers l’événement, la langue ne dit rien qui ne soit nécessaire et ne faiblit pas. […] Le dramatique des scènes, la beauté du spectacle, des tableaux que l’action rend nécessaires, une musique qui ne sent point l’artifice, et qui, étant un religieux usage du lieu où se passe la scène, ajoute à la vraisemblance ; voilà ce que Racine a fait pour le spectateur38.

1849. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre III. Variétés vives de la parole intérieure »

Si je m’imagine un interlocuteur ou un auditoire, alors aussi ma parole intérieure devient plus intense, plus nette, plus variée d’intonations et plus lente ; elle est pourtant moins lente que dans le cas précédent ; elle prend l’allure exacte de la parole extérieure, c’est-à-dire qu’elle est continue, sauf les intervalles nécessaires à l’audition distincte des mots et ceux qui résultent de la nécessité de reprendre haleine ; ceux-ci, comme les premiers, doivent se retrouver dans la parole intérieure de l’homme d’imagination, car il croit entendre sa propre voix telle qu’elle est quand elle est extérieure et, par suite, soumise à d’impérieuses conditions physiologiques. — Par la même raison, la parole intérieure n’est plus alors ni concise ni personnelle : étant comme un discours adressé à autrui, elle se fait prolixe et, autant que possible, impersonnelle, afin d’être clairement entendue et d’entraîner la conviction. […] On ne peut en dire autant des apartés ; presque toujours nécessaires à la clarté du drame, souvent comiques, rarement vraisemblables, ils sont, à tout le moins, beaucoup plus fréquents sur la scène que dans la vie réelle ; leur usage, sinon leur essence, en fait une véritable machine dramatique, une convention.

1850. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Joseph de Maistre »

Songeons que l’épithète de très-bon est nécessairement attachée à celle de très-grand  ; et c’est assez pour nous : nous comprendrons que sous l’empire de l’Être qui réunit ces deux qualités, tous les maux dont nous sommes les témoins ou les victimes ne peuvent être que des actes de justice ou des moyens de régénération également nécessaires. […] La double position (outre le génie) était nécessaire. […] De ce qu’une chose, selon qu’il le croit, est nécessaire pour le salut moral du genre humain, M. de Maistre en conclut qu’elle est et qu’elle est vraie.

1851. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff » pp. 237-315

— Il n’était pas nécessaire que je fusse étonné. […] Étienne s’essuya les yeux, se dirigea vers son cabinet, et, sans lever la tête, dit à Boris, avec son sourire accoutumé : « Aujourd’hui, restons-en là… ; demain, tout ce qui sera nécessaire. […] Ainsi le fidèle Pierre devenait nécessaire aux deux époux.

1852. (1923) L’art du théâtre pp. 5-212

Cette transposition nécessaire — souvenez-vous de la première scène du Médecin malgré lui — porte sur les mots, sur les gestes, sur les mouvements, sur les groupements, et par extension sur les couleurs, pour composer une fresque mouvante, image exacte de l’action entièrement suscitée par le texte écrit, inscrite dans ce texte même. […] L’état de communion préalable que je plaçais dans l’exposé de mes principes, à la base même de notre art et qui est, selon moi, nécessaire dans les deux cas (dans le théâtre clos, communion surtout esthétique ; dans le théâtre populaire, communion en profondeur) n’est plus réalisé d’avance. […] Est-ce la conclusion nécessaire de ces efforts ?

1853. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre III. La Déformation de l’Idéal classique (1720-1801) » pp. 278-387

Mais, puisque l’on fait souvent encore entre « l’esprit de l’Encyclopédie » et « l’esprit classique » une confusion fâcheuse, qui rappelle celle que l’on a longtemps faite entre l’esprit de la réforme et l’esprit de la Renaissance ; puisque même on a voulu voir dans l’esprit encyclopédique le terme en quelque sorte préfix et l’aboutissement nécessaire de l’esprit classique [Cf.  […] I. — Les Commencements de l’entreprise Les Encyclopédies de la Renaissance — et notamment l’Encyclopædia omnium scientiarum d’Alstedius ou Alstedt, 1620. — Le Dictionnaire de Bayle [Cf. ci-dessus, p. 225], 1696-1706 ; — et la Cyclopædia anglaise d’Ephraïm Chambers, 1728. — On en propose la traduction au libraire Lebreton ; — qui en accepte l’idée, 1740 ; — mais la mésintelligence s’étant mise entre les traducteurs et l’éditeur, — l’entreprise demeure en suspens jusqu’à l’intervention de l’abbé du Gua de Malves [Cf. sur du Gua de Malves, Diderot, dans ses Salons ; et Condorcet, Éloge de Du Gua de Malves]. —  Celui-ci élargit le plan de l’entreprise ; — mais ne réussit pas non plus à s’entendre avec Lebreton ; — qui s’adresse enfin à d’Alembert et à Diderot. — Le plan de l’affaire s’élargit encore ; — Lebreton s’adjoint de nombreux commanditaires ; — d’Alembert et Diderot recrutent de nombreux collaborateurs ; — et on obtient de D’Aguesseau le privilège nécessaire à la publication de l’œuvre, 1746. — Du privilège de librairie sous l’ancien régime et de sa vraie nature [Cf.  […] Qu’au point de vue général, qui est le seul qui nous intéresse, les Économistes se séparent et se distinguent des Encyclopédistes par trois caractères essentiels qui sont : — leur croyance en des lois économiques, aussi « nécessaires » que les lois de la physiologie ou de la physique ; — leur opinion que ces lois et la connaissance qu’on en possède importent bien plus à la civilisation et aux progrès que le progrès des arts ou des lettres ; — et leur conviction qu’on n’améliore la nature qu’en commençant par s’y soumettre. — On pourrait signaler d’autres différences, et par exemple celle-ci : — qu’ils sont des « empiriques » ou des « utilitaires » ; — qui croient ne rien avancer que de démontrable par les faits ; — tandis que les encyclopédistes sont des « théoriciens » et des « rationalistes ». — Ils ont aussi pour le pouvoir un respect que n’ont pas généralement les Diderot ou les d’Alembert ; — ni même Voltaire ; — et, jusqu’à la chute de Turgot, c’est l’explication de la faveur dont ils ont été l’objet. […] La tragédie shakespearienne ; — et d’un éloge significatif que Campenon donne à Ducis [1733 ; † 1816] ; — « qu’on ne l’a vu qu’une seule fois aller choisir ses sujets chez les tragiques grecs ». —  Importance relative du rôle de Ducis à cet égard. — Les « adaptations » d’Hamlet, 1769 ; — de Roméo et Juliette, 1772 ; — du Roi Lear, 1783 ; — de Macbeth, 1784 ; — d’Othello, 1792 ; — et d’un mot curieux de Sedaine [Lettre à Ducis] : « Celui qui n’a pris que Zaïre dans Othello a laissé le nécessaire ». — Que cependant c’est encore l’auteur de Zaïre qui a donné le signal aux imitateurs ou adaptateurs de Shakespeare ; — et à Ducis en particulier ; — et qu’à l’exception de la première de ces directions, celle de la tragédie philosophique [Cf. pourtant les « Préfaces » de V. 

1854. (1894) La bataille littéraire. Sixième série (1891-1892) pp. 1-368

J’avoue que je ne les crois nullement nécessaires à l’intelligence du roman et que l’auteur eût pu se contenter de dire que Saccard et Mme Sandorff trompaient M.  […] Zola a, très heureusement, fait évoluer ses personnages dans le cercle où s’est décidée la fortune de la France, à Sedan et dans ses environs ; il a fait de son roman la conclusion nécessaire de la série des Rougon-Macquart, terminant ainsi son étude sur le monde du second Empire : on y retrouve des personnages connus, des héros, ou leurs descendants, de la Terre et des ouvrages qui ont précédé. […] Qu’on ajoute à ces précieuses qualités le tact, le sens des demi-teintes quand elles sont nécessaires, et on s’expliquera pourquoi ce livre mélancolique, sensuel et chaste à la fois, doit donner une place importante à son auteur parmi les romanciers du jour. […] Pour que l’esprit ne se perde pas dans l’infini vertigineux où le génie puissant du poète l’emporte, un guide lui est nécessaire, et c’est seulement muni du plan de l’œuvre que j’engage le lecteur à y pénétrer.

1855. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

Il a emballé dans les caisses des sacs de farine, des briques de thé, de l’orge grillée, de la graisse, tout ce qui est nécessaire pour que personne ne meure de faim. […]   Il est nécessaire, si l’on veut bien connaître François de Sales, d’entrer dans un couvent de femmes, d’ouvrir aux yeux profanes les guichets mystérieux de ce monastère célèbre qui étend au milieu d’Annecy, le long de quatre rues, parmi les hôtels, les cafés et les casernes, à deux pas du Vélo-Club, ses murs aveugles, sourds, immuables, sévèrement clos. […] Mais l’armée dont parlait le capitaine Alfred de Vigny était très différente de celle où nous sommes tous inscrits, où notre place est marquée pour le jour des sacrifices nécessaires et des dangers obligatoires que ni la peur, ni la rhétorique, ni le socialisme ni l’anarchie ne sauraient éviter. […] Il n’est pas nécessaire d’être un moraliste morose ni un psychologue bien délié pour découvrir, dans les brasseries du « quartier », le bavardage découragé, le raisonnement vieillot des gens qui se disent « positifs », le respect superstitieux de l’opinion publique représentée par le reportage, la régularité ponctuelle de l’apéritif et du whist, les qualités qui préparent aux ronds de cuir et aux palmes académiques, en un mot, tous les ridicules bourgeois. […] Charles Recolin me paraît bien près de la solution juste du problème qui nous occupe, lorsqu’il voit, dans la solidarité, la forme nouvelle et nécessaire de la morale32.

1856. (1924) Souvenirs de la vie littéraire. Nouvelle édition augmentée d’une préface-réponse

La fréquentation de pareils hommes dépasse la littérature ; elle atteint l’âme à sa source ; elle alimente les forces secrètes qui nous sont nécessaires pour entretenir en nous le culte de la foi et de l’idéal. […] L’unanimité des hommages lui était nécessaire. […] Faguet a écrit un joli petit livre sur l’amitié, et nul n’a mieux senti le charme de ce sentiment si nécessaire à l’homme et qui faisait dire à Baudelaire  : « Je souffre du manque d’amitié », et à Montesquieu  : « Je suis amoureux de l’amitié ». […] Méfions-nous d’une idylle où la vertu est dépouillée de ses caractères les plus nécessaires, et où la religion consacre l’union de l’amour et de l’argent, après en avoir été l’entremetteuse. »‌ Quand il ne comprenait pas quelque chose, Jules Lemaître le disait nettement. […] Mme Adam a toujours gardé ses beaux élans de jeunesse, qui sont le contrepoids nécessaire de son perpétuel labeur.

1857. (1891) Impressions de théâtre. Cinquième série

Il est évident que, dans ces moments-là, le fond chez eux ne se distingue plus de la forme ; je sens, même dans la traduction, que tous les mots sont nécessaires, qu’on ne pouvait en employer d’autres. […] Les plus grands saints n’ont jamais reculé devant les hardiesses de langage nécessaires pour exprimer avec précision les choses que les chrétiens doivent connaître afin d’en prendre horreur. […] Vous me direz que ce n’est pas la faute d’Anna, qu’elle avait épousé Osip malgré elle, qu’elle ne lui doit rien, que ce n’est pas elle qui a fait la loi de son pays, qu’elle n’est pour rien dans les événements qui ont rendu nécessaire aux yeux d’Osip sa sublime détermination… N’importe ; il y a des sacrifices qu’une âme simplement bonne et droite l’accepte pas. […] Ils peuvent se découvrir par induction, se fabriquer mécaniquement et sans qu’il soit nécessaire pour cela d’avoir observé la vie de très près, puisqu’il s’agit d’exprimer toujours la même contradiction entre l’immoralité réelle des personnages et l’opinion qu’ils ont d’eux-mêmes. […] Il n’accepte point sa part nécessaire de sacrifice et de renoncement ; et il le dit, et il s’en vante presque ; c’est un grand fat.

1858. (1882) Essais de critique et d’histoire (4e éd.)

Ici comme dans le monde physique, la condition est suffisante et nécessaire ; si elle est présente, l’œuvre ne peut manquer ; si elle est absente, l’œuvre ne peut apparaître. […] C’est la même solidité et la même expérience, et, au bout de son livre, il n’est personne qui ne trouve nécessaire la révolution et la restauration. […] Des œuvres, la seule nécessaire est de croire en lui, de l’aimer. » Chose curieuse ! […] Ces étrangetés et ces abandons sont naturels, presque nécessaires ; seuls ils peignent l’état d’esprit qui les produit. […] De ce que le gouvernement absolu était nécessaire et durable à Rome, il ne suit pas qu’il soit nécessaire et durable partout.

1859. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — II. (Fin.) » pp. 110-133

Sont-ils malades, ils peuvent guérir ou ne pas guérir : « au moins le pain est-il encore plus nécessaire » qu’eux tous.

1860. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — II. (Suite.) » pp. 346-370

» Roederer, qui, sans être proprement un idéologue, était très au fait et assez imbu des doctrines philosophiques courantes, rappela alors au général plusieurs points, d’ailleurs incontestables : que les signes des idées abstraites et des modes mixtes sont nécessaires pour les arrêter, pour les enregistrer dans notre tête et pour nous donner les moyens de les comparer, etc., etc.

1861. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « De la tradition en littérature et dans quel sens il la faut entendre. Leçon d’ouverture à l’École normale » pp. 356-382

Ce n’est pas à vous qu’il est nécessaire de dire ces choses, puisque dès l’origine, et dans les différentes littératures, les modèles vous sont familiers et présents, et que vos esprits sont meublés de vrais termes de comparaison en tout genre.

1862. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « M. Boissonade. »

Du moment que la réflexion devenait nécessaire, qu’il fallait que la vrille, pour percer la veine du bois, appuyât un peu fort ; du moment qu’il rencontrait un nœud, une difficulté, ce n’était plus son fait ; il se détournait.

1863. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure  »

Il faut connaître l’homme pour bien traiter cette matière-là. » Que l’on rapproche cette parole de Boileau, qui est la sagesse même, de la réponse que fit le duc de Bourgogne aux Comédiens qui venaient lui demander sa protection et la continuation des bontés qu’avait eues pour eux feu Monseigneur son père : « Pour ma protection, non ; mais, comme votre métier est devenu en quelque sorte nécessaire en France, consentez à y a être tolérés. » Après quoi il leur tourna le dos, et, moyennant cette tolérance de mépris, les théâtres furent rouverts.

1864. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville »

Voilà le cadre ; mais aurai-je jamais le temps, et me trouverai-je la capacité nécessaire pour le remplir ?

1865. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de la Mennais (suite et fin.)  »

Le mieux est donc, de part et d’autre, de s’en tenir au strict nécessaire en fait de lettres.

1866. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE BALZAC (La Recherche de l’Absolu.) » pp. 327-357

Après la première représentation du Déserteur, il reçut des suppliques de toutes les belles dames sensibles de Paris, qui réclamaient la grâce de l’intéressant malheureux : « J’en suis bien fâché, répondait-il de son ton d’oracle, je suis et je serai inflexible ; il faut qu’on lui casse la tête. » Ce dénoûment était en effet nécessaire à la moralité qu’il voulait qu’on en tirât.

1867. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « PENSÉES FRAGMENTS ET LETTRES DE BLAISE PASCAL, Publiés pour la première fois conformément aux manuscrits, par M. Prosper Faugère. (1844). » pp. 193-224

On pourrait, sans trop de plaisanterie, soutenir que, pour que cette édition si conforme fût devenue possible et nécessaire, il fallait simplement une chose, c’est que Napoléon fût venu et qu’on eût dit de lui qu’il était le plus grand écrivain du siècle.

1868. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « M. MIGNET. » pp. 225-256

Les résultats essentiels qui se tirent de ce mâle et simple récit sont passés dans le fond de leurs opinions et presque de leurs dogmes : cela fait partie de cet héritage commun sur lequel on vit et qu’on ne discute plus, et je doute fort qu’à mesure qu’on ira plus avant dans les voies modernes, et que par conséquent on trouvera plus simple et plus nécessaire ce qui s’est accompli, on en vienne jamais à remettre en cause les articles, même rigides, de ce jugement historique et à les casser.

1869. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « UNE RUELLE POÉTIQUE SOUS LOUIS XIV » pp. 358-381

Elle fut très-sensible à l’amitié ; on la trouve entourée de mille noms alors en vogue, dont quelques-uns ont pâli sans doute ; mais, pour la douceur de la vie, il n’est pas nécessaire d’avoir affaire aux seuls immortels.

1870. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Racine — I »

Cette différence de renommée est une conséquence nécessaire de celle des talents.

1871. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « L’abbé Prévost »

Pour sa famille, je ne répondrais pas qu’il l’amusât constamment ; mais nous qui ne sommes pas amoureux, le moyen de lui en vouloir quand il nous dit : « Je lui prouvai par un raisonnement sans réplique que ce qu’il nommoit amour invincible, constance inviolable, fidélité nécessaire, étoient autant de chimères que la religion et l’ordre même de la nature ne connoissoient pas dans un sens si badin ? 

1872. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre I »

Dans la seule province de Normandie, je trouve des séditions en 1725, en 1737, en 1739, en 1752, en 1764, 1765, 1766, 1767, 1768619, et toujours au sujet du pain. « Des hameaux entiers, écrit le Parlement, manquant des choses les plus nécessaires à la vie, étaient obligés, par le besoin, de se réduire aux aliments des bêtes… Encore deux jours et Rouen se trouvait sans provisions, sans grains et sans pain. » Aussi la dernière émeute est terrible, et, cette fois encore, la populace, maîtresse de la ville pendant trois jours, pille tous les greniers publics, tous les magasins des communautés  Jusqu’à la fin et au-delà, en 1770 à Reims, en 1775 à Dijon, Versailles, Saint-Germain, Pontoise et Paris, en 1782 à Poitiers, en 1785 à Aix en Provence, en 1788 et 1789 à Paris et dans toute la France, vous verrez des explosions semblables620  Sans doute, sous Louis XVI, le gouvernement s’adoucit, les intendants sont humains, l’administration s’améliore, la taille devient moins inégale, la corvée s’allège en se transformant, bref la misère est moindre.

1873. (1892) Boileau « Chapitre IV. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » » pp. 89-120

Mais Boileau, sur ce point, ne pense pas autrement que ses contemporains : et ces contemporains, qui ne sont pas suspects de s’être reposés dans la banalité, c’est Corneille et Racine, c’est Descartes, Bossuet, La Fontaine, c’est La Bruyère, c’est Pascal ; tous ont écrit ou agi comme s’ils pensaient que la nouveauté n’est pas une condition nécessaire de l’originalité.

1874. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre III. Littérature didactique et morale »

De saint Basile, à qui Ulysse abordant à l’île des Phéariens représentait la vertu toute nue, auguste et vénérable dans cette nudité même, de Fulgentius Planciades, à qui l’Enéide racontait les voyages de l’âme chrétienne, de Prudence, qui faisait battre les vertus et les vices dans sa Psychomachie de Martianus Capella, qui mariait en justes noces Mercure et la philologie, l’allégorie passa aux clercs scolastiques qui en firent leur instrument favori d’interprétation et de recherche, l’explication allégorique d’un texte fut légitime et nécessaire ainsi que l’explication littérale, et même au-dessus d’elle.

1875. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre II. Littérature dramatique — Chapitre II. Le théâtre du quinzième siècle (1450-1550) »

Il était devenu nécessaire de marquer extérieurement le respect et la foi qu’on donnait aux Écritures et à la religion.

1876. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre III. Montaigne »

Les opinions politiques et religieuses de Montaigne sont assorties à son art de vivre, et y font une pièce nécessaire, puisque, enfin, l’homme doit vivre en société.

1877. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. Le théâtre romantique »

Tandis qu’il s’efforce de s’éloigner de la tragédie, il prend toutes ses précautions aussi pour éviter le mélodrame, et c’est pour cela qu’il s’attache si soigneusement à conserver le vers comme une convention nécessaire, comme la convention artistique par excellence.

1878. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Ferdinand Fabre  »

Il est absolument nécessaire, pour concevoir nettement et pour définir l’esprit ecclésiastique, de connaître aussi et même d’avoir l’autre, l’esprit laïque, l’esprit du siècle.

1879. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre douzième »

Elle lui rendait nécessaire, écrivit-il à Voltaire, l’assiduité aux Académies ; il avait besoin, pour vivre, des jetons de présence.

1880. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Appendice »

Il a été nécessaire qu’à une époque on fût scientifiquement sceptique sur la morale, et pourtant, à cette époque, les hommes purs étaient et pouvaient être moraux moyennant une contradiction.

1881. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — I. (Dialogues inédits.) » pp. 1-28

Cette précaution était absolument nécessaire, disait-il, pour lui assurer un retour et fermer la bouche à ceux qui auraient pu débiter cette nouvelle assez tôt pour qu’on eût le temps de l’arrêter.

1882. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « André Chénier, homme politique. » pp. 144-169

  A lui demandé commant il sapelloit A répondu quil senomoit André Chenier natife de Constentinoble âgé de trente et un ans demeurant à Paris rue de Clairy section de Brutus A lui demandé de quelle ané il demeuroit rue de Clairy A lui répondue depuis environ mil sept cent quatre vingt douze au moins A lui demandé quel son ses moyent de subsisté A lui répondu que de puis quatre vingt dix quil vie que de que lui fait son père12 A lui demandé combien que lui faisoit son père A répondu que son père lui endonnoit lorsquil luy endemandoit A lui demandé s’il peut nous dire a combien la somme quil demande à son pere par an se monte A repondu quil ne savoit pas positivement mais environ huit cent livre à mille livre par année A lui demandé sil na auttre chose que la somme quil nous déclare cy-dessus A repondu qu’il na pas d’auttre moyent que ce quil nous a déclarée A lui demande quelle manierre il prend son existance A repondu tenteau chez son père tenteau chez ses amis et tentot chez des resteaurateurs A lui demandé quel sont ses amis ou il va mangé ordinairement A répondu que cetoit chez plusieurs amis dont il ne croit pas nécessaire de dire lenom A lui demandé s’il vien mangé souvent dans la maison ou nous lavons aretté A repondu quil ne croyoit n’avoir jamais mangé dans cette maison ou il est aresté, mais il dit avoir mangé quelque foy avec les mêmes personnes apparis chez eux A lui demandé sil na pas de correpondance avec les ennemis de la République et la vons sommé de nous dire la vérité A repondu au cune A lui demandé sil na pas reçue des lettre danglaitaire depuis son retoure dans la République A repondu quil en a recue une ou deux ducitoyent Barthelemy àlorse ministre plénipotensiêre en Anglaitaire et nen avoir pas reçue dauttre A lui demandé à quelle épocque il a recue les lettre désigniés sy dessus sommé a lui denous les representés A répondue quil ne les avoit pas A lui demandé ce quil en àfait et le motife quil lat engagé à sendeffaire A repondu que ce netoit que des lettre relative à ses interrest particulier, comme pour faire venire ses livres et auttre effest laissé en Anglaitaire et du genre de celle que personne ne conserve A lui demandé quel sorte de genre que personne ne conserve et surtout des lettre portant son interest personnelle13 sommé de nous dire la vérité A répondu il me semble que des lettre qui énonce l’arrivé des effest désigniés cy-dessus lorsque ses effest son reçue ne son plus daucune valeure A lui representé quil nest pas juste dans faire réponse, dautant plus que des lettre personnelle doive se conserver pour la justification de celui qui à En voyé les effet comme pour celui qui les à reçue A repond quil persite à pensé quand des particulier qui ne mettre pas tant dexactitude que des maison de commerce lorsque la reception des fait demandé est accusé toute la correspondance devient inutisle et quil croit que la plus part des particuliers en use insy A lui représenté que nous ne fond pas des demande de commerce sommé à lui de nous répondre sur les motifes de de son arestation qui ne sont pas affaire de commerce14 A repondu quil en ignorest du faite A lui demandé pourquoy il nous cherche des frase et surquoy il nous repond cathegoriquement15 A dit avoir repondue avec toute la simplicité possible et que ses reponse contiene lexatte veritté A lui demandé sil y à longtemps quil conoit les citoyent ou nous l’avons aresté sommé a lui de nous dire depuis quel temps A repondu quil les connaissoit depuis quatre ou cinqt ans A lui demandé comment il les avoit conu A repondu quil croit les avoir connu pour la premiere fois chez la citoyene Trudenne A lui demandé quel rue elle demeuroit alors A repondu sur la place de la Revolution la maison à Cottée A lui demandé comment il connoit la maison à Cottée16 et les-citoyent quil demeuroit alors A repondu quil est leure amie de l’anfance A lui represanté quil nest pas juste dans sa reponse attendue que place de la Revolution il ny a pas de maison qui se nome la maison à Cottée donc il vien de nous déclarés A repondue quil entandoit la maison voisine du citoyent Letems A lui représentes quil nous fait des frase attandue quil nous a repettes deux fois la maison à Cottée A repondue quil a dit la vérité A lui demandée sil est seul dans lappartement quil occuppe dans la rue de Clairy nº quatre vingt dix sept A repondue quil demeuroit avec son père et sa mère et son frère ainée A lui demandée sil na personne pour le service Il y à un domestique commun pour les quatre qui les sere A lui demandée ou il étoit a lepoque du dix aoust mil sept cent quatre vingt douze A répondue a paris malade d’une colique nefretique A lui demandee sy cette colique le tient continuellement et sil elle tenoit le jour du dix aoust quatre vingt douze A répondue quil se rétablissoit a lors d’une attaque et que cette maladie le tiend presque continuellement depuis lage de vingt ans plus ou moins fortes A lui demandés quelles est cette malady et quelle est le chirurgient quil le traitoit alors et sy cest le même qui letraitte en core A repondu le médecin Joffroy latraitté au commancement de cette maladie et depuis ce temps jai suis un régime connue pour ses sorte de meaux A lui demandée quelle difference il fait d’une attaque de meaux ou de maladies.

1883. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre II. Des poëtes étrangers. » pp. 94-141

Le rôle de Caton est fort au-dessus de celui de Cornelie dans le Pompée de Corneille ; car Caton est plus grand sans enflure & Cornelie, qui d’ailleurs n’est pas un personnage nécessaire, vise quelquefois au galimatias.

1884. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre II. Le fond et la forme dans la littérature indigène. »

Il a dit le nécessaire, à mon sens, pour condamner cette hypothèse et soutenu victorieusement la thèse que la littérature indigène est presque absolument originale.

1885. (1767) Sur l’harmonie des langues, et en particulier sur celle qu’on croit sentir dans les langues mortes

Mais autant il serait à souhaiter qu’on n’écrivît jamais des ouvrages de goût que dans sa propre langue, autant il serait utile que les ouvrages de science, comme de géométrie, de physique, de médecine, d’érudition même, ne fussent écrits qu’en langue latine, c’est-à-dire dans une langue qu’il n’est pas nécessaire en ces cas-là de parler élégamment, mais qui est familière à presque tous ceux qui s’appliquent à ces sciences, en quelque pays qu’ils soient placés.

1886. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre x »

Je suis fier d’être soldat, d’être jeune, de me sentir brave et plein d’entrain ; je suis fier de rendre service à mon pays, à la France… La fidélité au drapeau, l’amour de la patrie, le respect de la parole donnée, le sentiment de l’honneur ne sont pas pour moi des mots creux et vides de sens ; ils résonnent comme un appel de clairon dans mon cœur de dix-huit ans, et c’est pour eux, s’il le devient nécessaire, que je saurai aller jusqu’au bout du sacrifice… (Lettres communiquées‌ Des milliers de voix, toutes pareilles, s’élèvent des classes 14, 15, 16, 17 à mesure que la patrie les appelle.

1887. (1868) Curiosités esthétiques « IV. Exposition universelle 1855 — Beaux-arts » pp. 211-244

Or, comment cette bizarrerie, nécessaire, incompressible, variée à l’infini, dépendante des milieux, des climats, des mœurs, de la race, de la religion et du tempérament de l’artiste, pourra-t-elle jamais être gouvernée, amendée, redressée, par les règles utopiques conçues dans un petit temple scientifique quelconque de la planète, sans danger de mort pour l’art lui-même ?

1888. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre I. La conscience et la vie »

En raisonnant de la même manière, on dirait aussi bien : « La digestion est liée chez nous à un estomac ; donc les êtres vivants qui ont un estomac digèrent, et les autres ne digèrent pas. » Or on se tromperait gravement, car il n’est pas nécessaire d’avoir un estomac, ni même d’avoir des organes, pour digérer : une amibe digère, quoiqu’elle ne soit qu’une masse protoplasmique à peine différenciée.

1889. (1888) Impressions de théâtre. Deuxième série

Posons d’abord cet axiome, qu’il est des crimes nécessaires. […] Il n’est point nécessaire, d’abord, de tenir une plume ni d’écrire des romans pour avoir cette manie de se regarder agir et vivre. […] C’est d’une langue si simple et si limpide qu’il n’est pas nécessaire pour la comprendre d’être de la force de M.  […] Il n’est jamais nécessaire de jouer la tragédie. […] Ce coup d’épée, nous l’attendions : il était nécessaire, il était fatal.

1890. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

Serait-ce que la bonté garde son prix, même en dehors et au mépris de toutes les règles les plus nécessaires de tempérance, de justice et d’honneur, — et qu’elle n’en est que plus divine, car elle vaut alors par elle-même, elle est parce qu’elle est, involontaire et sans mérite, inexpliquée, et d’autant plus exquise à rencontrer ? […] Villon eut, comme Panurge, soixante-dix manières de se procurer le nécessaire et le superflu, dont la plus innocente « fut par larcin furtivement fait ». […] Pour que ces deux personnages soient ce qu’ils sont, il n’est pas absolument nécessaire qu’ils n’aient jamais eu de maîtresse, mais il est presque certain qu’ils n’ont pas été de très grands débauchés. […] Mais (pour laisser de côté ce dernier point), dès qu’il y a une belle et bonne créature dans le camp des oppresseurs, dès qu’il y a un traître ou un méchant dans le camp des opprimés (et l’une au moins de ces deux conditions est toujours nécessaire pour que le drame se noue), la haine sociale cesse d’occuper toute seule l’âme ingénue et violente de la foule, et la justice et la pitié y renaissent. […] Vous verriez comme Fouquier-Tinville et les autres seraient conspués, comme les victimes seraient acclamées, et si le peuple jugerait qu’il y a des crimes nécessaires !

1891. (1846) Études de littérature ancienne et étrangère

Ses projets d’élévation lui rendaient ce secours nécessaire, mais il fallait y joindre l’amitié des grands. […] Était-ce un calcul pour se rendre nécessaire en s’éloignant ? […] Tant de précautions ne furent pas nécessaires. […] Privé d’un appui également nécessaire à son cœur et à ses maux, il se maria de nouveau à une femme vertueuse, dont les soins adoucirent sa vieillesse. […] On en conclurait que si la politesse plus raffinée du langage est inévitable, le choix d’un nouveau sujet devient alors nécessaire, et qu’il vaut mieux ne pas traduire, même avec génie, que d’altérer les mœurs et l’expression en gardant les personnages.

1892. (1910) Victor-Marie, comte Hugo pp. 4-265

    Il n’est pas besoin d’aller jusqu’à Saclay, il n’est pas nécessaire de faire un grand voyage. […] Poincaré, dans les champs tout au bord de l’Yvette, dans les assez petits champs en pente qui remontent doucement, (ce ne sont plus les grands champs, les champs immenses de la plaine, mais il n’est pas nécessaire de faire un long voyage), à cinq cents mètres du chemin de fer je vous montrerais des champs, de blé, coupés, des chaumes tout verts, d’herbe, où seulement ils n’ont pas séparé la paille et le foin. […] Mais comme il s’agit d’un lien charnel, d’une descendance, d’une génération charnelle tous ces obscurs ne sont pas moins nécessaires, né sont pas moins indispensables, ne comptent pas moins que les célèbres, les chaînons obscurs ne comptent pas moins que les chaînons célèbres, que les chaînons illustres, puisqu’il s’agit d’une chaîne charnelle, Une race y montait comme une longue chaîne. […] C’est là un véritable mot conducteur, motif conducteur, c’est-à-dire non pas un appareil, une applique extérieure mais un mot, un mouvement réellement central, réellement, profondément intérieur qui revient toutes les fois qu’il est réellement nécessaire. Ce mot est partout dans Racine, toujours si juste, si central, si justement appliqué, si intérieur, si réellement nécessaire.

1893. (1896) Les Jeunes, études et portraits

Persuadé que tout se tient dans l’histoire des idées et que pour faire accomplir à l’humanité le plus mince progrès il est nécessaire de connaître tous les besoins du monde moderne, il entreprend de compléter ses études. […] Si j’ai appuyé un peu plus peut-être qu’il n’était nécessaire sur la faiblesse de cette dernière partie du roman de M.  […] Le bobo enfle, grandit, menace ; les camarades jugent qu’une incision est nécessaire ; ils charcutent le malheureux avec une sottise barbare jusqu’à ce que mort s’en suive. […] Apparemment cette transition était nécessaire. […] Sans doute tous ces jeunes gens ont cette foi en eux-mêmes qui est la condition nécessaire à l’accomplissement des belles choses.

1894. (1896) Écrivains étrangers. Première série

Mais elle est une illusion nécessaire, inévitable. […] La morale, suivant lui, est un mensonge « nécessaire pour tenir en respect la bête qui est en nous, et qui sans cela nous mangerait ». […] Et comme il est nécessaire à la grandeur d’un poète qu’il y ait pour le goûter des âmes pareilles à la sienne, le génie de Whitman risque fort d’être bientôt dédaigné. […] Steevens, dans la New Review, lui reproche d’avoir admis la foi en Dieu comme une croyance nécessaire. […] Nous sommes surpris d’entendre traiter comme la plus importante et nécessaire de toutes choses la religion, tandis que, l’autre mois encore, le comte Tolstoï nous était apparu si éloigné de toute théologie, et si violent à l’occasion centre tous les représentants des religions établies.

1895. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIe entretien. L’homme de lettres »

Elle est partout, parce qu’elle est nécessaire: c’est une domination intelligente et bonne. […] Enfin, je la crois si nécessaire au bonheur dans le monde même, qu’il me paraît impossible d’y goûter un plaisir durable de quelque sentiment que ce soit, ou de régler sa conduite sur quelque principe stable, si l’on ne se fait une solitude intérieure, d’où notre opinion sorte bien rarement, et où celle d’autrui n’entre jamais.

1896. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

Il achète des esclaves de l’un et de l’autre sexe ; il loue de belles femmes ; il fait un bel équipage ; il se meuble ou s’habille somptueusement, et consomme le tout si vite, sans aucun égard à la suite, ou combien cela durera, que, s’il ne vient pas de nouveaux secours, en deux ou trois mois, l’on voit sûrement qu’au bout de ce court terme notre cavalier se remettra à revendre tout ce bien pièce à pièce, commençant par se défaire de ses chevaux, renvoyant après ses domestiques les moins nécessaires, puis ses concubines et ses esclaves, et enfin vendant jusqu’à ses habits. […] Ainsi, l’an 1666, le roi Abas II me fit payer de cette manière cinquante mille écus de bijoux que je lui avais vendus, sur une requête que je lui présentai, dans laquelle j’exposais qu’étant étranger, une assignation me donnerait bien de la peine ; et de plus, que Sa Majesté m’ayant donné des commissions, il était nécessaire que je partisse incessamment pour les exécuter.

1897. (1856) Cours familier de littérature. II « Xe entretien » pp. 217-327

Nous résolûmes d’aller y passer autant de jours qu’il serait nécessaire pour qu’un heureux hasard nous fournît enfin l’occasion d’entrevoir cette grande figure vivante de notre siècle, soit quand il sortirait de son ermitage pour venir à Paris, soit quand il y rentrerait à la fin du jour, soit enfin par-dessus le mur de son parc, quand il se promènerait dans ses allées avec son ombre et ses pensées tristes et sombres comme son nom. […] Madame de Montcalm était la sœur du duc de Richelieu, qui avait gouverné si sagement les années les plus ingrates de la Restauration ; grand seigneur chargé de réconcilier une dynastie et une nation qui étaient nécessaires l’une à l’autre, mais qui se regardaient avec ombrage, l’une craignant des vengeances contre la Révolution, l’autre des récidives contre les rois.

1898. (1895) La science et la religion. Réponse à quelques objections

Les catholiques, — écrivait-il dans son Encyclique sur l’origine du pouvoir civil, du 29 juin 1881, — vont chercher en Dieu le droit de commander, et le font dériver de là comme de sa source naturelle, et de son principe nécessaire… Toutefois, il importe de remarquer ici que, s’il s’agit de désigner ceux qui doivent gouverner la chose publique, cette désignation pourra, dans certains cas, être laissée au choix et au jugement du plus grand nombre, judicio multiludinis, sans que la doctrine catholique y fasse le moindre obstacle, non adversante neque repugnante doctrina catholica… Il n’est pas question davantage des différents régimes politiques, et il n’existe pour l’Église aucune raison de ne pas approuver le gouvernement d’un seul ou celui de plusieurs, pourvu seulement qu’il soit juste et qu’il s’applique au bien commun. […] Si la civilisation, comme nous le disions, n’est qu’une « rencontre » de forces qui doivent « se composer » ensemble pour se faire équilibre, nous dirons maintenant qu’il n’en faut méconnaître, ni vouloir expulser aucune du « système » dont elle fait comme les autres une partie nécessaire.

1899. (1845) Simples lettres sur l’art dramatique pp. 3-132

L’Odéon est le contrepoids nécessaire du Théâtre-Français. […] Quant à celui-là, il n’y avait pas une seule entrée ni une seule sortie arrêtée, et trois ou quatre répétitions étaient absolument nécessaires pour compléter sa mise en scène.

1900. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome III pp. -

Ce n’est que de nos jours qu’on a trouvé les instrumens nécessaires pour fouiller dans cette mine, & qu’on en a tiré l’or le plus pur. […] Toutes ces suites nécessaires de son opinion le philosophe, Jean-Jacques les avoit prévues : il sçavoit quelles clameurs il exciteroit contre lui. […] Si l’on demande quel mal y a t-t-il de mendier son nécessaire ? […] Ils convinrent que Calvin avoit soutenu, comme eux, une grace efficace par elle-même ; mais ils nièrent que Calvin en cela fût hérétique, & prétendirent qu’il ne l’avoit été que dans cette conséquence faussement tirée d’un principe très-vrai : « Que le consentement de la volonté s’ensuivoit nécessairement par une nécessité de conséquent » : au lieu que les dominicains soutenoient que « le consentement de la volonté n’étoit nécessaire que d’une nécessité de conséquence ».

1901. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

Tout se trouvait jeté dans le baquet aux injures : son étude nouvelle de l’homme physiologique, le rôle tout-puissant rendu aux milieux, la vaste nature éternellement en création, la vie enfin, la vie totale, universelle, qui va d’un bout de l’animalité à l’autre, sans haut ni bas, sans beauté ni laideur ; et les audaces de langage, la conviction que tout doit se dire, qu’il y a des mots abominables nécessaires comme des fers rouges, qu’une langue sort enrichie de ces bains de force ; et surtout l’acte sexuel, l’origine et l’achèvement continu du monde, tiré de la honte où on le cache, remis dans sa gloire, sous le soleil. […] Est-il donc nécessaire de le rappeler ? […] Montaigne a grand soin de les distinguer : « Lesquels, dit-il, pour avoir une si nécessaire disparité d’âge et différence d’office, ne répondent non plus assez à la parfaite union et convenance que nous demandons. » C’est où se marque pour lui l’amitié, dans cette « parfaite union et convenance » de deux êtres. […] Aujourd’hui on est pressé : on n’admet, en fait de mots, que le strict nécessaire ; le temps est de l’argent ; on se hâte, on se bouscule, on supprime au besoin même le verbe138… » Le portrait est joli et fin, non sans une pointe d’ironie.

1902. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

le centenaire de Molière était du moins fêté, et d’ailleurs les comédiens complétèrent de leurs deniers la somme nécessaire pour l’achat de cette statue ou plutôt de ce buste, qui fait partie, aujourd’hui, du Musée de la Comédie-Française. […] On a trouvé dans les Archives de Pézenas l’ordre donné aux consuls de mettre en réquisition les charrettes nécessaires pour transporter le petit théâtre de Molière et sa troupe 13. […] Cette jeune fille avait tous les agréments qui peuvent engager un homme et tout l’esprit nécessaire pour le fixer. […] Il fallait ménager un peuple qui apportait l’argent nécessaire pour l’entretien de tant de personnes, et qui fournissait abondamment aux grands frais des représentations.

1903. (1929) Critique et conférences (Œuvres posthumes III)

Je ne sache rien, sauf l’Iliade et quelques très rares histoires justement classiques, de plus ennuyeux, les contes de fées ou alors et surtout la Vie des Saints, pieux roman armé de toutes pièces avec les nécessaires épisodes et l’indispensable et détestable Psychologie. […] Et allègrement, l’auteur se met en route, muni, non toutefois encombré, des illusions presque nécessaires en pareil cas, c’est pourquoi le ton de ces vers d’un poète connu plutôt pour son abondance en lyrisme expansif en même temps que pensif, comme il le dirait lui-même avec son goût exubérant de l’allitération, ton à la fois descriptif tout d’abord et, bien entendu, ironique et romanesque. […] Non sans que la nécessaire, j’allais dire la légendaire, la traditionnelle ou si, comme moi, vous préférez, la belle, la noble, l’essentielle mélancolie de ce pays de rêve… et de réalité, n’ait là pris place. […] Mais Racine savait voiler et atténuer ces sacrifices nécessaires sous son style harmonieux, le plus harmonieux de la langue française, sans jamais en affaiblir les effets.

1904. (1923) Nouvelles études et autres figures

Une seule épithète, nécessaire et qui n’est pas à la rime. […] Quand l’Université victorieuse hérita de ceux qu’elle avait tués et transporta au collège Louis-le-Grand le collège de Lisieux et les boursiers de tous ses petits collèges en décadence, l’expérience pédagogique dont les murs étaient imprégnés sembla passer en elle, lui commander la prudence dans les réformes nécessaires et la régénérer. […] Berret lui permettent d’être un érudit sans cesser d’être un homme de goût ; et il apporte dans l’étude des sources d’un poète, avec toute la précision nécessaire, le sens indispensable de la poésie et je ne sais quelle ampleur qui me paraît nécessaire à ce genre de critique. […] « Il est nécessaire, dit M.  […] « Il n’avait pas la formation scientifique nécessaire » et sa vie était d’une immoralité scandaleuse, car Dorothée l’avait suivi.

1905. (1895) La comédie littéraire. Notes et impressions de littérature pp. 3-379

Écolier : « travaille, petit écolier, car la science est nécessaire, mais ne perds pas l’habitude de prier » ; le Vieux : quand le paysan ne peut plus travailler, il se sent inutile, il se décide à mourir ; En route : le départ du conscrit (nous commençons à retrouver notre Déroulède) ; le Sentier, saynète : Colin et Colette se rencontrent. […] Il ne lui semble pas vraisemblable qu’une jeune fille puisse oublier ses devoirs, ni se laisser séduire, en dehors du mariage… Il lui paraît nécessaire que Louise et René convolent devant le pasteur… Mais Pierre est là, Pierre qui souffre, Pierre qui se voit négligé, oublié pour un godelureau de Parisien. […] Chaque jour il arrive qu’une femme de pêcheur perde en mer son mari, son fils, parfois tous deux ensemble ; elle en est très malheureuse ; puis le temps et la religion cicatrisent ses souffrances et elle attend avec patience l’heure d’aller rejoindre dans un monde meilleur, ceux qu’elle a aimés… Était-il nécessaire d’écrire un livre de deux cents pages pour nous exposer ce fait divers ? […] Mais il n’est pas nécessaire qu’une demoiselle de magasin lise Candide. […] Il n’est pas nécessaire de faire ressortir les invraisemblances, les erreurs d’analyses dont ce récit est affligé.

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