En effet, le pouvoir, considéré au point de vue moral, et sous sa forme la plus générale, consiste à ne pas s’appartenir un seul moment, à faire de grandes choses peut-être, mais à être envahi aussi par les petites, à n’avoir pas une minute à soi dès le réveil : tel est le plaisir.
Huysmans appartiennent en général, comme ceux des écrivains qui sont à la tête du roman, à l’esthétique réaliste.
Il est inutile de mentionner les livres si connus de Descartes16, de Pascal17, de Newton18; mais je rappellerai quelques ouvrages du xviiie siècle, peu lus aujourd’hui, et où nos logiciens pourront trouver des détails intéressants : par exemple, la Logique 19 de Mariotte, le célèbre et ingénieux physicien, le premier ouvrage français de ce genre où la méthode expérimentale ait pris la place qui lui appartient (encore n’y est-elle pas très-nettement distinguée de la méthode géométrique) ; le Traité de l’expérience, du docteur Zimmermann, célèbre médecin du xviiie siècle, né en Suisse et connu surtout par son beau livre sur la Solitude ; l’Essai sur l’art d’observer, de Jean Sénebier, ministre protestant de Genève, traducteur de Spallanzani, et lui-même naturaliste distingué de cette grande école de Genève qui a produit les Réaumur, les Trembley, les Bonnet, les de Saussure, les de Gandolle et tant d’autres hommes supérieurs ; les Fragments de Lesage, de Genève20, personnage original, doué d’un esprit méditatif et profond, connu surtout comme l’auteur d’une hypothèse sur la cause mécanique de la gravitation ; enfin le Discours sur l’étude de la philosophie naturelle, de W.
De plus, comment pourrais-je affirmer, non-seulement de chaque phénomène en particulier, mais de tous ensemble, qu’ils sont miens au même titre, que tous appartiennent au même moi ?
C’est à toi qu’il appartient aussi de célébrer, d’éterniser les grandes et belles actions, d’honorer la vertu malheureuse et flétrie, de flétrir le vice heureux et honoré, d’effrayer les tyrans.
Adolphe Brisson, dans un article, d’ailleurs très aimable, des Annales (21 juillet 1901) nous reproche « de ne pas avoir accordé assez d’importance au rythme, à ce signe fondamental, qui n’appartient pas seulement au poète, mais au prosateur.
Nous venons de le dire plus haut, il appartient à ce groupe d’esprits qui se sont pris pour la Renaissance d’un goût rétrospectif et passionné, et qui ont relevé et réchauffé dans leur imagination le symbolisme tombé et refroidi de cette mythologie que le xviiie siècle — ce siècle aimé de Babou pourtant — a flétrie et déshonorée.
Il écarte de la vie un élément qui appartient à la vie et dont le plus honnête homme ne peut pas ne pas tenir compte.
Et je suis d’autant plus à mon aise pour le déclarer, que je n’appartiens pas à leur groupe.
Zola, mais à quelques-uns aussi de ses disciples, les vaudevillistes qu’ils étaient, on me permettra de ne revenir ici ni sur le choix de leurs sujets ordinaires, qui appartiennent plutôt au répertoire du Palais-Royal, ni sur leur façon de les traiter, qui ressemble à celle d’un Paul de Kock lugubre et pédant, ni sur leur goût à tous pour la caricature et surtout pour l’équivoque.
Je me connais moi-même par la conscience, et je juge qu’entre autres qualités, la faculté de sentir appartient à mon être ou à ma substance ; la théorie prétend que de ce jugement particulier je ne pourrai jamais tirer le jugement universel ou axiome : toute qualité suppose une substance.
Tout ce qui se rapporte à un homme de génie n’est pas la propriété d’un seul homme, mais le patrimoine de l’humanité… Retenir, altérer, détruire la correspondance d’un tel personnage, c’est dérober le public, et, à quelque parti qu’on appartienne, c’est soulever contre soi les honnêtes gens de tous les partis.
On l’écoute : on lui appartient. […] C’est-à-dire qu’il y a, pour l’humanité, un lot, destiné à elle, et qui lui appartient : elle ne saurait prétendre davantage. […] … Toujours est-il qu’après la mort de Ferdinando, la troupe à laquelle appartenait Shakespeare passa sous le patronage de la veuve. […] Bref, les comédiens du comte de Derby, c’est une troupe à laquelle n’appartenait pas Shakespeare. […] Il lui appartenait de les rendre beaucoup plus extravagants l’un et l’autre, suivant Amoros et Feinaigle.
Une héroïne comme Élisabeth cesse de s’appartenir. […] Les contemplatifs sont innocents et font la parure du monde ; mais Évariste appartient à l’autre espèce. […] Elle se décide à appartenir à Georges, une seule fois. […] Mais l’Âme de Napoléon appartient au genre prophétique, et non au genre romanesque. […] Même dans son dernier livre, qui appartient à une autre veine que le Pal, Léon Bloy devant les Cochons, ou Quatre ans de captivité à Cochons-sur-Marne, M.
, elle n’est pas obligée, comme elle, de renoncer à la vie. » Ni Hermione, ni Roxane, ni Phèdre n’ont matériellement péché ; et Eriphile a beau avoir été enlevée par Achille et s’être pâmée dans ses bras ensanglantés, elle ne lui a pas appartenu (relisez Iphigénie). […] Mæterlinck aime les cheveux (vous vous rappelez ceux de Mélisande), les cheveux qui sont si beaux, et par où nous continuons d’appartenir un peu au règne végétal, — comme nous appartenons au règne animal par les racines du désir, — lequel, d’autre part, épuré et spiritualisé par l’illusion, nous rapproche du règne angélique… C’est d’abord avec ses beaux cheveux que la petite Alladine est bâillonnée et enchaînée par le roi Ablamore… Je goûte aussi… comment dire ? […] Et il y a un chien rose et un chien bleu ; mais ces deux chiens ne sont qu’un même chien, et ce chien appartient au jeune peintre, qui le badigeonne, selon les minutes, de la couleur de son rêve, car sa spécialité est d’avoir de la fantaisie. […] La malhonnêteté restant égale à prendre un nom et un titre qui ne vous appartiennent pas, il y a certainement plus de niaiserie et d’infirmité morale dans le cas de Mme Bonnardel que dans celui du bonhomme Jourdain. […] J’en dirai autant à propos de la Mousse, qui appartient au même genre de chansons.
Il n’appartient qu’à l’honnête homme d’être athée. […] Les terres d’autrui me seront comme si elles m’appartenaient, et les miennes comme si elles appartenaient à autrui. […] La richesse m’appartient, et vous lui appartenez ; le sage ne l’a pas dérobée : elle n’est point souillée de sang ; elle n’est ni le fruit de l’extorsion, ni le produit d’un gain sordide : elle sortira de chez lui d’une manière aussi innocente qu’elle y est entrée. […] « Vous n’êtes point un simple particulier, vous êtes un homme public ; vous ne vous appartenez point à vous seul. […] L’équité ne prescrirait-elle pas de distribuer ce qui appartiendrait d’éloge ou de blâme à chacun de ces personnages ?
Surtout quand ils sont libéraux, quand ils appartiennent à la bourgeoisie libérale. […] La maison m’appartient, je le ferai connaître. […] Paris n’appartient pas seulement à ceux qui se lèvent matin. […] Paris appartient à ceux qui pendant les mois d’été préparent la campagne d’hiver. […] — Paris n’appartient à personne.
Elle appartint à des mains étrangères. […] La forêt des Ardennes et l’île de Prospéro lui appartiennent comme le Forum romain ou la plateforme de la tour d’EIseneur. […] Il a pour doctrine secrète que le monde est fait pour lui appartenir. […] Les conséquences de son œuvre ne lui appartiennent pas pour ainsi dire. […] Elles appartiennent à l’histoire et font partie du trésor architectural de la France.
nous sommes la terre ; nous ne pouvons appartenir au Chevalier du Cygne. » N’est-ce pas d’une bonne psychologie et la juste transposition par de petites phrases très simples, très nettes, de la secrète pensée des femmes qui est d’asservir l’homme tout en le servant ? […] et à les rendre notre présente réduction, ― nos germes à s’unir en ustïon de leur phosphore, cendre vivante et qui efferve… ceci ou cela n’appartient à aucun langage connu, et aucune musique verbale ne tempère l’horreur de telles incohérences. […] L’art appartient en grande partie au domaine de l’inconscient, de cette intelligence obscure et magnifique qui rêve en certains cerveaux privilégiés ; l’intelligence ordinaire, active et visible, ne doit avoir en art que le rôle de prudente et timide conseillère ; si elle veut dominer et diriger, l’oeuvre se fausse, se brise, éclate comme sous de maladroits marteaux. […] Voici un passage du rôle de Daniel (le jeune homme à qui Marthe a donné son sang), par lequel le principe du drame sera un peu expliqué : « Tu ne peux pas le voir couler dans mes veines… mais c’est si extraordinaire de le contenir en moi… si étrange… si absurde et si doux… Je contemple mes mains comme si je les voyais pour la première fois… Je ne sais quelle tiédeur fraîche y coule en cascade… et sous le réseau transparent des veines, il me semble que je suis dans sa fuite toute la source lâchée de ton cœur… Il y a une douceur nouvelle qui court en moi comme un printemps… Je t’assure, pose ta main sur la mienne… elle t’appartient… je suis un peu toi maintenant… Je veux que tu sentes se faire la confusion, je veux que tu reconnaisses en moi le battement inconscient de ta vie… Ah ! […] Les Goncourt appartiennent à la caste des génies continus et sans défaillance ; s’ils ne doivent pas être nombrés parmi les demi-dieux, ils le seront parmi les héros qui accumulèrent un total de belles actions égal à une œuvre unique et grandiose.
We struggle by multiform combinations among the things and thoughts of time, to attain a portion of that Loveliness whose very elements perhaps appertain to eternity alone… « Par des combinaisons multiples, nous luttons au milieu des choses et des pensées qui sont de l’ordre du temps, pour atteindre une portion de cette Beauté dont les éléments véritables appartiennent peut-être à la seule éternité… » Comme on pourrait rêver, si on était délivré de la considération de l’espace et de la durée, rêver à la rencontre idéale d’Edgar Poe et de Baudelaire ! […] Il ne m’appartient pas de dire que telle production lyrique est supérieure à telle autre, mais seulement de déterminer en quoi elle est autre. […] Car la voile appartient à un navire squelette, dont la charpente se découpe en barreaux sur la face du soleil couchant. […] La poésie vient de naître, elle n’a pas encore ses accents décisifs, elle balbutie encore, on retrouve encore dans son langage des expressions qui ne lui appartiennent pas en propre et qu’elle emprunte au passé : et déjà, le poète apparaît comme un inadapté, comme un homme qui ne ressemble pas à tous les autres, comme un être d’exception que la foule montre du doigt. […] À propos du sentiment de la nature : « Pour Wordsworth, pour Shelley, ses vrais poètes, et pour les autres poètes dans leurs vrais moments, un caractère appartient bien aux choses.
Mme de Verdelin ne s’appartenait pas. […] Mme de Verdelin n’appartenait pas au monde philosophique ; elle avait des idées religieuses assez libres, assez élevées, sans étroitesse : ni philosophe, ni dévote, c’était sa devise.
Il appartient à cette école qui, cherchant dans une exacte comparaison des langues sorties du centre de l’Asie, des langues indo-européennes, les affinités fondamentales, a eu le mérite de tirer l’étymologie du vague domaine de la divination, et de l’asseoir sur des principes certains. […] Diez a grand soin de distinguer deux sortes de bas latin : « L’un, qui appartient aux premiers siècles, alors que les langues populaires étaient plus voisines de la source latine : celui-là est une mine féconde.
Mais rendez-moi ce qui m’appartient. » Pendant que l’ombre d’Aristophane murmure ces choses à l’oreille des théoriciens d’outre-Rhin, ceux de la patrie de Molière disent en chœur : Aristophane, ce rieur, n’est pas assez moraliste pour être comique ; l’imagination, dans son théâtre, prévaut trop sur la satire des mœurs et sûr la raison. […] Elle appartient à l’humanité.
Je le vois sourire, parler, prêcher ; je note même jusqu’à ses gestes habituels… L’image est vaporeuse et d’une autre nature que la sensation objective… mais délimitée, colorée », et, sauf cette distinction de nature, pourvue de tous les caractères qui appartiennent à la personne réelle, ou, plus exactement, de tous les caractères qui appartiennent à la sensation éprouvée en présence de la personne réelle. — On peut donc affirmer avec certitude que l’événement intérieur que nous appelons sensation et qui se produit en nous lorsque nos nerfs et, par suite, notre cerveau, reçoivent une impression du dehors, se reproduit en nous sans impression du dehors, dans la plupart des cas partiellement, faiblement, vaguement, dans beaucoup de cas avec une netteté et une énergie très grandes, en certains cas avec un détail et une précision presque égaux à ceux de la sensation.
Au-delà se relève un plateau verdoyant et boisé, sur lequel blanchissent les tourelles du petit manoir de Servolex, qui appartient aujourd’hui à mes neveux, et qui appartenait alors aux neveux des de Maistre.
III Il y a donc une dualité nécessaire dans les papes ; l’une de ces dualités, le pape, appartient aux catholiques ; l’autre de ces dualités, le souverain, appartient à l’Italie.
Le reste du temps appartenait à la solitude ; par moment le bruit d’une fenêtre qui s’entrouvrait en battant mélancoliquement contre la muraille, et le bras blanc de la comtesse Léna ou de sa fille qui écartait doucement le rideau pour laisser rentrer le demi-jour dans leur chambre, appelaient l’attention : un petit bâillement sonore qui s’échappait à haute voix de leurs lèvres au réveil, un doux et tendre oïmè ! […] La magnifique invention du sujet, qui appartient tout à l’Arioste, a donné à cette tragédie de Voltaire un effet théâtral immense : mais Voltaire fait déclamer pompeusement la passion dans sa tragédie, et Arioste la fait chanter, raconter et pleurer comme la nature ; il n’y a pas un homme de goût, dans aucun pays, qui puisse comparer de bonne foi les vers sonores et faibles de la tragédie avec les stances simples et pleines du poème.
Aussi longtemps que la plantation de mill-grove m’appartint, il y eut toujours un nid de pewee dans ma retraite ; mais, quand je l’eus vendue, la caverne fut détruite, et l’on démolit les rochers majestueux des bords de la crique. […] Point de jalousie entre ces beaux, qui se disputent paisiblement et sans haine le prix des jeux, la compagne qui doit appartenir au vainqueur.
Et enfin, le type de société auquel appartient la famille restaurée de Wolmar et Julie, c’est le régime patronal, essentiellement différent du socialisme égalitaire du Contrat. […] La plupart de nos Français s’attardent dans la guerre aux privilèges, où ces bourgeois réduisent l’inégalité ; à Rousseau appartient d’avoir crié : le luxe, la richesse, la jouissance sans travail, la propriété, voilà les vrais privilèges, ou plutôt le privilège fondamental.
Ce qui appartient à l’esquisse est comique, même à la lecture ; ce qui appartient au portrait n’est plaisant qu’à la scène.
Encore qu’il appartienne à la génération précédente, M. […] Albert Mockel… Or, cette théorie, si nuancée soit-elle, appartient encore au domaine métrique où le Rythme ancien dépend essentiellement du nombre de temps accentués à équidistances.
Elle a l’amabilité banale, et pour ainsi dire publique, de la femme qui ne s’appartient pas. […] * * * — Maintenant que le haut du pavé appartient aux gniafs, aux pignoufs, à des canuts de Lyon devenus millionnaires, à des grands coulissiers de la coulisse, les choses n’ont plus besoin d’être fines, d’être délicates, d’être exquises, il ne leur faut plus que l’apparence de la richesse et de la cherté.
L’écrivain en qui était déposée la vertu suprême de donner la vie, d’en reproduire les innombrables formes, de la comprendre totalement dans un immense embrassement d’intelligence, s’est détourné de soi, s’est repris au monde avec lequel il était entré en une plus intime communion qu’il n’appartient d’habitude à un homme, et s’est réduit aux pensées étroites d’un religieux qu’inquiètent seulement la pratique et la prédication d’une doctrine selon les pauvres d’esprit. […] Ce problème est un objet de pensée que l’on ne tranche pas de quelques apostrophes : il appartient de le discuter à ceux qui sont fervents de vérité plus que de belles illusions, ne connaissent d’autre passion que celle d’égaler leur âme au système du monde.
L’espèce en est rare et les romanciers que nous avons étudiés après Poe n’y appartiennent pas. […] De ce sentiment de désespérée impuissance, du mépris qu’il éprouve pour les pygmées qui le terrassent, naît en lui une immense haine de ses semblables, de la société, de la nation à laquelle il appartient, de la forme de gouvernement sous laquelle il végète.
Aussitôt après les avoir lus, il s’écria qu’ils étoient admirables, qu’ils ne pouvoient appartenir qu’à un ancien, & prétendit qu’ils étoient d’un vieux comique, nommé Trabea. […] Le changement des vaisseaux Troyens en nymphes de la mer, au moment où ils vont être brûlés par Turnus, étoit presque la seule chose qu’on disoit appartenir à Virgile.
Les grandes inventions appartiennent à cette race expérimentale. […] Il n’appartenait pas à un poète sans passion de parler des femmes.
Elles appartiennent à une littérature trop débraillée pour que nous les citions dans un catalogue de choses immortelles ; cela se chante entre deux vins, cela ne se lit pas. […] Son bonheur est le tien ; sa douleur est la tienne ; Et des maux qu’ici-bas il lui faut endurer, Pas un qui ne te touche et qui ne t’appartienne ; Puisque tu sais chanter, ami, tu sais pleurer.
Audin, — lequel a servi l’Église sans appartenir à l’Église, — autrement que par le baptême et par la ferveur de la foi. […] Si le talent et la science, dans leurs superbes certitudes, sont de véritables prises de possession, on peut dire que la Réforme appartient à Audin, et jamais personne n’en parlera désormais sans être obligé de le citer.
Né en 1610 au village et à la ferme d’Houay près d’Argentan en Basse-Normandie, il se nommait Eudes de son nom, et appartenait à une famille et à une race originale.
En arrivant, en effet, à l’embouchure du Dniepr, la flottille de l’impératrice trouve la ville d’Otchakov, qui appartenait encore à la Turquie, et découvre une dizaine de vaisseaux turcs qui viennent se placer en travers du fleuve.
Douce puissance de l’étude qui ne permet de connaître ni le poids du temps, ni le vide de l’âme, ni les regrets d’une ambition vulgaire, et qui montre à l’homme une source plus pure, où il ne tient qu’à lui de puiser tout ce qui lui appartient de bonheur et de dignité !
Il accordait à l’Académie française la gloire un peu exagérée d’avoir la première institué la discussion littéraire dans ces termes philosophiques, et d’avoir conclu de l’admiration mal fondée que l’on avait eue pour les vieux philosophes, qu’il fallait examiner de plus près celle que l’on avait encore pour les anciens poètes : « L’ouverture de cette dispute, disait-il un peu magnifiquement, a achevé de rendre à l’esprit humain toute sa dignité, en l’affranchissant aussi sur les belles-lettres du joug ridicule de la prévention. » C’était par là que Terrasson croyait qu’il nous appartenait de devenir littérairement supérieurs aux Latins, lesquels, supérieurs de fait aux Grecs, n’avaient jamais osé en secouer le joug.
Isidore Geoffroy Saint-Hilaire explique plus loin cette idée qu’il se fait de Buffon, d’un Buffon un peu plus nouveau que celui avec lequel nous avaient familiarisés les jugements de Cuvier et des naturalistes de son école : Comme écrivain, Buffon occupe depuis longtemps, dit-il, le rang qui lui appartient… Mais en faisant si grande la part de l’écrivain, a-t-on rendu justice au naturaliste, au penseur ?
[NdA] Se rappeler le discours de Porcie à Brutus dans le Jules César : Dites-moi, Brutus, a-t-on fait pour nous cette exception aux liens du mariage que je ne connaîtrais point les secrets qui vous appartiennent ?
On sait que Léopold Robert, né le 13 mars 1794 à La Chaux-de-Fonds, sur le versant du Jura, dans le canton de Neuchâtel, appartenait à une famille qui pratiquait le métier de l’horlogerie, et qui avait les vertus simples, naturelles, domestiques, la frugalité, la probité antique et scrupuleuse.
Le nom d’écrivains proprement dits continue d’appartenir à ceux qui de propos délibéré choisissent un sujet, s’y appliquent avec art, savent exprimer même ce qu’ils n’ont pas vu, ce qu’ils conçoivent seulement ou ce qu’ils étudient, se mettent à la place des autres et en revêtent le rôle, font de leur plume et de leur talent ce qu’ils veulent : heureux s’ils n’en veulent faire que ce qui est le mieux et s’ils ne perdent pas de vue ce beau mot digne des temps de Pope ou d’Horace : « Le chef-d’œuvre de la nature est de bien écrire. » Les autres, les hommes d’action, qui traitent de leurs affaires, ne sont écrivains que d’occasion et par nécessité ; ils écrivent comme ils peuvent et comme cela leur vient ; ils ont leurs bonnes fortunes.
Le père de Santeul a une veine pure, aisée ; il n’appartient guère à un homme comme moi d’en juger, je veux dire à un homme destiné à la retraite et à des lectures toutes sérieuses ; cependant on ne laisse pas d’en remarquer les traits.
[NdA] Il y a cependant la fameuse bévue : voulant faire honneur à une villa qu’on lui dit avoir appartenu à Cicéron, il ajoute que l’illustre Romain y composa ses belles œuvres, « entre lesquelles sont renommées les Pandectes. » Rohan avait prie cette note sur la foi d’un cicerone peu cicéronien.
L’ouvrage appartient désormais à l’art, seulement à l’art, il n’est justiciable que de la critique, et celle-ci peut user de toute son indépendance en en parlant.
J’ai eu sa réponse, et je vous envoie sa lettre originale avec une traduction française… Mes offres ont été bien reçues, comme vous verrez, madame ; mais à Turin comme à Madrid, on est dans l’intention d’obéir aveuglément au roi, à qui l’on croit qu’il appartient de décider en toutes choses.
Il jeta ses vues sur la famille de M. de Morvilliers, évêque d’Orléans et conseiller d’État, et rechercha une de ses nièces qui lui fut accordée : cette jeune personne appartenait du côté paternel à la famille de saint François de Paule, pour qui la famille d’Ormesson aura une dévotion toute particulière.
Je suis moins frappé, je l’avoue, en relisant d’autres articles qui appartiennent à cette série.
Lacordaire, d’ailleurs, avait peu joui de l’Académie, et elle de lui, dans le trop court espace de temps qu’il lui avait appartenu ; et je crois même qu’il n’y était venu s’asseoir qu’une seule fois depuis sa réception solennelle.
» — « Je désire m’occuper de Mme de Staël, répondis-je alors, parce qu’il me semble que je la sens et la comprends autant que personne ; et bien que sorti de terre à un tout autre endroit et d’une tout autre génération qu’elle, un sentiment d’admiration me dit, ainsi qu’à ceux de mon âge, qu’elle nous appartient à tous. » Depuis des années, j’éprouve un regret fréquent à son sujet.
Renan sa méthode, et, sans louer ni blâmer, sans exprimer de préférence, sans prétendre conclure (me souvenant que la marque d’un esprit fin est peut-être « de ne pas conclure »), j’établis ainsi la famille d’esprits dont il est et à laquelle il appartient, en regard de celle qu’il repousse, dont il se sépare, ou qu’il ne rejoint que pour lui apporter un complément et un correctif bien nécessaire.
Hugo était alors dans son premier éclat de lyrisme, et il avait déjà écrit la préface de Cromwell ; il avait des admirateurs très vifs dans la famille qui régnait aux Débats, et plus d’un allié dans la place : Armand Bertin, un peu plus mûr et de nature volontiers sceptique, mêlait bien, je le crois, à ses applaudissements quelques légères plaisanteries et quelques réserves ; mais son frère Édouard, le peintre au pinceau sévère, ce Schnetz du paysage, mais Mlle Louise, nature poétique et profonde, étaient tout gagnés aux idées et aux enthousiasmes de la génération à laquelle ils appartenaient et faisaient honneur par leur talent.
Il sent vivre et s’éveiller en lui des pensées poétiques et philosophiques ; il les a bues avec l’air qui l’entoure, mais il s’imagine qu’elles lui appartiennent, et il les exprime comme siennes.
Moland, de même, pense que ce sont des « exercices de rhétorique » qui pourraient bien n’avoir jamais été joués, et qui n’appartiennent pas aux origines de l’art moderne, mais à la décadence de l’art ancien.
Rulhière, d’après d’Aguesseau, n’en doute pas ; ce sage Rulhière, excellent historien de la Révocation, judicieux appréciateur de Louis XIV, dont il a tracé le plus ressemblant portrait à cette triste date, accorde à Foucault le rang et l’initiative d’application qui lui appartiennent.
Je donnerai ce préambule ; mais qu’on veuille bien distinguer et dégager la vérité de l’accent, sous ce qui nous semble aujourd’hui un peu déclamatoire et qui appartient au langage du siècle ; il n’est pas mal, d’ailleurs, de voir le sentiment des malheurs publics se mêler si intimement aux infortunes personnelles du rêveur ; les générations qui souffraient ainsi, et dont les âmes se soulevaient avec de tels gémissements sous toutes les sortes d’oppressions, méritaient de vivre assez pour assister et coopérer à la délivrance de 89.
Il serait juste aussi de le montrer un digne fils et un héritier direct de la civilisation et de la culture grecque à laquelle il appartient, de cette civilisation qu’on voit si humaine au temps de Gélon, et qui trahissait déjà son véritable esprit dans la lutte fabuleuse de Pollux, l’un des Argonautes, contre un roi brigand des bords de la Propontide.
L’infini dans le clair est bien autrement sublime et prodigieux que l’infini dans l’obscur. » On vient de supprimer, à l’École des Beaux-Arts, le grand prix de paysage, et l’on a bien fait : en fait de paysages, les comparaisons sont impossibles ; les plus humbles, les plus inattendus, les plus agrestes sont souvent ceux qui plaisent le plus : et cependant il y a une grandeur dans l’éclat qu’il n’appartient qu’aux vrais maîtres de savoir saisir, et dans cette belle page le peintre a tout réuni.
« La forte race grandit sous les célestes influences ; une voix mystérieuse lui dit que ce vaste monde qui s’étend sous ses pieds lui appartient.
Car ce n’est pas seulement le mauvais goût (défaut si fréquent dans les œuvres où il y a le plus de génie, quand ces œuvres appartiennent à des époques encore incultes), ce n’est pas, dis-je, le mauvais goût seulement qui nous choque ici, c’est la pauvreté dans l’invention, la maigreur et la sécheresse dans le développement des caractères, la froideur dans les passions, la lenteur et la gaucherie de l’action, et enfin l’absence presque totale d’intérêt.
Cette histoire appartient à nos neveux… » Nous sommes de ces neveux ; répondons à son appel : soyons justes enfin, tâchons, s’il est possible, de nous montrer impartiaux et équitables, sans revenir à notre tour passionner et renflammer l’histoire à l’égal de la réalité.
J’admets comme un droit naturel et universel la liberté de la pensée ; mais, parce qu’elle est essentiellement libre, elle n’est pas indifféremment vraie, et ceux-là seuls qui pensent comme moi sont, pour moi, dans la vérité et appartiennent à la même société intellectuelle, c’est-à-dire à la même Église que moi.
Le maréchal, dans ses lettres à la reine de Pologne, est amené à parler du trousseau et du détail de la toilette : on est avec lui dans les coulisses de la garde-robe ; on est mis au courant des bénéfices et des profits inhérents à toutes ces grandes charges de la haute domesticité royale : « En général, tout ce qui est garde-robe appartient à la dame d’atours, qui est Mme la duchesse de Lauraguais ; elle fournit toutes les parures, linge, dentelles, etc., et reprend ce qui ne sert plus ; elle donne son compte, qui est arrêté et payé au Trésor royal.
Quoiqu’il semble appartenir tout entier à la langue économique et financière (ce qui est déjà quelque chose), il peut trouver son emploi heureux dans la langue littéraire.
Il y a de plus, envers le Saint-Simonisme, qui, à un certain moment, s’est appelé le nouveau christianisme, une sorte d’ingratitude à lui reprocher sa tentative qu’on imite : car c’est bien à lui qu’appartient cette pensée, mise en œuvre depuis, que le salaire n’est que l’esclavage prolongé.
et M. de Lamartine est de la race de Virgile ; il lui appartenait, et il l’a prouvé, de compter parmi les grands, les immortels bienfaiteurs.
Un symptôme pourtant se prononce, et il appartient à chacun de l’aider.
De telles considérations, si judicieuses et lumineuses, appartiennent à cette véritable et, j’ose dire, unique philosophie de l’histoire, comme Machiavel et Montesquieu l’entendaient, qui ne procède qu’appuyée sur l’observation humaine et sur les faits.
Sa jeune Tarentine y appartient exactement, et je ne cessais de l’y voir en figure. — La poésie d’André Chénier est l’accompagnement sur la flûte et sur la lyre de tout cet art de marbre retrouvé. » 44.
Mais puisque Mme Roland, qui était l’âme du parti, n’eut pas accès à la tribune, puisqu’elle fut réduite à verser les passions et les idées qui la brûlaient dans ses Mémoires rédigés en prison, c’est à Vergniaud qu’il appartient, mieux qu’à personne, de représenter l’éloquence girondine632 .
« Plus j’ai pénétré dans le sein de la nature, dit Buffon, plus j’ai admiré et profondément respecté son auteur97. » C’est bien froid, et ces mots de la civilité humaine, admiré, respecté profondément, appartiennent à peine à la langue du sujet.
A cette classe appartiennent les émotions qui, en voyage, résultent de la surprise ; la joie de certaines personnes passant brusquement de la pauvreté à la richesse.
Entre les sociétés que j’ai citées comme formées de la composition de l’ancienne maison Rambouillet, je n’ai eu garde de citer ni l’hôtel de Nevers, ni l’hôtel de Bouillon, ni l’hôtel de Soissons, qui formèrent une coterie à part, incompatible avec les précieuses, encore plus avec la bonne compagnie, une coterie trop diffamée pour la cour même, et qui appartenait à la classe des sociétés dissolues de la capitale.
Il appartient tout entier a Sylvanie de Terremonde, qui y fait son entrée impatiemment attendue.
Aujourd’hui c’est tout le monde qui est M. le Dauphin, et à qui appartient, bon gré mal gré, l’avenir ; c’est donc tout le monde qu’il faut se hâter d’élever.
Il appartenait à cette école de médecins gens d’esprit et littérateurs, qui peuvent disserter des choses avec plus ou moins d’éloquence et d’agrément, qui obtiennent de la faveur auprès des gens du monde, mais qui n’acquièrent jamais beaucoup d’autorité parmi leurs pairs.
Pline appartient à cette classe d’esprits élevés et éclairés, tels que l’ancienne civilisation en possédait un assez grand nombre avant le christianisme, qui ne séparent point l’idée de Dieu de celle de l’univers, qui ne croient pas qu’elle en soit distincte, et qui, dans le détail de la vie et l’usage de la société, condescendent d’ailleurs aux idées reçues et aux préjugés utiles : « Il est bon, dans la société, de croire que les dieux prennent soin des choses humaines… La religion, répète-t-il en plus d’un endroit, est la base de la vie. » Mais ce n’est qu’une religion toute politique comme l’entendaient les Romains.
Sous la Fronde, Patru, qui appartenait à cette libre race de bourgeoisie naturellement railleuse et plus gaie que prévoyante, n’eut pas grand effort à faire pour se ranger de ce côté-ci des Barricades, je veux dire du côté du cardinal de Retz et du Parlement.
L’Histoire de la civilisation en France, avec l’Histoire générale de la civilisation en Europe, qui y sert d’introduction, appartient aux trois dernières années de son cours (1827-1830), et l’Histoire des origines du gouvernement représentatif en France remonte aux années 1820-1822.
Mais son style, à lui, appartient à ce genre épuré et clarifié de l’Empire qui, à part quelques bons vers qui se détachent, n’a rien de coloré ni de saillant.
Enfin, il ne manque au caractère d’un Français rien de ce qui appartient à celui d’un agréable et galant homme.
C’est là un alexandrin qui est bien à lui autant que ceux de Corneille et de Racine leur appartiennent.
M. de Tocqueville n’appartient pas à la classe des publicistes logiciens, tels que Hobbes, Spinoza ou Rousseau, mais à celle des publicistes observateurs, Aristote, Machiavel, Bodin et Montesquieu.
Les plantes d’eau douce et d’eau salée ont généralement une grande extension géographique et sont très répandues en chacune des contrées qu’elles habitent ; mais cela semble résulter de la nature des stations qu’elles occupent et n’a que peu ou point de rapport à la grandeur des genres auxquels ces espèces appartiennent.
Nous ne nous appartenons plus, il est vrai ; mais c’est peut-être pour cela que nous avons pris en main un romancier ou un poète.
Les manières mêmes, par lesquelles ce monde régnait encore plus que par la pensée, en a-t-il conservé la supériorité tranchée, incontestable, personnelle, qui lui appartenait comme son écusson ?
On n’appartient pas pour rien à une époque personnelle et poseuse, où toutes les vanités se mettent à la fenêtre de cinq à six volumes pour, de là, se raconter à ceux qui passent ; et, cela, depuis le ministre d’État jusqu’à l’apothicaire, depuis Chateaubriand jusqu’à Véron.
Nous pouvons assimiler Watts aux préraphaélites, bien qu’il n’ait jamais appartenu proprement à cette école ; comme le dit M.
Et puisque, du point de vue universel, « la tragédie grecque tourne autour de Troie » et qu’Eschyle appartient au monde antique (épique), comment expliquer la série Orphée-Homère-Eschyle ?
Non, la statue de la liberté n’a point l’intérêt pour base, et ce n’est pas à la philosophie de la sensation et à ses petites maximes qu’il appartient de faire les grands peuples.
Sa mère, Marie Cressé, appartenait à une famille qui exerçait depuis longtemps à Paris la profession de tapissier. […] Presque tout ce qui lui appartient en propre dans ces deux productions, comme tout ce qu’il a emprunté à ses devanciers, est dans le goût des théâtres latin, espagnol et italien. […] Le besoin de donner une pièce nouvelle, la nécessité à ses yeux de renouveler son répertoire, comme son théâtre s’était trouvé renouvelé par le changement de salle, lui fit hasarder de représenter une œuvre qui n’était plus sans doute selon son goût, mais qui appartenait à un genre naguère encore à la mode, et dont il ne croyait probablement pas avoir autant désaffectionné le public. […] Le fou qui était alors auprès de Louis XIV avait appartenu au prince de Condé ; il s’appelait L’Angeli. […] Le sujet n’en appartient pas plus à Plaute qu’à Molière.
Quoi qu’il en soit de ces réserves purement littéraires, par son moment, par ses prévisions et ses vœux si nettement exposés, par la justesse et la gravité des raisons produites, non moins que par la générosité de son inspiration, la brochure de Camille Jordan appartient tout à fait à l’histoire. […] J’avais une bague de mes cheveux qui a appartenu au pauvre M. […] La voici en ce qu’elle a d’essentiel ; il s’adresse, par manière d’apostrophe, à ses compatriotes lyonnais : « Après avoir prouvé que jamais votre ville n’avait joui d’un calme plus profond que depuis trois mois à l’ombre des paternelles administrations qu’elle s’était choisies, montrant que si, à des époques plus reculées, quelques assassinats y avaient été commis, comme dans toutes les autres parties de la République, par la négligence du gouvernement, ils n’appartenaient à aucun système réfléchi, à aucun mouvement contre-révolutionnaire, mais à la seule impulsion de la vengeance individuelle, je disais : Et dans quelle ville une telle vengeance dut-elle paraître davantage, je ne dis pas excusable ou permise, mais naturelle ?
Je pourrais le dire, puisque l’allégorie de Physis et d’Antiphysie ne lui appartient pas, et qu’assurément, aussi bien que personne en son temps, il a connu ses anciens. […] 2º Le Controversiste, l’Écrivain, l’Orateur. — François de Sales appartient à l’histoire de la littérature comme controversiste, écrivain « ascétique » et prédicateur. — Sa famille et son éducation. — Le collège de Clermont et l’université de Padoue. […] Les quatre autres sont posthumes ; et on n’y peut guère distinguer la part qui en revient à d’Urfé de celle qui appartient à Baro, son continuateur.
Le sang lumineux de l’inspiration que ce « coup de hache » fait couler se coagule bientôt au vent des passions déclamatoires, ineptes ou folles, du temps maudit auquel appartenait Diderot, et le front noblement ouvert n’apparaît plus que furieux ou stupide, comme celui d’un bœuf assommé. […] Mademoiselle Volland appartenait à une famille qui la circonvenait et qui, tout en approuvant sa position d’amie de Diderot, l’en séparait quelquefois, parce que cette famille habitait la campagne. […] Diderot, que j’ai dit ressembler à Gœthe, et qui lui est supérieur par la flamme, durera moins que Gœthe le glaçon, parce qu’il vaut mieux que lui par la passion et par la vie, et parce que, dans cette dernière minute d’un monde fini et pourri dans sa glace, le mot de Machiavel, que « le monde appartient aux esprits froids », est plus que jamais une vérité.
Mais la gloire de cette belle invention ne lui appartient pas, et, s’il le dit, c’est qu’il l’a su de La Beaumelle, toujours. […] Il ne nous appartient ni d’approfondir ni d’effleurer seulement la question des rapports de la morale avec le dogme. […] C’est alors que des lettres patentes, données en 1624, transférèrent à quatre censeurs désignés par le roi, le droit qui n’avait appartenu jusqu’alors qu’à la Faculté tout entière assemblée. […] Il a commencé de leur appartenir ; il faut qu’il soit à eux tout entier. […] Ces cochons privilégiés sont appelés, par les saints personnages auxquels ils appartiennent, des cochons sacrés… Celui qui frapperait un porco sacro ferait un sacrilège.
Mais les lettres de Célimène à Oronte et aux marquis signifient, n’en doutez pas, qu’elle a appartenu à chacun d’eux. […] C’est sa façon de nous mettre, nous et tous ceux qui appartiennent à l’art, au-dessous de lui. […] La comédie de Saurín, qui appartient d’ailleurs au même genre et à la même époque (1761), est fort supérieure, de toutes façons, à la rhapsodie de Poinsinet. […] On ne sait s’il appartient plus à l’Université qu’à la Comédie-Française, et à la Sorbonne plus qu’à l’Odéon. […] Ta femme appartiendra au survivant. » Mais Malandran a déjà réfléchi : il ne veut pas se battre avec Véranet (aurait-il peur des mauvais coups ?
Quel motif d’affliction, s’il nous eût fallu démontrer qu’en de pareilles luttes, dès qu’un grand peuple perd une fois l’occasion de consolider sa liberté, cette perte est irréparable jusqu’à des siècles reculés ; et que la gloire de la ressaisir, échappée à son espoir, n’appartiendra plus qu’à des nations à naître. […] Or le Lutrin lui appartient : le ton plaisant de ce poème n’est pas celui de la parodie. […] Cette dernière action de Philippe-Auguste appartient plus à l’épopée que sa coopération aux croisades, puisqu’il se signala principalement ici dans l’entreprise dont il fut le seul chef, et qu’il l’acheva par son propre héroïsme. […] Toutefois sa fiction inutile et peu conforme à ses acteurs démesurés, blesse la vraisemblance, et ne produit que le ridicule : d’ailleurs l’originalité du moyen appartient à l’Arioste, que Milton n’a pu méconnaître. […] Il emporte aussi avec lui les balles, la poudre, et tout ce qui appartient à cette arme fatale.
Il n’appartient pas à cette catégorie de prud’hommes que les femmes d’esprit appellent des chauffe-la-couche, et qui se recrute parfois parmi les noceurs attendris et fatigués. […] Il avait ce teint bruni, ces yeux marrons et veloutés, ce nez droit qui n’appartiennent qu’au mélange des races indiennes et caucasiques. […] Le général Dumas semble avoir appartenu, dans cette campagne rude et merveilleuse, au groupe des mécontents, des frondeurs, de ceux que le désert ennuyait, qui se demandaient ce qu’on était allé faire là-bas. […] La mère, veuve d’un professeur de Cambridge, déjà âgée, appartient à un parti politique très avancé et développe ses théories, plusieurs fois par mois, dans des réunions publiques. […] Après cela il ne sera que temps pour toi de regagner ton pays et d’évacuer cette Bulgarie qui m’appartient, car elle fait partie de la Macédoine, antique province de l’empire romain.
Tout porte à croire qu’il avait eu une jeunesse, élégante et amoureuse, ce qui était presque un devoir de condition dans la classe à laquelle il appartenait. […] Cette science appartient sans doute à ceux qui l’ont étudiée. […] Le discernement en appartient à Jupiter, et elle ne se trouve que bien peu entre les hommes. […] Si nous ne sommes pas tout à fait le résultat et le produit de tout ce qui nous entoure et de tout ce qui pèse sur nous, ce que nous appelons notre âme est précisément ce qui reste nous appartenir. […] Ce qui est juste, c’est que chacun ait, en sûreté, ce qui lui appartient et n’en soit pas privé par la violence.
Il prétend que ce gouvernement de Gisors lui appartient, et, le roi le lui refusant, toujours par les mêmes raisons de ne porter ombrage aux seigneurs catholiques, Rosny s’irritera encore, criera au passe-droit, et fera au roi les mêmes reproches qu’au lendemain d’Ivry : À tous lesquels reproches, il (le roi) ne vous répondit jamais autre chose sinon : « Je vois bien que vous êtes en colère à cette heure ; nous en parlerons une autre fois » ; et s’en alla d’un autre côté ; puis, vous voyant avoir fait de même, il dit à ceux qui le suivaient : « Il le faut laisser dire, car il est d’humeur prompte, et soudaine, et a même quelque espèce de raison ; néanmoins, il ne fera jamais rien de méchant ni de honteux, car il est homme de bien et aime l’honneur. » Voilà la mesure des bouderies de Sully, et le mot de Henri sur son compte demeure le vrai.
Dans cette guerre, il fut successivement capitaine, lieutenant-colonel, puis colonel dans le régiment wallon qui portait son nom et qui appartenait à son père.
Daru, dans les dernières années, parlait sans doute volontiers des heures glorieuses qu’il avait passées dans le cabinet et sous la tente de l’Empereur ; on a recueilli de sa bouche quelques anecdotes plus d’une fois répétées : mais l’ensemble de ses souvenirs reste tout entier intact, et il n’appartenait qu’à lui de les écrire.
Tout ce qu’il y a de plus grand dans les saints qu’elle célèbre vous appartient… Vous êtes encore plus riche de votre fonds que des titres que vous ont laissés vos ancêtres.
M. de Levis, dans le portrait qu’il a tracé de Besenval, commence en ces termes : Le baron de Besenval était un officier suisse qui avait servi avec distinction pendant la guerre de Sept Ans ; il joignait à l’intrépidité qui de tout temps a caractérisé sa nation ce feu de valeur qui paraît appartenir à la nôtre ; il avait une belle taille, une figure agréable, de l’esprit, de l’audace : que faut-il de plus pour réussir ?
Arouet. » Il répond aussi, plus délicatement qu’à lui n’appartient, sur la poésie que Vauvenargues n’aime guère et dont il méconnaît les ressources propres et le secret mécanisme, utile par sa contrainte même à la pensée, et provoquant par la rime à l’image.
J’ai travaillé, j’ai fait mon chemin… Je suis devenu entrepreneur de routes… Savez-vous que je suis maintenant un des premiers dans ma partie… Je suis riche… Mais, Mme la duchesse, c’est que tout cela vous appartient, on dit que vous n’êtes pas à l’aise.
Force m’est bien, écrira de là Casaubon à de Thou, de renoncer une fois pour toutes à tout ce que j’avais élaboré jusqu’à ce jour pour l’utilité des amis des lettres, à ces chers travaux auxquels le monde me croit un peu propre, et par lesquels j’ai mérité votre estime à vous-même, très illustre et très docte président ; il faut bien qu’ici je m’applique avant tout à satisfaire à la volonté du maître : et comme son esprit royal est tout entier aux controverses théologiques du jour, il y a nécessité que nous qui lui appartenons et sommes de sa suite nous entrions dans les mêmes études, dans les mêmes inquiétudes que lui.
Le maire de Bordeaux ne nous regarde plus ; il appartient à M.
Béranger, dans ses bons morceaux, est classique en ce sens qu’il est conséquent, puisque son style est habituellement la contre-épreuve de sa pensée, que sa pensée est souvent juste, heureuse, et qu’elle lui appartient toujours. » On voit qu’ici le mélange des noms est poussé jusqu’à la confusion et au contresens.
L’aime Nature ne fait mal à ceux qui lui appartiennent… « Que d’ondées j’ai essuyées !
« Ainsi finit, écrivait son fidèle majordome après l’avoir vu expirer, le plus grand homme qui ait été et qui sera. » En tout sa fin, on le voit, a sa marque bien à elle ; elle est toute particulière, monacale, strictement catholique, conforme par les circonstances et l’appareil au génie espagnol dans lequel, sans y appartenir de naissance, il était entré si profondément.
Ce qu’il m’appartient de noter, c’est l’heureux esprit de sagesse qui présida à toute cette première partie de l’œuvre qui consistait à réunir et à fondre, à effacer les divisions entre l’un et l’autre Clergé, celui qui rentrait et reparaissait tout orthodoxe et pur, et celui qui, pour avoir été docile et constitutionnel, avait maintenant à se faire pardonner d’avoir obéi aux lois.
Les discours prononcés chaque année à la rentrée des Cours impériales et de la Cour de cassation roulent d’ordinaire sur d’importants sujets, et sont quelquefois de véritables études concernant des personnages historiques qui n’appartiennent pas seulement à la magistrature, et qui intéressent tous les ordres de lecteurs.
C’est aux parents qu’il appartient de les diriger dès l’enfance dans le sentier de la vertu, de la bonne éducation, des mœurs sages et chrétiennes… Quant à les forcer d’étudier telle science plutôt que telle autre, je ne le trouve ni prudent ni sage, bien que leur donner des conseils sur ce point ne soit pas nuisible.
Il existe une ode d’Andrew Marwell20 qui appartient au même mouvement de renaissance chrétienne et patriotique.
Je reconnais bien là votre cœur, et je vous remercie de toutes mes forces ; mais, pardonnez-moi, je vous en conjure, si je continue à me refuser à votre conseil de quitter : songez donc que je ne m’appartiens pas ; mon devoir est de rester où la Providence m’a placée et d’opposer mon corps, s’il le faut, aux couteaux des assassins qui voudraient arriver jusqu’au roi.
On voulait s’assurer du Piémont et, à cet effet, le brider et le tenir entre deux places fortes, d’un côté Pignerol, et Casal à l’autre bout, dans le Montferrat ; cette dernière place appartenait au duc de Mantoue, prince dépensier, endetté, homme de plaisir, et l’on crut en avoir bon marché moyennant finance.
On peut maintenant se faire une idée complète, ce me semble, du maréchal de Noailles, et donner la véritable définition de ce personnage multiple qui appartient à deux régimes et à deux siècles : un courtisan du temps de Louis XIV, tournant avec les années au citoyen.
Venise également, la Venise de la fin plus que tout, celle des Tiepolo et des Longhi ; les attire et les fascine ; l’une de leurs compositions les plus originales, dans le présent volume, est cet enterrement fantastique de Watteau imaginé par eux et placé en plein carnaval de Venise : c’est le triomphe de tous leurs goûts et de tous leurs caprices qu’ils ont mené avec une pompe folâtre dans cette suite de pages qu’il appartient au seul Théophile Gautier de bien analyser116, et qui à nous, simples littérateurs, nous donnent un peu le vertige.
Ce titre de lieutenant appartient à Lœwendal et à d’autres généraux plus solides que ne l’était ce rejeton des Condé.
Un des traits les plus marquants de la poésie de Jasmin, et qu’il partage avec la famille de poëtes à laquelle il appartient, c’est cette gaieté native, cette gentillesse de pinceau, cette allégresse de tour qui s’accommode si bien d’un patois accentué et pittoresque.
Sous ce titre, le spirituel écrivain a réuni une dizaine de portraits littéraires dont les originaux appartiennent plus ou moins au genre dans lequel il les a classés : il débute par Villon, mais il saute vite à des auteurs d’une époque plus rapprochée.
Sauf Eugénie et Mathilde, les romans de Mme de Souza appartiennent au dix-huitième siècle vu de l’Empire.
C’était pourtant ce drame purement larmoyant qui se justifiait le plus aisément, et à qui l’avenir appartenait.
L’Histoire de la Révolution d’Angleterre 827, l’Histoire de la Civilisation en Europe, l’Histoire de la Civilisation en France, ces grandes œuvres froides et fortes, sont la démonstration, impartiale et scientifique eu apparence, systématique et passionnée au fond, de ces deux vérités : qu’une royauté même légitime n’a pas de droits contre les représentants de la nation ; et que le gouvernement doit appartenir aux classes moyennes qui ont la richesse et les lumières, qui, par intérêt et par capacité, assureront la prospérité du corps social.
La forêt de piliers et d’arcades où nichèrent Quasimodo, ce hibou, et la Esmeralda, cette mésange, la grande maison de Dieu et du peuple où priaient les foules ingénues et violentes, où se déroulaient la fête des Rois et la fête des Fous, appartient au silence, à la solitude, au passé.
Mais presque toujours, au moment décisif, au moment où d’autres ne s’appartiennent plus, tout à coup il s’aperçoit qu’il se regarde faire, qu’il est moins acteur que spectateur.
Rousseau l’ont provoquée, quoique par son style Jean-Jacques n’appartienne aucunement à la famille d’écrivains dont il fut le précurseur.
« Il est écrit dans la loi de nature, remarque l’auteur, que de deux personnes qui s’aiment, soit d’amour, soit d’amitié, il y en a toujours une qui doit donner de son cœur plus que l’autre, qui doit y mettre plus du sien. » Les sympathies mystérieuses qui continuent, après la naissance, d’enchaîner ces deux êtres appartiennent à une physiologie obscure que l’auteur a sentie et devinée sans s’y trop enfoncer ; les superstitions populaires s’y mêlent sans invraisemblance.
Quand il revoit Mme de Warens, à son retour de Turin, il est logé quelque temps chez elle, et de la chambre qu’on lui donne il voit des jardins et découvre la campagne : « C’était depuis Bossey (lieu où il avait été mis en pension dans son enfance), c’était la première fois, dit-il, que j’avais du vert devant mes fenêtres. » Il avait été bien indifférent jusque-là à la littérature française d’avoir ou de n’avoir pas du vert sous les yeux ; c’était à Rousseau qu’il appartenait de l’en faire apercevoir.
Capitaine, il ne m’appartient pas de le juger ; mais, si j’ai bien compris les observations que Napoléon a faites sur les campagnes de Frédéric, et les simples récits de Frédéric lui-même, il me semble que ce n’était pas un guerrier avant tout.
Florian allait volontiers, chaque été, passer quelques semaines d’un agrément toujours nouveau dans une habitation magnifique et délicieuse, qui appartenait à Mme de La Briche, belle-sœur de Mme d’Houdetot et belle-mère de M. le comte Molé, et que nous-même, dans son extrême vieillesse, nous avons eu l’honneur d’y voir encore.
« Qui ne me voudra savoir gré, dit-il, de l’ordre, de la douce et muette tranquillité qui a accompagné ma conduite, au moins ne peut-il me priver de la part qui m’en appartient par le titre de ma bonne fortune. » Et il est inépuisable à peindre en expressions vives et légères ce genre de services effectifs et insensibles qu’il croit avoir rendus, bien supérieurs à des actes plus bruyants et plus glorieux : « Ces actions-là ont bien plus de grâce qui échappent de la main de l’ouvrier nonchalamment et sans bruit, et que quelque honnête homme choisit après, et relève de l’ombre pour les pousser en lumière à cause d’elles-mêmes. » Ainsi la fortune servit à souhait Montaigne, et, même dans sa gestion publique, en des conjonctures si difficiles, il n’eut point à démentir sa maxime et sa devise, ni à trop sortir du train de vie qu’il s’était tracé : « Pour moi, je loue une vie glissante, sombre et muette. » Il arriva au terme de sa magistrature, à peu près satisfait de lui-même, ayant fait ce qu’il s’était promis, et en ayant beaucoup plus fait qu’il n’en avait promis aux autres.
Si j’osais revenir, à propos de ces contes d’enfants, à la grosse querelle des anciens et des modernes, je dirais que Perrault a fourni là un argument contre lui-même, car ce fonds d’imagination merveilleuse et enfantine appartient nécessairement à un âge ancien et très antérieur ; on n’inventerait plus aujourd’hui de ces choses, si elles n’avaient été imaginées dès longtemps ; elles n’auraient pas cours, si elles n’avaient été accueillies et crues bien avant nous.
Et en même temps Mlle Anne-Marie de La Trémoille, par sa mère, était presque bourgeoise, une bourgeoise de Paris ; sa mère, Aubry de son nom, appartenait à une ancienne famille de robe et de finances.
Passy, il me paraît impossible que cette pièce, qui est de 1662, c’est-à-dire postérieure aux premières Satires que Boileau avait déjà composées à cette date, lui appartienne réellement ; elle est d’un faire tout différent du sien, plate et de la plus mauvaise école.
Ce léger sacrifice, fait à propos et sans effort, apaisa les encyclopédistes, avec qui Barthélemy n’était pas toujours bien parce qu’il ne leur appartenait pas.
Dans les instructions à M. de Schomberg, ambassadeur en Allemagne, dans les lettres écrites au nom du roi à M. de Béthune, ambassadeur en Italie, il ne cesse de revendiquer cette gloire et presque cette fonction qui appartient de droit à la France comme étant le cœur de tous les États chrétiens.
De retour au pays natal, plein de doctrine, et d’une imagination riante où brillait la pudeur, d’une figure attrayante et d’un regard où se lisait la tendresse et la beauté de son âme, il faisait la joie de ses parents et « contraignait même ceux qui ne lui appartenaient en rien de l’aimer ».
Après le dîner, la princesse s’est absorbée dans le travail de la tapisserie : un moyen pour elle, au milieu des grands événements, de s’absenter de son salon, de s’appartenir.
Je suis trop heureux que mon meilleur ouvrage appartienne à un homme qui en connoisse le prix.
On a trouvé depuis la premiere édition de cet ouvrage plusieurs autres peintures antiques dans la vigne Farnese sur le mont Palatin, mais monsieur le duc de Parme à qui elle appartient, ne les a point fait encore graver.
De semblables jugements n’ont donc pas pour fonction d’attribuer aux choses une valeur qui leur appartienne, mais seulement d’affirmer des états déterminés du sujet.
C’est ainsi qu’il s’amuse à épouvanter ceux qui s’aventurent dans son domaine d’obscurité car la nuit appartient au guinné et il interdit l’ombre comme d’autres interdisent l’espace.
À la première se rattachent les Symbolistes, les Romans, les Anarchistes, les Magiques, les Magnifiques ; à la seconde appartiennent les Décadents et les Socialistes.
Sans initiative par elle-même, sans idée qui lui appartienne, elle ne change rien à ce courant qui l’entraîne.
Jamais dans les annales de l’histoire et dans celles bien plus variées du cœur humain, on n’avait vu deux êtres si bien faits pour s’appartenir.
À mon sens, très humble, mais très convaincu, philosophiquement ou plutôt théologiquement, ce que de Maistre a exprimé dans tous ses livres est absolument vrai, et, littérairement, c’est absolument beau, — et d’une beauté à lui, qui n’imite et ne rappelle personne…·Ce livre-ci n’ajoute rien à cette Immensité, mais n’en diminue rien non plus, il devait être publié (tout ce qu’une pareille plume a tracé appartient au monde), et il l’a été avec intelligence.
L’introduction d’aujourd’hui devait — croyait-on — raviver l’intérêt expirant d’un livre qui peut bien continuer son effet désastreux sur les classes ignorantes, mais qui l’a épuisé sur les classes éclairées, et qui ne compte plus que comme un roman déjà lu… Les procédés critiques de Renan sont à présent connus, et dans cette introduction il n’ajoute rien à ces procédés, qui même ne lui appartiennent pas.
Selon moi, — je l’ai dit, mais j’insiste parce que la cause est grave et que le poète condamné de La Chanson des Gueux vaut la peine qu’on insiste, — toutes les qualités de sa poésie, qui n’est pas que truande et féroce, acharnée, archiloquienne, mais souvent d’une tendresse et d’une compassion infinies (voir, entre autres, Le Chemin creux, les Pleurs de l’arsouille et surtout le Grand-père sans enfants), appartiennent à son âme, et les défauts de cette poésie à son temps et au malheur qui l’a fait naître au xixe siècle.
Mais je prétends que les éléments qui peuvent se comparer, la bourgeoisie parisienne et la bourgeoisie provinciale, la noblesse qui habite la province et celle qui habite Paris n’appartiennent certainement pas à des états de civilisation différents, comme on serait tenté de le croire d’après notre littérature.
Encore l’auteur fausse le fait, en l’attribuant à la sensibilité, quand il appartient à entendement.
Ses talents, ses vertus, et jusqu’à ses défauts, tout, pour ainsi dire, nous appartient.
Elles commenceront le chant ; et il vous appartiendra de répondre : Hymen, ô dieu de l’hyménée !
Ainsi dominé, jusque dans sa fougue, le talent appartient moins à l’art qu’à la politique et demeure un symptôme du temps plutôt qu’une distinction originale.
Tel est l’excellence du genre à jamais fixé par le docte peintre que Boileau nomma si justement le contemplateur ; ce titre appartenait à l’homme clairvoyant dont le regard ne laissa jamais les vices passer impunément devant lui, et qui fut doué de ce coup d’œil qui pénètre ce qu’il y a de moins apparent dans les travers sociaux. […] Cette méthode ne m’appartient pas autant qu’à l’ordre même de l’analyse qu’exigeait la littérature pour cesser d’être arbitraire et confuse. […] Cette recherche n’appartient-elle pas à l’Histoire de l’art, et notre analyse de toutes les espèces de comique serait-elle complète si nous omettions celle-ci ? […] Les cinq premières conditions de la comédie que nous avons analysées dans la précédente leçon appartiennent à toutes les espèces de drames : aussi les avons-nous traitées, moins dans leur essence antérieurement examinée, que dans leurs modifications relatives au genre que nous examinons aujourd’hui. […] Concluons que l’application du ridicule est plus complète chez Molière que chez Plaute, et qu’en ceci l’excellence appartient à l’imitateur.
Horace et Anacréon vivront d’une gloire égale par ce charme exquis, par cette urbanité attique (si ces deux mots peuvent être rapprochés) qui leur appartiennent en propre et dont, seuls en français et à de longs intervalles, Ronsard, la Pléiade, Fénelon et parfois Chénier ont su leur ravir le secret. […] Rubio y Ors espère que les vers auxquels nous faisons allusion, sont tous datés du temps où il portait la houppelande universitaire ; il établit, en outre, que plus d’une pièce de ce genre, qu’on lui attribue, appartient à d’autres poètes moins connus, et que l’esprit mercantile les a seul fait passer pour siennes. […] Non certes, Frédéric Mistral est Français, et si sa gloire appartient à la France, c’est pour la France un devoir de la constater. […] Ces Roumestan-là qui n’appartiennent peut-être point tous aux Droites, comme le héros d’Alphonse Daudet, le romancier a pu leur emprunter des traits, des gestes, des manières, formant un affreux dossier. […] Cette victoire, plus difficile et plus glorieuse aussi, en Provence, c’est aux comiques qu’elle doit appartenir un jour.
Mais, en revanche, comme je l’ai dit, les trouvailles sublimes sont très souvent, sont le plus souvent, choses qui n’appartiennent pas au premier jet et qui ont été rencontrées par Hugo revenant sur son poème et s’inspirant de lui. […] Il n’appartenait à aucun parti et entendait bien n’appartenir jamais qu’à celui qui se serait formé autour de lui. […] Du reste, elle ne parlerait pas de son uniforme qu’on entendrait bien à quelle corporation elle appartient, sur des pensées comme celles-ci : « Pour qu’une vérité me prenne, il faut que par le plus de points possible elle échappe à toute démonstration. […] Les réponses furent unanimes : — L’œuf appartient à la catégorie des aliments albumineux. […] Les nations fortes sont celles où les citoyens n’ont pas besoin d’argent et n’en gagnent, n’en font, que pour que leur nation soit forte, ou forte l’association dont ils font partie, le groupement auquel ils appartiennent, etc.
Il appartient à la vie d’en dessous ; il va passer dans les plantes de pierre qui n’ont pas de couleur, dans les bêtes lentes qui sont sans forme et sans yeux. […] « Dostoïevsky appartenait à la catégorie de ces êtres dont Michelet a dit que, tout en étant les plus forts mâles, ils ont beaucoup de la nature féminine. […] Ce roman appartient à l’heureuse veine qui a déjà donné à M. […] Il lui appartiendra le jour où elle sera assez instruite pour en tirer profit et assez sage pour n’en jamais abuser. […] Michelet est avant tout, lui aussi, un homme de sincérité qui a puisé dans son cœur et qui appartient à tous ; passionné, ardent, il a dû se tromper quelquefois ; toujours il a été de bonne foi.
La philologie latine et hellénique n’appartient à personne en particulier, date de Rome et d’Athènes. […] Émile Ollivier n’y était pour rien ; la faute appartenait au ministre des Affaires étrangères, ou à l’Empereur : pourquoi l’avait-il endossée ? […] Non : cette vue des événements et des hommes appartient à l’histoire ; elle a eu des conséquences réelles et elle est le testament d’une pensée qui fut active et, vaille que vaille, efficace. […] Quand il appartenait à l’opposition, ne proclamait-il pas la nécessité d’ôter à « la volonté solitaire et omnipotente de l’Empereur » la conduite de la diplomatie ? […] Bazaine appartient à la fatalité.
Il oubliait de payer son terme, il déjeunait dans les crémeries ; mais il portait en épingle certain rubis qui avait appartenu, disait-il, au Grand Mogol et qui se cassa en tombant sur le marbre d’une cheminée. […] Et, en effet, ce « home » lui appartient ; et non seulement le cabinet de travail, mais la maison, et non seulement la maison, mais le jardin, et d’autres jardins, et une autre maisonnette. […] Elle appartient à l’humanité moyenne. […] Ce roman, par sa conception et par son style, appartient à la convention, et pourtant il est sincère. […] De même, il affirme qu’il appartint à Monsieur comme écuyer ; et l’Almanach royal qui énumère tous les écuyers oublie de le citer sur la liste.
Et à qui donc, mieux qu’aux auteurs de La Fille Élisa et de Germinie Lacerteux, appartenait-il de nous révéler que l’auteur de l’Iliade n’a jamais peint au monde que des souffrances physiques ? […] Dans son romantisme, il n’y a à bien prendre qu’une chose qui lui appartienne en propre : la sensualité, une sensualité raffinée et d’autant plus excitante, qui n’est pas là seulement pour chatouiller et gagner la clientèle, mais qui s’épand aussi, je crois, par quelque vice de l’encéphale. […] Jacques Madeleine avec Un couple M. d’Argis avec Sodome, et M. de Souillac, avec Zé Boïm, pourraient bien appartenir à la même école d’indécence et de préciosité. […] Les écrivains que voici n’appartiennent, je crois, à aucune école bien déterminée. […] Marius Topin, que leurs œuvres appartiennent si bien aux pays décrits par eux qu’ils semblent traduits de la langue même de ces pays.
Maxime Du Camp, plus jeune que Musset d’une douzaine d’années, a écrit dans ses Souvenirs littéraires : « La génération artiste et littéraire qui m’a précédé, celle à laquelle j’ai appartenu, ont eu une jeunesse d’une tristesse lamentable, tristesse sans cause comme sans objet, tristesse abstraite, inhérente à l’être ou à l’époque. » Les jeunes gens étaient hantés par l’idée du suicide. […] pourquoi ne pourrais-je vivre entre vous deux et vous rendre heureux sans appartenir ni à l’un ni à l’autre ? […] Par le fond, elle appartient à une race disparue d’adolescents au cœur jeune, qui ne craignaient pas de laisser trembler une larme au bord de leur paupière. […] Depuis deux ans, sans que jamais peut-être vous ayez su mon existence, vous n’êtes pas sortie ou rentrée, votre ombre tremblante et légère n’a pas paru derrière vos rideaux, vous n’avez pas ouvert votre fenêtre, vous n’avez pas remué dans l’air, que je ne fusse là, que je ne vous aie vue ; je ne pouvais approcher de vous, mais votre beauté, grâce à Dieu, m’appartenait comme le soleil à tous ; je la cherchais, je la respirais, je vivais de l’ombre de votre vie. […] Cœlio était la bonne partie de moi-même ; elle est remontée au ciel avec lui… Ce tombeau m’appartient : c’est moi qu’ils ont étendu sous cette froide pierre ; c’est pour moi qu’ils avaient aiguisé leurs épées, c’est moi qu’ils ont tué. » S’étant dit ces choses sur le mal qu’il se faisait à lui-même, Musset prenait son chapeau et retournait aux « bruyants repas », aux « longs soupers à l’ombre des forêts ».
C’était un aï ou paresseux à trois doigts ; il appartenait à un naturaliste qui, voulant le tuer pour conserver sa peau, avait eu recours au curare. […] Enfin l’élément musculaire a de même des conditions de vie et de mort qui n’appartiennent qu’à lui. […] Comme expérimentateur, j’évite donc les systèmes philosophiques, mais je ne saurais pour cela repousser cet esprit philosophique qui, sans être nulle part, est partout, et qui, sans appartenir à aucun système, doit régner non seulement sur toutes les sciences, mais sur toutes les connaissances humaines. […] La philosophie, en agitant la masse inépuisable des questions non résolues, stimule et entretient ce mouvement salutaire dans les sciences, car, dans le sens restreint où je considère ici la philosophie, l’indéterminé seul lui appartient, le déterminé retombant nécessairement dans le domaine scientifique. […] En analysant avec soin tous les phénomènes vitaux dont l’explication appartient aux forces physiques et chimiques, nous refoulerons le vitalisme dans un domaine plus circonscrit et dès lors plus facile à déterminer.
Sa famille est ancienne, connue, honorée, noble, plus que noble, car elle appartient à la magistrature héréditaire. […] Dès que nous ne nous sentons pas absolument unus ex omnibus , dès que nous appartenons à quelque chose, nous souhaitons que ce à quoi nous appartenons ait des privilèges. […] Il n’est homme, si démocrate qu’il prétende être, qui ne soit fier d’appartenir à une famille d’honnêtes gens ; il n’est personne qui ne tienne compte à un homme d’être d’une bonne famille. […] Il appartient bien au temps qui n’a pas aimé les Grecs. […] Que ce fût Directoire, Consulat ou Cent-Jours, Constant s’y installait, était de la maison, et puis tranquillement déroulait son programme de politique libérale, qui, lui, ne changeait jamais, n’appartenait qu’à son auteur et n’avait rien de domestique.
Non, jamais je ne fus aussi absent de la vie réelle, pour appartenir si complètement à la fiction, — sauf cependant une autre fois, la fois, où plus petit encore, j’avais lu, échoué dans une vieille bergère de la chambre à four de Breuvannes, j’avais lu Robinson Crusoé, que mon père avait acheté pour moi, à un colporteur de la campagne. […] Ces monstres à bec d’oiseau, qui ont l’air d’appartenir à une période d’êtres plésiosauriques, ces sphinx en forme de cynocéphales, ces éléphants à l’aspect d’énormes colimaçons, ces griffons qui semblent les féroces paraphes d’un calligraphe géant en délire ! […] Mais alors bientôt sur un roman qui prendra à partie la corporation des huissiers, l’auteur sera poursuivi sur la demande du ministre de la Justice ; sur un roman qui prendra à partie les attachés d’ambassade, l’auteur sera poursuivi à la demande du ministère des Affaires Étrangères ; sur un roman qui prendra à partie les maîtres d’école, l’auteur sera poursuivi à la demande du ministre de l’Instruction publique, etc., et ce sera ainsi pour tout roman, mettant à nu les canailleries d’un corps, car tous les corps de l’État appartiennent à un ministère.
… L’essentiel est qu’on ne montre pas à la génération à laquelle on appartient ce que René Ghil définissait « instrumentalement », dans un vers que j’ai compris : Le désespoir muet de la main vide d’œuvre. […] Soudain, féeriquement vêtu d’une chlamyde : ayant appartenu à M. […] D’ailleurs j’ai la singulière manie de croire que toutes les valeurs humaines, à quelque ordre de la société qu’elles appartiennent, sont — ou plutôt devraient être — équivalentes.
Un phénomène déterminé dans l’espace et dans le temps, voilà ce qui n’a de nom préétabli dans aucune langue ; on le nomme par définition, en accouplant des noms généraux ; mais il a un signe plus immédiat que sa définition : le rôle et un des caractères du signe appartiennent en effet à celui des éléments constitutifs de l’idée phénoménale qui sert le mieux à réveiller le souvenir de l’ensemble, et qui, une fois revenu à la conscience avec ses concomitants, se détache avec le plus de vivacité ; en d’autres termes, le signe naturel d’un phénomène, c’est son élément le plus important et le plus distinct. […] Dans la vie psychique purement intérieure, le nom de signe appartient à l’image la plus forte et la plus distincte d’un groupe donné, que cette image soit ou non matériellement réalisable. […] Revenons maintenant à la fonction du signe ; nous allons voir que cette fonction semble appartenir, en droit, à tous les états de conscience, sans condition d’intensité ; aussi doit-on se demander pourquoi, en fait, le sens commun ne reconnaît comme signes que les états les plus forts.
Elle appartient sans doute à la théologie ; mais la théologie en examine d’autres aussi, de moins excentriques à la vie présente, et si je puis ainsi parler, de plus effectives. […] Une autre part du cartésianisme n’appartient pas à Descartes : on remarquera que c’en est précisément aux yeux de Bossuet la meilleure, celle que Descartes, élevé jadis par les jésuites de la Flèche, doit lui-même aux Anselme ou aux Augustin. […] De même donc que les rois sont rois pour faire régner entre les hommes, par des moyens dont le choix et l’application n’appartiennent qu’à eux, la justice, la paix, et la prospérité ; de même, Dieu, par des voies qui nous sont cachées, conduit le monde à des fins également dignes de sa justice, de sa puissance, et de sa bonté. […] C’est donc qu’il n’appartient pas aux religions de régler la morale ou la politique, mais au contraire, à la politique ou à la morale de rectifier ou d’épurer les religions. […] Puisque Bayle a exercé une grande influence, l’histoire est tenue d’en rendre compte, et puisqu’il a exercé cette influence par ses idées, il appartient à la critique d’en préciser la nature.
… Rien n’appartient à rien, tout appartient à tous. […] Il y a un fond d’idées qui appartient à tout le monde. […] ) Voici les excellents conseils que donne Rondelet sur le mécanisme de l’antithèse : « A quelque genre qu’appartienne une composition, qu’elle ressorte du familier ou du sublime, il n’en est pas moins absolument certain que personne jamais, dans la conversation véritable, ne s’est exprimé ainsi, et n’a cherché ou réussi à atteindre ce degré exact de précision ou de sobriété. […] Il n’est pas même besoin d’appartenir à cette famille d’esprit hors ligne pour rencontrer soi-même, à l’occasion, ces petits bonheurs de style ; ils nous viennent parfois même dans le dialogue le plus abandonné, et à plus forte raison, lorsque, la plume à la main, nous tendons fortement tous les ressorts de notre esprit. […] Tant de qualités n’y sont attribuées à Valstein que parce qu’elles avaient jadis appartenu à Catilina et à d’autres.
Il nous semble que si, par ses audaces et ses rajeunissements de langage, par son culte de la forme retrouvée, Leopardi appartient à l’école des novateurs, il était du moins le classique par excellence entre les romantiques. […] Le caractère technique et la qualité des vers de Leopardi seraient à déterminer : il emploie assez volontiers, mais non pas du tout exclusivement, ni même le plus habituellement, les sciolti : à quelle école appartiennent les siens ?
Permets, ma chère Eugénie, que je n’en dise pas davantage jusqu’à ce qu’il se soit un peu débrouillé et que je sois rentrée dans mon état ordinaire, supposé que j’y puisse rentrer. » En extrayant ces simples paroles, je ne puis m’empêcher de remarquer que je les emprunte précisément à l’exemplaire des Lettres Neuchâteloises qui a appartenu à Mme de Montolieu, et je songe au contraste de ce ton parfaitement uni et réel avec le genre romanesque, d’ailleurs fort touchant, de Caroline de Lichtfield. […] Pour l’entière exactitude bibliographique, je dois dire que le titre de Caliste ou Lettres écrites de Lausanne n’appartient qu’aux éditions postérieures à la première : celle-ci s’intitulait simplement au premier volume Lettres écrites de Lausanne, et au second Caliste ou Suite des Lettres, etc. ; les deux titres se sont bientôt confondus.
Naudé appartient essentiellement à cette race de sceptiques et académiques d’alors, dont on ne sait s’ils sont plus doctes ou plus penseurs, étudiant tout, doutant de tout entre eux, que Descartes est venu ruiner en établissant d’autorité une philosophie spiritualiste, croyante dans une certaine mesure, et capable de supporter le grand jour devant la religion226 . […] Naudé n’appartient en rien à cette école de publicistes déjà émancipée au xvie siècle, et qui deviendra la philosophique et la libérale dans les âges suivants.
Ils ne servent qu’à l’habileté, qu’à la prudence, qu’à toutes ces qualités mondaines dont le type est dans les animaux, quoique le perfectionnement en appartienne à l’homme. […] Ce sentiment n’appartient-il pas à la véritable fermeté du caractère ?
. — Bien mieux, les coulisses de sa vie appartiennent au public. […] Ils appartiennent à cette société où, avant d’admirer tout à fait un grand général, on demandait « s’il était aimable ».
Il alla lui-même à Naples assister aux plaidoiries ; ses avocats réclamaient pour lui, des princes d’Avellino, la moitié du palais Gambacorti, qui avait appartenu à sa mère Porcia, et qu’il avait habité lui-même pendant son enfance. […] repris-je… Il sourit et détourna la tête pour me donner à entendre, je crois, que la première lui appartenait.
Il était de ceux encore dont Pope, l’un des plus beaux esprits et des plus sensibles, disait : “Pour moi, j’appartiens à cette classe dont Sénèque a dit : ‘Ils sont si amis de l’ombre, qu’ils considèrent comme étant dans le tourbillon tout ce qui est dans la lumière.’” […] « C’est à Virgile qu’il appartient de chanter les rivages d’Actium chers au soleil, et les flottes victorieuses de César ; il va naître quelque chose de plus grand que l’Iliade. » « Properce se trompait ; une légende nationale en très beaux vers ne pouvait jamais égaler ni l’Iliade ni l’Odyssée, nées d’elles-mêmes dans l’âge de foi et par l’organe du dieu des poètes. — L’Énéide était l’ouvrage de l’art, — Homère était la nature. » XVII Ici, mon cher Sainte-Beuve, vous nous racontez la mort prématurée de Virgile, qui succombe à cinquante-deux ans à Brindes, en revenant de Grèce, où il était allé perfectionner l’Énéide, et sa tombe à Naples, au pied du Pausilippe, et en face du plus beau et du plus doux paysage de la Campanie.
Mais c’est à la musique seule qu’appartient, spécialement, le pouvoir de révéler le sens intime et philosophique des symboles religieux. […] Le Ménestrel (15 mars) : Deux critiques : 1° Arthur Pougin : J’affirme que Wagner, musicien admirable (« incomparable génie symphonique » « génie véritablement merveilleux ») n’avait le sens du théâtre ni comme musicien ni comme poète, que le livret des Maîtres Chanteurs qui m’occupent aujourd’hui est d’une niaiserie enfantine… [Le système wagnérien] Si c’est là de la logique, si c’est là de la vérité, c’est que j’ai perdu le sens de la valeur des mots… 2°Camille Benoit : Il s’agit d’un artiste extraordinaire, dont le nom est de ceux qui dominent un siècle, dont les œuvres sont exclusivement théâtrales, et qui déjà, entré dans le suprême repos, appartient à l’impartiale postérité… L’article de M.
Il est vrai que, par un privilège qui n’appartient qu’aux têtes couronnées, l’extrait de naissance de mademoiselle Mars se retrouve dans Y Almanach royal ; on a tiré le canon, le jour de sa naissance39. […] La langue qu’il parle est si retenue en ses plus vifs emportements, elle a quelque chose de si réservé, même quand elle ose le plus, elle est si bien le langage de la meilleure compagnie, même quand elle passe par la bouche de Frontin ou de Lisette, qu’il est impossible, aux femmes les plus sévères, de ne pas écouter, malgré elles, et même assez volontiers, ces beaux discours fleuris, à rencontre des choses du cœur, ces folles dissertations d’amour, cette éloquence enivrante qui appartient beaucoup plus aux sens et à l’esprit qu’elle ne vient de l’âme.
Je ferai remarquer en passant que, si les plus petites ouvrières s’étaient trouvées plus utiles à la communauté que les grandes, et qu’en conséquence il y ait eu une sélection constante des communautés dont les mâles et les femelles étaient doués d’une tendance marquée à multiplier de plus en plus les premières et de moins en moins les secondes, jusqu’à ce que toutes les ouvrières appartinssent à la petite caste, il en serait résulté une espèce de Fourmi dont les neutres eussent présenté la plus grande analogie avec celle des Myrmica ; les ouvrières de cette espèce n’ayant pas même d’yeux rudimentaires, quoique les mâles et les femelles fécondes aient des yeux simples bien développés. […] Le professeur Heer n’en a pas compté moins de cinquante espèces dans les seuls gisements de Radoboj et d’Œningen, dont quarante appartiennent au genre actuel des Fourmis, et neuf au genre Ponera, une seule étant d’un genre éteint.
À M. l’abbé de Canaye, de l’Académie royale des inscriptions et belles-lettres Recevez, mon cher ami, ce fruit de nos conversations philosophiques, qui vous appartient comme à moi. […] C’est surtout dans les gens de lettres, c’est même uniquement parmi eux que ces hommes se rencontrent : c’est aux personnes seules de l’art qu’il est réservé d’apprécier les vraies beautés d’un ouvrage, et le degré de difficulté vaincue ; s’il appartient aux grands d’en porter un jugement sain, ce n’est qu’autant qu’ils seront eux-mêmes gens de lettres dans toute la rigueur Rarement un simple amateur raisonnera de l’art avec autant de lumières, je ne dis pas qu’un artiste habile, mais qu’un artiste médiocre.
L’historien, en effet, ne s’appartient plus. […] À quelque famille d’idées ou à quelque parti qu’on appartienne, si on respecte un peu en soi le sens critique, on conviendra, sans peine et sans exagération d’aucune sorte, que Granier de Cassagnac est un des premiers écrivains de ce temps.
Il n’y a que les choses qui appartiennent au talent relatif, discutable, faillible, avec ses nuances, ses finesses, ses rétorsions, ses complications, — savantes, si on veut, mais qui ne sont pas, après tout, la grande et incontestable force ; — il n’y a que ces choses qui soient vraiment d’une interprétation difficile et qui aient besoin de l’habileté profonde et exercée d’un traducteur. […] L’idée n’en appartenait pas plus que celle de beaucoup de ses drames, à Shakespeare.
Dans la discussion au sujet du marc d’argent qu’on imposait pour condition aux éligibles, et que Roederer eût trouvé plus juste d’imposer aux électeurs, M. de Talleyrand lui écrivait : « Vos réflexions, monsieur, sont excellentes ; elles appartiennent à un homme qui médite avec l’esprit le plus et le mieux philosophique. » Après l’Assemblée constituante, Roederer nommé par le collège électoral de la Seine procureur général syndic de ce département se trouva, comme administrateur, à même de sentir la faiblesse de l’instrument que l’autorité avait en main contre l’anarchie ou plutôt contre la démocratie organisée.
Dans tous les cas, il a passé le but, il a été déclamateur ; et, en faisant montre de ses défauts à son tour, il nous a seulement prouvé combien la famille d’esprits à laquelle il appartient est en tout l’opposé de celle de Gibbon.
Ce génie, qu’il n’appartenait point à la critique de créer, a manqué à l’appel ; des talents se sont présentés en second ordre et ont marché assez au hasard.
Le fils, qui appartient à Cambridge, est le plus aimable jeune homme, et la fille aussi tout à fait en accord avec le reste de la famille.
Tu n’as point de somptueux atours ; tu n’as pas besoin, comme la Nuit, de relever des traits ordinaires par des grappes de diamants : une étoile ou deux luisant sur ton front te suffisent, sans compter que la lune t’appartient non moins qu’à elle, une lune modeste, non étalée d’en haut avec faste, mais attachée pourtant dans sa pleine rondeur à un pli de sa ceinture de pourpre.
Le président Hénault n’appartenait point au parti, et semblait même avoir donné des gages au parti contraire34.
Il entrera dans mes sentiments, je n’en doute pas, et retouchera cinq ou six endroits essentiels… Balzac, en écrivant ainsi à la date du 16 juin (1653), était bien naïf : dès le 12 du même mois le livre était achevé d’imprimer, et il appartenait désormais à la galerie du Palais : il était trop tard.
. — Les originaux de ces lettres appartiennent aux héritiers de M.
Il appartient, dès le principe, à la réaction aristocratique et à la fois patriotique contre le règne et le régime de Louis XIV.
S’il appartient au xixe siècle d’être plus heureux, et de la ressusciter par un suprême effort, ce n’est point ici ce qui m’occupe ; j’ai seulement à montrer ce qu’était devenue une Chartreuse à la fin du xviiie siècle, bien différente de celle que Fontanes célébrait vers le même temps en des vers mélancoliques, pour l’avoir vue vaguement du côté du jardin et au clair de lune.
Jal qui a eu la patience de compulser tous les registres de la ville, de Paris, et qui y a gagné d’être mieux informé que personne sur ces points de naissance, de mort ou de mariage, pour tous les personnages dont la vie appartient et se rattache par quelque acte authentique à la capitale.
» Et sur son La Bruyère, on lisait : « Ce livre appartient en 1804 à la comtesse d’Albany, et elle y fait les notes d’après ses observations sur ce monde où elle a trop vécu, à l’âge de cinquante et un ans, après avoir perdu tout ce qui l’attachait à cette malheureuse vie. » Que j’aimerais à avoir sous les yeux et à étudier de près cet exemplaire-là !
Mais l’histoire de ce qui se passa en Piémont depuis la fin de l’année 1693 jusqu’à la signature du traité, dans l’été de 1696, appartient moins encore à la biographie de Catinat qu’à celle de Tessé : c’est sur ce dernier que le principal de l’affaire semble rouler désormais, et la diplomatie prime la guerre.
Le grand mal qui a été fait est l’œuvre de tous, sauf les crimes, qui appartiennent à quelques-uns.
Les Robert de La Mennais appartenaient à l’ancienne bourgeoisie de Saint-Malo.
Il ne nous appartient pas de lui assigner une place parmi les talents de cet âge ; on aime mieux d’ailleurs la goûter en elle-même que la comparer.
Soumet et Guiraud appartiennent purement à cette phase de notre poésie, et en représentent, dans une espèce de mesure moyenne, les mérites passagers et les inconvénients.
C’est pour cela que l’homme qui peut traduire sa pensée par des sons et des mesures prend possession de nous ; nous lui appartenons et il nous maîtrise ; nous ne lui donnons pas simplement la partie raisonnante de notre être ; nous sommes à lui, esprit, coeur et corps ; ses sentiments descendent dans nos nerfs ; quand l’âme est neuve, par exemple chez les peuples jeunes et les barbares, il est puissant comme un prophète ; Eschyle202 renvoyait ses spectateurs « tout agités par la furie de la guerre. » Et nous aujourd’hui si âgés, si lassés, si dégoûtés de toute pensée et de tout style, nous recevons de lui une sensation unique qui nous reporte dans l’étonnement et la fraîcheur des premiers jours.
Le technique tend donc à être rejeté hors de la littérature, qui aura pour objets principaux la peinture des mœurs et la règle des mœurs ; l’une appartiendra surtout à la poésie, et, par l’autre, la philosophie et la théologie resteront des genres littéraires.
Aujourd’hui, celui qui vit sur un sol qui lui appartient est le plus libre des hommes, est vraiment roi dans son domaine.
Cela lui appartient, cela est de son domaine au même titre que le dilettantisme ou le cosmopolitisme.
Des œuvres que seuls quelques délicats pleinement pénètrent, et pour qui seuls elles sont écrites, n’appartiennent pas plus à cet art populaire et en plein air du théâtre, que les Dialogues philosophiques.
Des œuvres que seuls quelques délicats pleinement pénètrent, et pour qui seuls elles sont écrites n’appartiennent pas plus à cet art populaire et en plein air du théâtre, que les Dialogues philosophiques.
Il y a quelque chose que nous savons reconnaître dans les applications les plus diverses ; quelque chose qui appartint ou même degré à Galilée, à Pascal, à Michel-Ange, à Molière ; quelque chose qui fait la sublimité du poète, la profondeur du philosophe, la fascination de l’orateur, la divination du savant.
Cela revient à dire qu’une chose peut appartenir à un ordre inférieur, mais être plus parfaite que telle antre appartenant à un ordre supérieur.
Vous l’admireriez, s’il ne vous appartenait pas.
Barnave, dès qu’il y vit jour, fit donc serment « de relever la caste à laquelle il appartenait (c’est son expression) de l’état d’humiliation auquel elle semblait condamnée ».
En proie à ses idées fixes, Rousseau, à cette date, ne s’appartenait plus.
Turgot écrivait à Condorcet : « Je plains cette pauvre Mme Geoffrin de sentir cet esclavage, et d’avoir ses derniers moments empoisonnés par sa vilaine fille. » Mme Geoffrin ne s’appartenait plus ; même en revenant à elle, elle sentit qu’il lui fallait choisir entre sa fille et ses amis, et le sang l’emporta : « Ma fille, disait-elle en souriant, est comme Godefroy de Bouillon, elle a voulu défendre mon tombeau contre les Infidèles. » Elle faisait passer sous main à ces mêmes Infidèles ses amitiés et ses regrets ; elle leur envoyait des cadeaux.
Il se retrouve homme de lettres sur ce point : entre deux ridicules, selon lui, et deux inconvénients, il choisit le moindre, et, pour le coup, il dirait volontiers comme cet autre de ma connaissance : « J’ai, pour un homme de lettres, le malheur d’appartenir à une nation qui n’est jamais plus fière que quand elle a un pompon sur la tête, et qu’elle obéit au mot d’ordre d’un caporal. » Son bourgeois de Paris nous est présenté par lui comme ayant éprouvé aux affaires du mois de juin (1832) un double accident : « il a gagné une extinction de voix et la croix d’honneur, deux malheurs dans la vie d’un homme raisonnable, qui craint également la médecine et le ridicule ».
Saint-Simon n’appartient point à cette école française, discrète, imitatrice, esclave de la ville ou de la Cour, et qui, avant de lâcher une expression, s’informe si c’est convenable et usité.
Il est le premier grand écrivain en date qui appartienne décidément à la moderne société démocratique.
Le duc de Lauzun, d’ailleurs, a laissé des Mémoires, et par là il appartient de droit à la littérature.
Ce livre de Bonald appartenait à cette littérature française du temps du Directoire et extérieure à la France, qui se signala par de mémorables écrits et des protestations élevées contre les productions du dedans : cette littérature extérieure produisait de son côté, à Neuchâtel en Suisse, les Considérations de Joseph de Maistre sur la Révolution française, 1796 ; à Constance, le livre de Bonald ; à Hambourg, la Correspondance politique de Mallet du Pan en cette même année 1796, et Le Spectateur du Nord, brillamment rédigé par Rivarol, l’abbé de Pradt, l’abbé Louis, etc. ; à Londres, l’Essai sur les révolutions de Chateaubriand, 1797.
J’ai parlé de Rollin, et ce nom revient à propos ici ; car il me semble que cet homme de bien, que Montesquieu a appelé « l’abeille de la France », appartenait aussi à cette classe d’esprits modérés, humbles, je dirais presque un peu bas quand ils étaient livrés à eux-mêmes, et qui, pour avoir toute leur valeur, avaient besoin d’être doublés et soutenus de l’Antiquité.
Retz appartient à cette grande et forte génération d’avant Louis XIV, dont étaient plus ou moins, à quelques années près, La Rochefoucauld, Molière, Pascal lui-même, génération que le régime de Richelieu avait trouvée trop jeune pour la réduire, qui se releva ou se leva le lendemain de la mort du ministre, et se signala dans la pensée et dans le langage (quand l’action lui fit défaut) par un jet libre et hardi, dont se déshabituèrent trop les hommes distingués sortis du long régime de Louis XIV.
Sa famille appartenait au petit commerce de Paris et se composait d’honnêtes marchands.
Ce jeune roi a ainsi de ces préceptes d’une lenteur préméditée et plus sûre, qui semblent appartenir à Philippe de Commynes et qui sont bien de l’élève de Mazarin.
Né vingt-cinq ans avant Goethe, Grimm appartenait à cette génération antérieure au grand réveil de la littérature allemande, et qui essayait de se modeler sur le goût des anciens, ou des modernes classiques de France et d’Angleterre.
Necker semblait également leur avoir communiqué et qui se liait au précédent, c’était de respecter très fort et de proclamer très haut les droits de l’humanité, d’estimer peut-être le genre humain en masse au-dessus de sa juste valeur, et à la fois de ne point accorder toujours aux individus avec qui il était en rapport le juste degré d’estime qui pouvait leur appartenir.
Il appartenait à cette classe élevée de la bourgeoisie qui avait trop bien su s’accommoder de l’Ancien Régime pour lui en vouloir beaucoup.
C’est pour cela que le sens le plus profond appartient en poésie au mot le plus simple ; mais cette simplicité du langage ému n’empêche nullement la richesse et la complexité infinie de la pensée qui s’y condense.
Il est étudiant en lettres à Saint-Pétersbourg, car tous ces êtres débilités appartiennent à l’élite intellectuelle ; il est également de l’élite morale.
La rêverie, qui accepte volontiers les songes pour se proposer des énigmes, pouvait se demander à quels hommes avaient appartenu ces tibias de trois toises de haut.
Le moment est venu peut-être d’apprécier librement cette conception, qui déjà appartient à l’histoire, et que l’on a trop abaissée, après en avoir trop espéré.
X Je l’ai déjà dit une première, fois, à propos des Horizons prochains, la femme qui écrivait ces choses où l’amour de Dieu s’élevait déjà à une passion inconnue, à tant d’âmes qui croient l’aimer pourtant, appartient de toute éternité, à nous autres catholiques, qui avons la vraie religion de l’amour !
Par un contraste inexplicable, il a choisi Hegel, le triste Hegel et son monstrueux prosaïsme, — Hegel l’antipoète, l’antechrist de toute poésie, qui a osé écrire que « la nature n’est rien en soi, qu’il n’y a rien de réel en elle que le mouvement de l’idée », et qui, répliquant à Kant préoccupé d’un soleil central pour les étoiles que l’astronomie devait un jour découvrir, ne craignit pas de répondre : « Il n’y a point de raison dans les rapports des étoiles entre elles ; elles appartiennent à la répulsion formelle.
Mais le temps est venu, enfin, d’ôter les Saints des mains des cuistres, et de les restituer au génie à qui ils appartiennent, de par leur incomparable beauté.
On me dit : « Vous avez fait voir des Israélites d’exception, nouvellement venus parmi nous ou bien grands intellectuels », et l’on me donne à lire la correspondance du capitaine Raoul Bloch, tué le 12 mai 1916 devant Verdun, qui appartenait au monde des affaires.
Comparant, ainsi que nous en avons le droit, l’humanité à l’homme, nous voyons que les nations primitives, ainsi que Virginie, ne conçoivent pas la caricature et n’ont pas de comédies (les livres sacrés, à quelques nations qu’ils appartiennent, ne rient jamais), et que, s’avançant peu à peu vers les pics nébuleux de l’intelligence, ou se penchant sur les fournaises ténébreuses de la métaphysique, les nations se mettent à rire diaboliquement du rire de Melmoth ; et, enfin, que si dans ces mêmes nations ultra-civilisées, une intelligence, poussée par une ambition supérieure, veut franchir les limites de l’orgueil mondain et s’élancer hardiment vers la poésie pure, dans cette poésie, limpide et profonde comme la nature, le rire fera défaut comme dans l’âme du Sage.
À moi n’appartient pas des gants Monsieur le comte, Je suis simple fille des champs, À moi n’appartient pas des gants. […] Ces pauvres ménages vivent des maigres revenus de rares feddans, pêle-mêle avec les bestiaux qui leur appartiennent. […] Je ne m’appartiens plus. » Avec la naissance de cette fille, la petite Laure, le livre de M. […] Maurice Spronck appartient à l’école de la critique scientifique où, dès ses débuts, il prend à la suite de M. […] Il veut bien, selon une image qui lui appartient, mettre un peu de jour dans la forêt enchantée sans cesse accrue avec les âges.
C’est possible ; il est possible que l’histoire, même des débuts d’une période ne soit réalisable qu’avec un recul plus grand, et peut-être n’appartient-il pas à ceux qui posèrent les prémisses de tirer la conclusion. […] Un être fantomatique et irresponsable accomplit une vengeance d’artiste sur une jeune femme passablement innocente mais qui appartient à un mari criminel et peut-être excusable parce que passionnel. […] Comme date (il est inutile de le redire), Villiers de l’Isle-Adam appartint et fréquenta au groupe dit le Parnasse contemporain ; dans une explication plus large que celle qui enferme cette dénomination de groupe sur quelques personnalités qui défendent encore, attardés, les vieux rythmes de la poésie romantique, les Parnassiens de ce temps étaient, en somme, des novateurs sinon de fait, du moins de goût. […] Son Rainouart est un Sarrasin pris tout jeune ; il appartient au roi Louis (le Débonnaire) et végète dans un coin des cuisines, toujours bâfrant, toujours saoul, l’air vacant, les mains inoccupées, servant de plastron à la foule des marmitons sans avoir l’air de s’en soucier. […] Il y a des artistes évidemment qui les tirent de livres déjà publiés ; mais ceux-ci appartiendraient à une autre catégorie que les grands artistes, ce seraient des manières d’érudits, des vulgarisateurs doués pour l’exposition verbalement rafraîchie de choses connues, nature d’esprits en somme peu nécessaire ; mais les vrais artistes, les trouveurs, se développent surtout grâce à leur sensibilité au contact des choses.
L’on n’a pas lu la pièce, sans remarquer que le sujet et l’intrigue appartiennent à Beltrame. […] Ce vers, si l’acteur qui le débite n’a pas une chevelure, qui au moins ait l’air de lui appartenir, ce vers, dis-je, devient une inconvenance de la plus grande absurdité. […] Je le crois bien ; dès qu’un acteur, une actrice sont applaudis dans un rôle, ils disent fièrement : ce rôle m’appartient : et malheur à quiconque voudrait toucher à cette prétendue propriété ! […] Les deux vieillards de cette pièce sont tantôt des pères Cassandre, tantôt des pères Grime : les Cassandre, bêtes par excellence, appartiennent exclusivement à la parade ; les Grime, faibles, crédules, impatients, colères, se rapprochent de la bonne comédie, et servent à contraster avec les Pères nobles. […] Convenons, en terminant cet article, que la principale gloire de l’ouvrage appartient à Corneille, mais disons aussi que Molière, déjà honoré par le choix qu’il avait fait de ce grand homme, lui abandonna la palme sans la moindre jalousie.
La meilleure part de son temps appartenait à celle qu’il aimait. […] Les pédagogues ont beau multiplier les homélies ; toutes les prédications qui appartiennent au genre fastidieux des sermons en dehors ne servent de rien. […] On sait que, dans ces pays, les premiers rôles semblent appartenir aux généraux et aux avocats. […] Kumé, candidat, se lève au dessert et développe son programme, dont voici l’article essentiel, imprimé en lettres rutilantes sur ses affiches électorales : « Le peu que j’ai de cœur rouge appartient à la patrie ! […] Car nous avons le bonheur ou (si l’on veut) le malheur d’appartenir au sexe qui se croit le plus fort.
Je n’en veux à âme qui vive, je ne jalouse personne, je n’aspire à aucune position, je ne sers aucun intérêt, je ne relève d’aucune coterie mais j’appartiens à une rude maîtresse, la vérité et comme je vais droit devant moi et que chacun lui tourne volontiers le dos, je cours le risque de renverser, ou tout au moins de heurter bien des gens dans mes courses à fond de train à travers la critique. […] Paulin Limayrac appartient, je ne dirai pas à la littérature sérieuse, mais à celle qui garde son sérieux. […] Il faut bien que l’Académie représente le génie, l’esprit ou le goût des lettres françaises, s’il nous est démontré par M. de Pontmartin que George Sand appartienne à « la mauvaise littérature ». […] Il est vrai que ce tout n’appartient pas à l’auteur du Demi-Monde, jugez plutôt !
Elles nous appartenaient bien véritablement, puisque nous les avions inventées comme eux et que nous ne nous savions pas de devanciers. […] Il a pris de son père la vénération de son titre, la foi parfaite au droit divin des nobles, la persuasion enracinée que les charges et le gouvernement leur appartiennent de naissance comme au roi et sous le roi, la ferme croyance que les ducs et pairs sont médiateurs entre le prince et la nation, et, par-dessus tout, l’âpre volonté de se maintenir debout et entier dans « ce long règne de vile bourgeoisie ». […] Il les accouple : le croît appartient au propriétaire. […] Chaque grande famille possède, exploite et loue des tisserands, des ciseleurs, des brodeurs, des peintres, des architectes, des médecins, des précepteurs, qui lui appartiennent. […] Il appartient au chef qui lui donne le plus d’argent et le plus de licence.
Quand on s’interroge soi-même sur l’impression produite par un livre de Renan, à moins d’appartenir aux petites Églises qui ont l’anathème facile, on ne fait pas œuvre de critique, on est comme un dévot qui fait son examen de conscience, et qui découvre en lui, avec tremblement, des doutes et des faiblesses. […] Une épopée est d’autant plus parfaite qu’elle correspond mieux à toute l’humanité, et pourtant, après la plus parfaite épopée, le thème est encore nouveau et peut prêter à d’infinies variations, selon le caractère individuel du poète, son siècle ou la nation à laquelle il appartient. […] Les personnes qui appartiennent aux classes élevées n’ont plus la foi, ou agissent, dans la plupart des cas, comme si elles l’avaient entièrement perdue. […] Il ne s’appartient pas, et suscite des colères s’il essaie de recouvrer sa liberté, s’il ne se donne pas corps et âme à chacun de ses contemporains. […] Mais il y apporte son humeur particulière et un langage qui n’appartient qu’à lui.
De telles chutes dépassent si prodigieusement les fautes, qu’à Dieu seul il appartient de les juger. […] Sauf deux ou trois personnes, tous les invités appartenaient au Corps législatif. […] Elle ne m’appartenait plus. […] La gloire n’est pas pour eux cette fois encore ; elle appartient à cette poignée de soldats, à moitié nus et sans pain, que leur million d’hommes, emmitouflés et gorgés de notre substance, ont mis près d’une demi-année à vaincre ! […] * Je désire qu’aucune députation des corps ou des compagnies auxquels j’ai eu l’honneur d’appartenir, qu’aucune escorte militaire ne soient appelées à accompagner mon convoi funèbre, qu’aucun discours ne soit prononcé sur ma tombe.
Binet et Passy étudiant le mode de travail d’Alphonse Daudet, en résument ainsi les principaux traits : une masse énorme de notes recueillies sans but au jour le jour représente les matériaux avec lesquels l’œuvre d’art se construira ; le moment de la construction, il n’appartient à personne, semble-t-il, de le fixer. […] Il n’y a rien en nous qui nous appartienne absolument et ne soit, à quelque degré, social. […] S’il n’y a rien en nous qui nous appartienne exclusivement, il n’y a rien non plus qui jusqu’à un certain point, ne nous appartienne à nous seuls. […] C’est souvent l’évolution particulière d’un des éléments de l’œuvre qui vient troubler l’évolution de l’ensemble auquel il appartient ; elle en détruit l’harmonie jusqu’au moment où l’équilibre se rétablit par la continuation de l’évolution nouvelle et l’élimination des premiers éléments qui ne peuvent y trouver leur place.
Ils ont une estime demesurée de leur art ; et posant d’abord en principe, que le chef-d’oeuvre de l’esprit leur appartient, ils ne sont plus en peine que de sçavoir à quel genre de poësie il faut le fixer. […] C’est un bonheur pour moi d’y avoir réflechi, car je ne le compte pas pour un mérite : c’est toûjours quelque chose d’étranger à nous qui fait naître nos réflexions ; et rien ne nous en appartient que d’essayer de les mettre à profit. […] Peut-être n’appartient-il qu’à un grand génie de s’égarer à ce point ; un génie médiocre est trop timide pour aller jusques-là. […] Il n’appartient qu’à l’art de rassembler toutes les circonstances nécessaires à son dessein par un grand nombre de suppositions qu’il lui plaît d’appeller vraisemblables, ne pouvant les appeller vrayes. […] Il ne m’appartient pas d’apprecier les agrémens ni les difficultés des autres : or en convenant que le goût des vers est naturel à tous les peuples ; ce que je crois vrai, puisque les vers sont nés du chant et que l’on a chanté par tout ; il faut convenir aussi que les différens peuples ne se sont pas rencontrés dans les regles qu’ils s’y sont prescrites ; quelques-uns même se sont passé des vers, et n’ont fait consister la poësie que dans la magnificence et l’audace des figures.
Elégante demi-mondaine, elle appartenait à la classe aisée et presque bourgeoise de la galanterie. […] Celui-là appartient à un temps où, dans l’atelier de l’artiste, Mallarmé rencontrait la jeune femme d’alors dont le nom reste lié aux noms illustres du peintre d’Olympia et du poète d’Hérodiade. […] Il y avait dans la chambre un grand fauteuil de rotin, une « boutaque », comme on dit en Créolie, où il me fit asseoir, et qui avait appartenu, prétendait-il, au bailli de Suffren.
Tout dans cette femme lui appartient ; corps et pensée sont à lui. […] Je pense qu’il ne suffira pas de leur réciter les supplications de Ronsard aux bûcherons de la forêt de Gâtine : Écoute, bûcheron, arrête un peu le bras… Ce bruit des haches qui faisait couler la sève et saigner le cœur du poète les réjouit au contraire ; si d’entières provinces leur appartenaient, ils les tondraient volontiers. […] Mais il serait un peu socialiste de demander qu’on le fasse pour toutes les forêts qui appartiennent à des particuliers.
Il dédaigne tout le connu, ou l’ignore ; sa collection n’est que de pièces rares et même uniques, mais qu’il n’a pas le souci de mettre sous clef, car elles lui appartiennent tellement qu’un larron les déroberait vainement. […] couvert d’une gloire qui n’appartient qu’à Dieu, tu m’as en partie consolé, mais ma raison chancelante s’abîme devant tant de grandeur… Replie tes blanches ailes et ne regarde pas en haut avec des paupières inquiètes… » Le crapaud s’assit sur les cuisses de derrière (qui ressemblent tant à celles de l’homme) et, pendant que les limaces, les cloportes et les limaçons s’enfuyaient à la vue de leur ennemi mortel, prit la parole en ces termes : « Maldoror, écoute-moi. […] Cette pleine conscience de soi-même peut s’appeler l’originalité de l’âme, — et tout cela n’est dit que pour signaler le groupe d’êtres rares auquel appartient M.
Celle-là n’a jamais craint d’escalader les hauteurs difficiles de la religion ; le ciel lui appartient, comme l’enfer, comme la guerre, comme l’Olympe, comme la volupté. […] Je veux parler de la grimace naturelle et professionnelle qui appartient à chacun. […] Troyon, et qui peuvent trouver singulier de ne pas obtenir tout ce qui leur est dû, quand celui-ci prend beaucoup plus que ce qui lui appartient.
La seule vérité historique que je tiens à marquerk, c’est que les deux frères appartiennent à des familles d’hommes politiques toutes différentes et même opposées, l’un étant de ceux qui vont au fond des objets et aspirent à un but réel et constant, l’autre de ceux qui s’en tiennent en tout aux expédients, et s’inspirent uniquement de la circonstance.
Mme de Tracy, il faut l’expliquer pour tous en peu de mots, était Anglaise de naissance, née à Stockport en 1789 ; elle s’appelait Sarah Newton, et appartenait à la famille de cet homme de génie, le plus grand qu’ait produit la science.
Lanfrey, d’appartenir à l’espèce humaine, lorsqu’on songe à ce qu’elle fait de l’enseignement de ses plus glorieuses intelligences. » M.
Le corps auquel il appartenait guerroya, puis séjourna dans les Flandres et dans le Brabant ; le jeune soldat en sut profiter pour visiter les riches galeries de peinture dont la Belgique est remplie, et sa vocation allait se diriger tout entière de ce côté.
Il se devait à lui-même de l’essayer, et il l’essaya ; ce n’est pas a nous qu’il appartient de dire quels mérités encore de vérité et de ressemblance conservent et continuent d’offrir ces tableaux composés en Italie, même quand il n’y aurait pas atteint tout le caractère qu’on y cherche.
Viollet-Le-Duc, est certes conforme à l’idée qu’on en doit prendre, et rentre bien aussi dans le programme qu’avait tracé Virgile lui-même dans le beau temps : « D’autres sauront demander à l’airain ou au marbre de mieux exprimer la vie ; d’autres seront plus éloquents aux harangues, ou excelleront à décrire les astres et à embrasser du compas les révolutions des cieux ; mais à toi, Romain, il appartient de régir le monde et de gouverner les peuples : ce sont là tes arts, à toi… » Tel était aussi le Romain en architecture, dans cet art qui faisait comme partie intégrante de son administration et de son établissement politique en tout lieu ; tel il se montra dans la construction de son Panthéon, de ses thermes, de ses aqueducs, de ses amphithéâtres et de son gigantesque Colisée, dans tout ce qu’il n’empruntait pas directement des Grecs, se souciant bien plus du grandiose et de l’imposant que du fin et du délicat ; mais aussi, en ce genre d’installation souveraine, de glorification conquérante et historique, quand il lui arriva d’y réussir, il eut son originalité sans pareille et il y mit la marque insigne de son génie.
Cette scène offre le parfait exemple de ces vers à double compartiment qui sont de l’essence de la tragédie, mais qui appartiennent plus particulièrement à la forme de Corneille : « Es-tu si las de vivre ?
pour le groupe montagnard auquel il appartint, de faire en lui la part de l’exaltation et celle de l’honnêteté ; car Jean-Bon, pour parler sans rhétorique, m’a semblé, malgré ses erreurs, malgré son emportement révolutionnaire, constituer un bon Français et, en définitive, ce qu’on peut appeler un brave homme dans sa nature foncière, dans son intime et dernière forme.
Certes, tu n’es pas fait pour manquer d’aucune, ni de rien de ce qui appartient à une âme forte et supérieure : ne te laisse donc pas entraîner par l’excès même du courage vers le but où mènerait aussi le désespoir. » D’après tous ces passages, on voit que s’il y a quelque emphase, elle est rachetée aussitôt par bien des mérites, par des délicatesses infinies dépensées, et que la Romaine en Mme Roland n’a pas absolument la roideur du bas-relief ; elle est touchante, elle est Française encore, elle est femme, et c’est par l’ensemble de ces qualités réunies que les quatre Lettres retrouvées restent, toutes critiques faites, une acquisition hors de prix pour la littérature.
Il appartiendrait au comte Vitzthum, dans une seconde édition de son livre, de prendre cette accusation corps à corps, et de n’en rien laisser debout24.
Mais je laisse là ces questions, qui appartiennent au plus subtil du Code de commerce ; je ne sais jusqu’à quel point la légalité s’en accommodera ; les tribunaux, mis en demeure de prononcer dans quelques cas, paraissent jusqu’ici peu y condescendre, et les vieux juges, ouvrant de grands yeux, n’y entendent rien du tout.
Scribe, dans le genre qui lui appartient et qu’il augmente, de s’en être tiré avec tant d’honneur.
Ampère, il ne m’appartient pas de raconter en détail la diversité et la multiplicité des influences, ou, pour mieux dire, des aimantations successives que reçut ce noble esprit avant d’arriver à sa formation entière et à sa constitution actuelle.
En le perdant la Montagne perdait son sommet. » Ôtez de là la conception des journées de septembre qui appartient au hasard ou à la commune, vous aurez le vrai Danton, un Mirabeau du peuple !
Les terres qui lui appartenaient, respectées par les ennemis, devenaient un refuge pour les paysans du voisinage qui, à l’approche des gens de guerre, y couraient avec leurs familles et tout ce qu’ils pouvaient emporter.
L’idée d’appliquer la poésie française au récit des faits historiques germa de divers côtés : surtout en Angleterre, où la présence d’une langue vaincue, vile et méprisée, comme le peuple qui la parlait, conférait au français un peu de cette noblesse qui chez nous appartenait seulement au latin.
Mais à prendre les choses en gros, je dirai que le xie siècle appartient à l’épopée.
La dernière édition complète de ses œuvres contient plus de 10 000 lettres, dont les trois quarts appartiennent aux vingt-cinq dernières années de sa vie.
Ces plaisirs sont dans la nature de l’ame, indépendamment des sens, parce qu’ils appartiennent à tout être qui pense ; & il est fort indifférent d’examiner ici si notre ame a ces plaisirs comme substance unie avec le corps, ou comme séparée du corps, parce qu’elle les a toûjours & qu’ils sont les objets du goût : ainsi nous ne distinguerons point ici les plaisirs qui viennent à l’ame de sa nature, d’avec ceux qui lui viennent de son union avec le corps ; nous appellerons tout cela plaisirs naturels, que nous distinguerons des plaisirs acquis que l’ame se fait par de certaines liaisons avec les plaisirs naturels ; & de la même maniere & par la même raison, nous distinguerons le goût naturel & le goût acquis.
Je défierais le critique le plus exercé, s’il ne sait pas l’endroit de mémoire, de reconnaître à qui appartient une pensée exprimée en perfection.
En économie en effet, l’intérêt de l’individu se confond dans une certaine mesure avec l’intérêt des autres individus qui appartiennent à la même classe sociale que lui, qu’il s’agisse de la classe des patrons ou de la classe des salariés.
., où se délectèrent nos féaux, appartiennent dans l’éternité au bienheureux MITROPHANE CRAPOUSSIN dont la collaboration, à visage ouvert, nous est acquise désormais.
Pour dire vrai, ce n’est pas à eux seuls qu’appartient l’avenir et que la Poésie devra ses prochaines destinées.
Puis, par un côté inférieur, auquel on songerait à peine, on appartiendrait à telle ou telle profession.
Des figures laides, bestiales, grimaçantes, s’éclaircissent, s’embellissent peu à peu ; des êtres sinistres deviennent gais, expansifs, polis même ; « enfin, dit madame Gros, ils ont un charme original et un cachet qui n’appartient qu’à eux ».
Je ne veux pas la détailler ; il me suffira de dire qu’en fixant pour combien de temps une œuvre appartient à l’auteur et à ses héritiers, au bout de quelle durée elle tombe dans le domaine collectif, elles ont permis aux écrivains de prendre dans le monde la situation confortable et nouvelle pour eux de propriétaires ; qu’elles leur ont fourni l’occasion et les moyens de s’organiser en corporation, de former des associations nationales et internationales ; bref qu’elles ont contribué puissamment à régulariser le métier littéraire avec ce que ce mot implique de bon et de mauvais : d’une part, l’indépendance de l’homme qui vit de son travail et ne relève que du public ; d’autre part, la littérature industrielle fabriquant à la vapeur des romans ou des pièces comme on fabrique des robes de soie ou des bas de laine.
C’est alors une lutte très vive contre les hérétiques, contre les incrédules ; et jusqu’au xvie siècle la victoire appartient à l’Église.
Mes collègues ont été d’avis qu’il ne leur appartenait pas d’entrer, même indirectement, dans un débat qui n’est pas de leur compétence, le Syndicat ayant été institué pour défendre les intérêts généraux de la presse parisienne.
Le quatrième acte appartient à M. de Sainte-Agathe.
que le sage Huet avait raison quand il démontrait presque géométriquement quelle vanité et quelle extravagance c’est de croire qu’il y a une réputation qui nous appartienne après notre mort !
Moins âgé de vingt-quatre ans que La Bruyère et de dix-sept ans que Fénelon, de six ans plus âgé que Saint-Simon, il appartient à cette génération d’écrivains qui étaient faits pour honorer l’époque suivante, et dont les débuts consolèrent le grand règne au déclin.
L’abbé Galiani est une des figures les plus vives, les plus originales et les plus gaies du xviiie siècle ; il a écrit bon nombre de ses ouvrages en français ; il appartient à notre littérature autant qu’aucun étranger naturalisé chez nous, presque autant qu’Hamilton lui-même.
À Camille appartient l’honneur d’avoir dit le premier dans le groupe des oppresseurs, des terroristes, et en s’en séparant : Non, la Liberté…, ce n’est point une nymphe de l’Opéra, ce n’est point un bonnet rouge, une chemise sale et des haillons.
Membre de l’ordre de la noblesse, et ayant cru devoir suivre les premières démarches du corps auquel il appartenait, il ne rencontra Mirabeau à l’Assemblée qu’après la réunion des trois ordres.
M. de Maistre avait juste quarante ans : il quitta un pays qui, réuni violemment à la France, n’appartenait plus à son souverain.
La Harpe, qui n’est pas à beaucoup près au premier rang de ce groupe de critiques-poètes, mais qui y appartient à quelque degré, a partagé cet honneur et cet inconvénient.
Mais, dans un article sur les obsèques de Sautelet (16 mai), Carrel lui-même ne disait-il pas, en voulant expliquer l’âme douloureuse de son ami : La génération à laquelle appartenait notre malheureux ami n’a point connu les douleurs ni l’éclat des grandes convulsions politiques… Mais, à la suite de ces orages qui ne peuvent se rencontrer que de loin à loin, notre génération a été, plus qu’une autre, en butte aux difficultés de la vie individuelle, aux troubles et aux catastrophes domestiques… Et pourquoi, s’il en était ainsi de cette génération, pourquoi interdire à la sensibilité particulière et sincère son expression la plus naturelle et la plus innocente qui est la poésie lyrique, consolation et charme de celui qui souffre et qui chante, et qui ne se tue pas ?
Le duc de Bouillon, cet aîné de Turenne, et à qui Cosnac avait, comme on disait, l’honneur d’appartenir par quelque alliance, l’en dissuada, et lui conseilla de s’attacher au prince de Conti, qui pensait alors à être d’Église et cardinal, « comme étant le seul prince ecclésiastique qui pût faire la fortune d’un abbé de qualité ».
Dans ce voyage de Russie, toutefois, il trouva moyen encore de rendre sa position fausse en se faisant appeler le Chevalier de Saint-Pierre et en se donnant des armoiries de sa façon : bien souvent, quand il était présenté à quelque personnage de marque, on lui demandait s’il appartenait à la noble famille de Saint-Pierre qui était alors très en vue à Versailles ; il était obligé de répondre non, et il en souffrait.
Mais celui-ci, s’empresse-t-il d’ajouter de Voltaire, le plus grand coloriste qui fut jamais, le plus agréable et le plus séduisant, a sa manière propre qui n’appartient qu’à lui, qu’il a seul la magie de faire passer, quoiqu’il emploie toujours la même à tant de sujets divers lorsqu’ils en demanderaient une autre.
Bastian ajoute ensuite que « l’attention et la volition appartiennent l’une et l’autre à la catégorie des sensations actives », expression étrange, qui montre comment on est obligé de rétablir d’un côté l’activité qu’on nie de l’autre.
L’image des « cercles concentriques » proposée par le critique suisse appartient à ce même paradigme psychosocial.
Le for intérieur de l’homme appartient à Shakespeare.
Il y a dans leur essence cette quantité d’éternité qui appartient aux chefs-d’œuvre, et qui fait que Trimalcion vit, tandis que M.
Elles trouvent sous leur plume des tours et des expressions qui souvent en nous ne sont l’effet que d’un long travail et d’une pénible recherche ; elles sont heureuses dans le choix des termes, qu’elles placent si juste, que tout connus qu’ils sont, ils ont le charme de la nouveauté, semblent être faits seulement pour l’usage où elles les mettent ; il n’appartient qu’à elles de faire lire dans un seul mot tout un sentiment, et de rendre délicatement une pensée qui est délicate ; elles ont un enchaînement de discours inimitable, qui se suit naturellement, et qui n’est lié que par le sens.
., n’appartiennent plus à notre génération, surtout à cause de leur notoriété qui les place hors pair25.
L’érudition ou l’historique plus ou moins étendu appartient à tous.
Il s’est décoré, — non pas publiquement, il est lâche, — mais auprès de quelques niais, d’un nom qu’il a volé et d’une réputation qui appartient légitimement à un autre : Il laisse entendre qu’il fait la critique dramatique du Figaro , sous le pseudonyme de Jouvin.
Au reste, on peut dire, sous le seul point de vue historique, que le caractère de l’universalité appartient à la langue française, dès l’origine, et que c’est le coin dont elle fut frappée, sans doute dès l’instant de sa formation.
Écoutez-le : « La Révolution n’appartient pas plus au peuple qu’à la philosophie.
Cette caserne éclatante qui s’appelle Rome, a-t-elle un instant sérieux de grandeur intrinsèque et qui vraiment lui appartienne N’est-elle pas tombée, comme elle s’est élevée, — par miracle ?
Encore ne portent-elles que sur les rêves que nous connaissons aujourd’hui, sur ceux dont on se souvient et qui appartiennent plutôt au sommeil léger.
N’est-ce pas un fait que toutes nos sociétés occidentales supportent, plus ou moins docilement, une sorte de hiérarchie mondaine qui les divise en groupes plus ou moins distingués, considérés ou suspectés, et que la façon dont on y traite un individu dépend le plus souvent du groupe auquel, d’après son habit, ses manières ou son ton, on aura jugé qu’il appartenait ?
. — Qu’on ajoute, à cette augmentation de la vitesse des voyages, la réduction des prix qui l’accompagne, qu’on se représente que les communications s’universalisent en même temps qu’elles s’étendent, et que les masses populaires entrent à leur tour dans la circulation générale, on aura alors une idée du degré de mobilité inouïe qu’il appartenait à la civilisation occidentale de donner à l’humanité.
Quoique libéral, il n’appartenait pas au parti des agitateurs et des révolutionnaires, et ne s’occupait nullement de politique. […] Elle eut cette chance de n’avoir été contrariée ni dirigée par une famille qui comprît que l’on ne recommence pas une œuvre, si glorieuse soit-elle, et qu’il importe que l’œuvre appartienne à qui la crée. […] … Débraillé, pitre, roulant d’ordure en ordure, souteneur, sans doute, pochard certainement, et voleur au besoin, il appartenait à ce grand parti que Louis Veuillot, dans son ironie vengeresse, appelait : les Respectueux… C’était, aussi, un de ces personnages préhistoriques, une de ces formes zoologiques disparues qui vous parfait encore — avec quel verbeux enthousiasme ! […] … Au lieu d’interdire par à-coups et sans raison, des pièces d’une haute portée sociale, comme Ces Messieurs, de Georges Ancey (je cite Ces Messieurs, parce qu’on pourrait croire que je fais allusion aux Avariés), pourquoi ne serait-elle pas quelque chose comme un tribunal qui empêcherait qu’on portât la main sur nos grands écrivains, aux œuvres desquels on n’a pas le droit de toucher, précisément parce qu’elles appartiennent à tous ? […] La semaine qui commence appartient à Maurice Maeterlinck.
Et leur acte aura des conséquences nécessaires : mais il leur appartenait d’agir de telle ou telle sorte. […] Et il appartenait à cette lignée d’idéologues magnifiques et aventureux. […] Il appartient à quelque trois douzaines d’académies, voire à l’Académie française. […] Thiers et du maréchal de Mac-Mahon : il a vu naître les mots en iste et les mots en ard, — les uns respectueux, les autres méprisants, — qui désignent le parti auquel on appartient et le parti auquel on n’appartient pas. […] Mais, pour l’esprit, le refuge est une place dans la série humaine à laquelle on appartient.
C’est que Molière est, avec Shakespeare, le génie le plus humain, le plus cosmopolite, et ni l’un ni l’autre n’appartiennent à l’Allemagne. […] Le siècle suivant lui appartient tout entier en Allemagne. […] Molière et Bourdaloue ont vécu dans des milieux si différents, ils appartiennent à des ordres d’idées si dissemblables, que tout rapprochement entre eux ne saurait être qu’artificiel. […] Mais déjà elle appartenait depuis l’année dernière au Théâtre-Français, qui se l’était attachée par avance. […] Et, si vous ajoutez à cette physionomie un seul trait qui vous appartienne en propre, croyez que nous vous en tiendrons compte.
Là aussi les hommes se sentent heureux par comparaison, fiers d’appartenir à un grand peuple, désireux de l’agrandir encore : le patriotisme est une forme de l’instinct de lutte et non de l’instinct d’amour. […] Le christianisme est venu dire aux hommes : Tout en vous appartient à César, excepté votre conscience. […] Il avait un mysticisme vague, dont pouvaient s’accommoder et se réjouir toutes les âmes religieuses, à quelque culte qu’elles appartinssent, et qu’il promenait à travers l’histoire universelle, en y admirant partout l’empreinte de la main divine, quelque nom, du reste, que portât Dieu. […] Il nous appartient de le dire, cette voie était mauvaise ; elle a préparé la servitude. » Les révolutionnaires se sont donc trompés dans l’application, pour ainsi parler, de leur régime. […] Cette puissance de locomotion à travers les époques, voilà un trait qui n’appartient qu’à lui et le sépare profondément de la nature vivante. » — Assurément ; mais dès lors quoi donc ?
Elle appartient le plus souvent et le plus vite à ceux qui ont coutume de juger avec assurance et d’après des principes arrêtés. […] Il semble bien que, pour lui, ce qui fait la valeur d’une œuvre, ce n’est pas seulement le talent de l’écrivain, mais le genre aussi auquel elle appartient, et les genres supérieurs, c’est, je suppose, l’oraison funèbre, la tragédie, le roman idéaliste. […] C’est un, lieu commun, qu’un personnage de théâtre ou de roman doit, pour être vivant, avoir quelque chose de particulier qui n’appartienne qu’à lui et à son temps, et quelque chose de général qui appartienne à tous ceux de la même espèce dans tous les temps. […] Son premier mouvement est de la comparer aux « modèles » et, cependant qu’il se hâte de la juger, il oublie d’en jouir, de chercher quelle est enfin sa beauté particulière et si l’auteur, malgré les fautes et les partis pris, n’aurait point par hasard quelque originalité et quelque puissance, des impressions, une vue des choses qui lui appartienne et qui le distingue. […] Le dieu, c’est cet être mystérieux à qui appartient la mine et qui s’engraisse de la faim des mineurs ; c’est l’idole monstrueuse et invisible, accroupie quelque part, on ne sait où, comme un dieu Mithra dans son sanctuaire.
Camille de Sainte-Croix, dont plusieurs m’ont parlé, au cours de mon enquête, avec beaucoup d’estime et d’affection, appartient à la génération littéraire qui a bifurqué moitié vers le symbolisme, moitié vers le roman psychologique. […] L’avenir appartient aux pollutionnels ; les uns pollueront la bourgeoisie, les autres la plèbe ; il y aura des spécialistes pour spasme décent et titillation nationale. […] Il peut exister encore derrière lui des charmeurs dans le genre, mais l’action de la littérature sur les masses, je crois qu’elle n’appartient plus aux vers. […] — L’avenir appartiendra à celui ou à ceux qui auront saisi l’âme de la société moderne, qui, se dégageant des théories trop rigoureuses, consentiront à une acceptation plus logique, plus attendrie de la vie. […] Demain, plus encore qu’aujourd’hui, lui appartient.
« La belle Briséis, semblable à la belle Vénus, aperçoit, en sortant de la tente d’Agamemnon, le corps du bon Patrocle, son protecteur dans le temps qu’elle appartenait à Achille ; elle meurtrit son sein, elle ensanglante son cou délicat, son doux visage ; elle s’écrie en pleurant : Ô Patrocle ! […] il n’appartient qu’au guerrier jeune d’être couché sur la poussière, frappé dans le combat par le tranchant du fer.
La gloire de la journée lui sera justement contestée, la gloire de l’expédition lui appartiendra toujours. […] Elle s’appliquait même à faire naître chez eux un genre d’illusion auquel ils se prêtaient volontiers : c’est qu’au fond le général Bonaparte n’attendait qu’une occasion favorable pour rappeler les Bourbons et leur rendre un héritage qui leur appartenait.
Il est évident qu’un romancier peut consulter un livre semblable, y prendre même quelques noms, quelques anecdotes, sans être pour cela un plagiaire ; quand on écrit un roman historique, on est forcé de lire l’histoire, de mettre en scène des personnages dont beaucoup d’historiens ont parlé : on ne vole pas ces historiens pour cela, Richelieu n’appartient ni à un historien, ni à un romancier : Dumas a pu le peindre à sa fantaisie, l’habiller comme il a voulu, et aucun des biographes du cardinal-duc n’aurait eu l’idée de « lui réclamer des droits d’auteurs » Il en est exactement de même pour le roman populaire ; M. […] Zola défend depuis trois ans dans le Bien public, dans le Voltaire et dans le Messager de l’Europe ne lui sont, d’ailleurs, pas particulières ; ce sont celles que professe tout le groupe auquel il appartient ; probablement que M.
. — À Berlin, elles sont 70 000 femmes qui appartiennent à la prostitution, dont 50 000 sont inscrites à la police, et 20 000 font de la prostitution occulte. […] Toute leur cervelle, pendant le manger, appartient à la mastication et à la déglutition.
Est-ce que la réalité la plus haute n’appartient pas toujours aux sentiments capables de nous porter en avant, ne fût-ce qu’un seul instant, d’élever au-dessus de nos têtes ne fût-ce qu’un seul d’entre nous ? […] Au premier de ces trois plans appartiennent, — et c’est aussi leur place dans la vie, — les créatures très distinguées, exemplaires tout à fait réussis et par conséquent typiques de toute une espèce sociale.
L’évocation, d’ailleurs, n’est pas le privilège de la rime ; elle appartient aussi aux idées, elle appartient surtout au sentiment, à tout ce qui renferme en soi un monde, prêt à reparaître dès qu’on y projette un rayon Si le mot mis à la rime prend nécessairement du relief, par le seul effet de la place qu’il occupe, il ne s’ensuit pas que la richesse de la rime soit toujours nécessaire à ce relief.
* * * De ces généralités il ressort que l’esthétique n’appartient pas uniquement au domaine de la psychologie. […] On n’est jamais bon juge de sa propre doctrine ; il appartient aux descendants de la transformer et d’en marquer les points faibles.
Éblouissant, séduisant comme on peut le croire, et même très-souvent gai dans la conversation, il y portait toutefois par moments une vivacité de timbre et de ton, quelque chose de vibrante, comme disent les Italiens, et l’accent seul en montant aurait semblé usurper une supériorité « qui ne m’appartient pas plus qu’à tout autre », s’empressait-il bien vite de confesser avec grâce. […] Chaque jour les grands emplois faisaient entrer dans la noblesse des hommes, qui obtenaient ainsi une illustration marquée, sans devenir pourtant tout d’un coup les égaux des gentilshommes de race : « La noblesse est une semence précieuse que le souverain peut créer, mais son pouvoir ne s’étend pas plus loin ; c’est au temps et à l’opinion qu’il appartient de la féconder. » Suivent des détails de l’ancienne organisation locale. — Le roi de Sardaigne avait publié un célèbre édit du 19 décembre 1771, pour l’affranchissement des terres en Savoie et l’extinction des droits féodaux. […] « Tandis que ses lieutenants poursuivaient les troupes sardes, Montesquiou se porta à Chambéry le 28 septembre, et y fit son entrée triomphale, à la grande satisfaction des habitants, qui aimaient la liberté en vrais enfants des montagnes, et la France comme des hommes qui parlent la même langue, ont les mêmes mœurs et appartiennent au même bassin.
Sous Guillaume et sous Anne, amiraux, ministres, gentilshommes du conseil, favoris de l’antichambre, tous correspondent et conspirent avec les Stuarts qu’ils ont déjà vendus, sauf à les vendre encore, par une complication de marchés qui vont se détruisant l’un l’autre et par une complication de parjures qui vont se dépassant l’un l’autre jusqu’à ce que personne ne sache plus à qui il appartient ni qui il est. […] Vous trouveriez chez lui telle image qui semble appartenir aux plus beaux temps de la simplicité et de la majesté latines […] Elle appartient à ceux qui raconteront les affaires qu’ils ont conduites ; je ne puis qu’en marquer le ton et l’accent.
Chaque fois qu’il en trouve l’occasion, il ne manque pas de dire : « Voilà ce que faisait Boris, voilà ce qui lui plaisait », et Pierre et sa femme, et tous ceux qui leur appartiennent, vivent d’une vie uniforme, silencieuse, paisible. […] Il appartenait à l’une des terres de la baruinia, et longtemps il avait vécu là, à l’écart, dans sa petite isba. […] — Je ne sais s’il appartient au muet ou à quelque autre ; ce que je sais, c’est qu’à cause de lui je n’ai pu fermer l’œil.
Elle appartient au groupe des émotions, et, sous sa forme forte, c’est une commotion. […] Bernard a rapporté à la même cause l’action des nerfs vaso-dilatateurs Enfin, ce pouvoir d’arrêt n’appartient pas seulement à la moelle et au bulbe ; il existe dans le cerveau. […] Chez ceux qui n’appartiennent pas au type moteur, par conséquent les plus défavorables à notre thèse, il y a un état d’audition idéale ou de vision idéale : l’œil, quoique fermé, s’attache à des objets imaginaires.
Je n’ai point voulu parler des morts qui appartiennent à l’histoire ; je n’ai rien voulu dire ni des patriarches de la critique qui sont en possession d’un nom depuis longtemps consacré ni des novices qui ont à peine gagné leurs éperons. […] En même temps, le provincial devenu Parisien a risqué des mots qui n’appartiennent pas au langage académique. […] L’homme est le même dans tous les siècles et sous toutes les latitudes : il existe un fonds de sentiments et de pensées qui ne change pas, qui appartient à tout le monde, qui est le magasin commun où doivent puiser tous les écrivains. […] En vain s’efforce-t-il de s’évader de la France actuelle et de s’en éloigner autant que faire se peut par sa façon de penser ; il lui appartient encore par sa façon de sentir. […] « Élever une comédie sur des situations, c’est prétendre bâtir sur des figures géométriques sans aucune réalité ; la fonder sur des mœurs, c’est l’établir sur un sol qui n’a point de consistance ; à celui-là seulement qui par-delà les mœurs atteint le caractère, c’est-à-dire un exemplaire de l’humanité, il appartient de compter sur le respect du temps. » — Inutile de rien ajouter à cette profession de foi esthétique.
Ce que nous retiendrons, c’est que Racine appartient à une famille dont beaucoup de membres, avant et après lui, furent des personnes très passionnées et chez qui le sentiment religieux était très profond. […] Il n’y a pas un de ses ouvrages dont le sujet lui appartienne. […] Vous l’avez quitté il y a longtemps, laissez-le juge des choses qui lui appartiennent. […] Ni Hermione, ni Roxane, ni Phèdre n’ont matériellement péché ; et Ériphile a beau avoir été enlevée par Achille et s’être pâmée dans ses bras ensanglantés, elle ne lui a pas appartenu. […] La pudeur, justifiée ou non, que je me disposais à attribuer à Racine, appartiendrait donc à tout son siècle.
Aussitôt il s’élance, il court, il s’agite ; il commence à comprendre qu’il faut quelquefois prendre intérêt à la maison qu’on habite, quoiqu’elle ne nous appartienne pas. […] Si à un grave philosophe de l’antiquité, si même à un moraliste, si surtout à un sermonnaire on permet sans hésitation ni scrupule la peinture des vices, c’est que, par son caractère et par la secte à laquelle il appartient, par l’Eglise dont il est un organe, il ne peut pas être suspect d’un faible, même secret, pour les vices qu’il peint ni pour les vicieux qu’il représente, et il peut par exemple montrer les sots victimes des méchants, sans qu’on puisse, avec la plus mauvaise volonté du monde, croire surprendre chez lui plus de mépris pour les sots que d’animosité pour les fripons. […] Il s’intitulait citoyen de Genève, d’abord par sentiment aristocratique, à coup sûr, et pour rappeler qu’il appartenait à la classe aristocratique de Genève dont seuls les membres portaient ce titre ; mais aussi pour se distinguer des Français, qui eux étaient des sujets, et il faut observer le ton contempteur avec lequel il fait remarquer, dans une note du Contrat social, que les dictionnaires français ne savent même pas le sens du mot « citoyen ». […] Sans doute ces grands artistes du XVIIe siècle sont surtout de purs hommes de lettres, et l’on peut dire que si l’humanité leur appartient, ils appartiennent aussi à l’humanité. Mais encore est-il que Corneille a une manière de comprendre l’honneur qui est éminemment française et qui correspond exactement à l’état d’âme des gentilshommes du temps de Louis XIII ; que Racine a un idéal de l’amour féminin avec ses Andromaque, ses Monime, ses Iphigénie et même ses Phèdre, qui, non seulement est puisé au cœur même de la France, ce qui est peu discutable et peu discuté, mais qui est pour la faire aimer et préférer à tous les peuples ; que Boileau a ce patriotisme royaliste qui, en déguisant, un peu gauchement même, et je l’en aime, le conseil sous la louange, plaide auprès du roi les intérêts véritables de la nation ; que La Fontaine enfin, malgré sa nonchalance et son naïf égoïsme, a ses moments dë patriotisme même belliqueux, en écritures du moins, par où encore est-il que l’on voit à quel pays de l’Europe il appartient.
Cette dernière, je l’ai étudiée dans tous ses replis, dans ses ténèbres et ses contradictions, j’ai pénétré en elle, je m’y suis promenée, d’abord aveugle et craintive, puis je me suis enhardie ; repoussée et froissée, j’y suis revenue ; ce qui me rebutait d’abord m’est peu à peu devenu cher ; à force de l’explorer, ce domaine est devenu mien, il ne peut désormais appartenir à nulle que moi ; qui y pénétrera sera une étrangère sans patience qui se récriera et se plaindra. […] Mais quand cette vie est ouverte à tout venant à grands battants, que. toute une époque l’a animée et remplie, quand on a connu tout le monde de son siècle, on ne fait guère en écrivant ses mémoires, comme l’a fait Houssaye, qu’écrire ou compléter ceux des autres, rapporter à la statue de tel ou tel grand homme, à la statuette de telle ou telle célébrité d’un jour, un morceau tombé ou oublié qui lui appartient et qu’on déroberait si on le gardait pour soi. […] Vitu parvient à se faire entendre, malgré le bruit, et alors Houssaye, le visage rayonnant de joie, lui dit en se penchant et en s’essuyant le front : — Vous ne pouvez pas savoir, mon cher ami, la douceur qu’il y a à être chez soi, à être son propre propriétaire et à pouvoir enfoncer un clou qui est à soi, qui restera vôtre, dans une muraille qui vous appartient ! Vitu n’eut garde de contester cette jouissance, Houssaye finit par accrocher un tableau (qui lui appartenait aussi) à son clou, puis on se quitta. […] Grave question de tempérament qu’il ne m’appartient pas de résoudre ici.
Les livres nés de cette race ne peuvent me plaire, puisque j’appartiens à l’autre. […] Or ces trois-là ont failli à leur destinée : ils appartiennent à « Celui qui venge tout de suite la vérité abandonnée » ; et l’on refuse de les plaindre. […] « Bien que né le 14 mars 1823 et ayant publié les cinq mille vers de mon premier recueil en 1842, j’ai tout à fait appartenu par mes sympathies et par mes idolâtries à la race de 1830. […] Il ne m’appartient pas de discuter ici la politique et la sociologie de M. […] Les intrigues et les événements de roman ne viennent pas de la réalité, mais appartiennent à un vieux fonds ou magasin d’accessoires, qui ne s’enrichit plus guère et auquel les romanciers les empruntent.
Destructif, si vous le voulez (du moins par ses actes), du prestige de la classe sociale à laquelle il appartient. […] » C’est ici que se place la scène qui appartient en propre à MM. […] Elle trouvera une douceur dans cette idée que c’est bien « son mort » ; que nulle femme ne le lui disputera plus ; que, mort, il lui appartient aussi complètement après des années d’infidélité qu’il lui appartiendrait après une vie de constant amour. […] Quoi que vous disiez, c’est à moi que vous appartenez. […] Même la manière dont vous vous coiffez, et la coupe de votre robe, et ce que vous mettez d’art dans votre toilette, est-ce que tout cela ne m’appartient pas ?
Celui qui, maître d’une idée et soutenu par ses talents, a exercé pendant plus d’un demi-siècle en France et en Europe une influence directe, forte et constante sur les arts qui dépendent de l’imagination, du goût et même de l’industrie, cet homme appartient de droit à l’histoire. […] Étranger à tout esprit de système, mais obéissant à cette impulsion qui entraînait la classe de la société à laquelle il appartenait, le père d’Étienne désirait avec ardeur que son enfant reçût une instruction supérieure à la sienne. […] Le mérite particulier de David, et ce qui lui assure un nom illustre parmi les artistes célèbres, c’est d’avoir été le premier Français qui ait tenté de mettre en pratique les théories exposées par les savants de son temps ; d’avoir puissamment concouru, par l’opiniâtreté de ses études, à établir un nouveau mode d’enseignement de la peinture, appuyé sur les doctrines des anciens ; et enfin d’avoir produit des tableaux, tels que le Saint Roch, les Horaces, le Socrate, le portrait de Marat, le Viala, le Serment du Jeu de Paume, les Sabines, le Couronnement de Napoléon et le Léonidas, ouvrages dans chacun desquels, outre les progrès et les tentatives intelligentes faites successivement par l’artiste, on reconnaît une énergie, un amour du vrai et un talent d’exécution dans les différentes parties de son art, qui lui appartiennent en propre. […] Si je les rends mal, elles vous resteront ; si je les rends bien, elles m’appartiendront. […] L’Assemblée constituante, après avoir décrété que les biens du clergé appartenaient à la chose publique, avait encore chargé son comité d’aliénation de veiller à la conservation des monuments des arts recueillis dans les établissements religieux.
Roederer, en ces années, n’appartient à aucune assemblée politique ; il fut élu de l’Institut dès la formation (juin 1796).
Et toujours servoit le prince au-devant de la table du roi, et par toutes les autres tables, le plus humblement qu’il pouvoit ; et il ne se voulut asseoir à la table du roi pour prière que le roi lui en pût faire, mais disoit toujours qu’il n’étoit pas encore de telle valeur qu’il lui appartînt de s’asseoir à la table d’un si haut prince et d’un si vaillant homme comme étoit la personne du roi et comme il l’avoit montré en cette journée.
À toutes les attaques, en partie justes et fondées, dirigées contre votre tour d’esprit et votre manière, écrivains de tous les temps, à quelque genre que vous apparteniez, vous n’avez qu’une réponse à faire : renouvelez de mérite, fortifiez-vous dans la partie déjà forte de votre talent.
Or, il importe, quand une richesse est créée dans la société, qu’elle n’aille pas au hasard, qu’elle reste et revienne à qui il appartient ; qu’elle soit possédée par celui qui le mérite le mieux : il importe d’en régler la distribution.
Bruté, le 28 octobre 1815 : « Reposez-vous sur mon cœur et bien spécialement sur ma conscience du sort de ce bien-aimé Féli ; il ne m’échappera point, l’Église aura ce qui lui appartient. » L’influence personnelle de l’abbé Carron sur La Mennais était trés-secondée et favorisée à ce moment par les circonstances.
Les Réflexions sur l’État de l’Église, qui furent imprimées un an après, en 1808, mais que la police de Bonaparte arrêta aussitôt, appartiennent au contraire à la lutte hardie de l’apôtre avec le siècle, et en sont comme le premier défi.
M ignet en eut surtout la vigueur, qu’il appliqua aussitôt dans toute son intégrité ; il ne laisse apercevoir aucun tâtonnement, aucune dispersion : c’est là un des traits qui lui appartiennent le plus en propre.
Parmi nous, Corneille et Molière s’en détachent par plus d’un côté ; Boileau et Racine y appartiennent tout à fait et la décorent, surtout Racine, le plus merveilleux, le plus accompli en ce genre, le plus vénéré de nos poëtes.
Prévost appartient en littérature à la génération pâlissante, mais noble encore, qui suivit immédiatement et acheva l’époque de Louis XIV.
Mais, pour tous les sons ordinaires, elle semblait parfaitement insensible… et, si l’interlocuteur lui adressait des questions ou observations qui n’entraient pas dans le cours de ses idées, elles ne faisaient aucune impression… Le cas bien connu de l’officier dont parle le docteur James Gregory appartient à cette classe intermédiaire, plus voisine, croyons-nous, du somnambulisme que du rêve ordinaire.
Il appartenait aux douze tribus qui, en s’y réunissant pour recevoir ses oracles, ne formaient qu’une seule famille, la famille de Jéhova !
En effet, mon cher Laurent, quoique vous ayez donné des preuves d’un mérite et d’une vertu qui semblent à peine appartenir à la nature humaine ; quoiqu’il n’y ait point d’entreprise, si importante qu’elle soit, dont on ne puisse espérer de voir triompher cette prudence et ce courage que vous avez développés dès vos plus jeunes années ; et quoique les mouvements de l’ambition, et l’abondance de ces dons de la fortune qui ont si souvent corrompu des hommes dont les talents, l’expérience et les vertus donnaient les plus hautes espérances, n’aient jamais pu vous faire sortir des bornes de la justice et de la modération, vous pouvez néanmoins, pour vous-même et pour cet État dont les rênes vont bientôt vous être confiées, ou plutôt dont la prospérité repose déjà en grande partie sur vos soins, tirer de grands avantages de vos méditations solitaires ou des entretiens de vos amis sur l’origine et la nature de l’esprit humain : car il n’y a point d’homme qui soit en état de conduire avec succès les affaires publiques, s’il n’a commencé par se faire des habitudes vertueuses, et par enrichir son esprit des connaissances propres à lui faire distinguer avec certitude pour quel but il a été appelé à la vie, ce qu’il doit aux autres et ce qu’il se doit à lui-même. » Alors commença entre Laurent et Alberti une conversation dans laquelle ce dernier s’attache à montrer que, comme la raison est le caractère distinctif de l’homme, l’unique moyen pour lui d’atteindre à la perfection de sa nature, c’est de cultiver son esprit, en faisant entièrement abstraction des intérêts et des affaires purement mondaines.
La république fut anéantie, mais la Toscane appartint aux Médicis.
Tout élément individuel est soigneusement éliminé : il ne reste que l’amant et l’amante, types irréels : mais, la dame étant identifiée à la rose, il faut projeter hors d’elle tous les sentiments qui appartiennent à son personnage.
Toujours au même ordre d’idées appartiendront ces préoccupations de Voltaire, si neuves alors et si originales chez un homme de lettres, sur des questions de voirie, d’administration, de financés, de commerce : il se passionne pour les Embellissements de Paris 517.
Le quatrième acte de Ruy Blas (le quatrième, notez-le, l’acte critique du drame, pour mieux narguer les classiques) appartient tout entier à don César de Bazan ; sous le nom de ce gueux pittoresque, V.
Et pensez un peu à ce que c’est que la continence absolue, la nécessité de promener partout sa robe noire, le renoncement à toutes les curiosités de l’esprit, l’idée que l’on porte un signe indélébile et qu’on ne s’appartiendra jamais plus.
Mais il est, ici j’interviens avec assurance, quelque chose, peu, un rien, disons exprès, lequel existe, par exemple égal au texte : où le profit n’appartient pas au zélateur de Rabelais, de Molière, Montesquieu et bientôt Chateaubriand — cela demeure réservé, comme un emprunt et, en probité, une minime part lui échappe.
Qu’il le veuille ou non, René Ghil appartient à l’histoire du mouvement symboliste et les anthologies le prou vent, qui n’ont gardé de l’oublier dans le dénombrement des poètes de l’École.
C’est à la catégorie des rapports de succession qu’appartient la causalité ; mais tout rapport de succession n’est pas un rapport de causalité ; il faut pour cela qu’il remplisse des conditions essentielles qui vont être déterminées.
On a pu y fondre quelques-unes de leurs idées, mais le tout ne leur appartient pas.
M. de Lamoignon père ayant été nommé chancelier de France en 1750, Malesherbes lui succéda en qualité de premier président de la Cour des aides ; dès lors il appartient aux grandes charges, et sa vie publique commence.
Fleury, à qui l’on doit déjà une biographie très complète de Camille Desmoulins et qui habite à Laon, s’est donné pour mission de rassembler tout ce qu’il pourrait trouver sur la vie et les actes des révolutionnaires fameux qui ont appartenu plus ou moins à ces départements de la Picardie.
Or la croyance à la légitimité de la peine n’appartient pas seulement à celui qui punit : elle est encore enracinée dans le cœur de celui qui est puni.
Cette usurpation va cesser, leur heure arrive enfin, leur prédominance éclate, la civilisation, revenue à l’éblouissement vrai, les reconnaît pour ses seuls fondateurs ; leur série s’illumine et éclipse le reste ; comme le passé, l’avenir leur appartient ; et désormais ce sont eux que Dieu continuera.
Il est toujours clair, élégant, harmonieux, & dans le ravissement où il jette le lecteur, il oublie tous les défauts de l’auteur : ces enchantemens qui semblent appartenir à la féerie ; ce mêlange bizarre d’idées payennes & chrétiennes ; ces jeux de mots & ces concetti puériles, que le goût du siécle avoit arraché au Poëte.
Nous voyons bien à Jérusalem une classe spéciale, les prophètes et quelques autres hommes, deux rois, par exemple, qui, sans appartenir à la tribu sacerdotale, composent des poésies, des histoires, des sentences ; mais la nature de leurs écrits, presque tous religieux, et le soin qu’ils prennent de les déposer dans la bibliothèque du temple, soit comme un hommage, soit comme une garantie de durée, indiquent assez la subordination.
Rien n’appartient en propre au langage : il relie entre elles les différentes périodes de la pensée ; il sert de médiateur entre le moi passé et le moi présent comme entre mes semblables et moi ; il fait ma personnalité intellectuelle [ch.
La première part doit m’appartenir, dit le lion, parce que je suis le roi.
En effet, le vrai mérite d’un écrivain est d’avoir un style qui soit à lui ; le mérite au contraire d’un latiniste tel qu’on le suppose, serait d’avoir un style qui ne lui appartînt pas, et qui fût, pour ainsi dire, un centon de vingt styles différents.
Thierry, comme ce dernier, appartenait au peuple.
Ces formes de bâtiments, qui contrariaient d’abord son œil académique (tout peuple est académique en jugeant les autres, tout peuple est barbare quand il est jugé), ces végétaux inquiétants pour sa mémoire chargée des souvenirs natals, ces femmes et ces hommes dont les muscles ne vibrent pas suivant l’allure classique de son pays, dont la démarche n’est pas cadencée selon le rythme accoutumé, dont le regard n’est pas projeté avec le même magnétisme, ces odeurs qui ne sont plus celles du boudoir maternel, ces fleurs mystérieuses dont la couleur profonde entre dans l’œil despotiquement, pendant que leur forme taquine le regard, ces fruits dont le goût trompe et déplace les sens, et révèle au palais des idées qui appartiennent à l’odorat, tout ce monde d’harmonies nouvelles entrera lentement en lui, le pénétrera patiemment, comme la vapeur d’une étuve aromatisée ; toute cette vitalité inconnue sera ajoutée à sa vitalité propre ; quelques milliers d’idées et de sensations enrichiront son dictionnaire de mortel, et même il est possible que, dépassant la mesure et transformant la justice en révolte, il fasse comme le Sicambre converti, qu’il brûle ce qu’il avait adoré, et qu’il adore ce qu’il avait brûlé.
Ayez le sentiment de ce que vous seriez vous-même, si vous apparteniez à la clientèle grise ou noire qui s’agite autour des puits de mine et des hauts-fourneaux, dans les arsenaux des ports, dans les forêts qu’on exploite, dans les ateliers des usines, dans les colonies où vont s’abîmer les aventuriers et les désespérés de la mère patrie.
Partant de ces trois erreurs, ils ont cru que les rois et autres grands personnages des temps anciens s’étaient consacrés, eux, leurs familles, et tout ce qui leur appartenait, à adoucir le sort des malheureux qui forment la majorité dans toutes les sociétés du monde.
Ce n’est point à la critique littéraire qu’il appartient de le juger. […] Lysippe faisait des portraits et, son Athlète au strigile appartient à la réalité journalière. […] Mais aussi le public appartient au poète bien plus qu’en notre temps. […] Monteverde, le créateur de l’instrumentation moderne, l’avait tenté depuis longtemps ; dans l’orchestre de son Orfeo ed Euridice, il avait multiplié les timbres en faisant appel à la viole, à la harpe, à la flûte, au trombone et à la trompette aiguë, et chaque divinité chantait accompagnée des instruments qui convenaient le mieux à ses attributions ; les trombones appartenaient à Pluton et les harpes à Orphée. […] Saint-Saëns, et il est constant que ces maîtres ont plus d’une fois donné prétexte : mais n’est-ce pas plutôt à la musique profane et significative qu’appartiennent l’auteur de La Damnation de Faust, celui de Lohengrin, celui de La Danse macabre 130 ?
C’est une pièce de forme racinienne, et de contenu antiracinien ; une pièce où la matière et le moule appartiennent à des genres dramatiques différents, et même contraires ; bref, un monstre. […] Pourtant, si je laisse aller les choses, ce malheureux va subir son destin… C’est fatal… il le faut…, et alors elle est libre, et je suis là, et nous pouvons nous appartenir encore… Oh ! […] Ce qu’on supprime, c’est de l’inconnu ; on viole un domaine qui n’appartient qu’à Dieu. […] La femme, Mme Laure, est une méchante femme ; la belle-mère est spirite ; la nourrice appartient à l’une des petites sectes de là-bas : elle est « baptiste », — et n’en est pas plus tranquille, dirait Grosclaude. […] Abusée un moment par la Vénus terrestre, j’appartiens de nouveau à la Vénus Uranie, je rentre dans la beauté de mon premier rêve.
De telles théories appartiennent au bouddhisme plus encore qu’au christianisme primitif. […] Si nous étudions maintenant leurs qualités de métier, nous trouverons en eux une habileté singulière qui n’appartient qu’aux maîtres. […] Cet ouvrage appartient-il au genre naturaliste, idéaliste ou analyste ? […] Penseur profond, artiste raffiné jusqu’à être simple, délicieux trouveur d’images, Maurice Maeterlinck a tout ce qu’il faut pour emprisonner son lecteur dans un univers qui lui appartient en propre et où il gouverne les émotions. […] Et lui, qui détestait les idéologues, appartenait par là à ses adversaires, car il cherchait une métaphysique en action, une réarchitecture universelle.
Il lui appartient de donner des directions à l’art, et cela s’est vu plusieurs fois dans l’histoire. […] Mais Éloa n’appartient certainement qu’à Vigny, et il est bien difficile de croire qu’en écrivant la Chute d’un ange, Lamartine ne s’en soit pas souvenu. […] Paléologue, que « Vigny n’appartient pas seulement à notre littérature nationale ; qu’il a sa place marquée dans l’histoire générale des esprits, dans la lignée des Lucrèce, des Dante et des Goethe, dans l’élite des grands inspirés » ? […] mais nous ne saurions oublier que le rire ne laisse pas de ressembler parfois à une forme de l’inintelligence ; et c’est pourquoi, si les symbolistes ne voient pas toujours clair dans leurs propres idées, ni surtout ne connaissent les moyens de les réaliser, il appartient à la critique, après l’avoir constaté, d’essayer de les y aider. […] Ils n’appartiendront pas à l’histoire de la littérature, mais à la statistique de la librairie, comme tant d’autres qui dorment aujourd’hui sur les rayons des bibliothèques.
Il était convenu que, pour être un grand économiste, il fallait appartenir à l’école orthodoxe du « Laissez faire, laissez mourir ». […] A qui doivent-elles légitimement appartenir ? […] Comme elle appartient à la plus haute société, il la retrouve dans un bal. […] Aussi est ce au nom de la vérité, notre commune amie, que je lui demanderai tout d’abord : Ne serait-il pas juste de distinguer, dans les travers du militaire, ce qui lui appartient en propre et ce qui se trouve en tout professionnel ? […] Angelo de Gubernatis rappelle dans son dernier ouvrage8 « qu’elle appartient plus que toute autre nation à l’humanité et que la grandeur des sentiments humains dépasse encore chez elle la grandeur des sentiments patriotiques.
Et c’est de là que vient assurément cette splendide richesse sensorielle qui n’appartient qu’à lui, c’est de là que vient encore cette sève généreuse que rien ne devait plus tarir. […] Les uns sont des êtres objectifs que nous ne pouvons déformer sans quelque ridicule, les autres des êtres subjectifs qui nous appartiennent, — et c’est pourquoi, sans critique de forme, je trouve certaines pages de M.
La grandeur d’un tel auditeur, le prix que la religion devait mettre à l’édifier ou à l’amener au repentir, la liberté de tout dire tempérée par l’obligation de parler avec déférence et à propos, la délicatesse d’un auditoire qui pouvait assister le même jour à un sermon de Bourdaloue et à une tragédie de Racine, toutes ces circonstances portèrent à la perfection cet art de la chaire qui n’est connu que des nations chrétiennes, et dont les plus beaux modèles appartiennent à notre pays. […] Le titre de Siècle de Louis XIV s’entend surtout de la gloire des lettres ; car, pour la politique, outre qu’il y a là matière à contester, l’appréciation en appartient plus à l’histoire qu’à l’instinct populaire.
De poète de fête qu’il avait été jadis il s’était fait poète de douleurs, sœur de charité de tout ce qui recourait à lui, soit pour une misère de corps, soit pour une misère d’esprit ; ses journées entières appartenaient à la foule. […] » reprit-il en me serrant la main dans ses deux mains. « Je m’en irai plus content si je vous laisse, vous et ce qui vous appartient, dans le repos et dans la sérénité des derniers jours. » XXXVI La femme âgée qu’il venait d’ensevelir s’était appelée Lisette dans sa folle jeunesse, elle s’était appelée madame Judith dans son âge mûr ; on a cru qu’on pouvait l’appeler tout bas du nom du poète dans sa vieillesse : je l’ignore ; c’était une femme de quatre-vingts ans passés, d’un port d’impératrice déchue, d’une conversation contenue, mais très distinguée et très fine, à la hauteur de tout esprit et de toute âme. « Je ne suis pas la rose, mais j’ai habité avec elle. » On voyait que Béranger, Manuel, Chateaubriand, Lamennais, Hugo, Michelet, Benjamin Constant, Thiers, Mignet et cent autres, Lebrun, Havin, homme d’élite, avaient passé par cette chambre qui précédait celle du solitaire, salle d’attente de cette royauté de l’esprit et de la bonté qu’on venait saluer dans Béranger.
S’il est vrai que les poissons électriques appartiennent à des ordres très divers, rangés dans des classes différentes, on sait combien, en ichthyologie, nos principes de classification sont contestés et flottants. […] Ce dernier a constaté, au moyen du microscope, que la phosphorescence de ces animaux appartenait à la fibre musculaire, était intermittente, comme chez les Lampyres, et, comme chez ces derniers aussi, devenait plus vive quand on irritait la fibre ; et qu’en obligeant celle-ci à se contracter, elle cessait pendant un certain temps, puis se reproduisait quand on laissait l’animal se reposer.
Et les murs de nos somptueuses et maussades demeures se couvrent des images d’un bonheur que nous regrettons, et les animaux de Berghem ou de Paul Potter paissent sous nos lambris, parqués dans une riche bordure ; et les toiles d’araignée d’Ostade sont suspendues entre des crépines d’or, sur un damas cramoisi ; et nous sommes dévorés par l’ambition, la haine, la jalousie et l’amour ; et nous brûlons de la soif de l’honneur et de la richesse, au milieu des scènes de l’innocence et de la pauvreté, s’il est permis d’appeller pauvre celui à qui tout appartient. […] Quel est l’homme puissant à qui ces choses appartiennent et qui les abandonne à la merci du premier venu ?
Eugène Sue quand l’Histoire de la Marine appartient à M. […] Eugène Sue, quand le Juif Errant appartient à M.
Si le poète peut se passer de tout, tout cependant appartient au poète. […] Littérairement parlant la tirade dernière à Phèdre : (Ces palais, ces festins, me doivent maintenant appartenir à moi tout seul, etc.) […] Aussi bien, tout le dernier acte appartient au couple Nyssia-Gygès ; les voici « par-delà le bien et le mal », grâce au seul instinct, comme Candaule s’y plaçait auparavant, (« par-delà le bien et le mal »), à force de richesse, de bonheur, de générosité et de culture. […] J’entends M. d’Annunzio répondre que, par tempérament, il appartient à cette Eglise triomphante pour laquelle il n’est pas de trop riches offrandes, et que ce luxe convenait à l’exaltation du martyr-chevalier, qui succomba sous les flèches de sa cohorte ; le mystère est chrétien d’esprit, malgré les contradictions de la forme. — Examinons l’esprit du Martyre de Saint-Sébastien. […] Paul Castiaux a appartenu au groupe de l’Abbaye, évoqué à différentes reprises dans cet article ; il a été l’un des fondateurs de la revue Les Bandeaux d’or, avec Pierre-Jean Jouve, en 1906.
Mais enfin, soit que cette découverte appartînt à Galilée, soit que ce génie singulier, non content des siennes, voulût aussi s’attribuer celles des autres, il publia qu’il n’avoit été donné qu’à lui d’observer, pour la première fois, les taches du soleil. […] Les parties de la peinture exigent la plus grande pureté de dessein dans l’exécution, l’enthousiasme qui appartient à la composition & à la noblesse du choix & des caractères. […] Il porte « que tous ceux qui enseignent & enseigneront & feront lecture, tant ès écoles privées que publiques, même les lecteurs du roi, principaux, régens ; précepteurs, pédagogues, officiers, suppôts de ladite université, seront de la religion catholique, apostolique & romaine, & obéiront aux loix, statuts & ordonnances de ladite université, tant en vie, mœurs, que décence des habits, assisteront le recteur, ès actes chétiens & catholiques ; & où il s’en trouvera qui n’auront voulu & ne voudront encore de présent, observer & garder ce que dessus, à ladite cour permis & permet au recteur de ladite université, & autres qu’il appartiendra, pourvoir en leurs places autres personnes de la qualité que dessus ». […] « Pères illustrissimes & révérendissimes, s’écria-t-il, si l’on veut décider cette affaire par l’antiquité de l’ordre, le sceau nous appartient ; nous sommes plus anciens que ceux de l’observance : mais si l’on veut examiner la chose par l’observance même de la règle, le sceau ne doit être ni à eux ni à nous, mais aux capucins ». […] La censure contenoit seize propositions que Bagnès jugeoit détestables, & qu’il disoit appartenir au père de Monte-major.
» Il se rappela les becs de gaz qu’on éteignait boulevard des Italiens quand il l’avait rencontrée contre tout espoir parmi les ombres errantes dans cette nuit qui lui avait semblé presque surnaturelle et qui en effet — nuit d’un temps où il n’avait même pas à se demander s’il ne la contrarierait pas en la cherchant, en la retrouvant, tant il était sûr qu’elle n’avait pas de plus grande joie que de le voir et de rentrer avec lui, — appartenait bien à un monde mystérieux où on ne peut jamais revenir quand les portes s’en sont refermées. […] Car ce qu’il a fait, ce qu’il a conquis sur l’inconscient, n’est-ce pas exactement la même chose que ce que Vinteuil lui a arraché par son génie, dans un passage de Swann sur lequel je vous demanderai la permission de finir ces causeries : Comme si les instrumentistes, beaucoup moins jouaient la petite phrase qu’ils n’exécutaient les rites exigés d’elle pour qu’elle apparût, et procédaient aux incantations nécessaires pour obtenir et prolonger quelques instants le prodige de son évocation, Swann, qui ne pouvait pas plus la voir que si elle avait appartenu à un monde ultra-violet, et qui goûtait comme le rafraîchissement d’une métamorphose dans la cécité momentanée dont il était frappé en approchant d’elle, Swann la sentait présente, comme une déesse protectrice et confidente de son amour, et qui pour pouvoir arriver jusqu’à lui devant la foule et l’emmener à l’écart pour lui parler, avait revêtu le déguisement de cette apparence sonore. […] » Il se rappela les becs de gaz qu’on éteignait boulevard des Italiens quand il l’avait rencontrée contre tout espoir parmi les ombres errantes dans cette nuit qui lui avait semblé presque surnaturelle et qui en effet — nuit d’un temps où il n’avait même pas à se demander s’il ne la contrarierait pas en la cherchant, en la retrouvant, tant il était sûr qu’elle n’avait pas de plus grande joie que de le voir et de rentrer avec lui, — appartenait bien à un monde mystérieux où on ne peut jamais revenir quand les portes s’en sont refermées. […] Si bien — je pense que vous l’aurez remarqué — si bien qu’au moment où Proust écrit : « Il se rappela les becs de gaz qu’on éteignait boulevard des Italiens quand il l’avait rencontrée contre tout espoir parmi les ombres errantes dans cette nuit qui lui avait semblé presque surnaturelle… », il continue tout naturellement : « et qui en effet appartenait bien à un monde mystérieux où on ne peut jamais revenir quand les portes s’en sont refermées ».
C’est à eux sans doute qu’il appartient de juger les ouvrages anciens et modernes ; mais il seroit bon, ce me semble, d’établir là-dessus une différence entre les auteurs des siécles passez et les auteurs vivants. […] Nous discernons ce qui n’est que du peuple, d’avec ce qui appartient aux gens plus polis ! […] Je serois dans l’excès contraire ; si je soutenois qu’il n’y a aucune beauté dans l’iliade ; mais loin de le prétendre, j’y en ai reconnu de tous les genres ; je crois de plus, que les fautes d’Homere appartiennent presque toutes à son temps ; et pour surcroît je ne donne mes sentimens que pour des conjectures ; c’est à l’examen de chacun à les ériger en preuves, si elles le méritent. […] La plûpart des poëtes s’imaginent que la poësie est le plus grand don du ciel : ils se regardent comme des hommes divins, à qui appartiennent par préférence toute la beauté, tout le feu et toute la sublimité de l’esprit : ils mettent les autres arts dans une subordination injurieuse ; et ils croyent même que les sciences ne demandent que de la mémoire avec un jugement ordinaire.
Ce scepticisme, qui a d’illustres patrons, appartient à la meilleure tradition française : je ne crois pas que M. de Gourmont repousse aujourd’hui cet éloge. […] Faguet n’en avait point conçu un seul qui appartînt à la littérature d’imagination. […] C’est le royaume de la fièvre ; c’est « une beauté irrespirable. » D’autres corrections appartiennent plutôt à l’ordre des curiosités et doivent être signalées à ces psychologues qui s’occupent de l’invention littéraire. […] La préface, toutefois, nous avertit que s’il est « plus lourd dans la main et plus savant pour l’oreille », il appartient « à la même veine. » Mais, ajoute l’auteur, « j’ai mis de l’ordre dans toutes mes libertés ; j’ai vu l’unité des émotions que je recueillais sur de longs espaces de temps et de pays ».
L’éloquence sublime n’appartient, dit-on, qu’à liberté ; c’est qu’elle consiste à dire des vérités hardies, à étaler des raisons & des peintures fortes. […] Un homme a de la fausseté dans l’esprit, quand il prend presque toûjours à gauche ; quand ne considérant pas l’objet entier, il attribue à un côté de l’objet ce qui appartient à l’autre, & que ce vice de jugement est tourné chez lui en habitude. […] La bonne grace appartient à la personne seulement. […] On voit avec étonnement que ce prince possédoit autant de terrein qu’en eut l’empire romain ; il avoit tout ce qui appartient aujourd’hui au grand mogol en-deçà du Gange ; toute la Perse, tout le pays des Usbecs, tout l’empire des Turcs, si vous en exceptez la Romanie ; mais en récompense il possédoit l’Arabie.
Rendez à César ce qui appartient à Céfar ; 2°. se prêter à l’exemple ; 3°. se rendre à la raison. […] On met l’accent grave sur l’a, préposition ; rendez à Cesar ce qui appartient à Cesar. […] Toutes ces idées abstraites supposent un grand nombre d’idées particulieres que ces mêmes Philosophes comptent parmi les idées acquises : par exemple, comment peut-on savoir qu’il faut rendre à chacun ce qui lui est dû, si l’on ne sait pas encore ce que c’est que rendre, ce que c’est que chacun, & qu’il y a des biens & des choses particulieres, qui, en vertu des lois de la société, appartiennent aux uns plûtôt qu’aux autres ? […] Et par extension, cette préposition, sert à marquer la propriété : le livre de Pierre, c’est-à-dire, le livre tiré d’entre les choses qui appartiennent à Pierre. […] Les Latins disoient aussi pertinere ad ; nous disons de même avec la préposition appartenir à.
Mme de Rochefort, qui ne creuse pas ses idées comme celui qu’elle appelle son « maître », mais qui d’instinct pense juste, comme une simple femme, voit l’erreur et d’abord trouve la définition : « Je n’entends pas bien pourquoi vous croyez le caractère peu compatible avec un bon cœur, car l’idée que je me forme du caractère est la persistance dans son sentiment sans aucune opiniâtreté réfléchie, ce qui me paraît bien plus appartenir à une âme sensible qu’à une âme froide. […] Il y a un côté du talent de Catulle par lequel ce poète n’est pas encore un moderne et appartient franchement à l’antiquité : il n’avait point le sentiment profond de la nature. […] Sully Prudhomme, lui, appartient à l’école des raffinés ; mais ce mot d’école convient mal ici, car il n’y a pas trace d’imitation dans son talent. […] Albert Glatigny a écrit un assez grand nombre de satires, de parodies, d’épigrammes politiques, dont quelques-unes appartiennent à la poésie par le bon sens éternel et par la belle humeur ; on sait que dans un autre camp politique, un habile rimeur, M. […] Le mal pour le bien n’appartient qu’à la Providence, parce qu’elle voit clair et loin et juste, et de plus parce qu’il n’y a pas de mal pour elle ; mais pour l’homme, c’est faute et crime. » Virieu différait encore de Lamartine en ce qu’il considérait la révolution de 89 comme le mal sans mélange.
Le gouvernement populaire n’appartient pas aux hommes instruits ni aux honnêtes gens, mais aux ignorants et aux gredins. […] Anatole France met au fond de son creuset la religion traditionnelle à laquelle la plupart des Français font profession d’appartenir. […] Dès lors, il cessa de s’appartenir. […] Scherer définissait ainsi les parlementaires « nouveau jeu », les politiciens de profession : Ce sont les hommes qui appartiennent aux carrières libérales, qui ont quelque instruction, quelque facilité de parole, des habitudes de sociabilité et enfin le goût de la politique, et naturellement de la politique avancée. […] Au temps où il appartenait à l’administration des Domaines, il consacrait ses loisirs à herboriser, en compagnie de son ami Camille Fistié, dans les halliers du Barrois, sur les bords de l’Ornain et de la Saulx.
A l’exception de trois ou quatre grands modernes qui appartiennent encore à demi au siècle dernier, vous verrez que Racine, Corneille, La Fontaine, Boileau, Molière, Pascal, Fénelon, La Bruyère et Bossuet, ont répandu plus d’idées justes et véritablement profondes que ces écrivains à qui on a donné l’orgueilleuse dénomination de penseurs, comme si on n’avait pas su penser avant eux avec moins de faste et de recherche. » La théorie littéraire de Fontanes est là ; son originalité, comme critique, consiste, sur cette fin du xviiie siècle, à déclarer fausse l’opinion accréditée, « si agréable, disait-il, aux sophistes et aux rhéteurs, par laquelle on voudrait se persuader que les siècles du goût n’ont pas été ceux de la philosophie et de la raison. » C’était proclamer, au nom des Écoles centrales, précisément le contraire de ce que Garat venait de prêcher aux Écoles normales. […] Si l’on voulait même y chercher aujourd’hui de ces traits de forme qui devinent et qui gravent le fond, ce génie d’expression qui crée la pensée, cette nouveauté qui demeure, on courrait risque de n’être plus assez juste pour la rapidité, le goût, la mesure, la netteté, l’élévation sans effort, l’éclat suffisant, le nombre, tout cet ensemble de qualités appropriées, dont la réunion n’appartient qu’aux maîtres. […] Le blâme n’appartient ni à ceux qui ont péri, ni à ceux qui ont survécu.
Mais c’est à nous qu’il appartient de les retrouver. […] Trouvaille… c’est-à-dire chose unique, qui vous appartient en propre, dont on cherche en vain l’équivalent dans le passé. […] On voudra bien ne pas s’en étonner, puisqu’à vrai dire les méthodes de composition sont identiques et qu’il serait aisé de classer, par catégories d’esprits, tous ceux qui, munis d’un outil distinct, appartiennent pourtant au même type psychologique.
Il n’est pas forcé de deviner ce qui appartient à la comédie et ce qui appartient au ballet. […] Le beau rôle appartient à ces deux jeunes filles qui se défendent avec leur amour, avec leur bon sens, avec leur honnêteté naturelle, et qui se sauvent, en fin de compte, des griffes de ce bandit.
On croit avoir serré d’assez près le fait quand on l’a caractérisé globalement : c’est un mouvement vers le bas, c’est la tendance vers un centre, c’est le mouvement naturel d’un corps qui, séparé de la terre à laquelle il appartenait, y va maintenant retrouver sa place. […] Des phrases différentes diront des choses différentes si elles appartiennent à une même langue, c’est-à-dire si elles ont une certaine parenté de son entre elles. Au contraire, si elles appartiennent à deux langues différentes, elles pourront, précisément à cause de leur diversité radicale de son, exprimer la même chose.
Une pensée qui pour nous est presque nulle, parce qu’elle est d’un autre âge et appartient à un autre moment de l’esprit humain. […] Beaucoup de termes d’art militaire, de musique et de palæstre sont d’origine dorienne ou appartiennent au dialecte dorien. […] Selon la place et la hauteur des rameaux, les fruits sont plus ou moins avancés ; les uns, à peine formés, ne sont guère qu’un pistil grossi, et appartiennent étroitement à l’arbre ; les autres, déjà mûrs, tiennent pourtant encore à leur tige ; les autres enfin, dont l’élaboration est complète, sont tombés, et il faut quelque attention pour reconnaître le pédoncule qui les a portés.
Poley, anciennement attachée à la légation de Prusse, qui appartient à l’Allemagne par la langue et à la France par un long séjour, à traduit cette correspondance comme il est à souhaiter qu’on fasse toujours pour ces sortes d’ouvrages : ce qui importe en effet, c’est bien moins d’éviter quelques incorrections de style que de conserver la parfaite exactitude et le caractère de l’original : et c’est à quoi M.
La faculté inventive et créatrice, qui appartient à l’imagination proprement dite, en est atteinte.
Chateaubriand n’a pas plus inventé les orages que les couchers de soleil, et les uns et tes autres, il me semble, appartiennent à tout le monde.
C’est aux Mémoires qu’il appartenait de tout reprendre dans une unité plus vaste, et de représenter avec accord l’entière ordonnance de cette destinée.
Une grande part du mauvais appartient donc bien en propre à la facture du maître, lequel n’était ici qu’un écolier.
. — À la même classe appartiennent les hallucinations qui précèdent le sommeil et composent le rêve ; chacun de nous peut observer sur soi-même la transformation spontanée par laquelle, à mesure que le sommeil gagne, les images confuses et ternes s’avivent, se précisent et acquièrent toute l’énergie, tout le relief, tout le détail des sensations.
J’écrivis, en effet, à ce gentilhomme ; mais il me répondit qu’il ne se déferait jamais de sa terre paternelle pour donner à une autre famille l’illustration qui appartenait à la sienne.
Le poëme épique avait suivi le convoi des fables mortes ; il n’appartenait à personne de les faire revivre.
L’opéra appartiendra, jusqu’à la fin du xviiie siècle, à la littérature, autant et presque plus qu’à l’art musical : nous le verrons exercer par son éclat et ses séductions une réelle et parfois fâcheuse influence sur la littérature.
Quant à la crise du français, il me suffit à moi de lire les journaux et les livres d’aujourd’hui pour en être convaincu, et d’entendre parler ceux qui se disent appartenir à des partis de progrès.
Les strophes suivantes, que nous choisissons dans les Romances sans paroles, et dont le charme est appréciable même pour le lecteur non décadent, contiennent à la fois un exemple de ce vers privé de rime et un exemple de l’un des rythmes qui appartiennent à M.
Ainsi, dans le cours que les nouveaux bacheliers étaient tenus, de faire pendant trois mois à titre d’épreuve, on le voit expliquer les Aphorismes d’Hippocrate et l’Ars parva de Galien, d’après des manuscrits qui lui appartenaient.
C’est à l’imitation étrangère qu’appartiennent ces désespoirs, ces alternatives de feu et de glace, ces cœurs Meurdris, couverts de sang, percés de toutes parts, Au milieu d’un grand feu qu’allument des regards ; ces vies « ravies par des yeux foudroyants, ces yeux « où le beau soleil tous les soirs se retire » ; ces plaies incurables, et tout ce détail du martyre amoureux : … les angoisses mortelles, Les diverses fureurs, les peurs continuelles Les injustes rigueurs, les courroux véhéments, Les rapports envieux, les mécontentements etc.
Cette tradition est du reste connue, et appartient à l’un des poëmes ou roumans du cycle d’Arthus. — En France, on comprendrait Barbe-Bleue ou Peau-d’âne ; il est donc inutile de nous étonner.
La nécessité de cette double condition sera facile à saisir si l’on remarque que l’objet de nos perceptions visuelles appartient invariablement à l’action, c’est le personnage, c’est le décor ; tandis que pour l’audition, l’objet, c’est l’orchestre qui tient tant de place chez nous, et qui est absolument écarté à Bayreuth.
Il faut distinguer chez tout écrivain le mérite du temps où il vit et les dispositions d’esprit qui lui sont propres ; ne soyons pas trop fiers de ce qui n’est qu’une affaire de date, et préoccupons-nous un peu de ce qui nous appartient.
Œdipe appartient à Sophocle ; c’est en parlant de Œdipe à Colone que nous raconterons le bannissement du vieux roi.
Il appartient à Mlle A.
On va à l’ermitage, dans lequel est encastrée une maison abrupte, au jardin fruitier devenu sauvage, qui appartient à Nadar.
Il n’y a pas grande originalité dans la philosophie encore trop oratoire de Lamartine : le christianisme et le platonisme en ont fourni l’ensemble et les détails ; mais vouloir que toute idée philosophique mise en vers par le poète lui appartienne toujours en propre serait véritablement trop demander.
Ce qui m’est resté appartient aux questions religieuses.
M. l’Abbé Dupin l’accommoda à ses idées, & le fit paroître à Paris en sept vol comme si ce livre lui avoit appartenu.
Appartient-il bien à nos critiques, feuilletonistes spirituels (merci !
… Nous l’avons dit déjà, mais tant de prostitution d’admiration y fait revenir, hors le rang social qui lui donne sa valeur de surface, hors ce piédestal, aujourd’hui brisé, réduit en poudre, de la grande société à laquelle elle appartenait, Mme de Chevreuse n’a rien qui puisse la faire placer au-dessus des femmes de notre temps et de tous les temps, qui se distinguent par le double désordre de l’intelligence et des mœurs.
Maurice n’a point de jugements qui lui appartiennent ; il n’a que ses sentiments contre Rome et les condamnations de son Église à faire valoir.
Or, c’est à ce genre d’esprits femelles qu’appartient le succès dans tous les genres.
Les Trois Villes toutefois, sa récente trilogie, marque un élargissement de la pensée qui conçut les Rougon-Macquart, élargissement qu’entrevoyait peut-être Zola, lorsqu’il prononçait ces paroles : « L’avenir appartiendra à celui où à ceux qui auront saisi l’âme de la société moderne, qui, se dégageant des théories trop rigoureuses, consentiront à une acceptation plus logique, plus attendrie de la vie.
Cet heureux ensemble a ses difficultés sans doute, & il n’appartient qu’au talent réel de les vaincre.
On y apprend également que beaucoup de prétendues innovations, dont les historiens de la littérature ne continuent pas moins de faire honneur à Corneille, ne lui appartiennent pas en propre, ne sont à lui que comme à ses contemporains. […] Nés à quelques moments de distance l’un de l’autre, et, depuis leur première enfance, élevés en Égypte, il est convenu, quand l’action s’ouvre, que la main de Rodogune et le trône de Syrie appartiendront à l’aîné des deux, que Cléopâtre est seule encore à connaître. […] Si nous rions de ses déconvenues, il n’en reste pas moins un « fourbe renommé », dont nous avons au total plus de peur que d’envie de rire ; — et si l’on veut qu’il soit comique, il l’est sans doute, Messieurs, d’une façon qui n’appartient qu’à lui… Qu’est-ce à dire, sinon que, dans son Tartufe, en portant à sa perfection, de tous les genres de comique, le plus rare et le plus fort, Molière a porté la comédie même jusqu’au point qu’elle ne pouvait plus dépasser sans cesser d’être elle-même ? […] Vous avez entendu là-dessus Voisenon, et, avant Voisenon, c’est ce qu’avait également dit, quoique en termes moins académiques, le critique de l’Année littéraire : Avouons, — écrivait Fréron, — avouons que nous avons perdu un poète qui faisait honneur à son art, à sa nation et à son siècle ; un homme d’autant plus grand qu’il avait une manière à lui, qu’il est le créateur d’une partie qui lui appartient en propre, et qui le distingue de tous ceux qui l’ont précédé ou suivi ; je veux dire cette terreur, peu connue du grand Corneille, absolument ignorée de Racine, et qui, selon moi, constitue la véritable tragédie.
Il ne faut ni lui attribuer à la légère des pages qui ne sont peut-être que des résumés de lecture, ni lui enlever, sans preuves, des observations qui lui appartiendraient légitimement : telles, je pense, celles qui concernent les fossiles. […] Nous sommes les maîtres aujourd’hui, mais il n’est pas certain, scientifiquement, que tout l’avenir nous appartienne : nous ne sommes peut-être que des maîtres provisoires. […] Fort honnête, dès qu’il eut repris conscience, il eut honte d’avoir dépensé de l’argent qui ne lui appartenait pas, et il demanda à être rapatrié, ce qui lui valut des démêlés avec la justice. […] Le totémisme de la Bible est déjà bien corrompu et semble appartenir à une période où l’origine de l’interdiction de manger certains animaux, jadis totems, n’était plus connue. […] On trouve le matriarcat, quand la totalité des enfants était attribuée à la mère ; de là aussi la couvade, l’homme étant amené à simuler l’enfantement pour avoir droit sur ses enfants, participer à l’autorité qui appartenait jadis seulement à la mère.
Moufllet signale, à ce propos, un curieux spécimen de prose administrative : « M. le chef du personnel fait savoir à M. le directeur des Constructions navales, en réponse de sa note du… transmettant son rapport relatif à… qu’il sera prochainement statué sur la question dont il l’a entretenu, et qu’il ne manquera pas de le tenir au courant de la suite qui sera donnée aux propositions qu’il lui a soumises dans la mesure où il aura été possible de le faire ; il lui appartient du reste de, etc. » Le chef du personnel n’avait qu’à écrire directement : « Je vous fais savoir, en réponse à votre demande, etc. et il n’y avait plus d’équivoque, d’autant plus qu’on écrit directement au ministre : « M. le ministre, vous…, etc. » (Revue maritime, octobre 1922.) […] Il est toujours imprudent de vouloir faire entrer dans l’histoire des noms qu’il n’appartient qu’à la postérité de choisir… Ne nous étonnons pas que MM. les critiques ne soient pas toujours d’accord entre eux. […] Il y a en critique un mauvais style, le style contourné, qu’il faut fuir à tout prix, tel qu’on le trouve, par exemple, dans les phrases suivantes : « Il ne fallait pas voir dans cette méthode une raison de mépriser une culture qui avait fait ses preuves intellectuelles et qu’avaient adoptée, à travers la vicissitude des luttes et des partis, les hommes les plus éminents par leurs œuvres et leur position sociale, auxquelles tout le monde, à quelque opinion qu’il appartint, rendait hautement justice. » Ou cette autre encore : « Cette théorie séduisit un certain nombre d’écrivains, qui eussent cru manquer au respect des idées de progrès et de démocratie, en défendant les doctrines d’un passé auquel ils devaient une renommée, qu’ils ont le dépit de voir aujourd’hui mépriser par une élite ayant adopté des idées de plus en plus en faveur par la jeunesse toujours avide de nouveautés. […] Mme de Staël faisait également de la mauvaise critique quand elle écrivait : « Fénelon accorde ensemble les sentiments doux et purs avec les images qui doivent leur appartenir ; Bossuet les pensées philosophiques avec les tableaux imposants qui leur conviennent ; Rousseau les passions du cœur avec les effets de la nature qui les rappellent ; Montesquieu est bien près, surtout dans le dialogue d’Eucrate et de Sylla, de réunir toutes les qualités du style, L’enchaînement des idées, la profondeur des sentiments et la force des images. […] Il s’en excuse, mais il l’emploie. « L’éloquence, dit l’abbé Maury, partage avec la poésie le privilège de revêtir d’expressions nobles des objets et des images qui, sans cet artifice, ne sauraient appartenir au genre oratoire.
La page qu’un écrivain tire de son cerveau est une création toute personnelle, et qui lui appartient, comme sa pensée elle-même, par un droit vital, si l’on peut dire, et absolument imprescriptible. […] Et Charles VI : « La douce paix tant désirée de la Chrétienté… » Et Louis XII : « Comme je vous ai toujours dit, je suis amateur de paix… » Et François Ier : « Je veux et désire qu’on tâche à mettre la peine à faire la paix la plus ferme et perpétuelle qu’il soit possible… » Et Henri IV : « Comme je n’envie pas le bien d’autrui, et ne fais la guerre que pour recouvrer celui qui m’appartient… » Et Louis XIII : « Cette nouvelle m’a extrêmement touché, parce que je vois que c’est un éloignement à la paix que vous et moi désirons avec tant de passion… » Et Louis XIV : « J’ai toujours voulu attendre que ce fût la justice qui me mît les armes à la main. » Cette conviction était si profonde en lui qu’à son lit de mort, et dans la sincérité de la dernière heure, il disait à son héritier : « Mon enfant, ne m’imitez pas dans le goût que j’ai eu pour la guerre. » C’est qu’à un moment le vertige de l’Impérialisme avait failli le saisir. […] À qui son travail peut-il appartenir, sinon au travailleur, comme ses bras, ses yeux, son corps, comme sa volonté ? […] « Tout est dépendant », écrivait un moraliste du dix-huitième siècle. « L’air appartient à l’homme et l’homme appartient à l’air.
Samedi 25 juillet De l’exposition des Cent Chefs-d’œuvre, dont je sors à l’instant, il est pour moi indéniable, que le premier prix de paysage de ce siècle, appartient à Rousseau, le second à Corot. […] Samedi 30 juillet Comme nous félicitions de notre jugeotte des hommes et des femmes, à première vue — faculté que nous trouvons n’appartenir guère qu’à nous seuls dans notre monde, Daudet me disait : « C’est très curieux ; moi les gens, je les juge par le regard, par l’observation… Vous c’est par une espèce d’intuition de l’ambiance !
Vous les protégez : c’est à eux qu’il appartient d’éterniser le souvenir de vos vertus. […] Il l’est par ses meilleurs ouvrages, disaient-ils, & il n’appartient au siecle suivant que par ses malheurs. […] J’avoue, disait cet Auteur, que je puis avoir tort ; mais, au moins, ce tort m’appartient. […] Il n’avançait rien à titre de précepte qu’il ne le démontrât par l’expérience, & plusieurs de ses préceptes lui appartenaient. […] C’est une maniere qui n’appartient qu’à l’Auteur ; mais cette maniere est grande & digne de l’Epopée.
Ainsi, il est certain que, pour un peintre, les figures ont fatalement un nez, une bouche et deux yeux ; mais quant à l’expression de la figure, à la vie même, elle lui appartient. […] La presse entière, qui lui appartenait le samedi, se tournait contre elle le dimanche. […] Je ne répondrai pas aux critiques qui me sont personnelles ; je lui appartiens, il me juge comme il me comprend, c’est parfait. […] Mais j’étais trop engourdi ; j’appartenais à l’ennui vainqueur. […] Le dénoûment appartient à Marthe, et non à lui.
Nul, autant que vous, n’a l’expression délicate et familière, relevée à point d’une image imprévue ; et c’est avec un bonheur incomparable que vous reprenez des tours abandonnés depuis longtemps : vous les fondez si bien dans votre prose d’une couleur toute moderne, ils s’harmonisent et font si bien corps avec l’ensemble qu’ils vous appartiennent vraiment comme le reste. […] Il est vrai que les deux autres, les deux premiers, remplis par la narration de la mort d’Hercule et la déconvenue amoureuse de Philoctète, et qui appartiennent en propre à Voltaire, sont d’une insignifiance rare et d’un insupportable ennui. […] D’après lui, le gouvernement des peuples repose sur des principes immuables, dont la garde appartient à l’Église, qui représente Dieu sur la terre. […] J’y ai bien réfléchi ; j’ai lu attentivement l’histoire, l’état de tutelle est normal à l’esprit humain, et la vue fausse des esprits modernes, c’est d’admettre que cet état de tutelle est transitoire et que la gloire de la civilisation est de le finir. » Joseph de Maistre, ce génie de l’impertinence, avait écrit déjà : « Il appartient aux prélats, aux nobles, aux grands officiers de l’État, d’apprendre aux nations ce qui est mal et ce qui est bien, ce qui est vrai et ce qui est faux dans l’ordre moral et spirituel : les autres n’ont pas le droit de raisonner sur ces sortes de matières. […] Je ne le crois pas ; il appartient à cette fière famille d’intelligences qui ne comptent pas sur l’approbation immédiate, ne la comptant pour rien, et qui produisent en vue de l’œuvre même et non de sa réussite.
Il appartenait à une vieille et très bonne famille du Cotentin, établie de temps immémorial à Saint-Sauveur-le-Vicomte et à Valognes. […] Il a depuis jugé dans la préface de l’Amour impossible, et condamné, le genre auquel appartient ce vigoureux roman : « L’auteur », a-t-il dit, « si jeune alors et de goût horriblement aristocratique, cherchait la vie dans les classes de la société, qui, évidemment, ne l’ont plus. […] Il appartient à ce genre que nos aînés considéraient comme démodé et dont relèvent la Ténébreuse Affaire de Balzac, la Guerre et la Paix de Tolstoï. […] Les Mémoires des écrivains et des artistes, lorsqu’ils en laissent après eux, chose rare, appartiennent d’ordinaire à cette seconde catégorie. […] Tandis qu’il feuilletait les manuscrits, en proie aux songes, tout alentour une chatte faisait rouler une vieille flûte qui avait appartenu jadis à un autre Heine.
Mais la vérité seule est une, est éternelle ; Le mensonge varie, et l’homme trop fidèle Change avec lui : pour lui les humains sont constants, Et roulent de mensonge en mensonge flottants… Ici, il y a lacune ; le canevas en prose y supplée : « Mais quand le temps aura précipité dans l’abîme ce qui est aujourd’hui sur le faîte, et que plusieurs siècles se seront écoulés l’un sur l’autre dans l’oubli, avec tout l’attirail des préjugés qui appartiennent à chacun d’eux, pour faire place à des siècles nouveaux et à des erreurs nouvelles… Le français ne sera dans ce monde nouveau Qu’une écriture antique et non plus un langage ; Oh !
En avançant dans notre obscur voyage, Du doux passé l’horizon est plus beau : En deux moitiés notre âme se partage, Et la meilleure appartient au tombeau !
— Non, lui dis-je, mon père est aveugle et ma mère est morte (et je ne mentais pas en le disant, comme vous voyez), je n’appartiens à aucune bande de musiciens des Abruzzes ou des Maremmes, et je cherche seulement à gagner tout seul, par les chemins, d’une façon ou d’autre, le pain de mon père et de ma tante, qui ne peut pas quitter la maison où elle soigne son frère.
Le reste ne m’appartient plus.
Il suffisait de l’approcher pour subir l’ascendant de sa volonté et pour lui appartenir.
A cet endroit commence une des scènes les plus extraordinaires, les plus inoubliables qui soient au théâtre, une scène assurément unique en sa beauté et telle qu’il n’appartient qu’au génie d’en trouver de semblables.
On sait que les détracteurs de Wagner aiment à insinuer que son Leitmotif ne lui appartient pas.
« Cette doctrine diffère de la doctrine courante des physiologistes qui est celle-ci : La sensibilité n’appartient qu’aux centres qui sont dans le crâne ; tous les autres centres ont la propriété de réfléchir seulement les impressions.
Il appartient à une race merveilleusement douée et merveilleusement belle chez ceux de ses fils qui ont la force et la noblesse.
Alexandre Dumas, dans ce monde étrange qui lui appartient désormais, et dans les sables mouvants duquel il vient de planter son pavillon d’une main si ferme et si victorieuse.
Aussi n’offre-t-elle ni la localisation distincte, ni la projection au dehors, ni les effets complets d’adaptation musculaire, ni le ton émotionnel qui appartiennent aux sensations.
— « La force du désir, dit-on enfin, est en raison inverse du sentiment que nous avons de notre intelligence et de notre action propre ; au contraire, la force de la volition est en raison directe de ce même sentiment. » — Oui, parce que la force de la volition n’est autre chose que le sentiment même de notre intelligence et de la puissance d’action qui appartient à l’idée de notre moi indépendant.
Mais cette jeune fille était à peindre par Balzac, aux temps de la Restauration ou du règne de Louis-Philippe, — et plus en ces années, où le monde légitimiste n’appartient presque pas, on peut le dire, à la vie vivante du siècle.
Il se plaint que cassole ait déjà été déformé en casserole, quoique cassole appartienne à une autre série, que cassolette vienne de l’espagnol et que casserole soit un dérivé direct de casse, poêlon.
La description d’un hameau peut bien plaire par la naïveté et la grace ; mais Neptune calmant d’un mot les flots irrités, Jupiter faisant trembler les dieux d’un clin d’oeil ; ce n’est qu’à de pareilles images qu’il appartient d’étonner et d’élever l’imagination.
Cette loi est sans exception ; car quelle que soit la supériorité relative des hommes élus à titre d’intelligence dans un corps intellectuel, c’est une loi de la nature que l’empire y appartient toujours à la médiocrité.
Pour remplir chaque acte, ils prenaient des actions qui appartenaient bien au même héros, mais qui n’avaient aucune liaison entre elles.
Je ne suis ni l’un ni l’autre ; c’est à moi qu’il appartient de dire la vérité. » (Corresp. gén.
Peut-être il ne m’appartient pas d’en faire une critique raisonnée ; et d’ailleurs cela nous mènerait trop loin ; mais cependant, comme vous et vos partisans avez plus d’une fois critiqué tous nos grands auteurs et jeté le plus grand mépris sur ce que vous appelez la littérature de l’empire, dont j’ai l’honneur de faire partie, il doit m’être permis de vous dire, le plus poliment que je pourrai, ce que je pense de vos drames.
Ce poète dans l’abstraction répand sur les faits un tel prisme, qu’on croirait presque qu’elle appartient aux faits, cette lumière, qu’il n’y trouve pas et qu’il y met !
Mais la vouloir chrétiennement pour le salut et l’honneur du Christianisme, la vouloir pour sa résurrection, venir, le cœur attendri et les yeux en larmes, présenter à la Papauté le sabre japonais en l’engageant avec suavité à s’ouvrir elle-même le ventre, ceci est une manière de vouloir la mort de la Papauté qui appartient en propre à Victor Hugo, et si, dans le cours de son poème, il n’a pas la moindre originalité d’idées, il a du moins eu celle-là, dans son hypocrite ou son ironique conception !
Ces points sont animés au même instant de vitesses tangentielles différentes, d’autant plus grandes qu’ils sont plus éloignés du point O : pour l’observateur immobile en O, qui applique les formules de Lorentz, ils appartiennent donc à des systèmes différents ; pendant que s’écoule en O un temps dt, c’est un temps ralenti dt que notre observateur devra attribuer à l’un quelconque de ces points mobiles, dépendant d’ailleurs de la vitesse du mobile et par conséquent de sa distance au centre.
Quelle gloire, quel empire appartient à ces maîtres dont tout le monde doit, bon gré mal gré, apprendre, avec le nom et l’existence, quelque chose de ce qu’ils ont écrit ! […] La gloire appartient alors au second et non au premier. […] L’imprimerie, en augmentant infiniment au-delà de tout ce que les anciens copistes réunis auraient pu faire la puissance de diffusion du livre, si vite et si aisément multiplié, a-t-elle accru pour lui, dans la même mesure, les garanties de conservation, les chances de durée, et le temps, désormais, appartient-il au livre comme l’espace ? […] Il appartient aux géants de la littérature et de l’humanité d’enrichir de certains dons nouveaux l’âme de la nation où le destin les a jetés à leur naissance : c’est ce qu’ont fait en France successivement trois grands écrivains, trois grands hommes, qui n’étaient pas des génies purement français : Rousseau le Suisse, Chateaubriand le Breton, et Victor Hugo… l’Espagnol. […] L’exemple de Gringore n’est qu’un cas particulier du divin pouvoir d’idéalisation qui, d’une manière générale, appartient au génie, et qui, métamorphosant hommes et choses, nous montre le monde non tel qu’il est, mais tel que l’artiste l’a vu et l’a peint.
C’est un imbroitle, comme on disait alors, un imbroglio, comme on dit aujourd’hui, c’est-à-dire un composé de plusieurs petites intrigues, et c’est-à-dire que c’est une pièce qui appartient au théâtre antérieur à Molière. […] La Gloire du Val-de-Grâce étant de 1669 et l’Art poétique de Boileau de 1675, et du reste Molière étant mort en 1673, c’est incontestablement à Molière que le vers appartient. […] C’est un Turc en cela ou un Arabe ou un Persan, Il veut une femme qui lui appartienne comme un animal domestique. […] Il y a deux manières de railler les ridicules d’une profession, c’est de les montrer dans ceux qui appartiennent à cette profession et c’est de les montrer dans ceux qui imitent les professionnels. […] Les jeunes filles de Racine sont des femmes, ce sont des femmes charmantes, mais ce sont des femmes ; les jeunes filles de Shakespeare sont des fillettes, de très aimables fillettes, mais des fillettes ; je ne parle pas des jeunes filles de l’Arioste qui appartiennent peut-être à l’humanité, mais à une humanité que je ne connais pas.
La Fayette prend avec réserve et dignité sa revanche de ces aigreurs, et il triomphe légitimement à la fin, lorsque, sans cesser de se contenir, il s’écrie : « Il n’appartient point à mon sujet d’examiner la troisième époque de la vie politique de Sieyès82. […] Par son dévouement, son héroïsme conjugal et civique durant la prison d’Olmütz, cette noble personne appartient aussi à l’histoire ; on a lu d’ailleurs avec un agrément imprévu les piquantes et gracieuses lettres adressées à mon cher cœur, au premier départ pour l’Amérique91 ; en voici la contre-partie pathétique et funèbre : « Je ne vous ai pas encore écrit, mon cher ami, du fond de l’abîme de malheur où je suis plongé… j’en étais bien près lorsque je vous ai transmis les derniers témoignages de son amitié pour vous, de sa confiance dans vos sentiments pour elle.
J’entreprends donc ce travail de meilleur cœur, étant sûr de ne point le mettre en colère et de ne blesser en aucune façon sa réputation : comble de bonheur et de sécurité qui appartient à Son Excellence, et que nul philosophe avant lui n’a pu atteindre. — Thomas, comte de Wharton, lord-lieutenant d’Irlande, par la force étonnante de sa constitution, a depuis quelques années dépassé l’âge critique, sans que la vieillesse ait laissé de traces visibles sur son corps ou sur son esprit, quoiqu’il se soit prostitué toute la vie aux vices qui ordinairement usent l’un et l’autre. […] Le quatrième est presque tout employé à résoudre cette question : si le droit de fabriquer des mensonges politiques appartient uniquement au gouvernement ?
Qu’on juge de cette passion emportée et de cette logique accablante par un seul passage : Pendant plus de dix ans, le peuple avait vu les droits qui lui appartenaient à double titre, par héritage immémorial et par achat récent, brisés par le roi perfide qui les avait reconnus. […] Tous les genres divers d’intérêt qui appartiennent au passé et au présent, aux objets voisins et aux objets éloignés, étaient rassemblés dans un même lieu, et dans une même heure.
. — À quelle famille de philosophes il appartient […] Il y a en dehors de la définition plusieurs façons de faire reconnaître l’objet ; il y a telle autre propriété qui n’appartient qu’à lui ; on pourrait désigner la sphère en disant que, de tous les corps, elle est celui qui, à surface égale, occupe le plus d’espace, et autrement encore.
Mais voilà que, sur nos espérances, tombent ainsi que des gouttes d’eau glacées, des paroles de Thierry, nous disant qu’il n’a pas trouvé tout le concours qu’il espérait dans Got, que Got appartient trop à Laya, auquel il est reconnaissant outre mesure de son succès dans Le Duc Job, et que venant de jouer un rôle de vieux, il veut jouer un rôle jeune : — tout cela confidemment et discrètement dit, comme des choses dont on ne laisse passer que la moitié, et qui font redouter ce qu’on ne dit pas. […] En regardant, en écoutant ce monde aller, dire votre prose, jouer la vie de votre création ; en voyant cette scène à vous, et sentant tout vous appartenir là, le bruit, le remuement, la musique, les acteurs, les figurants, tout, jusqu’aux machinistes et aux pompiers, je ne sais quelle joie orgueilleuse vous remplit de posséder tout cela… Comme public il y avait un curieux public, et tout d’abord Worth et sa femme, sans l’inspection desquels Mme Plessy ne joue jamais, et avec eux tout le monde des modistes et des tailleuses célèbres… L’effet de la pièce croît de répétition en répétition.