Sans prétendre m’engager si avant, je profiterai de tout cela, et surtout d’un manuscrit autographe de Saint-Martin, que je ne crains pas d’appeler son meilleur ouvrage. […] Sa destinée divine, comme il l’appelle, lui semblait douce et belle si on l’eût laissé faire ; mais les obstacles ici-bas n’ont jamais manqué. […] » Il reconnaît d’ailleurs avoir eu des obligations inexprimables à Martinez de Pasqualis, qu’il appelle un homme extraordinaire pour les lumières, « le seul homme vivant de sa connaissance dont il n’ait pas fait le tour ». […] J’aurais peut-être été bien malheureux sur la terre si j’avais eu ce que le monde appelle du pain ; car il ne m’aurait rien manqué. […] Ceux que j’appelle réellement mes amis, je voudrais les voir à toutes les heures et à tous les instants, car ce n’est que par un usage continu de l’amitié qu’elle peut montrer tout ce qu’elle est, et rendre tout ce qu’elle vaut.
Arago appelle cette dernière l’édition de d’Arnaud. […] Arago d’un écrivain qui, ayant à parler du géomètre Fontaine, l’appellerait chaque fois, par mégarde, La Fontaine ? […] Mlle de Lespinasse, qui n’appelle jamais Condorcet que le bon Condorcet, sentait bien pourtant ce défaut caractéristique chez lui, et qui consistait à se doubler, à se centupler, à se trop répandre. […] Tout ce qui n’est pas de l’avis et du bord de celui qui écrit, est vite appelé canaille en toutes lettres. […] À peine se laisseraient-elles un moment charmer à la voix de cette sirène qu’on appelle le génie.
Cette caserne éclatante qui s’appelle Rome, a-t-elle un instant sérieux de grandeur intrinsèque et qui vraiment lui appartienne N’est-elle pas tombée, comme elle s’est élevée, — par miracle ? […] Saint Léon, que l’Église romaine appelle le Grand et que l’Église grecque appelle le Sage, saint Léon, le pontife sauveur, au-dessus de la tête duquel Raphaël a mis des apôtres et des anges pour expliquer le cabrement du cheval d’Attila devant la majesté placide du vieillard, saint Léon n’est pour M. […] c’était une bonne occasion (à ce qu’il semblait) pour se dégager des derniers empâtements de cette manière, l’esclavage de beaucoup d’esprits, et que nous avons appelée au commencement de ce chapitre : Le bourgeoisisme dans l’histoire, M. […] Amédée Thierry d’être le frère de celui que Chateaubriand appela l’Homère de l’histoire. […] Comme historien, il a des préjugés, il a des partis pris et ce que j’oserai appeler, moi, des pusillanimités.
C’est ce qu’on appelle les figures de pensées, figures de passion, d’imagination ou de raisonnement. […] Ainsi Rotrou appelle les jeunes martyrs du christianisme : Ces fruits à peine éclos, déjà mûrs pour les cieux. […] Un bon nombre de métaphores qui appartiennent aux catégories que j’ai énumérées en dernier lieu et qu’on appelle proprement métonymies et synecdoches, seront dans ce cas. […] « Il y a des lieux, dit Pascal, où il faut appeler Paris Paris, et d’autres où il le faut appeler capitale du royaume. » La condition essentielle sans laquelle la périphrase n’est pas recevable, c’est qu’elle désigne si vivement l’objet qu’on ne s’aperçoive même pas de l’absence du mot propre. […] C’est la figure qu’on appelle catachrèse.
Elle s’appelle, comme son livre : Infaillibilité ! […] Après Joseph de Maistre, après ce magnifique livre du Pape, qui semblait si impérieusement péremptoire sur la question d’infaillibilité, Saint-Bonnet a écrit un livre identique de doctrine, mais différent de raisons et de preuves, et qu’il n’a pas craint d’appeler, du nom de la question même : l’Infaillibilité. […] Le génie métaphysique de Saint-Bonnet (car son talent va jusque-là) n’a pas eu peur du génie historique et politique de de Maistre sur un sujet, — catholique en ceci encore qu’il admet et que même il appelle toutes les compétences de l’esprit. […] Cette loi sublime, il la montre et la suit dans tous les phénomènes qu’ils appellent, eux, le mal de la vie : la faim, — tout commence par la faim, dit-il, — le travail, l’esclavage, les infirmités des organes, les maladies, la vieillesse, — dont il donne la raison divine, la raison suprême et rayonnante, — et enfin la mort, qui commence la grande vie. […] L’auteur de la Douleur a souvent des élancements vers ce qu’il appelle l’Infini, qui ressemblent aux Exclamations de sainte Thérèse vers Celui qu’elle appelait « son Dieu ».
Elle s’est appelée elle-même un voyou dans ses Lettres d’un voyageur. Si vous voulez, je l’appellerai Monsieur George Sand, au lieu de Madame, dans le courant de ce chapitre. […] » C’est nous, en effet, nous les critiques qui tenons encore pour la grande sornette catholique, c’est nous race de critiques, dénonciateurs, pourvoyeurs de ministères publics, comme elle nous appelle (page 106), cette charmante, qui l’avons barbouillée d’adultère ! […] C’est nous qu’elle appelle, pour nous humilier et nous aplatir, les sergents de ville du feuilleton ! […] l’appeler le plus grand homme de son époque.
Cousin appelle raison la faculté ou pouvoir qu’a l’esprit de produire les axiomes et les idées des objets infinis. […] Appelons ces axiomes vérités absolues ; à l’instant la théorie se complète. […] On peut faire sur une idée comme sur un jugement deux opérations, l’addition et la soustraction que nous venons d’appeler abstraction. […] J’aperçois par la même conscience un tout continu et persistant, dont ces sensations sont des moments isolés, et que j’appelle moi. […] À ce titre je les appelle qualités, et j’appelle la donnée plus complexe substance.
Appelons « ligne rigide » ou « ligne » tout court une ligne géométrique telle que OA ou OB. Appelons « ligne de lumière » le rayon lumineux qui chemine le long d’elle. […] Ordinairement, quand nous les appelons des points fixes, nous les traitons comme s’ils étaient joints les uns aux autres par des tiges rigides. […] Mais la combinaison des effets dans le Temps donne ce qu’on appelle une contraction de longueur dans l’Espace. […] Nous les avons appelés mathématiques, au cours du présent essai, pour éviter toute confusion.
C’est ce qui a lieu dans ce cruel et mystérieux phénomène que l’on appelle la folie, ce désordre si étrange que quelques médecins mystiques ont voulu y voir une expiation et un châtiment de nos péchés et de nos passions33. […] J’en dirai autant de celle que donne un autre médecin très éclairé, le docteur Baillarger : celui-ci ramène la folie à un fait fondamental qu’il appelle l’automatisme de l’intelligence. Selon lui, la folie consiste précisément dans la suspension de toute action volontaire et dans l’entraînement fatal avec lequel les idées se reproduisent d’elles-mêmes sans être appelées. […] Appelez ce désordre comme il vous plaira, je l’appelle une maladie, et si vous reconnaissez l’âme comme le principe qui pense et qui sent, je ne vois pas ce qui empêche de dire que l’âme est malade lorsqu’elle pense et sent d’une manière absurde40. […] En outre, parmi les causes de la folie que l’on appelle des causes morales, il en est qui certainement n’agissent sur l’esprit que par l’intermédiaire des organes : par exemple, l’abus des boissons, le libertinage, ne causent la folie qu’après avoir altéré l’organisme.
Le divorce, que Bellegarrigue, dans son style mécanique, appelle un mariage à soupape, pour l’opposer au mariage en cul-de-sac, ainsi qu’il nomme ignoblement la sainte indissolubilité du mariage contracté, en vue des enfants, pour l’éternité, devant Dieu. […] Le grand moraliste américain appelle cela : « Apprendre la vie ! […] Il s’appelle légion. […] … Leur nouvel historienne nous fait point l’effet d’un cerveau de taille à inventer un monde ; mais on dirait pourtant qu’il a ce genre d’invention qui s’appelle hâblerie dans le vocabulaire des voyageurs. […] En Europe, ceci s’appellerait du cynisme.
Il eut cette effroyable logique qu’on appelle l’impénitence finale, et ce sera sa damnation aussi devant la Critique. […] Si Michelet revenait au monde, on l’appellerait « une vieille barbe », comme on l’a dit même de Victor Hugo ! […] Desaix fut appelé : « le Sultan juste » par les Mameloucks. […] Il était de ceux-là que les soldats appellent : « les charmeurs de balles », et pour leur faire dire vrai, il fut tué d’un coup de lance en pleine poitrine. […] Et tous ceux-là, disais-je, qui montent autour de la colonne, comment les appelle-t-on ?
Quand la première édition parut, les amours-propres blessés poussèrent un cri si aigu que nous nous imaginions trouver en cette Correspondance beaucoup de ces vérités malicieuses qui sont innocentes lorsqu’elles sont spirituelles, mais que les douillets de la sottise appellent des méchancetés, pour s’en plaindre et pour s’en venger. […] l’essentiel, c’est « l’expression noble, qui ne manquera jamais, si elle l’est, l’effet grandiose de la nature », dit ce tulipier de la phrase, et pardonnez-nous de l’avoir appelé : un beau parleur scientifique, après cela ! […] Ici, Humboldt, fatigué de tout et même de sa gloire, qui lui rapportait quatre cents lettres par mois de tous les badauds de l’Europe, — lesquels l’appelaient tous « jeune vieillard », sans s’être donné le mot, pour prouver que, comme les grands esprits, les grands imbéciles se rencontrent, — Humboldt trouva presque une originalité dans la mauvaise humeur de ses derniers jours. […] On n’est pas méchant pour se tromper sur le compte de Philarète Chasles et pour l’appeler « vulgaire dans les idées comme dans le langage », lui qui est à l’autre extrémité du vulgaire en toutes choses, et qui courtise parfois la prétention. […] Il avait la haine des prêtres, qu’il appelle les hommes noirs , comme Béranger, et il bat partout, dans ses livres, de ce tambour vide qu’on nomme civilisation.
Quand la première édition parut, les amours-propres blessés poussèrent un cri si aigu que nous nous imaginions trouver en cette correspondance beaucoup de ces vérités malicieuses, qui sont innocentes lorsqu’elles sont spirituelles, mais que les douillets de la sottise appellent des méchancetés, pour s’en plaindre et pour s’en venger. […] Ici, Humboldt, fatigué de tout et même de sa gloire, qui lui rapportait quatre cents lettres par mois de tous les badauds de l’Europe, lesquels l’appelaient tous « jeune vieillard » sans s’être donné le mot, pour prouver que, comme les grands esprits, les grands imbéciles se rencontrent, — Humboldt trouva presque une originalité dans la mauvaise humeur de ses derniers jours. […] Seulement, j’insiste sur ce point : le mordant survenu à Humboldt, qui se contentait d’appeler, comme un vieux libéral qu’il était, les ministres berlinois des momies en service extraordinaire, et de se moquer des sottises, adhérentes ou inadhérentes à toutes les espèces de gouvernements, ce mordant ne fut point celui qu’on a dit, c’est-à-dire la férocité tardive d’un vieux Cléon, d’un vieux Méchant, cynique et comique. […] Philarète Chasles et pour l’appeler « vulgaire dans les idées comme dans le langage », lui qui est à l’autre extrémité du vulgaire, en toutes choses ! […] Il avait la haine des prêtres, qu’il appelle les hommes noirs , comme Béranger, et il bat partout, dans ses livres, de ce tambour vide qu’on nomme civilisation.
Voilà la question que Wey pose avec son nouveau roman et que la Critique, en rendant compte du livre, est appelée à examiner. […] Et plus tard, plus tard encore, ce sera du conteur que l’on se souviendra le plus ; car l’Imagination touchée est la plus reconnaissante des facultés qui composent l’ensemble de notre ingratitude, et c’est aussi l’écho qui brise le moins la voix qu’il renvoie à cette pauvre chanteuse, à l’écho qu’on appelle fastueusement la gloire. […] Il s’appelle Christian, et, s’il s’appelle ainsi, ce n’est pas, certes ! […] Elle s’appelle du nom idéal d’Éliane de Talavère. […] Et c’est l’histoire, bien plus trahie que racontée, de ces impressions, que j’appelle là troisième partie du roman de Francis Wey.
Appelez cette opération, si vous le voulez, abstraction : M. Cousin lui-même l’a appelée abstraction immédiate. […] Taine appelle « la loi », et M. […] Littré appelle la propriété de s’ajuster à des fins ?) […] On appelait paix des esprits leur indifférence et leur langueur.
Sceptique, raisonneur, politique, homme d’État, Thucydide, lui, ne pourrait jamais s’appeler le bon Thucydide. […] Le naïf, seul, n’aurait pas suffi… Rollin, qu’on appelle aussi le bon Rollin, et qui, dans son Histoire ancienne, a traduit bien des morceaux d’Hérodote, Rollin, l’âme simple, droite, ingénue, qui était un naïf par l’esprit, mais qui parlait la langue ordonnée et anti-naïve du dix-septième siècle, n’a jamais traduit que le sens général ou littéral d’Hérodote. Les grâces d’Hérodote, ses finesses, ses malices, car il est malicieux, tous les divins commérages de cette histoire qu’Hérodote n’appelle pas une Histoire, mais ses Histoires, échappent à Rollin et devaient lui échapper, quand il s’agissait de les reproduire. […] Laissons-lui dire qu’avant Descartes et Pascal la langue française n’était pas fixée, comme si la langue fluviale de Rabelais ne valait pas le petit bassin d’eau filtrée sur lequel Racine mettait à îlot et faisait manœuvrer les petites galères d’ivoire de ses tragédies… Pascal, qui est un des fïxeurs de la langue française, pour parler l’incroyable jargon des pédants traditionnels et officiels, Pascal lui-même imite Montaigne, et c’est en réunissant la langue de Montaigne à son âme à lui, à cette âme si épouvantablement passionnée, qu’il fut ce miracle… ou ce monstre, qu’on appelle Pascal ! […] Ce caractère religieux a frappé Pierre Saliat, qui, ramenant tout à la préoccupation de son temps comme les vieux peintres au costume du leur, quels que soient les sujets qu’ils traitent, finit par appeler « chrétien » Hérodote, comme il rayait appelé « un gentilhomme grec ». « Une chose que je ne veux oublier, — dit-il en son style d’une senteur antique et exquise, — c’est que les vieux historiens (comme aussi les poètes)sont dignes véritablement d’être révérés et honorés, et principalement pour cette révérence qu’ils portent à leurs Dieux, quoique feints ils soient.
… Même ceux-là qui auraient trouvé leur compte à une histoire de Louis-Philippe, ont semblé s’être donné le mot pour n’en pas parler, et l’on a pu croire à cette vieille tactique qui s’appelle la conspiration du silence et qui n’est peut-être que celle de la peur. […] Crétineau-Joly n’a pas, d’ailleurs, seulement contre lui le mordant du verbe, si désagréable aux Philintes caressants des partis, qui s’imaginaient étouffer l’Empire en s’embrassant, mais il a, de plus, tout ce qui peut choquer le courage de ce fier héros qui s’appelle monsieur Tout-le-Monde. […] Parce qu’il est un chouan attardé dans l’Histoire, et que, trop souvent, il n’y a qu’un pas entre le chouan et le bandit, on franchira ce pas, et on l’appellera… un bandit de lettres. […] Et, pamphlet ou libelle alors, un pareil livre doit prendre, sous l’examen et les réserves de la Critique, la place qu’on eût bien voulu lui ôter et dont il est digne, parmi ces compositions graves et consciencieuses qu’il est convenu d’appeler de l’Histoire. […] Ainsi, un Macbeth manqué et dépareillé, un Macbeth bourgeois, qui n’a jamais senti, comme l’autre, entre ses deux épaules, l’inflexible bras tendu de la vigoureuse femme qui le pousse à l’action, voilà le Louis-Philippe que Crétineau-Joly a entrevu, mais qui, s’il l’avait regardé plus longtemps, lui aurait expliqué ce piètre règne qu’on a appelé le règne du juste milieu pour en dissimuler, sous ce nom-là, les pusillanimités et les tristesses !
Voilà, en quelques mots qui en disent peut-être trop peu, l’Introduction que le publicateur de Saint-Simon appelle son Introduction générale. […] D’un autre côté, quoiqu’on ait rendu justice au peintre, au Titien historique qu’il fut, on a souvent trouvé dans les magnifiques peintures de ses Mémoires ce qu’on appelle vulgairement des « ombres au tableau ». […] Ce sont ces coutumes, supérieures à toute loi écrite, à tous ces papiers qu’on appelle « des constitutions », que l’épée du premier venu déchire quand ce n’est pas la main populaire, moins belle qu’une épée, ou la gueule, la basse gueule des tribuns ! […] VIII C’est, en effet, un olifant qui sonne la fin de la monarchie, — de cette monarchie qui a duré plus qu’aucune monarchie du monde, parce qu’elle était fondée sur le principe divin de la paternité et de la famille, et qui allait mourir par les bâtardises ; car toutes les bâtardises s’appellent comme l’abîme appelle l’abîme. […] Les bâtards crient toujours quand on les appelle des bâtards, au lieu d’effacer par leur mérite la tache de leur bâtardise.
Lorsqu’en 1804, l’Institut fut appelé à émettre un vote sur le nouvel établissement impérial, M. […] J’ai entendu appeler cet article de M. […] Biot s’était de tout temps occupé de la branche de physique qu’on appelle Optique, et qui se traite à la fois par l’expérience et par l’application rigoureuse du calcul. […] Ce dernier a raconté que le jour où il fut appelé dans le cabinet de M. […] Son testament philosophique, ou ce qu’il appelait moins justement de ce nom, se trouverait dans le Journal des Savants de mars à mai 1852 : c’est une suite d’articles sur Cotes et Newton.
Qu’est-ce que la Syrie, où des rixes endémiques entre des fragments de populations aussi concassées que les cailloux d’une mosaïque, ne peuvent vous appeler à leur aide sans que leurs voisins à leur tour n’appellent aussi à leurs secours d’autres nations protectrices de l’Occident, pour que la domination donnée aux uns ne devienne pas à l’instant la servitude des autres, pour que les victimes d’aujourd’hui deviennent les massacreurs de demain ? […] Une intervention française à perpétuité n’y appellerait-elle pas une intervention anglaise, un champ d’intrigue et de bataille à perpétuité ; et cela pour quoi ? […] Sera-ce cette petite Macédoine moderne, qu’on appelle le Piémont, auquel vous livrez si aveuglément aujourd’hui l’Italie ; le Piémont, puissance radicalement disproportionnée à son ambition ; monarchie de complaisance, à qui vous faites un rôle plus grand que sa taille dans le drame géographique de l’Europe ; puissance trop faible pour constituer l’Italie et pour la défendre, si vous consentez à lui annexer monarchiquement toute cette péninsule ; puissance trop forte, si vous la laissez former contre vous un bloc de trente millions d’habitants sur votre frontière du midi et de l’est ; excroissance ou chimérique ou périlleuse qui change complétement la situation défensive de la France en changeant la géographie des puissances contiguës ? […] Tout cela passe successivement sous vos yeux comme un panorama parlant du globe, qui vous dit la biographie complète du globe, des temps, des races, des idées, des religions, des empires, par où l’humanité a passé, passe et passera avant de tarir, en faisant ce petit bruit que les historiens profanes appellent gloire, civilisation, puissance, et que les philosophes appellent néant ! […] Quand nous aurions achevé ensemble ce tour du globe, cette chronologie des choses humaines, dans ma chambre de vingt pieds carrés, parcourue lentement en une année de stations devant ces cartes, et que les volumes de l’histoire lue sur place joncheraient à nos pieds le plancher de notre école, semblable à un navire qui aurait fait la circumnavigation du globe et du temps, j’appellerais un à un mes petits géographes, compagnons de notre navigation sur place ; je leur demanderais d’être à leur tour les pilotes de notre longue et universelle expédition sur tant de mers, de côtes, de fleuves, de montagnes, de terres inconnues ; de nous dire où nous en sommes de cet itinéraire géographique entrepris ensemble et accompli en une année d’études aussi variées qu’intéressantes.
Ceux qui y souscrivirent furent appelés la Brigade. Une fois maîtres du terrain, la victoire leur montant au cerveau, la brigade se mit de ses propres mains au ciel, et s’appela la Pléiade. […] Aucune de ces pièces n’est digne de ce poëte futur, qu’appelait le vœu de Du Bellay ; aucune ne réalise les prescriptions du manifeste. […] Il ne reste plus qu’à donner les motifs de ce jugement, dont la sévérité était si opportune et si courageuse dans une poétique écrite en présence et à la face de ce qu’on appelait alors la queue de Ronsard. […] La même illusion fit prescrire l’emploi de mots composés à la manière de la langue grecque, et ce qu’il appelait le provignement des vieux mots.
La chose est donnée dans une vision réelle ; l’expression correspond tout au plus à ce que nous appelons une vision fantasmatique. […] La vision que nous appelons réelle ne serait que l’une des visions fantasmatiques. […] Elle ne serait que l’aspect superficiel et spatial d’une réalité solide qui devrait s’appeler temps et espace à la fois. […] Ne me prenez pas pour un métaphysicien, si vous appelez ainsi l’homme des constructions dialectiques. […] Nous l’accordions, mais nous faisions remarquer que l’intervalle entre les deux événements devenus successifs aurait beau s’appeler du temps, il ne pourrait contenir aucun événement : c’est, disions-nous, du « néant dilaté ».
Voyez ce qui sépare encore ce qu’on appelle l’anglo-catholicisme du véritable catholicisme, du catholicisme universel ! […] elles n’ont aucun des grands caractères qui marquent ordinairement ces cataclysmes de l’erreur, dans la conscience foudroyée, que l’on appelle des conversions. […] Et le sentiment d’une position que nous appellerions fatale si le mot était plus chrétien, qui n’en a pas la pleine conscience, à l’heure qu’il est, en Angleterre ? […] Il s’appelait : le Papisme d’Oxford, confronté, désavoué et répudié (confronted, disavowed and repudiated). […] L’anglo-catholicisme du Dr Pusey, qu’on appelle aussi du romanisme, conduira avant peu l’Angleterre à une réconciliation avec Rome.
. — Je te donnerai les trésors de l’obscurité, les richesses profondément enfouies, afin que tu saches que c’est moi qui t’ai appelé, avant que tu ne m’aies connu. » Le roi de cet énorme empire s’appelait par excellence le « Grand Roi ». « Longue-Main » était aussi un de ses surnoms, parce que sa droite se déployait sur la terre, et qu’aucun peuple n’était hors de son atteinte. […] La « Bouche du Roi », comme l’étiquette appela plus tard ce service, était un gouffre qui engloutissait, chaque jour, la nourriture d’une grande ville. […] Sa présence frappait de mort l’audacieux qui osait paraître devant lui sans avoir été appelé. — « J’irai donc chez le Roi » — dit à Mardochée Esther, la reine favorite, la « Perle », comme il l’avait surnommée, — « J’irai chez le Roi, ce qui est contre la loi. […] Toute pauvre et exiguë qu’elle était, la conscience de son aristocratie native lui faisait appeler « Barbares » ceux qui vivaient hors de ses mœurs et de ses cités. […] La « dame » — Dam, comme l’appelait la vieille langue aryenne, — maîtresse de la maison, reine du foyer, s’était révélée et montrée à lui.
ces frères siamois de la littérature — comme on les appelle déjà — sont aussi les neveux siamois de l’auteur du Solitaire (ils tiennent par le mauvais côté à d’Arlincourt comme parle bon à Jules Janin) ; supposez donc qu’ils se résolvent à parler simplement et virilement cette belle langue française que nous devrions tous respecter comme la parole de notre mère, et qui semble, sous leur plume, contracter quelquefois l’accent des Incroyables du temps de Garat (serait-ce pour se faire mieux accepter comme les Alcibiades de l’histoire ?) […] Seulement, nous croyons qu’alors, dans cette vaste galerie qui s’appelle l’histoire d’une société, il y aurait — si on recommençait de la construire sur nouveaux frais et de la peindre — deux frères mosaïstes qui feraient leur pan de lambris ou de plafond avec une distinction très rare, et que la Critique devrait apprécier. […] Louis XIV, qui n’aimait pas la province, on sait pourquoi, l’insultait par ses écrivains ; mais MM. de Goncourt, dont le nom semble révéler une vieille origine provinciale, n’ont-ils jamais su, ou les traditions de la famille ne leur ont-elles jamais appris, que la province — et surtout la province d’avant la Révolution — gardait dans ses châteaux et dans ses grandes villes un exemplaire plus pur que Paris lui-même de ce qu’on appelait la société française, de ce mélange heureux et si admirablement réussi de lumière, d’élégance, d’amabilité et presque de vertus, qui faisait de la France l’aimant du monde ? […] Les gens qui font cela ne s’appellent point des historiens. […] Assurément, s’ils avaient eu conscience de leur œuvre, s’ils l’avaient appelée du nom modeste qu’elle devait porter, nous n’eussions pas parlé si longtemps d’une production agréable à lire, mais sans valeur forte et déterminée.
Le marquis d’Argenson, un fort honnête homme, l’appelle « un droit furieux ». […] J’appelle un apologue du temps à mon aide pour expliquer leurs désirs. […] J’oserais dire que c’est Emilie, celle que les contemporains appelaient « une adorable furie ». […] L’une s’appelle Agnès ou Isabelle et n’a que de l’aversion pour celui qui l’a élevée ; elle le dupe avec autant de sérénité que d’innocente rouerie. […] Le sort veut qu’il soit maintenant au service : mais ne l’appelez pas laquais !
Un journal peut s’appeler le Figaro ou le Voltaire. […] Ou bien alors on appellera critique ce qui est morale, comme Gorenflot appelait carpe ce qui était volaille. […] On me dira : « Ce que vous appelez la critique professionnelle, pourquoi ne l’appelez-vous pas la critique historique ? […] Il l’appelle la critique des beautés. […] Qui appelle-t-elle comme son achèvement ?
Ou l’ame se livre aux impressions que les objets exterieurs font sur elle ; et c’est ce qu’on appelle sentir : ou bien elle s’entretient elle-même par des speculations sur des matieres, soit utiles, soit curieuses ; et c’est ce qu’on appelle reflechir et mediter. […] Voilà ce qui les porte à courir avec tant d’ardeur après ce qu’ils appellent leur plaisir, comme à se livrer à des passions dont ils connoissent les suites fâcheuses, même par leur propre experience. […] Quand les hommes dégoutez de ce qu’on appelle le monde prennent la resolution d’y renoncer, il est rare qu’ils puissent la tenir.
Plus on a d’esprit, plus on est mécontent de ce qu’on en a ; j’en appelle aux gens d’esprit de tous les temps et de toutes les nations. […] J’en appelle à ces productions avortées que leurs illustres auteurs condamnent avec tant de raison à ne point sortir de l’obscurité, et que méprisent tout bas ceux qui les connaissent, après les avoir louées tout haut ; j’en appelle surtout à la manière dont le public en pense, lorsque, par quelque malheur ou quelque maladresse de la vanité, elles osent se montrer à la lumière. […] Quand je dis les savants, je n’entends pas par là ceux qu’on appelle érudits ; c’est une nation jusqu’ici assez peu connue, peu nombreuse, peu commerçante, et qui certainement n’en est pas plus blâmable. […] Il n’en est pas de même de ceux qu’on appelle beaux esprits. […] Dans leurs mémoires périodiques, qu’on peut appeler, comme M. de Voltaire appelle l’histoire, d’immenses archives de mensonge et d’un peu de vérité, presque tout est loué, excepté ce qui mérite de l’être.
À Monsieur Théophile Silvestre L’auteur des artistes vivants Mon cher Silvestre, L’abîme appelle l’abîme. […] Mais ce n’est pas tout, mon cher Silvestre… Après que l’ami a appelé l’ami, le critique, à son tour, appelle le critique.
La favorite l’a appelée : « Envieuse. » Le Maître a déclaré : « Il est juste que celle-ci, qui est belle, ait la meilleure part. » Il a dit encore : « Il faut que tout le monde vive. » Il a conclu : « Tout travail mérite salaire. » L’esclave laborieuse est partie persuadée par ces paroles. […] Et il y a eu des prostitués qui se sont appelés bouffons, philosophes, prêtres, poètes, artistes et professeurs. […] Les prostitués les ont appelés : « Envieux. » Et le Maître a répondu : « Leur intelligence a justement mérité à ceux-ci la meilleure part. » Et : « Il faut que tout le monde vive. » Et encore : « Tout travail mérite salaire. » Bien que penser, chanter, sculpter, donner son âme et son esprit aux jeunes gens ne soient que des repos et des joies, le Maître avait raison d’employer le mot travail. […] Et quelques-uns récrivent avec opportunité, comme d’autres appellent une dot par les petites annonces des journaux. […] J’en sais d’autres qui, avec plus ou moins de succès, employèrent un volume à appeler : « Quelle femme riche veut m’acheter, corps et âme ?
Mauvaise rime qu’on appelle suffisante ; La Fontaine pouvait mettre d’un pas dégagé. […] Au surplus, ce récit ne peut pas s’appeler une fable ; c’est une petite histoire allégorique qui conduit à une vérité morale. […] Voilà les conquérans appelés voleurs, c’est-à-dire par leur nom. […] Ce vers de six syllabes, suivi d’un autre de trois, si l’on peut appeler ce dernier un vers, ne me semble qu’une négligence et non une beauté. […] La voici : Le juge, appelé Cadi, prend une connaissance succincte de l’affaire, fait donner la bastonnade à celui qui lui paraît avoir tort, et ce tort se réduit souvent à n’avoir pas donné de l’argent au juge comme a fait son adversaire : puis il renvoie les deux parties.
Personne presque n’a assez de mérite pour jouer ce rôle avec dignité, ni assez de fonds pour remplir le vide du temps, sans ce que le vulgaire appelle des affaires. […] Ce sont des à-peu-près qui appelleraient, des remarques plus précises, des rectifications à chaque page. […] Il écorche presque tous les noms propres, il écrit l’abbé Gerbot pour Gerbet ; il appelle M. […] Il appelait l’alexandrin un cache-sottise ; il demandait pourquoi le vers français se vante de n’admettre que le tiers des mots de la langue, tandis que les vers anglais peuvent tout dire. […] Sa sévérité étrange pour un si ancien ami et un si piquant esprit appelle la nôtre à son égard et la justifierait, s’il en était besoin26.
Ceci peut s’appeler la métaphysique des métaphores ; des fautes de style font ici des fautes de science ; le langage faux produit la pensée fausse ; en comparant des qualités et des pouvoirs à des êtres, on les change en êtres ; l’expression pervertie pervertit la vérité. […] Notre avis est que les idées, sensations et résolutions, sont des tranches ou portions interceptées et distinguées dans ce tout continu que nous appelons nous-mêmes, comme le seraient des portions de planche marquées et séparées à la craie dans une longue planche. […] L’étendue est une portion du tout qu’on appelle matière ; la pesanteur est une portion du tout qu’on appelle pierre ; la végétation est une portion du tout qu’on appelle plante ; l’éclat est une portion du tout qu’on appelle soleil. […] Vous l’aviez conduite hors du chemin dans une broussaille ; elle y est encore ; les physiologistes à qui l’on parle de psychologie se mettent à rire, citent Molière, l’opium qui fait dormir parce qu’il a une vertu dormitive ; l’homme qui perçoit les objets extérieurs parce qu’il a la faculté appelée perception extérieure ; l’âme qui ressent l’émulation parce qu’elle apporte en naissant un penchant à l’émulation ; l’esprit qui connaît les objets infinis parce qu’il possède la raison, faculté de l’infini. […] Vous avez traversé une seconde apparence ; vous venez de franchir la seconde porte, laissant le vulgaire à l’entrée ; définissez ce fait découvert, et le vulgaire n’aura plus le droit de vous appeler impuissant.
La sensation représentative, envisagée en elle-même, est qualité pure ; mais vue à travers l’étendue, cette qualité devient quantité en un certain sens ; on l’appelle intensité. […] C’est parce que je dure de cette manière que je me représente ce que j’appelle les oscillations passées du pendule, en même temps que je perçois l’oscillation actuelle. […] L’espace employé à cet usage est précisément ce qu’on appelle le temps homogène. […] Et pourtant nous ne pouvons former l’idée même de multiplicité distincte sans considérer parallèlement ce que nous avons appelé une multiplicité qualitative. […] De là la possibilité de déployer dans l’espace, sous forme de multiplicité numérique, ce que nous avons appelé une multiplicité qualitative, et de considérer l’une comme l’équivalent de l’autre.
Voilà qui s’appelle deviner. […] ces Florentins du diable ont eu le front de s’appeler le Peuple de Dieu ? […] On appelait ces explications narratives des cantiques. […] On appelle à soi les petits enfants, les humbles. […] Il s’appelle Légion, dit-il, et il se sent seul.
Les lettres pourtant avaient place dans son ambition ; il sentait qu’il était né sous cette double étoile de Montesquieu et de Voltaire qu’il appelle tous deux « les créateurs de l’esprit de leur siècle ». […] Ce dernier fut donc remercié presque aussitôt qu’appelé, et il retourna faire les fonctions d’intendant de province26. […] Le jeune administrateur, comme on l’appelait encore, s’y montre avec tous ses avantages de physionomie, de regard, de représentation : il est peint assis, jusqu’à mi-jambe, en habit habillé, avec dentelles, coiffure du temps ; la main gauche est étendue sur une console d’où tombe en se déroulant une carte de la province : ses doigts distraits s’y posent et s’y déploient quelque peu complaisamment. […] Dès les premières pages, il nous rend bien le caractère général de cette époque, ce qu’il a appelé le « caractère sexagénaire » du siècle. […] Lui-même que l’on appelait encore complaisamment en 1787 un jeune magistrat, va devenir en peu d’années un débris d’émigration, une antique, un monument.
Ce qui survit ainsi à la sensation, je l’appelle « une copie, une image de la sensation, quelquefois une représentation ou une trace de la sensation. » Cette copie c’est l’idée23. La faculté générale d’avoir des sensations s’appelle la sensation : la faculté générale d’avoir des idées est appelée par l’auteur l’Idéation. […] Dans l’un et l’autre cas, la reconnaissance du souvenir, comme appartenant au passé, est une idée très complexe qui consiste en ces trois principaux éléments : 1° un état de conscience actuel que nous appelons le moi se souvenant ; 2° un état de conscience que nous appelons le moi qui a perçu ou conçu ; 3° les états de conscience successifs qui remplissent l’intervalle entre ces deux points. […] La classification est le procédé de l’esprit par lequel nous réunissons les objets de nos sens et de nos idées en certains agrégats appelés classes33. […] Une troisième classe de croyances est celle à la vérité des propositions, « en d’autres termes des vérités verbales. » Le procédé par lequel est produite cette croyance s’appelle le jugement.
Il préféra quitter la vie dans la parfaite clarté de son esprit, et attendre avec une pleine conscience la mort qu’il avait voulue et appelée. […] Il y avait près de là un vase plein de la boisson ordinaire des soldats romains, mélange de vinaigre et d’eau, appelé posca. […] le voilà, disait-on, celui qui s’est appelé Fils de Dieu ! […] » — Quelques-uns, vaguement au courant de ses idées apocalyptiques, crurent l’entendre appeler Élie, et dirent : « Voyons si Élie viendra le délivrer. » Il paraît que les deux voleurs crucifiés à ses côtés l’insultaient aussi 1186. […] L’existence d’un caveau sépulcral (celui qu’on appelle « Tombeau de Joseph d’Arimathie ») sous le mur de la coupole du Saint-Sépulcre porterait aussi à supposer que cet endroit était hors des murs.
Et si le puissant historien anglais a fait des grotesques énormes des scélérats de la première Révolution française, que ferait-il des pygmées criminels qui sont sortis d’eux, de tous ces eunuques de naissance que je n’appellerai même pas des petits crevés révolutionnaires ; car, pour être crevé, il faut avoir vécu, si peu que ce soit ! […] Il en a l’éclair et l’éclat de ce grand rire gouailleur qui descend un homme du troisième ciel avec une épithète et lui passe la flèche du ridicule à travers le corps. — Rabelais n’est pas seulement un caricaturiste de premier ordre, comme j’ai appelé Carlyle au commencement de ce chapitre. […] Je l’ai appelé, un jour, un résurrectionniste. […] C’est un amateur de Goethe, qu’il appelle (pour le louer !!) […] … Il avait une fois appelé Robespierre « l’homme verdâtre », et cela avait touché si heureusement qu’il était impossible de l’oublier.
C’est le timide discernement de cette petite faculté sobre qu’on appelle le Goût avec tant de bonheur, qui a choisi ces fragments, et qui les a choisis pour que le public à qui on les offrait pût les prendre. […] Eh bien, puisqu’il ne pouvait être un peintre divinateur comme Vigny, c’était un critique comme La Touche que Sainte-Beuve devait se contenter d’être en parlant de Guérin, cet « André Chénier du panthéisme », comme il ne l’appelle pas, mais comme il dit qu’on l’a appelé ! […] Ici je viens pleurer sur la roche d’Onelle De mon premier amour l’illusion cruelle ; Ici mon cœur souffrant en pleurs vient s’épancher… Mes pleurs vont s’amasser dans le creux du rocher… Si vous passez ici, colombes passagères, Gardez-vous de ces eaux : les larmes sont amères ; parce que de Guérin a quelques-uns de ces vers finis parmi les vers non finis, mais charmants dans leur ébauche, qu’il nous a laissés, il n’est pas pour cela le jumeau posthume d’André Chénier dans un genre différent, et l’appeler l’André Chénier du panthéisme est même une expression contradictoire. […] Le livre qu’on a fait avec ses papiers, et que l’on a intitulé Reliquiæ, pourrait s’appeler Pan. […] Tel il est dans ces deux volumes que j’ai appelés les deux bords d’une coupe qu’il faut plus hardiment incliner, et tel on va commencer de le lire et de le goûter.
Dans l’introduction de son nouveau volume, écrite avec la distinction qui est le caractère de cette plume toujours à cent pieds de la chose ou de l’expression vulgaire, Gères ne nous raconte rien, mais nous laisse cependant entrevoir qu’il a passé par la douleur suprême que madame de Staël appelle « le mal de l’irréparable ». […] Jules de Gères — comme nous allons le voir — a souvent dans le talent cet hermaphrodisme harmonieux qui vient de la Force saillant dans la Grâce, mais il n’en appartient pas moins exclusivement en poésie à ce que je me permets d’appeler le genre gazelle. […] Il appelait son premier recueil : Le Roitelet, et il ajoutait en sous-titre : Versiculets, comme aujourd’hui il nous donne un nouveau recueil sous ce titre simple, qui peut-être voudrait être plus simple encore : Cinq dizaines de sonnets entrecoupés d’historiettes en vers et autres rimes 44. […] Il y a un proverbe anglais, cité par lord Byron dans son extravagante et cependant admirable polémique en faveur de Pope contre Shakespeare, — et dans laquelle le grand poète de génie prouva qu’il avait sur son beau front ce coin de la démence, comme les Anglais l’appellent, et qu’ils y montrent, pour excuser leur infâme conduite à son égard, — il y a un proverbe anglais qui dit qu’on peut faire une bourse de soie avec une oreille de cochon. […] Le mot scientifique ne lui fait pas peur, non plus qu’à Victor Hugo, ce grand poète de mots, qu’on peut appeler Victor le Hardi… Mais Gères n’est pas pour cela un poète de mots.
Mme Desbordes-Valmore n’est pas une femme de lettres, puisqu’il y a de ces monstres qu’on appelle maintenant femmes de lettres. Nos pères, avec leur bon sens profond, appelaient hommes de lettres ces femmes-là, autrefois ! […] Nous ne saurons rien du tous les jours de la sienne, ni de ses habitudes, ni de ses goûts, ni de son loisir, ni de ses prétentions, si dans cette femme, aux grâces dénouées, il y eut jamais de ces laides et orgueilleuses choses que l’on appelle des prétentions ! […] On pourrait l’appeler l’École des Ciseleurs, mais moi je l’appellerai l’École des Matériels, parce que ce mot dit mieux en disant davantage. […] Pour vous éclairer, c’est Dieu qui vous appelle, Son nom dit le monde à l’enfant qui l’épèle, Et c’est, sans mourir, une visite aux cieux.
De son côté, Victor Hugo, qui avait été appelé l’Enfant du génie, on sait par quel parrain et par quelle marraine, avait donc été un enfant… Mais Auguste Barbier n’avait, lui, de perceptible en ses vers, ni balbutie, ni enfance. […] J’ai cité le grand Corneille, qui l’avait ; j’aurais pu citer le grand Shakespeare, et beaucoup d’autres parmi ceux-là à qui le monde reconnaît ce que l’on appelle du génie. […] Mais, pour cela, il faut tout autre chose que du génie… Il faut cette science, cette connaissance, cette expérience, qu’on appellera du nom qu’on voudra, mais, que vulgairement on nomme : du métier. […] Quoique le grand Corneille et le plus grand Shakespeare fussent de vigoureux travailleurs, qui se donnaient un mal infini pour tricoter leurs drames dans les conditions du Théâtre et des poétiques de leur temps, ils n’avaient point assez de métier, et quand Voltaire appelait Shakespeare barbare, c’était un reproche que le métier faisait au génie. […] Et c’était là le poète, cependant, que les Anciens auraient appelé le Iambique, et qui nous a laissé ces douze Ïambes superbes, zodiaque de poésie dont il a été le soleil !
Il a ce qu’on appelle des reins. […] Il est de la famille des écrivains qui, de toute éternité, ont mis de leur âme dans ce qu’ils écrivent, et qui ajoutent de leur âme à cette sotte et à cette brute qu’on appelle la nature, qu’on mutile (comme le journal qui a mutilé Madame André) quand on ne fait que la copier platement, cette nature… M. […] En effet, il faut que le roman, pour être une œuvre supérieure, nous prenne par tous les côtés de notre âme, et il est impossible de nous intéresser longtemps au caractère de Lucien Ferdolle, le héros, si cela peut s’appeler un héros, de M. […] Il y a une héroïne, ou plutôt, c’est madame André qui est le héros dans ce roman, qui, d’ailleurs, s’appelle Madame André. […] Mais s’il l’est, il n’a pas fait encore le livre qu’il faut pour sortir des petits bruits et pour entrer dans le grand bruit, sans tapage, qui s’appelle la gloire.
Malheureusement l’auteur, qui, comme tous les littérateurs de son pays, imite perpétuellement quelqu’un ou quelque chose, et qui, comme Michel Cervantès, avait appelé poëme son roman, est mort au dix-neuvième chant de ce poëme qui n’est pas un poëme, et qu’il avait, comme Virgile (toujours comme quelqu’un), jeté au feu, sans qu’il ait brûlé plus que l’Enéide. […] En Russie, on appelle âmes les esclaves, et tout propriétaire est obligé de payer au fisc une redevance pour chaque âme qu’il a sur ses terres. […] Tel est le Jérôme Paturot russe à la recherche d’une position sociale, et que l’auteur des Ames mortes, qui nous donne sa carte, appelle le Conseiller de collège, Paul Ivanovitch Tchitchikoff, propriétaire terrier, voyageur pour ses affaires personnelles ! […] mais chez nous, Français, les légers de l’Europe, nous appelons cela superficiel ! […] Ils l’ont appelée « le génie cosmopolite de la Russie », et ils ont raison !
Une voix l’appelle dans la nuit, c’est celle d’Éponine ; elle lui dit que ses amis l’attendent à la barricade. […] Une cloche, qui avait l’air d’appeler, sonnait au loin. […] N’est-ce pas misère que de naître à l’heure et dans les conditions qu’on n’a ni délibérées, ni choisies, pour subir tous les maux inhérents à l’organisation imparfaite et périssable de cette créature appelée l’homme ? […] La vie générale du genre humain s’appelle le Progrès ; le pas collectif du genre humain s’appelle le Progrès. […] XXVI « Du reste, il y a, et il convient d’ajouter cette distinction aux distinctions déjà indiquées dans un autre chapitre, il y a les insurrections acceptées qui s’appellent révolutions ; il y a les révolutions refusées qui s’appellent émeutes.
On ne voit à l’hôtel de Rambouillet, dans cette période, qu’un seul nom qui soit dans la ligne de ce qu’on a pu appeler depuis les précieuses. […] Assurément ce n’est pas là le commencement d’un amour romanesque, à moins qu’on n’appelle ainsi un amour né du respect le plus profondément senti et d’une vive sympathie de vertu. […] Les plus grands orateurs de la chaire sacrée, Fléchier et Bossuet, en ont fait le sujet de leurs plus éloquentes oraisons funèbres ; un siècle après sa mort, l’Académie française aussi appelé sur ses hautes vertus l’éloquence philosophique ; le prix qu’elle offrit au meilleur éloge, fut partagé entre MM. […] On les appelait, il y a soixante ans, des espèces.
Le télescope aurait pu encore, sans aucun danger, être appelé tube ou tuyau ; c’est ce dernier nom qu’il eût sans doute reçu, si le peuple avait été appelé à le baptiser14. […] Antoine d’Abbadie imaginant un nouveau théodolite l’appela aba, « mot qui a l’avantage d’être court et sans étymologie ». […] Appelés jadis homonymes, ces mots sont dits maintenant homophones.
On leur reproche de ne pas appeler grand monde à leurs plaisirs. […] Il s’appelait exactement René du Tremblier. […] Quand elle arriva dans la Louisiane, elle se faisait appeler Froget ; puis elle se fit appeler Quantin : mais son état civil a disparu. […] Je ne sais pas si elle s’appelait Manon. […] Ne leur parlez pas de ce qu’on appelle décence ou bon goût.
La petite pièce s’appelait Le Passant. […] Et, enfin, l’auteur s’appelait François Coppée. […] Il s’appelait bien Coppée, mais il ne s’appelait pas François : il s’appelait Francis. […] François Coppée, on l’appelle, et assez justement, le poète des humbles. […] Il s’appelle M.
Sainte-Beuve qui l’appelle : « la plus allemande de toutes nos têtes ». […] Sainte-Beuve appelait la critique d’invasion. […] Des bords de l’horizon venez-vous m’appeler ! […] Baudelaire j’appelle la morale des choses ! […] À la première représentation, ce mélodrame dont le héros s’appelait Robert Macaire, était tombé.
Il est puéril d’en appeler contre la civilisation raffinée à l’état sauvage ; il faut en appeler à la civilisation vraie, dont la Grèce nous offre un incomparable exemple. […] L’humanité a toujours cru à quelque chose qui dépasse le fini ; ce quelque chose, il est convenable de l’appeler Dieu. […] barbares, ceux qui appellent cela du temps perdu et spéculent sur le gain des dimanches et des fêtes supprimées ! […] À chaque pas que je faisais vers l’autel, le doute me suivait ; c’était la science, et, enfant que j’étais, je l’appelais le démon. […] Jusqu’ici je t’ai appelé d’un nom d’homme ; j’ai cru sur parole celui qui dit : je suis la vérité et la vie.
Cela s’appelle : les inconséquences de l’amour. […] Appelleront-ils cette histoire, toute en faits, qui les ramasse dans un sac énorme et qui le vide sous leur nez, puisqu’ils n’aiment que cela ! […] Appelleront-ils cet historien, qui n’a pas une minute de poésie, de passion et d’éloquence, l’appelleront-ils « un gueuloir », ce mot ignoble de Flaubert contre Chateaubriand ? […] Ce grand homme, qui croyait profondément au Démon parce qu’il croyait profondément à Dieu, et qui appelait la Révolution satanique, trouverait-il que M. […] Taine appelle leur conspiration recommencera.
Il était de cette race de rêveurs opiniâtres et doux qu’on appelle, selon les genres et les degrés, La Fontaine ou Panard, qui n’ont point souci d’eux-mêmes, et qui jettent leurs fleurs ou leurs fruits sans les compter. […] Le tort de Denne-Baron, qui se sentait appelé vers lui par une prédilection précoce, est de ne l’avoir qu’effleuré en vers (je ne parle pas de sa traduction en prose, qu’il n’a faite que bien plus tard) ; au lieu de prendre Properce corps à corps, de le suivre, de le serrer de près, de ne laisser passer aucune élégie sans en avoir raison, et, tantôt vainqueur, tantôt vaincu, de coucher toujours, pour ainsi dire, sur le champ de bataille ; au lieu de cela, il choisit ce qui lui plaît, il court, il élude, il abrège, il n’engage pas la lutte puissante et décisive au terme de laquelle est le laurier. […] Ingres marquait quelques-unes de ses toiles du style antique, il avait publié de Properce une traduction en vers vraiment complète, et menée à fin avec une étude passionnée, il aurait mérité de voir attacher son nom à un des noms qui ne peuvent périr, et d’être appelé invariablement le traducteur de Properce, tandis qu’il ne peut être appelé qu’un amateur de Properce. […] Notre temps a cela de particulier qu’il impose à bien des hommes qu’on appelle je ne sais pourquoi paresseux, des surcroîts de tâche et de corvée qui eussent honoré des laborieux en d’autres siècles.
L’auteur de Césara 25, le prêtre de l’Église Hugo, est aussi, par la même occurrence, l’apôtre de cette autre Église humanitaire qui flambe neuf et va remplacer incessamment la vieille religion divine qui avait suffi jusque-là aux plus forts et aux plus nobles esprits, mais qui ne suffit plus maintenant, même aux plus imbéciles… Or, c’est dans les intérêts de cette religion humanitaire que l’auteur de Fanfan la Tulipe, laissant là les amusettes du théâtre où il s’est oublié si longtemps, s’est mis à écrire cette grande pancarte, qui aura plusieurs cartons, et qu’il appelle Les Chevaliers de l’Esprit, titre un peu vague. Madame de Genlis avait fait Les Chevaliers du Cygne, et cela se comprenait bien mieux ; car il y a eu, au Moyen Âge, des Chevaliers du Cygne, du Lion rampant, de la Panthère, etc., appelés ainsi du timbre de leurs écus. […] Eh bien, ce sont ces intelligents messieurs, qui soutiennent que Shakespeare explique la Trinité, qui prétendent que l’humanité pond son Dieu, ce long Dieu du devenir qui ressemble à un câble et que l’humanité fait et augmente d’une spirale tous les jours ; ce sont ces messieurs, qui soutiennent les droits du corps autant que les droits de l’esprit, et qui, niant toutes les négations, nient le péché, le châtiment, la guerre, la mort et l’enfer ; ce sont eux, ces messieurs, que Paul Meurice appelle : « les Chevaliers de l’Esprit » ! Nous, nous les appellerions : « les Chevaliers de la Bêtise ». […] Tous les révolutionnaires de ce temps qui, comme l’auteur de Césara, ont déclaré une guerre implacable à cette religion du passé qui s’appelle le Christianisme, ne savent pas, ne sentent pas qu’ils sont plus chrétiens qu’ils ne pensent.
Appelons-la d’un mot plus simple : la compréhension. […] Et qui donc appelait Baudelaire un Boileau hystérique ? […] Pasteur est appelé. […] Il s’appelait de son nom patronymique Thibault. […] « Ce que nous appelons la morale ?
La Critique s’est détournée de lui et de ses œuvres, cette même Critique qui s’arrête, s’assied et examine longtemps un simple volume, s’il s’appelle, par exemple, Madame Bovary. […] Cet ami, Paul Féval l’appelle tout simplement Jean dans son livre, mais, en réalité, il s’appelait d’un nom qui deux jours fut célèbre. Il s’appelait Raymond Brucker. […] Selon moi, Raymond Brucker fut, de nature, ce que je me permettrai d’appeler un homme-cause (chose rare !) […] C’est celui-là qu’il n’appelle pas une histoire, mais Jésuites !
Affecté d’une telle manière, il appelle un accident un bien ; affecté de telle autre manière, il l’appellera un mal. […] C’est une de ces petites chansons que les Grecs appellent scholies : Quand le soleil commence sa course, je me mets au travail ; et quand il descend sous l’horizon, je me laisse tomber dans les bras du sommeil. […] Nous appelons sur nous l’éternelle mémoire ; Nos forfaits, notre unique histoire, Parent de nos cités les brillants carrefours. […] J’ai souvent pensé à cet idéal d’édition pour ce charmant poëte, qu’on appellera, si l’on veut, le classique de la décadence, mais qui est, certes, notre plus grand classique en vers depuis Racine et Boileau. […] Elle s’appelait Santi-L’homaka ; elle était propre sœur (chose piquante !)
Est-ce que l’Espagne, les Pyrénées, l’Aquitaine, ce que le poète appelle « le cycle pyrénéen », déjà vues, ne reparaissent pas ? […] J’y avais déjà passé… J’y avais déjà été arrêté par deux mauvais drôles, dont l’un s’appelle le Fatras et l’autre l’Ennui. […] Cela ressemble à ce qu’en langage de théâtre on appelle « un ours ». […] Cela mérite-t-il de s’appeler une œuvre, cet almanach poétique de cent vingt-neuf pages, sans compter les blancs ? […] C’est ce que, depuis, j’ai appelé ma couronne murale.
Il n’a pas vu enfin que là où il croyait deux hommes il n’y en avait qu’un en réalité, et que l’autre n’était pas un homme, mais la fonction sociale, cette chose auguste qui s’appelle la Fonction. […] Son livre, qu’on a appelé « un poëme », devrait s’appeler d’un autre nom…. […] Assez intelligent, à ce qu’il semble, pour dépasser, comme les moins grands d’entre nous, les doctrines méprisées présentement du Contrat social, il n’est pas fait pour retourner tête basse à cette doctrine de marcassin et de glands tombés, qu’on appelle le naturalisme, pour appeler d’un nom propre des choses qui ne le sont pas. […] Il avait publié Fanny, que je m’obstine à appeler, moi, malgré les défauts que j’y signalai, le meilleur de ses ouvrages, quoiqu’il fût son petit premier. […] Feydeau a construit un livre que des rhétoriciens perclus, et qui veulent que les faits ne bougent pas plus que leur imagination podagre, ont appelé, ces jours-ci, un mélodrame plutôt qu’un roman.
Ce fut la Révolution de Février qui donna à l’esprit et à ce qu’on peut appeler le talent de M. de Pontmartin une impulsion et une direction décidées. […] » On l’aurait même appelé le Philinte de la littérature. […] Elles sont immédiates, sans rapport nécessaire avec ses grandes théories, et tiennent à la personne même de l’écrivain : il est ce qu’on appelle un homme d’esprit. […] M. de Pontmartin veut le portrait embelli, ennobli, au point de vue du rôle public et des illusions de la perspective ; il appelle minutie et commérage tout ce qui y déroge. […] Pauvre Aurélie, qui devrait s’appeler l’enfant maudit !
… à Françoise d’Aubigné, qu’il ne daigne même pas appeler Mme de Maintenon. […] Bonhomme affecte d’appeler un tabellion), Collé fut admis, en qualité de secrétaire, chez M. de Meulan, receveur général des finances ; mais il ne conserva pas longtemps ce second emploi, qui lui convenait aussi peu que le premier. […] Il appelait cela honnester ses pièces ; c’était trop les refroidir. […] Mais on n’est point obligé de l’être quand notre caractère ne nous y appelle pas. […] Cela introduit dans ses œuvres une disproportion fâcheuse entre le bon et le médiocre : c’est mettre trop d’eau dans son vin et faire ce qu’on appelle au collège de l’abondance.
continue-t-il, non, tu ne seras jamais pour ton frère un être éteint et fantastique : souvent présent à ma pensée, tu viens animer ma solitude… Quand une pensée douce vient m’émouvoir, je t’appelle à ma jouissance. Je t’appelle surtout lorsque mon cœur médite un projet honnête, et c’est en voyant sourire ta physionomie que j’en goûte plus délicieusement le prix. […] Je ne me cache point de toi, mais il est bien vrai que, lorsque mon âme est occupée de ses faiblesses, je ne cherche plus tant à t’appeler. […] Si Barnave a jamais atteint à quelque chose qui approche de ce qu’on peut appeler le sentiment ou l’expression poétique (accident chez lui très rare), c’est ce jour-là qu’il y est arrivé par l’émotion. […] Il appelle ces amis de son choix, à qui il resta de tout temps fidèle, « des hommes remplis de défauts, mais de probité, de caractère et de courage ».
Or j’appelle au moins superflu ce qui vous est, je ne dis pas précisément inutile, mais même évidemment préjudiciable. […] J’appelle superflu ce que vous donnez tous les jours à vos débauches, à vos plaisirs honteux ; renoncez à cette idole dont vous êtes adorateurs, et vous aurez du superflu. J’appelle superflu, femmes mondaines, ce que vous dépensez, disons mieux, ce que vous prodiguez en mille ajustements frivoles, qui entretiennent votre luxe, et qui seront peut-être un jour le sujet de votre réprobation : retranchez une partie de ces vanités, et vous aurez du superflu. J’appelle superflu ce que vous ne craignez pas de risquer à un jeu qui ne vous divertit plus, mais qui vous attache mais qui vous passionne, mais qui vous dérègle, mais surtout qui vous ruine et qui vous damne : sacrifiez ce jeu et vous aurez du superflu. […] nous ne saurons qu’appeler à l’aide tous les synonymes et toutes les périphrases de la langue.
Cependant, bien loin d’affliger les admirateurs d’un homme qu’on appelle un grand homme, — que dis-je ! […] C’est là ce que le petit appelle les Entretiens de Goethe et d’Eckermann. […] Mais je cherche des jugements qui vont à fond et des idées qui me disent que je suis devant le dieu Gœthe, puisque c’est ainsi qu’on l’appelle. […] Est-ce donc bien la peine de s’appeler Gœthe pour dire cela ? […] Sainte-Beuve appela Gœthe un Talleyrand littéraire, et il se repent maintenant de cette idée juste.
C’est elle qui a conduit, en peu de temps, à ce système bête et grossier qu’on appelle, en ce moment, « le Naturalisme », et qui passera dans le rire et dans le mépris, comme tous les systèmes littéraires. […] II Il ne s’agit pas, d’ailleurs, aujourd’hui, dans ce chapitre, des romans de MM. de Goncourt, mais d’une de leurs biographies ; car ces historiens, qui ont bien le droit de s’appeler « les historiens du xviiie siècle », n’ont écrit l’histoire qu’à coups de biographies, et, pour ma part, j’aime cette manière individuelle de l’écrire. […] Il n’est que le produit du temps ; il est sorti de son fumier… Il est vrai que quand Louis XV, sous la pression universelle, fut allé du premier bond à l’inceste et passa successivement par les bras prostitués des quatre sœurs, cette France, livrée de toute éternité à ce que nous appelons à présent en politique : le centre gauche, c’est-à-dire à la modération bourgeoise dans le mal, trouva trop de Gabrielles comme cela à la clef et se prit à crier contre un sardanapalisme si effroyablement exaspéré, non par vertu, mais par inconséquence de tête changeante et frivole, et pour que l’Histoire eût deux fois à la mépriser. […] Sans amitié, sans préférence, sans chaleur, sans passion, indifférent à tout, et ne faisant acte de pouvoir, et d’un pouvoir jaloux, que dans la liste des invités de ses soupers, Louis XV apparaissait, dans le fond des petits appartements de Versailles, comme un grand et maussade et triste enfant, avec quelque chose dans l’esprit de sec, de méchant, de sarcastique, qui était comme la vengeance des malaises de son humeur… Un sentiment de vide, de solitude, un grand embarras de la volonté et de la liberté, joint à des besoins physiques impérieux et dont l’emportementrappelait les premiers Bourbons, c’est là Louis XV à vingt ans, c’est là le souverain en lequel existait une vague aspiration au plaisir et le désir et l’attente inquiète de la domination d’une femme passionnée, ou intelligente, ou amusante… Il appelait, sans se l’avouer à lui-même une liaison qui l’enlevât à la persistance de ses tristesses, à la paresse de ses caprices, qui réveillât ou étourdît sa vie en lui apportant les violences de la passion ou le tapage de la gaieté. […] Pour des imaginations comme MM. de Goncourt, dont la nature poétique a toujours résisté au prosaïsme de leur système quand ils ont voulu faire de cette prétendue réalité, qu’ils appellent cruelle et que j’appelle simplement crue, les femmes sont, en effet, ce que je sais de plus dangereux et de plus mortel pour la supériorité d’un homme, — pour son sang-froid, sa justice et son impartialité.
Malheureusement, l’auteur, qui, comme tous les littérateurs de son pays, imite perpétuellement quelqu’un ou quelque chose, et qui, comme Michel Cervantes, avait appelé poème son roman, est mort au dix-neuvième chant de ce poème qui n’est pas un poème, et qu’il avait, comme Virgile (toujours comme quelqu’un !) […] En Russie, on appelle âmes les esclaves, et tout propriétaire est obligé de payer au fisc une redevance pour chaque âme qu’il a sur ses terres. […] Tel est le Jérôme Paturot russe à la recherche d’une position sociale, et que l’auteur des Âmes mortes, qui nous donne sa carte, appelle le Conseiller de collège, Paul Ivanovitch Tchitchikoff, propriétaire terrien, voyageur pour ses affaires personnelles ! […] Peut-être ; mais chez nous, Français, les légers de l’Europe, nous appelons cela superficiel ! […] Ils l’ont appelée : « le génie cosmopolite de la Russie », et ils ont raison… Rien n’est plus cosmopolite que l’imitation !
Même les sales historiens qui ont expliqué par de la pathologie l’héroïsme surnaturel de cette autre Sainte qui n’a encore été canonisée que par la patrie, n’auraient pas osé tacher cette pure lumière qu’on appelle Sainte Térèse ! […] Elle devint cette petite fourmi, comme elle s’appelle avec une grâce d’humilité délicieuse en une femme qui avait le cœur plus grand que tous les mondes, parce que Dieu, en l’habitant, l’avait élargi, elle devint, non pas uniquement la créature d’élection et de perfection surnaturelle, dont le souvenir plane encore sur le monde ému, mais aussi la première, la plus grande, la plus auguste des supérieures d’Ordres, ornée, avec toutes les vertus du Ciel, de toutes les qualités prudentes, politiques, humaines, de la terre ! […] Allez donc faire comprendre aux âmes du Dix-neuvième Siècle les humilités de la Sainte, qui s’appelle criminelle, elle qui n’a jamais péché mortellement, selon l’Église, et qui l’est à ses yeux, parce qu’elle emprunte un peu de la lumière de Dieu, pour voir l’infinie petitesse des plus grandes vertus. […] Non, la Térèse que vous trouvez ici peut tout aussi bien s’appeler Héloïse. […] » Et effrayée, humblement et raisonnablement effrayée, elle appelle à soi la Science, la Doctrine, la paternité du Confesseur ; elle y appellerait toute l’Église pour s’attester qu’elle ne se trompe pas ; que ses visions ne sont pas des pièges de l’orgueil.
Comme Jupiter, chez les Grecs, elle pourrait s’appeler : Assemble-Nuages, et ses nuages versent une pluie d’ennui… Son plus grand philosophe, Hégel, est obscur à se cogner la tête dans ses œuvres. […] Il riait des Calibans de la philosophie, comme il les appelait. […] Sa grande découverte, sa Thèbes aux cent portes, comme il l’appelle, fut que « tout, dans le monde, se réduit à la volonté ». […] Il ne veut ni de Dieu, ni des religions, qu’il appelle avec mépris « les métaphysiques du peuple », ni du théisme, enfin, sous quelque forme qu’il se produise. […] Foucher de Careil (un philosophe de France) ; c’est de cet état contemplatif, absorbé, rigide, anéanti, et par conséquent d’indifférence absolue, que Schopenhauer essaye de tirer une incompréhensible sympathie, par un tour de gobelet ou de force que j’appelle, moi, hardiment, une contradiction !
Quelques-uns d’entre nous le connaissaient : les amateurs du coin de la reine, ceux que j’appellerai, si vous voulez, les francs-maçons de la Poésie. […] … Seulement, charmant d’indifférence et du goût le plus patricien en ne réclamant pas contre les mensonges de cette commère de renommée à laquelle il ne faut répondre jamais, puisqu’elle se noie bientôt elle-même dans les crachats qu’elle a expectorés, Saint-Maur laissa dire et laissa passer cette troupe de grues que j’appelle le public. […] Plus pur et plus heureux, Saint-Maur est, comme son compatriote, le pauvre Hégésippe, du pays où la poésie s’est appelée longtemps : « la gaie science ». […] , mais il n’a jamais eu les tristesses voulues d’une époque aussi artificielle dans ce qu’elle appelait son inspiration que violente à froid dans ses procédés littéraires, et qui fit art jusque des larmes. […] Il est trop vivant et trop équilibré dans ses facultés, il est trop harmonieux en toutes choses, pour tomber dans cette mélancolie que Saint-Chrysostôme — gai lui-même comme un Saint et qui s’en moquait — appelait si joliment : « le bain du diable ».
Et, en effet, le Traité de l’Amour 1 est peut-être, de tous les livres de cet homme singulier qui s’appelait et qui ne s’appelait pas Stendhal, celui-là qui doit le moins convenir à la pensée contemporaine, malgré le magnétisme d’un titre dont chaque lettre semble une puissance. […] Car, nous le répétons, ce talent n’est pas connu encore dans ce qu’on appelle le public, quoique depuis la mort de l’auteur il en ait été question davantage. […] Stendhal, ou, pour l’appeler par son vrai nom, Henri Beyle, a, comme tous les hommes d’un talent réel, gagné à mourir. […] Le livre de l’Amour, — ce chef-d’œuvre de pointillé dans l’observation et de grâce inattendue dans le bien dire, que Sterne aurait admiré, et où les nuances, qui ondoient, chatoient, se fondent et s’évanouissent comme des lueurs d’opale dans le merveilleux observateur du Sentimental Journey, sont nettement fixées sous le regard par un procédé supérieur d’analyse sans rien perdre de leur ténuité et de leurs qualités presque immatérielles, — ce livre d’un agrafeur de nuances (ces mots-là sont faits pour lui seul), ce livre qui a tout dit et fait le tour du cœur, de ce muscle qui renferme l’infini, comme on fait le tour de la terre, de cette misérable petite chose que Voltaire appelait « un globule terraqué », nous ne croyons pas que Paulin Limayrac l’admire et l’aime mieux que nous. […] Une fois dans sa vie, dans sa jeunesse encore, quand les hommes de génie se grisent d’eux-mêmes et sont comme les Bacchantes de leurs propres facultés, il voulut procéder de Rabelais qu’il appelait son maître, et il fit un livre dans lequel il l’égala, ces Contes drolatiques 2 qui n’eurent aucun succès, comme l’Amour de Beyle, et qu’un éditeur courageux, Giraud, vient aussi de rééditer.
Ce sont des esprits trop personnels et trop libres pour faire partie de ce qu’on appelle une École, — ce manège de cheval auquel les gens d’esprit, ces audacieux casse-cous, répugnent. […] Il est même, au contraire, de naturel, d’étude et d’ambition, ce que nos pères appelaient autrefois un homme de lettres. […] Lui, le misanthrope à la Chamfort, qui rejette si bien au nez de la société les crapauds qu’elle veut nous faire avaler à tous, ferait-il exception pour ce crapaud-là, qui s’appelle Paris ? […] J’étais avec Aubryet, le délicat des Patriciennes de l’amour, un homme qui n’est jamais vulgaire, et qui, pour échapper à cette ornière qu’on appelle la vulgarité, se jetterait dans tous les sauts de loups du côté opposé, la tête la première. […] Cela s’appelait L’Amour impossible, et cela était parisien de mœurs, de langage, de corruption raffinée et nauséabonde, d’ennui et de préciosité.
Ce sage conteur, qui s’appelle providentiellement Le Sage, ne ressemble guères, par exemple, à cet autre conteur à tous crins qui, dans ses romans et dans ses contes, est toujours le philosophe Diderot, ce diable au corps de Diderot ! […] Il était ce qu’on appelait, en ce temps, un bon humaniste. […] Aussi, dans Le Diable boiteux, publié avant Gil Blas, et dont l’idée et les premiers chapitres appartiennent à Luis Velez de Guevara, Le Sage peignit-il (si cela peut s’appeler peindre ?) […] — ce fut surtout le genre même du roman auquel on donnait pour théâtre l’Espagne, de ce roman qui s’appelle le roman « d’aventures », et auquel on pourrait donner pour théâtre tous les pays, parce que son infériorité est au niveau de l’esprit de tous les pays ! […] Boileau, qu’il appelle « un vieux critique » qui ne comprenait rien aux talents de la belle jeunesse, jeta le livre par la fenêtre et menaça son valet de le mettre à la porte.
On en a tant abusé chez les Anglais, qu’il s’appelle Lovelace ; on s’en est tant servi parmi nous, qu’il s’est appelé Robert Macaire. […] L’auteur de cette œuvre sans nom est d’ailleurs en son pays ce qu’on appelle une célébrité ; nous savons déjà qu’il s’appelle M. […] L’emphase appelle l’emphase, le faux appelle le faux. […] Le roi appelle un des gens de madame de La Vallière, et il demande — « Du vin ! […] Tout cela s’appelle des compagnies — toutes demandent de l’argent comptant, et toutes font boule, si elles font du gâchis.
Avant d’écrire sur elle un article à la Revue de Paris, il désira savoir quelques détails de son passé, de ses prédilections littéraires, de ce qu’il appelait l’éducation de sa pensée et la formation de son talent. […] À Lyon où elle habitait alors, elle était à la source des douleurs et des misères, — Lyon « la ville flagellée », comme elle l’appelait ; elle lui en représentait vivement le tableau : « Lyon, 7 février 1837. […] Sa mère l’appelait « notre charmante lettrée », indiquant par là qu’elle la croyait plus savante qu’elle. […] Ruiné dans toutes ses espérances, c’est encore une de ces existences dissoutes dans le mouvement formidable de ce qu’on appelle la civilisation, qui pour beaucoup ressemble au chaos. » « (6 septembre 1854)… Le malheur finit par semer l’épouvante même au sein des familles que le bonheur aurait unies. […] Bernady appela une réplique sage et sensée, le lendemain (n° du 10 juin), de M.
Il ne s’agit pas de la réhabilitation de Balzac, quoique Bayle, qui l’appelle « l’une des plus belles plumes de France », la lui ait promise. […] mais avec un accord qui prouve combien tous les bons esprits appelaient ce progrès, le dernier à faire avant d’arriver aux chefs-d’œuvre. […] Il l’appelle assez plaisamment Narcisse. […] Il y fait voir ce que les anciens appelaient le froid, c’est-à-dire, selon Théophraste, ce qui est énoncé par des paroles plus grandes qu’il ne faut pour le déclarer. […] Mais ce que Balzac appelle Discours, et qu’il adresse à un personnage imaginaire du nom pompeux de Ménandre, par-dessus la tête du général des feuillants et de tout son ordre, Pascal l’appellera Petites lettres, et les adressera, comme autant de flèches mortelles, droit au cœur de la Société de Jésus.
Socrate, Diogène, Pascal, Voltaire sont appelés philosophes ; Homère, Aristophane, Lucrèce, Martial, Chaulieu et Lamartine sont appelés poètes, sans qu’il soit facile de trouver le lien de parenté qui réunit sous un même nom des esprits si divers. […] Il est indubitable au moins que de tels hommes ont exercé une influence bien plus directe que ceux qu’on appelle proprement philosophes. […] De quel nom appeler tant d’intelligences d’élite qui, sans dogmatiser abstraitement, ont révélé à la pensée une nouvelle façon de s’exercer dans le monde des faits ? […] c’est un critique qui s’occupe de philosophie, comme tel autre s’occupe de l’histoire, tel autre de ce qu’on appelle littérature. […] Comte qui parle) cette incohérente compilation de faits qu’on appelle histoire, à laquelle préside la plus radicale irrationalité.
s’écriait-il dès lors, et certes un homme appelé à nous servir de guide dans l’Assemblée nationale qui va décréter notre destinée. » Ce sentiment très profond de déférence, Mirabeau ne cesse de le lui exprimer dans chaque billet, où il l’appelle en toute occasion le maître : — « Mon maître, car vous l’êtes, même malgré vous ! […] Il entra dans ce qu’il appelait le « silence philosophique ». […] à penser « que ce qu’on appelle le sens commun, loin d’être commun en effet, est une anomalie, une difformité dans la nature humaine ». […] La Religion fut donc la première ennemie de l’homme. » — J’ai marqué ailleurs l’abîme qui séparait Sieyès de Chateaubriand qu’il appelait tout net un charlatan. […] Le sentiment intérieur, l’amour des hommes, appellent l’intérêt, les larmes ; bientôt je m’indigne, je frémis, j’en veux aux tyrans, et je finis, non par m’apaiser, mais par me distraire.
On serait donc tenté de lui retirer le nom de parole et de l’appeler, par exemple, la pensée parlée ou l’élément phonoïde de la pensée. Mais, malgré tout, cet élément de la pensée est bien une parole ; s’il a perdu les caractères accessoires de la parole physique, il en a gardé tous les caractères intrinsèques ; c’est une parole affaiblie, purifiée de tout mélange, et incorporée à la pensée ; mieux vaut donc continuer à l’appeler une parole. […] C. — Tantôt les images coexistent avec les sensations : appelées par celles-ci, elles servent à les interpréter ; — tantôt elles sont indépendantes des sensations ; elles peuvent même attirer à elles toute l’attention et annihiler la sensation [ch. […] L’habitude corrigée par l’attention, associée à l’attention, produit des phénomènes fréquents, mais toujours vifs et nets à la conscience, d’une intensité comme d’une durée sensiblement fixes ; de tels phénomènes, dont la répétition n’est pas compensée par l’affaiblissement, sont ce que nous appelons des habitudes positives. […] La succession de faits homogènes que nous appelons la parole intérieure est donc une série continue d’habitudes positives réalisées, et la parole intérieure, dans son ensemble, est une habitude positive complexe, qui dès l’enfance a pris possession de la vie psychique, et qui, toujours entretenue et fortifiée par l’attention, a poussé en nous des racines si profondes que son incessante réalisation est devenue comme une nécessité de notre existence.
Il raisonnait fort et se raillait bien haut de ce qu’il appelait des superstitions, et il croyait aux songes, aux revenants, et quelque peu à la magie : il associait la guerre, la controverse, l’érudition, le bel esprit, la satire railleuse et cynique, une langue toujours prompte et effrénée, et à la fois la crainte d’un Dieu terrible et toujours présent, et aussi par instants la consolation d’un Dieu très doux. […] Il y paya tribut par des sonnets jetés dans le même moule ; amoureux, il composa ce qu’on appelle son Printemps, c’est-à-dire un recueil de vers plus ou moins tendres ou légers ; il convient qu’il y avait moins de politesse et de correction que de verve et de fureur. […] C’est un grondeur et un mécontent par humeur que d’Aubigné ; il était inapplicable en grand et n’aurait su devenir tout à fait homme d’État ni principal capitaine ; il était né ce que nous appelons de nos jours un homme d’opposition : pourtant, dès qu’on le presse et qu’on lui met la main au cœur, comme il est fier de son Henri IV, du « grand roi que Dieu lui avait donné pour maître », dont les pieds lui ont servi si souvent de chevet ! […] » Dans une Histoire contemporaine comme celle qu’il écrit et où il est témoin et quelquefois acteur, il lui est difficile de ne point parler de soi ; il n’évite pas ces sortes de digressions ou d’épisodies, selon qu’il les appelle ; il s’y complaît même ; toutefois, malgré le coin de vanité et d’amour de gloire, qui est sa partie tendre, il a soin le plus souvent de ne pas se nommer, et ce n’est qu’avec quelque attention qu’on s’aperçoit que c’est lui, sous le nom tantôt d’un écuyer, tantôt d’un mestre de camp, qui est en cause dans ces endroits, et qui donne tel conseil, qui tient tel discours. […] Et reprenant à la fin et retournant à contrepied le raisonnement du vicomte de Turenne : Je conclus ainsi : « Si nous nous désarmons, le roi nous méprisera ; notre mépris le donnera à nos ennemis : uni avec eux, il nous attaquera et ruinera désarmés ; ou bien, si nous nous armons, le roi nous estimera ; nous estimant, il nous appellera : unis avec lui, nous romprons la tête à ses ennemis. » Il échappa au roi de Navarre sur la fin de ce discours de s’écrier : « Je suis à lui !
Napoléon Peyrat et dans l’Histoire des Protestants de France de M. de Félice quelle était alors la condition de ceux qu’on appelait les Pasteurs du Désert. […] Jean-Bon se fit une réputation de prédicateur ; il fut appelé comme pasteur à Montauban, en 1788. […] Il ne s’agit ni de les grandir et de les diviniser, ni de les dégrader et de les démolir ; un de ces excès appelle l’autre : il est mieux de se les bien expliquer et de les comprendre. […] Il était absent et occupé dès lors à une autre mission dans le Midi, à Toulon qui, repris sur les Anglais et découronné de son nom, s’appelait le Port de la Montagne. […] Michel Nicolas l’appelle Wenstabel.
Les poètes ont vu dans la surprise le résultat d’une trahison, et ils l’imputent à un très haut personnage franc, qu’ils appellent Ganelon. […] Ils appelèrent, et on leur demanda qui ils étaient. […] Enea ne dit pas que cet endroit s’appelât le mont de Vénus et ne paraît même pas connaître la légende de la Sibylle. […] Cette notice dit que « d’autres traditions appellent le Juif errant Richab-Ader ». […] Je traduis ce quatrain d’après des variantes et j’omets ensuite trois quatrains qui appellent cependant quelques remarques.
Par cela seul qu’elles en détournaient leur attention, elles en éloignaient les esprits bien faits, comme aujourd’hui le dégoût du public pour les abominables farces, qu’on appelle le théâtre moderne, en amène sensiblement la chute et l’oubli. […] Une circonstance déjà remarquée favorisa cette influence : à la tête du parti des mœurs était madame de Montausier, appelée à la cour de Louis XIV comme la représentante de la société des honnêtes femmes, avec laquelle le jeune monarque avait voulu se mettre en bonne intelligence, dont il voulait être l’allié, en attendant qu’il se sentit la force d’en devenir l’ami. […] Quand l’honnêteté de mœurs se constitua aussi un tribunal et une juridiction, ce qui s’appelait impudicité à l’église, s’appela obscénité dans la société polie.
La première, la plus saillante, la plus intéressante des deux, le Scarabée d’or, a ces touches extraordinaires qui annoncent et, promettent ce phénomène intellectuel qu’on appelle le génie fantastique, plus rare que tout autre genre de génie. […] Le solitaire, qu’il appelle William Legrand, d’origine française, ensevelissait sous les forêts de myrte de Sullivan Island, une vie calmée plutôt que calme, et une destinée désormais sans espérance. […] Qui ne se souvient du magnifique « fragment » sur cet ami de Londres que Byron appelle « Auguste Darvell », et de sa mort, sans raison apparente de mourir, à vingt pas des ruines d’Éphèse, un soir, au coucher du soleil ? […] Une voix l’appelle au-delà de l’être. […] On peut les appeler maintenant les États-Déchirés.
Ses parents obtinrent pour lui la survivance de leur charge chez le roi ; mais son génie l’appelait ailleurs. […] Cette société éclipsa bientôt toutes les autres ; on l’appela l’Illustre Théâtre. […] Ce médecin s’appelait Mauvilain. […] La troupe des comédiens italiens le joua à Paris, et on l’appela Le Festin de Pierre. […] Trissotin était appelé aux premières représentations Tricottin.
M. de Saumaise, par exemple, est pour lui le type du grand homme littéraire contemporain, le demeurant des savants de la grande bande ; il l’appelle habituellement « ce grand héros des belles-lettres ». […] Il a l’air de compter beaucoup sur « le bon duc Gaston » ; il reste et restera attaché à Retz qu’il appelle un honnête homme. […] Il détestait d’instinct les grands, la noblesse, les princes du sang même : il les raille, il les méprise, il les appelle anthropophages ; il a, en s’exprimant, de ces hyperboles à la Juvénal et à la d’Aubigné, et qui font rire. […] Toutefois ses animosités contre l’antimoine et ceux qu’il appelait les chimistes ou les charlatans persistèrent, et il ne contint jamais la liberté de ses propos : il en faisait une affaire d’honneur et de vertu. […] Il a marié un de ses enfants ; avec les nouveaux époux et avec sa femme, il fait ce qu’il appelle une débauche, c’est-à-dire une grande infraction à ses habitudes ; il s’est laissé entraîner à Saint-Denis où la foire se tenait alors.
C’est d’ailleurs un événement à peu près unique dans la vie, et qui sert plus qu’aucun autre à la connaissance parfaite de cette classe d’hommes qu’on appelle courtisans. […] Lemonnier, suivant son projet de la veille, avait demandé au roi du secours, et l’avait prié de choisir ceux des médecins qu’il désirait appeler en consultation. […] Lassonne fut aussi appelé ; mais comme il était médecin de Mme la Dauphine, il le fut purement du choix de Lemonnier. […] M. de Beauvau, d’ailleurs très-facile à vivre dans l’ordre ordinaire de la société, est ce qu’on appelle susceptible dans les choses qui tiennent à sa charge. […] Je fus appelé comme les autres à ce conseil, que je trouvai composé de toute la Faculté, hors Bordeu, de M. de Bouillon, de M. d’Aumont, de M. de Villequier.
Elle comportera, elle appellera sans cesse des additions, des corrections, des retouches. […] L’avenir est là ; il nous appelle, ou plutôt il nous tire à lui : cette traction ininterrompue, qui nous fait avancer sur la route du temps, est cause aussi que nous agissons continuellement. […] Mais à quoi sert ce pont, et qu’est-ce que la conscience est appelée à faire ? […] Elle consiste à utiliser certaines substances qu’on pourrait appeler explosives et qui, semblables à la poudre à canon, n’attendent qu’une étincelle pour détoner. […] L’homme, appelé sans cesse à s’appuyer sur la totalité de son passé pour peser d’autant plus puissamment sur l’avenir, est la grande réussite de la vie.
J’appelle réel tout ce qui tombe sous l’observation. […] cet état de l’âme s’appelle l’enthousiasme. […] L’idée du beau engendre ce qu’on appelle l’esthétique. […] Qu’appelle-t-on partout un honnête homme ? […] Qu’appelle-t-on être libre ?
Avec lui la durée devient ce que les philosophes appellent une nature. […] Othenin d’Haussonville a appelé Sainte-Beuve notre Thomas d’Aquin. […] Et cet écrivain, qui s’est voulu attique, appelons-le un atticiste. […] Il eût été plus juste de l’appeler Dix-Neuvième Siècle, Romantisme. […] La génération de 1820 est appelée à la vie de l’esprit par la paix.
On l’appelait Guérassime. […] Enfin il se leva, et fit appeler Klimof. […] on l’appelle Moumou, dit la vieille veuve. […] C’est là ce que j’appelle du désordre. […] Qu’on appelle le docteur !
Sans existence positive avant ce grand homme, fortement organisé sous ses successeurs, ébranlé par les croisades, frappé à mort par Louis XIV, le régime féodal vient d’être remplacé par le gouvernement constitutionnel, par le système représentatif, enfant lui-même de nos plus anciennes traditions, de nos traditions que l’on pourrait appeler primitives. […] Tous les citoyens devant être appelés à coopérer aux jugements criminels, vous ne pouvez éviter que quelques-uns de ceux qui seront obligés de remplir ces redoutables fonctions n’aient, avec le développement des opinions actuelles, une répugnance invincible à prononcer le sinistre arrêt qui va priver de la vie un de leurs semblables, et le jeter ainsi tout à coup en la présence de Dieu ; vous ne pouvez éviter que quelques-uns de ces citoyens d’une haute conscience ou d’une conscience timorée, secouant, comme on est disposé à le faire, le joug de l’autorité, et se croyant ainsi le droit d’examiner les limites du pouvoir de la société, lui refusent ou lui contestent celui d’ôter irrévocablement le repentir au coupable, et peut-être, chose affreuse à penser ! […] Tous ne peuvent pas être rois, tous ne peuvent pas être appelés dans les conseils des rois. […] Hérodote, qui a été appelé le père de l’histoire, a écrit dans le système de la fatalité. […] Ce qu’on a appelé la force des choses constitue aussi, je le sais, une sorte de fatalité ; mais lorsque la société nouvelle sera définitivement assise sur ses véritables bases, la force des choses viendra de moins loin, aura moins d’intensité, et les rênes seront plus flottantes.
Pour être matière et sujet d’histoire, il faut être quelqu’un ; et ni avant sa mort ni après sa mort ce marquis de Grignan n’a été quelqu’un… Ce qu’on en connaît, on ne le sait que par sa grand’mère, qui même ne s’appelait pas Grignan, — qui s’appelait de son chef Rabutin de Chantal, et du chef de son mari Sévigné, et qui, elle, ne fut pas comme son petit-fils. […] Aussi à son baptême l’appela-t-on Provence. Il s’appelait Louis-Provence d’Adhémar de Monteil de Grignan (Monteil, c’est Montélimart). […] … C’est là une question que lui seul et l’avenir résoudront, mais ces facultés sont si visibles en cette séduisante production qu’il a appelée le Marquis de Grignan, et qui est bien autre chose que la biographie de ce pauvre homme, qu’il était impossible à la Critique de ne pas les voir et de ne pas les signaler… 56.
Si cela est, la faute de goût a été punie, car les Aventures parisiennes n’ont pas fait plus de bruit que si elles s’étaient appelées Nuances du cœur, qui était peut-être leur vrai nom. […] Seulement, par cela même, il est très-peu apte à manier cette grossièreté matérielle que l’on appelle le roman d’aventures, et, certes, il y a une manière de l’entendre, ce roman-là, qui n’est celle ni de l’auteur des Mousquetaires adoré des bourgeois, ni de ce Casanova, autre romancier d’aventures, quoiqu’il se soit donné comme un historien, et que le prince de Ligne avait appelé Aventuros. […] Deltuf, — celle qu’il a intitulée La Confession d’Antoinette, et celle qu’il a tout simplement appelée Scepticisme, — on trouve, avec la grâce vive et subtile de Marivaux, une couleur aussi éveillée que cette grâce. […] Paul Deltuf a la légèreté, cette faculté qui donne des ailes à tout, cette faculté-femme que les lourdauds appellent « la Frivolité », en croyant que c’est une malice, et qui lui fait dire si joliment et si naturellement dans sa Confession d’Antoinette : « Je ne demandais plus rien à la vie que ce dernier hommage rendu à la beauté dont j’avais été si fière, que cette dernière caresse à mon péché mignon, la vanité, mais je les voulais, il me les fallait, après quoi je ne songerais plus qu’à tricoter pour mes petits-enfants !
Son père s’appelait Tixès, sa mère Dryo. […] Voyage historique, littéraire, religieux, à travers le monde alors connu des Grecs, ce serait le vrai nom de ce qu’on appelle son Histoire. […] Ce pâtre s’appelait Mitradate. […] En disant ces mots, le roi appela ses gardes et leur ordonna de s’emparer du pâtre. […] Il appela donc près de lui Démarate, fils d’Ariston, qui suivait, comme je l’ai dit, l’armée des Perses.
Par exemple, vous relevez chez un écrivain la fréquence des images, le souci du décor, du costume, de la mise en scène, de ce qu’on appelle le pittoresque. […] Racine, à côté de ces grandes amoureuses qui s’appellent Hermione et Phèdre, a peint cette mère admirable qui s’appelle Andromaque, ce croyant fanatique qui se nomme Joad, cette ambitieuse qui est Agrippine. […] C’est pourquoi ce que j’appellerai l’analyse sentimentale d’une œuvre littéraire doit être de plus en plus pénétrante et multiple. […] Ainsi il y a dans l’esprit humain deux facultés opposées et coexistantes : l’une est la faculté créatrice, celle qui invente, qui avec des éléments anciens construit quelque chose de nouveau : on l’appelle l’imagination. […] se transforme en une colossale machine de guerre, quand il est composé par Bayle ou quand il s’appelle l’Encyclopédie.
Je vais droit à la loi essentielle, j’appelle ainsi celle qui préside au passage d’une époque à une autre, à la succession des divers genres de beauté qui règnent tour à tour chez une nation. […] Cette loi, qu’on peut appeler loi d’alternance, est, comme l’a remarqué Herbert Spencer, universelle. […] Tarde193 a bien saisi, sans en tirer tout le parti possible, cette vérité indéniable : que dans une société l’affirmation crée la négation, la thèse l’antithèse, et qu’ainsi s’engagent en tous les domaines une quantité de « duels logiques », comme il les appelle. […] On peut répéter, avec l’antique sagesse des nations, que les extrêmes se touchent et l’on peut dire mieux encore que les extrêmes s’appellent et s’engendrent. […] Ce que l’homme ici-bas appelle le génie, C’est le besoin d’aimer… Les Parnassiens, qui leur succèdent dans la faveur publique, se piquent d’être impassibles et impersonnels.
Spencer (Principes de psychologie) appelle ces associations organiques ou organisées, ou bien encore intégrées, parce qu’elles rentrent pour ainsi dire l’une dans l’autre. […] Bain appelle association constructive c’est l’imagination. […] C’est grâce à ce pouvoir de reconnaître le semblable dans le dissemblable, que se produit ce que nous appelons idées générales, principes. […] Les deux grands rapports fondamentaux sont la ressemblance et la différence171. » Aucune impression mentale ne peut être appelée connaissance, que si elle coexiste avec quelque autre qui lui est comparée. […] Dans ces affirmations doit entrer un état actif, une disposition appelée croyance.
Sait-on d’où vient le nom de la partie des sciences philosophiques qu’on appelle la métaphysique ? […] Seul un poète comme Hugo pourra se permettre d’appeler d’un terme aussi vague que l’Histoire d’un crime, le récit du Coup d’État du 2 décembre 1851. […] À la même époque les juristes de Charles-Quint, ayant rédigé un Code contre les malfaiteurs qui frappent de la fausse monnaie et les sorciers accusés de sortilège, l’appelèrent Nemesis Carolina. […] C’est ainsi que le Code religieux de ces peuples s’appela la Bible ou le Coran, c’est-à-dire le livre par excellence. […] Sa première pièce — que plus de cent autres allaient suivre, — s’appelait Seligo ou le Nègre généreux.
En France, depuis l’ouverture de notre grand siècle littéraire, nous avons toujours eu de l’imitation et des réminiscences jusque dans l’originalité : c’est ce qu’on appelle être classique. […] Se sentant vouée par les événements à une fin tragique, elle y avait beaucoup réfléchi et elle s’était dit qu’il fallait, quand on est appelé à représenter en public, faire un peu de toilette, pour le corps et pour l’âme. […] Beugnot, chargé par Clavière d’une commission pour elle, épia le moment où elle sortirait de sa chambre et l’alla joindre au passage : « Elle attendait à la grille qu’on vînt l’appeler. […] Elle commençait une phrase lorsque deux guichetiers de l’intérieur l’appelèrent pour le tribunal. […] Elle comptait y passer tranquillement le reste de ses jours, quand la Révolution appela aux affaires tous les hommes capables, et les ministres comme Roland remplacèrent les ministres comme M. de Calonne.
Une menteuse s’appelait « une diseuse de pas vrai ». […] Le langage des précieuses, une fois engagé dans cette voie, pouvait être défini : l’art de ne pas appeler les choses par leur nom. […] Mais appeler quelqu’un poète de salon, c’est un éloge qui ressemble fort à une critique. […] C’est bien cet homme-là qu’on pourrait appeler « un confiseur déguisé ». […] L’âme s’y appelle Margot ; la religion, Javotte ; la liberté, Jeannette ; Dieu, M. de l’Être.
Ce vieux supplice que nos anciennes chartes de torture appellent l’extension, et auquel Cartouche échappa à cause d’une hernie, Prométhée le subit ; seulement le chevalet est une montagne. […] Il vous appelle en même temps qu’il vous questionne. […] La pomme s’appelle Omnia, dit Filesac, ce docteur de Sorbonne qui confessa Ravaillac. […] Le chat Graymalkin l’a appelé, Macbeth sera la ruse ; le crapaud Paddock l’a appelé, Macbeth sera l’horreur. […] Macbeth représente cet effrayant affamé qui rôde dans toute l’histoire, appelé brigand dans la forêt et sur le trône conquérant.
Les orateurs ont appliqué d’abord aux grands objets du gouvernement le talent de la parole ; et comme dans ces occasions il fallait en même temps convaincre et remuer le peuple, ils appelèrent l’éloquence l’art de persuader, c’est-à-dire de prouver et d’émouvoir tout ensemble. […] Nous appelons l’éloquence un talent, un art, comme l’ont appelée la plupart des rhéteurs ; car tout art s’acquiert par l’étude et par l’exercice, et l’éloquence est un don de la nature. […] Chut, n’avancez pas davantage, Et demeurez en cet endroit Jusqu’à ce que je vous appelle. […] Rien n’est donc plus opposé au style facile, et par conséquent au bon goût, que ce langage figuré, poétique, chargé de métaphores et d’antithèses, qu’on appelle, je ne sais par quelle raison, style académique, quoique les plus illustres membres de l’Académie Française l’aient évité avec soin et proscrit hautement dans leurs ouvrages. On l’appellerait avec bien plus de raison style de la chaire ; c’est en effet celui de la plupart de nos prédicateurs modernes ; il fait ressembler leurs sermons, non à l’épanchement d’un cœur pénétré des vérités qu’il doit persuader aux autres, mais à une espèce de représentation ennuyeuse et monotone, ou l’acteur s’applaudit sans être écouté.
Mais Anatole France appelle le livre l’opium de l’Occident. […] On affecta de l’appeler le Pince-Roseau. […] Elle ne s’appelle pas Philine, mais, en souvenir des Années d’apprentissage, on l’appellera Philine. […] Faguet l’appellera un animal chronophage. […] Il s’appelait l’abbé Roussel.
On se livre à lui malgré soi ; il s’empare de vous ; on ne croit que la moitié de ce qu’il dit, l’autre moitié vous fait peur ou horreur ; on voudrait raisonner contre lui, on n’en a pas le temps, on va, on va, on va ; c’est ce qu’on appelle la verve, la couleur, le feu du génie, le délire de la langue, la folie du mouvement. […] C’est ainsi que les Grecs furent enivrés jadis par les rêveries d’un sublime rêveur appelé Platon, qui, dans un livre appelé sa République, leur écrivit des absurdités contre nature qu’un enfant réfuterait, mais qui font les délices du monde depuis plus de deux mille ans. C’est ainsi qu’en Angleterre Thomas Morus écrivit un autre livre appelé Utopie, où l’homme était reconstruit, non pas sur la nature humaine, mais sur la fantasmagorie d’un être idéal. […] Rousseau, presque de nos jours, écrivit de verve trois livres d’un style entraînant qui vous empêche de réfléchir : un livre chimérique sur l’éducation, appelé Émile ; un livre immoral et raisonneur sur l’amour, appelé Héloïse ; enfin un livre de fanatique, sur la législation des empires, appelé le Contrat social, livre où toutes les lois sont faites à l’inverse de l’homme, un livre qui exalte la liberté et finit par la plus atroce des tyrannies. […] « — Oui, continua-t-il cependant encore, tant il était plein de ses raisons, oui, les brutalités du progrès s’appellent révolutions.
Oui, mettons-nous à genoux ; appelons les saints à notre secours. […] Je l’ai entendu m’appeler. […] Il appelle Marguerite, il est là, devant la porte. […] Jadis tes paroles, tes regards appelaient sur moi tout le ciel ! […] Elle ne m’appelle pas ; elle ne me fait pas signe de venir ; seulement ses yeux sont appesantis ; elle ne s’éveillera plus.
Mais un abîme sépare Corneille de tout ce qui peut s’appeler le théâtre avant lui. […] De tout ce qu’on peut appeler le théâtre d’alors, il n’est resté qu’une pièce qui mérite d’être lue : c’est la farce de Pathelin. […] Ne s’y mêle-t-il pas quelque chose du dehors, l’influence des mœurs locales, et ce que le roi lui-même appelle un point d’honneur32? […] Par là il pensait faire pièce aux doucereux et aux enjoués, comme il appelait les partisans de Quinault. […] On appelait l’Emilie de Cinna adorable furie, croyant n’en faire qu’un éloge raffiné.
Aspasie appelait cela très élégamment sacrifier aux grâces. […] — Il s’appelle Jean Leroux. — Très bien ! […] Caveyrac était ce qu’on appelle un bon vivant, un plaisant. […] C’est là ce que le poète appelle ajouter l’obscurité à ses vices, le mensonge à ses fautes. […] L’autre, qui s’appelait Bailly, écrivait encore le jour de sa mort.
Il l’appelle peut-être d’un autre nom. […] Seulement on a pris l’habitude d’appeler en nous « nature » ce qui nous est commun avec le reste de la nature, et d’appeler d’autres noms ce qui nous en distingue. […] Aurel, quelquefois, mériterait de s’appeler Marc. […] lui dit quelqu’un, qu’appelez-vous une femme franche ? […] Appelons-la provisoirement la pseudo-Académie des Beaux-Arts.
On l’appelle la Maison d’or, parce que l’or y reluit partout. […] Les mahométans appellent candilgi (qandyldjy), ces mêmes officiers que je viens de dire, que les Grecs appellent candilaphty. […] On appelle ainsi les habits que le roi donne par honneur. […] On appelle le vin en Perse, cherab, terme qui dénote en son étymologie toute sorte de liqueurs. […] Tout cela s’appelait: la calate.
L’espace qui restait libre de chaque côté du lit, jusqu’au mur de côté, s’appelait la ruelle, quelle qu’en fût la largeur. C’est ainsi que dans les ordonnances du palais de Louis XIV et de Louis XV, s’appellent les deux côtés du lit. […] Moyennant les distinctions de de Pure, le titre de précieuse fut accepté par les femmes les plus distinguées du parti que j’appelle de la décence et de l’honnêteté. […] Ces quartiers étaient le faubourg Saint-Germain, appelé la petite Athènes ; la place Royale, appelée la place Dorique ; le marais du Temple, appelé le quartier de Scolie, et enfin l’île Notre-Dame, dite la place de Délos. […] Celles qu’on appelle simplement des beautés, ont pour but principal de charmer les yeux.
Il appelle Hélène fleur fatale ; puis il ajoute : Âme sereine comme la mer tranquille. […] Et comment cet Eschyle ose-t-il appeler Jupiter le prytane des immortels ? […] Il s’appelait Poésie et Philosophie. […] Cet inquiétant rire de l’art s’appelle, dans l’antiquité Aristophane, et dans les temps modernes Rabelais. […] Eux cependant vont et viennent, s’appellent, se tirent, s’entraînent, quelques-uns bégayant à peine et tout chancelants encore.
La Fontaine est né à Château-Thierry, dans cette ville qui s’appelait déjà, au dix-septième siècle, par une abréviation assez curieuse, « Chaury », (La Fontaine l’écrit souvent ainsi, quand il date ses lettres), et qui s’appelle encore ainsi dans la familiarité des conversations. […] Vous voyez ce que nous appelons le « milieu ». […] Mais la vie de La Fontaine à Paris est maintenant celle-ci : c’est la vie de la société des quatre amis, comme on l’a appelée. […] Elle a réuni, appelé autour d’elle, tout ce qu’il y avait de génie littéraire, mais aussi tout ce qu’il y avait de génie scientifique à cette époque. […] Seulement il y avait quelqu’un de supérieur à Boileau et à La Fontaine, et qui s’appelait le Roi.
N’y a-t-il pas eu, en quelque étude, un clerc digne de s’appeler Maucler, un officieux qui a prêté l’oreille, qui a tout d’un coup prétendu savoir ce qu’il venait fortuitement d’apprendre et qui a cherché à dérober le los et honneur d’autrui ? […] » Dans le milieu d’un autre panneau est le meuble fait comme un grand coffre, que nous appelons encore bahut et dont les ferrures étaient presque toujours curieusement historiées ; ce bahut, posé sur un pied de bois de noyer « marqueté et marbré », est couvert de « tapisserie à l’aiguille, à fleurs, rehaussée de soie. […] De plus, les confrères de la Passion qui, dépossédés du droit de jouer eux-mêmes sur leur théâtre depuis près d’un siècle, demeuraient propriétaires et entrepreneurs avec privilège, s’étaient, en louant leur salle, réservé une loge avec « le lieu au-dessus de ladite loge appelé le paradis. […] Un usurier prêteur, appelé Pommier, survient aussi pour sa part dans cet emprisonnement, et un linger nommé Dubourg obtient à son tour son arrêt de prise de corps contre le pauvre et illustre garçon, qui ne resta pourtant que peu de jours sous les verrous (août 1645). […] Enfin, tant aimer Racine, c’est risquer d’avoir trop de ce qu’on appelle en France le goût et qui rend si dégoûtés.
Après avoir rassemblé tous ces fragments, Pisistrate appela soixante-douze grammairiens, afin que chacun en particulier, et sur le plan qui lui paraîtrait le meilleur, fit un tout de ces divers morceaux d’Homère, moyennant un prix convenable pour des hommes habiles et de bons juges en fait de poésie. […] Cette ville s’appelait Cymé. […] On cacha la faiblesse de Crithéis, et on l’envoya dans une autre colonie grecque qui se peuplait en ce temps-là au fond du golfe d’Hermus, et qui s’appelait Smyrne. […] Voilà pourquoi on appelait l’école de Phémius une école de musique : musique de l’âme et de l’oreille, qui s’emparait de l’homme tout entier. […] On montre seulement dans l’île de Chio, près de la ville, un banc de pierre semblable à un cirque, et ombragé par un platane qui s’est renouvelé, depuis trois mille ans, par ses rejetons, qu’on appelle l’École d’Homère.
Elle l’appelle trois fois : « Oui, oui, j’y vais. » Et Christine, à l’aube le trouve pendu devant l’idole, devant l’ennemie, comme un amant désespéré qui s’est tué aux pieds de sa maitresse. […] « Il y avait une fois une petite fille qui était très belle et très bonne et qui à cause de cela s’appelait Angélique. […] Une nuit qu’il tombait de la neige, elle avait été recueillie par un monsieur et une dame qui s’appelaient Hubert et Hubertine. […] « Il y avait aussi près de la maison un grand champ, qui s’appelait le Clos-Marie, traversé par une petite rivière, qui s’appelait la Chevrotte. […] « Or, ce beau jeune homme s’appelait Félicien XIV, et il était prince, et il était riche, riche, riche.
Pour cette raison, il n’a pas et ne pouvait pas avoir, comme historien, le sentiment impersonnel et éternel des choses qui donne à l’Histoire sa majesté, même sous la plume d’un petit écrivain grec (græculi) qui écrit la guerre de ce petit pays qu’on appelle le Péloponèse. […] On sait, d’ailleurs, que le mot essai n’a pas en Angleterre le même sens qu’en France, où un homme qui s’essaie à faire quelque chose et qui, par modestie, appelle, la chose qu’il a peut-être manquée un essai, ne se nomme point un essayist. En France, un homme qui a manqué son coup ne s’appelle jamais qu’un homme malheureux… Or, l’essayisme anglais n’est pas une infortune. […] … Qui se doutait, du temps de ces animaux qui ont bien dû s’appeler Bossut ou Le Batteux, que la Critique pût, comme la Poésie, avoir des ailes ? […] Les plus beaux génies, ces fleurs pourpres qui s’épanouissent dans le cerveau, ont leurs racines dans le sang de nos cœurs, et ce que les Livres Saints appellent : « le sel de la sagesse », n’est probablement que le sel des pleurs que nous avons répandus !
avait de la passion contre Celui qu’il appelle l’infâme. […] … Toute la force de cette main, qui veut être de velours, je l’ai dit déjà, ne consiste qu’en une seule rubrique, que j’appelle la diminution. […] Ils n’ont pas appelé le sifflet du Franc ! […] On s’est étalé et vautré avec délices dans les grands mots, et les grands noms de l’érudition contemporaine, et même ceux-là qui ne sont pas de l’avis de ce… comment l’appellerais-je ? […] Et moi je ne sais pas, depuis le baiser de Judas, qu’il excuse, qu’il appelle, en larmoyant du plaisir de se reconnaître : le pauvre Judas !
Tout le temps qu’il garda pieusement ce pauvre don de Dieu, qui devait être son unique richesse, ce fut pour lui ce denier qui est tant compté dans l’Évangile, et qui s’y appelle le denier de la veuve et de l’orphelin. […] Lord Byron s’était consolé de sa Marie Chaworth, en écrivant cette poésie qui s’appelle le Rêve. […] C’est ce que certains critiques appelleront peut-être, dans la langue devenue officielle qu’on jargonne aujourd’hui, la seconde époque de Brizeux : mais pour nous, hélas ! […] Sa poésie est une poésie blanche, mais elle l’est à la manière de ce qu’on appelle la messe blanche ; la consécration n’y est pas. […] il n’a pas craint de s’appeler quelque part « un poète rural »… Pourquoi pas municipal ?..
Premier né de la Douleur, l’Amour intense appelle donc l’Enthousiasme et l’Enthousiasme, à son tour, appelle la Beauté suprême. […] L’un des plus visiblement appelés de ce petit cénacle de critiques élus est sans contredit M. […] Je l’appelais Mahomet-Goudeau et je le faisais entrer dans Byzance. […] Alors, il a fait un livre pour ces infortunés, méritant ainsi d’être appelé leur père. […] Cela s’appelait et s’appelle encore, je crois, le club des Hydropathes.
Le lendemain de cet assaut, dans une lettre adressée à Joubert et où il lui donnait ses ordres, Bonaparte, vainqueur à Millesimo et se portant sur Dego, s’excusait presque de ne pas l’avoir appelé pour prendre part au dernier combat : « Je conçois que vous allez nous faire bien des reproches de ne vous avoir pas appelé ; mais vous étiez trop sur la gauche. Demain vous aurez l’avant-garde. » Voilà ce qui s’appelle un dédommagement. […] Je ne loge que chez des comtes, des marquis qui nous appellent des héros et qui nous trouvent encore le caractère aimable des Français. […] Cependant le moment approchait où il allait se dégager du second rang et être appelé à se produire en première ligne. […] Ceux qu’on appelait anarchistes, les chauds révolutionnaires de l’Ain s’en étaient emparés pour s’en faire une arme ; les blancs, au contraire, n’y avaient vu qu’une excellente occasion pour en décrier l’auteur et le cribler d’épigrammes.
Ce sont plutôt ce que nous appellerions des mélodrames ou des féeries. […] Elles se passaient dans des contrées tout à fait fantastiques qu’on appelait Sparte, le Maroc, l’Égypte, la Moscovie ou la Perse. […] Ces pièces sont surtout ce que nous appellerions des pièces à grand spectacle. […] Burattino, qui entend cela, appelle sa femme, et les voilà tous les deux à questionner ce mystérieux opérateur. […] Dans des vers latins composés à sa louange, on l’appelle : Sæculi Sulpiciam, Florem illibatum populi, suadæque medullam.
Un petit nombre de choses anciennes sont restées debout en France à travers nos révolutions périodiques, et plus que périodiques ; de ce nombre est ce qu’on appelle si justement la Comédie-Française. […] En réfléchissant à ce qu’étaient ce qu’on appelle les grands siècles et pourquoi ils l’ont été, toujours il m’a semblé qu’indépendamment des beaux génies et des talents sans lesquels la matière aurait fait faute, il s’était rencontré quelqu’un qui avait contenu, dirigé, rallié autour de lui. […] Voilà ce qu’on peut appeler des garanties. […] Ce qu’il faut de plus en plus à la France, appelée indistinctement à la vie de tribune et jetée tout entière sur la place publique, c’est une école de bonne langue, de belle et haute littérature, un organe permanent et pur de tradition. […] Il y avait quelque chose qu’on appelait autrefois la censure pour les théâtres, vilain nom, nom odieux, et qu’il faut dans tous les cas supprimer.
Il a bâti ce gros pignon-sur-rue littéraire qui s’appelle la Revue des Deux Mondes, laquelle a trente ans passés d’existence, des abonnés fossiles d’une fidélité de moutons antédiluviens, et qui rapporte, tous frais couverts, quatre-vingt mille francs de rente à son directeur. […] Dans ses ineffables Mémoires d’un Bourgeois de Paris, il a consacré une page à l’honnête typographe, comme il l’appelle, avec une suffisance de patron satisfait et cette familiarité flatteuse qui donne une petite tape sur la joue ou sur le ventre, selon le sexe et l’âge. […] » Insolence qui vous donne la mesure de l’intellectualité de cette tête, que Cousin aurait appelée une caboche. […] Hésiode nous apprend que, de son temps, les rois s’appelaient mangeurs de présents, Δωροφαγος. […] Il paraît qu’avant 1831 il y avait une larve qui s’appelait la Revue des Deux Mondes.
Plus près de nous, Frédéric II, celui qu’on appelle le Grand Frédéric, était un poltron avant d’être un héros, et le plus niais des joueurs de flûte avant de devenir ce glorieux et fameux joueur d’épée qu’il fut, une fois roi… Ceux qui lisent l’histoire le savent bien. […] Trente-deux ans évêque à la même place, il a déployé dans ses fonctions d’évêque ce que j’oserai appeler « l’esprit papal ». […] C’était un de ces hommes politiques dont les facultés prudentes et flexibles s’ajustaient exactement à ce genre de gouvernement qu’on appelle « constitutionnel ». […] qui s’appelle « rien » avec orgueil !!! […] La Marianne de l’Italie ne s’appelle-t-elle pas la Pétroleuse (Petroliera), et n’en promène-t-on pas dans les villes l’image incendiaire ?
Même les sales historiens qui ont expliqué par de la pathologie l’héroïsme surnaturel de cette autre Sainte qui n’a encore été canonisée que par la patrie, n’auraient pas osé tacher cette pure lumière qu’on appelle sainte Térèse. […] Elle devint cette petite fourmi, comme elle s’appelle avec une grâce d’humilité délicieuse en une femme qui avait le cœur plus grand que tous les mondes parce que Dieu, en l’habitant, l’avait élargi ; elle devint, non pas uniquement la créature d’élection et de perfection surnaturelle dont le souvenir plane encore sur le monde ému, mais aussi la première, la plus grande, la plus auguste des supérieures d’Ordres, ornée, avec toutes les vertus du Ciel, de toutes les qualités prudentes, politiques, humaines, de la terre ! […] Allez donc faire comprendre aux âmes du xixe siècle les humilités de la Sainte, qui s’appelle criminelle, elle qui n’a jamais péché mortellement selon l’église, et qui l’est à ses yeux parce qu’elle emprunte un peu de la lumière de Dieu pourvoir l’infinie petitesse des plus grandes vertus ! […] la Térèse que vous trouvez ici peut tout aussi bien s’appeler Héloïse. […] » Et, effrayée, humblement et raisonnablement effrayée, elle appelle à soi la Science, la Doctrine, la paternité du Confesseur ; elle y appellerait toute l’Église, pour s’attester qu’elle ne se trompe pas, que ses visions ne sont pas des pièges de l’Orgueil.
Où donc est la hardiesse, où donc est la fierté dans cette Madame Louise, dans cette amazone, — comme il l’appelle, ce bon Bonhomme, qui de sa nature est peu équestre et qui, ébahi comme un badaud devant un cirque, la trouve très amazone parce qu’elle savait, comme toutes les femmes de la cour d’alors, faire un temps de galop aux chasses du roi ! […] Bonhomme n’a garde d’oublier qu’elle appelait sans se gêner Madame Louise : « Une folle, qui n’entrait au couvent que pour tracasser toute la cour au nom du ciel. » Mais Honoré Bonhomme, qui n’est pas duc, se contente seulement de regretter, dans sa petite condition de Bonhomme, que l’amazone et la sybarite « n’aient pas été mieux conseillées et qu’elles ne se soient pas dirigées elles-mêmes ». […] Rien n’est moins certain que l’accident arrivé à Fontevrault par lequel on rend compte ordinairement de la déviation de l’épine dorsale que la princesse appelait sa bosse. » Rien n’est moins certain, mais il n’ose pas le nier, quoiqu’il en ait furieusement envie ! […] » C’était elle qui appelait les robes qu’elle avait portées à la cour : « les cilices du diable ». […] Elle l’a appelée de cet avilissant nom d’intrigante, parce que la Carmélite, qui voyait clair dans ce malheureux monde qui s’en allait, s’occupait des intérêts de la religion — tout pour elle !
« Sortis des malheurs attachés à la caducité des rois par des événements que nous n’avons pas provoqués, on nous a offert les malheurs d’une minorité que l’instinct du peuple ne comprendrait pas ; et c’est sérieusement que des hommes d’honneur, de bon sens, qui se sont montrés capables de combinaisons politiques, trouvent des paroles qu’ils appellent des principes, et des phrases qui ressemblent à du sentiment, pour nous dire que ce terme moyen entre le passé et l’avenir pouvait suffire à toutes les exigences ! […] Toutes ces fictions de notre ordre politique s’appuyaient sur ce qu’on appelait le principe monarchique, la prérogative royale. […] Notre Hôtel de ville est l’hôtel du préfet : au lieu de nos magistrats, nous n’aurions encore trouvé là que des hommes du pouvoir ; autant dans ce qu’on appelle nos mairies, que ne connaissent guère que ceux qui ont été s’y marier ou y demander des certificats. […] Deux jours sans direction, le peuple des rues agit de lui-même ; tandis que le peuple des palais, des salons et des Chambres regardait l’action sans pouvoir comprendre comment la force qu’on avait toujours appelée brutale était devenue intelligente sans rien perdre de son énergie, au contraire. […] Nos soldats sont encore honteux d’avoir été battus par ceux que, entre militaires, on appelle des pékins.
Quoiqu’elle ait écrit bien davantage, elle était au fond très au-dessous de Mmes de Flahaut et de Duras, ses contemporaines, que les jeunes gens du temps, dans de jeunes journaux, ont appelées des femmes de génie, mais dont les œuvres, quand on les relit (et qui les relit ?) […] Moraliste, c’est-à-dire sensualiste, comme le sont la plupart des femmes qui ne voient le but de la vie que dans cette misère du bonheur terrestre, Mme Gay n’a regardé le ridicule que par son côté extérieur, et peut-être ai-je appelé trop vite une mystification ce qui est pour elle le sérieux de la vie : mais si cela est, Mme Sophie Gay est encore plus médiocre que tout à l’heure je ne le supposais, et c’est le doute dans lequel elle jette l’intelligence de son lecteur, qui est la meilleure raison à donner contre son livre. […] Elle ignore s’il a sa raison d’être, s’il existe créé par l’opinion seule ou indépendant de cette opinion que Pascal appelait la reine du monde ; s’il est enfin la transgression d’une loi d’ordre et d’harmonie ou simplement une grimace, un faux pli de l’organisation humaine, une faute ou une infirmité. […] Il pouvait s’en dispenser par la très bonne raison qu’il faisait encore de très grandes choses en dessinant vigoureusement ces ensembles, ces organisations entières que l’on appelle des Caractères. […] On saura maintenant si le bavardage effréné de ce bas-bleu qu’on appelle Mme Sophie Gay, au talent de qui nos pères ont cru avec tant de bonhomie ou de galanterie, peut être encore supporté et paraître quelque chose qui ressemble à du talent quelconque !
Elles sont, pour la plupart, des tissus de riens et de mondanités, d’inutiles dépêches, d’infatigables redites, de rapports immuables dont les termes changent seuls, de commérages et de petites intrigues qui s’emmêlent et se démêlent et n’aboutissent pas ; enfin, de ces cunctations éternelles qu’on appelle la diplomatie et qu’il faut acheter parfois par des lâchetés et des bassesses ! […] Ils n’ont pas vu plus loin d’une vue ferme… Ils n’ont pas plus pénétré dans l’avenir que leurs devanciers, autrement forts qu’eux, les Bonald, les de Maistre, les Lamennais, ceux-là qu’on peut appeler les grands prophètes. […] Raczynski, opposé à l’idée de l’empire d’Allemagne, qu’il regardait comme un piège tendu par la Révolulion à la Prusse, n’avait pas prévu la constitution de son unité et l’homme robuste qui s’appelle Bismarck ! […] Le désespéré, c’était Donoso, le plus ardent, le plus religieux, le plus saint des deux, que Guizot, qui avait ses raisons pour ne pas vouloir de prophètes, appelait, par dérision, un Jérémie ; et l’espérant, c’était Raczynski, lequel persiste (dit-il dans sa Correspondance) à croire « que le jour viendra où la France tendra les mains vers Henri V », mais sans donner de cette foi une seule raison historique, et qui a espéré non pas jusqu’à la fin, mais sans fin, et qui a vu la fin de sa vie avant la fin de son opiniâtre espérance ! IV Tel ce livre, si on peut appeler ces fragments un livre, qui se nomme les Deux Diplomates, titre pour le livre comme pour les hommes qui le portent, — un titre et rien dessous !
Mais il y a aussi des visages, imposants encore, qui ne se voient bien qu’au bout d’un certain temps, lorsque la poussière des choses contemporaines est un peu tombée, et ceux-là on peut les appeler les Seconds de l’Histoire, les branches cadettes dans la dynastie des grands hommes. […] Aussi dans ses Mémoires, s’est-il plaint pour elle : mais cet homme de forte expérience (comme il s’appelle tranquillement lui-même pour tout éloge) connaissait tellement les hommes que, même en les traitant d’imbéciles, il ne se fâche plus ! […] Un homme qui n’aurait que de la force de volonté dans la proportion la plus vaste et pour la durée la plus longue, ne pourrait être appelé, sans vice de langage, un homme de caractère, fût-il la hardiesse, la persévérance et la fermeté au plus haut degré d’énergie, fût-il Charles le Téméraire de Bourgogne, fût-il Charles le Téméraire de Suède, fût-il, à lui seul, tous les Téméraires de l’Histoire, que l’Histoire n’a point appelés des hommes de caractère, mais à qui elle a su trouver d’autres noms ! […] Il n’avait pas l’étendue d’esprit et la puissance abstraite qu’il faut à un grand historien pour juger la Révolution française ; mais les hommes vraiment faits pour gouverner, pour mettre la main à cette pâte qu’on appelle le gouvernement, les ont-ils ?
Morellet l’appelait sagacement ; « Machiavellino », et ce n’était pas pour rien qu’il était du pays de Machiavel. […] C’est à Paris, en effet, que cet Italien, naturalisé Français par un langage aussi étonnant pour un étranger que celui d’Hamilton (dans les Mémoires de Gramont), publia son fameux livre dialogué sur les blés, que Voltaire appela du Platon égayé par Molière, et qui fricassa les économistes balourds de ce temps dans la poêle à frire de la plaisanterie, chauffée avec cette verve qui faisait penser Catherine II au Vésuve, quand elle lisait Galiani ! […] Si la nostalgie de Paris n’avait pas poussé le pauvre Galiani à jeter des lettres dans ce tombeau où les lettres arrivent , disait si mélancoliquement Madame de Staël de l’absence, il ne se serait pas endormi sous le bleu du ciel de Naples comme les lazzaroni de ses bornes, car il n’avait rien du lazzarone, cet homme d’éther et de phosphore, mais il aurait, avec cette dextre souplesse qui est le caractère de son genre de génie, rempli stoïquement les hautes fonctions économiques, financières, administratives et judiciaires auxquelles le gouvernement napolitain l’appela pour lui faire oublier sa disgrâce d’un jour. […] Galiani, cet extrait d’homme, cet homonculus à mettre dans le flacon des alchimistes du Moyen Âge, une fois assis dans un des fauteuils du salon de Madame Geoffrin, qu’il appelait ses trépieds de Sybille et qui avaient plus d’esprit que lui, disait-il, avait autant de conversation que le robuste et tonitruant Diderot, et dans ses lettres il montrait autant d’esprit épistolaire que Voltaire et Madame Du Deffand dans les leurs. À la date de son siècle, — car nous avons eu, depuis, le prince de Ligne, et plus tard encore la correspondance adorable de cet observateur de génie qui s’appelait Beyle et qui se fit nommer Stendhal, — à la date de son siècle, je ne vois guères que Voltaire et Madame Du Deffand qu’on puisse, épistolairement, lui comparer.
Il a cette flexibilité qu’on pourrait appeler encyclopédique, qui se ploie trop aisément à tous les sujets pour s’attacher opiniâtrément à un seul dans lequel il se montrerait incomparable et maître. […] Avant tout, ce que nous cherchons dans un livre, et surtout dans un livre qui a l’honneur de s’appeler « Contes », c’est la grande, la prime-sautière originalité. […] Excepté peut-être la Trempe miraculeuse, l’un des plus réussis du recueil, français d’origine, celui-là, et net de tout ce que le prince de Ligne appelait « l’allemanderie » , tous ces contes ont une physionomie commune. […] » C’est, en effet, l’Éson du conte renouvelé que ce vieil enfant, comme il s’appelle, et ce n’en est pas un que nous vous faisons là ! […] Naïf scélérat, comme nous l’avons appelé, ce conteur de ruse aimable, Feuillet, en se servant avec tant d’habileté de la langue du xvie siècle et en la fondant avec tant de goût avec celle du xixe n’a pas voulu seulement faire acte d’artiste, mais d’éducateur.
Les Romains continuèrent d’employer ce mot pour l’occupation d’une chose par la guerre ; les esclaves furent appelés mancipia, le butin et les conquêtes furent pour les Romains res mancipi, tandis qu’elles devenaient pour les vaincus res nec mancipi. […] Par suite, les conditions (leges) auxquelles se rendaient les villes, étaient exprimées par des formules analogues, qui se sont appelées paces (de pacio) mot qui répond à celui de pactum. […] Tel que Tite-Live le rapporte, c’est une véritable stipulation (contratto recettizio) fait avec les interrogations et les réponses solennelles ; aussi ceux qui se rendaient étaient appelés, dans toute la propriété du mot, recepti ; et ego recipio, dit le héraut romain aux députés de Collatie. […] Toutes les fictions de l’ancienne jurisprudence furent donc des vérités sous le masque, et les formules dans lesquelles s’exprimaient les lois, furent appelées carmina, à cause de la mesure précise de leurs paroles auxquelles on ne pouvait ni ajouter, ni retrancher111. […] C’est elle que le docte Varron appelait la formule de la nature.
Cependant, dans ces sciences appelées positives, l’expérience du jour ne détruit-elle pas l’expérience de la veille ? […] Qu’aura-t-on gagné à bouleverser les noms, à appeler l’air vital oxygène, etc. […] Il aiguise le fer, il prépare le poison, il appelle les éléments à son secours ; il fait mugir l’eau, il fait siffler l’air, ses fourneaux s’allument. […] « Dans ce siècle même, dit Buffon, où les sciences paraissent être cultivées avec soin, je crois qu’il est aisé de s’apercevoir que la philosophie est négligée, et peut-être plus que dans aucun siècle ; les arts, qu’on veut appeler scientifiques, ont pris sa place ; les méthodes de calcul et de géométrie, celles de botanique et d’histoire naturelle, les formules, en un mot, et les dictionnaires, occupent presque tout le monde : on s’imagine savoir davantage, parce qu’on a augmenté le nombre des expressions symboliques et des phrases savantes, et on ne fait point attention que tous ces arts ne sont que des échafaudages pour arriver à la science, et non pas la science elle-même ; qu’il ne faut s’en servir que lorsqu’on ne peut s’en passer, et qu’on doit toujours se défier qu’ils ne viennent à nous manquer, lorsque nous voudrons les appliquer à l’édifice161. » Ces remarques sont judicieuses, mais il nous semble qu’il y a dans les classifications un danger encore plus pressant.
n’est un éloge pour personne, ni pour ceux qui le vantent et marquent de son nom des livres que sans son nom on ne lirait pas, ni pour Voltaire lui-même, qu’on n’appelle que Roi aujourd’hui, et qu’on appellerait Dieu si l’on avait du cœur ! […] Il n’a pas compris que son livre, qu’il croyait être une justice, une reconnaissance et à la fois tous les sentiments prosternés, n’était pas en proportion réelle avec cet homme d’ubiquité, cet homme qu’on retrouve partout et qui s’appelle Voltaire. […] Or, s’il les possède, ce n’est plus Roi qu’il faut l’appeler : qui dit Roi des Esprits dit Dieu même ; et alors on peut demander pourquoi donc ce Dieu des Esprits souille encore de ses restes une église chrétienne, et pourquoi ses adeptes et ses disciples, en cotisant leurs admirations et leurs œuvres, ne lui élèvent pas un monument ?
c’est ce Contrat, l’emphytéose du xixe siècle, hors duquel il n’y a de salut philosophique pour personne parmi ceux qui s’appellent de la libre pensée, mais que nous appelons, nous, de la très servile ; c’est ce Contrat social que nous demandons la permission d’analyser en quelques mots. […] On a dit dernièrement qu’il ne s’appelait point Rousseau, mais Renou, et que, s’il épousa Thérèse ailleurs que devant le soleil de la forêt de Saint-Germain, c’est qu’elle l’y contraignit, la commère ! […] On recommence à croire au testament d’Adam, qui est le vrai Contrat social du pouvoir, à la famille qui est le vrai Contrat social du père, des enfants, de la mère, et à l’ordre, qui est le vrai Contrat social des anciens de la famille, appelés en premier par la vocation, les études, le diplôme, et en second par le pouvoir, qui les fait officiers, évêques, magistrats !
Donc ce que j’appelle les conditions d’existence pour la société n’a point changé pendant tout ce Moyen-Âge. […] Puis, si j’étais inférieur dans la société laïque, j’étais l’égal de tous dans la société spirituelle qu’on appelait l’Église. […] Sara obéissait à Abraham, qu’elle appelait son maître. […] Tu ne veux plus du passé, et tu t’efforces d’échapper à l’avenir qui t’invite et t’appelle. […] Alors ceux qui ne pensent pas comme les autres s’appellent les sages, les philosophes.
On l’appelait Bissy. […] Son père, président de ce qu’on appelait le sénat de Savoie, eut dix enfants. […] Hâtez-vous d’en décorer vos conseils. » On l’appela, en 1797, à Turin. […] On lut le contrat, et on appela les témoins à la signature. […] Vous m’avez appelé, je suis venu ; j’ai votre parole.
Rousseau, consulté comme législateur par les peuples, était appelé comme pédagogue par les familles. […] S’il n’est pas appelé dans le travail, sitôt l’enfant venu au monde, on ne fait rien sans ses prescriptions. […] C’est ce qu’il appelle « tracer fièrement » l’histoire des premiers temps. […] On appelle cela, dans la langue de la « morale de campagne », le cynisme de l’amour de soi. […] Il est rare qu’elles soient pures de ce qu’on pourrait appeler l’élévation des cœurs médiocres, la déclamation.
Montesquieu appelle cela de la bigoterie. […] De quel nom appeler un tel rôle ? […] En appeler incessamment à la vie future, c’est endormir l’esprit de réforme, c’est ralentir le zèle pour l’organisation rationnelle de l’humanité. […] Car, les masses étant aveugles et inintelligentes, n’en appeler qu’à elles, c’est en appeler de la civilisation à la barbarie. […] Jouffroy a appelé le scepticisme de fait.
La première s’appelle la Nature, la deuxième s’appelle l’Art. […] Le monstre bâillant que les anciens appelaient Livor et que les modernes appellent Spleen nous donne à deviner cette énigme : Néron. […] Il évangélisa la Perse, que l’Écriture appelle Paras. […] Ceux du dehors, que le paganisme appelait les barbares et que le christianisme appelle les gentils, il les aime ; il se donne à eux. […] Cela passe pour prospérité et s’appelle s’arrondir.
Job est pour moi un Platon de cette philosophie tronquée, mais surhumaine, que j’appellerai la philosophie antédiluvienne. […] Est-il digne de vous, Seigneur, de regarder ce je ne sais quoi qu’on appelle un homme, et de vous mesurer avec lui dans un jugement entre lui et vous ? […] Il divinise l’intelligence ou ce qu’il appelle la sagesse de l’homme. […] « Appelleras-tu en leur temps des signes dans les cieux, l’Ourse et sa brillante race ? […] Il y regrette ce qu’Aristote appelle la fable d’un drame, c’est-à-dire le mécanisme presque puéril qui excite la curiosité du spectateur ou du lecteur par l’artifice des situations dans lesquelles le poète place ses personnages.
Et quand le roi appelait M. […] De ce jour-là Molière est ce qu’on appelle un pouvoir ! […] « Voilà donc, s’est écrié Jean-Jacques, l’homme que Molière appelle un misanthrope ! […] Et pourtant Fabre appelait ce Philinte : Le Philinte de Molière. […] C’était bien là tout à fait l’élégante femme de ce bourgeois vaniteux, entêté et médiocre qu’on appelle M.
Or savez-vous quel système lui conseillèrent les ministres de ce qu’on appelait alors le tiers-parti dans les chambres, ministère d’honnêtes et discrets légistes, ministère jaloux qui dissertait agréablement aux oreilles de la médiocrité, et qui n’inspirait de la jalousie à personne ? […] La guerre civile, au contraire, portée, formulée, encouragée par un gouvernement étranger contre des gouvernements avec lesquels ce gouvernement étranger n’est pas en guerre, cette guerre civile-là n’a pas eu de nom jusqu’ici dans la langue de la diplomatie, dans le vocabulaire du droit public ; elle en aurait un désormais, elle s’appellerait la guerre britannique. […] Ce principe, c’est ce qu’on appelle en ce moment le principe sacré, supérieur et absolu des nationalités. […] XXV Le duc de Choiseul, celui qu’on appelait le cocher de l’Europe, était ministre presque absolu de Louis XV. […] Supposons M. de Talleyrand appelé au conseil secret de son pays, et tâchons d’arracher à son sépulcre ce qu’il aurait dit de son vivant.
On admet aussi que parmi ces excitations, celles-là seulement qui sont assez vives pour prédominer sur les myriades d’excitations vagues de l’organisme, sont appelées proprement sensations. […] Lewes raconte que, étant entré dans un restaurant, il y trouva un garçon endormi au milieu du bruit ; qu’il l’appela vainement par son nom et par son prénom, mais dès qu’il eut prononcé le mot « garçon ! […] Lewes fait remarquer qu’en distinguant la sensation de la perception, il ne fait pas une distinction purement verbale, qui consisterait à appeler sensation ce que les autres appellent impression. […] « Je voudrais, dit l’auteur, appeler l’attention sur l’importance psychologique de cette vaste classe de sensations qui ont été appelées sensations venant du système, et que les psychologistes et les physiologistes ont si étrangement négligées. […] Ce que nous appelons les conditions, ce sont les facteurs analytiques que nous avons découverts dans le fait.
Ils furent écrits pendant ce qu’il appelle son exil à Pétersbourg, dans les loisirs d’un ambassadeur sans cour, loisirs interrompus seulement par quelques dépêches sans affaires. […] Julien, dans l’un de ses discours (je ne sais plus lequel), appelle le soleil le dieu aux sept rayons. […] Pour se faire suivre par des millions d’hommes il n’appela point à son aide l’ivresse et la licence ; il ne s’entoura point de bacchantes impures : il ne montra qu’une croix ; il ne prêcha que la vertu, la pénitence, le martyre des sens. […] L’ambition naturelle, qui n’avait jamais cessé de lui faire sentir sa valeur comme homme politique, lui faisait sans cesse tourner ses regards vers Turin, pour voir si on ne l’appellerait pas au ministère. […] Appelé au conseil des ministres pour y délibérer sur quelque question oiseuse de législation à réformer : « Messieurs, dit-il, la terre tremble, et vous voulez bâtir !
C’est la péninsule tout entière qui s’appelle Italie, ce n’est pas la maison de Savoie, éternelle alliée de la maison d’Autriche. […] qu’elle est divine, cette maîtresse de l’univers, ainsi que vous l’appelez parmi vous ! […] Après avoir renversé Carthage, tu seras appelé aux honneurs du triomphe. […] Ne vois-tu pas dans quelle demeure supérieure et sainte tu es appelé ? […] Qui ne rirait pas de ces filets d’eau qu’ils appellent des Nils et des Euripes, en voyant ce que je vois ?
On en fera encore des milliers sans parvenir, quel que soit le talent des poètes, à élever ce monument auquel aspirent vainement toutes les langues et qu’on appelle un poème épique. […] Il y a en nous et hors de nous un être qui ne tombe pas sous nos sens, c’est ce que nous appelons l’esprit. […] Cela dit, nous convenons avec eux que le plus grand nombre de nos écrivains et de nos poètes, dans ce que nous appelons avec raison notre grand siècle, ont été aussi peu Français qu’on peut l’être en France. […] On l’a appelé le vieil enfant de son siècle. […] Vous ne sauriez le dire, vous ne le saurez jamais ; l’impression générale est un mystère, et ce mystère s’appelle physionomie.
L’appeler seulement un historien libre penseur, ne serait point une distinction suffisante, car presque toutes les écoles historiques de ce temps sont filles de la Libre Pensée, et ce n’en serait pas une non plus que de l’appeler historien révolutionnaire. […] quelque plume dégradante, qui l’appellera un juste milieu ! […] Il n’y a pas de place dans sa fine et spirituelle tête de couleuvre pour cette chose large, opaque, carrée, qui s’appelle la métaphysique. […] Quand on s’appelle M. […] « La naïveté profonde, dit-il, et la grande invention (qu’appelle-t-il la grande invention ?)
Nous appellerons cela la pensée algébrique. […] Nous appellerons cela la pensée antithétique. […] Nous appellerons cela la pensée genre Vauvenargues ou genre Joubert. […] Nous appellerons cela la pensée définition. […] Nous appellerons cela la pensée à la Royer-Collard.
Henry Bordeaux s’appelle Trois petites marionnettes. […] Doit-il s’appeler le mensonge vital ? […] On appelle génie ce qui dépasse l’imitation. […] Les trois livres du Culte du moi sont appelés par M. […] Les chaires de prose latine ou française, dans nos universités, s’appelaient naguère ou s’appellent encore chaires d’éloquence latine, d’éloquence française.
Quand elle fait à ce néant l’honneur de l’appeler l’inconnu, c’est par complaisance et respect humain. […] Dire qu’il faut laisser les querelles dans l’ombre parce que le temps n’est pas opportun, cela peut se comprendre, quand on a fait un choix, et que l’on sait à quoi s’en tenir ; mais ceux que l’on veut ramener, car je suppose que l’on n’écrit pas pour les convertis, ceux que l’on appelle de la philosophie au christianisme, ont le droit de dire : A quel christianisme nous appelez-vous ? […] Vous appelez Dieu à votre propre tribunal ; vous jugez en dernier ressort de la parole sainte ! […] De ces deux raisons, la première ne ressemble pas mal à ce que nous appelons en logique un cercle vicieux ; la seconde est purement et simplement un préjugé, et même un préjugé odieux. […] N’est-ce pas le sophisme que l’on appelle en logique idem per idem ?
C’est une remarque ingénieuse et vraie à coup sûr, d’un très habile élève des écoles d’Athènes, qui s’appelle saint Augustin. […] On appelait des mimes, certaines pièces déshonnêtes dans lesquelles les comédiens, sans vergogne et sans honte, imitaient certaines poses indécentes. […] Elle donne un choc à l’esprit, et de ce choc dangereux, l’esprit a peine à se remettre ; il se souvient longtemps du spectacle animé de ces licences ; il y revient complaisamment, il les médite, et c’est pourquoi Tertullien appelle le théâtre : « l’Église du diable : Ecclesia diaboli ! […] Il y avait même des gens au parterre, des moralistes comme vous, qui disaient que c’était grand dommage de livrer cette petite fille à ces licences, à ces hasards ; et les reproches de pleuvoir sur le père de cette enfant, qui était un très mauvais poète, un très bon comédien et qui s’appelait Monvel. […] Aujourd’hui, cette enfant accueillie à ses débuts de ces mauvais présages, s’appelle mademoiselle Mars !
À chaque minute, elle ébranle et renverse ce qu’il appelle ses certitudes. […] Déjà quelques-unes des idées (si cela peut s’appeler des idées) que je viens de signaler avaient pointé dans les écrits de M. […] La gloire — puisqu’un grand bruit s’appelle la gloire — s’éteignait peu à peu pour M. […] Il n’est pas ce qu’on appelle « un écrivain de race », et il n’en laissera pas une après lui… Il n’aura pas l’honneur (qui est le plus souvent une honte) d’avoir derrière lui des imitateurs. […] Il fut, dès son début, ce qu’on peut appeler un joli impie parmi les impies qui sont laids, et il est maintenant le plus joli des membres de l’Académie, qui ne sont pas non plus généralement très jolis.
Cela est certain, tout investigateur, tout Allemand qu’il paraît être, Blaze de Bury n’aurait pas songé à faire un livre sur tous ces égaux, sur tous ces Ménechmes dans la bravoure folle, la rapacité, l’orgueil, les vices conquérants ou tyrans de la vie, et finalement dans l’oubli des hommes, si (nous le répétons) la figure du dernier des Kœnigsmark n’avait appelé réellement un peintre comme elle appelle encore un poète, comme elle appelle un historien. […] Les plus beaux types (et nous prenons ici ce mot dans le sens criminel et tragique), les plus beaux types de la Poésie et de la Réalité, n’offrent rien, selon nous, de plus complet et de plus effrayant à ceux qui étudient la force d’impulsion des passions que cette Élisabeth de Platen, dont on n’aurait rien dit encore quand on l’appellerait la lady Macbeth de l’amour ! […] Blaze de Bury, qui se souvient trop des types officiels et classiques quand il faudrait analyser, creuser ou peindre, appelle tour à tour madame de Platen Phèdre, Médée ou Messaline, pour nous donner une juste idée des fureurs d’amour, de jalousie et de vengeance, qui luttèrent en elle.
Et en effet, en les posant, il les renverse… Et, même, de telle façon, que si jamais un téméraire en critique critique avait vainement cherché un moyen de ne pas trop révolter les habitudes faites en abaissant dans l’opinion, qu’il croirait mal informée ou superficielle, cette renommée effrayante de grandeur et de fixité qu’on appelle « l’histoire de Thucydide », il n’aurait, maintenant, rien de mieux à prendre que les motifs consciencieusement cherchés et savamment déduits de l’admiration de M. […] Girard, si Thucydide n’est pas ce qu’on peut appeler rigoureusement un philosophe, c’est toujours cependant un esprit philosophique, une espèce de rationaliste plus ou moins athée, comme l’étaient tous les Grecs cultivés au temps de Périclès. […] « qui estime que le culte du passé est une superstition (pages 19 et suivantes), — qui le méprise, ce passé, et l’appelle une barbarie, — qui supplée à la tradition par le raisonnement, et, — le croira-t-on ? […] C’est cette raison qui, dans l’art littéraire des Grecs comme dans les autres arts, retranche, combine, mesure, équilibre, sacrifie le détail vigoureux à ce qu’elle appelle un peu vaguement l’harmonie de l’ensemble, dispute enfin, dispute avec la forme, comme, en philosophie, elle dispute avec le fond, chez ce peuple disputeur par excellence, pour qui la harangue même, dont nous parlions plus haut, n’était qu’une des formes de la dispute éternelle. […] Il appelle cela être plus sévère, et il adore la sévérité.
Il ne nous l’a pas dit, même dans ce Journal qu’il a laissé, et qu’il appelait, avec une modestie si gaie, sa conversation avec son bonnet ! […] Voltaire, comme il l’appelle en ses Lettres inédites : « le plus prodigieusement bel esprit que la nature ait créé avec une vaste mémoire », est jugé avec une impartialité froide qui n’était pas du temps. […] Il avait, à un degré éminent, ce que les Anglais appellent strictness. […] Mais le folâtre Collé, ainsi que l’appelle si judicieusement M. […] Cela pourrait s’appeler très pertinemment : Cours de flatterie à l’usage des jeunes gens qui veulent s’avancer dans le monde, et entrer dans les Fermes, par exemple, parce qu’ils ne sont pas des Chesterfield !
que son mysticisme ne parut pas toujours sûr à Rome ; un jour on l’y a signalé comme inclinant vers l’erreur qui s’est appelée Jansénius — sur cette terrible question de la nature et de la grâce. […] Quelles que soient les raisons d’affirmer la personnalité de l’auteur de l’Imitation, elles ne sont pas telles cependant qu’on puisse les admettre en toute certitude, et cet inconnu que quelques-uns appellent : Jean Gerson, d’autres A Kempis, d’autres encore Jean Gersen, abbé de Verceil, n’en est pas moins toujours un anonyme de l’histoire. […] Le parti qu’il a pris d’être simple, eu traduisant cette simplicité, l’a fait verser dans ce que nous appelons l’inconvénient de l’Imitation, c’est-à-dire la métaphysique. […] Pourvu que nous ne tombions pas dans le système rasé de bien près par les éditeurs, à la page 14 de leur Introduction, dans cette immense bourde allemande qui a décapité Homère et qui répugne à la constitution même de l’esprit humain, que nous importe de savoir si l’Imitation s’appelait A Kempis ou de toute autre réunion de syllabes. […] Ces hommes, qui vivaient les yeux au ciel ou baissés sur la poussière de leurs sandales, se souciaient bien de cette bavarderie qu’on appelle la Gloire, et des commérages que l’Avenir devait faire, un jour, sur leur tombeau !
Il s’est rencontré de très bons esprits, peu philanthropes et ne se faisant pas grande illusion sur les puissances de méchanceté ou de sottise qui sont dans cette aimable créature qu’on appelle l’homme, qui croyaient que Suétone et même le grave Tacite s’étaient moqués de la postérité en écrivant leurs histoires. […] Parmi nous, pourtant, les plus maniaques d’égalité relèvent à la frontière, pour l’honneur de la France, l’inégalité dont ils ne veulent pas à l’intérieur, et ils appellent avec raison la première des nations du monde le pays des vainqueurs de Sébastopol. […] Si nous en croyons les dépositions curieuses et terribles de l’histoire d’Alaux, Soulouque, ce vieil enfant, car il avait plus de soixante ans quand il fut élevé à la présidence de la République d’Haïti ; Soulouque, « ce formidable poltron qui voit dans toute ombre un fantôme et dans tout silence un guet-apens », cet être absurde, fanatique, dévoré par des superstitions de sauvage, méfiant, fanfaron, cruel, mais apathique après que le sang, dont il a des soifs vraiment physiques, est versé ; Soulouque, ou, pour l’appeler du nom d’empereur qu’il s’est donné dans une farce officielle qu’aucun gouvernement n’a eu d’intérêt à empêcher, Faustin, est très au niveau, si ce n’est très au-dessous, du premier Cafre venu qui va s’éteindre sur la Côte d’Ivoire. […] Voilà, selon d’Alaux, l’explication et la clef de ce phénomène, qui s’appelle pour l’heure Faustin Ier, de la tyrannie indurée de cet homme, arrivé au pouvoir en se frottant les yeux, comme l’Éveillé de la comédie, sans parti pris, sans intention que d’imiter Richer, non parce qu’il était le plus intelligent de ces souverains de pas sage, mais parce qu’il était le dernier passé, et qui trouve tout à coup dans sa religion de barbare, dans sa terreur des sorciers et dans son fétichisme méprisé, une initiative qui fait de lui le représentant le plus pur qu’ait jamais eu à Haïti le parti ultra de la réaction africaine ! […] Gustave d’Alaux a justement saisi et marqué ce qui fait l’ascendant actuel de Soulouque sur la société de noirs, de mulâtres et de sang-mêlés qu’il gouverne, si cela peut s’appeler gouverner.
Balzac, toute sa vie, fut fasciné par cette grande chose qu’on appelle le Prêtre. […] Ce prêtre de naissance ne s’appelle point Tigrane. […] Un jour, dans une discussion solennelle et en présence de tout le clergé de la contrée, l’évêque de Roquebrun appelle l’abbé Capdepont « le prince des ténèbres », et cet outrage public ajoute la haine et la rancune aux autres passions de l’abbé. […] J’ai entendu quelquefois comparer Ferdinand Fabre à Gustave Flaubert, qu’on pourrait appeler « le descriptif laborieux » ; car il décrit jusqu’aux nervures des feuilles et aux angles des ombres qui s’évaporent. […] L’Église, l’esprit de l’Église, la sagesse romaine qui juge à travers le péché, qui peut pardonner tout à ses serviteurs quand ils ont cette chose rare maintenant et qu’on appelle « le caractère », ont inspiré heureusement Fabre.
Le Capitaine Fracasse, sachez-le bien, n’est qu’un morceau de tapisserie faite d’après les tableaux, plus ou moins oubliés ou empoussiérés maintenant, de ces maîtres qu’on appelle Scarron, Mme de Lafayette, Segrais, Scudéry, Cyrano de Bergerac, et, pour mieux dire, tous les romanciers du commencement du dix-septième siècle, que M. […] Gautier n’y fût juste ce qu’il a été dans son roman d’aujourd’hui du Capitaine Fracasse, c’est-à-dire un faiseur d’images inanimées, quoiqu’elles parlent et se remuent, et qui passent devant nous sans nous intéresser ni nous plaire, à travers un style que ses amis peuvent appeler un tour de force ou de souplesse, mais que je hais comme un parti pris. […] Ce dernier des Sigognac vit, au fond des Landes, dans un vieux château délabré que l’auteur appelle le Château de la Misère, et qui par cela seul qu’il est une description physique faite avec cet acharnement de détails très-approprié au talent de M. […] Gautier appelle tout bêtement Pierre, et qui n’est qu’un Caleb aplati. […] Théophile Gautier, sous le pédantisme maigre et boursouflé du grammairien et de l’archéologue, qui ont reproduit sur des types connus et glacés ce monde fantômastique du Capitaine Fracasse ; c’est cette complète disparition qui me fait repousser ce Capitaine Fracasse, que j’ai appelé une tapisserie, — une pâle et gothique tapisserie des galeries défuntes, faite avec de vieilles laines passées, et que l’avenir, — et un avenir prochain — rejettera et roulera dans le garde-meuble des curiosités inutiles !
« — Comment t’appelles-tu ? […] Il s’appelait maintenant le père Madeleine ; il employait tout le monde ; il n’exigeait qu’une chose : Soyez honnête homme ! […] Il soulevait et soutenait parfois d’énormes poids sur son dos, et remplaçait dans l’occasion cet instrument qu’on appelle cric et qu’on appelait jadis orgueil, d’où a pris nom, soit dit en passant, la rue Montorgueil près des halles de Paris. […] « Il appelle. […] Il appelle toujours.
Sur le bord du Lédano est une grande ferme qui s’appelait Keranbélec ou Meskanbélec. […] Ma bonne maman, comme je l’appelais, était un fort aimable modèle de la bourgeoisie d’autrefois. […] On l’appela « Système », et bientôt il n’eut plus d’autre nom. […] Elle s’appelait Noémi. […] Depuis, j’ai pensé beaucoup plus à elle, et, quand Dieu m’a eu donné une fille, je l’ai appelée Noémie.
Il s’ensuit que la réaction de l’appétit est la cause, non l’effet de la réaction intellectuelle appelée attention. […] A un moment donné, la quantité de force nerveuse qui correspond à l’état de conscience appelé sensation doit nécessairement se dépenser de quelque manière et engendrer quelque part une manifestation équivalente de force. […] C’est ce que Wundt appelle la loi de la métamorphosé de l’action nerveuse. […] Darwin, on le sait, l’explique par l’attention qu’on porte sur son visage lorsqu’on a l’idée qu’un autre vous regarde : c’est cette attention qui appellerait le sang sur le visage même. […] Warner, lui, a soigneusement étudié les effets produits par les émotions sur la nutrition, ce qu’il appelle les signes trophiques.
Et elle commence avec ce qui-on pourrait appeler le raidissement contre la vie sociale. […] Et si l’on examine les choses de près, on verra que l’inattention se confond précisément ici avec ce que nous avons appelé l’insociabilité. […] Tantôt il ira droit au but ; il appellera, du fond à la surface, les passions qui font tout sauter. […] Nous l’appellerons, si vous voulez, le comique professionnel. […] — Oui ; nous l’appelions Bill.
« Arsago ajouta qu’il ne m’avait point appelé, et que je pouvais rester où il me plairait. […] « Je le fis appeler et consentir à prendre des habits de femme, que j’avais fait préparer tout exprès, et qui lui allèrent à merveille. […] Je le couvris d’un grand voile qui s’appelle à Rome un manteau d’été, et nous allâmes au rendez-vous. […] Alors je l’appelai par son nom, parce que je le connaissais. […] J’y fis appeler l’hôte qui m’envoya au diable.
Car, dans les deux cas, il est question d’espaces inégaux, ainsi que nous le montrerons en détail un peu plus loin, et l’on appelle plus grand espace celui qui contient l’autre. […] Examinez si cet accroissement de sensation ne devrait pas plutôt s’appeler une sensation d’accroissement. […] Appellerons-nous quantité ou traiterons-nous comme une qualité l’intensité de la lumière ? […] Supposons deux de ces teintes grises simultanément produites sur deux anneaux, et maintenues invariables ; nous les appellerons A et B par exemple. […] La première aboutit à une mesure conventionnelle de la sensation ; la seconde en appelle au sens commun dans les cas particuliers où il adopte une convention analogue.
Ces proverbes sans doute pourront eux-mêmes avoir besoin, sur quelques points, de commentaire, mais surtout ils seront eux-mêmes un commentaire vivant et une explication animée des prétentions et des travers d’une époque : c’est là ce que j’appelle les vignettes amusantes et vraies de l’histoire. […] Théodore Leclercq, ce n’était pas même un auteur : homme d’esprit et de loisir, homme du monde et de société, il n’avait jamais visé à ce qu’on appelle un succès et encore moins à un résultat. […] » Le poète, quelque part, appelle heureux à bon droit celui qui, sachant occuper et charmer son loisir, Ainsi que de talents a jadis hérité D’un bien modique et sûr qui fait la liberté. […] Partout est pris sur le fait et convaincu d’avoir joué quatre rôles en un jour, en habit d’académicien, en simple habit d’oncle, en robe d’avocat et en capitaine de la Garde nationale : « Vous qui êtes un homme du monde, dit le jeune homme à son oncle, vous appelez cela l’esprit du monde ; moi qui suis un comédien, j’appelle cela de la comédie. […] Patin, se mire dans ses peintures comme dans une glace. » Ce qu’on appelle machine, si petite qu’elle soit, n’est point de son fait ; il a l’idée morale et comique, il néglige le ressort.
Amyot, assuré de la subsistance, et croyant que, François Ier n’étant plus, la fortune en France se retirait de lui, tourna ses regards vers l’Italie, cette vraie patrie de la Renaissance, et où l’appelaient tant de précieux manuscrits à consulter. […] Pourtant ce fut sous Amyot et auprès de lui qu’un chanoine, son commensal et son économe, inventa l’instrument de chœur d’un très convenable usage, et qu’on appelle serpent. […] À tout instant, des expressions heureuses, trouvées, ce qu’on peut appeler l’imagination dans le style, s’y montre et s’y joue, ni plus ni moins que si l’auteur était chez soi et s’animait, chemin faisant, de sa propre pensée. […] J’admets volontiers qu’Amyot, tout instruit qu’il était, n’ait toutefois été que ce qu’on peut appeler un grand humaniste, un Rollin ayant le génie du style. […] N’oublions jamais que Montaigne l’a appelé « le plus judicieux auteur du monde ».
Ceci est encore un axiome, appelé principe de la raison suffisante, et pareil au précédent. […] Ils sont donc le terme vers lequel l’être tend ou aspire, et l’objet d’une tendance ou aspiration est ce que nous appelons un bien. […] Vous avez reconnu dans les êtres des groupes distincts de faits principaux, et vous les avez appelés destinée. […] À ce titre, vous les nommez des biens, et vous appelez bien la chose qui par elle-même est l’objet d’une tendance. […] À ce titre, nous appelons ses impulsions des prescriptions ou devoirs.
Peu à peu, ils se mirent à divaguer dans une langue qu’ils croyaient celle d’Hippocrate et qui n’est qu’un jargon d’officine… Ce fut un grand progrès d’avoir appelé hystérotomotocie l’opération césarienne, scolopomachérion le bec de bécasse, et méningophylax un couteau à pointe mousse pour la chirurgie de la tête ! […] « On parle, ajoutait-il, et l’on écrit, en général, pour être compris et les mots qui s’appliquent nettement et exclusivement à la chose qu’on veut désigner sont nettement les meilleurs. » 91 « Il ne s’agit pas, développe encore Rémy de Gourmont en l’ouvrage précité, il ne s’agit pas de bannir les termes techniques, il s’agit de ne pas traduire en grec les mots légitimes de la langue française et de ne pas appeler céphalalgie le mal de tête. »92 … « Rien ne se fane plus vite dans une langue que les mots sans racine vivante : ils sont des corps étrangers que l’organisme rejette, chaque fois qu’il en a le pouvoir, à moins qu’il ne parvienne à se les assimiler… Déjà les médecins qui ont de l’esprit n’osent plus guère appeler carpe le poignet, ni décrire une écorchure au pouce en termes destinés sans doute à rehausser l’état de duelliste, mais aussi à ridiculiser l’état de chirurgien. »93 ⁂ L’outrance de la terminologie technique est d’ailleurs aussi néfaste à la littérature médicale qu’opposée aux tendances d’impersonnalité chères aux naturalistes. […] Ils ne hasardent le terme technique que lorsque le milieu, l’atmosphère où ils placent leurs personnages dolents, l’appelle et l’exige.
Je n’hésite pas à avancer que Racine a été romantique ; il a donné, aux marquis de la cour de Louis XIV, une peinture des passions, tempérée par l’extrême dignité qui alors était de mode, et qui faisait qu’un duc de 1670, même dans les épanchements les plus tendres de l’amour paternel, ne manquait jamais d’appeler son fils Monsieur. […] La comédie romantique d’abord ne nous montrerait pas ses personnages en habits brodés ; il n’y aurait pas perpétuellement des amoureux et un mariage à la fin de la pièce ; les personnages ne changeraient pas de caractère tout juste au cinquième acte ; on entreverrait quelquefois un amour qui ne peut être couronné par le mariage ; le mariage, elle ne l’appellerait pas l’hyménée pour faire la rime. […] Chez nous, tout ce qui est fort s’appelle indécent. […] Lemercier, L’esprit français repoussera surtout le galimatias allemand que beaucoup de gens appellent Romantique aujourd’hui.
Le premier de ces yeux s’appelle l’observation, le second s’appelle l’imagination. […] Il aurait le culte de la conscience comme Juvénal, lequel sentait jour et nuit « un témoin en lui-même », nocte dieque suum gestare in pectore testem ; le culte de la pensée comme Dante, qui nomme les damnés « ceux qui ne pensent plus », le gente dolorose ch’anno perduto il ben del intelletto ; le culte de la nature comme saint-Augustin qui, sans crainte d’être déclaré panthéiste, appelle le ciel « une créature intelligente », Coelum coeli creatura est aliqua intellectualis. […] Il ne laisse pas aller au hasard ce qu’on veut bien appeler son inspiration.
Trois espèces de jurisprudences ou sagesses Sagesse divine appelée théologie mystique, mots qui dans leur sens étymologique veulent dire, science du langage divin, connaissance des mystères de la divination. Cette science de la divination était la sagesse vulgaire de laquelle étaient sages les poètes théologiens, premiers sages du paganisme ; de cette théologie mystique, ils s’appelaient eux-mêmes mystæ, et Horace traduit ce mot d’une manière heureuse par interprètes des dieux… Cette sagesse ou jurisprudence plaçait la justice dans l’accomplissement des cérémonies solennelles de la religion ; c’est de là que les Romains conservèrent ce respect superstitieux pour les acta legitima ; chez eux les noces, le testament étaient dits justa lorsque les cérémonies requises avaient été accomplies. […] Enfin l’état populaire faisant place à la monarchie, l’autorité de tutelle fut aussi remplacée par l’autorité de conseil, par celle que donne la réputation de sagesse ; c’est dans ce sens que les jurisconsultes de l’empire s’appelèrent autores, auteurs de conseils. […] La seconde sorte de raison fut la raison d’état, appelée par les Romains civilis æquitas.
Des côtés les plus divers on appelait la réforme. […] Olier conçoit comme l’idéal de la vie du chrétien ce qu’il appelle « l’état de mort ». […] Il fut le chef de ceux qu’entraînait une ardente piété, des « mystiques », comme on les appelait. […] Un auxiliaire très puissant de ce parti était le concierge laïque de la maison, celui qu’on appelait le père Hanique. […] L’abbé Gérard ne voulait pas qu’on appelât ce livre un roman.
Ils ont leurs défauts littéraires, mais ils sont ce qu’on appelle des écrivains de race, et cela seul couvre tout, si cela oblige à tout… Leur Renée Mauperin, republiée par Alphonse Lemerre, je ne la connaissais pas. […] Edmond de Goncourt dit, dans sa préface, que le roman de Renée Mauperin devait s’appeler primitivement la Jeune Bourgeoisie. […] Le seul bourgeois de ce livre, qui devait s’appeler La Jeune Bourgeoisie, c’est le frère de Renée, c’est Henri Mauperin. […] pour celui-là, j’en conviens, c’est un bourgeois… Si la sœur avait ressemblé à son frère, le livre aurait pu s’appeler La Jeune Bourgeoisie. […] Voilà ce que l’écrivain des Zemganno appelle le Naturalisme et son analyse tout à la fois : le retranchement de la moitié de la création dans l’observation de l’artiste !
Paul Adam appelle le tapissier Poquelin, comme la Lanterne appelle Pie X : Sarto. […] Carrère ne s’appelle pas le Bon Maître. […] Benda a appelé le romantisme de la raison. […] Il l’appelle la critique des beautés. […] Le sujet appelait d’ailleurs M.
On s’appelle Iris ou Climène, ou de nos jours de quelque nom à la Médora : la nature retrouve son compte là-dessous. […] En un mot, un peu de dix-huitième siècle déjà en Mme Des Houlières, puisqu’on est convenu d’appeler dix-huitième siècle cela189. […] Elle le traite comme un sage du Portique, et le menace d’appeler l’amour au secours de l’amitié : Un sage être amoureux ! […] J’appelle cela des ressemblances avec Mme Des Houlières, parce que ce délire à la Zulmé, du temps de Bertin, eût été fadeur d’Iris au temps des bergeries. […] Dans des vers adressés à Mlle Des Houlières la fille, Ménage l’appelle Hulleria, comme il avait appelé Mme de La Fayette Laverna ; ces noms en latin prennent un air effrayant.
Cet état de l’âme est appelé par l’antiquité le délire sacré. […] Seulement, dans ce peuple de l’enthousiasme, l’éloquence et la poésie fondus ensemble n’étaient qu’une seule puissance, la puissance de la parole inspirée ou de ce qu’on appelle la parole de Dieu ! […] Il se souvient qu’il a été appelé au trône lui-même par Samuel, qui l’avait rencontré cherchant les ânesses de son père. […] Avaient-ils l’hémistiche, les pieds, la rime de ce langage nombreux et musical que les Grecs, les Latins et nous, nous appelons aujourd’hui des vers ? […] De là ce que les érudits appellent le parallélisme, dans les chants épiques ou lyriques de la Bible ; parallélisme dont nous croyons, nous, ignorant, trouver la véritable origine dans l’imitation de l’écho.
Ces braves ont, au cœur même du combat, une générosité que de leur nom nous appelons encore chevaleresque. […] L’épée, elle aussi, a son nom ; elle s’appelle Durandal, Joyeuse, Hauteclaire. […] Les héros mettent leur point d’honneur à refuser d’appeler à leur aide. […] C’est à coup sûr l’impulsion du cœur, ce que le poète appelle les mouvements de la nature. […] C’est ce qu’on appelle souvent la théorie de l’art pour l’art.
Dans le second cas, nous les considérons principalement dans leur rapport avec un ou plusieurs groupes de cette possibilité de sensation que nous appelons l’objet. […] Or cette prédominance des associations synchroniques produit une tendance à concevoir les choses sous des formes concrètes, colorées, riches d’attributs et de détails : disposition d’esprit qu’on appelle l’imagination et qui est une des facultés du peintre et du poëte. […] L’antécédent invariable est appelé la cause ; le conséquent invariable est appelé l’effet. […] « Il y a des successions physiques que nous appelons nécessaires, comme la mort, faute d’air ou de nourriture. […] Leibniz appelait l’inférence du particulier au particulier une consécution empirique : celle par exemple d’un Hollandais qui, en Asie, entre dans une taverne, et s’attend à ce qu’on lui serve de la bière comme en Hollande.
» — Elle appelle les Érynnies au secours, et d’un accent si poignant que le Chœur s’écrie ; « C’est comme si j’avais reçu un coup de lance. » — Mais les Érynnies laissent faire : le voile se déploie, la hache se lève derrière l’homme entrant dans son bain : — « Hélas ! […] appeler le peuple ou courir eux-mêmes au secours du roi ? […] Elle a des façons de dire et de se mouvoir dans le mal qui rappellent les grandes allures de la lionne marchant dans son antre. — « Une lionne à deux pieds », c’est ainsi que le Chœur l’appelle quelque part. […] Il appelle femme — γυναι συ— le lâche qui a tué par la main d’une femme ; et dans une phrase d’une ambiguïté sarcastique, il l’affuble du sexe de sa maîtresse pour mieux l’avilir. […] De son côté, Égisthe appelle ses sicaires aux armes ; la lutte s’engage, le sang va couler. — A ce moment, un vague remords remue Clytemnestre, elle est assouvie et elle est troublée ; l’accablement qui suit les fureurs consterne son âme.
Les Maurepas, les Richelieu, se révoltèrent à l’idée d’une bourgeoise, d’une grisette comme on l’appelait, usurpant le pouvoir réservé jusqu’alors aux filles de noble sang. […] On eût fait de cette scène de la marquise, montrant les deux enfants au roi avec larmes, un tableau que j’appellerais du Greuze-Pompadour. C’est ce côté qui choquait tant les courtisans à la Maurepas, et qui la faisait appeler grisette, à cause d’une de ses qualités même, dépaysée en haut lieu. […] Arrivée à ce poste éminent et peu honorable, — beaucoup moins honorable qu’elle ne le croyait, — elle ne s’y considéra d’abord que comme destinée à aider, à appeler à elle et à encourager le mérite en souffrance et les gens de talent en tout genre. […] Tandis que M. de Marigny, son frère, appelait de Lyon Soufflot pour le charger de la construction de Sainte-Geneviève (Panthéon), elle s’intéressait vivement et contribuait pour sa part à l’établissement de l’École militaire.
Les héros ont un ennemi ; cet ennemi s’appelle les finances. […] Tous ces tyrans s’appellent d’un seul nom : Séparation. […] Moréri appelle la Saint-Barthélémy un « désordre ». […] En Angleterre, ce genre d’histoire s’appelle l’histoire « loyale ». […] L’homme qui regardait s’appelait Christophe Colomb, l’homme qui disait : c’est là, se nommait Martin Behaim.
Et comme on a vu une révolution réussir par l’abolition immédiate des privilèges aristocratiques, les imitateurs sans génie ne trouveront-ils pas tout simple de proposer le même moyen, et d’appeler le prolétariat à la nuit du 4 août de la propriété ? […] Au reste, si l’on résolvait cette terrible difficulté dans le sens le moins favorable, on ne s’éloignerait cependant pas des vues générales de M. de Tocqueville, car cet esprit de nivellement à outrance appelle le pouvoir absolu, soit qu’il triomphe, soit qu’il succombe. […] Ce contraste, qui frappe dès les premiers temps du christianisme, entre les vertus chrétiennes et ce que j’ai appelé les vertus publiques, s’estsouvent reproduit depuis. […] Fidèles aux règles prescrites par Bacon, elles varient l’expérience, la transportent, la renversent, la prolongent ou la suspendent ; procédant par exclusion et élimination, elles rejettent tantôt un élément, tantôt un autre ; souvent même elles s’abandonnent à ce que Bacon appelle les hasards de l’expérience, sortes experimenti, comme pour voir ce qui en arrivera ; et c’est ce qu’on appelle les révolutions Les publicistes recueillent les résultats de ces expériences si bien préparées ; ils constatent et comparent les faits : ils en forment des lois. […] C’est ici que la politique spéculative est en défaut et qu’elle doit appeler à son secours la politique expérimentale.
La littérature, ainsi comprise et cultivée, se peut appeler la fleur et le parfum de l’âme. […] Horace l’appelait déjà de son temps un « monstre à mille têtes » ; et, depuis Horace, les têtes ont changé, mais en augmentant. […] Dans cette foule dont l’ensemble s’appelle le public, chaque individu a ses préjugés, ses bizarreries, ses vices. […] Il attendrait, pour produire, ce que Buffon appelle « le point de maturité de la pensée ». […] Écoutez, ô Mécène, et vous aussi, heureux Auguste, ce qu’il faut à ce fils d’affranchi qu’on appelle Horace : votre amitié d’abord, s’il vous juge dignes de la sienne.
Elles y arrivent d’autant mieux que toute invention se greffe sur des souvenirs, que, dans toute opération un peu complexe de l’esprit, les mots qui appellent des idées et les idées qui appellent des mots se suivent, s’enchaînent, se groupent, formant rapidement des composés dont la conscience ne saisit que l’ensemble et néglige les détails ; ces attentes minimes d’un mot, d’une idée, déjà peu discernables, achèvent de s’annuler en se compensant et deviennent insaisissables à toute observation. […] Comme l’invention purement personnelle et sans but, comme l’invention vraiment impersonnelle qui tend à la vérité, l’invention reproductrice, si l’on peut ainsi l’appeler, a son processus et son progrès, à chaque moment duquel elle s’accompagne spontanément d’une expression toujours adéquate. […] Soutenir que notre pensée était encore confuse, c’est confondre les deux groupes d’idées que tout bon esprit distingue, celui qui appelait l’expression, et celui que l’expression a apporté avec elle, la pensée qui est l’œuvre originale de l’esprit et celle que lui fournissent malgré lui les associations de la mémoire verbale. […] IV, § 8] ; l’un appelle l’autre, et leur réunion a un sens ; si cette camaraderie est de bon aloi, le réveil d’une suite de mots destinée à exprimer le jugement nouveau apporte à celui-ci le concours de jugements anciens, médités, examinés, approuvés autrefois par la réflexion, et il s’éclaire de leur lumière. […] La difficulté de l’expression est en raison de l’originalité de la pensée ; à l’abstraction croissante des concepts, à l’imprévu toujours plus grand des jugements, correspond un écart toujours plus difficile à combler entre le langage usuel et le rôle nouveau qu’il est appelé à remplir, entre l’offre du langage, pourrait-on dire, et la demande de la pensée.
Un jour le poète, étant mort, va, suivi de son chien, frapper à la porte du Paradis ; et, comme saint Pierre ne veut pas laisser entrer le fidèle animal et que saint Roch lui-même, invoqué, fait le cafard et se récuse, le poète et son chien errent à l’aventure dans la région où sont les ombres des bêtes… Et cela est un rêve, et cela s’appelle Dans les limbes, et il est difficile d’imaginer un badinage plus soigné et plus long. […] Et elle l’appelle « bel ange » et « époux enjoué ». […] Dans ce genre de poésie, l’Amour, le terrible Amour d’Hésiode, le bel adolescent d’Anacréon, s’appelle « Bébé » (les Jeux divins ; Enfant terrible). […] Et quand le poète médite sur la destinée humaine, il appelle cela « agacer ce vieux sphinx du néant ». […] Soulary pour appeler une femme « ma belle » au moment où il lui dit solennellement : « Volons à Dieu !
Si l’on dit souvent des premiers qu’ils sont des analystes et si l’on appelle les autres géomètres, cela n’empêche pas que les uns restent analystes, même quand ils font de la Géométrie, tandis que les autres sont encore des géomètres, même s’ils s’occupent d’Analyse pure. […] Évidemment, il voit et il cherche à peindre, c’est pour cela qu’il appelle le geste à son secours. […] Riemann, au contraire, appelle de suite la Géométrie à son secours, chacune de ses conceptions est une image que nul ne peut oublier dès qu’il en a compris le sens. […] En Mathématiques, la logique s’appelle Analyse et analyse veut dire division, dissection. […] C’est l’intuition du nombre pur, celle des formes logiques pures qui éclaire et dirige ceux que nous avons appelés analystes.
Telle est la raison permanente et indestructible du spiritualisme, raison que Kant lui-même appelle l’Achille de l’argumentation dialectique. […] Que si on nous dit que la matière prise en soi n’est peut-être pas une pluralité, puisque nous n’en connaissons pas l’essence, nous répondrons que ce n’est plus alors la matière, ou du moins ce qu’on appelle ainsi. […] Aussitôt qu’on nous parle d’une autre matière que celle-là, il n’y a pas plus de raison de l’appeler matière que de quelque autre nom, — la substance, l’idée, l’esprit ou même Dieu, — et le matérialisme se transforme en idéalisme ou en panthéisme. […] Je ne les appellerai pas des substances, puisque la chose en soi m’est inconnue et que le mot substance en dit peut-être trop pour ce mode d’existence qui tient encore tant au phénomène ; peut-être enfin l’être est-il substantiellement indivisible. […] En Allemagne, le système de Schelling est appelé idéalisme objectif, et celui de Hegel idéalisme absolu, ce qui correspond bien à la différence que nous signalons.
En un mot, c’est à l’examen qu’il en appelle, et il s’engage, au nom du christianisme, à avoir raison. […] Elle a été à la fois timide et orgueilleuse : timide en écartant systématiquement tous les problèmes cosmologiques (origine de l’homme, origine des êtres vivants) ; orgueilleuse, en se refusant à l’idée d’une révélation dont elle trouvait cependant la preuve manifeste chez l’homme lui-même, dans ces principes spontanés et universels appelés principes à priori, qu’elle accepte comme des faits, mais sans en chercher l’origine. […] Pour appeler les choses par leur nom, le positivisme n’est autre chose que le matérialisme et l’athéisme, acceptés plus ou moins explicitement. […] Telle est du moins cette espèce de panthéisme, que l’on peut appeler idéaliste, où Dieu se réduit à l’idée de l’être universel, c’est-à-dire à une pure abstraction. […] Tel est, en faisant abstraction de beaucoup de développements et, par exemple, du bel épisode qui ouvre le second volume sur le réveil chrétien au xixe siècle, l’ensemble des idées spéculatives qui composent ce que j’appelle la philosophie chrétienne de M.
Lui, Jules Janin, qu’on pourrait appeler Félix Janin, car il fut certainement le plus heureux des hommes de lettres de ce temps, a eu aussi cette fortune dernière, comme si à tous les autres bonheurs de sa vie il avait eu besoin d’ajouter encore celui-là. […] Enfin, il faut aller plus loin, il ne faut pas craindre de l’affirmer : le talent de Jules Janin était peut-être tout ce qu’il y avait de plus opposé à ce qu’on pourrait appeler « la faculté critique ». […] Et on le vit bien, quand il fit ce chef-d’œuvre de style qui s’appelle La Fin d’un Monde ou la suite du Neveu de Rameau, dans lequel ce fils de Diderot — il l’était — se montra égal, si ce n’est supérieur, à son père ! […] qui avait, de plus, en perspective, deux cent mille livres de rente, qui était connu de toute l’Europe, bien venu de ses Princes et de ses artistes, et que tous les courtisans de son feuilleton, qui étaient nombreux, appelaient le Prince de la Critique bien avant que M. […] Chose étonnante, ce joufflu Gaulois, aux joues roses, avait un profil grec très pur ; et c’est pour cela probablement que ses compagnons du collège l’appelaient « Niobé ».
Nous avons glissé pour un instant du point de vue que nous appellerons celui de la « relativité unilatérale » à celui de la réciprocité, qui est propre à Einstein. […] Ne fût-ce que pour cette raison encore, la théorie de la Relativité restreinte appelait à sa suite celle de la Relativité généralisée, et ne pouvait même être convaincante aux yeux du philosophe que si elle se prêtait à cette généralisation. […] Si la couleur est une réalité, il doit en être de même des oscillations qui s’accomplissent en quelque sorte à l’intérieur d’elle : devrions-nous, puisqu’elles ont un caractère absolu, les appeler encore des mouvements ? […] Nous appellerons donc « système de référence » le trièdre trirectangle par rapport auquel on conviendra de situer, en indiquant leurs distances respectives aux trois faces, tous les points de l’univers. […] Sur ce point, et sur la « réciprocité » du mouvement, nous avons appelé l’attention dans Matière et Mémoire, Paris, 1896, chap.
Mignon appelle justement psychologique. […] Je l’appellerai historique. […] Celui-ci appelle son camarade mon élève. […] Elle s’appelait, si mon souvenir est exact, la rue de l’Oratoire. […] Il les appelle « les jardins de l’intelligence ».
Qui ne l’a appelée bien des fois en se faisant violence et qui, s’il mérite le nom d’homme, ne l’a vue obéir à l’appel ? […] On y trouve le respect le plus profond, la plus complète intuition de ce qu’on appelle le génie d’un idiome. […] Deux lustres encore après la mort de Stendhal, survenue en 1842, ses œuvres n’avaient pas commencé à appeler l’attention. […] L’un s’appelle Edmond, l’autre s’appelait Jules. […] Fray Luis de Léon perd-il quelque chose à être appelé poète néo-classique et horacien.
etc., etc. — Ce monsieur s’appelait M. […] Cette qualité intérieure, Hegel l’appelait l’idée du groupe ; Taine l’appelle un caractère dominateur. […] » Flaubert s’appelait lui-même ironiquement le R. […] C’est presque toujours une expérience « pour voir », comme l’appelle Claude Bernard. […] Nous n’avons jamais chassé de l’homme ce que vous appelez l’idéal, et il est inutile de l’y faire rentrer.
Sur un être ardent et surchauffé qui, dans tout son livre, ne sait gouverner ni son cœur ni sa main, le culte de la Vierge Marie doit être de la plus grande puissance, non pas en vertu des augustes et surnaturels attributs de la Mère de Dieu, mais en vertu de son sexe même… Les impies de ce temps d’impiété opposent depuis quelques années au Christianisme ce qu’ils appellent le « Marianisme ». […] Sa physiologie brutale et cruelle s’oppose à tout enthousiasme pour l’organisation inférieure de cet être faible et sensuel qu’on appelle la femme ; mais il est plus tendre pour les bas-bleus. […] Dumas, ce fier et malhonnête contempteur de la matrice humaine, se met à en glorifier une, qui, si elle ne renferme pas l’infini, renferme la toute-puissante triplicité du peintre, du poëte et du prophète ; des choses si grandes que les hommes les ont appelées divines ! […] Achille s’appelait « aux pieds légers ». Le père Didon, qui n’est pas un Achille ni surtout un Ulysse en théologie, s’appellera pour longtemps, si ce n’est pour toujours, « le père Didon aux lectures légères ».
Quand on s’appelle Michelet, et quand on a fait un livre dans lequel on a poussé le panthéisme historique jusqu’à dépouiller de leur personnalité les chefs de la Révolution française au profit du peuple anonyme et de la chose révolutionnaire, pourquoi l’inconséquence d’un livre intitulé : Les Femmes de la Révolution ? […] Pourquoi ce Livre d’Or d’une noblesse recherchée et retrouvée dans cette foule, que le poète Barbier appelle une sainte canaille, et qui est bien au-dessus de tous les blasons du génie, de la gloire et du caractère, privilèges insolents de toutes les grandes personnalités de l’Histoire ? […] Elle l’a flétrie dans ses plus belles pages, elle l’a foulée sous ce pied que Rivarol, toujours magnifique, même quand il s’abaissait jusqu’au calembour, appelait avec flatterie : un piédestal. Pour la punir, Michelet lui a refusé net le génie : « La naïveté profonde — dit-il — et la grande invention (qu’appelle-t-il la grande invention ?) […] Ainsi Théroigne de Méricourt, Théroigne, à propos de laquelle Michelet ne craint pas de dire, page 113 : « Entourée d’amants en Angleterre, elle leur préférait un chanteur de chapelle italienne, laid et vieux, qui la pillait et vendait ses diamants, et en France… » Nous ne pouvons achever la citation sur cette touchante Théroigne, la meurtrière de Suleau, et qu’on pourrait appeler aussi l’ange de l’assassinat, puisque le mot est consacré !
Et voici Alexandre Weill, qui n’est pas Allemand, mais qui ne doit pas être né très loin de l’Allemagne si j’en crois certains reflets gardés sur sa pensée, qui pense à son tour qu’en disant sans biaiser à mademoiselle sa fille ses idées, à lui, sur les femmes et sur le gendre qui doit lui agréer, il trouvera ce merle blanc, comme il l’appelle, qui n’est blanc souvent que parce qu’il s’est fourré de la poudre de riz quand il allait faire la cour à sa femme, mais qui finit toujours par redevenir l’autre merle que nous connaissons. […] Nous l’aimons pour cette raison et nous le lui avons dit, quoiqu’il l’ait oublié… C’est, de naturel, un très agréable conteur, naïf et attendri, une espèce de Greuze littéraire, qui aurait toute la pureté de son talent s’il se débarbouillait de cette fumée de pipe qu’on appelle « la philosophie allemande » et qui encrasse (je pourrais dire un mot plus laid si je parlais la langue des tabagies) les plus jolies parties de ses tableaux. […] Alexandre Weill rejette avec beaucoup de mépris, et je l’en estime, la morale folle ou perverse des romans du temps, qui prêchent philosophiquement ou poétisent l’adultère ; mais il croit — Weill, que nous appellerons désormais Candide et non plus Alexandre ! […] ne pouvait ni se couler ni se figer dans ce dur moule a philosophe qu’on appelle l’hégélianisme ; mais s’il ne le pouvait pas, et précisément parce qu’il n’est point du métal qui doit y entrer et en ressortir pour faire trou partout comme les balles, il n’en a pas moins en lui de l’hégélianisme en gouttelettes, et son idéal, par exemple, ce mot inventé pour esquiver le mot de Dieu dans une foule de cas, est extrait de l’idée d’Hegel ! […] Weill devinera bien comme il s’appelle ; mais il n’était pas pour les sots.
Il avait ce qu’on appelle du muscle. […] La Révolution de Thermidor n’a guères été portée plus de neuf mois dans les flancs sanglants de cette Révolution française, qu’on peut bien appeler, sans lui manquer de respect, une prostituée, puisqu’elle a été violée successivement par tous les partis qui l’ont caressée. […] Ce fut la fin de la Terreur et de Robespierre, puisque la Terreur et Robespierre, que j’appelais, il n’y a qu’une minute, les deux vaincus de Thermidor, au fond, n’en faisaient qu’un, tant ils s’étaient incarnés l’un dans l’autre, étreints, confondus et fondus !! […] En action historique, les idées générales, les influences sociales ont besoin d’un homme… Quoique la France fût éperdue d’égalité, à cette heure maudite, et qu’elle eût commencé déjà le nivellement par l’échafaud, elle n’en reconnut pas moins la supériorité et la souveraineté de l’homme qui, à un jour donné, avait créé cette chose inouïe, universelle et compacte, qui s’étendit tout à coup sur la France entière comme une voûte qui ne permettait plus de respirer, et qu’on appela du même nom que le sentiment dont elle transissait les âmes : la Terreur ! […] — l’a exagéré de contrecoup, quand elle appela notre sublime Empereur : « Robespierre à cheval ».
Coquet et cancanier, gourmand de ragoûts, de confitures et de bonbons (son chef-d’œuvre s’appelait le Cordon-Bleu et c’était un livre tellement monumental que l’auteur est mort avant de l’achever), surchargé d’édredons, entouré de crachoirs, roulé comme une momie dans les châles les plus extravagants, regrettant ses dents, son estomac, la vie et le pouvoir de faire encore des mensonges, au demeurant chrétien grabataire, détestant les doctrines canailles qui font déroger un homme, et sur le chapitre de l’éternité se décidant à la courte-paille, d’après l’argument de Pascal, il s’éteignit pauvre et vieux dans ses coiffes (car il en portait) chez les frères de Saint-Jean-de-Dieu, rue Plumet, où mourut si saintement Ourliac. Ses Souvenirs de Madame de Créqui avaient eu le succès de cette chose qui enfonce l’Histoire chez les peuples aussi légers que nous et que l’on appelle l’anecdote. […] » Plus sagace que Madame Du Deffand, qu’on appelait « l’aveugle clairvoyante », elle n’avait jamais été abusée par grand-chose, mais elle finit par se désabuser de tout, — et même de la plus cruelle souffrance de sa vie (l’indifférence et l’ingratitude de son fils). […] Eh bien, ce que le philosophe furibond ne manqua pas certainement d’appeler une capucinade, n’a-t-il pas influé sur l’esprit de Sainte-Beuve, trop détaché des choses religieuses pour bien comprendre, dans ses sévérités comme dans ses indulgences, dans ses ombres comme dans ses lueurs, cette capucine de bonne volonté, qui abaissa de bonne heure sur ses yeux restés pénétrants la pointe de son bonnet de dévote et qui le garda, jusqu’à sa mort, comme le capuchon de sa vieillesse, sans que pour cela ses anciens yeux d’escarboucle brillassent moins fort et vissent moins clair ? […] Les préoccupations modernes et ce que j’ose appeler la fausse indulgence de ce temps, cette espèce d’étendue qui peut voir tout, mais qui ne doit pas accepter tout, ont, sinon fêlé, au moins rayé cette glace de Venise dans laquelle devrait nous apparaître Madame de Créqui, cette femme qui avait mis à tremper un esprit à la La Rochefoucauld dans les eaux attendrissantes et vivifiantes des pensées chrétiennes, probablement pour qu’il ne se pétrifiât pas de douleur, de misanthropie et de mépris !
Havet dans ce clair-obscur étonnant, — plus étonnant que celui de Rembrandt, — qui s’appelle l’âme et le génie de Pascal. […] Pour nous il s’agira bien moins ici des œuvres de Pascal et de sa valeur comparative ou absolue que de son entité, — que de ce qui le fait Pascal, — ce prodige ou ce monstre, comme on voudra, — mais, quel que soit le mot qu’on choisisse, la créature d’exception, jusqu’à lui inconnue, qui s’appelle Pascal, et même Blaise Pascal ! […] Cette sublimité qu’on rencontre en ces quelques pages inachevées, et qui n’ont aucun modèle, quant à l’inspiration qui les anime, cette sublimité qui n’existait plus depuis les effarements de quelques Prophètes, je la trouve en Pascal, dans la peur de Dieu et de sa justice, la plus grande peur de la plus grande chose qui pût exister dans la plus grande âme, l’âme de Pascal, que j’appelais plus haut : « À elle seule tout un infini ! […] Un Jésuite l’avait appelé athée, ce Pascal qui tue l’intelligence sous Dieu ; des philosophes l’appelèrent visionnaire.
Beaucoup d’écrivains ont parlé de La Fontaine, et il y a eu des choses bien dites sur cet esprit et sur cette âme qui va à tant d’esprits et à tant d’âmes, et qu’on pourrait appeler le séducteur universel. […] Doué de cette faculté d’analyse que j’ai appelée la moitié du critique, il avait cette imagination à couleur vive qui fait l’écrivain. […] Taine, en rendant justice aux nombreux et immenses mérites du poète dans La Fontaine, n’aurait-il pas dû insister davantage sur la qualité prédominante du génie qu’on pourrait appeler nonpareil, comme la nonpareille des Florides, et qui le fait unique dans la littérature française, — et, que dis-je ? […] Mettez telle épithète que vous voudrez à Virgile, à Shakespeare, à Dante, à Corneille, qu’on appelle aussi parfois le bonhomme, à la condition d’ajouter son nom immédiatement après, vous serez obligé, pour vous faire entendre, d’écrire leur nom à tous derrière leur épithète, tandis qu’en parlant de La Fontaine, vous n’avez qu’à dire : « le bonhomme », et la Gloire ne pourra s’y méprendre ; car toute la terre aura compris. […] Il avait ce qu’on pourrait appeler la galanterie amoureuse, mais fut-il jamais amoureux en réalité, La Fontaine ?
Il y arriva comme eux, robuste, armé, prêt à tout, se distinguant comme un des premiers et des plus solides de cette Légion de romantiques qu’on pourrait appeler : « les forts en Israël », et dont il ne restait plus guères, quand il mourut, que Victor Hugo, lequel nous semblait — comme le Louis XIV qu’il haïssait certainement, mais qu’il n’eut peut-être pas été fâché de rappeler — devoir fermer probablement le cortège de son siècle. […] Cette comédie s’appelait Monsieur Orgon, et c’était Pommier qui devait y faire claquer le fouet du vers… C’est le classique encore, qui, dès sa jeunesse, avait, comme en se jouant, remporté plusieurs prix à l’Académie· Mais le romantique, qui n’a jamais défailli en Pommier, les eût bientôt méprisés. […] bien d’autres, et en particulier ce Hugo, qu’il appelait « son empereur », amené bassement le pavillon romantique devant l’Académie, cette carcasse pourrie de vaisseau vide. Je l’ai dit, il s’appelait : « la vieille garde », et il ne mentait pas. […] Il aimait mieux, par exemple, exhumer ce mort trente-six fois mort et trente-six fois ridicule d’Abbé de Marolles, que de parler de ce robuste vivant qui s’appelait Amédée Pommier, et qui ne tendit jamais sa noble main à l’aumône d’un article.
Le comte de Vigny, — que nous pouvons appeler maintenant simplement : Alfred de Vigny, puisqu’il n’est plus qu’un grand nom littéraire de la France du xixe siècle et que l’Immortalité ne dit : monsieur à personne, — le comte de Vigny a cela de rare et de merveilleux, qui fermera la bouche aux âmes communes toujours prêtes à jeter la pierre aux poètes, qu’on ne peut trouver une contradiction dans sa vie, et que ce qu’il fut comme poète, il le fut également comme homme. […] Le caractère du portrait d’Alfred de Vigny, en ses Œuvres posthumes, est ce que les Anglais appellent : the pensiveness, et que nous, qui n’avons pas la richesse étoffée de leur langue, nous sommes obligés de traduire par un affreux barbarisme : la pensivité… N’étaient-ce pas les soldats du philosophe Catinat qui rappelaient, avec leur tact de soldats : le Père La Pensée ? […] Il peut s’appeler aussi le poète La Pensée. […] En vain, les femmes, ces flatteuses nées de tous les poètes, ont-elles appelé Alfred de Vigny le printemps éternel en voyant ses cheveux si longtemps d’un blond invincible, le poète d’Éloa n’a pas plus impunément vieilli que nous tous. […] Fais énergiquement ta longue et lourde tâche Dans la voie où le sort a voulu t’appeler, Puis après, comme moi, souffre et meurs sans parler. » Et cette magnifique implacabilité d’idée devant une destinée implacable, cette revanche sublime du vaincu contre son vainqueur par l’inflexibilité de l’attitude, cette glorification du silence, si neuve dans la bouche d’un poète, — un oiseau chanteur !
» C’est ce qu’on peut appeler une perle ramassée dans du fumier. […] * * * — Ce soir, le petit cousin donne, pour la pousse de ses moustaches, ce qu’on appelle une petite fête, chez Voisin. […] Mais à peine était-il entré dans sa chambre, que je m’entendis appeler, et le trouvai bégayant avec une voix qui me dit : « Je veux qu’on me lève ! […] C’est un petit palais rococo d’un germanisme falot, et qu’on appelle de ce nom antique et galant : Mon bijou. […] Il a la parole nerveuse qui se presse et sort par saccades, et une espèce d’inquiétude générale qui le fait appeler, à tout moment, son fils, qu’il craint de voir écraser par les voitures.
» Il n’est point propre d’ailleurs à être lu de suite, étant trop plein et trop dense de matière, c’est-à-dire d’esprit, pour cela ; mais, à quelque page qu’on l’ouvre, on est sûr d’y trouver le fond et la forme, la réflexion et l’agrément, quelque remarque juste relevée d’imprévu, de ce que Bussy-Rabutin appelait le tour et que nous appelons l’art. […] Il est encore certaines Observations morales d’un anonyme qu’il aurait pu faire tirer à part, s’il l’avait voulu, et ne pas joindre à l’édition : c’est appeler la confrontation avec le maître du genre et compliquer le rôle d’éditeur. […] Il venait, dit-on, d’acheter une charge de trésorier de France à Caen, lorsqu’il fut appelé à Paris pour y enseigner l’histoire à M. le Duc, petit-fils du grand Condé. […] Quand j’appelle cela des portraits, il y a toutefois à dire qu’ils ne sont jamais fondus d’un jet ni rassemblés dans l’éclair d’une physionomie ; la vie y manque : ils se composent, on le sent trop, d’une quantité de remarques successives ; ils représentent une somme d’additions patientes et ingénieuses. […] Toute la médecine de la Cour, appelée en toute hâte, n’y put rien.
Ou s’il en faut absolument et si l’on recommence, il appelle de plus jeunes que lui à le remplacer. […] J’ai tort, au reste, d’appeler peines ce qui est plutôt un charme pour moi qu’une occupation. » En tout ceci, nous saisissons bien chez Béranger l’homme de lettres coexistant dès l’origine avec le chansonnier, et, pour ainsi dire, le côtoyant. […] » Quand Béranger le connut, Rouget de Lisle était pauvre, aux expédients et même aux abois ; il était, de plus, ce qu’on appelle démoralisé. […] Le chansonnier, alors dans toute sa vogue de popularité, lui rend hommage et, avant de l’appeler son ami, l’appelle son maître ; il le secourt de sa bourse, il lui cherche des souscripteurs pour je ne sais quel recueil qui ne se publiera jamais25 ; il le remonte surtout moralement. […] Béranger le tranquillise : « Vos 50 francs vous gêneront peut-être à donner, et Laffitte n’en sera pas moins ruiné. » Et puis, le voyant maintenant hors d’affaire, il se moque un peu de lui, qu’il appelle l’homme enguignonné ; il le lutine et s’en donne sans aucun scrupule à ses dépens : « Vous voilà-t-il riche !
V Ce n’est pas sans quelque dessein que j’appelle du nom de science ce que d’ordinaire on appelle philosophie. […] La science large et libre, sans autre chaîne que celle de la raison, sans symbole clos, sans temples, sans prêtres, vivant bien à son aise dans ce qu’on appelle le monde profane, voilà la forme des croyances qui seules désormais entraîneront l’humanité. […] C’est notre gloire à nous d’en appeler toujours à la lumière ; c’est notre gloire qu’on ne puisse nous comprendre sans une haute culture, et que notre force soit en raison directe de la civilisation. […] La réforme religieuse et sociale viendra, puisque tous l’appellent ; mais elle ne viendra d’aucune secte ; elle viendra de la grande science commune, s’exerçant dans le libre milieu de l’esprit humain. […] Quelle différence du philosophe, qui s’est appelé autrefois Pierre Leroux, au patriarche d’une petite église, entouré d’affiliés dont on se demande parfois avec hésitation : « Sont-ils assez béotiens pour être des croyants ?
J’aime peu, je l’avoue, dans l’histoire grave ce mode de division et de coupe ; c’est ce que j’appelle de l’histoire par strophes, c’est une gageure perpétuelle d’être éloquent et de dramatiser le récit. […] Quand M. de Lamartine rencontre ainsi de ces personnages politiques qu’il affectionne et qu’il aime, qu’ils s’appellent Vergniaud, Mirabeau ou M. […] Barbé-Marbois, qu’on a appelé un roseau peint en fer, n’était pas un vieillard hardi . […] Bientôt il peut saluer ce peuple qui l’appelle. […] Ceux-ci, en général, sont jetés dans un pêle-mêle qui rappelle le plat que les Espagnols appellent une escudilla, une véritable macédoine.
Un symbole I Pour la seconde fois depuis le vote néfaste du vingt-quatre juillet 1873, la Chambre est appelée à donner son avis sur la désaffectation, réclamée par quelques-uns de ses membres, de la Basilique du Sacré-Cœur. […] Ce que vous cherchez à éteindre dans la population en masse de Paris, c’est ce que vous appelez, ce que le parti militant du catholicisme appelle : « la pestilence révolutionnaire ». […] Ce que le prélat demande à l’Assemblée par l’intermédiaire du ministre, nous l’avons vu tout à l’heure : c’est la simple autorisation d’élever une église « destinée à appeler, sur la France, la protection et la bonté divines » ! […] Le pauvre vestige du « Vœu national » que l’on pouvait encore deviner sous la phrase de l’archevêque — « un temple destiné à appeler sur la France la protection et la bonté divines » — a maintenant tout à fait disparu. […] Édifier un pareil culte, c’est ce que l’archevêque Guibert appelle « la rénovation spirituelle de notre patrie », et M.
Celui-là s’appelait Titien. […] Il s’appelait Vélasquez, et toutes les fiertés de la tragique péninsule ont passé dans sa peinture. […] Ce peuple de proie, cet animal tentaculaire, comme il s’appelait lui-même, a voulu davantage. […] Leur Empereur aimait à s’appeler le suprême seigneur de la guerre. […] Sinon, il s’appellerait d’un autre nom, et ce serait l’esclavage.
. — Mais pour ne point confondre ses poursuivants ou les compromettre, elle les appelle par le nom du jour qui leur est réservé. […] X… fut appelé dernièrement par le directeur d’une revue dont le style est aussi gris que la couverture. […] R… était appelé à donner son avis sur cette importante question. […] Comme c’est amusant d’entendre cela, si on s’appelle Félix. […] C’est au spectacle et non au théâtre que l’appellent ses véritables instincts.
Et c’est ce qu’on peut appeler son âme dionysiaque. […] Et c’est ce qu’on peut appeler son âme apollinienne. […] Quand vient la nuit, je me garde bien d’appeler le sommeil. […] On les appelle vertus, le plus souvent. […] Appelez-les sublimes égoïstes, s’il vous plaît ainsi ; mais appelez-les égoïstes.
Le moment vient même où l’entassement des images peut être appelé beauté. […] Cependant je ne crois pas inutile d’appeler l’attention sur la coquetterie empreinte dans cette pièce. […] La rime consent à lui obéir et ne se laisse jamais appeler deux fois ; mais elle prescrit à M. […] Hugo d’appeler doute pourrait très bien s’appeler d’un autre nom. […] Il y a bien eu en Grèce un certain poète appelé Aristophane ; mais suivant M.
Les nationalistes s’appellent aujourd’hui républicains nationaux. […] Maurras a appelé le Vatican la seule Internationale qui tienne. […] Arthur Fontaine l’appelait le dernier homme d’État de l’Empire. […] Teste appelle la marionnette. […] Le radical représente ce que les théologiens appellent la thèse, le modéré ce qu’ils appellent l’hypothèse.
Non pas seulement assister d’une bonne place à ce savant et terrible jeu à combinaisons non limitées qu’on appelle la grande guerre, non pas seulement être appelé à donner en quatre ou cinq occasions des conseils plus ou moins suivis, mais être une bonne fois à même d’appliquer son génie, ses vues, sa manière d’entendre et de diriger les mouvements d’un corps d’armée, être compté, en un mot, lui aussi, dans la liste d’honneur des généraux qui ont eu leur journée d’éclat, qui ont combiné et agi, qui ont exécuté ce qu’ils avaient conçu. […] Ce qu’il avait ambitionné jeune, il l’avait désiré derechef et à tout prix en 1813, au moment de sa démarche (comme il l’appelait) ; il s’était flatté alors, même en rabattant beaucoup de ses espérances, de saisir aux cheveux l’occasion telle quelle, de se venger d’un seul coup de ses ennemis et de ses envieux, en montrant du moins en quelque rencontre signalée tout ce qu’il savait et pouvait faire : c’eût été à ses yeux la justification suprême. […] j’en appelle à la noble fierté et au courage de vos ancêtres ; vous ne souffrirez jamais un tel outrage ! […] Jomini, dans son zèle infatigable pour la vérité stratégique, fut appelé à énoncer les mêmes principes à propos de la Belgique, où il s’était retiré après la révolution de 1848. […] En 1837, Jomini fut appelé par les ordres de l’empereur Nicolas à diriger les études stratégiques du grand-duc héritier, actuellement régnant.
Pendant près d’un demi-siècle l’esprit dit pratique et positif a étouffé ce que nos pères appelaient le droit naturel et ce qu’il est beaucoup plus exact de nommer le droit idéal. […] Plus tard, Alfred de Vigny, dans le meilleur de ses ouvrages en prose : Servitude et grandeur militaires appela l’attention sur les périls et les tristesses de l’obéissance passive. […] On ne pourra plus nous reprocher de rendre l’adultère intéressant, par la raison bien simple que, le divorce existant, l’adultère de la femme ne sera plus que le désir de bénéficier du mari et de l’amant et qu’il s’appellera le libertinage. […] Les uns se retournèrent contre le divorce que leurs devanciers avaient appelé de tous leurs vœux et de toutes leurs forces. […] ― Fâcheuse subordination du beau à l’utile, ravalement de la littérature à de basses besognes, ont dit de leur côté les champions de l’art pour l’art, les élégants et dégoûtés partisans de ce que Victor Hugo appelle « l’art fainéant !
Bref, au milieu de tant de qualités rares qui décoraient la petite Bettina et qui en faisaient une merveille, il ne lui manquait que ce qu’on appellerait tout net le bon sens français, lequel n’est peut-être pas compatible avec tous ces autres dons. […] Car, disons-le en passant, c’est une des qualités de Bettina d’être agile comme un écureuil, comme un lézard (Goethe l’appelait petite souris). […] Il appelait Schiller un être magnifique. […] La lettre qu’on peut appeler Sous le tilleul, à cause d’un tilleul creux qui y est décrit, est toute pleine de vie, de gazouillements d’oiseaux, de bourdonnements d’abeilles dans le rayon. […] Ce qui ne se donne pas tout entier et pour toujours, peut-on l’appeler un don ?
La brutalité, poussée jusqu’à la férocité, perçait déjà dans celui qu’on appelait M. le Duc (le petit-fils), et dans cet autre M. le Duc, qui fut Premier ministre après le Régent ; elle éclata à nu dans le comte de Charolais. […] On ne les appelait pas les princesses du sang, mais les poupées du sang. […] Mme du Maine l’avait déclaré, à la veille de la Régence (1714), à deux ducs et pairs qu’elle avait appelés à Sceaux pour causer des éventualités, comme nous dirions, et comme elle ne disait pas ; car si elle pensait mal, elle parlait bien mieux que nous. […] Son esprit n’emploie ni tour ni figure, ni rien de tout ce qui s’appelle invention. […] On n’a jamais mieux compris qu’en lisant cette correspondance raffinée et quintessenciée, la fatigue de ceux qui, passant leur vie à Sceaux à faire de l’esprit soir et matin, ne pouvaient s’empêcher de crier grâce, et appelaient cette petite cour les galères du bel esprit 26.
Mais en prenant parti pour ce qu’il y avait de noblement et de raisonnablement attrayant dans cette cour du Palais-Royal, il s’attira l’inimitié de Monsieur et de son favori le chevalier de Lorraine, et il en résulta pour lui une vraie catastrophe et ce que Mme de Sévigné appelle ses malheurs. […] Je prends donc celui que j’appelle le premier Cosnac, et j’en veux donner une idée à nos lecteurs d’aujourd’hui, qui ont un peu oublié ce que c’était alors, pour un jeune abbé de qualité, que faire son chemin à la Cour et dans le monde. […] Le cardinal lui avait dit en lui remettant son brevet : « Cela s’appelle faire un maréchal de France sur la brèche. » Ce brevet reçu, Cosnac, qui n’était abbé que le moins possible, va trouver l’archevêque de Paris : « Le roi, lui dit-il, monseigneur, m’a fait évêque ; mais il s’agit de me faire prêtre. » — « Quand il vous plaira ! […] Le soir, le roi est piqué d’apprendre que son frère a paru à la tranchée, et lui dit : « Mon frère, on vous appellera bientôt sac à terre. » Quelques jours auparavant, au siège de Tournai, le roi, allant lui-même à la tranchée, y avait trouvé Cosnac : « Quoi ! […] J’ai pensé souvent, en lisant Cosnac, à cette classe de gens actifs, appelés M. de Sémonville et autres, et toujours il m’a semblé que, même en ce genre qui n’est pas le premier et le plus relevé, la médaille était mieux frappée et d’un coin plus neuf sous Louis XIV que de nos jours.
Lemaître les appelle des préférences immobilisées. […] France qu’il appelait « un bénédictin narquois ». […] ce que nous appelions littérature, et qui était un jeu ? […] Ce qu’appelle M. […] Ils appelaient réalité la laideur physique ou morale.
Il y a un coquillage dans la mer de mon pays qu’on appelle le Bernard l’Ermite. […] Levallois pourrait s’appeler un Bernardin l’Ermite, car il tient immensément de Bernardin. […] La nature ne le détache pas des hommes et de ce qu’il appelle, avec une queue de paon, le devoir social. […] Alors, ces ermites-là s’appellent des saints.
C’est cette détente agréable du corps et de l’esprit qu’on appelle le plaisir. […] Il lui avait appris à badiner et à sourire ; la littérature anglaise lui doit quelque chose de cette qualité de style qu’on appelle en anglais humour ; cette qualité du style ou de la conversation, qui n’a pas de nom en français, pourrait s’appeler l’étonnement. […] et je voudrais bien qu’Alfred de Musset eût reçu du ciel ce complément de la journée humaine qu’on appelle le soir. […] On l’appelait sur la terre la Malibran ; on l’appelle sans doute au ciel la sainte Cécile du dix-neuvième siècle. […] Musset fait plus que de badiner avec les grands sentiments, il les raille, soit que ces grands sentiments s’appellent amour, soit qu’ils s’appellent religion, soit qu’ils s’appellent patriotisme : lisez, sur les matières religieuses et politiques, sa profession ironique adressée à un ami.
Les auteurs en ont appelé depuis : ils se sont émancipés ; ils ont pris leur revanche, depuis Beaumarchais surtout. […] Il n’est pas mal assurément, messieurs, que dès que quelqu’un se croit victime d’une injustice ou croit apercevoir un abus, il s’écrie : « J’en appellerai au Sénat. » Le Sénat ne saurait décourager un sentiment si honorable de confiance en sa justice. […] Il semblerait plus raisonnable d’admettre ce que demandent en troisième lieu les pétitionnaires, qu’un tribunal civil ou commercial soit appelé à juger des contestations entre auteurs et directeurs.
Le chœur, chez les Grecs, était une des parties de quantité de la tragédie ; il se partageait en trois parties, qu’on appelait parodos, strasimon et commoï. […] On nomma épisode ce que nous appelons aujourd’hui acte, et qui se trouvait renfermé entre les chants du chœur. […] Le chœur, ainsi incorporé à l’action, parlait quelquefois, dans les scènes, par la bouche de son chef, appelé Choryphée.
Ce Saturne, qui chez les Latins tira son nom à satis, des semences, et qui fut appelé par les Grecs Κρόνος de Χρόνος, le temps, doit nous faire comprendre que les premières nations, toutes composées d’agriculteurs, commencèrent à compter les années par les récoltes de froment. […] Usant d’abord du langage muet, ils montrèrent autant d’épis ou de brins de paille, ou bien encore firent autant de fois le geste de moissonner, qu’ils voulaient indiquer d’années… Dans la chronologie ordinaire, on peut remarquer quatre espèces d’anachronismes. 1º Temps vides de faits, qui devraient en être remplis ; tels que l’âge des dieux, dans lequel nous avons trouvé les origines de tout ce qui touche la société, et que pourtant le savant Varron place dans ce qu’il appelle le temps obscur. 2º Temps remplis de faits, et qui devaient en être vides, tels que l’âge des héros, où l’on place tous les événements de l’âge des dieux, dans la supposition que toutes les fables ont été l’invention des poètes héroïques, et surtout d’Homère. 3º Temps unis, qu’on devait diviser ; pendant la vie du seul Orphée, par exemple, les Grecs, d’abord semblables aux bêtes sauvages, atteignent toute la civilisation qu’on trouve chez eux à l’époque de la guerre de Troie. 4º Temps divisés qui devaient être unis ; ainsi on place ordinairement la fondation des colonies grecques dans la Sicile et dans l’Italie, plus de trois siècles après les courses errantes des héros qui durent en être l’occasion. […] Conformément à l’axiome 106, elle part du point même où commence le sujet qu’elle traite : elle part de χρόνος, le temps, ou Saturne, ainsi appelé a satis, parce que l’on comptait les années par les récoltes ; d’Uranie, la muse qui contemple le ciel pour prendre les augures ; de Zoroastre, contemplateur des astres, qui rend des oracles d’après la direction des étoiles tombantes.
Flaubert d’appeler Vitellius « cette fleur des fanges de Caprée ». […] Une nuit qu’il dormait, une voix l’appelle, une voix qui « avait l’intonation haute d’une cloche d’église ». […] Zola veut qu’on appelle des expériences. […] » C’est ce que j’appelle du document, que ces lettres d’Elise ! […] On nous a conté qu’il n’aimait guère à s’entendre appeler toujours l’auteur de Madame Bovary.
La jeune Indienne , comme il l’appelait, lui dut sa première réputation dans le beau monde. […] Être ce qu’on appelle affairé, c’est là proprement la mort de l’honnête homme. […] … je ne sais comment dire : celui qu’il appelle le parfait modèle de toutes les vertus et qui n’est rien moins que le Sauveur du monde. […] Il eut ce que j’appelle un succès de Hollande, lui à qui les manières de Hollande déplaisaient tant. […] La lettre de M. de Méré doit être antérieure à la conversion de Pascal et à ce que Leibniz appelle son spiritualisme outré.
C’est la bonne ou mauvaise conduite de ces grandes individualités qu’on appelle des nations. […] C’est ici que le mystère de ce qu’on appelle le droit d’intervention s’explique très logiquement, malgré ses obscurités et ses contradictions. […] Ce vice de conformation l’avait seul empêché d’entrer dans la carrière des armes, à laquelle sa haute naissance l’appelait. […] C’est ainsi que Napoléon l’appelle après Austerlitz, pour rédiger le traité de Presbourg, traité qui impose trop d’humiliation à l’Autriche en Italie pour être autre chose qu’une pierre d’attente de guerre nouvelle. […] Quand Napoléon voulait penser, et non brutaliser l’Europe, il appelait encore de temps en temps Talleyrand, le seul homme qui portât dans sa tête une tradition, un système, un avenir.
Qu’a-t-on fait, dans les bonnes maisons de notre siècle, de ce tyran domestique appelé le Directeur, le Confesseur ? […] Oui, ses envieux, ses jaloux, et ce troupeau de Béotiens qui se fatiguent d’entendre appeler Aristide : le juste ! […] Elle a été si longtemps ce qu’on appelle une jeune femme, qu’elle se moquait bien fort du calendrier auquel on l’attachait. […] Elle avait appelé à son aide tout ce qui lui restait de force, de grâce, de charme, de beauté ! […] a-t-elle été appelée trois fois !
Ce jeune homme, aussi heureusement doué des dons de la famille et de la fortune que des dons de la nature, s’appelait Alexandre. […] Je me confiai donc à la fortune ; elle s’appelait pour moi du nom du prince de Talleyrand. […] Nous verrons ailleurs si nous sommes appelés à monter d’échelon en échelon dans une vie continue, jusqu’à une autre planète, la planète du bon sens. […] qui pullulent maintenant à la suite de telles ou telles factions, et surtout de celle qu’on appela la faction de l’avenir. […] Le monde l’appelait miss Blake ; je ne sais quel nom lui donnera la poésie, mais elle en aura un.
Il faut les chercher dans la solitude ; c’est là que naissent ces grandes passions, entre ciel et terre, telles que celles que nous avons à vous signaler dans cette âme appelée je ne sais comment dans la langue des purs esprits, appelée ici-bas Louis de Ronchaud. […] Ce qu’on appelle l’originalité, c’est-à-dire ce sens du terroir qui donne une sève étrangère aux esprits d’une race peu mêlée aux autres races, est le cachet des écrivains, des publicistes, des poètes francs-comtois, beaucoup de bon sens mêlé à beaucoup de rêves. […] Le premier Napoléon, quand il s’arrêta quelques jours à Mâcon avec sa cour en 1805, en allant se faire couronner à Milan roi d’Italie, le fit appeler comme il avait fait appeler M. […] Telle est la vie recueillie et cénobitique de ces heureux et rares esprits, jouissant de tout, cultivant tout, divinisant tout, qu’on appelle de ce doux nom : les dilettanti en Italie, les amateurs en France. […] L’aspect de ces lignes harmonieuses dans le ciel d’Athènes, dont les profils et les contours forment ce qu’on appelle le beau dans l’architecture, — l’architecture, m’écriai-je, n’est qu’une géométrie animée : cette géométrie chante comme un poème ; ces lignes sont leur poésie ; la symétrie est l’équilibre des lignes.
« Peut-être, alors, verrons-nous ce rêve sans corps, que vous appelez Dieu ! […] — et ils vont, et ils s’appellent la science ! […] Il s’appelle sipo matador, autrement dit la liane assassine. […] Il y a même un palmier grimpant dont la variété (desmoncus) s’appelle jacitara en langue tupi. […] Les indigènes l’appellent, en style oriental, maï das saübas, mère des fourmis.
Mais je m’écarte soigneusement de Willy que Laurent Tailhade appela avec vérité « marchand en gros de pornographies achetées en détail à des écrivains faméliques » ; de Willy qui n’est plus même la fille avec qui l’on couche mais la matrone qui tire profit des charmes d’autrui. […] Faguet, pour cause, n’aime pas l’éloquence, qu’il appelle volontiers déclamation. […] En réalité, ce qu’il défend, ce sont les corps organisés, académies ou anciens parlements, tous ceux où la liberté du bourgeois trouve un asile et sa tyrannie une force d’oppression, tous ceux que j’appellerai indulgemment les communes morales. […] Les savants appelleront sans doute archéo-néologique cette variété timide du dialecte universitaire enrichisseur. […] Il refusera de comprendre l’inutilité nécessaire de tout geste qui ne revient pas vers son auteur en montant ; il renouvellera indéfiniment le geste par lequel on se donne, le geste par lequel on appelle.
Vous m’en voudriez tous, je crois, en tout cas moi je m’en voudrais, si je ne terminais pas cette trop courte appréciation des contes de La Fontaine par ce petit chef-d’œuvre que l’on appelle l’Amour mouillé. […] Il aime les beaux jardins du temps et voilà tout ; et non pas la grande nature. » Oui mais il faut faire attention au sens des mots et savoir ce que La Fontaine appelle un jardin. Ce qu’il appelle jardin, c’est un parc ; ce qu’il appelle jardin, c’est une forêt ou à peu près une forêt. […] Les deux allées qui sont à droite et à gauche me plaisent encore ; elles ont cela de particulier…, etc. » Je veux simplement vous indiquer le caractère de ce que La Fontaine appelait jardins. […] Il y en avait peu en vérité à courir de Paris à Poitiers, ou de Paris à Limoges, et cependant il y avait, non très loin d’ici, il y avait, au-delà d’Arpajon, la vallée de Cocatrix, au lieu qui s’appelait alors Tréfou et qui maintenant s’appelle, je crois, Torfou.
Friant était d’une activité et d’une diligence infatigable ; les gens du pays l’appelaient le sultan de feu. […] Après avoir rempli quelque temps les fonctions d’inspecteur général de l’infanterie, Friant fut appelé au commandement d’une division qui se réunit au camp d’Ambleteuse et devint plus tard la 2e division du 3e corps d’armée, commandé par le maréchal Davout. […] Davout et les divisions Morand, Friant, Gudin, qui formaient le noyau de ce 3e corps invincible, sont comme un seul nom indissolublement enchaîné dans la mémoire quand on a lu une fois dans un récit rapide les opérations de ces guerres ; c’est comme un seul homme inséparable qui frappe et agit sans cesse, et dont le triple coup retentit. — Friant est une des principales articulations dans ce grand corps appelé la Grande Armée. […] Ceux qui ont servi sous le général Friant, questionnés sur ses mérites et qualités, nous ont donné de lui une idée que le colonel Michel, un d’entre eux, a résumée heureusement dans ce vivant portrait : Le général Friant, par son bon naturel, son excellent cœur, ses sentiments généreux, l’humanité qui le dominait, aimait ses soldats, les soignait comme ses propres enfants, vivant de leur vie, se mêlant avec eux, tout en conservant sa dignité ; il en était chéri et estimé au point que pas un d’eux n’eût balancé à sacrifier sa vie pour sauver celui qu’ils appelaient : Notre bon, notre brave père. — (Tombant mortellement blessé près de lui à la Moskowa, un voltigeur lui disait : « Mon général, voilà quatorze ans que je suis sous vos ordres ; votre main, et je meurs content […] Le ban fermé, les officiers sont appelés à venir former le cercle, et l’empereur leur dit : « Officiers des grenadiers de ma Garde, voilà le chef que je vous donne. » Puis se tournant vers le nouvel élu : « Général Friant, c’est la récompense de vos beaux et glorieux services. » Et plus familièrement, il ajouta : Mon cher Friant, vous ne prendrez ce commandement qu’à la fin de la campagne ; ces soldats-ci vont tout seuls, et il faut que vous restiez avec votre division, où vous aurez encore de grands services à me rendre.
Veut-on savoir comment s’exprime sur sa propre personne l’agréable prélat, celui que madame Des Houlières appelait Damon, que Senecé appelait Acaste ? […] Même avant la publication des Mémoires sur les Grands-Jours, il suffisait d’avoir lu le délicieux et complaisant portrait pour bien saisir dans son vrai jour cet Atticus de l’épiscopat français sous Louis XIV, élégant, disert, d’un silence encore plus ingénieux parfois que ses discours, qui n’est ni pour les jésuites, ni pour les jansénistes, ni contre ; qui n’est ni une créature de la Cour, ni trop dissipé au monde, ni voué à la pénitence ; honnête homme avant tout, excellent chrétien pourtant, tolérant prélat, résidant et exemplaire, charitable aux protestants persécutés, modérant sur leur tête les rigueurs de Bâville, et trouvant encore des intervalles de loisir pour les divertissements floraux de son Académie de Nîmes ; doux produit du Comtat, chez qui tout est d’accord, même son nom (il s’appelait Esprit Fléchier) ; un Balzac en style, mais un Balzac châtié, mesuré et spirituel, un Godeau plus jeune, mais avec une galanterie plus décente, une tête plus saine et sans engagement de parti ; une sorte de Fontenelle non égoïste et encore chrétien ; enfin un bel-esprit tout à fait sage, aimable et sensible, déjà un peu rêveur. […] Ces Mémoires de Fléchier, au pis, peuvent s’appeler une Gazette des Tribunaux de ce temps-là, avec l’avantage du style en sus, et même avec celui de la singularité des causes. […] Ce volume de Fléchier sera désormais un document précieux pour l’historien, et lui-même, esprit sérieux sous ses grâces, il a eu l’honneur de ne pas rester étranger à ce que nous appellerions la pensée administrative et politique qu’on en peut tirer.
Les grandes causes philosophiques et politiques, les grands partis littéraires, une fois que l’influence leur échappe et que le monde tourne décidément à un autre cours d’idées, se rétrécissent, s’immobilisent, passent à l’état de secte et comme de petite Église ; ils tombent dans ce que j’appellerai une fin de jansénisme. […] En revanche, nous le verrons affirmer sans sourire (page 25) que cette littérature de la république, tant calomniée, comptait deux grands écrivains en prose, Bernardin de Saint-Pierre et Garat, comme si Bernardin de Saint-Pierre, qui avait produit tous ses grands ou charmants ouvrages sous le règne de Louis XVI, pouvait être dit un littérateur de la république, et comme si Garat, bon littérateur, pouvait être, dans aucun cas, appelé un grand écrivain. […] Le biographe fait tout d’abord à son héros un mérite de ne s’être point anobli, de ne s’être point fait appeler M. […] Ginguené se prend aussitôt pour le jeune homme d’une tendresse fondée sur l’estime, il l’appelle son fils, il l’adopte en quelque sorte ; et c’est là en effet la vraie place de Victorin, à la suite et à côté de ces écrivains estimables qui espéraient en lui un rejeton. […] Paris se faisait encore appeler la capitale du monde civilisé ; mais qu’y trouvait-on au fond ?
Quand Voltaire, pour attaquer le christianisme, tronquait et supprimait des textes, il obéissait à la haine ; et, quoiqu’il soit fort peu philosophique de haïr, c’est là du moins une passion qui, à la prendre en un certain sens, peut s’appeler désintéressée. […] Un voyage de huit jours à Paris durant lequel le discret auteur s’est constamment tenu sur la défensive contre les renseignements qui allaient à sa rencontre, n’a fait illusion à aucun d’entre nous, badauds de Paris, comme il nous appelle. […] Certains de leur influence sur une société qui ne pouvait goûter que par eux les plaisirs de l’esprit, ils réunirent leurs communes prétentions à ce qu’on appelait dès lors la dignité d’un homme de lettres. […] Sir Walter Scott, avons-nous dit, prononce la clôture de la Révolution à la mort de Robespierre ; mais il ne tient pas à lui qu’elle n’ait été terminée plus tôt, et les projets de répression qu’il expose à ce sujet n’eussent pas manqué, si on les avait suivis, de tout rétablir dans l’ordre dès la journée du 14 juillet, qu’il appelle par inadvertance le 12 juillet. […] Et d’abord, le jour de la première séance, il nous montre « tous les yeux fixés sur les représentants du tiers état, vêtus d’un habit modeste, conformes à leur humble naissance et à leurs occupations habituelles. » Il nous apprend que, parmi ces représentants, si modestement vêtus, se trouvaient beaucoup de gens de lettres « qu’on a y avait appelés, parce qu’on les savait partisans de systèmes, la plupart incompatibles avec l’état présent des choses ; que, dans le principe, ces gens de lettres avaient été tenus à l’écart par les avocats et les financiers, leurs collègues ; mais qu’à la fin ils avaient repris le dessus et s’étaient faits républicains décidés » ; — que pourtant ces républicains décidés, lesquels étaient« d’un ordre plus élevé et de sentiments plus honorables » — que les jacobins de club, avaient surnommé ceux-ci « les enragés » ; — que néanmoins il y avait dans l’Assemblée de furieux démagogues, désignés sous le nom de Montagne ; et que, « quand les jacobins de la Montagne s’efforçaient d’interrompre Mirabeau par leurs rugissements, celui ci s’écriait d’une voix de tonnerre : Silence aux trente voix !
Et cela s’appelle Sonnets païens, et c’est assurément une des plus belles « séries » qu’ait produites le « Parnasse contemporain ». […] Et, pour une fois, la musique a su ajouter à la poésie au lieu de l’effacer par des sensations moins définies et plus fortes ; et, comme ces petits vers ne sont qu’un tissu d’images et d’impressions flottantes, les mélodies de Massenet nous ont peut-être encore mieux fait sentir tout ce que recèlent d’enchantement ces vagues et délicieuses romances, que je voudrais appeler des romances panthéistiques. […] II C’est pourtant avec le plus grand sérieux que « la bonne femme Sand » écrivait à propos des Sonnets païens : C’est l’hymne antique dans la bouche d’un moderne, c’est-à-dire l’enivrement de la matière chez un spiritualiste quand même, qu’on pourrait appeler le spiritualiste malgré lui ; car, en étreignant cette beauté physique qu’il idolâtre, le poète crie et pleure. […] D’avoir appelé un amiral Le Kelpudubec et un diplomate grec Fépipimongropoulo, c’est bien quelque chose. […] Mais, après avoir senti les formes uniquement dans ce qu’elles ont de sexuel, on les aime bientôt pour elles-mêmes ; à l’attrait génétique succède le sentiment beaucoup plus complexe du Beau plastique, qui n’est en soi ni masculin ni féminin ; et la sensation primitive appelle alors et provoque, par des liaisons naturelles et rapides, une foule d’idées et de sentiments très nobles, très doux et très purs.
Rien de ce qu’on appelle civilisation, dans le sens grec et mondain, n’avait pénétré parmi eux. […] Zébédée avait deux fils, Jacques qui était l’aîné, et un jeune fils, Jean, qui plus tard fut appelé à jouer un rôle si décisif dans l’histoire du christianisme naissant. […] Ce qui est plus significatif, c’est que, dans les évangiles synoptiques, Simon Barjona ou Pierre, Jacques, fils de Zébédée, et Jean, son frère, forment une sorte de comité intime que Jésus appelle à certains moments où il se défie de la foi et de l’intelligence des autres 446. […] Tous devaient s’appeler « frères », et Jésus proscrivait absolument les titres de supériorité, tels que rabbi, « maître, père », lui seul étant maître, et Dieu seul étant père. […] Mais ceux à qui on donnait ce nom en Judée n’étaient pas les fermiers généraux, hommes d’un rang élevé (toujours chevaliers romains) qu’on appelait à Rome publicani 466.
C’est ce qu’on appelle aphasie, alalie, aphémie, chaque médecin ayant sa dénomination. […] Un malade s’appelle Paquet, et il sait écrire son nom ; on lui demande d’écrire le petit nom de sa femme, il écrira « Paquet », le nom du mois « Paquet », etc., comme une mécanique qui, une fois montée, fait toujours le même mouvement. […] On peut rapprocher des cas précédents ce que l’on appelle la substitution de mots, un malade ne trouvant pour s’exprimer que des mois absolument opposés à la pensée qu’il veut rendre : « Une dame disait les choses les plus inconvenantes, les injures les plus grossières, en faisant le geste gracieux d’une personne qui invite quelqu’un à s’asseoir ; et c’était en effet ce qu’elle voulait qu’on fit. » Quelquefois il y a un désaccord absolu entre la pensée et le vocabulaire, et, quoiqu’il soit assez impropre d’appeler aphasie ce genre de désordre, puisque ces sortes de malades parlent et parlent beaucoup, le fait n’en est pas moins curieux et assez voisin des précédents. […] Baillarger a également appelé l’attention sur un fait très important dans l’histoire de l’aphasie, c’est que, dans beaucoup de cas, l’impuissance de s’exprimer est beaucoup plutôt une impuissance de la volonté que de la faculté même du langage.
Les uns pensent qu’il n’y a pas de christianisme sans un dogme chrétien : c’est ce qu’on appelle le protestantisme orthodoxe ; les autres pensent que le christianisme consiste dans l’esprit et dans le sentiment chrétien et non dans un dogme déterminé : c’est le protestantisme libéral. […] Les spiritualistes que j’appellerai orthodoxes, qui tendent de plus en plus à faire de leur philosophie un dogme, se trouvent par là même rapprochés de la théologie orthodoxe. Plus préoccupés des conclusions que de la liberté philosophique, ils attachent peu d’importance à la différence de méthode, et, reconnaissant dans la théologie, sous des formes plus ou moins symboliques, les vérités dont se compose leur credo philosophique, ils sont disposés à une alliance avec les religions positives contre ce qu’ils appellent les mauvaises doctrines. Les spiritualistes que j’appellerai libéraux sont loin d’être animés de mauvais sentiments à l’égard des religions positives : ils respectent et ils aiment la conviction partout où ils la trouvent, et ils sont loin de renier ce qu’il y a de commun dans leurs croyances personnelles et dans les croyances chrétiennes. […] Ils n’oublient pas que le spiritualisme philosophique a été considéré, lui aussi, par la théologie comme une mauvaise doctrine, qu’il fut un temps, encore peu éloigné de nous, où tout ce qu’on appelle rationalisme était condamné sans examen et sans distinction sous l’accusation commune de panthéisme, d’athéisme, de scepticisme et même de socialisme, où les libres penseurs, même spiritualistes, étaient livrés au mépris par une plume grossièrement éloquente, et l’on sait assez que cette même plume a toujours son encre toute prête pour recommencer à nous flétrir.
Des hommes que leur naissance appelait à des fonctions sévères ont mieux aimé porter la toque aux Italiens et chausser la botte abricot. […] Les théâtres de société, comme on les appelle, se multipliaient. […] « Je m’appelle Six francs », disait un jour à l’Opéra un homme qui avait payé sa place et qui la réclamait d’une femme avec la grossièreté de l’écu et l’ardente curiosité qui ne transige pas. […] Au théâtre, où l’on paye, tous les hommes s’appellent Six francs, plus ou moins, selon la place qu’ils ont achetée. […] Ils s’appellent des Invitations.
C’est une fonction qu’on choisit et qu’on se décerne ; mais, si l’on n’a pas ce que j’appelle « l’esprit historique », c’est une fonction qui se retourne contre celui qui ose la remplir avec des facultés indignes d’elle. […] L’auteur des Études sur le Combat excepte, il est vrai, un très petit nombre d’âmes, nées impassibles comme le bronze, et rares comme des aérolithes, car elles semblent venir directement du ciel ; mais cet homme de batailles, qui a pratiqué les batailles et qui n’est dupe d’aucune poésie faite après coup, ne croit guère aux héros que sous bénéfice d’inventaire, et sous l’action déterminée et décisive d’une discipline qui crée l’énergie et fait d’un homme cette force qu’on appelle un soldat… Observateur aiguisé par toutes les expériences de sa vie, le colonel Ardant du Picq sait que la puissance des armées est toujours en raison, non seulement directe, mais unique, de la puissance de leur discipline, et il le prouve, par tous les témoignages de l’histoire, chez les peuples que la guerre a le plus illustrés. […] Et, en effet, je l’ai dit plus haut, mais il faut le répéter à ceux qui ont appelé la guerre et son art du nom avilissant de militarisme pour mieux l’insulter, tout se passe, dans tous les mondes possibles, comme dans le monde de la guerre ; et ce que dit l’auteur des Études sur le Combat de la discipline des armées, on peut le dire de toutes les institutions de l’humanité, — religion, législation, gouvernement et art même, car l’art a ses règles, — qui toutes ont leurs disciplines, ces institutions, ou, pour parler mieux, qui ne sont que des disciplines sans lesquelles l’homme, faible créature, s’abolit, s’efface et se réduit au rien qu’il est , comme disait Bossuet ! […] Les mécaniques, les armes de précision, tous les tonnerres inventés par l’homme et ses sciences, ne viendront jamais à bout de cette chose, méprisée pour l’heure, qui s’appelle l’âme humaine, mais que des livres comme celui du colonel Ardant du Picq, s’il y en avait beaucoup, empêcheraient de mépriser. […] Il retient sa pensée, la ramasse et la bloque toujours dans une phrase serrée comme une cartouche, et, quoi qu’il exprime, son style a la rapidité et la précision de ces armes à longue portée qui empêchent les balles d’être des folles, comme les appelait Souwarow, et qui ont détrôné la baïonnette… L’auteur des Études sur le Combat aurait été partout un écrivain.
Ce n’est point ce qu’on peut appeler un grand homme, mais c’est une belle et noble figure féodale, à laquelle Lecoy de la Marche a essayé de restituer des traits légèrement et cruellement méconnus. […] On l’appela le bon Roi René, et il n’est plus pour la postérité que le bon Roi René… C’est comme dans la comédie. […] René d’Anjou n’est pas Childebrand, et Lecoy de la Marche n’est pas ignorant comme le poète dont Boileau se moque ; mais, franchement, on ne voit pas très bien pourquoi, si on n’écrit pas une histoire générale de France où le roi René tient naturellement sa place, on a détaché de cette histoire et pris à part, comme un homme assez grand pour se présenter seul, ce roi qui se fond dans les événements de son siècle, — qui n’a pas dévoré son règne d’un moment, comme dit Corneille, mais que son règne d’un moment, si cela peut s’appeler un règne, a dévoré ! […] III Le René d’Anjou qui est maintenant, grâce au cliché de l’histoire, « le bon Roi René », comme on dirait « le bon vieux roi Nestor », quoiqu’il ait eu une jeunesse d’Achille, s’appelait simplement, dans cette prime jeunesse, Monsieur René. […] Il l’appelle l’antipode de René, ce qui est une impertinence pour tous les deux, et il l’accuse de duplicité, ce qui est la rocambole de la niaiserie.
… Était-ce une raison pour essayer, de cette main de vieux journaliste désarmé de son journal, l’œuvre difficile qui tenta Balzac dans le plein de sa maturité, et que Voltaire, qui l’a toujours ratée, appelait une œuvre du démon, quoiqu’il fût pourtant assez bien avec le diable pour y réussir ? […] Seulement, comme nous ne sommes pas encore arrivés aux temps prédits par le prophète Proudhon, où une paire de souliers sera plus estimée par les esprits bien faits que l’Iliade, Μ. de Girardin a eu l’extrême bonté et la condescendance, vu les faiblesses du temps présent, qu’il appelle « un temps de transition, un temps crépusculaire », d’écrire une comédie… crépusculaire, une œuvre d’entre chien et loup ; mais moins près du loup que du chien, car cette œuvre n’est nullement féroce. […] Μ. de Girardin, qui a fait plus d’affaires que d’études, et qui n’a pas connu cette détresse que Shakespeare appelait « la grande culture », n’a rien, donc, quand on les compare, de commun avec Machiavel. […] Cet homme de l’idée, comme il s’est longtemps appelé, ce penseur formidable, qui dresse contre la morale chrétienne, à laquelle on doit la civilisation du monde, la morale de l’écu, à laquelle nous devrons peut-être sa fin, dans des combats affreux ; cet homme de l’idée, le croirait-on ? […] Jeu de cartes battu toujours de la même manière, à l’aide d’un ou de deux procédés connus et à l’usage de toute main, ces trois actes, qui s’appellent La Fille du millionnaire, ne renferment pas une situation neuve ou un mot piquant que l’on puisse retenir ou citer.
III Donoso Cortès, qui a toujours raison, quand il est entièrement catholique, est donc un grand écrivain dont la Critique est appelée, aujourd’hui qu’on publie ses œuvres, à dire les défauts et leur étendue, les qualités et leur limite. […] Ceux qui prient pour le monde font plus que ceux qui combattent. » Et en effet, lui, l’ambassadeur, qui n’a jamais fait comme Chateaubriand, ce fat d’affaires, ce porteur d’empire sur le bout du doigt, ennuyé à la mort, si on l’en croyait, et lassé de ce faucon qui pèse si peu au poing du génie, il allait, lorsque la tombe le prit, quitter simplement ses costumes de palais qu’il n’appelle nulle part des guenilles, et revêtir une soutane. Dieu ne le permit point ; il lui gardait un autre autel à desservir ; il l’appela et en fit son prêtre… pour l’éternité, dans les cieux ! […] Avec son seul livre de l’Essai, le marquis de Valdegamas s’est placé entre le comte de Maistre et le vicomte de Bonald, qu’on pourrait presque appeler les Pères laïques de l’Église romaine. On s’en souvient : ils avaient, au dix-huitième siècle, mis partout leurs trois dieux, Voltaire, Rousseau et Franklin, qu’ils appelaient le Flambeau de l’humanité dans le style du temps, sérieux et comique, déclamatoire et plat.
Enfin Richepin, l’auteur de la Chanson des Gueux 49, une pousse de l’arbre vigoureux et immortel qui s’appelle Mathurin Régnier, et qui vient d’être condamné en justice, hélas ! […] Aujourd’hui, il nous donne un poème de ce temps-là, — un poème d’âme, — d’une inspiration qui n’est plus guères l’inspiration de ceux qui ont encore la prétention d’être des poètes… Ceux-là, qui sont une bande, et oui, malheureusement pour eux ne sont pas des bandits, appelleront, je n’en doute pas, s’ils ont a en parler, l’auteur d’Armelle un romantique attardé. […] Mais quant à ce qu’on appelle un succès littéraire, — un violent retentissement de publicité, — j’en suis moins sûr que d’un succès intime, avec l’abaissement universel de nos esprits et de nos mœurs. […] l’accent tout puissant d’amertume et d’ironie de l’Ajax poétique qui s’appelle lord Byron ; mais il n’en a pas moins l’accent du désespoir de la vie, sans lequel nulle grande poésie ne peut exister, dans ce monde où l’idéal entrevu nous fuit de toutes parts ! […] Les poètes que Lamartine a inspirés, — car tout grand poète fait semence de poètes, — les Élisées qui ramassent le manteau du prophète et qui cherchent à s’entortiller dans ses plis d’azur et de lumière, ceux, enfin, que j’appelle les lamartiniens, — comme, par exemple, le poète d’Armelle, — ont contre eux maintenant le goût public, qu’ils ont eu pour eux si longtemps.
Prosper Mérimée, l’auteur de Clara Gazul, de Colomba et de Carmen (ses meilleurs titres, dit-on, à la renommée), avait eu la grande vocation, cette vocation dominatrice et enflammée qu’on pourrait appeler l’idée fixe sans folie, on ne l’eût pas vu, au milieu de sa vie, je ne dis pas de romancier devenir historien, par la raison très-simple que, qui sait raconter le cœur de l’homme peut bien raconter le cœur des peuples, mais de romancier devenir archéologue, philologue, antiquaire, et finir en Raoul-Rochette après avoir commencé en Stendhal… M. […] Dans la vie littéraire (il ne peut être question ici que de celle-là), il lui donna encore de ces petits procédés sans bonne foi, qu’on pourrait appeler les coquetteries de la publicité. […] Il aime la clarté et la concision, la ligne la plus courte d’un point à un autre ; il a enfin ce que j’appellerais volontiers les facultés militaires de l’esprit, qui ne sont nullement les grandes facultés artistiques ! […] Son Théâtre de Clara Gazul en a plusieurs ; mais il se compose de beaucoup de pièces dont la plupart n’ont que l’étendue de ce qu’on appelle un lever de rideau. […] Mérimée est un des grands parents de ce que j’oserai appeler en littérature : l’École des Pauvres.
Krantz appelait tout à l’heure le temps de l’imitation nécessaire. […] Ce n’est pas là toutefois ce qui s’appelle un plan. […] Quelques voix plus équitables essayèrent en vain d’en appeler. […] Il s’appelle A. […] C’est ce que l’on appelle aujourd’hui libéralisme, étendue, largeur d’esprit, et je l’appelle indifférence, à moins que ce ne soit niaiserie.
— mort en 1584, laissa un fils, appelé Démétrius, et né de son septième mariage. […] Hugo, qui étaient fous quand ils s’appelaient Ruy-Blas, et ennuyeux quand ils s’appelaient Les Burgraves. […] Elle appellerait son fils André ou Jacques au lieu d’Astrolabe. […] quand le médecin n’a pas réussi, on appelle l’empirique. » M. […] Telle est la métaphysique de la Révolution ; vous savez ce qu’est sa logique : l’une est condamnée à l’impuissance, l’autre au crime : l’une s’appelle Sieyès, l’autre s’appelle Robespierre.
— Cet autre homme, lui, est chrétien ; il admet la divinité, une émanation plus ou moins directe de la divinité, une inspiration d’en haut dans la vie, dans les actes et les paroles du Christ : mais il se permet de rechercher quels ont été au vrai ces actes et ces paroles ; il étudie les témoignages écrits, les textes ; il les compare, il les critique, et il arrive par là à une foi chrétienne, mais non catholique comme la vôtre : homme pur d’ailleurs, de mœurs sévères, de paroles exemplaires : et cet homme-là, parce qu’il ne peut en conscience arriver à penser comme vous sur un certain arrangement, une certaine ordonnance, magnifique d’ailleurs et grandiose, qui s’est dessinée surtout depuis le ve siècle, vous l’insulterez, vous l’appellerez à première vue blafard en redingote marron ! […] Je sais bien que, dans la plupart des cas, vous n’avez attaqué ces catégories de libres penseurs, comme vous les appelez indistinctement et comme quelques-uns d’entre eux s’intitulent, que quand ils arboraient eux-mêmes leur drapeau et qu’ils ouvraient le feu. […] Veuillot distingue deux veines et deux courants dans la littérature française, le courant gaulois, naturel, et ce qu’il appelle l’influence sacrée, religieuse, épiscopale : il fait à celle-ci, pour la gravité et l’élévation, une part bien légitime ; il est ingrat pourl’autre, pour le vrai et naïf génie national qu’il sent sibien, qu’il définit par ses heureux caractères, et que tout à coup il appelle détestable, se souvenant que ce libre génie ne cadre pas tous les jours avec le Symbole. […] L’auteur a mis là, sous forme dramatique, ses observations de journaliste en province ; il a réuni tous les personnages plats et ridicules auxquels il a eu affaire, dans un chef-lieu idéal qu’il appelle Cignac. […] Est-il possible de venir interpréter publiquement au sens religieux strict et comme on le ferait entre soi, c’est-à-dire entre croyants, les événements de chaque matin, pluie, grêle, inondations, sinistres de tout genre, mort d’un adversaire, etc., sans appeler, par ces interprétations qui deviennent aussitôt téméraires, la colère ou les railleries de ceux qui ne pensent pas comme vous ?
Un certain goût modéré de bien-être matériel ne les révolte nullement ni ne les scandalise ; ils ne trouvent pas que le moral en souffre nécessairement, et ils se montrent disposés à prendre leur part des bienfaits acquis à tous ; ils admettent volontiers que la santé vaut mieux que la maladie ; et en se résignant aux maux inévitables, en s’y soumettant même avec constance ou douceur, il ne leur arrive plus guère, comme aux dures époques et aux âgés de fer, d’appeler à haute voix les calamités, de les demander au Ciel comme un moyen d’expiation, et de les saluer presque comme une bénédiction et comme une grâce. […] Après cela, que cette idée se présentât à eux sous les termes de πολιτεία, παιδεία, ou tout autre, je laisse aux savants à le déterminer ; mais je suis certain que les Grecs, par leur brillant, leur éducation, leur art, leur génie actif et persuasif, leur faculté colonisatrice, avaient essentiellement et au plus haut degré le sentiment de cette chose que les modernes appellent civilisation ; ils l’avaient, comme tout ce qu’il leur fut donné d’avoir, d’une manière exquise ; ils en avaient même le sentiment en ce qui est de l’humanité, de la philanthropie : il suffit de se rappeler ce bel article de traité que Gélon imposa aux Carthaginois vaincus, et que Montesquieu a consacré par un chapitre de l’Esprit des Lois. Je ne saurais non plus admettre que les Romains, dès le siècle de Cicéron, et plus tard au temps de Virgile, de Sénèque, de Pline, à cette grande époque de l’unité de l’Empire et de la paix romaine, n’aient pas eu une pleine et vive conscience de ce que nous appelons civilisation, curiosité élevée, progrès des sciences, amélioration de la vie dans tous les sens ; vita, comme ils disaient. […] Jullien, celui qu’on appelait Jullien de Paris, qui, jeune, s’était fait tristement connaître par son fanatisme révolutionnaire, et qui, vieux, tâchait de faire oublier ses anciens excès par son zèle honorable de fondateur de la Revue encyclopédique, avait à la bouche, à chaque phrase, le mot de civilisation : c’était devenu un tic chez ce petit vieillard si actif et toujours courant. — Le mot est naturel et habituel dans l’ordre d’idées et dans la langue de Condorcet, de Volney ; il revient nécessairement sous leur plume, comme le mot de Dieu sous celle des dévots, et il tend à le remplacer : il marque leur religion aussi. […] Le janséniste girondin Lanjuinais, devenu comte de l’Empire, ne manquait pas de se faire appeler M. le Comte par ses gens et ne souffrait pas un oubli.
Ce que nous appelons proprement amour parmi nous, est un sentiment dont l’antiquité a ignoré jusqu’au nom. […] « C’est le caractère de cette passion, dit cet homme éloquent en parlant de l’amour, de remplir le cœur tout entier, etc. : on ne peut plus s’occuper que d’elle ; on en est possédé, enivré : on la retrouve partout ; tout en retrace les funestes images ; tout en réveille les injustes désirs : le monde, la solitude, la présence, l’éloignement, les objets les plus indifférents, les occupations les plus sérieuses, le temple saint lui-même, les autels sacrés, les mystères terribles en rappellent le souvenir32. » « C’est un désordre, s’écrie le même orateur dans la Pécheresse 33, d’aimer pour lui-même ce qui ne peut être ni notre bonheur, ni notre perfection, ni par conséquent notre repos : car aimer, c’est chercher la félicité dans ce qu’on aime ; c’est vouloir trouver dans l’objet aimé tout ce qui manque à notre cœur ; c’est l’appeler au secours de ce vide affreux que nous sentons en nous-mêmes, et nous flatter qu’il sera capable de le remplir ; c’est le regarder comme la ressource de tous nos besoins, le remède de tous nos maux, l’auteur de nos biens34… Mais cet amour des créatures est suivi des plus cruelles incertitudes : on doute toujours si l’on est aimé comme l’on aime ; on est ingénieux à se rendre malheureux, et à former à soi-même des craintes, des soupçons, des jalousies ; plus on est de bonne foi, plus on souffre ; on est le martyr de ses propres défiances : vous le savez, et ce n’est pas à moi à venir vous parler ici le langage de vos passions insensées35. » Cette maladie de l’âme se déclare avec fureur, aussitôt que paraît l’objet qui doit en développer le germe. […] Didon vole, cherche, appelle Énée : Dissimulare etiam sperasti ?
L’homme touffu (Dyerma) Un père de famille, à sa mort, laissa deux orphelins, un fils appelé Daouda et une fille du nom d’Aïssata. […] Aïssata qui les voyait venir de loin appela son frère en lui criant : « Voici des cavaliers qui viennent m’enlever ». […] Galettes appelées « monmi » chez les Bambara.
Pourquoi ne pas remonter un peu dans le passé, surtout quand des noms connus et engageants nous y appellent ? […] Alors le roi appela les maîtres nautoniers devant les autres passagers principaux, dont était Joinville, et leur demanda leur avis sur le coup que le bâtiment avait reçu. […] Lorsqu’on en vint à débarquer, il fallait des bateaux plus légers, ce qu’ils appelaient des galées ou galères. […] IV, p. 375, C’était la coutume aux fêtes de Noël que le roi fît présent aux seigneurs qui étaient à sa Cour et de sa mesnie, de certaines capes ou casaques qu’ils revêtaient sur-le-champ : ce qu’on appelait les livrées. […] [NdA] Il appelle Babylone Baboul près du vieux Caire, sans le confondre pourtant avec l’autre Babylone.
Les hommes de lettres de son temps, quand ils s’appelaient Voltaire, Montesquieu ou d’Alembert, l’amusaient assez, mais il n’y avait dans aucun d’eux de quoi pleinement la satisfaire ; leurs atomes et les siens ne s’étaient jamais accrochés qu’à demi. […] Le goût de son temps l’excédait : « Ce qu’on appelle aujourd’hui éloquence m’est devenu si odieux, que j’y préférerais le langage des halles ; à force de rechercher l’esprit, on l’étouffe. » Ses jugements littéraires, qui durent paraître d’une excessive sévérité dans le moment, se trouvent presque tous confirmés aujourd’hui. […] Horace Walpole raffolait d’elle et ne l’appelait que Notre-Dame-de-Livry. […] C’est assez indiquer le côté que j’appelle classique dans le sens élevé du mot chez Mme Du Deffand, celui par lequel elle est en dehors et au-dessus de son siècle. […] Pour n’en pas être choqué et en saisir l’instinct secret, appelez-la une tendresse d’adoption.
Ainsi, en inscrivant son nom au bas de l’œuvre de Newton, elle semblait appeler déjà la méthode d’exposition de M. de Laplace. […] Aimez qui bonnement et pleinement vous le rende, aimez qui ait à vous offrir tout un cœur, n’eût-il aucun nom célèbre et ne s’appelât-il que le chevalier Des Grieux. […] S’il vous reste encore quelque pitié pour moi, écrivez-lui ; il ne voudra point rougir à vos yeux : je vous le demande à genoux… Si vous aviez vu sa dernière lettre, vous ne me condamneriez pas ; elle est signée, et il m’appelle Madame ! […] En écrivant ces pages, elle se flattait encore qu’elle tiendrait bon dans ce qu’elle appelait l’immutabilité de son cœur, et que le sentiment paisible de l’amitié, joint à la passion de l’étude, suffirait à la rendre heureuse. […] Il l’appelle « mon cher cœur », il la tutoie perpétuellement ; il parle de sa propre mélancolie avec prétention.
La vie de ce premier lieutenant de Voltaire, qui appelait Voltaire papa, que Voltaire appelait mon fils, et qui, en mourant converti, saluait le Génie du christianisme de Chateaubriand et en bénissait presque l’auteur, est des plus diverses et des plus compliquées. […] L’Année littéraire avait appelé La Harpe un « enfant du hasard ». […] De La Harpe, a-t-on dit, l’impertinent visage Appelle le soufflet………………………… Le vers est de Le Brun, le mot est de Piron. […] Ses articles nous semblent assez froids aujourd’hui ; mais les plaignants et les blessés appelaient cela des satires pleines de fiel, et si on le lui reprochait, comme l’honnête Dorat le fit un jour, il répondait naïvement : « Je ne puis m’en empêcher, cela est plus fort que moi. » Voilà le critique, celui à qui Voltaire n’avait pas besoin de crier Macte animo , comme il fit tant de fois, celui dont il a eu tort de dire que « son courage était égal à son génie », mais égal, et même supérieur à son goût, c’est ce qu’il eût fallu dire. […] Voltaire le plus souvent cédait et criait de sa place, en s’apercevant du changement : « Le petit a raison ; c’est mieux comme cela. » Tel il était jeune à Ferney près de Voltaire, tel près de Chateaubriand à la fin de sa carrière, quand il disait à l’auteur du Génie du christianisme : « Enfermez-vous avec moi pendant quelques matinées, et nous ôterons tous ces défauts qui les font crier, pour n’y laisser que les beautés qui les offensent. » Je tiens à bien marquer en La Harpe cette nature essentielle de critique qui, à travers tous ses écarts, est son titre respectable ; qui fait que Voltaire a pu l’appeler à un certain moment « un jeune homme plein de vertu » (ce que les Latins auraient appelé animosus infans), et qui fait aussi que Chateaubriand l’a défini, « somme toute, un esprit droit, éclairé, impartial au milieu de ses passions, capable de sentir le talent, de l’admirer, de pleurer à de beaux vers ou à une belle action ».
tu t’appelles Dante, soit ; mais celui-ci s’appelle Homère. […] La scolastique elle-même, toute chimérique qu’elle est, abandonne le Pré Spirituel de Moschus, raille l’Échelle Sainte de Jean Climaque, et rougit du siècle où saint Bernard, attisant le bûcher que voulaient éteindre les vicomtes de Campanie, appelait Arnaud de Bresse « homme à tête de colombe et à queue de scorpion. » Les Qualités Cardinales ne font plus loi en anthropologie. […] Grand-Jean de Fouchy, le peu crédule secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences, il y a cent ans, eût hoché la tête si quelqu’un lui eût dit que du spectre solaire on passerait au spectre igné, puis au spectre stellaire, et qu’à l’aide du spectre des flammes et du spectre des étoiles on découvrirait tout un nouveau mode de groupement des astres, et ce qu’on pourrait appeler les constellations chimiques. […] Aujourd’hui on peut s’appeler Théodore et même faire tourner une table, sans qu’un géomètre vous fasse couper la tête. […] Quelques instants après, je ne voyais plus rien, je n’entendais plus rien, j’étais submergé dans le poëte ; à l’heure du dîner, je fis signe de la tête que je n’avais pas faim, et le soir, quand le soleil se coucha et quand les troupeaux rentrèrent à l’étable, j’étais encore à la même place, lisant le livre immense ; et à côté de moi, mon père en cheveux blancs, assis sur le seuil de la salle basse où son épée pendait à un clou, indulgent pour ma lecture prolongée, appelait doucement les moutons qui venaient l’un après l’autre manger une poignée de sel dans le creux de sa main.
À toutes les pages de ses Mémoires, il se montre l’ennemi de ce gouvernement qu’il appelle le règne par soi-même et qui est la seule ressource que les fautes et les malheurs de plusieurs générations laissent à un peuple. […] Louis XIV, le roi du bon sens, l’appelait sa solidité ; il eût pu l’appeler sa conscience. […] Ils l’ont trouvé dans ces Mémoires, que dans l’intérêt de la vérité il ne faut point appeler terribles, car on les croirait redoutables, comme ils le trouvent encore dans l’opinion d’un temps perdu de panthéisme, et qui n’a plus la vraie notion de la grandeur individuelle. […] Le génie du style, qui n’est qu’un danger de plus, ce génie d’Armide et d’Alcine, et de tous les sorciers et de toutes les fées, qu’on appelle le génie de l’expression, nous forcerait presque au rabâchage. […] C’est que l’abbé Dubois (comme on l’appelait avant qu’il fût prêtre) avait plus de politique véritable dans la tête que n’en eut jamais Saint-Simon.
Mérimée, le réaliste sans pitié, le narrateur au tragique froid, à la combinaison réfléchie, à la plume impassible, Mérimée, le Monsieur de Bois-sec de la littérature contemporaine, n’avait jamais été, au concept des amateurs du sentiment, ce qu’on appelle un sentimental. […] C’était une quinze-millième épreuve, plus ou moins effacée, de ce type, grandiose dans le frivole, qui s’appelle Célimène et qui parle, au théâtre, à travers le génie et la langue de Molière. […] Mérimée, ce chat de palais, n’avait aucune des grâces de cet autre chat, — le chat de Bergame qu’on appelle Arlequin. […] Coup de filet manqué d’une spéculation qui ne rapportera pas ce qu’on avait espéré à ceux qui l’ont faite, ces Lettres à Panizzi, si terriblement dommageables à la mémoire de Mérimée, se retourneront, après sa mort, contre le bonheur de toute sa vie, à cet homme heureux qui ne s’appela pas Prosper pour rien. […] Cynique dans l’intimité, lui, le Mérimée des Tuileries, qui affectait de la tenue dans le monde, — une tenue de correction presque anglaise, — se déboutonne, dans ces Lettres, jusqu’à une ignoble phrase dans laquelle il appelle coglioni (traduisez !)
Sur elle se concentre l’attention de l’artiste, ce que j’appellerais son intellectualité. […] Le point de rencontre de ces deux volontés est justement ce que nous appelons la matière. […] J’ai isolé du tout de la vie intérieure cette entité psychologique que j’appelle une sensation simple. […] Comment ne se seraient-ils pas placés dans ce que nous appelons la durée concrète ? […] Nous appelons vraie l’affirmation qui concorde avec la réalité.
C’est ce qui s’appellerait dessiner « par points ». […] Appelons B′, C′, D′ ces causes de profondeur croissante, situées derrière l’objet, et virtuellement données avec l’objet lui-même. […] Ainsi se déroulerait dans notre conscience, sous forme de sensations musculaires naissantes, ce que nous appellerons le schème moteur de la parole entendue. […] Les idées, disions-nous, les purs souvenirs, appelés du fond de la mémoire, se développent en souvenirs-images de plus en plus capables de s’insérer dans le schème moteur. […] Ne serait-ce pas quelque chose du même genre qui se passe dans cette affection que les auteurs allemands ont appelée dyslexie ?
Nous appelons 1 la sensation, 1 l’excitation correspondante. […] On les appelle facultés de conception. […] Le réalisme s’appelle alors spiritualisme. […] Ainsi réduit, le souvenir s’appelle réminiscence. […] C’est ce qu’on appelle le phénomène de reconnaissance.
Le critique, un docteur Joulin, que ses amis appellent un homme d’esprit, me dénonçait pour ce discours comme faisant honte à l’Académie française, comme ne sachant pas un mot de français, sinon à la réflexion et à tête reposée, comme ne pouvant écrire couramment deux lignes sans pataquès ; et il notait dans ce seul discours jusqu’à cinquante-trois fautes de langue et de goût. […] je suis appelé à parler sur la tombe d’un ami intime, j’écris ce discours le matin même de la cérémonie funèbre ; je le prononce devant des témoins amis et émus ; le Moniteur, où j’écrivais alors, insère le lendemain les paroles qui sont l’éloge du mort ; si d’autres feuilles, des journaux de médecine et de science les reproduisent, j’y suis totalement étranger et je n’ai eu nullement à m’en mêler : ces journaux n’ont vu dans mon Éloge funèbre que la mémoire du médecin, homme de bien, que j’y célébrais. […] Qu’il nous suffise de dire qu’un jour, pour courir là où l’appelaient son devoir et son cœur de citoyen, il força violemment la consigne du lycée et qu’il écarta de la main le proviseur. […] Ce n’est pas le docteur Joulin que j’appellerai de ce nom ; je me contenterai de dire : Voilà encore un grammairien (puisque grammairien il y a) qui n’est pas de l’École de Vaugelas.
Homère, nous n’en avons lu aucun qui ait eu pour nous un charme plus inattendu, plus naïf, plus émané de la pure nature, que le poète villageois de Maillane — Si nous étions riche, si nous étions ministre de l’instruction publique ou si nous étions seulement membre influent d’une de ces associations qui se donnent charitablement la mission de répandre ce qu’on appelle les bons livres dans les mansardes et dans les chaumières, nous ferions imprimer à six millions d’exemplaires le petit poème épique dont nous venons de donner une si brève et si imparfaite analyse et nous l’enverrions gratuitement, par une nuée de facteurs ruraux, à toutes les portes où il y a une mère de famille, un fils, un vieillard, un enfant capable d’épeler ce catéchisme de sentiment, de poésie et de vertu, que le paysan de Maillane vient de donner à la Provence, à la France et bientôt à l’Europe. […] De désespoir, cette fille, qui s’appelle Mirèio, va aux Saintes pour leur demander assistance, et elle meurt dans la chapelle même des Saintes des fatigues de son pèlerinage. […] De ces mêmes, qui louent l’heureux patoisant, quels cris si l’on proposait en compétition à ce Français qui écrit en provençal, un « Étranger » qui écrit en français : un grand poète appelé Verhaeren ? […] Georges Rodenbach Le Midi a appelé Mistral magnifiquement l’Empereur du Soleil.
jusqu’aux éditeurs, ces inaccessibles à l’illusion, qui ne prendraient pas, certes, un premier livre de vous, si vous vous appeliez simplement Tibère, Jacques ou Jean, fussiez-vous pétillant de génie ! et qui le prennent par l’unique, impertinente, mais souveraine raison, que vous êtes la progéniture de monsieur votre père, et que monsieur votre père s’appelle, par exemple, Théophile Gautier ou Alexandre Dumas. […] Mme Marie-Alexandre Dumas s’appelle, si je ne me trompe, Mme Peytel, mais elle a mieux aimé signer son livre de son nom de Dumas, et non pas de son nom de Dumas tout simplement, mais de son nom de Marie-Alexandre Dumas, pour qu’on n’en ignore, comme disent les huissiers. […] » Ce que ne dit pas une seule fois à sa maîtresse la femme de chambre de cette mondaine coupable qu’on appelle Mme Almaviva. — Dans ce livre d’Au lit de mort, que Mme Sand n’eût certainement pas écrit, je le reconnais, dans ce livre qui affecte l’accent chrétien, mais dans lequel la langue chrétienne est mal parlée ; où l’on sent l’âme troublée, l’idée fausse, l’esprit sans forte direction et sans guide, et cette religiosité corrompue par les sensibilités romanesques et morbides de ce temps, Mme Marie-Alexandre Dumas n’invente-t-elle pas un confesseur sans sacrement, sans fonction, sans autorité ; un confesseur qui n’est pas prêtre, un confesseur-femme, — elle-même !
Toutes les fois que l’auteur a besoin d’un personnage, il l’appelle du fond du néant, comme dans les contes de fées ou comme dans les contes de Voltaire, et le personnage obéit contre toute vraisemblance au signe de l’écrivain. […] La république, seule, était assez forte pour imprimer à la révolution cette halte après la victoire, qu’on appelle sang-froid, modération, droit de tous. Les révolutions qui n’ont pas de halte s’appellent anarchie, anarchie spoliatrice et sanguinaire. […] La servante était une fille appelée Toussaint que Jean Valjean avait sauvée de l’hôpital et de la misère et qui était vieille, provinciale et bègue, trois qualités qui avaient déterminé Jean Valjean à la prendre avec lui. […] « — Je m’appelle Marius, dit-il.
Ils sont différents comme l’homme et la femme, qui, séparés et unis pourtant, font ce prodigieux Androgyne que l’on appelle l’humanité. […] Elles sont précédées d’une biographie de Virgile que nous ne craignons pas d’appeler un chef-d’œuvre de difficulté vaincue, car ce portrait, fait ressemblant à la distance de tant de siècles, a été composé avec des nuances qu’on croyait à jamais évanouies. […] Le poète à la bouche saignante et au front bilieux de Joseph Delorme, l’auteur de ces intailles si fouillées qu’on appelle les Portraits littéraires, peuvent s’y révéler par des qualités inattendues, par des renouvellements de manière comme il a commencé de le faire aujourd’hui, Phénix éclos d’un autre phénix, sans que le premier soit en cendres ! […] C’était Mme de la Sablière qui appelait La Fontaine son fablier. […] Encore un écueil au critique pour ceux qui l’en croient un et l’appellent de ce nom.
Et ceci, comme on voit, c’est ce que j’ai appelé « les entrailles même du livre ». […] Désormais, on l’appellera Victus. […] Il y a un oiseau qui s’appelle l’engoulevent, qui vole le bec ouvert et avale le vent, symbole des badauds, et que Victor Hugo pourrait prendre pour ses armes. […] Le poète Hugo ne tint aucun compte des paroles de ce poète qui s’appelait l’Arioste. […] La Critique est-elle donc ennuyée à la fin d’entendre appeler depuis si longtemps Victor Hugo « le grand homme ?
Plus précisément, on peut appeler Valéry un homme d’essais. […] C’est cette part de terreau originel que des lecteurs appellent obscurité. […] On connaît le beau poème de Lamartine qui s’appelle Les Etoiles. […] C’est ce qui me permet d’appeler absolu une absence, d’en faire un non-être. […] Le langage ordinaire appelle univers la totalité supposée du monde sensible qui nous entoure.
En l’opposant à la perception présente, nous comprendrons déjà mieux la nature de ce que nous appelons le « souvenir pur ». […] Le propre du temps est de s’écouler ; le temps déjà écoulé est le passé, et nous appelons présent l’instant où il s’écoule. […] Il est trop évident qu’elle est en deçà et au-delà tout à la fois, et que ce que j’appelle « mon présent » empiète tout à la fois sur mon passé et sur mon avenir. […] Ce que j’appelle mon présent, c’est mon attitude vis-à-vis de l’avenir immédiat, c’est mon action imminente. […] Nous les laisserons de côté, pour n’envisager que les idées générales fondées sur ce que nous appelons la perception des ressemblances.
Édouard Schuré, « ce solitaire aux rêves grandioses », comme l’appelait récemment M. […] En face de ce que j’ai appelé la poétique statique, élevons ce que nous pourrions appeler une poétique dynamique, c’est-à-dire une poétique riche comme la vie elle-même, et, comme elle, inépuisable. […] Cette courtoise attaque appelle une réponse. […] Les vers eux-mêmes, et ce qu’on est convenu d’appeler les rythmes, ne sont que des dérivés du grand Rythme. […] On peut l’appeler encore la loi du Nombre.
d’Alembert ; de n’avoir pas mis ce Philosophe au dessus de Descartes & de Newton ; de n’avoir pas parlé des Problêmes qu’il a résolus, des Principes qu’il a trouvés, des Calculs qu’il a imaginés, ce qu’il appelle autant de découvertes, & les plus grandes qui aient été faites dans ce siecle. […] Pluche, qui, selon lui, n’étoit pas en état de comprendre une page de Locke ; M. l’Abbé Bergier, qu’il appelle un calomniateur, &c. le tout, parce que ceux-ci ont respecté ou défendu la Religion. […] Pour montrer combien il respecte la Magistrature, il dit du Parlement de Paris, que c’est un Corps d’assassins, & cite en toutes lettres deux de ses Membres les plus respectables & les plus vénérés du Public, comme les auteurs d’un jugement, qu’il appelle atroce.
Il se répandit jusque dans le style historique, comme on le remarque dans la collection appelée la Byzantine, et surtout dans les histoires de Procope. […] Mais les grands écrivains du siècle de Louis XIV, dégoûtés de ces peintures, où ils ne voyaient aucune vérité, les bannirent de leur prose et de leurs vers, et c’est un des caractères distinctifs de leurs ouvrages, qu’on n’y trouve presque aucune trace de ce que nous appelons poésie descriptive 63. […] …… Vous répandez les ténèbres, et la nuit est sur la terre : c’est alors que les bêtes des forêts marchent dans l’ombre ; que les rugissements des lionceaux appellent la proie, et demandent à Dieu la nourriture promise aux animaux.
La nature de son génie l’appelait-elle à l’accomplissement de cette tâche difficile ? […] L’image naît de la pensée, la pensée appelle l’image et n’est jamais appelée par elle. […] Voilà ce qui s’appelle faire un chemin rapide. […] Hugo ne craint pas d’appeler du nom de poème dramatique. […] Hugo monte nécessairement au rang de Dieu le père, et s’appelle : Jehovah.
C’est ce que l’on appelle les trente-quatre articles d’Issy. […] Écrivain, Fénelon est de ceux qu’il faut appeler uniques. […] Ximénès concourt pour les prix de poésie, on ne le couronne pas, il imprime pour en appeler au public. […] Les malheurs sont la sauce de cette vilaine viande qu’on appelle la vie : on en est environné. […] On le voit, c’est ce qui s’appelle finir par où l’on a commencé.
Ce lieu s’appelle Athènes. […] Il faudrait l’appeler une souffrance qui cesse. […] Je ne sais pas si l’on pourrait l’appeler une faculté. […] Qu’est-ce qu’on peut appeler et qu’est-ce qu’on doit appeler le plus mauvais gouvernement du monde ? […] Et c’est là ce que vous appelez une force ?
Karr pratique admirablement ce qu’ici on appelle la banque. […] Son profil est de ceux que les Français appellent bourboniens. […] Il fut convenu que je m’appellerais désormais… Ah ! […] Dans une sorte de livre appelé une Fée de Salon, M. […] Il a ici une bonne réputation littéraire ; c’est ce que les Français appellent un patriote.
Barrot ne s’appelait pas Pétion en 1789 : il s’appelait Sylvain Bailly. […] Il avait toujours été ce qu’on appelle « une plume de guerre », et une plume qui valait épée et qui se continuait très bien en épée quand il le fallait. […] Granier de Cassagnac pourrait s’appeler de ce nom-là. […] La haine des partis, qui se bouche les yeux pour ne pas voir et les oreilles pour ne pas entendre, l’a-t-elle assez appelé le Bravo de tous les pouvoirs ? […] … Est-ce que les républicains n’oseraient pas appeler leurs Républiques « des Pouvoirs » ?
Elle sera réaction, si l’autre s’est appelée action. […] Nous savons qu’une frénésie appelle la frénésie antagoniste. […] Que le mysticisme appelle l’ascétisme, cela n’est pas douteux. […] En d’autres termes, la mystique appelle la mécanique. […] Ne nous bornons donc pas à dire, comme nous le faisions plus haut, que la mystique appelle la mécanique.
La journée du 2 juin, qu’on appelle encore le 31 mai, parce que la lutte dura trois jours, fut le 10 août de la Gironde. […] Le prêtre placé à côté d’elle sur la banquette s’efforçait d’appeler son attention par des paroles qu’elle semblait repousser de son oreille. […] Il appela de son nom tous les scandales et toutes les trahisons des cours. […] Appelée par ce peuple pour occuper un trône, ce peuple ne lui donne pas même un tombeau ; car nous lisons sur le registre des inhumations banales de la Madeleine : Pour la bière de la veuve Capet, sept francs. […] Il les appelait comme s’il eût été seul.
Gaston Stiegler, rédacteur à l’Écho de Paris, la moitié de ce mystère : « … L’amant ne s’appelait pas Marc, ni Marcel, mais Henri. […] Petite remarque, non tout à fait insignifiante, je crois : — La seconde fille de Marceline, née en 1821, qu’on appelait Ondine et que Sainte-Beuve dut épouser, s’appelait en réalité Hyacinthe. […] Or, on ne l’appelait jamais que Marceline. […] Elle s’en va avec sa mère à la Guadeloupe, où les appelle un cousin riche. […] Marceline les pare de toutes les vertus, les appelle ses anges, idéalise avec une imperturbable naïveté ce qu’elles lui laissent savoir des aventures de leurs sens.
On l’appellera désormais « l’homme à la boîte » en littérature, et ce sera une distinction. […] Il l’a appelé Moreau, et je m’en étonne. […] Il devait l’appeler quelque chose comme Citrouillard, par exemple ; car il y a de la citrouille dans ce monsieur. […] De quel autre nom appeler un homme qui n’a ni libre-arbitre ni volonté, et qui se laisse manger par toutes les chenilles de la création ? […] Il fut dans la littérature ce qu’au collège nous appelions « un piocheur ».
Appelé pour la première fois, Messieurs, et par un honneur que je ressens comme je le dois, à rendre compte des motifs et des choix de l’Académie, on me permettra de dire mon impression la plus sincère : c’est que jamais, devant aucun tribunal, examen ne s’est fait avec plus de scrupule et de conscience, que celui des dossiers qui chaque année nous sont soumis. […] En peu d’années, la première impulsion était devenue une habitude, une direction constante, une nécessité : nous cherchons bien des noms à ce que les chrétiens appellent d’un mot abrégé, une grâce. […] Scheffer étonné appela dans son atelier l'enfant qui marquait ces heureuses dispositions, lui dit de revenir tous les jours et en fit un peintre de mérite, qui tient aussi de la bonté de sa mère. […] L’établissement de Blamont, cédé et abandonné par lui aux religieuses appelées filles de la Retraite chrétienne, aux conditions, est-il besoin de le dire ? […] Et moi-même, si j’osais me citer en exemple, avant que la bonté toute particulière de l’Empereur voulût bien m’appeler à l’honneur de siéger parmi vous, qu’étais-je ?
Messieurs, quand j’ai eu l’honneur d’être appelé à siéger dans cette enceinte par un effet de la bonté toute particulière de l’Empereur, je m’étais dit que je n’aurais guère qu’à profiter et à m’instruire en écoutant sur tant de questions dont la pratique et l’étude me sont étrangères les hommes les plus expérimentés, les esprits les plus mûris, et qui occupent le sommet dans toutes les branches de l’administration et dans tous les ordres de l’État. […] Nicole un jour, écrivant au nom de Port-Royal, appela tous les romanciers et les auteurs de théâtres des empoisonneurs publics. […] Un homme, qu’après cette parole proférée, puis consignée au Moniteur, je ne crois point devoir appeler mon collègue, s’est oublié au point de dire en m’apostrophant : « Ce n’est pas pour cela que vous êtes ici. » (Oui, monsieur Lacaze, vous avez dit et vous n’avez pas rétracté cette parole que, par respect pour le lieu où nous sommes, je me contenterai d’appeler peu séante.) […] Vous me demandez de désigner deux amis pour régler de concert avec vous et une autre personne ce que vous voulez bien appeler « cette pénible affaire. » Permettez que j’y mette, selon mon habitude, un peu de réflexion et de lenteur. […] Quant à la préoccupation de trouver des docteurs des armes, permettez-moi de vous dire que vous paraissez vous méprendre sur le rôle réservé à vos témoins, appelés comme nous à examiner avant tout avec calme et impartialité la valeur des griefs qui ont donné lieu à cet échange de correspondance.
Il y eut le parti de Calvin, lequel souscrivit à la confession qu’il dressa, et le parti des anciennes mœurs, ou des libertins, comme on les appelait, qui n’en voulut pas même entendre la lecture. […] De Strasbourg et de Ratisbonne, où sa réputation l’avait fait appeler par la diète, il épiait le moment de rentrer à Genève. […] On appelait Faret, par dérision du nom de Farel, une sorte de poisson très-commun, dont on mangeait la chair coriace au milieu des rires. […] Les libertins, qui s’étaient qualifiés de chiens de Calvin et qui l’avaient appelé lui-même Caïn, reprirent jusqu’à trois fois le dessus, mais sans pouvoir se maintenir. […] Westphale, luthérien l’avait appelé déclamateur.
Dans cette espèce d’apologétique de la Providence, où Bernardin de Saint-Pierre combat les objections des incrédules de son temps, un grand nombre de ses preuves pourraient, dans une cause moins bonne, s’appeler des sophismes. […] Un bocage s’appelle la Concorde, un autre les Pleurs essuyés. […] Dans cette compétition violente, qu’on appelle la vie politique, où il s’agit avant tout de n’être pas battu et d’avoir le dernier applaudissement, fût-ce celui d’une émeute, il perdit de ses grandes qualités sans acquérir celles de ses rivaux. […] Elles s’appellent les mauvaises joies de l’âme, mal a gaudia mentis. […] Il s’appelait elle-même le Bertrand dans cette besogne où Voltaire était le Raton.
Vous êtes presque le seul dépositaire de mes pensées les plus secrètes ; au nom du ciel, montrez-moi de indulgence, et consentez encore à m’appeler votre frère. […] Croiriez-vous que j’ai envié votre sort, et que j’appelais de mes vœux une cause quelconque qui retardât pour moi mon entrée dans le tourbillon de la vie active, en prolongeant l’assoupissement de la vie domestique si calme, si insoucieuse. […] J’enviais le sort des simples qui naissent, vivent et meurent sans bruit et sans pensée, suivant bonnement le courant qui les entraîne, adorant un Dieu qu’ils appellent leur Père. […] Et puis il faudrait pour y arriver faire des années de ce que j’appelle littérature écolière, vers latins, discours de rhétorique, etc. jugez quel supplice ! […] Mon ami, concevoir certaines choses, c’est être appelé à les réaliser.
Daru fut donc arrêté comme suspect, jeté dans la prison de Rennes, qu’on appelle la Tour-le-Bat, puis, de là, malgré l’intervention amicale et courageuse de M. […] En l’an IV (1796), son ami Petiet étant ministre de la Guerre, Daru fut appelé par lui comme chef de division. […] Il faisait aussi, du pays et des montagnes, en vers descriptifs, un tableau qu’il appelait un peu ambitieusement Poème des Alpes. […] À cette heure, d’autres destinées appelaient déjà Daru et l’arrachaient pour un long temps à cette habitude littéraire et académique qui lui plaisait avant tout et qu’il était si fait pour goûter. […] vous êtes empereur (On appelait ainsi les premiers de la classe dans l’ancienne Université) ; pour moi, je n’ai jamais été que le trente-sixième. » Mais peut-être qu’il se vantait en parlant de la sorte.
Le président tout court, c’est ainsi qu’on appela le président hénault après que Montesquieu fut mort. « J’ai soupé hier chez le président […] Le sujet est une passion pour une vestale, et l’auteur, qui appelle cette pièce un accident de l’amour, avait dû y peindre quelque ardeur réelle qu’il éprouvait alors, et à travers peut-être une grille de couvent. […] Tous les gens du métier savent que le livre intitulé Bolaeana a été écrit par de Losme de Monchesnay ; à la page 3 des Mémoires, ce Monchesnay s’appelle Moncheux. Que le janséniste Fouillou y soit appelé Fouillon (p. 42) ; que le cardinal de Bonzi y soit appelé Bouzi (p. 48) ; que M. d’Ormesson, le célèbre rapporteur dans le procès de Fouquet, y soit changé en Darmesson (p. 272) ; qu’on lise, à côté du nom de Choiseul, Stainville pour Slainville (p. 214) ; que M. […] Le président Hénault, qui se répète assez souvent, recommence à un autre endroit cette histoire de M. de Séchelles : à ce second endroit, le nom est bien lu (p. 239), il s’agit bien de M. de Séchelles, mais en revanche le nom de M. de Machault devient sujet à bévue, et M. de Séchelles y est présenté comme ayant succédé à un contrôleur général qu’on appelle M. de Marchand.
Vos études sur les corpuscules organisés qui existent dans l’atmosphère servent de point de départ à tout un ordre de recherches, où vos disciples sont des maîtres qui s’appellent Lister, Tyndall. […] La méthode scientifique, en cet ordre, est ce qu’on appelle la critique. […] Les problèmes moraux exigent ce qu’on peut appeler la critique générale. […] Il a l’air de redouter son succès ; il se repent presque ; je dis mal ; non, il ne se repent pas ; mais il devient le sage accompli ; il se fait le conseiller, le modérateur de ses compagnons de lutte, si bien que les esprits superficiels cessèrent de le comprendre, et peu s’en fallut qu’il ne fût aussi appelé traître à son jour. […] Il ne se faisait à cet égard aucune illusion ; un an avant sa mort, il appelle encore le catholicisme « l’adversaire naturel de toutes les libertés » ; mais, tolérant pour les intolérants, il réclamait l’application abstraite des principes.
Appelé un peu inopinément à l’honneur de venir ici entretenir nos lecteurs d’un homme de guerre aussi éminent, je dirai par quelle succession d’impressions j’ai passé moi-même à son égard. […] Du milieu de sa vie de campagne, il appartenait au groupe de ceux qu’on appellera bientôt les patriotes de 89, voulant la liberté avant les excès, aimant la monarchie sans la faveur qui la corrompt. […] Un Français, un Allemand et un Anglais seront toujours très inférieurs sous ce rapport, toutes choses égales d’ailleurs en facultés, à un Corse, un Albanais ou un Grec ; et il est bien permis de faire entrer encore en ligne de compte l’imagination, l’esprit vif et la finesse innée qui appartiennent comme de droit aux méridionaux, que j’appellerai les enfants du soleil. […] Appelé en avril 1811 au commandement de l’armée de Portugal, Marmont entra dès lors dans cette carrière de lutte, de succès chèrement achetés, et de revers, qui occupe les dernières années de l’Empire. […] C’est ce qu’on appelle la bataille de Salamanque ou des Arapiles, qui acheva de désorganiser notre défense en Espagne.
Les horizons qu’il appelle prochains et qu’il entr’ouvre, sont, lointains, plutôt pour nos yeux et nos âmes, car ce sont les environs du Ciel. […] C’est la voix de cette autre femme qu’on appelle Michelet. […] Ardente à Dieu, presque mystique, la femme des Horizons prochains n’en est pas moins de cet esprit aérien, mouvementé, épanoui, que le monde adore et qu’il appelle l’esprit du diable, — qu’il a tort de nommer ainsi, mais qu’il a raison d’adorer. […] L’Église a laissé faire au Dante son rêve immense et elle a souffert dans son sein ces autres poëtes, appelés mystiques, qui souvent ont été des Saints, et qui, eux aussi, ont cherché à percer le ciel de leur regard et à voir ce qu’il y avait derrière cette éternité éblouissante ! […] L’âme d’une femme, inférieure à la sienne par ce qu’on appelle le génie, peut bien avoir sur l’âme du Dante la supériorité de la douleur et de l’amour.
Ici, ne jouons pas sur les mots : au xviie siècle, on appelait philosophie la physique et l’astronomie, tout autant que les spéculations sur les idées ou sur l’âme. […] Mûtnet a appelé un vrai séminaire laïque ; toutefois il est évident que, s’ils avaient été par tempérament un peu moins Grecs et plus Romains, s’ils s’étaient moins préoccupés du problème de la destinée humaine et un peu plus du salut immédiat de la patrie, au lieu d’entrer en ce séminaire qui les exemptait de porter les armes, ils auraient volé à la frontière et eussent fait la campagne de 1814. […] Mais tout cela, d’abord, ne vint pas à la fois ni tout d’un coup ; ceux qui vivaient alors et qui parlent si bien aujourd’hui étaient les premiers à se plaindre des années mauvaises, des mauvais jours, comme on les appelait, du pouvoir oppresseur, et ne se cachaient pas de l’espoir qu’ils avaient d’en être délivrés. […] et ne savaient pas que vous, le justificateur sentencieux du fait, vous seriez un jour un partisan si zélé et si tendre de ce que vous appelez le droit. […] Royer-Collard, l’appelait son maître ; celui-ci l’interrompit sévèrement sur ce mot, en lui disant : « Monsieur, il y a longtemps que je l’ai été !
Féli (comme on l’appelait dans l’intimité) ; et il avait près de lui, d’habitude, quatre ou cinq jeunes gens qui, dans cette vie de campagne, poursuivaient leurs études avec zèle, selon un esprit de piété, de recueillement et d’honnête liberté. […] Tantôt et souvent il avait ce que Buffon, parlant des animaux de proie, a appelé une âme de colère ; tantôt et non moins souvent il avait une douceur, une tendresse à ravir les petits enfants, une âme tout à fait charmante ; et il passait de l’une à l’autre en un instant. […] Quoique voué de cœur à la Bretagne qu’il appelle la bonne contrée, l’enfant du Midi se réveille parfois en Guérin ; Mignon se ressouvient du ciel bleu et du pays où les oliviers fleurissent. […] Brizeux a la science du vers, et s’il fait trop peu courir sa source, si, pour de bonnes raisons, il ne la déchaîne jamais, s’il n’a jamais ce que le généreux poète Lucrèce appelle le « magnum immissis certamen habenis », la charge à fond et à bride abattue, du moins il ramène toujours les plis de sa ceinture, il a des manières habiles et charmantes de l’agrafer. […] Que l’on se figure, à La Chênaie, qui s’appelait encore une maison sainte, le jour de Pâques de cette année 1833, le 7 avril, une matinée radieuse, et ce qui s’y passait une dernière fois de touchant.
Guizot, « espérait peu en entreprenant beaucoup. » Ce sauveur de la société, comme on l’appelait dans le parti de l’ordre, était obsédé lui-même d’une idée sinistre et funèbre. […] Il a gardé pourtant de sa secte originelle (je parle du temps où il était au pouvoir et avant la mode des fusions) quelque chose de très marqué : c’est la faculté ou la disposition que j’appellerai exclusive. […] C’est assez parler de l’homme d’État, lequel d’ailleurs n’est pas au bout de ses récits : l’orateur politique nous appelle. […] Pascal avait bien raison d’appeler l’éloquence une puissance trompeuse : comment croire qu’on n’a pas affaire au plus capable, quand on a affaire à ce point au mieux disant ? […] Il en a bien appelé depuis de ce jugement.
I Jusqu’ici, nous avons considéré nos événements, sans nous occuper de l’être auquel ils appartiennent et que chacun de nous appelle soi-même. […] Rien de plus. — Par malheur, de cette particularité qui est un rapport, nous faisons, par une fiction de l’esprit, une substance ; nous l’appelons d’un nom substantif, force ou pouvoir ; nous lui attribuons des qualités ; nous disons qu’elle est plus ou moins grande ; nous l’employons dans les discours comme un sujet ; nous oublions que son être est tout verbal, qu’elle le tient de nous, qu’elle l’a reçu par emprunt, provisoirement, pour la commodité du discours, et qu’en soi il n’est rien, puisqu’il n’est qu’un rapport. […] Corps chimique, atome matériel, moi, ce qu’on appelle un ; être, c’est toujours une série distincte d’événements ; ce qui constitue les forces d’un être, c’est la propriété pour tel ou tel événement de sa série d’être suivi constamment par tel événement de sa série ou d’une autre série ; ce qui constitue la substance d’un être, c’est la permanence de cette propriété et des autres analogues. […] Car il ne s’agit plus de savoir comment une substance inétendue, appelée âme, peut résider dans une substance étendue, appelée corps, ni comment deux êtres de nature aussi différente peuvent avoir commerce entre eux ; ces questions scolastiques tombent avec les entités scolastiques qui les suggèrent. Nous n’avons plus devant les yeux qu’une série d’événements appelée moi, liée à d’autres qui sont sa condition.
Cousin écrivain Nous voici arrivés devant les deux écrivains considérables, qui, à juste titre, sont appelés chez nous sinon les pères, du moins les représentants de la philosophie contemporaine, M. […] On appelle conscience la connaissance que nous avons de nos sensations, idées, jugements, peines, plaisirs, résolutions, et autres opérations ou événements intérieurs. […] On appelle raison la connaissance des vérités universelles et nécessaires, par exemple : toute qualité suppose une substance ; tout événement suppose une cause. […] J’appelle cette nécessité subjective, entendant par là qu’elle a pour cause la construction de notre esprit ; j’entends par subjectivité une nécessité de croire provenant, non de la nature des choses, mais de la nature de notre pensée ; et, selon moi, cette nécessité doit nous faire douter des axiomes. » M. […] Cet amour passionné de la démonstration pure qui fait le philosophe, ce scrupule inquiet sur le sens des mots, ces habitudes algébriques, ce retour incessant sur soi-même, ce doute inné qui l’empêche de se faire illusion et le porte à mesurer perpétuellement le degré de probabilité de ce que les autres appellent certitude, ce mépris du sens commun, cette haine pour les arguments du cœur, cette foi absolue en l’observation et en la preuve, ce besoin éternel de vérifications nouvelles, voilà les qualités qui seraient des défauts dans un orateur.
Les anciens Perses dans leur mythologie appellent l’Esprit du mal Celui qui dit toujours non ; eh bien ! […] La reine saisit donc le livre à temps, quoique déjà sous la couverture ; elle en lut au hasard quelques lignes qui la firent bien sourire, et, ayant appelé mademoiselle de Sparre, noble et belle fille de sa suite, et sa favorite la plus chère, elle lui marqua du doigt certains passages, qu’elle lui ordonna de lire tout haut, malgré les fréquents arrêts, la rougeur et la honte de cette jeune personne, et aux grands éclats de rire de tous les assistants. — Qui nous raconte cela, s’il vous plaît, sur ce ton de badinage ? […] « Son vice, comme tous les miens, dit l’auteur des Mémoires, doit aujourd’hui être mort de vieillesse. » Élevé d’abord chez sa grand-mère maternelle, qui s’appelait Marzia, soumis par elle, dans une maladie qu’il fit, à toutes les superstitions populaires et aux pratiques occultes de la magie, il y prit, sans trop y croire, un avant-goût de cette disposition à la cabale et aux enchantements, qui fut quelquefois une de ses ressources en ce siècle de Cagliostro. […] Ces scrupules s’en vont tout à fait dans l’intrigue avec Nanette et Marton, deux sœurs qu’il appelle ses anges, et qui réalisent au-delà de ce qu’on peut croire, la bonne intelligence des deux épouses chinoises aux bras du même mari. […] De toutes les beautés dont Casanova nous entretient dans ces premiers volumes, celle qui est reine évidemment, celle qui lui a laissé la plus profonde empreinte, et pour laquelle il démentirait le plus volontiers sa définition un peu outrageuse de l’amour que, ce n’est qu’une curiosité plus ou moins vive, jointe au penchant que la nature a mis en nous de veiller à la conservation de l’espèce ; cette femme mystérieuse, appelée Henriette, qu’il rencontre la première fois en habit d’officier, et qui se trouve être une noble personne française, ne diffère pas notablement, par le caractère, de dona Lucrezia, ni de tous ces cœurs d’amantes voluptueux, passionnés, non jaloux et capables de séparation.
Il ne faut rien exclure ; mais on doit convenir que les livres philosophiques qui n’en appellent jamais ni au sentiment, ni à l’imagination, servent d’une manière beaucoup moins utile à la propagation des idées, et que les ouvrages de littérature qui ne sont point remplis d’idées philosophiques, ou de cette mélancolie sensible qui retrace les grandes pensées, captivent tous les jours moins le suffrage des hommes éclairés. […] Toutes les fois que les paroles sont appelées en témoignage, on ne peut dénaturer dans le langage le caractère de vérité que la nature y a gravé ; ce n’est plus un art mensonger, c’est un signe irrécusable ; et ce qu’on éprouve échappe, de mille manières, dans ce qu’on dit. […] J’oserai dire que mon père est le premier, et jusqu’à présent le plus parfait modèle de l’art d’écrire, pour les hommes publics, de ce talent d’en appeler à l’opinion, de s’aider de son secours pour soutenir le gouvernement, de ranimer dans le cœur des hommes les principes de la morale, puissance dont les magistrats doivent se regarder comme les représentai, puissance qui leur donne seule le droit de demander à la nation des sacrifices. […] Les gouvernements libres sont appelés sans cesse, par la forme même de leurs institutions, à développer et à commenter les motifs de leurs résolutions. […] Tels sont les principaux secours que l’autorité politique peut retirer de l’art de parler aux hommes ; tels sont les avantages qu’assure à l’ordre, à la morale, à l’esprit public, le style mesuré, solennel et quelquefois touchant des hommes qui sont appelés à gouverner l’état.
La littérature et le milieu psycho-physiologique Par milieu psycho-physiologique nous avons désigné les aptitudes qu’un homme apporte en venant au monde, les germes de qualités et de défauts qui existent en lui à sa naissance, cette combinaison particulière d’éléments qu’on appelle souvent du mot vague de tempérament. […] Il y a presque toujours dans une période ce que j’appellerai un tempérament régnant, et ceux qui en sont doués sont par là même prédestinés à représenter la tendance maîtresse de leur temps, à devenir les grands hommes du moment. […] Voltaire l’appelait Pantophile, et, en effet, il s’éprend de tout, admire tout, s’attendrit sur tout. […] Mirabeau, « Monsieur de l’Ouragan », comme on l’appelait dans sa famille, nous montrerait la passion fougueuse, effrénée, indomptable, arrivant enfin à l’action, qui en est l’aboutissant et l’assouvissement naturel. […] Michelet l’appelle « un basset à jambes torses ».
Avant de chercher quelle est la méthode qui convient à l’étude des faits sociaux, il importe de savoir quels sont les faits que l’on appelle ainsi. […] Mais, à ce compte, il n’y a, pour ainsi dire, pas d’événements humains qui ne puissent être appelés sociaux. […] C’est ce qu’on appelle les courants sociaux. […] Si l’on s’est contenté de ce caractère pour les définir, c’est qu’on les a confondus, à tort, avec ce qu’on pourrait appeler leurs incarnations individuelles. […] Elles tiennent à la fois aux deux règnes ; on pourrait les appeler socio-psychiques.
Pour le philosophe, au contraire, tous ces groupements particuliers, que l’on appelle les tribus, les cités, les nations, ne sont que des combinaisons contingentes et provisoires sans réalité propre. […] D’autre part, comme ils sont d’ordre morphologique, on pourrait appeler Morphologie sociale la partie de la sociologie qui a pour tâche de constituer et de classer les types sociaux. […] Quand la horde devient ainsi un segment social au lieu d’être la société tout entière, elle change de nom, elle s’appelle le clan ; mais elle garde les mêmes traits constitutifs. […] On trouve des exemples de ces sociétés que l’on pourrait appeler polysegmentaires simples dans certaines tribus iroquoises et australiennes. […] Je l’appelle ainsi, parce qu’il a été fréquent chez les historiens, mais je ne veux pas dire qu’il se retrouve chez tous.
Mystérieuse et impénétrable puissance, protégée par son climat et aussi par deux Génies au doigt sur la bouche, comme le Silence antique, — le Génie de la police et celui de la diplomatie, — la mystique et schismatique Russie, que Ballanche appellerait l’Isis des peuples, et dont le glaive va lever le voile, est plus grande encore par l’opinion qu’on a d’elle que par tout ce qui fait en réalité les forces vives et cohérentes d’un pays. […] Car une statistique incertaine et des documents à la portée de tout le monde ne constituent pas cette rude tâche d’investigation, de comparaison et de critique, qu’on appelle l’histoire d’un pays. […] Beaumont-Vassy nous a raconté les faits politiques qui se sont produits en Russie, ou sous l’action de son cabinet en Europe, depuis trente-neuf ans7 ; mais le premier journaliste venu en sait autant sur tous ces faits vus par l’écorce que Beaumont-Yassy lui-même, et vraiment était-ce bien la peine d’intituler fastueusement son ouvrage : De l’Empire russe depuis le Congrès de Vienne, si ce livre qu’on appelle ainsi n’a pas plus de profondeur et de consistance que la Gazette de Leipzig ou le Journal de Francfort ? […] Croit-il l’avoir renouvelé parce qu’il lui a fait porter l’uniforme, et, lui que les Russes, dit on, dans leur éternelle manie d’Européens, appellent leur Balzac, a-t-il donc vu dans cet illustre modèle, dont on incline le nom jusqu’à lui, que jeter un costume étranger sur un type équivaille à en créer un ? […] Pierre le Grand, Catherine II la Grande, et qu’on a appelée le Grand, comme si ce n’était pas assez que la Grande, sont de ces gloires qui diminuent beaucoup à l’examen.
Seulement, nous disons qu’entre la peine du cœur et l’œuvre de l’esprit il y a d’ordinaire, pour les âmes véritablement passionnées, le travail du temps, l’apaisement nerveux, le calme revenu dans l’intelligence, tandis que pour Goethe, cette grande victime, comme l’appelle un de ses éloquents admirateurs, M. […] Ce n’est pas ce que j’ai appelé souvent, avec un dédain mérité, une de ces paraphrases que nous donnent perpétuellement sur de grands esprits et leurs chefs-d’œuvre, à la gloire desquels ils n’ajoutent pas un iota, ces critiques secs et sans idées qu’on pourrait appeler les Scholiastes de la médiocrité. […] Son livre a un sens plus profond qu’on ne croit quand on l’appelle simplement par son titre : LES FEMMES DE GOETHE, par Paul de Saint Victor. […] Qu’il l’appelle Marguerite ou Glaire, Dorothée ou Ottilie, Lily ou Charlotte, c’est elle toujours, la femme allemande, avec la différence que mettent seulement en elle l’âge et l’embonpoint.
Combien de jeunes gens l’ont appelé dans leurs désastres ! […] D’abord celui-là ne s’appelle ni M. […] Fleurant, celui-là s’appelle, devinez ? Il s’appelle : M. […] Peu s’en fallut qu’elle ne s’appelât S.
Les vieux médecins l’appelaient natura medicatrix. […] Le Génie du Christianisme domine ce mouvement improprement appelé de 1830. […] Il s’appelait lui-même un docteur ès Sciences sociales. […] Ce sont deux actes de foi qui se ressemblent, qui s’appelaient l’un et l’autre. […] Cabanès a si justement appelé la névrose révolutionnaire.
Cette vérité est bonne à rappeler dans un temps où les vocations littéraires ont été considérées comme superflues, et où tout le monde au besoin se croit appelé au métier. […] La masse (y compris les gens appelés spirituels et distingués) vit dans un certain milieu d’idées résultant de l’organisation et de l’éducation. […] Il me semble voir, parmi la race nageante des poissons, cette espèce particulière qu’on appelle poissons volants, et qui ne sortent un moment du milieu commun que pour aussitôt y retomber. […] Je ne me crois appelé à aucune grande vocation d’utilité, et la chimère du bien public ne me soutient pas.
Cette retraite s’appelle les Loges. […] C’est en vain qu’elle tendra les mains au ciel et qu’elle appellera sa mère ; le ciel ni sa mère ne l’entendront plus ; ses cris seront perdus dans la forêt ; personne ne viendra qui la délivre du satyre ; et quand le satyre l’aura surprise une fois aux environs de sa demeure, elle y retournera pour être surprise encore. Si le hasard conduit encore les pas du satyre vers elle, elle s’enfuira comme auparavant, mais plus lentement, et peut-être retournera-t-elle la tête en fuyant ; et quand le satyre l’atteindra, elle ne l’égratignera plus ; elle dira qu’elle va crier, mais elle ne criera plus ; elle n’appellera plus sa mère. […] Voilà, mon ami, ce qu’on appelle une idylle que je vous fais, tandis que le satyre, l’oreille dressée, se réjouit à dire des contes aux femmes, etc.
Si nous voulons donner un nom à cette première et nombreuse famille de critiques grands théoriciens et bons logiciens, nous l’appellerons tout naturellement l’école dogmatique. […] Si vous dites, pour citer une théorie qui jouit aujourd’hui d’une faveur incroyable, non seulement parmi les pauvres sols tout éplorés qu’Alfred de Musset traîne à ses talons, mais auprès des esprits les plus graves de notre époque, si vous dites que le vrai poète doit être une espèce de don Juan fatal, victime prédestinée de cet insatiable besoin d’aimer qu’on appelle le génie, et semblable au pélican qui donne à ses petits son propre cœur en pâture, s’il vous plaît de répéter cette déclamation, nous vous laisserons faire, et, quand vous aurez fini, nous vous rappellerons simplement l’admirable possession de soi d’un Cervantes et surtout d’un Shakespeare, qui dans la force de l’âge et du talent, cesse tout à coup d’écrire et se met à cultiver son jardin, comme Candide, après avoir eu la tête traversée par un effroyable torrent d’idées et d’images, dont quelques flots auraient suffi pour faire perdre l’équilibre à la plus ferme de nos cervelles. […] Si nous voulons donner un nom à cette deuxième et petite famille de critiques moins occupés de ce qu’ils croient que de ce qu’ils ne croient pas, nous l’appellerons sans difficulté l’école critique proprement dite. […] Tout le monde lui a déjà donné son vrai nom et l’appelle l’école historique.
Ça s’appelle Joujou et c’est un démarquage d’un bien médiocre roman, L’amour infirme de Hugues Le Roux. […] Parmi ces braves gens toujours prêts à nous offrir l’article d’actualité, question du jour ou portrait du grand homme qu’on fête, Jules est certainement un des plus lestes, un de ceux aussi dont la voix éraillée appelle le plus efficacement nos seigneurs les Bourgeois. […] Pourtant la maison est inscrite parmi les quarante plus considérables de la place de Paris et le patron siège comme un autre au tribunal de commerce littéraire que nous appelons Académie française. […] Voici un volume, par exemple, qui s’appelle Victor Hugo, souvenirs intimes.
« Examinons, disions-nous encore, ce que c’est que l’homme ; oublions que nous sommes nous-même une de ces misérables et sublimes créatures appelées de ce triste et beau nom dans la création universelle ; échappons, par un élan prodigieusement élastique de notre âme immatérielle et infinie, à ce petit réseau de matière organisée de chair, d’os, de muscles, de nerfs, dans lequel cette âme est mystérieusement emprisonnée ; supposons que nous sommes une pure et toute-puissante intelligence capable d’embrasser et de comprendre l’univers, et demandons-nous : Qu’est-ce que l’homme ? » L’homme est une petite pincée de poussière organisée, poussière empruntée pour quelques jours à ce petit globule de matière flottante dans l’espace, appelé par nous la terre. […] Cependant l’incalculable petitesse et la prodigieuse insignifiance numérique de cet atome, comparé à l’immensité de l’espace et au nombre des mondes qui le peuplent, devrait donner quelque mépris aux hommes et aux peuples qui s’acharnent à s’en disputer des surfaces inaperçues, ou à se créer sur ce néant d’espace et de temps ce qu’ils appellent des mémoires éternelles. […] VIII Pour quiconque lit attentivement les chefs-d’œuvre littéraires des époques que nous appelons la naissance des lettres, il est évident que ces chefs-d’œuvre ou ces fragments de chefs-d’œuvre que nous croyons des commencements, n’étaient que des continuations ou des renaissances de littératures dont les monuments ne nous sont pas parvenus.
Les livres par fragments, ce qu’on appelle les miscellanées, n’ont jamais l’air de livres. […] Supposez Voltaire honnête homme et serviteur d’une cause de vérité, il aurait pu rire dans l’histoire de ce rire que j’appelle bienfaisant, — oui ! […] Et ces esprits-là font des merveilles et rendent les plus grands services à la vérité quand ils viennent, le lendemain des amphigouris dans l’histoire, des impostures solennelles, des admirations déplacées, enfin du grossissement de toute chose par cette insupportable badaude que l’on appelle la gravité, mais qui, au fond, n’est que la niaiserie sans la primesautière naïveté de ce pauvre Jocrisse, que tous les jours nous apprenons à regretter. […] « Ce beau et insolent Léandre » (comme l’appelle spirituellement Vitu), qui toucha à la hache révolutionnaire avec une intrépidité aussi méprisante que Charles Ier lui-même, qui la cinglait du bout de sa canne, avait un sens politique très sûr dans sa tête téméraire.
Il m’était resté dans la tête, après tout le bruit qu’il a fait, que Cormenin, qui s’était appelé lui-même Timon et que l’opinion avait accepté sous ce nom farouche, était un pamphlétaire redoutable, dont les griffes ne se détachaient pas quand elles s’étaient enfoncées quelque part. […] Et rien de tout cela, cependant, ce qui s’appelle rien ! […] Esprit petit, vif, mais étroit, antithétique et pointu, qui passe sa vie à faire des oppositions et des parallèles, cette vieille rubrique des orateurs vides du xviiie siècle, ce n’est toujours que l’homme du contentieux, comme on l’avait appelé spirituellement sous Louis-Philippe, et il a, comme écrivain, — je ne m’en doutais pas, je l’avoue, — l’imagination la plus commune, la plus faite à coups de mémoire et de livres. […] Que diriez-vous de cette vulgarité d’imagination, de cette vulgarité feuillue qu’on pourrait appeler la rose aux mille feuilles de la vulgarité ?
Né dans la province de Tarragone vers l’an 348 de notre ère, tour-à-tour avocat, juge, préfet, puis appelé par ses talents à Rome et à la cour de Théodose, Prudence, dans sa vie toute laïque, ne pouvait atteindre à l’autorité et à la gloire des grands évêques dont s’honorait alors l’Église. […] « Cette heure, utile à tous, appelle chacun à faire ce qu’il sait, le soldat, le magistrat, le nautonier, l’artisan, le laboureur. […] alors que, triomphant de la mort, tu appelles à ta suite le larron associé à ta croix. […] Les matelots chanteront l’antienne accoutumée, en vers modulés comme des hymnes ; et, par leurs pieux accents, ils appelleront des souffles favorables.
Longchamp et Wagnière mêlant leurs impertinentes affaires à celles de leur maître, l’un regrettant les bals, la bonne chère, et ce qu’il appelle l’aurore de sa vie, l’autre sollicitant votre indignation contre les héritiers de Voltaire, qui pourtant lui sont, dit-il, aussi étrangers que le grand Turc , et tous deux vous initiant, bon gré, mal gré, aux tracasseries subalternes et au commérage ignoble de madame Denis. […] Sa longue vie, en ce sens, ne fut qu’une guerre perpétuelle, et ses œuvres sans nombre ne sont, à les bien prendre, que des manifestes plus ou moins intelligibles, des proclamations sous toutes les formes, au profit de la même cause, et, comme on pourrait les appeler, des pamphlets immortels. […] Il n’en est pas ainsi de ceux de Wagnière : Suisse honnête que Voltaire appelait son fidèle Achate, copiste en titre, sachant le latin, il prend davantage les choses au sérieux, et ne se laisse point aller à ces anecdotes de toilette et de cour qui d’ailleurs n’étaient plus de son temps.
Depuis quelque temps, il ne peut plus écrire une page sans marquer son dédain et son antipathie pour ce qu’il appelle la littérature et la critique personnelles. […] Or, il ne se trompe point, sans doute : mais enfin qui le jurerait Et ne dites pas non plus que la critique personnelle, la critique impressionniste, la critique voluptueuse, comme vous voudrez l’appeler, est bien pauvre vraiment et bien mesquine comparée à l’autre critique, à celle qui fait entrer le ressouvenir des siècles dans chacune de ses appréciations. […] Celle qu’on appelle ainsi, au lieu de classer les ouvrages, classe les lecteurs (ou les auditeurs).
Introduction Les anciens appelaient les idées des espèces, species, et ce sont en effet les espèces du monde intérieur, qui correspondent à celles du monde extérieur. […] Dans la partie supérieure appelée la tête, et qui, vue du dehors, semblait un objet comme tous les autres, circonscrit dans l’espace, pesant, etc., je trouvai quoi ? […] Le monde de la connaissance, dit Schopenhauer, n’existerait plus si cette sorte d’objets qu’on appelle cerveaux « ne pullulaient sans cesse, pareils à des champignons, pour recevoir le monde prêt à sombrer dans le néant et se renvoyer entre eux, comme un ballon, cette grande image identique en tous, dont ils expriment l’identité par le mot d’objet ».
Cette mort fut poétique, en effet, dans un temps où la vie ne l’est plus, et elle parle plus haut à l’imagination que les œuvres de celui-là qui s’appellera Gabriel Ferry dans l’histoire littéraire du xixe siècle. […] Il a péri, non entre les quatre rideaux que Jean-Paul appelait les coulisses de la vie, mais en pleine tempête, au pied du grand mât du vaisseau sur lequel, il était embarqué, après avoir refusé de descendre dans la chaloupe de sauvetage, intrépide comme le plus intrépide des boucaniers de ses écrits. […] Le tempérament, le caractère, sont tout le talent de certains hommes ; mais constituent-ils, à eux seuls, cette merveille et ce mystère que l’on appelle le talent ?
Ils s’appellent ici Dieu, le Médiateur et l’Homme. […] C’est la secrète origine de ce que l’on pourrait appeler son empirisme religieux. […] On pourrait l’appeler la tragédie de l’individualisme. […] Il appelle Amphitrite « divine poissarde ». […] Il appelait cela : « se mettre au conclave ».
J’avais été le parrain de l’enfant de Marguerite, qui s’appelait Paul. […] Celui de Marguerite, appelé Domingue, était un noir iolof, encore robuste, quoique déjà sur l’âge. […] Il aimait passionnément sa femme, qui s’appelait Marie. […] J’aime bien ma mère, j’aime bien la tienne ; mais quand elles t’appellent mon fils, je les aime encore davantage. […] Écoute comme ils s’appellent et se répondent d’un arbre à l’autre.
Dieu sait comme il trembla dans sa peau de laquais, un jour, à l’idée d’appeler son chien Duc devant le duc de Montmorency, et il l’appela Turc. […] Il est au-dessus de d’Alembert, d’Helvétius, de Galiani, de d’Holbach, de Morellet, que Voltaire appelait le brave mords-les ! […] Or, il faut certainement plus que cela pour être un grand artiste littéraire, et il faut bien le dire, si tard que ce soit, Diderot n’est pas ce qu’on peut appeler un grand artiste. […] Et c’est pourquoi madame de Staël, qui s’appelait « Germaine » (un nom fatidique !) […] Son matérialisme, poétisé par une imagination qui jetait un réseau d’or sur sa fange, ne suffit plus aux besoins abjects des générations qui se sont appelées positives.
« Il y a parmi les gens du monde quelque chose qu’ils appellent le bon ton. […] La gêne la plus sotte est l’interdit qui pèse sur le concours de voyelles différentes improprement appelé hiatus. […] Nous appelons sagesse, hélas ! […] Appelons-le plus simplement amour de soi ; qu’y a-t-il d’immoral dans l’amour de nous-mêmes ? […] Prévost-Paradol dit excellemment : « Il y a une façon basse et étroite de s’aimer qu’on appelle le vice, et une façon intelligente, courageuse et presque divine de s’aimer qui s’appelle la vertu, et voilà la double source de toutes les actions humaines.
L’Ange eut un instant l’idée d’appeler le Diable. […] Bref, le poney ayant trotté une nouvelle demi-heure, — comment diable appelait-on ce poney ? […] On l’appelait (il est mort maintenant) le chanoine Coltman. […] Les Lettres l’appelaient impérieusement. […] L’un et l’autre s’appellent Comme ça « et toujours l’ordre éclate » !
Appelez donc matérialiste, si bon vous semble, la construction psychologique de M. […] Appelez, si vous voulez, le premier, qui semble le plus grave et le plus simple, le Latin ; appelez le second, qui est le plus rêveur et le plus instinctif, le Slave ; appelez le troisième, qui semble le plus dur, le plus intraitable, le plus orgueilleux et le plus violent, le Saxon ; appelez le quatrième, qui est le plus fébrile, le plus sensible et le plus vif, le Celte, et vous aurez une image exacte des différents génies des races et des modifications qu’ils impriment à l’homme universel. […] C’est ce qu’on peut appeler, avec raison, le paiement de nos dettes avec l’argent des autres. […] Vite, qu’on les pende par leurs langues au-dessus du précipice brûlant qui est là-bas, et, s’ils appellent le diable, qu’il soit prêt à leur répondre, et, s’ils appellent un million de diables, qu’ils soient servis selon leurs souhaits !” […] Les plaintes de ce personnage, qui s’appelle M.
C’était le temps héroïque de l’Italie ressuscitée, la virilité de ce qu’on appelle le moyen âge. […] Ces ambassades, qu’on appelle les légations, lui firent connaître à fond la politique des puissances auprès desquelles il alla ménager les intérêts de sa patrie. […] Il eut des torts ; ces torts furent des complaisances coupables pour ce qu’on appelle des faits accomplis. […] Il l’appela même à sa cour. […] Il appelle vainement l’Italie à l’indépendance sous le drapeau napolitain ; l’Italie ne répond que par l’inertie et le doute.
En effet, est-ce seulement de la nature ce qu’on peut appeler beau qui est la source et la semence de l’art ? […] Vous appelez Lamartine chrétien, et moi je l’appelle sceptique ; il n’a du Chrétien que la crainte devant Dieu. […] Vous l’appelez chrétien parce qu’il a pris à la Bible quelques fleurs, au Christianisme quelques formes, comme il a pris à Horace ses continuelles images de l’incertitude de la vie. […] De là ce Christianisme de décadence ou de renaissance, comme on voudra l’appeler, qui court dans tant de livres de notre temps. […] D’ailleurs il se livre rarement à cette contemplation ; son génie le porte à individualiser la vie, c’est-à-dire à peindre toutes les formes de ce qu’on appelle la matière et de ce qu’on appelle l’esprit ; à peindre des portraits, des caractères et des passions.
Est-ce parce que « cette haute protection », comme on l’appelle, a fait pour nous ce qu’elle a fait pour d’autres, — pour M. […] Nous ne pouvons croire que ce qui s’appelle la jeunesse française, en 1865, ait les ciseaux de la censure dans son drapeau. […] D’abord, nous avons le malheur de nous appeler messieurs de Goncourt. […] Et cependant, je dois l’avouer, Zola semble logique, quand il demande, quand il appelle, quand il espère pour le réalisme un théâtre, ainsi que le romantisme a eu le sien. […] Nous appelons l’attention du public sur cette date, qui a son importance pour l’originalité de notre pièce.
C’est pourquoi on a aussi appelé la méthode expérimentale, la méthode a posteriori. […] C’est ce qu’on appelle encore l’experimentum crucis. […] C’est ce qu’on appelle l’influence des saisons, que tout le monde connaît. […] C’est ce qu’on appelle alors des idiosyncrasies. […] C’est ce que nous avons appelé l’expérience pour voir (p. 50).
On l’appelait par habitude le petit Didier. […] Il était ce que les paysans, dans leur langage expressif, appelaient le souffre-douleurs du château. […] Ses camarades l’appelaient l’innocent, mot qui confine chez eux avec l’idiotisme. […] Les Marseillais, appelés par Barbaroux sur les instances de madame Roland, s’approchaient de la capitale. […] La femme du maire patriote n’était pas encore levée ; Dietrich l’éveilla ; il appela quelques amis, tous passionnés comme lui pour la musique et capables d’exécuter la composition de de Lisle.
Dans l’ancien théâtre, on appelait prologue l’acteur qui récitait le prologue ; cet acteur était regardé comme un des personnages de la pièce, où il ne paraissait pourtant qu’avec ce caractère. […] Donat en ajoute une quatrième espèce, dans laquelle entrait quelque chose de toutes les autres, et qu’il appelle, par cette raison, prologue mixte. […] Ce que les anciens entendaient par protase, nous l’appelons préparation ou exposition du sujet, deux choses qu’il ne faut pas confondre. […] On appelait ainsi cette portion du drame qui était entre les chants du chœur ; elle équivalait à nos trois actes du milieu. […] J’estime donc que, de nos jours, on a nommé monologues, ce que les anciens appelaient en grec récit d’un seul personnage, par exemple, plusieurs églogues grecques et latines, et plusieurs discours du chœur dans les premières comédies, et que Striblin appelle monodies, mettant de ce nombre le discours d’Électre seule dans Euripide, et un autre encore d’elle-même dans Sophocle, bien qu’elle parle en la présence du chœur.
Ces notions, en effet, ou concepts, de quelque nom qu’on veuille les appeler, ne sont pas les substituts légitimes des choses. […] Les besoins qu’elle est appelée à soulager sont toujours pressés et, par suite, la pressent d’aboutir ; ils réclament, non des explications, mais des remèdes. […] Entreprend-il, par exemple, d’étudier ce qu’il appelle la production ? […] Tout au moins, si, parfois, la nécessité l’oblige à y recourir, qu’il le fasse en ayant conscience de leur peu de valeur, afin de ne pas les appeler à jouer dans la doctrine un rôle dont elles ne sont pas dignes. […] Nous appelons famille tout agrégat de ce genre et nous faisons de la famille ainsi définie l’objet d’une investigation spéciale qui n’a pas encore reçu de dénomination déterminée dans la terminologie sociologique.
La mienne, j’en conviens, mal servie par les trompettes de la renommée, s’est toujours bornée à suivre dans la carrière ces hommes de génie que nos pères avaient la faiblesse d’appeler grands. […] La correspondance qui s’est établie entre les comédiens et les auteurs, pendant la lutte classique et romantique, nous révélerait tous les petits moyens odieux que l’on a employés pour détruire ce que vous appelez avec mépris la littérature de l’empire ; mais elle ne viendra jamais à la connaissance du public. […] En effet, je les ai vus tous se conformer à son goût, s’instruire à ses critiques quelquefois très bruyantes, et ne pas appeler même de son jugement. […] Sobriquet donné à Voltaire ; aussi appelle-t-on ses vers, des vers à talon rouge. […] Voilà ce qu’on appelle un gouvernement de grand homme !
Remarquez qu’il s’appelle Ernest. […] C’est, fréquemment du moins, ce qu’on appelle négociation diplomatique. […] On appelait il y a quinze ans, et on l’appelle encore, parce que M. […] J’appelle particulièrement l’attention sur ce point. […] Et ce fabricant s’appelait la Vie.
Nous pensons que le professeur n’a pas senti toute la portée de cette réticence qui prouve qu’il ne se croit pas appelé à trouver cette solution, et qu’il pressent l’impuissance de la philosophie pour la lui révéler. […] Or si la philosophie seule est appelée à donner pour l’avenir cette solution, c’en est fait de l’humanité, et de son bonheur, et de ce repos, de ce calme après lequel elle soupire avec tant d’ardeur, car la philosophie est impuissante pour la faire croire, pour lui donner de la foi à ses destinées. […] Les époques où un dogme règne, dans lesquelles l’humanité connaît sa destination et y croit ; et les époques où un dogme finit, dans lesquelles l’humanité ne se conçoit plus de destination, doute et cherche : les premières, il les appelle des époques fondatrices ; les secondes, des époques critiques. Voici le texte de ce qui a été dit à ce sujet, par l’école de Saint-Simon, dans le volume d’exposition qu’elle a publié cette année : « La loi du développement de l’humanité, révélée au génie de Saint-Simon et vérifiée par lui sur une longue série historique, nous montre deux états distincts et alternatifs : l’un, que nous appelons état organique, où tous les faits de l’activité humaine sont classés, prévus, ordonnés par une théorie générale, où le but de l’action sociale est nettement défini ; l’autre, que nous nommons état critique, où toute communion de pensée, toute action d’ensemble, toute coordination a cessé, et où la société ne présente plus qu’une agglomération d’individus isolés et luttant les uns contre les autres. » (Vol.
Heureux les pacifiques ; car ils seront appelés enfants de Dieu ! […] Plus tard on appela cela la parabole du « mauvais riche. » Mais c’est purement et simplement la parabole du « riche. » Il est en enfer parce qu’il est riche, parce qu’il ne donne pas son bien aux pauvres, parce qu’il dîne bien, tandis que d’autres à sa porte dînent mal. […] En dégageant l’homme de ce qu’il appelait « les sollicitudes de ce monde », Jésus put aller à l’excès et porter atteinte aux conditions essentielles de la société humaine ; mais il fonda ce haut spiritualisme qui pendant des siècles a rempli les âmes de joie à travers cette vallée de larmes. […] C’est ce qu’on appelait les [Greek : Logia kyriaka].
Trois espèces de spectateurs composent ce qu’on est convenu d’appeler le public : premièrement, les femmes ; deuxièmement, les penseurs ; troisièmement, la foule proprement dite. […] En effet, au-delà de cette barrière de feu qu’on appelle la rampe du théâtre, et qui sépare le monde réel du monde idéal, créer et faire vivre, dans les conditions combinées de l’art et de la nature, des caractères, c’est-à-dire, et nous le répétons, des hommes ; dans ces hommes, dans ces caractères, jeter des passions qui développent ceux-ci et modifient ceux-là ; et enfin, du choc de ces caractères et de ces passions avec les grandes lois providentielles, faire sortir la vie humaine, c’est-à-dire des événements grands, petits, douloureux, comiques, terribles, qui contiennent pour le cœur ce plaisir qu’on appelle l’intérêt, et pour l’esprit cette leçon qu’on appelle la morale : tel est le but du drame.
J’appelle ici causes morales, celles qui operent en faveur des arts, sans donner réellement plus d’esprit aux artisans, et en un mot sans faire dans la nature aucun changement physique, mais qui sont seulement pour les artisans une occasion de perfectionner leur génie, parce que ces causes leur rendent le travail plus facile, et parce qu’elles les excitent par l’émulation et par les recompenses, à l’étude et à l’application. J’appelle donc des causes morales de la perfection des arts, la condition heureuse où se trouve la patrie des peintres et des poëtes lorsqu’ils fournissent leur carriere ; l’inclination de leur souverain et de leurs concitoïens pour les beaux arts ; enfin, les excellens maîtres qui vivent de leur temps, dont les enseignemens abregent les études et en assurent le fruit ? […] Les guerres que les grecs se faisoient entr’eux, étoient donc ce qu’on appelle proprement des guerres reglées où l’humanité se pratiquoit, souvent avec courtoisie. […] Les portiques publics où les poëtes venoient lire leurs vers, et où les peintres exposoient leurs tableaux, étoient les lieux, où ce qui s’appelle le monde se rassembloit.
L’homme est trop faible pour respirer longtemps dans cet étouffoir qu’on appelle un masque. […] Il ne craint pas d’appeler tout ce vaste, impétueux et puissant seizième siècle qui expire, « une littérature de transition », D’instinct et de choix, il place Malherbe, ce Richelieu littéraire, au-dessus de tout, même de Régnier, à qui il ne pardonne pas d’être le neveu de Desportes par le talent comme par le sang. […] C’est bien l’idée commune et moderne « des institutions », cette Poétique politique inventée pour se passer de grands hommes et à laquelle l’Histoire répond par tous les siens, car il n’y a pas d’autres créateurs de prospérités publiques que quelques grandes âmes isolées, et jamais ce que l’orgueil humain appelle si plaisamment « des institutions » n’a été autre chose que la petite monnaie de ces grands hommes nécessaires, disparus ! […] Malherbe, Vaugelas, le Cardinal de Richelieu, ces grands hommes d’État littéraires, ces Hercules qui ont balayé la place pour que le grand Corneille pût passer, et Louis XIV et tout son siècle, ces hommes qu’on pourrait appeler plus glorieusement que Pitt les Ministres des préparatifs, car ils préparèrent le dix-septième siècle en l’ouvrant, voilà les personnalités les mieux comprises de M.
Prenez, en effet, les événements, les péripéties, les grands chocs, les causes mystérieuses ou visibles, absolues ou secondaires, les empêchements, les choses, comme disent les esprits vagues, la fatalité des circonstances, comme disent les esprits hébétés, les idées, enfin, comme répètent à leur tour les mystiques brouillons d’un panthéisme confus, c’est-à-dire prenez tout ce qui constitue l’Histoire, et cherchez résolument si tout cela cache rien de plus, sous un mouvement gigantesque ou une ruine immense, que la toute petite créature qui s’appelle l’homme, que cette vieillerie du cœur humain dont le programme est toujours à reprendre et qu’on ne connaît jamais assez ! […] Dieu même n’intervient que quand l’homme l’y appelle, que quand il le force d’intervenir en usant mal de sa liberté. […] Comme tous les esprits qui se froidissent en montant, — car l’esprit est soumis dans sa sphère aux lois que subit le corps dans la sienne, — Guizot a touché cette période de la vie morale qui faisait dire à un grand esprit calmé, l’illustre Goethe : « Le temps m’a rendu spectateur. » Pour tout homme, c’est la disposition qui le met le plus près de l’accomplissement de tout son être, qu’il s’appelle d’ailleurs Shakespeare, Machiavel, Walter Scott, trois grands hommes qui eurent aussi, tous les trois, cette froideur d’impartialité qui n’est pas la glace de l’âme, mais la sérénité du génie. […] Ils avaient perverti en eux la vérité, mais l’empreinte de Dieu ne s’effaçait pas de ces consciences profondes, et, parmi eux, les plus passionnés de révolution appelaient leurs espérances effrénées le règne de Dieu.
qui devrait bien plutôt s’appeler François et laisser là son nom anglais. […] Tel, enfin, cet adroit et aimable dédaigneux de la peinture d’enseigne de l’Histoire, qui n’a pas eu cette ambition grosse et a mieux aimé d’être ce miniaturiste charmant qu’on appelle un anecdotier historique. […] Il en cite plusieurs sur Louis XI, qu’il appelle spirituellement l’échevin Louis le Onzième, et qui peignent l’homme, cet homme de bonhomie que Béranger prenait — oh ! […] — pour un Tibère, parce qu’il eut quelques sévérités dans un temps qui les méritait toutes ; Loys Unze (appelons-le ainsi toujours ; il me semble mieux lui sous ce nom !)
Les retracer fidèlement, mais sous l’impression de ce coup porté à l’esprit, qui doit toujours le féconder, semble une chose aisée ; et cela l’est si peu, néanmoins, que, depuis Hérodote jusqu’à nos jours, on trouve bien sur son chemin quelques bons romans historiques et quelques essais (good historical romances and good historical essays), mais, dans toute la rigueur du mot, pas une irréprochable histoire. » Et, pour mieux creuser sa pensée, le critique anglais ajoutait : « Dans les sciences, il est des œuvres qu’on peut appeler parfaites. […] Ce que je sais le mieux, c’est mon commencement… Il faut avouer qu’une telle chute serait ridicule et mortelle… Nous ne disons pas que Ranke l’ait faite, mais voici pourtant deux volumes dans lesquels il a dû ramasser l’effort de sa pensée et la force réfléchie de sa maturité, et partout où nous les avons ouverts, nous n’avons trouvé que l’indigence, le refroidissement, le dessèchement, mis à la place de tout ce qui promettait autrefois la richesse, la chaleur, l’abondance et la vie Il est des gens, nous le savons, qui appelleront cela un progrès. […] Autrefois (on s’en souvient), Ranke, préoccupé de l’action de la personnalité humaine dans ce qu’on appelle la politique, l’y recherchait avec avidité. […] qu’on a transi son talent, qu’on n’a pas eu la bravoure de sa pensée ; qu’au lieu d’être un grand ausculteur de faits on est devenu un empailleur d’idées générales qui ressemblent à des momies, et qu’on peut s’appeler désormais en froideur la fée Concombre de l’Histoire.
Esprits, du reste, tous les deux, qui sont des exemples et qui nous font dire, — et ce serait avec désespoir, si nous croyions à cette grande vanité de la philosophie, — qu’il n’y aura pas de gloire qui s’appelle en France, au dix-neuvième siècle, la gloire philosophique ! […] Jules Simon, qu’il appelle La Religion naturelle, et qui pourrait très bien, sans jeu de mots, dispenser du devoir qui a dû le suivre, car, quel que soit l’ordre de succession dans la publicité, il est certain que le devoir est la conséquence de la Religion naturelle, au moins dans la tête de l’auteur ! […] Enfin elle n’enchaîne pas de trop court cette follette chevrette de liberté, la petite bête la plus aimée de cette vieille fille que nous appelons « notre époque » avec tant d’orgueil ! […] La Belgique, cette terre spongieuse de toute sottise d’incrédulité, appelle souvent ce singulier missionnaire et boit avidement ses prédications albumineuses, car l’éloquence de M.
Voilà, je crois, ce qui s’appelle un titre ! […] Jules Levallois, qui aurait dû, pour rester dans la mesure, appeler son ouvrage : Corneille méconnu, a tiré de l’oubli les tragédies qui y sont trop tombées : Attila, Théodore, Médée, Œdipe et tant d’autres, et il a prouvé, par le raisonnement et par les plus intéressantes citations, que l’auteur du Cid, de Polyeucte et des Horaces, n’avait pas versé tout son génie dans ces chefs-d’œuvre, dont on s’est servi pour borner et étouffer sa gloire, tout en la proclamant. […] Dernier épisode de cette vie austère et toute à la gloire, et qui, sans ce malheur cruel qui l’a fait touchante, n’aurait été que majestueuse, — de cette majesté un peu monotone, il est vrai, des grandes destinées et des grands horizons, et que l’on pourrait appeler la tristesse de la grandeur et de la beauté ! […] — (Comme La Fontaine, qui s’appelle aussi le bonhomme, mais pour d’autres raisons que Corneille ; La Fontaine, lui, toujours heureux, le croira-t-on ?
Il lui répondit : je m’appelle Jacob. […] G. n’aime pas être appelé artiste. […] G., ou plutôt de l’artiste imaginaire que nous sommes convenus d’appeler M. […] Méryon peut, à bon droit, appeler son dessin de maîtrise. […] Il était indigné, il appelait cela une impiété.
Il était en 89 à Strasbourg, dans un petit monde mystique comme cette ville en a eu à diverses époques ; il voyait tous les jours celle qu’il appelle sa meilleure amie, Mme Boechlin ; il formait le projet de se réunir encore plus entièrement à elle en logeant dans la même maison ; il venait même de réaliser ce projet depuis deux mois, en 1791 ; il allait entamer la lecture de Jacob Boehm et suivait tout un roman idéal, tout un rêve de vie intérieure accomplie, lorsqu’une maladie de son père l’appela à Amboise et le rejeta dans la réalité : Au bout de deux mois (de cette réunion dans un même logement), il fallut, dit-il, quitter mon paradis pour aller soigner mon père. […] On ne peut s’empêcher de remarquer que Saint-Martin ici nous présente une simple contrariété de sa vie intérieure comme un malheur horrible, et cela en regard de cette véritable infortune publique de Louis XVI et de Marie-Antoinette, qu’il se contente d’appeler une bagarre. […] Il voit dans la Révolution française une sorte de Jugement dernier qui doit hâter cette sorte de restauration religieuse et de théocratie libérale, qu’il appelle, qu’il ne définit pas, mais qui sera le triomphe plus ou moins complet de sa doctrine secrète. […] Ce qu’il appelle l’âme même n’y suffit pas : il faut un effort philosophique qui laisse souvent le lecteur à moitié du chemin. […] [NdA] Dans sa Lettre sur la Révolution française, il parle des prêtres, alors persécutés, sans ménagement et avec des expressions qui ne s’oublient pas ; il leur reproche, par exemple, d’avoir rempli les temples d’images, « et par là d’avoir égaré et tourmenté la prière, tandis qu’ils ne devaient s’occuper qu’à lui tracer un libre cours » ; il les appelle les accapareurs des subsistances de l’âme, etc.
Il commença par se rendre maître de ce qu’on appelait la Flandre hollandaise, c’est-à-dire de toutes les places en deçà d’Anvers. […] Villars avant Denain, durant les difficiles et méritoires campagnes de Flandre, était perpétuellement dénoncé à Versailles par des officiers de son armée, et chaque courrier du quartier général apportait de leur part contre lui et contre ses opérations des critiques et des objections sans nombre qui appelaient la méfiance et semaient l’alarme. […] Il se donne comme admirateur du maréchal, et il l’était ; mais rien ne prouve plus la légèreté que d’être ce qu’on appelle un gentil garçon, de se dire dévoué à son général et de répéter de pareils propos en l’air, de telles suppositions, sans paraître se douter que c’est l’injure la plus grave. […] La petite Chantilly (comme on l’appelait) ne fut point d’abord cette personne si rebelle qu’on prétend. […] On le saigna coup sur coup ; la tête se prit : on appela de Paris le médecin Senac, trop tard.
Il ignore ce que nos jeunes savants appellent aujourd’hui « la belle langue du xiiie siècle », cette langue si délitable, si en usage et en faveur dans tout l’Occident, et qui, vers le temps de saint Louis, était peut-être plus voisine d’une certaine perfection dans son genre que cette même langue, remise en mouvement et en fusion, ne l’était au xvie siècle. […] Villemain quand il poursuivait et démontrait avec éloge dans nos grands auteurs ce qu’il appelle « la puissance de l’imitation ». […] Il allègue à l’appui de son ferme espoir certaines découvertes, alors récentes, et qui sont l’honneur du xve siècle : l’imprimerie, entre autres, « sœur des Muses », et la « dixième Muse », comme il l’appelle excellemment. […] La sortie qu’il fait contre eux est fort spirituelle, et Boileau ne s’est pas mieux moqué des faiseurs de vers latins attardés dans le xviie siècle. — Il y aura bien toujours cette légère inconséquence que Du Bellay, qui se moquait ainsi des vers latins faits par des Français, et qui devançait dans cette voie Boileau, ne put s’empêcher toutefois de célébrer Salmon Macrin, qu’on appelait le second lyrique après Horace ; et lui-même il finit par payer son tribut au goût du siècle en donnant un livre d’Élégies latines, fort élégantes, ce nous semble, et fort agréables. […] Dans tous ces chapitres de l’Illustration il y a ampleur, harmonie, élévation, noblesse de style, un ton soutenu ; c’est d’un souffle bien autrement puissant que chez Boileau, ce dernier étant plus occupé du détail et de la perfection, plus attentif à ce qu’on appelle goût.
Eynard n’a pas de termes assez forts pour flétrir ce qu’il appelle cette épouvantable mort, et il y voit un tableau aussi lugubre que saisissant . […] Elle n’a pas alors moins de trente-sept ans ; elle les déguise avec art sous une grâce divine que les femmes mêmes sont forcées d’admirer ; mais elle sent que le moment est venu d’appeler à son aide les succès de l’esprit et de prolonger la jeunesse par la renommée. […] Tes succès ne t’appellent-ils pas à Paris ? […] Elle reçoit ce sacrifice comme une personne qui va recevoir sa communion. » Le mot est vif, il est sanglant, venant d’un ami intime ; mais il marque quelle était alors la disposition mystico-mondaine de la sainte future, ce que j’appelle l’amalgame, et le trait s’accorde bien avec les révélations que nous devons à M. […] « C’est un bel éloge à faire de quelqu’un, au milieu de la corruption du monde, que de le croire digne d’être appelé romanesque.
Je ne prétends pas manier, un par un, les cubes colorés qui forment ce qu’on pourrait appeler la Mosaïque littéraire de notre temps. […] L’un d’eux, au xvie siècle, s’est appelé la Renaissance ; un autre, au commencement du xixe siècle, se nomma le Romantisme. […] J’entends encore les injures, les rires, les quolibets, dont on salua ceux qu’on appelait les Décadents. […] J’attire votre attention sur ces recueils appelés les Chauves-souris et le Chef des odeurs suaves parce que, quoique publiés postérieurement, ils représentent assez bien l’état d’esprit des raffinés de 1885. […] Ce fut l’époque de ce qu’on appela les Petites Revues.
J’ai vu les lettres décliner et tomber enfin dans une décadence presque entière ; car je ne connais presque personne aujourd’hui que l’on puisse appeler véritablement savant. […] On avait peu de secours à attendre autour de soi ; il fallait de grands efforts et une rare vigueur d’esprit pour surmonter les obstacles, pour conquérir la science ; il fallait jusqu’à un certain point être inventeur, avoir le zèle et le génie de la découverte, pour devenir savant : Dans ces premiers temps d’obscurité et de ténèbres, ces grandes âmes (comme Huet appelle les savants de cette date primitive) n’étaient aidées que de la force de leur esprit et de l’assiduité de leur travail… Je trouve, disait-il spirituellement, la même différence entre un savant d’alors et un savant d’aujourd’hui, qu’entre Christophe Colomb découvrant le Nouveau Monde et le maître d’un paquebot qui passe journellement de Calais à Douvres. […] Voilà ce que j’appelle un savant qui n’est pas entiché, et vraiment honnête homme, un savant qui ne se sent pas de son métier ni de son clocher. […] » Et, malgré tout, le faible de Huet était encore pour Mlle de Scudéry, pour l’illustre Sapho, comme il l’appelait. […] il appelle cela des Saturnales.
Ce que j’appelle le coup de cordon est très sensible dans les derniers couplets du Dieu des bonnes gens. […] Ici, l’homme d’esprit chez Béranger, l’homme prudent, celui qu’on peut appeler (sauf respect) une grande coquette, l’a emporté, on ne craint pas de le dire, sur le citoyen et même sur le poète. […] Quand je me les représente en idée tous réunis sous la tonnelle autour de l’auteur de tant de couplets narquois, j’appelle cela le Carnaval de Venise de notre haute littérature. […] — Béranger, ce dimanche-là, venait de faire ce que j’appelle sa tournée pastorale. […] Et M. de Pontmartin s’empare de ce qu’il appelle mes commencements d’idées pour pousser plus avant sa pointe.
il m’appelait sa sœur ! […] Singulière injure, de la part d’une belle femme, que d’appeler un homme Endymion. […] Nous n’en sommes encore qu’à ce qu’on appelle la lyre. […] Je ne sais pourquoi j’appelle cela des scènes risquées ; autrefois elles eussent en effet compromis la pièce ; aujourd’hui elles l’assurent. […] Malgré le talent viril de détail et de versification, Cléopâtre n’est pas encore ce qu’on peut appeler mascula proles.
Eût-il vécu cent ans, il n’aurait jamais obtenu ce qui s’appelle considération, autorité ; mais il sut mériter l’indulgence et l’affection, et il peut encore être étudié aujourd’hui comme une curiosité du Grand Siècle et comme une gentille bizarrerie de la nature. […] Un jour, à l’Opéra, il se trouvait dans la loge du jeune Dauphin, fils de Louis XIV, quand M. de Montausier entra : « J’étais à la joie de mon cœur, dit-il ; Rabat-Joie arriva. » Le chancelier de L’Hôpital en personne, voyant en cet état son indigne descendant, n’aurait pas ressenti plus de mépris : Madame ou mademoiselle, car je ne sais comment vous appeler, lui dit M. de Montausier en le saluant ironiquement, J’avoue que vous êtes belle, mais, en vérité, n’avez-vous point de honte de porter un pareil habillement, et de faire la femme, puisque vous êtes assez heureux pour ne l’être pas ? […] L’abbé de Choisy, fort surpris de ce qu’il appelle la bizarrerie de M. de Montausier, mais à qui rien n’était sensible comme une désapprobation royale ou ce qui en approchait, crut là-dessus qu’il était bon de s’éclipser, et, durant deux ou trois ans, il alla vivre incognito dans un château du Berry qu’il acheta tout exprès, se faisant appeler la comtesse des Barres, jouant la comédie, s’habillant, se déshabillant, se coiffant et se mirant tout le jour, entouré de la noblesse et de la gentilhommerie du pays, curés, intendants, évêques, Mme la lieutenante générale, tous honnêtes gens qui raffolaient de lui comme d’une élégante Parisienne, et en usant sous main de telle sorte, qu’en d’autres temps il aurait pu avoir affaire au procureur du roi pour séduction de mineures. […] Le roi de Siam était gouverné par un aventurier favori, grec de nation, appelé Constance, homme habile, rusé, et qui, sentant qu’il était haï des naturels, avait appelé les étrangers sous prétexte de religion, et dans l’idée de s’en faire un appui. […] L’abbé de Choisy avait l’art de faire causer les personnages bien informés, ceux qu’il appelait de vieux répertoires.
Le comte Joseph avait un culte pour sa mère, sa « sublime mère », comme il l’appelle. […] Ces scènes à mourir de rire qui s’étaient passées entre Mme de Staël et lui, M. de Maistre les appelait, aussi ses Soirées helvétiques, et il est dommage qu’il n’en soit rien resté. […] L’état où je vis ici, en attendant les nouvelles (écrivait-il en octobre 1809) pourrait s’appeler travail, comme les douleurs d’une femme. […] Il prit donc sur lui d’adresser un mémoire et une lettre à l’Empereur par Savary qui s’en chargea : il demandait à être appelé à Paris et admis à plaider confidentiellement devant l’arbitre des puissances. […] Cette dernière publication diplomatique mériterait un examen particulier, et elle appelle une critique impartiale.
Le comte de Beaumont, lieutenant de vaisseau, voulut un jour traiter Bonneval un peu lestement et en ne voyant que son grade ou son âge ; celui-ci l’appela et le blessa. […] Par un tact qui est propre aux femmes, elle se rejette sur la parenté et n’appelle plus que cousin celui qu’elle voulait nommer d’un nom plus doux : Adieu, mon cher cousin ; rendez-en à une personne qui n’en rendra jamais qu’à vous, mon cœur vous étant sacrifié sans partage. […] Quant à de Prié, comme, il l’appelle, c’est un homme de peu qui s’est prévalu de l’autorité impériale dont il était momentanément revêtu, comme l’âne de la fable, qui se prévaut des reliques dont il est chargé : Pour ce qui est des choses personnelles qui se sont passées entre Prié et moi dans cette affaire, s’il reste encore digne de ma colère, quand elle sera terminée, je saurai bien le punir moi-même de ses insolences. […] Décidément Bonneval est trop le contraire de ce d’Antin que nous avons étudié la dernière fois : lui, il tenait trop peu à ceux qu’il appelait ses maîtres. […] Il y avait un peu de folie à vouloir se battre avec le prince Eugène, président du Conseil de guerre ; c’est à peu près comme si un de nos officiers appelait en duel le doyen des maréchaux de France.
C’est cette rapidité d’exécution, cette puissance, et pour ainsi dire cette inspiration de mouvement, qui partent de l’instinct supérieur à l’art et presque divin qu’on appelle génie. […] … Oui, vienne cette lutte que nous appelons de tous nos vœux parce que nous la croyons inévitable, parce qu’elle seule peut vider la querelle entre la vieille et la nouvelle Europe ! […] Mais il était essentiel de montrer Carrel, comme je l’ai fait aujourd’hui, dans ce que j’appelle la période intermédiaire, de même que je l’avais montré une première fois dans sa période de tâtonnement. On l’a appelé, dans la forme définitive où il nous reste à l’étudier, le Junius de la presse française. […] Tel qu’il était, il appelait aussitôt l’attention sans effort et la déférence naturelle autour de lui.
Il caractérise les pièces de Shakespeare de ce mot : « Farces monstrueuses qu’on appelle tragédies », et complète le prononcé de l’arrêt en déclarant que Shakespeare « a perdu le théâtre anglais ». […] La comédie éclate dans les larmes, le sanglot naît du rire, les figures se mêlent et se heurtent, des formes massives, presque des bêtes, passent lourdement, des larves, femmes peut-être, peut-être fumée, ondoient ; les âmes, libellules de l’ombre, mouches crépusculaires, frissonnent dans tous ces roseaux noirs que nous appelons passions et événements. […] Ce phénomène de la réflexion double élève à la plus haute puissance chez les génies ce que les rhétoriques appellent l’antithèse, c’est-à-dire la faculté souveraine de voir les deux côtés des choses. […] vite, ils appellent un coiffeur. […] Cette gastrite, qu’on appelle « le bon goût », il ne l’a pas.
Voici, mot pour mot, la déclaration de principes qu’il fit — dans un de ses jours d’épanchement — à ceux qu’il appelle ses demoiselles de compagnie : — Retenez bien ceci, mes enfants : Si je vous prodigue les canettes et les petits verres, ce n’est pas que je vous trouve drôles, ni que vous m’amusiez outre mesure. […] Mais, heureux jusqu’au bout, il ne soupçonne même pas l’existence de cet infiniment petit que j’appellerai L’USURPATEUR L’Usurpateur — Jules Minoret dans la vie privée — est un petit jeune homme effilé, aux allures doucereuses et félines. […] Sur le point de boire mon sang, comme Beaumanoir, — faute d’une choppe, — j’avise, entre deux rochers, une maisonnette que j’appellerai une chaumière, pour flatter les faiseurs d’idylles. […] Puis, en somme, ces faux Espagnols ont incomparablement plus le type espagnol, — ou ce qu’on est convenu d’appeler ainsi, — que les sujets de la reine Isabelle. […] * * * Cette observation sur nature m’a conduit à faire — sur ce qu’on appelle les types nationaux, — une théorie excessivement remarquable, où je démontre clairement que les Allemands ne sont pas plus blonds que les Espagnols, — que les Espagnols n’ont pas l’œil plus vif que les Anglais, — et que les Anglais n’ont pas l’air plus distingué que les Français.
il y a du bas-bleu aussi dans ce Philarète, qui s’appellerait encore mieux Cydalise, et qui, depuis trente ans, — je n’ai pas peur d’un calembour de mots quand c’est un calembour d’idées, — nous danse la danse du châle au Journal des Débats ! […] Et c’est si bien cela, que Chasles se soucie fort peu de déshonorer Galilée, qu’il appelle à chaque page de son livre un menteur, un épicurien et un lâche, parce que ce malheureux savant, faible comme tant d’hommes enivrés de l’orgueil d’une découverte, chancela jusqu’à sa dernière heure entre cet orgueil et sa foi. […] l’oblige à lui recommander, à elle, sa nièce, qu’il appelle « enfant », son livre de la Psychologie sociale, et surtout, surtout, de prendre bien garde, « enfant ! […] Il y a une comédie très amusante, qu’on appelle Le Ci-devant jeune homme. […] Mais le critique humouristique et esthétique qui se fit un nom de critique si charmant à porter, il faut l’appeler maintenant le ci-devant Philarète Chasles !
Telle est notre pensée sur la sainte institution de ce qu’on appelle un gouvernement. […] Cet instrument, appelé le kin, est une espèce de lyre à cordes de soie qui rend des sons d’une extrême ténuité et d’une grande douceur, pareils à ceux du vent dans les brins d’herbe. […] « 5º Enfin la bonne foi, ce grand jour réciproque qui permet aux hommes en société de voir clairement dans le cœur et dans les actions les uns des autres… (N’est-ce pas ce que nous appelons l’opinion ?) […] (Et l’on appelle barbarie la civilisation basée sur de si sublimes axiomes ! […] « Le ministre-philosophe ne s’ingère pas de lui-même dans les honneurs ; il attend qu’on l’y appelle.
Amis de l’ancien régime et partisans du droit divin, qui en étiez venus, en désespoir de cause, à préconiser le suffrage universel ; à qui (j’aime à le croire) la conviction était née à la longue, à force de vous répéter, et qui vous montrez encore tout prêts, dites-vous, mais moyennant, j’imagine, certaine condition secrète, à embrasser presque toutes les modernes libertés ; — partisans fermes et convaincus de la démocratie et des principes républicains, polémistes serrés et ardents, logiciens retors et inflexibles, qui, à l’extrémité de votre aile droite, trouvez moyen cependant de donner la main parfois à quelques-uns des champions les plus aigris de la légitimité ; — amis du régime parlementaire pur, et qui le tenez fort sincèrement, nonobstant tous encombres, pour l’instrument le plus sûr, le plus propre à garantir la stabilité et à procurer l’avancement graduel de la société ; — partisans de la liberté franche et entière, qui ne vous dissimulez aucun des périls, aucune des chances auxquelles elle peut conduire, mais qui virilement préférez l’orage même à la stagnation, la lutte à la possession, et qui, en vertu d’une philosophie méditée de longue main dans sa hardiesse, croyez en tout au triomphe du mieux dans l’humanité ; — amis ordinaires et moins élevés du bon sens et des opinions régnantes dans les classes laborieuses et industrielles du jour, et qui continuez avec vivacité, clarté, souvent avec esprit, les traditions d’un libéralisme, « nullement méprisable, quoique en apparence un peu vulgaire ; — beaux messieurs, écrivains de tour élégant, de parole harmonieuse et un peu vague, dont la prétention est d’embrasser de haut et d’unir dans un souple nœud bien des choses qui, pour être saisies, demanderaient pourtant à être serrées d’un peu plus près ; qui représentez bien plus un ton et une couleur de société, des influences et des opinions comme il faut, qu’un principe ; — vous tous, et j’en omets encore, et nous-mêmes, défenseurs dévoués d’un gouvernement que nous aimons et qui, déjà bon en soi et assez glorieux dans ses résultats, nous paraît compatible avec les perfectionnements désirables ; — nous tous donc, tous tant que nous sommes, il y a, nous pouvons le reconnaître, une place qui resterait encore vide entre nous et qui appellerait, un occupant, si M. […] Ceux qu’on appelait utopistes sont devenus pratiques, et on leur reconnaît généralement ce mérite. […] Je n’appelle pas petites des libertés à l’usage de tout le public qui est bien aussi le peuple ; il en est une plus grosse et qui me paraît être l’essentielle en effet : c’est celle qui appelle à discuter et à voter le budget les représentants de la nation : et cette dernière en suppose d’autres avec elle ; elle amène comme conséquence la publicité, elle tend à amener la liberté plus ou moins directe de toucher aux éléments de cette même discussion par la presse. […] On ne dira pas que je diminue ceux que je viens de définir ; j’en viens hardiment aux autres : ces autres ne sont ni absolutistes ni serviles, je repousse ce nom à mon tour de toute la fierté à laquelle toute sincère conviction a droit ; mais il en est qui pensent que l’humanité de tout temps a beaucoup du à l’esprit et au caractère de quelques-uns ; qu’il y a eu et qu’il y aura toujours ce qu’on appelait autrefois des héros, ce que, sous un nom ou sous un autre, il faut bien reconnaître comme des directeurs, des guides, des hommes supérieurs, lesquels, s’ils sont ou s’ils arrivent au gouvernement, font faire à leurs compatriotes, à leurs contemporains, quelques-uns de ces pas décisifs qui, sans eux, pouvaient tarder et s’ajourner presque indéfiniment. […] A côté de la dignité, n’oublions jamais cet autre sentiment inspirateur, au moins égal en prix, l’humanité, c’est-à-dire le souci de la misère, de la souffrance, de la vie insuffisante et chétive du grand nombre ; revenons en idée au point de départ et aux mille entraves qui arrêtent si souvent à l’entrée du chemin, pour en affranchir peu à peu les autres ; inquiétons-nous de tout ce qu’il y a de précaire dans toutes ces existences qui ne se doutent pas qu’elles s’appellent des destinées.
Ils avaient repoussé de toute leur âme l’étranger que tous les autres à l’entour appelaient de leurs vœux ; c’était leur crime. […] Tous les actes de leur passé, disait-on, leurs souvenirs, leurs ressentiments comme leur intérêt même, tout semblait devoir les porter dans un autre sens : de là un redoublement de colère contre ces deux dissidents uniques qu’on appelait des misérables. […] Ils étaient accusés d’avoir, faisant partie de la garde urbaine, aidé la force militaire à repousser des émeutiers massacreurs le 27 juin 1815, c’est-à-dire dans l’espèce d’interrègne qui avait suivi la nouvelle de la perte de Waterloo ; ils avaient rempli leur devoir de citoyens et avaient été appelés régulièrement à faire partie de la force publique : ce furent les émeutiers, le lendemain triomphants, qui se vengèrent, les dénoncèrent, et auxquels la Cour prévôtale donna raison par une fiction rétroactive : condamnés à mort, ils furent presque immédiatement exécutés, le même jour, de nuit, à la lueur des flambeaux. […] Cette fille courageuse s’appelait Marie Clausson. […] Je n’appelle pas mûrir ce qui arriva aux Corbière et aux Villèle, aux avisés et aux habiles, qui ne venant d’abord qu’au second rang et comme dans l’intervalle des forcenés, ne se dessinant que peu à peu, surent bientôt se rendre nécessaires.
. — Ce sont ces substituts que nous appelons idées. […] Point du tout ; quand un autre monsieur, c’est-à-dire une forme pareille, en paletot, avec une barbe et une grosse voix, entrera dans la chambre, il lui arrivera souvent de l’appeler aussi papa. […] L’instrument, à cause de son bruit, avait été appelé un zizi. […] le gros sens populaire ; la tendance qui aboutit au nom ne correspond guère qu’à ce caractère-là. — Mais voici qu’un naturaliste m’ouvre un chat et me fait voir cette poche qu’on appelle l’estomac, ces petits tubes infiniment ramifiés qu’on nomme les veines et les artères, ce paquet de tuyaux lisses qui sont les intestins, ces bâtons, ces cages, ces cerceaux, ces boîtes ou demi-boîtes solides qui s’emmanchent les unes dans les autres et qui sont les os. — Je resterais là pendant six mois que je verrais toujours des choses nouvelles ; si je prends un microscope, ma vie n’y suffira pas ; et, à parler exactement, aucune vie ni série de vies ne peut y suffire ; par-delà les propriétés observées, il en restera toujours d’autres, matière illimitée de la science illimitée. […] À côté des expériences perpétuelles et des images renaissantes, il y roule des noms que nous appelons des idées, tous représentants mentaux de caractères abstraits et de qualités générales, tous évoqués par des tendances distinctes, tous incessamment accrus de nouvelles tendances, tous incessamment précisés dans leur portée, tous incessamment amplifiés dans leur contenu, par le progrès journalier de la découverte qui, ajoutant à leur sens, limite leur application 6.
— Je m’appelle encore Théodore Jouffroy. […] Enfin elle avoua, honteuse : — Je m’appelle Paul Bourget. […] Mais tant de triomphes vils et insolents appellent ma cravache… Passons. […] Le Malauve de l’Astre noir n’est point blâmé de ses ignominies ; elles apparaissent comme des nécessités de son génie et l’auteur n’ose pas détester ici nettement ce qu’il appellera ailleurs “abominable supériorité intellectuelle”. […] Souvent il pastiche, avec un respect familier, celui qu’il appelle encore « l’oncle ».
Nous surprenons là chez Vicq d’Azyr ce que j’appellerai le goût ou le genre Louis XVI en littérature, et qui n’est déjà plus celui de Louis XV. […] Ce n’est pas de lui qu’on dira qu’il avait le style étranglé, comme l’appelait Voltaire. […] Cicéron l’a remarqué très bien, ceux qui n’y prennent pas garde et qui s’abandonnent à la facilité de ce genre « courent risque de tomber dans un style lâche et flottant, qu’on appelle ainsi parce qu’il flotte en effet çà et là, comme un membre désarticulé et qui n’a plus ni nerf ni ressort ». […] Au reste, cette demi-révolution, cette réforme que j’appelle est déjà en partie faite, et la cause peut sembler gagnée auprès des bons esprits. […] Il y a des endroits où il faut appeler Paris Paris, et d’autres où il faut l’appeler capitale du royaume. » Cette remarque de Pascal, bien entendue et bien appliquée, renferme toute la réforme de l’éloge académique comme je l’entends, au point de vue du style.
Pline ne perdait pas un instant : levé avant le jour, il trouvait du temps la nuit pour ses travaux de prédilection ; c’est là ce qu’il appelait ses moments de loisir. […] On a pu dire avec une magnifique justesse, du précepteur d’Alexandre, que si quelqu’un a mérité d’être appelé l’instituteur du genre humain, c’est lui. […] À côté et comme en regard de César, Pline exalte Cicéron, celui qu’il appelle le « flambeau » des lettres. […] Pline est du petit nombre des Romains qui ont ce que Sacy appelle les mœurs, c’est-à-dire qui ont de la pudeur, de la modestie, de la décence. […] Il fallait de plus héroïques remèdes : ce n’était pas trop de cette espèce de folie sainte qu’on appelle la charité.
Le portrait de Patru figure au Palais dans ce qu’on appelle la galerie des Douze, où sont rassemblés les plus illustres représentants du droit, de la magistrature et du barreau. […] C’était, dit-on, le plus bel enfant qu’on pût voir, et, plus tard, on ne l’appelait dans sa jeunesse que le beau Patru. […] Patru à l’origine, non pas l’austère Patru, comme je vois que quelqu’un de ce temps-ci l’a appelé, mais l’aimable Patru, bien doué, beau parleur, ayant un bon jugement dans ce qu’il traitait, et y mettant de l’esprit et un noble choix de termes, nous apparaît, par nature et par éducation, un peu paresseux. […] Il pensait peu hors du cercle des lettres et de sa profession ; mais il était un habile ouvrier de la parole ; il avait ce que les anciens appelaient l’ore rotundo, le tour cicéronien ; il y visait en public. […] Le chancelier tint conseil ; on appela un ou deux académiciens pour savoir les précédents : M. le chancelier appela M. de La Mesnardière qui, sur cette proposition, dit que, du temps de Ronsard, il se tint une assemblée de gens de lettres et de beaux esprits de ce temps-là à Saint-Victor, où Charles IX alla plusieurs fois, et que tout le monde était assis devant lui.
Si l’on voulait un jour donner idée du talent polémique de Carrel sur une échelle étendue, il faudrait réunir les cinq ou six grands articles qu’il a écrits dans cette discussion mémorable sur la pairie : c’est ce que j’appelle sa bataille rangée, la seule qu’il ait gagnée. […] Tout ce qu’on appelle variétés littéraires était rare, en effet, chez lui ; il se permettait peu les distractions. […] Carrel, qu’on crut durant quelques jours dangereusement atteint, fut l’objet de témoignages publics unanimes, et de la part même du parti légitimiste adversaire, et de la part de tout ce qu’on appelait le juste-milieu (y compris le Palais-Royal), sans parler des opposants de toutes les nuances. […] à tous les genres d’attentats, étranger même aux insurrections, ne les apprenant guère qu’en même temps que le public, il se trouvait traité comme complice, impliqué dans les suites ; et, en témoignant chaque fois son indignation de ce qu’il appelait un outrage, il ne faisait rien pour se mettre hors de cause dans l’avenir. […] Il est amené, à son corps défendant, à discuter les derniers discours de celui qu’il appelait en d’autre temps le chef sinistre de la Montagne : il y met toutes ses précautions et ses ressources d’analyse ; il cherche pour un moment à ôter à Robespierre sa férocité, pour ne lui laisser que la philanthropie : opération d’alchimie qui, certes, peut aussi s’appeler le grand œuvre.
Marguerite, à la date où Brantôme traçait d’elle ce portrait tout d’inspiration et d’enthousiasme, et jetait sur le papier cet éloge qu’on peut véritablement appeler délirant (1593), était enfermée au château d’Usson, en Auvergne, où elle était non pas prisonnière, mais bien maîtresse. […] Elle a grand soin de remarquer ce qui est chez elle, en effet, un signe, une note distinctive à travers les désordres même, c’est que, tout enfant, et quand la mode était à la Cour d’être huguenot, et que tous ceux qui avaient de l’esprit, ou qui voulaient passer pour en avoir, s’étaient retirés de ce qu’on appelait la bigoterie, elle résista toujours. […] Et il lui expose les belles et grandes charges où Dieu l’a appelé, où la reine leur mère l’a élevé, et où le tient le roi Charles IX leur frère ; il craint que ce roi, courageux comme il l’est, ne s’amuse point toujours à la chasse, et ne devienne ambitieux de se mettre à la tête des armées dont il lui a laissé le commandement jusqu’ici. […] On l’appelait volontiers chez elle Vénus-Uranie. […] Henri IV fut touché des sentiments qu’elle témoigna durant cette longue négociation : « Aussi suis-je très satisfait de l’ingénuité et candeur de votre procédure, et espère que Dieu bénira le reste de nos jours d’une amitié fraternelle accompagnée d’une félicité publique, qui les rendra très heureux. » Il l’appelait désormais sa sœur, et elle-même lui disait : « Vous m’êtes et père et frère, et roi. » Un biographe qui a judicieusement parlé de la reine Marguerite (M.
Il y a enfin ce qu’on appelle des monstruosités ; mais elles se fondent insensiblement dans les variétés. […] — Il est encore des différences légères, qu’on peut appeler différences individuelles, et qu’on voit souvent se produire dans la postérité des mêmes parents, ou entre des individus auxquels on peut supposer une souche identique, comme représentants de la même espèce dans une même localité fermée. […] Combien d’oiseaux et d’insectes du nord de l’Amérique et de l’Europe, qui diffèrent très légèrement les uns des autres, ont été rangés par quelque naturaliste éminent comme autant d’espèces bien définies, et par un autre comme des variétés, ou même comme des races géographiques, ainsi qu’on les appelle souvent ! […] Mais quant à discuter si des formes qui diffèrent si légèrement sont à juste titre appelées espèces ou variétés, avant qu’une définition de ces termes ait été universellement adoptée, ce serait prendre une peine inutile59. […] S’il multiplie beaucoup ses observations, il deviendra capable à la fin de déterminer à peu près ce qu’il doit appeler variété ou espèce ; mais il n’y parviendra qu’à la condition d’admettre dans les formes spécifiques une grande variabilité qui sera souvent contestée par d’autres naturalistes.
Chacune de ces habitudes, qu’on pourra appeler « morales », sera contingente. […] C’est là précisément ce que nous avons appelé « le tout de l’obligation ». […] C’est à eux que l’on s’est toujours reporté pour avoir cette moralité complète, qu’on ferait mieux d’appeler absolue. […] Qu’on songe à tout ce qu’il y a de déférence pour autrui dans ce qu’on appelle amour de soi, et même dans la jalousie et l’envie ! […] Nous n’hésitons pas à l’appeler religieuse, et même mystique ; mais il faut s’entendre sur le sens des mots.
Je procédai alors à ce que j’appelle l’autopsie physiologique de l’animal. […] Chaque cavité ventriculaire du cœur est munie de deux soupapes appelées valvules. […] C’est ce qui produit le soulèvement observé dans toutes les artères, et qu’on appelle le pouls. […] C’est pourquoi on a aussi appelé la méthode expérimentale méthode à posteriori. […] De là une distinction profonde entre les sciences qu’il nomme vitales et celles qu’il appelle non vitales.
Le gendarme s’appelait Thessein. […] — Je vous l’ai dit, je m’appelle Glatigny, je viens du théâtre de Bastia. […] Cela s’appelle Discours à Nana et ce n’est pas très long. […] Un pseudonyme ou un nom réel, je l’ignore, mais il s’appelait ainsi ! […] Madame Coppée avait des yeux un peu inquiets, quand j’appelais Francis, François.
Ai-je besoin de dire que le garçon s’appelait Paul, et la fille Virginie ? […] Et l’appellerons-nous seulement un « penseur » ? […] Mais, au fond, n’est-ce pas la même chose qu’ils appellent de noms différents ? […] Car, il savait bien, aussi lui, ce « rhéteur », comme l’a quelque part appelé M. […] Gumplowicz appelle le « processus de formation des races ».
C’est ce que Paul-Louis, de désagréable mémoire, appelait brièvement ne pas sentir la différence qui sépare Tivoli de Pontoise et Gonesse d’Albano. […] Voilà qui s’appelle raisonner. […] Le bon sens national avait fait bonne justice : n’appelons pas de son arrêt. […] Mais je crois que l’opinion commune se trompe et qu’il convient d’en appeler du jugement consacré. […] Et cependant, chose singulière, ce même Delille, si longtemps considéré comme le maître dans l’art de ne pas appeler les choses par leur nom, serait l’un des premiers qui fit scandale pour avoir appelé le haricot un haricot, et autres nouveautés, pour le temps, non moins téméraires.
J’entendais donc, à la campagne, appeler des pommes de terre roses hâtives, des lirlies roses ; on ne put me donner aucune autre explication, et, le mot m’étant inutile, je l’oubliai. […] — Les Français appelaient Fond de baie un littoral canadien. […] On appelait ponge, à la cour du grand roi, ce que nous nommons grog.
Elle appelle le chat et le chien et leur dit : « Mettez-vous à l’eau immédiatement, traversez le fleuve et rendez-vous à la case de votre maître. […] Après avoir regardé la femme et le kélé, Ahmed sort doucement et va appeler ses captifs : « Gardez bien les issues du tata, leur commande-t-il, que personne ne puisse sortir ! […] Il appelle sa femme et lui dit : « Mon bengala avait beau être gros, il n’y en avait pas assez pour toi.
Qu’est-ce que les Anglais appellent un grand scholar, un lettré par excellence ? […] — Rien de nouveau, lui criai-je en descendant de mon cheval ; de quelque nom qu’on l’appelle, monarchie ou république, le peuple est toujours peuple, c’est-à-dire ignorant et mobile. […] M. de Rivière autorisa son jeune secrétaire à passer par l’île de Milo pour y négocier l’acquisition de ce beau morceau de marbre appelé depuis la Vénus de Milo. […] Je la priai d’appeler ses femmes, elle se mit à rire. […] Agité de souvenirs, je ne pus fermer l’œil du reste de la nuit ; au point du jour, j’appelai mon guide.
Il ne les peut prendre nulle part, sinon dans notre vie inférieure, dans ce que nous appelons la Réalité. […] Qu’on se rappelle, par exemple, un tableau du symphoniste Rembrandt, ou des maîtres que nous appelons les Coloristes. […] Cari Rosa qui semblait vouloir devenir le champion du drame Wagnérien chez nous, paraît avoir perdu courage ; une saison de trois à six semaines ne peut être appelée un Opéra National. […] Wolfram se lève avant les autres, car c’est son nom que la princesse Elisabeth a retiré de l’urne, où le sort devait indiquer le premier appelé dans la lice. […] Ce qu’on appelle ici le Waldweben est un épisode du second acte de Siegfried désigné en France par « les murmures de la forêt ».
L’éclat de cette race est si fascinant, cet écheveau de soie éclatante tissée d’acier, qui s’appelle les Guise, si difficile à démêler, qu’il tente l’historien par sa difficulté même. […] Et cette histoire du xvie siècle relève absolument de l’esprit divin. — Je me soucie bien qu’on m’appelle mystique ! […] » Le plus grand des trois fut certainement celui qu’on a appelé : M. de Guise le Grand, qui rendit Calais à la France et qui s’appela aussi le Balafré. […] l’homme noir de l’Escurial, le dur Trappiste de la Royauté, le bourreau des Flandres… à distance, n’est pas ce qu’on peut appeler une âme tendre ; mais il n’en a pas moins aimé. […] Ce Philippe II, — que les ennemis du Catholicisme appellent un monstre, — sans son fanatisme religieux n’eût été, malgré tous ses crimes, qu’un monstre de médiocrité.
L’Antiquité avait fait l’homme fier ; l’Église, l’homme bon (qu’il appelle le bonhomme, par stupide moquerie) ; mais l’avenir produira l’homme juste. […] Des affirmations incohérentes, sans raison d’être, malgré le titre des chapitres, et fussent-elles coupées, çà et là, par quelques cris brutalement éloquents, ne constituent point cette belle ordonnance, cette sphère, qu’on appelle un livre en littérature. […] Les Spartiates exposaient l’ilote ivre devant leurs fils pour les dégoûter de l’ivresse ; mais nous ne valons pas les Spartiates, ces moines militaires de l’Antiquité, comme les appelle un moderne. […] … Seul éternellement dans la vie, ce lépreux de cœur qui s’appelle Rousseau eut des maîtresses plus ou moins ignobles, des sentimentalités plus ou moins putrides, mais il n’eut jamais, dans la sainte vérité du mot, ni un amour ni une amitié. […] Le livre de Proudhon intitulé : La Pornocratie, s’appelle aussi : Les Femmes dans les temps modernes, et il est bien nommé !
Il exprime donc une imperfection individuelle ou collective qui appelle la correction immédiate. […] Elle mérite d’être appelée classique, s’il est vrai que l’art classique soit celui qui ne prétend pas tirer de l’effet plus qu’il n’a mis dans la cause. […] Qu’il y ait interférence de séries, inversion ou répétition, nous voyons que l’objet est toujours le même : obtenir ce que nous avons appelé une mécanisation de la vie. […] Au sens le plus large du mot, il semble qu’on appelle esprit une certaine manière dramatique de penser. […] Telles sont bien en effet les trois lois fondamentales de ce qu’on pourrait appeler la transformation comique des propositions, comme nous allons le montrer sur quelques exemples.
La seconde de ces élégies est de toute beauté, dans la première moitié surtout, où s’exhale une si poignante douleur, où le poète va demander au grand spectacle d’une nature bouleversée, à ce qu’on appelle le pays brûlé de l’île, l’impression muette et morne à laquelle il aspire et qu’il s’indigne de ne point éprouver : Tout se tait, tout est mort. […] Je demandai alors à relire à haute voix ces quatre vers, en indiquant ce qui les précède dans l’ordre des sentiments et ce qui les amène ; j’en appelai de l’Académie distraite à l’Académie attentive ; j’insistai précisément, je pesai sur l’effet heureux de ce mot tranquillisé, si bien jeté à la fin du vers. […] Parny élégiaque est complet en soi : il n’appelle pas, comme Millevoye et quelques autres poètes souffrants et inachevés, l’idée de plus grand que soi, et ne fait point attendre ni désirer vaguement ce maître futur. […] Le Brun, l’ami d’André Chénier, et qui avait, par science et par envie de métier, tout ce qu’il fallait pour mesurer Parny, l’a appelé un demi-Tibulle : Parny, demi-Tibulle, écrivit mollement Des vers inspirés par les Grâces Et dictés par le sentiment. […] Je n’ai garde, d’ailleurs, d’irriter les dieux ou les génies ; je ne veux pas appeler les orages et la foudre sur le myrte odorant et frêle pour qui c’est déjà trop que de supporter le soleil.
Placé dans une école de sa ville natale, un petit collège tenu par des ecclésiastiques, il y fit avec succès ses études jusqu’à l’âge de seize ans : les maîtres de ce collège étaient des prêtres du pays, de la vieille roche, graves, instruits, enseignant les belles-lettres avec solidité et bon sens, et antérieurs à toute invasion de ce qu’on peut appeler le romantisme clérical ou le néo-catholicisme. […] Venu à Paris, recruté et appelé en vertu de ses succès de province dans le petit séminaire que dirigeait alors un abbé déjà célèbre, M. […] Très peu d’esprits, dans ce cas, sont appelés à l’être. […] C’est ce qu’il appelle la conscience du genre humain, — une sorte de miroir supérieur et mobile où se réfléchissent et se concentrent les principaux rayons, les principaux traits du passé, et qu’à chaque époque le nombre plus ou moins grand des hommes qui pensent promène avec soi et transmet à ceux qui suivent. […] Certes, l’homme qui s’exprime ainsi n’est pas irréligieux : il me paraîtrait même conserver et introduire dans sa conclusion dernière une légère part de mysticisme ou d’indéterminé sous le nom d’idéal ; et je serais plutôt tenté, quand je considère l’histoire du monde, la vanité de notre expérience, la variété et le recommencement perpétuel de nos sottises ; quand je viens à me représenter combien de lacunes en effet dans ce cabinet des types et échantillons qu’il appelle magnifiquement la conscience du genre humain, combien de pertes irréparables et que de hasard dans ce qui a péri et ce qui s’est conservé, combien d’arbitraire et de caprice dans le classement de ce qui reste, et que ce restant dont nous sommes si fiers, si l’on excepte les tout derniers siècles qui nous encombrent, et dont, nous regorgeons, n’est, en définitive, qu’un trésor composé d’épaves comme après un naufrage ; — quand je me représente toutes ces interruptions, ces oublis, ces brusqueries et ces croquis de souvenirs, ces ignorances complètes ou ces à-peu-près, et à vrai dire, ces quiproquos qui ne sauraient pourtant revenir tout à fait au même, — je serais, je l’avoue, plutôt tenté de trouver que M.
Avoir vécu, dès l’enfance et durant la jeunesse, de la vie de famille, de la vie de devoir, de la vie naturelle ; avoir eu des années pénibles et contrariées sans doute, comme il en est dans toute existence humaine, mais avoir souffert sans les irritations factices et les sèches amertumes ; puis s’être assis de bonne heure dans la félicité domestique à côté d’une compagne qui ne vous quittera plus, et qui partagera même vos courses hardies et vos généreux plaisirs à travers l’immense nature ; ne pas se douter qu’on est artiste, ou du moins se résigner en se disant qu’on ne peut pas l’être, qu’on ne l’est plus ; mais le soir, et les devoirs remplis, dans le cercle du foyer, entouré d’enfants et d’écoliers joyeux, laisser aller son crayon comme au hasard, au gré de l’observation du moment ou du souvenir ; les amuser tous, s’amuser avec eux ; se sentir l’esprit toujours dispos, toujours en verve ; lancer mille saillies originales comme d’une source perpétuelle ; n’avoir jamais besoin de solitude pour s’appliquer à cette chose qu’on appelle un art ; et, après des années ainsi passées, apprendre un matin que ces cahiers échappés de vos mains et qu’on croyait perdus sont allés réjouir la vieillesse de Goëthe, qu’il en réclame d’autres de vous, et qu’aussi, en lisant quelques-unes de vos pages, l’humble Xavier de Maistre se fait votre parrain et vous désigne pour son héritier : voilà quelle fut la première, la plus grande moitié de l’existence de Topffer. […] Au dernier jour, comme il y a vingt ans, voué tout entier à ce qu’il appelait le charme obscur des affections solides , on l’eût vu accoudé, le soir, entre son vénérable père, sa digne compagne, ses nombreux enfants et quelques amis de choix, confondre le sérieux dans la gaieté, et faire éclore la leçon en passe-temps. […] Son triple talent d’observateur de caractères, de paysagiste expressif et d’humoriste folâtre, s’y croise et s’y combine presque à chaque page ; le pressentiment fatal à demi voilé s’y fait jour aussi : « Cette fois, en déposant le bâton de voyageur, nous dit-il, celui qui écrit ces lignes se doute tristement qu’il ne sera pas appelé à le reprendre de sitôt… Pour voyager avec plaisir, il faut pouvoir tout au moins regarder autour de soi sans précautions gênantes, et affronter sans souffrance le joyeux éclat du soleil. […] Il ressentit d’abord, en y arrivant, une grande impression de solitude ; le bruit et la vanité qui, jusque dans la maladie, continuent de faire la vie apparente de ces grands rendez-vous, l’offusquaient ; il avait, si l’on ose le dire, quelques préventions un peu exagérées contre ce qu’il appelait notre beau monde ; nature genuine, comme disent les Anglais, il avait avant tout horreur du factice ; mais il ne tarda pas à s’y lier d’un commerce en tout convenable à son caractère et à son esprit avec quelques personnes qui lui prodiguèrent un intérêt affectueux, et particulièrement avec M. […] Ses yeux, qui s’étaient opposés dès sa jeunesse à ce qu’il continuât, il n’avait plus à les ménager désormais, et il leur demandait comme une dernière sensation d’artiste ce jeu, cette harmonie des couleurs vers laquelle il se sentait irrésistiblement appelé ; il s’enivrait d’un dernier rayon.
. — Le représentant mental que nous appelons idée pure n’est jamais qu’un nom prononcé, entendu ou imaginé. — Les noms sont une classe d’images. — Les lois des idées se ramènent aux lois des images. I Il y a des choses dont nous ne pouvons avoir expérience ; or, puisque ce sont les expériences qui, par leur caractère commun, éveillent en nous une tendance distincte et ce nom que nous appelons une idée, il semble que nous ne devons jamais avoir une idée de ces choses-là. […] Le cercle est une courbe fermée, dont tous les points sont également distants d’un point intérieur appelé centre. — Mais qu’y a-t-il dans cette phrase ? […] Nous la comparons à quelque chose d’aérien, d’inétendu, d’incorporel ; nous supposons un être dont elle soit l’action ; il nous semble aussi pur et aussi éthéré qu’elle ; nous l’appelons esprit, et nous disons que notre esprit, par-delà toutes les images, se représente et combine les qualités abstraites des choses. […] Telle est la première des illusions psychologiques, et ce que nous appelons conscience en fourmille.
Il s’appelle La Harpe, il s’appelle Delandine, il s’appelle Auger ; il est, fut ou sera de l’Académie. […] Ayant eu récemment l’honneur d’être appelé « niais » par plusieurs écrivains et critiques distingués, et même un peu par mon illustre ami M. de Lamartine11, je tiens à justifier l’épithète. […] Du reste, Mab, qui s’appelle aussi Tanaquil, a toute l’inconsistance flottante du rêve.
On appelle encéphale toute la portion des centres nerveux contenue dans la cavité du crâne. […] Dans le sens propre, il désigne cette portion de l’encéphale qui remplit la plus grande partie de la cavité crânienne, et qui est distincte du cervelet, de la moelle allongée et de ses annexes ; il est le renflement le plus considérable formé par l’axe médullo-encéphalique : sa forme est celle d’un ovoïde irrégulier, plus renflé vers le milieu de sa longueur, et il se compose de deux moitiés désignées sous le nom d’hémisphères, réunies entre elles par un noyau central que l’on appelle le corps calleux. Ces hémisphères sont fictivement divisés dans le sens de la longueur en trois parties que l’on appelle lobes antérieur, moyen et postérieur du cerveau. […] Les collines ou saillies s’appellent circonvolutions ; les vallées ou creux s’appellent anfractuosités.
C’est celui qu’on pourrait appeler sentimental, à condition de prendre le mot « sentiment » dans l’acception que lui donnait le XVIIe siècle, et d’y comprendre toute connaissance immédiate et intuitive. […] Celui de la relation de l’esprit à la matière, abordé dans un sens plutôt matérialiste, fut posé cependant par les philosophes français du XVIIIe siècle avec une précision telle qu’il appelait aussi bien, dès lors, d’autres solutions. […] Ce fut d’abord un merveilleux écrivain, si toutefois on peut encore appeler écrivain celui qui nous fait oublier qu’il emploie des mots, sa pensée paraissant s’insinuer directement dans la nôtre. […] À la méthode habituelle d’observation intérieure le XIXe siècle en a adjoint deux autres : d’un côté, l’ensemble des procédés de mensuration dont on fait usage dans les laboratoires, et, d’autre part, la méthode qu’on pourrait appeler clinique, celle qui consiste à recueillir des observations de malades et même à provoquer des phénomènes morbides (intoxication, hypnotisme, etc.). […] À l’opposé de Kant (car c’est à tort qu’on l’a appelé le « Kant français »), Maine de Biran a jugé que l’esprit humain était capable, au moins sur un point, d’atteindre l’absolu et d’en faire l’objet de ses spéculations.
Voilà le portrait, voilà le séjour, fidèlement copiés d’après nature, de l’homme caché que tout un peuple allait découvrir sur son matelas, à son cinquième étage, pour lui faire ce que Mirabeau mourant appelait les funérailles d’Achille, et ce que nous appellerions plus justement les funérailles d’un Washington gaulois. […] mon père était un royaliste de ce qu’on a appelé la Jeunesse dorée du temps. […] « Mais j’y pris en même temps ce dégoût de la fortune et ce goût de la médiocrité qu’on appelle mon désintéressement, qui est vrai, et ce qu’on appelle ma pauvreté, qui est simplement ma liberté. […] Déjà le sistre les appelle ; Glycère est sans doute avec eux. […] Non, elle s’appelle aussi progrès dans les fortes têtes capables de contenir plus d’une idée pendant la durée d’une longue vie.
Des chefs héréditaires de peuplade ou de village, appelés rois du temps d’Ulysse, s’appelaient seigneurs de nos jours. […] Il se reposait dans cette douce halte de la vie qu’on appelle une belle vieillesse, avant de mourir. […] Cela veut dire qu’il la récite ou qu’il l’écrit en phrases cadencées et musicales qu’on appelle vers. […] Télémaque l’appelle dans le cellier et lui parle en ces mots : « Nourrice ! […] Ne nous étonnons plus que les anciens aient appelé les poètes des devins ; ils devinent le passé comme l’avenir.
C’est ce que l’on reconnut d’instinct dans le Gil Blas de Le Sage ; et c’est ce qui en fit tout d’abord ce que l’on a longtemps appelé, ce que Nisard appelait encore : « le chef-d’œuvre du roman français ». […] Conforme à la chronologie, le plan se trouvera l’être ainsi, de plus, à ce que nous appellerons l’histoire plus intérieure du genre. […] Il a le goût des actions qu’il appelait lui-même implexes et qui seraient mieux appelées invraisemblables. […] C’est ce que l’on a quelquefois appelé le machiavélisme de Montesquieu. […] Les désirs changent d’objets : ce qu’on aimait, on ne l’aime plus ; on était libre avec les lois, on veut être libre contre elles ; chaque citoyen est comme un esclave échappé de la maison de son maître : ce qui était maxime, on l’appelle rigueur ; ce qui était règle, on l’appelle gêne ; ce qui était attention, on l’appelle crainte.
Flourens cantonne le principe vital dans un espace plus circonscrit qu’il appelle le nœud vital. […] Ce sont ces conditions que nous appelons les conditions déterminées du phénomène. […] Berzélius appelait actions catalytiques les phénomènes de ce genre. […] Cela a lieu pour ce que l’on appelle les ferments figurés. […] Hæckel les a appelés alors des monères.
Et comme il groupe les êtres, il appelle et il use aussi toutes leurs facultés maîtresses. […] Les héros de roman, pour la plupart, sont beaucoup plus anciens, dans ces réserves de l’esprit, que l’intrigue qui les a groupés, et leur vie littéraire a été précédée d’une période plus ou moins longue de disponibilité, d’où ils sortent tout à coup, appelés et désignés par cette force qui s’appelle l’idée, et qui n’hésite pas, et qui va droit à eux, et leur dit : « C’est toi que je veux, tu vas vivre ! […] Je dirai donc que l’idée du roman qui s’est appelé De toute son âme ne m’est venue qu’après une longue étude du milieu. […] Alors la lettre arrive, la lettre qu’on n’attendait plus et qui appelle la femme à Paris, dans ce monde de la richesse, des cadeaux, du bien-être, des rubans de soie, des dentelles, dont on parle si souvent dans le bourg. […] J’appellerai cet état la période d’amour, parce que l’amour est seul créateur.
L’enfant s’appelle le naturalisme. […] N’importe : à peine la mère a-t-elle vu le maître d’étude de son fils qu’elle est conquise, séduite, fascinée : elle le compare avec le médiocre mari que la fortune lui a donné ; elle n’a de cesse qu’elle n’ait retiré son fils du lycée pour appeler chez elle le maître d’étude comme précepteur. […] Ils sont faits au contraire pour un public appartenant à ces classes que l’on appelle les classes supérieures, qui s’intitulent elles-mêmes les classes dirigeantes. […] Au début il s’est appelé, il y a vingt-cinq ans, le réalisme ; il aime mieux s’appeler aujourd’hui d’un nom nouveau. […] Les artistes de la démocratie athénienne, celle qui est restée la gloire du monde, s’appelaient Ictinus, Phidias, Myron, Scopas, Praxitèle ; ses poètes s’appelaient Sophocle, Euripide, Ménandre ; ses orateurs Périclès et Démosthène : ils auraient désavoué les naturalistes, et les naturalistes le leur rendent.
C’est cela même qu’on appelle le bonheur. […] Certains l’ont pu faire, qu’on a appelés des apôtres, des martyrs et des saints. […] Le personnage qu’on appelle le Bilatéral aperçoit les deux côtés des questions. […] Nous lui en voulions aussi de s’appeler Maeterlinck quand il est si facile de s’appeler Dubois. […] Il a de même, au plus haut degré ce qu’on appelle le « sentiment de la nature ».
Elle était appelée Kriemhilt, et c’était une belle femme ! […] « — Qui donc ici appelles-tu concubine ? […] Vous m’avez appelée concubine ; vous devez le démontrer. […] Et pour quel motif m’a-t-on appelé ici ? […] Comme il savait jouer de la viole, on l’appelait le ménestrel.
Le parti très peu nombreux qu’on peut appeler bonapartiste, au sens propre, entourait l’empereur de déplorables excitations. […] Tel est l’esprit de ce qu’on peut appeler la démocratie provinciale. […] Toutes les capacités de la nation furent appelées ; Stein dirigea tout avec son ardeur concentrée. […] Versez cette dévorante activité sur des pays qui, comme la Chine, appellent la conquête étrangère. […] Il faut se persuader que la science prend de plus en plus le dessus sur ce qu’on appelle en France les lettres.
Ici, seulement, avec l’à-propos des étalages ouverts encore, quelques idées générales nous appellent. […] Or, entre ce qu’en gros on appelle les modernes, il y a déjà des écoles à bien distinguer. […] Je ne sens de peinture contemporaine à notre jeunesse que chez les artistes appelés symbolistes, du nom des littérateurs qui les encouragèrent. […] Seulement ils garderont ce scrupule de l’impression d’ensemble, sans lequel il n’y a pas d’œuvre d’art, scrupule qui les ferait, mieux que symbolistes, appeler des harmonistes.
On l’appelait aussi la « Fête des lumières », parce que durant les huit journées de la fête on tenait dans les maisons des lampes allumées 1005. […] Josèphe en parle avec la même admiration que de la Galilée, et l’appelle comme cette dernière province un « pays divin 1010. » Jésus, après avoir accompli cette espèce de pèlerinage aux lieux de sa première activité prophétique, revint à son séjour chéri de Béthanie, où se passa un fait singulier qui semble avoir eu sur la fin de sa vie des conséquences décisives 1011. […] On continuait à l’appeler « grand-prêtre », quoiqu’il fût hors de charge 1022, et à le consulter sur toutes les questions graves. […] C’était ce qu’on appelait la « Famille sacerdotale », comme si le sacerdoce y fût devenu héréditaire 1024.
et que je me risquerais presque à appeler une Sainte du monde, semble, sous la plume de M. de Falloux, aussi longue que la route à faire de Paris à Saint-Pétersbourg. […] bien, dans ces pages que le pédantisme peut appeler des œuvres, mais qui n’en sont pas, il n’y a que pensées de femme, sensations de femme, expérience de femme, mélancolie de femme à travers ses gaietés… de femme ! […] Seulement, vieille même, et avec les acquisitions et les grâces tardives de ce nouvel état, elle ne fut pas uniquement, de par la vieillesse, cette personne et ce charme si à part que l’on appelait madame Swetchine ! […] Je l’ai appelée la Sœur de Charité de la vieillesse, et je pourrais dire de toute douleur… Mais ce ne serait pas assez encore.
que l’auteur qui aurait pu être, avec cet optimisme et cette tendance à la perfection universelle et imperturbable, formidablement pédant et niais, comme certains bas-bleus à la manière anglaise, ne l’est jamais ; et c’est ainsi que celle que j’ai appelée le Bas-lilas, évite le bas-bleu ! […] — qui aurait pu écrire avec cette légèreté impétueuse et cette grâce, un livre que les femmes ont appelé un amour de livre, comme ce livre de Dosia ! […] Les roses vieillissent vite et vous savez nomme on les appelle, quand on ne les nomme plus des roses… Je ne voudrais pas effacer le nom que je donne encore à Mme Henry Gréville et plus tard être obligé de l’appeler justement et insolemment : un bas-bleu !
D’un autre côté, quand on aime ses enfants et qu’on a du génie, comme de Maistre, et de la tendresse dans le génie, on efface bien vite sous la vérité de ce qu’on écrit toutes les mignonneries de cette délicieuse Artificielle, de cette caillette, non pas d’esprit, mais de cœur, qui s’appelle madame de Sévigné ! […] Dans un pays comme la Russie, où la richesse est plus nécessaire que partout ailleurs, même qu’en Angleterre, Joseph de Maistre ne pouvait payer un secrétaire, et le plus souvent n’avait pas assez d’argent pour prendre une voiture. « On me dit, — écrit-il avec cette philosophie que j’appelle, moi, une sainteté, et qui fut toujours si piquante d’esprit quand elle était le plus touchante de résignation, — on me dit que j’ai de l’esprit, mais je ne puis cependant pas faire avec de l’esprit une berline ! […] Il a beau avoir de la grandeur de tête et de la vertu, Joseph de Maistre a un esprit du diable, comme on dit dans le pays des gens d’esprit, mais c’est le diable avant sa chute, dans le temps qu’il était ange encore et qu’il s’appelait Lucifer ! […] Nous nous doutions bien de la haine de Joseph de Maistre contre celui qu’il appelle le Dæmonium meridianum, mais nous savions aussi à l’avance que cette haine ne serait jamais mesquine, et, de fait, la haine de de Maistre est taillée à la grandeur de l’homme qui l’inspire !
Royalistes et Républicains45 I Ce livre, que l’auteur appelle avec juste raison une Étude historique et non pas une histoire, a fait quelque impression. […] Louis-Philippe en meurt dix-huit ans après, et Napoléon III, l’homme de décembre qui descendait de l’homme de brumaire, en meurt aussi, pour l’avoir relevé et repris… Aujourd’hui, qu’il s’appelle République au lieu de s’appeler Monarchie, il n’en est pas moins toujours, malgré les mutilations qu’il a subies, le gouvernement parlementaire et fatal qui a perdu en cinquante ans trois dynasties, et qui n’a avancé qu’une seule question, des cent mille qu’il a stérilement agitées : celle du mépris qu’il a commencé d’inspirer ! […] quand on l’appelait de ce beau nom, de ce seul nom qui convienne au pouvoir : le gouvernement personnel !
I Quitard s’appelle lui-même bravement « un parémiographe ». […] Dans un temps où la division du travail, qui pulvérise tout, hommes et choses, et en raffine encore la poussière, multiplie le nombre des spécialités en tout genre la parémiographie, puisqu’il faut l’appeler par son nom… comme la peste, — mais ce n’est pas la peste, — est une spécialité philologique, taillée dans un pan de la philologie générale comme une province dans un empire, et qui suffit à l’ambition d’un honnête savant. […] Voix incorporelles d’esprits disparus, chose touchante, que pour insulter à des originalités défuntes, on a l’impertinence d’appeler « la sagesse des nations » ! […] Heureusement pour Rivarol, le mot que cite Quitard ne prouve qu’une chose, assez triste du reste : c’est que le talent le plus héroïquement et le plus fièrement spirituel put se laisser enfiler par une idée vulgaire, comme un grand homme par un goujat ; mais il ne détruit nullement cette certitude : que ce qu’on appelle le bon sens des peuples et des siècles, c’est l’intelligence des grands hommes — ignorés ou connus — qui ont fait tradition et rencontré leur écho.
Victor Hugo lui-même, que Théophile Gautier, que tous ceux-là enfin de notre époque qui, arrivés à la grande renommée, ont rencontré les résistances des commencements, — Prévost-Paradol n’était pas cependant ce qu’on appelle un homme heureux, et ces Essais de littérature et de politique que je tiens là, m’ont appris à mon grand étonnement son secret, et m’ont dit sa mélancolie. […] , vous comprenez ce que devait être pour Prévost-Paradol, gros d’un grand orateur et d’un grand ministre, la petite chose qui nous suffit, à nous, et qui s’appelle la littérature. […] Ses condisciples lui donnaient soit le commencement, soit la fin d’une phrase qu’il fallait immédiatement remplir, et sur-le-champ Prévost-Paradol prenait une plume et la remplissait avec une facilité… que j’oserai appeler abominable, car c’est par elle que le rhéteur devint un sophiste plus tard ! […] Par la nature de son talent, Prévost-Paradol est peut-être, de tous les écrivains du Journal des Débats, celui qui convenait le mieux à ce journal et qui a le plus de ce qui s’appelle l’esprit de la maison.
Et le dernier, de l’œil sévère, mais adouci cette fois, de ce Boileau qu’on a appelé, dans une langue que ne connaissait pas Villon, le législateur du Parnasse. […] Ces bons tours, que j’appellerai mauvais, le xviie siècle, le solennel xviie siècle les continuait, en riant, quand Scapin volait cinq cents écus à Géronte et le bâtonnait dans son sac. […] Il est le premier, que je sache, qui se soit donné la peine de rechercher les sources morales de l’inspiration dans cet immoral, ce ribaud, ce braguard qui s’appelait Villon, et qui, comme tant d’autres, valait mieux au fond que ce qu’il paraissait être. […] Il n’embrassait pas celle que Shakespeare appelle sa déesse (my goddess), et que tous les poètes ont étreinte.
Parmi ces travaux historiques que nous appelions un jour le bon sens du xixe siècle, il convient de parler du livre de Théophile Lavallée sur la Maison royale de Saint-Cyr 6. […] Du reste, on laisserait de côté cette explication inattendue du xviie siècle, trop fine peut-être pour frapper et pour attirer la majorité des esprits, qu’on ne pourrait pas oublier la grande personnalité historique qui remplit le livre, et qui, à elle seule, aurait suffi pour appeler et justifier, dans l’esprit d’un homme ayant l’instinct des grandes choses humaines, l’idée d’une histoire de l’institution de Saint-Cyr. […] Si, pour les hommes véritablement ambitieux, le père Joseph du Tremblay est plus beau dans sa bure de capucin que le cardinal de Richelieu dans ses flots de pourpre, si la puissance sans titre, l’influence sans nom, mais effectives, sont plus que le costume, l’éclat et l’attitude du commandement, de quel sentiment ne devons-nous pas être pénétrés pour cette admirable vieille femme que Louis XIV appelait Sa Solidité et consultait en plein conseil de ministres, et qui, majestueuse et discrète, « toujours vêtue d’étamine noire ou feuille-morte », resta toute sa vie une humble chrétienne, avec des manières de femme du monde à tout relever ! […] Madame de Maintenon l’emportait trop par la raison, par le caractère, par la dignité dans la vie, par le sentiment religieux qui planait perpétuellement sur son âme, et teignait ses mots et ses actes de ses reflets les plus graves et les plus solennels, pour avoir ce que l’on appelle de la grâce, ce joli mouvement des natures légères… Littérairement, il est resté d’elle des choses d’une beauté rare, une correspondance qu’aucune femme d’aucun temps ne recommencerait.
du laid, du bas, de l’ignoble, du honteux… Nous en sommes arrivés à cette phase, inconnue jusqu’ici en littérature, et qu’on peut appeler « le goujatisme littéraire ». […] Depuis ce moment-là, elle ne l’appela jamais que « ce malheureux homme », et elle fit dire pour lui une messe à Rome, quand le malheureux homme mourut à Sainte-Hélène. […] Elle aime et elle est heureuse par cet amour, dont elle n’écrit pas même le nom et qu’elle appelle dans toutes ses lettres « de l’amitié ». […] Mais pour Mademoiselle de Condé, pour cette âme inouïe, que j’ai osé appeler céleste, il n’y a dans ses lettres rien de ce qui agite les lettres des autres femmes.
Je ne sache rien de plus facile et de plus misérable que ces sortes de placages, répétés par Flaubert dans sa Tentation de Saint Antoine, et qu’on pourrait appeler de l’imagerie historique et dramatique je ne sache rien qui soit au-dessous de ces compositions hybrides, dont la monstruosité est précisément de n’avoir pas de composition. […] Quand Victor Hugo écrivait son Cromwell, il débordait de verve et de jeunesse, et il visait de ce coup de massue ce qu’on appelait alors : « le théâtre classique », pour en élever un autre sur ses débris. […] Charles de Rémusat, qui, en sa qualité de philosophe, aurait dû plus que personne se préoccuper de l’ordre et de la déduction nécessaires à toute œuvre de l’esprit, a oublié également l’un et l’autre dans la sienne… Au lieu de nous construire et de nous équilibrer un drame avec ses proportions harmonieuses, il s’est laissé couler et tomber dans le drame anarchique, grossier, élémentaire, qui lâche tout et ne s’astreint à rien, et est bien moins l’ensemble qu’on appelle un drame digne de ce nom, qu’une puérile succession de spectacles. […] Cousin, qu’on peut appeler le grand Cousin quand on le compare aux petits philosophes dont il fut le père, s’est contenté de déterrer le Sic et non d’Abélard, mais il n’a pas fait de drame sur ce romanesque philosophe, et il a laissé ce soin et ce sujet à l’admiration de Charles de Rémusat, qui, après avoir été l’historien d’Abélard, a voulu encore en être le poète.
Il y en a un qui s’appelle Hartmann, qui a fait un livre comme son maître, d’une insanité semblable et différente. […] Caro, puisqu’il s’agit de la construction qu’on appelle un livre, il n’a pas trop mal fait le sien. […] Caro appelle : « Le Pessimisme au xixe siècle », il commence par en faire l’histoire sentimentale avant d’arriver à la théorie scientifique de ces deux Enragés du néant qu’il nous serait impossible d’admettre deux minutes, eux et leurs idées, s’ils étaient seuls, si nous n’étions pas préparés, par cette précaution d’une histoire, à une théorie de métaphysique qui n’en reste pas moins, malgré cette histoire préliminaire, de la plus incompréhensible absurdité ! […] Et l’autre, celui de Hartmann, — moins intelligible, qu’il appelle l’inanition, qui n’est pas, comme on pourrait le croire, l’action vulgaire de mourir de faim, — et qui, bien plus expéditif que celui de Schopenhauer, finirait le monde à un moment donné et à la même minute.
Diogène, avec le manteau d’Antisthène qu’il avait ramassé à la borne et à travers les trous duquel passait l’orgueil qui crevait les yeux de Platon, Diogène ne buvait dans sa main et ne roulait devant lui son tonneau que pour se passer des hommes et être, tout à son aise, outrageusement insolent avec eux ; mais Benoît Labre, qui s’était fait le pauvre errant dont la main n’avait pas honte de se tendre à l’aumône, ressuscitait, par le spectacle de sa misère, la pitié et la charité dans les cœurs… Ce pauvre volontaire de Jésus-Christ, comme il s’appelait lui-même, fut, à ses risques et périls, tout le temps qu’il vécut, une prédication silencieuse, autrement éloquente que la parole des plus éloquents… C’était, continuée, vivante et incessante, la prédication du sublime sermon sur la montagne, — qu’admirait Rousseau, messieurs les philosophes ! […] Il y a dans la pauvreté, qui est redoutée à présent de toutes les âmes amollies par ce qu’on appelle le confort de la vie, il y a cependant dans la pauvreté une poésie profonde et si d’accord avec l’âme du genre humain, que c’est peut-être la plus impressionnante et la plus touchante de ses poésies. […] Et telle fut celle de Benoît Labre, de ce paresseux, comme on a osé l’appeler, ce laborieux de la misère ! […] Quand il s’arrêtait aux Églises, il s’y reposait de ses longs chemins sur les genoux devant le sanctuaire, les bras en croix, insensible à tout, aux plus affreuses fatigues, à la douleur, à la faim, imperméable à la création tout entière, lui qui n’était plus qu’une âme et qu’on eût pu appeler, dans nos langages de la terre : le cataleptique de l’amour de Dieu !
Ni poème inédit de Goethe ou de Byron, ni drame perdu et retrouvé de Calderon ou de Shakespeare, ni roman, ni histoire, ciselés par les maîtres de l’observation et de l’analyse, ni chefs-d’œuvre quelconques, ne sauraient, selon nous, lutter en intérêt et en importance avec ce modeste livre écrit par un moine, traduit par un prêtre, et dans lequel se joue un souffle qui n’est ni le talent ni le génie de l’homme, et qu’il faut bien appeler la force de Dieu pour y comprendre quelque chose ! […] Les quelques pauvres bénédictins dont Mgr Salvado (l’un d’entre eux) a écrit l’histoire, et qui, partis pour l’Australie en 1844, y fondent une mission en pleine forêt vierge, appellent les sauvages à la lumière et leur apprennent la vie sociale, ces moines obscurs qu’on veut bien estimer encore, mais dont l’héroïsme et la charité n’étonnent plus, ont répété exactement le même mot que tous les missionnaires catholiques, que toute cette volée d’aigles de la Bonne Nouvelle lâchée par Rome sur l’univers pendant dix-huit-cents ans d’apostolat ! […] Pour expliquer le miracle permanent de son influence sur le monde, et de ce pétrissage des cœurs dans sa main qu’on appelle ses prédications, la pensée humaine, déconcertée par les spectacles que lui offre l’Église, invente aussitôt, pour se remettre, des raisons légitimantes et vulgairement logiques d’accepter un succès si certain toujours, et si prodigieux. […] Eh bien, où madame Beecher-Stowe a vu le mal et l’a peint en forçant le trait d’une main convulsive, Mgr Salvado a donné tranquillement le remède, et nous ne croyons pas que, depuis les Prisons de Silvio Pellico, appelées si heureusement : « la Marseillaise de la miséricorde », le catholicisme, qui ne dilate pas l’orgueil, qui ne crée pas la haine et la colère, même la généreuse colère !
Autran est en poésie ce qu’on peut appeler un rude travailleur, et, s’il ne l’est pas, si, en fait, nous nous trompons, il en a l’air, et c’est la même chose, Rappelez-vous un mot terrible ! […] L’agriculture et la guerre sont des sources de poésie immortelle, mais l’homme qui les considère comme une ressource de littérature défaillante, et rien de plus, n’a jamais eu cette flamme qu’il n’est pas ridicule d’appeler le feu sacré. L’honnête citoyen qui prend si tranquillement sa canne et son chapeau pour aller se rafraîchir aux sources premières, — à ces citernes qui s’appellent Ruth, Tobie, Josué, les Machabées, — n’est pas digne de ce nom de poète, et encore s’il y allait ! […] L’héroïque défense de Milianah, un épisode de notre guerre d’Afrique, comme il l’appelle, avait, il y a bien des années, tenté la jeune verve de M.
Malherbe, que d’aucuns ont appelé Richelieu, mais que, moi, j’appelle Robespierre, avait tué Ronsard. […] Et ce que je dis là s’est produit sans nulle exception, sans nulle interruption, pendant trente-sept ans, et continue de se produire encore, depuis Victor Hugo jusqu’à Leconte de Lisle, le chef de la meute de ces bassets poétiques qui jappent maintenant et qui se sont appelés si fastueusement : le Parnasse contemporain, quoiqu’ils n’eussent rien de Parnasse et encore moins de contemporain ! […] Avant Ronsard, il y avait bien eu, ici et là, dans ce qu’on n’oserait appeler une littérature, quelques vagissements, quelques gracieuses balbuties de poètes au berceau, quelques rêveuses pubertés.
C’était une de ces impressions telles qu’on devait en éprouver quand les êtres surnaturels, les visions, ce qu’on appelle les anges, apparaissaient encore aux regards des habitants de la terre. […] Aimée d’un grand écrivain, ce grand écrivain l’avait transportée avec lui dans l’empyrée des lettres et de la gloire ; elle avait ce qu’on appelle un salon ; ce salon était un sanctuaire plutôt qu’une exposition d’esprit et de célébrités, un culte plutôt qu’une cour. […] Je n’ose prononcer, mais je crois que l’inspiration du lyrique est supérieure à la combinaison du machiniste qui fait jouer sur la scène ces marionnettes humaines qu’on appelle des personnages dramatiques ; seulement, quand ces personnages parlent comme les font parler les grands poètes dramatiques, le génie est égal et l’emploi est différent. […] Pour jouir de cet orgueil maternel elle conduisit, un jour, son enfant à Versailles, à ce spectacle de la cour qu’on appelait le Grand Couvert. […] Le lendemain de cet entretien avec le premier ministre, j’en eus un autre avec le roi lui-même ; il m’avait fait appeler ; il fît les derniers efforts pour me rattacher à son gouvernement ; j’eus de la peine à résister pendant trois heures à son éloquence, à ses caresses, même à ses larmes.
C’est en appeler aux hommes quand on a à sa disposition le Saint-Esprit. […] C’est en appeler au Moyen Âge ; que dis-je ? […] Il s’agit de savoir s’il faut refluer cinq siècles et blâmer un développement qui était évidemment appelé par la nécessité des choses. […] Les faits accomplis ont eu raison d’être, et, si l’on peut en appeler contre eux, c’est à l’avenir, jamais au passé. […] Nous n’en appelons au principe des nationalités que quand la nation opprimée est supérieure selon l’esprit à celle qui l’opprime.
On l’appelle la philosophie de la perfectibilité indéfinie et continue de l’humanité ici-bas. […] Le nom de Napoléon, qu’on appelle le Grand, a coûté la vie à des millions d’hommes en moins de vingt ans ; et tant de sang humain répandu n’a déplacé ni une borne ni une idée en Europe. […] Non, en présence de tels monuments, nous ne croyons point avec eux que l’homme ait commencé dans la fange et dans la nuit, mais nous croyons avec l’Inde qu’il a commencé dans la perfection relative et dans la lumière de ce qu’on appelle un Éden. […] » — « Écoute », répond le maître divin, « celui-là est affermi dans la sainteté et dans la lumière qui balaye son cœur de tout autre désir que la contemplation de Dieu et de soi-même, qui ne se réjouit ou ne s’attriste ni de ce qu’on appelle bien ni de ce qu’on appelle mal terrestre ; celui-là est affermi dans la sainteté et dans la vérité qui peut replier en Dieu tous ses désirs, comme la tortue replie à volonté tous ses membres sous son écaille. […] C’est Celui qui n’a ni commencement ni fin, et qui ne peut être appelé ni la vie ni la mort, car il est au-dessus et en dehors de la mort et de la vie !
Ces cinq s’appelaient Paul Bonnetain, J. […] Bon frère, le Seigneur t’a appelé à la fleur de ton âge. […] Est-ce qu’on l’appelle de la sorte à Pors-Aven ? […] Ses livres s’appellent tous d’un petit nom synthétique. […] Le livre se fût appelé La Mort.
L’étude de la conscience, dans le dictionnaire philosophique, s’appelle psychologie. […] Si tel peuple accomplit l’idée qu’il est appelé à réaliser, il passera après avoir réalisé cette idée. […] Les premiers, pour les appeler par leur nom, sont les hommes ordinaires, classe nombreuse, honnête, utile. […] Pas une gloire n’a été infirmée et ne peut l’être ; on peut en appeler des coteries et des partis à l’humanité ; mais de l’humanité, à qui en appeler en ce monde ? […] D’abord j’en appelle aussi à la gloire.
Il s’appelait Raymon Jourdain. […] Il s’appelait Joseph, il avait une face de gargouille. […] — Mon père, ce cuisinier, comment s’appelle-t-il ? […] Il s’appelait Gomez Carrillo, et ce nom est maintenant connu des Parisiens. […] Vigny semble outré de cette représentation qu’il appelle furtive et déloyale.
Pourquoi donc l’appeler grand, ou ne pas appeler ceux-ci d’un autre nom ? […] Des médisants vous ont appelé rhéteur. […] Voilà qu’on ne l’appelle plus « l’éloquent » ! […] On est sensible au plaisir d’aider un homme éminent à arriver où l’appelle son mérite. Mais, pour un candidat qui s’impose, combien qui veulent être élus sans avoir été appelés !
Ses poésies, à chaque page, attestent ce doux culte refleurissant, et dans des stances d’hier, adressées à une amie gracieuse qu’elle appelle la comtesse Marie 45, nous en ressaisissons un nouvel écho : L’Ange nu du berceau, qui l’appela Marie, Dit : « Tu vivras d’amère et divine douleur ; Puis, tu nous reviendras toute pure et guérie, Si la grâce à genoux désarme le malheur. […] …………… …………… Je ne m’éloigne pas ; je me tiens à distance, Épiant, ô ma sœur, tes pieds blancs et mortels : Quand tu m’appelleras de ta plus vive instance, Je t’aiderai, Marie, au retour des autels ! […] Je l’ai appelée une Espagnole blonde, une Portugaise : les Antilles même, pour compléter, n’y manquent pas. […] Dans la longue maladie qui précéda sa fin, elle dut prier beaucoup, mais elle observa le silence au dehors, se recueillit absolument en elle-même et ne voulut appeler personne : elle avait toujours été pour qu’on respectât la paix des mourants. […] Ruiné dans toutes ses espérances, c’est encore une de ces existences dissoutes dans le mouvement formidable de ce qu’on appelle la civilisation, qui pour beaucoup ressemble au chaos. » « (6 septembre 1854)… Le malheur finit par semer l’épouvante même au sein des familles que le bonheur aurait unies.
C’est ce qu’on appelle une récidive, c’est-à-dire deux crimes dans un. […] Je pâlis sans qu’il s’en aperçût, et je me doutais qu’on avait peut-être jugé à mort celui qu’ils appelaient le meurtrier. […] Lorsque je fus arrivée à la dernière loge, dont le pilier du cloître empêchait la vue aux autres, j’appelai à voix basse Hyeronimo et je lui dis rapidement ce que m’avait dit longuement la maîtresse des prisons, afin que, si c’était pour lui la mort, la voix qui la lui annonçait la lui fît plus douce, et que, si c’était la vie, la parole qui la lui apportait la lui fît plus chère. […] Tu ne me refuseras pas de la recevoir de ma main pour nos parents ; ces quatre semaines de soulagement de ta chaîne descellée du mur, de prières, de visites, de consolations, d’entretiens avec le prêtre appelé par toi dans ton cachot, nous offriront un moyen ou l’autre de nous sauver ensemble de ces murs. […] Hormis les courts moments où mon service m’appelait dans la cour et où je pouvais entrer dans le cachot et baiser ses chaînes, nos seuls moyens de communication ensemble étaient donc la colombe et la zampogne.
C’est moi, c’est le spectre de Clytemnestre qui vous appelle ! […] Comme le démon de l’Écriture, son Chœur s’appelle « Légion ». […] C’est l’idéal du sinistre : Eschyle n’a jamais soufflé d’une bouche si violente, d’une si longue haleine, dans ce que Shakespeare appellera plus tard « la trompette hideuse des malédictions ». […] Celle de l’accusé s’appelait la « Pierre de l’Injure », Αίθος υβρεως. […] » — Oreste se trouble, il appelle le dieu à son aide, qu’Apollon parle pour lui.
2° Il y eut le moment de 1821 à 1828, le plus opposé au précédent, celui de la plus grande défaveur religieuse et de l’impopularité poussée jusqu’à l’odieux, par suite des abus et des excès dont la seconde Restauration fut témoin lors du triomphe de ce qu’on a appelé la Congrégation. […] L’un d’eux, l’abbé Émery, offrait dans sa personne, à ce commencement du siècle, comme le type de ces vénérables survivants : l’abbé Émery, celui qu’on a pu appeler « le suppléant des évêques », l’oracle du Clergé et sa boussole dans l’orage, le modérateur pendant les tempêtes, le centre caché où venaient aboutir les consultations, la lampe dans l’ombre où venaient s’éclairer toutes les consciences chrétiennes. […] Émery86, de ce prêtre si vénéré et si sage, de ce second fondateur de Saint-Sulpice, et j’y ai vu à quel point, malgré toute sa tolérance personnelle et ses ménagements envers les hommes, il était arrêté sur les principes, penchant sans contre-poids du côté de Rome, et combien ce qu’on appelait autrefois gallicanisme était absent ou infiniment peu représenté dès l’origine dans cette reconstitution du Clergé de France. […] Il s’en trouva une qui se chargea, à l’aide de ce que Bossuet appelle des moyens agréables, c’est-à-dire par son charme et ses artifices, « d’attaquer auprès de Louis XVIII les influences dangereuses, compromettantes pour le salut du trône, pour sa personne et pour le pays ; de détruire ces influences, et en même temps de les remplacer ; de faire accepter au roi les hommes qui auraient gagné la confiance de Monsieur ; enfin, de réconcilier les deux frères. » La personne choisie pour l’exécution de ce pieux dessein, et qui s’y prêta de toute son âme, y employait de longues séances chaque mercredi. […] Au lieu de convives tout profanes, de personnes un peu vives et même légères, d’actrices peut-être, on eut des abbés, des avocats généraux bien pensants, des vaudevillistes devenus censeurs, et plus le petit mot pour rire. — M. de Montmorency meurt vers ce temps-là ; il était de l’administration des hospices ; on célébrait pour lui un service dans chaque hôpital : « Ne manquez pas d’y aller, disait le même médecin aux élèves à qui il portait intérêt, cela fera bien. » Il n’y eut qu’un seul élève, de ceux qu’on appelle câlins, qui y assista.
Il se trouva que si l’un était une manière de poète et d’artiste, l’autre personne était une grande dame, une femme de qualité, et de ce qu’on appelle le faubourg Saint-Germain. […] » Il y a un jour, un jour unique où ce nuage noir de Marie semble s’être dissipé, où il lui échappe de dire qu’elle veut être aimée tout bonnement « pour tout ce que Mme Denis regrette » ; mais ce mot naturel, ce mot que Michel appelle adorable, comme elle le reprend et le retire ! […] Ceux qui s’intitulent philosophes et qui ne sont que des professeurs ou des raisonneurs de philosophie, ne se doutent pas du degré de philosophie véritable auquel atteignent naturellement et de prime saut quelques-unes de ces natures qu’on appelle artistes. — Mais Michel, après avoir fait voir et dire à l’oiseau babillard tant de choses merveilleuses et à étonner les simples, se rabattait l’instant d’après à donner à Marie d’aimables et riants conseils, bien capables de l’apprivoiser : « La vie, telle qu’elle est, est pleine de choses heureuses, Marie ; les plaisirs de la pensée sont infinis. […] Ainsi, derrière un ironique, il y a eu un croyant, un cœur confiant du moins, aimant, affectueux, et ce Michel, pour l’appeler d’un nom, cet amoureux d’autrefois, cet homme délicat et humain n’est jamais mort chez Gavarni : il a eu jusqu’à la fin des retours marqués dans son talent. […] Il avait, à côté du boudoir et du mystère, ce qu’il appelle quelque part « sa cour des miracles et ses truands. » Il nous y faut venir ; mais il est vraiment trop tard pour aujourd’hui.
C’était donc Balzac, Léon Gozlan, Jules Sandeau, Théophile Gautier, Méry, Mélesville ; — Forgues, que la nature a fait distingué et que la politique a laissé esprit libre ; Edouard Ourliac, d’une verve, d’un entrain si naturel, si communicatif, et qui devait finir par une conversion grave ; un italien réfugié, patriote et virtuose dans tous les arts, le comte Valentini, qui payait sa bienvenue en débitant d’une voix sonore et d’un riche accent le début de la Divine Comédie : Per me si va… C’était le médecin phrénologue Aussandon, qui signait Minimus Lavater et qui avait la carrure d’un Hercule ; Laurent-Jan, esprit singulier, tout en saillies pétillantes et mousseuses ; le marquis de Chennevières, esprit poétique et délicat, qui admire avec passion, qui écoute avec finesse ; — nommerai-je, parmi les plus anciens, Lassailly l’excentrique, qui, même en son bon temps, frisait déjà l’extravagance, qui ne la séparait pas dans sa pensée de la poésie, et qui me remercia un jour très sincèrement pour l’avoir appelé Thymbræus Apollo ? […] C’est ainsi que l’artiste appelle tous ceux qui ont largement usé de la jeunesse et qui sont arrivés à l’heure ingrate et fatale où l’illusion n’est plus possible et où l’on se répète tout bas, avec M. de Parny : « C’en est fait, j’ai cessé de plaire ! […] Je l’ai connu, celui-là : il s’appelait Fayolle, un menu littérateur, un auteur de petits vers sous le premier Empire ; il s’était ruiné avec ce qu’on appelait alors les Nymphes de l’Opéra, et il vivait sur la fin à Sainte-Périne, où il est mort. […] Car il avait, il a un jardin, à ce qu’on appelait le Point-du-Jour, au bord de la Seine, son jardin d’Auteuil, et plus grandiose que celui de Boileau, un petit parc en vérité, avec quinconce de marronniers, avenue, terrasse, un vrai coin royal de Marly. […] comment évaluer l’ombrage, la fraîcheur matinale, les longues heures amusées, tant de petits bonheurs tout le long du jour, et le vœu final exaucé, la douce manie satisfaite, si vous voulez l’appeler de la sorte, la chimère, enfin ?
Il l’a bien prouvé dans cet Essai sur la Critique, qu’il composa à vingt et un ans, qu’il garda sous clef pendant plusieurs années, et qui vaut bien, ce me semble, l’Épître aux Pisons, ce qu’on appelle l’Art poétique d’Horace, et celui de Boileau. […] Que faire cependant en présence des méchants auteurs, de ceux que de nos jours on n’ose plus appeler tout simplement les sots, et qui en effet sont la plupart si bien frottés de l’esprit de tout le monde que ce ne sont plus que des demi-sots ? […] Pope est ce qu’on appelle un esprit éclairé. […] Appelé un jour comme témoin dans un célèbre procès, il ne put prononcer les dix mots qu’il avait à dire sans se reprendre deux ou trois fois. […] Son troisième volume en appelle et en fait désirer un quatrième et dernier26 ; la littérature anglaise moderne, celle du xixe siècle, n’y tient pas en effet toute la place qu’elle a droit d’exiger.
Le célèbre abbé Pucelle, conseiller clerc au Parlement de Paris, une des hautes vertus, une vertu proverbiale de son temps, et le modèle des magistrats parlementaires, que les Jansénites ont appelé cet homme incomparable, était par sa mère un propre neveu de Catinat. […] S’ils faisaient défaut, quelque historien à imagination ardente et prompt à la réaction pourrait venir un jour, qui traiterait ces premiers débuts à la légère et les sacrifierait d’un trait de plume, ennuyé d’entendre appeler Aristide le Juste. […] Je m’y fais appeler Guibert, et j’y suis comme ingénieur qui a été arrêté par ordre du roi, parce que je me retirais avec quantité de plans des places de la frontière de Flandre. […] C’est ce que j’appelle un mauvais rôle pour Catinat : il est obligé de mentir, au moins à demi ; il fait semblant de n’avoir point reçu d’ordre récent de Louis XIV, de n’obéir dans ses exigences et dans celles de M. de Boufflers qu’à la nécessité du service du roi ; il emploie tous les moyens de persuasion, même de corruption, auprès des ministres du duc : il échoué. […] on en appelle à lui-même, à sa loyauté, et, comme disait le duc, à sa « sacro-sainte » parole ; on ne pourrait que se résigner sans doute à la soumission, étant le plus faible, mais on se refuse à ratifier.
Telle apparaît au lecteur impartial la régence d’Anne d’Autriche ; tel est le fond ténébreux et sanglant sur lequel se dessina un beau matin la Fronde, qu’on est convenu d’appeler une plaisanterie à main armée. […] Mlle de Sévigné figurait, dès 1663, dans les brillants ballets de Versailles, et le poëte officiel, qui tenait alors à la cour la place que Racine et Boileau prirent à partir de 1672, Benserade, fit plus d’un madrigal en l’honneur de cette bergère et de cette nymphe qu’une mère idolâtre appelait la plus jolie fille de France. […] Et d’abord, dès les premières pages de cette correspondance, nous nous trouvons dans un tout autre monde que celui de la Fronde et de la Régence ; nous reconnaissons que ce qu’on appelle la société française est enfin constitué. […] Arnauld d’Andilly l’appelait à cet égard une jolie païenne. […] Mme de La Fayette lui écrivait : « Votre présence augmente les divertissements, et les divertissements augmentent votre beauté lorsqu’ils vous environnent ; enfin la joie est l’état véritable de votre âme, et le chagrin vous est plus contraire qu’à personne du monde. » Mme de Sévigné avait ce qu’on peut appeler de l’humeur, dans le sens d’humour, mais une belle humeur à chaque instant colorée et variée de la plus vive imagination.
Courier a vingt et un ans ; il travaille, il s’occupe de ses lectures chéries, et il a aussi des moments d’entraînement vers les sociétés et les coteries, comme il les appelle. […] Pour moi, m’est avis que cet enchaînement de sottises et d’atrocités, qu’on appelle histoire, ne mérite guère l’attention d’un homme sensé. […] Toutes ces sottises qu’on appelle histoire ne peuvent valoir quelque chose qu’avec les ornements du goût. […] Athènes par-delà l’appelle ; il y aspire comme le dévot musulman au pèlerinage de La Mecque ; mais, en attendant, Rome et Naples, avec leurs monuments, leur ciel et leur petite société d’élite, lui suffisent, le possèdent et lui tiennent lieu de tout ; grands souvenirs, beautés naturelles, c’est pour lui tout ensemble « ce qu’il y a de mieux dans le rêve et dans la réalité ». […] Villemain appelle spirituellement la femme-Voltaire .
Ils composèrent le monde de dieux du ciel, de l’enfer (dii superi, inferi), et de dieux intermédiaires (qui furent probablement ceux que les anciens Latins appelaient medioxumi). […] Le mot contemplation, appliqué à ces choses, fut tiré par les Latins de ces espaces du ciel désignés par les augures pour y observer les présages, et appelés templa cœli. — Le ciel ne fut pas d’abord plus haut pour les poètes, que le sommet des montagnes ; ainsi les enfants s’imaginent que les montagnes sont les colonnes qui soutiennent la voûte du ciel, et les Arabes admettent ce principe de cosmographie dans leur Coran ; de ces colonnes, il resta les deux colonnes d’Hercule, qui remplacèrent Atlas fatigué de porter le ciel sur ses épaules.
C’est à de telles fêtes que le poëte dramatique appelle le peuple assemblé. […] Aux jours d’Élisabeth, le mouvement de l’esprit public n’appelait encore l’Angleterre qu’aux fêtes, et la poésie dramatique naquit toute grande avec Shakespeare. […] Ainsi Lucrèce, accablée sous le poids de sa honte, après une nuit de désespoir, appelle au jour naissant un jeune esclave, pour le charger d’aller au camp porter à son mari la lettre qui doit le rappeler. […] Les partisans exclusifs du système classique ont cru qu’on ne pouvait arriver à l’unité d’impression qu’à la faveur de ce qu’on appelle les trois unités. […] C’est bien là la tyrannie et le malheur ; c’est bien là ce qui appelle les révoltes des peuples et pousse aux complots les derniers défenseurs de leurs libertés.
Nous avons fixé les moments et les œuvres où il faut appeler l’intelligence ; le reste du temps, dans nos autres occupations, nous n’en usons point ; il nous semble naturel de ne rien lui demander : c’est comme un outil que l’on serre après le travail pour lequel il a été fait. […] Aussi voyez les effets : cet esprit léthargique ne s’éveille pas quand vous l’appelez. […] détestable, du dernier détestable, ce qu’on appelle détestable, Dorante. — Et moi, mon cher Marquis, je trouve le jugement détestable.
Quand je parle ici de la vérité, sans doute je veux parler d’abord de la vérité scientifique ; mais je veux parler aussi de la vérité morale, dont ce qu’on appelle la justice n’est qu’un des aspects. […] La vérité qu’il nous est permis d’entrevoir n’est pas tout à fait ce que la plupart des hommes appellent de ce nom. […] Mais ce que nous appelons la réalité objective, c’est, en dernière analyse, ce qui est commun à plusieurs êtres pensants, et pourrait être commun à tous ; cette partie commune, nous le verrons, ce ne peut être que l’harmonie exprimée par des lois mathématiques.
La joie et le travail sont deux choses saines et qui s’appellent réciproquement. […] Laissez la pensée venir à vous, avec son vêtement naturel, qui est la parole ; ne l’appelez pas, ne la pressez pas. […] Ne vous corrigez pas trop radicalement de ce qu’on appelle les défauts français ; ces défauts sont susceptibles de devenir un jour des qualités.
Ensuite le petit ornement s’appelle mouche en français, et autrement dans une autre langue. […] Au reste, la moralité de cette mauvaise fable, si l’on peut l’appeler ainsi, retombe dans celle du loup et de l’agneau. […] Il était inutile d’ajouter et non pas par envie ; le désir de surpasser un auteur mort il y a deux mille quatre cents ans, ne peut s’appeler envie.
Cette page unique et exhilarante, qui embarrassera peut-être les professeurs d’Athénée de l’avenir, si dans les athénées ou les cours publics les bons vivants ne remplacent pas les gens graves, s’appellera « les Dîners littéraires du xixe siècle » ; et elle formera, dans l’histoire des lettres de ce temps, la contrepartie de la page célèbre des banquets dans l’histoire politique, moins pourtant une révolution. Nulle révolution, en effet, n’est encore sortie de ces dîners, vaillamment fondés dans un but d’excitation à la révolte contre la bêtise contemporaine, et pour ressusciter, dans sa jolie gloire, ce qu’on appelait autrefois l’esprit français. […] Nous nous appelons le Réveil !
n’ayant, elle, nulle préoccupation de faire cette construction enragée et endiablée qu’on appelle un livre, et ne voulant que se faire plaisir à elle-même et peut-être à nous, en écrivant ses Récits qui se trouvent finalement en être un. […] À ce compte, la naïveté, dans son involontaire simplicité de violette des bois, ne serait plus que l’instantanéité d’une combinaison inconsciente, trop rapide pour qu’on puisse l’observer, même en soi… Seulement, et quoi qu’il en puisse être d’ailleurs, il est bien évident que la femme de ces Récits de la Luçotte — qu’il m’est impossible d’appeler un auteur comme tout ce qui fait métier d’écrire — possède cette force mystérieuse, d’où qu’elle vienne, qui nous fait croire à ce redoublement de mystère : le naturel et la simplicité. […] Ils ne sont jamais de ces adorables coglionerie de l’Arioste, comme les appelait cardinalement un cardinal, ni des arabesques dans le bleu de l’impossibilité et de la chimère, faites avec le bâton magique d’un sorcier.
Préface De toutes les œuvres que nous passons en revue dans cet ouvrage, la plus généralement intéressante, la plus actuelle, l’œuvre qu’on pourra spécialement appeler un jour l’œuvre même du xixe siècle est celle où nous voici arrivés. […] N’est-ce pas l’épopée dernière des peuples chez lesquels l’individualité reprend la place qu’elle avait à l’origine des sociétés et lutte par les mœurs avec ce qu’on appelle d’un air si suprêmement pédantesque : des Institutions. […] Rabelais lui-même, notre grand Rabelais, que Chateaubriand, qu’on n’accusera pas de cynisme, appelle un génie-mère, Rabelais qui avait certainement en lui un prodigieux romancier en puissance, ne nous a pas donné de roman.
Les écrits de Condillac avaient appelé l’attention de de Bonald sur le problème de l’origine du langage et sur le fait de l’étroite union du langage et de la pensée. […] Voilà pourquoi ses contemporains ne profitèrent pas de ce qu’il est permis d’appeler sa découverte, et pourquoi, au lieu de la féconder par une analyse plus pénétrante, ils s’attachèrent uniquement à réfuter la théorie de la révélation du langage. […] Sophiste, p. 263-264 : « Pensée et discours […], c’est la même chose, avec cette seule différence que le dialogue intérieur de l’âme avec elle-même et sans la voix […] s’appelle pensée, tandis que ce qui vient de la pensée par la bouche avec des sons articulés s’appelle discours. De plus, il y a quelque chose que nous savons être contenu dans le discours, … l’affirmation et la négation ; quand cela se fait en silence dans l’âme par la pensée […], il faut l’appeler opinion […], … et imagination quand cet état de l’âme n’est pas l’ouvrage de la pensée, mais de la sensation » ; etc. — Théétète, p. 189-190 : « J’entends par pensée… un discours que l’âme s’adresse à elle-même sur les objets qu’elle considère… ; il me paraît que l’âme, quand elle pense, ne fait autre chose que s’entretenir avec elle-même, interrogeant et répondant, affirmant et niant, et que, quand elle se décide, … c’est cela que nous appelons juger ; ainsi juger, selon moi, c’est parler, et le jugement […] est un discours prononcé, non à un autre de vive voix, mais en silence et à soi-même […] ; juger qu’une chose est une autre, c’est se dire à soi-même que telle chose est telle autre » ; etc. — Cf. […] Dissertation, p. 248, où il appelle les idées des objets.
Cette argumentation, si l’on peut appeler ainsi une haute conversation littéraire, n’a pas duré moins de six heures, à peine interrompues par un léger repos, et le jour seul, en tombant, a mis fin, non au combat, mais au très agréable conflit. […] Y eut-il dès autrefois, dans ce qu’on appelle du nom sommaire et trop uniforme d’Antiquité, y eut-il chez les Grecs et chez les Latins une querelle des anciens et des modernes ? […] Rigault, qui n’a jamais perdu de vue l’idée générale et la doctrine du progrès, a tenu, au contraire, à être le plus complet possible, à tout décrire successivement avec une curiosité égale, à suivre le fleuve, comme il l’appelle quelque part, dans toutes ses sinuosités, dans ses tours et retours, jusqu’à ce qu’il se perde dans l’idée générale et théorique qui est son océan. […] Seulement, vers la fin, il a commis une légère injustice, et je viens en appeler à lui-même.
Pensées d’un humoriste ou Mosaïque extraite de la Poétique de Jean-Paul Or, ces vapeurs dont je vous parle, venant à passer du côté gauche où est le foie, au côté droit où est le cœur, il se trouve que le poumon, que nous appelons en latin armyan, ayant communication avec le cerveau, que nous nommons en grec nasmus, par le moyen de la veine cave que nous appelons en hébreu cubile, rencontre en son chemin lesdites vapeurs qui remplissent les ventricules de l’omoplate ; et, parce que lesdites vapeurs ont une certaine malignité, qui est causée par l’âcreté des humeurs engendrées dans la concavité du diaphragme, il arrive que ces vapeurs… ossabandus, nequeis, nequer, potarinum, quipsa milus. […] Les Guèbres et les Hindous l’appellent le Paradis des roses. […] Avec L’Impromptu de Versailles, Jean-Paul nomme aussi le Tartuffe, qu’il appelle prosaïque et immoral, § 36.