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949. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 193-236

monsieur, dans ce silence de tout un peuple qui retient son haleine en attendant la voix qui doit commander la mort d’un homme, vous me croirez si vous voulez, mais je ne crois pas avoir pâli ; la joie de l’idée qu’en mourant je mourais pour lui me possédait seule, et j’attendais le commandement de feu avec plus d’impatience que de peur ! […] s’écria d’une voix de commandement l’officier, préparez vos armes !

950. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre III. La poésie : V. Hugo et le Parnasse »

Ses principales œuvres poétiques sont les Odes (1822 ; autre éd. 1826), les Orientales (1827) ; les Feuilles d’automne (1831) ; les Chants du crépuscule (1835) ; les Voix intérieures (1837) ; les Rayons et les Ombres (1840) ; de 1853 à 1859, les trois recueils cités ci-dessus ; les Chansons des rues et des bois (1865) ; L’Année terrible (1872) ; deux nouveaux recueils de la Légende des siècles (1877 et 1883) ; L’Art d’être grand-père (1877) ; les Quatre Vents de l’esprit (1881).Éditions : Œuvres complètes, éd. définitive, Hetzel-Quantin, 48 vol. in-8, 1880 et suiv. ; Hetzel et Cie, in-16 (en cours de public, depuis 1889). […] Idylles héroïques (1857), Voix du silence (1863), Pernette (1868), Poèmes civiques (1873), Le livre d’un père (1886).

951. (1829) De la poésie de style pp. 324-338

Prenons une comparaison célèbre qui s’y trouve :         Ô bienheureux mille fois             L’enfant que le Seigneur aime,             Qui de bonne heure entend sa voix,     Et que ce dieu daigne instruire lui-même ! […] Nous en prendrons un autre exemple dans René : « Souvent j’ai suivi des yeux les oiseaux de passage qui volaient au-dessus de ma tête… Un secret instinct me tourmentait : je sentais que je n’étais moi-même qu’un voyageur ; mais une voix du ciel semblait me dire : — Homme, la saison de ta migration n’est pas encore venue ; attends que le vent de la mort se lève, alors tu déploieras ton vol vers ces régions inconnues que ton cœur demande. — Levez-vous vite, orages désirés, qui devez emporter René dans les espaces d’une autre vie… » Nous pourrions multiplier les citations à l’infini ; car pour trouver des exemples de cette forme de style, il suffit presque de jeter au hasard les yeux sur quelques-uns des écrits qui ont fait bruit dans notre siècle, tandis qu’on se fatigue à en chercher dans la littérature classique.

952. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre X. Les sociales »

Ta voix est pleine de larmes quand tu parles de son « déshonneur légal ». […] Car ce sont les « charmes » physiques de Barrès qu’il vitupère à plusieurs reprises : « son dos circonflexe, sa voix dure et sèche d’eunuque, sa jaunisse d’envieux… ses dents à pivot, son air emprunté de cuistre qui met pour la première fois les pieds dans un salon ».

953. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le père Lacordaire orateur. » pp. 221-240

Il a du clairon dans la voix, et l’éclair du glaive brille dans sa parole. […] On ne peut lire tout haut cette oraison funèbre sans qu’une larme, pour ainsi dire perpétuelle, ne vienne mouiller la paupière et entrecouper la voix.

954. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « La Mare au diable, La Petite Fadette, François le Champi, par George Sand. (1846-1850.) » pp. 351-370

« C’est un écho qui double la voix », a-t-on pu dire d’elle à cet égard, et en songeant à ceux dont elle prétendait s’inspirer. Et elle fait mieux que de doubler leur voix, elle la rend méconnaissable.

955. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1880 » pp. 100-128

Dimanche 26 décembre Ce soir, au milieu d’un lied chanté par la sœur de Berendsen, le traducteur danois de Renée Mauperin, Nittis me dit tout à coup : « Les dimanches de Naples, les dimanches de mon enfance… c’est par des bruits, des sonorités qu’ils me reviennent… Voyez-vous, le bleu du ciel et le plein soleil entrant par toutes les fenêtres… là-dedans montant les fumées de tout ce qui frit dans la rue… là-dessus le branle des cloches sonnant midi, et dominant les cloches, le chant d’un marchand de vin de l’extrémité de la rue, chantant, donnant de la voix, ainsi qu’on dit chez nous, avec une voix telle, que les cloches, je ne me les rappelle plus que… comme du paysage ! 

956. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre V. Séductions pour la compréhension de la psychologie indigène. — Conclusion »

La voix du sang — cette voix du sang dont le mélodrame a tant abusé — parle éloquemment au cœur des jeunes noirs, si l’on en croit le conte intitulé « L’épreuve de la paternité », où les fils adultérins, bien qu’ignorant leur origine réelle, font franchir délibérément à leurs chevaux le corps du mari de leur mère, alors que les véritables fils se refusent à cette épreuve, malgré tous leurs efforts pour obéir à l’ordre formel de leur père.

957. (1824) Discours sur le romantisme pp. 3-28

La voix qui se fait entendre est celle de toutes peut-être qui a le moins de force et d’autorité ; mais il ne lui sera pas reproché de manquer de zèle pour la bonne cause et de respect pour la vérité. La secte est nouvelle et compte encore peu d’adeptes déclarés ; mais ils sont jeunes et ardents ; mais la ferveur et l’activité leur tiennent lieu de la force et du nombre, et le concert bruyant de leurs voix pourrait faire croire, de loin, à l’union de leurs sentiments.

958. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Édelestand du Méril »

Le seul homme peut-être qui depuis vingt ans ait parlé avec un respect sympathique des grandes facultés scientifiques d’Édelestand du Méril et de ses travaux, c’est Philarète Chasles, un chercheur de truffes intellectuelles, qui les aime et qui sait les trouver, mais un fantaisiste, comme disent les savants, et dont, pour eux, la voix ne pèse pas une once ! […] Qu’importe, en effet, à Sainte-Beuve, qu’on lui dise, avec des velours dans la voix, qu’il n’est, en critique, qu’un « physiologiste », indifférent à la cause première et à la substance, etc. ; qu’on lui dise que « les personnages de ses galeries sont des portraits sur des fonds d’or plus que des réalités historiques » ?

959. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Ernest Renan »

C’est un rabâchage de choses qu’il a dites, et mieux dites, sur l’indépendance et le désintéressement absolus de la science, et sur la différence qui existe entre la critique et la théologie… Et voilà probablement la raison pour laquelle les journaux, ces échos des livres quand les livres ont de la voix et de la sonorité, ont laissé, en toute indifférence, Renan se morfondre à jouer de sa guimbarde ordinaire dans le petit coin de son introduction… Et on ne peut pas même dire « autre guimbarde », comme on dit parfois « autre guitare » ; car Renan ne varie ni son instrument, ni sa manière de jouer, ni son air. […] On eût dit la Voix qui s’élève de l’Abîme, dans l’Apocalypse, que le grêle sifflet de cet homme, qui, au bout du compte, ne devait soulever contre la divinité du Christianisme que des fariboles grammaticales.

960. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Brizeux. Œuvres Complètes »

C’était jeune, cette voix, c’était presque enfantin, et ce n’était pas de Musset, pourtant ; de Musset, toute la jeunesse d’alors à lui seul ; de Musset, qui régnait sur les imaginations contemporaines, dont il avait fait autant de caméléons qui lui reflétaient son génie ! […] Ce n’est pas même là le Brizeux auquel on s’attendait ; Brizeux le Brisé, brisé de cœur, de voix, de rythme, de talent aussi, car son talent éclate parfois tout à coup et se brise dans une fêlure.

961. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre III : M. Maine de Biran »

Ses livres sont des partitions écrites une octave trop haut pour la voix humaine ; transposez et baissez chaque note de six tons. […] Jouffroy, sur bien d’autres ; ils chantent trop haut et d’ordinaire se cassent la voix.

962. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVI. Des oraisons funèbres et des éloges dans les premiers temps de la littérature française, depuis François Ier jusqu’à la fin du règne de Henri IV. »

L’orateur alors n’était que l’interprète de la voix publique. […] En effet, qu’on suppose un orateur doué par la nature de cette magie puissante de la parole, qui a tant d’empire sur les âmes et les remue à son gré ; qu’il paraisse aux yeux de la nation assemblée pour rendre les derniers devoirs à Henri IV ; qu’il ait sous ses yeux le corps de ce malheureux prince ; que peut-être, le poignard, instrument du parricide, soit sur le cercueil et exposé à tous les regards ; que l’orateur alors élève sa voix, pour rappeler aux Français tous les malheurs que depuis cent ans leur ont causés leurs divisions et tous les crimes du fanatisme et de la politique mêlés ensemble ; qu’en commençant par la proscription des Vaudois et les arrêts qui firent consumer dans les flammes vingt-deux villages, et égorger ou brûler des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants, il leur rappelle ensuite la conspiration d’Amboise, les batailles de Dreux, de Saint-Denis, de Jarnac, de Montcontour, de Coutras ; la nuit de la Saint-Barthélemi, l’assassinat du prince de Condé, l’assassinat de François de Guise, l’assassinat de Henri de Guise et de son frère, l’assassinat de Henri III ; plus de mille combats ou sièges, où toujours le sang français avait coulé par la main des Français ; le fanatisme et la vengeance faisant périr sur les échafauds ou dans les flammes, ceux qui avaient eu le malheur d’échapper à la guerre ; les meurtres, les empoisonnements, les incendies, les massacres de sang-froid, regardés comme des actions permises ou vertueuses ; les enfants qui n’avaient pas encore vu le jour, arrachés des entrailles palpitantes des mères, pour être écrasés ; qu’il termine enfin cet horrible tableau par l’assassinat de Henri IV, dont le corps sanglant est dans ce moment sous leurs yeux ; qu’alors attestant la religion et l’humanité, il conjure les Français de se réunir, de se regarder comme des concitoyens et des frères ; qu’à la vue de tant de malheurs et de crimes, à la vue de tant de sang versé, il les invite à renoncer à cet esprit de rage, à cette horrible démence qui, pendant un siècle, les a dénaturés, et a fait du peuple le plus doux un peuple de tigres ; que lui-même prononçant un serment à haute voix, il appelle tous les Français pour jurer avec lui sur le corps de Henri IV, sur ses blessures et le reste de son sang, que désormais ils seront unis et oublieront les affreuses querelles qui les divisent ; qu’ensuite, s’adressant à Henri IV même, il fasse, pour ainsi dire, amende honorable à son ombre, au nom de toute la France et de son siècle, et même au nom des siècles suivants, pour cet assassinat, prix si différent de celui que méritaient ses vertus ; qu’il lui annonce les hommages de tous les Français qui naîtront un jour ; qu’en finissant il se prosterne sur sa tombe et la baigne de ses larmes : quelle impression croit-on qu’un pareil discours aurait pu faire sur des milliers d’hommes assemblés, et dans un moment où le spectacle seul du corps de ce prince, sans être aidé de l’éloquence de l’orateur, suffisait pour émouvoir et attendrir ?

963. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « I » pp. 1-8

Il faut de grosses voix aux hommes assemblés.

964. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XI » pp. 39-46

— Madame Dorval disait l’autre jour à l’auteur assez tranquille et qui a la voix plus douce que son succès : « Remuez-vous donc, vous avez l’air d’une poule qui aurait couvé un œuf d’aigle. » — Mais assez de ces bribes, je passe à l’autre intérêt réel de la quinzaine, car chaque quinzaine ici a son changement de direction et son unité.

965. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Note »

Comment n’ai-je pas trouvé le blond essaim au-dessus de la tête blonde, et les deux vieillards et les deux enfants entre lesquels une révolution a passé, et les torrents de vœux et de regrets aux heures les plus oisives, et cette voix incertaine qui soupire en nous et qui chante, mélodie confuse, souvenir d’Éden, etc. ?

966. (1874) Premiers lundis. Tome I « Hoffmann : Contes nocturnes »

Cœurs ulcérés, comme il aurait voulu vous retremper au sein d’une nature active, aimante et pleine de voix et de parfums ; vous ravir dans des musiques bénies parmi des anges de lumière et de bonté ; vous enchanter ici-bas par des images pudiques et des apparitions gracieuses auxquelles pourtant vous n’auriez pas dû trop toucher, de peur de les flétrir et de vous dégoûter avant le temps !

967. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Avertissement »

Pour ceux qui commencent à écrire, nul livre ne vaut la voix du maître, et nul exemple n’est bon que celui qu’ils se donnent à eux-mêmes.

968. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre XI. De l’ignorance de la langue. — Nécessité d’étendre le vocabulaire dont on dispose. — Constructions insolites et néologismes »

Pour s’habituer à trouver vite et facilement les mots dont on a besoin, pour acquérir la facilité de parler avec propriété, il sera excellent de traduire, par écrit quelquefois, souvent de vive voix, des morceaux d’auteurs anglais ou allemands.

969. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dierx, Léon (1838-1912) »

Dans le rythme grave de ses périodes, on entend sourdre la voix des fins de saison — plaintive et toujours la même, néanmoins si captivante !

970. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Saint-Pol-Roux (1861-1940) »

À sa voix, tout s’anime, tout prend corps ; les monstres surgissent de partout, apocalyptiques, hurlant chacun son symbole ; la nature inanimée se gonfle, se tord et, prise d’enfantement, accouche d’une création horrifique ; on s’effare ; on roule de cauchemar en cauchemar ; on se croit dans une autre planète ; et, tout à coup, au brusque déclic d’une métaphore, à un détour de phrase, à un mot, on s’aperçoit qu’il s’agit au fond de choses très simples dans le décor de l’éternelle poésie.

971. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » pp. 124-134

On proscriroit sur-tout ces Bureaux d’esprit où l’on anathématise les meilleurs Ouvrages, quoiqu’on ne puisse s’en dissimuler le mérite ; où l’on encense la médiocrité, parce qu’elle est en état de protéger ou de nuire ; où l’on n’admet tant d’adorateurs stupides, que pour en faire des écho, dont la voix ira d’oreille en oreille déifier tous les Membres du tyrannique Sénat, & promulguer ses intrépides Arrêts ; nous aurions la douce joie de voir couler le lait & le miel à côté de l’Hipocrene, de pouvoir cueillir les fruits du sacré Vallon, sans redouter ceux de la Discorde, de dormir sur le Parnasse sans craindre de réveils fâcheux ; nous verrions renaître en un mot l’âge d’or de la Poésie, & le Monde savant retraceroit le modele de cette République, dont M.

972. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VI, première guerre médique »

Il l’avait interpellé par son nom, et sa grande voix, où bruissaient les souffles des bois, avait prédit la victoire.

973. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Démosthéne, et Eschine. » pp. 42-52

Doué de beaucoup moins d’imagination & de génie que Démosthène, il avoit en récompense les talens extérieurs, une figure intéressante, un son de voix admirable, un débit frappant.

974. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Virgile, et Bavius, Mœvius, Bathille, &c. &c. » pp. 53-62

Les vers que fit Auguste sur les dernières volontés de Virgile, caractérisent bien le génie de ce prince* : Une voix inhumaine, en un fatal moment, A donc pu commander l’attentat le plus grand !

975. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — L’Empereur Néron, et les trois plus grands poëtes de son siècle, Lucain, Perse & Juvénal. » pp. 69-78

Je ne compte point Denys le tyran, que le démon des vers posséda toute sa vie ; qui briguoit d’en remporter le prix dans les jeux olympiques ; & chargeoit des lecteurs d’une poitrine forte & d’une voix admirable, d’y faire valoir ses poësies ; qui avoit dans son palais l’élite des gens de lettres comme autant de flatteurs à gages, employés à se récrier sur ses poëmes, à lui prostituer l’encens & des hommages ; qui ne trouva la vérité que dans la bouche d’un Philoxène, cet homme toujours le même malgré la crainte des supplices & la peine des carrières où il fut condamné.

976. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Voiture, et Benserade. » pp. 197-207

Une demoiselle, dont la voix étoit fort belle & l’haleine un peu forte, venoit de chanter en présence de Benserade.

977. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 2, du génie qui fait les peintres et les poëtes » pp. 14-24

Je ne parle point de celle qui consiste dans le ton de voix et dans l’air de tête, cette espece de hauteur n’est qu’une morgue qui marque un esprit borné, et qui rend un homme plus méprisable aux yeux des philosophes, que ne l’est aux yeux des courtisans, le laquais chargé de la livrée d’un ministre disgracié.

978. (1860) Ceci n’est pas un livre « Les arrière-petits-fils. Sotie parisienne — Deuxième tableau » pp. 196-209

Aussi Francisque avait dans la voix quelque chose qui présageait un malheur.

979. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

De la voix métallique le résonnant timbre un peu dur signifie que toute indiscrétion serait irrépondue. Comme cette voix scandait, on une mesure concordante, l’insondable, l’inexorable fluence du pas, de tout le corps51 !  […] Alexandre Dumas fils, on baisse la voix et il semble qu’on parle d’un défunt. […] Ils l’aiment pour sa physionomie ondoyante, ses aubes laborieuses, ses pleins ciels, ses crépuscules indécis, ses alanguissements, ses sommeils, ses éveils, ses voix, son inconnu. […] Chalon (mort maintenant) : « … Il y soufflait toujours, dans ce haut Saint-Majan, un vent terrible, qui vous avait une voix et des cris à croire qu’il était vivant.

980. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

Depuis quinze ans sa poitrine malade le dévorait d’un feu intérieur et lui donnait cette admirable voix musicale, vibrante et profonde, qu’ont parfois les phtisiques et qui charmait tout le monde. […] En conséquence, il a été décidé à la pluralité des voix, que le sieur Lekain se chargerait de l’annoncer aujourd’hui au public. […] bon Dieu, dit Molière, en montrant Fourcroi, qu’est-ce que la raison avec un filet de voix contre une gueule comme celle-là ? » Mais Molière savait aussi de quel prix est la voix qui enseigne, commente, explique, persuade. […] Orateur, il devait avoir beaucoup de prise sur le public par ce charme souffrant et musical de sa voix de malade.

981. (1769) Les deux âges du goût et du génie français sous Louis XIV et sous Louis XV pp. -532

A peine eût-on distingué parmi ces clameurs, la voix du Stentor d’Homere, voix qui se faisait entendre à toute l’armée des Grecs. […] Alors le Poëte Lafosse éleva la voix. […] Plusieurs voix allaient se confondre. […] Alors, le Génie qui préside à ce genre éleva la voix. […] Sa voix semblait être celle de l’Eloquence & des Loix mêmes.

982. (1889) Derniers essais de critique et d’histoire

Il fait bon de s’endormir bercé par ces jeunes voix émues ou rieuses, au son des violes, à l’écho des joies de ce monde qui semble finir….Ainsi quelques années suffisent à détourner le cours des siècles et le penchant des esprits. […] Ils exhortent le vainqueur d’abord d’une voix calme, puis avec véhémence, en haussant le ton à mesure que le péril croit ; et à la fin, si le furieux s’obstine, ils ont le droit d’intervenir de la main comme de la voix. […] Mais il en est d’autres, notamment celui qui ne ferait point élire à part les électeurs du second degré, et donnerait cet emploi aux membres du conseil municipal qui auraient réuni le plus de voix. — Sur tout cela, la discussion décidera ; l’essentiel, c’est que l’élection du député se fasse à deux degrés. […] Même dans l’intimité et lorsqu’il contait une anecdote bouffonne, sa voix restait unie, toute calme ; jamais d’éclat ni d’élan ; il disait les détails les plus saugrenus, en termes propres, du ton d’un homme qui demande une tasse de thé. […] Mais sa tolérance à l’endroit de toutes les opinions sincères était complète, et jamais il ne se permettait un mot ni un son de voix qui pût blesser un contradicteur ; on se sentait reposé après avoir causé avec lui. — Dans les dernières années, sa nièce vint se loger auprès de lui et lui donna les soins d’une fille.

983. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [1] Rapport pp. -218

Pour moi, je ne saurais me repentir d’avoir dans un roman, d’ailleurs si médiocre, dit leur fait aux Cours d’amour par la voix du sauvage et véridique Pierre de Pierrefeu. […] Et l’on porta la délicieuse vierge sur le mont Capitolin, et de toute l’Italie vinrent vers elle les poètes pour la chanter, les peintres pour la peindre, les musiciens pour suppléer, par la mélodie des instruments, à la voix qu’on aurait entendue, si elle avait ouvert la bouche. […] une voix disait : Julia est vivante ! […] Mais ses yeux montraient la pureté des yeux des tout petits enfants, une pureté de lointaine transparence, et sa voix, avec un peu de fait exprès dans la fluidité de l’accentuation, caressait. […] Il pouvait à peine nous tendre la main quand nous entrions ; il restait assis sur le canapé, parlant bas, d’une voix très rauque.

984. (1882) Essais de critique et d’histoire (4e éd.)

Fléchier cause à voix presque basse, d’un ton toujours égal, sans gestes, le sourire aux lèvres, comme il convient lorsqu’on est sur un beau fauteuil, parmi vingt personnes choisies, sachant fort bien qu’en un tel lieu les émotions fortes donnent des ridicules, et que les éclats de voix indiquent un malotru. […] Il lui parle, elle lui répond ; il se charge de deux rôles, à la grande voix mâle et sonore, réplique par de doux petits cris. […] » Je reconnus sa voix et je lui dis : « Eh bien ! […] La plupart paraissaient étrangers et du nombre de ceux que Protagoras emmène de toutes les villes où il passe, en les charmant de sa voix comme Orphée ; et eux, charmés, le suivent au son de sa voix. […] Madame de la Fayette n’élève jamais la voix.

985. (1855) Louis David, son école et son temps. Souvenirs pp. -447

Ducis avait la voix rauque, fausse et très-basse. […] S’exprimant avec élégance et facilité, il faisait retentir sa voix mordante que rendait plus incisive encore son accent provençal très-prononcé. […] » Puis il répétait plusieurs fois d’une voix sourde et concentrée : « Le (p. 82) Vaudeville ! […] David était pâle, sans forces, au moment où il obéit à la voix de Doyen. […] » Après ces paroles, que le frère de Lepelletier prononça d’une voix altérée, un profond silence régna dans l’assemblée, puis l’adoption de Suzanne Lepelletier fut décrétée à l’unanimité.

986. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « LEOPARDI. » pp. 363-422

J’entends le son des armes et des chars, et des voix et des timbales ; dans les contrées étrangères tes fils combattent. […] Elle fait bien l’effet de ces vases d’airain artistement placés chez les anciens dans leurs amphithéâtres sonores, et qui renvoyaient à temps la voix aux cadences principales. […] Puis, comme aussi le vent Fait bruit dans le feuillage, à mon gré, je ramène Ce lointain de silence à cette voix prochaine : Le grand âge éternel m’apparaît, avec lui Tant de mortes saisons, et celle d’aujourd’hui, Vague écho. […] Du haut du toit désert de cette vieille tour Tu chantes ta chanson tant que dure le jour, Passereau solitaire, et ta voix isolée Erre avec harmonie à travers la vallée.

987. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCIXe entretien. Benvenuto Cellini (1re partie) » pp. 153-232

Sa voix était éclatante, ses gestes hardis ; il fronçait les sourcils à faire peur, et il nous parlait tous les jours des manières libres avec lesquelles il traitait ces ignorants d’Anglais. […] me dit-il avec un regard terrible et une voix altérée. — Je vous apporte, lui dis-je, vos joyaux, où il ne manque rien. […] Le jeune invisible qui m’avait empêché de me tuer vint encore vers moi ; et, d’une voix fort claire : Mon cher Benvenuto ! […] Tout effrayé alors, je me jette à genoux, et je dis mes oraisons accoutumées ; j’y ajoutai le psaume Qui habitat in adjutorio , et je m’entretins un moment avec Dieu ; et la même voix me dit : Va te reposer à présent, et sois sans crainte.

988. (1864) Cours familier de littérature. XVII « Ce entretien. Benvenuto Cellini (2e partie) » pp. 233-311

J’avais chargé le Ferrarois de ne laisser sortir personne, car mon intention était de les tuer tous les trois ; mais la voix tremblante de Miceri me fit passer la moitié de ma colère ; et, en lui tenant toujours le fer appuyé fortement sur l’estomac, et voyant qu’il ne faisait pas de résistance, je changeai de résolution, et il me prit sur-le-champ envie de le marier à Catherine, et de me venger d’une autre manière. […] Monseigneur, lui dis-je, quand j’ai proposé à Michel-Ange de venir à Florence, je l’avais engagé à se reposer sur Urbin, l’un de ses ouvriers, de ses travaux à finir ; mais celui-ci se mit à crier avec une voix de paysan : Je ne veux point quitter mon maître, jusqu’à ce qu’il m’ait écorché, ou que je l’aie écorché moi-même. […] Jacobo Guidi, secrétaire de Son Excellence, m’appela avec sa bouche de travers, et d’une voix assez haute, se tenant droit comme un pieu, me dit : Le duc veut savoir ce que vous demandez pour votre Persée. […] Cet homme, plus roide encore et d’une voix plus haute : Je vous demande de sa part ce que vous en voulez, et je vous ordonne de me le dire, sous peine de sa disgrâce.

989. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — I. » pp. 134-154

Parmi les remarques un peu longuement déduites, mais justes, au nombre de treize, qui précèdent les Mémoires de Sully, et dans lesquelles il est donné quelques conseils aux historiens futurs, il est une prescription qui est particulièrement vraie, et qu’il convient de nous appliquer à nous tous en l’étudiant, à savoir : Que les historiens ne témoignent point de vouloir faire des recherches trop exactes des défauts et des erreurs d’autrui, tellement secrets et cachés qu’ils ne sont connus d’aucune personne qui en ait reçu dommage ou offense, et desquels nulles voix publiques ne se sont jamais plaintes, ni que l’on ait su que les peuples en général ni en particulier en aient non plus reçu dommage visible et notoire. […] Rosny, conduit à Vendôme par son père et présenté par lui à Henri, devant la reine Jeanne d’Albret sa mère, lui débita très bien sa petite harangue avec des protestations de lui être à jamais très fidèle et très obéissant serviteur : Ce que vous lui jurâtes en si beaux termes, lui rappellent ses secrétaires, avec tant de grâce et d’assurance, et un ton de voix si agréable qu’il conçut dès lors de bonnes espérances de vous ; et vous ayant relevé, car vous étiez à genoux, il vous embrassa deux fois et vous dit qu’il admirait votre gentillesse, vu votre âge qui n’était que d’onze années, et que vous lui aviez présenté votre service avec une si grande facilité et étiez de si bonne race qu’il ne doutait point qu’un jour vous n’en fissiez paraître les effets en vrai gentilhomme.

990. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire de la maison royale de Saint-Cyr, par M. Théophile Lavallée. » pp. 473-494

Lavallée a eu soin de placer aussi un portrait de l’illustre fondatrice, où revit cette grâce si réelle, si sobre, si indéfinissable, et qui, sujette à disparaître de loin, ne doit jamais s’oublier quand par moments la figure nous paraît un peu sèche ; il l’emprunte aux Dames de Saint-Cyr dont la plume, par sa vivacité et ses couleurs, est digne cette fois d’une Caylus ou d’une Sévigné : Elle avait (vers l’âge de cinquante ans), disent ces Dames, le son de voix le plus agréable, un ton affectueux, un front ouvert et riant, le geste naturel de la plus belle main, des yeux de feu, les mouvements d’une taille libre si affectueuse et si régulière qu’elle effaçait les plus belles de la Cour… Le premier coup d’œil était imposant et comme voilé de sévérité : le sourire et la voix ouvraient le nuage… Saint-Cyr, dans son idée complète, ne fut pas seulement un pensionnat, puis un couvent de filles nobles, une bonne œuvre en même temps qu’un délassement de Mme de Maintenon : ce fut quelque chose de plus hautement conçu, une fondation digne en tout de Louis XIV et de son siècle.

991. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — III » pp. 178-197

Il lui semblait, au milieu de toutes ses méditations et de ses soliloques spirituels, entendre toujours une voix fondamentale et profonde, qui lui criait : « C’en est fait de toi, tu es perdu ! […] Dans ses bons moments et ses plus heureuses saisons, la voix s’éloignait ou parlait plus bas, mais il ne parvenait jamais à l’étouffer entièrement, et aux heures de crise elle redevenait menaçante et sans trêve.

992. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Vie de Maupertuis, par La Beaumelle. Ouvrage posthume » pp. 86-106

Monsieur de Maupertuis, vous ne sauriez me prévenir, ma voix vous a appelé dès le moment que je suis arrivé à la régence, et avant même que vous m’eussiez écrit. […] Ma voix et mon cœur vous ont appelé dès le moment que je suis arrivé au trône, avant même que vous m’eussiez écrit.

993. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de l’Académie française, par Pellisson et d’Olivet, avec introduction et notes, par Ch.-L. Livet. » pp. 195-217

L’embarras était donc grand de la part de M. le cardinal d’Estrées, qui ne pouvait me donner sa voix sans entrer à l’Académie, et qui ne pouvait d’ailleurs se résoudre à y entrer qu’il n’eût un fauteuil. […] M. le cardinal de Rohan, retenu par la goutte, eut la bonté de me faire témoigner par un gentilhomme, que, sans cette incommodité, il n’aurait pas manqué de se trouver à l’assemblée pour me donner sa voix.

/ 1953