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737. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre II. L’homme »

Les gens restaient dans leur ville, s’arrangeaient une maison commode, un jardin, une bonne cave, dînaient les uns chez les autres, souvent, joyeusement et abondamment, avec des contes salés et des chansons au dessert. […] Il l’avoue quand il invite la Volupté à venir loger chez lui, lui disant qu’elle ne sera pas sans emploi, « qu’il aime le jeu, les vers, les livres, la musique, la ville, la campagne, enfin tout. » Il n’est rien Qui ne me soit souverain bien, Jusqu’aux sombres plaisirs d’un coeur mélancolique.

738. (1766) Le bonheur des gens de lettres : discours [graphies originales] « Le Bonheur des gens de lettres. — Premiere partie. » pp. 12-34

C’est aux feux étincelans & legers que dresse l’artifice à recréer les yeux de l’enfance dans l’enceinte des Villes ? […] Les différentes générations d’hommes, & leurs opinions diverses passent sous ses yeux avec leurs Villes, leurs mœurs, leur culte & leurs loix.

739. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre III. La commedia dell’arte en France » pp. 31-58

Aussi, les confrères de la Passion, qui continuaient à jouer leurs Farces, leurs Soties et leurs Moralités à l’Hôtel de Bourgogne, et qui jouissaient d’un privilège en vertu duquel il était fait défense à tous autres de représenter des jeux dramatiques dans la ville, faubourgs et banlieue de Paris, s’émurent de la redoutable concurrence que leur faisaient les nouveaux venus. […] En France elle allait exciter l’enthousiasme de la cour et de la ville, et jouir de la faveur particulière de Marie de Médicis et de Henri IV.

740. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Bossuet, et Fénélon. » pp. 265-289

Charmant dans un cercle de courtisans & de femmes, de sçavans & de beaux esprits, souhaité partout, & ne se livrant qu’à des amis intimes, aimant & rendant aimable la vertu, fait pour le peuple & le grand monde, la ville & la cour, il n’y parut que pour en être l’idole. […] Madame Guyon se retira dans la ville de Meaux.

741. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — I. La Poësie en elle-même. » pp. 234-256

Le roi, courroucé, le mande sur le champ, Le poëte, en paroissant, s’attendoit à une récompense ; mais, qu’il fut étonné quand ce monarque lui dit avec menace : Je vous ordonne de sortir incessamment de la ville & de mes états. […] C’étoit un tissu d’anecdotes scandaleuses sur la plupart des femmes de la ville.

742. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « De la tragédie chez les Anciens. » pp. 2-20

Les Grecs venant à se polir, transportèrent dans leurs villes une fête née du loisir de la campagne. […] La crainte ne pénètre-t-elle pas jusque dans la moelle des os, quand on voit une ville livrée à l’ennemi, des visages pâles, des femmes tremblantes, des soldats furieux, et tout l’appareil d’une prochaine désolation ?

743. (1854) Préface à Antoine Furetière, Le Roman bourgeois pp. 5-22

Furetière, dans son Dernier placet 3, relève, sans y répondre, toutes ces turpitudes : il se plaint d’un gros volume, joint au dossier, qui a longtemps couru la ville, et dans lequel il est traité, dit-il, de bélître, maraud, fripon, fourbe, buscon, saltimbanque, infâme, traître, fils de laquais, impie, sacrilège, voleur, subornateur de témoins, faux monnayeur, banqueroutier frauduleux, faussaire, d’homme sans honneur, plein de turpitudes et de comble d’horreurs, etc. […] Dans ce conflit de deux classes, l’une envahissante, l’autre mise en état de défense par la menace d’une décadence prochaine ; de la bourgeoisie, ou, si l’on veut, de la ville et de la cour, les préférences des gens de lettres étaient pour la noblesse, à laquelle les rattachaient d’abord leur intérêt, leurs pensions, les fonctions de secrétaires, de précepteurs et de bibliothécaires, enfin l’attrait, si puissant pour des esprits délicats, de la bonne compagnie, seule capable de les comprendre et de flatter leur vanité.

744. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Nièces de Mazarin » pp. 137-156

Ils ne posèrent plus nulle part ; en dépit de ses grossesses fréquentes, il la traînait de gouvernement en gouvernement, de ville en ville, de Bretagne en Alsace, sans se faire annoncer nulle part, exposant sa compagne de route à mille fâcheuses aventures, comme d’accoucher en pleine hôtellerie ou dans quelque incommode manoir.

745. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre premier. Table chronologique, ou préparation des matières. que doit mettre en œuvre la science nouvelle » pp. 5-23

Célébrée comme la mère des sciences, désignée chez les Grecs par le nom de πόλις, la ville par excellence, elle vit son Musée aussi célèbre que l’avaient été à Athènes l’académie, le lycée et le portique. […] C’est que Syracuse et tant d’autres villes n’auraient pas eu assez de temps pour s’élever au point de richesse et de splendeur où elles parvinrent.

746. (1894) Dégénérescence. Fin de siècle, le mysticisme. L’égotisme, le réalisme, le vingtième siècle

Symptômes Mêlons-nous à la foule sur les places élégantes des grandes villes européennes, sur les promenades des villes d’eaux à la mode, aux soirées des gens riches, et examinons les types que nous y rencontrons. […] A ces influences nocives s’en ajoute encore une que Morel n’a pas connue ou n’a pas prise en considération : le séjour dans la grande ville. […] La mortalité, dans la grande ville, est de plus d’un quart supérieure à la moyenne du peuple tout entier ; elle est le double de celle de la rase campagne, bien qu’en réalité elle devrait être moindre, puisque dans la grande ville prédominent les âges les plus vigoureux, où la mortalité est bien plus petite que dans l’enfance et la vieillesse53. […] Or, on sait combien, dans la dernière génération, le nombre des habitants des grandes villes s’est accru56. […] W. de Hofmann au Congrès des naturalistes allemands de Brème en 1890, celui-ci donna, en terminant, une courte description de la vie d’un habitant de ville en 1822.

747. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Guerne, André de (1853-1912) »

Et c’était dans les faubourgs des villes L’égorgement hideux des révoltes civiles ; Et sur le noir amas des cadavres, parmi Les fanfares, les champs, les salves, à demi Divinisé, sacré, béni, splendide, un homme, — Qu’importe, ô liberté !

748. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Première partie. Plan général de l’histoire d’une littérature — Chapitre premier. Nécessité d’une histoire d’ensemble » pp. 9-11

Autour d’un individu, il faut tracer, si l’on veut avoir de lui une idée suffisante, des cercles concentriques qui sont la famille, le groupe de ses amis et camarades, sa ville, sa province, sa nation, sa race.

749. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 122-127

Au lieu du Prix ordinaire de Poésie, établi dans l'Académie des Jeux Floraux, les Magistrats de la ville de Toulouse déciderent qu'on lui feroit présent d'une Minerve d'argent massif.

750. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 190-194

Saint-Didier, [Ignace-François Limojon de] né à Avignon en 1668, mort dans la même ville en 1739, cultiva la Poésie Provençale avec succès, & auroit pu également réussir dans la Poésie Françoise, s’il eût eu plus de goût & des amis prompts à le censurer.

751. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 293-297

« Dans un Siecle aussi stérile que le nôtre en hommes supérieurs, on diroit que nos villes ne sont peuplées que de Héros en tout genre.

752. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Horace, et les mauvais écrivains du siècle d’Auguste. » pp. 63-68

Il amusoit à leurs dépens la ville & la cour.

753. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre troisième. Histoire. — Chapitre III. Suite du précédent. — Seconde cause : les anciens ont épuisé tous les genres d’histoire, hors le genre chrétien. »

Comme poésie, l’origine des Cattes, des Tenctères, des Mattiaques, n’offrait rien de ce brillant Olympe, de ces villes bâties au son de la lyre, et de cette enfance enchantée des Hellènes et des Pélasges ; comme politiques, le régime féodal interdisait les grandes leçons ; comme éloquence, il n’y avait que celle de la chaire ; comme philosophie, les peuples n’étaient pas encore assez malheureux, ni assez corrompus, pour qu’elle eût commencé de paraître.

754. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Julliart » pp. 176-177

Si vous aimez mieux des incidens plus simples, plus communs et moins grands, envoyez le bûcheron à la forêt, embusquez le chasseur, ramenez les animaux sauvages des campagnes vers leurs demeures, arrêtez-les à l’entrée de la forêt, qu’ils retournent la tête vers les champs dont l’approche du jour les chasse à regret ; conduisez à la ville le paysan avec son cheval chargé de denrées, faites tomber l’animal surchargé, occupez autour le paysan et sa femme à le relever.

755. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Lettre-préface à Henri Morf et Joseph Bédier » pp. -

. — Cette foi nouvelle hésitait encore, étonnée de sa propre hardiesse, lorsque je vous connus, cher ami Bédier ; notre longue promenade d’avril 1904, dans le jardin du Palais-Royal, et de là au Panthéon, m’est inoubliable ; votre confiance, votre amitié me révélaient enfin le Paris entrevu dans les livres, ce Paris dont je dis ailleurs, en des mots d’amour, qu’il est la ville du livre lumineux et du pavé sanglant, d’où l’idée prend son essor vers l’humanité.

756. (1876) Romanciers contemporains

Fontenelle a fait parler à ses bergers le beau langage de la ville. […] Les petites villes semblent construites d’après ce système. […] Les travers et les ridicules d’une petite ville du Midi y sont peints à merveille. […] La ville avait une innocence de fille au berceau. […] Ils devaient arriver à cette ville vers dix heures du matin.

757. (1868) Curiosités esthétiques « V. Salon de 1859 » pp. 245-358

Il n’en pouvait pas nier les singuliers mérites ; mais cet aspect villageois, tout ce petit monde vêtu de velours, de coton, d’indienne et de cotonnade que l’Angelus rassemble le soir sous la voûte de l’église de nos grandes villes, avec ses sabots et ses parapluies, tout voûté par le travail, tout ridé par l’âge, tout parcheminé par la brûlure du chagrin, troublait un peu ses yeux, amoureux, comme ceux d’un bon connaisseur, des beautés élégantes et mondaines. […] Le séjour dans la ville éternelle n’a pas éteint les forces de son esprit ; ce qui, après tout, ne prouve qu’une chose, c’est que ceux-là seuls y meurent qui sont trop faibles pour y vivre, et que l’école n’humilie que ceux qui sont voués à l’humilité. […] (je ne prends pas pour marines des drames militaires qui se jouent sur l’eau), mais aussi un genre que j’appellerais volontiers le paysage des grandes villes, c’est-à-dire la collection des grandeurs et des beautés qui résultent d’une puissante agglomération d’hommes et de monuments, le charme profond et compliqué d’une capitale âgée et vieillie dans les gloires et les tribulations de la vie. […] J’ai rarement vu représentée avec plus de poésie la solennité naturelle d’une ville immense. […] ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ Ville qu’un orage enveloppe !

758. (1912) Pages de critique et de doctrine. Vol I, « I. Notes de rhétorique contemporaine », « II. Notes de critique psychologique »

Le hasard amène dans cette ville un certain M.  […] Archimède n’a défendu sa ville qu’en commençant par calculer juste. […] Tous les aspects de la ville et du paysage ont été pris sur place. […] Quand la nation souffre, la ville souffre, et les familles de la ville et les individus qui composent ces familles. […] Au loin, c’était l’Allemagne avec ses noires forêts, ses rivières bleues, ses villes anciennes.

759. (1896) Les Jeunes, études et portraits

Dans Genève, ville cosmopolite, M.  […] Il entre dans la ville où l’amour l’attend pour l’enlacer dans ses liens de chair. […] Vingt années durant, cet horizon a été le sien : une ville de province silencieuse et morne, ville de couvents et de béguinage, aux rues presque désertes, dont les passants sont des séminaristes, des religieuses en cornette et de vieilles femmes : on ne voit jamais tant de vieilles femmes, selon la remarque du poète, que dans les vieilles villes. […] Dans Bruges la Morte, le héros pleure une morte, et de façon qu’on sait à peine si la morte qu’il pleure est une femme regrettée ou si c’est la ville elle-même, la ville défunte. […] Car chacun porte en soi sa ville défunte.

760. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXXIII » pp. 332-336

Des villes d’Italie où j’osai, jeune et svelte, Parmi ces hommes bruns montrer l’œil bleu d’un Celte, J'arrivais, plein des feux de leur volcan sacré, Mûri par leur soleil, de leurs arts enivré ; Mais, dès que je sentis, ô ma terre natale, L'odeur qui des genêts et des landes s’exhale, Lorsque je vis le flux, le reflux de la mer, Et les tristes sapins se balancer dans l’air, Adieu les orangers, les marbres de Carrare, Mon instinct l’emporta, je redevins barbare, Et j’oubliai les noms des antiques héros, Pour chanter les combats des loups et des taureaux !

761. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Madeleine, Jacques (1859-1941) »

Et comme vous n’êtes pas la plus belle, on a honte de vous, un peu ; et lorsqu’on promène les autres par la ville, joyeusement endimanchés, on vous oublie à la maison, petite Cendrillon que vous êtes… Richesse de la Muse, ma chère, fille alitée de mon pins vieil ami, on est injuste avec vous.

762. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 223-229

MARMONTEL, [Jean-François] Historiographe de France, né à Bort, petite ville du Limousin en 1719.

763. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 381-387

MOTHE, [Antoine Houdart de la] de l’Académie Françoise, né à Paris en 1672, mort dans la même ville en 1731 ; Bel-Esprit agréable, Ecrivain élégant, bon Poëte à certains égards, on trouveroit dans la diversité de ses Ouvrages de quoi former cinq ou six réputations préférables à celle d’un grand nombre de nos Littérateurs actuels, quoiqu’en embrassant trop de genres, il se soit montré foible dans presque tous, pour avoir méconnu ses talens.

764. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre VI. La Mère. — Andromaque. »

Nous ne voyons pas pourquoi Sacy a traduit Rama par Rama, une ville.

765. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre X. De la chronologie poétique » pp. 235-238

. — L’âge héroïque qui vient ensuite, comprend deux cents années pendant lesquelles nous voyons d’abord les courses de Minos, l’expédition des Argonautes, la guerre de Troie et les longs voyages des héros qui ont détruit cette ville.

766. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre I. Les personnages »

Avant lui, la fable n’était qu’une moralité ; tandis que Phèdre, par exemple, compose de dessein délibéré, avec des réflexions philosophiques, enfermé dans son cabinet, appliquant sa leçon à tous les hommes, disant en style sec que « le faible périt quand il veut imiter le puissant26 », La Fontaine vient de la cour ou de la ville, raconte sans songer ce qu’il a vu, et sa morale s’applique aux contemporains. […] Il a l’instinct féodal, « commande chez l’hôte, y prend des libertés, boit son vin, caresse sa fille », traite son jardin en ville conquise. […] Les bonnes villes, bourgeoisies et corps de métiers, ont envoyé leur députation de ridicules, et La Fontaine, qui semble un bourgeois quand il raille les nobles, semble un noble quand il raille les bourgeois. […] La ville capitale a pris pour elle la pensée, et les gens de cour l’élégance. […] Quiconque a vu les paysans marcher nu-pieds, leur chaussure à la main, pour la faire durer et s’en faire honneur à la ville, comprendra le sel rustique de ce bon mot.

767. (1898) Émile Zola devant les jeunes (articles de La Plume) pp. 106-203

Balzac, lui-même, malgré tout son génie, n’est jamais parvenu à cette Beauté simple, à ce pathétique naturel, que l’auteur des Rougon-Macquart et des Trois Villes devait atteindre par la suite, a vécu, malgré lui, dans le Romantisme, il en a, par tous ses pores, respiré le poison. […] N’est-il pas permis aux personnages de comédie d’être sensibles aux ardeurs de la chair, aux profondes impulsions du sang, d’avoir soif et d’avoir faim, comme tous les hommes de la ville ou de la campagne. […] La description de ce vieux cimetière de Plassans, où fermentent de riches végétations, où la floraison sanguine des giroflées éclate et bouillonne en des teintes vivaces, où des amoureux se baisent furieusement les lèvres, où les petits enfants de la ville viennent s’ébattre joyeusement au soleil, cette description du vieux cimetière de Plassans demeure assurément l’une des plus parfaites, et des plus purement païennes de l’œuvre de Zola. […] Tout le monde connaît ce roman, l’idylle tragique de Miette et de Silvère, la marche des bataillons républicains dans les campagnes de Provence, la victoire des Rougon qui deviennent maîtres de la ville, la folie subite de Tante Dide, la vieille aïeule, enfermée à l’asile des Tulettes, et qui, inconsciente et muette, souche déjà morte, assistera, immobile et recluse, à l’existence entière, à la forte végétation des trois descendances d’êtres qui sont sorties de ses entrailles. […] Dans la Conquête de Plassans, il a noté scrupuleusement les basses intrigues de la Prêtraille, amenant souterrainement la discorde dans les familles de toute une ville.

768. (1888) Portraits de maîtres

Lui-même en propres termes nous avoue qu’il eût choisi cette ville natale. […] C’est d’abord le banquet mystique de Lyon, la ville du travail et du rêve. […] « D’où venait-il ce chant, ce soupir exhalé à petit bruit dans le silence de la ville ? […] On lui conseilla le séjour de la ville universitaire de Heidelberg dans la riante vallée du Neckar. […] Les villes tombaient en ruines qu’il refusait encore de s’inquiéter.

769. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome II

Cette ville, voisine de la Grèce, imbue des mœurs grecques, idolâtre des arts scéniques, lui paraissait plus faite que Rome pour sentir tout son mérite. […] … Ô ville des Phrygiens ! […] Cette idée ne lui serait pas venue, si la pièce eût toujours été également méprisée à la ville. […] Ésope à la cour vaut mieux qu’Ésope à la ville, il y a du moins une espèce d’intrigue, un dénouement heureux et très intéressant : cependant il n’eut d’abord qu’un succès médiocre. […] Le roi de Lydie, par exemple, envoyait un bel-esprit au roi d’Égypte ; ce bel-esprit proposait des logogriphes à deviner, demandait qu’on exécutât des choses extraordinaires, comme de bâtir une ville en l’air.

770. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Le Chevalier de Méré ou De l’honnête homme au dix-septième siècle. »

En revenant de Rome, je passai par une ville de France ; c’étoit sur la fin de mai, et le soir, prenant le frais dans un jardin où les dames se promenoient, j’en vis une qui me blessa dans la foule, sans dessein de me nuire, car elle ne m’avoit pas regardé, et je ne lui avois pu dire un seul mot. […] La ville où j’étois est à cinq lieues de cette maison, et j’allois souvent rôder de ce côté-là, non pas en espérance de voir cette aimable personne ; mais, comme je ne me sentois malheureux que par son absence, il me sembloit que plus je m’approchois du lieu où elle étoit, moins j’étois à plaindre. […] Quand je me fus mis le plus décemment que je pus, mon homme, prenant mon cheval, se retira du côté de la ville, et je demeurai seul avec un petit sac de hardes que je portai sous mon bras jusqu’à une ferme proche de la maison, et je priai la fermière de me le garder. […] Son mari en étoit fort aise, parce que je la désennuyois et qu’elle ne lui parloit plus d’aller dans les villes. […] Dans la Gazette extraordinaire du 28 août 1664, qui annonce l a prise de la ville et du port de Gigèrie en Barbarie par les armées du Roy, sous le commandement du duc de Beaufort, général de Sa Majesté en Afrique , le chevalier a l’honneur d’être mentionné.

771. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre III. — Du drame comique. Méditation d’un philosophe hégélien ou Voyage pittoresque à travers l’Esthétique de Hegel » pp. 111-177

Jupiter symbolisa l’ordre public et l’autorité de l’État ; Cérès, l’agriculture, c’est-à-dire la propriété laborieuse du sol, avec ses conséquences et ses garanties, les lois civiles, le mariage, la paix et tous les principes de la civilisation ; Junon figura le lien conjugal ; Vénus et son fils, les passions de l’amour physique ; Minerve, la valeur militaire et la sagesse des tribunaux, et elle apparut en même temps comme la divine et vivante image du génie de la ville d’Athènes. […] Mais quant à Polynice qui voulait détruire sa ville natale, Créon fait proclamer devant tous les citoyens la défense de l’ensevelir, sous peine de la vie, afin que son corps maudit, exposé nu à la corruption, devienne la pâture des oiseaux et des chiens. […] Bienfaiteurs des hommes, auxquels ils enseignaient l’agriculture, te mariage et la politique, constructeurs des villes, fondateurs des États, l’ordre social venait d’eux ; c’était leur création et comme une émanation de leur personne194. […] C’est à Rome, la ville sans sérénité, la ville de la loi roide et des codes de morale stoïque.

772. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIIIe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (1re partie) » pp. 5-96

V Aristote naquit, en 350, à Stagire, petite ville de la Macédoine. […] Reverra-t-on jamais une telle époque, où tant de génies concentrés dans une petite ville étaient le premier miracle, et où un peuple plus miraculeux était digne de les voir, de les entendre et de les admirer, lors même que ses passions civiques et religieuses pouvaient de temps en temps, témoin Socrate, témoin Démosthène, témoin Aristote lui-même, les forcer à accepter ou à se préparer la ciguë ? […] Je châtierai moi-même le sophiste (Callisthène), les hommes qui me l’ont envoyé, et ceux qui reçoivent dans leur ville des personnes qui conspirent contre moi. » Les derniers sont évidemment Démosthène et les autres démagogues d’Athènes, Aristote et les philosophes. […] Il entreprit de la renouveler contre le disciple de Socrate et de Platon, et intenta contre Aristote une accusation insensée au sujet d’un hymne que ce philosophe, quelquefois poète, avait adressé peu de temps avant à Phormias, un de ses amis, qui était alors gouverneur sous Alexandre d’une ville de Macédoine. […] Dans aucune ville, on ne citerait cent hommes de naissance illustre, de vertu irréprochable ; presque partout, au contraire, on trouvera des masses de pauvres.

773. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIe Entretien. Le 16 juillet 1857, ou œuvres et caractère de Béranger » pp. 161-252

Un homme que l’on pouvait croire redevenu obscur à force de temps et d’oubli, un homme retiré de toute scène par sa modestie, et retiré presque de la vie par sa vieillesse ; un homme caché sous les toits, dans une maison muette d’une rue éloignée du cœur de la ville ; un homme qui n’affectait pas, comme Diogène ou comme J. […] Elle fouille dans les coffres de ses mansardes pour y trouver la veste noire, le chapeau de feutre, le morceau de crêpe qu’elle réserve aux tristes solennités de ses propres convois ; elle les étale sur le lit ; elle se promet de les revêtir en masse au lever du soleil, pour que la ville ait changé de couleur pendant cette triste nuit. […] Les récits villageois de batailles, de conquêtes, d’exploits nationaux, faits à tous les foyers et à toutes les tables populaires par des guerriers, ses fils, ses voisins, ses compatriotes, dont les grades, les uniformes, les blessures, ajoutaient l’autorité de l’héroïsme à l’aigreur du mécontentement, fanatisèrent peu à peu de gloire posthume la France irréfléchie des campagnes et des villes. […] Cette compassion et cet amour du peuple honnête et souffrant des ateliers des grandes villes devint sa seconde nature : le malheur fut sa famille. […] Béranger ne connaissait pas les paysans, moi je ne connaissais pas les prolétaires des villes avant 1848 ; j’avais chanté des idylles, il devait chanter des couplets.

774. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Appendices » pp. 235-309

Croce s’étend d’ailleurs au-delà des monts ; je lui connais des lecteurs enthousiastes en plus d’une ville d’Allemagne, et à Paris, et à Zurich ; c’est qu’il joint à une grande science quelques qualités trop rares chez les savants : une pensée toujours originale, libérée de toutes les vieilles formules, le bon sens lumineux, la compréhension de l’art et surtout le respect des individualités. […] Un temps restreint implique un espace restreint ; les premiers théoriciens de la Renaissance exigeaient une unité de lieu relative (divers endroits d’une même ville), plus tard seulement on exigea toujours le même lieu ; cette sévérité grandissante et certainement exagérée peut s’expliquer par le pédantisme, mais aussi par les avantages pratiques qui en résultent. […] Un ennemi du peuple (1882) ; cinq actes, dans la même ville ; le premier, dans le salon de Stockmann, commence au soir ; le deuxième se passe le lendemain, avant midi, dans le même lieu ; le troisième, après midi, au bureau de rédaction du Volksbote ; le quatrième, chez le capitaine Holster, le lendemain au soir ; le cinquième, au matin suivant, dans le cabinet de Stockmann. […] La Dame de la mer (1888) ; cinq actes ; I : véranda chez Wangel ; II : une colline derrière la ville ; III et V : jardin de Wangel ; IV : cabinet de jardin (unité relative). […] Si nous récapitulons, en mettant à part cet « épilogue », nous trouvons que, sur onze drames, quatre observent strictement l’unité de lieu, quatre ont une unité presque stricte (même maison) et trois une unité relative (même ville).

775. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Discours sur le système et la vie de Vico » pp. -

. — Homère fut pauvre et aveugle… dans la personne des rapsodes, qui recueillaient les chants populaires, et les allaient répétant de ville en ville, tantôt sur les places publiques, tantôt dans les fêtes des dieux. […] Alors revinrent les guerres pieuses de l’antiquité (pura et pia bella) ; mêmes cérémonies pour les déclarer : on appelait hors des murs d’une ville assiégée les saints, protecteurs de l’ennemi ; et l’on cherchait à dérober leurs reliques. — Les jugements divins reparurent sous le nom de purgations canoniques ; les duels en furent une espèce, quoique non reconnue par les canons. — Les brigandages et les représailles de l’antiquité, la dureté des servitudes héroïques se renouvelèrent, surtout entre les infidèles et les chrétiens. — Les asiles du monde ancien se rouvrirent chez les évêques, chez les abbés ; c’est le besoin de cette protection qui motive la plupart des constitutions de fiefs. […] Des savants de Venise qui voulaient réimprimer La Science nouvelle dans cette ville, lui persuadèrent d’écrire lui-même sa vie pour qu’on l’insérât, dans un Recueil des Vies des littérateurs les plus distingués de l’Italie. […] On y trouve le passage suivant : « Je suis né dans cette ville, et j’ai eu affaire à bien des gens pour mes besoins.

776. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (3e partie) » pp. 5-79

Pas du tout ; lisez : « Jean Valjean sortit de la ville, comme s’il s’échappait. […] Fantine la laisse en pleurant, s’engage à payer sa pension, s’établit seule dans sa ville natale, et y cherche de l’ouvrage. […] VI Fantine se traîne dans la misère et échoue à la prostitution la plus abjecte, corrompue par la faim dans sa petite ville natale de M… sur M… Mais Valjean se retrouve là sous un nom qui cache son passé : il a passé dix-neuf ans au bagne, il s’est évadé cinq ou six fois, enfin il a fini par tenter fortune et par la gagner en inventant je ne sais quel procédé nouveau pour économiser la façon sur le noir de jais. […] Car, premièrement, comment supposer qu’un brave homme, condamné pour une vétille, devenu un manufacturier opulent, le bienfaiteur d’une province entière, magistrat adoré de sa ville adoptive, soit renvoyé pour sa vie aux galères, sans discernement, sans justice et sans grâce, par la société du dix-neuvième siècle ?

777. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIIe Entretien. Montesquieu »

IV On voit que Montesquieu ne se montrait pas extraordinairement sévère sur le choix de ses connaissances, pendant son voyage ; le scepticisme de son esprit ne fit que s’accroître, et l’on raconte que, dans la ville éternelle, il dégagea spirituellement sa bourse des étreintes de la fiscalité du Vatican. […] « Il est encore contre la nature de la chose qu’une république démocratique conquière des villes qui ne sauraient entrer dans la sphère de sa démocratie. […] Il bâtit une infinité de villes, et il y cimenta si bien toutes les parties de ce nouvel empire, qu’après sa mort, dans le trouble et la confusion des plus affreuses guerres civiles, après que les Grecs se furent, pour ainsi dire, anéantis eux-mêmes, aucune province de Perse ne se révolta. […] « Nous voyons encore dans les relations que la Grande Tartarie, qui est au midi de la Sibérie, est aussi très-froide ; que le pays ne se cultive point ; qu’on n’y trouve que des pâturages pour les troupeaux ; qu’il n’y croît point d’arbres, mais quelques broussailles, comme en Islande ; qu’il y a, auprès de la Chine et du Mogol, quelques pays où il croît une espèce de millet, mais que le blé ni le riz n’y peuvent mûrir ; qu’il n’y a guère d’endroits, dans la Tartarie chinoise, aux 43e, 44e et 45e degrés, où il ne gèle sept ou huit mois de l’année ; de sorte qu’elle est aussi froide que l’Islande, quoiqu’elle dut être plus chaude que le midi de la France ; qu’il n’y a point de villes, excepté quatre ou cinq vers la mer Orientale, et quelques-unes que les Chinois, par des raisons de politique, ont bâties près de la Chine ; que, dans le reste de la Grande Tartarie, il n’y en a que quelques-unes placées dans les Boucharies, Turkestan et Charrisme ; que la raison de cette extrême froidure vient de la nature du terrain nitreux, plein de salpêtre et sablonneux, et de plus de la hauteur du terrain.

778. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mars 1886. »

Quelques gens, désireux de tout concilier, ont inventé cette monstruosité : — « Mais c’est la Ville qui subventionne les concerts ! » oublie-t-on que cette Ville c’est Paris, et que c’est Paris surtout qui a été cruellement assiégé, affamé, bombardé, ruiné par les Prussiens ! […] Ecraser le génie sous prétexte qu’il n’était pas chez Wagner doublé d’un grand caractère, c’est une besogne ingrate : peut-être bien, en allant au fond des choses, tomberons-nous d’accord sur un point, à savoir que la ville réputée la plus intelligente du monde, et que la nation réputée la plus chevaleresque du globe se compromettent singulièrement aux yeux de l’Europe attentive en se montrant si cruelles pour la mémoire d’un grand compositeur qui a fait craquer toutes les musiques, même la musique française, et qui, qu’on le veuille ou non, a sa place marquée dans notre admiration d’artiste. […] Il serait à souhaiter que beaucoup de villes de France en fissent autant ; la condition des compositeurs français en serait du tout au tout changée, et l’on verrait éclore sur notre terre de France une magnifique floraison musicale.

779. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 11-15754

Parmi nous les Villes où l’on bat monnoie, ont chacune pour marque une lettre de l’alphabet : cette lettre se voit au revers de la pièce de monnoie au-dessous des Armes du Roi. […] Ainsi quand on trouve urbe captâ triumphavit ; il faut dire, ab urbe captâ, après la ville prise. […] Un homme honnête est un homme poli, qui a envie de plaire : les honnêtes gens d’une ville, ce sont les personnes de la ville qui sont au-dessus du peuple, qui ont du bien, une réputation integre, une naissance honnête, & qui ont eu de l’éducation : ce sont ceux dont Horace dit, quibus est equus & pater & res. […] L’alphabet de la France est un livre de Géographie, où les villes de France sont décrites par ordre alphabétique. […] ) C’est-là que la petite ville de Petilie fut bâtie par Philoctete.

780. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — III. (Fin.) » pp. 246-261

Sans se dissimuler aucun des abus de l’administration, il est arrivé à sentir les avantages et les douceurs de la vie romaine : « Le séjour que j’y ai fait, dit-il, et les habitudes que j’y ai eues m’ont confirmé ce que le président de Montesquieu m’en avait dit, que Rome est une des villes où il se serait retiré le plus volontiers. » À Naples où il reste près de deux mois et où toutes les facilités lui sont données, Duclos visite les antiquités, alors toutes neuves, de Pompéi et d’Herculanum, et s’y applique également à bien connaître les rouages et les principes de l’administration. […] Il dînait tous les jours en ville, et cherchait toujours à se faire ramener.

781. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. » pp. 31-51

On entrevoit très-bien, par la facilité qu’ils eurent de faire soulever des villes et des provinces entières, que les Carthaginois proprement dits étaient des colons conquérants qui s’étaient établis principalement sur les côtes, mais qui ne s’étaient pas fondus avec les populations autochtones, qui les dominaient, les pressuraient au besoin, et qui n’étaient pas bien vus d’elles. […] Les deux villes restées jusqu’alors fidèles à Carthage, Utique et Hippone-Zaryte, se livrèrent aux étrangers.

/ 1907