Comment M. l’abbé Goujet a-t-il oublié cet auteur, en faisant l’énumération suivante : « Jean le Chatelain, auteur de la Chronique de Metz en vers, fut brûlé vif pour crime d’hérésie.
Le spectateur y conserve donc son bon sens malgré l’émotion la plus vive.
Leurs yeux sont organisez, de maniere que l’harmonie et la verité des couleurs y excite un sentiment plus vif que celui qu’elle excite dans les yeux des autres.
tout économiste moderne doit se sentir des entrailles pour l’homme du système, car c’est de cet homme que date, en France, « cette vive surexcitation de l’industrie » qui a remplacé la grande existence agricole d’autrefois.
C’est une imagination vive et tendre, — plus tendre qu’elle ne le croit elle-même.
Ils ressentoient cet intérêt vif & tendre qu’inspire aux ames bien nées tout corps auquel on appartient. […] Il montra le zèle le plus vif pour une cause devenue la sienne. […] Leurs prétentions, opposées à celles des médecins, occasionnèrent des propos vifs & des disputes particulières. […] Une pareille attention ne devoit par elle-même nuire à personne : mais l’éloge étoit malheureusement à côté de cette critique vive, de ces paroles ironiques, à la fin de la comparaison des deux célèbres arbres. […] Il fit une réponse vive au livre des études monastiques.
De pensée ferme autant que de vive allure, elle sait de bonne heure le monde, réfléchit sur les sentiments, et voit les choses par le positif. […] Pour moi, si je fais mon métier de gagner de l’argent, je tâcherai de n’entretenir personne du vif désir que j’aurais d’y réussir ; car c’est un dégoûtant entretien. » Henri Meyer, tout bon commis qu’il est au comptoir, a donc le cœur libéral, les goûts nobles ; il a pris, à ses moments perdus, un maître de violon ; il songe aux agréments permis, ne veut pas renoncer aux fruits de sa bonne éducation, et se soucie même d’entretenir un peu son latin. […] Vive, aimable, sensible, irréprochable dans sa conduite, Mme de Vaucourt ne cherche de jouissance que dans l’emploi généreux et bienfaisant d’une grande fortune : mais cette fortune, que lui ont laissée ses parents, est un peu mal acquise, elle le sait ; et, comme elle n’a aucun moyen de retrouver ceux aux dépens de qui ils l’ont faite, elle se contente de la bien dépenser. […] Son mari lui survécut ; c’est ce que j’en ai su de plus vif. […] Le plus manifeste exemple de cet égoïsme souverain et radieux, soumettant et même sacrifiant à l’art les relations privées, c’est Gœthe en son Werther :« Il faut, mes chers irrités, écrivait-il aux deux jeunes époux Kestner qu’il y avait mis tout vifs, il faut que je vous écrive de suite pour en débarrasser mon cœur : c’est fait, c’est publié, pardonnez-moi si vous pouvez. » Et bientôt après : « Si vous pouviez sentir la millième partie de ce qu’est Werther pour des milliers de cœurs, vous ne regretteriez pas la part que vous y avez prise… Au péril de ma vie je ne voudrais pas révoquer Werther… Il faut que Werther existe, il le faut… Oh !
Aussi jamais ne fit-elle naître d’admiration plus vive que la sienne. […] « La maison où demeuroit cette dame étoit au milieu d’une grande forêt, et située entre deux collines par où passe une petite rivière dont l’eau est aussi claire et aussi pure que celle d’une source vive ; et ce qui la rend bien considérable, c’est que cette dame s’y est quelquefois baignée. […] On fit pourtant le traité à des conditions plus douces, et le tumulte finit agréablement. » Ainsi voilà, en si beau monde, un sage mari qui, pour être en pointe de vin, se met à jouer un très-vilain jeu, et si au vif que la dame alarmée dégaine l’épée de quelqu’un de la compagnie pour se défendre. […] C’est une chose étrange que mes actions et mon procédé ne les en désabusent pas. — Vous me faites souvenir, lui dis-je, de cet admirable génie51 qui laissa tant de beaux ouvrages, tant de chefs-d’œuvre d’esprit et d’invention, comme une vive lumière dont les uns furent éclairés et la plupart éblouis ; mais, parce qu’il étoit persuadé qu’on n’est heureux que par le plaisir, ni malheureux que par la douleur (ce qui me semble, à le bien examiner, plus clair que le jour), on l’a regardé comme l’auteur de la plus infâme et de la plus honteuse débauche, si bien que la pureté de ses mœurs ne le put exempter de cette horrible calomnie. — Je serais assez de son avis, me dit-il, et je crois qu’on pourroit faire une maxime que la vertu mal entendue n’est guère moins incommode que le vice bien ménagé n’est agréable52. — Ah ! […] Pour se rendre compte de la grande réputation du personnage, et, en général, pour s’expliquer ces hommes qui laissent après eux des témoignages d’eux-mêmes si inférieurs à la vogue dont ils ont joui, il faut se dire que les contemporains, surtout, dans la société, s’attachent bien plus à la personne qu’aux œuvres du talent ; là où ils voient une source vive, volontiers ils l’adorent, tandis que la postérité, qui ne juge que par les effets, veut absolument, pour en faire cas, que la source soit devenue un grand fleuve.
Le malheur n’est presque jamais une chose absolue ; ses rapports avec nos souvenirs ou nos espérances en composent souvent la plus grande partie, et quand une secousse très vive s’opère en nous-mêmes, notre douleur s’offre souvent à notre imagination sous un aspect tout différent. […] Les revers de la fortune, telle que la société est combinée, causent une peine très vive, et qui se multiplie sous mille formes diverses. […] L’attrait des biens de ce monde est si vif qu’il fait tout pâlir, même l’éclat d’une existence future. […] Leur respect pour toutes les lois, c’est-à-dire pour la loi morale, la loi politique et la loi des convenances réprime au-dehors leur ardeur naturelle : mais elle n’en existe pas moins, et quand les circonstances ne leur donnent pas d’aliment ; quand l’ennui s’empare de ces imaginations si vives ; il y produit des ravages incalculables. […] Hier notre ami Asham vint me voir et sa présence me causa d’abord un vif plaisir ; elle réveilla dans mon esprit le souvenir des heures si douces et si fécondes que j’ai goûtées avec lui dans l’étude des anciens.
La jeunesse emportée et d’humeur indiscrète Est la meilleure encor ; sous son souffle jaloux Elle aime à rassembler tout ce qui flotte en nous De vif et d’immortel ; dans l’ombre ou la tempête Elle attise en marchant son brasier sur sa tête : L’encens monte et jaillit ! […] Tes feux intérieurs sont calmés, tu reposes ; Mais ton cœur reste ouvert au vif esprit des choses. […] ” Ainsi dira Énée à Didon après sept années d’épreuves, et dans un sentiment aussi vif et aussi saignant que le premier jour. […] « “En tout, le paysage du domaine de Virgile était doux, d’une douceur un peu pâle et stagnante, de peu de caractère, peu propre à exciter de sublimes émotions ou à suggérer de vives images ; mais le poète avait vécu de bonne heure au milieu des grandes scènes du Vésuve ; et, même alors, s’il étendait ses courses un peu au-delà des limites de son domaine, il pouvait visiter, d’un côté, le cours grandiose du rapide et majestueux Éridan, ce roi des fleuves, et, de l’autre côté, la Bénaque, qui présente par moments l’image de l’Océan agité. […] Il semble avoir eu dans sa jeunesse des passions vives auxquelles ces imperfections naturelles purent mettre des obstacles.
Je goûtais moins l’extrême petitesse d’un peuple, la taille gigantesque d’un autre, l’île volante et les chevaux raisonnables, que ce tableau si vif de l’ingratitude et de la légèreté lilliputiennes, du calme mépris des géants pour nos misères, des vaines recherches où s’égaraient les sages de Laputa, et de l’horrible dégradation où rampait chez les Houyhnhnms l’humanité dégénérée. […] Homère était plus grand et de meilleure mine qu’Aristote ; il se tenait très droit pour son âge, et ses yeux étaient les plus vifs et les plus perçants que j’eusse jamais vus. […] Il accueillit Swift avec bonté, le fit son secrétaire, et n’eut pas de peine à reconnaître sous cette éducation incomplète une vive et forte intelligence. […] L’antiquité est bien comprise dans cette étude, qui abonde en vives et en fortes images. […] Il trouva les Whigs dans les plus vives alarmes ; ils occupaient encore quelques positions dans le ministère, mais ils chancelaient dans le pays.
il a manqué, comme tous ses contemporains, d’aperçu lointain et supérieur, et il s’expose très simplement à ce reproche qu’on peut lui faire ; mais, du moins, il n’a pas manqué des vifs éclairs d’un magnifique bon sens, et au premier symptôme, au premier flair, avec ce bond de lion des esprits véritablement politiques, qui tombe juste sur les réalités et les saisit, ce qu’il n’a pas vu à l’avance, il l’a, à l’instant même, compris. Voilà, sans compter beaucoup d’autres, sur lesquels nous allons revenir, le premier et le principal mérite du livre de Granier de Cassagnac : c’est le livre d’un homme qui n’a rien pressenti, mais qui a tout compris, et qui, naturellement, par le fait de ses facultés éminemment politiques, s’est trouvé immédiatement, par la raison, par l’observation sur le vif, par les conclusions arrêtées, de niveau avec l’histoire des temps présents. […] L’étude à vif et si complète qu’il nous donne sur le nu assez honteux des révolutions n’est pas tout, quand même il y aurait à côté l’étude à vif sur le nu des pouvoirs que le royaliste n’a pas voulu faire, probablement par pudeur pour les gouvernements qu’il a servis. […] Mais il est moins languissant que la sultane ; il est dru et vif, au contraire, fort comme un Turc quand il s’agit de traiter de Turc à More l’Université, l’École des Chartes, l’Académie, qu’il est toujours prêt à crosser.
Le besoin plus ou moins aperçu, plus ou moins vif, plus ou moins ancien, plus ou moins organisé déjà préexiste, en un sens, à toute invention. […] Parfois l’invention est prompte, brusque, c’est une réponse subite de l’organisme psychique, une réaction automatique et vive. […] Je me suis moi-même franchement disséqué au vif en des moments peu drôles. […] Ces sentiments ardents, ces impressions vives qui précèdent et accompagnent la synthèse créatrice sont l’expression de ce jeu de tendances dont dérive l’idée, et en indiquent la force. […] Souvent même il usurpe la place des véritables inventeurs, et se fait à leur dépens une gloire plus vive, mais généralement aussi plus vite fanée.
Nous venons de trouver parmi ses ascendants plusieurs hommes d’esprit, pleins d’une verve joyeuse et plus ou moins poètes, et deux femmes d’une sensibilité vive, d’une éloquence naturelle et chaude. […] Ces trois désastres ne lui attirèrent pas la moindre réprimande, parce qu’il s’en montra consterné. » Cette anecdote, qui semble d’abord puérile, jette une vive lumière sur les inégalités de caractère d’Alfred de Musset. […] Je ne fais donc rien, et je sens que le plus grand malheur qui puisse arriver à un homme qui a les passions vives, c’est de n’en avoir point. […] La fin est d’un vif intérêt pour le biographe. […] Ses lettres familières sont vives et aisées.
Lui, les sent vifs et frémissants et ne les touche qu’avec respect, puisqu’ils contiennent le secret dernier des choses. […] » Laforgue a la constante préoccupation d’éviter ce style, afin qu’il n’y ait rien dans sa phrase qui ne soit vif et tout frémissant de la présence réelle d’une idée. […] Il s’excuse de tant « narrer ses petites affaires », comme si elles avaient un vif intérêt pour d’autres, — ou pour lui-même seulement. […] Tant de chansons, de toute allure, lentes ou vives, l’accompagnent qu’elles lui font comme un cortège de mages et de pèlerins, de chevaliers tendant vers elle leurs oriflammes ; et, parée des joyaux de la Sulamite, elle passe, reine d’Orient. […] Elle est d’abord « pleine de sève et de fraîcheur » ; ensuite, elle s’appauvrit et s’épuise : on n’invente plus, on imite, et les belles imaginations vives sont remplacées par des poncifs.
À force de le vouloir définir dans toutes ses diversités et ses exubérances, il ne faut pas non plus faire de ce style un monstreah : très souvent il n’est que l’expression la plus directe et la plus vive, telle qu’elle échappe à un esprit plein de son objet. […] Dès le début, Saint-Simon fils d’un père antique, et, sous sa jeune mine, un peu antique lui-même, n’a pas de goût vif pour les femmes, pour le jeu, le vin et les autres plaisirs : mais il est glorieux ; il tient au vieux culte ; il se fait un idéal de vertu patriotique qu’il combine avec son orgueil personnel et ses préjugés de rang. […] Quoique Saint-Simon ne paraisse pas avoir été homme à mettre de la critique proprement dite dans l’emploi et le résultat de ses recherches, et qu’il ne semble avoir guère fait que verser sur sa première observation toute chaude et toute vive une expression ardente et à l’avenant, son soin ne portant ensuite que sur la manière de coordonner tout cela, il n’est pas sans s’être adressé des objections graves sur la tentation à laquelle il était exposé et dont l’avertissait sans doute le singulier plaisir qu’il trouvait à y céder. […] La sensation produite par les premiers volumes fut très vive : ce fut le plus grand succès depuis celui des romans de Walter Scott.
Si la reconnaissance de Boileau est si vive, c’est qu’il y entre un souvenir du secours qu’il avait tiré de la discipline et de l’influence d’Arnauld. […] Ce grand style qui attire tous les regards vient soit de la raison émue par la présence des grandes vérités qu’elle reconnaît, et par l’ardeur de les communiquer, soit d’une imagination forte qui se représente les idées comme des objets distincts, palpables et colorés, soit enfin d’une sensibilité très vive, qui intéresse la chair et le sang aux conceptions de l’esprit. […] Elle y détermine les causes morales de nos mauvais jugements ; elle nous éclaire sur nos sophismes, sur le tortueux de nos prétextes ; sa vive lumière nous découvre à la fois le secret des fautes passées et le principe des fautes futures. […] C’est principalement à ces deux ouvrages que Saint-Simon fait allusion, à l’endroit de ses Mémoires où, parlant de la dispersion de Port-Royal par l’influence des jésuites, il loue ces « saints solitaires illustres que l’étude et la pénitence avaient assemblée à Port-Royal, qui firent de si grands disciples, et à qui les chrétiens seront à jamais redevables de ces ouvrages fameux qui ont répandu une si vive et solide lumière pour discerner la vérité des apparences, le nécessaire de l’écorce, en faire toucher au doigt l’étendue si peu connue, si obscurcie, et d’ailleurs si déguisée ; pour développer le cœur de l’homme, régler ses mœurs…74 » Cet éloge comprend tout en quelques paroles, le mérite des personnes, celui de la communauté, les grands exemples qu’ils ont donnés, les traditions qu’ils ont laissées, ce qu’ils ont réglé, ce qu’ils ont inventé.
Villehardouin a le tour net, simple, assez vif, la phrase courte : « S’il n’a pas, dit M. […] Que si l’on dit que c’est en fuyant Alphée qu’Aréthuse traverse ainsi les mers à l’état de fontaine, elle a bien plus à craindre encore en un tel moment que son onde ne se mêle à celle du fleuve qui la suit, qu’au flot marin qui l’environne ; et, après que la nymphe s’est dérobée et est devenue une fontaine de Sicile, c’est la poursuite de l’Alphée, du fleuve grec comme l’appelle Nicétas, du fleuve plongeur, comme l’a appelé Moschus, qui demeure la merveille perpétuelle et toujours vive à travers les mers ; mais il ne convient pas de trop presser la mythologie.
Felicia Hemans, a composé elle-même quelques chants animés d’une vive piété à l’usage de l’enfance. La même a eu des chants pour toutes les nobles et touchantes affections, pour les vives douleurs.
De même dans la vie et la destinée des hommes, — des grands hommes —, quand les circonstances y prêtent, il est de ces heures où ils paraissent tout d’un coup se retrouver tels qu’au début pour les qualités les plus vives, pour celles même que l’âge et la fatigue avaient nécessairement diminuées. 1814 fut pour Napoléon général une de ces merveilleuses saisons de rajeunissement. […] Napoléon a vu la faute ; il suit de l’œil l’écartement de Blucher ; il en ressent une vive joie, une joie croissante, « la seule qu’il lui fût encore donné d’éprouver ».
Il avait toutes les qualités d’un vieux militaire : extrêmement brave de sa personne, il aimait les braves et en était aimé ; il était bon, quoique vif, très actif, juste, avait le coup d’œil militaire, le sang-froid et de l’opiniâtreté dans le combat. » Dugommier avait, du premier coup d’œil, apprécié le jeune commandant d’artillerie qui le secondait si bien. […] Que le Dugommier vif et franc, brave et simple autant qu’habile, et dont les talents n’éclatèrent également qu’à la fin de la carrière, paraît donc supérieur à ce Dumouriez, qui fut un libérateur aussi à son heure, mais qui ternit sa gloire, de tout temps un peu équivoque, par les intrigues manifestes et les manigances prolongées de sa dernière vie !
Sous ce nom de rhétorique, qui n’implique pas dans ma pensée une défaveur absolue, je suis bien loin de blâmer d’ailleurs et d’exclure les jugements du goût, les impressions immédiates et vives ; je ne renonce pas à Quintilien, je le circonscris8. […] Les sympathies et les antipathies, de tout temps si vives, qu’il devait susciter, se prononcent et font cercle dès ce moment autour de lui.
Il part pour la chasse en chantant ; c’est une vive entrée en matière. […] Elle a inspiré à de grands poètes tragiques, aux Shakespeare et aux Schiller eux-mêmes, des inventions odieuses ou absurdes ; elle a inspiré au plus bel esprit et à la plus vive imagination une parodie libertine qui est devenue une mauvaise action immortelle ; elle est en possession de faire naître, depuis Chapelain, des poèmes épiques qui sont synonymes d’ennui, et que rien ne décourage, qui recommencent de temps en temps et s’essayent encore çà et là, même de nos jours, sans arriver jusqu’au public : soyez bien sûrs qu’à l’heure où je vous parle il y a quelque part un poëme épique de Jeanne d’Arc sur le métier.
Tous les intérêts particuliers se trouvant blessés au vif en même temps que le sentiment national, la France ne compta plus dès lors un seul partisan sincère en Allemagne, et il ne lui resta que ceux dont des avantages individuels achetaient la complaisance, ou dont l’esprit était subjugué par la crainte. […] Loin de nier l’espèce de police à laquelle il se livrait, il en explique à merveille et avec esprit les difficultés dans un pays si vaste et chez un peuple à imagination vive, doué à ce degré de la faculté d’illusion : « L’établissement et la direction d’une agence assez nombreuse d’observation militaire formait alors, nous dit-il, l’une de mes plus laborieuses attributions.
Écrivant à la baronne de Maistre, son amie de Paris, qui sera sa confidente passionnée comme Louise est sa correspondante virginale et innocente, elle lui dira après toutes ses douleurs épuisées et quand le calice est bu : « Je ne sais rien qui me fasse plaisir ; le cœur est mort, mais de votre côté il y a des cordes vives et je dirais vibrantes, si j’étais Sophie l’aimable, la trop bien disante. » Ainsi elle croit avoir besoin, pour risquer une expression qui nous paraît si simple, de se couvrir de l’autorité d’une amie. […] L’air vif lui donnait la vigueur, le soleil l’illuminait.
Sur l’idéal de la liberté chez les Grecs, sur leurs philosophes, sur leurs poètes même et sur Homère dont il interprète la mythologie par le côté principalement moral, il a des pages senties qu’il n’aurait jamais écrites avant 1670, avant de s’être retrempé, pour son préceptorat du Dauphin, aux vives sources de l’ancienne littérature profane. […] De même sur les Macédoniens et sur Alexandre : chez Bossuet, c’est une première et large vue ; l’homme est bien compris dans son ensemble et posé avec son vrai caractère en termes magnifiques ; l’historien orateur est égal à son sujet, à son héros ; ce portrait d’Alexandre est un portrait d’oraison funèbre ; il a le mouvement et comme le souffle oratoire : chez Montesquieu, les raisons de la politique et du génie d’Alexandre sont bien autrement recherchées et déduites ; c’est bien autrement expliqué ; chaque parole frappe comme un résultat, et l’expression est vive, figurée ; le tout gravé en airain : c’est un long bas-relief d’Alexandre.
On voit passer devant soi une suite de peintures de mœurs fort contrastées, prises chacune sur le vif dans les régimes successives que l’auteur a traversés et qu’il a trouvé moyen de railler, tout en les servant. […] Une fois n’est pas coutume ; cette élévation de ton et de pensée n’est pas habituelle dans ces Mémoires : ils nous donnent bien plus souvent l’impression très vive de ce que devait être M.
Partout, enfin, chez lui, c’est une réminiscence vive, entre-croisée, puissante ; c’est, si je l’ose dire, un riche regain en pleine terre antique. […] Après une charmante pièce, et toute vive, toute d’allégresse, sur le Printemps : Le voilà !
Mais surtout la tradition a conservé un vif souvenir du triomphe de mademoiselle Gaussin en novembre 1752 : telle fut sa magie d’expression dans le personnage de cette reine attendrissante, que le factionnaire même, placé sur la scène, laissa, dit-on, tomber son arme et pleura30. […] Elle crut qu’une victoire obtenue sur l’amour le plus vrai et le plus tendre ennoblissait le sujet, et en cela elle ne se trompait pas ; mais elle avait encore un intérêt secret à voir cette victoire représentée sur le théâtre : elle se ressouvenait des sentiments qu’elle avait eus longtemps pour Louis XIV et du goût vif de ce prince pour elle.
Sa santé diminue, sa vue baisse, et pour peu qu’elle vive, elle est en train de devenir tout à fait aveugle comme son amie Mme du Deffand. […] Nous n’avons personne été élevés au couvent, nous n’avons pas vécu à la petite cour de Sceaux ; mais quiconque a ressenti les vives impressions de la jeunesse, pour voir presque aussitôt ce premier charme se défleurir et la fraîcheur s’en aller au souffle de l’expérience, puis la vie se faire aride en même temps que turbulente et passionnée, jusqu’à ce qu’enfin cette aridité ne soit plus que de l’ennui, celui-là, en lisant ces Mémoires, s’y reconnaît et dit à chaque page : C’est vrai.
Les hommes éclairés, en Allemagne, n’existent que pour l’étude, et leur esprit se soutient en lui-même par une sorte d’activité intérieure, plus continuelle et plus vive que celle des Anglais. […] On a voulu blâmer l’auteur de Werther de supposer au héros de son roman une autre peine que celle de l’amour, de laisser voir dans son âme la vive douleur d’une humiliation, et le ressentiment profond contre l’orgueil des rangs, qui a causé cette humiliation ; c’est, selon moi, l’un des plus beaux traits de génie de l’ouvrage.
Cela restait grêle, léger et joli : un rythme vif, sautillant, aimable, merveilleusement apte à recevoir cette mousse de sentiments, qui débordent de l’âme sans l’emplir. […] Il se forma d’autres genres selon la forme choisie, et selon la nature des accessoires employés pour particulariser le thème général : la séparation des amants, avertis du lever du jour par l’alouette, et plus tard parle veilleur, constitua l’aube, la rencontre d’un chevalier et d’une bergère, qui souvent le refuse et parfois l’accepte, forma la pastourelle, dont les rythmes furent particulièrement vifs et gracieux.
De la tradition gauloise, c’est-à-dire purement française, il tient l’esprit, le récit leste et vif, la raillerie subtile et pénétrante, sans parler de l’immoralité qui est un jeu de l’esprit plutôt qu’une fougue des sens. […] Un vif courant de sensualité épicurienne circule dans leurs œuvres, où les appétits de la chair excitent l’indépendance de l’esprit.
Sans doute il peut arriver que les qualités développées par cette éducation coïncident avec une personnalité vigoureuse, une volonté forte, une intelligence pénétrante, une sensibilité vive et originale ; mais c’est par un accident heureux que cette rencontre a lieu. […] Au contraire, des satisfactions bien vives vous attendent si vous avez été attentifs et si, dans une leçon d’histoire, vous avez retenu l’ordre logique ou chronologique exact des idées… L’école vous traitera selon que votre esprit sera plus ou moins fidèle à l’examen de fin d’année, aux concours, au baccalauréat, etc.
Je ne reçois de lettres que d’un seul homme, et si l’on continue, on me persuadera qu’il ne faut faire fond que sur des gens dont l’amitié est plus vive que vous ne le voulez. » Ce seul homme dont elle reçoit des nouvelles, et dont l’amitié est plus vive qu’elle ne voudrait, est évidemment le roi.
Il y aura nécessairement une part de roman encore mêlée à des sentiments vifs et réels. […] Nous avions dans les Méditations la poésie pure : aurons-nous ici la réalité vive ?
C’est de ce moment que date le vif sentiment de Bernadotte pour elle ; il ne la connaissait point auparavant. […] C’est de là que son doux génie, dégagé des complications trop vives, se fit de plus en plus sentir avec bienfaisance.
Walckenaer, frais, vif, rose et riant, peint par Greuze, menant de front les plaisirs et le travail, ardent à l’étude, au monde, à la société, sensible aux passions, présentant l’image d’une jeunesse à la fois sérieuse et amoureuse ; nous ne pouvons que le deviner, mais littérairement il se trahit, et toujours il gardera dans son style, dans sa manière de dire, même quand il voudra peindre le siècle de Louis XIV, quelque chose de ce qui caractérise l’époque de Louis XVI. […] Il a laissé à tous ceux qui l’ont connu de près un sentiment de respect et d’affection vive.
En un mot. puissante pour réaliser le mouvement, l’idée est impuissante pour réaliser les sensations ; elle produit donc à la fois : 1° un sentiment vif de puissance pour la réalisation des mouvements, 2° un sentiment vif d’impuissance pour la réalisation des sensations : il en résulte une puissance arrêtée, contrariée, donc effort et peine.
quelle imagination à la fois vive & sage ! […] Il suppose toujours les principes, ou les établit en deux mots, & se jette sur la morale : il préfère le sentiment à tout : il remplit l’ame de cette émotion vive & salutaire, qui nous fait aimer la vertu.
Car ce cœur vif et tendre infiniment Pour ses amis, et non point autrement. […] Mais ce qui est au-dessus de tout, c’est ce trait de poésie vive et animée, qui suppose que des arbres coupés et, pour ainsi dire, mis à mort, vont revivre sur les bords du Styx.
Un jour, cependant, Barbey d’Aurevilly, qui professait pour lui une grande admiration littéraire et une vive sympathie intellectuelle, ne put se tenir de le tancer vertement pour avoir présenté un de ses livres sous ce titre : les Plateaux de la Balance, image usée, vulgaire et jetée au rebut des allocutions de comices agricoles. […] C’est ainsi que le vif succès des Lettres Persanes de Montesquieu détermina par dizaines des Lettres Anglaises par Voltaire, Chinoises, Portugaises, etc.
Dans ses profondeurs, dans ses saillies, dans ses replis puissants ou ses arêtes vives, le flot de l’immense marée solaire accourt de l’espace infini, se brise en vagues lumineuses battant la pierre de tous les feux du prisme ou apaisées en obscurités claires. »103. […] La lutte entre le nouveau monde et l’ancien m’apparaît aussi vive dans le domaine de l’art que dans la vie sociale.
Jamais l’idolâtrie de l’art ne parut plus vive que dans cet hommage au poëte thébain. […] Il peindra de vives couleurs la corruption romaine ; et, singulier hasard !
Aujourd’hui la gloire militaire brille d’un plus vif éclat, et dans tous les pays la gloire des beaux-arts s’est presque éclipsée. […] Comme ce style est vif et rapide ! […] On permet à l’éloquence un peu de travail, de lenteur et d’austérité ; mais tous les mouvements de la poésie doivent être vifs, naturels et gracieux. […] La langue poétique de Racine est plus correcte et plus pure : celle de Voltaire est plus vive et plus passionnée. […] La raillerie un peu vive nous empêche d’en rien regretter ici.