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1382. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre VII. De la physique poétique » pp. 221-230

Admirons en tout ceci la Providence divine qui, nous ayant donné comme pour la garde de notre corps des sens, à la vérité bien inférieurs à ceux des brutes, voulut qu’à l’époque où l’homme était tombé dans un état de brutalité, il eût pour sa conservation les sens les plus actifs et les plus subtils, et qu’ensuite ces sens s’affaiblissent, lorsque viendrait l’âge de la réflexion, et que cette faculté prévoyante protégerait le corps à son tour.

1383. (1788) Les entretiens du Jardin des Thuileries de Paris pp. 2-212

Même chaleur dans cette ville, & même empressement à partir pour se rendre à Tours, parce qu’il fait encore trop chaud. Tours ne procure pas plus de fraîcheur, & bientôt on se rend à Saumur : quelle ville ! […] J’espere néanmoins voir demain deux académiciens qui ont presque fait le tour du monde, & qui me rassureront. […] La tour de Strasbourg aura, sans doute, un hommage, & ensuite les montagnes ; car un poëte de cette trempe ne s’abaissera jamais. […] On ridiculise, disoit Voltaire, celui qui ridiculise ; chacun à son tour, & c’est un commerce de ridicule où l’esprit s’épuise.

1384. (1864) Le roman contemporain

On le comprendra si l’on songe que la cause du succès de ce genre de compositions qui parlent surtout à l’imagination, c’est qu’elles répondent au tour d’idées du moment. […] Jadis la muse restait douce aux proscrits et fidèle aux abandonnés ; on la trouvait au pied de la tour de Richard sous les traits de Blondel. […] Il ne manque ni de gaieté d’esprit ni de vivacité dans le tour. […] Ils entrent, montent à la tour, si haut qu’ils peuvent monter, comme dans la chanson populaire, et jouissent pendant quelque temps d’un magnifique point de vue. […] Ce sont les mêmes procédés, le même tour d’esprit, le même mélange du romanesque au réel, de la vie du rêve à la vie positive, avec un souffle souvent plus ardent, qui rend ce livre accessible à moins de lecteurs.

1385. (1856) Réalisme, numéros 1-2 pp. 1-32

Quand on saura à quoi s’en tenir au sujet de ces tours de passe-passe, l’immense Hugo lui-même sera amoindri. […] Bienveillant est l’un, hargneux l’autre ; mais quand le premier, si bienveillant qu’il soit, a affaire un peu trop souvent au second, lui est-il défendu de serrer un peu les dents et de préparer son poing… seulement pour rire aussi, lui, à son tour ? […] Ces peintres veulent paraître instruits, bien élevés, et les critiques leur savent gré de leur fournir ainsi le prétexte de dissertations historiques, par lesquelles ils se montrent non moins instruits à leur tour. […] Est-ce comparable aux caractères de Julien et de madame de Rênalm dans Rouge et Noir, de Grandet, du curé de Tours, de Birotteau ? […] Quand on saura à quoi s’en tenir au sujet de ces tours de passe-passe, l’immense Hugo lui-même sera amoindri.

1386. (1893) Alfred de Musset

Les contemporains l’ont vu à tour de rôle sous ces divers aspects, et ils ont porté sur lui des jugements contradictoires qui contenaient tous une part de vérité. […] Musset, toujours avide d’expiation, s’immolait à Pagello, qui avait subi à son tour la fascination des grands yeux noirs. […] Il traversa la forêt de Fontainebleau en voiture, dans une muette contemplation des fantômes qui se dressaient devant lui à chaque tour de roue. […] D’autres, plus petits encore et point chefs-d’œuvre, ont pourtant un certain tour, à la façon du xviiie  siècle. […] C’est une langue franche et transparente, où l’expression est juste, le tour de phrase net et naturel.

1387. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon » pp. 423-461

Il ne fut point ministre parce qu’il ne le voulut pas ; il aurait pu l’être à un instant ou à un autre, mais il se pliait peu aux combinaisons diverses et n’en augurait rien de bon ; il ne trouvait point dans le duc d’Orléans l’homme qu’il aurait voulu et qu’il avait tant espéré et regretté dans le duc de Bourgogne ; il lui reprochait précisément d’être l’homme des transactions et des moyens termes, et le prince à son tour, disait, de son ardent et peu commode ami « qu’il était immuable comme Dieu et d’une suite enragée », c’est-à-dire, tout d’une pièce. […] Un rideau se levait tour d’un coup de dessus la plus belle époque monarchique de la France, et l’on assistait à tout comme si l’on y était. […] Dès la seconde page, Saint-Simon nous montre sa mère qui lui donne dès l’enfance de sages conseils et qui lui représente la nécessité, à lui fils tardif d’un vieux favori oublié, d’être par lui-même un homme de mérite, puisqu’il entre dans un monde où il n’aura point d’amis pour le produire et l’appuyer : « Elle ajoutoit, dit-il, le défaut de tous proches, oncles, tantes, cousins germains, qui me laissoit comme dans l’abandon à moi-même, et augmentoit le besoin de savoir en faire un bon usage sans secours et sans appui ; ses deux frères obscurs, et l’aîné ruiné e‌t plaideur de sa famille, et le seul frère de mon père sans enfants et son aîné de huit ans. » Or, ne trouvant pas la phrase assez claire dans son tour un peu latin, l’édition de 1829 a dit : « Elle ajoutoit le défaut de tous proches, oncles, tantes, cousins germains, qui me laissoit comme dans l’abandon à moi-même, et augmentoit le besoin de savoir en faire un bon usage, me trouvant sans secours et sans appui ; ses deux frères étant obscurs, et l’aîné ruiné et plaideur de sa famille, et le seul frère de mon père étant sans enfants et son aîné de huit ans. » Me trouvant et deux fois étant sont ajoutés.

1388. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIIe Entretien. Montesquieu »

Voltaire assure que Montesquieu parvint à faire lire au cardinal un exemplaire particulier des Lettres persanes soigneusement revu et purgé, ad usum Delphini, en quelque sorte ; Voltaire attribue à Montesquieu un tour qu’il eût été bien capable de jouer, lui, Voltaire, en pareil cas ; mais on pense généralement que Montesquieu le prit de plus haut ; qu’il menaça fièrement de s’exiler, et que l’amitié du maréchal d’Estrées adoucit les scrupules du cardinal Fleury. […] Se promenant un jour sur le port, pour prendre le frais, il est invité par un jeune matelot de bonne mine, à choisir de préférence son bateau pour aller faire un tour en mer. […] Tour faire condamner Manlius, il fallut ôter au peuple la vue du Capitole.

1389. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre III. Molière »

C’est une comédie où on n’oublie pas l’heure du dîner, où un amant éconduit, sans se tuer ni perdre l’esprit, s’en va faire un tour de six mois en Italie. […] Tous les individus ont droit au plein développement de leur nature, en sorte que le droit de chacun a pour borne le droit d’autrui, et le borne à son tour. […] Il est naturel que ceux qui ont eu part au bonheur laissent s’approcher les autres de la table : c’est la loi que les enfants aient leur tour après les parents.

1390. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre VI. Bossuet et Bourdaloue »

Dans ce style se retrouve aussi la double inspiration que je signalais dans la pensée de Bossuet : non seulement il cite l’Ecriture, mais il se l’est incorporée, et à chaque page se présentent des tours, des images, plus ou moins directement et sensiblement émanés des livres saints. […] Son éducation ecclésiastique nous expliquera qu’elle reste chez lui plus chargée de latinisme dans les tours et dans les sens que chez aucun des écrivains mondains. […] Il développait de belles périodes, avec une exubérance cicéronienne : le malheur était qu’une fois entré dans un tour, il n’en sortait plus, il le représentait avec insistance, jetant toutes ses phrases dans le moule qu’il avait d’abord choisi.

1391. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Introduction. Le problème des idées-forces comme fondamental en psychologie. »

Nous n’avons donc, ni psychologiquement, ni physiologiquement, le droit d’exclure la réaction du nombre des phénomènes psychologiques et physiologiques ; il n’est nullement démontré que toute détermination qualitative et quantitative de la conscience soit d’origine entièrement externe et périphérique, sans que les cellules actionnées du dehors aient à leur tour un mode propre d’actionner le système nerveux et, finalement, le système musculaire. […] Ne pourrait-on soutenir que la somme des mouvements de réaction centrifuge est non moins incalculable que celle des mouvements centripètes ; qu’il y a des réponses et réactions, avec un ton affectif plus ou moins sourd, depuis la tête jusqu’aux pieds ; que le mouvement d’ensemble est une perpétuelle ondulation, un va-et-vient de la périphérie aux centres, des centres à la périphérie ; que ce mouvement est surtout marqué dans le cerveau, dont toutes les cellules, après avoir été actionnées, actionnent à leur tour, s’accommodent ou ne s’accommodent pas du mouvement imprimé, l’acceptent ou le repoussent, elles aussi, pour leur part ? […] Spencer a provoqué la réaction exagérée contre laquelle nous réagissons à notre tour.

1392. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre troisième. La volonté libre »

Illusoire ou non, cette conception du sujet pur a pour origine l’antithèse fondamentale de l’interne et de l’externe, de la conscience et des objets auxquels elle s’applique, sans lesquels elle n’existerait pas et dans lesquels, cependant, elle ne paraît pas s’épuiser ; car ces objets, à leur tour, en tant du moins qu’objets de conscience, n’existeraient pas sans la conscience. […] Nos idées et désirs, à leur tour, n’ayant pas une intensité et une direction toujours identiques, il y a encore là un élément d’indétermination par rapport à notre connaissance de nous-mêmes. […] Demander que ce clou disparaisse à son tour, c’est demander qu’un levier soulève le monde sans point d’appui.

1393. (1929) La société des grands esprits

Mais à leur tour Argos ou Thèbes perpétueront par le marbre ou le bronze le souvenir des défaites infligées aux Lacédémoniens. […] J’affronte à mon tour la plus triste banalité, et j’avoue que c’est aussi mon sentiment. […] Mais il faut comprendre que chacun parle sa langue et s’exprime selon son tour d’esprit. […] Il a magnifiquement chanté les cathédrales, où l’esprit « gonflait les voûtes et soufflait les tours vers le ciel ». […] En feuilletant ces sept ou huit cents pages, on fait le tour des connaissances humaines.

1394. (1930) Les livres du Temps. Troisième série pp. 1-288

Mauriac, et qui ressemblerait à celle de l’homme inculpé de vol des tours de Notre-Dame, serait du reste survenue un peu plus tard. […] Car de plus en plus notre époque ne comprend que le coup de tam-tam et le boniment forain, ou l’éreintement à tour de bras et le mépris total. […] Lorsque les antidreyfusards furent à leur tour consternés par le suicide du colonel, M.  […] Oui, mais même avec la licence actuelle, qui n’eût pas été tolérée au temps de Balzac, c’est un domaine bien limité et monotone, dont on a vite fait le tour. […] C’est un véritable tour de force, qui charmera les bénéficiaires de cette publicité dont tous n’ont pas l’habitude, et qui après tout se justifie par de bonnes raisons.

1395. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

Alors, on lui joua d’un bon tour. […] Un seigneur « bâtissait une tour ». […] Ceci est le tour de main. […] Selon le tour de la conversation, il y en a pour eux dix ou trente. « Vous allez à X… ? […] Les tours d’ivoire, voilà qui est bien.

1396. (1911) Nos directions

Clouard, ait chez lui la vertu et le foisonnement que nous admirons en Pascal, en La Rochefoucauld, voire en La Bruyère… mais j’y trouve, à ne pas dire grand’chose, une désinvolture charmante, un tour aisé, leste et vivant — de la liberté en somme. […] Si je reconnais quelquefois dans la tragédie racinienne le tour et l’étiquette de la cour de Louis XIV, je n’en respire jamais l’âme. […] Ils jugent donc poètes et littérateurs de haut… Ne risquent-ils pas à ce jeu, que, la littérature pure ou, s’ils parlent en vers, la poésie, en manière de représailles, s’avise de les rejeter à son tour ? […] Et pour échapper à son tour à l’insuffisance de la tradition, combien de mètres divers ne mêlera pas le jeune Laforgue, dans les strophes fixes de ses Complaintes ! […] Nous en dirons autant du mécanisme de la symétrie : symétrie de coupe, symétrie de tour ; le mot prononcé, la chose se devine.

1397. (1882) Autour de la table (nouv. éd.) pp. 1-376

Quand il nous eut laissé dire tout ce que nous avions dans l’âme, il prit la parole à son tour. […] — Je crois, dis-je à mon tour, que nous arrivons à être tous d’accord. […] à ton tour, voudrais-tu tenter Satan ?  […] Manfred est dans la tour. […] Balzac naquit à Tours, le 16 mars 1799, jour de saint Honoré.

1398. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mademoiselle Aïssé »

Celle-ci, née pour les affections, et qui les avait dû refouler jusque-là, orpheline dès l’enfance, n’ayant pas eu de mère et l’étant à son tour sans oser le paraître, amante heureuse mais troublée dans son aveu, du moment qu’elle rencontra un cœur de femme digne de l’entendre ; s’y abandonna pleinement, elle éclata : « Je vous aime comme ma mère, ma sœur, ma fille, enfin comme tout ce qu’on doit aimer. » De vifs regrets aussitôt, des retours presque douloureux s’y mêlèrent : « Hélas ! […] Son esprit n’emploie ni tours, ni figures, ni rien de tout ce qui s’appelle invention. […] Mme du Deffand portait plus de feu, plus d’imagination dans le propos ; pourtant chez elle, comme chez Mlle De Launay, comme chez d’autres encore, ce qui frappe avant tout, c’est le tour précis, l’observation rigoureuse, la perfection juste, ni plus ni moins. […] Le tour d’Aïssé a gardé davantage du xviie  siècle ; elle court, elle voltige, elle n’appuie pas.

1399. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. de Rémusat (passé et présent, mélanges) »

Le jeune enfant grandit auprès d’elle dans une liberté aimable, dans une familiarité qui l’initiait aux réflexions de cette femme distinguée, sur laquelle il devait bientôt agir à son tour. […] Cet éveil fut si puissant, que l’amertume de la victoire de l’étranger s’en adoucit un peu dans son cœur, et que le souvenir de cette époque lui est demeuré surtout comme celui d’une émancipation intellectuelle : « C’est pour cela, dit-il avec ce tour d’esprit qui est le sien et où le sérieux et la raillerie se mêlent, c’est pour cela que je n’ai jamais eu un grand fonds d’aigreur contre la Restauration ; je lui savais gré en quelque sorte de m’avoir donné les idées que j’employais contre elle. » Il faudrait se bien représenter ici la physionomie du monde où vivaient ses parents, une variété du grand monde, aimable, polie, distinguée de manières et de goût, mais fort tempérée d’idées, et sans mouvement à cet égard, sans initiative. […] C’était bien le monde qui lui convenait le mieux comme exercice et développement de la pensée, un monde aussi ennemi du commun populaire que du convenu des autres salons, qui ne craint point les idées, pas même les systèmes ; où tout fait question, où tout se discute, s’analyse, se généralise ; où l’esprit n’a pas trop de tous ses replis, ni l’entendement de toutes ses formes ; où les lectures solides, les considérations élevées se résument toujours et s’aiguisent eu une rédaction ingénieuse ; où cette ingéniosité de tour est un cachet non moins distinctif que la haine du médiocre. […] « Toujours est-il vrai de dire, ajoutait l’auteur, que, même alors, en qualité d’instrument de publicité, la presse fut regardée comme un moyen de gouvernement, et le dernier maître qui a possédé la France le reconnut lui-même à son tour.

1400. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre IV. Addison. »

Les pays y ont leur nom noble : l’Italie s’appelle l’Ausonie, la mer Noire s’appelle la mer Scythique ; il y a des montagnes de morts et un fracas d’éloquence autorisé par Lucien ; il y a de jolis tours d’adresse oratoire imités d’Ovide ; les canons sont désignés par des périphrases poétiques comme plus tard dans Delille900. […] Sa politesse a reçu de son caractère un tour et un charme singulier. […] Partout de justes oppositions qui ne servent qu’à la clarté et ne sont point trop prolongées ; d’heureuses expressions aisément trouvées qui donnent aux choses un tour ingénieux et nouveau ; des périodes harmonieuses où les sons coulent les uns dans les autres avec la diversité et la douceur d’un ruisseau calme ; une veine féconde d’inventions et d’images où luit la plus aimable ironie. […] Rien de plus varié, de plus riche, chez Addison, que les tours et la mise en scène.

1401. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1862 » pp. 3-73

En les regardant, penché dessus, je revoyais dans leur lumière, comme en une lueur du passé, la Deslions demandant à notre bonne, lorsque nous donnions à dîner, — demandant, avant notre rentrée, de faire le tour de notre table servie, pour se régaler les yeux d’un peu de luxe. […] Gautier, pris d’émulation, ôte sa redingote, et tout perlant de sueur, son gros derrière écrasant ses jarrets, danse à son tour le Pas du créancier, et la soirée se termine par des chants bohèmes, des mélodies farouches dont le prince Radziwill jette merveilleusement la note stridente. […] Il est en bons rapports avec elle, en dépit des petits tours qu’il avoue lui avoir joués. […] En face de la Muette, sur les terrains de l’ancien Ranelagh, — j’ai reconnu la maison sans la connaître, — ça ressemble aux tâtonnements des enfants avec les jeux d’architecture, et où ils marient des tours à créneaux avec un kiosque chinois.

1402. (1892) Les idées morales du temps présent (3e éd.)

L’inévitable renferme en soi-même sa consolation : on ne maudit pas la fatalité, on la subit ; et l’on a vite fait de s’apitoyer sur ceux qui la subissent à leur tour. […] Lemaître n’avait pas encore vécu la vie de l’homme de lettres contemporain, qui remue tant d’idées, en fait si vite le tour et trouve au fond de son cerveau le résidu de tous les systèmes, même de ceux qu’il ne connaît pas. […] On n’y rencontre pas même les qualités dont l’auteur se pique, la charpente logique, le terme exact et le tour individuel. […] Ses mains faiblissent et il sent que bientôt il devra s’abandonner à une perte certaine ; mais il se cramponne toujours et voit que deux souris, l’une noire, l’autre blanche, faisant également le tour du buisson auquel il est suspendu, le rongent par dessous. […] Il n’est plus un mandarin, délicieusement occupé à peindre des mots oiseux dans quelque tour de porcelaine, il est « un gardien à qui tout un peuple a confié son âme pour un moment ».

1403. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « La poésie »

Au pied de la tour féodale qui l’écrasait de son ombre, le village s’éveilla.

1404. (1874) Premiers lundis. Tome II « Doctrine de Saint-Simon »

Inspirées de la doctrine, la doctrine s’en inspire elle-même chaque jour, et ces pensées se reproduisent à tout instant dans l’application, déduites, développées, élaborées à leur tour.

1405. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Poésie — I. Hymnes sacrées par Édouard Turquety. »

Les petites pièces qui ont pour titre la Coupe, les Batteurs de blé, le Troubadour d’Alcéonie, donnent longtemps à réfléchir par le tour naïvement symbolique et mystique de leur rêverie.

1406. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre VI. De la littérature latine sous le règne d’Auguste » pp. 164-175

Ils ont emprunté des Grecs beaucoup d’inventions poétiques, que les modernes ont imitées à leur tour, et qui semblent devoir être à jamais les éléments de l’art.

1407. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section II. Des sentiments qui sont l’intermédiaire entre les passions, et les ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre II. De l’amitié. »

Les femmes font habituellement de la confidence le premier besoin de l’amitié, et ce n’est plus alors qu’une conséquence de l’amour ; il faut que réciproquement une passion semblable les occupe, et leur conversation n’est souvent alors, que le sacrifice alternatif, fait par celle qui écoute à l’espérance de parler à son tour.

1408. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre IV. La fin de l’âge classique — Chapitre I. Querelle des Anciens et des Modernes »

Après cette éclatante affirmation de sa thèse, Perrault en entreprit la démonstration : de 1688 à 1607 il fit paraître ses Parallèles clés anciens et des modernes, dialogues ingénieux et superficiels, d’un tour léger et mondain et dans lesquels s’étalaient à la fois beaucoup d’assurance et beaucoup d’ignorance.

1409. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Grosclaude. »

Grosclaude exécute depuis des années ce tour de force, de ne pas écrire une ligne qui ne soit un cliché ou un poncif.

1410. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Vigny, Alfred de (1797-1863) »

Il se retira « dans sa tour d’ivoire », et là, sur le plus haut degré, l’œil baigné de ciel, il continuait son œuvre ; il écrivait les Destinées, poèmes philosophiques plus graves peut-être encore, plus sévères que les Poèmes antiques et modernes.

1411. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XII. Lo Ipocrito et Le Tartuffe » pp. 209-224

Il s’en empara à son tour, après d’autres écrivains français ; et l’on sait avec quelle puissance et quelle hardiesse il transforma un sujet devenu banal.

1412. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XIV. Moralistes à succès : Dumas, Bourget, Prévost » pp. 170-180

Pour nous, plus que la trivialité pâteuse de son style, nous déplorons le tour spécial qu’il a donné à une forme de roman, j’ai dit tout fi l’heure, admissible.

1413. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre IV » pp. 38-47

Dans la société de l’hôtel de Rambouillet, au contraire, l’homme de lettres était dégagé de ses liens personnels ; il n’était plus l’homme ou l’esprit d’un autre homme ; il était devenu maître à son tour de choisir, de placer, de graduer ses préférences entre les grands, comme précédemment les grands l’avaient été de choisir entre les gens de lettres.

1414. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XI » pp. 89-99

Quand la société-mère se dispersa, les femmes ridicules qui étaient contenues par le grand nombre les autres, et surtout par la marquise de Rambouillet et sa fille, voulurent avoir à leur tour leur petit empire et leur petite cour.

1415. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 23-38

Quelle variété de sujets, de dessein, d’exécution, de costume, d’images, de tours, d’expressions, de morale !

1416. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 239-252

En méditant, en approfondissant un Modele, on acquerra, non l’habitude d’inventer, de penser, de procéder & de s’exprimer comme lui ; mais la force nécessaire pour inventer, penser, procéder & s’exprimer, à son tour, aussi bien que lui : Les Ouvrages des Grands Maîtres, d’après Longin, sont comme autant de sources sacrées, d’où il s’éleve des vapeurs heureuses qui se répandent dans l’ame de leurs Imitateurs & animent les esprits les moins échauffés *.

1417. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 8-23

Aussi la Thébaïde & Alexandre, qui furent ses premiers essais, ont-ils été suivis d’Andromaque, de Bajazet, qui, à leur tour, & par les mêmes moyens, furent surpassés par Mithridate, Phédre, Athalie.

1418. (1894) Notules. Joies grises pp. 173-184

Dans l’œuvre où prédomine la Forme, la Rime se présente immanquablement à l’esprit ; elle affirme la clarté du vers, le rend plus net et le fixe en de précises limites ; car ainsi qu’ailleurs je le déclarerai, en certains sujets — tels épiques, plastiques, où l’ampleur et la force sont nécessaires — il faut employer le vers à rhythme binaire, le vers dit d’airain, tour d’ivoire où, sous la porte, sentinelle casquée d’or et gemmée de rubis, veille la Rime.

1419. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — M. de Voltaire, et l’abbé Desfontaines. » pp. 59-72

Vinot de l’Oratoire & chanoine de Tours, qui fut sollicité par l’abbé Desfontaines pour rendre témoignage en sa faveur.

1420. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre III. Suite des Époux. — Adam et Ève. »

On nous pardonnera la hardiesse des tours dont nous nous sommes servi, en faveur de la lutte contre le texte.

1421. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre VII. Des ouvrages périodiques. » pp. 229-243

Ce n’est pas sans raison que nous avons choisi le genre épistolaire ; outre que le style en est libre & aisé, certains tours qui lui sont familiers donnent de l’éclat & de la vivacité aux réfléxions.”

1422. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Michel Van Loo » pp. 66-70

Ce que je scais, ce que je vois, c’est qu’il n’y a guères de physionomies plus déplaisantes, plus hydeuses que celle de l’oculiste Demours, et que La Tour n’a pas fait un plus beau portrait ; c’est à faire détourner la tête à une femme grosse, et à faire dire à une élégante, ah l’horreur.

1423. (1762) Réflexions sur l’ode

Combien de fautes légères et comme imperceptibles, d’expressions qui ne sont pas tout à fait justes, de tours un peu contraints, de mots et quelquefois de vers de remplissage, qu’on est forcé de pardonner au poète ?

1424. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Alexandre Dumas fils » pp. 281-291

… Est-ce enfin (car les voilà tous), est-ce enfin et cela peut-il s’appeler un caractère que cette Iza, épousée pour sa beauté seule par cet homme chaste et réfléchi, dont elle fait, en un tour de reins, une marionnette voluptueuse, le polichinelle de l’amour ?

1425. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Dupont-White »

Issu de Guizot le doctrinaire, mais avec un tour d’esprit autrement vivant et enflammé que celui de son maître, Dupont-White s’est contenté de recommencer la balançoire connue entre l’idée abstraite de l’État et l’idée abstraite de l’Individu, et de nous refaire, sous une autre forme, la vieille cote mal taillée entre l’autorité et le progrès reprise tant de fois !

1426. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Louis Wihl »

Tithon voulait coucher avec l’Aurore… Mais Louis Wihl n’eut pas besoin de faire le tour de souplesse de Gœthe pour se faire Oriental.

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