On vit au jour le jour ; l’or coule par flots, puis il tarit ; mais aussi, comme l’ouvrier parisien, on a l’heureuse faculté de l’imprévoyance : on a sa guinguette, on a ses soirées ; on a le théâtre ; on rencontre, on échange de prompts et faciles sourires ; on nargue la famille ; on est en dehors des gouvernements ; même si on les sert, on sent qu’on n’en est pas. De tout temps, on l’a observé, les gens de lettres n’ont pas été des mieux et n’ont pas fait très-bon ménage avec les hommes politiques, même avec ceux qu’ils ont servis ; on l’a remarqué des plus grands écrivains, gens de fantaisie ou d’humeur, de Chateaubriand, de Swift ; écrivains et gouvernants, ils peuvent s’aimer comme hommes, ils sont antipathiques comme race.
Tout a servi à Musset pour que la rencontre nécessaire de l’art et de la matière se produisit ; sa précocité, sa candeur, son aptitude, malheureuse d’ailleurs, précieuse ici, à rester enfant. […] C’est, du reste, Musset qui, dans Une soirée perdue, à propos du Misanthrope, a le mieux marqué la différence essentielle des deux théâtres, le théâtre d’intrigue et le théâtre de pensée, le théâtre qui amuse et celui qui émeut, en montrant le prix d’une pièce comme le Misanthrope au regard de celles qui visent avant tout à « servir à point un dénouement bien écrit », du théâtre qui se tient au niveau de la vie ou s’élève au-dessus d’elle, en comparaison de celui qui atteint son but : Si l’intrigue, enlacée et roulée en feston, Tourne comme un rébus autour d’un mirliton.
Tous ces personnages ramassés sur la place publique, la commedia dell’arte les mit en scène et les fit servir au divertissement, non seulement du peuple, mais des cours les plus brillantes et des plus doctes académies. […] Voulant donner la définition de ce qu’on entendait par ce mot, qui, étymologiquement, veut dire liens (lazzi, parole lombarde, au lieu de lacci, parole toscane), Riccoboni se sert de l’exemple suivant : « Dans la pièce d’Arlequin dévaliseur de maisons, Arlequin et Scapin sont valets de Flaminia, qui est une pauvre fille éloignée de ses parents et qui est réduite à la dernière misère.
Riccoboni nous apprend, par exemple, que la Emilia, de Luigi Groto, surnommé l’aveugle d’Adria, cette pièce qui a fourni à Molière plusieurs des caractères et des situations de L’Étourdi, servait fréquemment de canevas aux acteurs de la comédie improvisée19. […] Je me sers de cette expression par respect pour votre âge.
Il faut distinguer dans chaque science la partie technique et spéciale, qui n’a de valeur qu’en tant qu’elle sert à la découverte et à l’exposition, et les résultats généraux que la science en question fournit pour son compte à la solution du problème des choses. […] Je vais éclairer par un exemple la manière dont on pourrait faire servir les sciences particulières à la solution d’une question philosophique.
Elle doit porter sur les idées, les sentiments, les tendances des personnages mis en scène ; elle est en ce sens interne ; mais, comme ces personnages sont ou bien créés de toutes pièces par l’auteur ou en tout cas interprétés et en une certaine mesure formés ou déformés par lui, comme ils servent de la sorte à exprimer la nature même et les conceptions particulières de l’auteur, l’analyse est en ce sens-là externe. […] On dresse le vocabulaire dont l’écrivain se sert.
La pièce des Femmes savantes, jouée pour la première fois, en 1672, est une dernière malice de Molière, à double fin : d’abord pour se défendre de la réprobation de quelques mots de son langage et de quelques erreurs de sa morale ; ensuite pour servir les amours du roi et de madame de Montespan, qui blessaient tous les gens de bien et dont la mort récente de madame de Montausier était une éclatante condamnation. […] quel moyen de les faire servir à une même entrée ?
Le professeur de grammaire hébraïque pourra se servir de celle que l’abbé Ladvocat105, bibliothécaire et professeur de Sorbonne, a composée à l’usage de nos écoles. […] Le traité latin du professeur Hoocke106 pourrait servir de base et de modèle.
Les diplomates servent aux hommes d’État, mais ils n’ont aucune initiative ; ils dépendent du ministre qui les emploie ; ils ne sont que les commissionnaires qui font les commissions d’un gouvernement à un autre, des commissionnaires avec plaque, — une plaque parfois d’émail ou de diamants ! Cela leur constitue une dignité, sans doute, parce que l’État relève et doit parer toutes les fonctions qui le servent, mais cela ne suppose pas, dans les hommes de ces fonctions, la nécessité d’une supériorité quelconque.
II Et d’abord est-ce un livre que le sien, un livre loyalement et sincèrement fait, ayant sa destination propre, et qui n’ait pas, sous une forme quelconque, été déjà servi à un public ? […] la bourgeoisie s’en servit, ce n’est pas douteux, de cette arme à toute main, de cette force humaine ; mais ne la voir que là, ne pas aller la chercher plus avant que là, dans cette société qu’on ne connaît… que comme le thème des systèmes les plus opposés, c’est être un par trop bon élève des Guizot et des Thierry, c’est par trop mériter le prix (y en a-t-il un ?)
Déchiffrer la vérité d’une époque sans se servir des noms écrits dans le dictionnaire de la gloire, c’est lire aussi bien dans l’obscurité que dans la lumière, c’est avoir la vue complète, et, endroit et envers de l’histoire, c’est tenir les deux côtés à la fois. […] Tous, tant qu’ils furent, parlementaires, niveleurs, cavaliers, appartenant à des partis contraires, ils firent leur œuvre, et, soldats tués par leur cause, servirent, comme bien d’autres, à amonceler les circonstances qui ont fini par les écraser.
Elle est générale, en effet, le but de l’auteur étant plutôt d’indiquer des principes et une tendance que d’édifier une systématisation complète : « Que tous les chefs d’industrie ou d’ateliers, que tous les ouvriers de chaque profession — dit-il — se réunissent et rédigent ce qu’on appelait autrefois des cahiers, où ils inscriront librement, également et fraternellement, en réunions particulières, les besoins généraux de leur industrie… Ces cahiers des ouvriers, ainsi que ceux des fabricants, devront servir de base à l’organisation du travail que l’Assemblée nationale va être appelée à édifier sur les ruines du monopole et de l’individualisme. […] Quelle raison empêcherait ici de se servir de l’expérience des siècles, puisqu’un seul entre tous, le xixe cherche sans la trouver une organisation du travail ?
Quand elle s’est servie de ce vague mot de société, c’est évidemment de nous qu’elle voulait parler, et Armand Hayem l’a bien compris ainsi, malgré les bouffées de métaphysique qui offusquent parfois son esprit, et qui embrouillent un livre qui pouvait être fort et rester sobrement et simplement un livre d’observation historique, sans mélange affaiblissant ou énervant d’aucune sorte. […] C’est le xixe siècle qui lui a imposé ses métaphysiques, — dont pas une seule systématiquement n’est sortie de lui, mais qui son toutes entrées en lui et ont dissous sa force native, en l’empêchant de s’en servir… Je ne connais rien de plus triste que cet amollissant travail des métaphysiques sur des esprits qui, sans elles, auraient été vigoureux.
Mais son talent, que nous détaillerons tout à l’heure, et pour nous servir d’un mot dans le genre de son titre, n’est pas un talent d’Italie. […] Dans ce loisir d’une halte forcée au couvent qui leur a servi de refuge, la comtesse, qui est la seule femme de la troupe et qui s’en croit la reine, d’après l’antique loi de la galanterie française imposée à l’Europe, et dont M.
Tacite nous apprend que les lettres latines furent d’abord semblables aux plus anciennes des Grecs, ce qui est une forte preuve que les Latins ont reçu l’alphabet grec de ces Grecs du Latium, et non de la Grande-Grèce, encore moins de la Grèce proprement dite ; car s’il en eût été ainsi, ils n’eussent connu ces lettres qu’au temps de la guerre de Tarente et de Pyrrhus, et alors ils se seraient servis des plus modernes, et non pas des anciennes. […] Joignez-y le passage curieux où Salluste parle de la fameuse Ara des frères Philènes, qui servait de limites à l’empire carthaginois et à la Cyrénaïque.
Un accident naturel servait de preuve à ces fables. Le fleuve Hélicon, après un cours de quelques lieues, s’abîme et semble se perdre sous terre pendant vingt-deux stades, pour renaître sous un autre nom qu’il porte jusqu’à la mer : les habitants racontaient que cette disparition datait du jour où, devant les meurtrières du poëte, qui voulaient laver le sang dont elles étaient souillées, le fleuve s’était enfui d’horreur pour ne pas servir à purifier le crime.
Son Discours sur cette question, lequel de ces quatre sujets, le Commerçant, le Cultivateur, le Militaire & le Savant, sert le plus essentiellement l’Etat, est plus d’un homme de Lettre, que d’un Régent de Collége.
Buffier avoit rappelé les Vers (il ne dit pas la Poésie) à leur premiere destination, en les faisant servir à imprimer, dans la mémoire des hommes, les événemens principaux de l’Histoire.
Il a cru donner un grand exemple de modestie, en se bornant à un titre si court, du moins a-t-il cru s’en faire un mérite, comme il le paroît par cette Epigraphe propre à servir de leçon pour les Auteurs entichés de la manie des longs titres & des frontispices fastueux.
Cheminais, ni une éloquence aussi persuasive ; ses Sermons approchent cependant de cette touche vive & douce, qui a servi peut-être de modèle à ce dernier.
Il sert de voix à tout un peuple, dont il rend, en beaux vers lyriques, la grande passion.
On ne sauroit rendre trop de justice à ces Auteurs dont les travaux ont applani la carriere des Sciences, & ont servi comme d’échelon à la supériorité de ceux qui ont profité de leurs lumieres, sans en être plus reconnoissans.
La grande maxime qui doit lui servir de regle, & celle qui honore les talens du P.
Ce sont des Histoires des Papes, des Cardinaux François ; des Généalogies, des Recherches sur les Antiquités des Villes de France, & quelques autres Ouvrages qui ont servi de matériaux à beaucoup d’autres Historiens qui ont su les mettre en œuvre plus habilement que lui.
Tillet, j'ai servi mes Concitoyens.
Duhamel à qui Maupertuis disait : convenez qu’excepté vous, tous les physiciens de l’académie ne sont que des sots, et qui répondait ingénuement à Maupertuis : je sais bien, monsieur, que la politesse excepte toujours celui à qui l’on parle. ce Duhamel a inventé une infinité de machines qui ne servent à rien, écrit et traduit une infinité de livres sur l’agriculture qu’on ne connaît plus ; fait toute sa vie des expériences dont on attend encore quelque résultat utile ; c’est un chien qui suit à vue le gibier que les chiens qui ont du nez font lever, qui le fait abandonner aux autres et qui ne le prend jamais.
À l’une des extrémités de ce terrain ils élevèrent trois monticules en forme de dôme, dont celui du milieu, plus élevé que les autres, devait servir de signe de reconnaissance au tombeau ; ils y plantèrent, en signe de vie renouvelée et éternelle, un arbre, l’arbre Kiai. […] Ils l’ont fait dessiner dans toute l’exactitude du détail ; ils l’ont fait graver sur un marbre, et les empreintes qu’on en tire servent de principal ornement dans le cabinet de ces lettrés enthousiastes qu’une fortune au-dessous de la médiocre met hors d’état de le décorer plus somptueusement. […] À son exemple, tous ceux de ses disciples qui étaient à portée renouvelèrent, dans ce même lieu, les hommages qu’ils avaient déjà rendus à leur maître, et déterminèrent entre eux qu’au moins une fois chaque année ils viendraient s’acquitter des mêmes devoirs ; ce qu’ils pratiquèrent le reste de leur vie avec une exactitude qui a servi de modèle à tous les gens de lettres qui sont venus après eux. […] Je ne veux me servir de la terreur des supplices que pour défendre la société. […] J’avais écrit secrètement le nom de celui d’entre eux que j’avais intention de faire mon successeur, et j’en avais averti les grands qui servent dans le ministère, sans cependant leur faire connaître le prince sur qui j’avais fait tomber mon choix.
Je servais les Bourbons ; il était Bonaparte : il y avait cette incompatibilité entre nous ; mais il était avant tout philosophe et poète ; il me lisait ses compositions ; j’oubliais qu’il était roi d’une dynastie que je ne reconnaissais pas : les lettres nivellent tout pendant qu’on en parle. […] Je me privai d’un grand plaisir pour ne pas faire une infidélité de simple politesse aux rois que je servais. […] Avant d’atteindre la cime du plateau, et de tourner à gauche dans la gorge sombre de pâturages, de torrents, de grands bois qui servent d’avenues à l’abbaye, la nuit était faite ; on ne voyait plus le chemin sous les pas de son cheval ; quelques rares lueurs, à travers les branches d’arbres, indiquaient seules une ou deux chaumières éparses, châlets des pasteurs de l’Apennin plaqués sur les flancs de la montagne, à notre gauche ; à droite, le murmure d’un torrent invisible et profondément encaissé montait comme une terreur dans la nuit. […] On passe du quai au navire par une planche qui sert de pont pour le chargement. […] Enfermé avec le seul compagnon de sa vie, son frère Aurèle Robert, dans le grenier d’un palais de Venise qui lui servait d’atelier, il retouchait et modifiait infatigablement ses figures.
Mais en ceci mon naturel me servait mieux encore que ma volonté. […] « Ici, pour l’intelligence du lecteur, je dois dire ce que j’entends par ces mots dont je me sers si souvent, concevoir, développer et mettre en vers. […] Nous allons nous en servir librement : cependant, sous beaucoup de rapports, j’en ai plus qu’eux dans ma mémoire. […] “Des gardes-françaises, la baïonnette au bout du fusil, et des cavaliers du guet, qui attendaient la voiture place des Victoires, l’enveloppèrent au passage et lui servirent d’escorte. […] Puisqu’on ne pouvait faire de Charles-Édouard un chef d’expédition capable de tenir l’Angleterre en échec, on voulait du moins qu’il laissât des héritiers, que la famille des Stuarts ne s’éteignît pas, que le parti jacobite fût toujours soutenu par l’espérance, et que ces divisions de la Grande-Bretagne pussent servir à point nommé les intérêts de la France.
J’avais trouvé un nid de ce gobe-mouche à couleur terne, accroché contre le mur, immédiatement au-dessus de l’espèce d’arche qui servait d’entrée à cette paisible retraite. […] M’étant informé au fils du fermier, j’appris qu’effectivement il l’avait tuée avec quatre de ses petits, pour servir d’appât à ses hameçons. […] Leurs débris servirent à élever un nouveau barrage dans le perkioming. […] Il est le blason de la liberté d’Amérique ; il servit de type à Rome dans ses conquêtes, à Napoléon dans ses entreprises. […] Ce vieux substantif, qui sert de corrélatif au mot rauque, semble nécessaire, quoique l’emploi en soit peu usité et que plusieurs dictionnaires le condamnent.
Le prédicateur moraliste se sert de nous contre nous-mêmes, et, par un de ces mille détours de l’amour-propre qui trouve son compte même aux coups qu’il reçoit, il ne peut pas nous faire voir notre fond sans nous y intéresser, ni nous accuser sans nous flatter par le prix qu’il met à notre innocence. […] Une imagination vive, une mémoire vaste et prompte qui sert comme d’une seconde intelligence, le talent d’écrire, la science du langage ; on n’est pas rhéteur à moins. […] Servit-il du moins la foi par la morale ? […] De vaines subdivisions où il a renchéri sur la subtilité de Bourdaloue72, servent à marquer l’ordre du discours, et sont comme des jalons plantés à l’aventure dans un terrain vague et sans bornes. […] La sévérité, l’ironie, la prévention qui tient en haleine même l’innocence, tout sert, tout est bon pour cette défense incessamment nécessaire de la conscience contre l’appétit, de l’âme contre le corps.
Parmi les sciences secondaires qui doivent servir à constituer la science de l’humanité, aucune n’a autant d’importance que la théorie philosophique et comparée des langues. […] Quoi qu’il en soit, il est certain que l’existence du livre sacré est le critérium qui doit servir à classer les religions, parce qu’il est l’indice d’un caractère plus profond, l’organisation dogmatique. […] Un autre caractère non moins essentiel, et qui peut servir aussi bien que le livre sacré à distinguer les religions organisées, c’est la tolérance ou l’exclusivisme. […] J’ai mon Dieu que je sers ; vous servirez le vôtre ; Ce sont deux puissants dieux. […] Chaque nation, chaque ville a ses dieux, plus ou moins puissants ; il est tout naturel qu’elle ne serve pas ceux d’une autre ville.
Lamoureux ne nous serve plus de lambeaux de Tristan et de la Walküre dans ses concerts67 ! […] Victor Wilder qui pourront leur servir à quelque chose ». […] Nous avons procédé dans cette étude longue et fatigante, en même temps que propre à provoquer chez nous un émerveillement continuel, avec la méthode qui nous a servi dans une précédente critique des Maîtres Chanteurs ; mais tandis que l’énorme partition des Maîtres est sortie de trois notes, celle de Parsifal est plus complexe et ne se laisse pas aussi facilement orienter. […] Parsifal a sauvé le royaume du Graal en rapportant la sainte lance jadis volée par Klingsor qui s’en était servi pour blesser le roi pêcheur Amfortas. […] Il signifie « servir ».
Albérich est un voleur qui espère, grâce à l’or et aux autres métaux que renferme la terre, se conquérir le monde ; il n’est aucunement question de ce que « celui seul qui maudit l’amour saura se servir de l’or ». […] Dans la Goetterdæmmerung on remarquera les scènes des Nornes, de Waltraute et Brunnhilde, d’Alberich et Hagen, qui existaient dans le texte de La Mort de Siegfried, mais n’y servaient qu’à raconter des incidents passés, tandis qu’aujourd’hui — entièrement refondues — elles sont tout entières consacrées au seul vrai héros du drame, au Wotan invisible. — Parmi les changements qui ne touchent pas directement l’âme de Wotan, le plus important est celui-ci : que le fait matériel du vol de For devient tout à fait secondaire, puisque « celui seul qui maudira l’amour saura forger l’anneau magique ». […] — En été 1853, donc pendant qu’il écrivait le poème de la Walküre, et deux ans avant qu’il ne commençât à en esquisser la partition, il donna déjà à un ami qui lui avait demandé de lui copier les paroles du chant d’amour de Siegmund la mélodie de ce chant. — Ces dates sont intéressantes, mais elles serviront, je l’espère, à faire comprendre combien il est impossible de suivre cette genèse musicale avec les très rares documents que nous possédons. […] Schuré ; mais ce livre ne peut servir que comme une première introduction à l’étude de toutes ces questions. […] Par un cas unique dans l’histoire de l’art, on a, réunis, tous les documents qui peuvent servir à faire la biographie définitive d’un artiste.
Et quand on passe dans la chambre à lit, qui sert de petit salon, on trouve telle qu’elle était autrefois, la simple madame de Chennevières, et Bébé, emplissant plus que jamais de son bruit, de son mouvement, du caprice tyrannique, de son remue-ménage, le milieu bourgeois et familieux. […] Cette lorgnette, nous l’avions inventée, mon frère et moi, aujourd’hui je vois tous les jeunes s’en servir, avec la candeur désarmante de gens, qui en auraient dans leurs poches, le brevet d’invention. […] Comme toutes les princesses, elle trouve amusant de faire une fois, par hasard, un dîner très mal servi, où elle apporte la joie bruyante d’un enfant, au restaurant. […] Un hôtel où l’on est servi par de jolies prostituées travesties en virginales Suissesses, et où, après dîner, l’on vous gratifie d’une vraie cascade, illuminée de feux de bengale. […] On a, tout le temps, trop chaud, trop froid, trop soif, trop faim, et tout le temps, on est trop mal couché, trop mal servi, trop mal nourri, pour beaucoup trop d’argent et de fatigue.
Tout l’art littéraire dépend des propriétés intimes de l’élément matériel même dont il se sert, du mot. […] Herbert Spencer est admise, si l’art procède par évolution du jeu — nous ne lui concevons pas d’autre origine, — si l’artiste doit être considéré comme l’inventeur d’objets ou d’idées propres à exercer certaines activités spirituelles élevées, comme une poupée sert aux petites filles à jouer la maternité, il est clair que la doctrine de Poe est en progrès vers le vrai. […] Comme nous connaissons aussi bien la biographie que l’œuvre artistique de Poe, nous avons pu constater, en confirmation des théories modernes sur l’acte et la volonté, que la belle intelligence de Poe ne lui a servi en rien à conduire sa vie, qu’elle n’a pour ainsi dire pas compté dans la constitution de son caractère, dont les faiblesses et l’inconsistance ont été également exclues en retour de sa production littéraire. […] Et la gloire lui sera mesurée aux portions meurtries de son âme qu’il saura servir proprement au public. […] Conclusions sociales Les œuvres diverses que nous avons analysées dans ce livre ne servent pas seulement à éclaircir certaines questions d’esthétique, certains problèmes de psychologie ; elles contribuent encore à nous renseigner sur l’état d’esprit du public français dont elles sont devenues la lecture.
Toutes les femmes célèbres par leurs faiblesses criminelles sont là ; elles ne semblent y être que pour servir de cadre au plus délicieux et au plus pathétique épisode du poème : Françoise de Rimini. […] » Nous nous servons, pour la traduction de cette élégie tragique, du travail de M. […] La tête de l’une semblait servir de coiffure à la tête de l’autre. […] Il n’y a pas de sujet, pas d’unité, pas de composition ; c’est une revue, c’est une épopée à tiroir, pour me servir d’une expression de la scène. […] « La belle planète qui invite à aimer faisait sourire l’Orient tout entier, etc., etc. » Un ange à qui ses ailes servent de rames lui fait traverser la mer qui entoure l’île des âmes en suspens.
Et ainsi, attentifs à ne rien mutiler de ce qui vit autour de nous et qui peut servir à notre vie propre, nous pourrons atteindre à une compréhension plus large et plus personnelle des choses, comme à un art plus plastique, plus directement modelé sur la nature vivante ; et après tant de courses vagabondes hors de nos frontières, tant d’excursions dans tous les domaines défendus, y compris ceux de la chimère et de la folie, nous pourrons enfin nous rasseoir chez nous et inaugurer un mouvement qui sera vraiment un retour à la tradition française comme à la réalité humaine. […] Il s’est acquis une expérience chagrine ; il lui a servi à quelque chose d’avoir vécu si vieux ! […] C’est cette « sagesse » de la vie qui nous servira de guide. […] Nous respecterons scrupuleusement cette obligation de servir autrui qu’assume tout écrivain dès qu’il publie un livre ; et si nous prenons garde de n’offrir que des exemplaires accomplis de chaque être ou de chaque objet, — sans prêcher ni moraliser, nous conférerons par ce seul fait une valeur édifiante à nos écrits. […] En réalité, le sujet apparent ne sert jamais que de lien tout extérieur à des idées littéraires ou plastiques qui le dépassent infiniment.
Daru se retrouvait ici poète par un coin : Ce serait un triste emploi de l’érudition, disait-il, de ne la faire servir qu’à répandre des doutes sur l’histoire et à détruire ces traditions nationales qui entretiennent chez les peuples l’amour de la gloire et de la patrie… Et que peut-il y avoir d’utile, par exemple, dans les efforts de je ne sais quel érudit qui a entrepris de prouver aux Suisses que Guillaume Tell n’a jamais existé ? […] Daru, dans un écrit ou document sous forme de tableaux, intitulé Notions statistiques sur la librairie, pour servir à la discussion des lois sur la presse (1827), croyait pouvoir établir, par le chiffre comparé des publications et par la nature des livres produits de 1811 à 1825, qu’il n’y avait nul péril imminent ou même lointain ni pour l’État ni pour la moralité et la raison publique. […] Cependant, ce n’était pas là du temps tout à fait perdu ; car cet exercice m’apprenait à manier ma langue, et à me servir avec aisance d’un instrument dont j’ai eu plus tard grand besoin.
Son grand travail, en quelques endroits qu’il a tâché de polir, ne sert qu’à mieux faire voir qu’il n’est point naturel. » Maucroix, en deux ou trois pièces, a précisément ce naturel joint au poli, et qui fait de lui plutôt un disciple de Racan. […] Les lettres qu’il écrit durant le temps de ce séjour à Paris à son ami le chanoine Favart nous peignent à ravir et au naturel sa situation d’esprit : « Vous connaîtrez, si je ne me trompe, au style de cette lettre, dit-il dès les premiers jours, que je suis un peu sombre ; il est vrai que je le suis : que sert de dissimuler ? […] Tous ces souvenirs servent à fixer l’image de Maucroix, et le recommandent dans l’avenir.
Dans son rapport sur l’Hôtel-Dieu et sur la réforme à opérer dans les hôpitaux, il servait avec un soin et dans un détail touchants un besoin philanthropique qui était celui du temps et le sien. […] Bailly ne paraît pas s’être préoccupé longtemps à l’avance de cette Révolution dont il devait accueillir et servir avec une fermeté simple les débuts et les principes, et où il remplit si longtemps avec droiture le rôle d’Ariste ou d’Aristide : Le vendredi 29 décembre 1786, dit-il en ses mémoires, je dînai chez M. le maréchal de Beauvau : cc fut le premier instant où la nouvelle d’une Assemblée des notables me parvint. […] Je raconte ces bagatelles, remarque-t-il, parce qu’elles servent à prouver que les circonstances m’ont porté où j’ai été élevé, et que je n’y ai contribué en rien.
Et quand cela eût été, ajoute Richelieu, ce n’aurait été manquer ni à la dignité ni à la prudence de nous servir de nos ennemis contre nos ennemis. […] Dans sa dernière guerre, il avait fait négocier à Venise par la duchesse sa femme, qui y était allée en compagnie du duc de Caudale, récemment converti par elle au calvinisme, et qui lui servait de cavalier ; la duchesse de Rohan et sa fille s’étaient offertes à rester comme otages, afin d’assurer Venise que l’argent fourni serait dûment employé selon qu’on le stipulerait. […] Les Grisons, alliés des cantons suisses, possédaient en Italie la Valteline, pays d’importance au point de vue militaire, puisqu’il donne le passage entre l’Allemagne et le Milanais, et qu’il pouvait servir à la jonction des deux bras de la maison d’Autriche.
Ces paysages si vrais, si francs, et où respire l’agreste génie des lieux, ne lui serviront qu’à encadrer des êtres vulgaires, plats, sottement ambitieux, tout à fait ignorants ou demi-lettrés, des amants sans délicatesse. […] Homais, nous l’avons tous connu et rencontré, mais jamais sous une face si fleurie et si triomphante : c’est l’homme important, considérable du lieu, à phrases toutes faites, se vantant toujours, se croyant sans préjugés, emphatique et banal, adroit, intrigant, faisant servir la sottise elle-même au savoir-faire ; M. […] Ces pistolets, contre qui aurait-il à s’en servir, sinon contre son mari à elle ?
Ce sont eux, dit-elle, qui les premiers entraînèrent le duc d’Orléans dans toutes les horreurs de la Révolution, quoique beaucoup l’aient abandonné depuis, quand ils virent qu’il ne pouvait plus servir à leurs projets. […] Sur Mirabeau, le comte de La Marck peut servir à rectifier ce qu’elle vient de lui imputer de relations intimes et d’intelligences factieuses avec ce parti. […] J’ai indiqué le côté historique de ce petit volume, ce qui sert à expliquer le caractère d’un prince que l’histoire ne peut éviter.
Les médecins liront avec intérêt toute cette description mémorable en son genre, et même, quand on est à demi profane, on partage presque l’enthousiasme du savant et pieux Vallot qui dit en finissant : « Cette évacuation (une très abondante sécrétion finale par les voies urinaires) continua neuf jours de cette même force, et fut tellement avantageuse qu’elle acheva ladite guérison de Sa Majesté, sans aucun accident et sans aucune rechute, et même sans aucun ressentiment de la moindre incommodité du monde ; de manière qu’après cette parfaite guérison, le roi s’est trouvé beaucoup plus fort, beaucoup plus vigoureux et plus libre de toutes ses actions, tant du corps que de l’esprit, et l’on peut dire avec vérité que Dieu a conduit cet ouvrage par des voies si extraordinaires et par des secours et des grâces si particulières, s’étant servi des causes secondes en une conjoncture qui semblait devoir être plutôt destinée au miracle qu’à l’industrie et l’expérience des médecins. » Vallot ne fait là que délayer le mot d’Ambroise Paré : « Je le traitai, Dieu le guarit. […] Le roi et feu Monsieur aimaient beaucoup les œufs durs. » Fagon nous donne l’aperçu d’un souper du roi déjà vieux (1709), qui répond bien à un tel dîner ; il est vrai que cela avait toutes les peines du monde à passer : « La variété, dit-il, des différentes choses qu’il mêle le soir à son souper avec beaucoup de viandes et de potages, et entre autres les salades de concombres, celles de laitues, celles de petites herbes, toutes ensemble assaisonnées comme elles le sont de poivre, sel, et très fort vinaigre en quantité, et beaucoup de fromage par-dessus, font une fermentation dans son estomac, etc. » Si tel était un souper ou un dîner ordinaire de Louis XIV, il est curieux de voir quelles étaient ses diètes, quand on le mettait au régime ; par exemple (1708) : « Le roi, fatigué et abattu, fut contraint de manger gras le vendredi, et voulut bien qu’on ne lui servit à dîner que des croûtes, un potage aux pigeons, et trois poulets rôtis ; le soir, du bouillon pour y mettre du pain, et point de viandes… Le lendemain, il fut servi comme le jour précédent, les croûtes, un potage avec une volaille, et trois poulets rôtis, dont il mangea, comme le vendredi, quatre ailes, les blancs et une cuisse !