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1169. (1895) La musique et les lettres pp. 1-84

L’éditeur qui donne, aujourd’hui, les œuvres de Racine, se trouve un peu l’héritier du poëte quand il bénéficie de la faveur acquise à de nobles vers. […]       Maintenant que je respire dégagé de l’inquiétude, moindre que mon remords pour vous y avoir initiés, celle, en commençant un entretien, de ne pas se trouver certain si le sujet, dont on veut discourir, implique une authenticité, nécessaire à l’acceptation ; et que, ce fondement, du moins, vous l’accordâtes, par la solennité de votre sympathie pendant que se hâtaient, avec un cours fatal et quasi impersonnel des divulgations, neuves pour moi ou durables si on y acquiesce : il me paraît qu’inespérément je vous aperçois en plus d’intimité, selon le vague dissipé.

1170. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. John Stuart Mill — Chapitre II : La Psychologie. »

Pour pouvoir rétablir catégoriquement, il faudrait qu’il se trouvât un aveugle-né psychologue, comme il s’est trouvé des aveugles-nés géomètres et mathématiciens. […] Déterminer les effets de chaque cause et la cause de tous les effets, c’est la principale affaire de l’induction106. » Par suite, la déduction se trouve rejetée à un rang secondaire.

1171. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Bussy-Rabutin. » pp. 360-383

Les dernières années de sa vie, il fut honnête (c’est-à-dire accueillant, affable) et bienfaisant ; il se fit aimer et estimer également des officiers et des soldats ; et, sur la gloire, il se trouva enfin si fort au-dessus de tout le monde, que celle des autres ne pouvait plus l’incommoder. […] Après qu’on m’eut éveillé, je ne pus me rendormir… On saisit bien en quoi le Turenne de Bussy ne ressemble point au Condé de l’Oraison funèbre, duquel Bossuet a dit avant Rocroi : « On sait que le lendemain, à l’heure marquée, il fallut réveiller d’un profond sommeil cet autre Alexandre. » Je laisse à ceux qui ont eu l’honneur de se trouver à pareille fête à côté des héros, le soin de décider lequel des deux récits leur paraît le plus voisin de la vérité.

1172. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Études sur Saint-Just, par M. Édouard Fleury. (2 vol. — Didier, 1851.) » pp. 334-358

Un jour, il se rendit en visite à la tête des paysans de Blérancourt au château de Manicamp, chez le comte de Lauraguais, colonel des gardes nationales du canton, et un peu pour le braver : On nous dit que le comte était aux champs, raconte Saint-Just dans une lettre, et moi cependant je fis comme Tarquin : j’avais une baguette avec laquelle je coupai la tête à une fougère qui se trouva près de moi sous les fenêtres du château, et sans mot dire, nous fîmes volte-face. […] La pensée d’ailleurs est juste, et certes, s’il y avait moyen d’établir la proportion entre le degré de liberté qui peut être accordé par les lois et le degré de vertu qu’indiquent les mœurs, on aurait résolu le problème social ; mais les hommes sont peu bons juges dans cet examen d’eux-mêmes, et Saint-Just, tout le premier, commence par se trouver une très grande dose de vertu ; il se pose dès l’abord en sage : N’attendez de moi, dit-il, ni flatterie, ni satire ; j’ai dit ce que j’ai pensé de bonne foi.

1173. (1913) La Fontaine « IV. Les contes »

Cela se trouve en la solitude et ne se trouve guère autre part.

1174. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — V » pp. 123-131

C’était un jeune homme qui, dès l’âge de dix-huit ans, se trouva le plus grand poète de son temps, distingué par son poème de Henri IV, qu’il avait composé dans ses premiers voyages à la Bastille, et par plusieurs pièces de théâtre fort applaudies.

1175. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — Oberman, édition nouvelle, 1833 »

Ce mot d’ennui, pris dans l’acception la plus générale et la plus philosophique, est le trait distinctif et le mal d’Oberman ; ç’a été en partie le mal du siècle, et Oberman se trouve ainsi l’un des livres les plus vrais de ce siècle, l’un des plus sincères témoignages, dans lequel bien des âmes peuvent se reconnaître. 

1176. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « EUPHORION ou DE L’INJURE DES TEMPS. » pp. 445-455

Ce Moretum, si l’on s’en souvient, est le nom d’une espèce de sauce ou de brouet à l’ail que faisaient les paysans ; à propos de cette sauce et de sa préparation, la vie pauvre et misérable que menaient les gens de campagne se trouve décrite, dès l’aube du jour, avec un détail et une réalité qui semblerait n’appartenir qu’à la poésie d’aujourd’hui, à celle de Crabbe, par exemple, ou encore à celle de Regnier.

1177. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Relation inédite de la dernière maladie de Louis XV. »

L’homme qui a écrit les pages qu’on va lire n’est pas difficile à deviner et à reconnaître : son grand-père (lui-même nous l’indique) était collègue d’un duc de Bouillon durant la maladie du roi à Metz, en 1744, et le voilà qui se trouve à son tour côte à côte d’un duc de Bouillon dans cette maladie royale de 1774.

1178. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la Révolution française. IXe et Xe volumes »

L’ennemi commun renversé, ils se trouvaient en présence les uns des autres, sans aucune main pour les contenir  » Cette main puissante se rencontra enfin, et en vérité, à considérer les choses à cette distance, on ne sait trop si l’on doit s’en féliciter ou s’en plaindre.

1179. (1874) Premiers lundis. Tome I « Diderot : Mémoires, correspondance et ouvrages inédits — I »

Il y a dans Werther un passage qui m’a toujours frappé par son admirable justesse : Werther compare l’homme de génie qui passe au milieu de son siècle, à un fleuve abondant, rapide, aux crues inégales, aux ondes parfois débordées ; sur chaque rive se trouvent d’honnêtes propriétaires, gens de prudence et de bon sens, qui, soigneux de leurs jardins potagers ou de leurs plates-bandes de tulipes, craignent toujours que le fleuve ne déborde au temps des grandes eaux et ne détruise leur petit bien-être ; ils s’entendent donc pour lui pratiquer des saignées à droite et à gauche, pour lui creuser des fossés, des rigoles ; et les plus habiles profitent même de ces eaux détournées pour arroser leur héritage, et s’en font des viviers et des étangs à leur fantaisie.

1180. (1874) Premiers lundis. Tome II « Loève-Veimars. Le Népenthès, contes, nouvelles et critiques »

Quelque caractère particulier et déterminé que vous tâchiez d’indiquer, il se trouve toujours à côté autre chose d’assez imposant et d’aussi légitime que le reste, qui vous répond ; « Non, la littérature de notre temps n’est pas cela. » C’est toute la définition que j’en veux donner aujourd’hui.

1181. (1875) Premiers lundis. Tome III « Profession de foi »

Mais cette pensée, toute de curiosité, de patience et d’impartialité, se trouva bientôt ne pas suffire à l’application.

1182. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre VI. Du raisonnement. — Nécessité de remonter aux questions générales. — Raisonnement par analogie. — Exemple. — Argument personnel »

Quand un orfèvre l’eut examinée, il se trouva que c’était une feuille d’or appliquée sur la dent avec beaucoup d’adresse ; mais on commença par faire des livres, et puis on consulta l’orfèvre.

1183. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les petites revues » pp. 48-62

Tant pis pour qui se trouvait devant !

1184. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les poètes maudits » pp. 101-114

« Les maîtres vont de plus en plus au simple et au vrai. » Cet aphorisme, que suggérait à Jules Tellier l’étude des poètes contemporains, se trouve vérifié par l’application qu’on en peut faire à Paul Verlaine.

1185. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Corneille, et le cardinal de Richelieu. » pp. 237-252

Le Cid, après tout, est fait sur Guillain de Castro, & se trouve, en bien des endroits, une traduction simple, ainsi que dans d’autres une imitation embellie, originale.

1186. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre onzième. »

C’est que la première se trouve dans une nécessité physique, instante, évidente et incontestable d’étrangler l’orphelin pour l’intérêt de sa propre sûreté : nécessité qui ne saurait avoir lieu pour l’autre monarque.

1187. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Madame Therbouche » pp. 250-254

Elle en tomba dans le désespoir, elle se trouva mal ; la fureur succéda à la défaillance ; elle poussa des cris ; elle s’arracha les cheveux, elle se roula par terre ; elle tenait un couteau, incertaine si elle s’en frapperait ou son tableau.

1188. (1767) Salon de 1767 « Les deux académies » pp. 340-345

L’élève appellé Milot, à qui le public, la partie saine de l’académie et ses camarades avaient déféré le prix, se trouva mal.

1189. (1912) L’art de lire « Chapitre VI. Les écrivains obscurs »

Pourtant [et c’est pourquoi] se trouve un style nubileux et douteux en si fréquent et ancien usage.

1190. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Tourgueneff »

Seulement, il est bien obligé de la prendre, cette chose, où elle se trouve, pour lui qui n’est pas un voyageur, c’est-à-dire de la prendre dans le milieu où Dieu l’a placé.

1191. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Swift »

Et cette fois-là se trouve encore dans les Opuscules traduits par M. 

1192. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXIII. P. Enfantin »

Enfantin pour cacher et faire accepter à la pudeur publique, qu’elle outrage, une doctrine qui se trouvait plus religieuse d’aller toute nue, quand elle était plus jeune, il ne faut pas perdre de vue qu’il s’agit ici, comme au temps où le saint-simonisme cherchait la femme, de la réhabilitation de la chair.

1193. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Le Conte de l’Isle. Poëmes antiques. »

Or, comme ces glorifications du Néant et de l’Être ne peuvent jamais être très variées, et qu’on ne voit pas grand’chose, quand on n’est pas fakir, dans ces deux pierres noires, il se trouve que pour nous, restés occidentaux, aux sensations nettes, à l’esprit positif et au cœur chrétien, il est (qu’il nous permette de lui dire ce mot qui n’est pas indien) souverainement ennuyeux.

1194. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Louis Bouilhet. Festons et Astragales. »

L’un et l’autre se trouvaient avoir un talent qui n’inventait pas.

1195. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « J.-J. Ampère ; A. Regnault ; Édouard Salvador »

Certainement nous faisons ce que nous pouvons pour orner de mille charmes la médiocrité qui nous est si chère ; mais il se trouve que pour écrire, même une promenade, la nécessité d’être supérieur revient encore et ne peut être esquivée… Cela est bien cruel !

1196. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Conclusion »

Les différentes formes sociales dont nous avons, tour à tour, mesuré les effets propres se trouvent justement réunies dans les temps et les lieux où l’égalitarisme apparaît.

1197. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre IV. De la méthode » pp. 81-92

Nous montrons dans les fables l’histoire civile des premiers peuples, lesquels se trouvent avoir été partout naturellement poètes. 2º Même accord avec les locutions héroïques, qui s’expliqueront dans toute la vérité du sens, dans toute la propriété de l’expression ; 3º et avec les étymologies des langues indigènes, qui nous donnent l’histoire des choses exprimées par les mots, en examinant d’abord leur sens propre et originaire, et en suivant le progrès naturel du sens figuré, conformément à l’ordre des idées dans lequel se développe l’histoire des langues (axiomes 64, 65). 4º Nous trouvons encore expliqué par le même système le vocabulaire mental des choses relatives à la société 40, qui, prises dans leur substance, ont été perçues d’une manière uniforme par le sens de toutes les nations, et qui dans leurs modifications diverses, ont été diversement exprimées par les langues. 5º Nous séparons le vrai du faux en tout ce que nous ont conservé les traditions vulgaires pendant une longue suite de siècles.

1198. (1881) Études sur la littérature française moderne et contemporaine

Son propre intérêt se trouve en jeu jusqu’à un certain point, car la bonne réputation de la route sur laquelle il fait son métier de postillon tous les jours de l’année lui paraît courir quelque péril. […] Après souper, on se rend à une petite église particulière, où toute la France se trouve, hors les parents ; on va del’église au bal dans une mascarade d’invention. […] Le souvenir même se trouvait exempt de la pourriture des morts. […] En France, à côté de cette acception, qui se trouve dans brave homme, en paraît une autre, plus particulière à la nation, dans homme brave, c’est-à-dire homme vaillant. […] Peut-être ne faisons-nous le bien que parce que notre plaisir se trouve dans ce sacrifice. » C’était l’objection de La Rochefoucauld.

1199. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre premier. » pp. 15-203

Hâtons-nous de profiter de ses leçons ; et si nous connaissons par expérience ce qu’il en coûte pour vaincre ses passions et résister à l’attrait des circonstances, soyons indulgents, et n’imitons pas les hommes corrompus qui, pour se trouver des semblables, sont de plus cruels accusateurs que les gens de bien. […] Ce jour-là, il se trouvera entre le sacrifice de son devoir, de son honneur et l’oubli du bienfait ; entre le mépris de lui-même et la haine de son protecteur. […] Qui sera assez juste appréciateur des circonstances où l’Empire se trouvait, pour oser blâmer la condescendance de Sénèque. […] II remarque d’abord qu’il est rare qu’on critique les anciens historiens, parce qu’il est indifférent à tout le monde de voir un historien louer plus ou moins les Carthaginois ou les Romains ; mais il insinue que la position où il se trouve est très-critique […] Le passage que je viens de citer se trouve à la page 46, édition de Paris, 1770.

1200. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

Pour faire des Géorgiques, il ne suffit pas d’être Virgile, il faut aussi être un Mathieu de Dombasle, et ces deux qualités se trouvent rarement chez le même homme. […] enlève l’âme du milieu sombre où elle se trouve. […] Quelques pages plus loin se trouvent des sonnets de Louis Ménard, non moins amoureux du génie grec que Leconte de Lisle. […] Le théâtre d’Alfred de Musset se trouvait tout à point pour cela. […] Un seul cependant se trouva désigné pour cet honneur, c’était encore une pièce en un acte ; mais cet acte était un chef-d’œuvre.

1201. (1913) Le mouvement littéraire belge d’expression française depuis 1880 pp. 6-333

Cela vient de ce que, je le répète, il ne se trouve pas en Belgique un centre physique absorbant. […] Aujourd’hui, les considérants qui l’appuient, ingénieux et suggestifs, sur la stérilité intellectuelle des Belges, se trouvent infirmés. […] Admirables poèmes, haletants et convulsés, par quoi toute la vie d’aujourd’hui se trouve glorifiée superbement ! […] Elle se trouvait insérée au programme en réponse à ceux qui accusaient van Lerberghe d’imiter Maeterlinck. […] Cette animation intellectuelle, entretenue par les livres, les revues, les journaux, se trouve encore encouragée au moyen de conférences.

1202. (1730) Discours sur la tragédie pp. 1-458

Au reste ce que je dis de la matiere dominante des pieces n’empêche pas qu’il ne se trouve dans une seule des occasions de ces differents genres, et que par consequent chaque endroit n’y demande sa convenance particuliere. […] Il se trouve parmi les sabines la fille d’un roi que j’ai droit de supposer la plus belle princesse du monde, et la plus propre à s’attirer du respect. […] Que devoit-il faire dans les circonstances où il se trouve ? […] On ne tentera gueres de nouveautés utiles, s’il ne se trouve pas des auteurs assez généreux, pour risquer de déplaire au public, en essayant de l’enrichir. […] Il eût fallu trop de hazards singuliers qui ne se trouvent jamais ensemble.

1203. (1888) Impressions de théâtre. Deuxième série

Nous arrivons au troisième acte et nous pressentons que là se trouvera la scène décisive, la scène de la découverte. […] » et elle se trouvera mal, délicieusement. […] Il rentre et se trouve face à face avec M. d’Arnheim. […] L’artiste, qui, un beau matin, se trouve pris d’un grand amour (pourquoi pas ?) […] Je n’ai pas besoin de vous dire que ces divers mérites et agréments se trouvent dans la Revue de MM. 

1204. (1874) Histoire du romantisme pp. -399

On ne saurait dire qu’elles sont inédites dans le sens absolu du terme, puisque les éléments qui les composent ont déjà paru dans les journaux et dans les revues ; mais, sauf des exceptions extrêmement rares, tous les ouvrages réputés inédits qui sont publiés de nos jours se trouvent dans le même cas. […] Quelquefois on l’apercevait au coin d’une rue, le chapeau à la main, dans une sorte d’extase, absent évidemment du lieu où il se trouvait, ses yeux étoiles de lueurs bleues, ses légers cheveux blonds déjà un peu éclaircis faisant comme une fumée d’or sur son crâne de porcelaine, la coupe la plus parfaite qui ait jamais enfermé une cervelle humaine gravissant les spirales de quelque Babel intérieure. […] Qui connaît le caractère français conviendra que cette action de se produire dans une salle de spectacle où se trouve rassemblé ce qu’on appelle tout Paris avec des cheveux aussi longs que ceux d’Albert Durer et un gilet aussi rouge que la muleta d’un torero andalou, exige un autre courage et une autre force d’âme que de monter à l’assaut d’une redoute hérissée de canons vomissant la mort. […] Quel que fût l’état d’esprit où il se trouvait, jamais son sens littéraire ne fut altéré. […] L’amour moderne se trouvait admirablement figuré par ce groupe, auquel Bocage et madame Dorval donnaient une intensité de vie extraordinaire ; Bocage l’homme fatal, madame Dorval la faible femme par excellence !

1205. (1890) Nouvelles questions de critique

Il se trouve avoir à citer quelque part un couplet d’une Ballade de Villon, la Ballade de la Vierge, que Villon, comme on le sait, composa pour sa mère. […] Trois ou quatre personnes se trouvent aussitôt pour nous apprendre que ces Fables, imprimées depuis deux cent douze ou treize ans, sont, en réalité, de l’illustre madame de Villedieu. […] Car, c’est là qu’il se trouvera des érudits : — des indianistes et des sémitisants, des hellénistes et des latinistes, voire des celtisants et des germanisants — pour décider du titre, en quelque sorte, et de l’aloi d’une étymologie. […] Mais je parle de ces causes où se trouvent parfois enveloppés des intérêts plus généraux qu’elles-mêmes. […] Mais il y a quelque chose dans les annales de l’éloquence judiciaire ; à défaut d’intérêt littéraire, elles ont un intérêt historique certain ; et ce que l’on y trouve ne se trouve que là.

1206. (1880) Une maladie morale : le mal du siècle pp. 7-419

On ne peut en douter, sauf quelques événements imaginaires auxquels le héros se trouve mêlé, l’auteur a voulu se peindre lui-même. […] Ainsi se trouve expliquée l’infirmité morale d’Adolphe. […] M. de Lamartine nous a ouvert un jour intéressant sur le collège de Belley où il fut élevé, et où il se trouvait avec Raymond de Virieu et Louis de Vignet. […] Placée dans un couvent à Paris, de 1817 à 1820, son premier rêve fut de se croire appelée à la vie monastique ; et elle se trouva plus tard une vocation pour l’existence pastorale et solitaire. […] Heureusement l’animal la ramena vers la rive, et la jeune fille en qui cet incident réveilla l’instinct de la conservation se trouva guérie de ses velléités de suicide.

1207. (1846) Études de littérature ancienne et étrangère

Rome se trouvait dans une situation incertaine et violente. […] On sait que l’admiration superstitieuse de certains savants alla jusqu’à ne point reconnaître pour latin tout mot qui ne se trouvait pas dans ses écrits. […] Son testament, écrit deux ans avant sa mort, se trouva en double copie, l’une de sa main, et l’autre de celle d’un affranchi. […] La réponse que nous cherchons se trouvera dans la vie même du philosophe de Chéronée. […] Il paraît que Shakspeare se trouva le fils aîné d’une famille de dix enfants.

1208. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff (suite) » pp. 317-378

Il se trouve plus à l’aise dans ce monde qu’il s’est créé ; là il est chez lui, là il peut croire encore à sa force et à son importance. […] Il avait plus de trente ans, lorsque à la mort de son père il se trouva maître d’un héritage de deux mille paysans en parfait état ; il ne lui fallut pas longtemps pour dissiper ou vendre une partie de son bien, et gâter complètement ses nombreux domestiques. […] Au nombre des servantes d’Anna Pavlowna, se trouvait une très jolie jeune fille, aux yeux doux et purs, aux traits fins ; on la nommait Malanïa ; elle était sage et modeste. […] Auprès de la fenêtre se trouvait une toilette en marqueterie ornée de cuivres et surmontée d’un miroir doré et noirci. — Une porte donnait dans l’oratoire, dont les murs étaient nus, et où l’on apercevait, dans un coin, une armoire remplie d’images. […] Il erra longtemps à travers l’herbe humide de rosée ; un étroit sentier s’offrit à lui ; il le suivit. — Ce dernier le conduisit jusqu’à une clôture en bois, devant une petite porte, que d’un mouvement machinal il essaya d’ouvrir ; la porte céda en grinçant légèrement, comme si elle n’eût attendu que la pression de sa main. — Lavretzky se trouva dans un jardin, fit quelques pas sous une allée de tilleuls et s’arrêta tout étonné : il reconnut le jardin des Kalitine.

1209. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1895 » pp. 297-383

Le dîner est au dessert, Frantz Jourdain se lève, et lit des dépêches de la Belgique, de la Hollande, des dépêches des goncourtistes Cameroni et Vittorio Pica d’Italie, des dépêches d’Allemagne, parmi lesquelles se trouvent ces deux lignes de Georges Brandès : « Tous les écrivains scandinaves seront avec moi, aujourd’hui, quand je crie : Gloire au maître initiateur !  […] Voici le libretto : l’Amour se trouve tout à fait dans la dèche ; des châtelaines du Midi, qui lui doivent beaucoup, s’adressent au Saint-Père, pour qu’il soit canonisé, et elles obtiennent sa canonisation, et une chapelle pour lui, dans l’église de Saint-Amour, où une ancienne statue d’un petit amour, enguirlandé de chapelets, serait la figuration du nouveau petit saint. […] Je laisse un mot, en lui disant de se trouver le lendemain, à la Villette, à six heures juste… Il ne vient pas, il n’était pas rentré à Paris. […] Et ce sont des Delacroix et des Raffet, des Raffet, où se trouve une épreuve d’un tirage exceptionnel, avec une poésie de Dumas père l’encadrant.

1210. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre II. La parole intérieure comparée à la parole interieure »

Mais je soupçonne ici une illusion : l’attention une fois dirigée sur l’idée de l’image tactile, il est difficile que la mémoire ne complète pas l’idée générale par un exemple particulier, et cet exemple particulier est naturellement déterminé dans sa nature propre par l’image sonore actuellement présente à la conscience ; l’idée d’une image n’est autre chose qu’un groupe d’images effacées ; cette idée se précise si au groupe d’états très faibles se joint un état plus distinct du même genre, et il est à peu près impossible, en portant l’attention sur le groupe, de ne pas susciter tout spécialement à la conscience, parmi les phénomènes qui le composent, celui d’entre eux qui, à ce moment même, se trouve dans les circonstances les plus favorables à sa reproduction [ch. […] Le premier de ces deux jugements est d’ailleurs à la fois confirmé et amendé par cette observation qu’un mal de tête est une gêne pour le travail intellectuel151, et par quelques autres analogues ; ces observations tendent à transporter de la bouche au front le lieu de la pensée, et, par suite, elles généralisent la localisation : la pensée se trouve dès lors située dans la tête en général et non plus particulièrement dans la bouche152. […] Cardaillac lui-même ne parle que d’un « frémissement presque imperceptible »153 ; il ajoute que « l’habitude tend à le diminuer et finit par le faire disparaître entièrement », et il ne pense pas que « les hommes studieux, habitués à la méditation », puissent réussir à l’apercevoir, à moins de suivre le conseil qu’il leur donne de « s’écouter avec attention » ; alors, dit-il, « ils le retrouveront quelquefois, surtout lorsqu’ils s’occuperont d’objets qui leur sont moins familiers, ou bien lorsqu’ils sentiront le besoin de se rendre plus vivement sensibles leurs idées et les expressions dont ils les revêtent », c’est-à-dire lorsqu’une difficulté dans le problème étudié excitant les puissances de l’âme et donnant plus d’énergie à la parole intérieure, celle-ci se trouvera ressembler davantage à la parole extérieure. […] Voilà comment la reconnaissance, affirmation directe du passé, affirmation indirecte du moi, se trouve faire l’antithèse de la perception externe, affirmation directe du non-moi, affirmation indirecte de l’étendue.

1211. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre I. De la sélection des images, pour la représentation. Le rôle du corps »

Si l’image visuelle du point P n’était pas donnée, il y aurait lieu de chercher comment elle se forme, et l’on se trouverait bien vite en présence d’un problème insoluble. […] Il est donc de l’essence du matérialisme d’affirmer la parfaite relativité des qualités sensibles, et ce n’est pas sans raison que cette thèse, à laquelle Démocrite a donné sa formule précise, se trouve être aussi ancienne que le matérialisme. […] Mais si l’on pouvait établir positivement que le processus cérébral ne répond qu’à une très faible partie de la mémoire, qu’il en est l’effet plus encore que la cause, que la matière est ici, comme ailleurs, le véhicule d’une action et non le substrat d’une connaissance, alors la thèse que nous soutenons se trouverait démontrée sur l’exemple qu’on y juge le plus défavorable, et la nécessité d’ériger l’esprit en réalité indépendante s’imposerait. […] Notre première conclusion se trouverait ainsi vérifiée. — Resterait alors cette seconde conclusion, d’ordre plutôt métaphysique, que nous sommes véritablement placés hors de nous dans la perception pure, que nous touchons alors la réalité de l’objet dans une intuition immédiate.

1212. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Les poëtes français. Recueil des chefs-d’œuvre de la poésie française »

Les parties anciennes, qui ont pour sujet le moyen âge, font presque un cours de littérature qui ne se trouverait nulle part ailleurs.

1213. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Hommes et dieux, études d’histoire et de littérature, par M. Paul De Saint-Victor. »

Le volume qu’il vient de publier est comme une magnifique ouverture ; il y a mis d’avance un échantillon et un bouquet des belles choses qui se trouveront développées dans la suite ; qu’il poursuive donc, qu’il nous donne résolûment le recueil de ses meilleurs articles dans les diverses branches de critique où son beau talent se signale depuis tant d’années.

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