Pasquier, alors ministre des Affaires étrangères, qui, en lisant sa correspondance, la trouva aussi spirituelle que sensée, et fit revenir le roi de l’impression qu’on lui avait donnée. […] Ce refrain est perpétuel chez lui ; ce vœu de retraite lui revient toujours, à tout propos, et jure singulièrement avec ses âpres désirs et ses accès d’ambition mal dissimulée.
Il revint de là en soldat de la foi et en missionnaire, décidé à propager et à enfoncer la vérité, coûte que coûte, parmi les infidèles, parmi les fils de Voltaire. […] Il commence ce pèlerinage, qui asurtout pour objet la Suisse catholique, par une diatribe violente contre Genève, où l’on célébrait, quand il ypassa, l’inauguration de la statue de Jean-Jacques, un sujet tout trouvé d’anathème : « Tristes fêtes dont nous n’osons plus rire, s’écrie l’auteur, quand nous songeons qu’il est une autre vie et que probablement ce malheureux Rousseau, mort dans l’hérésie, sans sacrements et, selon toute apparence, sans repentir, a plus affaire à la justice de Dieu qu’à sa clémence… » Je laisserais ce passage et le mettrais sur le compte de la jeunesse, si les mêmes sentiments d’exécration ne revenaient sans cesse sous la plume de l’auteur ; si, dans ces volumes de Çà et Là où il y a de charmants paysages et de beaux vers pleins de sensibilité, je ne voyais, lors d’une nouvelle visite à Genève (chapitre Du Mariage et de Chamounix), la même répétition d’injures contre la statue et les mêmes invectives contre les Genevois en masse.
elle vous reviendra comme à nous tous, mais d’une grâce plus ample et plus négligée, c’est-à-dire plus belle encore. […] Il revint au bout de deux ou trois, il trouva que la petite diminuait.
» un seul officier général sur dix-neuf présents, Dagobert, répondit : « Non ; et si Ricardos sait son métier, il n’en reviendra pas un seul homme. […] Là, pour lui, était le terme de sa glorieuse carrière ; se sentant épuisé de forces, en proie depuis le combat de Monteilla à une fièvre dévorante, il revint sur ses pas, porté en litière par ses soldats, fiers de leur fardeau, mais furieux d’être arrêtés dans leur victoire.
Revenir à l’homme, l’œuvre à la main, est impossible dans la plupart des cas avec les véritables Anciens, avec ceux dont nous n’avons la statue qu’à demi brisée. […] On n’évite pas certains mots dans une définition exacte des esprits et des talents ; on peut tourner autour, vouloir éluder, périphraser, les mots qu’on chassait et qui nomment reviennent toujours.
La nature étudiée, attaquée par tous les points, poursuivie dans ses détails, embrassée dans ses ensembles, décrite, dépeinte, admirée, connue ; — ce qui reste de barbarie cerné de toutes parts ; — les antiques civilisations rendues de jour en jour plus intelligibles, plus accessibles ; — le contact des religions considérables amenant l’estime, l’explication et jusqu’à un certain point la justification du passé, et tendant à amortir, à neutraliser dorénavant les fanatismes ; — une tolérance vraie, non plus la tolérance qui supporte en méprisant et qui se contente de ne plus condamner au feu, mais celle qui se rend compte véritablement, qui ménage et qui respecte ; — au dedans, au sein de notre civilisation européenne et française, un adoucissement sensible dans les rapports des classes entre elles, un désarmement des méfiances et des colères ; un souci, une entente croissante des questions économiques et des intérêts, ou, ce qui revient au même, des droits de chacun ; le prolétaire en voie de s’affranchir par degrés et sans trop de secousse, la femme trouvant d’éloquents avocats pour sa faiblesse comme pour sa capacité et ses mérites divers ; les sentiments affectueux, généreux, se réfléchissant et se traduisant dans des essais d’art populaire ou dans des chants d’une musique universelle : — tous ces grands et bons résultats en partie obtenus, en partie entrevus, les transportent ; ils croient pouvoir tirer de cet ordre actuel ou prochain, de cette conquête pacifique future, un idéal qui, pour ne pas ressembler à l’ancien, n’en sera ni moins inspirant, ni moins fécond. […] Jullien, celui qu’on appelait Jullien de Paris, qui, jeune, s’était fait tristement connaître par son fanatisme révolutionnaire, et qui, vieux, tâchait de faire oublier ses anciens excès par son zèle honorable de fondateur de la Revue encyclopédique, avait à la bouche, à chaque phrase, le mot de civilisation : c’était devenu un tic chez ce petit vieillard si actif et toujours courant. — Le mot est naturel et habituel dans l’ordre d’idées et dans la langue de Condorcet, de Volney ; il revient nécessairement sous leur plume, comme le mot de Dieu sous celle des dévots, et il tend à le remplacer : il marque leur religion aussi.
J’ai même été promener cette après-dînée aux Tuileries avec votre mère, croyant que l’air me fortifierait ; mais à peine j’y ai été une demi-heure qu’il m’a pris dans le dos un point insupportable qui m’a obligé de revenir au logis. […] Racine a été malade à mourir ; il revient des portes de la mort.
Je ne puis me tenir de détacher de la conclusion ces lignes où l’émotion de l’érudit, tout en se contenant, teint son style d’une couleur charmante : … Certes nous avons eu, depuis la Renaissance, une littérature plus belle, plus variée, plus riche pour le cœur et pour l’esprit que la poésie rude et simple de Roland ; et, quand nous revenons écouter ce langage naïf en sortant des harmonies savantes de nos grandes œuvres littéraires, il nous semble entendre le bégayement de l’enfance. […] Nous sommes revenus à l’absolue liberté, comme avant la Renaissance Le réalisme, si en faveur à présent, est chose du moyen âge Le roman est aujourd’hui une bonne moitié de la littérature, comme au moyen âge Les épopées du moyen âge défrayent notre poésie et notre musique La poésie personnelle et lyrique, ressuscitée de nos jours, est chose du moyen âge plus que de la Renaissance et a été presque inconnue des deux derniers siècles ; Musset est plus proche de Villon que Boileau Le mysticisme, la préoccupation du surnaturel, l’espèce de sensualité triste dont sont pénétrés si curieusement, en plein âge scientifique, les livres de beaucoup de jeunes gens, ce sont encore choses du moyen âge ; Baudelaire est moins loin que Boileau de l’auteur du Mystère de Théophile.
La commedia dell’arte au temps de Molière (à partir de 1662) Les Italiens revinrent à Paris en 1662, et cette fois s’y établirent d’une manière permanente. […] Dans le canevas de La Figlia disubediente (la Fille désobéissante)49, Arlequin ne faisait que passer sur le théâtre, en soldat qui revient de l’armée, et répéter sans cesse : « Donnez par charité quelque chose à un soldat de Porto-Longone !
D’après la doctrine du grand retour, nous reviendrons au point même où nous sommes et où déjà noua nous sommes trouvés une infinité de fois. […] Leur course éperdue est dirigée vers le renouvellement par l’âpre effort des joies qui veulent revenir les mêmes au même point.
. — Je reviens au Raphaël d’aujourd’hui, à celui de M. de Lamartine : S’il eût tenu un pinceau, dit notre auteur, il aurait peint la Vierge de Foligno ; s’il eût manié le ciseau, il aurait sculpté la Psyché de Canova ; s’il eût connu la langue dans laquelle on écrit les sons, il aurait noté les plaintes aériennes du vent de mer dans les fibres des pins d’Italie… S’il eût été poète, il aurait écrit les apostrophes de Job à Jéhovah, les stances d’Herminie du Tasse, la conversation de Roméo et Juliette au clair de lune, de Shakespeare, le portrait d’Haydé de lord Byron… S’il eût vécu dans ces républiques antiques où l’homme se développait tout entier dans la liberté, comme le corps se développe sans ligature dans l’air libre et en plein soleil, il aurait aspiré à tous les sommets comme César, il aurait parlé comme Démosthène, il serait mort comme Caton. […] S’adressant au lac chéri qu’il revenait seul revoir après une année, le poète, encore ému, s’écriait : Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes, Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés ; Ainsi le vent jetait l’écume de tes ondes Sur ses pieds adorés !
Rester en France, y rentrer du moins dès qu’on le peut honorablement, et, pour cela, désirer simplement y revenir, y achever ou y entreprendre de ces œuvres d’esprit desquelles la politique distrait trop souvent et sans compensation suffisante ; s’adresser dans ces nobles études à la société française, qui est toujours prête à vous entendre, et jamais à cette métaphore changeante qu’on appelle le peuple français ; ne pas mêler à ces œuvres plus ou moins sérieuses ou agréables de ces traits qui ne sont là qu’à titre d’épigramme ou d’ironie, et pour constater qu’on est un vaincu ; s’élever sur les faits accomplis d’hier à un jugement historique, et par conséquent grave et respectueux ; tirer parti avec franchise, et sans arrière-pensée, d’une société pacifiée, mais tout industrielle et matérielle, pour y relever, avec un redoublement de zèle et avec une certaine appropriation au temps présent, les goûts de l’esprit, de la vérité littéraire et historique sous ses mille formes, de tout ce qui n’est incompatible avec un gouvernement ferme que s’il s’y mêle des idées hostiles. […] revient à dire d’une manière un peu détournée : « Oh !
Nous revenons ainsi à l’idée-force. […] Dès que la douleur revient, ce mouvement se produit et, cette fois, pour l’écarter ; au mouvement spontané succède ainsi le mouvement volontaire, sans qu’il y ait d’ailleurs un déterminisme moindre dans un cas que dans l’autre.
Affaissé enfin, le cerveau revient eu quelque sorte à l’état d’où il est parti. […] Je reviens maintenant à ma première question : le singe étant si inférieur à l’homme par l’Intelligence, comment lui est-il si semblable par l’organisation ?
Je reviens aux auteurs de l’antiquité qui parlent du succès des représentations que faisoient les pantomimes. […] Par exemple, Domitien les avoit chassez, et Nerva son successeur les fit revenir, quoiqu’il ait été un des plus sages empereurs.
Ainsi les fruits nés dans leur sol naturel par une culture ordinaire et des soins médiocres, sont préférés aux fruits étrangers qu’on a fait naître dans ce même sol avec beaucoup de peine et d’industrie ; on goûte les derniers, et l’on revient toujours aux autres. […] Je reviens à mon sujet.
Dire que Stendhal n’est ni un amoureux ni un philosophe, ni un musicien, mais un peu de tout cela en ce sens qu’il est essentiellement un cristallisateur, cela revient à le définir comme un artiste. […] S’étreindre, c’est se jeter à deux dans la mort-mais avec la faculté d’en revenir et de s’en souvenir… ceux qui accomplissent le rite sans croire, l’acte sans aimer, ne songent qu’à l’agrément de cette névrose et non à la conséquence métaphysique et tragique de l’étreinte. « Mais l’acte d’amour vrai » cette seconde de la projection vitale n’étant qu’un éclair entre deux infinis, qu’est-ce donc que l’idée de possession ?
Mais nous saluons les modernes en passant, et nous y revenons avec empressement, quand nous avons touché le but et affermi notre jugement.
Rarement il y a un tableau terminé dans ces poésies, le cantique revient toujours et recommence ; c’est comme une redite patriarcale, biblique, qui a son charme, qui a aussi sa satiété.
4º Au moment où l’école de David essaie, un peu en tâtonnant et en se guindant, de revenir à l’art grec, André Chénier y atteint en poésie.
Il semble que, quand elle revient au logis du poète, elle pose sa cruche à côté d’un broc de clairet, un peu faible, mais savoureux, sentant fort son terroir, pas traître, sans ivresse profonde, sans bouquet complexe (en tout cas, c’est du vrai vin), que le poète a été chercher dans son cellier ; et il tend tour à tour à son lecteur le gobelet de vin et le verre d’eau.
Nous aurons occasion de revenir sur cette maxime, quand nous serons au temps de Molière, de Racine et des grands hommes qui ont illustré le siècle de Louis XIV.
On en revient toujours à l’origine des choses.
Les dieux reviennent presque à chaque page, dans ces études sur des drames qui étaient avant tout des fêtes religieuses.
À chaque côté du théâtre, il y avait des gradins sur lesquels les acteurs s’asseyaient après avoir joué leurs rôles, ou pour attendre que leur tour revint ; car ils ne disparaissaient qu’après avoir fini entièrement tout ce qu’ils avaient à dire : en sorte qu’il fallait que le spectateur les supposât absents, lorsqu’ils étaient assis.
La société où la morale parvint le plus tôt à son développement, dut atteindre le plus vite au beau idéal moral, ou, ce qui revient au même, au beau idéal des caractères : or, c’est ce qui distingue éminemment les sociétés formées dans la religion chrétienne.
Elles informent d’autres personnes de leur découverte, et la piece que je veux bien supposer avoir été noïée, revient ainsi sur l’eau. c’est le terme.
Les Chasses royales surtout nous semblent un de ces ravissants caprices d’intelligence auxquels on revient, après les avoir lus, ramené par un charme.
Si Sophocle revenait au monde, il seroit sans doute des piéces de Théâtre accommodées au siécle où il écriroit : nos Poëtes en sont de mauvaises, en voulant les ajuster à celles des anciens. […] Revenons à ce qui nécessite la reconnoissance du Public pour l’Homme de Lettres ; selon moi, c’est qu’il donne beaucoup, & qu’il reçoit peu en échange ; à peine son ouvrage est-il sorti de ses mains, qu’il ne lui appartient plus. […] Il est bon, il est court ; la contrefaçon en devient plus facile, & que revient-il à l’Auteur qui s’est consumé pour l’utilité publique ? […] Il est un paralèle bien monotone, qui revient sans cesse dans les conversations & qui m’ennuie étrangement. […] L’unité du lieu contraint ensuite l’Auteur a faire mouvoir ses personnages comme des marionnettes, en les faisant revenir sans cesse d’une maniere bisarre & puérile dans une galerie du Palais.
reviendront. […] Revenons. […] Il faut toujours en revenir hélas ! […] Revenons. […] Mais revenons à l’aimable plaidoyer de M.
Après une absence de onze mois, il revient au lieu de son départ. […] Il va, revient, monte et descend le long du fleuve. […] On reviendra incessamment sur ce troisième volume, qui mérite seul un extrait. […] Enfin, elle revint en France dans le siècle dernier, se perfectionna sous la muse de MM. […] Depuis le règne de Cécrops jusqu’à nos jours, ces oiseaux ont fait chaque année le même pèlerinage, et sont revenus au même lieu.
Revenez me voir tantôt, j’aurai quelque chose à vous dire. […] » Le souvenir de son enfance abandonnée lui revient : « … Vous m’avez aimée de si loin ! […] Je reviens à mon sujet. […] Elle va même jusqu’à déclarer, devant ses amis revenus, qu’elle ne l’a jamais aimé. […] Le soir, elle est revenue.
Il revint, le lendemain de bonne heure, et trouva le neveu de M. […] Le chien qui le précède est beau. » Voilà son portrait : celui d’un robuste quinquagénaire, qui revient de la chasse Qui est-ce ? […] Il a pris part à l’expédition des Dardanelles, d’où il revint malade. […] Il reviendra : « Je creuserai ma mine jusqu’à vous et je me coucherai entre vous, au jour qui m’est marqué. […] Toujours, il faut revenir à cet idéalisme : aimer ce qu’on fait.
Nous y reviendrons avant de finir, heureux d’en pouvoir citer de précieux témoignages91. […] Ma chère Camille, je vous vois tous auprès de ma sœur comme des enfants et des anges qui consolent une sainte, et je suis tranquille sur les bénédictions du Ciel qui attendent une si belle âme ; mais les tortures de la mienne sont inexprimables, plus cent fois depuis que je suis revenue : la voir m’était encore moins terrible. […] Quand il faut de part et d’autre travailler durement pour ne pas tomber dans la dernière indigence, les ailes de l’âme se replient et remettent tous les élans à l’avenir. » Dans des lettres à une amie, Mme Derains, elle revient sur cette misère des logements à trouver, et elle exprime en vives images le trouble moral et le bouleversement de pensées qui résulte de ces déplacements continuels : Ma bonne amie, vous me dites des paroles qui résument des volumes que j’ai en moi.
L’honneur de leur suzeraineté, de leur coopération intelligente et gracieuse, resterait hors de cause ; seulement la part du métier reviendrait à qui de droit. […] » L’imitation de l’antique, au xvie siècle, ne saurait durer bien longtemps sans détonner ; et, bon gré mal gré, on se reprend à dire avec Voltaire : « Nous ne sommes que des violons de village auprès des anciens. » Revenons à nos poésies. […] Un éditeur instruit17, qui, dans un premier travail, avait jugé fort sainement, selon nous, de Marguerite, a cru devoir revenir sur ce jugement dans une seconde publication, et il a été conduit par une interprétation laborieuse à dénoncer dans le cœur de cette princesse je ne sais quel sentiment fatal et mystérieux, dont son frère aurait été l’objet.
Pour s’achever, la noblesse leur emprunte leur plume et aspire à leurs succès. « On est revenu, disait le prince de Hénin, de ces préjugés gothiques et absurdes sur la culture des lettres573. […] Le public, toute la bourgeoisie indignée s’engagea à ne revenir au spectacle qu’après satisfaction, et en effet le théâtre resta vide pendant plusieurs mois, jusqu’à ce que Mme Barnave eût consenti à y reparaître. […] Cela suffit ; le duc a beau « pousser les attentions jusqu’à la recherche », Beugnot, si pliant, n’a nulle envie de revenir On leur garde rancune, non seulement des saluts trop courts qu’ils font, mais encore des révérences trop grandes qu’on leur fait.
Il ne s’agit point de rétablir le latin, puisqu’il n’est pas supprimé pour ceux qui veulent en faire ; ce qu’il faudrait, c’est revenir aux vieilles humanités (latin-grec) jusqu’à la 1re incluse. […] — Nous voilà devenus suspects pour vouloir en revenir aux études logiques, à la connaissance des origines de notre langue, de sa lente formation ! […] C’est au latin qu’il faudra revenir lorsque se seront achevées dans le ridicule les tentatives de volapük et d’espéranto que nous voyons végéter sous nos yeux.
Ce temps d’ivresse passé, quand chacun a trouvé enfin la mesure de sa taille en s’approchant d’un plus grand ; de ses forces, en luttant avec un plus fort ; de son intelligence, en voyant le prix remporté par un plus habile ; quand la maladie, la fatigue lui ont appris qu’il n’y a qu’une mesure de vie ; quand il en est arrivé à se défier même de ses espérances, alors revient le fabuliste qui savait tout cela, qui le lui dit et qui le console, non par d’autres illusions, mais en lui montrant son mal au vrai, et tout ce qu’on en peut ôter de pointes par la comparaison avec le mal d’autrui. […] Mais si cette ardeur d’attention est trompée, qu’il est à craindre que l’esprit trop tendu ne revienne sur lui-même avec déplaisir ! […] Le voilà bien loin de Voiture, et pour n’y pas revenir.
Et si, dans quelque séance pareille, il suppose cette question qui revient si souvent à son sujet : « Vous vous taisez ? […] Enseveli dans le silence et dans une méditation morose sous l’Empire, plus tard exilé pendant quinze ans en Belgique sous la Restauration, nous l’avons vu, après 1830, revenir isolé et finir parmi nous comme un témoin oublié d’un autre âge. […] Des personnes qui l’ont approché dans ses dernières années (et le nombre en est petit) me le peignent immobile, renfermé, pratiquant plus que jamais cette opiniâtre passion de se taire : « Je ne vois plus, disait-il, je n’entends plus, je ne me souviens plus, je ne parle plus ; je suis devenu entièrement négatif. » Il s’arrêtait quelquefois au milieu d’une phrase commencée, et disait : « Je ne trouve plus le mot, il se cache dans quelque coin obscur. » Il revenait pourtant encore avec quelque plaisir sur ses anciens jours, et y rectifiait quelques points de récit qui appartiennent à l’histoire.
D’après Larmartine comme d’après les Alexandrins, la vie universelle est un effort de tous les êtres pour revenir au premier principe, qu’ils sentent tous sans le voir. […] L’humanité n’est pas le bœuf à courte haleine Qui creuse à pas égaux son sillon dans la Et revient ruminer sur un plaine, sillon pareil ; C’est l’aigle rajeuni qui change son plumage, Et qui monte affronter, de nuage en nuage, De plus hauts rayons de soleil. […] De là, cette glorification raisonnée de la souffrance, qui revient si souvent dans Musset et qui comme nous l’avons déjà remarqué ailleurs103, eût fort étonné un ancien : « Rien ne nous rend plus grand qu’une grande douleur. » (Nuit de mai.
Elle donne un choc à l’esprit, et de ce choc dangereux, l’esprit a peine à se remettre ; il se souvient longtemps du spectacle animé de ces licences ; il y revient complaisamment, il les médite, et c’est pourquoi Tertullien appelle le théâtre : « l’Église du diable : Ecclesia diaboli ! […] Revenons au maître, à Molière, et pardonnez-moi ces dissertations par lesquelles je tâche de réunir les diverses parties de ce travail que je voudrais rendre utiles aux écrivains à venir, afin de compenser le peu de renommée que j’en espère pour moi-même. […] Pour quitter La Critique de l’École des femmes, et pour revenir à cette comédie heureuse, L’Impromptu de Versailles qui lui sert de pendant, nous ferons une observation qui ajouterait certainement un assez grand intérêt à cette dernière comédie ; c’est qu’avec un peu d’attention vous y retrouverez, en germe, un chef-d’œuvre de Molière, et son chef-d’œuvre, peut-être, Le Misanthrope. — Molière, qui déjà rêvait à sa comédie, avait essayé ses trois comédiennes dans les petits rôles de L’Impromptu.
Renan, quelques-uns de ceux qui l’avaient lu ont prétendu que l’auteur allait revenir aux idées religieuses avec lesquelles il a rompu. […] De même qu’il n’a pas conclu, du fait aperçu de l’Église, à la nécessité du surnaturalisme dans l’Histoire, de même il n’a pas conclu contre son Marc-Aurèle de l’état surnaturellement religieux d’une époque à laquelle il est impossible de rien comprendre sans ce surnaturalisme, lequel, dans les grandes choses humaines, revient sur vous comme une mer, quand on croyait ravoir chassé ! […] Cela n’est pas gai… Était-ce donc bien la peine de revenir sur cette idée, qui a fait son effet une fois, et dont on a démontré, à plusieurs reprises, l’inconsistance, encore plus que le faux ?
— elles ont divisé, morcelé, pulvérisé tout : religion, philosophie, lois, gouvernements et peuples, si bien que l’homme, resté debout avec sa personnalité isolée dans cette vaste incohérence de toutes choses, a erré, agité mais captif, jusqu’aux bords de la sphère où Dieu l’a mis, pour revenir tout à coup au centre, repoussé par d’inflexibles conséquences — comme par une enceinte d’abîmes ouverts — vers l’unité abandonnée ! […] Nous reviendrons dans ce travail sur la polémique qui s’engagea alors de tous les côtés, et, pour en faire apprécier l’esprit cruellement envenimé, nous en éclairerons quelques phases. […] Dans une vue de haut enseignement et d’édification chrétienne, ces écrivains ont recueilli jusqu’aux noms des hommes qui sont revenus de l’anglicanisme au catholicisme en passant par les idées du Dr Pusey, et ils les ont publiés avec l’immense joie de la charité satisfaite10.
C’est cette société qui a moins de profondeur que le vernis de son carrossier, et dont les habitudes uniformes peuvent se traduire éternellement par la vie de château, Paris et Trouville, Trouville surtout, où les romanciers envoient à présent leurs romans prendre les bains pour les faire devenir forts, et qui en reviennent aussi faibles et aussi bêtas qu’ils étaient partis. […] Comme un clou qui chasse un autre clou, un second sentiment adultère chasse le premier sentiment adultère, et le mari revient de Londres étant deux fois ce qu’il craignait d’être une ! […] C’est à ce mot qu’il faut toujours revenir, si l’on parle de ces Amours de Philippe, si chétifs et si courts !
Le ridicule des déclamations retentissantes, des tirades à effet, des grands sentiments étalés à faux, nous le connaissons depuis longtemps, il n’est personne qui ne s’en moque aujourd’hui ; et si l’on veut chercher qui a tué le mauvais romantisme, ce n’est pas à nos novateurs littéraires qu’en revient l’honneur : c’est l’opérette qui a fait cette besogne salutaire. […] Le « document humain » est le terme auquel il revient sans cesse pour définir son esthétique. […] Ils se disent adieu dans une dernière poignée de mains, tandis que la sœur aînée, après avoir un moment essayé de forcer sa nature en cherchant auprès d’un homme du monde et d’un artiste les bénéfices et les élégances du vice entretenu, se lasse des contraintes qu’il lui faut s’imposer dans une vie sociale plus relevée, revient aux amans de sa classe et retourne avec joie au ruisseau qui, bien décidément, est sa vraie patrie.