. — Et, lui lançant un regard furieux, il s’élance et disparaît. — Quel est donc ce jeune homme ?
L’une a prospéré, l’autre a été frappée d’une lettre de cachet ; l’idée qui fait le fond de la première restera longtemps encore peut-être voilée par mille préventions à bien des regards ; l’idée qui a engendré la seconde semble être chaque soir, si aucune illusion ne nous aveugle, comprise et acceptée par une foule intelligente et sympathique ; habent sua fata ; mais quoi qu’il en soit de ces deux pièces, qui n’ont d’autre mérite d’ailleurs que l’attention dont le public a bien voulu les entourer, elles sont sœurs jumelles, elles se sont touchées en germe, la couronnée et la proscrite, comme Louis XIV et le masque de fer.
Ainsi, tout allait au gré de ses désirs, et sans doute, lorsqu’il jetait ses regards sur le passé, il était bien excusable de se livrer à quelques illusions pour l’avenir. […] Enfin elle lui dit, avec un grand air de bonté, qu’elle le voyait avec plaisir à son service, et qu’elle le priait d’apprendre le russe ; puis saluant M. de Villebois, elle jeta sur son protégé le regard le plus gracieux, et continua de marcher avec les seigneurs qui l’environnaient. […] Quand elle recouvrait la connaissance, elle tournait des regards fixes et mornes vers le ciel. […] Il était insensible à tout ; ses regards étaient éteints, et il ne répondait rien à toutes les questions qu’on pouvait lui faire. […] On voyait briller, sous ce parapluie de leur invention, des regards contents et des joues de roses.
Et Cyrus, poussant un peu en avant de l’année, jetait ses regards des deux côtés, considérant ses ennemis et ses amis. […] Le temps dont nous contons l’histoire eût pu satisfaire ses regards. […] Leur sérénité divine ne descend pas jusqu’à l’action et n’a pas besoin de regard. […] Ceux qui sont par derrière se dressent sur leurs pieds pour accrocher un regard. […] « Je l’accablai à cent reprises dans la séance de mes regards assénés et forlongés avec persévérance.
Je viens, me dit-il, le regard comme aveugle, laissez-moi terminer ma prière. […] Il parlait, violent, démonté, et soudain, en conclusion à ses vengeances, l’Echafaud hanta son cerveau et comme son regard même ! […] Le vers aussi n’est pas toujours suffisamment un joyau significatif à manier sous le regard et faisant poids dans la main, vous me comprenez. […] », nous disait d’elle en hochant la tête son créateur nu regard calme ! […] S’il dit : une Fleur ce qu’il veut montrer, c’est « l’absente de tout bouquet », c’est-à-dire son souvenir suggéré et comme hors du regard, idée pure, dépouillée du signe.
Cousin met en note et en les présentant en regard le projet d’article et l’article imprimé, « afin, dit-il, qu’on en saisisse mieux les différences. » Je le demande à tout littérateur de bonne foi ou, pour mieux dire, à tout homme honnête, est-ce que lorsqu’on s’empare ainsi d’une remarque, peu importante sans doute, mais qui a son prix et son piquant dans l’histoire littéraire, il est permis de le faire sans indiquer et mentionner celui qui vous a précédé et à qui on la doit ?
Viennet, placé à droite, malgré la foudre qu’il tâchait de mettre dans ses regards et la pose toute martiale qu’il affectait, n’a pu communiquer à ce discours la moindre apparence de vie, le moindre éclair.
Je massacrai l’albâtre, et la neige, et l’ivoire ; Je retirai le jais de la prunelle noire, Et j’ose dire au bras : sois blanc, tout simplement… J’ai de la périphrase écrasé les spirales ; Et mêlé, confondu, nivelé sous le ciel L’alphabet, sombre tour qui naquit de Babel ; Et je n’ignorais pas que la main courroucée Qui délivre le mot, délivre la pensée… Oui, vous tous, comprenez que les mots sont des choses… Tel mot est un sourire et tel autre un regard… Ce qu’un mot ne sait pas, un autre le révèle.
Les soirs d’été, les fleurs ont des langueurs de femmes, Les fleurs semblent trembler d’amour, comme des âmes ; Palpitantes aussi d’extase et de désir, Les fleurs ont des regards qui nous font souvenir De grands yeux féminins attendris par les larmes, Et les beaux yeux des fleurs ont d’aussi tendres charmes.
La conséquence, c’est que, pour exceller dans la première partie de ce programme, le chirurgien doit avoir, avec une connaissance toujours présente de tout le corps humain, un sang-froid inaltérable, un regard lucide et sûr, une main délicate et intelligente, et comme des yeux au bout des doigts, une initiative toujours prête, la puissance d’inventer ou de modifier, à mesure, les procédés de son art, une faculté divinatoire, bref un « don », aussi rare peut-être, aussi instinctif et incommunicable que celui du grand poète ou du grand capitaine.
Oui, dans le premier et célèbre portrait, malgré la robe de moyen âge de pendule, malgré la coiffure à la Ninon, malgré la lyre venue de chez le luthier, la grande Marceline, avec ses beaux yeux enflammés et humides, avec ce front droit et ces sourcils fièrement tracés, avec ce nez si caractérisé, aux bosses hardies et spirituelles, avec ce menton pointu, finement pensif, ces lèvres épaisses et si arquées, ce col énergique, attire, charme et retient le regard, qui se sent en face d’une pensée et d’une âme.
. — Se bat avec ses sens, doux relaps ; tâche de tout voir en la plaine convoitée ; cursif avare, glisse et déplore, inscient de la distance, au ciel ciroféraire ; sans abrivent que l’angle obtus, et chante l’effroi rural en faisant souris aux calus, médian tombeau du regard, vacillant et visant la mi-côte du ciel trop parallèle au sol.
L’étranger, grandi sous la loi monarchique, nous trouvera, sans lois avec la légalité, sans propriétaires avec l’élection, sans force avec le libre arbitre, sans bonheur avec l’égalité. » De telles phrases révèlent, chez celui qui a pu les écrire il y a plus de soixante ans, une surprenante acuité de regard. […] Le prestige dont ces théories, manifestement fausses à notre regard, furent revêtues, dérivait de plusieurs causes. […] Cette action politique, si bénigne fût-elle, suffit à cacher au regard du jeune professeur persécuté la vie religieuse et les miracles de vertu catholique qui continuaient à s’accomplir par-delà cette action et hors d’elle. « A propos, nous sommes allés encore écouter aujourd’hui un Te Deum. […] Prenez les Stances et Poèmes, les Solitudes, les Epreuves, et, placez en regard tel ou tel fragment de la Justice. […] cette créature à laquelle il est si cher, qui lui est si chère, elle ne sera pas à lui depuis deux jours, un regard, un geste, une gracieuse coquetterie sur un morceau de musique joue pour lui, suffiront à lui arracher ce cri de détresse : « Ah !
Vous allez vous écrier comme Valère : Ses regards ont changé mon âme en un moment ! […] Le premier regard ne l’aperçoit point, la réflexion la découvre ; plus de réflexion la laissera-t-il subsister ? […] A-t-elle jamais jeté un regard sur le pauvre Justin ? […] Un cœur brisé ne s’avise pas qu’il puisse être compté pour quelque chose au regard d’eux. […] Le champ des grandes actions et des grandes espérances se déroulait à perte de vue devant ses regards.
C’est l’époque où, pour la première fois, il tourna vers l’école son regard de poète et de penseur. […] Tous ces « visages », retracés avec art et avec vérité, attirent le regard et le retiennent longuement. […] Une salle à voûte gothique abritait, et semblait vouloir dérober au regard du profane, un groupe auguste de croyants. […] … mais son « malin regard en coulisse » l’a décelée : Ah ! […] vraiment, c’est trop la mort du naïf animal Qui voit tout son sang couler de son regard fané.
Le grand intérêt du livre du Père Lebreton est de nous initier à une existence spirituelle où les événements extérieurs ne furent presque rien en regard du développement intérieur. […] Le beau portrait placé en tête du livre du Père Lebreton conserve le regard de ses yeux, à la fois rayonnants de vie intérieure et d’attention réfléchie. […] Taine à son insu, pour le suivre longtemps du regard, sans oser jamais ni l’aborder ni même le saluer. […] L’habitude du diagnostic exact donnait à son regard une fermeté singulière. […] Davignon, au courant des incidents journaliers qui annonçaient pour son lucide regard la catastrophe menaçante.
* * * — Le mystère des mystères restera toujours ceci : c’est que le dessin d’une bouche, la ligne d’un geste, la lumière d’un certain regard, fassent de femme à homme, des attractions comme de sphère à sphère. […] C’est une femme qui a vécu, — il y a deux mille quatre cents ans, — et ce redoutable et si lointain passé d’un être, dont nos regards commencent à tâtonner la forme, et dont on va violer l’infini sommeil, semble mettre, en la salle, en la curiosité historique qui est là, je ne sais quoi de religieux dans l’avidité de voir. […] Elle était là cette femme ayant vécu, il y a deux mille quatre cents ans, elle était là, étalée sur la table, frappée, souffletée du jour, toute sa pudeur à la lumière et aux regards de tous. […] Là-dedans, une jeune chlorotique à marier, assidue aux sources ferrugineuses de Mesdames, un bubon en deuil, dont la mère, dans sa grossesse, semble avoir eu un regard d’une caricature idiote de Grandville : Puis deux Anglais, deux Anglais du Palais-Royal : l’un, le neveu, capitaine aux Indes, à l’abominable tête d’artiste, à la barbe en queue de vache, au front de lézard, à la raie médiane d’un modèle pour Jésus-Christ, et se livrant tout le temps à des calembours internationaux. […] La muette Mme Benedetti s’arrête de temps en temps dans sa tapisserie, et prend un repos, avec un regard vague devant elle.
Mais il me semble plutôt que c’est un mot créé par elle et spontanément forgé, une articulation sympathique, qui d’elle-même s’est trouvée d’accord avec toute intention arrêtée et distincte, et qui, par suite, s’est associée à ses principales intentions arrêtées et distinctes, lesquelles sont aujourd’hui des envies de prendre, d’avoir, de faire prendre, de fixer son regard ou le regard d’autrui. […] Au septième mois, il commence à dépasser ce procédé primitif, à diriger un peu ses mains d’après son regard, à les relever graduellement vers l’objet, à saisir, après quelques tâtonnements, une fleur, un hochet, une petite cuiller : alors il les garde longtemps, avec attention, comme pour étudier leur poids, leur forme, leur consistance et les diverses apparences optiques qu’ils présentent à mesure qu’ils remuent dans sa main vacillante.
Les galeries superposées et repliées les unes derrière les autres, pour laisser les regards embrasser librement la scène, s’avancent à l’intérieur comme autant de promontoires sur la mer. […] Trente mille esclaves gladiateurs, ces comédiens de la mort, y récréèrent, à leur agonie, les regards féroces des Romains. […] « Le raisonnement a besoin de faits pour démontrer ; le sens intime croit, voit, conclut, affirme sans aucun argument qu’un regard !
Le clocher solitaire s’élevant au loin dans la vallée a souvent attiré mes regards ; souvent j’ai suivi des yeux les oiseaux de passage qui volaient au-dessus de ma tête. […] En ce moment, je sens renaître mes transports ; ma fureur va éclater, quand Amélie, rappelant son courage, me lance un regard où il y a tant de reproche et de douleur, que j’en suis atterré. […] Étendez un peu plus votre regard, et vous serez bientôt convaincu que tous ces maux dont vous vous plaignez sont de purs néants.
Après les premières strophes, les instruments à vent reprennent, très doucement et d’un mouvement très ralenti, quelques traits de la vraie chanson du cordonnier, comme si l’homme détournait son regard de la besogne manuelle vers en haut, et se perdait en de douces gracieuses rêveries. […] il ressent les grands jardins pleins d’odeurs fumantes et de teintures chaudes ; les mollesses des tiédeurs étaient molles, lorsque devant son corps elle surgit, la femelle bête, folle de son corps… elle avait ces rires et cette voix, oui, ce regard qui si inquiet lui caressait, ces lèvres, oui, à lui si frémissantes, ces cheveux inclinés à lui, oui, ces flattantes boucles, et autour de son cou ces bras, si tendres ces joues, si nouvelle cette bouche qui, en la communion de toutes les souffrances, lui embrassa le salut de son âme… monstrueux baiser ! […] Page 10, une forme agitée et enthousiaste bien que contenue se dissimule dans le choral, marquant l’extase de Walther après le regard brûlant d’Eva.
« Circé, est-il dit d’Ulysse dans Homère, retient ce héros malheureux et gémissant, et sans cesse par de douces et trompeuses paroles elle le flatte, pour lui faire oublier Ithaque : mais Ulysse, dont l’unique désir est au moins de voir la fumée s’élever de sa terre natale, voudrait mourir. » — Citant ce passage de Joinville, qui m’a rappelé celui d’Homère, Chateaubriand, au début de son Itinéraire de Paris à Jérusalem, où il a la prétention d’aller en pèlerin aussi et presque comme le dernier des croisés, tandis qu’il n’y va que comme le premier des touristes, a dit : « En quittant de nouveau ma patrie, le 13 juillet 1806, je ne craignis point de tourner la tête, comme le sénéchal de Champagne : presque étranger dans mon pays, je n’abandonnais après moi ni château, ni chaumière. » Ici l’illustre auteur avec son raisonnement me touche moins qu’il ne voudrait : il est bien vrai que, de posséder ou château ou simple maison et chaumière, cela dispose, au départ, à pleurer : mais, même en ne possédant rien sur la terre natale, il est des lieux dont la vue touche et pénètre au moment où l’on s’en sépare et dans le regard d’adieu. […] Il s’est donc décidé à donner, en 1867, les Œuvres de Jean Sire de Joinville comprenant l’Histoire de saint Louis, le Credo et la Lettre à Louis X, avec un texte rapproché du français moderne mis en regard du texte original (un vol. grand in-8º).
On a dit qu’il baissait volontiers les yeux en parlant, et qu’il s’interdisait cette éloquence du regard que Massillon s’accordait quelquefois : cela est possible ; mais, dans tous les cas, cette forme de débit n’était qu’une convenance de plus, une manière de pousser plus avant, et comme tout droit devant lui, dans sa démonstration inflexible et sévère. […] Non seulement il ne fut point écrasé par la comparaison, mais cette oraison funèbre originale et neuve se soutient à la lecture en regard du chef-d’œuvre du grand évêque.
À cet égard, le traitement que nous recevons du Temps dépend de l’accueil que nous lui faisons… Il est clément pour ceux qui, tels que vous, savent se tenir comme sur la pointe du pied au sommet de la colline de la vie, jetant un regard en bas avec plaisir sur la vallée qu’ils ont traversée, et de temps en temps étendant leurs ailes pour s’envoler avec espérance vers l’éternité… » Le charme de la correspondance de Cowper est dans cette succession d’images, de pensées et de nuances qui se déroulent avec une vivacité variée, mais d’un cours égal et paisible. […] Là, sur la levée, se tient fermement enraciné notre bouquet d’ormes favoris, que notre regard au passage n’oublie jamais, et qui servent de rideau à la cabane solitaire du berger ; tandis que loin, à travers et par-delà le courant qui de ses flots, comme d’un verre fondu, incruste la vallée, le terrain en pente recule jusque vers les nuages, déroulant dans sa variété infinie la grâce de ses nombreuses rangées de baies, la tour carrée, la haute flèche d’où le son joyeux de la cloche vient expirer en ondulant jusqu’à l’oreille qui l’écoute, des bosquets, des bruyères, et des villages fumant dans le lointain. — Ces scènes-là doivent être belles qui, vues chaque jour, plaisent chaque jour, et dont la nouveauté survit à l’habitude et au long examen des années.
Je marcherai le regard attaché sur ces douces formes, et je passerai sans ressentir aucun froissement. […] Les anges de la famille veillaient en prière à son chevet, et ils consolèrent son dernier regard.
Les gammes de nuances « qui se font valoir les unes les autres » sont indiquées et observées quand il expose les tableaux de Delacroix ; et dans les apothéoses d’Ingres qu’il nous rend, la simplicité hardie, le tranché nu et sculptural, les poses héroïques, les contrastes d’or et d’azur, sont mis en relief et accusés de façon à venir vous heurter et vous remplir le regard. […] Ce sentiment se prononce surtout lorsque Sigognac, honteux d’être à charge à ses tristes compagnons sans leur rendre aucun service, et les voyant en peine et tout désemparés depuis la perte du pauvre Matamore, s’offre à le remplacer lui-même, à mettre de côté sa véritable épée, et, sous le nom grotesque de Capitaine Fracasse, qui sera désormais le sien, à faire son rôle sur les tréteaux, en attendant fortune meilleure : un regard d’Isabelle l’en récompense.
Je ne vois à mettre en regard, et comme pendant, que certain écran que le cardinal d’Estrées avait donné, il y avait quelques mois, à Madame Royale en manière de surprise, et dont Mme de La Fayette, amie de la Régente, avait soigné les détails et fourni le dessin : « Vous savez, écrivait Mme de Sévigné, la tète pleine de ce galant cadeau, et voulant en donner idée à sa fille (13 décembre 1679), que Madame Royale ne souhaite rien tant au monde que l’accomplissement du mariage de son fils avec l’infante de Portugal ; c’est l’évangile du jour. […] Le 11 janvier 1683 fut véritablement sa journée d’émancipation et d’avènement ; Madame Royale y put pressentir la ruine prochaine de son pouvoir ; « Sous le regard impérieux de sa mère, nous dit M.
Non, ce n’est point dans la chambre clandestine, toute pleine encore des anciens parfums et où tout est piège, qu’Herman ira sceller et consommer la rupture ; c’est chez lui, en présence de sa femme, près de son enfant, au centre de ses affections, sur ce terrain pur et solide, qu’il devra revoir Pompéa et rester invulnérable sous ce regard enflammé qui va tenter de le ressaisir. […] Ainsi, dit le poëte, au temps des Césars, une jeune chrétienne était amenée dans le cirque ; ses yeux, mouillés de pleurs, levés vers le ciel, y cherchaient un appui, ses mains essayaient de dérober ses charmes aux regards des spectateurs !
Son regard était expressif, et même dans le repos sa figure avait quelque chose de noble et d’insinuant. […] M. de Lamartine a là-dessus une fort belle page41 : c’est au point de départ de la jeune fille et à l’époque où Manon Phlipon voyait encore le monde et ses horizons lointains de sa fenêtre du quai de l’Horloge : « Du fond de cette vie retirée, elle apercevait quelquefois le monde supérieur qui brillait au-dessus d’elle ; les éclairs qui lui découvraient la haute société offensaient ses regards plus qu’ils ne l’éblouissaient.
— L’argent est le produit, disait-elle, de la sueur des peuples. » Elle était l’aumône même, et sa sollicitude s’étendait au-delà des misères et des besoins qui se recommandaient en Cour à divers titres et qui tombaient sous ses regards. […] » Et voilà aussi comme la plume reprend ses avantages en regard du pinceau, et comment la fine analyse morale, la propriété, la concision et le choix des termes, une certaine distribution et un ordre naturel de pensées, une certaine marche graduelle en si petit espace, réussissent, presque en jouant, à faire un Portrait qui a sa beauté et tout son effet.
Il y a eu dans les deux communions des réveils, des coups de baguette impérieux et puissants, des coups de trompette, de grands talents, de belles âmes éloquentes, ardentes, qui ont essayé de fondre les divisions artificielles, de dégager le vrai courant, de reporter les esprits aux hauteurs et aux sources, de ne s’attacher qu’à ce qui est la vie ; et je le dirai avec la conscience de ne faire injure à aucun, s’il y a eu d’un côté Lacordaire, ce regard flamboyant, cette parole de feu, on a eu de l’autre Adolphe Monod, cette âme d’orateur et d’athlète chrétien qui, à ceux qui l’ont vue de près dans son agonie suprême, a rappelé le martyre et l’héroïsme de Pascal. […] C’était vraiment le bijou du désert, une fleur volante, s’offrant à tous les regards comme pour les consoler de tant de tristesses… Nous portions notre goûter ; il s’est fait pendant un orage.
Elle l’a d’elle-même d’abord ; car, comme elle n’omet rien dans son regard, elle ne saurait s’omettre, elle aussi, la première, dans cette analyse et cet amour. […] Il voulut en elle relever aux regards l’exemple adorable de ces figures accomplies du xiiie siècle, grandes et humbles, et la placer dans une perspective heureuse entre saint François d’Assise et saint Louis.
Eugénie, qui a été forcée de quitter son couvent, et qui devient comme l’ange tutélaire des siens, attire constamment et repose le regard avec sa douce figure, sa longue robe noire, ses cheveux voilés de gaze, sa grande croix d’abbesse si noblement portée. […] … Cependant si, après sa première campagne, il revient du tumulte des camps, avide de gloire, et pourtant satisfait, dans votre paisible demeure ; s’il est encore doux et facile pour vos anciens domestiques, soigneux et gai avec vos vieux amis ; si son regard serein, son rire encore enfant, sa tendresse attentive et soumise vous font sentir qu’il se plaît près de vous… oh !
CCLIII Enfin elle passa ; je n’osai pas, par mauvaise honte, m’approcher beaucoup de la loge où Hyeronimo attendait, sans vouloir m’appeler, la tête en ses deux mains, appuyé sur la grille du cachot, me regardant à travers les mèches de ses cheveux rabattus sur sa tête ; et moi, du haut de ma fenêtre, plongeant mes regards furtifs sur sa figure immobile dans la demi-ombre de sa loge. […] CCLVIII Rentrée par le corridor de la chapelle dans le cachot, je me hâtai de quitter ma veste d’homme et de me revêtir sur ma chemise seule de l’habit de pénitent noir, dont le capuchon rabattu sur mon visage me dérobait à tous les regards.
Oui, je vous garde rancune : vous êtes, ô bavarde, ô pédante, ô étourdie, l’assembleuse des nuages qui décourageront presque tous les regards, les empêcheront de pénétrer jusqu’à l’ange et d’apercevoir son noble flambeau. […] Ils ne songent qu’à nous courber davantage vers la terre en nous alourdissant, nous, à qui notre pauvreté permet encore l’habitude droite et les regards dirigés vers le ciel, d’autant de besoins misérables que les riches.
Les observateurs comme La Rochefoucauld, ayant surpris l’homme dans un temps d’intrigue et dans une société corrompue, avaient insisté dans le même sens ; avec cette différence qu’ils ne lui offraient point de remède, de sorte que, sous ce regard également inexorable des moralistes tant chrétiens que philosophes, sous ce double concert déprimant, toutes les vertus naturelles périssaient. […] Les images chez lui sont rares et sobres ; on a souvent cité ces mots charmants : Les feux de l’aurore ne sont pas si doux que les premiers regards de la gloire.
À l’une des cérémonies qui accompagnèrent sa première communion, comme elle était en toilette avec une robe longue et traînante qui l’embarrassait, et qu’elle se retournait souvent pour la rejeter en arrière, une de ses compagnes lui dit : « Cette Sophie est ennuyeuse avec sa tête et sa queue. » — « Toi, ça ne te gênera pas, répondit-elle, car tu n’as ni queue ni tête. » Toute la personne même de Mlle de Lavalette était celle d’une jolie brune piquante, avec des regards pleins de feu, plus faits encore pour exprimer l’ardeur ou la malice que la tendresse ; d’une charmante taille, qu’elle garda jusqu’à la fin, d’une taille et d’une tournure bien françaises. […] De son côté, Anatole, le bel Espagnol, doué de tous les talents et de tous les charmes, et à qui il ne manque que la parole, se croit également sacrifié, et il est disposé à s’éloigner pour toujours, lorsqu’un soir, à l’Opéra (car sans Opéra point de roman), Valentine, qui a voulu le revoir, et à qui il croit aller faire du regard un éternel adieu, lui adresse de loin un signe qui veut dire : Restez !
Le premier grand projet littéraire du jeune homme, cet idéal suprême qui ne prend bien qu’une fois dans notre imagination, comme le parfait amour ne prend peut-être qu’une seule fois dans notre cœur, se forma pour de Brosses sous le regard et sous l’influence du président Bouhier. […] Non plus dans ses Lettres d’Italie, mais dans d’autres lettres écrites de Paris en 1754, il disait de l’opéra de Rameau, Castor et Pollux : « Pièce à la française, noble, belle, triste, assez ennuyeuse » ; et il met en regard la musique italienne des Bouffons : Combien tout ceci est au-dessus de notre musique française !
Nous marchons en causant, tous les trois, dans les Champs-Élysées, moi cherchant à deviner quel pouvait être ce monsieur, parlant intelligemment, mais dont je ne pouvais saisir le regard. […] Son teint d’une blancheur à peine rosée, sa bouche découpée, comme une bouche de primitif, sur l’ivoire de larges dents, ses traits purs, et comme sommeillants, ses grands yeux, où des cils d’animal, des cils durs et semblables à de petites épingles noires, n’adoucissent pas d’une pénombre le regard, donnent à la léthargique créature l’indéfinissable et le mystérieux d’une femme-sphinx, d’une chair, d’une matière, dans laquelle il n’y aurait pas de nerfs modernes.
On établirait aussi que telles suites de vers libres ne sont que des alexandrins décomposés ; on donnerait comme exemples, sinon comme preuves : Car vois | les marbres d’or aux cannelures fines | Sont riches du soleil qui décline, | versant Avec sa joie la soif des vins | qu’elle mûrit ; | fragment qui dans l’original forme cinq vers de 2, 10, 9, 10, 4 syllabes ; Oui c’est l’orfroi, | ce sont les pourpres constellées | Des rêves orgueilleux comme des nefs | s’inclinent | Ma gloire, à moi, | c’est d’embrasser tes deux genoux | Ramenant vers leur cou | leur tunique défaite, | Protégeant de leurs mains leurs regards aveuglés | Baissent la tête | autour de nous, | silencieux | Tu ris ! […] Mais il est imprudent de dépasser seize syllabes (non compris les muettes) : Ni les épouses de tes vizirs | qui s’entr’ouvrent sous tes [regards] Encore ce vers n’est-il que l’accouplement de deux vers de 8 syllabes.
S’il n’a point l’œil assez vaste, le regard assez puissant, pour voir, d’ensemble, la société qui s’agite à ses pieds, il s’attachera à en étudier la fraction qui, par son importance sociale, son intelligence, son éducation, le rôle qu’elle a joué a le plus d’affinités avec lui-même. […] La maison existe encore, attirant le regard mélancolique de ceux qui l’ont vue habitée par ses premiers hôtes.
Votre regard pensif s’arrête vaguement sur le volume ; — il le quitte, puis il revient… Oui, quelque chose ou quelqu’un vous manque. […] Mais il a d’étranges façons de comprendre l’art de M. d’Houdetot : plus d’une fois, lorsqu’un lapin lui est parti entre les jambes, Murger a retenu son doigt sur la détente du fusil, et la bête de s’enfuir sous le regard souriant de ce Nemrod original.
Au moment où, conduit par une rêverie savante à ce matérialisme épicurien dont César devait abuser en factieux quelques années après, Lucrèce allait expliquer la formation spontanée du monde, l’action exclusive de la matière, l’intelligence passagère qui en résulte et la mortalité absolue de l’être humain, il élève ses regards vers les cieux ; il y voit briller un astre cher à la superstition romaine ; il en retrouve le souvenir et le nom dans les origines de Rome, et il ouvre son poëme antimythologique et antiplatonique par cette invocation incomparable à la déesse de la fécondité dans la nature, à cette déesse de la beauté et de l’amour, qu’il supplie de désarmer le dieu de la force et de la guerre : « Mère des enfants d’Énée, charme des hommes et des dieux, bienfaisante Vénus ! […] Seule tu peux assurer une tranquille paix aux mortels : car les rudes travaux de la guerre sont sous la loi de Mars tout-puissant, qui souvent se jette sur ton sein, comme enchaîné par la blessure d’un immortel amour ; et, les yeux élevés vers toi, la tête mollement renversée en arrière, nourrit d’amour ses regards avides, aspirant à toi, ô déesse !
J'ai sous les yeux le livre de Lamennais intitulé : Les Amschaspands et les Darvands : ce sont les bons et les mauvais Génies qui se livrent la guerre en ce bas monde sous le regard d’Ormuzd et d’Ahriman, les deux puissances rivales.
Il y a à l’heure qu’il est plus de neuf cents jésuites ou affiliés en France, leur méthode est autre que sous la Restauration ; ils avaient alors trois ou quatre grands centres pour appeler les regards et planter leur pavillon (Saint-Acheul, etc., etc.).