Rappelons l’exemple classique à cet égard. […] Comme sonorités, le mot rocher, sec et dur, où l’on voit l’aigle comme cramponné ; le mot perçant rappelé par le mot yeux qui dessine si fortement, surtout pour les contemporains de Condé, le trait essentiel de la figure du prince ; le mot attaque, brusque et éclatant ; le mot inévitables qui donne l’impression d’un grand filet où le général enveloppe l’ennemi.
Aura-t-il pris Christophe Colomb pour appuyer et rappeler une vérité de plus en plus oubliée, — l’intervention directe de Dieu dans l’histoire, — car M. […] Si un jour, et dans l’absence et sous les cris de paon des hidalgos révoltés contre le grand étranger auquel ils ne voulaient plus obéir, Isabelle fut sur le point de renier celui qui lui avait donné un monde, il faut rappeler qu’elle était femme et qu’elle aimait son époux.
I Qu’est donc ce Fustel de Coulanges, dont le nom rappelle l’ami de Madame de Sévigné ? […] Nous voilà rappelés à nos origines, qui sont essentiellement romaines.
Monselet nous a obligé à lui rappeler ces imposants exemples. […] L’âme, en poésie, est inattentive à toute voix qui ressemble à quelqu’un de connu ou qui rappelle quelque chose de senti déjà.
Contre l’ordinaire de Fielding, on n’y trouve, au milieu des tableaux immoraux, rien qui puisse rappeler au lecteur de meilleurs sentiments. […] Deux personnages seulement rappellent la vigueur et la précision de l’auteur de Tom Jones, le colonel Bath et le docteur Harrison. […] Une femme vieille et passablement laide fait des avances au connétable, et le rappelle du gouvernement d’Italie pour se donner à lui. […] Le critique de Londres n’a pas voulu non plus rappeler les pièces fantastiques, telles que le Songe d’une nuit d’été. […] Rappelé à ses premiers engagements par la voix d’un prêtre mourant, il se débat sous la main sévère qui le menace.
On se rappelle que le premier volume portait sur le retour de l’île d’Elbe et les Cent-Jours, le second sur Waterloo. […] Te rappelles-tu — moi je me rappelle le livre, mais ni le titre ni le nom de hauteur, — te rappelles-tu un roman écrit par une dame en l’honneur de la bicyclette et où il était prouvé que la bicyclette était le plus puissant et le plus sûr agent de l’émancipation de la femme et du féminisme révolutionnaire ? Tu te le rappelles ? […] Rappelez-vous Proudhon. […] Vous vous rappelez le mot célèbre.
Le volume que nous avons sous les yeux laisse certainement à désirer pour l’art, pour la composition et l’expression ; souvent, quand il parle du Jour des Morts, quand il nous peint sa paisible et assise existence sous le toit qui est à lui, quand, dans le silence de son vallon, il entend et nous raconte la voix de son cœur, en ces endroits, tout en étant lui-même, le poète nous rappelle un peu trop le maître harmonieux dont l’inspiration l’a éveillé.
Ces cruelles et sacrilèges Poésies, qui insultent Dieu et le nient et le bravent, rappellent involontairement les plus grandes douleurs de l’orgueil humain, et on y retrouve comme un grandiose souvenir des yeux convulsés de la Niobé antique, des poignets rompus du Crotoniate et de la cécité de Samson dans l’entre-deux de ses piliers, — cette terrible cécité, qui renverse quand elle tâtonne !
Jean Richepin ne rappelle que lorsqu’il le traduit.
Quelques pièces, sans rapport au titre, rappellent les analyses de M.
Chrysopolis, capitale de l’empire du Couchant, est, depuis de longs jours, assiégée par les Barbares ; le peuple demande qu’on se rende, et peut-être l’empereur Héklésias, affaibli par l’âge et les travaux, aurait-il cédé, si sa fille Hérakléa n’était là, sans cesse, pour le rappeler à l’effort et à la résistance.
La Chasse d’Henri IV auroit été accueillie avec enthousiasme, quand elle n’auroit eu d’autre effet que de rappeler un trait intéressant de la vie d’un Monarque, dont le nom seul suffit pour attendrir les cœurs ; mais M.
Ainsi, après avoir balancé les avantages et les désavantages de l’histoire ancienne et moderne, il est temps de rappeler au lecteur que si les historiens de l’antiquité sont en général supérieurs aux nôtres, cette vérité souffre toutefois de grandes exceptions.
« Paul Morphy joue huit parties ensemble, et Paulsens en joue vingt ; cela, je l’ai vu de mes yeux. » D’autres images bien plus irrégulières, bien plus nuancées, et, ce semble, bien plus difficiles à rappeler, se présentent avec une précision égale. […] Il s’amusait à concevoir la présence d’un objet bizarre, et, à peine formé dans son imagination, cet objet se traduisait fidèlement à ses yeux… J’ai moi-même recueilli un cas de ce genre… chez un monomaniaque, homme d’un esprit fort cultivé et d’un caractère plein de sincérité, qui m’a assuré à plusieurs reprises qu’il n’avait qu’à se rappeler ou à concevoir une personne ou une chose, pour qu’aussitôt cette chose ou cette personne lui parussent douées d’une apparence d’extériorité. » Il n’y a pas même besoin d’être malade ou sur le bord du sommeil pour assister à la métamorphose par laquelle l’image se projette ainsi à demeure dans le dehors. […] Par exemple, une fois il est brusquement rappelé à lui ; « je venais de voir très distinctement, dit-il, mon nom sur une feuille de papier blanc, éclatante comme le plus satiné des papiers anglais ». […] Au même instant, je vis (je ne puis me rappeler si c’est avec les yeux ouverts ou fermés) un de mes amis absents, comme un cadavre, devant moi. — Je dois remarquer ici que, depuis beaucoup d’années, j’avais l’habitude de noter par écrit tout groupe de représentations qui, en songe ou pendant la veille, surgissait avec une force, une précision, une netteté particulières et s’imposait à moi avec cette sorte de vivacité qui fait considérer une telle représentation comme un pressentiment. […] Elle provoque les mêmes mouvements instinctifs et les mêmes sensations associées : l’homme à qui l’on présente un mets dégoûtant, qui va subir une opération chirurgicale, qui se rappelle un accident douloureux ou terrible, frémit, sue, a la nausée, par la seule présence de l’image, comme par la présence de la sensation elle-même. — Quoique ordinairement fragmentaire, fugitive et plus faible, elle atteint en plusieurs cas, dans l’extrême concentration de l’attention excessive, dans les émotions violentes et subites, au voisinage immédiat de la sensation correspondante, la plénitude de détails, la netteté, l’énergie, la persistance de la sensation. — Enfin, prise en elle-même, et affranchie de la réduction que lui impose son correctif spécial, elle acquiert l’extériorité apparente, dont le manque, même à son maximum d’intensité, la distingue ordinairement de la sensation ; elle l’acquiert pour un moment imperceptible dans la plupart des cas ; elle l’acquiert pour quelques secondes ou minutes en certains exemples authentiques ; elle l’acquiert pour plusieurs heures, jours ou semaines, dans le demi-sommeil, le sommeil complet, l’extase, l’hypnotisme, le somnambulisme, l’hallucination, dans les troubles provoqués par l’opium et le haschich, en diverses maladies cérébrales ou mentales ; et elle l’acquiert avec ou sans lésion, avec lésion partielle ou totale de l’équilibre normal qui maintient ensemble les autres idées et les autres images. — On peut donc la définir une répétition ou résurrection de la sensation, tout en la distinguant de la sensation, d’abord par son origine, puisqu’elle a la sensation pour précédent, tandis que la sensation a pour précédent l’ébranlement du nerf, ensuite par son association avec un antagoniste, puisqu’elle a divers réducteurs, entre autres la sensation correctrice spéciale, tandis que la sensation elle-même n’a pas de réducteur.
En cela, comme en toute autre chose, il n’innovait pas ; il ne faisait que rappeler plus strictement et plus éloquemment ses compatriotes à la pure et antique doctrine des Kings ou livres sacrés, qu’il s’occupait déjà à exhumer et à commenter pour la Chine. […] Il fit un dernier effort pour rappeler ce qu’il avait jamais eu de cet enjouement grave, qui, loin de déparer la sagesse, lui sert comme d’ornement pour la faire admirer. […] Il n’éprouva non plus ni persécution ni rivalité, ni exil, ni martyre, et cela aussi par une raison toute simple, c’est qu’il n’annonçait aucune nouveauté de nature à troubler le monde et à substituer un culte à un autre, une politique à une autre, une société à une autre société, mais qu’il rappelait au contraire les peuples aux anciennes institutions et aux anciennes obéissances. […] « Si les belles instructions de Yao et de Chun, répondit Tchang-Houng, viennent à se perdre ; si les sages règlements des premiers fondateurs de notre monarchie viennent à être oubliés ; si les cérémonies et la musique1 sont négligées ou corrompues ; si enfin les hommes viennent à se dépraver entièrement, la lecture des écrits que laissera Confucius les rappellera à la pratique de leurs devoirs, et fera revivre dans leur mémoire ce que les anciens ont su, enseigné et pratiqué de plus utile et de plus digne d’être conservé. » On rapporta à Confucius le magnifique éloge que Tchang-Houng avait fait de lui. […] Ils rappelleront en leur temps leurs devoirs à nos descendants.
Son attitude rappelle, sans les imiter, les attitudes les plus naturelles et les plus articulées des figures de Phidias, dans les bas-reliefs du Parthénon. […] La figure de cette sposa, toute majestueuse et maternelle, rappelle la chaste matrone impassible aux légèretés de la jeunesse ; elle a quelque chose de saint et de froid qui imite une Madone de pierre dans sa niche sur le chemin. […] Ces trois figures sont d’une mâle beauté qui rappelle aussi l’antique ; quelques critiques les trouvent trop belles ; ils accusent l’expression de leur physionomie et leur attitude de trop de majesté pour des hommes de leur profession. […] Son attitude et son pauvre costume de contadine de Chioggia rappellent les madones de Perugin ou de Sasso-Ferato ; mais la divinité ici n’est que dans la tristesse : c’est la figure du pressentiment ; on voit, dans la mère malade, le tombeau ; on voit, dans la jeune femme et dans l’enfant, la future indigence. […] C’est un défaut, disent les savants ; cette peinture n’est qu’une sorte de gravure, cette peinture fait penser et sentir, mais elle ne fait pas assez voir ; elle n’accentue pas assez les objets ; elle ne colorie pas assez la nature ; elle ne sculpte pas assez les figures sur la toile, par le jeu savant et puissant des jours et des ombres, pour faire saillir en relief les objets de la surface plane du tableau ; elle n’étonne pas comme Michel-Ange ; elle n’illumine pas comme Raphaël ; elle n’éblouit pas comme Titien ; elle n’éclabousse pas comme Rubens ; oui, mais elle rappelle Van Dyck, ce traducteur de l’âme sur les traits presque incolores de la physionomie.
Son père était le premier magistrat élu de la bourgeoisie de Francfort ; la maison gothique et sombre qu’il habitait dans une rue déserte de Francfort rappelait, par sa vétusté, par ses escaliers tournants, par ses vestibules fermés de grilles de fer sur la rue, et par ses fenêtres sans symétrie, échelonnées sur la façade, la demeure forte du gentilhomme allemand, interdite aux séditions du peuple comme aux assauts de la féodalité. […] Rappelé dans sa famille par son père, Goethe, chez qui l’imagination dominait le sentiment, s’attacha passionnément à sa sœur, âme ardente et souffrante, qui s’attacha elle-même à ce frère comme si elle eût vécu en lui plus qu’en elle-même. […] À peine quelques frissons d’amour à la brise tiède du midi, à l’aspect d’une blonde Milanaise à Rome, d’une brune Espagnole à Naples, rappellent-ils que le voyageur est jeune, beau, poète ; ces frissons ne vont pas jusqu’à l’âme : c’est de la jeunesse, ce n’est pas de la tendresse ; ce cœur d’artiste pose toujours devant lui-même ; les passions ne sont que ses études. […] Tu me rappelles maintes nuits de ma folle jeunesse ; cette fois je ne te passerai plus à mon voisin, et mon esprit ne s’exercera plus à vanter l’artiste qui t’a façonnée ; en toi repose une liqueur qui donne une rapide ivresse ; je l’ai préparée, je l’ai choisie ; qu’elle soit pour moi le suprême breuvage ! […] Je ne puis m’élever vers ces sphères d’où la bonne nouvelle retentit ; et cependant, accoutumé d’enfance à cette voix, elle me rappelle à la vie.
Ce nom nous rappelle à nous-même un souvenir bien fugitif, mais bien ineffaçable des yeux. […] « Soyez tranquille sur tous les points », écrit-il à son amie qui avait sans doute manifesté quelque inquiétude à cet égard, « soyez tranquille ; la ressemblance n’est pas du tout parfaite, et, quand elle le serait, elle ne me rappellerait que des peines et le bonheur dont vous les avez effacées. […] » XXV Pendant ces absences, madame Récamier lui conservait ou lui recrutait d’anciens ou de nouveaux amis, pour que son salon le rappelât et le retînt par tous les agréments du cœur, de la poésie, de l’art. […] » Cette éloquente image rappelait l’amitié du père et la fausse situation du fils. […] Ce récit rappelle bien cet homme qui avait écrit avec tant de justesse cette phrase immortelle dans René : « Si j’avais encore la folie de croire au bonheur, je ne le chercherais que dans l’habitude. » Il avait raison : l’amitié est une habitude du cœur, et l’habitude est l’amour des vieillards.
« C’était à vous de nous expliquer le génie, devancier et dominateur des autres génies, le premier de ces révélateurs des passions de l’âme, et le plus parfait de ces consolateurs de l’infortune, à qui fut donnée la mission sublime de rappeler le genre humain à l’exécution des lois, car les poètes des premiers âges en étaient les hérauts publics comme les plus habiles interprètes. […] Elle entend toujours, dans ces mêmes parages, murmurer à ses pieds la fontaine du pacha, et elle ne domine encore que des ondes asservies : enfin, vous me rappelez ce rocher de l’île de Nio, dont les vagues viennent battre et blanchir les écueils ; abri solitaire d’où s’exhala la grande âme du poète mendiant, le plus merveilleux type humain du pouvoir inventeur. […] Je n’ai jamais pu m’empêcher de mal espérer d’un pays qui a fait du rire une institution dans ses journaux ; cela n’avait lieu à Rome que dans les triomphes, pour rappeler aux heureux qu’ils étaient hommes. […] Du reste, on se croirait à mille lieues du vice ou de la perversité ; le bruit de la ville n’y pénètre pas, le vent y souffle librement par dessus les toits ces bouffées tièdes et sonores qui viennent on ne sait d’où, comme des souffles d’esprits invisibles, secouer les arbustes, faire tomber les feuilles mortes, et siffler à travers les vitres cassées des fenêtres, et rappeler au poète malade sur sa couche que la nature chante, et que la terre prie pour lui. […] J’ignorais ce qui lui était arrivé ; il n’en parlait pas ; il n’était pas obligé par devoir, comme moi, de rappeler l’attention sur lui pour sauver les autres.
Je me rappelle qu’une fois en Virginie, je voyageai avec un ami qui m’engagea à me détourner un peu de notre route pour visiter le fameux pont, ouvrage de la nature, que l’on remarque dans cet État. […] Lisez cette description langoureuse des amours et des chants de l’oiseau moqueur : Quand le chant d’amour de l’oiseau moqueur perce les feuillages du magnolia de la Louisiane au vaste tronc et à l’immense coupole de verdure, l’Européen qui se rappelle l’hymne nocturne du rossignol tapi sous l’ombre des chênes ressent un secret mépris pour ce qu’il admirait autrefois. […] Je me rappelle parfaitement bien le temps où, dans le bas Kentucky, dans l’Indiana et l’Illinois, ces oiseaux choisissaient encore très souvent, pour nicher, les excavations des branches et des vieux troncs ; et telle est l’influence d’une première habitude, que c’est toujours là que, de préférence, ils reviennent, non seulement pour chercher un abri, mais aussi pour élever leurs petits, spécialement dans ces parties isolées de notre pays qu’on peut à peine dire habitées. […] Le vol de cette hirondelle rappelle celui du martinet d’Europe ; mais il est plus vif, quoique bien soutenu. […] Je me rappelle qu’à Francisville, je voulus compter combien il en entrerait dans une cheminée avant la nuit.
Il faut y revenir une fois, deux fois, trois fois, chaque fois, en un mot, qu’un nouvel écho échappé de leur tombe nous rappelle leur nom ou leur pensée par une de leurs œuvres posthumes ou par les confidences rétrospectives d’un de leurs familiers. […] Ce qui commença à rappeler sérieusement l’attention de Goethe du côté de la France, ce furent les tentatives de critique et d’art de la jeune école qui se produisit surtout à dater de 1824, et dont le journal le Globe se fit le promoteur et l’organe littéraire. […] L’intérieur de sa maison me fit une très agréable impression ; sans être riche, tout a beaucoup de noblesse et de simplicité ; quelques plâtres de statues antiques placés dans l’escalier rappellent le goût prononcé de Goethe pour l’art plastique et pour l’antiquité grecque. […] XI Je lui rappelai sa conversation avec Napoléon, que je connais par l’esquisse qui se trouve dans ses papiers inédits, et que je l’ai prié plusieurs fois de terminer. […] Mais, je vous le répète, votre remarque est aussi juste que la sienne13. » Je rappelai cette opinion qui prétend que l’effet produit par Werther a tenu au moment de sa publication.
Voilà comment, à la veille des temps modernes, et après les grandes civilisations de l’Antiquité, le Moyen Âge a rappelé de nouveau les temps homériques et l’âge de l’enfance de l’humanité. […] Les religions, non plus que l’homme individuel, ne se rappellent leur enfance, et il est bien rare que des documents étrangers viennent lever l’obscurité qui entoure leur berceau. […] L’institut de Pythagore, avec ses degrés, ses initiations, ses épreuves, sa teinte prononcée d’ascétisme, rappelle les grands systèmes organisés de l’Asie. […] Les uns me demandent des oracles, les autres, le remède des maladies cruelles dont ils sont tourmentés. » Les procédés par lesquels se forme sa légende miraculeuse rappellent trait pour trait ceux de l’Orient. […] Cela rappelle Mme Dacier s’extasiant sur tel passage d’Homère parce qu’il peut fournir cinq à six sens, tous également beaux.
Chaque pièce devait être un médaillon à enchâsser sur le couvercle d’un coffret, un cachet à porter au doigt, serti dans une bague, quelque chose qui rappelât les empreintes de médailles antiques qu’on voit chez les peintres et les sculpteurs. […] Ce sont, par exemple, des noms de vêtements qui rappellent que telle influence étrangère s’exerçait au moment où ils ont reçu droit de cité : le haubert, le heaume nous reportent à l’époque guerrière où les Francs imposaient leur domination et quelques-uns de leurs mots à la Gaule vaincue, tout comme, de nos jours, redingote, raglan, mac-farlane, etc., montrent l’action de l’Angleterre sur nos mœurs nationales. […] L’un, Nicolas de Clémengis, rappelle que d’ordinaire le diable est peint sous la figure d’une femme cornue. […] Si leurrer quelqu’un signifie le tromper par l’appât d’une fausse espérance, c’est que le leurre était primitivement un morceau de cuir rouge, en forme d’oiseau, qui servait à rappeler le faucon, quand il ne revenait pas droit sur le poing de son maître. […] Le mot silhouette rappelle à la fois le plaisir que les gens du xviiie siècle trouvèrent quelque temps à jouer aux « ombres chinoises » et le financier Étienne de Silhouette, qui avait tapissé son château de profils noirs ainsi obtenus.
12 avril Je me rappelle, dans le journal de Wille le graveur, Wille, pour la convalescence d’un de ses amis, le promenant au xviiie siècle chez tous les marchands de curiosités de Paris. […] Puis elle dit en éclatant de rire : — Tiens, c’est comme à Milan, au théâtre de la Scala, un particulier qui me faisait des saluts, des saluts… Je disais : « Je connais cette bouche-là », mais je ne reconnaissais que la bouche, absolument que la bouche… — Te rappelles-tu, reprend tout à coup la Deslions, quand par ce sale temps nous avons été voir où s’était pendu Gérard de Nerval… Oui, je crois même que c’est toi qui as payé la voiture… J’ai touché le barreau. […] Dans le sentier étroit, nous rencontrons, tenant une blonde petite fille à la main, une ci-devant demoiselle, maintenant une mère que l’aîné de nous deux a eu, pendant huit jours, la très sérieuse intention d’épouser, et qui nous rappelle du bien vieux passé… Il y a des années qu’on ne s’est vu. […] Et nous allons religieusement émus dans ce passé tout présent, tout vivant encore en ces arbres, ces eaux, ces rochers, ces pavillons, cet opéra-comique de la nature, cette berquinade de la princesse et d’Hubert-Robert, marchant peut-être où elle a marché, et coudoyant des bourgeois irrespectueux, et où rien ne rappelle plus la royauté qu’une sentinelle ridicule, du haut d’un pont rustique, s’efforçant d’empêcher un cygne en fureur de battre les autres. […] Le marquis de Belloy rappelle ces cochers d’omnibus qui, rencontrant dans l’avenue de Neuilly, la modeste berline du souverain, soulevaient leur chapeau, en ayant l’air de le saluer, et se penchant, lui criaient dans les oreilles : « M… pour le roi !
La route ensuite se poursuit à travers le Bugey montagneux, pays très aride et très pittoresque, qui rappelle les paysages de Calabre peints par Salvator Rosa. […] quand j’ai franchi le seuil du temple sombre, Dont la seconde nuit m’ensevelit dans l’ombre ; Quand je vois s’élever entre la foule et moi Ces larges murs pétris de siècles et de foi ; Quand j’erre à pas muets dans ce profond asile, Solitude de pierre, immuable, immobile, Image du séjour par Dieu même habité, Où tout est profondeur, mystère, éternité ; Quand les rayons du soir, que l’Occident rappelle, Éteignent aux vitraux leur dernière étincelle, Qu’au fond du sanctuaire un feu flottant qui luit Scintille comme un œil ouvert sur cette nuit ; Que la voix du clocher en sons doux s’évapore ; Que, le front appuyé contre un pilier sonore, Je la sens, tout ému du retentissement, Vibrer comme une clef d’un céleste instrument, Et que du faîte au sol l’immense cathédrale, Avec ses murs, ses tours, sa cave sépulcrale, Tel qu’un être animé, semble, à la voix qui sort, Tressaillir et répondre en un commun transport ; Et quand, portant mes yeux des pavés à la voûte, Je sens que dans ce vide une oreille m’écoute, Qu’un invisible ami, dans la nef répandu, M’attire à lui, me parle un langage entendu, Se communique à moi dans un silence intime, Et dans son vaste sein m’enveloppe et m’abîme ; Alors, mes deux genoux pliés sur le carreau, Ramenant sur mes yeux un pan de mon manteau, Comme un homme surpris par l’orage de l’âme, Les yeux tout éblouis de mille éclairs de flamme, Je m’abrite muet dans le sein du Seigneur, Et l’écoute et l’entends, voix à voix, cœur à cœur. […] Effrayé et ravi, il se précipite parmi ses frères, qui n’ont point encore vu ce spectacle ; mais, rappelé par la voix de ses parents, il sort une seconde fois de sa couche, et ce jeune roi des airs, qui porte encore la couronne de l’enfance autour de sa tête, ose déjà contempler le vaste ciel, la cime ondoyante des pins et les abîmes de verdure au-dessous du chêne paternel. […] Nous nous rappelons avoir trouvé une fois un de ces nids dans un rosier ; il ressemblait à une conque de nacre, contenant quatre perles bleues ; une rose pendait au-dessus, toute humide. […] Mes amis se récrièrent alors sur la sévérité de ce jugement précoce, qu’ils ont ratifié depuis ; ils m’ont rappelé bien souvent plus tard cette précocité de bon sens qui se laissait séduire, mais qui ne se laissait pas tromper par ce grand génie de décadence.
Il m’est impossible de rappeler ici à l’esprit de mon lecteur, qui peut ne pas être un praticien en géologie, tous les faits qui pourraient lui donner une faible idée de la longue durée des âges écoulés, mais il peut consulter sur ce sujet le grand ouvrage de sir Ch. […] — Il est de toute importance de se rappeler ici que les naturalistes n’ont aucune règle d’or pour distinguer les espèces de variétés. […] Je puis rappeler ici une observation déjà faite : c’est qu’il doit falloir une longue succession d’âges pour adapter une organisation à des habitudes de vie entièrement nouvelles, telles que celle du vol aérien, par exemple. […] Je puis rappeler ce fait bien connu que, dans les traités de géologie qui ont été publiés, il n’y a pas encore longtemps, toute la classe des Mammifères était considérée comme ayant apparu tout à coup au commencement de la série tertiaire. […] Il est presque inutile de rappeler que nous connaissons à peine un poisson fossile provenant du sud de l’équateur ; et il suffit de parcourir la Paléontologie du professeur Pictet, pour voir qu’il y a plusieurs formations européennes dont nous ne connaissons qu’un très petit nombre d’espèces.
Sombre esprit, si loin de se rappeler que les premières paroles sorties du cœur du notre Henri furent celles d’une générosité sans réserve et d’une clémence véritable ! […] Le nommer, c’était rappeler toutes les vertus, et conséquemment inquiéter tous les vices en possession de sa couronne héréditaire. […] Il se jette impétueusement au milieu de son action, et rappelle avec art, dans la suite de ses chants, les circonstances qui précédèrent la naissance de l’homme. […] « Ces esprits jadis purs, pourrai-je sans douleurs « En rappeler la gloire et conter les malheurs ? […] Cet objet me rappelle une anecdote qui m’est personnelle, et qui peut servir d’un bon avertissement aux critiques.
Ses créanciers allaient le saisir lorsque arriva le message de Démétrius qui lui rappelait sa promesse et lui redemandait la main de la belle Marine. […] Rodolphe, son véritable héros, rappelle à M. […] Un autre rappelle les âmes découragées aux vraies notions du spiritualisme, au sentiment du vrai, du beau et du bien : idéologue ! […] Cet autre rappelle les bienfaits de la monarchie des Bourbons : idéologue ! […] il est impossible de rappeler ce nom et ce souvenir sans songer à un inévitable parallèle.
Pour mettre ce point hors de doute, il suffit de rappeler, après M. […] Et, la preuve, après tout, n’en est-elle pas que, dans le système du décor simultané, s’il a fait plus mal, Hardy n’a rien fait de plus compliqué que cet Héraclius ou cette Rodogune dont nous rappelions à l’instant les titres ? […] Le Breton a soin de le rappeler lui-même — la Princesse de Clèves a paru pour la première fois en 1678, comment et pourquoi ce chapitre est-il précédé d’un chapitre sur le Télémaque, qui est de 1699 ? […] D’autres, qui se rappellent la règle cartésienne : « Diviser les difficultés en autant de parcelles qu’il se pourra, et qu’il est requis pour les résoudre », font observer que Bourdaloue, dans ses Sermons, semblerait avoir voulu pousser à bout l’application de cette maxime. […] Qu’on se rappelle, à ce propos, l’aventure de Mme de Navailles, chassée de la cour — et son mari dépouillé de tous ses emplois — pour avoir fait murer la porte qui mettait l’appartement de Louis XIV en communication avec la chambre des filles.
André Chénier a remarqué la beauté du tableau, et ce mouvement du dernier vers qui rappelle et rend à merveille l’assurgere des Latins : Utque viro Phœbi chorus assurexerit omnis. […] Un autre compatriote normand, poète et fils de poète, Des Yveteaux, alors précepteur du fils de Gabrielle, rappela au roi le nom de Malherbe pendant un voyage que celui-ci avait fait à Paris, et il fut son introducteur, au mois de septembre 1605. […] Figurons-nous Boileau, rappelons-nous Royer-Collard ; l’autorité de tels hommes qui ne repose pas seulement sur leurs œuvres, sur leurs écrits assez rares, cette autorité perpétuelle qui réside en leur personne et que chacun de leurs mots appuie, confirme et renouvelle, est des plus effectives et des plus sûres. […] une pièce qui nous rappelle et nous rende en français quelques-uns de ces mérites, qui offre correction, noblesse, gravité, pureté, des images nettes et fermes, des pensées justes, un fonds de raison et de sens commun, même dans la verve ! […] On se rappelle le beau vers : Hymen en robe d’or te la vint amener.
La tendre anecdote que nous avons à rappeler n’a pas eu la même célébrité ni le même éclat ; elle conserve pourtant sa gracieuse lueur, et ses pages touchantes ont mérité de survivre. […] « Pour parler de la vie que je mène, et dont vous avez la bonté, écrit-elle à son amie69, de me demander des détails, je vous dirai que la maîtresse de cette maison est bien plus difficile à vivre que le pauvre ambassadeur. » Parlerait-elle sur ce ton de quelqu’un qui lui rappellerait décidément une faute odieuse, avilissante ? […] nous ne voulions que rappeler les bruits malins. […] Tandis qu’Aïssé, en France, cessait d’être un enfant, il avait maille à partir ailleurs ; l’extrait suivant, puisé aux sources, ne laisse rien à désirer : « En 1709, des plaintes ayant été portées contre lui par divers membres de la nation française, il est rappelé le 27 mars 1710. […] Nous voulons pourtant rappeler ici en note (ne trouvant pas moyen de le faire autrement) que dans cette dernière maladie (1732), Voltaire avait envoyé à Mlle Aïssé un r atafia pour l’estomac , accompagné d’un quatrain galant qui s’est conservé dans ses œuvres.
L’enfance est gaie ; mais combien d’hommes, combien de poètes ont su conserver ou rappeler les joyeux celais de rire de l’enfance ? […] Tandis qu’une tragédie de Sophocle ou d’Eschyle rappelle, par sa structure grande et simple, la monarchie des temps héroïques, le théâtre d’Aristophane offre dans sa constitution intérieure, une fidèle image de cette démocratie excessive contre laquelle le poète dirigeait ses coups25. […] Rappelons-nous que les manuscrits de l’Aulularia sont mutilés, que le dénouement tout entier manque, et dans ces conditions désavantageuses comparons L’Avare de Molière à La Marmite de Plaute. […] Rappelons-nous les règles du comique d’observation : le ridicule qu’on n’avoue pas, mais que l’on cache ou que l’on ignore, ne doit se trahir qu’à la dérobée, à l’insu et contre le gré du personnage. […] Schlegel rappelle ce passage au début de sa leçon sur l’ancienne comédie, la sixième du Cours de littérature dramatique, et il part de là pour établir que la comédie est le contraire de la tragédie.
VI Rappelé en France par des temps plus tranquilles, vous y parûtes un homme nouveau, retrempé et renouvelé par l’exil volontaire et par des études impartiales. […] Cette mère n’avait que vous pour passé, pour présent, pour avenir ; j’aime à me la retracer dans ce petit jardinet de la rue Notre-Dame des Champs, où je causais souvent avec elle en attendant que vous fussiez rentré quand j’allais vous voir ; sa modestie, sa grâce naturelle, sa bonté maternelle, son sourire fin et attendri, le timbre enchanteur de sa voix émue en causant de vous, me rappelaient cette Monique, mère d’Augustin, si bien peinte par Scheffer, quand, dans son geste double, elle presse ici-bas des deux mains les mains de son fils, tandis que ses deux beaux yeux levés au ciel et tournés à Dieu ont déjà oublié la terre et enlèvent l’âme de son enfant dans un regard. […] Mais que je puisse au moins me rappeler tes charmes ; Que de ton souvenir l’éclat mystérieux Descende quelquefois au milieu de mes larmes, Comme un rayon de lune, un bel Ange des cieux ! […] je me le rappelle) Qu’après vêpres, enfants, au chœur de la chapelle, On nous faisait venir. […] Toujours je la connus pensive et sérieuse : Enfant, dans les ébats de l’enfance joueuse Elle se mêlait peu, parlait déjà raison ; Et, quand ses jeunes sœurs couraient sur le gazon, Elle était la première à leur rappeler l’heure, À dire qu’il fallait regagner la demeure ; Qu’elle avait de la cloche entendu le signal ; Qu’il était défendu d’approcher du canal, De troubler dans le bois la biche familière, De passer en jouant trop près de la volière : Et ses sœurs l’écoutaient.
Et il rappelle l’exemple de Charles VIII, allant recueillir à ses frais la succession du duc d’Anjou. […] En gardant les défauts de son éducation, le duc de Bourgogne eût enfoncé son ancien précepteur plus avant dans sa disgrâce ; par les qualités, trop longtemps effarouchées, que Fénelon voulait rappeler, le duc de Bourgogne, plus heureux à l’armée, plus puissant à la cour, entourait de quelque gloire l’exil de Cambrai, et la faveur du futur corrigeait la disgrâce du présent. […] La politique qu’il enseigne à Salente rappelle la politique de la lettre à Louis XIV, et ces trop fameux mémoires où le chimérique donne de si étranges conseils. […] Pour l’estimer à son prix, il serait besoin de se rappeler en le lisant, quel but s’y est proposé Fénelon et pour quel lecteur il l’a écrit. […] Une statue qui rappelle la beauté noble et naïve de la statuaire grecque donne à l’artiste qui la crée le premier rang dans les arts.
Cette situation peu variée, mais essentiellement morale, durerait indéfiniment si Félix de Vandenesse n’était rappelé à Paris. […] Cette madame Cibot est à noter, car elle rappelle encore une des manies et un des chagrins de M. de Balzac : les lauriers de M. […] un moyen de rappeler au poëte qu’il était trop grand pour descendre à disséquer les pensées d’autrui au lieu de nous donner les siennes ? […] Je ne me le rappelle pas sans horreur. […] Le cardinal de Richelieu est un de ces hommes qui n’ont pu être admirés que de loin, et c’est rendre hommage aux vertus et à la belle âme de Marie de Hautefort que de rappeler sa résistance à ce cruel et tyrannique génie.
Voilà ce qu’on s’est rappelé quand on l’a vu de nouveau personnellement aux prises avec les légitimistes.
Rappelez-vous un mot terrible !
Il l’a fait avec une singulière pureté de forme, dans ce beau poème des Noces corinthiennes, qui, par-delà les Poèmes antiques, rappelle ceux du divin Chénier, avec plus de spontanéité et une science plus complète.
J’ai voulu seulement (je le rappelle une dernière fois) préciser la méthode qui peut conduire à trouver des réponses justes et nettes à ces multiples interrogations, et montrer ce que doit devenir l’histoire d’une littérature.
On se rappelle alors ce Lacédémonien qui poursuivoit une ombre, pour la faire mourir une seconde fois.
On pourroit prononcer son nom, sans rappeler aux hommes sages & religieux celui d’un homme qui a attaqué le plus ouvertement le Christianisme, & fourni le plus d’ armes aux extravagans adversaires qui l’ont attaqué après lui.
Remarquez même que l’esprit est moins choqué de la création des dryades, des naïades, des zéphyrs, des échos, que de celle des nymphes attachées à des objets muets et immobiles : c’est qu’il y a dans les arbres, dans l’eau et dans l’air un mouvement et un bruit qui rappellent l’idée de la vie, et qui peuvent par conséquent fournir une allégorie comme le mouvement de l’âme.
Sacrés débris des monuments chrétiens, vous ne rappelez point, comme tant d’autres ruines, du sang, des injustices et des violences !
Pour la Bacchante endormie, je me la rappelle fort bien.
On se rappelle ces espèces d’oracles philosophiques que contiennent les Contemplations, et tout ce que révèle la voix de l’ombre infinie, c’est-à-dire de l’univers, symboliquement appelée la « bouche d’ombre ». […] Les vivants voient l’infini ; le définitif ne se laisse voir qu’aux morts162. » Cette distinction rappelle ἅπειρον et le πἐρας des anciens. « Malheur, hélas ! […] Rappelez-vous, par exemple, ces vers célèbres, mais si diversement sentis et appréciés : Ibo. […] On se rappelle encore les vers d’Ibo. […] Cette « critique scientifique » rappelle les expérimentations scientifiques que Zola fait dans son imagination.