Zola a lue tout exprès, il a versé, pêle-mêle, tout au travers du récit des irréelles amours de Félicien et d’Angélique, un Manuel du chasublier. […] Et le récit est épique, si l’on peut dire (comme tout ce qui sort de la plume de M.
Ce récit commence avec le troisième chapitre et compose, à proprement parler, cette charmante idylle de La Mare au diable. […] Il est bien encore que ce soit le petit Pierre qui raconte à Germain la mésaventure de Marie avec le fermier : en passant par la bouche de l’enfant, ce récit s’épure.
Et puis, si l’on va au fond, le public n’a pas été trompé sur un point capital : il n’a pas, je le crois, été assez frappé du talent, mais il a senti, à travers ce récit où tant de tons se croisent et se heurtent, une opiniâtre personnalité, une vanité persistante et amère qui, à la longue, devient presque un tic. […] C’est surtout en lisant la première partie, si pleine d’intérêt, ces scènes d’intérieur, d’enfance et de première jeunesse, où les impressions, idéalisées sans doute, ne sont pas sophistiquées encore et sont restées sincères, c’est à ce début qu’on sent combien un récit plus simple, plus suivi, moins saccadé, portant avec soi les passages naturellement élevés et touchants, serait d’un grand charme.
Le seul épisode où l’auteur des Mémoires se soit développé avec le plus d’apparence de vérité et de naïveté, est celui de Charlotte, fraîche peinture de roman naturel et domestique, qui se détache dans les récits de l’exil. […] Il n’a pu se l’interdire tout à fait, même dans le récit, d’ailleurs plus pur et plus modéré, qu’il a fait de Charlotte.
Nous n’avons qu’une partie de son esprit dans ses lettres, le goût, le bon ton, la raison parfaite et le tour parfois piquant ; mais ce qui animait la société, cet enjouement qu’elle mêlait discrètement à ses récits, à ses histoires, ce qui pétillait de brillant et de fin sur son visage quand elle parlait d’action, comme dit Choisy, tout cela a disparu et ne s’est point noté. […] En écoutant de la bouche de Mme de Maintenon le récit de ces doléances royales et en se rappelant son point de départ du passé, on se prend parfois à dire en souriant, comme dans Le Tartuffe : « La pauvre femme !
Il se distingue tellement dans la construction de ce bâtiment de Viry, que le récit qu’on en fait à Colbert dispose ce ministre à songer à lui pour le faire son commis dans la surintendance des Bâtiments du roi en 1664. […] Les petites moralités finales en vers sentent bien un peu l’ami de Quinault et le contemporain gaulois de La Fontaine, mais elles ne tiennent que si l’on veut au récit ; elles en sont la date.
Nous dirons pourtant quelque chose de cette première période (1701-1704), sur laquelle il s’est fait tant de récits. […] La grande dame se releva ici de toute sa hauteur, et, dans sa verve d’indignation, elle écrivit en marge cette apostille : « Pour mariés, non. » C’est du moins le récit qui circula.
Il n’a ni éclat ni entraînement ; on y voudrait de la lumière et du relief ; le récit de l’historien n’est pas même clair toujours, à force d’être dense et continu ; c’est à la fois calcul et prudence chez lui jusque dans la hardiesse, et ce sera aussi un procédé habituel involontaire. […] On ne voit pas assez dans l’uniformité du récit de Carrel où est le nœud de l’action, et ce qu’il en veut dégager pour l’instruction, sinon pour l’agrément du lecteur.
J’étais alors substitut à Tours ; on vint me chercher de Véretz au milieu de la nuit ; j’arrivai à l’aube… » Et j’entendis alors un récit vrai, simple, attachant, dramatique, qui me remit en mémoire cette singulière et originale figure, et qui me tente aujourd’hui de la retracer. […] Un de ses camarades de ce temps, qui a donné depuis un récit, quelque peu arrangé, de ses souvenirs, nous le montre alors, grand, mince et maigre ; avec une bouche largement fendue, de grosses lèvres, un visage marqué de petite vérole, fort laid en un mot, mais d’une laideur animée et réparée par la gaieté et l’esprit de la physionomie ; se piquant de bonnes fortunes, amoureux d’une danseuse, Mlle Simonnette, et écrivant en grec ses dépenses secrètes sur son calepin.
Mais dans une composition assez analogue que nous offre l’Étude treizième, et où il nous montre un voyageur jeté par un naufrage dans une île inconnue, qui se trouve être l’île de Naxos, il a excédé la mesure : appliquant le même procédé d’idéalisation à l’antique histoire d’Ariane, il montre cette jeune fille de Minos, dans le récit légendaire d’un berger, pleurant nuit et jour l’infidèle Thésée et ne pouvant même être consolée par les jeunes Naxiennes qui lui versent du vin dans des coupes d’or. […] Les images se fondent dans le récit et en couronnent discrètement chaque portion, sans se dresser avec effort et sans vouloir se faire admirer : Bernardin a l’image légère.
Mercredi 25 février De Nittis déjeune chez moi, et tout en mangeant, il sort de sa bouche un récit de sa vie : un de ces récits qu’on ne fait qu’une fois, dans de certaines conditions de bonheur, de plaisir, d’expansion.
Au cours des récits où figureront ces personnages surnaturels, je leur conserverai le nom que leur donne l’indigène du pays où l’action se passe. […] Les récits exigeront plus de couleur, donc plus de précision.
Il y a près de trente années, quelques récits de voyageurs et bientôt quelques traductions nous firent connaître plusieurs productions du romantisme allemand, qui n’avait pas encore été rédigé en théorie, et à qui même, je crois, il n’avait pas encore été imposé de nom. […] Faites apparaître les fées, les nécromants, les sylphes ; ces fictions, qui ne sont pas nouvelles pour nous, puisque les récits de Perrault en ont bercé notre enfance, peuvent avoir de la grâce et amuser l’imagination : mais ne prodiguez pas les revenants, les larves, les lamies, les lémures, les vampires, grossières créations de l’ignorance et de la peur.
Et cependant, ne nous y trompons pas, ni le talent qui est suprême en ces Mémoires, — qui va jusqu’au génie, quand il ne s’agit que de peindre, mais qui n’y va pas, quand il s’agit de juger, — ni le sujet de ce récit, grand, varié, et pour nous, les démocrates du xixe siècle, déjà merveilleux comme une lointaine épopée, ni les hasards d’une publication qui a aiguisé le goût public et l’a fait attendre avant de le satisfaire, ni même, ce que nous ne comptions pas tout d’abord, la rareté des livres sur le siècle de Louis XIV, rareté étonnante et qui vient de la peur qu’inspirait Voltaire, lequel l’avait pris pour sa part de lion et faisait trembler d’y toucher les superstitieux de son génie, ne peuvent suffisamment expliquer l’amour que Saint-Simon, presque inconnu, presque dédaigné au xviiie siècle, a trouvé tout à coup parmi nous. […] Il y a donc une autre cause des succès de Saint Simon que l’enlèvement, par le talent, de l’imagination charmée ou par l’intérêt d’un récit qu’avant lui personne n’avait su faire encore, et qu’après lui personne n’oserait recommencer.
André Suarès écrit des récits de voyages, de la critique et des essais ? […] Et nous suivons fidèlement le récit d’Homère. […] Les personnages vous intéressent, et le récit de leurs aventures. […] Précieux héros, d’un récit romanesque ! […] Mais la fille de Julius a entendu les aveux, disons le récit, de Lafcadio.
Nous n’avons reproduit que la disposition générais, la marche du récit.
Relisez Seule et Mademoiselle Guignon, ces deux excellents récits.
À moins que les « termites » ne soient les personnages mêmes des récits de Servaise.
« Tel fut le récit du bon vieillard.
Le premier de ces volumes, très compact, contient des récits dont les uns remontent aux premiers âges du monde ; d’autres ressembleraient à ce que le romantisme appelait des mystères ; d’autres enfin sont tout modernes.
. — Récits de belle humeur (1896). — La Sculpture aux Salons (1896). — Trente Sonnets pour Mlle Bartet (1896)
Rappelons le récit du spirituel Napolitain.
On négligea que l’histoire ne se compose point comme un roman, qu’elle n’a le droit de synthétiser le passé sous la forme d’un récit suivi qu’une fois en possession de documents complets et que jusque-là elle ne peut légitimement dresser qu’un inventaire des pièces en portefeuille.
« N’espérez pas de plaisir, dit-elle à son frère, sur le récit de ce voyage, ni sur la citadelle de Tournay.
Les Romains, excédés du fréquent récit des poësies de leur prince, le reconnoissoient aisément à ces vers, de même qu’à cet autre, cité par Sénéque, dans le premier livre de ses questions naturelles** : On voit briller le cou de l’oiseau de Cythère.
Il ne finissoit point sur le récit de ses bonnes fortunes.
Les récits étoient allégoriques, & convenoient également aux personnages qui étoient représentés & aux princes qui jouoient dans ces sortes de divertissemens.
Quand Marie de Médicis le fit coucher pour la première fois avec Anne d’Autriche, mais veilla, bien inutilement, du reste, à ce que ce ne fût là qu’une messe blanche de mariage que célébraient les jeunes époux, Baschet entre dans la ruelle, s’assied presque sur la couverture, note, note et renote, et ne se doute pas de l’indécence de son récit… Candide à force d’importance.
Un roman comme Daphnis et Chloé n’est qu’une bucolique dont un génie chrétien peut faire, au bout de quinze cents ans, une autre bucolique, intitulée Paul et Virginie ; mais ce n’est pas assurément une telle composition, — pas plus que ces récits naïfs du Moyen-Age rajeunis par le pauvre marquis de Tressan, qui peuvent rappeler en quoi que ce puisse être, ces créations de l’Imagination et de l’Observation tout ensemble, qui commencent à La Princesse de Clèves et qui finissent aux Parents pauvres et aux Paysans.
Cette mort, suivant un autre récit, n’était pas pourtant imprévue.
L’art de la composition et du récit s’affermit de livre en livre. […] Il sourit au récit de toutes ces aventures, alors qu’il en devrait frémir de honte et vociférer jusqu’à perdre l’auteur de réputation. […] La plaisante discordance, et quelle saveur elle donne à ce récit. […] Indiscrétion, le récit par un cardinal de la première de la Belle Hélène. […] Cet hymen tourna mal, et Jason au libertinage. — Sanche en perdit plusieurs bouchées et le fil de son récit.
Le récit de la prise de la Bastille par Mévisto blessé, soutenu par deux hommes, forme un groupe d’un beau dessin. […] qu’ils sont donc heureux les acteurs qui jouent dans un pareil chef-d’œuvre. » Je rentre, et trouve mes deux femmes sous l’émotion du récit qui vient de leur être fait d’un assassinat, commis la veille dans la villa. […] Au milieu de ce récit, soudain Rosny qui est à ma droite, se lève, et me porte un toast d’une amicalité très charmante, où il malmène, presque avec des gros mots, les éreinteurs de mes deux pièces, et cela est dit par l’auteur du Bilatéral, d’une voix tendrement émotionnée. […] En ce siècle de respect et de conservation de l’autographe, le balayage, la jetée aux ordures des manuscrits, des lettres de Balzac, a été encore plus étonnante, plus renversante, plus incroyable, que le récit courant qu’on en fait. […] Or, le roi qui avait une très belle fille, lui ordonnait de se prostituer à tout passant, avec la demande pour salaire, du récit du plus méchant tour qu’il avait commis pendant sa vie.
Michelet dans le récit des faits. […] — J’avoue, dit Théodore, qu’une face de ce livre m’a touché et frappé particulièrement : c’est celle qui est comme un récit de la vie privée. […] Ces deux scènes résument les deux faces du génie de Mickiewicz, le génie du récit dramatique, et le génie de la poésie philosophique. […] Frejend. — Quel affreux récit ! […] Parfois il découronne brusquement une tête qui s’était présentée dans son récit avec une auréole ; parfois il fait éclater tout aussi brusquement celle qu’il avait laissée dans l’ombre.
Il en donne lui-même de tristes témoignages dans le récit des apparitions qui troublent ou consolent sa solitude, et dans ses prétendus entretiens avec un esprit céleste dont il est visité. […] C’est l’histoire imaginaire, l’histoire altérée par les fables, l’histoire encadrée dans la poésie, mais enfin l’histoire, c’est-à-dire le récit, conforme aux temps, aux mœurs, aux costumes, aux événements, d’une des grandes races qui ont apparu sur la scène du monde, ou d’un des grands faits qui ont imprimé leur trace profonde sur la terre. Le poète qui chante un de ces récits doit donc le chanter avec les accents et les images que la riche imagination lui prête ; mais il est tenu aussi à le chanter dans un mode sérieux, conforme à la réalité de la nature humaine à l’époque où il la met en scène, conforme surtout à la vérité des mœurs de ses héros ; en un mot, le poème épique, pour être national, humain, religieux, immortel, doit être vrai, au moins dans l’événement, dans la nation, dans le caractère et dans le costume de ses personnages. […] XIII Qu’est-ce que le récit, en effet, dans la Jérusalem délivrée ?
Mais une différence, c’est que dans l’épopée le mètre est toujours le même, et qu’elle est toujours un récit. […] La tragédie s’efforce autant que possible de se renfermer dans une seule révolution du soleil, ou du moins de très peu sortir de ces limites ; l’épopée, au contraire, n’a pas de limite de temps ; et c’est là une différence essentielle, quoique dans le principe on se donnât cette facilité pour la tragédie aussi bien que dans la comédie. » * * * « La tragédie, continue-t-il, est selon moi l’imitation de quelque action sérieuse, noble, complète, ayant sa juste dimension et employant un discours relevé par tous les agréments qui, selon leur espèce, se distribuent séparément dans les diverses parties, sous forme de drame et non de récit, et arrivant, tout en excitant la pitié et la terreur, à purifier en nous ces deux sentiments. […] « La fable doit être composée de telle sorte qu’il suffise d’entendre les choses, même sans les voir, pour frissonner et s’attendrir au récit des événements ; et c’est bien ce qu’on éprouve rien qu’à entendre raconter l’histoire d’Œdipe. […] Le récit aurait glacé ces vivantes démonstrations ; et cela est si vrai, bien que Xénophon ne s’en soit pas aperçu, que Platon n’a été ni le seul, ni même le premier à reproduire ces conversations qui avaient instruit Athènes, et l’avaient charmée tout en l’irritant.
Ponson du Terrail, qui eût été capable d’écrire avec goût des récits de peu d’étendue et d’y encadrer des études de mœurs et de caractères, avait été conduit par les circonstances et par l’amour du gain à dérouler d’interminables suites d’aventures héroïques ou criminelles. […] Il sue d’ahan pour trouver un développement plausible aux aventures de la Buveuse en question ; et il reste le bec de plume en l’air, ne parvenant pas à raccrocher les lambeaux du récit interrompu. […] Et certainement ces avantages, ou du moins le dernier, seraient assurés, si l’État qui, dans quelque mesure, a charge d’âme, imposait un frein à la licence de la presse et ne tolérait pas la libre circulation, à bas prix, de récits et de romans orduriers qui sont de nature à dépraver la jeunesse. […] Les criminalistes et les sociologues vous diront le danger de ces récits et de ces exhibitions.
Talent mûri, éprouvé, simplifié, serrant son expression autour de sa pensée, comme on tend la voile pour aller plus vite, pour augmenter cette rapidité du récit qui est une beauté et une puissance, Μ. de Cassagnac a voulu rester chaste dans une histoire qui ne l’est pas. […] Car, lui aussi, comme tout le monde, du reste, trouve son compte d’enseignement et d’humilité dans le récit des événements qu’il raconte, de ces événements qui ont éclaté comme une surprise, et qui n’étaient pourtant qu’une vieille leçon mal entendue qui recommençait. […] Supérieur à force de bon sens dès qu’il regarde le fait, Granier de Cassagnac nous a tracé du règne de Louis-Philippe, non pas le récit (on dit qu’il doit le donner plus tard, année par année), mais un résumé qui peut très bien l’en dispenser. […] Granier de Cassagnac a la conscience du renseignement, l’intérêt varié du récit, la hauteur des appréciations ; mais tout cela ne lui donnerait pas sa place encore, s’il ne les couronnait et ne les achevait par la qualité excellemment historique, pour nous autres modernes : la vigueur de touche dans le portrait.
Le récit, tracé avec pudeur et dégoût, d’égarements où le cœur ne fut pour rien, ne renferme pas, à notre avis, le vrai danger du livre ; et ce n’est pas là aussi que l’auteur a vu le danger. […] L’histoire de cette conversion est vraie, j’aime à le croire ; peu importent les détails purement extérieurs, pourvu que tout soit vrai dans le récit des événements intérieurs et de ce qui les a immédiatement déterminés. L’auteur nous a mis en droit de tenir pour vraie toute cette partie de son récit, comme la première. […] On a fort approuvé les historiens qui donnent une idée pour centre à leurs récits, et font de cette idée le juge et la mesure des faits.
Il n’est pas de ceux qui ayant tout vu, tout essayé dans l’action, comme Retz, et tout osé, se risquent à tout dire, sauf à se faire une langue à leur image et qu’ils sont seuls à parler de cet air-là, bien assurés qu’ils sont d’ailleurs d’être toujours de la bonne école et de la bonne race : il est un de ces auteurs de profession qui, ayant commencé par la plume et ne la perdant jamais de vue, se retrancheraient plutôt (comme Fontanes) des idées ou des accidents de récit, s’ils croyaient ne pouvoir les rassembler et les rendre en toute correction et en parfaite élégance. […] Il était, du reste, dans les meilleures conditions quand il écrivait ce récit : à côté de l’Académie sans en être encore, et dans la confidence des témoins les mieux informés.
Celle-ci, durant son séjour en Angleterre, ne vit pas seulement les gens du monde et de la haute société, elle voulut connaître les savants, et l’on a le récit de sa visite au grand critique d’alors, à la fois homme de goût et roi des cuistres, à cet original de Samuel Johnson ; je donne l’historiette telle qu’on la lit dans la Vie du célèbre docteur par son fidèle Boswell ; il la tenait lui-même de la bouche de M. […] Outre le droit qu’elle a sur mon admiration et ma reconnaissance, elle en a un tout particulier sur cet agréable travail33, entrepris sous ses auspices : je lui en fais l’hommage avec mystère, parce que je ne puis le faire à découvert ; ceux qui ont éprouvé le doux transport qu’excite dans l’occasion le souvenir d’un bienfait signalé, ne désapprouveront pas que mon cœur cherche à se soulager lorsqu’il ne peut se satisfaire ; ils ne seront pas surpris de me voir ajouter que dans mes regrets d’être obligé de taire l’illustre Objet de sentiments si légitimes, si naturels, et qui ne demandent qu’à se produire, je me console quelquefois par l’espérance qu’on le devinera, sans que j’aie couru le risque de tomber dans le malheur de lui déplaire. » On me dira que c’est là une Épître dédicatoire ; mais cette Épître ne portant aucun nom, elle n’est évidemment pas pour la montre ; c’est la reconnaissance toute pure qui s’épanche, et tout ce que nous savons, c’est que l’humble auteur anonyme, du temps qu’il était moine, ayant été rencontré par Mme de Boufflers dans le jardin d’un couvent où elle était entrée par hasard, avait profité de l’occasion pour l’intéresser au récit de ses malheurs ; il lui avait dit tous les dégoûts qu’il avait à essuyer dans sa profession ; et elle, touchée de son sort, l’avait fait relever de ses vœux, avait pris soin de sa fortune et, avec la liberté, lui avait rendu le bonheur.
Et puis les soirs, au moment où la vie lui laissait un peu de trêve, quand elle revenait à ses souvenirs de théâtre, elle avait toutes sortes d’agréables récits. […] Il fallait entendre le récit de cette petite scène par Mme Valmore : on en riait en pleurant. — Une vraie petite scène d’opéra-comique ou de demi-vaudeville en action.
On dirait que, dans son scrupule de véracité excessive, il s’abstient du récit, de l’anecdote, du nom propre, comme d’une partie variable et à demi mensongère. […] Tout sentiment généreux vous était naturel ; tout le feu des passions était dans votre mâle intelligence ; l’amour lui était nécessaire, il devait l’alimenter ; il eût achevé de la former pour de grandes choses ; mais rien ne vous a été donné, et le silence de l’amour a commencé le néant où s’éteint votre vie. » Le génie du paysage se révèle à chaque pas dans les récits d’Oberman.
Mais il m’a pénétré le cœur comme eût fait le récit d’une vie douloureuse et puissante, dite avec des mots simples et profonds… Comme vous valez mieux que moi, mon ami ! […] Je l’ai donc retirée pour en faire le commencement d’une historiette toute rustique, et j’ai mis dans la bouche de mon secrétaire intime, dans le courant de son séjour à Monteregale, un récit de sa jeunesse où j’ai tâché de tracer son humeur d’une manière qui s’harmonie mieux avec la suite.
Ce qu’il y a de très-certain, c’est que le peu de classiques qui tenaient encore la mer y périrent corps et biens ; les récits qu’on a faits depuis de MM. […] Elle pleura son amie d’enfance, Albertine, qui mourait ; elle eut Délie qui fut une autre amie pour elle ; mère, elle aima, elle pleura sur un berceau et fit de charmants récits et des prières.
Né, j’imagine, avec une sensibilité profonde, il s’est bientôt aperçu qu’il y aurait duperie à l’épandre au milieu de l’égoïsme et de l’ironie du siècle ; il a donc pris soin de la contenir au dedans de lui, de la concentrer le plus possible, et, en quelque sorte, sous le moindre volume ; de ne la produire dans l’art qu’à l’état de passion àcre, violente, héroïque, et non pas en son propre nom ni par voie lyrique, mais en drame, en récit, et au moyen de personnages responsables. […] Le procédé d’exécution répond tout à fait à ce qu’on peut attendre : une simplicité parfaite, une force continue ; point de pomposo ni de bavardage ; point de réflexions ni de digressions ; quelque chose de droit qui va au but, qui ne se détourne ni d’un côté ni de l’autre, et pousse devant, en marquant chaque pas, comme un bélier sombre ; point de vapeurs à l’horizon ni de demi-teintes, mais des lignes nettes, des couleurs fortes dans leur sobriété, des ciels un peu crus, des tons graves et bruns ; chaque circonstance essentielle décrite, chaque réalité serrée de près et rendue avec une exactitude sévère ; chaque personnage conséquent à lui-même de tout point ; vrai de geste, de costume, de visage ; concentré et viril dans sa passion, même les femmes ; et derrière ces personnages et ces scènes, l’auteur qui s’efface, qu’on n’entend ni ne voit, dont la sympathie ni l’amour n’éclatent jamais dans le cours du récit par quelque cri irrésistible, et qui n’intervient au plus que tout à la fin, sous un faux air d’insouciance et avec un demi-sourire d’ironie.